Union européenne
Qualification de l’offre des refuges de montagne
pour un tourisme durable
en Vallée d’Aoste et Pays de Savoie
Programme Interreg III ALCOTRA
Projet Refuges N°192
GUIDE TECHNIQUE
ALIMENTATION EN EAU
EN SITE ISOLÉ D’ALTITUDE
Sous la direction de Gérard NICOUD
P. Boldo / G. Nicoud
R. Beltramo / S. Duglio
Qualification de l’offre des refuges de montagne
pour un tourisme durable
en Vallée d’Aoste et Pays de Savoie
Programme Interreg III ALCOTRA
Projet Refuges N°192
GUIDE TECHNIQUE
ALIMENTATION EN EAU
EN SITE ISOLÉ D’ALTITUDE
Sous la direction de Gérard NICOUD
P. Boldo / G. Nicoud
R. Beltramo / S. Duglio
1
Partenaires
Collaborateurs
Cofinanceurs
Laboratoire
Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne
CENTRE NATIONAL
DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UMR 5204
Agence Touristique
Départementale
de Haute-Savoie
Photo de couverture : Bachal du refuge de Plan du Lac (photo S. Pelisset).
Mise en page : André Paillet, Université de Savoie, Laboratoire EDYTEM.
Les photos hors-texte sont entourées d’un filet noir ; la plupart des schémas ont été dessinés par P. Boldo et A. Paillet.
Imprimé par : Imprimerie Nouvelle Gonnet, Virignin, BP 117 - 01303 Belley cedex.
On peut se procurer ce guide auprès du Conseil Général de la Haute Savoie, tél. 00 33 (0)4 50 33 50 04.
Dépôt légal : Juillet 2008.
ISBN 978-2-9520432-5-0
2
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Ce guide a été rédigé sous la direction de Gérard NICOUD de l’Université de Savoie, UFR CISM,
laboratoire EDYTEM.
Ont contribué à la rédaction de ce guide :
P. BOLDO de Polytech’Savoie – Université de Savoie
G. NICOUD, P. MANDAROUX, S. PELISSET, A. PAILLET, du laboratoire EDYTEM – CISM – Université de
Savoie
F. DORNE et S. MARTIN du Parc National de la Vanoise
R. BELTRAMO et S. DUGLIO de l’Université de Turin
B. MERCIER et D. REIGNIER de la DDASS 74 Service Santé- Environnement.
P. VACHER de la FFCAM
Avec la participation de :
J. BELINE, L. BOBET, P. GAMEN, J. JACOB, L. LEFEVRE, F. MERMINOD, L. SIX, P. VIGNAND, étudiants
stagiaires à l’Université de Savoie
Association des gardiens de refuge : J. MOATTI, L. DIDIER
Association des gardiens de refuge valdôtains : P. BARREL
ATD 74 : M-L FRESCURAT
Bourjot Environnement : L. BOURJOT, N. HUGUET, A.-S. MASURE
Espace Mont-Blanc : S. TUAZ
FFCAM : M. COELLO, M. COURTIAL, J-P. LABORIE , M. REZER
Fondation Montagne Sûre : D. DUFOUR, JP. FOSSON
Région Autonome de la Vallée d’Aoste (Assessorat de l’Environnement et du Tourisme) : L. INCOLETTI
Quattrocchio Cabinet d’architectes : E. QUATTROCCHIO
Les auteurs tiennent à remercier pour l’accueil et l’intérêt dont ils ont fait preuve lors des rencontres :
les gardiens des refuges :
Albert 1er, Ambin, Arpont, Avérole, Bertone, Bonatti, Chaligne, Col du Palet, Conscrits, Deffeyes, Félix
Faure, Fond d’Aussois, Lac Blanc, La Leisse, Leschaux, Les Evettes, Levi Molinari, Oratorio di Cuney,
Pigeonnier, Plan du Lac, Presset, Quintino Sella al Félik, Tête Rousse, Tré la tête, Vallonbrun et tous
ceux, non cités, qui ont toujours répondu avec patience à nos sollicitations.
les ingénieurs de la DDAF 73 : A. LAPAUZE et P. TREMOY
et tout particulièrement Mr P. Chapelet et son équipe du service des Affaires Européennes et de la Coopération
Décentralisée du Conseil Général de la Haute-Savoie qui ont porté ce projet Interreg.
3
Première cascade de la Dora de la Thuile, La Joux (Vallée d’Aoste), dans la montée au Refuge Deffeyes.
4
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
SOMMAIRE
1 Les contraintes environnementales du milieu montagnard sur l’eau potable ............................... 9
1.1 La topographie .............................................................................................................10
1.2 La géologie ..................................................................................................................10
1.3 Le climat ......................................................................................................................11
1.4 Les activités humaines et la faune sauvage.....................................................................11
2 Les contraintes réglementaires ................................................................................................13
3 Les contraintes techniques .......................................................................................................17
3.1 Les captages d’eau .......................................................................................................18
3.1.1 Pour les eaux souterraines ................................................................................18
3.1.2 Pour des eaux de ruissellement .........................................................................24
3.1.3 Pour les plans d’eau .........................................................................................26
3.1.4 Pour des névés et plaques de neige ..................................................................28
3.1.5 Pour l’eau de pluie ou de fonte de neige en toiture .............................................30
3.1.6 Par fonte de glace ............................................................................................30
3.1.7 Par un réseau de distribution publique ...............................................................30
3.2 Le réseau d’adduction ...................................................................................................30
3.3 Les réservoirs ...............................................................................................................32
3.4 Les traitements de l’eau ................................................................................................33
3.4.1 Le prétraitement ..............................................................................................33
3.4.2 Le traitement ...................................................................................................33
4 Bilan sur les eaux distribuées ...................................................................................................35
4.1 Sur l’origine des eaux ....................................................................................................36
4.2 Sur les débits utilisés ....................................................................................................36
4.3 Sur la qualité des eaux ..................................................................................................37
4.4 Sur les installations .......................................................................................................38
5 Recommandations .....................................................................................................................39
Bibliographie..................................................................................................................................43
5
Refuge du Col du Palet, 2653 m, Massif de la Vanoise - Savoie (France).
6
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Préambule
Ce guide a été réalisé dans le cadre du projet de coopération transfrontalière « Refuges – Qualification de
l’offre des refuges de haute montagne pour un tourisme durable dans la vallée d’Aoste et dans les Pays de
Savoie », financé par le programme Interreg III ALCOTRA (Alpes Latines Coopération Transfrontalière).
L’objectif principal de ce projet de coopération transfrontalière est d’adapter- à travers différentes mises aux
normes - l’offre refuge aux attentes actuelles des utilisateurs et des populations montagnardes tout en
étant à même de maîtriser les solutions techniques respectueuses de l’environnement pour une
gestion facilitée et efficace de ces refuges.
L’amélioration du confort des refuges est souhaitée partout pour satisfaire tous les usagers, les
randonneurs, novices ou expérimentés, jeunes ou anciens, mais aussi les gardiens. Tous apprécient un repas
chaud, des lavabos avec eau, chaude si possible, des sanitaires sans odeurs et proches du refuge, une douce
chaleur ambiante et la possibilité de faire sécher les vêtements. Bref, tout ce qui ressemble à l’ordinaire des
villes et des campagnes. Mais nous sommes ici en montagne, milieu froid, difficile d’accès et isolé.
Ce confort va s’accompagner de besoins accrus en eau potable, ce qui obligatoirement va générer des
volumes conséquents d’eaux usées et nécessiter de l’énergie en quantité bien supérieure aux seuls
besoins d’éclairage.
Aussi ce programme Interreg Refuges se propose d’évaluer les solutions techniques disponibles pour
satisfaire ces exigences, à partir de retours d’expériences conduites sur le terrain au travers de nombreuses
visites et ce depuis plus de 10 ans jusqu’à la fin décembre 2007.
Les 3 guides techniques réalisés dans ce programme Interreg sont conçus pour respecter l’esprit d’un
développement durable des refuges, dans des espaces grandioses, qui incitent à la contemplation et
sont souvent d’ailleurs des espaces protégés. Le but est de réussir, sans défaut ni délai, à intégrer la réalité des
contraintes techniques à la représentation du refuge imprimée dans l’imaginaire des randonneurs.
Il nous appartient donc de concevoir :
des adductions d’eau en tout point respectueuses de la réglementation sanitaire,
des dispositifs de traitement des effluents sans nuisances olfactives ou visuelles ni rejets polluants
dans le milieu naturel,
et une production d’énergie suffisante pour satisfaire les besoins de traitement d’eau, de ventilation
des unités de dépollution, de production d’eau chaude, de fonctionnement des appareils de cuisine, de
chauffage, de séchage et d’éclairage, tout en limitant la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère.
●
●
●
Les technologies mises en oeuvre doivent être bien adaptées au site et à chaque refuge. Elles doivent être
efficaces et les dispositifs faciles d’entretien afin de dégager les gardiens des préocupations techniques et les
rendre disponibles pour un accueil chaleureux des randonneurs.
C’est surtout le fonctionnement des refuges durant la saison estivale qui regroupe les plus grosses exigences
en matière d’eau, d’énergie et de traitement des effluents du fait de la concentration de l’affluence sur cette
courte période. Mais les besoins en saison d’hiver ne sont pas à négliger malgré des marges de manœuvres
techniques réduites du fait du climat montagnard.
7
Les 3 guides techniques :
« Alimentation en eau en site isolé d’altitude »
« Energie en site isolé d’altitude »
« Assainissement en site isolé d’altitude »
●
●
●
font le point sur les techniques utilisées. La conception des dispositifs, leurs coûts, leurs atouts et leurs
inconvénients sont avancés en toute transparence grâce aux investigations de terrain, aux observations, aux
expériences et aux conseils des gardiens et des propriétaires de refuges. Une aide au bon choix des dispositifs
est apportée en fonction des caractéristiques des refuges, de leur environnement physique, de la vulnérabilité
des milieux et du degré de confort admis ou contraint.
Ces guides sont destinés :
aux propriétaires de refuges,
aux architectes de montagne,
aux responsables administratifs (services de l’état, des départements et des communes),
aux financeurs de projets,
aux gardiens de refuges,
et à tous les passionnés des faces cachées de la montagne.
●
●
●
●
●
●
Refuge des Grands Mulets, 3051 m - Massif du Mont Blanc (France)
8
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
(photo Daniele Fava).
Contraintes environnementales
1
Les contraintes
environnementales
du milieu montagnard
sur l’eau potable
Les contraintes environnementales du milieu montagnard sur l’eau potable
9
Contraintes environnementales
1.1 La topographie
En zone montagneuse, les versants présentent des
pentes soutenues à fortes, rendant l’accessibilité
aux bâtiments d’altitude difficile à impossible, tout ou
partie de l’année, pour tout véhicule, d’où les grandes
difficultés de convoyage de matériel.
L’installation d’un dense réseau de drainage, avec des
vallées nombreuses et encaissées, favorise le ruissellement des eaux plutôt que l’infiltration. Parallèlement, les bassins versants sont de taille réduite,
inférieure au km2.
L’instabilité sur les versants (chutes de blocs, avalanches, accumulation de neige, ravinement, reptation, glissement…) conduit à installer les bâtiments
sur des éperons rocheux et désorganise les ouvrages
et réseaux d’adduction d’eau.
Figure 2 : Refuge de Leschaux avant
et après travaux - Mont BLanc (photo CAF).
1.2 La géologie
En haute altitude, les massifs rocheux sont en cours
d’érosion et de déstructuration. Les formations aquifères pérennes sont exceptionnelles et perchées.
L’eau ne peut pas s’y accumuler.
En moyenne montagne, les formations aquifères
sont plus nombreuses, mais très hétérogènes (glacier rocheux, éboulis, moraine d’ablation, roches
fissurées ou karstiques), peu puissantes et souvent
très superficielles. Là encore, elles sont perchées par
rapport au réseau de drainage superficiel. L’eau ne
peut pas être durablement retenue.
La minéralisation sera toujours très faible étant
donnée la vitesse élevée d’infiltration et le faible
pouvoir de dissolution des roches magmatiques ou
métamorphiques les plus fréquemment rencontrées
(granite, gneiss, quartzite…).
Figure 1: Ruissellement vers l’Arpont,
Vanoise (Photo PNV).
10
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Il est caractérisé par une longue saison froide hivernale, avec un stockage neigeux d’épaisseur variable pouvant masquer les points de captage. Le sol
étant gelé et l’eau sous forme solide, il n’y a pas
d’infiltration vers les aquifères. L’alimentation en eau
courante durant l’hiver et une grande partie du printemps s’avère d’autant plus impossible que l’on se
trouve en haute altitude.
Durant la fin du printemps et l’été, les pluies et la
fonte des neiges puis des glaces alimentent les aquifères rapidement saturés. Le ruissellement devient
alors prépondérant. Les épisodes orageux s’accompagnent de la mise en suspension de matières fines et
de l’augmentation de la turbidité des eaux dans
les aquifères superficiels et les torrents. Les eaux
captées doivent alors subir une décantation avant
traitement et distribution. Parallèlement, les déplacements des cours d’eau lors des débâcles déstabilisent
les prises d’eau en torrents.
1.4 Les activités
humaines
et la faune sauvage
La faune sauvage (chamois, bouquetins, sangliers…)
est omniprésente sur les versants, bien qu’inégalement répartie.
La faune domestique (ovins, bovins, caprins) se tient
principalement en moyenne montagne (pastoralisme). La divagation des ovins n’est pas rare et affecte
quelques hauts bassins versants.
La présence de chalets d’alpage, de refuges et autres
bâtiments d’altitude est classique à l’amont d’aquifères. Ainsi, un stock de pollutions fécales est
réparti à toutes altitudes durant l’été et l’automne.
Dans les bassins versants sans glacier, la fusion nivale
n’est pas relayée par celle de la glace et les aquifères
sont rapidement dépendants de la pluviométrie. Lorsque celle-ci est faible ou absente, des pénuries d’eau
interviennent dès la mi-août.
Figure 3 : Faune sauvage et domestique
(photo PN Vanoise).
Les contraintes environnementales du milieu montagnard sur l’eau potable
11
Contraintes environnementales
1.3 Le climat
Refuge des Evettes, 2590 m, Alpes Grées - Savoie (France).
Refuge Luigi Vaccarone, 2741 m, Alpes Grées - Piémont (Italie).
12
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Les contraintes réglementaires
13
Contraintes réglementaires
2
Les contraintes
réglementaires
Contraintes réglementaires
En France
En France, il n’existe pas de réglementation spécifique
à la montagne. Tous les articles et décrets applicables
à l’alimentation en eau potable dans les sites isolés
d’altitude sont les mêmes que ceux qui s’appliquent
en vallée pour un bâtiment recevant du public.
Une autorisation préfectorale est nécessaire pour
utiliser de l’eau prélevée dans le milieu naturel en vue
de l’alimentation humaine. L’article R.1321-7 du Code
de la Santé Publique définit les pièces nécessaires à
la demande d’autorisation. Dans certaines conditions,
les eaux douces superficielles qui ne répondent pas
aux critères de qualité définis par la réglementation
peuvent tout de même être utilisées pour l’alimentation humaine, après autorisation du préfet. Cette eau
devra cependant subir un traitement approprié (art.
R.1321-42 du Code de la Santé Publique).
Il est possible de demander des dérogations auprès
du préfet pour utiliser de l’eau non conforme s’il
n’existe aucun danger ni d’autres possibilités pour
assurer la distribution de l’eau (art. R.1321-31 à 36,
40 et 41). Une dérogation est attribuée pour trois ans,
renouvelable deux fois. Cette dérogation est accordée
pour certains paramètres physico-chimiques mais ne
peut en aucun cas concerner les paramètres bactériologiques.
L’article L.1321-2 du Code de la Santé Publique détermine la protection réglementaire autour d’un point de
captage.
Les articles R.1321-49 à 59 du Code de la Santé
Publique définissent la conception des installations de
captage et de distribution, les modalités d’entretien
des réseaux extérieurs et intérieurs.
14
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Les eaux destinées à la consommation humaine doivent respecter des normes de qualité fixées par la
réglementation (art. R.1321-2, 3 et 39). La personne
qui propose de l’eau à destination de l’alimentation
humaine a pour obligation de s’assurer de la qualité
de l’eau (art. L.1321-1 du Code de la Santé Publique).
Le contrôle de la qualité de l’eau est encadré par les
articles R.1321-15 à 24 du Code de la Santé Publique. Les mesures à prendre en cas de mauvaise
qualité sont consignées dans les articles R.1321-26
à 47. Les données sur la qualité de l’eau destinée à
l’alimentation humaine sont des données publiques
(L.1321-9).
En résumé, il existe des autorisations administratives
qui permettent de contrôler le cadre de la distribution
d’eau potable. Des dérogations sont possibles et portent sur les normes de qualité autorisées. Le rôle du
préfet et de ses services est essentiel.
Dans la région autonome
de la Vallée d’Aoste
En Italie, ce qui concerne les refuges est, à l’origine,
régi par le texte organique des normes du domaine
des refuges alpins (D.P.R. 918/1957).repris par la loi
cadre sur le tourisme (L. 217/1983) qui classe les
refuges comme des structures non hôtelières et les
définit comme des « locaux à même de fournir un
hébergement en zone montagneuse de haute altitude en dehors des zones habitées ». La loi cadre
demande à l’autorité normative régionale de déterminer les critères pour la classification des structures
mais la plupart du temps cette opportunité n’a pas
été utilisée.
Dans la région autonome de la Vallée d’Aoste, la Loi
Régionale N°11 du 29/05/1996 (Réglementation des
structures d’accueil non hôtelières.) établit que « On
entend par refuges les structures d’accueil, situées
dans des sites propices aux ascensions et aux randonnées, propres à assurer l’hébergement et le repos
des alpinistes et des randonneurs dans des zones
de montagne isolées, accessibles par des chemins
muletiers, des sentiers, des tracés traversant des glaciers ou des moraines ou par des téléphériques ou
des routes sur lesquelles la circulation automobile est
réglementée. »
Au plan national il n’existe pas de norme qui définisse
de façon unique les refuges.
En ce qui concerne l’approvisionnement en eau, les
dernières dispositions à caractère régional sur les
refuges alpins figurent dans le Règlement régional
N°2 du 21/03/1997 « (Réglementation des structures
d’accueil non hôtelières) et établissement des conditions requises en matière d’hygiène et de santé, y
compris les conditions afférentes à l’approvisionnement en eau potable, aux égouts et à la sécurité».
L’article 3 du Règlement est dédié aux conditions
requises en matière d’hygiène et de santé que
devraient satisfaire les refuges alpins et l’article6 est
dédié à l’approvisionnement en eau de ces structures.
Ces informations sont disponibles sur le site « www.
consiglio.regione.vda.it » à la rubrique « Banque de
données ». L’assessorat compétent est l’Assessorat
du Tourisme, des Sports, du Commerce et des Transports, 3, place de Narbonne - 11100 Aoste,
Tel.: +390165272721.
Les contraintes réglementaires
15
Contraintes réglementaires
En Italie
Refuge Giorgio Bertone, 2000 m, Massif du Mont Blanc (Italie).
Refuge Félix Faure, 2516 m, Massif de la Vanoise - Savoie (France).
16
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Contraintes techniques
3
Les contraintes
techniques
Les contraintes techniques
17
L’origine des eaux captées va conditionner les aménagements à réaliser, en particulier le type de captage,
de décanteur, le traitement de l’eau et la protection du captage.
Chaque captage est un cas particulier, fonction des conditions géologiques et topographiques locales.
Captage
Périmètre de protection
immédiat
Chambre de
départ
Décantation
Réservoir
Sanitaires
Toilettes
Eau Brute
Vidange
Vidange
Adduction
Contraintes techniques
Cuisine
Filtration
Potabilisation Eau potable
Distribution
Figure 4 : Schéma général de principe de l’alimentation en eau d’un refuge.
3.1 Les captages d’eau
3.1.1 Pour les eaux souterraines
Il s’agit systématiquement de sources qui sont des
vidanges naturelles d’un aquifère. En montagne, les
sources sont de déversement, au contact d’un plancher moins perméable : éboulis ou moraine d’ablation sur un substratum rocheux moins perméable
(Tré la Tête-Mont Blanc, Col de la Vanoise-Vanoise,
Lévi Molinari - Piemont) ; glacier rocheux sur moraine de fond (Plan du Lac - Vanoise) ; calcaire fissuré
sur calcaire sain (La Leisse- Vanoise), micaschistes
fissurés sur micaschistes sains (Fond d’Aussois Vanoise)
Pour réaliser un bon captage, on doit s’efforcer d’atteindre le plancher imperméable, puis de regrouper
les venues d’eau en un seul ouvrage sans entrepren-
Figure 5 : Captage du refuge du plan du Lac Vanoise (photo S. Pelisset).
18
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
dre de profonds dégagements. Les travaux consistent en un débridage de la source en remontant les
venues d’eau sur plusieurs mètres soit par une tranchée rectiligne si la venue est ponctuelle soit par
une tranchée en V dans le cas de venues diffuses.
L’écoulement des eaux est alors drainé par un tuyau
équipé de fentes, recouvert d’éléments roulés propres 20/60 mm, le tout protégé par un géotextile
bloqué par des pierres liées par du béton.
La difficulté de ce débridage est grande dans des
matériaux de grosse taille ou dans des secteurs
inaccessibles aux engins mécaniques (Tré la Tête Mont Blanc).
Sur
fa c
ed
ut
er r
ai n
rfa
na
ce
tu
re
re
co
l
ns
tit
ué
e
Terrain
naturel
Contraintes techniques
Figure 7 : Captage en éboulis à Tré la Tête Mont Blanc (photo S. Pelisset).
Su
Dalle de couverture
B. A. 350
Blocage de drainage
en pierrailles propres
(granulo. mini 50 mm)
Remblai ordinaire
Niveau aqu
ou venues ifère
d'eau
Terrain
naturel
70
Drain PVC Ø 150
Niveau imperméable
20
80
20
Béton de construction dosé à 300 kg, classe 45
(CLK si eau agressive)
Figure 6 : Captage de venues diffuses par drain en pied de versant.
Les contraintes techniques
19
A l’extrémité aval du drainage, une chambre de récupération (ou de départ ) doit comprendre deux compartiments séparés par une paroi de débordement.
L’eau arrive par le haut dans le premier comparti-
ment puis bascule dans le deuxième compartiment
de capacité égale.
Chacun des compartiments comprend :
un accès direct soit par une porte de face
(fig. 8) ,soit par un regard de visite (Ø 500 mm)
fermé hermétiquement (fig. 9),
●
une vidange de fond accessible par le dessus
(bonde de vidange) bien dimensionnée (Ø 150
mm),
●
et une prise d’eau munie d’une crépine disposée à 60 cm de profondeur.
●
Surface reconstitué
Contraintes techniques
e
Remblai ordinaire
Porte d'accès en tôle 70 x 80
Bassin
de décantation
Arrivée
Crépine
Départ
Vidange et trop plein
Terrain naturel
20
80
10
180
50
20
Elévation coupe
Figure 8 : Photo et dessin en coupe d’une chambre de récupération avec accès de face
20
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
(photo S. Pelisset).
Figure 9 : Photo et dessin en coupe d’une
chambre de récupération avec accès par
le haut (un seul bassin de décantation)
Contraintes techniques
(photo S. Pelisset).
Crépine
Vannes
Départ
Vidange et trop plein
20
100
20
100
20
260
Les contraintes techniques
21
Le Parc National de la Vanoise installe aujourd’hui
sur ses captages de source un dispositif préfabriqué
comprenant une citerne cylindrique horizontale de
2 m3 à deux compartiments, pré-équipée, en inox
d’épaisseur 4 mm et de diamètre 125 cm. Son poids,
inférieur à 500 kg, permet le transport par hélicoptère. Le premier compartiment sert de bac de décantation et la forme cylindrique de la citerne favorise
le nettoyage et la vidange des dépôts dans les compartiments.
Contraintes techniques
Cette citerne est placée dans une fosse rectangulaire
maçonnée sur site. Un dégagement de un mètre (50
cm sur les côtés) est prévu de part et d’autre pour
pouvoir circuler librement autour, actionner ou remplacer aisément les vannes d’entrée, de sortie ou de
vidange. Cet accès est facilité par une petite échelle
permettant d’y descendre. Cette fosse de visite est
fermée par des madriers en mélèze pour éviter toute
Figure 10 : Photos et schéma de
la citerne inox, cuve d’eau potable,
du refuge de la Leysse, PNV (photos
PNV).
22
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
intrusion de gros animaux. Le coût total d’une telle
installation s’élève à 41 000 euros HT (prix 2006)
pour un refuge nécessitant l’héliportage.
Ailleurs, là où l’accès est possible pendant l’été, la
chambre de récupération peut être bétonnée (Plan
du Lac - Vanoise)
Dans les zones difficiles d’accès, le dispositif est toujours trop sommaire, souvent mal protégé contre
l’intrusion de matériaux graveleux ou végétaux (Tré
la Tête - Mont Blanc) ou le piétinement par la faune
domestique (Dent Parrachée - Vanoise) (fig. 11).
Beaucoup de débris flottants viennent alors colmater
la crépine. Pour être soustraite à un nettoyage trop
fréquent, celle-ci est alors malheureusement démontée, laissant craindre pour le bon fonctionnement du
réseau de distribution.
Figure 11: Prise d’eau du refuge
de la Dent Parrachée - Vanoise.
animaux (moutons, vaches, chamois, bouquetins)
et les pollutions directes. Il est démonté en fin de
saison. Sa mise en place n’est pas nécessaire dans
les sites escarpés.
Figure 12 : Périmètre de protection du captage du refuge de Vallonbrun - Vanoise (photo PNV).
Les contraintes techniques
23
Contraintes techniques
Le périmètre de protection immédiate est matérialisé par une clôture mobile réalisée à l’aide d’un
filet à moutons ou de trois ou quatre rangées de
fils espacés d’environ 20 à 30 cm, électrifiés grâce
à un dispositif photovoltaïque (batterie + panneau
mobile). Il s’étend sur une trentaine de mètres à
l’amont du captage ou de la prise d’eau. Il protège
l’ouvrage de captage contre des intrusions de gros
3.1.2 Pour des eaux de
ruissellement
La prise d’eau sera plus ou moins complexe suivant que
le cours d’eau est fixe ou mobile.
d’une prise d’eau en départ de distribution munie
d’une crépine et disposée à 20 cm de profondeur,
et d’une grille métallique comme couvercle. Cette
grille sera disposée en pente, suivant le lit du cours
d’eau pour laisser rouler les matériaux vers l’aval (Les
Conscrits - Mont Blanc) .
●
●
Dans le cas d’un chenal unique fixe, on peut installer
la prise d’eau directement dans le lit, dans une zone de
courant, en réalisant :
un petit barrage bétonné de 50 cm à 1 m de haut,
équipé d’un sas de vidange aisément manipulable,
●
Contraintes techniques
Berge
Courant
Dans le cas de chenaux mobiles, en particulier lors
des orages, l’implantation d’une
prise d’eau fixe n’est pas réalisable sans aménagements conséquents comme le creusement
d’une tranchée drainante
sur la largeur du lit mobile.
3D
Figure 13 : Schéma de principe d’une prise en torrent.
Vannes
Vannes
Elévation coupe
30
20
50
20
20
Plan
50
40
40
150
20
24
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
20
30
50
250
170
30
55
Elévation coupe
80
26 28
Fer plat 60/14
30 20
Pente 4 %
Terrain naturel
Contraintes techniques
Plan
Figure 14 : Schéma et
photo d’une grille de prélèvement,
refuge
des
Conscrits – Mont Blanc
(photo S. Pelisset).
Les contraintes techniques
25
Cette tranchée, de 50 cm de profondeur, équipée d’un
drain à larges fentes, recouvert par des galets propres
20/60 mm fixés par un treillis métallique, conduira
latéralement à une chambre de récupération à bac
surdimensionné, muni d’une vidange de fond.
Dans quelques cas, des prises d’eau trop sommaires
nécessitent une visite journalière en période de forts
débits pour vidanger les débris et/ou repositionner la
crépine (Avérole - Haute Maurienne). Ces eaux superficielles présentent des qualités physiques (turbidité) et bactériologiques toujours médiocres, souvent
mauvaises.
3.1.3 Pour les plans d’eau
La méthode d’installation de la prise d’eau est plutôt
simple : un tuyau équipé d’une crépine placée à 40
cm de fond est fixé sur une armature métallique soutenant une pompe placée hors de l’eau (Les Evettes
- Haute Maurienne) ou dans l’eau, dans un caisson
étanche (Lac Blanc - Aiguilles Rouges). La prise d’eau
est positionnée préférentiellement vers l’exutoire du
lac pour limiter les matières en suspension, le plan
d’eau agissant comme un premier bassin de décantation.
Contraintes techniques
La protection réglementaire de ces captages en torrent n’est pas possible et le traitement de l’eau est
obligatoire avant consommation.
Figure 16 : Crépine de prélèvement
(photo S. Pelisset).
L’énergie utilisée provient classiquement d’un groupe
électrogène, remplacé durant l’été par de l’énergie
solaire du refuge (Les Evettes - Haute Maurienne),
des panneaux photovoltaïques dédiés ou plus écologique encore, par un bélier hydraulique (Presset
- Beaufortain). Mais dans ce cas le rendement est
faible (10 litres d’eau utilisés pour 1 litre remonté au
refuge).
Figure 15 : Grille de récupération d’eaux de ruissellement du refuge de la Martin, Vanoise (Photo PNV).
26
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Contraintes techniques
Figure 17 : Prise d’eau du Lac Blanc -Aiguilles Rouges
(photo P. Mandaroux).
Figure 18 : Prise d’eau du refuge des Evettes - Vanoise
(photo P. Mandaroux).
Figure 19 : Schéma de principe et photo
du bélier hydraulique du refuge de
Presset - Beaufortain (photo P. Mandaroux,
schéma www. Walton.fr).
Les contraintes techniques
27
Contraintes techniques
La matérialisation du périmètre de protection immédiat n’est jamais réalisée dans les plans d’eau.
Figure 20 : Environnement de la prise d’eau du lac Blanc
(photo P. Mandaroux).
3.1.4 Pour des névés
et plaques de neige
Les chaleurs du printemps font fondre la neige et
un ruissellement se constitue lorsque la topographie
devient favorable. On installe alors un captage classique sur cours d’eau mais de dimensions réduites vu
la faiblesse du débit.
Les difficultés interviennent :
en période printanière où les dispositifs sont
masqués par les accumulations de neige, en ubac
souvent,
●
avec la remontée du névé dans la saison estivale
(il faut alors positionner 2 à 3 niveaux de prises
d’eau pour prélever au plus près du névé (Col du
Palet – Vanoise),
avec les périodes fraîches à fusion nivale ralentie,
●
dans certains cas (Quintino Sella al Félik – Aoste),
le glacier est situé plus bas que le refuge. Cela
nécessite l’emploi d’une pompe immergée dans un
premier bassin de recueil à 150m du refuge.
●
L’instabilité de la ressource tant du point de vue du
débit que de sa position fait que ce type de captage
doit le plus souvent être complété par un autre mode
d’approvisionnement.
●
28
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
La protection de cette ressource en eau est difficile
et peu efficace.
Contraintes techniques
Figure 21 : Captage sur névé, refuge du Pigeonnier - Ecrins.
Captage névé
Réservoir haut
Réservoir bas
Source 2
Source 3
Bachal
Pompe
Source 1
Figure 22 : Adduction d’eau du refuge du Palet – Vanoise
(photo P. Mandaroux).
Les contraintes techniques
29
3.1.5 Pour l’eau de pluie ou de
fonte de neige en toiture
3.1.7 Par un réseau
de distribution public
C’est le cas pour des sites sans aquifères, comme les
plateaux karstiques (Platé - Aravis-Sixt) ou la haute
montagne (Tête Rousse - Mont Blanc).
14% de l’ensemble des refuges renseignés dans la
base de données sont raccordés à un réseau public.
L’eau y est abondante et de qualité. Sa gestion ne
pose aucune difficulté au gardien. En Vallée d’Aoste,
onze refuges sur les 42 ayant répondu à l’enquête se
trouvent dans ce cas, soit 26%.
L’eau est récupérée par une gouttière et conduite
dans une citerne placée en sous-sol du bâtiment
ou plaquée contre. Dans le cas de neige, la fonte
peut être accélérée par des fondoirs à neige (Grands
Mulets – Mont Blanc). Une crépine bien dimensionnée retient algues et autres débris légers. Une
vidange de fond est nécessaire.
3.2 Le réseau d’adduction
Contraintes techniques
Le plus souvent, la distribution de l’eau depuis la
chambre de départ, équipée d’éléments de décantation, se fait gravitairement par conduite PEHD
(Tubes Polyéthylène Haute Densité). Le choix
de ce matériau permet, moyennant l’utilisation de
raccords électrosoudés, d’obtenir des conduites
présentant une excellente résistance mécanique et
peu sensibles aux mouvements de terrain. Le coût
d’achat d’une canalisation PEHD de diamètre DN32
en PN16 est de l’ordre de 250 € HT pour une couronne de 50 mètres de long. Le choix d’un plus petit
diamètre permet d’augmenter la vitesse de circulation pour éviter le gel.
Figure 23 : Collecte et citerne d’eau de pluie,
refuge dei Loff (1140m) (Vénétie).
3.1.6 Par fonte de glace
C’est le cas du refuge des Cosmiques – Mont Blanc
qui provoque la fusion de la glace par chauffage à
l’aide d’une résistance électrique grâce à son raccordement au réseau. L’eau est ensuite pompée vers le
refuge.
Si des raccords laiton sont utilisés, ils doivent être
repérés et visitables. Ces raccords métalliques
constituent en effet, des points sensibles au froid
donc au gel de l’eau.
La canalisation est parfois enterrée et souvent en
surface du terrain. Cette dernière disposition n’est
pas souhaitable du fait :
●
de son impact paysager,
●
de son manque de sécurisation,
du travail de repli annuel et de redéploiement
de l’installation.
●
Il apparaît préférable d’enterrer le tuyau à faible
profondeur (moins de 20 cm) sous couverture végétale ou allée empierrée pour permettre un réchauffement printanier précoce de la conduite. En effet,
30
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
L’eau est ensuite conduite directement
au bâtiment ou mieux vers un réservoir
placé à l’amont du bâtiment. Dans quelques cas, un pompage est nécessaire. La
pompe d’extraction de l’eau suffit souvent à refouler jusqu’au bâtiment.
Dans quelques cas, la réalisation de deux
réseaux d’adduction permet de séparer
dès le départ:
l’eau destinée à la consommation
humaine qui sera traitée. Le point de
distribution est classiquement la cuisine.
●
l’eau destinée aux autres usages et
distribuée dans l’ensemble du bâtiment (toilettes, lavabos, sanitaires).
Dans ce cas, une signalétique doit
avertir les usagers de la qualité de
l’eau sur les lavabos.
●
Figure 24 : Réseau d’adduction du
refuge des Conscrits - Mont Blanc
et conduite enterrée au refuge Félix Faure
(photos S. Pelisset).
Les contraintes techniques
31
Contraintes techniques
il a été constaté, au printemps, la présence de culots de glace dans les tuyaux
lorsque ceux-ci présentent des contre
pentes et une impossibilité de vidange
totale, ce qui arrive avec la reptation des
pentes (Fond d’Aussois - Fond des Fours
-Vanoise). Plus le tuyau est disposé en
profondeur, plus il met de temps à dégeler. C’est aussi sans compter qu’une installation à faible profondeur ne nécessite
pas d’excavation mécanisée et n’apporte
pas d’impact majeur sur la végétation
(tassement, destruction...) . L’utilisation
hivernale d’un antigel alimentaire s’avère très efficace pour la protection de la
canalisation contre le gel.
3.3 Les réservoirs
Ils servent à stocker l’eau pour satisfaire les périodes
de fortes consommations, en journée ou en fin de
semaine. Ils sont disposés soit dans le bâtiment ou
contre celui-ci (Presset- Beaufortain), soit mieux, sur
le terrain à l’amont du bâtiment (Lac Blanc-Aiguilles
Rouges), dans une position en hauteur permettant
une distribution gravitaire.
Dans tous les cas, ils doivent être conçus. à la fois
comme des bassins de décantation, avec vidange de
fond, surverse et regard de visite et comme réservoir
de stockage.
Ils peuvent être enterrés ou non. Dans le premier cas,
ils tempèrent les grosses variations de température
mais les fuites sont plus difficiles à déceler.
Ils peuvent être en béton, en plastique alimentaire ou
mieux en inox, de capacité variant de 2m3 (La Leisse
- Vanoise) à 8 m3 (Lac Blanc - Aiguilles Rouges).
La sortie comporte nécessairement une crépine largement dimensionnée.
Figure 25 : Réservoir extérieur d’eau potable refuge
de Presset - Beaufortain
Contraintes techniques
(photo P. Mandaroux).
Figure 26 : Réservoir haut du refuge du lac Blanc Aiguilles Rouges (photo P. Mandaroux).
32
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
3.4 Les traitements
de l’eau
3.4.1 Le prétraitement
Puis des filtres servent à fixer les dernières matières en suspension présentes dans l’eau. Les filtres
à poches ou à cartouche sont bien adaptés. Ils peuvent être garnis (charbon actif, coton) et complétés
par des filtres en céramique dont les pores sont plus
petits. Ces filtres sont en général associés en série,
par ordre décroissant de la taille des pores, de 200
à 25 microns (Avérole - Haute Maurienne). Les cartouches doivent être parfois changées tous les dix
jours.
Le Parc national de la Vanoise a opté pour des filtres de 100 microns à tamis argenté. Ces filtres sont
équipés de tissus en acier inoxydable. Un système de
rétrolavage manuel ou automatique permet de s’exonérer complètement de cartouches interchangeables.
Ces filtres sont robustes, économiques à l’exploitation
et n’occasionnent qu’une faible perte de charge (de
l’ordre de 0,2 bar ) lorsque la pression d’arrivée est
déjà faible. Le prix est de 350 € HT pour un modèle
à rétrolavage manuel. Une filtration complémentaire
reste utile.
Figure 27 : Filtres
(photo S. Pelisset).
3.4.2 Le traitement
En règle générale, le traitement bactéricide de
l’eau, suit la filtration et est assuré par traitement
aux ultra-violets. Une lampe particulière envoie des
rayons UV à travers une gaine en quartz vers l’eau circulant dans un tube. Pour une parfaite efficacité, l’eau
doit être la plus claire possible, sans matières en suspension. C’est essentiellement l’eau de consommation
qui est traitée car cette technique est consommatrice
d’énergie. Celle-ci est assurée le plus souvent par des
panneaux solaires (Les Evettes - Haute Maurienne).
Pour un débit traité de l’ordre de 500l/h et une puissance électrique de la lampe de 11 Watts pour une
transmission supérieure à 90% (clarté de l’eau), la
consommation journalière s’élève à 265 Wh. La puissance des modules photovoltaïques nécessaires doit
être d’au moins 135 Wc. Des programmateurs horaires (pour extinction de la lampe la nuit par exemple)
tendent à optimiser la puissance des modules photovoltaïques mais au détriment de la durée d’utilisation
de la lampe prévue au départ pour 8500 heures.
Les alimentations électriques peuvent se faire en 220V
ou 24V. Les puissances électriques se situent entre 40
et 60W pour des débits de 1 à 2,2 m3/h. Le coût est
de l’ordre de 1400 € HT pour la partie traitement UV.
Le prix d’une lampe varie de 25 à 35 € HT, celui de la
gaine en quartz est de 20 € HT. L’alimentation électrique 22OV AC du filtre Judo n’est nécessaire que pour
le modèle à rétrolavage automatique.
Les contraintes techniques
33
Contraintes techniques
La première étape du prétraitement de
l’eau consiste à éliminer les éléments physiques indésirables (sables, matières en
suspension) par décantation. Pour cela,
les dispositifs de captage (chambre de
récupération) et de stockage (réservoir)
contribuent à assurer ce prétraitement.
Un nombre accru de bassins de décantation est nécessaire pour les prises d’eau
en torrents, surtout pour ceux ravinant
des formations meubles (moraine, schistes altérés…), (Avérole - Haute Maurienne). Une crépine bien dimensionnée doit équiper le
tuyau de départ.
Néanmoins, des dysfonctionnements sont relevés,
comme un mauvais approvisionnement électrique
(Les Conscrits - Mont Blanc), de la condensation en
cuisine (Le Palet - Vanoise) ou une mauvaise filtration
préalable, sans compter les risques de destruction de
la gaine en quartz en période d’hiver du fait du gel en
cas de mauvaise vidange.
Une chloration annuelle des réseaux de distribution à partir de la chambre de départ doit être réalisée.
De même, la mise hors gel de toutes les installations est absolument nécessaire Elle peut demander
jusqu’à une journée de travail suivant la complexité
de l’installation.
Contraintes techniques
Un dispositif type de traitement de l’eau par ultraviolets doit être conçu suivant le schéma de la
figure 28.
Le traitement à base de chlore est peu utilisé et en
cours d’abandon. Des pastilles de chlore sont encore
utilisées à Presset - Beaufortain.
Figure 28 : Schéma de principe et
photo du traitement UV au refuge
de l’Arpont – Vanoise (photo PNV).
Alimentation électrique
®
24 V DC (R.E.R. )
Alimentation électrique
220V AC
Coffret électrique
Filtre
®
JUDO
Vanne ¼ tour
Vanne ¼ tour
Sortie
eau
potable
Arrivée eaux
chargées
Raccords
filetés
Evacuation
eaux de lavage
34
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Station de traitement UV
Chambre
d’irradiation
Bilan sur les eaux distribuées
4
Bilan sur les eaux
distribuées
Bilan sur les eaux distribuées
35
L’exploitation de la base de données, conçue dans le cadre du projet Alcotra Interreg Refuges n° 192 « Qualification de l’offre des refuges de haute montagne pour un tourisme durable dans les vallées d’Aoste et les
pays de Savoie » nous fournit des indications sur l’état des lieux de plus de 150 refuges des pays de Savoie
et de la Vallée d’Aoste.
Le taux de réponse est variable selon les critères étudiés. Il est en moyenne supérieur à 50%. En Vallée d’Aoste, 54 refuges sont recensés. Compte tenu de trois refuges fermés pour travaux, le taux de réponse s’établit
à 83 % (42 refuges).
4.1 Sur l’origine des eaux
4.2 Sur les débits utilisés
Plus de la moitié des refuges référencés est alimentée
par des sources bien localisées, ce qui est favorable à
la maîtrise qualitative de l’eau.
Ils sont fonction du confort du refuge (cuisine,
douche, toilettes, WC avec eau…) et des capacités de
la ressource.
Origine de l'eau
Glacier
14%
Réseau
10%
Source
62%
Il n’y a pas de compteur d’eau dans les refuges
non raccordés à une adduction publique. Aussi, les
consommations sont approchées et souvent sujettes
à discussion :
pour les refuges de haute altitude, la consommation de 5 l/nuitée est vraisemblable.
●
Névé
8%
Bilan sur les eaux distribuées
Ruisseau
6%
Neige, névés et glaciers constituent l’unique ressource
pour les refuges de haute altitude (22%). Les débits
récupérés sont faibles et l’utilisation de l’eau doit être
optimisée.
Quant aux ruisseaux, ils satisfont les besoins de 6%
des refuges, avec beaucoup de difficultés de captage
et de prétraitement de l’eau.
Les prises d’eau sont fixes dans 68% des cas. Pour
les autres, le gardien doit fréquemment les repositionner.
elle passe à 40 l/nuitée pour les refuges étapes
sur les grands circuits et à 80 l/nuitée pour les
refuges à restauration dominante.
●
Près de 14% des refuges connaissent des difficultés
d’approvisionnement en fin d’été.
Quant à l’alimentation hivernale et de début de printemps, elle n’est réalisée par de l’eau courante que
pour 33% des refuges. Il faut alors faire appel à de
l’eau de fonte de neige.
Quantité suffisante
Eté 14%
Eté + automne 53%
36
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Permanente 33%
L’absence de données précises est un lourd
handicap pour le dimensionnement des dispositifs
de traitement des eaux potables et usées.
En Vallée d’Aoste environ 21% des refuges sont équipés de compteurs. Le même pourcentage est équipé
de dispositifs d’économie d’eau. On constate que
seuls deux des neuf refuges équipés de compteurs
sont aussi équipés d’économiseurs. Cela indique que
même en l’absence de comptage, les gestionnaires
sont soucieux d’économiser l’eau.
4.3 Sur la qualité
des eaux
L’eau naturelle, brute, même souterraine est très peu
minéralisée pour le plus grand nombre des refuges.
Les conductivités électriques estivales sont presque
toujours inférieures à 100 μS/cm, souvent inférieures
à 30 μS/cm. Elles résultent d’aquifères superficiels et
de ruissellements où les précipitations pluviales ou
neigeuses sont rapidement écoulées.
Analyses
1 par an
21%
Plusieurs/an 39%
La turbidité des eaux, relevée surtout
pour les prises d’eau en torrents, rend le
traitement de l’eau difficile et nécessite la
mise en place de prétraitements par décantation et filtration.
Prétraitement
Décantation
43%
Rien
52%
Filtration
5%
En Vallée d’Aoste, on note 42 % d’UV, 14%
de chloration et 2 % d’adoucisseurs. Dans
38% des cas, c’est de l’eau en bouteille qui
est proposée.
Traitement
Chloration 7%
Dans les pays de Savoie ,les traitements
de l’eau sont assurés par la mise en place
de lampes UV (36% des refuges en sont
équipés mais moins de la moitié des dispositifs est opérationnelle) et par chloration
(5% des refuges). Seule l’eau de cuisine est
traitée.
UV
39%
Aucun
54%
Bilan sur les eaux distribuées
37
Bilan sur les eaux distribuées
Aucune
40%
Sur les refuges des pays de Savoie renseignés, les eaux captées brutes sont, pour
70% des analyses, non conformes aux
normes de potabilité bactériologique, même
dans les sites de haute altitude. Mais 40%
des refuges ne fournissent pas au moins
une analyse annuelle. Lorsque deux analyses sont effectuées par an, on constate une
dégradation de la qualité générée par la
présence d’animaux ( sauvages ou domestiques) et la raréfaction de l’eau.
4.4 Sur les installations
Les aménagements ont été le plus souvent réalisés
au coup par coup, sans les moyens techniques adaptés, par des opérateurs volontaires mais peu expérimentés.
Les dispositifs de décantation sont largement sousdimensionnés, à rares vidanges de fond. Les crépines sur le départ des adductions d’eau sont absentes ou retirées pour 60% des refuges.
Les prises d’eau sont généralement sommaires, réalisées à la main sans moyen matériel et mal étanchées
(Tré la Tête – Mont Blanc).
En dehors des refuges raccordés à un réseau public
(10%), près de 45% des refuges sont alimentés en
direct, sans stockage d’eau.
Le périmètre de protection immédiate n’est matérialisé que dans 20% des cas.
Type de réservoir
Pas de réservoir 44%
Eau brute
41%
Bilan sur les eaux distribuées
Eau potable
15%
Refuge de Presset, Massif du Beaufotain - Savoie (France).
38
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Recommandations
5
Recommandations
Recommandations
39
Recommandations
Refuge des Conscrits, 2602 m, Massif du Mont Blanc (France).
40
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Il importe de faire un effort technique et financier conséquent dans ce domaine, dès la conception d’un nouveau refuge ou de la réhabilitation d’un
ancien. La citerne cylindrique, pré équipée, telle que
proposée par le Parc National de la Vanoise, répond
bien aux critères d’une chambre de départ. Reste la
phase terrain qui demande des moyens mécaniques
adaptés.
Un stockage de l’eau à proximité du refuge, dans
un réservoir équipé, avec crépine et vidange de fond,
doit précéder les dispositifs de traitement bactéricide
de l’eau (filtration si nécessaire et UV si énergie dis-
ponible). Avant chaque remise en eau, les cuves doivent être nettoyées, désinfectées et rincées à l’aide
d’une dose de Javel à 12° chlorométrique, soit 50 ml
d’eau de Javel par mètre cube d’eau.
La qualité du captage et du pré-traitement
conditionne la durée de vie des dispositifs de filtration. Elle est garante de l’efficacité du traitement UV
Deux analyses annuelles de l’eau doivent être réalisées pour chacun des refuges disposant d’eau courante. Une information doit être fournie aux usagers
sur la qualité de l’eau et doit préciser les points d’eau
potable disponibles dans le refuge.
La mise hors gel du réseau doit être soigneusement réalisée pour chaque refuge en fin de saison
estivale. Le repérage des différentes installations
(captage, réservoirs, raccords,…) doit être matérialisé
à l’aide de perches, avant les premières neiges.
Mont Blanc, vu depuis Chamonix - Savoie (France)
Recommandations
C’est au niveau du captage de l’eau (prise d’eau,
drains, chambre de récupération, vidanges de fond,
crépines) que les manquements aux règles de
l’art et aux contraintes sanitaires sont les plus
grands. Ils engendrent des désordres et des difficultés pour la distribution et le traitement des eaux.
(photo Velio Coviello).
Recommandations
41
Refuge du Plan du Lac, 2365 m, Massif de la Vanoise, Savoie (France).
Refuge du Plan Sec, 2320 m, Massif de la Vanoise, Savoie (France).
42
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Bibliographie
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refuges gardés dans les Pyrénées. ADEME, DIREN,
PN Pyrénées.
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BELTRAMO R. et DUGLIO S. 2006, il ciclo delle acque
nei rifugi alpini della Valle d’Aosta : approvvigionamento, uso e principali aspetti ambientali , Sopra
il Livello del Mare, N°27, pp 22-27, Istituto Nazionale della Montagna - IMONT Editore
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MERMINOD F., 2007. Alimentation en eau et assainissement des refuges appartenant au Parc National
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réglementaires et fonctionnels. Stage Mastère
EPGM Université de Savoie-Parc National de la
Vanoise.
CHEVASSU L., 2003- Proposition d’une charte de gestion environnementale des refuges de l’espace
parc. PN Vanoise, Mémoire Master2 Pro, Université de Nice
43
Refuge de Chaligne, 1943 m, Vallée d’Aoste (Italie).
Refuge de Tré la Tête, 1970 m, Massif du Mont Blanc, Savoie (France).
44
Alimentation en eau en site isolé d’altitude
Partenaires
Collaborateurs
Laboratoire
Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne
CENTRE NATIONAL
DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UMR 5204
Agence Touristique
Départementale
de Haute-Savoie
ISBN 978-2-9520432-5-0
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