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L’exploitation de l’eau salée chez les Autariates

2007, Alfons Figuls i Alonso, Olivier Weller (Eds.), 1st International archaeology meeting about prehistoric and protohistoric salt exploitation, Cardona, 2007

Les textes antiques en grec et en latin concernant les diverses modalités d’obtention du sel ont bénéficié de l’attention des spécialistes de l’archéologie du sel. Pourtant certains de ces textes ont été commentés à un niveau insuffisamment analytique: certains passages peuvent contenir, comme nous espérons qu’il va résulter des lignes suivantes, quelques suggestions qui, par la grille offerte par les recherches récentes (en nous limitant aux recherches de Roumanie, nous mentionnons d’une manière sélective : URSULESCU NICOLAE, 1977, 1996; DUMITROAIA GHEORGHE, 1987, 1994; ANDRONIC MUGUR, 1989; MONAH DAN, 1991; ALEXIANU MARIUS et alii, 1992) concernant l’exploitation des sources salées, peuvent s’avérer particulièrement utiles à leur tour dans les étapes de projection, de déroulement et d’interprétation des explorations archéologiques . Les mêmes informations peuvent être vérifiées par l’archéologie expérimentale.

L’exploitation de l’eau salée chez les Autariates Marius Alexianu, Université ”Al. I. Cuza”, Iaşi, Roumanie Les textes antiques en grec et en latin concernant les diverses modalités d’obtention du sel ont bénéficié de l’attention des spécialistes de l’archéologie du sel. Pourtant certains de ces textes ont été commentés à un niveau insuffisamment analytique: certains passages peuvent contenir, comme nous espérons qu’il va résulter des lignes suivantes, quelques suggestions qui, par la grille offerte par les recherches récentes (en nous limitant aux recherches de Roumanie, nous mentionnons d’une manière sélective : URSULESCU NICOLAE, 1977, 1996; DUMITROAIA GHEORGHE, 1987, 1994; ANDRONIC MUGUR, 1989; MONAH DAN, 1991; ALEXIANU MARIUS et alii, 1992) concernant l’exploitation des sources salées, peuvent s’avérer particulièrement utiles à leur tour dans les étapes de projection, de déroulement et d’interprétation des explorations archéologiques 1. Les mêmes informations peuvent être vérifiées par l’archéologie expérimentale. Dans cette catégorie de textes s’incluent deux passages, l’un d’Aristote et l’autre de Strabon (pour Strabon une analyse générale récente cf. MORERE MOLINERO). Précisons qu’ici nous n’allons pas traiter les aspects liés à la tradition manuscrite ou à la manière dont les informations inclues dans les passages mentionnées sont parvenus à la connaissance des auteurs. En conséquence, nous considérons à titre provisoire que les assertions que nous allons soumettre à l’analyse aient eus des correspondances à la réalité. Les deux passages ont été largement utilisés dans la reconstitution de l’histoire politique des Autariates, pour la localisation de leur patrie, notamment par Papazoglu (PAPAZOGLU FANOULA, 1978, 87 et suivantes. Il s’agit d’une source d’eau salée pour laquelle dans l’exégèse on a proposé des localisations différentes à partir de la fin du XIXe s. et au début du XXe siècle (PAPAZOGLU FANOULA, 1978, 91, notes 6 et 7; Thallóczy et Patsch l’ont identifié avec les Slane Vode près d’Orahovica ; Dobiáš l’a identifié avec Gorji Vakuf) . Voilà maintenant le texte en grec. Nous procédons ainsi pour Aristote et pour Strabon pour faciliter la confrontation de l’original avec la traduction ou les traductions. Arist., mirab. ausc. 138 ’En ’Illurioîß dè toîß ’Ardiaíoiß kalouménoiß, parà tà meqória tôn Autariatôn k˜keínwn, fasìn Óroß eÎnai méga, toútou dè plhsíon Ágkoß, †qen ‰dwr ˜naphdân, 1 Je suis profondément reconnaissant aux Patronat Municipal de Museus de Cardona, Tallers Miralles, Associació d’empresaris de Cardona, Parc cultural de la Muntaya de Sal pour l’aide financier accordé à l’occasion de notre présence à Cardona. Nous remercions vivement dr. Olivier Weller (Paris), dr. Nuria Morère Molinero (Madrid), assist. univ. Magda Mircea (Iaşi) et doctorante Cristina Carusi (Pisa) pour les indications bibliographiques offertes avec amabilité. 1 oÙ pâsan Šran, ˜llà toû Êroß, polù tþ plëqei, † lambánonteß tàß mèn £méraß ™n tþ stegnþ fuláttousi, tàß dè núktaß eœß tçn aœqrían tiqéasi kaì pénte Ë ‚c £méraß toûto poihsántwn aÙtôn pëgnutai tò ‰dwr, kaì gínetai kálliston laß, † ‚neken tôn boskhmátwn málista diathroûsin; oÙ gàr eœságontai pròß aÙtoùß leß dià tò katoikeîn pórrw aÙtoùß qalásshß kaì eÎnai aÙtoùß ˜míktouß. pròß oÛn tà boskëmata pleísthn aÙtoû xreían Éxousin; ¡lízousi gàr aÙtà dìß toû ™niautoû. ™àn dè mç poiëswsi toûto, sumbaínei aÙtoîß ˜póllusqai tà pleîsta tôn boskhmátwn. Ils disent que chez les Illyriens nommés Ardiaiens, à la frontière des Autariates avec ceux-là, il y a un grande montagne, que dans son voisinage il y a une vallée où, pas dans chaque saison, mais le printemps, l’eau jaillit en abondance, (l’eau) que, en le prenant, ils la gardent les jours dans un lieu couvert et les nuits ils l’emportent en plein air ; et faisant ça cinq ou six jours, l’eau se cristallise et résulte un sel très bon qu’ils le gardent surtout pour les animaux; et on n’apporte pas chez eux des sels à cause du fait qu’ils habitent très loin de la mer et parce qu’ils sont sans liaisons. Ils les nourrissent avec du sel deux fois par an. Et s’ils ne font pas ça, il leur arrive que la plupart des animaux meurt. (traduction Marius Alexianu) Le passage de Strabon connaît deux versions roumaines relativement récentes que nous présentons: „Les Autariates ont été la plus grande et la plus brave ethnie des Illyriens. Ils menaient sans cesse guerre contre les Ardiaiens pour une mine de sel qui se trouvait à la frontière, les cristaux de sel se formant d’une eau qui coule d’une vallée, le printemps. Ceux-ci prenaient de l’eau et ils la laissaient se déposer 5 jours et le sel se cristallisait. On a fait un accord que la mine de sel soit utilisée successivement, mais l’accord était violé, ce que faisait que ceux-ci se guerroient. (Traduction en français d’après la traduction en roumain effectuée par R. Hîncu et / ou Virgil C. Popescu, cf. ILIESCU et alii, 1964). Voilà l’autre traduction roumaine signée par Felicia Vanţ-Ştef (STRABON, 1974). “Les Autariates ont été l’ethnie la plus grande et la plus brave des Illyriens. Dans des temps plus reculés ils se trouvaient toujours sur pied de guerre avec les Ardiaiens à cause du sel qui se déposait, à partir du printemps, de l’eau d’une rivière qui coulait par un vallon de là-bas. Et les sels se cristallisaient pour eux pendant 5 jours, après qu’ils puisaient de l’eau et ils la redonnaient. Ils avaient fait entre eux, donc, un accord pour utiliser ces mines de sel (en roumain salină) successivement. Mais comme ils ont violé les accords, ils avaient commencé la guerre.” Comme on peut facilement l’observer les deux traductions présentent des différences notables, et par rapport au texte originel il y a des inadéquations terminologiques évidentes comme le terme „salină” qui en roumain signifie „mine dont on extrait du sel” (COTEANU ION et alii, 1998, p.943). Les traducteurs roumains cités ont été influencés peut-être par une traduction française, mais ils n’ont pas vérifié le sens du mot français ‘saline’, ce qui a mené une traduction évidemment erronée. Ce fait nous a amené à proposer une nouvelle variante de traduction, en prenant en considération les recherches archéologiques dans ce domaine (cf. par exemple WELLER OLIVIER, 1998, surtout 75-82). 2 Pour faciliter la vérification de notre traduction, nous présentons dans ce cas aussi le texte en grec. Str., VII, 5, 11 (C. 317). AÙtariâtai mèn oÛn tò mégiston kaì Áriston tôn ’Illuriôn Éqnoß ©pêrcen, ½ próteron mèn pròß ’Ardiaíouß sunexþß ™polémei perì ¡lôn ™n meqoríoiß phgnuménwn ™c ‰datoß ÿéontoß ©pò Ágkei tinì toû Éaroß. ˜rusaménoiß gàr kaì ˜poqeîsin £méraß pénte ™cepëgnunto o¥ ¸leß. sunékeito dè parà méroß xrêsqai tþ ¡lophgíö, parabaínonteß dè tà sugkeímena ™polémoun’ Les Autariates étaient la plus grande et la plus puissante ethnie des Illyriens. Au début, elle luttait sans cesse avec les Ardiaiens pour les sels cristallisés (le sel cristallisé) aux frontières de l’eau qui coulait d’une vallée au printemps. Pour ce qui puisaient l’eau et la déposaient, les sels se cristallisaient en 5 jours. Ils sont tombés d’accord pour utiliser le bassin à l’eau salée successivement; mais en violant les accords, ils se guerroyaient. (traduction Marius Alexianu) À la différence de beaucoup d’autres traducteurs, nous sommes conscients que nos propres traductions ne constituent pas des équivalences parfaites des textes originaux, mais volens nolens des interprétations de ceux-ci 2 et nous n’évitons pas de tout exposer 2 “Among the Illyrians who are called Ardiaens along the boundary between them and the Autariatae, they say there is a high mountain, and near to it a glen from which the water rises, not at all seasons but in the spring, in considerable quantity, which they take and keep under cover by day, but put in the open at night. After they have done this for five or six days, the water hardens and becomes very fine salt, which they keep especially for the cattle; for salt is not imported to them because they live far from the sea and do not associate with others. Consequently they need it very much for the cattle; for they give them salt twice a year. If they fail to do this, most of the cattle are found to die.” (cf. ARISTOTLE, 1963) . “Presso gli Illiri chiamati Ardiei, al confine fra questi ultimi e gli Autariati dicono che ci sia un monte elevato e vicino ad esso una convalle, da dove scende acqua in grande quantità, non in ogni stagione, ma solo in primavera; quanti la raccolgono di notte, la conservano in un luogo chiuso e di giorno la portano all’aria. Dopo che si è seguito questo procedimento per cinque o sei giorni, l’acqua si solidifica e si transforma in bellissimo sale, che conservano soprattutto per salare il bestiame: infatti presso di loro non si practica l’importazione del sale, poichè abitano lontano dal mare e non hanno rapporti commerciali. 2 Dunque lo usano soprattutto per le carni del bestiame. Infatti le mettono sotto sale due volte l’anno; se non lo facessero, finirebbero per perderne la maggior parte. “(cf. [ARISTOTELE], 1997). “Les Autariates étaient la plus puissante et la plus valeureuse des tribus Illyriennes. Au début ils soutinrent des guerres continuelles contre les Ardiaiens pour des salines qui se trouvaient sur leur frontière commune. On tirait ce sel d’une arrivée d’eau qui se produisait au bas d’une vallée de montagne au printemps. On puisait de cette eau; on la laissait déposer pendant cinq jours au bout desquels le sel était cristallisé. Il était convenu que la saline serait exploitée à tour de rôle, mais cet accord était violé et la guerre éclatait.” (cf. STRABON, 1989) . “Now the Autariatae were once the largest and best tribe of the Illyrians. In earlier times they were continually at war with the Ardiaei over the salt-works on the common frontiers. The salt was made to crystallise out of water which in the spring-time flowed at the foot of a certain mountain-glen; for if they drew off the water and stowed it away for five days the salt would become thoroughly crystallised. They would agree to use the salt-works alternately, but would break the agreements and go to war.” (cf. STRABO, 1967) . “La gente degli Autariati fu la più grande e la più valorosa fra tutti gl’Illirici; e già tempo era continuamente in guerra cogli Ardiei per le saline che si formavano sui confini di questi due popoli 3 cette position théorique. En ce sens, nous tenons à souligner l’ambiguïté intrinsèque de quelques termes clé qui nous ont produit des difficultés réelles dans le processus de traduction: mais nos options de nature sémantique n’excluent pas totalement d ‘autres significations. Voilà pourquoi nous considérons nécessaire la présentation des principaux sens contextuels de ces termes clé tel qu’ils sont mentionnés dans quelques dictionnaires de référence (BAILLY, 1996 ; LIDDELL-SCOTT, 1996 ; ROCCI, 1998). Pour le passage d’Aristote: Le substantif tò stegnón présente les sens de 'lieu abrité', 'abrit', 'cabane', 'hutte', 'covered dwelling', 'under cover', 'coperto', 'ricovero', 'abitazione'. L’adjectif Ámiktoß signifie 'non mélangé', 'pur de tout mélange', 'qui ne se mêle pas avec', 'qui n'a de commerce avec personne', 'insociable', 'sauvage', 'farouche', 'unmixed', 'pure', 'not mingling with other', 'unsociable', 'savage', 'non mescolato', 'puro', 'che non ha commercio'. Le substantif tò bóskhma, -matoß signifie 'animaux qui paissent', 'bestiaux', 'troupeau', 'pâture', 'nourriture', 'aliment', 'fatted beasts', 'cattle', 'food', 'bestiame', 'gregge', 'animali'. Nous attirons l’attention sur le fait que dans notre traduction nous avons opté dans le cas de trois occurrences de ce dernier mot pour le sens „animal (domestique)” à la différence de la version en anglais du livre de Papazoglu (PAPAZOUGLU FANOULA, 1978, 90) où les premières deux occurrences sont traduites par „live-stock” et la dernière par „animals”. Pour le passage de Strabo: La syntagme perì ¡lôn ne peut avoir dans ce contexte le sens de ‘salines’ car il a comme déterminant le participe présent phgnuménwn. Le verbe ˜rúw a les sens de 'puiser', 'puiser qqe. ch. dans un vase, à une source', 'puiser pour soi', 'draw water', wine, etc., 'attingo per me'. Le verbe ˜potíqhmi signifie 'déposer', 'transporter', 'put away', 'stow away', 'put by for oneself ', 'depongo', 'ripongo', 'metto da parte', 'trasporto'. En ce qui concerne le composé tþ ¡lophgíö on trouve dans les dictionnaires Bailly et Rocci que la forme du pluriel tà ¡lopëgia, -wn ’salines’ avec la spécification très importante dans Bailly : "(litt. lieu où le sel se solidifie)" qui renvoie toujours à un passage de Strabo 312, 6-5. Dans le dictionnaire Liddell-Scott le terme est attesté aussi au singulier tò ¡lopëgion, -ou avec le sens de ‘salt-works’ ou ‘salt –pit’ qui peut être traduit par ‘puits d’exploitation du sel’, ‘fosse à eau salée’ mais aussi ‘cavité’, ‘creux’, ou ‘bassin de petites dimensions’. coll’acqua che nella stagione di primavera scolava da una certa vallata: la quale acqua cavata e riposta per cinque giorni stringevasi in sale. Or avevano pattuito che di queste saline i due popoli dovessero alternativamente godere; ma ponendo poi le convenzioni in non cale, se ne contendevano il possesso.” (cf. STRABONE, 1833, p.221). On observe que dans les traductions française et italienne du passage du Strabon on n’a pas fait la distinction entre la syntagme perì ¡lôn et le mot tþ ¡lophgíö. 4 Ce composé est formé de tò pëgion, -ou, diminutif du substantif £ phgë, - êß ‘source’ et de ¦ lß, ¡lóß ‘sel’. Seulement après cet exposé analytique de quelques problèmes de nature sémantique nous pouvons nous permettre de formuler quelques hypothèses – commentaires concernant le contenu des fragments pris en compte. L’exploitation du sel, la saliculture (MOINIER, 1997, 15, etc.), avait un caractère saisonnier, à cause du régime pluvieux abondant au printemps dans cette zone, ce qui faisait jaillir l’eau salée. Dans l’absence de recherches de terrain nous ne pouvons pas savoir si ce régime pluvieux abondant augmentait la pression dans la nappe phréatique déjà salée ou si, comme on l’a supposé récemment (THEVENOD-MOTTET, 1999, 3), il s’agissait d’un gisement de sel gemme lavé par la fonte des neiges. Cette dernière hypothèse nous semble moins plausible car, dans cette situation, l’exploitation directe du gisement de sel aurait été beaucoup plus productive, si, évidemment, celui-ci n’était situé à une profondeur plus grande. Le passage d’Aristote suggère l’existence de deux zones de dépôt de la saumure dont une couverte (™n tþ stegnþ) utilisée durant le jour et l’autre pendant la nuit, en plein air (tàß dè núktaß eœß tçn aœqrían). Bien que du point de vue du sens commun ce procédé ne semble pas être justifié, nous ne pouvons pas exclure une motivation ethnoscientifique qui pour le moment – espérons - le! - nous échappe. Apparemment contradictoire est l’appréciation au superlatif de la qualité du sel recristallisé (kálliston laß) par rapport à son utilisation „surtout pour les animaux” (tôn boskhmátwn málista diathroûsin); selon nous cette précision souligne l’aspect quantitatif de l’utilisation du sel, ce qui n’exclue pas, évidemment, son utilisation dans la consommation aussi par les communautés humaines. Important est le fait implicite que les animaux étaient nourris seulement avec du sel recristallisé, ce qui est confirmé par les recherches ethnographiques récentes. Beaucoup moins vraisemblable semble être l’affirmation que l’alimentation des animaux en sel se faisait seulement deux fois par an, mais le péril de l’augmentation jusqu’à des proportions très grandes de la mortalité lors de privation de sel est confirmé par les recherches actuelles (COTRUT M., 1975, 234; MARTIN V., MIHAI D., 1979, 51; MONAH DAN, 1991, 388). Mais nous n’excluons pas l’hypothèse que cette mention fasse allusion à une pratique de la transhumance. Les négations de la phrase concernant l’absence des „importations” du sel de la zone maritime cachent, on peut dire, deux affirmations, c’est –à – dire que celles-ci, quand elles s’effectuaient, avançaient jusqu’à une certaine distance vers l’intérieur et que dans cette zone il y avait des communautés à économie autarcique. Le texte de Strabon diffère du texte d’Aristote par l’omission de quelques informations et par l’addition d’autres. Bien que ni chez Strabon ne se précise rien expressis verbis en relation avec les caractéristiques des aménagements où l’on obtenait le sel, le terme ¡lopëgion, bien que d’une polysémie déconcertante, offre aussi la suggestion d’un aménagement de type bassin. Même dans ces conditions, le texte de Strabon présente une grande importance, à côté des informations d’Aristote, pour la recherche archéologique. Les archéologues sont ainsi avertis sur la possibilité de dépister quelques structures qui ont constitué peut-être justement ces bassins d’évaporation dont nous pouvons seulement supposer qu’ils ont été aménagés en pierre, en bois, en argile ou, moins probablement, qu’il s’agissait des récipients de dimensions appréciables. 5 Par notre analyse nous avons eu l’intention de souligner la nécessité que dans la reconstruction adéquate de quelques comportements liés de l’exploitation du sel dans l’antiquité, il faut faire appel aux sources littéraires en original, car les traductions peuvent offrir des interprétations déformées et subjectives des assertions originales en fonction des connaissances dans le domaine du traducteur, pour lequel il est normal de n’ exiger un tel niveau d’érudition qu’il puisse maîtriser tous les domaines auquels se réfèrent quelques auteurs grecs ou latins. Seulement une analyse philologique attentive au polysémantisme de quelques Stichwörter, corroborés avec les résultats des recherches actuelles dans un domaine ou l’autre, peut offrir la clé d’une lecture pertinente. On a mis en évidence ainsi la crédibilité, également par le biais des recherches archéologiques et ethnoarchéologiques récentes, de quelques affirmations des textes antiques concernant l’exploitation des sources salées. Il s’agit de l’exploitation saisonnière des sources salées à existence aussi saisonnière sous la forme de l’évaporation naturelle dans les zones montagneuses. Celle-ci est plausible dans des bassins de dimensions relativement petites (couverts pendant le jour et ouverts la nuit), ou la recristallisation se produisait dans une période de 5-6 jours. Le sel ainsi obtenu était utilisé en premier lieu pour l’alimentation des animaux domestiques sinon, sauf celui-ci, ils étaient menacés par de mort. L’existence des sources salées dans des zones montagneuses, éloignées de la mer, stimule un comportement économique de type autarcique. Enfin, le sel est si important pour l’économie des communautés humaines, que lorsqu’il est insuffisant, il implique la nécessité du contrôle total sur ces zones de production, ce qui génère des conflits armés à caractère permanent. Bibliographie: ALEXIANU, Marius, DUMITROAIA, Gheorghe, MONAH, Dan (1992) ; ”Exploatarea surselor de apă sărată din Moldova: o abordare etnoarheologică”, THRACO-DACICA, XIII. p.159-167. ANDRONIC, Mugur (1989) ; ”Cacica - un nou punct neolitic de exploatare a sării”, STUDII ŞI CERCETĂRI DE ISTORIE VECHE ŞI ARHEOLOGIE, 40, 2, p. 171177. [ARISTOTELE] (1997) ; De mirabilibus auscultationibus, A cura di Gabriella Vanotti, Padova. ARISTOTLE (1963); Minor Works, trad. W.S. Hett, London. BAILLY A. (1996); ”Dictionnaire grec français”, Paris. COTEANU, Ion, SECHE Luiza, SECHE Mircea (éds.) 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