ESJ Social Sciences
Peer-reviewed
La Politique Économique en Débat : Une Lecture Critique
Dkhssi Atman, Département d’Économie et Gestion
Faculté d’Économie et Gestion, Université Ibn Tofail- Kenitra, Maroc
Laboratoire d’Économie et de Management des Organisations (LEMO)
Doi:10.19044/esj.2024.v20n10p126
Submitted: 08 March 2024
Accepted: 14 April 2024
Published: 30 April 2024
Copyright 2024 Author(s)
Under Creative Commons CC-BY 4.0
OPEN ACCESS
Cite As:
Dkhssi A. (2024). La Politique Économique en Débat : Une Lecture Critique. European
Scientific Journal, ESJ, 20 (10), 126. https://doi.org/10.19044/esj.2024.v20n10p126
Résumé
Cet article présente une analyse critique des politiques économiques
depuis 1945, structurée autour de quatre périodes clés. De 1945 à 1980, le
keynésianisme atteint son apogée dans les années 1940 et 1960, mais
commence à s'essouffler dès le début des années 1970, ouvrant la voie à une
contre-révolution libérale. De 1980 à 2008, une pensée post-consensus de
Washington émerge, suscitant les critiques à l'encontre des thérapeutiques
préconisées par les institutions de Bretton Woods et remettant en question leur
hégémonie doctrinale. À partir de la crise de 2008, malgré le recours à des
politiques de relance budgétaires temporaires, un nouveau consensus en faveur
de la rigueur s'installe. Finalement, face à la crise pandémique mondiale du
COVID 19, le keynésianisme renaît avec le retour des plans de relance, tandis
que le remboursement de la dette liée à la COVID reste un défi pour la majorité
des pays. Plus récemment, les politiques de normalisation monétaire prennent
de l'ampleur.
Pour clarifier les concepts dans la littérature et examiner la manière dont la
recherche est menée sur le sujet, une ébauche d'un examen de la portée
(scoping review) a été réalisée, susceptible de servir de précurseur à une revue
systématique.
Mots-clés: Débats doctrinaux, Analyse critique, Politiques nonconventionnelles, Politiques discrétionnaires, Dette Covid, Examen de la
portée
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Economic Policy under Debate: A Critical Review
Dkhssi Atman, Département d’Économie et Gestion
Faculté d’Économie et Gestion, Université Ibn Tofail- Kenitra, Maroc
Laboratoire d’Économie et de Management des Organisations (LEMO)
Abstract
This article presents a critical analysis of economic policies since
1945, structured around four key periods. From 1945 to 1980, Keynesianism
reached its peak in the 1940s and 1960s but began to wane as early as the
1970s, paving the way for a neoliberal counter-revolution. From 1980 to 2008,
a post-Washington Consensus thinking emerged, fueling criticisms against the
therapies advocated by Bretton Woods institutions and questioning their
doctrinal hegemony. From the 2008 crisis onwards, despite the temporary
adoption of fiscal stimulus policies, a new consensus favoring austerity took
hold. Finally, faced with the global COVID-19 pandemic crisis, Keynesianism
resurged with the return of stimulus plans, while repayment of COVID-related
debt remains a challenge for the majority of countries. More recently, there
has been a growing focus on monetary normalization policies.
To clarify the concepts in the literature and examine how research is conducted
on the subject, a draft of a scoping review has been conducted, which may
serve as a precursor to a a systematic review.
Keywords: Doctrinal debates, Critical analysis, non-conventional policies,
Discretionary policies, COVID-19 debt, Scoping review
Introduction
« Les bonnes questions ne se satisfont pas des réponses faciles ». PAUL
SAMUELSON, Prix Nobel d’Économie 1970.
Dans les années 1970, les politiques Keynésiennes révèlent leurs
insuffisances et furent à l’origine du retour en force des politiques libérales.
Notamment, avec le monétarisme représenté par Milton Friedman (1956),
l’économie de l’offre par Arthur Laffer et la théorie des anticipations
rationnelles de John Muth (1961), Robert Lucas (1972) et Thomas Sargent
(1976). L’ensemble de ces courants et d’autres défendent avec des nuances les
mêmes idées.
Une nouvelle ère semble s’ouvrir avec l’adoption de programmes
politiques de rupture par rapport à la période précédente des Trente Glorieuses,
avec le démantèlement progressif de l’État providence, l’abandon des
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politiques discrétionnaires sur le plan budgétaire et monétaire, la
déréglementation de l’économie, la flexibilisation du marché du travail…etc.
Depuis les années 1980, la majorité écrasante des économies développées ont
adopté le consensus de Washington, une approche néolibérale promue par les
institutions de Bretton-Woods. Ces dernières recommandaient des politiques
économiques visant à inverser les mesures interventionnistes mises en place
pendant les décennies d'après-guerre.
Les premières politiques de transformations structurelles néolibérales
ont été appliquées dans un premier temps au Royaume-Uni et aux Etats-Unis,
avant qu’elles ne soient généralisées aux autres pays de la Communauté
économique européenne (CEE). Ainsi, des politiques d’inspirations libérales
s’imposent au détriment des politiques interventionnistes keynésiennes ayant
dominé les programmes politiques au lendemain de 1945 et jusqu’à
l’effondrement de Bretton-Woods. L’attention des décideurs publics semble
être tournée désormais vers la régulation par le marché et l’encouragement de
l’initiative privée.
Aux États-Unis, à partir de 1981, la mise en œuvre des idées
reaganiennes a donné lieu à un "New Deal inversé". Le président Reagan
(1981-1989) considérait que « l'État n'est pas la solution de nos problèmes,
l'État est le problème ». Cette période a été marquée par le désengagement de
l'État, avec des réductions d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques
pour stimuler l'initiative privée.
Au Royaume-Uni, à partir de 1979, M. Thatcher (1979-1990) accède
au pouvoir dans un contexte économique difficile. La crise stagflationniste des
années 1970, caractérisée par une récession et une inflation élevée, a remis en
question la validité des modèles économiques keynésiens. Pour lutter contre
l'inflation, Thatcher adopte une politique monétariste basée sur le ciblage de
l'inflation, selon les enseignements de M. Friedman (1956) et F. Hayek (1974).
Sur le plan fiscal, une réforme en profondeur est lancée pour réduire la
pression fiscale. Du côté des dépenses, la priorité est donnée à l'équilibre des
finances publiques, entraînant un allégement du poids de l'État-providence
avec la diminution des retraites et des aides sociales.
Dans le même sens, depuis la fin des années 1980, la majorité des pays
de la CEE ont également adhéré à une approche similaire à l’occasion de l'acte
unique et de la préparation de l'Union économique et monétaire (UEM). On
recourt à un "Policy mix" qui repose sur une politique restrictive aussi bien sur
le plan monétaire que sur le plan budgétaire. Parallèlement, des directives
européennes ont été mises en place pour préparer la libéralisation des marchés
de capitaux, l'harmonisation des conditions de concurrence et la flexibilisation
du cadre réglementaire régissant le travail.
Au moment de la crise financière des subprimes en 2008 et après un
bref épisode de politiques de relance budgétaires, il a été constaté un retour
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des cures de rigueur sous l’impulsion d'Alberto Alesina et Ardagna (2010) et
Alberto Alesina et al. (2015) qui plaidaient pour quelques effets expansifs de
la rigueur budgétaire. Ce nouveau consensus pour la rigueur budgétaire nourrit
une pensée anti-keynésienne (NAK)1. Pour cette dernière, la solution serait de
s’engager durablement à réduire les déficits publics, à travers la baisse des
dépenses principalement. Une consolidation budgétaire crédible et durable
conduira selon les anti-Keynésiens à une amélioration des taux de croissance
économique. Pour le Fonds monétaire international (FMI), Une consolidation
budgétaire durable a un impact positif significatif sur la croissance
économique. En général, une consolidation budgétaire à plus long terme
assure la stabilité macroéconomique en rassurant les investisseurs quant à
l'absence de futures hausses d'impôts et de taux d'intérêt pour financer des
déséquilibres budgétaires. Les ajustements budgétaires de courte durée
peuvent avoir des conséquences néfastes sur la viabilité budgétaire et la
croissance économique. Selon le FMI, réduire le déficit public de 4% à 2%
peut entraîner une accélération de la croissance par habitant de ½ à 1 point
dans les pays à faible revenu. Ainsi, une consolidation budgétaire bien
planifiée, impliquant une réaffectation des dépenses vers des utilisations plus
productives et la réduction du déficit, peut stimuler la croissance dans les
économies en difficulté.
Depuis 2020, la persistance des taux d'intérêt bas a constitué un climat
favorable à l’adoption de politiques budgétaires de relance face à une
croissance mondiale en berne, sous les effets néfastes de la pandémie.
Cependant, ces politiques jugées nécessaires dans des circonstances d’urgence
ont débouché sur une aggravation de la dette mondiale. Selon le FMI2 en 2020,
la dette mondiale a fortement augmenté pour atteindre un record de 226 000
milliards de dollars, soit 256% du PIB mondial en 2020.
Sur le plan monétaire, la Réserve fédérale (FED), la Banque centrale
européenne (BCE), la Banque centrale du Royaume-Uni et d'autres autorités
monétaires ont toutes relevé leurs taux directeurs à des niveaux les plus élevés
depuis au moins une décennie. Ces mesures s'inscrivent dans une démarche de
normalisation de la politique monétaire face aux pressions inflationnistes,
mettant ainsi fin aux mesures d'urgence adoptées pendant la pandémie. La
BCE a mis fin à ses programmes de rachat d'actifs liés à la crise pandémique,
tandis que la FED a progressivement réduit ses propres achats depuis
novembre 2021.
Actuellement, le contexte mondial de stagflation interroge le décideur
public sur les politiques économiques à mettre en place. Il est impérieux de
réexaminer profondément l'approche des institutions internationales et
1
New « Anti Keynesian View ». On parle également de la théorie allemande (German view)
ou parfois de la théorie des anticipations (expectational view).
2
FMI, la base de données mondiale sur la dette (GDD).
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européennes. Ainsi, il s’avère impératif de s’accorder sur de nouveaux
principes clairs et palpables, permettant d'instaurer une politique
contracyclique efficace en temps voulu.
Objectif et méthodologie du travail
Pour répondre à cette problématique, une lecture approfondie des
politiques économiques mises en place successivement depuis l’après-guerre
-dans les principales économies mondiales- a été suggérée. Ainsi, les
enseignements nécessaires pour éclairer le décideur public quant aux
politiques futures à envisager ont été tirés. En somme, cette analyse critique
des politiques économiques déployées depuis 1945, repose sur une
méthodologie rigoureuse dont les étapes clés sont les suivantes :
- Délimitation Temporelle : La période étudiée couvre les années 1945
à nos jours, avec une attention particulière portée sur quatre périodes
distinctes : 1945-1980, 1980-2008, la crise financière de 2008, et l'ère
post-COVID. Ces quatre moments sont utilisés comme points
d'ancrage pour structurer l'analyse.
- Recherche documentaire : Plusieurs bases de données pertinentes
(Scopus, Web of Science, ScienceDirect…etc) ont été consultées pour
étudier l’efficacité des politiques économiques pendant les périodes
sus-mentionnées. Cependant, l’attention a été portée exclusivement sur
une sélection d’articles scientifiques considérés comme fondateurs en
la matière. Le critère principal de sélection utilisé est le nombre de
citations sur les différentes bases d’indexation. En annexe (Sélection
des références pertinentes) 15 articles ont été retenus. Pour ces
références le taux de citation varie entre 687 citations dont 222 sur
ScienceDirect et plus de 43750 citations dont 11969 sur ScienceDirect.
- Synthèse et rédaction : L'articulation de la rédaction autour des
périodes clés mentionnées précédemment a été rendue possible grâce
à l'analyse des articles sélectionnés et de la littérature grise. Pour
chaque période étudiée, un paradigme distinct a émergé, évalué en
fonction de la nature des politiques économiques mises en œuvre, de
leurs instruments et de leurs résultats. Ces analyses sont
contextualisées en prenant en compte les événements historiques
majeurs et le contexte global qui ont pu influencer les politiques
économiques au cours de chaque période.
I.Le renouveau de la politique économique à partir des années 1970
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1. Quelle attitude face à l’obsolescence des politiques macroéconomiques
discrétionnaires d’après-guerre ?
Contrairement aux classiques, les keynésiens ont axé l’analyse sur le
rôle joué par l’Etat qu’ils définissent comme étant providence. Le chef de file,
J.M Keynes (1936), fait de la politique interventionniste de l’Etat un gage de
réalisation de la croissance économique. À travers le multiplicateur de la
dépense publique, la politique budgétaire prend toute son importance pour
devenir sans conteste la clef de voûte de la prospérité économique à laquelle
tout décideur public aspire. Après les ravages de la guerre, et sous l’impulsion
des idées keynésiennes le monde se lance dans une période de reconstruction
économique. Le système capitaliste connaît une croissance remarquable
jusqu'en 1973, marquant ainsi les "Trente Glorieuses" selon l’expression de
l'économiste Jean Fourastié. Cette période de trente années est caractérisée par
une prospérité économique sans précédent.
Les années 1970 ont témoigné d’une refonte totale des schémas et
grilles classiques d’analyse et d’une réhabilitation du rôle de l’Etat. Autrement
dit, l’Etat est devenu le moteur de la dynamique économique à travers des
politiques d’offre mises en en place du côté de l’entreprise et dont l’objectif et
d’améliorer la compétitivité de ces dernières. En outre, la croissance
économique est désormais considérée comme étant un phénomène endogène
et non pas exogène. Paul Romer (1986), Robert E. Lucas (1988) et Robert
Barro (1990), considèrent le progrès technique (désormais endogène), le
capital humain et l’action publique comme des moyens de réalisation d’une
croissance économique durable et auto-entretenue. Le retour de l’Etat est
justifié par la capacité de ce dernier à générer à travers ses actions des
externalités positives qui profitent à l’ensemble de l’économie. Désormais, la
quête d’une croissance économique durable est tributaire de l’usage d’une
politique économique structurelle qui transcende toute mesure conjoncturelle.
Réellement, on a assisté à une révolution doctrinale avec les travaux
fondateurs des économistes de la Nouvelle École Classique (NEC).
Face à l’obsolescence des politiques macroéconomiques
discrétionnaires, l’avènement des politiques de règle est confirmé. Ces
dernières en trouvent leurs fondements dans les travaux de F. Kydland et E.
Prescott (1977) ainsi que ceux de Barro et Gordon (1983) concernant
l'incohérence temporelle des politiques discrétionnaires.
Selon O. Blanchard et S. Fisher, (1989) : « Une politique est
incohérente quand une décision de politique future, qui fait partie d’une
procédure d’optimisation formulée à un instant initial, n’est plus optimale du
regard d’un instant ultérieur à l’instant initial, même si aucune information
nouvelle n’est apparue entre-temps ». L'incohérence temporelle, décrite par
les économistes de la Nouvelle Macroéconomie Classique (NMC) Kydland et
Prescott dans leur article de 1977 intitulé "Rules rather than discretion : The
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inconsistency of optimal plans", se produit lorsque les banques centrales ne
respectent pas leurs engagements. Dans ce cas, les agents économiques
perdent confiance dans les objectifs annoncés et sont tentés d'entamer des
négociations, par exemple sur les salaires, ce qui peut avoir des effets
inflationnistes.
La refonte des politiques monétaires à l’heure de l’indépendance
des Banques centrales
Sur le plan monétaire, une politique de règle revient à allouer à la
Banque centrale (autorité monétaire) un objectif clair de maîtrise de
l’inflation. Ces trois dernières décennies, La politique monétaire a posé ses
objectifs selon un principe de neutralité et a rationalisé ses instruments en
privilégiant un pilotage par les taux directeurs. En d'autres termes, elle est
devenue une politique de ciblage de l'inflation. Selon la théorie quantitative de
la monnaie de Milton Friedman (1956), cela conduit naturellement à définir
un "objectif final" concernant l'inflation, en fonction d'un "objectif
intermédiaire" lié à la croissance de la masse monétaire (taux d'intérêt
actuellement). Les partisans de l’orthodoxie économique (néoclassiques,
friedmaniens…etc.), considèrent que l'indépendance des banques centrales est
une condition essentielle pour garantir leur crédibilité. Cela permet d'éviter
qu'elles ne soient soumises à des politiques discrétionnaires dictées par les
besoins du politique. Cette indépendance concerne non seulement les
politiques monétaires expansionnistes, mais aussi les politiques monétaires
visant à accompagner l'expansion budgétaire (politiques monétaires
accommodationnistes). Ainsi, une banque centrale indépendante est moins
encline à favoriser l'apparition de l'inflation, comme l'ont démontré Barro et
Gordon dans leur ouvrage « Rules, discretion and reputation in a model of
monetary policy » en 1983. Cependant, le sens de la causalité peut être sujet à
débat : les pays présentant le moins d'inflation peuvent être les plus prompts à
développer l'indépendance de leur banque centrale. De plus, les politiques de
désinflation mises en œuvre dans les années 1980 ont pu être efficaces contre
l'inflation même en l'absence d'indépendance des banques centrales.
La crédibilité dans le domaine monétaire repose sur l'application de
règles claires. Cette crédibilité est également renforcée par la transparence de
la communication des banques centrales. Cependant, cette communication
doit être suivie d'effets concrets et s'inscrire dans la durée. Dans le domaine
monétaire, la règle prédominante est celle développée par Taylor3 dans son
2.
3
La règle de Taylor est la suivante : r = r* + p + 0,5(p - p*) + 0,5(y - y*), Dans cette formule,
r représente le taux d'intérêt à court terme, r* est le taux d'intérêt neutre qui n'a aucun effet
expansionniste ou récessif et correspond au taux de croissance tendanciel de l'économie, p est
l'inflation actuelle, p* est l'objectif d'inflation, et y - y* représente la différence entre le PIB
observé et le PIB potentiel (output gap ou écart conjoncturel de production).
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article de 1993 intitulé "Discretion versus policy rules in practice". Cette règle
consiste à calculer un taux d'intérêt optimal en fonction du niveau d'inflation
et du PIB (et donc indirectement du chômage). Cette règle montre bel et bien
les différences doctrinales entre la BCE et la Federal Reserve ou la FED. Si la
première accorde toute l’importance à l’objectif de l’inflation, la deuxième
tient compte des deux objectifs de croissance et d’inflation.
La séparation effectuée entre les banques centrales indépendantes, qui
ont le monopole de conduire la politique monétaire et les gouvernements qui
ont le monopole de la politique budgétaire, ainsi que le recours à des règles de
discipline monétaire et budgétaire, permettent une plus grande aisance en
matière de réalisation des différents objectifs de la politique économique :
selon la règle de Tinbergen, « Une condition nécessaire (mais non suffisante)
pour qu’une politique économique soit efficace, est qu’il existe autant
d’instruments indépendants que d’objectifs à atteindre ». (Jan Tinbergen,
1970). Pour Mundell, « Chaque instrument doit être affecté à la poursuite de
l’objectif pour lequel il a l’efficacité relative la plus forte. Il convient d’affecter
la politique monétaire à la recherche de l’équilibre externe et la politique
budgétaire à la recherche de l’équilibre interne ». (Robert A. Mundell, 1964)
Toutefois, Nordhaus, dans son ouvrage "Policy games" en 1994, souligne les
risques d'absence de coopération entre les autorités budgétaires et monétaires,
qui peuvent conduire à des jeux non coopératifs. Une politique monétaire très
restrictive pourrait entraîner une politique budgétaire expansionniste pour
compenser ses effets, ce qui radicaliserait les politiques conjoncturelles. On
peut se demander si la politique de l'Union économique et monétaire (UEM)
n'a pas illustré ce risque. Les règles budgétaires sont alors perçues comme un
garde-fou pour prévenir cette radicalisation budgétaire.
3.
Le retour en force des politiques de consolidation budgétaire
Sur le plan budgétaire, l’Etat adopte une règle de conduite claire qui
consiste à réduire le déficit budgétaire et à le maintenir à un niveau jugé
soutenable. En fait, il a fallu attendre les années 1990, avec le traité de
Maastricht, au début de la décennie et le « Pacte de stabilité et de croissance »
à Dublin en 1996-1997, et ce pour assister à la création d’une limite de 3%
pour le déficit budgétaire et 60% pour l’endettement publique. En juin 1997,
lors du Conseil européen réuni à Amsterdam, une forte insistance est mise sur
la nécessité pour les pays européens de présenter un budget équilibré, voire en
excédent. Le critère d'un déficit budgétaire ne dépassant pas les 3 % du Produit
intérieur brut (PIB) est maintenu, mais avec une nuance : ce taux peut être
dépassé en cas de déclin d'au moins 2 % du PIB du pays concerné (ou de 0,75
% sur décision spéciale du conseil des ministres). Les pays ne respectant pas
cette condition doivent effectuer un dépôt de devises à la Banque centrale
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européenne, qui sera définitivement perdu si le budget n'est pas maîtrisé dans
les deux ans (Jérôme Creel, 2013).
Pour le Fonds monétaire international (FMI) et un certain nombre
d’économistes libéraux, la politique budgétaire doit poursuivre un objectif
principal d’équilibre des finances publiques. À travers une politique de
consolidation budgétaire, on s’engage à réduire durablement et selon une règle
claire et transparente le niveau d’endettement public et le déficit (Schaechter
et al., 2012). En effet, la rigueur budgétaire est un bon signe d’une gestion
budgétaire saine et transparente qui solidifie le lien de confiance entre le
gouvernement et les agents économiques. Ces derniers peuvent espérer au
non-recours de l’Etat à un ajustement budgétaire sévère qui peut s’identifier à
une augmentation des taux d’imposition. De même, le recours à l’emprunt
pour financer la relance économique peut causer une hausse des taux d’intérêt
(effet éviction). Dans une logique de solidarité intergénérationnelle, les
partisans de la rigueur budgétaire justifient cette dernière par le fait qu’une
politique discrétionnaire risque d’hypothéquer l’avenir des générations futures
qui devront payer la facture de la relance actuelle.
Dans les faits, le contexte de crise post chocs pétroliers à largement
causé une forte baisse de la croissance économique, accompagnée d’un
gonflement des dépenses publiques, ce qui a engendré des déséquilibres
budgétaires importants. Aussi, avec le recours excessif à l'endettement, la
situation a soulevé les craintes des bailleurs de fonds internationaux, (en
particulier le FMI et la BM). Ces derniers ont été contraints à étendre les
Programmes d'ajustement structurel (PAS) à la quasi-totalité des pays à partir
du début des années 1980. Il s’agit d’un ensemble de réformes structurelles,
soutenues par le tournant libéral qu’a connu la théorie économique dans les
années 1970-1980 : John Williamson l’a théorisé comme étant le "consensus
de Washington". Ce corpus de recommandations sur lequel s’appuyaient le
FMI et la BM au cours des années 1990 se déclinait en un ensemble de
propositions : une stricte discipline budgétaire, Une réorientation des dépenses
publiques vers des domaines à fort rendement économique et capables de
réduire les inégalités de revenu (santé, éducation, infrastructures), une réforme
fiscale (élargissement de l'assiette fiscale, réduction des taux marginaux), une
libéralisation financière, un taux de change flottant et compétitif, une
ouverture accrue au commerce extérieur, une levée des restrictions sur les
investissements étrangers, une privatisation des entreprises publiques...etc.
Sur la liste des pays bénéficiaires des Programmes d’ajustement
structurel, une bonne partie était constituée de pays africains. Le rapport
conjoint de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission
Économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA) met en 1985 l’accent
sur les principes directeurs suivants : une importance particulière donnée au
secteur agricole et au monde rural, un encouragement de l'initiative
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individuelle et de l'investissement privé, une libéralisation du commerce
extérieur et du régime de change, une flexibilisation du marché du travail, une
meilleure gouvernance du secteur public et un retrait de l’État au profit de la
liberté des prix et de la concurrence, une réforme du système fiscal et des
dépenses de l’État...etc.
Ces directives constituent la base du Plan d'ajustement structurel (PAS)
négocié avec le FMI et la BM par chaque pays demandeur en contrepartie de
leur aide. En 1992, quasiment tous les États africains (exception faite de la
Libye) étaient dotés d'un tel programme, ou étaient en train d'en élaborer un.
La même orientation était donc adoptée par d’autres ayant des situations
différentes. Un trait commun caractérisait pourtant les pays africains : leur
endettement, mais avec des différences de degré selon le pays.
La naissance d’une pensée post-consensus de Washington
Pour les détracteurs des thérapeutiques proposées par les institutions
de Bretton Woods il y a hégémonie doctrinale de ces institutions qui mettent
en avant une pensée libérale privilégiant la rationalité économique et la
suprématie du marché. La régulation par le marché devient la règle
indépendamment des cheminements historiques et des diversités culturelles.
Les institutions, les normes sociales ou les particularités locales, considérées
comme des distorsions entravant le marché, doivent donc être supprimées.
Dans un pays, le Programme d’ajustement structurel (PAS) vise en théorie à
restructurer l'économie pour retrouver la croissance ainsi que des perspectives
réelles de développement. Il s'agit de mener de front des réformes sectorielles
et une réorganisation macroéconomique par l'accroissement du rôle du secteur
privé et la réorientation des fonctions de l'Etat.
Les limites des politiques de rigueur initiées à partir des années 1980,
ont nourri une pensée post-consensus de Washington que l’économiste
Philippe Hugon (2013) définit ainsi :
« De nombreuses failles sont ainsi apparues dans ce modèle et une
pensée du post-ajustement (Ben Hammouda, 1999) ou du post consensus de
Washington (Stiglitz, 1998) a émergé. Les nouvelles analyses « structuralistes
» prennent en compte, dans la tradition de l’économie du développement, les
asymétries internationales, les blocages et les handicaps structurels, les liens
entre répartition et accumulation ou la nature des biens et services échangés.
Mais elles raisonnent en économie ouverte (contrainte de compétitivité, rôle
de l’attractivité des capitaux et des techniques) et elles lient la stabilisation
financière de court terme avec le long terme. Les liens entre inégalités de
revenus et croissance sont fonction des contextes internes et internationaux et
du rôle décisif des politiques économiques et sociales.
Le comparatisme analytique et empirique permet de contextualiser les
théories et les thérapies. Le cadre analytique retenu est celui de la
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concurrence imparfaite, des asymétries d’information, des rendements
d’échelle, des externalités et des effets d’agglomération (Krugman, 2008). Le
contexte est celui d’un univers incertain et d’un monde instable où les acteurs
ont des pouvoirs asymétriques. Des effets de seuil liés à des trappes à pauvreté
apparaissent de manière significative pour les pays les moins avancés (Sachs,
2005) et (Guillaumont, 2009). Dès lors, les recettes préconisées se font
davantage au cas par cas ou par grand type de catégories de pays. Les
"bonnes politiques" se jugent ex post sur leurs résultats ».
Source : Philippe Hugon, Les politiques de développement après le
consensus de Washington, Problèmes économiques, Comprendre les
politiques économiques, n° 4, H.S, pp. 120, 2013.
II.La politique économique au lendemain de de la crise des subprimes
1. Stagnation séculaire et retour des politiques de relance budgétaires
Globalement l’économie mondiale semble être coincée dans une sorte
de stagnation séculaire, selon l’expression de Larry Summers (2013). Le
concept renvoie vers la fin des années 1930 et aux travaux d'Alvin Hanseni,
qui partageait avec certains de ses contemporains l'idée que la Grande
Dépression aurait entraîné une diminution permanente du taux de croissance
tendanciel à long terme 4 (une sorte de dépression permanente). En effet, En
2013, à la suite de la récession de 2008, l'économiste Lawrence H. Summers
observe une situation similaire à celle évoquée par Alvin Hansen dans les
années 1930 : une faible croissance, une inflation faible et un niveau
d'investissement réduit pour une épargne excessive, entraînant par là une
baisse du taux d'intérêt réel. Pour L. Summer, la période d’euphorie qui a
précédé la crise financière mondiale de 2008, ne représente qu’une parenthèse
dans un cycle économique dépressif qui a débuté les années 1980. La preuve
est l’absence de tensions inflationnistes malgré les interventions successives
des pouvoirs publics pour permettre aux économies de se rapprocher du plein
emploi. En dépit de ces interventions, les taux de croissance affichés
demeurent loin de leur niveau potentiel (croissance potentielle) et celui
tendanciel à long terme. En employant la terminologie keynésienne on dirait
que l’écart de production conjoncturel (output gap)5 est si grand que le
décideur public n’arrive pas à le combler aisément. Pour Summer, une
économie qui se porte bien et qui ne se voit pas coincée dans cette sorte de
stagnation séculaire, connaitra sûrement des tensions inflationnistes pendant
toute période d’expansion à laquelle on assiste. Avant la dépression de 2008
par exemple, l’économie mondiale n’a pas connu l’inflation tout en restant
éloignée de la situation de plein-emploi, malgré le laxisme monétaire auquel
5
Discours rédigé en 1939 par Alvin Hansen sous le nom de « Economic Progress and
Declining Population Growth »
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on a assisté depuis le début des années 2000. À chaque fois que les politiques
monétaires sont accommodantes, cela se traduit par des bulles spéculatives
(bulle immobilière en 2008) et une augmentation de l’endettement des
ménages.
Graphique 1. Évolution du PIB effectif, du PIB potentiel et du PIB tendanciel du G4 (EtatsUnis, zone euro, Japon et Royaume-Uni)
Source : DAVIES, Gavyn (2013), « The implications of secular stagnation », In Financial
Times, 17 November
Note : Il y a deux constats sur lesquels Summers, L.H s'appuie :
- En premier lieu, suite à la Grande Récession de 2008-2009, la reprise
économique s'est avérée particulièrement lente dans les pays avancés,
malgré les politiques monétaires très accommodantes mises en œuvre
par les banques centrales. Bien que la croissance économique ait en
partie retrouvé son niveau d'avant-crise, le PIB n'a pas encore
totalement récupéré sa trajectoire pré-crise. Le PIB cumulé des quatre
principales économies développées dépasse à peine son niveau
d'avant-crise, comme l'indique le graphique.
- En deuxième lieu, le PIB s'éloigne progressivement de sa trajectoire
tendancielle à long terme, ce qui suggère une détérioration de la
production potentielle.
Summer semble raviver les débats autour de l’efficacité de la politique
monétaire friedmanienne. Pour cet auteur néo-keynésien, dans le contexte
actuel, il est difficile de considérer que les politiques monétaires déterminent
l’inflation. Par conséquent, les Banques centrales doivent intervenir afin de
permettre à l’économie d’atteindre son potentiel de croissance au lieu de le
freiner à travers des politiques monétaires systématiquement
désinflationnistes. Pour faire face à la stagnation séculaire, l'auteur préconise
de reconnaître d'abord la réalité de cette situation. Cela implique de
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comprendre que l'investissement privé ne parvient pas à absorber entièrement
l'épargne privée, ce qui peut entraîner une demande insuffisante et des taux
d'intérêt bas. Ensuite, il est essentiel de se concentrer sur les problèmes qui en
découlent, comme des taux faibles de croissance économique, des taux
d'intérêt bas et l'absence d'inflation.
Dans les faits, la crise de 2008 a bel et bien montré que les politiques
conjoncturelles n'ont pas disparu et qu’elles sont toujours présentes dans le
débat public. Les mesures budgétaires de relance sont justifiées dans des
circonstances exceptionnelles. Le levier budgétaire se révèle particulièrement
utile pendant la période de récession consécutive à la crise de 2008, car les
taux d'intérêt déjà très bas soulèvent le risque de trappe à liquidité. Face à la
panne des canaux traditionnels de transmission de la politique monétaire, la
politique budgétaire devient le seul recours efficace sans effet d'éviction.
Graphique 2. Les taux d’intérêt directeurs des banques centrales (en %)
Source : Thomson Reuters Datastream
Note : À partir de septembre 2007, Ben Bernanke entame une série de
baisses de taux d'intérêt, atteignant 2% en avril 2008. En juillet 2008, les taux
atteignent un niveau plancher de 0,25% qui est maintenu depuis lors. En
revanche, la Banque centrale européenne (BCE) adopte une approche moins
réactive, maintenant son taux directeur principal à 4% dans un premier temps,
puis le relevant de 0,25 point à l'été 2008. Ce n'est qu'avec la baisse de
l'inflation à l'automne 2008 que les taux commencent à diminuer, atteignant
1% en 2009. Finalement, en 2013, la BCE rejoint le niveau de la Fed lorsque
l'inflation passe en dessous de 1%.
Au sein du G20, la nécessité de ces politiques est rapidement reconnue.
Aux États-Unis, le PIB a déjà reculé de 0,3% en 2008 et de 3,5% en 2009. Le
plan d'Obama est adopté en janvier 2009 et représente 787 milliards de dollars,
soit 5% du PIB. Le déficit public, qui était déjà de 2,7% du PIB en 2007, atteint
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10,7% en 2010. La dette, quant à elle, s'établit à 67,5% du PIB en 2007 et
monte à 99,1% en 2010. En Europe, la Commission européenne déclare un
plan de relance de 200 milliards en 2008, soit 1,5% du PIB de l'Union
européenne, mais la majorité de ce montant provient des plans nationaux, seuls
30 milliards (0,2% du PIB) étant financés par des fonds européens. Ainsi, les
plans varient en termes d'ampleur selon les pays. Au Royaume-Uni, la relance
repose principalement sur la consommation des ménages (baisse de la TVA)
et représente 4% du PIB. Le déficit public passe de 2,7% du PIB en 2007 à
10,3% en 2010, tandis que la dette passe de 44,4% en 2007 à 79,6% en 2010.
En France et en Allemagne, les plans sont plus modestes, d'environ 2% du
PIB. En France, l'accent est mis sur les investissements publics et privés, avec
une augmentation du déficit de 2,3% à 7,1% entre 2007 et 2010, et une
augmentation de la dette de 64,2% à 82,3%. En Allemagne, le déficit était
seulement de 0,7% en 2007, il passe à 4,3% en 2010, et la dette augmente de
65,4% en 2007 à 83% en 2010.
2.
Le bilan sombre des politiques d'austérité en Europe suite à une
sortie hâtive des plans de relance
Les politiques d'austérité visent à réduire, plus ou moins rapidement,
les niveaux de déficits et de dettes publiques. Cela correspond également à la
logique de la règle d'or adoptée. À partir de 2010, et bien que le taux de
chômage reste élevé, les plans de relance laissent place à des politiques
budgétaires plus restrictives, en particulier en Europe, dans le contexte de la
crise des dettes souveraines. Ces politiques se traduisent par une réduction
importante des dépenses publiques (réduction de 10 milliards d'euros en 2013
en France), des emplois publics, des rémunérations et éventuellement des
privatisations. Elles entraînent généralement une augmentation des
prélèvements obligatoires pour augmenter les recettes. Ainsi, selon l'INSEE,
le taux de prélèvements obligatoires est passé de 41,2% du PIB en 2009 à
43,9% en 2012 et 45% en 2018 (48,4% selon Eurostat, qui inclut les crédits
d'impôt notamment). Cette politique a évidemment un impact négatif sur
l'activité économique en réduisant la consommation, l'investissement et
l'emploi. De plus, la réduction de la dette entraîne de nombreux effets pervers:
si tout le monde se désendette en même temps, le problème s'aggrave. Par
exemple, si tous les ménages augmentent leur épargne simultanément, cela
affecte considérablement et négativement la demande globale et nuit à
l'activité. De plus, les banques sont incitées à assainir leurs bilans en réduisant
les prêts. Cela explique la prolongation des délais pour Bâle III et des critères
de ratios moins contraignants. Cette orientation est critiquée par de nombreux
économistes, comme Paul Krugman, qui la qualifie d'erreur comparable à celle
de Roosevelt en 1937 lorsqu'il pensait que la crise était terminée. Paul
Krugman (2012) critique également cette approche en s’étalant sur les
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conditions de l'émergence du consensus en faveur de l'austérité entre 2010 et
2011, notamment en critiquant avec ferveur un article d'Alberto Alesina et
Ardagna (2010) qui misait sur les effets stimulants de l'austérité grâce à
l'anticipation des réductions de déficit, donc des baisses futures des taux
d’imposition et des taux d'intérêt.
Ce consensus pour la rigueur budgétaire nourrit une pensée antikeynésienne (NAK). En effet, une consolidation budgétaire durable peut
affecter positivement la croissance économique. En général, une politique de
consolidation budgétaire6 de plus longue durée peut contribuer à assurer une
certaine stabilité macroéconomique en créant un meilleur ancrage des
anticipations auprès des différents agents économiques et en les rassurant par
rapport à une éventuelle augmentation future de la pression fiscale ou des taux
d’intérêt.
En outre, pour les partisans de la nouvelle théorie anti-Keynésienne
des finances publiques, la politique budgétaire est utilisée à mauvais escient,
pour des fins exclusivement électoralistes et non à des fins de régulation de
l’activité économique. Cette instrumentalisation de la politique budgétaire
provoque une augmentation excessive du déficit budgétaire et de la dette
publique (problème d’insoutenabilité de la dette publique).
Olivier Blanchard et Robert Leigh, économistes du FMI, ont publié en
janvier 2013 un article qui révise les calculs du multiplicateur budgétaire,
qu'ils estiment entre 0,9 et 1,7 dans les pays avancés depuis 2009, contre 0,5
pour les décennies précédentes : la contraction budgétaire aurait donc des
effets récessifs plus importants que prévu. Olivier Blanchard affirme que ce
résultat s'aligne sur d'autres études qui estiment que dans le contexte actuel de
sous-utilisation des capacités de production, de politiques monétaires
contraintes par le plancher des taux d'intérêt nuls et d'ajustement budgétaire
synchronisé dans de nombreux pays, les coefficients pourraient être bien
supérieurs à 1. Cette constatation indiquerait que la reprise économique
pourrait être plus dynamique et dépasser les prévisions, compte tenu de ces
facteurs favorables.
3.
Les choix budgétaires et monétaires antérieurs à la crise de la
Covid
Rachel et Summers défendent l'idée d'une utilisation de la politique
budgétaire, tandis qu'ils expriment des réserves quant à l'efficacité de la
politique monétaire. Selon eux, l'utilisation de la politique budgétaire ne
présente que peu de risques. En effet, Olivier Blanchard (2019) a constaté dans
un article intitulée "Public Debt and low interest rates" à l’Association
Américaine d’Économie que les inquiétudes traditionnelles concernant
6
D’autres économistes mobilisent le concept de consolidation budgétaire.
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l'endettement public en période de taux d'intérêt réels bas ne semblent pas
justifiées à la lumière de l'expérience passée.
Rachel et Summers remettent en question l'efficacité potentielle de la
politique monétaire. Ils doutent que les banques centrales disposent de
suffisamment de marge de manœuvre pour réduire davantage les taux d'intérêt
en cas de nouvelle récession. De plus, ils soulignent que l'assouplissement
monétaire pourrait ne pas réellement stimuler l'activité économique lorsque
les taux d'intérêt sont déjà faibles. Enfin, ils mettent en garde contre les effets
indésirables des taux bas, tels que la formation de bulles spéculatives,
l'allocation inefficace des ressources et le renforcement du pouvoir de marché
des entreprises.
Graphique 3. Réaction du marché boursier mondial aux programmes non conventionnels
Source : Thomson Reuters Datastream
Note :
QE = Assouplissement quantitatif ;
LTRO = Opération de refinancement à long terme.
* Un indice boursier qui mesure les performances des places financières de
pays avancés.
Depuis le déploiement de l'assouplissement quantitatif en 2015, il est constaté
que la base monétaire a connu une augmentation de 166 %, passant de 1 200
à 3 200 milliards d'euros. Cependant, pendant cette période, la masse
monétaire (M3) n'a augmenté que de 20 %. Ces observations suggèrent que
seule une partie relativement faible des 2 000 milliards d'euros de base
monétaire créés par l'Eurosystème sont réellement injectés dans l'économie
réelle. Par conséquent, il est peu probable qu'une nouvelle expansion
significative du bilan ait un impact considérable sur cette situation.
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Graphique 4. Bilans des banques centrales du G4 (en milliards de dollars) et moyenne de
leurs taux directeurs
Source : Thomson Reuters Datastream
Face aux dysfonctionnements des canaux traditionnels de la politique
monétaire, les politiques non conventionnelles sont mises en œuvre pour
répondre à divers objectifs définis par les banques centrales, tels que la
stabilisation des marchés financiers, la stimulation du crédit et la lutte contre
la déflation. Ces mesures varient en fonction des caractéristiques des systèmes
financiers et des priorités des banques centrales. Par exemple, certaines
banques centrales ont adopté des taux d'intérêt négatifs, obligeant les banques
à payer des intérêts sur leurs dépôts auprès de la banque centrale afin de les
encourager à prêter aux acteurs économiques. Elles ont également renforcé
l'impact de leurs décisions en communiquant de manière transparente et
efficace, à travers des stratégies de communication anticipée, connues sous le
nom de "forward guidance", qui annoncent à l'avance les orientations futures
de leur politique monétaire.
En outre, certaines banques centrales ont facilité l'accès des banques
commerciales à des liquidités en satisfaisant intégralement leurs demandes de
financement à plus long terme. Elles ont également accepté des garanties de
moindre qualité (qualitative easing). De plus, elles sont intervenues
directement sur les marchés secondaires en achetant massivement des titres
financiers aux banques, ce qui a injecté des liquidités dans le système
financier, connu sous le nom d'assouplissement quantitatif ou quantitative
easing. Dans la zone euro, par exemple, les mesures non conventionnelles
mises en œuvre par l'Eurosystème comprennent une politique de taux d'intérêt
particulièrement accommodante, y compris des taux négatifs, ainsi qu'une
guidance prospective indiquant que les taux directeurs resteront proches de
zéro aussi longtemps que nécessaire. Des facilités d'accès aux liquidités ont
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été mises en place pour les banques commerciales, notamment par le biais
d'opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO), et des
programmes d'achat d'actifs publics et privés ont été mis en œuvre, complétés
par des facilités de prêts de titres.
Cependant, malgré l'ampleur de ces programmes, ils n'ont pas entraîné
une augmentation significative de l'inflation. Bien que la base monétaire ait
augmenté (le bilan des banques centrales), la croissance de la masse monétaire
(M3) est restée modérée. Entre 2007 et 2020, la base monétaire a augmenté de
330 % dans la zone euro, tandis que M3 n'a augmenté que de 60 %, et les prix
ont augmenté de 17,2 % selon la Banque de France. Aux États-Unis, sur la
même période, la base monétaire a augmenté de près de 500 %, tandis que M3
a augmenté de 143 % et les prix de 19 %.
III.
Quelle politique économique dans le contexte d’après crise
pandémique ?
1.
Resserrement monétaire et risque d’instabilité financière ?
Comme c’est indiqué dans le graphique ci-dessous, depuis le mois de
Mars 2022, la FED a déjà commencé une hausse de son taux directeur. Le pays
maintient actuellement le taux directeur le plus élevé parmi les grandes
économies occidentales, avec une fourchette de taux comprise entre 5,00 % et
5,25 % en juin.
Quelques semaines plus tard (Juillet), un suivisme européen a été
constaté. En effet, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé d'augmenter
son taux d'intérêt directeur de 25 points de base, le portant à 4,00 %.
Parallèlement, la banque centrale du Royaume-Uni a également pris la
décision d'augmenter son taux d'intérêt directeur de 50 points de base, le fixant
à 5,00 %. Ces mesures visent principalement à lutter contre l'inflation
croissante et à maintenir la stabilité économique. Effectivement, les politiques
monétaires sont en cours de normalisation, marquant la fin des mesures
d'urgence prises en réponse à la pandémie. La Banque centrale européenne
(BCE) a mis fin à ses programmes de rachat d'actifs liés à la crise sanitaire,
tandis que la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à réduire
progressivement ses propres rachats d'actifs depuis novembre 2021.
Auparavant, la Fed achetait environ 120 milliards de dollars de bons du Trésor
et autres actifs chaque mois.
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Graphique 5. Évolution des principaux taux d’intérêt directeurs des Banques centrales
Source : Statista, sur données fournies par les principales Banques centrales
Note :
- États-Unis : le taux indiqué correspond à la limite supérieure de la
fourchette cible du taux directeur.
- La décision de la BCE (Juillet 2022) d'augmenter ses taux d'intérêt
marque la fin d'une période de politique monétaire à taux zéro qui a
duré six ans. Cette hausse s'inscrit dans une série de mesures visant à
normaliser la politique monétaire.
Toutefois, cette normalisation de la politique monétaire dans les
principales économies mondiales, pourrait bien en avoir des conséquences
néfastes, notamment sur le fonctionnement des marchés financiers et sur la
dynamique de croissance économique dans le monde.
En effet, la maitrise de l’inflation peut s’avérer contradictoire quant à
l’objectif de stabilité financière. La possibilité d'un retournement de la courbe
des taux, avec l’augmentation des taux directeurs, suscite des inquiétudes
quant à une éventuelle crise financière. Une hausse des taux pourrait entraîner
une forte dépréciation des actions, ce qui pourrait avoir des conséquences
néfastes sur les marchés financiers. En effet, des perturbations sur les marchés
ont été déjà observées, en particulier lors des annonces de la Fed en 2021 et
2022, où des baisses de cours ont été enregistrées, notamment sur les valeurs
technologiques jugées plus risquées. La crise ukrainienne a également eu des
répercussions, bien que probablement moins importantes que les hausses de
taux. Par exemple, sur le S&P 500, qui reflète les performances des 500 plus
grandes entreprises cotées aux États-Unis, les anticipations de hausse des taux
ont entraîné une correction maximale de près de 10 % de l'indice, avant qu'il
ne rebondisse et ne se stabilise avec une correction limitée à 4,3 % depuis la
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fin de l'année 2021. La crise ukrainienne a initialement entraîné une chute de
8 % de l'indice, mais le marché a ensuite réévalué la situation, limitant la baisse
à 4,5 %. Ainsi, de nombreux signes plutôt inquiétants se manifestent.
D’ailleurs, la BCE en février 2022 a récemment mis en garde contre les risques
d'exposition des banques européennes à un retournement, notamment sur le
marché de l'immobilier commercial, ainsi qu'au risque de surévaluation des
prix des logements dans certains pays comme l'Allemagne. On en conclut que
les banques centrales sont confrontées à une difficulté majeure dans leur
mission, qui consiste à concilier la stabilité financière et la gestion de
l'inflation. Selon Kent et Lowe (1997), il est suggéré que les banques centrales
puissent prendre en compte l'appréciation des actifs financiers dans leur
politique de taux, à condition de juger que cette appréciation n'est pas liée à
l’évolution des fondamentaux économiques. Cependant, cela soulève la
possibilité que les banques centrales éprouvent des difficultés à distinguer les
chocs de productivité réelle d'une frénésie spéculative sur les marchés. Selon
Kent et Lowe (1997), les banques centrales se trouvent donc confrontées à un
dilemme complexe dans leur prise de décision.
1.
Le problème de la dette Covid
Il convient de souligner que la persistance des taux d'intérêt à des
niveaux bas a récemment contribué à alléger le fardeau de la dette, comme en
témoigne l'exemple de la France. Les obligations publiques ont réussi à se
placer sur le marché, parfois à des taux négatifs, ce qui témoigne de l'intérêt
croissant pour les investissements considérés comme sûrs. Il existe un
consensus général quant à la nécessité de recourir à l'endettement, une réalité
partagée par tous les pays développés.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), en octobre 2021, la dette
mondiale a connu une augmentation significative de 14 % par rapport à 2020,
dépassant le niveau record de 226 000 milliards de dollars à cause de la
pandémie. Fitch Ratings a également souligné que la dette publique a
augmenté d'environ 10 000 milliards de dollars en seulement neuf mois en
2020, une croissance qui aurait normalement nécessité sept années avant la
crise. À l'heure actuelle, la dette publique mondiale représente presque un an
du produit intérieur brut (PIB) mondial. Les pays développés bénéficient de
taux d'intérêt très bas pour financer leur dette, tandis que les pays émergents
font face à des taux plus élevés.
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Graphique 6. Évolution de la dette mondiale entre 1970 et 2020 en pourcentage du PIB
Source : Calculs des services du FMI
Note : Les ratios estimés de la dette mondiale sur le PIB sont pondérés en fonction du PIB
de chaque payé exprimé en dollars. En 2020, la dette mondiale a connu la plus forte
augmentation des 50 dernières années.
Graphique 7. La dette publique de la France devrait augmenter en raison des mesures d'aide
budgétaire et de la baisse de la production (en pourcentage du PIB)
Source : Calculs des services du FMI
Note : La zone en gris correspond aux prévisions
Certains économistes ont avancé la proposition d'annuler la dette
supplémentaire liée à la pandémie et détenue par la Banque centrale
européenne (BCE). Une tribune signée par plus d'une centaine d'économistes
et de politiciens, parmi lesquels Thomas Piketty, a soutenu cette idée. Selon
eux, environ 25 % de la dette est détenue par la BCE, ce qui signifie que son
annulation ne nuirait pas aux créanciers privés. Une alternative consisterait à
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transformer cette dette en une forme de dette perpétuelle assortie de taux
d'intérêt nuls. Les partisans de cette proposition suggèrent que les États
bénéficiant de l'annulation de dette soient tenus d'investir un montant
équivalent dans la transition écologique. Ils expriment des craintes concernant
un retour aux politiques d'austérité, comme cela s'est produit après la crise des
dettes souveraines, ainsi que l'éventualité d'augmentations d'impôts ayant des
effets néfastes sur l'activité économique.
Contrairement à d'autres institutions, une banque centrale ne craint pas
de subir des pertes, car elle peut toujours honorer sa dette en créant de la
monnaie. Par conséquent, si la banque centrale annulait une partie de sa
créance, elle enregistrerait une perte qui serait absorbée par ses fonds propres,
sans affecter son fonctionnement. Même si, symboliquement, le bilan de la
BCE ne rétrécirait pas (bien que son expansion massive soulève des
questions), la recapitalisation pourrait être effectuée par les banques centrales
nationales, qui recevraient de la monnaie centrale de la BCE à cette fin.
D'autres propositions alternatives ont également été avancées, comme
celle évoquée par Esther Duflo, qui suggère de maintenir le remboursement
de la dette, mais en conditionnant celui-ci à une augmentation de la
progressivité de l'impôt, de sorte que ce soient les personnes les plus riches
qui contribuent davantage. Actuellement, l'affaiblissement mécanique de la
dette est principalement dû aux taux d'intérêt très bas, ce qui peut avoir un
impact négatif sur les épargnants de classe moyenne.
Le dilemme de la politique monétaire aujourd’hui : dominance
budgétaire vs dominance monétaire
Actuellement, la Banque centrale européenne se trouve inextricablement
prise dans une situation de dominance budgétaire. Cette situation entrave
d’ores et déjà la conduite de la politique monétaire dans la zone euro, en limite
considérablement l'efficacité et réduit la possibilité d'une quelconque
modification dans la trajectoire future de la politique économique. Une
situation de dominance budgétaire survient lorsque la politique monétaire
devient dépendante du financement de l’État et est de fait, contrainte par la
politique budgétaire. Cette situation correspond au cas d’une économie de
guerre, où la politique monétaire vise à maintenir des taux d'intérêt bas à long
terme pour faciliter le financement de l’effort de guerre et pour contrôler
l'inflation. Aussi, l'augmentation des dettes publiques suite à la crise sanitaire
(Dette Covid) oblige à la mise en place d’une politique monétaire axée sur des
taux directeurs très faibles, voire nuls, et des opérations d'achat d'obligations
(notamment publiques) pour maintenir les taux d’intérêt à long terme à un
niveau bas, assurant ainsi la soutenabilité de ces dettes. En effet, la dominance
budgétaire serait particulièrement préoccupante pour la zone euro. Les
spreads, c'est-à-dire les écarts de taux entre les obligations publiques des
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différents pays membres, restent un sujet d'inquiétude. À titre d’illustration,
en mars 2020, des tensions sur les spreads sont réapparues, notamment vis-àvis de l'Italie, où la dette publique dépassait les 130 % du PIB, suscitant des
inquiétudes sur les marchés. La passivité de la BCE envers l'Italie a provoqué
rapidement un creusement des spreads par une chute du cours des obligations
italiennes. Pour y remédier, la BCE a été contrainte d’intervenir, par le biais
de nouvelles mesures de relance quantitative et qualitative, et par là apaiser les
tensions sur les marchés. La BCE semble donc fortement contrainte dans ses
choix en matière de taux d'intérêt et difficilement capable de conduire une
politique monétaire autonome.
A contrario, il est question de dominance monétaire lorsque le pays se
voit en mesure d’assurer en toute autonomie la soutenabilité de ses finances
publiques, tandis que la banque centrale reste indépendante dans le pilotage
de sa politique monétaire. Dans ce contexte, la politique monétaire n'est pas
soumise aux contraintes de financement du gouvernement, comme c'est le cas
lorsque le financement du besoin de financement de l’Etat se fait par l'émission
de titres de dettes sur les marchés financiers et que ce financement est viable.
En temps normal, lorsque la banque centrale commence à normaliser sa
politique monétaire, l’augmentation des taux d'intérêt accroît la charge de la
dette du gouvernement, qui se voit contraint de recourir à une politique de
rééquilibrage budgétaire sous forme d'augmentation des impôts ou de
réduction des dépenses publiques. Cependant, en raison de leur niveau
d'endettement élevé, les États pourraient bien décider délibérément de ne pas
réduire leurs déficits, voire d'augmenter leur endettement, pour obliger la
banque centrale à abandonner son resserrement monétaire. Ce jeu non
coopératif entre les gouvernements et les banques centrales peut facilement
dégénérer pour donner lieu in fine à un risque de défaillance souveraine. Dans
le cas de la zone euro, le régime de dominance monétaire prévalait depuis la
création de la BCE en 1998 jusqu'à l'adoption en fin 2012 du dispositif
européen de stabilité financière7 et a fortiori pour gérer la crise de dette
souveraine grecque.
7
Le mécanisme européen de stabilité (MES) a été établi dans le but de garantir la stabilité
financière dans la zone euro. Son rôle principal est de venir en aide aux États membres qui se
retrouvent en difficulté financière. Effectif depuis le 27 septembre 2012, le MES remplace le
mécanisme et le fonds européen de stabilité financière.
À l'heure actuelle, le MES a également la capacité d'accorder une assistance financière aux
États faisant face à un niveau d'endettement trop élevé. En échange, ces derniers doivent
s'engager à mettre en œuvre des mesures spécifiques, incluant un programme d'ajustement
macroéconomique. De plus, ils doivent continuer à respecter les dispositions du pacte
budgétaire européen.
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Graphique 8. Évolution du taux d’intérêt de l’emprunt d’État à 10 ans de pays de la zone
Euro entre 2008 et 2012
Source : Olivier Berruyer (https://www.les-crises.fr)
-
On se souvient qu'en été 2012, il avait fallu le fameux "whatever it
takes" de Mario Draghi pour apaiser les marchés.
Le débat autour du principe de responsabilité nationale dans la gestion
des finances publiques, qui constitue un pilier fondamental de la
construction et du fonctionnement de l'Union économique et monétaire
(UEM), suscite des discussions récurrentes depuis le déclenchement
de la crise grecque. Au-delà des remises en question institutionnelles
potentielles de ce principe, cet article se concentre sur l'idée selon
laquelle les mesures prises par le FMI et la BCE au sein de la "Troïka"
pour soutenir les finances publiques grecques semblent, de facto,
enfreindre le principe de non-solidarité financière entre les États.
Aujourd’hui, face à une crise stagflationniste qui semble durer dans le
temps, l’intervention des Banques centrales est plus sollicitée que jamais. Si
l’augmentation des taux d'intérêt correspond à une hausse des taux d’intérêt
réels à long terme, compatible avec une augmentation de la productivité et de
la croissance réelle, et donc également des recettes de l'État, cela pourrait être
absorbé. La deuxième possibilité serait une hausse des taux nominaux par la
BCE en réponse à une inflation croissante, un scénario de plus en plus
probable avec un contexte géopolitique mondial perturbé. Toutefois, si cela
est bien géré, cette hausse des taux n'aurait pas d'effet sur les taux réels pour
le gouvernement, préservant ainsi la soutenabilité de la dette. Un troisième
scénario impliquerait une panique des investisseurs, qui se détourneraient
massivement de la dette publique. Dans ce cas, la banque centrale devrait
intervenir "quoi qu'il en coûte", comme elle l'a promis, en assumant une
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responsabilité explicite envers la stabilité financière. Elle devrait prendre des
mesures drastiques pour rétablir la confiance et stabiliser les marchés
financiers afin d'éviter une crise majeure.
Il est impératif de repenser entièrement l'approche des institutions
européennes, étant donné que la Banque centrale européenne (BCE) assume
maintenant un rôle inattendu et de facto, dépassant largement les prévisions,
tandis que le pacte de stabilité et de croissance (PSC) a été interrompu à cause
de la pandémie de Covid-19, étant déjà inefficace et ignoré depuis de
nombreuses années. Par conséquent, il est impératif de le remplacer par un
nouveau socle de principes simples et tangibles, afin de permettre la mise en
œuvre d'une politique contracyclique chaque fois que nécessaire.
Les banques centrales sont donc confrontées à un dilemme : accepter
une légère augmentation de l'inflation pour alléger la contrainte budgétaire, ou
bien maintenir une orthodoxie monétaire, risquant ainsi de susciter des
réactions violentes de la part des gouvernements qui contrecarreraient leurs
actions en émettant massivement de la dette publique pour rembourser les
dettes passées.
Conclusion
Depuis les années 1980, la plupart des pays développés a adopté le
consensus de Washington, une approche néolibérale prônée par le FMI et la
BM. Ces institutions ont préconisé des politiques économiques visant à
inverser les mesures interventionnistes mises en place pendant les décennies
d'après-guerre. Cette orientation a favorisé le désengagement de l'État des
activités économiques et sociales, donnant ainsi au marché un rôle central dans
la régulation. Les politiques de développement ont également été axées sur la
libéralisation commerciale et financière. Sur le plan budgétaire, les politiques
de consolidation budgétaires ont été privilégiées, tandis que sur le plan
monétaire, les mesures de ciblage de l’inflation étaient devenues la règle pour
la plus grande majorité des pays.
Ces dynamiques des années 1980 se sont étendues au-delà des pays
développés, touchant également les pays en développement, qui ont été
confrontés à des déséquilibres financiers et un endettement croissant. Face à
ces problèmes, bon nombre de ces pays ont adopté des politiques alignées sur
le consensus de Washington, cherchant à remédier à leurs déficits sociaux
chroniques, aux déséquilibres de la balance des paiements et aux crises de la
dette par le biais de Programmes d'ajustement structurel (PAS). Toutefois, ces
politiques ont rapidement montré leurs limites, notamment en Amérique latine
où elles ont été largement appliquées. Bien qu'elles aient contribué à stabiliser
les équilibres macroéconomiques et sociaux, elles ont toutefois peiné à
résoudre les rigidités institutionnelles et les déficits sociaux inhérents aux
économies en difficulté, entraînant une croissance économique faible.
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Aujourd'hui, un changement de cap dans l'analyse est à l’ordre du jour,
avec une multiplication des appels en faveur de la politique budgétaire dans
un contexte économique compliqué, ce qui aurait semblé difficile il y a
seulement dix ans. Face à la crise et au regard de la persistance des taux
d'intérêt à des niveaux bas, un consensus général en faveur du recours à
l'endettement est partagé par tous les pays développés. Cependant, la dette
mondiale a considérablement augmenté, atteignant un niveau record selon le
FMI et l'avenir réserve des défis pour gérer cette dette, en particulier pour les
économies émergentes. Aussi, le problème d’inflation met les banques
centrales dans une situation de dilemme. D’une part, le resserrement des
conditions de financement et les mesures de normalisation monétaire se
propagent afin d’endiguer l’inflation, au prix de freiner une reprise
économique timide à la sortie de la crise pandémique. D’autre part, la
poursuite des mesures expansives, en l’occurrence non-conventionnelles,
pourrait aggraver l’inflation et perpétuer la dominance budgétaire exercée sur
les banques centrales depuis le début de la crise des dettes souveraines en
Europe.
L’étude actuelle se concentre sur une sélection d'articles, les plus cités
sur les différentes bases de données. Cette dernière ne prétend pas être
exhaustive. Ainsi, sa principale limite réside dans le nombre réduit d'articles
étudiés. La méthodologie exposée préalablement, démontre que ce travail
représente une ébauche d'un examen de la portée (scoping review), qui
pourrait servir de précurseur à une éventuelle revue systématique à venir.
Conflit d'intérêts : L'auteur n'a signalé aucun conflit d'intérêts.
Disponibilité des données : Toutes les données sont incluses dans le contenu
du document.
Déclaration de financement : L’auteur n'a obtenu aucun financement pour
cette recherche.
Références :
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of fiscal consolidation plans, Journal of International Economics,
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Consensus de Washington : un bref historique et quelques suggestions,
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Annexe 1. Une sélection des références pertinentes selon le nombre de
citations
Auteurs
Titre
l'article
Alberto
Alesina,
Carlo
Favero,
Francesco
Giavazzi
The output
effect
of
fiscal
consolidation
plans
Alesina,
A.,
&
Ardagna,
S.
Large
Changes in
fiscal policy:
Taxes versus
spending
www.eujournal.org
de
Objet de l'article
Journal
ou
support
de
publication
Alberto Alesina, Carlo
Favero, et Francesco
Giavazzi, soulignent que
l'expérience
adéquate
pour évaluer les effets
d'un
ajustement
budgétaire
est
la
simulation d'un plan
budgétaire pluriannuel,
plutôt que des chocs
budgétaires individuels.
Leur étude porte sur 16
pays de l'OCDE sur 30
ans montre que les
ajustements basés sur des
coupes dans les dépenses
sont moins coûteux en
termes de pertes de
production que ceux basés
sur les impôts, surtout
lorsqu'ils
sont
permanents.
En
analysant
les
politiques fiscales des
pays de l'OCDE de 1970 à
2007,
Les
auteurs
démontrent que par des
Journal
of
International
Economics,
Volume 96,
Supplement 1,
Pages
S19S42, 2015
Tax
Policy
and
the
Economy,
National
Bureau
of
Citations (sur
différentes
bases
de
données)
Cité 687 fois
dont 222 sur
ScienceDirect
Cité 2171 fois
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stimuli budgétaires par
des réductions d'impôts
favorisent
plus
la
croissance que par des
augmentations
de
dépenses. Les ajustements
budgétaires
par
des
coupes dans les dépenses
sans
augmentation
d'impôts
réduisent
davantage les déficits et
les ratios dette/PIB que
ceux par des hausses
d'impôts. De plus, les
ajustements du côté des
dépenses sont moins
susceptibles de provoquer
des
récessions.
Ces
résultats sont confirmés
par
des
régressions
simples.
Economic
Research
(NBER).
Volume 24,
Pages 35–68,
2010
Barro R. J.
et Gordon
D. B.
A
positive
theory
of
monetary
policy in a
natural rate
model
Un décideur politique
discrétionnaire
peut
causer
une
inflation
surprise,
nuisant
à
l'emploi et augmentant les
recettes publiques. Mais si
les individus comprennent
les objectifs du décideur,
les surprises sont limitées.
En
équilibre,
les
anticipations
sont
rationnelles.
Ces
dernières engendrent une
dichotomie entre la sphère
réelle (chômage) et la
sphère
monétaire
(inflation). Des règles
d'engagement améliorent
les résultats, favorisant les
contrats à long terme entre
gouvernement et secteur
privé.
Journal
of
Political
Economy,
Volume
91
(4),
Pages
589-610, 1983
Cité plus de
5000 citations
Barro R.J
Government
Spending in a
simple model
of
Les dépenses publiques
dans le domaine de la
recherche
et
développement ou celui
des infrastructures permet
Journal
of
Political
Economy,
Volume 98,
Cité
fois
www.eujournal.org
12995
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endogenous
growth
de
générer
des
externalités positives qui
améliore la productivité
des
facteurs
de
production.
La
production
des
externalités par l’Etat
justifie le retour de ce
dernier
avec
les
économistes
de
la
nouvelle école classique.
Issue 5, Pages
103-125, 1990
Blanchard,
Olivier
Public Debt
and
Low
Interest Rates
American
Economic
Review,
Volume 109
(4),
Pages
1197-1229,
2019
Cité plus de
1180 fois
Kydland
F. E et
Prescott E.
C
Rules rather
than
Discretion:
The
Inconsistency
of Optimal
Plans
L’auteur montre que les
inquiétudes
traditionnelles concernant
l'endettement public en
période de taux d'intérêt
réels bas ne semblent pas
justifiées à la lumière de
l'expérience passée.
Les auteurs montrent que
malgré que les décideurs
connaissent le moment et
l'ampleur des effets de
leurs actions, la politique
discrétionnaire, c'est-àdire le choix de la décision
qui est la meilleure,
compte tenu de la
situation actuelle et d'une
évaluation correcte de la
position de fin de période,
ne maximise pas la
fonction
sociale.
La
rationalité des agents
économiques rend la
politique discrétionnaire
inefficace.
Journal
of
Political
Economy,
Volume 85,
Issue 3, Pages
473-491, 1977
Cité plus de
2600 fois
Lucas R.E
On
the
Mechanics of
Economics
Development
L’auteur examine les
perspectives
de
construction d'une théorie
néoclassique
de
la
croissance
et
du
commerce international
cohérente avec certaines
caractéristiques
principales
du
développement
économique.
Trois
Journal
of
Monetary
Economics,
Volume 22,
Pages 3-42,
1988
Cité plus de
43750 fois
Dont 11969
sur
ScienceDirect
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modèles sont considérés
et comparés aux données
probantes : un modèle
mettant
l'accent
sur
l'accumulation de capital
physique
et
le
changement
technologique, un modèle
mettant
l'accent
sur
l'accumulation de capital
humain par le biais de
l'éducation, et un modèle
mettant
l'accent
sur
l'accumulation de capital
humain spécialisé par
l'apprentissage par la
pratique.
Muth,
John F.
Rational
Expectations
and
the
Theory
of
Price
Movements
L’auteur
explique
comment les anticipations
se forment, en s’alignant
sur la théorie économique
néoclassique, partant de
l’hypothèse
des
anticipations rationnelles.
Par hypothèse, l'économie
utilise
rationnellement
toute l'information, et les
anticipations dépendent
spécifiquement de la
structure de l'ensemble du
système.
Econometrica,
Volume 29,
Issue 3, Pages
315–35, 1961
Cité 9385 fois
Milton
Friedman
The quantity
theory,
a
restatement
Milton Friedman, dans
son "Restatement" de
1956 de la théorie
quantitative, affirmait que
son article et quatre autres
essais dans Studies in the
Quantity
Theory
of
Money faisaient partie
d'une tradition orale
distincte de la théorie
quantitative à l'Université
de
Chicago.
La
conception friedmanienne
de la politique monétaire
s’oppose à la conception
keynésienne
discrétionnaire.
Journal
of
International
Money
and
Finance,
Pages 1086–
1096, 2009
N/A
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Olivier J.
Blanchard
& Daniel
Leigh
Growth
Forecast
Errors
and
Fiscal
Multipliers
Ce document examine la
relation entre les erreurs
de prévision de croissance
et
la
consolidation
budgétaire
planifiée
pendant la crise. Les
auteurs constatent que,
dans
les
économies
avancées,
une
consolidation budgétaire
plus forte a été associée à
une croissance plus faible
que prévu. La relation est
particulièrement forte, à la
fois statistiquement et
économiquement,
au
début de la crise. Une
interprétation Plausible
est que les multiplicateurs
budgétaires
étaient
nettement plus élevés que
ce
que
présumaient
implicitement
les
prévisions.
American
Economic
Review,
Volume 103
(3),
Pages
117-120,
2013,
Mai
2013
Cité plus de
2090
Romer P
Increasing
Return and
Long-Run
Growth
Cet article propose un
modèle de croissance à
long
terme
où
la
connaissance
est
considérée comme un
facteur de production
avec une productivité
marginale
croissante.
Contrairement
aux
modèles reposant sur des
rendements décroissants,
ce modèle permet des taux
de
croissance
en
augmentation, amplifiant
les effets des petites
perturbations par les
actions des agents privés,
et suggère que les grands
pays peuvent toujours
croître plus rapidement
que les petits. Des preuves
empiriques à long terme
soutiennent
ces
possibilités.
Journal
of
Political
Economy,
Volume 94,
Issue 5, Pages
1002-1037,
1986
Cité plus de
37100 fois
www.eujournal.org
157
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Summers,
L.H.
Speech at the
IMF
14th
Annual
Research
Conference
in Honor of
Stanley
Fisher
En 2013, Lawrence H.
Summers fait un parallèle
entre
la
situation
économique actuelle et
celle décrite par Alvin
Hansen dans les années
1930 : une croissance
faible,
une
inflation
modérée et un niveau
d'investissement en baisse
malgré
une
épargne
excessive, entraînant une
chute des taux d'intérêt
réels. Il soutient que la
période
d'optimisme
précédant
la
crise
financière mondiale de
2008 était une parenthèse
dans un cycle économique
dépressif amorcé dans les
années 1980.
International
Monetary
Fund, 2013
NA
Sargent, T.
et
Wallace,
N.
Rational
expectations
and
the
theory
of
economic
policy
Il est largement accepté
que la politique monétaire
devrait suivre une règle
claire, basée sur toutes les
informations disponibles.
Cette approche garantit un
réglage optimal de la
politique monétaire dans
toutes les circonstances,
avec
des
réglages
identiques
pour
les
mêmes
situations
à
différentes
périodes.
Ainsi, une règle monétaire
établie
offre
une
orientation constante et
efficace pour les décisions
de politique monétaire,
contribuant à la stabilité
économique et à la
prévisibilité des marchés.
Journal
of
Monetary
Economics,
vol.2 (2), pp.
169-183.
Cité 1288 fois
dont 329 sur
ScienceDirec
Schaechter
et al.
Fiscal rules in
response to
the crisis
Cet article examine les
règles
budgétaires
mondiales, compilant des
données sur 81 pays de
1985 à fin mars 2012. Il
Document
publié par le
FMI en 2012
Cité 725 fois
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détaille les principaux
éléments de conception et
les résume dans des
indices. Trois conclusions
émergent : l'adoption et le
renforcement des règles
budgétaires en réponse à
la crise, la convergence
des caractéristiques de
conception
entre
économies émergentes et
avancées, et la complexité
croissante des règles
budgétaires "de nouvelle
génération", combinant
durabilité et flexibilité
face aux chocs, présentant
ainsi de nouveaux défis de
mise en œuvre et de
communication.
Thomas
Piketty
Le Capital au
XXIe siècle
www.eujournal.org
L’auteur
analyse
la
question de la répartition
de la richesse. Elle se base
sur une vaste compilation
de données historiques et
comparatives.
En
explorant trois siècles et
plus de vingt pays, il
apporte
une
compréhension de la
dynamique du capitalisme
en mettant en lumière la
contradiction entre la
croissance économique et
le rendement du capital.
Editions du
seuil,
Page
885, 2013
Cité 3374 fois
159