Papers by Jerome A Lapasset
ANAE, 2024
Dans un ouvrage récent, l’éminent spécialiste des addictions, le médecin-psychiatre Pier Vincenzo... more Dans un ouvrage récent, l’éminent spécialiste des addictions, le médecin-psychiatre Pier Vincenzo PIAZZA (2019), aborde avec beaucoup d’acuité, et d’humour pygmalion, la très controversée relation entre la biologie et l’esprit, la science des phénomènes vitaux communs à tous les êtres vivants et les phénomènes cognitifs (croyances comprises), ainsi que les attributions spiritualistes ou religieuses aux comportements humains au sens large, à la lumière de la théorie de l’évolution biologique et de données issues de la science.
Ce faisant, il avance les concepts d’« exostasie » (système biologique de recherche du plaisir qui permet d’outrepasser (ou simplement excéder) les limites à la quête de ressources, qu’imposent celles d’un équilibre intérieur ─ l’homéostasie ; le stockage qui en résulte se réalise sous forme de graisse et est susceptible de se transformer en addiction), et d’« endostasie » (propension à « gérer des ressources à entropie intermédiaire […] dont la disponibilité est hautement prédictible et stable dans le temps » [p. 176]), comme un jeu d’alternance entre les « pensées conservatrice et progressiste » : « L’exostasie pousse à rechercher d’autres sources de plaisir et élargir le champ des possibles jusqu’à proposer de nouveaux outils, de nouvelles structures sociales qui permettent un équilibre endostatique meilleur ou plus stable. L’endostasie prend alors la relève en cristallisant ce nouveau modèle de société que la pensée conservatrice va maintenir. » [p. 204].
Que l’on partage ou non son point de vue argumenté importe peu, ce qui compte ici est de considérer le rôle que joue la préservation des constantes du milieu intérieur de l’individu confronté à l’environnement (homéostasie). C’est tout de même un processus, primaire et essentiel, inhérent à l’existence propre de l’individu, un équilibre indispensable pour parvenir à une meilleure conscience de soi, de ce que l’on éprouve et de ce vers quoi on se dirige (Solms, Turnbull, 2015). A fortiori, lorsque l’individu est confronté à un monde sociale régi par des lois et des codes, des idéaux et des intérêts culturels divergents, restreints ou diffus, souvent difficiles à comprendre ou à imaginer.
L’homéostasie met en jeu des mécanismes de régulation qui dépendent de nombreux dispositifs de perception interne et l’on sait depuis longtemps que les personnes avec un trouble du spectre autistique (TSA), se caractérisent non seulement par un fonctionnement cognitif particulier (Plumet, 2014 ; et notamment sur le versant des interactions sociales, de la perception et de l’exploration du monde extérieur, Lapasset & Huc, 2019), mais également par des difficultés d’intégration des variables internes à leur corps propre. Les indicateurs de besoins primaires comme la faim ou la soif, les tensions musculaires, la reconnaissance et la lecture des émotions, par exemple, constituent des problèmes majeurs, face auxquels les personnes avec un autisme ne savent souvent pas répondre, ni comment ni sur quoi agir de façon adéquate et concrète.
Les particularités développementales (notamment neuro-développementales) mais aussi de la famille font qu’un développement relativement harmonieux ordinairement observé est entravé par des modes de connexions perturbés ou dysfonctionnels entre mondes intérieur et extérieur, axes de prise en charge, politique et stratégies de soin, intégrations scolaire et professionnelle ou plus généralement d’insertion sociale.
En clair, les personnes avec un TSA présentent souvent une altération du traitement sensoriel dans différentes modalités, y compris le système intéroceptif. Des découvertes récentes suggèrent que l’intéroception est une composante fondamentale de l’expérience émotionnelle et qu’une intéroception déficiente est associée à l’alexithymie (non reconnaissance ou compréhension de ses émotions et affects comme de ceux d’autrui ; Bonete, Molinero, Ruisanchez ; 2023).
Le guide dont je propose ici la traduction s’adresse aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte, aux familles et aux soignants ou enseignants ; il n’est jamais trop tard pour développer ou affiner les processus d’intégration psychomotrice. Ceux-ci répondent à la fois à des besoins concrets, mais participent également du développement d’un nouveau fonctionnement cognitif, des ressources propres à la personne et de la capacité d’indépendance et de pouvoir d’action vers davantage d’autonomie (Lapasset, Silverstein, 2004).
Il s’agit en fait d’un kit qui comprend deux guides d’activités parfaitement complémentaires. Le premier est « L’intéroception 101 ou pas à pas, guide d’activités » de E. Goodall (2016) ; le deuxième guide d’activités « Intéroception 201 » est le fruit d’une collaboration de C. Lean, M. Leslie, E. Goodall, M. McCauley, et Heays, D. (2019) et développe encore davantage la pédagogie et les aspects pratiques de l’enseignement de l’intéroception. L’ensemble constitue une bonne façon de se préparer à transmettre une expérience de soi ou pour que les personnes avec un TSA s’y réfèrent.
L’auteure qui en a assuré la coordination, le Dr Emma Goodall, elle-même autiste, guide de vie, conférencière et chercheuse, occupant des responsabilités dans l’administration de la santé en Australie méridionale (https://mindfulbodyawareness.com/), est une personne engagée. Elle a publié ou participé activement à de nombreux écrits comme Interoception and Regulation: Teaching Skills of Body Awareness and Supporting Connection With Others (2022) ou The Autism Spectrum Guide to Sexuality and Relationships (2016).
Je tiens à remercier Emma Goodall (courriel du 11 juin 2024) pour m’avoir autorisé à mettre à disposition du public francophone cette traduction et pour les échanges que nous avons eus à cette occasion ainsi que mes amies Laurence Vimont et Morgane Aubineau pour leurs relectures et judicieux conseils !
Jérôme Alain LAPASSET
Pôle de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du C.H. le Vinatier à Bron (Psychiatrie universitaire Lyon métropole, unité d’hospitalisation brève pour adolescent [U.H.B.A.] du département ADOLESCENCE ET TRANSITION et dans le département S.U.N.R.I.S.E. dédié aux troubles du neuro-développement-TND), spécialisé en remédiation cognitive (RC), entraînement aux habiletés sociales (EHS) des TND, réhabilitation psychosociale et TCC.
Références
Bonete, S., Molinero, C., Ruisanchez, D. (2023) Emotional Dysfunction and Interoceptive Challenges in Adults with Autism Spectrum Disorders. Behav. Sci., 13, 312. https://doi.org/10.3390/bs13040312.
Lapasset, J. A. & Huc, M. (2019). Entraînement aux habiletés sociales et TSA, place du psychomotricien : Agence tout risque pour un voyage autour du monde social ; l’aventure d’être soi : « Venez voler sur la compagnie Être Humainement Soi (EHS) », Chapitre 17, In, Julien Perrin, Thierry Maffre et Cindy Le Menn-Tripi, (sous la direction de). Autisme et psychomotricité, LOUVAIN-LA-NEUVE : Éditions De Boeck Supérieur, pp 417-441, ISBN: 978–2–8073–202–0.
Lapasset, J. A., & Silverstein, S. M. (2004). Réhabilitation cognitive de la schizophrénie : Une approche pragmatique du processus d’intégration pour lutter contre les symptômes réfractaires, Revue Santé Mentale au Québec, Volume 29, # 2 – Automne, 89 – 116. Doi: 10.7202/010833ar.
Piazza, P. V. (2019). Homo Biologicus : Comment la biologie explique la nature humaine, PARIS : Albin Michel, 432 pages ; ISBN : 978-2226402530.
Plumet ; M-H. (2014). L’autisme de l’enfant, un développement sociocognitif différent, PARIS : Éditions Armand Colin, 264 pages, ISBN : 978-2200276720.
Solms, M, Turnbull, O. (2015). Le cerveau et le monde interne, PARIS : Presses Universitaires de France, 384 pages, ISBN : 978-2130630869.
Lapasset, J., A., (2024). Traduction et adaptation française de Goodall, E. (2016). Ready-to-learn-interoception-kit ; Interoception 101 Activity Guide, Department for Education, South Australia, Lean, C., Leslie, M., Goodall, E., McCauley, M., & Heays, D. (2019) Interoception 201 Activity Guide, Department for Education, South Australia. Department for Education Interoception resources, Titre provisoire : Le Kit de l’intéroception.
Lapasset, J. A. (2024). Avant-propos du traducteur. Les Cahiers Pratiques d’A.N.A.E., Fascicule N° XX, Le Kit de l’intéroception, x-y.
ANAE, 2024
Mention Exceptionnel de clarté, d'intelligence, de rigueur et de pédagogie. À recommander aux cli... more Mention Exceptionnel de clarté, d'intelligence, de rigueur et de pédagogie. À recommander aux cliniciens, aux chercheurs, éducateurs et partenaires sociaux, aux employeurs et aux familles, aux personnes avec un TSA de bon niveau.
De Boeck Supérieur eBooks, Jan 19, 2019
« Il faut cultiver sa différence et vivre la communauté »
André Malraux
« J’aurais tendance... more « Il faut cultiver sa différence et vivre la communauté »
André Malraux
« J’aurais tendance à dire que la normalité n’est pas le summum de ce qui peut s’atteindre. »
Anne-Claire Damaggio, 20 II 2012
INTRODUCTION : Situer le Problème.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont largement considérés comme relevant des troubles du neurodéveloppement [TND] d’étiologies encore inconnues et indubitablement multifactorielles, d’expression très hétérogènes (HAS, 2018 ; Bizet, Bretière & Gillet, 2018 ; Pry, 2018 ; Cantio, et al., 2016 ; Grandin & Panek, 2014 ; Grandin, 2013). Les TND recouvrent des conditions extrêmement variées, non-spécifiques, « qui ont souvent en commun des signes de début très précoces au cours du développement dans la toute petite enfance » (Baghdadli, 2018) et invitent à la multidisciplinarité dans la clinique pour réduire bien des incertitudes quant à la nature des troubles, des comorbidités et faciliter un diagnostic différentiel (Pry, 2018, Jammet, Linder et Skuza, 2019, Baghdadli, 2017).
Considérer la nature neuro-développementale, déterminante tout au long de la vie, en approfondissant la connaissance des réalités cliniques des TSA, permet de mieux appréhender la notion de trajectoires de développement (forces et faiblesses, Speranza & Valeri, 2010). Mais surtout, il s’agit d’envisager les moyens concrets d’aider les personnes dans cette condition (Sokol, et al., 2010) en s’appuyant sur leurs atouts Mottron, 2016).
Ces trajectoires sont à considérer dans le cadre des interactions du sujet avec le milieu ou contexte, familial et social (notamment scolaire, Aubineau, et al., 2017 ; Aubineau, 2017 ; Lancelot, 2017) pour leur permettre de trouver une réalisation personnelle satisfaisante pour eux, leurs proches, dans l’univers social qui est le leur.
Ceci pose clairement le problème du développement psycho (cognitif et affectif), perceptivomoteur, et neuropsychologique (Gillet & Bonnet-Brilhault, 2018 ; Gillet & Barthélémy, 2011 ; Gillet, 2013 ; Fernyhough, 2010) de l’enfant avec un TSA, son mode de socialisation avec un développement sociocognitif et émotionnel particulier (cf. Chapitre 2, III, f de ce volume, Plumet ; Plumet 2018, 2014). C’est pourquoi, il nous semble essentiel de montrer comment s’articulent fonctions exécutives, cognitions sociales et métacognition dans notre modèle d’entrainement aux habiletés sociales en direction de jeunes avec un TSA.
Psychologie Médicale, 1991
Les auteurs montrent la singularité de l'utilisation de la psychomotricité dans la maladie de Par... more Les auteurs montrent la singularité de l'utilisation de la psychomotricité dans la maladie de Parkinson. L' évolution et le pronostic de la maladie de Parkinson s'avèrent plurifactoriels. Les problèmes aussi bien théoriques thérapeutiques de cette pathologie justifient la nécessité absolue d'une approche non morcelante du patient
De Boeck Supérieur eBooks, Jan 19, 2019
Les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) présentent plusieurs types de difficu... more Les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) présentent plusieurs types de difficultés, notamment cognitives et socio-cognitives, suivant un développement particulier, qui impactent fortement leurs chances de réussite, de trouver complétude et bien-être dans la vie sociale et personnelle (cf. Plumet, 2109, Chapitre 2, III, f : Fonctions exécutives et autisme ). Ces difficultés résident notamment dans des particularités de leur fonctionnement exécutif (FE, en particulier du contrôle cognitif en conditions d’incertitude, Mackie & Fan, 2017, p. 262 ; Roy, 2018). Certains auteurs en font même un élément central du trouble (Ozonoff, Pennington & Rogers, 1991 ; Hill, 2004a, 2004b).
Il existe plusieurs approches et techniques pour tenter d’y remédier : de type crayon- papier, informatisé ou combiné (Majerus, 2018 ; Demily, C., et al., 2016 ; Grynspan, 2012) ; ou multimodale, (Bizet et Moya de la Rosa, 2018 ; Doyen, C., Contejean, Y., Risler, V., et al., 2015) qui ciblent ces difficultés et proposent de remédier aux troubles cognitifs de l’enfant ou de l’adulte (rééducation cognitive, Seguin, Habib et al., 2018 ; Roy, Guillery-Girard et al., 2017 ; Franck, 2012).
Outre les approches psychomotrices modernes ou ergothérapiques (Madieu & Swiatek, 2018 ; Lefebvre, 2018) qui par des activités ludiques peuvent contribuer à cibler certaines des fonctions exécutives, celles de la remédiation cognitive (RC) s’envisagent dans le contexte plus large de la réhabilitation, et en particulier psychosociale. Même si le concept de réhabilitation ne semble pas « adapté à la situation de l’enfant avec des troubles du neurodéveloppement, celui-ci se développant d’emblée avec des dysfonctionnements cognitifs » (Peyroux et Seguin, 2018, p. 149), la considération bio-psycho-sociale de l’enfant ou de l’adolescent, avec un TSA, dans un service de pédopsychiatrie tel que le nôtre, doit permettre au sujet à la fois de développer son fonctionnement cognitif par une rééducation adaptée mais également de l’intégrer dans son économie de vie, en lien avec sa famille et les différents milieux où il séjourne (Seguin, 2018 ; Lapasset, Gravil & Cézanne-Bert, G., 2013, non publié). Ceci demande souvent des adaptations réciproques, en accord avec les recommandations de l’HAS.
Nous nous proposons donc de présenter un programme particulier appelé CRT (pour Cognitive Remediation Therapy, en français Thérapie par Remédiation Cognitive) et de faire apparaître l’apport du psychomotricien, dûment formé, dans sa mise en œuvre. Pouvoir y associer des compétences supplémentaires et en collaboration avec les autres membres de l’équipe (neuropsychologues, infirmiers, assistante sociale et médecins) est un facteur d’optimisation de ce soin.
Nous montrons les aspects cliniques et les effets de validation externe de ce programme qu’anime un psychomotricien, suivant une approche multimodale en remédiation cognitive des enfants et adolescents avec un TSA, au sein de l’Unité Socio- Cognition (USC) du pôle de pédopsychiatrie du C. H. Le Vinatier.
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution sous le titre, « Le programme RUBI pour gérer les co... more J’ai le plaisir de vous annoncer la parution sous le titre, « Le programme RUBI pour gérer les comportements perturbateurs : Enfants TSA et Troubles du comportement »
LOUVAIN-LA-NEUVE / PARIS : De Boeck supérieur, de la traduction de :
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Clinician Manuel, NEW YORK, NY : OXFORD University Press, 256 pages, ISBN 978-0190627812.
et de
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Parent Workbook, NEW YORK, NY: OXFORD University Press, 101 pages, ISBN 978-0-19-062784-3.
Les deux manuels sont complémentaires et indispensables au bon déroulement du programme. Le Manuel d’exercices pour les parents sera accessible en ligne
Il s’agit d’un programme complet d’accompagnement des parents pour répondre aux comportements perturbateurs des enfants TSA.
Available at INIST (FR), Document Supply Service, under shelf-number : RP 13893 / INIST-CNRS - In... more Available at INIST (FR), Document Supply Service, under shelf-number : RP 13893 / INIST-CNRS - Institut de l'Information Scientifique et TechniqueSIGLEFRFranc
Evolutions psychomotrices, 1995
Les habiletes sociales correspondent a des savoir-faire comportementaux verbaux et non-verbaux qu... more Les habiletes sociales correspondent a des savoir-faire comportementaux verbaux et non-verbaux qui permettent a chacun de nouer et d'entretenir des relations avec ses congeneres au sein d'un groupe culturel donne. Celles-ci resultent de processus cognitifs, affectifs et moteurs. Le programme d'entrainement aux habiletes sociales, tel que propose par R. P. liberman et son equipe pour la rehabilitation des psychotiques chroniques, pose que la competence sociale finale joue le role de l'acteur de protection contre la maladie et previent les rechutes. Son objet porte donc sur les capacites de communications interindividuelle. C'est dans ce contexte que nou etudierons un des axes, d'intervention possible du psychomotricien, celui des communications non-verbales. La competence en communication non-verbale est une composante importante de l'ajustement social, notamment en rapport au controle emotionnel. Nous definirons les bases theoriques et pratiques a partir ...
Journal d'ergotherapie, 1989
Les auteurs montrent la singularité de l'utilisation de la psychomotricité dans la maladie de Par... more Les auteurs montrent la singularité de l'utilisation de la psychomotricité dans la maladie de Parkinson. C'est dans le cadre d'une stratégie thérapeuthique en collaboration avec le neurologue et le kinésithérapeute, que l'intervention du psychomotricien s'organise.
Authors show the singularity of psychomotricity use in Parkinson's disease. It's in that scope of specific therapeutic strategy, in collaboration with neurologist and physiotherapist that the psychomotor therapist's interventions find its origine.
Camouflaging of autistic characteristics in social situations is hypothesised as a common social ... more Camouflaging of autistic characteristics in social situations is hypothesised as a common social coping strategy for adults with an autism spectrum condition (ASC). Camouflaging may impact diagnosis, quality of life, and long-term outcomes, but little is known about it. This qualitative study examined camouflaging experiences in 92 adults with ASC, with questions focusing on the nature, motivations, and consequences of camouflaging. Thematic analysis was used to identify key elements of camouflaging, which informed development of a three-stage model of the camou-flaging process. First, motivations for camouflaging included fitting in and increasing connections with others. Second, camouflaging itself comprised a combination of masking and compensation techniques. Third, short- and long-term consequences of camouflaging included exhaustion, chal-lenging stereotypes, and threats to self-perception.
Camouflaging of autistic characteristics in social situations is hypothesised as a common social ... more Camouflaging of autistic characteristics in social situations is hypothesised as a common social coping strategy for adults with an autism spectrum condition (ASC). Camouflaging may impact diagnosis, quality of life, and long-term outcomes, but little is known about it. This qualitative study examined camouflaging experiences in 92 adults with ASC, with questions focusing on the nature, motivations, and consequences of camouflaging. Thematic analysis was used to identify key elements of camouflaging, which informed development of a three-stage model of the camou-flaging process. First, motivations for camouflaging included fitting in and increasing connections with others. Second, camouflaging itself comprised a combination of masking and compensation techniques. Third, short- and long-term consequences of camouflaging included exhaustion, chal-lenging stereotypes, and threats to self-perception.
1) D'un point de vue physiologique, la motricité est caractérisée par la posture, le tonus muscul... more 1) D'un point de vue physiologique, la motricité est caractérisée par la posture, le tonus musculaire et le mouvement. La méthode des potentiels évoqués permet d'étudier les évènements cérébraux liés au mouvement. Des potentiels corticaux lents, appelés potentiels pré-mouvement (RP), précèdent d'environ une seconde les mouvements volontaires auto-initiés.
2) La récupération de la fonction motrice après accident vasculaire cérébral (AVC) est mal comprise et demeure difficile à pronostiquer. Nous avons posé l'hypothèse que le RP pouvait constituer un marqueur possible des processus de récupération fonctionnelle. Dans cette optique, nous avons conçu un protocole utilisant un joystick.
3) Nous avons analysé les résultats de 8 témoins droitiers, 3 patients avec une maladie de Parkinson, et 2 patients victimes d'AVC. Malgré certaines imperfections techniques nous avons obtenu des données cohérentes et abordé certains points en débat.
4) Nos résultats suggèrent que la phase précoce du RP est asymétrique, qu'il n'y a pas d'effet de la complexité du geste, et que certains aspects des dysfonctionnements cérébraux peuvent être approchés avec pertinence par cette technique. Enfin nous dressons quelques perspectives prometteuses pour l'approche des processus de la réorganisation cérébrale, la réhabilitation motrice et l'apprentissage d'habiletés motrices complexe.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
(1) From a physiological point of view, posture, muscle tone and movement characterize motricity. The evoked potential method allows studying the movement-related brain events. Slow cortical potentials, called Readiness Potential (RP), forego about a second auto-initiated voluntary movements.
(2) The recovery of motor function after stroke is poorly understood and remains difficult to predict. We hypothesized that the RP could be a possible biomarker of functional recovery processes. With this in mind, we have designed a protocol using a joystick.
(3) We analyzed the results of 8 right-handed controls, 3 patients with Parkinson's disease, and 2 patients with stroke. Despite some technical imperfections we got consistent data and addressed some issues in the debate.
(4) Our results suggest that the early phase of the RP is asymmetric, there is no effect of the gesture complexity, and that certain aspects of brain dysfunctions can be approached with relevance by this technique. Finally we set up some promising prospects for the approach of brain reorganization, driving rehabilitation processes and motor skills learning complex.
Key words: Cortical potentials associated with the movement, motor Preparation, stroke, functional recovery; Motor rehabilitation.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
De jérôme Alain Lapasset : Les contraintes économico-politiques qui pèsent actuellement sur les s... more De jérôme Alain Lapasset : Les contraintes économico-politiques qui pèsent actuellement sur les systèmes de santé, pour dommageables qu'elles puissent être, poussent également à envisager et à créer des dispositifs, moyens et méthodes, qui permettent de repérer plus précocement les signes de désordres avant que ceux-ci ne se soient ancrés chez les personnes. L';objectif humain est de mettre en place des approches les plus efficientes possibles pour les repérer, les accueillir, les comprendre, proposer des soins et prévenir ou contrecarrer les suites funestes ou les conséquences délétères pour les patients eux-mêmes et/ou leur entourage. S'il était clair depuis longtemps que nous devions développer une médecine qui aborde sérieusement la question des psychoses émergentes, le cloisonnement des spécialités-notamment psychiatriques (avec d'un côté les enfants et adolescents, de l'autre les adultes, et la gériatrie), psychologique et neuropsychologique, paramédicales et sociales, et le monde de la recherche-a nui à la compréhension globale des réalités à déterminismes multiples des souffrances des jeunes à risques, souvent de 15 à 25 ans, de développer un premier épisode psychotique (PEP). Si la France affiche un retard conséquent en ce domaine, le livre coordonné par Laurent Lecardeur constitue une avancée majeure en ce qu'il témoigne d'une démarche multidisciplinaire effective, révèle une nouvelle dynamique des soins en nous donnant les moyens de comprendre, niveau par niveau d'analyse, étape par étape, les phénomènes rencontrés, les réalités éprouvées, les enjeux individuels, familiaux et sociaux. Il s'agit d'un véritable ouvrage de synthèse et guide du clinicien, premier du genre, consacré à la prise en charge précoce des PEP, si différents d'un individu à l'autre. La première partie est consacrée aux phases précoces de la psychose, la seconde à l'amélioration de la prise en charge. En 18 chapitres, les auteurs répondent à 18 questions cruciales de façon argumentée, détaillée, pratique et sensible. Avec intelligence, précision sémantique et finesse d'analyse, ils nous donnent les moyens de comprendre et de mettre en œuvre une prise en charge qui répondent de façon constructive aux besoins des jeunes patients et de leur famille, dans le milieu qui est le leur, en préservant les meilleures chances d'une issue favorable en termes de bien-être et de statut social. Les 18 questions sont : 1. Comment comprendre l'apparition des psychoses ? (vulnérabilité biologique ; stresseurs environnementaux, modèles explicatifs des symptômes psychotiques, modèle vulnérabilité-stress-compétence). 2. Quels sont les biomarqueurs des phases précoces ? (biomarqueurs chez les sujets à risque de transition psychotique ; biomarqueurs dans le premier épisode psychotique (PEP) ; biomarqueurs de la réponse thérapeutique). Troubles Psychotiques : protocoles d'intervention précoce Le guide du clinicien Laurent Lecardeur (coordonné par) PARIS : Éditions Elsevier Masson SAS, 224 pages ISBN : 978-2294761799 Parution : 4 septembre 2019
Oui : répétition et différence. C'est à cette double condition que l'individu peut aller de l'ava... more Oui : répétition et différence. C'est à cette double condition que l'individu peut aller de l'avant, loin de toute foi, hors de toute idéologie.» Kenzaburo Ôé, 2005. « Cette capacité à comprendre les autres et à faire l'expérience de leurs sentiments en relation avec soimême illustre la nature sociale du Self, son inhérente intersubjectivité. Les humains sont en faite une espèce intrinsèquement sociale et grégaire. Et virtuellement toutes leurs actions (y compris leurs pensées, désirs, et sentiments) sont dirigées vers ou produits en réponse aux autres. »
Cette présentation s'est déroulée dans le cadre d'une formation dans le département S.U.N.R.I.S.E... more Cette présentation s'est déroulée dans le cadre d'une formation dans le département S.U.N.R.I.S.E. (Service en Neurodévelopement, Réhabilitation, intervention et suivi chez l’enfant) de C.H. Le Vinatier.
Il s'agit de présenter le cadre, la méthode, les moyens et la logique de mise en œuvre du programme de Thérapie par Remédiation Cognitive (CRT, WYKES, DELAHUNTY) pour des enfants et des adolescents présentant un trouble du neurodéveloppement...
La question étant : « Comment permettre à la vie de circuler dès maintenant sans oublier que chacun est et demeure, quelles que soient les circonstances, un être de progrès ? »
Alexandre Jollien, 2019, p. 23
L’existence de troubles psychomoteurs chez l’adulte, et a fortiori, chez les patients présentant ... more L’existence de troubles psychomoteurs chez l’adulte, et a fortiori, chez les patients présentant une maladie mentale, n’est plus à démontrer ; d’intensité variable et inconstants, ils sont souvent masqués ou négligés tant qu’ils ne sont pas explorés à la suite d’une désadaptation majeure. Souvent associés aux « signes neurologiques doux » (Soft Signs) les symptômes psychomoteurs s’opposent aux « signes durs » de la neurologie classique. Anciennement dénommés signes neurologiques ambiguës, ils correspondent dans cette optique, à toute déviation fonctionnelle (motrice, sensorielle ou d’intégration) non attribuable à une lésion en foyer du système nerveux central : par exemple, altération de l’intégration des unités sensoriels, de la coordination et du séquençage de l’activité motrice . Selon d’autres perspectives, la nature même du trouble psychomoteur n’importerait que dans sa dimension transférentielle et symbolique. Mais interpréter n’est pas décrire le réel et on risque de négliger le sujet pour qui le développement de capacités concrètes d’adaptation constitue une condition de survie, indispensable à toute élaboration secondaire. Prise en charge des troubles psychomoteurs dans le cadre de la réhabilitation cognitive des schizophrènes: Une approche pragmatique du processus d’intégration symbolique. Mais interpréter n’est pas décrire le réel et on risque de négliger le sujet pour qui le développement de capacités concrètes d’adaptation constitue une condition de survie, indispensable à toute élaboration secondaire . Aujourd’hui, le dynamisme et les progrès des neurosciences, leur réelle démarche de collaboration entre spécialistes de diverses disciplines d’orientations très variées, permettent de prendre véritablement en compte des aspects réels du trouble psychomoteur, jusque là considérés non spécifiques, mais qui participent de la dynamique individuelle : impact des désorganisations affectives et des perturbations émotionnelles sur le développement psychomoteur, sur les capacités d’actions comme d’auto-régulation, acquisition et maîtrise des compétences sociales et relationnelles, le sens d’être le vrai générateur de ses pensées comme de ses actes (notion d’agentivité et, in fine, pour paraphraser un titre célèbre, le « sentiment même de soi ». Autant dire que le concept d’intégration psychomotrice prend ici tout son sens. C’est pourquoi, nous allons tout d’abord brièvement : • situer le concept de trouble psychomoteur en psychiatrie, en regard essentiellement de la schizophrénie. Puis, • définir le cadre de la réhabilitation cognitive et de ses contraintes. Il s’agit, selon moi, d’un champ d’interventions privilégié du psychomotricien ; ces deux domaines se complétant parfaitement ; Enfin nous illustrons au travers d’un cas clinique, comment, en restant ouvert et souple, non seulement répondre aux difficultés psychomotrices de la patiente, mais aussi favoriser le processus d’intégration de soi comme facteur d’optimisation du processus de réhabilitation, dans un travail d’équipe.
Mention : Meilleure synthèse théorique, clinique et thérapeutique à ce jour. Une publication rema... more Mention : Meilleure synthèse théorique, clinique et thérapeutique à ce jour. Une publication remarquablement riche, qui lie sciences et pratiques thérapeutiques, dans une démarche intégrative qui intéressera en tout premier lieux les psychomotriciens, les orthophonistes mais aussi les médecins, au profit des personnes avec un trouble du spectre autistique.
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Ce faisant, il avance les concepts d’« exostasie » (système biologique de recherche du plaisir qui permet d’outrepasser (ou simplement excéder) les limites à la quête de ressources, qu’imposent celles d’un équilibre intérieur ─ l’homéostasie ; le stockage qui en résulte se réalise sous forme de graisse et est susceptible de se transformer en addiction), et d’« endostasie » (propension à « gérer des ressources à entropie intermédiaire […] dont la disponibilité est hautement prédictible et stable dans le temps » [p. 176]), comme un jeu d’alternance entre les « pensées conservatrice et progressiste » : « L’exostasie pousse à rechercher d’autres sources de plaisir et élargir le champ des possibles jusqu’à proposer de nouveaux outils, de nouvelles structures sociales qui permettent un équilibre endostatique meilleur ou plus stable. L’endostasie prend alors la relève en cristallisant ce nouveau modèle de société que la pensée conservatrice va maintenir. » [p. 204].
Que l’on partage ou non son point de vue argumenté importe peu, ce qui compte ici est de considérer le rôle que joue la préservation des constantes du milieu intérieur de l’individu confronté à l’environnement (homéostasie). C’est tout de même un processus, primaire et essentiel, inhérent à l’existence propre de l’individu, un équilibre indispensable pour parvenir à une meilleure conscience de soi, de ce que l’on éprouve et de ce vers quoi on se dirige (Solms, Turnbull, 2015). A fortiori, lorsque l’individu est confronté à un monde sociale régi par des lois et des codes, des idéaux et des intérêts culturels divergents, restreints ou diffus, souvent difficiles à comprendre ou à imaginer.
L’homéostasie met en jeu des mécanismes de régulation qui dépendent de nombreux dispositifs de perception interne et l’on sait depuis longtemps que les personnes avec un trouble du spectre autistique (TSA), se caractérisent non seulement par un fonctionnement cognitif particulier (Plumet, 2014 ; et notamment sur le versant des interactions sociales, de la perception et de l’exploration du monde extérieur, Lapasset & Huc, 2019), mais également par des difficultés d’intégration des variables internes à leur corps propre. Les indicateurs de besoins primaires comme la faim ou la soif, les tensions musculaires, la reconnaissance et la lecture des émotions, par exemple, constituent des problèmes majeurs, face auxquels les personnes avec un autisme ne savent souvent pas répondre, ni comment ni sur quoi agir de façon adéquate et concrète.
Les particularités développementales (notamment neuro-développementales) mais aussi de la famille font qu’un développement relativement harmonieux ordinairement observé est entravé par des modes de connexions perturbés ou dysfonctionnels entre mondes intérieur et extérieur, axes de prise en charge, politique et stratégies de soin, intégrations scolaire et professionnelle ou plus généralement d’insertion sociale.
En clair, les personnes avec un TSA présentent souvent une altération du traitement sensoriel dans différentes modalités, y compris le système intéroceptif. Des découvertes récentes suggèrent que l’intéroception est une composante fondamentale de l’expérience émotionnelle et qu’une intéroception déficiente est associée à l’alexithymie (non reconnaissance ou compréhension de ses émotions et affects comme de ceux d’autrui ; Bonete, Molinero, Ruisanchez ; 2023).
Le guide dont je propose ici la traduction s’adresse aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte, aux familles et aux soignants ou enseignants ; il n’est jamais trop tard pour développer ou affiner les processus d’intégration psychomotrice. Ceux-ci répondent à la fois à des besoins concrets, mais participent également du développement d’un nouveau fonctionnement cognitif, des ressources propres à la personne et de la capacité d’indépendance et de pouvoir d’action vers davantage d’autonomie (Lapasset, Silverstein, 2004).
Il s’agit en fait d’un kit qui comprend deux guides d’activités parfaitement complémentaires. Le premier est « L’intéroception 101 ou pas à pas, guide d’activités » de E. Goodall (2016) ; le deuxième guide d’activités « Intéroception 201 » est le fruit d’une collaboration de C. Lean, M. Leslie, E. Goodall, M. McCauley, et Heays, D. (2019) et développe encore davantage la pédagogie et les aspects pratiques de l’enseignement de l’intéroception. L’ensemble constitue une bonne façon de se préparer à transmettre une expérience de soi ou pour que les personnes avec un TSA s’y réfèrent.
L’auteure qui en a assuré la coordination, le Dr Emma Goodall, elle-même autiste, guide de vie, conférencière et chercheuse, occupant des responsabilités dans l’administration de la santé en Australie méridionale (https://mindfulbodyawareness.com/), est une personne engagée. Elle a publié ou participé activement à de nombreux écrits comme Interoception and Regulation: Teaching Skills of Body Awareness and Supporting Connection With Others (2022) ou The Autism Spectrum Guide to Sexuality and Relationships (2016).
Je tiens à remercier Emma Goodall (courriel du 11 juin 2024) pour m’avoir autorisé à mettre à disposition du public francophone cette traduction et pour les échanges que nous avons eus à cette occasion ainsi que mes amies Laurence Vimont et Morgane Aubineau pour leurs relectures et judicieux conseils !
Jérôme Alain LAPASSET
Pôle de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du C.H. le Vinatier à Bron (Psychiatrie universitaire Lyon métropole, unité d’hospitalisation brève pour adolescent [U.H.B.A.] du département ADOLESCENCE ET TRANSITION et dans le département S.U.N.R.I.S.E. dédié aux troubles du neuro-développement-TND), spécialisé en remédiation cognitive (RC), entraînement aux habiletés sociales (EHS) des TND, réhabilitation psychosociale et TCC.
Références
Bonete, S., Molinero, C., Ruisanchez, D. (2023) Emotional Dysfunction and Interoceptive Challenges in Adults with Autism Spectrum Disorders. Behav. Sci., 13, 312. https://doi.org/10.3390/bs13040312.
Lapasset, J. A. & Huc, M. (2019). Entraînement aux habiletés sociales et TSA, place du psychomotricien : Agence tout risque pour un voyage autour du monde social ; l’aventure d’être soi : « Venez voler sur la compagnie Être Humainement Soi (EHS) », Chapitre 17, In, Julien Perrin, Thierry Maffre et Cindy Le Menn-Tripi, (sous la direction de). Autisme et psychomotricité, LOUVAIN-LA-NEUVE : Éditions De Boeck Supérieur, pp 417-441, ISBN: 978–2–8073–202–0.
Lapasset, J. A., & Silverstein, S. M. (2004). Réhabilitation cognitive de la schizophrénie : Une approche pragmatique du processus d’intégration pour lutter contre les symptômes réfractaires, Revue Santé Mentale au Québec, Volume 29, # 2 – Automne, 89 – 116. Doi: 10.7202/010833ar.
Piazza, P. V. (2019). Homo Biologicus : Comment la biologie explique la nature humaine, PARIS : Albin Michel, 432 pages ; ISBN : 978-2226402530.
Plumet ; M-H. (2014). L’autisme de l’enfant, un développement sociocognitif différent, PARIS : Éditions Armand Colin, 264 pages, ISBN : 978-2200276720.
Solms, M, Turnbull, O. (2015). Le cerveau et le monde interne, PARIS : Presses Universitaires de France, 384 pages, ISBN : 978-2130630869.
Lapasset, J., A., (2024). Traduction et adaptation française de Goodall, E. (2016). Ready-to-learn-interoception-kit ; Interoception 101 Activity Guide, Department for Education, South Australia, Lean, C., Leslie, M., Goodall, E., McCauley, M., & Heays, D. (2019) Interoception 201 Activity Guide, Department for Education, South Australia. Department for Education Interoception resources, Titre provisoire : Le Kit de l’intéroception.
Lapasset, J. A. (2024). Avant-propos du traducteur. Les Cahiers Pratiques d’A.N.A.E., Fascicule N° XX, Le Kit de l’intéroception, x-y.
André Malraux
« J’aurais tendance à dire que la normalité n’est pas le summum de ce qui peut s’atteindre. »
Anne-Claire Damaggio, 20 II 2012
INTRODUCTION : Situer le Problème.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont largement considérés comme relevant des troubles du neurodéveloppement [TND] d’étiologies encore inconnues et indubitablement multifactorielles, d’expression très hétérogènes (HAS, 2018 ; Bizet, Bretière & Gillet, 2018 ; Pry, 2018 ; Cantio, et al., 2016 ; Grandin & Panek, 2014 ; Grandin, 2013). Les TND recouvrent des conditions extrêmement variées, non-spécifiques, « qui ont souvent en commun des signes de début très précoces au cours du développement dans la toute petite enfance » (Baghdadli, 2018) et invitent à la multidisciplinarité dans la clinique pour réduire bien des incertitudes quant à la nature des troubles, des comorbidités et faciliter un diagnostic différentiel (Pry, 2018, Jammet, Linder et Skuza, 2019, Baghdadli, 2017).
Considérer la nature neuro-développementale, déterminante tout au long de la vie, en approfondissant la connaissance des réalités cliniques des TSA, permet de mieux appréhender la notion de trajectoires de développement (forces et faiblesses, Speranza & Valeri, 2010). Mais surtout, il s’agit d’envisager les moyens concrets d’aider les personnes dans cette condition (Sokol, et al., 2010) en s’appuyant sur leurs atouts Mottron, 2016).
Ces trajectoires sont à considérer dans le cadre des interactions du sujet avec le milieu ou contexte, familial et social (notamment scolaire, Aubineau, et al., 2017 ; Aubineau, 2017 ; Lancelot, 2017) pour leur permettre de trouver une réalisation personnelle satisfaisante pour eux, leurs proches, dans l’univers social qui est le leur.
Ceci pose clairement le problème du développement psycho (cognitif et affectif), perceptivomoteur, et neuropsychologique (Gillet & Bonnet-Brilhault, 2018 ; Gillet & Barthélémy, 2011 ; Gillet, 2013 ; Fernyhough, 2010) de l’enfant avec un TSA, son mode de socialisation avec un développement sociocognitif et émotionnel particulier (cf. Chapitre 2, III, f de ce volume, Plumet ; Plumet 2018, 2014). C’est pourquoi, il nous semble essentiel de montrer comment s’articulent fonctions exécutives, cognitions sociales et métacognition dans notre modèle d’entrainement aux habiletés sociales en direction de jeunes avec un TSA.
Il existe plusieurs approches et techniques pour tenter d’y remédier : de type crayon- papier, informatisé ou combiné (Majerus, 2018 ; Demily, C., et al., 2016 ; Grynspan, 2012) ; ou multimodale, (Bizet et Moya de la Rosa, 2018 ; Doyen, C., Contejean, Y., Risler, V., et al., 2015) qui ciblent ces difficultés et proposent de remédier aux troubles cognitifs de l’enfant ou de l’adulte (rééducation cognitive, Seguin, Habib et al., 2018 ; Roy, Guillery-Girard et al., 2017 ; Franck, 2012).
Outre les approches psychomotrices modernes ou ergothérapiques (Madieu & Swiatek, 2018 ; Lefebvre, 2018) qui par des activités ludiques peuvent contribuer à cibler certaines des fonctions exécutives, celles de la remédiation cognitive (RC) s’envisagent dans le contexte plus large de la réhabilitation, et en particulier psychosociale. Même si le concept de réhabilitation ne semble pas « adapté à la situation de l’enfant avec des troubles du neurodéveloppement, celui-ci se développant d’emblée avec des dysfonctionnements cognitifs » (Peyroux et Seguin, 2018, p. 149), la considération bio-psycho-sociale de l’enfant ou de l’adolescent, avec un TSA, dans un service de pédopsychiatrie tel que le nôtre, doit permettre au sujet à la fois de développer son fonctionnement cognitif par une rééducation adaptée mais également de l’intégrer dans son économie de vie, en lien avec sa famille et les différents milieux où il séjourne (Seguin, 2018 ; Lapasset, Gravil & Cézanne-Bert, G., 2013, non publié). Ceci demande souvent des adaptations réciproques, en accord avec les recommandations de l’HAS.
Nous nous proposons donc de présenter un programme particulier appelé CRT (pour Cognitive Remediation Therapy, en français Thérapie par Remédiation Cognitive) et de faire apparaître l’apport du psychomotricien, dûment formé, dans sa mise en œuvre. Pouvoir y associer des compétences supplémentaires et en collaboration avec les autres membres de l’équipe (neuropsychologues, infirmiers, assistante sociale et médecins) est un facteur d’optimisation de ce soin.
Nous montrons les aspects cliniques et les effets de validation externe de ce programme qu’anime un psychomotricien, suivant une approche multimodale en remédiation cognitive des enfants et adolescents avec un TSA, au sein de l’Unité Socio- Cognition (USC) du pôle de pédopsychiatrie du C. H. Le Vinatier.
LOUVAIN-LA-NEUVE / PARIS : De Boeck supérieur, de la traduction de :
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Clinician Manuel, NEW YORK, NY : OXFORD University Press, 256 pages, ISBN 978-0190627812.
et de
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Parent Workbook, NEW YORK, NY: OXFORD University Press, 101 pages, ISBN 978-0-19-062784-3.
Les deux manuels sont complémentaires et indispensables au bon déroulement du programme. Le Manuel d’exercices pour les parents sera accessible en ligne
Il s’agit d’un programme complet d’accompagnement des parents pour répondre aux comportements perturbateurs des enfants TSA.
Authors show the singularity of psychomotricity use in Parkinson's disease. It's in that scope of specific therapeutic strategy, in collaboration with neurologist and physiotherapist that the psychomotor therapist's interventions find its origine.
2) La récupération de la fonction motrice après accident vasculaire cérébral (AVC) est mal comprise et demeure difficile à pronostiquer. Nous avons posé l'hypothèse que le RP pouvait constituer un marqueur possible des processus de récupération fonctionnelle. Dans cette optique, nous avons conçu un protocole utilisant un joystick.
3) Nous avons analysé les résultats de 8 témoins droitiers, 3 patients avec une maladie de Parkinson, et 2 patients victimes d'AVC. Malgré certaines imperfections techniques nous avons obtenu des données cohérentes et abordé certains points en débat.
4) Nos résultats suggèrent que la phase précoce du RP est asymétrique, qu'il n'y a pas d'effet de la complexité du geste, et que certains aspects des dysfonctionnements cérébraux peuvent être approchés avec pertinence par cette technique. Enfin nous dressons quelques perspectives prometteuses pour l'approche des processus de la réorganisation cérébrale, la réhabilitation motrice et l'apprentissage d'habiletés motrices complexe.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
(1) From a physiological point of view, posture, muscle tone and movement characterize motricity. The evoked potential method allows studying the movement-related brain events. Slow cortical potentials, called Readiness Potential (RP), forego about a second auto-initiated voluntary movements.
(2) The recovery of motor function after stroke is poorly understood and remains difficult to predict. We hypothesized that the RP could be a possible biomarker of functional recovery processes. With this in mind, we have designed a protocol using a joystick.
(3) We analyzed the results of 8 right-handed controls, 3 patients with Parkinson's disease, and 2 patients with stroke. Despite some technical imperfections we got consistent data and addressed some issues in the debate.
(4) Our results suggest that the early phase of the RP is asymmetric, there is no effect of the gesture complexity, and that certain aspects of brain dysfunctions can be approached with relevance by this technique. Finally we set up some promising prospects for the approach of brain reorganization, driving rehabilitation processes and motor skills learning complex.
Key words: Cortical potentials associated with the movement, motor Preparation, stroke, functional recovery; Motor rehabilitation.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
Il s'agit de présenter le cadre, la méthode, les moyens et la logique de mise en œuvre du programme de Thérapie par Remédiation Cognitive (CRT, WYKES, DELAHUNTY) pour des enfants et des adolescents présentant un trouble du neurodéveloppement...
La question étant : « Comment permettre à la vie de circuler dès maintenant sans oublier que chacun est et demeure, quelles que soient les circonstances, un être de progrès ? »
Alexandre Jollien, 2019, p. 23
Ce faisant, il avance les concepts d’« exostasie » (système biologique de recherche du plaisir qui permet d’outrepasser (ou simplement excéder) les limites à la quête de ressources, qu’imposent celles d’un équilibre intérieur ─ l’homéostasie ; le stockage qui en résulte se réalise sous forme de graisse et est susceptible de se transformer en addiction), et d’« endostasie » (propension à « gérer des ressources à entropie intermédiaire […] dont la disponibilité est hautement prédictible et stable dans le temps » [p. 176]), comme un jeu d’alternance entre les « pensées conservatrice et progressiste » : « L’exostasie pousse à rechercher d’autres sources de plaisir et élargir le champ des possibles jusqu’à proposer de nouveaux outils, de nouvelles structures sociales qui permettent un équilibre endostatique meilleur ou plus stable. L’endostasie prend alors la relève en cristallisant ce nouveau modèle de société que la pensée conservatrice va maintenir. » [p. 204].
Que l’on partage ou non son point de vue argumenté importe peu, ce qui compte ici est de considérer le rôle que joue la préservation des constantes du milieu intérieur de l’individu confronté à l’environnement (homéostasie). C’est tout de même un processus, primaire et essentiel, inhérent à l’existence propre de l’individu, un équilibre indispensable pour parvenir à une meilleure conscience de soi, de ce que l’on éprouve et de ce vers quoi on se dirige (Solms, Turnbull, 2015). A fortiori, lorsque l’individu est confronté à un monde sociale régi par des lois et des codes, des idéaux et des intérêts culturels divergents, restreints ou diffus, souvent difficiles à comprendre ou à imaginer.
L’homéostasie met en jeu des mécanismes de régulation qui dépendent de nombreux dispositifs de perception interne et l’on sait depuis longtemps que les personnes avec un trouble du spectre autistique (TSA), se caractérisent non seulement par un fonctionnement cognitif particulier (Plumet, 2014 ; et notamment sur le versant des interactions sociales, de la perception et de l’exploration du monde extérieur, Lapasset & Huc, 2019), mais également par des difficultés d’intégration des variables internes à leur corps propre. Les indicateurs de besoins primaires comme la faim ou la soif, les tensions musculaires, la reconnaissance et la lecture des émotions, par exemple, constituent des problèmes majeurs, face auxquels les personnes avec un autisme ne savent souvent pas répondre, ni comment ni sur quoi agir de façon adéquate et concrète.
Les particularités développementales (notamment neuro-développementales) mais aussi de la famille font qu’un développement relativement harmonieux ordinairement observé est entravé par des modes de connexions perturbés ou dysfonctionnels entre mondes intérieur et extérieur, axes de prise en charge, politique et stratégies de soin, intégrations scolaire et professionnelle ou plus généralement d’insertion sociale.
En clair, les personnes avec un TSA présentent souvent une altération du traitement sensoriel dans différentes modalités, y compris le système intéroceptif. Des découvertes récentes suggèrent que l’intéroception est une composante fondamentale de l’expérience émotionnelle et qu’une intéroception déficiente est associée à l’alexithymie (non reconnaissance ou compréhension de ses émotions et affects comme de ceux d’autrui ; Bonete, Molinero, Ruisanchez ; 2023).
Le guide dont je propose ici la traduction s’adresse aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte, aux familles et aux soignants ou enseignants ; il n’est jamais trop tard pour développer ou affiner les processus d’intégration psychomotrice. Ceux-ci répondent à la fois à des besoins concrets, mais participent également du développement d’un nouveau fonctionnement cognitif, des ressources propres à la personne et de la capacité d’indépendance et de pouvoir d’action vers davantage d’autonomie (Lapasset, Silverstein, 2004).
Il s’agit en fait d’un kit qui comprend deux guides d’activités parfaitement complémentaires. Le premier est « L’intéroception 101 ou pas à pas, guide d’activités » de E. Goodall (2016) ; le deuxième guide d’activités « Intéroception 201 » est le fruit d’une collaboration de C. Lean, M. Leslie, E. Goodall, M. McCauley, et Heays, D. (2019) et développe encore davantage la pédagogie et les aspects pratiques de l’enseignement de l’intéroception. L’ensemble constitue une bonne façon de se préparer à transmettre une expérience de soi ou pour que les personnes avec un TSA s’y réfèrent.
L’auteure qui en a assuré la coordination, le Dr Emma Goodall, elle-même autiste, guide de vie, conférencière et chercheuse, occupant des responsabilités dans l’administration de la santé en Australie méridionale (https://mindfulbodyawareness.com/), est une personne engagée. Elle a publié ou participé activement à de nombreux écrits comme Interoception and Regulation: Teaching Skills of Body Awareness and Supporting Connection With Others (2022) ou The Autism Spectrum Guide to Sexuality and Relationships (2016).
Je tiens à remercier Emma Goodall (courriel du 11 juin 2024) pour m’avoir autorisé à mettre à disposition du public francophone cette traduction et pour les échanges que nous avons eus à cette occasion ainsi que mes amies Laurence Vimont et Morgane Aubineau pour leurs relectures et judicieux conseils !
Jérôme Alain LAPASSET
Pôle de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du C.H. le Vinatier à Bron (Psychiatrie universitaire Lyon métropole, unité d’hospitalisation brève pour adolescent [U.H.B.A.] du département ADOLESCENCE ET TRANSITION et dans le département S.U.N.R.I.S.E. dédié aux troubles du neuro-développement-TND), spécialisé en remédiation cognitive (RC), entraînement aux habiletés sociales (EHS) des TND, réhabilitation psychosociale et TCC.
Références
Bonete, S., Molinero, C., Ruisanchez, D. (2023) Emotional Dysfunction and Interoceptive Challenges in Adults with Autism Spectrum Disorders. Behav. Sci., 13, 312. https://doi.org/10.3390/bs13040312.
Lapasset, J. A. & Huc, M. (2019). Entraînement aux habiletés sociales et TSA, place du psychomotricien : Agence tout risque pour un voyage autour du monde social ; l’aventure d’être soi : « Venez voler sur la compagnie Être Humainement Soi (EHS) », Chapitre 17, In, Julien Perrin, Thierry Maffre et Cindy Le Menn-Tripi, (sous la direction de). Autisme et psychomotricité, LOUVAIN-LA-NEUVE : Éditions De Boeck Supérieur, pp 417-441, ISBN: 978–2–8073–202–0.
Lapasset, J. A., & Silverstein, S. M. (2004). Réhabilitation cognitive de la schizophrénie : Une approche pragmatique du processus d’intégration pour lutter contre les symptômes réfractaires, Revue Santé Mentale au Québec, Volume 29, # 2 – Automne, 89 – 116. Doi: 10.7202/010833ar.
Piazza, P. V. (2019). Homo Biologicus : Comment la biologie explique la nature humaine, PARIS : Albin Michel, 432 pages ; ISBN : 978-2226402530.
Plumet ; M-H. (2014). L’autisme de l’enfant, un développement sociocognitif différent, PARIS : Éditions Armand Colin, 264 pages, ISBN : 978-2200276720.
Solms, M, Turnbull, O. (2015). Le cerveau et le monde interne, PARIS : Presses Universitaires de France, 384 pages, ISBN : 978-2130630869.
Lapasset, J., A., (2024). Traduction et adaptation française de Goodall, E. (2016). Ready-to-learn-interoception-kit ; Interoception 101 Activity Guide, Department for Education, South Australia, Lean, C., Leslie, M., Goodall, E., McCauley, M., & Heays, D. (2019) Interoception 201 Activity Guide, Department for Education, South Australia. Department for Education Interoception resources, Titre provisoire : Le Kit de l’intéroception.
Lapasset, J. A. (2024). Avant-propos du traducteur. Les Cahiers Pratiques d’A.N.A.E., Fascicule N° XX, Le Kit de l’intéroception, x-y.
André Malraux
« J’aurais tendance à dire que la normalité n’est pas le summum de ce qui peut s’atteindre. »
Anne-Claire Damaggio, 20 II 2012
INTRODUCTION : Situer le Problème.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont largement considérés comme relevant des troubles du neurodéveloppement [TND] d’étiologies encore inconnues et indubitablement multifactorielles, d’expression très hétérogènes (HAS, 2018 ; Bizet, Bretière & Gillet, 2018 ; Pry, 2018 ; Cantio, et al., 2016 ; Grandin & Panek, 2014 ; Grandin, 2013). Les TND recouvrent des conditions extrêmement variées, non-spécifiques, « qui ont souvent en commun des signes de début très précoces au cours du développement dans la toute petite enfance » (Baghdadli, 2018) et invitent à la multidisciplinarité dans la clinique pour réduire bien des incertitudes quant à la nature des troubles, des comorbidités et faciliter un diagnostic différentiel (Pry, 2018, Jammet, Linder et Skuza, 2019, Baghdadli, 2017).
Considérer la nature neuro-développementale, déterminante tout au long de la vie, en approfondissant la connaissance des réalités cliniques des TSA, permet de mieux appréhender la notion de trajectoires de développement (forces et faiblesses, Speranza & Valeri, 2010). Mais surtout, il s’agit d’envisager les moyens concrets d’aider les personnes dans cette condition (Sokol, et al., 2010) en s’appuyant sur leurs atouts Mottron, 2016).
Ces trajectoires sont à considérer dans le cadre des interactions du sujet avec le milieu ou contexte, familial et social (notamment scolaire, Aubineau, et al., 2017 ; Aubineau, 2017 ; Lancelot, 2017) pour leur permettre de trouver une réalisation personnelle satisfaisante pour eux, leurs proches, dans l’univers social qui est le leur.
Ceci pose clairement le problème du développement psycho (cognitif et affectif), perceptivomoteur, et neuropsychologique (Gillet & Bonnet-Brilhault, 2018 ; Gillet & Barthélémy, 2011 ; Gillet, 2013 ; Fernyhough, 2010) de l’enfant avec un TSA, son mode de socialisation avec un développement sociocognitif et émotionnel particulier (cf. Chapitre 2, III, f de ce volume, Plumet ; Plumet 2018, 2014). C’est pourquoi, il nous semble essentiel de montrer comment s’articulent fonctions exécutives, cognitions sociales et métacognition dans notre modèle d’entrainement aux habiletés sociales en direction de jeunes avec un TSA.
Il existe plusieurs approches et techniques pour tenter d’y remédier : de type crayon- papier, informatisé ou combiné (Majerus, 2018 ; Demily, C., et al., 2016 ; Grynspan, 2012) ; ou multimodale, (Bizet et Moya de la Rosa, 2018 ; Doyen, C., Contejean, Y., Risler, V., et al., 2015) qui ciblent ces difficultés et proposent de remédier aux troubles cognitifs de l’enfant ou de l’adulte (rééducation cognitive, Seguin, Habib et al., 2018 ; Roy, Guillery-Girard et al., 2017 ; Franck, 2012).
Outre les approches psychomotrices modernes ou ergothérapiques (Madieu & Swiatek, 2018 ; Lefebvre, 2018) qui par des activités ludiques peuvent contribuer à cibler certaines des fonctions exécutives, celles de la remédiation cognitive (RC) s’envisagent dans le contexte plus large de la réhabilitation, et en particulier psychosociale. Même si le concept de réhabilitation ne semble pas « adapté à la situation de l’enfant avec des troubles du neurodéveloppement, celui-ci se développant d’emblée avec des dysfonctionnements cognitifs » (Peyroux et Seguin, 2018, p. 149), la considération bio-psycho-sociale de l’enfant ou de l’adolescent, avec un TSA, dans un service de pédopsychiatrie tel que le nôtre, doit permettre au sujet à la fois de développer son fonctionnement cognitif par une rééducation adaptée mais également de l’intégrer dans son économie de vie, en lien avec sa famille et les différents milieux où il séjourne (Seguin, 2018 ; Lapasset, Gravil & Cézanne-Bert, G., 2013, non publié). Ceci demande souvent des adaptations réciproques, en accord avec les recommandations de l’HAS.
Nous nous proposons donc de présenter un programme particulier appelé CRT (pour Cognitive Remediation Therapy, en français Thérapie par Remédiation Cognitive) et de faire apparaître l’apport du psychomotricien, dûment formé, dans sa mise en œuvre. Pouvoir y associer des compétences supplémentaires et en collaboration avec les autres membres de l’équipe (neuropsychologues, infirmiers, assistante sociale et médecins) est un facteur d’optimisation de ce soin.
Nous montrons les aspects cliniques et les effets de validation externe de ce programme qu’anime un psychomotricien, suivant une approche multimodale en remédiation cognitive des enfants et adolescents avec un TSA, au sein de l’Unité Socio- Cognition (USC) du pôle de pédopsychiatrie du C. H. Le Vinatier.
LOUVAIN-LA-NEUVE / PARIS : De Boeck supérieur, de la traduction de :
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Clinician Manuel, NEW YORK, NY : OXFORD University Press, 256 pages, ISBN 978-0190627812.
et de
Parent Training for Disruptive behavior, The RUBI Autism Network, Parent Workbook, NEW YORK, NY: OXFORD University Press, 101 pages, ISBN 978-0-19-062784-3.
Les deux manuels sont complémentaires et indispensables au bon déroulement du programme. Le Manuel d’exercices pour les parents sera accessible en ligne
Il s’agit d’un programme complet d’accompagnement des parents pour répondre aux comportements perturbateurs des enfants TSA.
Authors show the singularity of psychomotricity use in Parkinson's disease. It's in that scope of specific therapeutic strategy, in collaboration with neurologist and physiotherapist that the psychomotor therapist's interventions find its origine.
2) La récupération de la fonction motrice après accident vasculaire cérébral (AVC) est mal comprise et demeure difficile à pronostiquer. Nous avons posé l'hypothèse que le RP pouvait constituer un marqueur possible des processus de récupération fonctionnelle. Dans cette optique, nous avons conçu un protocole utilisant un joystick.
3) Nous avons analysé les résultats de 8 témoins droitiers, 3 patients avec une maladie de Parkinson, et 2 patients victimes d'AVC. Malgré certaines imperfections techniques nous avons obtenu des données cohérentes et abordé certains points en débat.
4) Nos résultats suggèrent que la phase précoce du RP est asymétrique, qu'il n'y a pas d'effet de la complexité du geste, et que certains aspects des dysfonctionnements cérébraux peuvent être approchés avec pertinence par cette technique. Enfin nous dressons quelques perspectives prometteuses pour l'approche des processus de la réorganisation cérébrale, la réhabilitation motrice et l'apprentissage d'habiletés motrices complexe.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
(1) From a physiological point of view, posture, muscle tone and movement characterize motricity. The evoked potential method allows studying the movement-related brain events. Slow cortical potentials, called Readiness Potential (RP), forego about a second auto-initiated voluntary movements.
(2) The recovery of motor function after stroke is poorly understood and remains difficult to predict. We hypothesized that the RP could be a possible biomarker of functional recovery processes. With this in mind, we have designed a protocol using a joystick.
(3) We analyzed the results of 8 right-handed controls, 3 patients with Parkinson's disease, and 2 patients with stroke. Despite some technical imperfections we got consistent data and addressed some issues in the debate.
(4) Our results suggest that the early phase of the RP is asymmetric, there is no effect of the gesture complexity, and that certain aspects of brain dysfunctions can be approached with relevance by this technique. Finally we set up some promising prospects for the approach of brain reorganization, driving rehabilitation processes and motor skills learning complex.
Key words: Cortical potentials associated with the movement, motor Preparation, stroke, functional recovery; Motor rehabilitation.
Mots Clefs : Potentiels corticaux liés au mouvement, Préparation motrice, Accident vasculaire cérébral, Récupération fonctionnelle; Réhabilitation Motrice.
Il s'agit de présenter le cadre, la méthode, les moyens et la logique de mise en œuvre du programme de Thérapie par Remédiation Cognitive (CRT, WYKES, DELAHUNTY) pour des enfants et des adolescents présentant un trouble du neurodéveloppement...
La question étant : « Comment permettre à la vie de circuler dès maintenant sans oublier que chacun est et demeure, quelles que soient les circonstances, un être de progrès ? »
Alexandre Jollien, 2019, p. 23
Henning Beck
Les Neurosciences du quotidien... passionnant !!
Dans le contexte actuel où tous les fantasmes tournent autour de l’illusion d’une intelligence artificielle (IA) d’où émergera le salut de l’humanité industrielle, je confirme combien cet ouvrage est original, à la fois précis et pointu sur le fonctionnement du cerveau et absolument abordable... par un enseignant chercheur qui illustre, rend concret et met en oeuvre toute sa pédagogie pour
une prise de connaissance, une information juste et pondérée, l’intégration de celle-ci et une compréhension des processus cérébraux et neurospychologiques en jeu dans le fait humain...
adultes présentant une condition du spectre autistique
Nous posons l’hypothèse que le camouflage des caractéristiques autistiques en situation sociale
est une stratégie habituelle de recherche de maîtrise des adultes avec une condition du spectre
autistique (ASC). Le camouflage peut impacter le diagnostic, la qualité de la vie, et les pronostics
à long terme, mais on en sait peu à son sujet. Cette étude qualitative a examiné les expériences
de camouflage chez 92 adultes avec ASC. Les interrogations se sont centrées sur la nature, les
motivations et les conséquences du camouflage. Nous avons utilisé des analyses thématiques pour
identifier des éléments clefs du processus de camouflage, lesquels ont permis d’établir un modèle
à trois niveaux du processus de ce dernier.
Premièrement, les motivations qui mènent l’adulte à se camoufler ont englobé les faits de vouloir
s’intégrer et d’accroître les connexions à autrui. Deuxièmement, le camouflage lui-même a
englobé une combinaison de techniques de masquage et de compensation. Troisièmement, les
conséquences à court et à long terme du camouflage ont inclus un épuisement, des stéréotypes
problématiques et des menaces vis-à-vis de la perception de soi.
« UP TO ME : Talking about my mental health ?» :
WISE and Patrick W. Corrigan (2019)
À MOI DE DÉCIDER
« UP TO ME : Talking about my mental health ?», VERSION BRÈVE POUR L’ADOLESCENT(E)
Traduction Jérôme Alain Lapasset (2023)
Je présente ici la traduction d’un document destiné à, d’une part lutter contre la stigmatisation des troubles en santé mentale et d’autre part, à aider les adolescent(e)s à comprendre pourquoi, comment et à quelles occasions parler de leurs difficultés dans ce domaine aux autres personnes (pairs ou adultes).
Ce document est remarquable à plusieurs égards :
• Il est simple et clair, pratique, éminemment accessible ;
• Il se base sur l’expérience des cliniciens et sur des données probantes ;
• Il constitue, sans en avoir l’air, l’amorce d’un véritable travail métacognitif, d’analyse et de résolution de problème, d’organisation de la pensée, de distanciation par rapport à sa situation, de priorisation de ses objectifs, et un désamorçage des pièges sociaux, de stéréotypes en tout genre….
• Il articule fonctions exécutives (FE) et habiletés sociales, FE et affectif et identité ;
• C’est un excellent exemple de lutte contre la stigmatisation et de promotion de l’« empowerment », ou capacité à s’approprier des compétences, à retrouver un pouvoir d’action et de décision, menant à un meilleur sentiment d’efficacité personnelle (attente d’efficacité et attente de résultats)…
• En même temps qu’il est susceptible de placer les individus en position de faire évoluer les mentalités et la considération sociale de la différence ; non de la différence pour la différence, non l’arlésienne de la neuro-diversité qui est avant tout une escroquerie du langage social – chaque cerveau s’auto-organise en fonction de son histoire et de ses particularités, nous sommes donc tous neuro-divers). Mais bien celle de nos singularités communes ou non …
Il s’agit pour moi de mettre à la disposition du publique francophone le moyen et un outil pertinent pour aider au mieux les cliniciens et les personnes qui accompagnent les adolescents sur le « Métier de vivre » pour reprendre le beau titre de Cesare Pavese.
Nous espérons dans le cadre du LAPÉFA (LAboratoire Participatif d’Étude de la Fatigue dans l’Autisme), nous en inspirer pour développer un guide susceptible d’aider les personnes avec un TSA à maitriser leur capacité à se dévoiler ou non et à sortir des stigmates sociaux…
Je tiens à remercier Patrick Corrigan, Distinguished Professor of Psychology, Institute of Technology et Directeur du Center for Health Equity, Education and Research (CHEER) de Chicago, Illinois, de m’avoir autorisé à mettre cette traduction à disposition du public francophone et d’avoir gratifié notre projet de « great idea, you have my permission » dans son courriel du 26 IX 2023.
Jérôme Alain LAPASSET
Je le trouve informatif notamment pour ceux qui s’intéressent à la diversité des indicateurs de fatigue, à la méthode scientifique, ou qui voudrait réfléchir aux diverses caractéristiques distinctives entre ces types de fatigue, et plus particulièrement dans l’autisme…
Cet article est assez novateur par son thème, la Fatigue Cognitive, sa méthode scientifique qui utilise la réalité virtuelle pour simuler des conditions plus écologiques possibles et pourrait ouvrir de nouvelles pistes d’investigation notamment en regard des apprentissages…
Résumé
La fatigue mentale est un état complexe qui résulte d’une activité cognitive prolongée. Les symptômes de la fatigue mentale peuvent englober des changements d’humeur, de motivation et une détérioration temporaire des diverses fonctions cognitives impliquées dans un comportement orienté vers un but. D’importantes recherches ont été menées pour mettre au point des méthodes permettant de reconnaître les signes physiologiques et psychophysiologiques de la fatigue mentale. Ceci a permis le développement de nombreux modèles basés sur l’IA pour classifier différents niveaux de fatigue, en utilisant les données du dispositif de la poursuite oculaire, de l’EEG ou de l’ECG. Dans cet article, nous présentons un protocole expérimental qui vise à la fois à générer/mesurer la fatigue mentale et à fournir des stratégies efficaces de récupération par le biais de sessions de RV associées à des dispositifs d'EEG et de suivi des yeux. Cet article présente tout d'abord un état des lieux complet des facteurs prédictifs de la fatigue mentale, des méthodes de mesure et des stratégies de récupération. Le document présente ensuite un protocole expérimental résultant de l'état de l'art pour 1) générer et mesurer la fatigue mentale et 2) évaluer l'efficacité de la thérapie virtuelle pour la récupération de la fatigue, en utilisant un environnement simulé en réalité virtuelle (RV). Dans notre travail, nous avons réussi à générer une fatigue mentale en soumettant les participants à la réalisation de tâches cognitives dans un environnement simulé virtuel. Ces derniers ont montré un déclin significatif du diamètre de la pupille et du score thêta/alpha au cours des différentes tâches cognitives. Nous avons entraîné un classificateur de type SVM RBF à partir des données de l'électroencéphalogramme (EEG) qui donne des critères de classement de la fatigue mentale avec une précision de 95 % sur l'ensemble des tests. Enfin, nos résultats montrent que le temps alloué à la thérapie virtuelle n'a pas amélioré le diamètre pupillaire dans la période post-relaxation. Des recherches plus approfondies sur l'impact de la thérapie de relaxation sur la thérapie de relaxation devraient allouer un temps plus proche du temps de récupération standard de 60 minutes . Des recherches plus approfondies sur l'impact de la thérapie de relaxation par RV sur la récupération des symptômes de fatigue devraient allouer un temps plus proche du temps standard de récupération sans activité de 60 min.
Jérôme Alain Lapasset
Nous présentons ici une traduction française d’un article récent dans lequel les auteurs se penchent sur les biais cognitifs et les fausses croyances chez les experts dans le domaine de l’autisme.
Les auteurs, philosophes, abordent principalement la question de la compétence clinique et pointue (ou qui devrait l’être) chez les experts à la cour de Justice, mais aussi médicaux, en Pologne, en matière de jugement et de diagnostic portés quant aux réalités d’une personne relevant du spectre de l’autisme (TSA)…
Outre les particularités du système judiciaire et législatif de leur pays d’origine, les auteurs apportent un éclairage sur nos dispositions générales, cognitives, sociales et culturelles dans la considération de l’autisme, avec les contraintes fonctionnelles, politiques et économiques d’exercice, en grande partie exportables dans les autres pays, y compris la France.
Avec la prise de conscience actuelle de l’existence d’une neuro-diversité, dans ce qu’elle peut avoir d’enrichissant, mais aussi d’ambiguïtés relativement à son statut au-delà d’une juste reconnaissance humaine et égalitaire, dans un monde où les réseaux sociaux et le communautarisme envahissent à grande vitesse la scène publique, voici une réflexion qui ne peut qu’annoncer en filigrane une remise en question salutaire des pratiques et des modèles.
Par ailleurs, si les spécialistes sont traversés par des biais cognitifs et des fausses croyances dans le processus délicat du diagnostic, et encore davantage dans celui du diagnostic différentiel, il est permis aussi d’envisager que les personnes autistes, aussi singulier que puisse être leur mode de traitement de l’information, y soient également sujet suivant des modalités qui leur sont en partie propre mais également en partie apprises. Il s’agit là d’un véritable domaine de recherche novateur. Toujours est-il qu’il me semble qu’à l’être de la revendication à la neurodiversité, il serait souhaitable d’en tenir compte pour ne pas réduire l’autisme à la seule dimension du handicap….
Je remercie les auteurs pour m’avoir autorisé à publier ce travail que j’espère aussi fidèle que possible. Certaines notes sont des auteurs, d’autres du traducteur. Ces dernières n’ont d’autres buts que de faciliter la compréhension ou des mises en perspectives.
Résumé français :
La recherche qualitative antérieure indique que les personnes avec un autisme font communément l'expérience d'un burnout (épuisement) autistique et que ce dernier s'associe à des conséquences négatives significatives à l'égard de leur santé mentale, leur bien-être, et leur qualité de vie, y compris les tendances suicidaires. Les résultats obtenus jusqu'à présent suggèrent que les facteurs associés au fait d'être autiste et le manque généralisé de sensibilisation à, et d'acceptation de, l'autisme dans la société contribuent à l'apparition et à la récurrence de l'épuisement autistique. En prenant appui sur les descriptions d'adultes avec un autisme de leurs expériences vécues, nous proposons un modèle conceptuel de l'épuisement autistique (MCEA 1), qui décrit une série de relations hypothétiques entre le risque identifié et les facteurs de protection qui peuvent contribuer à, ou tamponner, l'épuisement autistique. Le cadre théorique de ce MCEA repose sur le modèle socio-relationnel du handicap et le paradigme de la neuro-diversité, le modèle contraintes-Ressources au travail de l'épuisement professionnel et la théorie de la conservation des ressources. Le MCEA offre une perspective holistique pour comprendre les facteurs individuels, sociaux et environnementaux qui peuvent influencer l'épuisement autistique via des voies directes et indirectes variées. La recherche sur le burnout autistique n'en est qu'à ses balbutiements et le MCEA pose une fondation vis-à-vis d'explorations futures de cette condition.
Résumé profane :
Bien que les personnes avec un autisme soient nombreuses à décrire l'expérience qu'ils ont d'un burnout (d'un épuisement) autistique, il n'y a eu que peu d'études sur ce thème. À partir des descriptions d'expériences vécues de personnes autistes, nous avons développé un modèle conceptuel pour explorer comment divers facteurs de risque et de protection peuvent interagir pour contribuer à, ou prévenir, l'épuisement autistique.
Entropy, Free Energy, and Symbolization
Jérôme Alain Lapasset
29 VII 2022
Je propose ici une traduction, en accès libre, d’un article en anglais qui se propose de contribuer à une réflexion dans le champ hautement spéculatif de la neuropsychanalyse. Il s’agit de : Rabeyron, T. and Massicotte, C. (2020). Entropy, Free Energy, and Symbolization : Free Association at the Intersection of Psychoanalysis and Neuroscience. Front. Psychol. 11 : 366. doi : 10.3389/fpsyg.2020.00366 ; Frontiers in Psychology ǀ www.frontiersin.org.
Je ne suis pas psychanalyste, j’ai néanmoins beaucoup travaillé pour comprendre au mieux les propos, tenter de respecter et d’éclairer les concepts qui ne sont pas au premier plan de ma pratique clinique, en fournissant les moyens au lecteur intéressé d’en saisir la substantifique moelle et, pourquoi pas, investiguer davantage la (ou les) question(s) que cet écrit ne peut manquer de soulever. Il va de soi que cette traduction a été soumise à l’auteur principal (le professeur Thomas Rabeyron), ce qui a ouvert à des discutions intéressantes et enrichissantes, dont je le remercie.
Par nature, J’apprécie de me frotter à d’autres systèmes de pensée…. C’est ainsi, que la présente traduction est dans la continuation d’un travail de réflexions engagé depuis de nombreuses années et dont la mise en accès libre sur internet du Nouveau Projet pour une Psychologie Scientifique : schéma général (traduction de Mark Solms (2020): New project for a scientific psychology: General scheme, Neuropsychoanalysis, DOI: 10.1080/15294145.2020.1833361, en février 2021) n’est qu’un exemple.
De formation scientifique, j’ai parfaitement conscience des limites de la science en général et des neurosciences en particulier [, là comme ailleurs, les lois de l’économie et de la performance (cf. la fameuse loi des trois P : « Publier, Publier ou Périr »), les pressions politico-sociales, s’exercent, et le fait qu’il s’agisse d’une pratique humaine, donne lieu à des choix arbitraires plus ou moins raisonnés (Giulia Anichini, 2018 ; Forest, 2014) ou pire, à des dérives aux promesses fallacieuses qui invitent à la plus grande vigilance (Forest, 2022). Dans un champ différent aux multiples recoupements, il en va de même de la psychanalyse. Le père emblématique de cette dernière a lui-même proposé trois topiques différentes à valeur heuristique, la neuropsychanalyse (Malaguarnera, 2017) pourrait donner jour à de nouveaux éclairages cliniques ou modélisation de la psyché, sans pour cela chercher de justification au travers des neurosciences. Elle pourrait même parvenir à une topic plus fine, par le dialogue qu’elle recherche à entretenir en favorisant la capacité à penser à la multiplicité des interprétations alternatives des processus incriminés], mais c’est précisément ce qui fait toute la valeur de la démarche scientifique… Si pour moi le cerveau est la plaque tournante (le « Hub » central de toute expérience vécue, les différents niveaux d’analyse que propose les neurosciences, disons, cognitive, affective et sociale, nous apportent des éclairages essentiels pour comprendre, critiquer, remanier, affiner des modèles de fonctionnement de la psyché pour les psychanalystes, de l’esprit incarné (fusse-t-il ou non un espace neuronal global de travail, pour moi) ; et impulser de nouvelles formalisation modélistique à partir des questionnements paradigmatiques …
L’esprit critique constructif, l’analyse rigoureuse en collaboration et l’expérience partagée sont des traits dominant de mon travail (intellectuel, clinique, thérapeutique… et personnel sur moi-même)… En fait, rarement un livre ne m’a autant touché, sur les plans professionnel et personnel, que l’ouvrage récent « Un coup de hache dans la tête, Folie et créativité » du professeur Raphael Gaillard (2022)(1) … Un exemple de sens de la mesure, au travers de l’expression d’une intelligence humaine à la fois rigoureuse et lucide. Tout cela pour dire que, même si je reconnais le caractère révolutionnaire, à l’époque, de Sigmund Freud, le fait de vouloir prouver qu’il avait raison, m’irrite un peu et me semble aux antipodes des aspirations de l’homme lui-même… j’ai également apprécié l’esprit de mesure, la rigueur scientifique et l’attention portée à l’expérience humaine du dernier ouvrage de Jean Pol Tassin (2021) (2) qui propose également, tout en respectant les perspectives de chacun, une réelle intention, non de triturer des faits, mais de contribuer à une pensée novatrice, concrète et pertinente à une utilité réelle du soin.
Je n’ai aucun esprit de chapelle ; ce n’est pas ce qui m’anime…. Je pense que la dimension politico-économique, ainsi que les prérogatives institutionnelles, ou les revendications théoriques exclusives, desservent autant les finalités desdites institutions qu’elles sont censées défendre que les individus qui ont l’ambition de s’y faire reconnaître, sans parler de l’aspiration à œuvrer pour une connaissance (à multiples facettes) véridique et au service du soin.
C’est dans cette intention que je verse ce travail au débat. Ceci permettrait de passer, selon moi, non pas d’une « neuropsychanalyse » à une « psychanaloneuroscience », mais de définir où aller vers la précision de nouveaux concepts à la fois ancrés dans l’expérience clinique et les sciences du cerveau, à un autre niveau de complexité (niveau d’analyse et de développement), autre que la captation partielle de concepts, le plus souvent trop simplificateurs.
N’oublions pas qu’aujourd’hui, le mercantilisme et l’industrie s’emparent des neurosciences pour asservir le grand public au libéralisme économique et imposer dans l’esprit du consommateur moyen la seule référence techno-cérébrale au service des pulsions d’achat ; ce que la psychanalyse a elle-même fait à sa manière devant sa remise en cause récente en France, au point que certains caciques (3) essaient d’introduire de pseudo méthodes d’évaluation, sous forme tautologique pour valider des pratiques hasardeuses….
(1) - Gaillard, R. (2022). Un coup de hache dans la tête, Folie et créativité, PARIS : Grasset Éd., 256 pages.
(2) - Tassin, J.-P. (2021). Les coulisses du cerveau, l’inconscient aux commandes, MALAKOFF : Dunod Éd., 171 pages.
(3) - Quatre sens existent à ce terme : 1. Vieux. Chef indien de certaines tribus d'Amérique ; 2. En Espagne et en Amérique espagnole, notable local qui exerce un contrôle de fait sur la vie politique et sociale de son district ; 3. Familier. Premier à un concours, en particulier à l'École normale supérieure : 4. Familier. Personne qui occupe socialement une des premières places.
Malaguarnera, S. (2017). La neuropsychanalyse: Enjeux théoriques et pratiques, CreateSpace Independent Publishing Platform, 164 pages ;
Anichini, G., (2018). La fabrique du cerveau, les dessous d’un laboratoire de neuro-imagerie, PARIS : Éditions Matériologiques, 261 pages ;
Forest, D., (2014). Neuroscepticisme, les sciences du cerveau sous le scalpel de l’épistémologie, PARIS : Les Éditions d'Ithaque, 208 pages ;
Forest, D., (2022). Neuropromesses, une enquête philosophique sur les frontières des neurosciences, PARIS : Les Éditions d'Ithaque, 327 pages)
Un nombre relativement important d'enfants avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA) extériorise des problèmes comportementaux perturbateurs ou encore dits disruptifs. Alors que s'accumulent des données démontrant que les programmes d'entraînement comportemental de parents sont efficaces pour réduire les comportements disruptifs dans cette population, la littérature examinant leur impact sur la gamme de sévérité du TSA se fait rare. Pour évaluer l'efficacité de la thérapie d'interaction Parent-enfant (TIPE), un traitement basé sur des données probantes pour des enfants avec des comportements-problèmes et leur famille, dans la réduction des comportements perturbateurs (disruptifs) d'enfants (de 4 à 10 ans) avec un TSA (sans déficience intellectuelle). Cinquante-cinq enfants (85,5% de garçons de 7,15 ans ; DS 1,72) furent recrutés en provenance de consultations pédiatriques et de milieux éducatifs dans un essai clinique randomisé (TIPE : N = 30 ; Contrôles = 25). Les familles en TIPE ont démontré une réduction significative des comportements perturbateurs chez leur enfant, une augmentation de la communication parent-enfant positive, une amélioration de l'observance de l'enfant, et une réduction du stress parental en comparaison du groupe contrôle. Les analyses exploratoires n’ont révélé aucune différence de réponse au traitement en prenant pour base le degré de sévérité du TSA, le langage réceptif ou l’âge. Les résultats sont prometteurs quant à l’utilisation de la TIPE avec des enfants présentant des comportements disruptifs au long du spectre de l’autisme.
Nina W. Lovaas et Svein Eikeseth
.
Il s'agit de Glenthøj, L.B., Mariegaard, L., Kristensen, T.D. et al. Self-perceived cognitive impairments in psychosis ultra-high risk individuals: associations with objective cognitive deficits and functioning. npj Schizophr 6, 31 (2020).
dérivé du document de travail 15 : "Connecting the Brain to the Rest of the Body: Early Childhood Development and Lifelong Health Are Deeply Intertwined.
Tout au long de l’existence, et à un degré extraordinaire chez les jeunes gens, le cerveau se développe différemment à partir des opportunités de s’engager activement dans, et en toute sécurité avec, des environnements, des relations sociales et des idées1-3, significatifs et riches. La plasticité cérébrale, la véritable adaptabilité qui nous permet de nous adapter aux exigences de notre environnement, représente par conséquent une opportunité et une responsabilité, cruciales, pour l’éducation.
Les sciences du cerveau ne se traduisent généralement pas directement en politiques ou pratiques éducatives. Mais les politiques et les pratiques d’enseignement qui sont cohérentes avec la façon dont se développe le cerveau sont plus susceptibles de favoriser l’apprentissage et le développement que celles qui sapent ou vont à l’encontre des sciences du cerveau4. De plus, une appréciation de comment le développement du cerveau varie entre les individus et il s’accommode aux demandes environnementales, peut donner aux éducateurs des éclaircissements sur les types de soutien et d’intervention qui pourraient se révéler les plus utiles aux différents enfants.5-8
Cette brochure explique la science en arrière-plan du développement du cerveau, comment ce développement est lié à l'apprentissage, ainsi que les paramètres et les contextes propices à aux phénomènes d’apprentissage et de développement. Il explique comment le développement du cerveau requière des relations sociales, des expériences émotionnelles et des opportunités cognitives. Et, il s'inspire de ces données probantes pour suggérer des principes de base pour les décideurs et les praticiens de l'éducation.
(Traduction)
Tout au long de l’existence, et à un degré extraordinaire chez les jeunes gens, le cerveau se développe différemment à partir des opportunités de s’engager activement dans, et en toute sécurité avec, des environnements, des relations sociales et des idées1-3, significatifs et riches. La plasticité cérébrale, la véritable adaptabilité qui nous permet de nous adapter aux exigences de notre environnement, représente par conséquent une opportunité et une responsabilité, cruciales, pour l’éducation.
Cette brochure explique la science en arrière-plan du développement du cerveau, comment ce développement est lié à l'apprentissage, ainsi que les paramètres et les contextes propices à aux phénomènes d’apprentissage et de développement. Il explique comment le développement du cerveau requière des relations sociales, des expériences émotionnelles et des opportunités cognitives. Et, il s'inspire de ces données probantes pour suggérer des principes de base pour les décideurs et les praticiens de l'éducation.
La version totale est en train d'être révisée par Mark Solms et al.
Cet article, que l’on trouve sur son site, a bénéficié d’une mise à jour en février 2019
Comprendre le phénomène de compréhension
[Understanding 'Understanding']
Efrat Furst
Un modèle à quatre niveaux de représentations en mémoire a été suggéré pour décrire les processus par lesquels chaque « élément de connaissance » progresse (idéalement) au travers de l’acte de : Connaître, Comprendre, Utiliser et Maîtriser.
Pour résumer brièvement, lorsqu'un apprenant connaît un concept, ce dernier est représenté dans l'esprit et peut être reconnu peu après l'apprentissage. Lorsqu'il est expliqué en termes de concepts déjà familiers et de leurs relations, le concept est potentiellement compris. Il est avancé et démontré que toute information entrante doit être traitée de manière significative dans la mémoire de travail, afin de devenir une connaissance stockée dans la mémoire à long terme.
Ici, elle essaie de plonger plus profondément dans le processus de « création de sens » qui mène à l'état de « compréhension » souhaité, mais insaisissable. En combinant le modèle simplifié d'apprentissage dans le cerveau aux entrées et aux sorties comportementales, j'explore les composants essentiels et les processus qui sous-tendent la « compréhension ». L'objectif est de clarifier la discussion pédagogique sur les actions que nous pouvons entreprendre pour accompagner les apprenants dans le processus de création de sens.
des troubles du NeuroDéveloppement.
Les raisons de cette traduction du chapitre 3 :
Une compréhension évolutive des émotions sociales
du point de vue de l'esprit, du cerveau et de l'éducation.
Les neurosciences de l'éducation occupent un terrain extrêmement polémique au moins dans les sociétés occidentales. Portées aux nues par les uns, décriées par les autres, elles génèrent un enthousiasme parfois quelque peu outrancier chez ses partisans et hommes ou femmes politiques actuels d’un côté et de l’autre, une inquiétude ou un rejet de la part de certains enseignants, qui se sentent remis en cause dans leur professionnalisme, ou les instigateurs d’un complotisme souvent représentant d’un populisme en quête d’une illusion de pouvoir... C'est aussi le résultat de mouvements de balancier médiatiques qui correspondent à des prises de positions affectives radicales, l’écart entre une science responsable et consciente de ses limites et l’imaginaire alimenté par les vulgarisations de bas niveau, peut-être également le fruit du règne de la médiocratie que dénonce le philosophe Québécois Alain Deneault .
Nous proposons ici une traduction du chapitre 3, extrait de l’ouvrage sous la direction de M. S. Schwartz & E. J. Paré-Blagoev (Eds.), Research in mind, brain, and education ;
Helen Immordino-Yang a été professeur de sciences en cinquième dans un collège publique en manque de financement, de Boston sud. Ses élèves provenaient de la classe ouvrière et de familles immigrées, autrement dit, vivant dans un contexte multiculturel, dans des conditions socio-économiques diverses. Sa préoccupation majeure, et la mission pour laquelle elle s’est engagée, étaient et sont donc :
Comment aider au mieux les élèves dans ces conditions, quelque peu défavorables, à s’engager dans, s’approprier et optimiser leurs apprentissages, pour améliorer leurs conditions de vie présente et future ?
Helen Immordino-Yang a longtemps travaillé avec Antonio Damasio (et conserve des liens très forts et des collaborations). Elle privilégie depuis longtemps comme axe de recherche émotions/affects apprentissage et cerveau.
Pour elle, et partant de son expérience pratique d’enseignante, la langue, la culture, la connaissance du contenu académique et les facteurs personnels et émotionnels façonnent ensemble le développement de l’esprit adolescent de ses élèves. C’est donc reconnaître la nature fondamentalement subjective, contextuelle et dynamique de l'apprentissage ; l'imbrication des sentiments et des cognitions. En conséquence il convient de tenir compte de la capacité croissante des jeunes à ressentir leurs émotions sociales.
Au cours de son cursus de formation en neurosciences, poursuivi après sa formation initiale, elle a pu étudier des adolescents hémisphérectomisés donc ne disposant plus que de l’un des deux hémisphères cérébraux . Enrichie d’expériences multiples, et suivant de multiples perspectives, elle en est venue avec Antonio Damasio à développer le concept de « pensée émotionnelle » (Immordino-Yang et Damasio, 2007), une cognition incarnée. Celle-ci résulte des relations entre émotion, cognition et corps afin de mettre en lumière les confluences fonctionnelles. Elle en propose ici une extension appliquer au contexte de l’éducation de l’individu entier ; le nouveau champ de recherche « esprit-cerveau et éducation » (MBE) est d'intégrer diverses perspectives et méthodes pour comprendre des personnes entières dans leur contexte et à travers le développement.
Hélène Immordino-yang propose donc un modèle biopsychosocial, situé et développemental, du traitement affectif, notamment dans le contexte éducatif : « ce modèle aborde les interactions entre le corps, le cerveau qui détecte et gère ce corps, l'esprit qui émerge de ce cerveau pour penser et agir de manière adaptative dans un monde social et les compréhensions culturelles qui résultent d'une confluence d'esprits sociaux se soutenant les uns les autres. »
Mais les deux auteurs du présent chapitre vont plus loin. En effet, il aborde la question délicate de la méthodologie, du couplage de deux approches complémentaires : méthode quantitative et méthode qualitative. Elles attitrent notamment notre attention sur les contraintes d’une telle approche combinée pour maintenir un cadre cohérent, valide et éthique, aussi proche que possible de la réalité des sujets.
Autrement dit, en restant rigoureux et créatif, en dépassant à la fois les vocables trop fallacieusement détournés, ou affadis, des concepts de complexité ou de transversalité, il est donc possible de promouvoir une véritable perspective de capacitation, ou d’empowerment, des élèves, y compris des personnes avec un TND, en tirant partie de leur potentialités réceptives, de traitement et de mises en œuvre, à la fois sur le plan émotionnel, cognitif que social. Mais il est également possible d’engendrer une nouvelle dynamique de recherche et chez les professionnels de l’enseignement.
S’il existe une grande créativité chez les pédagogues et un altruisme clairement positif, les neurosciences contribuent à nous fournir aussi les moyens de sortir des déclarations de bon aloi, des professions de foi, des vagues principes généraux gouvernés par la doxa, pour identifier mieux, et formuler au mieux les questions s’y rapportant, les problématiques rencontrées, vérifier les paramètres les plus importants à ne surtout pas négliger pour optimiser le cursus éducatif et un devenir satisfaisant pour les élèves et leur entourage. Mais, elles ne prétendent pas le faire à elles seules.
Bref, que de perspectives, de quoi nourrir l’esprit (critique) de chacun.
Bonne lecture !
J. A. Lapasset
Jérôme Alain Lapasset
Psychomotricien D.E. Unité Socio-Cognition, C.H. le Vinatier, Bron
Les neurosciences de l'éducation occupent un terrain extrêmement polémique dans les sociétés occidentales. Portées au nues par les uns, décriées par les autres, elles génèrent un enthousiasme quelque peu outrancier chez ses partisans et hommes ou femmes politiques actuels d’un côté et de l’autre une inquiétude ou un rejet de la part de certains enseignants, qui se sentent remis en cause dans leur professionnalisme, ou les instigateurs d’un complotisme souvent représentant d’un populisme en quête de pouvoir... C'est aussi le résultat de mouvements de balancier médiatiques qui correspondent à des prises de positions affectives radicales, l’écart entre une science responsable et consciente de ses limites et l’imaginaire alimenté par les vulgarisations de bas niveau, peut-être également le fruit du règne de la médiocratie que dénonce le philosophe Québécois Alain Deneault.
Nous proposons ici une traduction du chapitre introductif de l’ouvrage sous la direction de Michael S. C. Thomas, Denis Mareschal et Iroise Dumontheil « Educational Neuroscience ». Ce premier chapitre de Michael S. C. Thomas et Daniel Ansari pose la question de : « Pourquoi les neurosciences sont-elles pertinentes pour l’enseignement ? »
Ils y répondent de façon claire, compréhensible malgré la complexité de ce vaste champ d’une importance sociétale et humaine cruciale. Ce faisant, ils posent également les limites quant au crédit dont elles peuvent bénéficier en ce domaine, précisent les bases BIO-PSYCHO (cognition, émotion et affect)-SOCIALES nécessaires à un dialogue commun qui ne peut qu’être fructueux pour les trois parties : les neurosciences, l’éducation, les enfants et leur famille. Certes, le livre va à l’encontre de bien des croyances ainsi que de la doxa qui voudrait que le développement soit un processus tellement naturel et par voie de conséquence facile, que l’accumulation de savoirs serait nécessairement meilleure que le savoir être trop souvent, revendiqué comme une apparence ou un droit plutôt que comme une réalité authentiquement pensée et réfléchie (métacognitive) ou une conquête et le savoir-faire en toute conscience.
Le cadre une fois posé, les auteurs présentent un survol général des chapitres qui constituent l’ouvrage réunissant de nombreux collaborateurs et nous donnent les moyens de comprendre et de stimuler la dynamique de perspectives nouvelles dans le monde de l’éducation….
De quoi nourrir l’esprit (critique) de chacun.
Bonne lecture !
Cet article, que l’on trouve sur son site, a bénéficié d’une mise à jour en février 2019
Comprendre le phénomène de compréhension
[Understanding 'Understanding']
Efrat Furst
Un modèle à quatre niveaux de représentations en mémoire a été suggéré pour décrire les processus par lesquels chaque « élément de connaissance » progresse (idéalement) au travers de l’acte de : Connaître, Comprendre, Utiliser et Maîtriser.
Pour résumer brièvement, lorsqu'un apprenant connaît un concept, ce dernier est représenté dans l'esprit et peut être reconnu peu après l'apprentissage. Lorsqu'il est expliqué en termes de concepts déjà familiers et de leurs relations, le concept est potentiellement compris. Il est avancé et démontré que toute information entrante doit être traitée de manière significative dans la mémoire de travail, afin de devenir une connaissance stockée dans la mémoire à long terme.
Ici, elle essaie de plonger plus profondément dans le processus de « création de sens » qui mène à l'état de « compréhension » souhaité, mais insaisissable. "En combinant le modèle simplifié d'apprentissage dans le cerveau aux entrées et aux sorties comportementales, j'explore les composants essentiels et les processus qui sous-tendent la « compréhension ». L'objectif est de clarifier la discussion pédagogique sur les actions que nous pouvons entreprendre pour accompagner les apprenants dans le processus de création de sens."
On voit dans les modèles contemporains du self l’intégration des données psychologiques et biologiques ; devoir expliquer ses origines en termes de complexités, de la psychologie développementale et des neurosciences du développement, donne lieu à un consensus grandissant. On pense à présent que l’ontogénèse de l’esprit humain implique davantage que l’émergence de cognitions progressivement plus complexes. Les processus affectifs apparaissent se lier au cœur même du self, et dus à la nature psychobiologique intrinsèque de ces modèles récents du développement humain à type de phénomènes basés sur le corps, depuis l’enfance et tout au long de la vie, ils se déplacent vers des conceptualisations corps-esprit-cerveau. Ces modèles sont en train de redéfinir les caractéristiques de ce qui nous rend des humains uniques.
Pourquoi les émotions font-elles partie intégrante
de l’apprentissage
Les émotions ont évolué et sont présentes chez toutes les créatures complexes parce qu’elles sont essentielles à la gestion de la vie. Chez les humains, prendre efficacement sa vie en main signifie non seulement assurer notre survie physique mais aussi notre vie sociale et notre vie intellectuelle. (Ces idées dérivent de mon travail avec Antonio Damasio ; pour une lecture féconde, voir Damasio [1999] et Damasio & Carvalho [2013]). Mais où la neurobiologie y intervient-elle ?
Cette conférence s’intitule :
La prédiction dans l’apprentissage
[Prediction in Learning]
https://sites.google.com/view/efratfurst/predictioninlearning
Efrat Furst
« La prédiction est un sujet intriguant puisque elle apparaît comme un élément fondamental de la façon dont nous apprenons, et qu’elle est impliquée dans les formes d'apprentissage de base et supérieures, telles que celles que nous utilisons et développons dans les salles de classe. C'est l'un des sujets sur lesquels je vois de futurs ponts construits entre neurosciences cognitives, psychologie cognitive et éducation. La prédiction n'est pas une stratégie spécifique, mais peut-être, comme la récupération, c'est un processus cognitif dont il est bénéfique d'être conscient si vous enseignez et identifiez les bons endroits où elle peut aider les élèves à apprendre. »
En pensant à la prédiction, de nombreuses questions liées à la classe lui sont venues à l'esprit.
• La prédiction est-elle pratiquement de la divination ?
• Quelle est la valeur d'induire délibérément une prédiction ? N’est-ce pas naturel ?
• Quel est le lien entre la prédiction et les difficultés souhaitables ?
Efrat Furst propose aux enseignant des éléments de réponse….
Arie W. Kruglanski & Anna Sheveland, (2013). Chapter 1 The role of epistemic motivations in knowledge formation, IN, S., Kreitler (ED), Cognition & Motivation, Forging on interdisciplinary perspective, CAMBRIDGE: Cambridge University Press°, 15 - 31.
La formation de connaissances est parmi les activités humaines les plus omniprésentes, et les personnes s’y engagent continument en tant qu’individus et en tant que membres d’un groupe. Les connaissances individuelles sont indispensables à l’intelligibilité de l’action ; les connaissances collectives le sont au progrès humain. Au fur et à mesure de leurs avancées, elles se bâtissent sur les visions antérieures et elles n’ont de cesse de s’améliorer. Dans ce chapitre, nous définissons les connaissances humaines de façon subjective (et intersubjective) comme des croyances auxquelles les gens souscrivent et les altèrent sous des circonstances appropriées. Bien qu’à tout moment donné les individus puissent être complètement certains de leurs connaissances sur divers sujets, une nouvelle information, ou des opinions contraires issues de sources fiables, pourraient encore ébranler leur confiance. D’une manière générale, la formation des connaissances contient deux éléments : l’élément cognitif qui constitue le « grain » du processus épistémique, et l’élément motivationnel, le « moulin » qui, pour filer la métaphore, transforme le gain. L’élément cognitif représente le fait que les nouvelles connaissances se construisent à partir des blocs de connaissances antérieures et en cours : les nouvelles constituent des conclusions basées sur des données probantes, et de telles conclusions dérivent de connaissances antérieures par déduction. Plus spécifiquement, les connaissances nouvelles sont véhiculées par des règles d’inférence lorsqu’elles sont instanciées par des faits confirmés. Les règles constituent des connaissances antérieures auxquelles l’individu souscrit ; on peut les voir comme des prémisses majeures préexistantes dans un syllogisme (voir Kruglanski, 1989 ; Kruglanski et al., 2010 ; Kruglanski et al., 2007). Les deux éléments constituent des types préexistant de connaissances auxquels les individus peuvent souscrire, à savoir la croyance que si X est le cas alors Y suit, et que X est en fait le cas. C’est dans ce sens alors que toutes le connaissances nouvelles sont constituées à partir des blocs de constructions (cognitives) de connaissances antérieures. Le nombre de règles d’inférence, à partir duquel une unité donné de connaissance se construit, peut varier. Par exemple, chacune de ces règles peut associer l’apparition d’un comportement spécifique à un trait de personnalité donné, et le nombre de comportements pertinents que le connaisseur peut envisager peut être petit ou grand. Ainsi, en se formant une impression (connaissance) sur l’attitude amicale d'un individu, un connaisseur donné pourrait envisager des situations dans lesquelles la personne cible a offert de l'aide, a recherché une interaction sociale, a pardonné une insulte et a fait apprécier des commentaires sur la performance d'un collègue. Un autre appréciateur pourrait ne considérer qu’un sous ensemble de ces comportements pour se former une impression sur la cible. Les implications de chacun d’eux vis-à-vis des traits en question pourraient dessiner et s’intégrer dans une impression globale. Tout ceci requière temps et effort. C’est ici que l’élément motivationnel devient pertinent. On a discuté de façon étendue de sa fonction sous le label de motivation épistémique (Kruglanski, 1989, 1996, 2004). ....
Une Monographie
Jérôme Alain Lapasset
Cette monographie a été préparée pour la formation d’une équipe de réhabilitation psychiatrique. Son objectif est de collecter les données récentes sur les symptômes négatifs du groupe des schizophrénies, utiles à garder à l’esprit dans la pratique de la vie quotidienne.
Plusieurs points sont développés :
1. Nature et place de la symptomatologie négative dans l’organisation schizophrénique, tentative de couvrir la large diversité des troubles qui la caractérise ;
2. L’auteur essaie de présenter les approches neurologique et neuropsychologique de la schizophrénie, un état des connaissances sur les facteurs déclencheurs et de maintien ;
3. Des liens se dessine entre réactions psychologiques et traitement de l’information en regard du modèle vulnérabilité-stress ;
4. Des procédures de traitement prometteuses et les implications des symptômes négatifs sont délimitées, soulignant des façons de développer des stratégies de maîtrise de la négativité.
Mots-clefs : Schizophrénie, Symptômes négatifs, neuropsychologie cognitive, troubles psychomoteurs, réhabilitation
Glance over Negative symptoms of Schizophrenia:
A monograph
Jérôme Alain Lapasset
This monograph was prepared for psychiatric rehabilitation team training. Its aim is to collect the most recent data about schizophrenic group’s negative symptoms, useful to bear in mind along daily living practice.
Several Points are developed:
1. Nature and place of negative symptomatology in schizophrenic organisation; attempting to encompass the wide variety of disorders included in;
2. The author tries to introduce the neurological and neuropsychological approaches of schizophrenia; a state of knowledge about causing and maintaining factors;
3. Links between psychological reactions and information processing are drawn up in regards of the stress-vulnerability model;
4. Promising treatment procedures of and clinical implications of negative symptoms are delineated, highlighting ways of developing coping strategies of the negativity.
Key words : Schizophrenia, Negative Symptoms, Cognitive Neuropsychology, Psychomotor Disorders, Rehabilitation
« L'oeil de la science ne prouve pas « une chose », un événement isolé des autres choses ou événements. Son objet réel est de voir et de comprendre la façon par laquelle une chose ou un événement se rapporte aux autres choses ou événements. […] Plus nous isolons de relations importantes au cours de notre description, plus proche nous sommes de l'essence de l'objet, d'une compréhension de ses qualités et des règles de son existence."
Le CRT est un outil extrêmement flexible, l’approche biopsychosociale permet de faire la balance besoin-coûts-bénéfices. Suivant le degré d’altération ou de manque de développement des fonctions exécutives, théoriquement estimé correctement par des neuropsychologues qui ne se contentent pas de traiter les fonctions exécutives d’un point de vue de psychosociologie des organisations du travail comme c’est envisagé dans les entreprises. Le contexte est important et permet de s’appuyer sur la définition d’objectifs réaliste et réalisable….
Je le souligne parce que s’est une confusion contextuelle et conceptuelle présente chez beaucoup d’individus, pas uniquement chez les neuropsychologues ;
Le nombre de séances qui a été donné est indicatif pour les schizophrènes et les TSA. : Ces derniers présentent une condition qui n’a rien à voir avec d’autres troubles des apprentissages, il s’agit même d’un trouble que l’on qualifie de durable…. La rigidité adaptative, le besoin d’immuabilité des personnes TSA sont légendaires,
Le nombre de séances doit être conséquent parce que les défauts (repérés par tractographie de diffusion en moyenne) de connexions neuronales distales par rapport aux proximales et antéro-postérieures par rapport aux latérales, requièrent du temps pour parvenir à mobiliser une plasticité cérébrale qui est vraisemblablement moins active…
Il s'agit d'un programme modulaire qui s'inspire à la fois des programme de Réhabilitation psychosociale de R. P. Liberman et l'IPT de Hans Brenner & Rodel.
Il articule explicitement (dans la dynamique d'élaboration et de mise en œuvre) les Fonctions Exécutives (froides et chaudes), la cognition sociale, la métacognition, et l'apprentissage des habiletés sociales....
Il s'agit de favoriser une certaine cohérence centrale dans l'élaboration de soi ; le sentiment d’efficacité personnel de l’enfant ou de l’adolescent
(L’attente (ou croyances) d’efficacité + L’attente de résultat, Bandura*, 3ième éd., 2019) ; de favoriser un sens de l’agentivité ; de transmettre des habiletés d’autocontrôle (y compris de régulation émotionnelle) ; tout en affinant le répertoire pro-social comportemental et
cognitif propre à chaque participant ; Favoriser l’émergence d’un esprit critique, constructif et collaboratif.
"Il faut cultiver sa différence et vivre la communauté". André Malraux
« J'aurais tendance à dire que la normalité n'est pas le summum de ce qui peut s'atteindre. » Anne-Claire Damaggio, 20 II 2012
L'important est entre les lignes puisqu'il déploie une logique des systèmes dynamiques en lien avec la démarche thérapeutique à l'aide de quelques modélisations.... cette conférence est complémentaire de l'Introduction théorico-pratiqueLa modélisation : à quoi ça sert ? du 9 septembre 2021
We present the Social Skills Training program for pre-teens and teens with neurodevelopmental disorder/Autism Spectrum Disorder .... "Being Humanly Self".
Presentamos el programa de Entrenamiento en Habilidades Sociales para preadolescentes y adolescentes Trastorno del NeuroDesarrollo/Trastorno del Espectro Autista ....
"Ser humanamente uno mismo"
La Structure du plan est :
I- L’AUTISME :
Généralités (les 2 dimensions, aspects développementaux particuliers)
Fonctionnement cognitif (Cognition Sociale, FE)
II- CRT (Thérapie par remédiation cognitive)
Généralités
Le Programme (principe, moyen, matériel et méthode)
III- APPORTS DU PSYCHOMOTRICIEN EN THERAPIE
IV- De la singularité à la communauté
Une telle approche se centre sur l'action du sujet. Elle cherche les causes et les moyens de remédier aux perturbations perceptives, praxiques ou gnosiques (Albaret, 1991) et aux altérations du traitement de l'information qui y sont liées (Rebelle, 1994; Rebelle & Lapasset, 1994).
Le psychomotricien évalue donc dans un premier temps, la demande et les attentes du patient, ses capacités et ses carences par un examen complet. L'analyse fonctionnelle du trouble prend en compte les aspects socio-cognitifs (Beauvois,Bromberg, et col., 1990), ceux du sentiment d'efficacité personnelle, les types D'attribution (de causalité, de signification, émotionnelle) aux évènements contemporains de l'actualisation du trouble (Lapasset & Franc, 1993a, 1993b).
Ce kit présente les contenus suivants :
Goodall, E. (2016). Intéroception 101 - Guide d’activités, Department for Education, South Australia.
Lean, C., Leslie, M., Goodall, E., McCauley, M., & Heays, D. (2019). Intéroception 201 Guide d’activités, Department for Education, South
Australia • Department for Education Interoception resources.
Traduction et adaptation française J. A. Lapasset
ISBN 978-2-8073-3313-0
Il existe plusieurs approches et techniques pour tenter d’y remédier : de type crayon- papier, informatisé ou combiné (Majerus, 2018 ; Demily, C., et al., 2016 ; Grynspan, 2012)2 ; ou multimodale, (Bizet et Moya de la Rosa, 2018 ; Doyen, C., Contejean, Y., Risler, V., et al., 2015) qui ciblent ces difficultés et proposent de remédier aux troubles cognitifs de l’enfant ou de l’adulte (rééducation cognitive, Seguin, Habib et al., 2018 ; Roy, Guillery-Girard et al., 2017 ; Franck, 2012).
Outre les approches psychomotrices modernes ou ergothérapiques (Madieu & Swiatek, 2018 ; Lefebvre, 2018) qui par des activités ludiques peuvent contribuer à cibler certaines des fonctions exécutives, celles de la remédiation cognitive (RC) s’envisagent dans le contexte plus large de la réhabilitation3, et en particulier psychosociale4. Même si le concept de réhabilitation ne semble pas « adapté à la situation de l’enfant avec des troubles du neurodéveloppement, celui-ci se développant d’emblée avec des dysfonctionnements cognitifs » (Peyroux et Seguin, 2018, p. 149)5, la considération bio-psycho-sociale de l’enfant ou de l’adolescent, avec un TSA, dans un service de pédopsychiatrie tel que le nôtre, doit permettre au sujet à la fois de développer son fonctionnement cognitif par une rééducation adaptée mais également de l’intégrer dans son économie de vie, en lien avec sa famille et les différents milieux où il séjourne (Seguin, 2018 ; Lapasset, Gravil & Cézanne-Bert, G., 2013, non publié). Ceci demande souvent des adaptations réciproques, en accord avec les recommandations de l’HAS.
Nous nous proposons donc de présenter un programme particulier appelé CRT (pour Cognitive Remediation Therapy, en français Thérapie par Remédiation Cognitive6) et de faire apparaître l’apport du psychomotricien, dûment formé, dans sa mise en œuvre. Pouvoir y associer des compétences supplémentaires et en collaboration avec les
autres membres de l’équipe (neuropsychologues, infirmiers, assistante sociale et médecins) est un facteur d’optimisation de ce soin.
Nous tenterons de montrer les aspects cliniques et les effets de validation externe de ce programme qu’anime un psychomotricien, suivant une approche multimodale en remédiation cognitive des enfants et adolescents avec un TSA, au sein de l’Unité Socio- Cognition (USC) du pôle de pédopsychiatrie du C. H. Le Vinatier.
Considérer la nature neuro-développementale, déterminante tout au long de la vie, en approfondissant la connaissance des réalités cliniques des TSA, permet de mieux appréhender la notion de trajectoires de développement (forces et faiblesses, Speranza & Valeri, 2010). Mais surtout, il s’agit d’envisager les moyens concrets d’aider les personnes dans cette condition (Sokol, et al., 2010) en s’appuyant sur leurs atouts Mottron, 2016).
Ces trajectoires sont à considérer dans le cadre des interactions du sujet avec le milieu ou contexte, familial et social (notamment scolaire, Aubineau, et al., 2017 ; Aubineau, 2017 ; Lancelot, 2017) pour leur permettre de trouver une réalisation personnelle satisfaisante pour eux, leurs proches, dans l’univers social qui est le leur.
Ceci pose clairement le problème du développement psycho (cognitif et affectif), perceptivomoteur, et neuropsychologique (Gillet & Bonnet-Brilhault, 2018 ; Gillet & Barthélémy, 2011 ; Gillet, 2013 ; Fernyhough, 2010) de l’enfant avec un TSA, son mode de socialisation avec un développement sociocognitif et émotionnel particulier (cf. Chapitre n°…, Plumet ; Plumet 2018, 2014). C’est pourquoi, il nous semble essentiel de montrer comment s’articulent fonctions exécutives, cognitions sociales et métacognition dans notre modèle d’entrainement aux habiletés sociales en direction de jeunes avec un TSA.
Considérer la nature neuro-développementale, déterminante tout au long de la vie, en approfondissant la connaissance des réalités cliniques des TSA, permet de mieux appréhender la notion de trajectoires de développement (forces et faiblesses, Speranza & Valeri, 2010). Mais surtout, il s’agit d’envisager les moyens concrets d’aider les personnes dans cette condition (Sokol, et al., 2010) en s’appuyant sur leurs atouts Mottron, 2016).
Ces trajectoires sont à considérer dans le cadre des interactions du sujet avec le milieu ou contexte, familial et social (notamment scolaire, Aubineau, et al., 2017 ; Aubineau, 2017 ; Lancelot, 2017) pour leur permettre de trouver une réalisation personnelle satisfaisante pour eux, leurs proches, dans l’univers social qui est le leur.
Ceci pose clairement le problème du développement psycho (cognitif et affectif), perceptivomoteur, et neuropsychologique (Gillet & Bonnet-Brilhault, 2018 ; Gillet & Barthélémy, 2011 ; Gillet, 2013 ; Fernyhough, 2010) de l’enfant avec un TSA, son mode de socialisation avec un développement sociocognitif et émotionnel particulier (cf. Chapitre n°…, Plumet ; Plumet 2018, 2014). C’est pourquoi, il nous semble essentiel de montrer comment s’articulent fonctions exécutives, cognitions sociales et métacognition dans notre modèle d’entrainement aux habiletés sociales en direction de jeunes avec un TSA.
Il existe plusieurs approches et techniques pour tenter d’y remédier : de type crayon- papier, informatisé ou combiné (Majerus, 2018 ; Demily, C., et al., 2016 ; Grynspan, 2012)2 ; ou multimodale, (Bizet et Moya de la Rosa, 2018 ; Doyen, C., Contejean, Y., Risler, V., et al., 2015) qui ciblent ces difficultés et proposent de remédier aux troubles cognitifs de l’enfant ou de l’adulte (rééducation cognitive, Seguin, Habib et al., 2018 ; Roy, Guillery-Girard et al., 2017 ; Franck, 2012).
Outre les approches psychomotrices modernes ou ergothérapiques (Madieu & Swiatek, 2018 ; Lefebvre, 2018) qui par des activités ludiques peuvent contribuer à cibler certaines des fonctions exécutives, celles de la remédiation cognitive (RC) s’envisagent dans le contexte plus large de la réhabilitation3, et en particulier psychosociale4. Même si le concept de réhabilitation ne semble pas « adapté à la situation de l’enfant avec des troubles du neurodéveloppement, celui-ci se développant d’emblée avec des dysfonctionnements cognitifs » (Peyroux et Seguin, 2018, p. 149)5, la considération bio-psycho-sociale de l’enfant ou de l’adolescent, avec un TSA, dans un service de pédopsychiatrie tel que le nôtre, doit permettre au sujet à la fois de développer son fonctionnement cognitif par une rééducation adaptée mais également de l’intégrer dans son économie de vie, en lien avec sa famille et les différents milieux où il séjourne (Seguin, 2018 ; Lapasset, Gravil & Cézanne-Bert, G., 2013, non publié). Ceci demande souvent des adaptations réciproques, en accord avec les recommandations de l’HAS.
Nous nous proposons donc de présenter un programme particulier appelé CRT (pour Cognitive Remediation Therapy, en français Thérapie par Remédiation Cognitive6) et de faire apparaître l’apport du psychomotricien, dûment formé, dans sa mise en œuvre. Pouvoir y associer des compétences supplémentaires et en collaboration avec les autres membres de l’équipe (neuropsychologues, infirmiers, assistante sociale et médecins) est un facteur d’optimisation de ce soin.
Nous tenterons de montrer les aspects cliniques et les effets de validation externe de ce programme qu’anime un psychomotricien, suivant une approche multimodale en remédiation cognitive des enfants et adolescents avec un TSA, au sein de l’Unité Socio- Cognition (USC) du pôle de pédopsychiatrie du C. H. Le Vinatier.