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Rencontres du PHI (Université Libre de Bruxelles)
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Edited Books by Camille Chamois
L'Homme, 2023
Ce numéro de L’Homme propose de renouer le dialogue interdisciplinaire entre l’histoire et l’anth... more Ce numéro de L’Homme propose de renouer le dialogue interdisciplinaire entre l’histoire et l’anthropologie à partir de la notion de « sensibilité » entendue au sens large : celle-ci regroupe ainsi les divers sens extéroceptifs et intéroceptifs (ouïe et odorat, mais aussi kinesthésie et proprioception) ; les émotions, et tout le travail de régulation dont elles sont l’objet ; ainsi que les sentiments qui irriguent aussi bien les structures de parenté que les élans patriotiques, mais répondent aussi à une logique propre (culpabilité, nostalgie, acédie, etc.).
Le terme de « perspectivisme » a récemment fait l’objet d’un réinvestissement théorique massif da... more Le terme de « perspectivisme » a récemment fait l’objet d’un réinvestissement théorique massif dans le champ de la philosophie ainsi que dans divers sous-champs des sciences humaines. Cependant, il n’est pas sûr que la notion y ait gagné en précision : au contraire, il semble qu’un simple effet d’homonymie lie désormais entre elles les différentes théories qui revendiquent cette appellation – ce qui obscurcit profondément la portée des débats qui portent sur cette question et animent depuis une vingtaine d’années la pensée contemporaine. Cet ouvrage propose une synthèse de ces questions qui à la fois présente l’état des discussions en la matière et clarifie les enjeux conceptuels qui les sous-tendent. Les différentes contributions cherchent ainsi à rendre compte de divers systèmes métaphysiques, dans l’histoire de la philosophie continentale ou analytique, afin de clarifier le sens qu’y endossent les notions de « perspective » et de « point de vue ».
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Cet ouvrage invite à une lecture critique de la philosophie de Gilles Deleuze en reconstituant le... more Cet ouvrage invite à une lecture critique de la philosophie de Gilles Deleuze en reconstituant le système perspectiviste qui le sous-tend. La thèse qui est défendue est qu'on ne peut comprendre le « perspectivisme » deleuzien qu'au regard de sa théorie de la « structure Autrui », c'est-à-dire de son analyse des interactions avec l'autre. C'est le cas des premiers écrits de Deleuze, marqués par l'influence de Sartre et de Ferdinand Alquié, jusqu'à des textes plus tardifs, coécrits avec Félix Guattari. Chaque fois, l'autre est défini comme « l'expression d'un monde possible », c'est-à-dire comme celui qui perçoit ce que je ne perçois pas moi-même. C'est ce qui justifie une redéfinition d'autrui en termes de « disjonction de perspectives » ou de « perspective alternative ». Afin d'évaluer l'intérêt d'une telle redéfinition, l'auteur présente d'abord le système perspectiviste deleuzien à partir de la théorie de la « structure Autrui » qui le sous-tend. Puis il évalue les apports théoriques de ce modèle-que ce soit par rapport à un certain nombre de références canoniques ou en discutant les principaux commentateurs du corpus deleuzien, dans le champ francophone et anglosaxon. Enfin, il articule la théorie deleuzienne aux différentes approches contemporaines qui se revendiquent de la notion de « perspectivisme » pour en indiquer à la fois les points de contact et d'incompatibilité.
Paris, PUF, coll. "MétaphysiqueS", 2018
La scène philosophique connaît depuis quelques années une ruée vers le réel, dont témoigne un ret... more La scène philosophique connaît depuis quelques années une ruée vers le réel, dont témoigne un retour massif à certaines positions de type réaliste. Les formes de ce réalisme sont diverses : épistémologique, moral, spéculatif… Mais qui sont les vrais réalistes ? De quelle idée du réel se réclament-ils ? Et que reste-t-il de l'idéalisme sous la profusion des vocables (constructivisme, perspectivisme, relativisme…) ? Une quarantaine de philosophes livrent ici leur diagnostic, sous la forme d'un vaste état des lieux de la métaphysique contemporaine. La discussion tourne pour partie autour d'une notion maudite, associée à Kant : la « chose en soi », dont le spectre continue de hanter la philosophie. Comment parler des choses elles-mêmes, indépendamment de ce qu'elles sont pour nous ? Comment aborder la réalité dans ce qu'elle a d'irréductible, sinon d'absolu ? Tout existe-t-il au même titre, comme le proclament les nouvelles ontologies « plates » ? Outre quelques drôles de pensées, on croisera au fil de ces questions une multitude d'objets, grands ou petits : la Vérité, le Monde et Dieu, mais aussi la Terre, le jaguar, et même la « table en soi ».
L’organisation contemporaine du savoir est telle que la notion d’humanité y joue une position rel... more L’organisation contemporaine du savoir est telle que la notion d’humanité y joue une position relativement ambiguë. D’un côté, le développement des sciences de l’homme depuis le milieu du xixe siècle, fait de l’humanité un domaine épistémologique de premier ordre. D’un autre côté, les notions de « nature humaine », d’« humanité » voire d’« humanisme » font régulièrement l’objet d’attaques frontales : en témoignent les différentes formes de morale ou de politique « antihumaniste », le constat philosophique de la « mort de l’homme » ou l’annonce d’une ère historique « post- ou transhumaniste ». Or, ces différentes acceptions de la notion d’humanité ne se superposent pas. Le groupe de recherche « L’humain impensé » cherche à clarifier la nature des débats contemporains autour de cette notion. Les différentes contributions présentées dans cet ouvrage participent à cet effort, en interrogeant l’humain aux prismes des questions de la philosophie, du langage, de l’art, et de la technologie.
Sommaire
Introduction : expérience humaine et sciences de l’homme
Camille Chamois
Présentation de l’ouvrage et résumé des chapitres
Anne Alombert et Camille Chamois
Le statut de l’humain dans le discours philosophique
L’humain et la philosophie
Jean-Michel Salanskis
Déconstruction et transformation de la question
du « propre de l’homme ». Derrida et Simondon
face au problème de la différence anthropologique
Anne Alombert
La réalité en perspective. Le réalisme comme critère
de la différence anthropologique
Camille Chamois
Humain, trans-humain et post-humain
Cybernétique et Transhumanisme chez Norbert Wiener
Benjamin Norguet
Compagnonnages trans-espèces et post-humanismes
dans un monde sans gravité
Ségolène Guinard
La langue, le langage et l’humain
Herméneutique et rationalités
Christian Berner
Langage, logique et rationalités
Manuel Rebuschi
Dé-marque et pro-nomination : pour une autre
phénoménologie de la languécriture
Katy Barasc
Art, humanité et inhumanité
Humanité et inhumanité de l’homme
Anna Szyjkowska-Piotrowska
My/is(t)ère de la sensibilité. Lyotard et la force
de l’inhumain
Monika Murawska
Le jeu : entre art, humain, inhumain
Alice Koubová
Revue Philosophie, 2023
Ce numéro spécial de Philosophie comporte un dossier consacré à la réédition et au commentaire du... more Ce numéro spécial de Philosophie comporte un dossier consacré à la réédition et au commentaire du seul véritable écrit philosophique de Michel Tournier, « L’Impersonnalisme », publié en 1946 dans la revue Espace et vite devenu inaccessible.
Si son œuvre de fiction est internationalement reconnue et a fait l’objet de nombreux travaux, on ne connaît guère la passion de Tournier pour la métaphysique, ni le contenu de sa philosophie, qui est pourtant la « base cachée » de son œuvre littéraire, notamment de Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967). On ignore aussi que Tournier fit découvrir la philosophie au jeune Deleuze, qui avouera lui être redevable de « beaucoup en philosophie ». En republiant « L’Impersonnalisme », il s’agit de faire revivre une entreprise philosophique singulière qui est aussi le manifeste d’un groupe de jeunes intellectuels, admirateurs de Sartre mais profondément déçus par la célèbre conférence d’octobre 1945, « L’existentialisme est un humanisme ».
Car c’est leur réponse spéculative que met en système « L’Impersonnalisme » : Michel Tournier y élabore une philosophie tournée vers le monde objectif, impersonnel et inhumain, faisant jouer Sartre contre lui-même et poussant la phénoménologie vers son dehors. Les thèses en sont particulièrement originales : Tournier identifie la conscience et l’objet, et fonde un « idéalisme objectif » ; il ressaisit autrui en deçà de toute relation intersubjective, le définissant comme « expression d’un monde possible » ; mobilisant un cartésianisme à la fois étrange et familier, il décrit l’émergence du cogito dans un monde qui ne le présuppose pas ; il esquisse enfin le processus par lequel la connaissance objective n’existe et ne progresse que par la disgrâce de l’erreur.
Les articles qui accompagnent cette réédition de « L’Impersonnalisme » ont plusieurs fins : analyser un essai qui, malgré son format réduit, forme un authentique « système du monde » ; éclairer le contexte historique, idéologique et doctrinal de l’après-guerre où il prend forme ; étudier la relation complexe qui lie « L’Impersonnalisme » à Vendredi ou les Limbes du Pacifique – les méditations de Robinson étant, pour une large part, une résurgence de l’article publié vingt ans plus tôt –, mais aussi à l’interprétation deleuzienne du roman.
Devenu à partir de 1967 un « contrebandier de la philosophie », Michel Tournier sera toujours resté fidèle à une certaine idée de l’effort théorique, formée pendant sa jeunesse : « La philosophie, c’est Spinoza, Kant et Hegel. La philosophie est une construction impersonnelle. »
Thesis Chapters by Camille Chamois
Un autre monde possible. Gilles Deleuze face aux perspectivismes contemporains, 2022
Introduction générale Le perspectivisme, entre philosophie et sciences sociales Le concept de « p... more Introduction générale Le perspectivisme, entre philosophie et sciences sociales Le concept de « perspectivisme » a récemment fait l'objet d'un réinvestissement théorique massif dans le champ de la philosophie comme dans celui de l'anthropologie. Dans les deux cas, la référence à la philosophie deleuzienne est régulièrement mobilisée. Cependant, le sens même de ce qu'on peut entendre par « perspectivisme » dans la philosophie de Gilles Deleuze demeure largement sousdéterminé : que désigne la notion exactement ? La notion de « perspective » implique-t-elle une théorie de l'espace visuel particulière ? Quel est l'opérateur relationnel (convergence, connexion, etc.) qui met les perspectives en relation ? Quelle différence établir avec les concepts d'« intentionnalité » ou de « corrélation » ? Quelle est la portée heuristique du modèle perspectiviste ? Le but de cet ouvrage est de proposer une relecture critique de la philosophie de Deleuze en reconstituant le système perspectiviste qui le sous-tend afin d'en discuter les apports conceptuels. Pour ce faire, nous avancerons l'hypothèse selon laquelle on ne peut comprendre la théorie deleuzienne de la perspective (ou du point de vue) qu'en regard de son analyse de la « structure Autrui » ou des interactions avec l'autre, Deleuze définissant Autrui comme « l'expression d'un monde possible ». Autrui, c'est donc cet autre monde possible que le présent ouvrage tentera de décrire. Une métaphysique cannibale : quelle est la portée spéculative du perspectivisme ? La notion de « perspectivisme » est en effet redevenue un enjeu de discussions intenses : en témoigne le nombre considérable de publications scientifiques qui abordent cette notion, que ce soit en épistémologie des sciences, en phénoménologie,
Papers by Camille Chamois
Multitudes, 2023
According to Félix Guattari, in the twentieth century, material systems of constraint were gradua... more According to Félix Guattari, in the twentieth century, material systems of constraint were gradually replaced by "perceptual shaping systems" both gentler and deeper. The aim of this article is to analyze this theory of perceptual learning and its socio-political issues. We then focus on the perception of faces and highlight different biases notably racist, identified by Guattari. Our hypothesis is that an in-depth study of perceptual learning would reveal an unnoticed dimension of Guattari's thought.
Selon Félix Guattari les systèmes de coercition matériels sont progressivement remplacés au XXe siècle par des techniques de « modelage des systèmes perceptifs », à la fois plus douces et plus profondes. Le but de cet article est de rendre compte de cette théorie de la socialisation de la perception et des enjeux socio-politiques qui l’entourent. Pour ce faire, nous nous focalisons sur la perception du visage d’autrui en soulignant l’ensemble des biais perceptifs (notamment racistes) identifiés par Guattari. Nous faisons alors l’hypothèse qu’une étude approfondie des modalités d’apprentissage perceptif permet d’actualiser une dimension souvent inaperçue de la pensée de Guattari.
Cet article est consacré à l'analyse d'un recueil d'articles publié par Gilles Deleuze en 1953 so... more Cet article est consacré à l'analyse d'un recueil d'articles publié par Gilles Deleuze en 1953 sous la direction de Georges Canguilhem. Ce recueil, très peu lu et commenté, éclaire cependant la trajectoire intellectuelle de son auteur en soulignant les hésitations théoriques qui furent les siennes. Nous montrons en effet que Deleuze a alors esquissé un projet « psycho-sociologique » ambitieux qu'il n'a cependant jamais totalement actualisé mais qui n'a cessé de travailler son oeuvre. Pour ce faire, nous reconstitutions l'ensemble du sous-texte psychologique et éthologique constitué par Deleuze, en tentant de suivre ses sources exactes de première ou de seconde main ; nous mettons ainsi en évidence de réelles prises de position théoriques souvent inaperçues dans son oeuvre (vis-à-vis de Bergson, Uexküll et la gestaltpsychologie notamment). Nous faisons alors l'hypothèse que ce sont les difficultés liées à la théorie de la perception qui conduisent Deleuze à se détourner de ce projet esquissé dans les années 1950 afin de se consacrer à des problématiques d'ordre plus spécifiquement ontologique. Nous montrons cependant que ces difficultés persistent tout au long des ouvrages deleuziens où les notions de « signe » et de « sémiotique » viennent à la fois recouvrir et éviter les problèmes spécifiquement perceptifs.
Objets vivants, 2023
Dans le champ de la métaphysique contemporaine, d’obédience continentale ou analytique, les derni... more Dans le champ de la métaphysique contemporaine, d’obédience continentale ou analytique, les dernières décennies ont vu se multiplier les modèles dits perspectivistes, panpsychistes, panprotopsychiques ou panexpérientialistes. Ces modèles ont en commun d’élaborer un concept d’intentionnalité qui s’applique aux humains mais également, et plus largement, à l’ensemble des animaux, des végétaux et des minéraux. Il s’agit, en somme, de « faire de tout être une subjectivité », que cet être soit vivant ou non. Cependant, ces stratégies ne sont pas sans équivoque. En effet, en définissant un concept de perspective ou de psyché suffisamment large pour être indifféremment appliqué à un être humain, une araignée ou une table de jardin, ne risque-t-on pas de perdre ce qui fait justement la spécificité de ces différents modes d’existence ? Que gagne-t-on, concrètement, à développer des métaphysiques explicitement non-vitalistes ? Le but de cet article est d’apporter quelques éléments de réponse à ces problèmes. Pour ce faire, nous proposons de distinguer, parmi les métaphysiques contemporaines, trois problématiques hétérogènes afin d’examiner dans chaque cas le rôle que joue la catégorie de « vivant ».
Philosophie, 2023
This paper by Camille Chamois examines the role played by the notion of “impersonal” in Michel To... more This paper by Camille Chamois examines the role played by the notion of “impersonal” in Michel Tournier’s work. The notion is present in the title of the article “L’Impersonnalisme”; however, it is absent from the text itself. We show that Tournier’s article can be compared with three corpuses: the analysis of the “impersonal consciousness” in psychology at the beginning of the 20th century; the Sartrean theory of an “impersonal field of consciousness”; and the Deleuzian theory of a “field of experience”.
Dialogue, 2022
Dans Naissance de la clinique, Michel Foucault développe une théorie de la socialisation de la pe... more Dans Naissance de la clinique, Michel Foucault développe une théorie de la socialisation de la perception sous le nom d’« archéologie du regard médical ». Selon ce modèle, le regard quotidien est conditionné par un code perceptif qui détermine à la fois les traits dignes d'attention et le sens qu'il faut leur attribuer — ce que Foucault nomme des « régimes de visibilité ». Foucault pense ainsi la structuration sociale de l'expérience perceptive comme le produit d'un a priori historique dont il tente de dessiner les contours. Le but de cet article est de décrire les intérêts et les difficultés d'un tel projet. Nous montrerons notamment que Foucault ne développe aucune réelle théorie de la perception, ce qui fragilise son modèle de deux manières : au niveau théorique, d'abord, celui-ci laisse de côté la question de la transformation du code perceptif mis en évidence ; au niveau empirique, ensuite, il n'est pas en mesure de rendre compte des ethnographies contemporaines de la pratique médicale.
L'Homme, 2022
Lorsqu'elle revient sur ses analyses de la sorcellerie, et plus précisément sur les pratiques d'u... more Lorsqu'elle revient sur ses analyses de la sorcellerie, et plus précisément sur les pratiques d'un groupe néopaïen wiccan au Royaume-Uni dans les années 1980, Tanya M. Luhrmann écrit : « J'ai appris que celles et ceux qui pratiquent la magie étaient traversés par des événements phénoménaux différents […]. Par "phénoménal", j'entends que leur expérience immédiate et leur ressenti sensoriel se modifiaient […]. Certes, ces personnes acquéraient tout un ensemble de schèmes mentaux, mais si ces schèmes avaient plus de sens pour elles, c'était parce que leur monde était devenu différent. Déméter et Hécate ne leur apparaissaient pas seulement dans les livres : elles rencontraient des dieux dans leurs rêves, dans des visualisations et des rituels et recherchaient leur présence ».
Ateliers d'anthropologie, 2022
Certains philosophes de l'art ont avancé un argument sociohistorique concernant le statut de l'ar... more Certains philosophes de l'art ont avancé un argument sociohistorique concernant le statut de l'artiste en Occident : selon eux, la société occidentale a créé une catégorie socioprofessionnelle (l’artiste) dont la fonction est, d’une part, de se soumettre à des « techniques de soi » afin de percevoir ce qui demeure invisible « à l’œil nu » et, d’autre part, de créer des œuvres qui permettent au public d’entrevoir cet invisible sans avoir à se soumettre lui-même aux techniques de soi en question. C’est cette intuition que je propose de développer dans les pages qui suivent : à titre d’hypothèse, j’invite à relire les ethnographies présentes dans ce numéro, dirigé par Grégory Delaplace, à travers le prisme de la « division du travail » — et donc à parler de « division du travail perceptif ».
Dictionnaire des anthropologies, 2022
Parler d’une « anthropologie » de Gilles Deleuze peut sembler en un sens paradoxal. Certes, les d... more Parler d’une « anthropologie » de Gilles Deleuze peut sembler en un sens paradoxal. Certes, les deux tomes de Capitalisme et schizophrénie accordent une place fondamentale à l’anthropologie sociale ; cependant, ces travaux ne sont pas ressaisis par un discours général sur les grandes caractéristiques de l’humanité – qu’on pourrait donc nommer « anthropologie ». Au contraire, Deleuze ne cesse de rejeter toute forme de théorie anthropologique et considère les références à l’homme ou à l’humain comme un carcan dont il faut se débarrasser – mettant plutôt en avant le « chaos » de l’« inhumanité » où puiseraient indifféremment la vie affective, l’art ou la philosophie. Reste que de telles notions ne peuvent trouver leur sens que par rapport à une théorie de l’« humain » qui demeure implicite chez Deleuze et qu’il est ainsi nécessaire de reconstituer. Nous allons donc d’abord préciser les contours de l’anthropologie positive de Deleuze, avant d’expliquer en quel sens elle conduit à une critique de la forme « Homme » et à une valorisation de l’inhumanité. Nous nous appuierons pour ce faire sur le motif de la « visagéité » qui permet de prendre la mesure des intérêts et des difficultés de la théorie deleuzienne.
Dictionnaire des anthropologies, 2022
L’anthropologie de Pierre Bourdieu est une anthropologie sociale – c’est-à-dire qu’elle étudie le... more L’anthropologie de Pierre Bourdieu est une anthropologie sociale – c’est-à-dire qu’elle étudie les hommes en société à travers leurs relations –, essentiellement focalisée sur les groupes sociaux plutôt que sur les individus eux-mêmes – dans la mesure où elle fait grand cas des régularités statistiques et de la position des acteurs au sein de l’espace social –, mais dont certains concepts explicatifs renvoient à la dimension psychosociale de l’activité pratique – et résonne plutôt avec certains développements contemporains de la sociologie psychologique ou de l’anthropologie cognitive. Il en résulte un modèle général qui n’est pas sans tensions ou difficultés : après avoir exposé les grandes coordonnées de l’anthropologie bourdieusienne, nous soulignerons ces difficultés à partir d’un exemple concret selon nous révélateur, à savoir l’usage qu’il fait de la notion de « schème de perception ».
Dialogue, 2021
This article underlines the relevance of Mikel Dufrenne’s early works (published between 1946 and... more This article underlines the relevance of Mikel Dufrenne’s early works (published between 1946 and 1953) for contemporary social sciences. Indeed, Dufrenne was interested in American cultural anthropology, and in Abram Kardiner’s concept of “basic personality” in particular. Dufrenne tested Kardiner’s concept against Kant’s transcendental tradition and the phenomenological theory of Mitsein (the concept of being-with). More importantly, in this article, I demonstrate that Dufrenne’s project raises the psychological question of the historicity of categories of experience.
L'Homme, 2021
Dans cet article, nous discutons la pertinence d’une interprétation psychosociale de la notion de... more Dans cet article, nous discutons la pertinence d’une interprétation psychosociale de la notion de « perspectivisme ». Nous nous focalisons sur l’hypothèse, formulée par Aparecida Vilaça dans le cadre d’un projet dirigé par Tanya Luhrmann, selon laquelle le perspectivisme peut être entendu comme une « théorie de l’esprit locale ». Nous évaluons ainsi l’idée qu’il existerait des variations socioculturelles de la capacité à endosser le point de vue d’autrui (ou perspective-taking). Dans une première partie, nous comparons trois approches distinctes : la définition du perspectivisme comme « métaphysique » développée par Eduardo Viveiros de Castro ; l’approche du perspective-taking entendue comme une capacité universellement partagée dans le cadre de la psychologie cognitive ; la thèse avancée par Shali Wu et Boaz Keysar, pour lesquels il existe un effet de la culture sur la prise de perspective. Dans une seconde partie, nous postulons qu’une redéfinition du perspective-taking comme une compétence socialement structurée (et non comme une métaphysique locale ou une capacité universelle) permet une articulation prometteuse entre psychologie et anthropologie en faisant du perspectivisme un cadre ethnopsychologique global. Nous exemplifions alors cette idée en la confrontant à certains modèles récents dans le champ de l’ethnologie (comme la théorie de l’opacité de l’esprit d’autrui).
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Edited Books by Camille Chamois
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Sommaire
Introduction : expérience humaine et sciences de l’homme
Camille Chamois
Présentation de l’ouvrage et résumé des chapitres
Anne Alombert et Camille Chamois
Le statut de l’humain dans le discours philosophique
L’humain et la philosophie
Jean-Michel Salanskis
Déconstruction et transformation de la question
du « propre de l’homme ». Derrida et Simondon
face au problème de la différence anthropologique
Anne Alombert
La réalité en perspective. Le réalisme comme critère
de la différence anthropologique
Camille Chamois
Humain, trans-humain et post-humain
Cybernétique et Transhumanisme chez Norbert Wiener
Benjamin Norguet
Compagnonnages trans-espèces et post-humanismes
dans un monde sans gravité
Ségolène Guinard
La langue, le langage et l’humain
Herméneutique et rationalités
Christian Berner
Langage, logique et rationalités
Manuel Rebuschi
Dé-marque et pro-nomination : pour une autre
phénoménologie de la languécriture
Katy Barasc
Art, humanité et inhumanité
Humanité et inhumanité de l’homme
Anna Szyjkowska-Piotrowska
My/is(t)ère de la sensibilité. Lyotard et la force
de l’inhumain
Monika Murawska
Le jeu : entre art, humain, inhumain
Alice Koubová
Si son œuvre de fiction est internationalement reconnue et a fait l’objet de nombreux travaux, on ne connaît guère la passion de Tournier pour la métaphysique, ni le contenu de sa philosophie, qui est pourtant la « base cachée » de son œuvre littéraire, notamment de Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967). On ignore aussi que Tournier fit découvrir la philosophie au jeune Deleuze, qui avouera lui être redevable de « beaucoup en philosophie ». En republiant « L’Impersonnalisme », il s’agit de faire revivre une entreprise philosophique singulière qui est aussi le manifeste d’un groupe de jeunes intellectuels, admirateurs de Sartre mais profondément déçus par la célèbre conférence d’octobre 1945, « L’existentialisme est un humanisme ».
Car c’est leur réponse spéculative que met en système « L’Impersonnalisme » : Michel Tournier y élabore une philosophie tournée vers le monde objectif, impersonnel et inhumain, faisant jouer Sartre contre lui-même et poussant la phénoménologie vers son dehors. Les thèses en sont particulièrement originales : Tournier identifie la conscience et l’objet, et fonde un « idéalisme objectif » ; il ressaisit autrui en deçà de toute relation intersubjective, le définissant comme « expression d’un monde possible » ; mobilisant un cartésianisme à la fois étrange et familier, il décrit l’émergence du cogito dans un monde qui ne le présuppose pas ; il esquisse enfin le processus par lequel la connaissance objective n’existe et ne progresse que par la disgrâce de l’erreur.
Les articles qui accompagnent cette réédition de « L’Impersonnalisme » ont plusieurs fins : analyser un essai qui, malgré son format réduit, forme un authentique « système du monde » ; éclairer le contexte historique, idéologique et doctrinal de l’après-guerre où il prend forme ; étudier la relation complexe qui lie « L’Impersonnalisme » à Vendredi ou les Limbes du Pacifique – les méditations de Robinson étant, pour une large part, une résurgence de l’article publié vingt ans plus tôt –, mais aussi à l’interprétation deleuzienne du roman.
Devenu à partir de 1967 un « contrebandier de la philosophie », Michel Tournier sera toujours resté fidèle à une certaine idée de l’effort théorique, formée pendant sa jeunesse : « La philosophie, c’est Spinoza, Kant et Hegel. La philosophie est une construction impersonnelle. »
Thesis Chapters by Camille Chamois
Papers by Camille Chamois
Selon Félix Guattari les systèmes de coercition matériels sont progressivement remplacés au XXe siècle par des techniques de « modelage des systèmes perceptifs », à la fois plus douces et plus profondes. Le but de cet article est de rendre compte de cette théorie de la socialisation de la perception et des enjeux socio-politiques qui l’entourent. Pour ce faire, nous nous focalisons sur la perception du visage d’autrui en soulignant l’ensemble des biais perceptifs (notamment racistes) identifiés par Guattari. Nous faisons alors l’hypothèse qu’une étude approfondie des modalités d’apprentissage perceptif permet d’actualiser une dimension souvent inaperçue de la pensée de Guattari.
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Sommaire
Introduction : expérience humaine et sciences de l’homme
Camille Chamois
Présentation de l’ouvrage et résumé des chapitres
Anne Alombert et Camille Chamois
Le statut de l’humain dans le discours philosophique
L’humain et la philosophie
Jean-Michel Salanskis
Déconstruction et transformation de la question
du « propre de l’homme ». Derrida et Simondon
face au problème de la différence anthropologique
Anne Alombert
La réalité en perspective. Le réalisme comme critère
de la différence anthropologique
Camille Chamois
Humain, trans-humain et post-humain
Cybernétique et Transhumanisme chez Norbert Wiener
Benjamin Norguet
Compagnonnages trans-espèces et post-humanismes
dans un monde sans gravité
Ségolène Guinard
La langue, le langage et l’humain
Herméneutique et rationalités
Christian Berner
Langage, logique et rationalités
Manuel Rebuschi
Dé-marque et pro-nomination : pour une autre
phénoménologie de la languécriture
Katy Barasc
Art, humanité et inhumanité
Humanité et inhumanité de l’homme
Anna Szyjkowska-Piotrowska
My/is(t)ère de la sensibilité. Lyotard et la force
de l’inhumain
Monika Murawska
Le jeu : entre art, humain, inhumain
Alice Koubová
Si son œuvre de fiction est internationalement reconnue et a fait l’objet de nombreux travaux, on ne connaît guère la passion de Tournier pour la métaphysique, ni le contenu de sa philosophie, qui est pourtant la « base cachée » de son œuvre littéraire, notamment de Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967). On ignore aussi que Tournier fit découvrir la philosophie au jeune Deleuze, qui avouera lui être redevable de « beaucoup en philosophie ». En republiant « L’Impersonnalisme », il s’agit de faire revivre une entreprise philosophique singulière qui est aussi le manifeste d’un groupe de jeunes intellectuels, admirateurs de Sartre mais profondément déçus par la célèbre conférence d’octobre 1945, « L’existentialisme est un humanisme ».
Car c’est leur réponse spéculative que met en système « L’Impersonnalisme » : Michel Tournier y élabore une philosophie tournée vers le monde objectif, impersonnel et inhumain, faisant jouer Sartre contre lui-même et poussant la phénoménologie vers son dehors. Les thèses en sont particulièrement originales : Tournier identifie la conscience et l’objet, et fonde un « idéalisme objectif » ; il ressaisit autrui en deçà de toute relation intersubjective, le définissant comme « expression d’un monde possible » ; mobilisant un cartésianisme à la fois étrange et familier, il décrit l’émergence du cogito dans un monde qui ne le présuppose pas ; il esquisse enfin le processus par lequel la connaissance objective n’existe et ne progresse que par la disgrâce de l’erreur.
Les articles qui accompagnent cette réédition de « L’Impersonnalisme » ont plusieurs fins : analyser un essai qui, malgré son format réduit, forme un authentique « système du monde » ; éclairer le contexte historique, idéologique et doctrinal de l’après-guerre où il prend forme ; étudier la relation complexe qui lie « L’Impersonnalisme » à Vendredi ou les Limbes du Pacifique – les méditations de Robinson étant, pour une large part, une résurgence de l’article publié vingt ans plus tôt –, mais aussi à l’interprétation deleuzienne du roman.
Devenu à partir de 1967 un « contrebandier de la philosophie », Michel Tournier sera toujours resté fidèle à une certaine idée de l’effort théorique, formée pendant sa jeunesse : « La philosophie, c’est Spinoza, Kant et Hegel. La philosophie est une construction impersonnelle. »
Selon Félix Guattari les systèmes de coercition matériels sont progressivement remplacés au XXe siècle par des techniques de « modelage des systèmes perceptifs », à la fois plus douces et plus profondes. Le but de cet article est de rendre compte de cette théorie de la socialisation de la perception et des enjeux socio-politiques qui l’entourent. Pour ce faire, nous nous focalisons sur la perception du visage d’autrui en soulignant l’ensemble des biais perceptifs (notamment racistes) identifiés par Guattari. Nous faisons alors l’hypothèse qu’une étude approfondie des modalités d’apprentissage perceptif permet d’actualiser une dimension souvent inaperçue de la pensée de Guattari.
du modèle perspectiviste défendu notamment par l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, d’abord dans le cadre de l’ethnologie amazoniste puis, plus largement,
dans le contexte d’une réflexion philosophique concernant la signification de la notion de « nature », la définition de l’idée de « point de vue » ou la question de l’accès à la réalité.