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2022, Dictionnaire des anthropologies
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L’anthropologie de Pierre Bourdieu est une anthropologie sociale – c’est-à-dire qu’elle étudie les hommes en société à travers leurs relations –, essentiellement focalisée sur les groupes sociaux plutôt que sur les individus eux-mêmes – dans la mesure où elle fait grand cas des régularités statistiques et de la position des acteurs au sein de l’espace social –, mais dont certains concepts explicatifs renvoient à la dimension psychosociale de l’activité pratique – et résonne plutôt avec certains développements contemporains de la sociologie psychologique ou de l’anthropologie cognitive. Il en résulte un modèle général qui n’est pas sans tensions ou difficultés : après avoir exposé les grandes coordonnées de l’anthropologie bourdieusienne, nous soulignerons ces difficultés à partir d’un exemple concret selon nous révélateur, à savoir l’usage qu’il fait de la notion de « schème de perception ».
Sociologie et sociétés, 2001
Pierre Bourdieu monte sur la tribune et s'assoit derrière le grand bureau. Veste bleu marine, chemise bleue, pas de cravate évidemment. Un peu crispé, il paraît nerveux. Le nouvel amphithéâtre Marguerite-de-Navarre du Collège de France est archi-comble : plus de cinq cents personnes. Certaines attendent depuis plus d'une heure. Un auditoire très diversifié : de jeunes étudiants, des chercheurs et des professeurs, des personnes âgées. Il y a aussi les proches collaborateurs :
2002
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Les débuts de la trajectoire intellectuelle de Pierre Bourdieu ne peuvent sans doute pas se comprendre sans faire référence à Jean-Claude Passeron, coauteur de quelques-uns de ses travaux les plus connus de cette période. Je voudrais livrer ici quelques clés qui permettent de comprendre comment cette association intellectuelle s'est produite et les raisons pour lesquelles elle s'est défaite. Je décrirai d'abord le milieu familial et social de Passeron et son influence sur ses thèmes de prédilection. Je situerai également Passeron dans son environnement générationnel et je montrerai comment il a pesé sur ses dispositions. Au fil de la présentation de ces éléments contextuels, je montrerai ce qui le sépare de Bourdieu. Je me concentrerai ensuite sur deux références dans la socialisation intellectuelle de Bourdieu et de Passeron (Aron et Althusser) qui passent souvent inaperçues pour le lecteur contemporain. Enfin, j'explorerai, d'un point de vue épistémologique, les travaux conjoints de Bourdieu et de Passeron (dont celui qu'ils ont signé avec Chamboredon) jusqu'à leur rupture, en insistant sur les tensions qui les traversaient. Si ce texte s'arrête à leur collaboration, je ferai cependant des références continuelles à la production intellectuelle postérieure de Passeron, en spécifiant les tensions épistémologiques avec Bourdieu. J'essaie ainsi de montrer comment l'épistémologie de Passeron s'est engagée dans les alternatives qu'ouvrait son travail avec Bourdieu et comment, avec leurs différences, ils reproduisent, l'un et l'autre, les alternatives théoriques dont ils héritent. La genèse d'une humeur Jean-Claude Passeron est né à Nice en 1930. Sa mère, institutrice, et son père, employé de banque, étaient d'origine rurale. Marie-Thérèse Drac est née en 1902 à Golfe-Juan qui était alors la plage populaire de Vallauris. Elle était la fille d'un maçon devenu petit entrepreneur et d'une jeune femme d'origine piémontaise. Le père de Passeron, Marcel, plus jeune que sa femme, est né dans le petit village de montagne d'Ascros (300 ! 2 habitants à l'époque, 30 aujourd'hui) dans lequel ses grands-parents tenaient un caféhôtel où travaillaient leurs enfants ainsi que des enfants de l'Assistance publique. Marcel et Marie-Thérèse se marièrent en 1929 et partirent pour Nice où naquit Jean-Claude. Marcel Passeron fut engagé comme employé de banque grâce à son certificat d'études primaires qui, à l'époque, était un diplôme monnayable dans un environnement déscolarisé. Plus tard, dans l'ouvrage écrit avec Claude Grignon (Grignon et Passeron, 1989: 132-133), Passeron insistera sur le rôle joué par les petits capitaux dans les opportunités effectives qui se présentent aux classes populaires. « Ceux d'en bas », insiste Passeron, ne jouent pas au Monopoly avec « ceux d'en haut », ils ne les perçoivent pas comme des références et leurs succès ne les éloignent pas fatalement de leur milieu social d'origine. Pour les rendre vivables, ils doivent leur donner un sens qui ne se réduit pas à chercher tout ce qui leur manque pour ressembler aux dominants. Marcel Passeron n'a pas tourné le dos à Ascros et n'est pas devenu un petit bourgeois soucieux de cacher son origine rurale pour devenir un employé citadin. Cette double origine, agricole et petite commerçante, pèsera plus tard sur le travail sociologique de Passeron . Il y a, bien sûr, d'abord l'expérience d'un milieu social 1 modeste, la certitude, très tôt installée, de la force des inégalités sociales et la sensibilité aux inégalités. Il y a ensuite l'expérience de l'incohérence de statut social dans le couple formé par ses parents et la difficulté d'établir le sens d'un héritage social : jeune, il expérimentait cette complexité « à domicile ». Cette expérience n'est sans doute pas étrangère à la conviction wébérienne que l'expérience sociale ne peut pas se réduire à des variables simples, interchangeables entre individus regroupés selon, par exemple, leur catégorie socioprofessionnelle. Passeron intériorisera, enfin, des modèles personnels complexes ou, pour le dire avec ses mots, « un idéal du moi multiple », alternant des modèles configurés par une lignée paternelle rurale et par le rationalisme laïc de l'école républicaine incarné par sa mère. S'agit-il alors d'une alternance de modèles ou d'une ambivalence (Grignon, Passeron, 1989 : 70-75) ? S'il s'agit d'une alternance, la vie de Passeron serait sous-tendue par des valeurs contradictoires qui s'activent selon le moment et le lieu : tantôt rurales et indifférentes à la bonne volonté La majorité des informations biographiques proviennent d'un texte que Passeron a bien voulu me 1 confier. Ce texte est intitulé Itinéraires d'un sociologue. Avec la référence (E), il complète un long entretien avec Jean-Claude Passeron durant cinq jours en mars 2008 à Marseille.
M. Burawoy, Conversations avec Bourdieu, 2019
Tracés. Revue de Sciences humaines, 7, 2004
Germanica, 2021
L’anniversaire des vingt ans de la mort de Pierre Bourdieu, décédé le 23 janvier 2002, constitue une bonne occasion de revenir sur certains de ses travaux, qui ont beaucoup à offrir à l’histoire de la philosophie et des idées allemandes, notamment sur le plan méthodologique. À condition d’être combinée à une analyse pragmatique et agonistique des discours telle qu’elle est pratiquée au sein de la Cambridge School ou du Groupe de recherche sur la culture de Weimar, la sociologie bourdieusienne permet en effet de rompre définitivement avec l’idéalisme de la Geistesgeschichte et d’ancrer les débats philosophiques dans l’histoire sociale, politique et culturelle sans abandonner pour autant l’exigence de précision philologique et conceptuelle. La relecture critique de L’ontologie politique de Martin Heidegger déployée dans cet article équivaut donc à un plaidoyer pour une approche méthodologique pluraliste et une intégration de la perspective sociologique bourdieusienne dans l’histoire des idées allemandes.Après une rapide présentation du cadre général et des contextes de parution de cette étude, on s’attardera d’abord sur ses apports analytiques, pour ensuite faire un bilan critique à la fois de ses limites et de sa réception.
en Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 62-63, juin 1986, pp. 69-72.
Savoir/Agir, 2015
Distribution électronique Cairn.info pour Éditions du Croquant. © Éditions du Croquant. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Bellecombe-en-Bauges, éditions du Croquant, coll. Champ social, 2008, 125 p., bibliog. (traduction de l'espagnol par Hélène Bertin) 1 Alors que paraît aux éditions du Seuil Esquisses algériennes -une série de textes de Pierre Bourdieu consacrés à l'Algérie et présentés par Tassadit Yacine -, le sociologue Enrique Martín-Criado publie aux éditions du Croquant une traduction de ses introductions aux versions espagnoles de Sociologie de l'Algérie et des Etudes d'ethnologie kabyle. A côté des nombreux livres revenant sur le travail « de », « avec » ou « contre » Pierre Bourdieu, soulignons d'emblée à quel point les réflexions développées dans cet ouvrage n'ont aucune visée nostalgique ou hagiographique et offrent un réel intérêt sociologique en s'interrogeant sur la genèse sociohistorique d'outils conceptuels aujourd'hui largement diffusés. Pierre Bourdieu analysait son passage par l'Algérie comme un « moment critique », à la fois générateur d'une « conversion aux sciences sociales » et d'une transformation de ses « intentions théoriques compréhensives qui apparaissent plus tard sous la forme condensée de concepts comme l'habitus 2 ». Prenant au mot le sociologue français, Enrique Martín-Criado passe ces lignes d'Esquisse pour une auto-analyse 3 au crible d'une réflexion documentée et dense qui, en ne se limitant pas à l'analyse du « moment algérien » de Pierre Bourdieu, propose une lecture globale de l'évolution du sociologue, apportant ainsi une réelle contribution à la compréhension de la trajectoire intellectuelle mais aussi plus largement sociale de ce dernier. 1 Cette recension est une version remaniée d'une communication présentée le 12 novembre 2008 au séminaire « Populations et rapports sociaux en situation coloniale » dirigé par S. Thénault et E. Blanchard, Paris, Sorbonne,
Századvég Publishing
Pierre Bourdieu, né en 1930, est progressivement devenu l'un des sociologues français les plus influents de la fin des années 1980 grâce à ses travaux sociologiques commencés en 1957 et, au moment de sa mort en 2002, l'un des sociologues les plus influents du 20e siècle. Ce chapitre retrace en détail les changements d'orientation de ses recherches et les principales publications qui les ont caractérisées, et fournit au moins quelques indications sur les messages brefs de certains de ses ouvrages et les changements de position qui peuvent être ainsi retracés. Afin de permettre une compréhension plus précise de la trajectoire intellectuelle de Bourdieu, il convient d'abord de noter brièvement qu'au cours des 45 dernières années de sa vie, après ses premières recherches ethnologiques, Bourdieu s'est concentré sur quatre grands domaines, chacun d'entre eux étant au centre de son analyse pendant plusieurs années, mais les quatre domaines étant constamment présents dans sa pensée par le biais d'études plus modestes. Dans les années 1960, ses recherches portent principalement sur les différents domaines de la sociologie de l'éducation ; dans les années 1970, son analyse se déplace vers la sociologie de l'art et la sociologie du langage ; tandis que dans les années 1980, en plus des études plus modestes qu'il avait menées auparavant, il intègre le champ académique-scientifique à ses recherches par des analyses monographiques régulières. En plus de ces quatre domaines, il a également inclus un certain nombre d'autres domaines dans ses analyses avec des études de moindre envergure - par exemple, il a écrit plusieurs petits articles sur les contrats dans le domaine sportif et une étude sur le domaine juridique - mais sa réflexion était essentiellement basée sur les analyses de ces quatre domaines. Contrairement à d'autres grands de la théorie sociologique moderne, comme Parsons, Luhmann ou Habermas, la pensée de Bourdieu se caractérise par le fait qu'il a effectué une série d'analyses, y compris des enquêtes empiriques approfondies (avec de grandes équipes), et qu'il a abstrait ces résultats après avoir tiré des conclusions théoriques de premier ordre, et qu'à ce niveau, il a progressivement construit les catégories de sa théorie sociale globale par la "fertilisation croisée" des résultats obtenus dans les différents domaines. En d'autres termes, on peut dire que les quatre grands domaines de recherche mentionnés ci-dessus ont été progressivement intégrés dans une théorie sociale globale, et que les domaines de recherche plus restreints mentionnés ci-dessus ont également servi à tester davantage le cadre théorique ainsi créé. La pensée de Bourdieu reflète ainsi clairement les exigences qui caractérisent plus ou moins la théorie sociologique moderne par rapport aux philosophies sociales plus anciennes. Elle implique un va-et-vient constant entre une connaissance empirique plus détaillée et une théorisation abstraite, et n'est plus caractérisée par l'exclusivité de la construction logique de concept à concept au niveau abstrait. Après cette introduction, examinons de plus près les déplacements d'accent et le processus de construction des recherches de Bourdieu et de sa théorie générale.
Shame as emotion and Shame-Cultures a critique on Scheler’s eulogy of shame, 2023
Multiculturalism and Intercultural Education Facing the Anthropology of Education , 2011
Вопросы теории и практики журналистики
The Leading Edge, 2012
Australian Institute for International Affairs, 2024
in The Turks. Vol. 3: The Ottomans, Yeni Türkiye Yayınları, Ankara, 2002, pp. 111-122 (published also in Turkish: "Osmanlı Hakimiyetinin Tuna Nehrinin Kuzeyinde Yayılışı: XIV ve XVI. Yüzyillarda Eflak ve Bogdan," in Türkler, cilt 9, editörler: Kemal Çicek, Salim Koca, Ankara, 2002, pp. 206-218
Historia Crítica
LABSREVIEW: The LAtin American Buisness and Sustainability Review, 2024
Revista Praia Vermelha, 2018
Revista Jurídica Portucalense, 2018
Journal of Indian Philosophy, 2001
Prosiding Applicable Innovation of Engineering and Science Research, 2020
KARSA: Journal of Social and Islamic Culture, 2019
American Journal of Agricultural Science, Engineering, and Technology
Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry Articles, 1993
Bulletin of the Transilvania University of Braşov, Series VII: Social Sciences and Law, 2012
Vol 21, No 4 (2022)