Papers by Arnauld Rochereau
Conclusion thèse de doctorat de philosophie "Le sens pratique du perspectivisme" sous la direction de Jean-Marie Lardic. Soutenue à l'Université de Nantes le 02/12/2020
Le sens pratique du perspectivisme n'existe pas au singulier. Tout comme la philosophie qu'il déf... more Le sens pratique du perspectivisme n'existe pas au singulier. Tout comme la philosophie qu'il défend, il est lui-même pluraliste. Il est vrai que le perspectivisme en tant que notion ne se capture pas aisément. Toute entreprise de généralisation ou d'explication du perspectivisme, telle que la nôtre, semble susceptible de s'effondrer sur elle-même 1 et de s'empêtrer dans une interprétation du perspectivisme qui, paradoxalement, tenterait par tous les moyens de s'extraire du perspectivisme de toute existence qu'elle énonce pourtant. Tel est pris qui croyait prendre, semble dire en riant le perspectivisme à celui qui estimait pouvoir se pencher au-dessus de lui, à celui qui pensait parvenir à une position de surplomb sur sa qualification. Toutefois, que le perspectivisme renonce à une vision exhaustive du monde et de ses perspectives n'implique pas qu'il en oublie, en tant que concept, sa vocation d'outil et même de « boîte à outils » ainsi que nous l'évoquions avec Deleuze. Qui plus est, en multipliant les perspectives, la philosophie perspectiviste ne désavoue pas le principe qui la régit ; elle ne nie pas la simplification de sa coupe mais en agrandit seulement les dimensions pratiques. Comme l'écrit William James, la part la plus importante de la signification d'un concept « réside dans les conséquences auxquelles il conduit […] autant dans la manière de nous faire penser que dans la manière de nous faire agir 2 ». C'est à cela que nous avons décidé de nous intéresser, c'est-à-dire au perspectivisme en tant que « cartes 3 » plurielles et plastiques permettant de résoudre des problèmes, de s'orienter dans le chaos des perspectives possibles et indéterminées. « Faire naufrage face à l'infini 4 », telle est l'expérimentation propre au perspectivisme, mais non son point d'arrêt. L'essentiel tient à la tentative de création d'un mouvement perspectif qui ne cesse de se relancer lui-même, de redistribuer ailleurs, sans jamais en suspendre le terme, les zones d'ombre et de clarté. L'intérêt théorique est pratique, indissociable de l'agir ; il dessine, à l'image du pragmatisme de James et de Dewey, à la fois une spéculation sur les possibles et un art des conséquences. Nous disions : le sens pratique du perspectivisme est pluriel. Nous en avons arrêté trois, (au demeurant entremêlés), qui eux-mêmes sous-tendent une multiplicité de modes d'existence et d'agir : un sens pratique physio-psychologique ou biologique, un sens pratique méthodologique et un sens pratique spirituel ou auto-transformateur.
Résumé thèse de doctorat de philosophie, Dec 2, 2020
Résumé
L’objet de cette thèse est de faire émerger la notion de perspectivisme, tant sur un plan... more Résumé
L’objet de cette thèse est de faire émerger la notion de perspectivisme, tant sur un plan historique que contemporain, et de montrer qu’un sens pratique l’habite, quels que soient les auteurs ou les dimensions réflexives selon lesquels on l’interroge. Pour ce faire, il s’agit donc, dans un premier temps, d’établir un état des lieux du perspectivisme à travers trois de ses plus illustres représentants : Montaigne, Leibniz et Nietzsche. A partir de cette histoire des perspectivismes, il devient possible de saisir à la fois les nuances au sein des conceptions qui l’animent et d’extraire une certaine méthodologie commune d’exploration du réel dont la finalité pratique est d’aboutir à une philosophie comme mode de vie. A l’issue de cet examen se dégagent des questionnements partagés autour desquels se découvre une certaine théorie de la connaissance prenant en compte les forces imperceptibles de l’inconscient, un rapport au corps spécifique qui ne le sépare plus de l’esprit, et une philosophie pratique où l’enrichissement de la perspective est soumis à une pluralité d’exercices spirituels. Toutefois, interroger la pertinence du perspectivisme nécessite d’ajouter, à cette première ligne d’analyse historique, une deuxième axée sur son éventuelle contemporanéité. Pour cela, c’est vers le perspectivisme assumé par Nietzsche, (héritier ou du moins conscient des perspectivismes passés), qu’il est nécessaire de se tourner afin de soumettre celui-ci, et la philosophie de la nature qu’il sous-tend, à une rencontre avec les données actuelles des sciences – neurosciences, biologie, théories de l’évolution, botanique, éthologie. Si le perspectivisme, en tant qu’outil, est à la fois ce qui permet d’interpréter avec humilité les avancées des sciences et de convoquer celles-ci pour interroger les interprétations physio-psychologiques de Nietzsche, il est aussi, et surtout, ce qui réclame de « sonder, comme l’écrivait Nietzsche, le monde par le plus d’yeux possible ». C’est à cette tâche que s’attelle ce travail en questionnant la perspective comme interprétation centrée sur une interaction physio-psychologique entre soi et le milieu et comme orientation vers une formation plastique de soi-même. L’idée est ici de montrer que le perspectivisme dans son sens pratique est bien une nécessaire hiérarchie, un essai singulier de l’organisme, où chaque perspective émerge de relations avec le monde et avec d’autres perspectives, et qu’il n’est donc pas un relativisme où tout se vaut, mais bien plutôt un relationnisme duquel naît la perspective.
Edited Books by Arnauld Rochereau
Le terme de « perspectivisme » a récemment fait l’objet d’un réinvestissement théorique massif da... more Le terme de « perspectivisme » a récemment fait l’objet d’un réinvestissement théorique massif dans le champ de la philosophie ainsi que dans divers sous-champs des sciences humaines. Cependant, il n’est pas sûr que la notion y ait gagné en précision : au contraire, il semble qu’un simple effet d’homonymie lie désormais entre elles les différentes théories qui revendiquent cette appellation – ce qui obscurcit profondément la portée des débats qui portent sur cette question et animent depuis une vingtaine d’années la pensée contemporaine. Cet ouvrage propose une synthèse de ces questions qui à la fois présente l’état des discussions en la matière et clarifie les enjeux conceptuels qui les sous-tendent. Les différentes contributions cherchent ainsi à rendre compte de divers systèmes métaphysiques, dans l’histoire de la philosophie continentale ou analytique, afin de clarifier le sens qu’y endossent les notions de « perspective » et de « point de vue ».
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Drafts by Arnauld Rochereau
La pluralité est un principe essentiel pour le perspectivisme. Toutefois, celui-ci ne mène pas à ... more La pluralité est un principe essentiel pour le perspectivisme. Toutefois, celui-ci ne mène pas à un subjectivisme plat, mais bien plutôt à la mise en avant des variations infinies du monde. Bien plus encore,
Book reviews by Arnauld Rochereau
Ce livre est un livre important parce qu'il ose aborder une question difficile et à ce titre bien... more Ce livre est un livre important parce qu'il ose aborder une question difficile et à ce titre bien souvent délaissée : Deleuze était-il perspectiviste ? Et si oui, existe-t-il une pensée perspectiviste sous-jacente à la vision deleuzienne du rapport à autrui exposée dans certains de ses ouvrages ? On le sait, Deleuze fut de ceux qui ont permis à la notion de perspectivisme d'exister plus concrètement sur un plan théorique, en reliant, en différenciant, en discutant, les perspectivismes de Nietzsche, Leibniz, Whitehead et même celui d'Henry James. Toutefois, ce ne sont pas ces analyses lumineuses et bien connues de Deleuze sur le perspectivisme des autres qui intéressent le plus Camille Chamois. C'est bien plutôt le fond obscur d'un perspectivisme proprement deleuzien qu'il s'attache à faire remonter à la surface. Et pour ce faire, l'auteur articule toute son analyse autour d'un point finalement assez peu discuté dans
Talks by Arnauld Rochereau
« Une chose est nécessaire » : Nietzsche et la création de soi
Colloque coorganisé par le Centre ... more « Une chose est nécessaire » : Nietzsche et la création de soi
Colloque coorganisé par le Centre de recherche en philosophie (PHI, ULB) et le Centre d'études phénoménologiques (CEP, UCLouvain).
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Papers by Arnauld Rochereau
L’objet de cette thèse est de faire émerger la notion de perspectivisme, tant sur un plan historique que contemporain, et de montrer qu’un sens pratique l’habite, quels que soient les auteurs ou les dimensions réflexives selon lesquels on l’interroge. Pour ce faire, il s’agit donc, dans un premier temps, d’établir un état des lieux du perspectivisme à travers trois de ses plus illustres représentants : Montaigne, Leibniz et Nietzsche. A partir de cette histoire des perspectivismes, il devient possible de saisir à la fois les nuances au sein des conceptions qui l’animent et d’extraire une certaine méthodologie commune d’exploration du réel dont la finalité pratique est d’aboutir à une philosophie comme mode de vie. A l’issue de cet examen se dégagent des questionnements partagés autour desquels se découvre une certaine théorie de la connaissance prenant en compte les forces imperceptibles de l’inconscient, un rapport au corps spécifique qui ne le sépare plus de l’esprit, et une philosophie pratique où l’enrichissement de la perspective est soumis à une pluralité d’exercices spirituels. Toutefois, interroger la pertinence du perspectivisme nécessite d’ajouter, à cette première ligne d’analyse historique, une deuxième axée sur son éventuelle contemporanéité. Pour cela, c’est vers le perspectivisme assumé par Nietzsche, (héritier ou du moins conscient des perspectivismes passés), qu’il est nécessaire de se tourner afin de soumettre celui-ci, et la philosophie de la nature qu’il sous-tend, à une rencontre avec les données actuelles des sciences – neurosciences, biologie, théories de l’évolution, botanique, éthologie. Si le perspectivisme, en tant qu’outil, est à la fois ce qui permet d’interpréter avec humilité les avancées des sciences et de convoquer celles-ci pour interroger les interprétations physio-psychologiques de Nietzsche, il est aussi, et surtout, ce qui réclame de « sonder, comme l’écrivait Nietzsche, le monde par le plus d’yeux possible ». C’est à cette tâche que s’attelle ce travail en questionnant la perspective comme interprétation centrée sur une interaction physio-psychologique entre soi et le milieu et comme orientation vers une formation plastique de soi-même. L’idée est ici de montrer que le perspectivisme dans son sens pratique est bien une nécessaire hiérarchie, un essai singulier de l’organisme, où chaque perspective émerge de relations avec le monde et avec d’autres perspectives, et qu’il n’est donc pas un relativisme où tout se vaut, mais bien plutôt un relationnisme duquel naît la perspective.
Edited Books by Arnauld Rochereau
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Drafts by Arnauld Rochereau
Book reviews by Arnauld Rochereau
Talks by Arnauld Rochereau
Colloque coorganisé par le Centre de recherche en philosophie (PHI, ULB) et le Centre d'études phénoménologiques (CEP, UCLouvain).
L’objet de cette thèse est de faire émerger la notion de perspectivisme, tant sur un plan historique que contemporain, et de montrer qu’un sens pratique l’habite, quels que soient les auteurs ou les dimensions réflexives selon lesquels on l’interroge. Pour ce faire, il s’agit donc, dans un premier temps, d’établir un état des lieux du perspectivisme à travers trois de ses plus illustres représentants : Montaigne, Leibniz et Nietzsche. A partir de cette histoire des perspectivismes, il devient possible de saisir à la fois les nuances au sein des conceptions qui l’animent et d’extraire une certaine méthodologie commune d’exploration du réel dont la finalité pratique est d’aboutir à une philosophie comme mode de vie. A l’issue de cet examen se dégagent des questionnements partagés autour desquels se découvre une certaine théorie de la connaissance prenant en compte les forces imperceptibles de l’inconscient, un rapport au corps spécifique qui ne le sépare plus de l’esprit, et une philosophie pratique où l’enrichissement de la perspective est soumis à une pluralité d’exercices spirituels. Toutefois, interroger la pertinence du perspectivisme nécessite d’ajouter, à cette première ligne d’analyse historique, une deuxième axée sur son éventuelle contemporanéité. Pour cela, c’est vers le perspectivisme assumé par Nietzsche, (héritier ou du moins conscient des perspectivismes passés), qu’il est nécessaire de se tourner afin de soumettre celui-ci, et la philosophie de la nature qu’il sous-tend, à une rencontre avec les données actuelles des sciences – neurosciences, biologie, théories de l’évolution, botanique, éthologie. Si le perspectivisme, en tant qu’outil, est à la fois ce qui permet d’interpréter avec humilité les avancées des sciences et de convoquer celles-ci pour interroger les interprétations physio-psychologiques de Nietzsche, il est aussi, et surtout, ce qui réclame de « sonder, comme l’écrivait Nietzsche, le monde par le plus d’yeux possible ». C’est à cette tâche que s’attelle ce travail en questionnant la perspective comme interprétation centrée sur une interaction physio-psychologique entre soi et le milieu et comme orientation vers une formation plastique de soi-même. L’idée est ici de montrer que le perspectivisme dans son sens pratique est bien une nécessaire hiérarchie, un essai singulier de l’organisme, où chaque perspective émerge de relations avec le monde et avec d’autres perspectives, et qu’il n’est donc pas un relativisme où tout se vaut, mais bien plutôt un relationnisme duquel naît la perspective.
Ont participé à ce volume : Dorian Astor, Alexandre Billon, Gabriel Catren, Camille Chamois, Antoine Daratos, Didier Debaise, Martine de Gaudemar, Thibault de Meyer, Mathias Gibert, Pierre Montebello, Arnaud Pelletier et Arnauld Rochereau.
Colloque coorganisé par le Centre de recherche en philosophie (PHI, ULB) et le Centre d'études phénoménologiques (CEP, UCLouvain).