Blockchain - Capitalisme & Gouvernance - Réflexion Citoyenne
Blockchain - Capitalisme & Gouvernance - Réflexion Citoyenne
Blockchain - Capitalisme & Gouvernance - Réflexion Citoyenne
A l’attention de
et
L’objet de cette note citoyenne est de sensibiliser nos dirigeants politiques à la potentialité de ces
ruptures qui au fil du Temps pourraient laisser apparaître une organisation sociale et économique très
différente. Bien entendu, comme tout outil nouveau, il peut être utilisé à des fins qui avantageront tel
ou telle organisation, réseau, communauté, pays… dans une perspective « Yin » ou « Yang » en
fonction de l’utilisation qui en sera faite.
Une Blockchain est juste un grand livre d’enregistrement de données sur un réseau informatique
distribué. Le livre des données est enregistré et répliqué sur chaque ordinateur du réseau, et ce livre
peut être modifié uniquement par un consensus démocratique des différents membres, ordinateurs,
du réseau. Chaque information du réseau est protégée par des clés cryptographiques comme celle
que nous utilisons aujourd’hui par exemple avec notre carte de paiement (Code PIN/ RIB). Cette
vision est très simplifiée mais donne une saveur intéressante de cette technologie.
Quand vous avez une information à trouver sur Google, vous entrez ce que vous avez en tête, et des
réponses apparaissent, informations qui sont basées sur les principaux « clicks » des utilisateurs de
Google et parfois sur des éléments commerciaux négociés avec Google. Google est le pilier en
occident de l’ « internet de l’information ». Quand vous arriverez sur le « Google Blockchain » (Qui
n’existe pas à ce stade mais est en cours de développement), vous poserez une question, et vous
aurez la « vérité » tel qu’enregistrée sur le réseau, qui apparait, pour n’importe quel type d’information.
Dès lors, vous aurez en quelque sorte accès à un miroir magique à qui vous poserez une question et
vous donnera la « vérité », sans possibilité de se tromper, sur la base des informations enregistrées
sur le réseau, et sans capacité de la corrompre car protégées par des méthodes cryptographiques.
La capacité de ce « petit » outil technologique est considérable. En effet, si vous avez un outil capable
de vérifier la vérité, vous pouvez aisément modifier les organisations construites sur la confiance, et
les institutions qui aujourd’hui sont garantes de la confiance, de la vérité.
Des avocats parce qu’ils sont le tiers de confiance autorisés à écrire des contrats et à interpréter la loi.
Des notaires, parce qu’ils sont les garants de la confiance sur un certain nombre de processus légaux.
Des banques, parce que nous leur faisons confiance pour gérer « notre » argent dans notre vie privée
et professionnelle.
Des banques centrales, parce qu’elles sont les garants de confiance de l’argent.
L’état et ses représentants (élus ou administrateurs) parce qu’ils sont les garants de l’organisation
juridique et constitutionnelle.
Et enfin, notre modèle économique est basé sur la … confiance.
L’impact de cette technologie comme substitut digital à la confiance pourrait donc avoir un impact très
conséquent, notamment couplée au Big Data et à l’intelligence artificielle.
La technologie Blockchain est à ce stade en construction, différents protocoles existent bitcoin &
etheruem, les protocles initiaux aujourd’hui sous une grande influence chinoise, en passant par
Hyperledger sous l’égide notamment d’IBM & la Linux Foundation, et d’autres initiatives d’entreprises
avant tout « made in USA ».
Depuis les années 90, l’ « internet de l’information » a pris une grande place dans notre vie, il est très
probable que l’ « internet de la confiance » en fera autant. Rappelons-nous, sur la base de rumeurs de
starts-upers, qu’en 1995 Edouard Balladur, alors Premier Ministre, considérait qu’ « il n’y aura jamais
de commerce sur internet »…Tout le monde peut être dans l’erreur, toutefois, la potentialité de ces
technologies est donc à considérer par une mise en relief politique importante. Certains parlent même
aujourd’hui de potentialité pour « uberiser uber », ce qui est potentiellement vrai.
La première vague de développement des blockchain dans le secteur économique et financier s’inscrit
dans une volonté d’optimiser les chaines de valeurs actuelles : place de marché de produits financiers,
commerce international de marchandises, gestion des devises internationales, paiement, identité
digitale, contrats intelligents, réseaux électriques décentralisés, réseaux de données médicales…
avec pour vecteur d’utiliser les blockchains pour améliorer les processus actuelles, de les faire plus
sécurisés, plus rapides, moins onéreux.
Une seconde vague, que nous observons aujourd’hui, est l’appropriation de la technologie Blockchain
dans le secteur financier, pour créer des monnaies virtuelles. UBS, BNY Mellon, Deutsche Bank,
Santander sont associés pour étudier des monnaies qui permettraient de gérer les processus de
paiements interbancaires et avec leurs clients. Goldman Sachs et Citi étudient des monnaies virtuelles
qui porteraient des propriétés similaires. En parallèle, les grandes banques centrales, (Fed, BCE,
Banque d’Angleterre, Banque centrale chinoise, Banque centrale du Japon, Banque centrale du
Canada …) créent des maquettes pour utiliser des réseaux blockchain pour remplacer les monnaies
fiduciaires par des monnaies digitales.
Une vague d’ « intelligence » pourrait naître pour créer des monnaies intelligentes, devises
intelligentes, paiements intelligents. Le pouvoir de l’intelligence pourrait être associé au pouvoir de
l’argent. Science-fiction ? Probablement pas …
Concrètement, que pourrait-il se passer. Regardons l’exemple du Govcoin de John Edge, une
monnaie virtuelle en Grande Bretagne, proposée alors par une start up à David Cameron, pour
empêcher l’utilisation des aides sociales aux UKs pour acheter du tabac et de l’alcool. Les
commentaires pourraient être nombreux, « utilisation évidente » pour certains d’entre nous,
« réduction des libertés » pour d’autres. Essayons d’aller plus loin, dans cette exemple, l’argent/le
capital sont les aides sociales. L’intelligence de l’argent/du capital est « Tu n’achèteras pas de tabac
ou d’alcool avec cet argent ». Cela signifie que nous pourrions remplacer ce capital par tout autre
type de capital, et cette intelligence par tout autre type d’intelligence, démocratique ou pas d’ailleurs.
Que pensez de l’argent qui serait dédié à nos adolescents pour acheter uniquement ceci ou cela,
l’argent de poche aurait un nouveau sens.
Que pensez des banques centrales qui auraient différents moyens pour intensifier ou ralentir son
impact économique. Les taux de référence et la création de liquidité (par l’intermédiaire des banques
ou pas) sont les moyens historiques de gérer l’économie par les banques centrales. La création ou la
destruction monétaire pourrait aujourd’hui être gérée dans chaque « pièce ».
Le capitalisme est une machine à créer des biens et des services. Tous nos financements,
investissements sont basés sur le fait que la productivité matérielle émergera, ce qui se traduit dans le
monde réel par plus de biens et de services.
Aujourd’hui, avec la blockchain, notre système économique pourrait être paramétré pour créer par
exemple plus de valeur environnementale ou sociétale. Ces valeurs pourraient être définies par des
marchés, des marchés d’actionnaires, d’utilisateurs, des marchés démocratiques. Une sorte de « Trip
advisor » appliqué à chaque « Trip », vecteur dans notre économie.
Le lien entre les nouveaux indicateurs de « PIB » et l’économie pourrait être réalisé. Changer les
instruments de mesure sans changer les règles du jeu n’a que peu d’intérêt. Nous faisons face
aujourd’hui à une technologie capable de changer les règles du jeu en respectant de nouveaux
indicateurs « économiques ».
La vague d’utilisation des blockchain à cette fin n’est pas pour demain, mais pourrait être pour bientôt.
Changer les règles pour créer et diffuser du capital dans l’économie va devenir techniquement
possible. Pour le meilleur ou pour le pire, ce débat commence. Le capitalisme historique va être
« ubérisé » pour sûr car la nature a horreur du vide. Et ce marché du transactionnel pourrait être un
marché important pour les banques, peut-être 5 à 10 fois supérieur au marché de l’investissement et
du financement.
Une vision synthétique de ce type d’économie paramétrée pourrait être de voir un jeu de
« Monopoly » dont le but ne serait plus de construire des hôtels et d’acquérir des rues, mais de
produire des valeurs environnementales ou sociétales par exemple, qui serait symbolisées par non
plus des petits jetons en plastique rouge, mais des jetons en plastique vert, bleu, jaune, mauve … Il
faudra probablement toutefois faire un tour et passer par la case banque pour toucher son argent ☺.
Bien entendu la première vision de la production est complémentaire avec la seconde.
Si une organisation économique nouvelle apparaissait via une économie paramétrée, celle-ci ne
pourrait être, a priori, gérée que par le postulat d’une démocratie très saine. Une fois de plus, la
technologie blockchain permet dans le domaine de la démocratie de faire un bon important en avant
pour nos sociétés. En effet, depuis les années 70-80, le thème de la démocratie électronique est
récurrent. Au-delà des réflexions qui doivent définir les thèmes et décisions qui doivent appartenir à la
démocratie présidentielle, gouvernementale, parlementaire, régionale, municipale, locale, la
blockchain permet aujourd’hui de manière très sécurisée de réaliser des votes électroniques et
digitaux. La démocratie consultative ou exécutive directe, la démocratie représentative dynamique et
vivante, peuvent aujourd’hui être envisagées via cette technologie. A quand une application de Smart
Phone permettant à chaque citoyen de voter sur un certain nombre de sujets présélectionnés le
mercredi pendant leur pose déjeuner… A quand l’annexe de l’assemblée nationale, l’assemblée du
peuple, qui serait un centre informatique en banlieue parisienne pour « traiter » l’opinion citoyenne.
Pour rappel, les arguments contre ou pour ces sujets sont aujourd’hui les mêmes que ceux qui étaient
apparus au moment de l’organisation de la présidentielle par suffrages directs au 20 ème siècle. La
technologie n’est aujourd’hui plus un débat sur ce thème, au mieux l’accès à la technologie pourrait
l’être, et encore. Dans une certaine mesure, ce que certains appellent la « 6 ème République » est
déjà potentiellement « ubérisée » par les technologies modernes. Les nouveaux modèles de
gouvernance pourraient donc autorisés à réfléchir à de nouveaux modèles économiques paramètrés.
La Blockchain a donc la potentialité d’ubériser notre modèle de gouvernance social et notre modèle
de fonctionnement économique. Une stratégie possible face à ce fait technologique, serait de dire
attendons et voyons. Compte tenu de l’intérêt géostratégique de ce type de technologie cette
approche pourrait être dangereuse. L’Amérique du Nord et la Chine étudie avec intérêt ces
perspectives (remise en situation par leurs philosophies propres) et apparaissent une fois de plus
comme les leaders potentiels clés sur ces vecteurs d’avenir. S’offre à la France et l’Europe, la
potentialité de construire un plan cartésien cher à nos traditions philosophiques, à construire la thèse,
l’antithèse et la synthèse, un plan stratégique tentant de maîtriser les tenants et les aboutissements
de ces problématiques, en ayant la vein sentiment de comprendre et prévoir les avantages et les
risques de cette nième ligne Maginot…
L’autre option consisterait à avoir une approche plus baconienne, en y allant, sans savoir où tout ceci
pourrait mener, mais en adéquation avec une des devises des hommes qui accompagnèrent le
Général de Gaule « Qui Ose Gagne ».