083-SOUDOPLATOF-2018-03-22 - 001 Web
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LA BLOCKCHAIN,
OU
LA CONFIANCE
DISTRIBUÉE
Yves CASEAU
Serge SOUDOPLATOFF
www.fondapol.org
LA BLOCKCHAIN,
OU LA CONFIANCE DISTRIBUÉE
Yves CASEAU
Serge SOUDOPLATOFF
La Fondation pour l’innovation politique
est un think tank libéral, progressiste et européen.
4
FONDATION POUR L’INNOVATION POLITIQUE
Par ailleurs, notre média « Trop Libre » offre un regard quotidien critique
sur l’actualité et la vie des idées. « Trop Libre » propose également une
importante veille dédiée aux effets de la révolution numérique sur les
pratiques politiques, économiques et sociales dans sa rubrique « Renaissance
numérique ».
5
DÉFINITION DE LA BLOCKCHAIN
6
RÉSUMÉ
7
8
LA BLOCKCHAIN,
OU LA CONFIANCE DISTRIBUÉE
Yves CASEAU
Membre de l’Académie des technologies
Serge SOUDOPLATOFF
Expert de l’Internet, cofondateur de Sooyoos et Scanderia
Note : Comme souvent dans le numérique, le sujet des blockchains est très
technique. Il n’est pas possible de l’aborder sans faire un détour par quelques
explications technologiques. La partie centrale de ce document y est consacrée.
Que le lecteur ne s’effraye pas, il peut parcourir sans danger cette piste noire et
continuer la lecture jusqu’au bout du document, sans s’y perdre.
Il ne se passe pas une journée sans que l’on parle des « blockchains ». Elles
ont révolutionné la monnaie avec les bitcoins, et maintenant elles vont
« disrupter » les banques, mais aussi les notaires, les avocats, les agents
immobiliers, le monde de l’énergie, la santé, la culture, les administrations…
Bref, on cherche en vain un pan de l’activité humaine transactionnelle qui ne va
pas être impacté par les blockchains. Rien que dans le secteur financier, depuis
juillet 2015 les banques suivantes expérimentent la blockchain : BNP Paribas,
Société générale, Citi, Deutsche Bank, Westpac, ANZ, Santander, ABE, DBS,
Commonwealth Bank, UBS, Barclays, ING, Fidor, etc., et même la Réserve
fédérale américaine s’y met. La Caisse des dépôts vient de réunir autour d’elle
seize autres institutions (quatre banques, quatre assureurs, cinq industriels
et trois partenaires scientifiques) pour créer une place de blockchains 1. Le
gouvernement britannique a écrit un rapport 2, le gouvernement du Honduras
teste la blockchain pour son cadastre dans le but d’arrêter la corruption 3, le
1. « La Caisse des dépôts lance officiellement l’initiative de place Blockchain », caissedesdepots.fr, 31 mars
2016 (www.caissedesdepots.fr/la-caisse-des-depots-lance-officiellement-linitiative-de-place-blockchain).
2. Government Office for Science, Distributed Ledger Technology: beyond block chain, 2016 (www.gov.uk/
government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/492972/gs-16-1-distributed-ledger-technology.pdf).
3. « A Humble Update on the Honduras Title Project », factom.com, s.d.
(www.factom.com/a-humble-update-on-the-honduras-title-project/).
9
gouvernement estonien l’utilise pour les services notariés de ses e-résidents 4
et le ministre français de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique entend
« aménager la loi pour tester la blockchain 5 ».
Il ne s’agit pas de projets futuristes encore dans les cartons. Depuis début 2009,
année de l’apparition des bitcoins, la blockchain correspondante ne cesse de
grandir 6. La cryptomonnaie bitcoin repose sur un système opérationnel qui
a fait ses preuves jusqu’à présent et qui a nécessité pour sa construction bien
moins d’effort que les grands systèmes transactionnels, dont certains ont même
échoué dans leur mise en service opérationnel après des dépenses énormes.
Si la blockchain n’était, au début, que la technologie qui supportait les bitcoins,
il est vite devenu évident qu’elle pouvait être utilisée pour d’autres usages
que la cryptomonnaie. De manière synthétique, tout ce qui est transactionnel,
financier ou pas, peut se mettre sur une blockchain avec le même principe :
garantir la confiance, tout en étant plus efficace, d’une part en offrant une
meilleure fluidité et rapidité des transactions, et, d’autre part, en réduisant
| l’innovation politique
4. Giulio Prisco, « Estonian Government Partners with Bitnation to Offer Blockchain Notarization Services
to e-Residents », 30 novembre 2015 (bitcoinmagazine.com/articles/estonian-government-partners-with-
bitnation-to-offer-blockchain-notarization-services-to-e-residents-1448915243).
5. Enguérand Renault et Benjamin Ferran, « Macron aménage la loi pour tester la “blockchain” sur la finance »,
Le Figaro, 24 mars 2016.
6. En cliquant sur le lien blockchain.info/, il est possible de voir les blocs de la chaîne bitcoin défiler en temps
réel.
7. Voir l’article « Cycle du hype » sur Wikipédia (fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_du_hype).
8. L’exaptation est la capacité de la nature à créer des formes pour résoudre un problème précis, mais qui
servent finalement à tout autre chose. Voir Serge Soudoplatoff, « Internet, entre percolation et exaptation », in
Martine Behar-Touchais, Nicolas Charbit, et Rafael Amaro (dir.), À quoi sert la concurrence ?, Institut de droit de
la concurrence, 2014, p. 501-506.
10
Graphique 1 : Des usages possibles de la blockchain
Source : www.letstalkpayments.com/blockchain-use-cases-comprehensive-
11
La blockchain, ou la confiance distribuée
analysis-startups-invoved
tout ce que nous offre le monde de la transaction financière (qui, rappelons-le,
n’a pas beaucoup changé de paradigme depuis l’invention de la monnaie et de
la comptabilité en partie double) et aussi d’autres domaines transactionnels,
mais surtout elle s’inscrit dans un contexte qui lui permet de s’épanouir, à
savoir la crise de confiance actuelle dans les institutions. Cette combinaison de
possibilités technologiques nouvelles et puissantes avec un terreau favorable à
la disruption est ce qui fait le succès des grandes innovations.
12
relativement élevée, celle-ci se dégrade 9. La confiance aujourd’hui se maintient
dans deux milieux : la famille et la communauté. Si demain une guerre éclatait
en France, il n’est pas sûr que les jeunes soldats défendraient la patrie, mais ils
défendraient sans doute leur famille et leurs copains.
La confiance est un équilibre instable. Lorsque deux personnes se font confiance,
il suffit que l’une d’entre elles doute pour que l’autre doute également, et que les
deux se retrouvent dans la méfiance réciproque, sentiment, lui, d’un équilibre
beaucoup plus stable. Pour maintenir la confiance, il faut donc de l’énergie, et
pour faciliter cette énergie, il faut de l’information. Une des grandes ruptures
de modèle se situe actuellement au niveau de la provenance de cette énergie.
La France s’appuie sur un modèle où l’énergie est externalisée : c’est le juge,
le professeur, le manager, les parents, etc., qui sont en charge d’impulser cette
énergie. Dans le modèle anglo-saxon, l’énergie vient des deux parties, ou bien
de la communauté quand il y a plusieurs personnes. Lorsque eBay est né, il
n’était pas le seul site de vente aux enchères, mais il a inventé ce concept de
9. Voir Baromètre de la confiance politique, vague 6bis, réalisé par le Cévipof et SciencesPo, février 2015
(www.cevipof.com/fr/le-barometre-de-la-confiance-politique-du-cevipof/resultats-1/vague6/vague6bis).
13
la « scalabilité » d’un réseau totalement décentralisé, sans organisme
gestionnaire, donc sans propriétaire. Dans sa construction même, on retrouve
les mêmes fondamentaux : il n’y a jamais eu de « chef de projet » Internet
pour la simple raison qu’il n’y a jamais eu de projet Internet. Internet a été
construit par « un ensemble flou auto-organisé de personnes qui s’intéressaient
à la construction de l’Internet 10 ». Là où le monde ancien ne se pensait qu’en
mode « diffusion », et surtout diffusion de masse, l’Internet a montré que tout
le monde pouvait être créateur et diffuseur de contenus – et c’est d’ailleurs une
erreur que d’appliquer le modèle de la télévision à Internet. Là où le monde
ancien raisonne en logique de « fournisseur vers client », Internet a montré la
faisabilité de modèles d’échanges entre pairs à grande échelle.
Tout ceci ne pouvait que s’appliquer un jour au modèle transactionnel : là où
le monde ancien pense qu’il faut obligatoirement un tiers de confiance, là où
l’Internet 2.0 passe encore par des organismes proposant des plateformes de
mise en relations, le modèle de la blockchain montre qu’on peut s’en passer et
| l’innovation politique
LA BLOCKCHAIN
10. Cité in Paul Hoffmann (éd.), The Tao of IETF: A Novice’s Guide to the Internet Engineering Task Force (« The
IETF is a loosely self-organized group of people who contribute to the engineering and evolution of Internet
technologies »), www.ietf.org/tao.html, 2012.
14
De facto, le bitcoin est la première démonstration de l’inutilité d’un tiers
de confiance, une banque en l’occurrence. Dans notre système traditionnel,
une banque est l’organisme garant de la fiabilité et de la sécurité des
transactions, donc l’exemple typique d’un tiers de confiance externalisé. Les
bitcoins s’échangent sans tiers de confiance, tout en garantissant la sécurité,
l’auditabilité et la fiabilité. Le sujet de cette note n’est pas le bitcoin 11, mais la
technologie sur laquelle repose le bitcoin : la blockchain. Celle-ci est elle-même
basée sur trois piliers : deux sont technologiques, à savoir la cryptographie
asymétrique et les systèmes distribués, et le troisième est sociologique, la vision
d’un modèle transactionnel dont l’architecture est en mode pair à pair, offrant
la possibilité d’un consensus distribué sans nécessité d’un tiers de confiance.
Le premier pilier, la cryptographie, repose sur le concept de clé. Quand elle
est symétrique, la clé est possédée par les deux extrémités du message et doit
être secrète ; ceci est connu depuis l’Antiquité. L’invention de la cryptographie
asymétrique date des années 1970 et consiste à mélanger une clé publique et
11. Sur le sujet des bitcoins, voir notamment en.bitcoin.it (en anglais).
15
Le troisième et dernier pilier de la blockchain, le consensus distribué, est
un algorithme qui est en fait la solution d’un problème amusant : celui des
généraux byzantins. Considérons une armée éclatée en plusieurs corps d’armée
encerclant une ville ennemie. Les différents généraux doivent tous attaquer
ensemble pour gagner la ville, car s’ils attaquent séparément, la ville sera plus
forte. Ils doivent donc se communiquer de l’information, la plus cruciale étant
la date et l’heure de l’attaque, et, ne pouvant pas se rencontrer, doivent pour
cela utiliser des messagers. Mais, parmi les généraux, il y a des traîtres qui
peuvent fausser certains messages. Par exemple, l’un d’entre eux peut dire à la
moitié des généraux qu’il faut attaquer à telle date et à telle heure, et à l’autre
moitié qu’il faut se retirer, désunion menant ainsi à la défaite des assiégeants.
Jusqu’à l’invention de la blockchain, la doxa disait que le consensus entre les
généraux ne pouvait être obtenu qu’avec l’aide d’une autorité centrale qui
coordonnait l’ensemble : autorité supérieure ou tiers de confiance. La grande
nouveauté algorithmique de la blockchain est de proposer une solution pour
| l’innovation politique
12. Dans le même sens que « data mining », l’idée étant de creuser profond pour résoudre un problème. Pour
approfondir le concept, voir en.bitcoin.it/wiki/Mining (en anglais).
16
La preuve de travail est un objet cryptographique que le mineur expose,
qui prouve qu’il a passé un certain temps sur le problème, ce qui évite un
clonage facile pour transformer un mineur adverse en une armée de clones 13.
Comme la blockchain repose sur le consensus, il est important de garantir des
« véritables participants », et ainsi éviter qu’un fraudeur puisse changer la
blockchain de manière rétroactive. Le mécanisme est même plus sophistiqué :
à intervalles de temps réguliers, la difficulté augmente 14.
Afin d’inciter la fabrication de cette certification, les mineurs sont mis en
concurrence, et le premier mineur qui réussit à résoudre le problème de
la validation d’un nouveau bloc est récompensé (en bitcoin au début de
la monnaie). Au début des bitcoin, ce sont des particuliers qui réalisaient
ce travail, en utilisant de manière assez innovante les cartes graphiques
des ordinateurs, dont la puissance de calcul est largement supérieure aux
processeurs eux-mêmes. Puis sont apparus des ordinateurs spécifiques
pour faire le travail de minage de la blockchain. Mais la taille des chaînes
13. Cette idée est due à Adam Back, l’inventeur du protocole Hashcash qui est au cœur de la blockchain. Il est
aussi utilisé pour se prémunir des spams. Voir en.wikipedia.org/wiki/Hashcash (en anglais).
14. Pour visualiser la courbe de difficulté, voir blockchain.info/charts/difficulty.
15. Visualisables sur le lien bitnodes.21.co.
17
La photo suivante montre un centre de minage situé à Boden, en Suède 16.
| l’innovation politique
LA TECHNOLOGIE EN DÉTAIL
16. Voir Peter Sayer, « Bitcoin miner KnC is planning another four-week datacenter build-out », networkworld.
com, 11 décembre 2015
(www.networkworld.com/article/3014467/Bitcoin-miner-knc-is-planning-another-four-week-datacenter-build-out.html).
18
La blockchain est une véritable innovation : il y a vingt ans, il n’était absolument
pas évident qu’un jour il soit possible de pouvoir faire même les seules quatre
premières promesses simultanément. En revanche, c’est bien la combinaison
des cinq promesses qui définit le domaine d’application des blockchains. Si
l’on en a besoin que de deux ou trois, il existe d’autres méthodes, moins chères
ou plus efficaces (voir infra).
La cinquième promesse est essentielle, car elle explique la nature disruptive
des blockchains, la capacité à opérer des protocoles complexes (transfert
d’argent, banque, certification, etc.) de façon automatique, donc avec des
coûts de transactions beaucoup plus faibles que des systèmes avec des
acteurs humains, surtout dans le rôle de tiers de confiance. Autrement dit,
la blockchain ne transporte pas que des informations, elle transporte aussi
des algorithmes, avec la même garantie de confiance que les informations
elles-mêmes. Le lecteur peut déjà imaginer ce que cela signifie en termes
d’automatisation de tout un ensemble de processus réalisés actuellement
17. Notons que c’est ce qui a fait la faiblesse du protocole md5 pour crypter les mots de passe : on trouve des
dictionnaires en ligne qui permettent de retrouver le mot original, et donc de casser la clé.
18. Mais il existe encore trop de sites qui stockent les mots de passe en clair, créant ainsi des vulnérabilités
dangereuses (par exemple lesechos.fr…).
19
Dans la blockchain, c’est la succession d’un bloc et de la clé de toute la chaîne
qui le précède qui est ainsi crypté, et fournit une clé 19 qui permet de vérifier
l’intégrité de toute la chaîne. On ne peut donc pas substituer un bloc à un
autre, car la clé ne serait plus la même.
Prenons l’exemple d’un faussaire qui voudrait changer une ancienne
transaction, l’effacer ou bien la modifier. Pour cela, il lui faut recréer toute une
chaîne de blocs différente, à partir de la date de la transaction qu’il a falsifiée
jusqu’au moment où il la falsifie. Il doit persuader plus de la moitié des nœuds
du réseau que sa version de la chaîne est la bonne. Grâce à la difficulté de
la preuve de travail, ce travail demande trop d’effort en un temps limité et
nécessite que le faussaire possède plus de la moitié des nœuds. Ceci rend donc
la chaîne robuste. Comme pour une clé publique, le travail de cryptographie
est asymétrique : il est très difficile de trouver à partir de la clé, mais facile de
vérifier, ce qui confère le caractère auditable de la blockchain. Enfin, un point
| l’innovation politique
important est que la blockchain n’est pas anonyme mais pseudonyme : les
parties prenantes des transactions sont identifiées, même si leur identité n’est
pas connue.
Le point 4 est également essentiel : pour se débarrasser du tiers de confiance,
il faut une communauté non orientable. Le point 5 garantit qu’il y a une vraie
fondapol
19. Pour le lecteur expert, indiquons que c’est le SHA-256 qui est utilisé (voir fr.wikipedia.org/wiki/SHA-2).
20. Voir https://en.bitcoin.it/wiki/Block_size_limit_controversy (en anglais).
20
6,6 transactions par seconde 21. La bonne nouvelle est que cela fonctionne
au niveau de la planète, mais la mauvaise nouvelle est que, pour que cela
fonctionne, il faut utiliser une capacité importante de la puissance de calcul
mondiale.
La blockchain a merveilleusement commencé en utilisant des cycles de calculs
disponibles sur des machines vides, réparties dans toute la communauté, ce
qui est doublement vertueux pour le CO2 et pour le point 4. Au début de la
blockchain, des particuliers utilisaient les cartes graphiques de leurs ordinateurs,
plus puissantes que les processeurs eux-mêmes. On trouve d’ailleurs en vente
sur Internet des machines spécifiques « minage de la blockchain ». Mais, en ce
moment, 50 % de la puissance du minage est concentré sur quelques acteurs
chinois, avec du hardware spécialisé.
21
lui-même, comme c’est le cas avec la blockchain. Cette solution supporte les
promesses 1 à 3, et donc un des pouvoirs disruptifs de la blockchain, à savoir
« trust as a service », serait parfaitement obtenu par une telle approche, du
moment que la confiance est mise dans le tiers de confiance.
Il existe donc des solutions qui permettent de produire des blockchains
alternatives, beaucoup moins chères, que l’on peut alors appliquer à des sous-
domaines fonctionnels. L’intérêt principal est alors de diminuer les coûts de
transaction, en éliminant du travail humain qui peut être réalisé avec une
meilleure sécurité et à un coût plus faible par les algorithmes. Par exemple,
avec l’utilisation d’une blockchain, le transfert d’argent d’un pays à un autre
verrait son coût divisé par dix et prendrait dix minutes pour être certifié, au
lieu de quelques jours actuellement. C’est cette promesse qui attire aujourd’hui
le monde de la finance.
Répétons-le encore une dernière fois : la promesse de résistance à la fraude de la
blockchain n’est pas résistante à une décroissance, une petite communauté ne
| l’innovation politique
se protège pas contre une tierce partie maligne avec une très forte puissance de
calcul, et donc il faut un sujet d’intérêt mondial pour attirer une communauté
mondiale de mineurs. La question à se poser est, pour chaque cas d’utilisation
de la blockchain, celle de savoir s’il est possible de convoquer une communauté
mondiale sur le domaine (sinon le point 4 ne fonctionne pas et il est possible
fondapol
22
ou sociétal et dans lesquels nous serions contents de nous passer d’institutions,
voire d’un État. Un modèle émerge alors, qui se nomme Decentralized
Autonomous Organization (DAO), décrit plus loin dans ce document.
23
en moins chères au fur et à mesure que les machines seront plus puissantes
à coûts réduits), alors que la blockchain, par nature, conduit à produire de
plus en plus d’efforts lorsque les machines progressent. À côté de la preuve
de travail où, rappelons-le, tout le monde doit résoudre le même puzzle, une
autre manière de créer le consensus a émergé : le proof of stake 25, où l’effort
de mining ne se fait que sur des sous-ensembles de la blockchain où le mineur
est concerné. Bitcoin est construit sur la preuve de travail, mais d’autres
cryptomonnaies ont évolué vers le proof of stake, comme Peercoin.
24
transactions sont sincères, tant dans le calcul de leur montant que dans leur
paiement. La fraude n’est plus possible.
Le coût de vérification est bien moindre que la même opération réalisée avec
un opérateur humain et, surtout, beaucoup plus rapide. Ceci est vrai si les
événements qui permettent de vérifier l’exécution du contrat peuvent être
automatiquement captés par la blockchain, comme dans le cas d’un prêt
bancaire et de ses remboursements. Mais que faire, par exemple, quand le
déclenchement d’une action (un paiement) dépend d’un événement physique
comme la livraison d’un bien ? C’est alors que l’intégration des objets
intelligents dans le smart contract prend tout son sens. On pourrait imaginer
un monde de clés électroniques où la possession d’un bien immobilier serait
automatiquement déclenchée à partir de l’exécution du contrat de vente ou
de location présent dans la blockchain, donc non biaisé et auditable, rendant
ainsi la propriété inviolable. L’ancien propriétaire ne pourrait plus rentrer
car sa clé électronique ne fonctionnerait plus, et le nouveau ne pourrait y
27. La première réalisation de cette idée est bien expliquée dans une vidéo intitulée « Rent, sell or share
anything – without middlemen » (slock.it), réalisée par une start-up qui rend possible la location où le prêt de
tout objet personnel grâce à une blockchain.
28. Voir « Airbnb just acquired a team of bitcoin and blockchain experts » qs.com, 12 avril 2016
(qz.com/657246/airbnb-just-acquired-a-team-of-bitcoin-and-blockchain-experts).
29. Sur l’importance d’une société basée sur la connaissance, Idriss J. Aberkane, Économie de la connaissance,
Fondation pour l’innovation politique, 2015 (www.fondapol.org/etude/idriss-j-aberkane-economie-de-la-
connaissance).
25
en regroupant l’information et la logistique 30. Dans ce modèle, la hiérarchie
est importante parce qu’elle réduit l’incertitude, donc les coûts de transaction.
Mais pourquoi le monde n’est-il pas alors une seule entreprise ? Parce qu’un
second coût vient se greffer sur le premier : le coût d’organisation. En d’autres
termes, la loi des rendements décroissants fait que le résultat n’est pas toujours
proportionnel aux moyens. Le modèle en pair à pair permet justement de
continuer d’assurer la transmission de l’information tout en garantissant la
confiance. Ceci s’applique également au modèle transactionnel.
Ronald Coase s’intéressait aussi aux coûts sociaux et montrait que l’État n’a
pas assez d’informations pour taxer au bon niveau mais que les agents taxants
et les taxés pouvaient se mettre d’accord – on dirait aujourd’hui « en mode
pair à pair » –, pourvu que les coûts de transaction soient faibles.
Il ne manquait plus qu’une technologie pour supporter les idées de Coase :
c’est justement ce que fait la blockchain. On perçoit alors que le modèle de la
blockchain sape en profondeur la raison principale d’existence des institutions.
| l’innovation politique
Mais les cols blancs vont bientôt suivre la même logique : si le « cerveau-
d’œuvre » a remplacé la main-d’œuvre 31, celui-ci peut être également
automatisé, et donc remplacé par des ordinateurs. Plus l’entreprise sera
gouvernée par des règles et des processus, plus leur automatisation deviendra
évidente. Si l’on reprend l’exemple de la banque, effectuer un virement ne
nécessite en rien la présence d’un être humain « au milieu » qui n’apporte
aucune valeur ajoutée par rapport aux règles de la banque, voire qui ralentit
le processus – ou même qui ne devient utile que quand il s’agit de contourner
les règles. Appliquer les règles d’une entreprise pour effectuer une transaction
valide peut très bien se faire uniquement avec des logiciels, nous l’avons
montré avec les smart contracts. Cela ne signifie bien sûr pas la fin de l’être
humain, mais l’apparition d’un modèle d’entreprise où les intelligences
seraient alors utilisées non plus pour faire des tâches répétitives sans valeur
ajoutée, mais pour créer de la connaissance. Toutes les conditions sont alors
réunies pour créer un modèle d’entreprise totalement efficace, où toutes les
30. Ronald Coase, « The Nature of the firm », Economica, vol 4, n° 16, novembre 1937, p. 386-405
(https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1468-0335.1937.tb00002.x).
31. Jean-Pierre Corniou et al., Le Choc numérique, Nuvis, 2013 (voir aussi www.lechocnumerique.fr).
26
parties prenantes peuvent participer à la décision, auditer les règles et en
vérifier l’application. L’équivalent de ce phénomène en politique serait le
« government as a platform », tel qu’il a été défini par Tim O’Reilly 32. La
blockchain est alors l’outil qui permet de gérer ces entreprises.
La DAO est un modèle de gouvernance théorique où des entités autonomes
coopèrent entre elles selon des règles de travail qui sont infalsifiables. Pour
atteindre cet objectif, une méthode est d’implémenter les règles en utilisant des
logiciels open source qui sont distribués sur tous les ordinateurs des parties
prenantes. Un exemple de codage de règles de gouvernance peut être trouvé
sur le site d’Ethereum 33. La représentation codée des règles peut paraître
bizarre, mais il rend plus simple leur compréhension, et donc facilite leur audit.
Un effet de bord de l’usage des blockchains serait de vérifier la cohérence des
règles de gouvernance. Il est sûr que les codes sont remplis de contradictions,
qui deviendraient alors décelables. Un effet intéressant est la possibilité, via la
blockchain, de mettre en place une démocratie liquide, où chaque personne
Le cas Ethereum
Dans le monde Internet, très souvent le premier installé prend toute la place
(« winner takes all »), à condition qu’il trouve le bon modèle économique.
On l’a vu avec Google 35, Amazon, mais aussi Airbnb, Uber et bien d’autres.
Dans le monde de la blockchain, une société émerge actuellement, qui offre
une blockchain générique : Ethereum.
Ethereum est une fondation, basée à Toronto, et une entreprise, basée en
Suisse, qui propose une blockchain permettant de gérer non seulement de la
cryptomonnaie, mais aussi des smart contracts, au travers d’un automate de
Turing. Son code est open source, sa monnaie, qui se nomme ether, vaut, en
avril 2016, 900 millions de dollars 36.
32. Tim O’Reilly, « Government as a Platform », in Daniel Lathrop et Laurel Ruma (dir.), Open Government.
Collaboration, Transparency, and Participation in Practice, O’Reilly Media, février 2010, chap. 2
(https://www.mitpressjournals.org/doi/pdf/10.1162/INOV_a_00056).
33. « How to build a democracy on the blockchain », www.ethereum.org/dao.
34. Voir boardroom.to. Leur « livre blanc » résume assez bien les actions typiques d’une DAO : Nick Dodson,
BoardRoom: A Next-Generation Decentralized Governance Apparatus, s.d. (http://boardroom.to/).
35. AltaVista existait avant Google, mais n’a pas su trouver son modèle économique. Lors du rachat de Digital
par Compaq, AltaVista n’a même pas fait partie de la valorisation de Digital.
36. Voir l’évolution en continu sur coinmarketcap.com/currencies/ethereum.
27
Ethereum ouvre dans plusieurs dimensions, à la fois sur ce qu’il faut faire
pour miner et ce qu’il est possible de certifier, puisque l’ambition est d’avoir
un automate Turing complet certifié. Le risque est d’empiler un tel niveau
de complexité que d’autres problèmes risquent d’apparaître, alors qu’on
est très loin d’avoir exploré tout ce qu’il est déjà possible de faire avec la
blockchain. Mais il faut faire confiance à la capacité américaine pour résoudre
les problèmes lorsqu’ils se présentent.
Microsoft vient de proposer une « blockchain as a service » basée sur les
technologies Ethereum 37. Savoir si Ethereum sera le prochain service quasi
universel ou bien si Amazon va créer sa propre blockchain en continuation
d’Amazon Elastic Compute Cloud (EC2) reste du domaine de la spéculation.
| l’innovation politique
Les usages sont déjà nombreux, et ce dans des domaines variés. Il n’est déjà
plus possible de tous les lister, mais il est possible d’en donner quelques
exemples. Il est probable que, dans moins d’un an (soit en 2017), le panorama
fondapol
des usages soit différent de ce qu’il est aujourd’hui. En revanche, toutes les
expérimentations ne remplissent pas forcément l’ensemble des cinq promesses.
On imagine mal une institution tiers de confiance créant tout de go une
blockchain proposant les promesses de 1 à 5 sans penser à son nouveau rôle
dans un monde où la blockchain assurerait la confiance dans les transactions,
rendant le tiers inutile.
Finance
Le premier exemple d’usage de la blockchain a été, bien sûr, le bitcoin. Cette
cryptomonnaie, qui respecte les cinq promesses de la blockchain, a été inventée
en 2007 par un mystérieux Satoshi Nakamoto. Elle est limitée en quantité (21
millions) et commence à être bien installée dans le paysage : en mai 2016, on
recense plus de 7 600 lieux dans le monde acceptant le bitcoin comme moyen
de paiement 38 et la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine a
37. Giulio Prisco, « Microsoft Launches Ethereum Blockchain as a Service (EBaaS) at Devcon, Boosts
Ethereum », 11 novembre 2015, bitcoinmagazine.com (Bitcoinmagazine.com/articles/microsoft-launches-
ethereum-la blockchain-as-a-service-ebaas-at-devcon-boosts-ethereum-1447277647).
38. Voir carte du monde actualisée sur https://coinmap.org/#/world/47.57652571/6.67968750/4.
28
même autorisé le bitcoin comme monnaie pour les dons des partis politiques.
Le bitcoin a vite été rattrapé par d’autres cryptomonnaies : Wikipédia en
recense plus de 600, dont 9 à plus de 10 millions de dollars 39.
La finance est un exemple typique de modèle qui a du mal à muter. Non
seulement le coût des transactions bancaires est énorme, mais elles ne sont pas
fluides : il faut ainsi encore plusieurs jours pour effectuer un transfert intra-
européen, pour un service rendu qui n’est pas de très grande qualité. Surtout,
les banques sont plutôt frileuses en termes d’ouverture ; il a fallu l’arrivée
de PayPal pour qu’elles commencent à ouvrir des API. Toute intervention
humaine dans une transaction signifie ralentissement, donc plus faible capacité
de traitement globale, donc mauvaise qualité de service. Le coût de la méfiance
est énorme, c’est un des atouts de la blockchain que de permettre de passer à
un modèle basé sur la confiance.
Côté clients, la grande force de la blockchain est d’accélérer les transactions
tout en préservant la confiance collective. Côté institutions financières,
Santé
Notre système de santé date de l’Antiquité 41. Il n’y a quasiment aucun transfert
d’informations entre toutes les parties prenantes : médecin de ville, infirmière,
hôpitaux ; et c’est encore le patient qui assure la fonction de communication
en transportant son propre dossier. La construction du dossier médical
personnalisé est un échec cuisant, pour des raisons purement politiques. La
conséquence est une méfiance accrue dans l’institution.
Une blockchain aurait beaucoup d’avantages : tout d’abord plus de tiers
de confiance qui gaspille l’argent du public pour fabriquer des systèmes
complexes qui ne fonctionnent pas. La blockchain permet un système de santé
29
dont le coût de fabrication, et de fonctionnement, est plus faible, rendant
ainsi la somme d’argent nécessaire au remboursement plus élevée. De plus, la
possibilité de rentrer des « smart contracts » dans la blockchain permet une
médecine beaucoup plus individualisée, où les dépenses et les remboursements
seraient fonction du profil. Enfin, ce serait la communauté qui aurait une
garantie de bon fonctionnement, au lieu d’une administration opaque.
Ce n’est pas une utopie : l’Estonie, pays connu pour investir énormément dans
le numérique, est en cours de création d’une blockchain pour stocker tous les
dossiers médicaux de ses citoyens 42.
Politique
La complexité des codes français n’est pas à démontrer. Le code du travail à
lui tout seul représente entre 2 000 et 15 000 pages suivant que l’on considère
le cœur du code ou bien la jurisprudence. Mais même 2 000 pages, cela fait
| l’innovation politique
30
une blockchain 45. Le principe est que les sénateurs du parti doivent appliquer
les décisions prises par les membres par vote sur la blockchain. L’innovation
est que les membres ont des crédits de votes, qu’ils peuvent échanger sur
la blockchain pour se concentrer sur leurs propres sujets d’intérêt. Il s’agit
d’une véritable implémentation des principes de démocratie liquide 46, avec la
délégation sur certains sujets et le vote direct sur d’autres.
Médias
Le monde de la musique et du cinéma voue à Internet un mélange d’amour
et de haine. La rage que met surtout la Recording Industry Association of
America (RIAA) à combattre les « pirates » est impressionnante. Nous ne
rentrerons dans le débat juste pour dire que ce monde est dans une économie
matérielle et que la fameuse loi « quand on partage un bien matériel, il se
divise ; quand on partage un bien immatériel, il se multiplie » s’applique bien
au cas de la musique.
Petites annonces
OpenBazaar 48 (actuellement en beta) est une plateforme de petites annonces
en pure mode pair à pair. Au lieu de passer par un site, chaque utilisateur
télécharge un logiciel sur son ordinateur et peut accéder aux offres, ou bien
vendre son propre bien, sans aucune commission. C’est un concurrent de eBay
ou du Bon coin.
31
Transport
Le transport collaboratif possède aussi sa blockchain. Lazooz 49 propose de
partager la route et, bien sûr, de gérer les transactions financières, sur une
blockchain. Tout comme OpenBazaar, la première qualité est de baisser les
coûts de transaction. Il restera néanmoins à voir précisément si, dans le cas
du partage de voiture, l’existence d’un tiers de confiance externe vers qui
l’utilisateur peut se retourner et qui est capable de mutualiser les risques – et
donc de garantir la satisfaction client – ne reste pas un ingrédient nécessaire
au succès.
LE FUTUR
| l’innovation politique
49. www.lazooz.net.
32
Nous voyons en conséquence émerger une structure arborescente : une
grosse blockchain centrale, mondiale, certifiée par une communauté large,
et des branches (blockchains ou autres) opérées de façon plus simple par des
start-up ou des communautés restreintes d’intérêt. L’intérêt de cette approche
est d’offrir à une start-up la capacité de mettre dans la grande blockchain
le ledger de ses propres activités pour offrir confiance et transparence à ses
propres clients, lui-même géré avec des techniques plus légères, qui permettent
alors, par exemple, des coûts de fonctionnement ou une latence plus faible.
Cette approche a donné naissance à plusieurs développements technologiques,
dont les sidechains. Une sidechain est une chaîne de transactions gérée par
une sous-communauté, avec des techniques semblables de chiffrement et
d’authentification mais avec un protocole plus simple permettant de plus
grandes performances. La distribution du contrôle (la sidechain est sous le
contrôle d’un groupe plus petit) donne plus d’agilité, mais l’extrémité de cette
sidechain (le peg) est inscrite dans la blockchain pour que toute cette sous-
50. Pour approfondir le mécanisme des sidechains, voir Adam Back et al., « Enabling Blockchain Innovations
with Pegged Sidechains », abstract, 22 octobre 2014 (blockstream.com/sidechains.pdf).
51. Lire par exemple « Drivechain – the simple two way peg » (www.truthcoin.info/blog/drivechain).
33
CONCLUSION
humaine dans une transaction signifie ralentissement, donc plus faible capacité
de traitement globale, donc mauvaise qualité de service. La grande force de
la blockchain est d’accélérer les transactions tout en préservant la confiance
collective, et ce à moindre coût.
Grâce à l’invention des technologies de l’Internet, le monde des
fondapol
34
35
Retrouvez sur notre site internet les vidéos des interventions
lors de l’événement de la Fondation pour l’innovation politique,
36
Pour la croissance, La transformation numérique
la débureaucratisation par la confiance au service de la croissance
Pierre Pezziardi, Serge Soudoplatoff Jean-Pierre Corniou, juin 2011,
et Xavier Quérat-Hément, 52 pages
novembre 2013, 48 pages
Valeurs d’islam
Dominique Reynié (dir.), préface par le cheikh Khaled Bentounès,
PUF, janvier 2016, 432 pages
Chiites et sunnites : paix impossible ?
Mathieu Terrier, janvier 2016, 44 pages
Projet d’entreprise : renouveler le capitalisme
Daniel Hurstel, décembre 2015, 44 pages
Le mutualisme : répondre aux défis assurantiels
Arnaud Chneiweiss et Stéphane Tisserand, novembre 2015, 44 pages
L’Opinion européenne en 2015
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, novembre 2015, 140 pages
La noopolitique : le pouvoir de la connaissance
Idriss J. Aberkane, novembre 2015, 52 pages
Innovation politique 2015
Fondation pour l’innovation politique, PUF, octobre 2015, 576 pages
Good COP21, Bad COP21(2) : une réflexion à contre-courant
Albert Bressand, octobre 2015, 48 pages
Good COP21, Bad COP21(1) : le Kant européen et le Machiavel chinois
Albert Bressand, octobre 2015, 48 pages
PME : nouveaux modes de financement
Mohamed Abdesslam et Benjamin Le Pendeven, octobre 2015, 44 pages
38
Vive l’automobilisme ! (2) Pourquoi il faut défendre la route
Mathieu Flonneau et Jean-Pierre Orfeuil, octobre 2015, 44 pages
Vive l’automobilisme ! (1) Les conditions d’une mobilité conviviale
Mathieu Flonneau et Jean-Pierre Orfeuil, octobre 2015, 40 pages
Crise de la conscience arabo-musulmane
Malik Bezouh, septembre 2015, 40 pages
Départementales de mars 2015 (3) : le second tour
Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, août 2015, 56 pages
Départementales de mars 2015 (2) : le premier tour
Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, août 2015, 56 pages
Départementales de mars 2015 (1) : le contexte
Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, août 2015, 44 pages
Enseignement supérieur : les limites de la « mastérisation »
Julien Gonzalez, juillet 2015, 44 pages
Politique économique : l’enjeu franco-allemand
Wolfgang Glomb et Henry d’Arcole, juin 2015, 36 pages
Les lois de la primaire. Celles d’hier, celles de demain.
François Bazin, juin 2015, 48 pages
Économie de la connaissance
Idriss J. Aberkane, mai 2015, 48 pages
Lutter contre les vols et cambriolages : une approche économique
Emmanuel Combe et Sébastien Daziano, mai 2015, 56 pages
Unir pour agir : un programme pour la croissance
Alain Madelin, mai 2015, 52 pages
Nouvelle entreprise et valeur humaine
Francis Mer, avril 2015, 32 pages
Les transports et le financement de la mobilité
Yves Crozet, avril 2015, 32 pages
Numérique et mobilité : impacts et synergies
Jean Coldefy, avril 2015, 36 pages
Islam et démocratie : face à la modernité
Mohamed Beddy Ebnou, mars 2015, 40 pages
Islam et démocratie : les fondements
Aḥmad Al-Raysuni, mars 2015, 40 pages
Les femmes et l’islam : une vision réformiste
Asma Lamrabet, mars 2015, 48 pages
Éducation et islam
Mustapha Cherif, mars 2015, 44 pages
Que nous disent les élections législatives partielles depuis 2012 ?
Dominique Reynié, février 2015, 4 pages
39
L’islam et les valeurs de la République
Saad Khiari, février 2015, 44 pages
Islam et contrat social
Philippe Moulinet, février 2015, 44 pages
Le soufisme : spiritualité et citoyenneté
Bariza Khiari, février 2015, 56 pages
L’humanisme et l’humanité en islam
Ahmed Bouyerdene, février 2015, 56 pages
Éradiquer l’hépatite C en France : quelles stratégies publiques ?
Nicolas Bouzou et Christophe Marques, janvier 2015, 40 pages
Coran, clés de lecture
Tareq Oubrou, janvier 2015, 44 pages
Le pluralisme religieux en islam, ou la conscience de l’altérité
Éric Geoffroy, janvier 2015, 40 pages
Mémoires à venir
| l’innovation politique
40
L’Opinion européenne en 2014
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, avril 2014, 284 pages
Taxer mieux, gagner plus
Robin Rivaton, avril 2014, 52 pages
L’État innovant (2) : Diversifier la haute administration
Kevin Brookes et Benjamin Le Pendeven, mars 2014, 44 pages
L’État innovant (1) : Renforcer les think tanks
Kevin Brookes et Benjamin Le Pendeven, mars 2014, 52 pages
Pour un new deal fiscal
Gianmarco Monsellato, mars 2014, 8 pages
Faire cesser la mendicité avec enfants
Julien Damon, mars 2014, 44 pages
Le low cost, une révolution économique et démocratique
Emmanuel Combe, février 2014, 52 pages
Un accès équitable aux thérapies contre le cancer
Nicolas Bouzou, février 2014, 52 pages
Réformer le statut des enseignants
Luc Chatel, janvier 2014, 8 pages
Un outil de finance sociale : les social impact bonds
Yan de Kerorguen, décembre 2013, 36 pages
Pour la croissance, la débureaucratisation par la confiance
Pierre Pezziardi, Serge Soudoplatoff et Xavier Quérat-Hément, novembre 2013,
48 pages
Les valeurs des Franciliens
Guénaëlle Gault, octobre 2013, 36 pages
Sortir d’une grève étudiante : le cas du Québec
Jean-Patrick Brady et Stéphane Paquin, octobre 2013, 40 pages
Un contrat de travail unique avec indemnités de départ intégrées
Charles Beigbeder, juillet 2013, 8 pages
L’Opinion européenne en 2013
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, juillet 2013, 268 pages
La nouvelle vague des émergents : Bangladesh, Éthiopie, Nigeria, Indonésie,
Vietnam, Mexique
Laurence Daziano, juillet 2013, 40 pages
Transition énergétique européenne : bonnes intentions et mauvais calculs
Albert Bressand, juillet 2013, 44 pages
La démobilité : travailler, vivre autrement
Julien Damon, juin 2013, 44 pages
LE KAPITAL. Pour rebâtir l’industrie
Christian Saint-Étienne et Robin Rivaton, avril 2013, 40 pages
Code éthique de la vie politique et des responsables publics en France
Les Arvernes, Fondation pour l’innovation politique, avril 2013, 12 pages
41
Les classes moyennes dans les pays émergents
Julien Damon, avril 2013, 38 pages
Innovation politique 2013
Fondation pour l’innovation politique, PUF, janvier 2013, 652 pages
Relancer notre industrie par les robots (2) : les stratégies
Robin Rivaton, décembre 2012, 40 pages
Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeux
Robin Rivaton, décembre 2012, 52 pages
La compétitivité passe aussi par la fiscalité
Aldo Cardoso, Michel Didier, Bertrand Jacquillat, Dominique Reynié et Grégoire
Sentilhes, décembre 2012, 20 pages
Une autre politique monétaire pour résoudre la crise
Nicolas Goetzmann, décembre 2012, 40 pages
La nouvelle politique fiscale rend-elle l’ISF inconstitutionnel ?
Aldo Cardoso, novembre 2012, 12 pages
| l’innovation politique
42
Révolution des valeurs et mondialisation
Luc Ferry, janvier 2012, 36 pages
Quel avenir pour la social-démocratie en Europe ?
Sir Stuart Bell, décembre 2011, 36 pages
La régulation professionnelle : des règles non étatiques pour mieux
responsabiliser
Jean-Pierre Teyssier, décembre 2011, 36 pages
L’hospitalité : une éthique du soin
Emmanuel Hirsch, décembre 2011, 32 pages
12 idées pour 2012
Fondation pour l’innovation politique, décembre 2011, 110 pages
Les classes moyennes et le logement
Julien Damon, décembre 2011, 40 pages
Réformer la santé : trois propositions
Nicolas Bouzou, novembre 2011, 32 pages
Le nouveau Parlement : la révision du 23 juillet 2008
Jean-Félix de Bujadoux, novembre 2011, 40 pages
La responsabilité
Alain-Gérard Slama, novembre 2011, 32 pages
Le vote des classes moyennes
Élisabeth Dupoirier, novembre 2011, 40 pages
La compétitivité par la qualité
Emmanuel Combe et Jean-Louis Mucchielli, octobre 2011, 32 pages
Les classes moyennes et le crédit
Nicolas Pécourt, octobre 2011, 32 pages
Portrait des classes moyennes
Laure Bonneval, Jérôme Fourquet et Fabienne Gomant, octobre 2011, 36 pages
Morale, éthique, déontologie
Michel Maffesoli, octobre 2011, 40 pages
Sortir du communisme, changer d’époque
Stéphane Courtois (dir.), PUF, octobre 2011, 672 pages
L’énergie nucléaire après Fukushima : incident mineur ou nouvelle donne ?
Malcolm Grimston, septembre 2011, 16 pages
La jeunesse du monde
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, septembre 2011, 132 pages
Pouvoir d’achat : une politique
Emmanuel Combe, septembre 2011, 52 pages
La liberté religieuse
Henri Madelin, septembre 2011, 36 pages
Réduire notre dette publique
Jean-Marc Daniel, septembre 2011, 40 pages
43
Écologie et libéralisme
Corine Pelluchon, août 2011, 40 pages
Valoriser les monuments historiques : de nouvelles stratégies
Wladimir Mitrofanoff et Christiane Schmuckle-Mollard, juillet 2011, 28 pages
Contester les technosciences : leurs raisons
Eddy Fougier, juillet 2011, 40 pages
Contester les technosciences : leurs réseaux
Sylvain Boulouque, juillet 2011, 36 pages
La fraternité
Paul Thibaud, juin 2011, 36 pages
La transformation numérique au service de la croissance
Jean-Pierre Corniou, juin 2011, 52 pages
L’engagement
Dominique Schnapper, juin 2011, 32 pages
Liberté, Égalité, Fraternité
| l’innovation politique
44
Eau : défis mondiaux, perspectives françaises
Gérard Payen, mars 2011, 62 pages
L’irrigation pour une agriculture durable
Jean-Paul Renoux, mars 2011, 42 pages
Gestion de l’eau : vers de nouveaux modèles
Antoine Frérot, mars 2011, 32 pages
Où en est la droite ? L’Autriche
Patrick Moreau, février 2011, 42 pages
La participation au service de l’emploi et du pouvoir d’achat
Jacques Perche et Antoine Pertinax, février 2011, 32 pages
Le tandem franco-allemand face à la crise de l’euro
Wolfgang Glomb, février 2011, 38 pages
2011, la jeunesse du monde
Dominique Reynié (dir.), janvier 2011, 88 pages
L’Opinion européenne en 2011
Dominique Reynié (dir.), Édition Lignes de Repères, janvier 2011, 254 pages
Administration 2.0
Thierry Weibel, janvier 2011, 48 pages
Où en est la droite ? La Bulgarie
Antony Todorov, décembre 2010, 32 pages
Le retour du tirage au sort en politique
Gil Delannoi, décembre 2010, 38 pages
La compétence morale du peuple
Raymond Boudon, novembre 2010, 30 pages
L’Académie au pays du capital
Bernard Belloc et Pierre-François Mourier, PUF, novembre 2010, 222 pages
Pour une nouvelle politique agricole commune
Bernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages
Sécurité alimentaire : un enjeu global
Bernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages
Les vertus cachées du low cost aérien
Emmanuel Combe, novembre 2010, 40 pages
Innovation politique 2011
Fondation pour l’innovation politique, PUF, novembre 2010, 676 pages
Défense : surmonter l’impasse budgétaire
Guillaume Lagane, octobre 2010, 34 pages
Où en est la droite ? L’Espagne
Joan Marcet, octobre 2010, 34 pages
Les vertus de la concurrence
David Sraer, septembre 2010, 44 pages
45
Internet, politique et coproduction citoyenne
Robin Berjon, septembre 2010, 32 pages
Où en est la droite ? La Pologne
Dominika Tomaszewska-Mortimer, août 2010, 42 pages
Où en est la droite ? La Suède et le Danemark
Jacob Christensen, juillet 2010, 44 pages
Quel policier dans notre société ?
Mathieu Zagrodzki, juillet 2010, 28 pages
Où en est la droite ? L’Italie
Sofia Ventura, juillet 2010, 36 pages
Crise bancaire, dette publique : une vue allemande
Wolfgang Glomb, juillet 2010, 28 pages
Dette publique, inquiétude publique
Jérôme Fourquet, juin 2010, 32 pages
Une régulation bancaire pour une croissance durable
Nathalie Janson, juin 2010, 36 pages
Quatre propositions pour rénover notre modèle agricole
Pascal Perri, mai 2010, 32 pages
Régionales 2010 : que sont les électeurs devenus ?
Pascal Perrineau, mai 2010, 56 pages
L’Opinion européenne en 2010
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, mai 2010, 245 pages
Pays-Bas : la tentation populiste
Christophe de Voogd, mai 2010, 43 pages
Quatre idées pour renforcer le pouvoir d’achat
Pascal Perri, avril 2010, 30 pages
Où en est la droite ? La Grande-Bretagne
David Hanley, avril 2010, 34 pages
Renforcer le rôle économique des régions
Nicolas Bouzou, mars 2010, 30 pages
Réduire la dette grâce à la Constitution
Jacques Delpla, février 2010, 54 pages
Stratégie pour une réduction de la dette publique française
Nicolas Bouzou, février 2010, 30 pages
Iran : une révolution civile ?
Nader Vahabi, novembre 2009, 19 pages
Où va l’Église catholique ? D’une querelle du libéralisme à l’autre
Émile Perreau-Saussine, octobre 2009, 26 pages
Agir pour la croissance verte
Valéry Morron et Déborah Sanchez, octobre 2009, 11 pages
46
L’économie allemande à la veille des législatives de 2009
Nicolas Bouzou et Jérôme Duval-Hamel, septembre 2009, 10 pages
Élections européennes 2009 : analyse des résultats en Europe et en France
Corinne Deloy, Dominique Reynié et Pascal Perrineau, septembre 2009,
32 pages
Retour sur l’alliance soviéto-nazie, 70 ans après
Stéphane Courtois, juillet 2009, 16 pages
L’État administratif et le libéralisme. Une histoire française
Lucien Jaume, juin 2009, 12 pages
La politique européenne de développement : Une réponse à la crise de la
mondialisation ?
Jean-Michel Debrat, juin 2009, 12 pages
La protestation contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs :
défense du statut, illustration du statu quo.
Suivi d’une discussion entre l’auteur et Bruno Bensasson
David Bonneau, mai 2009, 20 pages
La lutte contre les discriminations liées à l’âge en matière d’emploi
Élise Muir (dir.), mai 2009, 64 pages
Quatre propositions pour que l’Europe ne tombe pas dans le protectionnisme
Nicolas Bouzou, mars 2009, 12 pages
Après le 29 janvier : la fonction publique contre la société civile ?
Une question de justice sociale et un problème démocratique
Dominique Reynié, mars 2009, 22 pages
La réforme de l’enseignement supérieur en Australie
Zoe McKenzie, mars 2009, 74 pages
Les réformes face au conflit social
Dominique Reynié, janvier 2009, 14 pages
L’Opinion européenne en 2009
Dominique Reynié (dir.), Éditions Lignes de Repères, mars 2009, 237 pages
Travailler le dimanche: qu’en pensent ceux qui travaillent le dimanche ?
Sondage, analyse, éléments pour le débat
Dominique Reynié, janvier 2009, 18 pages
Stratégie européenne pour la croissance verte
Elvire Fabry et Damien Tresallet (dir.), novembre 2008, 124 pages
Défense, immigration, énergie : regards croisés franco-allemands sur trois
priorités de la présidence française de l’UE
Elvire Fabry, octobre 2008, 35 pages
47
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