Solf 2005
Solf 2005
Solf 2005
1. Soit un triangle équilatéral dont le côté est de longueur n, divisé en triangles unitaires
tel qu’illustré. Soit f (n) le nombre de chemins allant du triangle de la rangée du haut
jusqu’au triangle au centre de la rangée du bas, de façon à ce que des triangles adjacents
partagent une arête commune et que le chemin ne repasse jamais par le même triangle
et qu’il n’aille jamais vers le haut (d’une rangée inférieure à une rangée supérieure). Un
tel chemin est illustré ci-après avec n = 5. Déterminer la valeur de f (2005).
Solution
Nous allons montrer que f (n) = (n − 1)!.
Étiqueter selon l1, l2 , . . . les segments horizontaux du triangle, tel quillustré ci-bas.
Puisque le chemin allant du triangle de la rangée du haut jusqu’à la rangée du bas
ne se déplace jamais vers le haut, ce chemin doit traverser chacune de l1 , l2, . . . , ln−1
exactement une seule fois. Les lignes diagonales du triangle divisent lk en k segments
unitaires, et le chemin doit traverser exactement un de ces k segments, ceci pour chaque
k. (Au schéma qui suit, on a indiqué en gras ces segments sélectionnés.) Le chemin
est entièrement défini par cet ensemble de n − 1 segments où le chemin va du haut
vers le bas. Allant de la rangée k à la rangée k + 1, il y a k segments possibles où le
chemin va traverser lk . Ainsi, il y a 1 · 2 · 3 · · · (n − 1) = (n − 1)! façons de traverser les
n − 1 lignes horizontales, chacune d’entre elles correspondant à un chemin unique, d’où
f (n) = (n − 1)!.
Ainsi f (2005) = (2004)!.
l1
l2
l3
l4
2. Soit (a, b, c) un triplet pythagoricien, i.e. un triplet d’entiers positifs tels que a2 +b2 = c2.
a) Démontrer que (c/a + c/b)2 > 8.
b) Démontrer qu’il n’existe aucun entier n pour lequel il existe un triplet pythagoricien
(a, b, c) satisfaisant (c/a + c/b)2 = n.
a) Solution 1
Soit (a, b, c) un triplet pythagoricien. Envisager a et b comme longueurs d’un
triangle rectangle dont l’hypotenuse est c; soit θ l’angle déterminé par les cotés de
longueurs a et c. Alors
c c 2 2
1 1 sin2 θ + cos2 θ + 2 sin θ cos θ
+ = + =
a b cos θ sin θ (sin θ cos θ)2
1 + sin 2θ 4 4
= 4 2 = 2 +
sin 2θ sin 2θ sin 2θ
Puisque 0 < θ < 90◦ , on√a 0 < sin 2θ ≤ 1, avec égalité si et seulement si θ = 45◦ .
Mais alors a = b, puis 2 = c/a, contredisant le fait que a et c sont tous deux
entiers. Ainsi, 0 < sin 2θ < 1, d’où (c/a + c/b)2 > 8.
Solution 2
Définissant θ comme dans la solution 1, nous avons c/a + c/b = sec θ + √ csc θ. Par
l’inégalité arithmético-géométrique, nous avons alors (sec θ+csc θ)/2 ≥ sec θ csc θ.
Ainsi √
2 2 2 √
c/a + c/b ≥ √ =√ ≥ 2 2.
sin θ cos θ sin 2θ
√
Puisque a, b et c sont entiers, nous avons c/a+c/b > 2 2, donnant (c/a+c/b)2 > 8.
Solution 3
Par simplification et l’inégalité arithmético-géométrique,
c c 2 2 √ √
2 a+b (a2 + b2)(a + b)2 2 a2b2 (2 ab)2
+ =c = ≥ = 8,
a b ab a2b2 a2b2
avec égalité si et seulement si a = b. Par le même argument que dans la Solution 1,
a ne peut pas égaler b, d’où l’inégalité est stricte.
Solution 4
c c 2 c2 c2 2c2 b2 a2 2(a2 + b2)
+ = 2+ 2+ =1+ 2 + 2 +1+
a b a b ab a b ab
2
a b 2
= 2+ − +2+ (a − b)2 + 2ab
b a ab
2
a b 2(a − b)2
= 4+ − + + 4 ≥ 8,
b a ab
avec égalité si et seulement si a = b, qui ne peut pas avoir lieu, comme vu ci-haut.
b) Solution 1
Puisque c/a + c/b est rationnel, (c/a + c/b)2 ne peut être entier que si c/a + c/b
est entier. Supposons que c/a + c/b = m entier. Sans perte de généralité, on peut
supposer que pgcd(a, b) = 1. (Autrement, on peut enlever le facteur commun de
(a, b, c), laissant m inchangé.)
Puisque c(a + b) = mab et que pgcd(a, a + b) = 1, a doit diviser c, donnant c = ak.
Ainsi a2 + b2 = a2 k 2, d’où b2 = (k 2 − 1)a2 . D’où a divise b contredisant le fait que
pgcd(a, b) = 1. Il en découle que (c/a + c/b)2 ne peut pas être entier.
Solution 2
On commence comme dans la Solution 1, supposant que c/a + c/b = m entier, où
pgcd(a, b) = 1. Ainsi a et b ne peuvent pas être tous deux pairs. Aussi, a et b ne
peuvent pas tous deux être impairs, car alors on aurait c2 = a2 + b2 ≡ 2 (mod 4),
impossible puisque les carrés parfaits sont congrus à 0 ou 1 modulo 4. Ainsi, l’un
de a et b est pair, l’autre est impair, et c est impair.
Or c/a + c/b = m implique c(a + b) = mab, qui ne peut pas être vrai car c(a + b)
est impair et mab est pair.
3. Soit S un ensemble de n ≥ 3 points l’intérieur d’un cercle.
a) Démontrer qu’il existe trois points distincts a, b, c ∈ S et trois points distincts
A, B, C sur le cercle, tels que a est (strictement) plus près de A que tout autre
point dans S, que b est (strictement) plus près de B que tout autre point dans S
et que c est (strictement) plus près de C que tout autre point dans S.
b) Montrer que pour aucune valeur de n on ne peut garantir l’existence de quatre tels
points (et les points correspondants sur le cercle).
Solution 1
a) Soit H le plus petit ensemble convexe de points dans le plan, contenant S.† Prenons
3 points a, b, c ∈ S sur la frontière de S. (Il doit toujours y avoir au moins 3, mais
pas nécessairement 4, tels points.)
Puisque a est sur la frontière de l’ensemble convexe H, on peut construire une corde
L telle qu’aucun couple de points de H se trouve sur des côtés opposés de L. Des
deux points où la perpendiculaire à L au point a rencontre le cercle, choisir celui
sur le côté de L n’incluant aucun point de H et nommer ce point A. Il est évident
que A est plus près de a que de tout autre point de L ou de l’autre côté de L.
Ainsi, A est plus près de a que de tout autre point de S. Les points B et C sont
obtenus de façon analogue, d’où la preuve est complétée.
[Noter que cet argument tient toujours si les points de S se trouvent sur une ligne.]
P
A √
3
a 2 r
r
a b
c
L
H r
b
Q c R
(a) (b)
b) Soit P QR un triangle équilatéral inscrit dans le cercle et soient a, b et c les mi-
points des trois côtés de 4P QR. Si√r est le rayon du cercle, tout point sur le cercle
se trouve à une distance au plus ( 3/2)r de l’un de a, b, c. (Voir la figure (b)
ci-haut.)
√
Or, 3/2 < 9/10. Si S consistait de a, b et c, puis un nuage de points à distance
inférieure à r/10 du centre du cercle, il serait impossible de choisir 4 points de S
et les points correspondants sur le cercle, donnant la propriété désirée.
†
En passant, H est dit enveloppe convexe de S. Si les points de S se situent sur une droite, alors H est
le segment le plus court contenant les points de S. Autrement, H est un polygone dont les sommets sont
éléments de S, tous les autres points de S étant à l’intérieur ou sur la frontière de ce polygone.
Solution 2
a) Si tous les points de S se trouvent sur une ligne L, choisir n’importe quels 3 d’entre
eux et les nommer a, b et c. Soit A un point sur le cercle, rencontrant la perpen-
diculaire vers L au point a. Visiblement, A est plus près de a que de tout autre
point sur L, donc A est plus près de a que de tout autre point de S. On définit B
et C similairement.
Autrement, choisir a, b et c dans S de façon à ce que le triangle formé par ces
points ait une surface maximale. Construire l’altitude du côté bc vers le sommet a
et prolonger cette ligne pour qu’elle intersecte le cercle en A. Nous affirmons que
A est plus près de a que de tout autre point de S.
Supposons que non. Soit alors x un point de S dont la distance à A est inférieure
à la distance de A à a. Alors la distance perpendiculaire de x à la ligne bc est
supérieure à la distance perpendiculaire de a à la ligne bc. Mais alors le triangle
formé par les points x, b et c a une surface supérieure à celle du triangle formé par
les points a, b et c, contredisant le choix original de ces 3 points. Ainsi A est plus
près de a que de tout autre point de S.
Les points B et C sont construits à l’aide des altitudes passant par b et c, respec-
tivement.
b) Voir la Solution 1.
4. Soit ABC un triangle de rayon circonscrit R, de périmètre P et de surface K. Déterminer
la valeur maximale de KP/R3 .
Solution 1
Puisque KP/R3 est le même pour deux triangles similaires, on peut fixer R = 1, puis
maximiser KP par rapport aux triangles inscrits dans le cercle unitaire. Fixons A et
B sur le cercle unitaire. Le lieu des points C donnant un triangle de périmètre P est
une ellipse qui rencontre le cercle en au plus 4 points. La surface K est maximisée,
pour P fixe, lorsque C est choisi sur la bissectrice perpendiculaire de AB, d’où la valeur
maximale de KP est atteinte en prenant C le point où cette bissectrice perpendiculaire
rencontre le cercle. D’où la valeur maximale de KP est atteinte, pour AB fixe, lorsque
le triangle ABC est isocèle. Répétant le raisonnement avec BC fixe, on obtient que le
maximum est atteint lorsque ABC est un triangle équilatéral.
Considérons
√ donc un triangle
√ équilatéral de côté a. Il vérifie P = 3a. La hauteur est
2
a 3/2, donnant
√ K = a 3/4. De la loi du sinus, prolongée, on obtient 2R = a/ sin(60)
d’où R = a/ 3. Ainsi, la valeur maximale recherchée est
√ ! √ !3
a2 3 3 27
KP/R3 = (3a) = .
4 a 4
Solution 2
De la loi du sinus, prolongée, les côtés du triangle sont 2R sin A, 2R sin B et 2R sin C.
Ainsi
1
P = 2R(sin A + sin B + sin C) et K = (2R sin A)(2R sin B)(sin C),
2
d’où
KP
= 4 sin A sin B sin C(sin A + sin B + sin C).
R3
Nous voulons déterminer la valeur maximale de cette expression pour A + B + C = 180◦ .
Or, à l’aide d’identités bien connues pour les sommes et produits de fonctions sinus, nous
pouvons maintenant écrire
KP cos(B − C) cos(B + C) B+C B−C
= 4 sin A − sin A + 2 sin cos .
R3 2 2 2 2
donnant
KP 4
3
≤ (sin A + sin B + sin C)4,
R 27
avec éqalité lorsque sin A = sin B = sin C. Puisque la fonction sinus est concave sur
l’intervalle de 0 to π, l’inégalité de Jensen donne
√
sin A + sin B + sin C A+B+C π 3
≤ sin = sin = .
3 3 3 2
Puisque l’égalité n’a lieu que lorsque sin A = sin B = sin C, nous concluons que la valeur
√ 4
4 3 3
maximale de KP/R3 est 27 2
= 27/4.
5. Un triplet ordonné d’entiers positifs (a, b, c) est dit n-puissant si a ≤ b ≤ c, pgcd(a, b, c) =
1, et an + bn + cn est divisible par a + b + c. Par exemple, (1, 2, 2) est 5-puissant.
a) Déterminer tous les triplets ordonnés (s’il y en a) qui sont n-puissants pour tout
n ≥ 1.
b) Déterminer tous les triplets ordonnés (s’il y en a) qui sont 2004-puissants et 2005-
puissants mais pas 2007-puissants.
[Noter que pgcd(a, b, c) est le plus grand commun diviseur de a, b et c.]
Solution 1
Soit Tn = an + bn + cn et considérons le polynôme
P (x) = (x − a)(x − b)(x − c) = x3 − (a + b + c)x2 + (ab + ac + bc)x − abc.
Puisque P (a) = 0, on obtient a3 = (a + b + c)a2 − (ab + ac + bc)a + abc, d’où, par
multiplication par an−3 , on obtient an = (a+b+c)an−1−(ab+ac+bc)an−2+(abc)an−3. Par
le même raisonnement, on obtient des expressions similaires pour bn et cn . Additionnant
les trois égalités, il en suit que Tn satisfait la récurrence:
Tn = (a + b + c)Tn−1 − (ab + ac + bc)Tn−2 + (abc)Tn−3, pour n ≥ 3.
De ceci, il découle que si Tn−2 et Tn−3 sont divisibles par a + b + c, il en sera de même
pour Tn . Ceci répond immédiatement à la partie (b), dans le sens qu’il n’existe aucun
triplet ordonné qui soit 2004-puissant et 2005-puissant mais pas 2007-puissant. De plus,
cette propriété réduit le nombre de cas à considérer en partie (a), car, tout triplet étant
1-puissant, tout triplet 2-puissant et 3-puissant sera n-puissant pour tout n ≥ 1.
Posant n = 3 dans la récurrence ci-haut,
a3 + b3 + c3 = (a + b + c)(a2 + b2 + c2 ) − (ab + ac + bc)(a + b + c) + 3abc,
qui implique que (a, b, c) est 3-puissant si et seulement si 3abc est divisible par a + b + c.
Aussi
a2 + b2 + c2 = (a + b + c)2 − 2(ab + ac + bc),
d’où (a, b, c) est 2-puissant si et seulement si 2(ab + ac + bc) est divisible par a + b + c.
Supposons donc qu’un nombre premier p ≥ 5 divise a + b + c. Alors p divise 3abc donc
abc. Puisque pgcd(a, b, c) = 1, il suit que p divise exactement un de a, b, c. Mais alors
p ne divise pas 2(ab + ac + bc).
Supposons que 32 divise a + b + c. Alors 3 divise abc, d’où 3 divise exactement un de a,
b, c. Mais alors 3 ne divise pas 2(ab + ac + bc).
Supposons que 22 divides a + b + c. Alors 4 divise abc. Puisque pgcd(a, b, c) = 1, il suit
qu’au plus un de a, b, c est pair, impliquant qu’un seul de a, b, c est divisible par 4 et
que les deux autres sont impairs. Mais alors ab + ac + bc est impair, ce qui empêche 4
de diviser 2(ab + ac + bc).
Ainsi, si (a, b, c) est 2- et 3-puissant, alors a + b + c est divisible ni par 4 ni par 9 ni par
un nombre premier supérieur à 3. Puisque a + b + c est au moins égal à 3, il en résulte
que a + b + c est soit 3 soit 6. C’est maintenant simple de faire une étude de cas, pour
conclure que les seuls triplets n-puissants pour tout n ≥ 1 sont (1, 1, 1) et (1, 1, 4).
Solution 2
Soit p un nombre premier. Par le petit théorème de Fermat,
p−1 1 (mod p), si p ne divise pas a;
a ≡
0 (mod p), si p divise a.
Puisque pgcd(a, b, c) = 1, nous avons donc ap−1 + bp−1 + cp−1 ≡ 1, 2 ou 3 (mod p). Ainsi,
puisque p est un diviseur premier de ap−1 + bp−1 + cp−1 , p doit être égal à 2 ou 3. D’où, si
(a, b, c) est n-puissant pour tout n ≥ 1, les seuls diviseurs premiers possibles de a + b + c
sont 2 et 3.
De façon similaire, a + b + c est divisible par ni 4 ni 9.
Puisque
2 0 (mod 4), si p est pair;
a ≡
1 (mod 4), si p est impair
et que a, b, c ne sont pas tous pairs, nous avons a2 + b2 + c2 ≡ 1, 2 ou 3 (mod 4).
Par expansion de (3k)3 , (3k + 1)3 et (3k + 2)3 , nous obtenons que a3 est congrue à 0, 1
ou −1 modulo 9. Ainsi
6 0 (mod 9), si 3 divise a;
a ≡
1 (mod 9), si 3 ne divise pas a.
Puisque a, b, c ne sont pas tous divisibles par 3, nous avons donc que a6 + b6 + c6 ≡ 1, 2
ou 3 (mod 9).
Ainsi, a2 + b2 + c2 n’est pas divisible par 4 et a6 + b6 + c6 n’est pas divisible par 9.
D’où, si (a, b, c) est n-puissant pour tout n ≥ 1, alors a + b + c est divisible par ni 4 ni 9.
D’où a + b + c est soit 3 soit 6.
Vérifiant toutes les possibilités, nous concluons que les seuls triplets n-puissants pour
tout n ≥ 1 sont (1, 1, 1) et (1, 1, 4).
Voir la Solution 1 pour la partie (b).