010051422
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Thèse de Doctorat
Spécialité
ECOPHYSIOLOGIE
Présentée par
Sylvain Nafiba OUEDRAOGO
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS EST
Dédicace
A M. OUEDRAOGO Gaspard
Remerciements
Ce travail est l’aboutissement d’un projet de recherche sur les mouches des fruits infestant la
mangue que j’ai eu le privilège de conduire depuis la préparation de notre Diplôme d’Etudes
Approfondies en Entomologie jusqu’à la présentation de ce mémoire de thèse de doctorat.
Je voudrais par les lignes qui suivent exprimer mes remerciements et traduire ma
reconnaissance à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre m’ont soutenu, dirigés,
conseillés et accompagnés tout au long de ces années de formation.
Aux Pères Guy Compaoré et Andrea Cristiani, j’exprime ma profonde gratitude pour m’avoir
recommandé et introduit auprès de la Fondation Un Raggio Di Luce qui a financé mes travaux
de recherche. Au président de cette fondation M. Paolo Carrara ainsi qu’à ses collaborateurs
en Italie en l’occurrence M. Cristiano Vannuchi et au Burkina à travers Mme Paola Ciardi,
MM. Jean Pierre Nana et Vincent Ouattara de IRIS AFRIK, j’exprime toute ma
reconnaissance et ma profonde gratitude.
Mon inscription à l’Université Paris Est et mes séjours en France ainsi que dans les
laboratoires de recherche au Bénin ont été possibles grâce au soutien de la coopération
Française au Burkina Faso qui m’a accordé une bourse de thèse. J’adresse mes remerciements
aux responsables de cette coopération pour cet appui et à mes interlocuteurs dans la mise en
œuvre de cette bourse que sont Annick Giraudeau de CAMPUS France Burkina et ses
collaborateurs de EGIDE.
Mes remerciements s’adressent aussi aux responsables de tous les niveaux du Ministère de
l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques du Burkina Faso ainsi qu’aux
agents de ce ministère qui m’ont soutenu et apporté leur appui sur le terrain.
Les recherches sur le terrain ont été conduites dans des vergers de manguiers à l’Ouest du
Burkina Faso et en partie dans les laboratoires de l’Institut de l’Environnement et de
Recherches Agricoles (INERA) Station de Farakô Bâ. Aux producteurs fruitiers de cette zone
j’adresse mes remerciements pour la collaboration. Aux responsables de l’INERA
particulièrement ceux de la station de Farakô Bâ ainsi qu’au personnel de cet institut
j’exprime ma reconnaissance pour l’accueil et les facilités dont j’ai bénéficiés. Je tiens
particulièrement à remercier l’équipe mouches des fruits composée de MM Sanou Bakary,
Ouédraogo Boukary, Ouédraogo Issa, Sanou René, Somé Arcadius, Sanou Zézouma et
- iii -
Tiendrebeogo Antoine qui pendant 3 ans m’a accompagné sur le terrain dans mes recherches.
A tous les chercheurs de l’INERA, particulièrement à feu Dr Sawadogo Abdoulsalam et à Dr
Dona Dakouo je voudrais manifester toute ma gratitude pour les conseils et le soutien qu’ils
m’ont apporté tout au long de cette période de formation.
Au personnel et aux responsables du Centre IRD de Bondy où j’ai préparé cette thèse dans
l’équipe Interactions Biologique dans le Sol (IBIOS) de l’Unité Mixte de Recherche
Biogéochimie et Ecologie des Milieux Continentaux (UMR 211 BIOEMCO), j’exprime ma
reconnaissance et mes remerciements pour l’accueil et le soutien. Je remercie particulièrement
tous les chercheurs de l’Unité de recherche IBIOS du site de Bondy pour leur assistance, leurs
conseils et leur soutien dans le traitement et l’exploitation de données, la correction de mes
différents manuscrits, et pour leur contribution à ma formation. Je me garde de citer les noms
pour ne pas en oublier mais je demande à tous et à chacun des membres de cette équipe de
trouver ici l’expression de notre gratitude à leur endroit. A mes collègues doctorant du
laboratoire du site de Bondy (Fatima, Chi, Thuy, Mai, Anne, Gaël, Charlène et Raphael) ainsi
qu’à M. Zeeshan Majeed doctorant à l’IRD Montpellier et à Dr. My Dung Huynh, j’exprime
ma joie de les avoir connus et les remercie de l’ambiance cordiale qui a régné entre nous. A
ceux qui sont toujours sur le chemin de la thèse, je présente tous mes encouragements et mes
vœux de succès.
Pour sa disponibilité, son appui et ses conseils à mon endroit, j’exprime ma reconnaissance à
Dr. Manuel Blouin enseignant chercheur à l’Université Paris Est ainsi qu’aux enseignants et
au personnel et de cette université pour le appui et leur collaboration.
A nos encadrants, aux membres de notre jury et à ceux qui nous ont accompagnés et guidés
tout au long de nos travaux de recherche nous voulons traduire toute notre reconnaissance et
notre sincère gratitude.
- iv -
Dr Rémy Dabiré, vous qui depuis ma formation en Agronomie m’avez suivi, je ne saurai
assez vous remercier. Face aux réalités vécues sur le terrain, j’ai bénéficié de vos conseils
scientifiques et de votre expérience pour effectuer des choix stratégiques pour l’aboutissement
de mes travaux. Au-delà des difficultés personnelles que vous avez vécues et de votre
nouvelle situation professionnelle vous avez toujours été à mes cotés, en vous invertissant
personnellement à certains moments pour résoudre certaines difficultés que j’ai rencontrées.
Soucieux de ma formation scientifique et de mon avenir au plan humain et social, vous n’avez
pas oublié de créer des conditions favorables pour mon épanouissement. Soyez en remerciés.
Je voudrais aussi par ces lignes témoigner toute ma gratitude et ma reconnaissance à Pr Idrissa
Dicko, enseignant chercheur à l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso avec qui j’ai
entamé cette formation à l’étape du DEA. Pr Dicko, vos conseils m’ont conduit à une plus
-v-
Je remercie également Dr Marc de Meyer et Dr Paul Van Mele qui on accepté d’être membre
de mon comité de thèse.
Aux membres de mon jury de thèse j’adresse mes sincères remerciements pour avoir accepté
de juger ce travail que j’ai réalisé.
Dr Dona Dakouo directeur de recherche à l’INERA Farakô Bâ, malgré la distance, vous avez
accepté de vous joindre à vos collègues pour apprécier le travail que j’ai réalisé. Je vous
remercie pour votre écoute et pour votre contribution à l’amélioration de ce travail.
Enseignant à l’Université Paris Est, vous avez accepté malgré vos occupations de présider
mon jury de thèse, je voudrais Pr Philippe Mora vous exprimer toute ma reconnaissance pour
votre disponibilité.
Je remercie aussi Sœur Chantal de la Fournière et Père Philippe Guiougou qui m’ont aidé à
trouver un logement à Bondy au cours de mon dernier séjour en France. Ces remerciements
s’adressent aussi aux responsables de l’Association le Rocher qui ont accepté de m’accueillir
et à mes colocataires Guillaume Fauchère et Emeric de Baglion et ainsi qu’à tous les autres
volontaires cette association et les membres de la communauté de l’Emmanuel de Bondy.
Enfin, pendant mes absences du Burkina, j’ai bénéficié de l’appui et du soutien de bon
nombre d’amis. A ceux-ci particulièrement à Florent Lankoandé, Vianney Tarpaga, Adolphe
Zangre, Ida Lankoandé, Philippe Ouédraogo et Judith Amélie Nacoulma j’exprime toutes mes
amitiés et ma reconnaissance.
- vi -
Tableau 3: Indices de diversité biologique des Tephritidae pour les différents sites d’étude...63
Tableau 6: Résultats de l’analyse de corrélation entre les températures et les captures des
mâles et femelles des 3 principales espèces de Tephritidae des vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina Faso entre mars 2008 et décembre 2009...................................................88
Tableau 7: Coefficients de corrélation entre les captures des adultes des Tephritidae les plus
abondantes et l’Humidité Relative de l’air dans les vergers de manguiers de l’Ouest du
Burkian Faso entre Mars 2008 et décembre 2009.....................................................................89
Tableau 8: Coefficients de corrélation entre les captures des adultes des Tephritidae les plus
abondantes et les cumuls pluviométriques hebdomadaires dans les vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina Faso entre décembre 2007et décembre 2009............................................90
Tableau 9: Evolution de l’incidence des dégâts de Tephritidae sur les variétés de mangue
échantillonnées dans la zone de l’étude entre 2008 et 2009...................................................102
Tableau 10: Proportions des différentes espèces de Tephritidae dans les éclosions de pupes
issues des mangues infestées pour différentes variétés collectées dans les vergers de l’Ouest
du Burkina Faso en 2008 et 2009............................................................................................105
Tableau 11: Résultats de l’analyse de variance des proportions à l’éclosion des Tephritidae
associés aux dégâts selon les variétés de mangues.................................................................107
Tableau 12: Proportions d’émergences des différentes espèces de Tephritidae associées aux
dégâts sur la mangue selon la localité.....................................................................................108
Tableau 13: Proportions (%) des espèces de Tephritidae issues des fruits infestés selon la
saison.......................................................................................................................................109
Tableau 14: Proportions d’émergence des Tephritidae issus des fruits infestés selon les
périodes de collecte d’échantillons.........................................................................................110
Tableau 15: Proportions des individus recensés et richesse spécifique des espèces ligneuses
par site au cours de l’inventaire.............................................................................................122
Tableau 16: Indices de diversité spécifique des espèces ligneuses autour des 6 vergers
d’étude.....................................................................................................................................123
-x-
Tableau 17: Indices de diversité bêta et nombres d’espèces ligneuses communes des
communautés de ligneux autour des 6 vergers d’étude..........................................................125
Tableau 18: Liste des autres plantes hôtes des Tephritidae identifiées au cours l’étude........127
Tableau 19: Densités moyennes de pupes de mouches des fruits (par 100 g de fruits frais) des
espèces de plantes hôtes identifiées.......................................................................................131
Tableau 20: Proportions (%) des adultes des espèces de Tephritidae associées aux dégâts sur
les autres ligneux hôtes au cours des 2 années de suivi..........................................................133
Tableau 21: Proportions à l’émergence des espèces de Tephritidae identifiés selon les plantes
hôtes qu’elles infestent............................................................................................................134
Tableau 22: Coefficients de corrélation et valeurs des probabilitités entre la fluctuation des
populations de Tephritidae et la richesse spécifique des ligneux autour des sites d’étude.....136
- xi -
Figure 4: Valeurs moyennes mensuelles de l’humididité relative entre avril et juin dans les
différents sites au cours de l’étude............................................................................................36
Figure 5: Valeurs moyennes mensuelles de la température entre avril et juin dans les
différents sites au cours de l’étude............................................................................................36
Figure 6: Pourcentage des différentes variétés de manguiers cultivées dans les 7 vergers......38
Figure 7: Richesse spécifique des Tephritidae dans différents vergers de l’Ouest du Burkina
Faso entre décembre 2007 et décembre 2009...........................................................................62
Figure 8: Incidence moyennes au cours de l’étude des dégâts de Tephritide sur les mangues
selon les cultivars....................................................................................................................100
Figure 9: Taux d’infestations moyens des mangues par les Tephritidae selon les cultivars
dans des vergers de l’Ouest du Burkina Faso en 2008 et 2009...............................................101
Figure 10: Proportions (en %) des Tephritidae identifiées à partir des fruits infestés pendant
les saisons de mangue 2008 et 2009 dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso................104
Figure 11: Importance économique des espèces de Tephritidae infestant la mangue dans les
vergers de l’Ouest du Burkina Faso au cours de la saison 2009.............................................112
Figure 12: Incidences moyennes des Tephritidae sur différentes espèces hôtes identifiées
autour des vergers sites au cours de l’étude............................................................................130
Kénédougou..............................................................................................................................74
Planche 2 : Fluctuation des populations mâles de B. invadens dans les sites de la Comoé......75
Planche3 : Fluctuation des populations mâles de B. invadens dans les sites du Houet............76
Kénédougou..............................................................................................................................77
Planche 5 : Fluctuation des populations femelles de B. invadens dans les sites de la Comoé.78
Planche 6 : Fluctuation des populations femelles de B. invadens dans les sites du Houet.......79
Planche 7 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Kénédougou....81
Planche 9 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Houet...............83
du Kénédougou.........................................................................................................................84
Planche 11 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites de la Comoé.......85
Planche 12 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Houet.............86
- xiii -
I. INTRODUCTION GENERALE
-2-
Les mouches des fruits (Diptera : Tephritidae) sont considérées comme l’un des ravageurs des
cultures les plus redoutables au monde selon Norrbom (2004). Plus de 4000 espèces de cette
famille sont connues à travers le monde avec une large distribution couvrant les zones
tropicales et subtropicales ainsi que les zones tempérées et occupant des habitats variés allant
des forêts humides aux savanes sèches (Raghu, 2002). Parmi ces espèces, près de 200 sont
considérées comme déprédatrices des cultures. Endophytes, les larves des mouches des fruits
se développent dans les tissus végétaux après les piqûres de pontes des femelles gravides qui
peuvent avoir lieu au niveau d’espèces végétales très diverses (i) fruitières (agrumes, pommes,
mangue, etc), (ii) légumières (pastèques, courges, tomates, etc) et (iii) adventives. Les
Tephritidae, ravageurs carpophages pour les espèces qui nous intéressent ici, occasionnent des
dégâts directs (Norrbom, 2004) très importants et limitent le développement des cultures
horticoles dans de nombreux pays tropicaux. Classées comme ravageurs de quarantaine, dans
les échanges internationaux de produits agricoles, les mouches des fruits constituent un
facteur limitant les exportations de fruits et légumes pour certains pays et accroissent leurs
coûts à l’exportation du fait des traitements de désinfection appliqués. Les pertes liées aux
dégâts de ces insectes sont estimées à travers le monde à plusieurs milliards de dollars selon
Norrbom (2004). Face au mode d’agression des plantes par les Tephritidae, la lutte contre ces
ravageurs est d’autant plus complexe que la lutte chimique conventionnelle reste peu efficace
dans le contrôle de leurs dégâts (Vayssières et al., 2008) et présente des effets néfastes pour
l’environnement, les producteurs et les consommateurs. Face à cette situation et ce pour
améliorer les méthodes de lutte contre ces ravageurs, de nombreuses études à travers le monde
ont été consacrées à la connaissance de ces insectes tant sur le plan de leur systématique, de
leur biologie, de leur écologie, de leur éthologie et de la lutte (Christenson et Foot, 1960 ;
Bateman, 1968, 1972 ; Fletcher, 1987), particulièrement en Afrique (Noussourou et Diarra,
1995 ; Lafleur, 1995 ; Vayssières et al. 2000 ; Lux et al., 2003 Vayssières et al. 2004 ;
Mwatawala et al, 2004 ; 2006 ; White, 2006 ; Ekesi et al., 2006, De Meyer et al., 2010).
Malgré ces acquis, ces études se poursuivent de nos jours du fait du changement de statut de
certains de ces insectes qui en se retrouvant dans un environnement nouveau différent de leur
milieu naturel y deviennent des ravageurs redoutables (Raghu, 2002). Parmi ces espèces
Bactrocera invadens Drew Tsuruta & White est une nouvelle espèce de mouche des fruits
invasive en Afrique, Sub Saharienne, originaire du Sri Lanka. En Afrique, ces études sur les
mouches des fruits et particulièrement B. invadens s’orientent entre autres selon Mwatawala
et al., (2009 a), Ekesi et Mohamed (2010) vers la taxonomie, la biologie et l’écologie pour
une meilleure connaissance des espèces de leurs conditions de développement ainsi que sur la
-3-
survie de l’espèce en période d’absence de fruits et légumes, et les facteurs qui régulent la
pullulation de l’espèce dans les vergers.
Au Burkina Faso, très peu d’études ont été jusque là consacrées aux Tephritidae. Ainsi, la très
faible connaissance des mouches des fruits responsables des dégâts sur le manguier, la
principale culture fruitière du pays, n’a pas permis de développer une stratégie efficace et
durable de lutte contre ces ravageurs malgré la recrudescence de leurs dégâts et les
interceptions de plus en plus nombreuses en Europe de mangues en provenance de ce pays
(Guichard, 2009). Cette situation a motivé la conduite de la présente étude intitulée
« Dynamique spatio-temporelle des mouches des fruits inféodées aux vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina Faso en fonction de facteurs biotiques et abiotiques ». La température,
l’hygrométrie et les précipitations sont les facteurs abiotiques considérés dans nos recherches
tandis que le manguier avec ses différents stades phénologiques en tant que plante hôte
principal de ces Tephritidae a constitué un des facteurs biotiques que nous avons considéré.
La possibilité de trouver autour des vergers, d’autres plantes hôtes de ces ravageurs a
constitué l’autre point d’investigation sur les facteurs biotiques pris en compte par ce travail.
Cette orientation de notre étude part du fait que selon Fletcher (1989) et Meat (1989), la
disponibilité dans le temps et dans l’espace des plantes hôtes ainsi que la quantité et la qualité
des fruits de ces hôtes, en association avec les facteurs abiotiques, peuvent être considérés
comme les facteurs clés déterminants pour le cycle biologique, la stratégie de vie et l’écologie
des mouches des fruits de la tribu des Dacinae.
2) Les dégâts des mouches des fruits sur la mangue sont le fait de plusieurs espèces et
leur importance varie selon les cultivars de manguiers.
-4-
3) Il existe des plantes-hôtes des Tephritidae ravageurs du manguier dans les formations
végétales riveraines des vergers qui influencent significativement les fluctuations de
leurs populations dans les vergers avec pour conséquence des dégâts importants.
Le présent mémoire fait la synthèse de nos recherches sur le sujet ci-dessus défini. Après la
revue de la littérature sur le manguier et les mouches des fruits, il présente la méthodologie
suivie pour la réalisation de l’étude, puis les résultats obtenus organisés dans 3 chapitres.
Le Chapitre 2 qui a pour titre « Etude des dégâts des Tephritidae sur la mangue dans les
vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina » présente les espèces infestant la mangue dans la
zone d’étude et leur importance économique. Il précise par ailleurs l’importance des dégâts de
ces ravageurs selon les cultivars de manguiers et l’influence des facteurs climatiques
enregistrés sur l’importance de ces dégâts.
A l’issue de la présentation de ces différents résultats que nous avons discutés, nous
concluons sur le travail réalisé et les résultats obtenus.
-5-
1.1. LE MANGUIER
1.1.1. Description
1.1.1.1. L’arbre
C’est un arbre à grande cime étalée arrondie et dense qui peut atteindre 30 m de hauteur
(Arbonnier 2000) avec un tronc monopode bien individualisé. Il dispose d’un système
racinaire pivotant avec quelques ramifications pour un bon ancrage au sol bien adapté à la
recherche de nappe phréatique dans des conditions de stress hydrique (FAO, 1999). Le
feuillage du manguier vert foncé à la partie supérieure de l’arbre, est pâle dans sa partie
basale et d’ordinaire rougeâtre au stade jeune (C.R.F.G., 1996). Les feuilles simples et
persistantes, sont entières avec une disposition alterne et un limbe elliptique avec un long
pétiole pouvant atteindre 5 cm de long (Arbonnier, 2000). L’inflorescence est une panicule
terminale qui porte environ 1000 fleurs munies d’un pédicelle de 2 à 3 millimètres de long. Le
manguier a des fleurs soit hermaphrodites, soit mâles jaunâtres à leur épanouissement et qui
deviennent orangées par la suite. Ces fleurs comportent 5 sépales et 5 pétales avec en général
une étamine par fleur parfaite et un ovaire supère contenant un seul ovule (de Laroussilhe,
1980).
Plante de climat tropical, le manguier pousse dans des zones à pluviosité comprise entre 600
et 1200 mm (de Laroussilhe, 1980) par an et se développe bien dans l'intervalle de
température + 2,2°C à + 43,5°C (Singh, cité par de Laroussilhe, 1980). Selon Woodrow cité
par de Laroussilhe (1980), la température optimale de croissance du manguier est comprise
entre +23°C et +27°C. Il s’adapte à tous les types de sol, mais les sols assez légers ou de
structure moyenne sans croûte ni carapace à faible profondeur ou les sols profonds (au moins
2 m de profondeur) avec un pH compris entre 5,5 et 6,5 sont les mieux indiqués pour la
culture du manguier (de Laroussilhe, 1980). Le manguier est caractérisé par une croissance
rythmique nette qui fait que la tige du jeune manguier s’allonge régulièrement suivant un
même axe avec 2 à 5 poussées végétatives par an selon le climat. La fin de croissance des
rameaux est marquée par la floraison apicale. Le manguier fleurit après un repos
-7-
Photo : O.S.Nafiba
végétatif de 2 à 3 mois causé par une période sèche en climat semi-aride ou par un excès de
pluviosité accompagné d’un rafraîchissement de l’atmosphère en climat équatorial. La
première floraison du manguier a lieu entre la 5ème et la 7ème année mais ce délai a été ramené
à 3 à 4 ans par la sélection et le greffage (F.A.O., 1999).
1.1.1.2. Le fruit
Les fruits du manguier appelés mangues sont des drupes (fruits charnus) de 7 à 12 cm de
diamètre plus ou moins aplatie latéralement qui ont à maturité une odeur caractéristique. Leur
forme est très variable selon les variétés (oblongue, réniforme, elliptique, ovoïde, cordiforme ou
aplatie), avec à l’extrémité un bec qui peut être de différentes formes. Leur poids va de moins de
100g pour certaines variétés à plus d’un kg pour d’autres avec une préférence sur le plan
commercial pour les fruits de taille moyenne. Ils sont rattachés à l’arbre par un long pédoncule
dont la longueur va de 10 à 25 cm selon les variétés. Une coupe transversale de la mangue
présente de l’extérieur vers l’intérieur 3 parties que sont la peau ou épicarpe, la pulpe ou
mésocarpe et le noyau ou endocarpe.
L’épicarpe, assez mince chez les variétés cultivées, est de couleur verte, devenant jaune à jaune
verdâtre chez certaines variétés ou rouge violacé, sur la totalité du fruit ou par plages. Elle
présente des lenticelles plus ou moins apparentes. La pulpe a une coloration jaune orangée, avec
une fermeté variable selon la variété. Elle est sucrée, très légèrement acidulée, avec une saveur
variable et un goût nettement prononcé de térébenthine pour les mangots (fruits des manguiers
sauvages ou mangotiers) qui persiste parfois quoique atténué chez certaines variétés sélectionnées.
L’endocarpe est quant à lui plus ou moins garni de fibres dures et résistantes suivant les variétés.
Il contient une graine unique de grande taille (4 à 7 cm de long sur 3 à 4 cm de large et 1 cm
d'épaisseur) qui est monoembryonnée chez les variétés greffées et polyembryonnée chez les
mangotiers. Cette situation fait que les variétés greffées ne peuvent pas être multipliées par
graine. La croissance et la maturation du fruit après la fin de la floraison, peut durer trois à six
mois selon les variétés et les conditions climatiques. Son évolution peut être divisée en quatre
stades selon Srivastava, (1967) et de Laroussilhe (1980) qui sont :
• La croissance du fruit : elle dure 28 jours environ pendant lesquels les cellules s’allongent,
l’activité respiratoire s’accroît modérément et le rapport carbone/azote (C/N) augmente.
-9-
Les différentes parties du manguier présentent des usages divers et sont utilisées par l'homme
depuis plus de 4000 ans. Les fleurs, les feuilles, les fruits, l'écorce, les noyaux ainsi que les
racines du manguier sont largement utilisés en pharmacopée pour soigner de nombreuses maladies
et affections. Le bois du manguier peut être utilisé comme source d'énergie et l'arbre est par
ailleurs utilisé pour l'ombrage et l'embellissement (Arbonnier, 2000).
Pour ce qui est des fruits qui constituent l’objet de la culture du manguier, ils présentent de
nombreux usages. Selon Vayssières et al. (2008), le manguier peut être considéré comme une
culture vivrière en Afrique tropicale à cause du rôle très important qu’il joue dans l’alimentation
des populations surtout rurales. Les mangues sont consommées vertes ou mûres pour leurs
propriétés nutritionnelles et sont internationalement commercialisées. Elles sont utilisées vertes
pour la fabrication de condiments comme les « chutneys » et les « pickles » très connus en
Afrique australe et en Inde (de Laroussilhe, 1980). Les fruits mûrs quant à eux sont utilisés
comme desserts, sorbets ou entrent dans la préparation de boissons et confitures. Du point de vue
nutritionnel, la mangue contient des acides aminés, des hydrates de carbone, des acides
organiques, des protéines, et des vitamines (Mukhherjee, 1997). La teneur moyenne des différents
éléments constitutifs de la pulpe de mangue ainsi que sa valeur nutritive sont présentées dans le
tableau 1 ci-dessous.
- 10 -
Source : USDA, Nutrient Database for Stanadrd Référence, 2001 in Djioua (2010)
- 11 -
Quatre-vingt pays tropicaux et subtropicaux à travers le monde, sont producteurs de mangue. Elle
était classée en 2004 au sixième rang des fruits les plus produits au monde après la banane, le
raisin, l’orange, la pomme, et la banane plantain avec une production annuelle estimée cette année
à 26,3 millions de tonnes. Cette production a connu une augmentation avec l’Inde comme premier
pays producteur au monde avec 13 649 400 Tonnes suivie par la chine 3 976 716 Tonnes et
l’Indonésie 2 013 123 Tonnes. Le Mexique est le premier producteur d’Amérique avec 1 855 359
Tonnes et le Nigéria avec 734 000 Tonnes est le premier pays africain producteur de mangues
(CIRAD, 2010).
Sur le plan commercial, la mangue occupe la deuxième place dans le commerce international des
fruits tropicaux, tant en quantité qu'en valeur. Les recettes d'exportation des mangues fraîches et
transformées ont atteint près de 400 millions de dollars US en 1996. Le volume des exportations
de mangues fraîches a dépassé 400 000 tonnes, soit 24 pour cent du tonnage de l'ensemble des
fruits tropicaux frais faisant l'objet d'un commerce international.
Le manguier a été introduit au Burkina Faso pendant la période coloniale il y’a de cela une
centaine d’années environ (Sawadogo et al., 2001). Très peu de statistiques existent sur sa
production. Selon Diallo (2010), le manguier constitue la principale culture fruitière du Burkina
Faso où il occupe 13 500 ha soit 58% de la superficie du verger national. Sa production annuelle
est estimée à 160 000 tonnes soit 55,80 % de la production fruitière du pays. La filière organisée
autour de cette culture occupe près de 15000 exploitants et fait fonctionner une soixantaine
d’unités de transformation dont une industrielle de production de pulpe et de jus de mangue
(Dafani SA.). En 2009, le Burkina-Faso se positionnait à la 4ème place des pays Ouest-Africain
exportateurs de mangues fraîches sur le marché européen après la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le
Mali avec 2040 tonnes exportées. Pour ce qui est des produits transformés, le Burkina Faso
occupait toujours en 2009, le 1er rang des pays de la sous-région exportateurs de mangues séchées
avec un créneau particulier, l’exploitation des marchés bio-équitables. Environ 200 Tonnes de
mangues séchées ont été exportées cette année rapportant 2,5 milliards de Francs CFA (environ
3 810 976 euros) alors qu’en 2007, 600 Tonnes ont rapportés 7 milliards de F. CFA (environ 10
670 732 euros) (Apromab, 2010).
- 12 -
A l’image des autres plantes, le manguier est soumis à diverses agressions et perturbations qui
peuvent concerner les différentes parties de la plante (racines, tronc, branches, feuilles, fleurs et
fruits) et affecter négativement la croissance et le développement de l’arbre ainsi que sa
fructification. Ces agressions et perturbations peuvent être le fait d’agents pathogènes qui causent
des maladies (surtout des champignons et des bactéries), d’insectes et d’acariens ou autres
organismes animaux phytophages qui occasionnent des dégâts. Certaines plantes parasites, des
mauvaises herbes ainsi que les mauvaises conditions du milieu sont à l’origine de certaines
perturbations. L’importance des dégâts occasionnés par les différents ravageurs varie d’une région
à l’autre en fonction des conditions de l’environnement et des pratiques culturales.
Très souvent, des maladies causées par des micro-organismes pathogènes et des dégâts d’insectes
ravageurs sont signalés sur le manguier. Les plus couramment rencontrés dans ces deux groupes
sont présentés dans les paragraphes qui suivent.
L’anthracnose
Sur les jeunes feuilles, cette maladie se manifeste par de petites taches brunes à contours
irréguliers pouvant s’agrandir et se joindre en temps humide. Sur les feuilles âgées, elle provoque
des taches circulaires plus ou moins anguleuses. Des nécroses noires apparaissent sur les
brindilles qui se dessèchent de l’extrémité vers la base avec le noircissement et la mort du rameau.
Sur les inflorescences, on note l’apparition de minuscules points bruns ou noirs qui s’élargissent
et se réunissent pour causer la mort des fleurs. Sur les fruits, les attaques ont lieu à différents
stades et se manifestent par des taches noires de tailles et de formes variées ou par des « coulées
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de larmes ». L’infection peut à maturité pénétrer profondément dans le fruit et causer sa pourriture
sur l’arbre ou en cours de stockage. Pour le contrôle de cette maladie, la voie chimique reste la
plus développée. L’élimination et la destruction des organes attaqués constituent une voie pour
abaisser le niveau d’inoculum. L’abandon des variétés trop sensibles permet la réduction des
traitements (de Larousillhe, 1980).
Cette maladie d’origine bactérienne est causée par Xanthomonas citri pv. mangiferaeindicae
classé comme agent de quarantaine dans le bassin Méditerranéen où elle est absente. Elle est aussi
absente des bassins de production américains mais présente dans les autres zones de production de
la mangue. Elle attaque les différents organes aériens de la plante provoquant respectivement des
taches noires avec un aspect de croûte ou des chancres liégeux sur les feuilles et les fruits de
manguier mais aussi des agrumes. Des chancres sur rameaux et troncs peuvent aussi être observés.
En cas d’attaques sévères on assiste à la chute des feuilles et des fruits. Cette maladie se répand en
saison des pluies avec la dissémination naturelle des bactéries par la pluie et le vent qui
occasionne de nouvelles infections. A longue distance, sa dissémination est associée aux activités
humaines par le transport de matériel végétal infecté. La lutte contre cette maladie est très difficile
en vergers. Les méthodes prophylactiques (taille des organes atteints) sont indispensables mais on
peut protéger les arbres et les fruits à l’aide de produits de contact à base de cuivre dont
l’efficacité est assez douteuse. La prévention consiste à éviter que la maladie soit introduite dans
le pays. Lorsqu’elle est détectée peu après son introduction, doit viser à l’éradiquer dans la zone
atteinte. Cela constitue la seule méthode vraiment efficace (de Bruno Austin et al. 2010).
Les Termites
Ces insectes qui appartiennent à l’ordre des Isoptères et à la famille des Termitidae sont
considérés par de Laroussilhe (1980) comme ravageurs secondaires du manguier. Certaines
espèces peuvent être néanmoins considérées comme ravageurs primaires du manguier (Rouland-
Lefèvre, 2010). Polyphages, ils s’attaquent à de nombreuses plantes aussi bien annuelles que
pérennes. Sur manguier, les attaques des termites s’observent aussi bien sur racines, tronc et
branches des arbres déficients mais aussi sur les jeunes arbres. Sur des arbres adultes et sains, ils
peuvent ronger l’écorce en confectionnant des galeries en terre sur les troncs qui les protègent de
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la lumière. Contre ces ravageurs, la lutte chimique par application d’insecticides de contact (sans
possibilité d’éradication) associée à la surveillance et à la destruction des galeries sont des
méthodes proposées par de Laroussilhe (1980).
Les Cochenilles
De nombreuses espèces s’attaquent au manguier dans les régions où il est cultivé. Selon Singh cité
par de Laroussilhe (1980), on dénombre 63 espèces appartenant à 30 genres. Certaines sont
limitées à des aires restreintes tandis que d’autres sont cosmopolites. Germain et al. (2010) a
recensé 12 espèces de cochenilles sur le manguier dans les vergers de la zone soudanienne du
Bénin. La dispersion dans le monde de certaines espèces polyphages a été facilitée par les
expéditions de matériel végétal. Ces insectes qui se nourrissent de la sève des arbres provoquent
leur affaiblissement suivant l’importance de la colonie qui peut se retrouver sur les jeunes
rameaux, les jeunes branches, les feuilles, les inflorescences et /ou les fruits. Certaines espèces par
leurs sécrétions ou leur présence sur le fruit déprécient sa qualité. Selon de Laroussilhe (1980), les
cochenilles sont des ravageurs principaux du manguier et les espèces qui l’infestent appartiennent
aux genres Aonidiella, Aspidiotus, Ceroplastes, Chrysomphalus, Cocccus, Eucalymnatus, Icerya,
Lecanium, Parlatoria, Phenacoccus, Pseudococcus et Saissetia. La cochenille farineuse du
manguier Rastrococcus invadens Williams (Homoptera : Pseudococcidae) infeste les manguiers
dans différents pays d’Afrique de l’Ouest et constitue une menace pour le verger burkinabé
(Dabire, 2001). La lutte chimique contre ces ravageurs du manguier a été développée ainsi que la
lutte biologique contre la cochenille farineuse Rastrococcus invadens avec l’utilisation des
ennemis naturels de ce ravageur tels que Gyranusoïdea tebigy Noyes, Anagyrus mangicola Noyes
(Hymenoptera : Encyrtidae) (Dabire, 2002 ; Hala et al. 2004).
1.2.1. Systématique
Classe : Insectes ;
Ordre : Diptères ;
Famille : Tephritidae ;
Selon les classifications de Korneyev (1999), Norrbom et al. (1999) citées par Norrbom
(2004), la famille des Tephritidae comporte 6 sous familles et 27 tribus. Il s’agit pour les sous
familles des : Blepharoneurinae, Dacinae, Phytalmiinae, Tachiniscinae, Tephritinae et
Trypetinae. En décembre 2003, 4448 espèces de mouches des fruits réparties dans 484 genres
étaient identifiées à travers le monde. La sous famille des Dacinae avec la tribu des Ceratidini
et celle des Dacini comporte de nombreuses espèces de mouches des fruits, dont certaines ont
été signalées en Afrique de l’Ouest (Vayssières et al., 2005).
La tribu des Ceratidini, comprend 167 espèces dont 152 afro-tropicales réparties dans 12
genres dont 9 afro-tropicales (Norrbom, 2004). Elle comporte le genre Ceratitis signalé en
Afrique de l’Ouest (Vayssières et Kalabane, 2000 ; Vayssières et al., 2003) et au Burkina
Faso par Lafleur (1995). Le genre Ceratitis qui compte 78 espèces, toutes afro-tropicales,
comporte plusieurs sous-genres selon les classifications de Korneyev (1999) ; Norrbom et al.
(1999) citées par Norrbom (2004) qui sont :
La tribu des Dacini quant à elle compte 765 espèces, dont 184 sont afro-tropicales avec 3
genres dont 2 sont afro-tropicales. Le genre Bactrocera qui compte 29 sous-genres et 520
espèces, dont 12 afro-tropicales (Norrbom, 2004) a été signalé sur la mangue récemment en
Afrique de l’Ouest par Vayssières et al. (2005).
1.2.2.1. Biologie
L’émergence des adultes est suivie d’une période de maturation de plusieurs jours au bout de
laquelle ils deviennent sexuellement actifs 3-4 jours après émergence des pupes pour les
mâles et environ 6-8 jours après pour les femelles adultes (Vayssières et al., 2008 c). Les
mâles peuvent s’accoupler fréquemment, tandis que les femelles deviennent sexuellement non
réceptives pour plusieurs semaines après l’accouplement (Bateman, et al. 1976 ; Fay et al.,
1983 ; Tzanakakis et al., 1968).
Les adultes de certaines espèces la sous-famille des Dacinae sont en mesure de passer les
périodes défavorables de l’année en diapause facultative. Au cours de cette diapause
facultative, les adultes se réfugient dans des endroits favorables et demeurent dans une phase
d’immaturité sexuelle (Fitt, 1981 a ; Hancock, 1985 ; Syed, 1968). La figure 1 présente une
représentation du cycle de développement des Tephritidae carpophages proposée par CTA
(2007).
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Les adultes des mouches des fruits se nourrissent régulièrement d’hydrates de carbone et
d’eau pour survivre. Pour assurer la maturation des œufs, les femelles ont besoin de protéines,
qu’elles recherchent pour compléter leur alimentation (Bateman, 1972 ; Christenson et Foote,
1960). Les adultes nouvellement émergés possèdent des réserves issues de la phase larvaire
qui leur permettent de survivre 1 à 2 jours. Selon le comportement alimentaire, on rencontre
des espèces monophages, sténophages, oligophages ou polyphages. Toutes les espèces
polyphages et oligophages sont multivoltines, tout comme la majorité des espèces
sténophages et monophages.
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1.2.2.2. Ecologie
L’humidité
conditions de vie dans des milieux arides en évitant l’exposition aux conditions sèches en
retardant de près de 8 mois l’émergence des adultes. Il a des pupes résistantes à la
dessiccation et les précipitations entraînent des vagues d’éclosion des adultes. Les stades du
cycle de vie des Tephritidae qui apparaissent le plus sensibles à la dessiccation sont les larves
matures (entre la sortie du fruit et la pupaison) et les adultes nouvellement émergés. Les
précipitations ont induit des modifications du comportement de ces deux formes. Elles
stimulent l’émergence de larves matures des fruits chez A. ludens et D. tryoni et induisent une
augmentation du taux d’émergence d’adultes chez R. pomonella (Bateman, 1972). Dans
certains cas, la sécheresse semble ne pas être un facteur déterminant. Newell et Haramoto
(1968) ne l’incluent pas parmi les 7 principaux facteurs de mortalité affectant les larves et
pupes chez Dacus dorsalis à Hawaii.
La température
Elle a un rôle déterminant dans l’abondance des Tephritidae tout comme chez l’ensemble des
poïkilothermes chez qui elle agit soit directement ou indirectement à travers ses effets sur les
taux de développement, de mortalité et de fécondité. Les taux de croissance et de décroissance
de ces populations dépendent des valeurs de ce facteur climatique qui les influencent de
diverses manières en agissant aussi bien sur les individus de la population que sur leur mode
de vie. Elle a un rôle important dans la détermination du taux de développement et est ainsi
largement responsable de l’évolution des processus de développement de la population et de
leur synchronisation avec les changements de l’environnement.
Dans la plupart des cas dans le monde, les mouches des fruits ont une abondance saisonnière
avec des populations élevées en été et faibles en hiver. Chez les espèces univoltines,
l’oviposition est généralement réduite à quelques semaines en été, mais pour la plupart des
espèces tropicales multivoltines, elle s’étale du début du printemps (pleine saison sèche)
jusqu’à à tard en automne (début de la saison sèche après l’hivernage dans la zone d’étude)
toute les fois que des fruits convenables de plantes hôtes sont disponibles. Ces espèces
multivoltines peuvent produire jusqu’à 6 générations chevauchantes au cours d’une seule
saison. Généralement, leur nombre augmente pour atteindre un pic, tard en été (saison
humide) ou au début de l’automne (fin de l’hivernage) et de là il décroît rapidement
(Bateman, 1972). Même dans les zones tropicales comme Hawaii où les différences entre l’été
et l’hiver sont relativement faibles, il y a une gamme de période d’abondance (Bess et
Haramoto, 1961 ; Haramoto, 1970) mais cela est beaucoup plus dû à la disponibilité de
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plantes hôtes qu’à l’effet direct de la température. Généralement, le développement des stades
immatures des Tephritidae se situe entre 10°C et 30°C. Cependant, des pupes post-
diapausantes de certaines espèces tempérées peuvent se développer à des températures plus
basses comme 5°C selon Boller, 1964 cité par Bateman, (1972). Quelques heures d’exposition
à 45°C semblent être la limite supérieure quelque soit les stades de développement mais la
plus basse température limite semble indéfinie. Les pupes des espèces tempérées peuvent être
exposées au champ à des températures aussi basses que -12°C apparemment sans dommages
(Leski, 1969).
La fécondité des mouches des fruits dépend aussi de la température avec le maximum de
production d’œufs dans la gamme de température comprise entre 25 et 30°C. Pour
l’oviposition, le seuil descend cependant entre 9°C et 16°C pour différentes espèces. La limite
supérieure ne semble pas claire mais au champ, l’oviposition est plus faible pendant les
périodes les plus chaudes de la journée (Nishida et Bess, 1957).
Selon Bateman, 1972, la plupart des espèces de mouches des fruits tempérées hivernent sous
la forme de pupes diapausantes. Les larves s’enfoncent dans le sol aussitôt après leur sortie du
fruit en fin d’été ou pendant l’automne, et se transforment en pupes au bout de quelques jours
puis restent en diapause jusqu’au prochain automne. Quelques individus restent en diapause
pour une année ou pour plusieurs années. Chez la plupart des espèces tropicales, l’hivernation
est généralement accomplie par les adultes. Ils tendent à se rassembler dans des zones refuges
qui disposent de ressources alimentaires. Ces groupes d’hivernation forment souvent des
populations assez stables à cause du taux de naissance nul, du faible taux de mortalité et de
l’inhibition des mouvements par les faibles températures. Des rassemblements constitués de
près de 800 individus de différentes espèces appelés « leks » ont été décrits. Ils sont
généralement restreints à des gammes de plantes à feuilles persistantes comme les Citrus ou le
bananier ou d’autres plantes favorables. Ils peuvent devenir assez actifs pour se nourrir
pendant les heures chaudes de la journée mais tendent à retourner dans les mêmes abris dès
que les températures chutent.
La lumière
Elle joue un rôle déterminant dans la détermination de la fécondité des mouches des fruits
mais a moins d’effet direct sur le taux de développement et de mortalité. Elle affecte
premièrement l’activité générale des adultes femelles particulièrement l’alimentation et
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L’alimentation joue un rôle important dans le développement des populations et des individus
pour les mouches des fruits. Selon Bateman (1972), les travaux de la recherche se sont
focalisés à un moment donné sur le développement de milieu nutritif pour l’élevage de larves
de mouches des fruits au laboratoire. La plupart des milieux développés contient des
substances nutritives telles que les levures ou des poudres issues de produits de plantes. Il n’y
a pas de larves de mouches des fruits élevées à partir de milieu nutritionnel synthétique. Ainsi,
leurs exigences nutritionnelles précises n’ont pu être déterminées. Dans les fruits qu’ils
infestent, l’action de la microflore intra et extra intestinale des larves sur le substrat
alimentaire produit les substances essentielles pour leur croissance. La nutrition des larves
peut influencer la longévité et la fécondité des adultes qui en résulteront. Des adultes de
Ceratitis capitata (Wiedemann) élevés sur des pêches, du kaki, des cactus vivent plus
longtemps que ceux élevés à partir de figues ou des poires ou sur du milieu artificiel
d’élevage. Des larves de Rhagolettis pomonella élevées au laboratoire et se développent aussi
bien que celles élevées à partir de pommes mais leurs adultes présentent de sérieuses
déficiences du point de vue du comportement et de la fécondité.
Chez les adultes, de nombreuses informations existent sur les besoins nutritionnels. Toutes les
espèces ont besoin d’hydrates de carbone comme source d’énergie et d’eau pour survivre. En
plus, la plupart des espèces a besoin d’une diversité de substances nutritives y compris des
substances protéiniques pour atteindre la maturité sexuelle. Des milieux nutritifs synthétiques
pour adultes ont été développés pour diverses espèces dont certains basés sur la composition
chimique du miellat du puceron du pommier (Aphis pomi). Le miellat de cochenilles est
également considéré comme une source de nourriture des mouches des fruits dans la nature
(Neilson, 1966, Yasamatsu et Nagatomi, 1959). Les adultes de mouches des fruits ont été
observés s’alimentant sur une diversité de produits naturels incluant les jus et tissus de fruits
blessés ou en décomposition, la sève des plantes, le nectar des fleurs et les fèces d’oiseaux.
Pour beaucoup d’espèces d’insectes, la quantité de nourriture disponible est le facteur
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d’abondance le plus déterminant. Chez les mouches des fruits, il y indiscutablement une
relation entre la quantité de nourriture disponible pour les larves et la population locale
d’adultes ainsi que le taux de production de nouveaux individus (Bateman et Sonleitner,
1967 ; Newell et Haramoto, 1968). La possibilité de rupture de nourriture pour les adultes
peut influencer leur nombre selon Bateman (1972).
• Les parasitoïdes
Kapoor et Agarwal, (1983) ainsi que Wharton et Gilstrap, (1983) rapportent que les larves de
la plupart des Dacinae sont attaquées par les hyménoptères parasites, particulièrement de la
famille des Braconidae. Les parasites des œufs et des pupes ont été aussi enregistrés chez
certaines espèces, mais ils surviennent habituellement en faible nombre et ont un impact
réduit sur les populations endémiques. Newell et Haramoto (1968) ainsi que Wong et al.
(1984), notent cependant que, Opius oophilus à Hawaï a causé une forte mortalité des œufs de
Dacus dorsalis. En Afrique, 6 espèces de parasitoïdes des mouches des fruits inféodées à
différentes plantes hôtes ont été identifiées au cours d’une étude préliminaire au Bénin par
Vayssières et al. (2010 a). Il s’agit de Fopius caudatus (Szépligeti), Psyttalia cosyrae
(Wilkinson), P. perproxima (Silvestri), Diachasmimorpha fullawayi (Silvestri), Tetrastichus
giffardianus (Silvestri) et Pachycrepoideus vindemmiae (Rondani). Le taux de parasitisme de
noté au cours de cette étude était de 7,7%, et C. cosyra était l’espèce la plus parasitée
tandisque B. invadens l’était rarement.
• Les prédateurs
D’autres insectes sont des prédateurs des mouches des fruits. Les plus importants sont les
fourmis qui déplacent les larves et les pupes des fruits et du sol (Bateman et al.1976 ; Bigler,
1982 ; Kapatos et Fletcher, 1986). Ainsi en Afrique de l’Ouest, plusieurs travaux ont mis en
valeur la prédation des fourmis oecophylles (Oecophylla longinoda Latreille) sur les larves de
Tephritidae (Vayssières et Sinzogan, 2008 a) ainsi que les réactions de répulsion déclenchées
par ces oecophylles sur la ponte des femelles de mouches des fruits (Adandonon et al, 2009 ;
Van Mele et al, 2009). Des perce oreilles ont été observés déplaçant les larves de Dacus
ciliatus (Syed, 1969) et Dacus musae (Smith, 1977) des fruits. Les Staphylinidae et les
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Carabidae consomment les larves et les pupes dans le sol (Bateman et al., 1976), et les
araignées capturent certains adultes (Fletcher, 1979).
Ils incluent les champignons et les bactéries et sont souvent associés à la mortalité des larves
et des pupes, bien que Fletcher (1987) affirme qu’il n’est pas toujours possible de déterminer
si l’infection est la cause de la mortalité.
Elle peut aussi limiter ou réduire le niveau de la population quand une espèce devient
abondante en relation avec ses ressources. L’interaction la plus évidente de la compétition
chez les Dacinae intervient entre les femelles (Pritchard, 1969). Leur agression peut réduire la
fécondité par la réduction du nombre d’œufs déposés et éventuellement amener les femelles à
se disperser. Les interactions entre femelles sont cependant relativement peu fréquentes,
excepté dans les cas de forte populations. A l’inverse, la compétition entre larves dans le fruit
est plus fréquente et importante pour les espèces de mouches des fruits.
Au cours du développement, les larves creusent des galeries dans le fruit, décomposent les
tissus et ingèrent ceux qui sont détruits. Dans les fruits de grande taille, elles se déplacent vers
le centre du fruit qui leur offrira une certaine protection contre les parasites et certains
prédateurs. Une fois à maturité, les larves de la plupart des espèces quittent le fruit et
s’enterrent plusieurs centimètres dans le sol et y pupent (Fitt, 1981 b ; Neuenschwander et
al.1981).
1.2.2.3. Ethologie
Les Tephritidae de la sous famille des Dacinae sont en général actives le jour et au repos la
nuit sur la face inférieure des feuilles des plantes hôtes ou d’autres plantes. La période
d’activité peut être subdivisée en quatre types fonctionnels qui sont l’alimentation,
l’accouplement, l’oviposition et la dispersion. La durée de chaque type d’activité dépend de
plusieurs facteurs, incluant l’âge, le sexe, la disponibilité de l’hôte et les conditions
climatiques (Fletcher, 1987).
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Attraction
Certains Dacini sont fortement attirées par les surfaces jaunes. (Bateman et al., 1976 ; Hill et
Hooper, 1984). Selon Prokopy (1977) certains Tephritidae déposent une phéromone répulsive
sur le fruit après la ponte. De nos jours, de puissants attractifs chimiques des mâles de
Tephritidae ont été développés. La mise au point de l’utilisation des hydrolysats de protéine
comme attractifs des mâles et femelles de la plupart de ces espèces a été une avancée sur la
recherche concernant les attractifs des Tephritidae (Bateman, 1972). La plupart des attractifs
chimiques active les mécanismes nerveux contrôlant l’activité sexuelle comme le font les
phéromones naturelles de ces espèces (Féron, 1962). Des substances attractives des
Tephritidae ont été mises en évidence sur certaines plantes. C’est le cas du méthyl eugénol
puissant attractif de nombreuses espèces retrouvé dans les fleurs de Cassia fistula. Kawano,
Mitchell et Matsumoto (1968) ont observé des adultes de D. dorsalis visitant régulièrement
cette plante. Oatman, (1967) et Prokopy (1968 a et b) montrent que la couleur, la forme et la
taille de certains objets sont extrêmement attractifs pour les individus des 2 sexes de R.
pomolena. Il montre aussi que les grands objets sont d’autant plus attractifs qu’ils sont de
couleur jaune alors que les petits objets sont plus attractifs quand ils sont rouges ou
sombrement colorés et de forme sphérique. Il estime que les mouches sont attirées par les
grands objets jaunes parce qu’ils assimilent la couleur et le feuillage où elles devraient trouver
de la nourriture. Les petits objets sombres et sphériques sont assimilés aux fruits où elles
peuvent s’accoupler ou pondre. Kring (1970) confirme les résultats de Prokopy et montre que
la combinaison d’une sphère rouge et d’un panneau jaune est plus attractive que le panneau
seul.
Mouvements
Les mouches des fruits de façon générale montrent une diversité de motifs de mouvements
quotidiens entre les hôtes et la végétation environnante. Quand les plantes hôtes sont
abondantes dans la zone, les mouches des fruits sexuellement mures tendent à réduire leurs
mouvements aux vols de prospection pour la recherche de la nourriture, de l’eau et des sites
d’oviposition (Bateman, 1972). Elles peuvent se disperser quand les fruits convenables
deviennent rares en fin de la saison (Economopoulos, et al. 1978 ; Fletcher et
Economopoulos, 1976 ; Fletcher et Kapatos, 1981). Les espèces polyphages, multivoltines
tropicales et subtropicales, sont d’excellents voiliers et ont une forte mobilité. La distance
maximale enregistrée pour des individus marqués sont de 200km pour Bactrocera cucurbitae
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(Miyahara et Kawai, 1979), 65km pour Bactrocera dorsalis (Steiner et Baumliover, 1962),
90km pour Dacus tryoni (MacFarlane et al., 1986) et 40km pour Bactrocera zonatus
(Qureshi, 1975).
Quand la température s’élève au-dessus de 35°C, les adultes de D. zonatus et de D. oleae ont
été observés quittant les arbres et convergeant vers les sous bois (Syed, 1968 ; Fletcher,
1987). Au cours des périodes froides de l’année, lorsque les conditions ne sont plus
favorables, les individus de nombreuses espèces recherchent des refuges où ils se
maintiennent jusqu’au retour des conditions plus chaudes. Selon Fletcher (1987), avant la
pupaison dans le fruit, les larves matures creusent des galeries à la surface du fruit laissant
ouverte la mince membrane extérieure du péricarpe de sorte qu’en émergeant, l’adulte
s’échappe du fruit.
Oviposition
Des mécanismes aussi bien olfactifs que visuels sont impliqués dans la reconnaissance et la
localisation par les femelles gravides des Tephritidae des fruits qui conviennent pour
l’oviposition. Une fois que le fruit indiqué a été repéré, la femelle explore systématiquement
le fruit entièrement avant de déterminer le point d’ovisposition. Les facteurs influençant le
choix du site de ponte ont été étudiés chez R. cerasi et D. tryoni. Les femelles de D. tryoni,
choisissent le coté sous les vents du fruit, à l’ombre. Elles pondent sur les parties molles
plutôt que sur les parties dures et sur les peaux rugueuses. Elles ont tendance à pondre dans
les discontinuités des fruits (craquelure, ouverture faite par les oiseaux et autres insectes) et
particulièrement les anciens trous d’oviposition forés par des femelles. Cette situation a été
observée chez de nombreuses espèces (Bateman, 1972).
Les Tephritidae sont des insectes phytophages dont les larves endophytes se développent à
l’intérieur des tissus végétaux en leur occasionnant ainsi des dégâts. Parmi les 4400 espèces
connues à travers le monde, près de 200 sont considérées comme déprédatrices des cultures.
Les fruits infestés par les mouches des fruits peuvent présenter des traces des piqûres de ponte
qui souvent sont difficiles à détecter pour des infestations récentes. L’évolution des larves
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dans les fruits provoque leur pourriture et leur chute de l’arbre. Les fruits peuvent être
endommagés à l’intérieur et ce avant l’apparition de manifestations extérieures visibles.
Selon Norrbom (2004), les mouches des fruits sont parmi les ravageurs les plus importants en
agriculture au monde. Elles occasionnent des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars
en provoquant des dégâts directs sur une grande diversité d’espèces fruitières, légumières et
florales (citrus, pomme, mangue,…). Elles limitent le développement de l’agriculture dans de
nombreux pays. Classées comme ravageurs de quarantaine, elles constituent un facteur
limitant les exportations de fruits et légumes et accroissant leurs coûts à l’exportation du fait
des traitements de désinfection appliqués.
Plusieurs méthodes de lutte contre les mouches des fruits dans les vergers de manguiers ont
été développées. Les paragraphes qui suivent présentent les plus connues d’entre elles décrites
par Vayssières et al. (2009 a)
La lutte chimique conventionnelle avec l’emploi d’insecticides à large spectre d’action tels le
Diméthoate, le Malathion et le Méthidathion dans le cadre d’application en couverture totale,
fut l’une des premières actions de lutte contre les mouches des fruits engagée. En plus des
mouches des fruits, ces insecticides tuent d’autres insectes dont les auxiliaires dans la lutte
biologique conférant à cette méthode de lutte un impact environnemental négatif. Aussi elle
présente des coûts liés à l’acquisition et à l’application du produit élevés, pas toujours à la
portée des petits producteurs particulièrement ceux d’Afrique. Les risques d’intoxication des
producteurs et des consommateurs, ainsi que les faibles limites maximales de résidus des
pesticides sur les produits agricoles fixés sur les marchés d’exportation sont autant de raisons
qui ont réduit de nos jours, le champ d’application de la lutte chimique conventionnelle dans
le contrôle des mouches des fruits.
- 27 -
Elle se base sur l’utilisation d’un mélange de substances alimentaires attractives variées avec
un insecticide qui attire les mouches fruits qui viennent pour s’alimenter et se tuent en
consommant l’appât empoisonné. L’application de ces substances se fait généralement sur
une partie du verger ou de l’arbre. Le "Success Appat" (GF-120) de plus en plus diffusé est
un cas particulier d’appât empoisonné où l’attractif alimentaire est mélangé avec un
insecticide biologique. L’application de ces traitements par taches a donné des résultats très
intéressants au Bénin (Vayssières et al, 2009 b) au niveau de la lutte contre B. invadens et C.
cosyra.
Elle regroupe un ensemble de techniques qui permettent de détruire les stades préimaginaux
de mouches de fruits qui se retrouvent dans les fruits piqués et/ou tombés qui constituent des
foyers de réinfestation des cultures. Ainsi les récoltes sanitaires permettent l’assainissement
des vergers à travers la collecte des fruits infestés et la destruction des œufs et larves qu’ils
contiennent en les plaçant dans des sacs plastiques ou sous une bâche entreposés au soleil
pendant quelques jours ou en les enfouissant profondément ou encore en les immergeant. En
évitant la présence à proximité des cultures d’autres plantes hôtes abritant des mouches des
fruits, le planteur renforce l’efficacité de ces mesures.
de Laroussilhe (1980), signale la pratique en Inde d’un travail régulier du sol sous les arbres et
la pratique de cultures sur les sols très infestés de même que l’application d’insecticides au
moment de l’irrigation pour détruire les larves et pupes dans le sol.
Cette technique a pour but de réduire de façon importante, la population des mouches mâles
afin d'empêcher toute reproduction et d'éradiquer l'espèce ciblée. Elle consiste à installer dans
la zone à traiter de nombreux appâts constitués de blocs de bois trempés dans une mixture de
para-phéromone et d'insecticide en vue d'attirer les mâles pour les tuer.
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La lutte biologique est l’action exercée par certains parasites, prédateurs et pathogènes pour
maintenir la population des ravageurs à des proportions acceptables. Ces organismes sont les
ennemis naturels des ravageurs et sont naturellement inféodés à ces ravageurs dans leur
biotope (Singh, 1982). Dans le cadre de la lutte contre les Tephritidae, différents organismes
ont été et sont utilisés. Il s’agit des fourmis tisserandes (Oecophylla longinoda), de diverses
espèces de parasitoïdes dont Fopius arisanus, de champignosn entomopathogènes
(Metarhizium spp).
La technique de l'insecte stérile ("SIT") mise au point dans ce cadre consiste à élever en
masse des mâles du ravageur-cible, qui seront stérilisés et lâchés dans la zone de lutte afin
qu'ils s'accouplent avec des femelles sauvages qui pondront ensuite des œufs sans embryon
non viables. L’application à grande échelle de cette technique est à envisager, pour éviter
toute ré-invasion des ravageurs à partir de zones voisines infestées.
Il consiste à établir une barrière autour du fruit pour empêcher qu’il ne soit piqué par les
Tephritidae. Ils peuvent être ainsi placés dans des sacs en papiers avant qu’il n'atteigne le
stade pré-maturité où ils sont susceptibles d'être le plus attractif.
Récoltes précoces
Elles consistent à récolter des fruits au stade pré-maturité pour éviter de les garder dans les
arbres au moment où pullulent les mouches des fruits.
- 29 -
Elle consiste en une combinaison harmonieuse de plusieurs méthodes de lutte qui assure
l’efficacité de chacune d’elle afin d’aboutir à un meilleur contrôle de ces ravageurs
(Vayssières et al, 2009 a). Elle s’articule autour de l’étude de l’évolution de sa population,
l’estimation des dégâts infligés aux cultures, la définition de son seuil économique de
nuisibilité et une bonne connaissance de l’agrosystème concerné. La présente étude que nous
conduisons vise à fournir les éléments nécessaires au développement de cette stratégie de lutte
contre les mouches des fruits dans les vergers du Burkina Faso.
- 30 -
Les provinces de la Comoé dans la région administrative des Cascades et celles du Houet et
du Kénédougou dans la région des Hauts Bassins, situées à l’Ouest du Burkina Faso ont
constitué la zone de notre étude. Frontalière avec le Mali à l’Ouest et la Côte d’Ivoire au Sud,
autres pays producteurs et exportateurs de mangues en Afrique de l’Ouest (Figures 2 et 3)
notre zone d’étude est la principale productrice de mangues du pays. Le manguier est un arbre
très couramment rencontré dans cette zone qui fournit environ 75% de la production de
mangues du pays (Guira et Zongo, 2006). Des manguiers à différents stades phénologiques
sont rencontrés tout au long de l’année dans les agglomérations de cette zone dont certaines
sont de véritables vergers avec des parcelles sans discontinuité. Dans les vergers, les
observations faites dans notre zone d’étude montrent que les manguiers y présentent des
décalages de phénologie dans le temps selon les localités. Ainsi on observe pour une même
variété, une fructification précoce dans le Houet et la Comoé, de pleine saison dans la Comoé
et tardive dans le Kénédougou.
Du point de vue climatique, l’aire géographique couverte par notre étude bénéficie d’un
climat tropical du type soudanien (Lerebours et Ménager, 2005). Il se caractérise par
l’alternance de deux saisons, l’une sèche et l’autre humide. La saison humide dure 5 à 6 mois
avec un cumul pluviométrique annuel dépassant 900 mm. Les températures moyennes
mensuelles dépassant rarement 35° C. Comme dans l’ensemble du pays, deux vents
dominants soufflent dans cette zone : les vents humides de secteurs sud-ouest (mousson) en
saison pluvieuse et les vents secs de secteur nord-est (harmattan) en saison sèche. Ces vents
sont relativement faibles sauf en début et en fin de saison sèche où ils peuvent atteindre des
vitesses de 120 Km/h au cours des tornades. Selon ces mêmes auteurs, la végétation de la
zone étudiée est une savane boisée avec des forêts claires et des îlots de forêts denses sèches
et des galeries forestières.
- 32 -
Le relief, la zone de l’étude se caractérise par la présence d’un massif gréseux et des falaises
avec une altitude variant entre 200 et 600 mètres (Fig. 3). Le point culminant de la zone et du
pays est le mont Ténakourou (749 m) situé dans la province du Kénédougou. (Lerebours et
Ménager 2001).
Sept vergers de manguiers situés dans différents villages (Fig. 1) constituent nos sites
d’études. Ils sont tous situés en dehors des agglomérations villageoises mais ceux de
Toussiana et de Yégérésso sont au voisinage immédiat des zones d’habitation. Leurs
caractéristiques sont présentées dans le Tableau 2.
• Le verger site doit être situé dans une zone de production importante de mangues ;
Le choix des sites expérimentaux a été effectué en juillet 2007 au cours de sorties de
prospection. Les principaux bassins de production de mangue de chaque province ont été au
préalable déterminé à partir de la connaissance du milieu que nous avons eu auprès des
organisations de producteurs de mangues présentes. La prospection a consisté à la visite dans
les localités retenues, de vergers ciblés selon les critères de choix définis et à la sélection du
verger qui répond le plus à ces critères. Face aux difficultés pour trouver dans la province du
Kénédougou un deuxième verger répondant à tous les critères définis, un troisième verger y a
été retenu plus tard dans le village de Guénako pour éventuellement remplacer celui de
Toussian-Bandougou qui présentait des difficultés d’accès portant le nombre total de site à 7.
Pendant les deux ans d’études, la température et l’humidité relative ont été notés toutes les
semaines. Les résultats détaillés sont donnés en annexe.
Figure 4 : Valeurs moyennes mensuelles de l’humididité relative (HR) entre avril et juin dans
les différents sites au cours de l’étude
Figure 5 : Valeurs moyennes mensuelles de la température (T°) entre avril et juin dans les
différents sites au cours de l’étude
- 37 -
Très peu envahis par les herbes et d’autres plantes adventices à cause de certaines pratiques
culturales, ces vergers comportent cependant des pieds isolés d’autres espèces fruitières
cultivées ou non. Le désherbage y est effectué au début de la saison sèche et des labours sont
réalisés en fin d’hivernage dans les sites de Guénako, Koloko et Toussian-Bandougou. La
pratique de la culture intercalaire dans les vergers est courante uniquement à Guénako et à
Toussian Bandougou avec le bissape (Hibiscus sabdarifa) cultivé entre les lignes de
plantation.
Des formations végétales naturelles et des champs de cultures annuelles (céréales,
légumineuses) bordent les différents sites avec toutefois le voisinage d’autres plantations
fruitières dans certaines localités. A Guénako et à Tengrela des plantations d’anacardiers
(Anacardium occidentale) jouxtent certains cotés des vergers. A Koloko et à Toussian-
Bandougou ce sont des plantations d’agrumes (Citrus sp.) qui sont riveraines à certains cotés.
Enfin, une plantation de palmiers à huile (Elaïs guineensis) est située au voisinage du verger
de Toussian-Bandougou.
Les cultures maraîchères sont régulièrement pratiquées dans des parcelles voisines de nos
sites d’étude notamment à Tengrela, Toussian-Bandougou et Yéguérésso. Le site de
Yéguérésso situé en bordure d’une grande voie bitumée n’est pas éloigné de points de vente
de fruits et légumes divers.
- 38 -
Figure 6 : Proportions des superficies occupées par les différentes variétés de manguiers dans
les 7 vergers
En ce qui concerne les cultivars, on peut diviser nos vergers en deux groupes qui
recouvrent nos observations climatiques: les vergers de la province de Kénédougou (Koloko,
Guenako et Toussian-Bandougou) dans lesquels les espèces majeures sont Lippens, Kent,
Brooks ou Keitt, et les vergers des deux autres provinces qui ont comme variété majoritaire
Amélie et qui comporte le plus souvent la variété Springfels peu présente dans l’autre zone.
A ces différences de variétés s’ajoutent des différences dans les stades phénologiques
ainsi dans les vergers de la province de Kénédougou, les récoltes sont tardives alors qu’elles
sont précoces dans les 4 sites situés dans les provinces de la Comoe et du Houet.
- 39 -
Localisation des sites Coordonnées Superficies Ecartements Densités Age Cultivars Fructification
géographiques (ha) entre les arbres de plantation des manguiers présents des manguiers
et altitude des sites (m) (nombre (années)
d’arbres/ha)
Provinces Villages
1.4. MATERIELS
Le manguier (Mangifera indica L.) a été le principal matériel végétal utilisé au cours de cette
étude. Les arbres ont porté les pièges placés dans les vergers et ses fruits ont été
échantillonnés et placé en incubation. Huit variétés couramment rencontrées dans les sites
d’études ont été étudiés. Six de ces 8 variétés : Amélie, Brooks, Keitt, Kent, Lippens et
Springfels, sont améliorées par greffage. Deux autres, Mangot vert et Sabre, ne sont pas
greffées. Quelques caractéristiques de ces variétés décrites par La Guira et Zongo (2006), de
Laroussilhe (1983) sont présentées ci-dessous et leurs illustrations en annexe 1.
- Brooks : Cette variété est aussi désignée localement sous l’appellation « manguier
retard » ou « tardive ». Cultivar tardif, il occupe environ 30% de la superficie de vergers de la
zone. L’arbre a un port étalé et possède des fruits ovales allongés dont la peau épaisse et
résistante est vert foncé à vert jaunâtre et la chair ferme moyennement aromatique et
légèrement acidulée de couleur jaune brillant. Le poids moyen des fruits est de 250 à 400 g.
- Keitt : A cause de son caractère tardif, il est le dernier cultivar greffé récolté, avec
Brooks, dans les vergers de l’Ouest du Burkina. Il est présent sur environ 5,5% des surfaces
cultivées en mangue. Il est aussi appelé « Laban » qui veut dire « fin » dans la langue locale.
Ses arbres ont un port étalé et donnent des fruits légèrement ovales avec une peau épaisse
assez résistante rouge violacé et une chair relativement ferme de couleur orange à jaune foncé
possédant un nombre important de fibres fines et non gênantes. Le poids moyen des fruits
varie entre 600 et 750 g.
- Kent : C’est un cultivar de fin de pleine saison localement désigné sous l’appellation
« Krouba-Krouba ». Il occupe près de 19% de la superficie totale des vergers de manguiers
dans notre zone d’étude. Il possède un port dressé, ses fruits sont arrondis avec une peau
épaisse et résistante rouge violacé et une chair de couleur jaune intense à jaune orange de
- 42 -
consistance moyenne, sans fibres avec une saveur aromatique. C’est une des meilleures
variétés de mangues. Leur poids moyen varie entre 600 et 750 g.
- Springfels : C’est aussi une variété de saison désignée localement sous les appellations
« mangue papaye » ou « mangue ananas ». Les arbres de ce cultivar sont de port érigé et
couvrent environ 2% de la superficie des vergers de notre zone d’étude. Il donne de très gros
fruits allongés qui ont une peau épaisse de couleur rouge violacé avec une chair juteuse. Leur
poids moyen varie entre 600 et 1200 g.
Deux types de pièges ont été utilisés au cours de cette étude, les Tephri Trap et les Mac Phail.
Cinquante six Tephri Traps (Photo 4) conçus par SORYGAR (SORYGAR S.L. Quinta del
Sol nº 37 Las Rozas, Madrid 28230 España) ont servi à la collecte des données. Ils sont
constitués d’un boîtier de couleur jaune possédant 5 orifices circulaires dont 4 sur la paroi à la
partie supérieure et un au niveau de la base envasée sur lequel s’adapte une nacelle. Un
couvercle en plastique transparent complète la constitution de ce piège.
Les pièges Mac Phail dont 28 unités ont été utilisées dans le dispositif mis en place sont des
produits de ChemTica Internacional (CTI) SA (CTI, Zeta Industrial Park, La Valencia,
- 43 -
Heredia, Costa Rica). Ils comportent une cuvette jaune à la base évasée avec une ouverture
que surmonte un dôme transparent comportant une nacelle à la partie supérieure (Photo 2).
Des paraphéromones sexuelles et un attractif alimentaire ont servi d’appât au cours de cette
investigation. Si les paraphéromones sexuelles attirent les adultes mâles des Tephritidae sur
des distances assez longues, l’attractif alimentaire quant à lui à un large spectre d’attractivité
touchant à la fois les mâles et femelles de cette famille, mais agirait sur des distances plus
courtes.
- Le Méthyl eugénol ou 4-allylvératrole est l’une des paraphéromones utilisées sous forme
de cartouches imprégnées. Il présente une attractivité pour B. invadens et C. bremii. C’est
un éther aromatique qui se retrouve dans les huiles essentielles et plusieurs espèces
végétales.
- La levure de Torula (Torulopsis utilis) riche en protéine a été le seul attractif alimentaire
utilisé dans le dispositif. Ce produit de CTI se présentait sous la forme de pastilles.
1.4.2.3. L’insecticide
Photo : O.S.Nafiba
Photo : O.S.Nafiba
Photo : O.S.Nafiba
Photo : O.S.Nafiba
Photo : O.S.Nafiba
Pour la réalisation de la présente étude, divers matériels ont été utilisés pour la collecte des
données aussi bien sur le terrain qu’au laboratoire. Il s’agit :
• Des boîtes de Petri aux couvercles perforés pour la collecte et la mise en éclosion
des pupes,
1.5. METHODOLOGIE
Dans le cadre de la recherche des autres plantes hôtes des Tephritidae dans les formations
végétales riveraines des vergers de manguiers, un inventaire des espèces ligneuses autour des
différents sites d’étude a été effectué. Cet inventaire a concerné 6 des 7 sites d’études, le site
de Guénako ayant été retenu plus tard à un moment qui n’était plus favorable à la réalisation
de l’inventaire floristique réalisé entre août et septembre 2007. L’inventaire a été réalisé selon
la méthode du transect en suivant sur les 4 côtés déterminés de chaque site, la diagonale d’une
bande de terrain de 500 m de large. Sur chaque transect, trois placettes carrées de 50 m de
côté ont été déterminées en ses deux extrémités et au milieu, soit 12 placettes de 250 m2 pour
chaque site. L’inventaire a consisté à l’identification et au recensement exhaustif dans chaque
placette des espèces ligneuses ayant plus de 1,5 m de hauteur et des principales espèces
herbacées rencontrées dont certaines sont aussi hôtes d’espèces de Tephritidae. Pendant le
recensement, le nom scientifique, la hauteur et la circonférence du tronc à la base et à 1,30m
du sol (ou à hauteur de la poitrine) ont été déterminées. Le stade phénologique et l’aptitude
des plantes à fructifier ont été aussi précisés au cours de l’inventaire.
- 48 -
hebdomadaire des pièges. Les paraphéromones sexuelles et les plaquettes d’insecticides ont
été renouvelées chaque mois afin de maintenir constants, leurs effets attractif et insecticide
(Vayssières et Sinzogan, 2008 b).
Afin de déterminer la relation entre la phénologie des arbres et l’importance des captures de
Tephritidae, les stades phénologiques des arbres ont été notés au cours des relevés de pièges.
Les stades phénologiques définis à cet effet sont :
• Le stade végétatif qui couvre les périodes pendant lesquelles les manguiers ne
portent pas de fruits,
Les informations recueillies au cours du relevé des pièges ont été, par la suite, consignées
dans des fiches.
La mesure des précipitations a été effectuée à l’aide des pluviomètres à lecture directe
installés dans les différents vergers à une distance de 50 m de tout obstacle selon les
recommandations du service national de la météorologie (Photo 8). La lecture des
pluviomètres a été effectuée quotidiennement à 8h et à 18h. Après chaque lecture, le
pluviomètre a été vidé et replacé sur son support et la quantité d’eau tombée notée dans une
fiche de relevé pluviométrique.
Pour évaluer l’importance des dégâts des Tephritidae sur les différents cultivars de mangues
présents dans les sites d’étude, un échantillonnage de fruits a été effectué pendant la saison de
la mangue entre mars et août 2008 et entre mars et juillet 2009. Dans chaque verger, des pieds
portant suffisamment de fruits des différents cultivars ont été choisis de façon aléatoire, avant
le début des récoltes, en suivant la diagonale des parcelles qui leur sont affectées ou du verger
lorsque les cultivars ne sont pas séparés. Les arbres ainsi choisis ont été marqués par
l’application d’une étiquette sur laquelle les initiales du nom de la variété et le numéro d’ordre
de sélection de l’arbre ont été inscrits. Au cours des 2 saisons de la mangue couvertes par
notre étude, 36 fruits par cultivar ont été prélevés dans chaque site toutes les 2 semaines
depuis le stade prématurité des fruits jusqu’à la fin des récoltes, à raison de 6 fruits récoltés au
hasard sur chaque arbre sélectionné. Chaque échantillon étiqueté constitué par les fruits d’une
même variété collectés dans un même site a été ramené au laboratoire pour incubation. Sur
ces étiquettes sont précisés la localité, la date d’échantillonnage, le nom du cultivar et le
nombre exact de fruits cueillis ainsi que leur poids. Au cours de la campagne mangue 2009,
les fruits récoltés ont été individuellement étiquetés. Sur chaque fruit ont été inscrits les
initiales de la variété, le numéro de l’arbre sur lequel il a été prélevé et le rang de prélèvement
- 51 -
du fruit sur l’arbre. Les informations contenues sur les étiquettes ont été consignées dans des
fiches de prélèvement.
Pour rechercher les autres plantes hôtes des Tephritidae dans les formations végétales
riveraines des vergers, des échantillons de fruits d’autres espèces fruitières cultivées ou
sauvages rencontrées dans la périphérie des sites d’étude ont été collectés. Démarrée en avril
2008, cette collecte a été effectuée toutes les 2 semaines en alternance avec l’échantillonnage
des mangues jusqu’à la fin de l’année 2009. Elle a consisté en la cueillette de façon aléatoire
de 33 fruits par espèces selon leur disponibilité dans les placettes d’inventaire mais aussi dans
le reste des formations végétales riveraines des vergers et le long des grands axes routiers.
Pour chaque échantillon, les informations sur le lieu et la date de collecte, le nom de l’espèce,
et le nombre de fruits cueillis ont été notées et portées dans le lot de fruits constitué.
Au laboratoire, les fruits (mangues et autres espèces) de chaque échantillon ont été placés
ensemble dans des pots plastiques contenant du sable stérilisé et recouvert par une toile
moustiquaire puis mis en observation (Vayssières et al. 2004). Une masse de grillage a été
placée dans chaque cuvette pour isoler les fruits de la couche de sable. Sur ces cuvettes, les
informations portées par les étiquettes réalisées à l’échantillonnage ont été éditées pour
chaque lot. Dans les cas de lots volumineux (gros fruits) les échantillons ont été fractionnés et
placés dans différentes cuvettes portant les mêmes informations sur les étiquettes mais
numérotés et rangés dans les mêmes conditions d’observation. Afin de déterminer
l’importance économique des Tephritidae associées aux dégâts causés à la mangue, les fruits
récoltés au cours de la saison 2009 ont été individualisés dans des pots pour leur incubation
(Vayssières et al. 2005) après la pesée. Les fruits ainsi incubés ont été gardés pendant 6
semaines dans les conditions ambiantes dans un tunnel sous ombrière et observés au moins
une fois par semaine.
- 52 -
Tout au long de la période d’incubation et cela une fois par semaine, les fruits de chaque
échantillon ont été retirés des enceintes dans lesquelles ils ont été rangés puis observés
individuellement. Ceux qui étaient infestés par les Tephritidae ont été identifiés à partir des
descriptions faites par Cohereau (1970) et de Larousilhe (1983). Lorsqu’il n’était pas possible
de constater l’infestation à partir des fruits entiers, une dissection été effectuée pour y parvenir.
Pour chaque lot, les informations portées sur les étiquettes et le nombre de fruits infestés ont
été consignés dans des fiches de suivi des incubations (Annexe 2). Dans le cas des incubations
individuelles de mangues réalisées en 2009, ce sont les références du fruit notées à
l’échantillonnage puis son état d’infestation qui ont été reportées dans les fiches d’incubation
(Annexe 1). Après les observations faites sur les fruits, le sable contenu dans les cuvettes a été
tamisé en vue de la collecte des pupes formées à partir des larves issues des fruits infestés.
Elles ont été déposées dans des boîtes à pupes qui ont été étiquetées puis rangées dans les
cages grillagées dans le tunnel sous ombrière jusqu’à l’éclosion du maximum d’adultes ou de
parasitoïdes. A chaque observation, le nombre de pupes collectées par échantillon, a
également été noté dans la fiche de suivi des incubations. Après ces différentes opérations, le
dispositif d’incubation a été remis en place et ce jusqu’à la fin de cette période.
L’identification des adultes de Tephritidae capturés dans les pièges et de ceux issus des fruits
infestés a été effectuée par nous même sous loupe binoculaire en observant les caractères
morphologiques. Des documents de référence ont été utilisés à cet effet (Caroll et al. (2002) ;
White (2006) ; White et Elson-Harris (1992) ; De Meyer, (1996, 1998)) ainsi qu’une
collection de référence de l’Institut International d’Agriculture Tropicale / Centre de
Coopération International et de Recherches Agricoles pour le Développement (IITA/CIRAD)
de Cotonou. Les espèces que nous n’avons pas pu identifier on été envoyées dans ce même
laboratoire pour l’être de même que les adultes de parasitoïdes émergés. Pour chaque espèce
de Tephritidae identifiée, le nombre d’adultes capturés par pièges à chaque relevé de pièges
ou issus de l’éclosion des pupes collectées à partir des fruits infestés a été reporté dans des
fiches d’identification (Annexe 2) avec les références relatives à leur origine. Les adultes
issus des fruits infestés ont été, après identification, conservés dans des piluliers contenant de
l’alcool à 70°.
- 53 -
Les données collectées au cours de cette étude ont été traitées avec le logiciel Excel 1997-
2003 de Microsoft office 2003. Les analyses statistiques ont elles été réalisées avec le logiciel
Xl Stat 7.1 de Adinsoft.
Les mêmes traitements et tests statistiques ont été appliqués aussi bien pour
l’inventaire de Tephritidae dans les vergers de manguiers que celui des espèces ligneuses dans
les formations végétales riveraines des vergers.
- Diversité Gama
Pour l’ensemble de la zone de l’étude, la diversité gama qui désigne le nombre
d’espèces rencontrées a été déterminée dans le cadre des inventaires de Tephritidae et des
autres espèces fruitières.
- Diversité alpha
Pour mesurer l’abondance et la diversité des Tephritidae dans les vergers et des ligneux des
les formations végétales riveraines de ces sites, nous avons utilisé la diversité alpha qui
mesure l’abondance et la diversité des plantes, insectes et microorganismes vivant dans une
communauté particulière ou dans une zone d’habitat uniforme. Trois expressions de la
diversité Alpha ont été utilisées pour la caractériser : la richesse spécifique (S), l’indice de
diversité de Shannon-Wiener (H’) et l’indice d’équitabilité de Pielou (E).
• La richesse spécifique (S) : Elle désigne le nombre total d’espèces recensées dans
une communauté donnée (Peet, 1974, Jayaraman, 2000) et a été déterminée pour
chaque site ;
- 54 -
• L’indice de diversité de Shannon-Wiener (H’) dont les valeurs pour les différentes
communautés peuvent être vérifiées à l’aide du test t de Student a été calculé à
l’aide de la formule fournie par suivante (Frontier, (1991) ; Brugneaux, (2004)) :
• L’indice d’équitabilité de Pielou (E). C’est une mesure de la biodiversité qui tient
compte de la répartition des individus entre les espèces permettant de quantifier
l’égalité des communautés numériquement (Frontier, (1991) ; Brugneaux, (2004)).
Il a été calculé selon la formule fournie suivante:
Les valeurs de E sont comprises entre 0 et 1 et de faibles valeurs de cet indice indiquent
également une contribution inégale des différentes espèces à la constitution de la communauté.
- Diversité Bêta
Elle a été déterminée au cours de cette étude pour comparer la biodiversité des Tephritidae et
des autres espèces fruitières entre les différents sites d’étude. L’indice de Similarité de
- 55 -
Sorensen et le coefficient de similitude de Jaccard (ISJ) ont été les deux indices de diversité
Bêta utilisés dans cette étude.
• L’indice de Similarité de Sorensen (β) qui est une mesure de la bêta diversité
variant entre 0 (= absence de similitude) et 1 (= similitude parfaite) (Sørensen,
1948) a été utilisé pour comparer la biodiversité des Tephritidae des différents sites
de cette étude. Il a été calculé selon la formule ci dessous:
Avec :
c = Nombre d’espèces communes aux deux localités
S1 = Richesse spécifique du site 1
S2 = Richesse spécifique du site 2
I = (FA x 100) / FP
L’incidence des dégâts a également été déterminée pour chaque cultivar ou espèce infesté en
considérant les données de l’ensemble des sites.
Ti = Np / PE
campagne 2009 pour les espèces de Tephritidae issues des fruits infestés selon les cultivars,
les dates de prélèvement d’échantillons et le site d’échantillonnage à partir de la formule
suivante :
Ie = (NFai x 100) / Fp
Le mode d’incubation des fruits au cours la campagne mangue 2008 et dans les suivis des
infestation des autres plantes-hôtes des Tephritidae n’a pas permis la mesure de ce paramètre
au cours de ces études.
Tests statistiques
Pour comparer les différents paramètres mesurés selon les cultivars de mangues suivis, les
autres espèces hôtes identifiées, les périodes d’observation ainsi que les sites
d’échantillonnage, une analyse de variance (Anova) a été effectuée au seuil de 5%. Cette
analyse a été suivie en cas d’existence de différences significatives, par un test de
comparaison de moyenne. Avant l’application de l‘analyse de variance, une vérification de la
normalité de la distribution des données à été effectuée à l’aide des tests de Jaque Berat et de
Shapiro Wilk. Dans les cas de distribution non normales, il a été procédé à des
transformations de données de I, Ti et Ie selon la formule arc sinus racine carrée de X en vue
de la correction de leur normalité.
Une analyse de corrélation de Spearman a été réalisée pour évaluer la corrélation entre le
nombre de mouches capturé par piège, les températures moyennes hebdomadaires, les
humidités relatives moyennes hebdomadaires et le cumul hebdomadaire des précipitations
avec l’incidence des dégâts et les taux d’infestations des mouches des fruits observés.
- 58 -
- Influence du climat
Pour étudier les relations entre les facteurs climatiques suivis (Température, Humidité
Relative et Pluviométrie), les valeurs moyennes hebdomadaires de la température et de
l’Humidité Relative ont été calculées à partir des minimales et maximales journalières
enregistrées. Pour la pluviométrie, il a été calculé après chaque semaine de piégeage, le cumul
des précipitations enregistrées
Tests statistiques
Une analyse de corrélation de Pearson a été effectuée entre les captures hebdomadaires de B.
invadens et C. cosyra et la richesse spécifique des autres plantes hôtes pour mesurer leur
influence dans la fluctuation des populations de ces insectes dans les vergers.
Pour les différents stades phénologiques observés, une analyse de corrélation a été aussi
réalisée pour déterminer la relation entre ce facteur et la fluctuation des populations de
Tephritidae dans les vergers.
- 59 -
IV. RESULTATS
- 60 -
1.6.3. Introduction
Les Tephritidae sont les principaux insectes ravageurs de la mangue au Burkina Faso
(Ouédraogo, 2002). La mangue est principalement produite dans des vergers situés dans
l’Ouest du pays. Face aux dégâts occasionnés par ces Tephritidae, peu d’actions de lutte ont
été engagées en raison d’une certaine méconnaissance des espèces présentes et donc de leur
écologie. Pour limiter les risques d’interceptions des exportations pour cause de mangues
attaquées, les producteurs arrêtent les exportations de mangues vers l’Europe dès l’installation
de l’hivernage. Cette pratique empirique qui ne se base pas sur des informations objectives
présente des inconvénients pour ces acteurs de la filière mangue du pays, de plus en plus
confrontés à la saisie et à la destruction des conteneurs de mangues pour l’exportation
(Guichard, 2009). L’absence d’information sur les espèces de Tephritidae présentes dans cette
zone de production ainsi que de leurs périodes de pullulation au cours de l’année ne permet
pas une bonne appréciation des risques encourus à la récolte. C’est pour combler ce manque
d’information et contribuer à un contrôle plus efficace des dégâts de ces ravageurs que la
présente étude a été conduite. Elle vise à répondre aux questions suivantes :
• Quelles sont les espèces de Tephritidae présentes dans les vergers de manguier de
l’Ouest du Burkina Faso ?
• Toutes les espèces de Tephritidae rencontrées dans les vergers ont-elles la même
importance ?
La présentation des résultats de cette étude s’articulera autour de deux grands points :
l’inventaire des Tephritidae dans les vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina dans un
premier temps, puis la présentation des fluctuations de population des principales espèces de
Tephritidae dans cette zone.
- 61 -
Les résultats de cette partie de notre étude ont été soumis pour publicayion à la revue Fruits.
Richesse spécifique
Dix huit (18) espèces de Tephritidae appartenant aux genres Bactrocera spp, Ceratitis spp et
Dacus spp. ont été identifiées dans la zone d’étude. Il s’agit de : Bactrocera cucurbitae
(Coquillet), Bactrocera invadens Drew et al., Ceratitis anonae Graham, Ceratitis bremii
Guérin-Méneville, Ceratitis capitata (Wiedemann), Ceratitis cosyra (Walker), Ceratitis
ditissima (Munro), Ceratitis fasciventris (Bezzi), Ceratitis punctata (Wiedemann) et Ceratitis
quinaria, (Bezzi), Ceratitis silvestrii Bezzi, Dacus bivittatus (Bigot), Dacus ciliatus Loew,
Dacus langi Curran, Dacus longistylus Wiedemann, Dacus pleuralis Collart, Dacus
punctatifrons Karsch et Dacus vertebratus Bezzi. Le genre Ceratitis présente la plus grande
richesse spécifique avec 9 espèces identifiées (50% de la diversité γ) contre 7 pour le genre
Dacus (39% de la diversité γ) et 2 pour le genre Bactrocera (11 % de la diversité γ). Selon
la localité, la distribution des espèces de Tephritidae (Figure 7) montre que la richesse
spécifique varie entre 15 pour les localités de Koloko, Tengrela, Toussian-Bandougou et
Yéguérésso et 17 pour Toussiana. Les sites de Guénako et Soubaka quant à eux présentent
une richesse spécifique intermédiaire de 16 espèces.
- 62 -
18
Richesse spécifique 16
14
12
10
8
6
4
2
0
Sites d'étude
Figure 7 : Richesse spécifique des Tephritidae dans différents vergers de l’Ouest du Burkina
Faso entre décembre 2007 et décembre 2009
Diversité spécifique
Pour l’ensemble des sites, 117 775 individus ont été capturés dans le cadre de l’inventaire des
espèces de Tephritidae présentes dans les vergers. Ces captures sont constituées de 51 261
mâles soit 43,52 % des captures et de 66 514 femelles soit 56,48 % de l’ensemble des
individus. Les résultats quantitatifs (Annexe 3) montent la présence de deux espèces
dominantes qui représentent environ 89% des Tephritidae capturées. Il s’agit de C. cosyra
avec 62 442 individus (53,02%) et B. invadens avec 42 628 individus (36,19%). Parmi les
autres espèces identifiées (16), seules 3 possèdent une proportion supérieure à 1% dans
l’ensemble des captures. Il s’agit de C. silvestrii (3,90%), D. vertebratus (3,50%) et C.
fasciventris (1,01%).
L’analyse de la diversité spécifique montre de faibles valeurs des indices de diversité
de Shannon-Wienner (H) et d’équitabilité de Pielou (E) (Tableau 3). Le premier varie entre
0,97 pour le site de Koloko et 1,57 pour le site de Yéguérésso et le second compris entre 0,34
pour Koloko et 0,55 pour Yéguérésso.
- 63 -
Tableau 3 : Indices de diversité biologique des Tephritidae pour les différents sites d’étude.
La comparaison des indices de Shannon-Wienner des différents sites d’étude par le test t de
Student (Tableau 4) montre qu’il n’existe pas de différences significatives de la diversité
spécifique entre les différents sites d’étude.
- 64 -
*Les valeurs de t dont la probabilité est supérieure à 0,05 ne différèrent pas significativement
- 65 -
L’analyse de la diversité spécifique montre ainsi que les différentes espèces de Tephritidae
dans la zone de l’étude contribuent de façon inégale à la constitution des communautés de
Tephritidae dans chaque site. C. cosyra et B. invadens sont les espèces fortement dominantes
et ce, quelle que soit la communauté considérée.
Les communautés de Tephritidae des différents sites d’étude présentent de très grandes
similitudes (Tableau 5) avec de nombreuses espèces communes. Les sites de Koloko et
Tengrela présentent la plus faible similitude avec un indice de Sorensen de 0,60 et un
coefficient de similitude (Indice de Jacquard) de 42,86%. La plus grande similitude a été
notée entre les sites de Guénako et de Soubakaniédougou (Indice de Sorensen = 1, Indice de
Jacquard de 100%). Sur les 18 espèces recensées, 10 sont couramment rencontrées dans tous
les sites et 6 le sont dans au moins 5 des 7 sites d’étude. Les espèces les moins fréquemment
rencontrées sont C. anonae et D. langii rencontrées respectivement dans 1 et 3 des 7 sites
d’étude (Annexe 3). Ces résultats traduisent l’homogénéité des communautés de Tephritidae
dans les vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina.
- 66 -
Tableau 5 : Indices de diversité bêta des Tephritidae dans les vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina.
Localités comparées Indices de diversité de Coefficients de
Sorensen Similarité de Jaccard
Guénako vs Koloko 0,97 93,75
Deux espèces de Tephritidae dominent les captures dans les pièges à attractif alimentaire
utilisés. Il s’agit de B. invadens et de C. cosyra qui représentant respectivement 36,2% et
53,02% du nombre total d’individus capturés dans ces pièges.
Espèce exotique en Afrique récemment décrite par Drew et al. (2005) B. invadens,
probablement originaire du Sri Lanka (Asie), a été signalée pour la première fois en Afrique
en 2003 au Kenya d’où elle a connu une très grande expansion se retrouvant aussi bien en
Afrique de l’Est (Mwatawala et al., 2006), qu’en Afrique de l’Ouest (Vayssières et al, 2008 b).
Espèce multivoltine, les femelles pondent en moyenne 700 œufs et les adultes peuvent vivre
environ 3 mois (Ekesi et al., 2006). Espèce très polyphage, B. invadens s’attaque à plus d’une
trentaine d’espèces fruitières aussi bien cultivées que sauvages dont le manguier, Mangifera
indica, qui est un hôte primaire (Mwatawala et al., 2006). Au Bénin, une quarantaine d’hôtes
ont été répertoriés (Vayssières et al, 2010 b). Les potentialités invasives de cette espèce
exotique sur d’autres continents (néarctique) sont une menace permanente (De Meyer et al.,
2010).
Encore appelée mango fruit fly, marula fruit fly ou marula fly, Ceratitis cosyra est une espèce
afro-tropicale rencontrée dans toute l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Afrique du Sud et à
Madagascar (Carroll et al. 2002). Elle est l’espèce dominante des cératites dans les vergers de
manguiers en Afrique de l’Ouest (Vayssières et al, 2008 c). Espèce multivoltine, elle est
polyphage et cause des dégâts importants sur Mangifera indica ainsi que sur de nombreuses
autres espèces fruitières cultivées ou sauvages (Ekesi et al., 2006 ; Mwatawala et al, 2009 ;
Vayssières et al, 2009 c).
Comme nous l’avons signalé précédemment, 16 autres espèces de Tephritidae ont été
recensées cours de cette étude (Annexe 3). Parmi elles, seules 3 espèces décrites ci-dessous
représentent plus de 1% des captures.
- 68 -
Espèce afro-tropicale, C. fasciventris est présente dans les pays d’Afrique de l’Ouest, du
Centre et de l’Est (Vayssières et al, 2008 c). Différente de C. rosa (De Meyer, 2001), C.
fasciventris est une espèce polyphage qui occasionne des dégâts au niveau de la mangue et
d’autres espèces fruitières cultivées et sauvages (Vayssières et al, 2009 c).
Egalement appelé Jointed pumpkin fly, c’est une espèce afro-tropicale présente en Afrique de
l’Ouest, du Centre, en Afrique de l’Est ainsi qu’en Afrique du Sud et à Madagascar de même
qu’en Asie au Yémen (Carroll et al. 2002). D. vertebratus s’attaque à toutes les espèces de
Cucurbitacées aussi bien cultivées que sauvage (Bordat et Arvanitakis, 2004) mais aussi au
manguier qui est un hôte mineur (Vayssières et al, 2009 a).Sa présence est signalée dans les
Cucurbitaceae près des vergers de manguier au Mali (Vayssières et al, 2004).
Treize espèces de Tephritidae sont rencontrées dans les vergers à proportions inférieures à 1%
des captures et désignées comme espèces rares dans cette étude. Six d’entre elles que sont C.
anonae, C. bremii, C. capitata, C. ditissima, C. punctata et C. quinaria (photo 13)
appartiennent à la tribu des Ceratidini. Les sept autres, B. cucurbitae (the Melon fly), D.
bivittatus, D. ciliatus, D. langii, D. longistylus, D. pleuralis et D. punctatifrons sont de la tribu
des Dacini. C. capitata (the Med fly), est une espèce cosmopolite qui a la plus grande gamme
de plantes hôtes (Carroll et al. 2002) avec plus de 200 espèces.
1.6.4.6. Discussion
Diversité Alpha
- Richesse spécifique
Cette étude qui montre la présence de 18 espèces de Tephritidae dans les vergers de
manguiers de l’Ouest du Burkina Faso est la première réalisée dans ce pays. Parmi ces
espèces, quatre (B. invadens, C. cosyra, C. silvestrii et C. quinaria) ont déjà été signalées à
- 70 -
partir de mangues infestées. La diversité floristique dans les vergers (plantes adventices) et
leur périphérie qui offre une variété de plantes hôtes (ressources) exploitables par les
Tephritidae, explique cette richesse spécifique élevée (Vayssières et al, 2009). La présence
des cucurbitacées sauvages et cultivées dans la flore adventice et dans les jardins maraîchers à
proximité des vergers, explique la présence des espèces inféodées aux légumes comme B.
cucurbitae et D. vertebratus (De Meyer, 2001) dans les vergers de manguiers. L’origine afro-
tropicale des cératites et leur adaptation aux conditions sèches (Carroll et al. 2002) expliquent
la plus grande richesse spécifique de ce genre. Des inventaires réalisés au Nord Bénin et au
Mali dans des conditions similaires à notre zone d’étude, révèlent une aussi grande diversité
que celle notée au cours de cette étude (Vayssières et al, 2009). En Côte d’Ivoire et en
Tanzanie, par contre, une grande diversité de Tephritidae a été observée en relation sans doute,
avec la plus grande diversité des plantes hôtes cultivées dans ces zones d’étude (Mwatawala
et al. 2006). La faible diversité des plantes hôtes de Tephritidae dans les zones d’étude au
Nigeria et au Togo pourrait à l’inverse expliquer la faible diversité des Tephritidae notée
(Umeh et al. 2008). En relevant une diversité des Tephritidae dans les vergers de manguiers
de l’Ouest du Burkina Faso, notre étude souligne la nécessité de déterminer l’importance
économique de chacune de ces espèces dans la production de mangues.
- Diversité spécifique
C. cosyra et B. invadens sont les espèces dominantes dans la zone d’étude. Le développement
des populations des espèces de Tephritidae dépend des conditions de l’environnement
(température et humidité), de la disponibilité des ressources (plantes hôtes) et de leur
adéquation avec les besoins des espèces (Raghu, 2002). L’abondance du manguier qui est un
des hôtes principaux de C. cosyra dans la zone d’étude et l’adaptation de cette espèce aux
conditions environnementales de cette zone (Carroll et al. 2002) favorisent le développement
de sa population d’où son abondance dans les captures. Pour B. invadens sa polyphagie et sa
capacité de reproduction élevée (Vayssières et al, 2009d) sont des facteurs favorables au
développement de sa population. Si les espèces dominantes relevées par ce travail sont les
mêmes que celles observées au Nord et centre du Bénin (Vayssières et al, 2009a), il n’en est
pas de même dans les études réalisées en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Togo, et en Tanzanie
(Ossey et al. (2009) ; Umeh et al. (2008) ; Amévoin et al. (2009) ; Mwatawala et al. (2006)).
Ces travaux montrent qu’à l’opposé de B. invadens, C. cosyra n’a pas le statut d’espèce
dominante dans les zones d’étude concernées. Ces différences s’expliquent par la variation
des conditions climatiques et de la diversité des plantes hôtes dans les zones étudiées. En effet,
- 71 -
notre étude a été conduite dans une zone plus sèche où le manguier est le principal arbre
fruitier cultivé favorable au développement de C. cosyra (Vayssières et al, 2009 a).
Diversité bêta
La forte similarité des communautés de Tephritidae entre les différents sites est à mettre en
relation avec l’homogénéité des conditions climatiques et de la végétation dans la zone
d’étude (Lerebours et Ménager, 2005) qui favorise le développement des mêmes espèces dans
les différents sites. L’existence d’espèces peu communes aux différents sites comme C.
anonae et D. langi s’explique par l’incapacité de ces espèces à exploiter avantageusement les
ressources disponibles. En effet, C. anonae aurait une plus grande importance en tant que
ravageur de la mangue dans les zones soudaniennes plus humides que dans les zones
sahéliennes (Noussourou et Diarra, 1995) L’homogénéité des communautés de Tephritidae
dans les vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina soutient la possibilité de développer
pour toute la zone, une stratégie unique de lutte contre les Tephritidae ravageurs du manguier.
Le dispositif de piégeage mis en place dans le cadre de cette étude, a permis de capturer et
d’identifier 1 156 598 individus comprenant 18 espèces entre décembre 2007 et décembre
2009. Au cours de l’année 2008, 588 151 Tephritidae toutes espèces confondues ont été
capturées au contre 568 447 en 2009.
Les pièges à paraphéromones sexuelles ont permis de capturer 1 145 476 Tephritidae mâles
dans la zone de l’étude au cours de la période de suivi. Ces individus se répartissent en 8
espèces : B. invadens 73,39%, C. cosyra 20,21%, C. silvestrii 5,37%, C. quinaria 0,83%, C.
fasciventris 0,19%, C. puntata 0,01%, C. bremii 0,001% et C. capitata 0, 001%.
Un total de 66 514 Tephritidae femelles comprenant 17 espèces ont été capturées dans les
pièges avec attractif alimentaire au cours du suivi effectué dans l’ensemble de la zone de
l’étude (Annexe 3). Deux de ces espèces représentent 90% des captures. Il s’agit de C. cosyra
et B. invadens qui représentent respectivement 58% et 32% des femelles capturées.
Le relevé hebdomadaire des pièges a permis de connaître les variations du niveau des
populations de ces espèces que nous présenterons dans les paragraphes qui suivent en
distinguant les fluctuations des populations de mâles de celles des femelles. En effet, il est
- 72 -
difficile de comparer les densités de populations des deux sexes, les techniques de piégeage
utilisées étant différentes (cf. matétiel et methodes). Cette présentation se focalisera sur les 2
espèces dominantes B. invadens et C. cosyra qui constituent 95% de l’ensemble des captures
réalisées.
Populations de mâles
Populations de femelles
Pour les vergers de la province du Kénédougou, comme pour les mâles, on n’observe qu’un
seul pic d’éclosions sensiblement à la même période soit de mai à août.
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
1000
1500
2000
2500
3000
0
500
0
500
1000
1500
2000
2500
29/12/2007
29/12/2007
29/01/2008
29/01/2008
29/02/2008
29/02/2008
: Stade Végétatif
31/03/2008 31/03/2008
30/04/2008 30/04/2008
31/05/2008 31/05/2008
31/07/2008 31/07/2008
31/08/2008 31/08/2008
30/09/2008 30/09/2008
31/10/2008 31/10/2008
30/11/2008 30/11/2008
- 74 -
31/12/2008
31/12/2008
31/01/2009
31/01/2009
28/02/2009
Dates de relevé des pièges
: Stade floraison
31/03/2009
31/03/2009
30/04/2009
30/04/2009
31/05/2009
31/05/2009
Evolution des captures de mâles de B. invadens à Guénako
30/06/2009
30/06/2009
31/07/2009
: Stade Fructification
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
0
500
1000
1500
2000
2500
1000
1500
2000
2500
0
500
30/12/2007
29/12/2007
30/01/2008
29/01/2008
29/02/2008
29/02/2008
31/03/2008
31/03/2008
30/04/2008
30/04/2008
31/05/2008
31/05/2008
30/06/2008
30/06/2008
: Stade floraison
: Stade Végétatif
31/07/2008
: Stade Fructification
30/09/2008 30/09/2008
31/10/2008 31/10/2008
30/11/2008 30/11/2008
31/12/2008
- 75 -
31/12/2008
31/01/2009 31/01/2009
28/02/2009 28/02/2009
30/04/2009 30/04/2009
31/05/2009 31/05/2009
31/07/2009
Evolution des captures de mâles de B. invadens à Soubakaniédougou
31/07/2009
31/08/2009 31/08/2009
30/09/2009 30/09/2009
31/10/2009
31/10/2009
30/11/2009
30/11/2009
Planche 2 : Fluctuation des populations mâles de B. invadens dans les sites de la Comoé
- 76 -
Planche3 : Fluctuation des populations mâles de B. invadens dans les sites du Houet
4000
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
700
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
600
500
400
300
200
100
0
30/12/2007
30/01/2008
29/02/2008
31/03/2008
30/04/2008
31/05/2008
30/06/2008
31/07/2008
31/08/2008
30/09/2008
31/10/2008
30/11/2008
31/12/2008
31/01/2009
28/02/2009
31/03/2009
30/04/2009
31/05/2009
30/06/2009
31/07/2009
31/08/2009
30/09/2009
31/10/2009
30/11/2009
: Stade Végétatif
: Stade floraison
: Stade Fructification
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
0
100
150
200
250
50
29/12/2007 Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
0
10
20
30
40
50
60
0
100
10
20
30
40
50
60
70
80
90
29/02/2008
29/12/2007
31/03/2008
: Stade Végétatif
29/01/2008
29/02/2008 30/04/2008
31/03/2008 31/05/2008
30/04/2008 30/06/2008
30/11/2008 31/12/2008
31/12/2008 31/01/2009
Dates de relevé des pièges
31/01/2009 28/02/2009
: Stade floraison
31/03/2009
30/04/2009
30/04/2009
31/05/2009
31/05/2009
Evolution des captures de femelles de B. invadens à Guénako
30/06/2009
30/06/2009
31/07/2009 31/07/2009
30/09/2009 30/09/2009
31/10/2009 31/10/2009
30/11/2009
30/11/2009
Planche 4 : Fluctuation des populations femelles de B. invadens dans les sites du Kénédougou
: Stade Fructification
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
10
15
20
25
30
35
40
0
5
0
5
10
15
20
25
30
30/12/2007 30/12/2007
30/01/2008 30/01/2008
29/02/2008 29/02/2008
31/03/2008 31/03/2008
: Stade Végétatif
30/04/2008 30/04/2008
31/05/2008 31/05/2008
30/06/2008 30/06/2008
31/07/2008 31/07/2008
30/09/2008 30/09/2008
31/10/2008 31/10/2008
30/11/2008 30/11/2008
31/12/2008 31/12/2008
31/01/2009 31/01/2009
- 78 -
28/02/2009
30/04/2009 30/04/2009
: Stade floraison
31/05/2009 31/05/2009
30/06/2009 30/06/2009
31/07/2009 31/07/2009
Evolution des captures de femelles de B. invadens à Soubakaniédougou
31/08/2009 31/08/2009
30/09/2009 30/09/2009
31/10/2009 31/10/2009
30/11/2009 30/11/2009
Planche 5 : Fluctuation des populations femelles de B. invadens dans les sites de la Comoé
: Stade Fructification
- 79 -
Planche 6 : Fluctuation des populations femelles de B. invadens dans les sites du Houet
160
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
140
120
100
80
60
40
20
50
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
30/12/2007
30/01/2008
29/02/2008
31/03/2008
30/04/2008
31/05/2008
30/06/2008
31/07/2008
31/08/2008
30/09/2008
31/10/2008
30/11/2008
31/12/2008
31/01/2009
28/02/2009
31/03/2009
30/04/2009
31/05/2009
30/06/2009
31/07/2009
31/08/2009
30/09/2009
31/10/2009
30/11/2009
Populations de mâles :
Les niveaux d’individus capturés sont, globalement inférieurs à ceux obtenus pour B.
invadens, avec cependant un maximum de 2109 individus capturés en une semaine à
Toussiana en mai 2008.
Dans les 3 sites de la province du Kénédougou (Planche 7), les profils de capture sont très
voisins, avec une croissance de la population dès le mois d’avril, donc pendant la
fructification des mangues, qui se poursuit jusqu’à fin août avec des maxima de capture en
mai-juin.Il est intéressant de noter que le niveau des captures est très différent entre les 2
années : en 2008 on obtient entre 500 et 100 individus capturés par semaine en juin, alors
qu’en 2009 les effectifs à la même période et dans les mêmes conditions ne dépassent pas 200.
Sur les autres sites étudiés (Planches 8 et 9), les fluctuations de population sont beaucoup plus
étalées dans le temps. On observe cependant un niveau de population plus important de mars
à juin, les maxima étant obtenus en mai. Entre juin 2008 et mars 2009, les captures ont
rarement été nulles indiquant que la population persiste toute l’année dans la zone même si le
niveau de population reste peu élevé. Il faut noter qu’à Yegueresso, des C. cosyra ont été
capturés régulièrement de décembre 2007 à juillet 2008 puis de novembre 2008 à juillet 2009,
indiquant une longue période d’activité de ces mouches sur ce site.
Populations de femelles:
0
100
200
300
400
500
600
0
100
200
300
400
500
600
200
400
600
800
1000
1200
0
29/12/2007
29/12/2007
29/01/2008
29/01/2008
29/02/2008
29/02/2008
31/03/2008
31/03/2008
: Stade Végétatif
30/04/2008
30/04/2008
31/05/2008
31/05/2008
30/06/2008 30/06/2008
31/07/2008 31/07/2008
31/12/2008 31/12/2008
31/01/2009 31/01/2009
Dates de relevé des pièges
28/02/2009
: Stade floraison
31/03/2009
30/04/2009 30/04/2009
31/05/2009 31/05/2009
Evolution des captures de mâles de C. cosyra à Koloko
Evolution des captures de mâles de C. cosyra à Guénako
30/06/2009 30/06/2009
31/08/2009 31/08/2009
30/09/2009 30/09/2009
31/10/2009 31/10/2009
30/11/2009 30/11/2009
Planche 7 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Kénédougou
: Stade Fructification
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
50
0
100
150
200
250
300
350
400
450
0
50
100
150
200
250
300
30/12/2007 29/12/2007
30/01/2008 29/01/2008
29/02/2008 29/02/2008
31/03/2008 31/03/2008
30/04/2008 30/04/2008
31/05/2008 31/05/2008
30/06/2008 30/06/2008
31/07/2008 31/07/2008
31/08/2008 31/08/2008
: Stade floraison
30/09/2008
: Stade Végétatif
31/10/2008 31/10/2008
: Stade Fructification
30/11/2008 30/11/2008
31/12/2008 31/12/2008
- 82 -
31/01/2009 31/01/2009
28/02/2009
Dates de relevé des pièges
28/02/2009
30/04/2009 30/04/2009
31/05/2009 31/05/2009
31/07/2009 31/07/2009
31/08/2009 31/08/2009
30/09/2009 30/09/2009
31/10/2009
31/10/2009
30/11/2009
30/11/2009
Planche 8 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra de la Comoé
- 83 -
Planche 9 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Houet
2000
1500
1000
500
100
80
60
40
20
0
30/12/2007
30/01/2008
29/02/2008
31/03/2008
30/04/2008
31/05/2008
30/06/2008
31/07/2008
31/08/2008
30/09/2008
31/10/2008
30/11/2008
31/12/2008
31/01/2009
28/02/2009
31/03/2009
30/04/2009
31/05/2009
30/06/2009
31/07/2009
31/08/2009
30/09/2009
31/10/2009
30/11/2009
100
120
0
20
40
60
80
0
100
150
200
250
50
29/12/2007
0
20
40
60
80
100
120
140
160
29/12/2007
19/01/2008
09/02/2008 29/01/2008
01/03/2008
29/02/2008
22/03/2008
12/04/2008 31/03/2008
03/05/2008
30/04/2008
24/05/2008
: Stade Végétatif
14/06/2008 31/05/2008
05/07/2008 30/06/2008
26/07/2008
31/07/2008
16/08/2008
06/09/2008 31/08/2008
10/01/2009 31/12/2008
31/01/2009 31/01/2009
21/02/2009
28/02/2009
14/03/2009
04/04/2009 31/03/2009
: Stade floraison
25/04/2009
30/04/2009
16/05/2009
Evolution des captures de femelles de C. cosyra à Koloko
06/06/2009 31/05/2009
27/06/2009
Evolution des captures de femelles de C. cosyra à Guénako
30/06/2009
18/07/2009
08/08/2009 31/07/2009
: Stade Fructification
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
Nombres moyens d'individus
0
10
20
30
40
50
60
70
capturés /piège/semaine
30/12/2007
0
10
20
30
40
50
60
30/12/2007 30/01/2008
30/01/2008 29/02/2008
29/02/2008
31/03/2008
: Stade Végétatif
31/03/2008
30/04/2008
30/04/2008
31/05/2008
31/05/2008
30/06/2008
30/11/2008
30/11/2008
31/12/2008
31/12/2008
31/01/2009
31/01/2009
28/02/2009
Dates de relevé des pièges
: Stade floraison
28/02/2009
: Stade Fructification
- 86 -
Planche 12 : Fluctuation des populations mâles de C. cosyra dans les sites du Houet
250
200
150
100
50
45
Nombres moyens d'individus capturés/piège/semaine
40
35
30
25
20
15
10
0
30/12/2007
30/01/2008
29/02/2008
31/03/2008
30/04/2008
31/05/2008
30/06/2008
31/07/2008
31/08/2008
30/09/2008
31/10/2008
30/11/2008
31/12/2008
31/01/2009
28/02/2009
31/03/2009
30/04/2009
31/05/2009
30/06/2009
31/07/2009
31/08/2009
30/09/2009
31/10/2009
30/11/2009
La température
Pour l’ensemble de la zone d’étude et pour toute la période de suivi, l’analyse de corrélation
de Pearson révèle que la corrélation entre les températures et les captures des mâles et
femelles de B. invadens et C. cosyra n’est pas toujours significative (Tableau 6).
Pour B. invadens, les corrélations sont significatives entre les captures des mâles et des
femelles avec les températures enregistrées sauf pour ce qui est de la capture des femelles
avec les températures minimales. Ces corrélations sont négatives pour les températures
maximales et moyennes indiquant que de fortes températures diminuent le développement des
populations de cette espèce.
Les captures des mâles et femelles de C. cosyra sont significativement influencées par les
températures minimales (pour les mâles r = 0,090 p < 0,0001 ; pour les femelles r = -0,020, p
= 0,318) par contre il n’y a pas de corrélations significatives entre les températures maximales
et le niveau des populations. Les températures moyennes quand à elles n’influencent
significativement que les captures des mâles de cette espèce (r = 0,116, p < 0,0001).
Les températures maximales ont une influence significative positive sur les captures des
mâles (r = 0,200, p < 0,0001) et femelles (r = 0,057, p = 0,004) de C. silvestrii à l’opposé des
températures minimales qui ne présentent aucune influence significative. Les températures
moyennes quant à elles n’influencent significativement que les captures des mâles de cette
espèce (r = 0,153, p < 0,0001).
- 88 -
Tableau 6: Résultats de l’analyse de corrélation entre les températures et les captures des
mâles et femelles des 3 principales espèces de Tephritidae des vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina Faso entre mars 2008 et décembre 2009.
L’humidité relative
Tableau 7 : Coefficients de corrélation entre les captures des adultes des Tephritidae les plus
abondantes et l’Humidité Relative de l’air dans les vergers de manguiers de l’Ouest du
Burkina Faso entre Mars 2008 et décembre 2009.
La pluviométrie
Pour les 2 espèces les plus abondamment rencontrées dans la zone d’étude, l’analyse
de corrélation de Pearson montre l’existence de corrélations significatives entre les captures
et les hauteurs de précipitations recueillies la semaine avant le relevé des pièges (Tableau 8).
Ces corrélations sont positives pour B. invadens et négatives pour C. cosyra, indiquant que la
pluie n’affecte pas de la même manière la biologie de ces deux espèces.
- 90 -
Tableau 8 : Coefficients de corrélation entre les captures des adultes des Tephritidae les plus
abondantes et les cumuls pluviométriques hebdomadaires dans les vergers de manguiers de
l’Ouest du Burkina Faso entre décembre 2007et décembre 2009.
p < 0,0001
p < 0,0001
p =0,044
p =0,000
- 91 -
1.6.5.4. Discussion
Au cours de notre étude, nous avons observé de faibles captures de mâles et de femelles des
principales espèces de Tephritidae dans les vergers entre janvier et mars dans les sites de la
province du Kénédougou. Les pics de populations ont été notés au cours de la saison des
mangues entre mai et juin. Pour les femelles, un autre pic au cours de la floraison souvent
aussi important que celui noté pendant la saison des mangues est aussi observé sur certains
sites. Après ces pics, le nombre d’individus capturés diminue rapidement.
La présence de pics saisonniers dans la fluctuation des populations de Tephritidae que nous
avons observées correspond à ce qui est décrit dans la littérature à propos de l’écologie des
Tephritidae. En effet, selon Bateman (1972) la plupart des Tephritidae ont des fluctuations
d’abondance saisonnières caractérisées par des niveaux de populations élevés en été et faibles
en hiver. Cette situation s’explique par des conditions climatiques (température et humidité)
favorables à cette période ainsi qu’à la disponibilité des ressources alimentaires qui favorise
leur reproduction avec une multiplication des générations (jusqu’à 6) qui se chevauchent
(Bateman, 1972). Les périodes de pic de populations que nous avons notées (mai et juin)
correspondent à la pleine saison de la mangue qui induit un grand nombre de fruits
disponibles pour les larves. La maturation tardive des mangues dans la province du
Kénédougou peut xspliquer une apparition retardée des pics de populations dans les vergers
de cette province par rapport aux autres. Ces résultats sont cohérents avec les observations de
Vayssières et al. (2009 d) dans les vergers de manguiers de la zone sahélienne d’Afrique de
l’Ouest.
L’apparition chez les femmelles d’un pic de populations au moment de la floraison peut
s’expliquer par la présence, dans les fleurs de manguiers, d’une kairomone qui attire les
femelles de Tephritidae. Kawano, Mitchell et Matsumoto (1968) soulignent la présence, dans
les fleurs de Cassia fistula, de méthyl eugénol puissant attractif de D. dorsalis entraînant des
visites régulières des fleurs de cette plante par cette espèce de diptère. Selon Metcalf (1990),
le méthyl eugénol est un produit naturel présent dans les plantes et largement distribué qui se
retrouve dans les feuilles, fleurs et fruits d’au moins une dizaine de famille de plantes parmi
lesquelles figure la famille des Anacardiacae incluant le manguier.
- 92 -
Dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso, le pic de C. cosyra précède celui de B. invadens.
La première espèce atteint un pic de populations en mai pendant la saison sèche tandis que la
deuxième a atteint le sien en juin période pendant laquelle la saison des pluies est installée
dans la zone de l’étude. Le décalage de la période d’apparition des pics d’abondance de ces 2
espèces est donc en relation avec le changement des conditions climatiques. En effet, la
campagne de récolte des mangues au Burkina Faso se déroule pendant une partie de la saison
sèche (entre mars et mai) et une partie de la saison des pluies marquée par une forte humidité
relative. Selon Vayssières et al. (2008 ; 2009), les espèces de cératites sont plus adaptées aux
conditions sèches alors que B. invadens préfère des conditions plus humides.
Le travail que nous avons réalisé en permettant de connaître les fluctuations d’abondance des
populations de B. invadens et C. cosyra dans les vergers manguiers de l’Ouest du Burkina
Faso renforce les connaissances sur l’écologie de ces Tephritidae ravageurs. Par ailleurs, en
mettant en évidence une abondance des femelles dans les vergers pendant la période de
floraison, notre étude suggère la possibilité de réduire les populations de ces insectes pendant
la période de maturation des mangues à travers des interventions ciblées à ce stade
phénologique du manguier.
- 93 -
Influence des facteurs abiotiques sur les fluctuations d’abondance des populations de
B. invadens et C. cosyra
- La température
L’enregistrement de la température dans nos différents sites d’étude pendant le suivi de la
fluctuation d’abondance des populations des Tephritidae montre son influence significative
sur les taux de captures des mâles et femelles de B. invadens. Pour cette espèce, les captures
augmentent quand les températures moyennes diminuent. Pour C. cosyra, les variations des
températures moyennes n’ont une influence significative que sur les captures de mâles qui
augmentent en même temps que la température. Selon Bateman (1972), la température joue
un rôle déterminant dans l’abondance des Tephritidae à travers ses effets sur les taux de
développement, de mortalité et de fécondité de ces insectes. B. invadens est une espèce qui se
développe dans des conditions de fortes humidités (Mwatawala et al., 2006 a; Vayssières et
al., 2008 b; 2009 d). La diminution de l’humidité de l’air consécutive à l’augmentation de la
température explique pourquoi l’augmentation des températures moyennes entraine une
diminution des captures de B. invadens. En ce qui concerne C. cosyra qui est une espèce
endémique à l’Afrique (Caroll et al. 2002) elle est bien adaptée aux conditions sèches qui
prévalent en zone sahélienne (Vayssières et al. 2008 c), c’est pourquoi les valeurs de
température n’ont pas de réelle influence sur les fluctuations d’abondance de ces populations.
La grande variabilité intra et inter annuelle de la température dans notre zone d’étude nous
amène cependant à relativiser ce résultat. En effet, nos résultats montrent que selon le genre,
l’effet de la température moyenne sur les captures de C. cosyra peut varier. La faiblesse des
coefficients de corrélations dans les cas d’influence significative de la température sur les
fluctuations de populations de Tephritidae montre l’existence d’autres facteurs influençant
cette dynamique. En effet, selon Bateman (1972), les taux de croissance et de décroissance de
ces populations dépendent des valeurs de la température qui par de multiples influences
agissent aussi bien sur les individus de la population que sur leur mode de vie. Raghu (2002)
en mesurant l’influence de la température sur certains comportements de Bactrocera
cacuminata a aussi observé des coefficients de corrélations faibles variant entre 0,038 et 0,269.
- L’humidité
L’augmentation de l’humidité relative moyenne de l’air entraîne une augmentation de la
population de mâles et femelles de B. invadens. Par contre, pour C. cosyra, l’augmentation de
la valeur moyenne de ce facteur climatique provoque la diminution des captures des femelles.
- 94 -
Pour les captures des mâles de cette espèce, aucune corrélation significative n’a été observée
avec l’humidité relative. Selon Bateman (1972), l’humidité relative de l’environnement est
particulièrement importante dans l’abondance des Tephritidae à travers la réduction de la
fécondité des adultes femelles en période sèche et la forte mortalité des adultes nouvellement
émergés. Par ailleurs, les faibles humidités relatives réduisent considérablement la longévité
des adultes de mouche des fruits (Bateman, 1972). Neilson (1964) a montré que le taux de
survie des pupes dans des conditions d’humidité inférieure ou égale à 60% était virtuellement
nul. Originaire du Sri lanka (Drew et al. 2005) B. invadens, la nouvelle espèce invasive vit
dans son milieu naturel dans des conditions plus humides. Au cours de notre étude, les valeurs
moyennes de l’humidité relative ont varié entre 21% et 88,1%. Les périodes de forte humidité
relative ont été notées entre mai et décembre selon les sites et c’est au cours de cette période
que l’on observe les plus fortes captures de cette espèce. Ainsi, les faibles valeurs de
l’humidité relative moyenne en dehors de la période de saturation avec la rareté des
ressources alimentaires, peuvent expliquer les faibles abondances de B. invadens aussitôt
après la saison des mangues.
Pour ce qui est de C. cosyra, elle est endémique en Afrique (Caroll et al. 2002) et est adaptée
aux conditions sèches de l’environnement (Vayssières et al. 2009 c) qui caractérisent certaine
période de l’année notre zone d’étude. Face à cette adaptation aux faibles humidités relatives,
il apparait que les variations de ce facteur durant notre étude n’ont pas atteint des valeurs
critiques susceptibles d’impacter les fluctuations des populations de mâles. Par contre, la
diminution des captures de femelles lorsque l’humidité relative moyenne augmente, montre
bien que des valeurs élevées de l’humidité relative sont défavorables au développement des
populations de C. cosyra. Cette situation selon Vayssières et al. (2008 c) serait due au fait que
C. cosyra, adapté aux conditions sèches, supporte mal les fortes humidités relatives
particulièrement en hivernage.
- Les précipitations
Notre étude montre que l’augmentation des précipitations, dans les vergers est suivie d’une
augmentation des captures de B. invadens et d’une diminution de celles de C. cosyra. Les
précipitations sont fortement associées à l’humidité relative et les résultats que nous avons
obtenus au cours de ce suivi se rapprochent de ceux que nous avons obtenus sur l’influence de
l’humidité relative sur la fluctuation des populations de Tephritidae. Selon Nishida (1963), la
- 95 -
distribution de B. cucurbitae en Inde est largement déterminée par l’humidité. Bateman (1968)
montre l’existence d’une corrélation hautement significative entre les précipitations en été et
l’importance des pics atteints chaque année par les populations de D. tryoni après 7 années de
suivi. Vayssières et al. (2009 d) montrent aussi qu’il existe une corrélation significative
positive entre les précipitations et les captures de B. invadens dans les vergers du Nord Bénin.
Les précipitations stimulent l’émergence de larves matures des fruits et induisent une
augmentation du taux d’émergence d’adultes chez les Tephritdae (Bateman, 1972). Au
contraire, il y a une diminution des populations de C. cosyra avec l’augmentation des
précipitations dans les vergers.
Ce travail confirme l’influence des facteurs climatiques dans les fluctuations de populations
des principales espèces de Tephritidae dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso. Il montre
que selon leur origine, les effets de ces facteurs sur les fluctuations des populations diffèrent.
Enfin, ces connaissances suggèrent une orientation spécifique des actions de lutte en fonction
de l’évolution des facteurs climatiques dans la saison. Des compléments d’études devraient
permettre de préciser le niveau d’influence de ces facteurs climatiques dans la fluctuation des
populations de ces 2 espèces.
Le travail que nous avons réalisé montre que selon le cycle annuel du manguier, la population
de B. invadens dans les vergers est plus abondante durant le stade végétatif aussi bien pour les
mâles que pour les femelles. Pour C. cosyra par contre, il semble que la population soit plus
abondante pendant la fructification.
Les captures de B. invadens connaissent une explosion à partir de la pleine saison de mangue
pour atteindre leur pic souvent à la fin de la saison quand les arbres sont au stade végétatif.
retrouve plus associée aux dégâts causés à la mangue en saison sèche. Ses populations
diminuent en fin de fructification avec l’arrivée des précipitations.
Pour ce qui est du nombre moyen d’individu capturé par piège, il est plus élevé au stade
fructification pour les femelles quelle que soit l’espèce. Cette situation s’explique par la
présence des fruits dans les vergers à ce stade. En effet, selon Bateman (1972), les fruits par
leurs formes, couleurs et odeurs, attirent les femelles des Tephritidae pour l’oviposition.
Conclusion
Ce travail a permis de montrer que les populations de Tephritidae dans les vergers de
manguiers de l’Ouest du Burkina Faso abondent au cours de la saison de la mangue. Celles de
C. cosyra pullulent durant toute la saison de la mangue, tandis que celles de B. invadens ne le
sont qu’en fin de saison de la mangue (entre juin et juillet). Les facteurs climatiques
notamment la température, l’hygrométrie et les précipitations ainsi que le stade phénéologique
(présence des fruits) influencent ces fluctuations L’adaptation de C. cosyra aux conditions
climatiques de la zone d’étude marquée par la faiblesse de l’humidité et les températures
élevées en saison sèche, fait que cette espèce est abondante dans les vergers dès la période de
maturation des fruits à partir de mars. L’augmentation de l’humidité à la fin de la saison de la
mangue est favorable au développement des populations de B. invadens qui atteignent leur pic
à cette période. La forte humidité et les précipitations de fin de saison des mangues allonge la
durée de vie des individus de B. invadens qui se maintiennent après la saison de la mangue
jusqu’en octobre. Au contraire, les conditions de forte hygrométrie sont défavorables aux
individus de C. cosyra dont la population diminue de façon importante à la fin de la période
de fructification des manguiers.
Le méthyl-eugénol présent dans les fleurs du manguier attire les femelles de Tephritidae dans
les vergers pendant la période de floraison, conduisant à un deuxième pic de population pour
les femelles à cette période. L’abondance des femelles de Tephritidae dans les vergers à cette
période qui précède la fructification des manguiers constitue une période favorable pour des
actions de lutte qui permettront d’éviter, en période de fructification, les fortes populations qui
occasionnent des dégâts aux fruits.
- 97 -
4.2.1. Introduction
Classés comme ravageurs de quarantaine, les Tephritidae infestent les cultures fruitières et
légumières où ils occasionnent des pertes importantes pour les filières fruit et légume.
Plusieurs espèces de cette famille sont susceptibles d’occasionner ces dégâts. Au Burkina
Faso, les dégâts occasionnés par les Tephritidae sur la mangue sont croissants comme le
témoigne l’augmentation des interceptions en Europe d’envois de mangue (Guichard, 2009) et
les protestations des transformateurs locaux, mais l’importance de ces dégâts au champ reste
peu étudiée. La gamme d’espèces responsables de ces dégâts dans le pays est également mal
connue ainsi que les conditions propices à ces infestations. Les seules informations
disponibles ont été obtenues au cours d’une étude circonscrite à une seule localité de la zone
fruitière de l’Ouest (Ouédraogo, 2002). Face au besoin de plus en plus pressant de moyens de
contrôle des dégâts de ces ravageurs, l’identification dans les bassins de production de la
mangue des espèces associées à ces dégâts et des conditions qui les favorisent s’impose. Cette
situation a motivé l’étude suivante dont les objectifs sont :
• Evaluer l’importance des dégâts de Tephritidae sur les cultivars de manguiers les
plus couramment rencontrés dans les vergers et leur évolution au cours de la saison,
Réalisé dans les 7 vergers sites, l’échantillonnage des mangues a concerné les 8 variétés
couramment rencontrées dans la zone d’étude (Amélie, Brooks, Keitt, Kent, Lippens, Mangot
vert, Sabre et Sprinfels). La première année d’étude a débuté le 25 mars 2008 dans le site de
Toussiana pour se terminer le 25 août 2008 à Toussian-Bandougou. En 2009, les
prélèvements d’échantillons ont commencé les 23 et 25 mars 2009 dans les sites de
Toussiana et Yéguérésso et se sont poursuivis jusqu’au 27 juillet 2009 dans le site de Koloko.
Douze collectes d’échantillons ont été réalisées en 2008 contre 9 en 2009. La variété mangot
vert avec 1 prélèvement en 2008 et 4 en 2009 a été la moins échantillonnée tandis que Brooks
avec 12 prélèvements en 2008 et 7 en 2009 a été la plus échantillonnée. Dix neuf mille sept
cent soixante quatre (19 764) mangues ont été mises en incubation au cours des saisons de
mangue 2008 et 2009 et 1 339 étaient infestées par des Tephritidae.
4.2.2.1. Incidence des dégâts et taux d’infestation selon les cultivars et la localité
Au cours de ce suivi, toutes les variétés à l’exception de Sabre ont montré des
infestations par les Tephritidae. L’incidence moyenne des dégâts par variété au cours des 2
campagnes (Figure 8) varie entre 0 pour Sabre et 12,5% ± 6,4 pour Keitt. L’analyse de
variance révèle l’existence de différences significatives entre l’incidence des dégâts des
Tephritidae selon les variétés (F = 12,8, P < 0,001).
- 99 -
Figure 8 : Incidence moyenne au cours de l’étude des dégâts de Tephritide sur les mangues
selon les cultivars.
Les cultivars Keitt et Brooks qui présentent les plus fortes incidences se distinguent des
autres, Mango vert et Sabre présentent au contraire des infestations significativement plus
faibles.
Taux d’infestation
Le taux d’infestation des mangues par les Tephritidae est extrêmement variable d’une
année à l’autre et d’un fruit à l’autre, c’est pourquoi il n’existe aucune différence significative
entre les taux d’infestation des différentes variétés (F = 1,367 ; P = 0,316). (Figure 9)
- 100 -
200
Taux d'infestation (Pupes/kg de fruits
180
160
140
120
100
infesté)
80
60
40
20
0
Cultivars échantillonnés
Figure 9 : Taux d’infestation moyens des mangues par les Tephritidae selon les cultivars
dans des vergers de l’Ouest du Burkina Faso en 2008 et 2009.
Pour les différentes variétés suivies, l’importance des dégâts augmente tout au long de la
saison de la mangue. Nulle au début des prélèvements, l’incidence moyenne des dégâts croît
progressivement pour atteindre une valeur maximale en fin de saison. Cette tendance a été
observée au cours des 2 campagnes (Tableau 9).
- 101 -
Tableau 9 : Evolution de l’incidence des dégâts de Tephritidae sur les variétés de mangue
échantillonnées dans la zone de l’étude entre 2008 et 2009.
Tableau 9 (Suite): Evolution de l’incidence des dégâts de Tephritidae sur les variétés de
mangue échantillonnées dans la zone de l’étude entre 2008 et 2009.
En considérant l’ensemble des dégâts enregistrés en 2008 et en 2009, le Test de Tukey révèle
l’existence de différences significatives entre l’incidence moyenne des dégâts qui est plus
élevée en 2008 qu’en 2009 (P = 0,014).
La collecte et la mise en éclosion des pupes issues des fruits infestés a permis, au cours de
cette étude, d’identifier les Tephritidae responsables des dégâts sur les mangues ainsi que leur
importance économique. L’abondance des espèces de Tephritidae associées aux dégâts sur la
mangue, leur distribution selon les variétés infestées, les localités ainsi que la période de
collecte des échantillons sont développés ci-dessous.
- 103 -
Neuf milles sept cent trente (9730) adultes de 7 espèces répartis dans les genres Ceratitis et
Bactrocera ont émergé des pupes collectées. Les espèces associées à ces dégâts sont : B.
invadens, C. anonae, C. cosyra, C. fasciventris, C. punctata, C. quinaria et C. silvestrii. Parmi
ces espèces, C. anonae, C. fasciventris et C. punctata sont observés pour la première fois
comme ravageur du manguier au Burkina Faso.
La figure 10 présente les proportions des différentes espèces identifiées à partir des pupes
collectées à partir des fruits infestés et mis en éclosion. B. invadens et C. cosyra constituent
plus de 97% des adultes éclos avec une prépondérance de la première espèce (54,71% des
adultes obtenus). Le taux d’éclosion moyen des pupes a été de 46,18% en 2008 contre
81,55% en 2009. C. quinaria avec 0,01% des adultes est l’espèce la moins abondante des 7
identifiées. Toutes ces espèces issues des fruits infestés avaient déjà été capturées dans les
pièges lors de l’inventaire des Tephritidae (cf Partie 1).
C. cosyra
42,53%
B.invadens
54,71%
C. silvestrii
C. 0,26%
anonae
0,22% C.quinaria
C. 0,01%
C. punctata
1,66% fasciventris
0,61%
Figure 10 : Proportions (en %) des Tephritidae identifiées à partir des fruits infestés pendant
les saisons de mangue 2008 et 2009 dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso.
- 104 -
Les variétés Brooks en 2008 et Keitt en 2009 ont présenté au cours de notre étude la plus
grande diversité de Tephritidae associés. Les larves de toutes les espèces recensées ont infesté
ces deux variétés. Par contre, trois variétés : Amélie, Sabre et Springfels ont présenté la plus
faible diversité de Tephritidae avec chacune une seule espèce identifiée en 2008 pour Amélie
et Sabre et en 2009 pour Amélie et Springfels. La proportion des espèces associées aux dégâts
est variable selon les variétés comme le montre les résultats du tableau 10. Ainsi, on note pour
Brooks et Keitt, la dominance de B. invadens dans les espèces écloses aussi bien en 2008
qu’en 2009. Pour Lippens, C. cosyra abonde à l’éclosion plus que les autres espèces en 2008
et en 2009, c’est B. invadens qui domine les éclosions de pupes issues de cette variété. Pour
les variétés Amélie, Kent, Sabre et Springfels, on note une abondance de C. cosyra dans les
éclosions par rapport aux autres espèces aussi bien en 2008 qu’en 2009. On note aussi une
exclusivité de l’éclosion de C. cosyra à partir des pupes issue d’Amélie en 2008 et 2009,
Sabre en 2008 et Springfels en 2009.
Tableau 10 : Proportions des différentes espèces de Tephritidae ayant émergé des pupes
issues des mangues infestées pour différentes variétés collectées dans les vergers de l’Ouest
du Burkina Faso en 2008 et 2009.
B. C. C. C. C. C. C.
invadens cosyra silvestrii quinaria fasciventris anonae punctata
2008 Amélie 0 100 0 0 0 0 0
Mango vert 0 0 0 0 0 0 0
Sabre 0 100 0 0 0 0 0
Tableau 10 (Suite): Proportions des différentes espèces de Tephritidae ayant émergé des
pupes issues des mangues infestées pour différentes variétés collectées dans les vergers de
l’Ouest du Burkina Faso en 2008 et 2009.
B. C. C. C. C. C. C.
invadens cosyra silvestrii quinaria fasciventris anonae punctata
2009 Amélie 0 100 0 0 0 0 0
Springfels 0 100 0 0 0 0 0
Dans les cas de différences significatives, les tests de comparaison des moyennes séparent
différentes classes de variétés homogènes pour les espèces associées. Pour C. cosyra et C.
fasciventris les tests de comparaison des moyennes distinguent 3 groupes homogènes de
variétés selon les proportions moyennes d’éclosion de ces espèces. Les variétés Keitt et Sabre
respectivement avec les plus fortes et plus faibles proportions d’éclosions de ces espèces
constituent chacune un groupe distinct de celui constitué par les autres variétés. Pour C.
anonae, 2 groupes homogènes de variétés se distinguent. Le premier est constitué par Keitt et
le deuxième par toutes les autres variétés échantillonnées. Enfin la comparaison des
proportions moyennes de B. invadens des différentes variétés suivies distingue 4 groupes
homogènes. Le premier constitué par Amélie et Springfels qui présentent les plus faibles
proportions. Les variétés Brooks et Keitt qui présentent les plus fortes proportions de B.
invadens constituent chacune un groupe distinct. Le dernier groupe qui présente des
proportions intermédiaires entre les 2 extrêmes rassemble toutes les autres variétés suivies
(Mango vert, Sabre, Lippens et Kent).
- 107 -
En considérant les proportions des Tephritidae issus des fruits infestés au cours des 2 années
de suivi selon les sites d’étude, on note à partir des résultats du tableau 12 que B. invadens est
la plus abondante dans 4 sites sur les 7 à savoir Koloko, Soubakaniédougou, Tengrela et
Yéguérésso. Pour les 3 autres sites, les éclosions de C. cosyra ont été plus abondantes. Pour
chacune des espèces identifiées, l’analyse de variance réalisée selon les sites, montre qu’il n’y
a pas de différences significatives entre les localités pour ce qui est de l’abondance des
éclosions.
Tableau 12: Proportions d’émergences des différentes espèces de Tephritidae associées aux
dégâts sur la mangue selon la localité.
Selon les saisons, les résultats que nous avons obtenus montrent une différence aussi bien
dans le nombre d’espèces identifiées que dans leurs proportions.
Du point de vue spécifique, les 7 espèces de Tephritidae identifiées à partir des fruits infestés
sont signalées au cours de la saison de mangue 2008 contre 4 pour la saison 2009. C. quinaria,
C. anonae et C. punctata retrouvés sur des fruits infestés la première saison d’étude ne l’ont
pas été au cours de la deuxième saison.
- 108 -
Le tableau13 présente le pourcentage de chaque espèce dans l’ensemble des adultes identifiés
après l’éclosion des pupes. La forte abondance de B. invadens et C. cosyra est confirmée
puisque ces 2 espèces représentent 96,4% des adultes éclos en 2008 et 99,28% en 2009. Si au
cours de la première année, ces 2 espèces présentaient des proportions quasi égales dans les
éclosions (47,28% pour B. invadens et 48,86% pour C. cosyra), la deuxième saison des
mangues est marquée par une nette prédominance de B. invadens (68,51%) par rapport à C.
cosyra (30,77%). Enfin, la proportion des adultes de C. silvestrii en 2009 est nettement plus
importante qu’en 2008 alors que l’on observe le contraire pour C. fasciventris.
Tableau 13: Proportions (%) des espèces de Tephritidae issues des fruits infestés selon la
saison.
C. punctata 2,55 0
C. anonae 0,34 0
C. quinaria 0,02 0
La représentativité des différentes espèces issues des fruits infestés varie au cours de la
saison. Pour les 2 années, les proportions de C. cosyra à l’éclosion des pupes dépassent celles
des autres espèces au mois de mai qui correspond au début de la saison de la mangue (tableau
14). Pendant le mois de juin qui correspond à la pleine saison, on note une plus forte
abondance de C. cosyra dans les éclosions en 2008 et de B. invadens en 2009. Les
émergences de cette dernière espèce dominent celles des autres Tephritidae durant les mois de
juillet et août qui correspondent à la fin de la saison de mangue au Burkina. Pour les
infestations intervenant plus tôt avant la pleine saison de mangue (avril), les éclosions étaient
dominées en 2008 par C. punctata. Les infestations dues à C. silvestrii ont lieu en début de
- 109 -
saison tandis que celles dues à C. fasciventris et C. anonae ont lieu surtout en pleine saison
(juin).
Tableau 14 : Proportions d’émergence des Tephritidae issus des fruits infestés selon les
périodes de collecte d’échantillons.
Mars 09 Début 0 0 0 0 0 0 0
saison
Avril- Début 0 0 0 0 0 0 0
09 saison
Août-09 Fin de - - - - - - -
saison
- 110 -
En comparant les proportions d’émergence selon les périodes de collecte d’échantillons pour
chacune des espèces identifiées, l’analyse de variance fait ressortir que ce facteur a une
influence significative sur l’importance des infestations des mangues par B. invadens
(F= 6,184; P = 0,002), C. cosyra (F= 4,458; P = 0,010) et C. fasciventris (F= 5,874; P =
0,003). Ainsi pour B. invadens, 3 groupes homogènes de périodes se dégagent. Le premier
groupe avec les périodes qui présentent les plus fortes émergences rassemble les mois de juin
et juillet. Le mois de mai qui présente les plus faible émergences constitue un autre groupe
tandis que août, avec un niveau d’émergence intermédiaire, constitue le 3ème groupe. Pour C.
cosyra, les mois de mai et juin forment un groupe homogène avec les plus fortes émergences
tandis que juillet et août avec les plus faibles émergences constituent le deuxième groupe.
Pour ce qui est de C. fasciventris, les 4 périodes d’échantillonnage sont significativement
différentes les unes des autres. Les moyennes d’émergences les plus faibles pour cette espèce
sont notées en mai et les plus fortes en août.
C. silvestrii C.
2% fasciventris
C. cosyra 3%
31%
B. invadens
64%
Figure 11 : Importance économique des espèces de Tephritidae infestant la mangue dans les
vergers de l’Ouest du Burkina Faso au cours de la saison 2009
4.2.3.6. Conclusion
Sept espèces de Tephritidae dont 1 du genre Bactrocera et 6 du genre Ceratitis ont été
identifiées au cours de notre étude. Parmi ces espèces, B. invadens et C. cosyra représentent
environ 97% des adultes émergés dont 54,71% uniquement sont de l’espèce B. invadens. La
plus grande diversité de Tephritidae a été notée sur les cultivars tardifs (Brooks et Keitt) sur
lesquels les 7 espèces identifiées ont été observées. Sur le cultivar précoce Amélie, C. cosyra
est le seul Tephritidae issus des fruits infestés durant les 2 campagnes. Les analyses
statistiques révèlent que l’importance des émergences des différentes espèces selon les
variétés ne diffère significativement que pour B. invadens, C. cosyra, C. anonae et C.
fasciventris. Selon les localités, il n’y a pas de différences significatives dans l’émergence des
différentes espèces identifiées. Pour B. invadens, C. cosyra et C. fasciventris, la période de
collecte d’échantillons a une influence significative sur leur abondance dans les émergences.
Ainsi, C. cosyra émerge de façon abondante des fruits infestés en pleine saison des mangues
- 112 -
(mai et juin) tandis que B. invadens est plus abondant sur les fruits infestés en pleine et en fin
de saison (juin et juillet). Enfin, le suivi individuel des échantillons collectés au cours de la
saison 2009 a permis de noter qu’avec une occurrence de 82,8% sur les fruits infestés, B.
invadens est l’espèce qui présente la plus grande importance économique en représentant près
de 65% des dégâts sur manguiers.
4.2.4.1. Température
Elle affecte significativement l’incidence des dégâts des Tephritidae sur la mangue
(r=-0,176, p= 0,002 pour les minimales ; r = -0,357, p < 0,0001 pour les maximales ; r = -
0,132, p < 0,0001 pour les moyennes). Au regard de ces résultats, on note que l’augmentation
de la température entraîne la diminution de l’incidence des dégâts. La faiblesse des
coefficients de corrélation dont le plus élevé est 0,0357 en valeur absolue, traduit la faiblesse
de variation de l’incidence des dégâts des Tephritidae sur la mangue à cause de la température.
4.2.4.3. Pluviométrie
Le cumul des précipitations durant la période précédent les différentes collectes d’échantillons
de fruits présente une corrélation significative positive avec l’incidence des dégâts de
- 113 -
4.2.4.4. Conclusion
4.2.5. Discussion
Notre étude fait ressortir l’existence de différences significatives selon les variétés aussi bien
pour l’incidence des dégâts que pour les taux d’infestation des mangues par les Tephritidae.
On note les plus fortes incidences et infestations pour les cultivars tardifs (Keitt, Brooks) et de
fin de pleine saison (Kent). Cette situation s’explique par les caractéristiques physico-
chimiques différentes des variétés de mangue (de Laroussilhe, 1980), mais aussi par la
coïncidence de la période de maturation des cultivars tardifs avec les pullulations dans les
vergers des principales espèces de Tephritidae (B. invadens et C. cosyra). En effet selon de
Laroussilhe (1980), c’est pendant les périodes de grossissement et de maturation que les
mangues sont plus propices à accueillir les larves des mouches des fruits. Les travaux de
Vayssières et al. (2009) conduits au Nord Bénin font aussi ressortir des différences
significatives de l’incidence des dégâts des Tephritidae selon les cultivars avec les plus fortes
infestations pour les cultivars de fin de pleine saison (Kent, Smith) et tardifs (Keitt, Brooks).
L’absence d’infestation des fruits du cultivar Mangot vert et la très faible infestation de Sabre
s’explique par la précocité de la maturation de ces fruits. Selon Guira et Zongo (2006), ces
deux cultivars non greffés sont les premiers à être récoltés au cours de la saison de mangue au
mois de mars et ce, avant les pullulations des Tephritidae dans les vergers comme le montre
les courbes des fluctuations de populations des principales espèces. Cette situation leur permet
ainsi d’échapper aux infestations.
- 114 -
Selon les saisons des mangues et tout au long de celles-ci, nous avons noté des variations
significatives de l’incidence des dégâts des Tephritidae qui augmentent du début à la fin de la
saison. L’augmentation des dégâts des Tephritidae sur la mangue avec l’allongement de la
saison s’explique les conditions climatiques favorables au développement de ces ravageurs
avec l’installation de l’hivernage et par l’abondance des ressources alimentaires. En effet, à
partir de mai, les précipitations provoquent la chute des températures et l’augmentation de
l’humidité relative, favorisant ainsi le développement des populations de Tephritidae
(Bateman, 1972, Fletcher, 1987). A cette période, on observe une abondance dans les vergers
de mangues mûres pour les cultivars de saison et en maturation pour les cultivars tardifs qui
restent jusqu’à la fin de la saison. Cette abondance de fruits, source de nourriture pour les
larves de Tephritidae va favoriser l’explosion de leurs populations (Dalby-Ball et Meats
2000a, 2000b ; Fletcher, 1987), ce qui aura pour conséquence une recrudescence des dégâts
sur les fruits non récoltés d’où les fortes infestations de la mangue par ces ravageurs avec
l’avancée de la saison.
Le mois d’août qui correspond à la fin de saison avec de fortes humidités relatives et des
précipitations abondantes ainsi que des niveaux de populations de Tephritidae élevés présente
cependant des incidences de dégâts comparables à celles enregistrées en début de saison.
Cette situation s’explique par la rareté des fruits dans les arbres à cette période. Ceux qui s’y
trouvent à cette période sont peu réceptifs à la ponte des Tephritidae avec très souvent de
petits calibres ou sont atteints par des maladies.
La faiblesse de l’incidence des dégâts de Tephritidae au cours de la saison 2009 par rapport à
la saison 2008 s’explique par la différence dans l’étalement de ces 2 saisons. En effet, avec
une baisse d’environ 30%, la production de mangues estimée à 120 000 tonnes en 2008 est
tombée à 86 000 tonnes en 2009 (APROMAB, Non publié) et s’est achevée pour la plupart
des sites en fin juin, en cette dernière campagne, contre fin juillet au cours de la première
campagne. Ainsi, cette fin « précoce » des récoltes en 2009 a évité une coïncidence d’une
grande partie de la période de fructification avec la période de pullulation des Tephritidae
dans les vergers, contribuant à réduire leurs dégâts sur les mangues. Les plus forts taux
d’infestation des mangues par les Tephritidae obtenus en 2009 par rapport à 2008 s’expliquent
par la faiblesse de la production de mangues au cours de cette saison. Cette faible
disponibilité des ressources alimentaires (mangues) pour les mouches en 2009 a conduit les
Tephritidae à exploiter plus intensivement celles qui étaient disponibles en y pondant plus
d’œufs qu’en 2008 où ce facteur n’était pas limitant.
- 115 -
Les variations de l’importance des dégâts des Tephritidae selon les localités peuvent
s’expliquer par la configuration variétale des sites et leur période de fructification. En effet,
on note des dégâts plus importants dans les vergers du Kénédougou (Guénako, Koloko et
Toussian-Bandougou) qui est considéré comme une zone de fructification tardive. Dans ces
vergers, les cultivars tardifs (Keitt, Brooks) et de fin de pleine saison (Kent) qui sont les plus
infestés y sont plus rencontrés que dans les autres sites caractérisés par des variétés précoces
et de début de saison. Selon Vayssières et al. (2009 d), l’incidence des dégâts des Tephritidae
varie selon les saisons, les pays, les zones agro-écologiques et les cultivars de manguiers.
Les résultats que nous avons obtenus dans cette partie de notre étude montrent que l’étalement
de la période de récolte des mangues contribue aussi à l’augmentation des dégâts de
Tephritidae dans la mesure où on arrive à une coïncidence phénologique entre un pic de
production fruitière et une forte abondance de femelles de Tephritidae fécondées et prêtes à
pondre, particulièrement pour B. invadens. Ainsi, la plantation de variétés de manguiers
précoces devrait être considérée dans le cadre du développement d’une stratégie de lutte
intégrée contre les dégâts de Tephritidae dans les vergers de manguiers.
Sept espèces de Tephritidae ont été identifiées au cours de notre étude à partir des mangues
infestées dont 1 du genre Bactrocera et les 6 autres du genre Ceratitis. B. invadens la seule
espèce du genre Bactrocera est une espèce exotique invasive, originaise d’Asie qui constitue
de nos jours l’espèce la plus abondamment rencontrée dans les vergers en Afrique de l’Ouest
(Vayssières et al., 2010). Les Cératites qui sont les autres espèces identifiées endémiques en
Afrique, sont retrouvées dans différentes parties du continent (Carroll et al., 2002).
Toutes ces espèces émergées des fruits attaqués ont été capturées dans les pièges au cours de
l’inventaire des Tephritidea que nous avons effectué. Elles ont le manguier comme hôte et ont
été signalées par différentes études réalisées en Afrique (Noussourou et Diarra 1995;
Vayssières et Kalabane 2000; Vayssières et al. 2004, 2005; Ekesi et al. 2006; Hala et al. 2006;
Mwatawala et al. 2006 ; 2009). Les travaux de Vayssières et al., 2004 signalaient pour la
première fois la présence de B. invadens sur la mangue en Afrique de l’Ouest au Sénégal. Au
Burkina Faso, 4 de ces espèces (B. invadens, C. cosyra, C. silvestrii et C. quinaria) ont été
identifiées en 2006 au cours d’une étude réalisée dans la localité de Guénako dans la province
du Kénédougou (Ouédraogo, 2007). Sur les 18 espèces de Tephritidae recensées au cours de
l’inventaire, moins de la moitié (7) a été retrouvée dans les fruits infestés. Cette faible richesse
- 116 -
spécifique des Tephritidae infestant les mangues par rapport à la richesse spécifique des
Tephritidae dans les vergers, pourrait s’expliquer par le nombre élevé d’espèces à faible
abondance capturées dans les pièges et par leur période d’apparition qui ne correspond pas à
la saison de la mangue. En effet, seulement 5 des 18 espèces capturées dans les pièges (B.
invadens, C. cosyra, C. fasciventris, C. silvestrii et D. vertebratus) possèdent des proportions
dans les captures supérieures à 1% dont près de 90% sont représentées par C. cosyra et B.
invadens. Parmi les espèces identifiées à partir des fruits infestés, C. anonae, C. punctata et C.
quinaria sont les seules espèces classées rares dans l’inventaire (avec des proportions de
captures inférieures à 1%) à avoir été recensées. Ce fait s’explique par les périodes de capture
de ces espèces qui coïncident avec la saison de la mangue. A l’inverse, D. vertebratus, dont
les captures ont été importantes au cours de l’inventaire, est la seule espèce aussi abondante
qui n’ai pas été retrouvée dans les fruits infestés. Cette situation s’explique par le décalage
entre les périodes de pullulation de cette espèce et la saison de la mangue. En effet, les
captures les plus abondantes de cette espèce ont été effectuées entre janvier et février au
moment où a lieu dans les sites précoces le début de grossissement des fruits et la floraison
dans les sites tardifs.
La faible diversité des espèces de Tephritidae identifiées à partir des fruits infestés en 2009
pourrait s’expliquer par l’installation tardive de l’hivernage en 2009 et par des faibles niveaux
de populations de certaines d’entre elles. En effet, l’installation de l’hivernage avec
l’augmentation de l’humidité crée des conditions favorables à l’explosion des populations de
Tephritidae (Bateman, 1972 ; Fletcher, 1987). Cette période correspond aussi au moment où
les fruits abondent non seulement dans les vergers de manguier, mais aussi pour d’autres
essences locales qui sont hôtes de ces Tephritidae. Ces conditions favorisent l’apparition et la
pullulation de diverses espèces comme C. anonae et C. punctata identifiées à partir de
mangues infestées au cours du suivi réalisé en 2008. Les derniers prélèvements de mangue
ayant eu lieu avant l’installation de ces conditions, on pourrait donc associer l’absence
d’émergence de C. anonae et C. punctata aux conditions qui ont prévalu pendant la collecte
des échantillons. Pour ce qui est de C. quinaria qui apparaît dans les captures pendant la
saison sèche, son faible niveau de population dans les vergers en 2009 par rapport à 2008
pourrait expliquer son absence parmi les espèces qui ont émergé des fruits infestés.
La prépondérance de B. invadens dans les émergences des Tephritidae à partir des mangues
infestée, notée au cours de notre étude s’explique par les hautes potentialités biotiques de cette
espèce invasive (Fletcher, 1987). En effet, selon (Vayssières et al., 2008 b et c) les femelles
de B. invadens sont en mesure de pondre jusqu’à 700 œufs contre environ 200 à 400 pour les
- 117 -
cératites. Les Dacini possèdent par ailleurs une tarière plus puissante qui leur permet de
déposer leurs œufs plus en profondeur par rapport aux Ceratitini.
Selon les résultats de notre étude, l’importance des émergences des Tephritidae diffère
significativement selon les variétés pour 4 des espèces identifiées sur les 7 rencontrées. Cela
signifie que ces 4 espèces de Tephritidae infestent davantage certaines variétés de mangues
que d’autres. Cette situation s’explique par la coïncidence entre les périodes de pullulations de
ces espèces et la période de maturation des différents cultivars. En effet, les tests de
comparaison de moyennes montrent que B. invadens émerge beaucoup plus sur les cultivars
tardifs (Keitt et Brooks) que sur les cultivars de début de saison (Amélie, Springfels). C.
cosyra et C. fasciventris émergent davantage des variétés précoces (Mangot vert) et de saison
(Amélie, Kent, Springfels) que sur les variétés tardives (Keitt). Les fortes pullulations de B.
invadens avec l’installation de l’hivernage pourrait aussi expliquer la diminution des des
infestations de la mangue par C. cosyra à cette période à travers la compétition interspécifique.
En effet, selon Pritchard (1969), l’interaction la plus évidente de la compétition entre les
Dacinae intervient au niveau des femelles. Cette situation pourrait ainsi contribuer à réduire
les pontes de femelles de C. cosyra sur les mangues à cette période d’où ses faibles éclosions
notées en fin de saison de mangue. Dans notre zone de l’étude, les cultivars tardifs arrivent à
maturité pendant la saison des pluies coïncidant avec les pics de populations de B. invadens
dans les vergers. Ils sont alors plus fortement infestées par cette espèce comme le montre nos
résultats. D’autre part, les cultivars précoces, de début de saison (Amélie, Springfels) et de fin
de saison (Kent) arrivent à maturité en saison sèche ou en début d’hivernage pendant que C.
cosyra pullule dans les vergers et sont plus infestés par cette espèce. Cette situation est
confirmée par la distribution des espèces de Tephritidae infestant la mangue tout au long de la
saison. Elle montre qu’en pleine saison des mangues (mai et juin) les émergences de C.
cosyra dominent sur les autres espèces tandis qu’en fin de saison (juillet et août) ce sont celles
de B. invadens qui sont plus importantes.
Parmi les Tephritidae infestant les mangues dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso,
notre étude a montré que B. invadens et C. cosyra sont ceux qui présentent les plus grandes
importances économique en étant respectivement responsables de 64% et 31% des dégâts
occasionnés aux mangues par les insectes de cette famille. La fluctuation des populations de
ces 2 espèces inféodées à différents cultivars de mangue en fonction de leur période de
maturation explique ces résultats. En effet, B. invadens est plus inféodé aux cultivars tardifs
qui présentent les plus fortes incidences de dégâts tandis que C. cosyra l’est aux cultivars de
- 118 -
début de saison d’où la plus forte importance économique de cette première espèce par
rapport aux 3 autres espèces identifiées en 2009.
En identifiant les Tephritidae infestant la mangue dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso,
notre étude confirme que les dégâts infligés par les mouches des fruits à la mangue sont le fait
de plusieurs espèces et particulièrement de B. invadens et de C. cosyra qui abondent dans les
vergers pendant la maturation des mangues à différents moments selon les conditions
climatiques. Pour une efficacité du contrôle des dégâts des Tephritidae sur la mangue, ces
résultats suggèrent le contrôle des populations de ces 2 espèces avant leur explosion dans les
vergers au moment de la maturation des fruits.
4.2.5.3. Influence des facteurs abiotiques sur les dégâts occasionnés par les
Tephritidae à la mangue
4.2.6. Conclusion
Cette étude a permis d’estimer l’importance des dégâts des Tephritidae dans les vergers de
l’Ouest du Burkina Faso sur la mangue qui a varié entre 0,83% sur la variété Amélie et
69,23% pour Brooks avec des taux d’infestation variant entre 1 pupe ± 3 et 55 pupes ± 95
pupes par kilogramme de fruits. Selon les variétés, l’incidence des dégâts et les taux
d’infestation diffèrent significativement avec les dégâts les plus importants pour les cultivars
- 119 -
tardifs à l’opposé des précoces. La variété Sabre a présenté la plus faible incidence moyenne
(0,4%±1,9) et Keitt l’incidence moyenne la plus élevée (12,9% ±15,7). La coïncidence de la
période de pullulation des Tephritidae dans les vergers avec la maturation des cultivars tardifs
sont à l’origine des ces différences observées entre les différentes variétés de mangue. Nous
avons également noté en suivant l’évolution des dégâts que ceux-ci allaient croissant du début
de la saison de mangue vers la fin de la saison où ils atteignent les valeurs maximales. Sept
espèces de Tephritidae appartenant aux genres Bactrocera et Ceratitis sont responsables de
ces dégâts. B. invadens et C. cosyra représentent environ 97% des adultes émergés de fruits
infestés dont 54,71% uniquement sont de l’espèce B. invadens. C. cosyra dont les populations
sont abondantes dans les vergers au début de la saison de la mangue infeste plus les variétés
de mangue arrivant à maturité en début de la saison des mangues, tandis que B. invadens qui
pullule dans les vergers en fin de saison des mangues infeste davantage les cultivars tardifs.
Cette dernière espèce est à l’origine de 64% de dégâts infligés à la mangue par les Tephritidae
contre 31% pour C. cosyra. Enfin, notre étude a permis de noter que la température,
l’humidité relative et la pluviométrie en jouant, sur les fluctuations des populations des
Tephritidae dans les vergers, influencent significativement les dégâts qu’ils occasionnent à la
mangue.
Notre étude qui a permis d’identifier les Tephritidae responsables des dégâts sur la mangue
dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso suggère des actions visant à empêcher
l’explosion de leurs populations dans les vergers pour le contrôle des dégâts de ces ravageurs.
- 120 -
4.3.1. Introduction
Certaines Tephritidae identifiées comme les plus abondantes au cours de notre étude sont
polyphages et sont signalées sur des espèces fruitières cultivées autres que le manguier et
aussi sur des fruitiers non cultivés. L’exploitation de ces ressources que constituent ces autres
plantes hôtes favorise le maintien de leur population hors production de mangue et contribue à
les augmenter pendant cette saison. Cette situation implique donc une meilleure connaissance
des autres espèces ligneuses hôtes des Tephritidae rencontrés dans les vergers pour le
développement d’une meilleure approche de contrôle de leurs dégâts. Au Burkina Faso,
aucune étude sur les infestations des autres espèces ligneuses par les Tephritidae n’a été
conduite jusque là. Cette situation a motivé la conduite de cette étude dans les formations
végétales riveraines des vergers de l’Ouest du Burkina. L’objectif de cette étude est de
contribuer à une meilleure connaissance de l’écologie des mouches des fruits inféodées à la
mangue au Burkina Faso. Spécifiquement, elle a pour objectifs de :
Identifier les espèces fruitières locales et cultivées hôtes des mouches des fruits dans la
périphérie de 7 vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina,
Identifier les espèces de mouches des fruits associées à ces plantes hôtes
Déterminer l’incidence des dégâts et les taux d’infestation moyens des Tephritidae sur
ces espèces de plantes hôtes,
Le présent chapitre qui synthétise les résultats de cette étude présente dans un premier temps
les résultats de l’inventaire des ligneux réalisés autour de 6 vergers sites avant la présentation
des autres espèces ligneuses hôtes des Tephritidae ainsi que les espèces associées à ces dégâts.
- 121 -
4.3.2. Inventaire des espèces ligneuses dans les formations végétales riveraines des
vergers
Richesse spécifique
L’inventaire des espèces ligneuses autour des sites d’étude à permis de recenser 2 527
individus mesurant plus de 1,5m de hauteur appartenant à 80 genres et à 105 espèces (Annexe
4). Le tableau 15 ci-dessous, présente pour les 6 sites inventoriés, la proportion de ligneux
recensés et leur richesse spécifique.
Koloko 27,8 54
Toussian-Bandougou 18,6 54
Soubakaniédougou 25,6 48
Tengrela 15,3 52
Toussiana 9,1 42
Yéguérésso 3,6 30
Diversité spécifique
L’analyse de la diversité spécifique des différents sites montre de fortes valeurs des indices
de diversité de Shannon et de Pielou. Le premier varie entre 3,2 pour Koloko et Toussian-
Bandougou et 2,91 pour Toussiana. Le second indice de divesité spécifique est quant à lui
compris entre 0,78 noté à Toussiana et 0,91 à Yéguérésso (Tableau 16). Ces valeurs élevées
des indices de diversité spécifique traduisent une contribution similaire des différentes
espèces à la constitution des communautés de ligneux autour des différents vergers.
Toussian-
Bandougou 3,36 3,99 0,84
Les communautés de ligneux autour des vergers site d’étude présentent pour la plupart peu de
similitudes. Les sites de Koloko et de Soubakaniédougou présentent les plus fortes similitudes
avec un indice de diversité de Sorensen de 0,70 soit un coefficient de similarité de Jaccard de
54,29%. Ces deux sites présentent 38 espèces ligneuses communes. Tous les autres sites
présentent de faibles similitudes des communautés de ligneux qui les entoure avec des
coefficients de similarité de Jaccard inférieurs à 40% dans la pluspart des cas sauf entre
- 123 -
La distribution des espèces de ligneux par site (Annexe 3) fait ressortir que les espèces
Annona senegalensis pers, Parkia biglobosa (jacq.) R. Br ex. G. Don, Terminalia laxiflora,
Bridelia feruginea benth et Vitellaria paradoxa Gaertn.f sont les plus communément
rencontrées dans tous les sites. A l’opposé, 25 espèces dont Blighia sapida K Konig (Ackee
ackee), Carapa procera DC, Adansonia digitata L., et Celtis integrifolia Lam, sont rares et
ne se rencontrent que dans une seule localité souvent en spécimen unique. On note aussi la
présence, dans les formations végétales riveraines des vergers d’espèces ligneuses cultivées
comme les Citrus spp, Psidium guajava L, Anacardium occidentale L. et Elaeis guineensis
Jacq.
4.3.2.3. Conclusion
Autour des vergers sites d’étude, 105 espèces ligneuses de 82 genres et 62 familles ont été
recensées. Ces ligneux constituent au niveau de chaque site des communautés dont la richesse
spécifique varie entre 54 à Koloko et Toussian-Bandougou et 30 à Yéguérésso. Les fortes
valeurs des indices de diversité bêta (indice de Shannon et indice d’équitabilité de Pielou)
montrent des contributions quasi égales des différentes espèces à la constitution de ces
communautés. La diversité bêta a été analysée à partir de l’indice de diversité bêta de
Sorensen et du coefficient de similarité de Jaccard. Les valeurs obtenues pour ces deux
indices révèlent une faible similarité des communautés de ligneux autour de la plupart des
sites. Koloko et Toussian-Bandougou constituent les sites qui présentent la plus grande
similarité de communauté. A. senegalensis, P. biglobosa et V. paradoxa sont des espèces
communes à tous les sites.
4.3.3. Autres plantes hôtes des Tephritidae autour des vergers sites
Les résultats de cette étude obtenus au cours de l’année 2008 ont été publiés dans la revue
Fruit, vegetable and cereal science and biotechnology, Global Science Books 4, (Special
Issue1),
Treize espèces de plantes hôtes appartenant à 10 familles différentes ont été identifiées au
cours de cette étude dans les formations végétales riveraines des vergers sites. Le tableau 18
- 126 -
présente la liste des espèces ligneuses hôtes des Tephritidae identifiées autour des vergers
sites ainsi que quelques caractéristiques de leurs fruits. Parmi ces plantes hôtes, 3 espèces
dont 2 de la famille des Rutaceae (Citrus reticulata Blanco et Citrus sinensis (L.) Osbeck) et 1
de la famille des Myrtaceae (P. guajava) sont des espèces cultivées à la différence des 10
autres espèces hôtes qui ne sont pas domestiquées. Les photos 14 à 19 montrent des fruits de
quelquess ligneux hôtes des Tephritidae identifiés ainsi que les dégâts de ces derniers sur les
fruits infestés.
Tableau 18 : Liste des autres plantes hôtes des Tephritidae identifiées au cours de l’étude.
Tableau 18 (suite) : Liste des autres plantes hôtes des Tephritidae identifiées au cours de
l’étude.
Photo : O.S.Nafiba
Photo : O.S.Nafiba Photo 15 : Pulpe de Sarcocephalus
latifolius contenant des larves de
Photo 14 : Fruit de Sarcocephalus latifolius Tephritidae
Photo : O.S.Nafiba
L’incidence moyenne des dégâts des Tephritidae sur les autres ligneux hôtes au cours des 2
années de suivi a varié entre 5% sur Ficus ingens (Miquel) Miquel et 77,34 sur Sarcocephalus
latifolius (Smith) Bruce. La figure 12 présente pour différentes espèces, l’incidence moyenne
des dégâts de Tephritidae enregistrée en 2008 et en 2009. Une grande variabilité des
infestations à été notée our certaines espèces au cours de ces deux années d’observation. Pour
les espèces régulièrement infestées pendant le suivi il n’a pas été noté de différences
significatives entre l’incidence des dégâts de ces plantes hôtes (F = 1,367, P = 0,316).
90
Incidence des dégâts (%)
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Espèces hôtes
Figure 12 : Incidences moyennes des Tephritidae sur différentes espèces hôtes identifiées
autour des vergers sites au cours de l’étude
- 130 -
Taux d’infestation
Le dispositif d’incubation des fruits des autres espèces ligneuses en 2008 a permis de
déterminer le taux d’infestation de ces espèces par les Tephritidae dont les résultats sont
présentés dans le tableau 19. Le nombre moyen de pupes de mouches des fruits par 100 g de
fruits frais enregistré au cours de ce suivi varie entre 3 pour l’espèce Ficus ingens et 91 pour
Annona senegalensis.
Tableau 19 : Densités moyennes de pupes de mouches des fruits (par 100 g de fruits frais)
des espèces de plantes hôtes identifiées en 2008.
Anonna senegalensis 91
Ficus ingens 3
Landolphia heudoletii 46
Saba senegalensis 10
Sarcocephalus latifolius 70
Sclerocarya birrea 47
Strychnos inoccua 24
Vitellaria paradoxa 15
4.3.3.3. Conclusion
Treize autres espèces ligneuses hôtes des Tephritidae appartenant à 10 familles de plantes ont
été identifiées dans les formations végétales riveraines des vergers sites. Parmi ces espèces 13
Psidium guajava, Citrus reticulata et Citrus sinensis sont des espèces cultivées et les 10
autres sont non domestiquées. Au cours de cette étude, nous avons noté que selon les espèces,
l’incidence des dégâts et les taux d’infestation par les Tephritidae varient. Ficus ingens avec
5% était l’espèce la moins infestée tandis que Sarcocephalus latifolius avec 77,34 était la plus
infestée. Du point de vue infestation, c’est Annona senegalensis qui a présenté la plus forte
infestation en 2008 avec 91pupes par 100g de fruits infestés ± 63.
- 131 -
Sept espèces de Tephritidae appartenant aux genres Bactrocera, Dacus et Ceratitis ont été
identifiées à partir de fruits d’autres ligneux collectés dans les formations végétales riveraines
des vergers. Une de ces espèces est du genre Bactrocera (B. invadens), une autre du genre
Dacus (D. vertebratus) et les 6 autres du genre Ceratitis. Les espèces du genre Ceratitis
identifiées sont : C. bremii, C. cosyra, C. fasciventris, C. punctata ou la mouche des fruits du
Cacao, C. silvestrii et C. quinaria. Toutes les 7 espèces ont été identifiées au cours de la
première année d’étude (2008), contre 3 (B. invadens, C. cosyra et C. silvestrii) identifiées au
cours de la deuxième année (2009).
Les proportions dans les émergences des adultes de chacune des espèces identifiées pour
chaque année ainsi que pour l’ensemble de la période de suivi sont présentées dans le tableau
20. Ce tableau montre que C. cosyra est l’espèce la plus abondante dans les émergences de
Tephritidae à partir des fruits des autres ligneux hôtes pour chacune des 2 années de suivi.
Elle représente 86,04% de l’ensemble des adultes émergés au cours de cette étude contre
0,03% pour D. vertebratus qui est l’espèce la moins abondante. On note par ailleurs que B.
invadens a présenté une faible émergence durant toute la période couverte pour notre étude
(2,26% des émergences enregistrées) au cours des 2 années de suivi. Cette espèce a connu une
très faible émergence en 2009 (0,5%) par rapport à 2008.
- 132 -
Tableau 20 : Proportions (%) des adultes des espèces de Tephritidae associées aux dégâts sur
les autres ligneux hôtes au cours des 2 années de suivi.
Périodes C. C. B. C. C. D.
de suivi C. cosyra silvestrii punctata invadens quinaria fasciventris vertebratus
2008 et
2009 86,04 4,66 6,64 2,26 0,31 0,06 0,03
4.3.4.2. Distribution des espèces associées aux dégâts selon les plantes hôtes
La distribution des mouches des fruits selon les plantes hôtes identifiées montre que, C.
cosyra est l’espèce la plus fréquente sur ces plantes. Elle a été collectée à partir de 9 des 13
espèces de plantes hôtes identifiées. B. invadens et C. punctata ont quant à elles été collectées
respectivement à partir des fruits de 7 et 6 des 13 espèces de plantes hôtes identifiées. C.
quinaria et D. vertebratus n’ont été identifié chacun qu’à partir d’une seule plante hôte (V.
paradoxa pour le premier et L. heudoletii pour le second). Pour les différentes plantes hôtes,
le Tableau 21 présente la diversité des mouches des fruits qui ont émergé et leur proportion
dans l’ensemble des émergences enregistrées au cours de cette étude. On peut retenir que les
plus fortes émergences de C. cosyra ont été notées à partir d’A. senegalensis (38,84%) et de S.
birrea (22,12%). Pour C. punctata, ses émergences sur Saba senegalensis sont les plus
importantes et dominent celles des autres espèces qui y sont rencontrées. B. invadens quant à
lui présente sa plus forte émergence (1,50%) sur V. paradoxa espèce sur laquelle les éclosions
de C. silvestrii dominent celles des autres Tephritidae.
- 133 -
Tableau 21: Proportions des espèces de Tephritidae émergées et identifiés selon les plantes
hôtes qu’elles infestent.
C. C. C. C. C. B. D.
cosyra silvestrii quinaria fasciventris punctata invadens vertebratus
Citrus 0 0 0 0 0 0,15 0
reticulata
Citrus 0 0 0 0 0,03 0 0
sinensis
Flacourtia 0,09 0 0 0 0 0 0
indica
Parmi les autres ligneux hôtes des Tephritidae, V. paradoxa et S. inoccua sont les espèces sur
lesquelles on observe le plus grand nombre de Tephritidae. On compte sur chacune de ces
espèces, 5 des 7 espèces de Tephritidae identifiées. C. reticulata, C. sinensis et F. indica par
contre n’ont été infestés que par une espèce de Tephritidae B. invadens pour le premier, C.
punctata pour le second et C. cosyra pour le troisième.
4.3.4.3. Conclusion
Les espèces ligneuses hôtes des Tephritidae recensées autour de nos sites d’étude sont
infestées par 7 espèces de Tephritidae des genres Bactrocera avec B. invadens, Dacus avec D.
vertebratus et Ceratitis avec 5 espèces. C. cosyra une des 5 espèces du genre Ceratitis, a été
la plus abondante dans les émergences de Tephritidae (86,39% de l’ensemble des adultes
éclos) contre 2,19% pour B. invadens. D. vertebratus avec 0,03% des émergences enregistrées
était l’espèce qui a été la moins abondamment rencontrée dans ces infestations. Selon les
plantes hôtes cette étude a permis de noter que V. paradoxa et S. inoccua sont les espèces sur
lesquelles on observe le plus grand nombre de Tephritidae à l’opposé de C. reticulata, C.
sinensis et F. indica. En ce qui concerne les espèces de Tephritidae, C. cosyra, C. punctata et
B. invadens sont celles qui infestent régulièrement les autres espèces ligneuses autour des
vergers sites. La première a été retrouvée sur 9 de ces plantes hôtes identifiées et les 2 autres
sur 6 d’entre elles.
4.3.5. Influence des plantes hôtes dans les fluctuations de population de Tephritidae et
leurs dégâts sur la mangue
Selon les résultats de l’analyse de corrélation, la richesse spécifique des ligneux (SL) ainsi
que le nombre de ligneux hôtes des Tephritidae (SLh) influence significativement les captures
des femelles de B. invadens et C. cosyra. Ces corrélations sont significatives et positives. Ces
corrélations ne sont pas significatives dans le cas des captures des femelles de C. silvestrii.
Pour ce qui est des fluctuations de populations des mâles, celles de B. invadens sont
significativement influencées par la richesse spécifique des ligneux autour des vergers et par
le nombre de ligneux hôtes des Tephritidae. Pour C. cosyra, il n’y a pas de corrélations
- 135 -
significatives avec ces deux facteurs tandis que, seul le nombre de ligneux hôte des
Tephritidae, influence les captures des mâles de C. silvestrii. Dans les cas de corrélations
significatives, elles sont positives dans le cas du suivi de B. invadens, et négatives pour C.
silvestrii. Les résultats de ces analyses de corrélation sont présentés dans le tableau 22 où on
note la faiblesse des coefficients de corrélations dont le plus élevé compris en valeur absolue
entre 0,003 et 0,15.
Pearson Pearson
L’analyse de corrélation entre l’incidence des dégâts des Tephritidae et la richesse spécifique
des ligneux ainsi que le nombre d’espèces de ce groupe hôte des Tephritidae montre
l’existence de corrélations significatives positives avec ces deux paramètres (r = 0,209; p =
0,000 pour SL et r = 0,229; p = < 0,0001 pour SLh). Ces deux facteurs influencent aussi de
façon positive, les taux d’infestation des mangues par les Tephritidae (r = 0,162, p = 0,005
pour SL et r = 0,170, p = 0,003 pour SLh).
- 136 -
4.3.5.3. Conclusion
4.3.6. Discussion
4.3.6.1. Diversité des espèces ligneuses dans les formations végétales riveraines
des vergers
En recensant 105 espèces ligneuses dans les formations végétales riveraines des vergers sites
de notre étude, l’inventaire de ces espèces montre l’existence d’une grande diversité de
ligneux fruitiers (entre 54 et 30 espèces par site) susceptibles d’être infestés par les
Tephritidae autour de ces sites. La comparaison des communautés de ligneux autour de ces
différents vergers montre qu’elles sont suffisamment dissemblables en termes de composition
et d’abondance d’espèces. La localisation de nos sites d’étude dans l’une des régions les plus
boisées du Burkina Faso (Lerebours et Ménager, 2005) explique la grande diversité des
ligneux autour des différents vergers sites. La situation de ces vergers dans les différents
villages explique les différences de richesse spécifique notée entre les différents sites. En effet,
c’est autour des vergers situés à proximité des zones d’habitation (Yéguérésso et Toussiana)
que les plus faibles richesses spécifiques de ligneux ont été notées. Cette position à proximité
des zones d’habitation conduit à une perturbation des formations végétales riveraines de ces
sites à cause des activités humaines qui y sont menées (Sangne et al., 2008 ; Belgherbi et
Benabdeli, 2010). La dissemblance des communautés de ligneux autour des différents sites
s’explique aussi par les activités humaines menées même dans les zones éloignées des
agglomérations (brousse) où se situent la plupart de nos sites d’étude. En effet, bon nombre de
ces sites sont bordés de champs de cultures annuelles et certaines sont voisines de plantations
d’autres espèces fruitières cultivées. La mise en place de ces champs et autres plantations
occasionne ainsi la modification des formations végétales autour des différents sites à travers
- 137 -
Cette étude prospective, en permettant de connaître la diversité des ligneux fruitiers autour
des vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina Faso, renseigne sur la disponibilité d’autres
ressources alimentaires que le manguier susceptibles d’être utilisées par les Tephritidae qui
infestent la mangue.
4.3.6.2. Identification des autres plantes hôtes des Tephritidae autour des vergers
sites et des Tephritidae associés
Bien que des études sur les plantes hôtes des mouches des fruits aient déjà été conduites en
Afrique et ailleurs dans le monde, la nôtre est la première au Burkina Faso en ce qui concerne
l’identification des fruitiers locaux hôtes des mouches des fruits inféodées au manguier. Elle a
permis d’identifier parmi les 105 espèces ligneuses recensées autours des vergers sites 13
autres plantes hôtes des Tephritidae dont 10 fruitiers locaux. Ces autres plantes hôtes que nous
avons identifiées ont également été rapportées comme hôtes des Tephritidae en Afrique par
Vayssières (2000) et Mwatawala (2006 a). Les caractéristiques de ces fruits (charnus pour la
plupart) justifient leur infestation par les Tephritidae à la différence des autres qui ne le sont
pas et qui sont pour la plupart des fruits secs (gousses, siliques, samares, akènes). Ainsi, selon
Fletcher (1987) la prédisposition des fruits des plantes hôtes pour l’oviposition et le
développement des larves des mouches des fruits explique l’attraction des mouches vers elles.
Aussi, la diversité des caractéristiques physico-chimiques de ces fruits peut expliquer les
différences d’incidence des dégâts et de taux d’infestation notées pour ces différentes espèces
(Metcalf, 1990).
Comme dans le cas de la mangue, la période de fructification des autres plantes hôtes
contribue aussi à leur forte infestation surtout si elle coïncide avec des pullulations des
Tephritidae. C’est le cas de S. birrea (Marula) qui fructifie en début de saison des mangues et
qui est fortement infesté par C. cosyra aussi appelé Marula Fruit fly.
- 138 -
Certaines espèces ligneuses recensées au cours de notre étude n’ont pas présenté d’infestation
alors qu’elles sont signalées comme hôtes des Tephritidae par d’autres études. C’est le cas
d’Anacardium occidentale cité par Vayssières et al. (2005) comme hôte des Tephritidae dans
une étude réalisée au Bénin. Cette situation pourrait s’expliquer par les conditions climatiques
défavorables à la pullulation des Tephritidae dans cette zone pendant la période de
fructification de ces plantes hôtes. En effet, A. occidentale entre en fructification dans l’Ouest
du Burkina Faso avant la mangue à une période chaude et sèche particulièrement peu
favorable à la pullulation de B. invadens.
Compte tenu de leur période de fructification qui ne coïncide pas toujours avec celle de la
mangue, ces ligneux hôtes des Tephritidae offrent des conditions (ressources alimentaires)
favorables à la pérénisation des populations de Tephritidae qui infestent les manguiers.
En identifiant des ligneux hôtes des Tephritidae qui infestent la mangue dans les formations
végétales riveraines des vergers de manguier de l’Ouest du Burkina Faso, notre étude
contribue à une meilleure connaissance de l’écologie de ces ravageurs dans la zone. Ces hôtes
dont la fructification est étalée tout au long de l’année constituent d’autres ressources
alimentaires exploitées par ces ravageurs du manguier même en période hors fructification
des manguiers. Cette situation qui contribue à maintenir les populations de ces ravageurs en
- 139 -
période hors production de mangue suggère pour le succès du contrôle de leurs populations, la
prise en compte de ces plantes hôtes dans le développement des stratégies de lutte contre les
des mouches des fruits dans les vergers. Cette étude montre par ailleurs que des essences
fruitières locales subissent aussi les dégâts des Tephritidae, toute chose qui peut compromettre
la valorisation de ces espèces fruitières s’ils ne sont pas pris en compte dans les stratégies de
valorisation des fruitiers locaux.
4.3.6.3. Influence de l’abondance des autres plantes hôte sur la fluctuation des
populations et l’importance de dégâts de Tephritidae dans les vergers
Les analyses statistiques réalisées au cours de notre étude montrent que plus la diversité des
ligneux est grande autour des vergers, plus les captures des mâles de B. invadens sont
importantes dans ces vergers. Il en est de même pour le nombre des ligneux hôtes des
Tephritidae identifiés autour des vergers. D’autre part, nous avons aussi noté que l’importance
des dégâts des Tephritidae sur la mangue augmente avec le nombre d’espèces ligneuses hôtes
de ces insectes autour du verger. La grande diversité des ligneux fruitiers autour des vergers
traduit la disponibilité de ressources alimentaires potentielles utilisables par ces ravageurs. Le
grand nombre de plantes hôtes réellement infesté, exprime la disponibilité et l’abondance
autour d’un verger d’autres ressources alimentaires exploitables par les Tephritidae.
L’abondance de ces autres ressources alimentaires pour les Tephritidae leur offre des
conditions favorables pour leur multiplication (Bateman, 1972, Dalby-Ball et Meats 2000a,
2000b, Fletcher, 1987) et contribue ainsi à une augmentation des populations de ces ravageurs
comme nous l’avons observé avec les mâles de B. invadens. L’accroissement des populations
de Tephritidae dans les vergers de manguiers entraînera au moment de la maturation des
mangues, des dégâts plus importants, ce qui explique l’accroissement des dégâts que nous
observons avec l’augmentation du nombre de ligneux hôtes des Tephritidae et de celui des
ligneux fruitiers autour des vergers.
Tephritidae peuvent être qualifiées de « réservoir » des Tephritidae qui infestent la mangue.
Elles permettent la conservation de leurs populations hors saison de mangues et la
réinfestation des vergers au moment de la fructification des manguiers.
4.3.7. Conclusion
Au cours de notre étude, 105 espèces ligneuses de 82 genres et 62 familles ont été recensées
autour des vergers sites de notre étude avec une richesse spécifique variant entre 30 espèces
pour le site de Yéguérésso et 54 pour celui de Koloko. A. senegalensis, P. biglobosa et V.
paradoxa sont les espèces communes à tous les sites d’étude. L’analyse de la diversité Alpha
fait ressortir des valeurs élevées des indices (Indices d’équitabilité de Pielou compris entre
0,78 et 0,91), preuve que dans chaque site, toutes les espèces contribuent de façon quasi
équitable à la constitution de la communauté de ligneux. Ces dernières présentent peu de
similitude au regard des indices de diversité Bêta de Sorensen qui varient entre 0,33 et 0,70.
La situation des vergers à proximité ou non des zones d’habitation ainsi que les activités
humaines dans ces formations végétales influencent la richesse spécifique et l’abondance des
différentes espèces ligneuses autour de nos sites d’étude.
Parmi ces espèces recensées, 13 ont été identifiées dans l’ensemble de la zone d’étude comme
hôtes des Tephritidae. Trois de ces espèces sont des espèces fruitières cultivées (C. reticulata,
C. sinensis et P. guajava) et les 10 autres des essences locales. L’importance des dégâts et des
infestations varie significativement selon les espèces à cause de leur caractéristiques physico
chimiques qui se prêtent plus ou moins au développement des larves de Tephritidae. S. birrea
présente la plus forte incidence des dégâts (89,4 % ± 15,0) tandis que le plus fort taux
d’infestation a été noté sur A. senegalensis (91pupes /100g de fruits infestés ± 63). Les
infestations des ces autres plantes hôtes sont le fait de 7 espèces de Tephrititae qui infestent
aussi la mangue. Elles appartiennent à 3 genres dont Bactrocera (B. invadens), Dacus avec D.
vertebratus et Ceratitis. Ce dernier genre, endémique en Afrique, plus adapté aux conditions
environnementales locales présente la plus grande diversité d’espèces ravageuses avec 5
espèces dont C. cosyra. Cette espèce est la plus abondante et la plus fréquemment associée
aux dégâts. B. invadens la nouvelle espèce invasive en Afrique se retrouve aussi sur certaines
de ces essences. La polyphagie de ces Tephritidae leur permet d’infester plusieurs hôtes dont
les fruits sont disponibles même en dehors de la période de fructification des mangues ce qui
permet un maintien de leurs populations. En offrant ainsi d’autres ressources alimentaires
- 141 -
pour les larves des Tephritidae, l’abondance de ces autres plantes hôtes impacte positivement
les populations de B. invadens dans les vergers et l’incidence des dégâts des Tephritidae sur la
mangue.
Ce travail que nous avons réalisé, qui a permis d’identifier d’autres plantes hôtes des mouches
des fruits autour des vergers de manguiers de l’Ouest du Burkina Faso, à contribuer à
renforcer les connaissances sur l’écologie de ces ravageurs du manguier dans cette zone.
L’influence des ces ligneux que l’on pourrait qualifier de « réservoir » de Tephritidae sur la
fluctuation de leurs populations et l’importance des dégâts qu’ils occasionnent sur la mangue
suggère leur prise en compte aussi bien dans le développement d’une stratégie de lutte contre
ces ravageurs que dans celle qui concernera la valorisation des essences fruitières locales
qu’ils infestent.
- 142 -
V. CONCLUSION GENERALE
- 143 -
Ce travail a été conduit dans le but d’améliorer les connaissances sur l’écologie des mouches
des fruits qui infestent les mangues dans les vergers de l’Ouest du Burkina Faso. Trois
hypothèses de travail ont guidé nos recherches :
2) Les dégâts des mouches des fruits sur la mangue sont le fait de plusieurs espèces et
leur importance varie selon les cultivars de manguiers.
3) Il existe des plantes hôte des Tephritidae ravageurs du manguier dans les formations
végétales riveraines des vergers qui influencent significativement la fluctuation de
leurs populations dans les vergers et l’importance de leurs dégâts sur la mangue.
Après deux années de collectes de données sur le terrain, nos investigations ont permis de
mieux comprendre la dynamique spatio-temporelle des mouches des fruits de la mangue dans
cette région, contribuant ainsi à l’amélioration des connaissances de la biologie et de
l’écologie de ces ravageurs.
La vérification notre première hypothèse de travail a permis de montrer l’existence dans les
vergers de manguiers de la zone d’étude de 18 espèces de Tephritidae pour la plupart
d’origine africaine. Parmi elles, 2 espèces dominantes qui représentent environ 95% des
captures. Il s’agit de B. invadens la nouvelle espèce de mouche invasive du complexe B.
dorsalis et de Ceratitis cosyra une mouche des fruits endémique en Afrique et inféodée au
mangier. Par ailleurs, nous avons pu montrer que la diversité spécifique de ces ravageurs dans
notre zone d’étude ne variait pas d’une localité à l’autre. Le suivi de la fluctuation des
populations des deux principales espèces nous a permis de noter l’abondance des femelles
dans les vergers non seulement pendant la période de fructification mais encore, plus étonnant,
pendant la période de floraison des arbres. Nous avons également relevé qu’en plus de la
disponibilité des mangues, l’augmentation de l’humidité avec l’installation des précipitations
pendant la saison des pluies était un autre facteur déterminant pour le développemnt des
populations de B. invadens.
En vérifiant notre deuxième hypothèse de travail, nous avons montré que les dégâts des
Tephritidae qui varient, dans notre zone d’étude, entre 0% en début de saison de la mangue et
- 144 -
près de 70% en fin de saison, sont dûs à 7 espèces des genres Bactrocera et Ceratitis. B.
invadens la seule espèce du genre Bactrocera identifiée sur la mangue à l’Ouest du Burkina
est responsable de près de 65% de ces dégâts tandis que C. cosyra, l’espèce du genre Ceratitis
la plus abondante, est à l’origine d’environ 30% de ces dégâts. L’importance des infestations
de ces fruits par les Tephritidae est variable au cours de la saison, ainsi c’est à la pleine saison
de la mangue (entre mai et juin dans notre agro-écosystème) que ces dégâts sont les plus
importants. Selon les cultivars de manguiers, l’importance des dégâts des Tephritidae varie
aussi avec le cultivar. Les cultivars tardifs comme Keitt et Brooks ont toujours présenté les
plus fortes incidences de dégâts sans doute enraison d’une période de maturation qui coincide
avec les pics de populations des mouches (particulièrement B. invadens).
Les investigations que nous avons conduites dans le cadre de notre 3ème hypotthèse de
recherche nous ont permis, d’identifier 13 autres espèces de ligneux fruitiers hôtes des
Tephritidae autour des vergers. En dehors de Citrus reticulata, C. sinensis et Psidium guajava
qui sont des espèces fruitières cultivées, les 10 autres plantes hôtes sont des essences locales
non domestiquées. Ces plantes hôtes sont infestées par 6 des 7 espèces de Tephritidae
identifiées à partir des mangues infestées. Sarcocephalus latifolius et Sclerocarya birrea sont
les espèces qui présentent les plus fortes incidences de dégâts (respectivement 77% et 60%).
C. cosyra et B. invadens sont là aussi les Tephritidae les plus couramment rencontrés en plus
de C. punctata. Ces plantes hôtes qui ont une fructification plus étalée dans le temps
constituent des plantes « refuges » et permettent le maintien de populations résiduelles de
Tephritidae en dehors de la saison de la mangue. Le nombre et la diversité de ces plantes
hôtes influencent significativement l’abondance dans les vergers des populations des
principales espèces de Tephritidae et l’incidence de leurs dégâts sur les mangues.
Notre étude a apporté de nouvelles données qui permettent de constituer une première base
d’informations scientifiques sur les Tephritidae ravageurs du manguier au Burkina Fasso.
Cependant, pour plus de succès dans le développement futur d’actions de lutte contre ces
ravageurs, cette étude régionale devra, compte tenu de la complexité des relations entre ces
ravageurs et leur milieu de vie, être renforcée par l’extension de la zone d’investigation. Ceci
permettra d’une part un plus grand récensement des autres plantes hôtes de ces ravageurs et
d’autre part la prise en compte des variations agro-écologiques.
- 145 -
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-I-
ANNEXES
- II -
Photo : V. Jean-François
Lippens
Amélie Springfels
C.fasciventris
D.vertebratus
B.cucurbitae
C.ditissima
B.invadens
D.pleuralis
Dates de
C.silvestrii
C.punctata
C.quinaria
C.capitata
D.ciliatus
C.anonae
N° piège
C.bremii
C.cosyra
Attractif
relevé des Localités
pièges
- IV -
Localité :
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
-V-
Localité :
Date de prélèvement :
FM : nombre de fruits murs attaqué, FNM : Nombre de fruits non murs attaqués, P : Nombre de pupe
F F P F F P F F P F F P F F P
M N M N M N M N M N
M M M M M
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
- VI -
Localité :
Date de prélèvement :
Csp. : Cératitis sp, B.i. : Bactrocera invadens, Par : Parasitoïdes, Aut. : Autres insectes
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
- VII -
Annexe 2.5: Fiche de suivi des incubations (Fruits sauvages)
D. langii F+M 0,000 0,000 0,029 0,000 0,018 0,003 0,000 0,003
D. longistylus F 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000
D. longistylus M 0,031 0,000 0,015 0,000 0,055 0,003 0,013 0,008
D. longistylus F+M 0,031 0,000 0,015 0,000 0,055 0,003 0,013 0,008
D. punctatifrons F 0,016 0,006 0,015 0,012 0,000 0,052 0,327 0,042
D. punctatifrons M 0,039 0,011 0,132 0,012 0,000 0,055 0,578 0,071
D. punctatifrons F+M 0,055 0,017 0,146 0,024 0,000 0,106 0,904 0,114
D. vertebratus F 0,328 0,160 2,968 0,504 7,666 1,379 9,847 1,735
D. vertebratus M 0,492 0,194 4,518 0,300 4,555 1,466 10,726 1,764
D. vertebratus F+M 0,820 0,354 7,486 0,805 12,221 2,845 20,573 3,498
Rutacea Fagara zanthoxyloides (lam.) watermnn première parti saison sèche et saison des pluies
Rubiaceae Pavetta crassipes k. schum fin de saison sèche ou première pluie
Ttiliaceae Grewia bicolor juss début saison des pluies
Caesalpiniaceae Afzelia africana smith esc pers saison des pluies
Euphorbiaceae Magaritaria discoïdae (baitt) webster seconde partie de saison sèche
Méliaceae Azadirachta indica A. juss presque toute l'année selon les stades
Anacardiaceae Ozoroa insignis del pendant la saison sèche
Papillionaceae Pterocarpus erinaceus poir pendant la saison sèche
Combretaceae Terminalia glaucescens seconde partie de saison sèche
Apocynaceae Landolphia heudelotii seconde partie de saison sèche
Fabaceae Erythrina senegalensis prémière moitié de la saison sèche
Rubiaceae Gardenia ternifolia schuma et thonn durant presque toute l'année, abondante en saison sèche
Combretaceae Terminalia laxiflora engl seconde partie de saison sèche
Caesalpiniaceae Burkea africana hook.f fin de saison sèche
Cochlospermum
Cochlospermacées plunchonii
(guill. Et pen.) 2ndl.
Opilliaceae Opilia celtidifolia esc début saison sèche
Loganiaceae Strycahnos spinosa lam fin de la saison sèche et début de saison des pluies
Sterculiacée Cola cordifolia (cav.) r. br. peremière partie de la sason sèche
Euphorbiaceae Phyllanthus muellerinus (o.ktze.) exell fin de la saison sèche
Combretaceae Combretum nigricans lepre. Esc guill et perr saison sèche, surtout en fonction des feux de brousse
Mimosaceae Entada africana guill. Et perr. fin de la saison sèche
Rubiaceae Crossopteryx febrifuga seconde partie de saison sèche
Combretaceae Guiera senegalensis j.f.gnel presque toute l'année, souvent 2 fois an et durant toute la saison sèche
Cesalpinaceae Berlinia dalzielii seconde partie de saison sèche
Apocynaceae Saba senegalensis (a. dc) aichon
Flacourtiaceae Flacourtia indica fin de la saison sèche
Arécaceae Elaeis guineensis jacq seconde partie de la saison des pluies
Sapindaceae Paullinia pinnata l fin de la saison sèche et en saison des pluies
Euphorbiaceae Securinega virosa (roxb. Ex. kuld) voigt fin de la saison sèche aux premières pluies
Taccacée Tacca involucrata
Fabaceae Indigofera tinctorium
Sterculiaceae Waltheria indica
-a-
Résumé
Ravageurs de quarantaine, les mouches des fruits (Diptera : Tephritidae) constituent une
contrainte importante à l’exportation de la mangue au Burkina Faso. L’objectif de cette étude
était d’améliorer nos connaissances sur l’écologie de ces ravageurs. Entre décembre 2007 et
décembre 2009, 1156598 Tephritidae ont été capturés dans 7 vergers présentant 8 cultivars
différents. Pendant cette période, l’évolution de la température, de l’hygrométrie et de la
pluviométrie a été notée. 19764 mangues ont été collectées et observées afin de déterminer
leur niveau d’infestation par ces insectes. Dix-huit espèces des genres Bactrocera, Ceratitis,
et Dacus ont été identifiées, B. invadens et C. cosyra étant les plus abondantes. Les pics des
populations de mâles et de femelles, apparaissent entre mai et juin selon les sites. Les femelles,
présentent aussi un pic en période de floraison des manguiers. Sept espèces de Tephritidae
infestent les mangues et l’incidence moyenne de leurs dégâts varie entre 0% (Sabre) et 12,5%
(Keitt), Keitt et Brooks sont les cultivars les plus infestés. 64% de ces dégâts sont causés par
B. invadens et 31% par C. cosyra. L’inventaire des essences ligneuses autour de ces sites ainsi
que la collecte et l’incubation de leurs fruits entre avril 2008 et décembre 2009 ont aussi été
effectués. 105 ligneux ont été recensés autour des vergers. Les fruits de 13 d’entre eux sont
infestés par 7 espèces de Tephritidae dont 6 se retrouvent aussi dans les mangues. Il s’agit
surtout de C. cosyra mais aussi de C. silvestrii, C. puntata et B. invadens.
Ce travail montre les corrélations significativees entre les facteurs climatiques, la fluctuation
des populations, et les dégâts observés. Les espèces ligneuses alentours sont des refuges
permettant le maintien des populations même hors saison de la mangue. Ces résultats
nouveaux permettent l’adaptation de la lutte contre ces ravageurs économiquement importants
au contexte agro-écologique de notre zone d’étude.
Mots clés : Burkina Faso, Manguiers, Tephritidae, Cultivars, Facteurs climatiques, Espèces
ligneuses, Dégâts de mouches des fruits
-b-
Abstract
Classified as a quarantine pest, mango fruit flies (Diptera Tephritidae) are an important
constraint for mango exportation from Burkina Faso. The main objective of this study was the
enhanced understanding of the ecology of mango’s Tephritids. 1156598 Tephritid flies were
traped from December 2007 to December 2009 in 7 mango orchards. During this monitoring,
temperature, relative humidity and rainfalls were registered. 19764 mango fruits from 8
cultivars were collected and obsreved during mango season in order to assess fruit flies
damages. Eighteen Tephritids species notably from Bactrocera, Ceratitis and Dacus genus
were identified and B. invadens and C. cosyra are the dominant ones. The population peaks of
males and females appear in the months of May & June according to the sites. The females
present a peak during the flowering period also of the mango trees. Seven species of mango
infesting fruit flies have been identified and the incidence of this infestation varies between
0% (Sabre) and 12.5% (Keitt). Keitt and Brooks are the most infested mango cultivars. 64 %
of these damages are caused by B. invadens while 31 % by C. cosyra. The inventory of the
woody plants around these sites as well as the collection and the incubation of their fruits
between April 2008 and December 2009 were also carried out. 105 woody trees had been
listed around the mango orchards. Out of which, the fruits of 13 trees were found infested by
7 species of Tephritids, of which, 6 are also found in mangos. It is especially C. cosyra but
also C. silvestrii, C. puntata and B. invadens.
This work shows significant correlations between Tephiritids population fluctuations, climatic
factors and mango damages. The woody species around mango tree orchards shelter these
pests even after mango season. These new results allow the adaptation of the mango fruit flies
control methods in the particular agro-ecological area of our study zone.
Key words: Burkina Faso, Mango tree, Tephritidae, Cultivars, Climatic factors, woody
species, Fruit fly infestation