Universite Montpellier Ii: Pour Obtenir Le Grade de

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 160

UNIVERSITE MONTPELLIER II

THESE
Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE MONTPELLIER II

Discipline : Biologie cellulaire et moléculaire


Formation Doctorale : Biologie, Diversité et Adaptation des plantes
Ecole Doctorale : Biologie Intégrative

Sujet
Détermination du sexe chez le palmier dattier :
Approches histo-cytologiques et moléculaires

Présenté et soutenu publiquement par

ABDOURAHMAN DAHER MERANEH


Le 3 Décembre 2010

Devant le jury composé de :

Pascal Gantet Professeur Université de Montpellier II


Sophie Nadot Professeur Université Paris-Sud
Charlies Scutt HDR ENS de Lyon
Fred Stauffer Chercheur Jardin botanique de Genève
James Tregear DR IRD
Frédérique Aberlenc-Bertossi Chercheur IRD
Nabil Mohamed DR CERD
Remerciements

Le travail présenté ici a été réalisé en alternance entre l’IRD de Montpellier et le Centre d’étude
et de Recherche de Djibouti dans le cadre d’une thèse en alternance à l’Université de Montpellier
II dans l’école doctorale SIBAGHE à raison de 7 mois par an de présence en France. Elle est le
fruit d’une collaboration entre l’équipe « Biologie du Développement des Palmiers » de l’IRD et
l’Institut des Sciences de la vie du CERD.

Les travaux de la thèse ont été réalisés au laboratoire GeneTrop de l’IRD de Montpellier, au sein
de la Plateforme d’Histologie et d’Imagerie Cellulaire (PHIV) du CIRAD de Montpellier, au
laboratoire de microscopie électronique de l’UMR BGPI du CIRAD et au laboratoire de
biotechnologies végétales du ISV /CERD

Ce travail a été rendu possible grâce au soutien financier du Département Soutien et Formation
via les projets CORUS et JEAI Djibpalm ainsi du CERD et sans qui rien n’aurait été possible.

Mes remerciements s’adressent à Mr Pascal Gantet, Professeur à l’université de Montpellier II,


pour l’honneur qu’il me fait en acceptant de participer à mon jury de thèse malgré ses multiples
occupations. Ses suggestions et ses critiques lors des comités de thèse ont permis d’avancer
dans nos réflexions et travaux.

Je remercie infiniment et exprime toute ma reconnaissance à Mme Sophie Nadot, Professeur à


l’université Paris-Sud, pour avoir accepté d’être rapporteur malgré un emploi du temps très
chargé lié à ses fonctions de Professeur. J’ai été très touché par la spontanéité avec laquelle elle
a accepté de lire et de juger ce travail.

Je suis reconnaissant et exprime toute ma gratitude envers Mr Charlies Scutt, Chercheur CNRS
de Lyon, pour accepter de juger ce travail et d’en être rapporteur et de l’intérêt qu’il porte à
notre travail de thèse.

Je remercie infiniment à Mr Fred Stauffer, pour avoir accepté de participer à ce jury malgré
ses multiples charges et la distance qui nous sépare. Je lui suis très reconnaissant pour l’intérêt
qu’il porte à notre travail.

J’exprime également toute ma reconnaissance et mes remerciements à Mr James Tregear, (DR)


à l’IRD Montpellier, Responsable de l’équipe Palmier, pour m’avoir accueilli au sein de son équipe
et codirigé cette thèse. Ses conseils et suggestions ainsi que son soutien dans mes différentes
démarches ne m’ont jamais fait défaut. Qu’il soit assuré de ma profonde et respectueuse
gratitude. Sa patience et son encouragement m’ont grandement aidé tout durant ces années.
Je tiens à remercier particulièrement et exprime toute ma gratitude à Mme Frédérique
Aberlenc-Bertossi, Chercheur à l’IRD Montpellier, Responsable du Projet palmier dattier à
l’IRD, Responsable Nord des projet des recherche CORUS et JEAI Djibpalm, pour sa
Codirection de la thèse et son encadrement scientifique. Ce projet de thèse a vu le jour, a pu se
développer et aboutir grâce à sa détermination sans faille. Je vous dois beaucoup et voudrais que
vous soyez assurés, en ces quelques lignes, de toute ma reconnaissance pour vos conseils qui ont
participé à la pertinence et à la clarification du mémoire, votre implication et votre entière
disponibilité durant toutes ces années de thèse. J’espère que votre rigueur scientifique aura fait
de moi un meilleur chercheur qu’à mes débuts. Soyez assurées de ma reconnaissance

Je tiens particulièrement à remercier et exprime également toute ma gratitude à Mr Nabil


Mohamed, Directeur de l’institut des sciences de la vie du CERD, Responsable Sud du projet
CORUS et JEAI Djibapalm, pour m’avoir donné l’occasion d’effectuer cette thèse et d’évoluer en
alternance. Ce projet de recherche fondamentale n’aurait pu être mené de façon efficace et
rigoureuse en parallèle à mon activité professionnelle, sans votre appui et votre soutien sans
faille. Vos conseils et suggestions ainsi que votre soutien dans mes différentes démarches ne
m’ont jamais fait défaut. J’ose espérer que les résultats auxquels nous avons abouti combleront
en partie vos espérances. Je vous remercie du fond du cœur et puissent ces lignes être
l’expression de ma plus profonde reconnaissance.

Je suis reconnaissant et exprime mes vifs remerciements à Mlle Hélène Adam, Chercheur dans
l’équipe palmier, pour sa contribution fructueuse en réalisant une partie déterminante de nos
travaux, l’hybridation in situ. J’ai été particulièrement honoré de l’intérêt qu’elle a porté, durant
toutes ces années, à notre sujet de recherche. Ses critiques constructives et ses suggestions
ont grandement contribué à l’aboutissement de ce travail.

Je suis reconnaissant et exprime mes vifs remerciement à Mme Françoise Monéger (ENS Lyon),
Mr Serge Hamon (Dir. UMR DIAPC) et Mr Jean-luc Verdeil (CIRAD) et Mr Alain Rival (CIRAD)
pour l’intérêt qu’ils ont porté à notre sujet de recherche lors des comités de thèse. Leurs
critiques constructives et leurs suggestions ont grandement contribué à l’aboutissement de ce
travail. Je remercie particulièrement Jean-luc pour m’avoir accueilli à la plateforme PHIV
(CIRAD)n pour acquérir les techniques d’immunodétection. Qu’il en soit vivement remercié.

Mes vifs remerciements et toute ma reconnaissance à Marc Lartaud (PHIV CIRAD) et Daniel
Gargani (UMR BGPI du CIRAD) pour leur précis appui technique durant les travaux de la thèse.

J’adresse également toute ma reconnaissance à Mr Jalludin Mohamed (Directeur Général du


CERD), Mr Ali Abdillahi (Agent comptable du CERD) et Mme Maguida Houssein (Secrétaire et
comptable de l’ISV) pour l’appui sans faille et avec une grande spontanéité qu’ils ont apporté pour
réaliser ce travail dans les meilleures conditions possibles.

Je ne saurais oublier d’adresser mes vifs remerciements à mes collègues particulièrement Sabira
Abdoulkader, Adwa Abdou et Omar Osman pour leur soutien, leur encouragement et leur
convivialité. Je leur dois beaucoup et j’ai eu la chance de les avoir à mes côtés.

Ce travail a été réalisé avec l’aide précieuse d’une équipe de terrain efficace pour la recherche
et la dissection des palmiers que je tiens à remercier à Houssein Awaleh, Hassan ali, Idriss A.,
Abdoulkarim, Gawad, Nasser M., Mohamoud. W. du CERD.
Mes remerciements s’adressent au Commandant Mohamed Kayad, à Kassem Haissama,
Mohamed Ali et Faysal Abdoulgalil pour leur permission à échantillonner dans leurs palmeraies
et à Mathieu Gonin pour sa participation à l’acquisition des résultats de l’étude de la méthylation.
Soyez assurés de ma reconnaissance.

J’adresse mes vifs remerciements et exprime toute ma gratitude à Mr Alain Borgel, Directeur
du centre IRD de la Réunion, un homme engagé pour la vocation Sud de l’IRD, de m’avoir fait
découvrir l’IRD pour la première fois et de tout l’intérêt qu’il porte à ce travail ainsi qu’au projet
de développement du palmier à Djibouti.

Mes remerciements tous les membres de l’équipe « Palmiers », Nathalie Chabrillange, Jean-
Christophe Pintaud, Stéfan Jouannic,Thierry Beule, Pascal Ilbert, Tim Tranbarger, Estelle
Jaligot Sylvie Doulbeau, Frédérique Richaud, Isabelle Herault, Virginie Champion, pour la
bonne entente et leur collaboration durant toutes ces années passées à l’IRD.

Mes remerciements s’adressent également aux collègues et amis du Centro Studi e Ricerche per
le Palme – Sanremo (Italie), Messieurs Robert Castellana et Claudio Littardi pour leur soutien et
l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail.

Dans ce même registre, je remercie infiniment Monsieur Yves Duval, Directeur du centre de
l’IRD de Montpellier pour l’intérêt qu’il a porté au programme Palmier dattier de Djibouti et le
soutien qu’il n’a cessé d’apporter à notre projet de thèse.

Je ne saurais finir sans adresser mes remerciements aux collègues et amis du réseau Réseau «
AUF-Dattier » : Pr. Nadia Bouguedoura et Djamila Chabane de l’USTHB d’Alger, Michel Ferry
(Dir. Station Phoenix d’Elche), Djibril Sané (Maître de conférence UCAD), Mohamed Ould
Kneyta, Salwa Zehdi, Feu Mokhtar Triffi, Emira Cherif, et pour leur soutien et l’intérêt qu’ils
ont porté à ce travail. Dans l’espoir que ces résultats contribueront à l’avancement de leur
programme de recherche sur le palmier dattier.

Enfin, au terme de ces remerciements, je souhaiterai rendre hommage aux membres de ma


Famille pour leur soutien incommensurable tout au long de mes études. Pour finir, je tiens
particulièrement à exprimer tout mon respect et toute ma gratitude à mon père Daher, ma mère
Hawa et mon frère ainé Abdi qui ont toujours été là et qui m’ont toujours soutenu dans mes
études et ma vie : MERCI.
Résumé
Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) est une espèce fruitière dioïque tropicale qui revêt
une importance capitale sur le plan alimentaire, socio-économique et écologique pour les
régions arides du globe. Malgré l’intérêt de disposer d’un outil moléculaire pour discriminer
les plantes mâles et femelles pour les programmes d’amélioration génétique, aucun marqueur
spécifique du sexe n’a été identifié et validé à ce jour. Afin de pouvoir étudier et comprendre
le déterminisme sexuel du palmier dattier, nous avons entrepris la description et la
caractérisation des processus cellulaires et moléculaires associés à la différenciation des
organes sexuels.
L’étude histologique du développement reproducteur a montré que le bourgeon floral est
d’apparence bisexuelle jusqu’à l’initiation des primordia de l’androcée et du gynécée. Le
premier dimorphisme sexuel observé à ce stade correspondant à un gynécée plus large dans
les fleurs femelles résulterait d’une activité mitotique plus importante dans les cellules du
gynécée fertile par rapport à son équivalent non fonctionnel. Les organes sexuels stériles,
staminodes et pistillodes, cessent ensuite leur développement et présentent une différentiation
incomplète.
Des études d’hybridation in situ de l’expression du gène codant l’histone H4, marqueur de
l’activité mitotique, ont montré que le blocage du développement des staminodes et des
pistillodes serait dû à un arrêt des divisions cellulaires. Nos investigations de l’intégrité
cellulaire par des observations en microscopie électronique à transmission et par coloration de
l’ADN confirmeraient que l’avortement des organes stériles ne résulte pas d’un processus de
dégradation cellulaire et nucléaire. De plus, l’étude de la méthylation de l’ADN par
immunodétection des cytosines méthylées révèle que, par rapport aux organes fertiles, les
pistillodes et les staminodes se distinguent par leur niveau plus élevé de méthylation. Ces
résultats sont en cohérence avec la réversibilité du blocage de ces organes observés in planta
ou in vitro en réponse à une induction hormonale.
L’ensemble de ces données montrent que l’unisexualisation des fleurs de palmier dattier est
associée à une hyperméthylation globale de l’ADN suivi d’un arrêt des divisions cellulaires
dans les organes sexuels stériles. Cette étude a permis d’améliorer nos connaissances sur les
mécanismes qui gouvernent la différenciation des organes sexuels et permettra d’ouvrir des
perspectives pour l’identification de marqueurs moléculaires du sexe chez le palmier dattier.

Mots clés : Palmier dattier - fleur - détermination du sexe - arrêt des divisions – méthylation
d’ADN
Abstract

The date palm (Phoenix dactylifera L.) is a dioecious tropical fruit crop plant which has vital
dietary, socio-economic and ecological importance in arid regions of the world. Despite the
interest of developing molecular tools to discriminate male and female plants for the benefit
of biodiversity preservation and genetic improvement programs, no sex-specific markers have
been identified and validated to date. To study and understand the sex determination of date
palm, we undertook to characterise the cellular and molecular processes underlying sex organ
differentiation in this plant.

A histological study of date palm reproductive development showed that the immature flower
is bisexual in appearance until the initiation of the androecium and gynoecium. The first sign
of sexual dimorphism is observed at this stage, namely a wider gynoecium in female flowers
resulting from greater mitotic activity in the functional gynoecium of female flowers
compared to the pistillode of male ones. The sterile sex organs (pistillode and staminodes)
were observed to cease their development by progressive loss of cell proliferation and
ultimately displayed incomplete differentiation.

Cell division patterns and the nuclear integrity of reproductive organs were investigated
respectively by RNA in situ hybridization to a histone H4 gene probe and by DNA coloration
combined with scanning electron microscopy. The results obtained revealed an absence of cell
cycle activity and nuclear degradation in the residual sex organs. In addition, a study of DNA
methylation, by immunodetection of methylated cytosines revealed that compared to the
fertile reproductive organs, staminodes and pistillodes displayed relatively high levels of
global DNA methylation. These results are consistent with the observed reversibility of sterile
organ developmental arrest observed in planta or in vitro in response to hormonal induction.

Overall, these data demonstrate that the floral unisexuality of date palm is characterized by
cell cycle arrest, higher DNA methylation in sterile sexual organs and an absence of cell
degeneration rather than a cell death process. This study has improved our understanding of
the mechanisms that govern the differentiation of sex organs and forms a useful starting point
for research on the identification of molecular markers of sex determination in date palm.

Kewords: Date palm - flower - sex determination - cell cycle - DNA methylation
Introduction générale

Contrairement au règne animal dont les espèces présentent majoritairement des organes
sexuels séparés, la plupart des plantes à fleurs sont hermaphrodites et produisent à la fois des
organes sexuels mâles et femelles (étamines et carpelles) au sein de la même fleur.
Cependant, certaines espèces végétales (10%) montrent une séparation physique entre les
organes reproducteurs mâles et femelles, soit dans des fleurs séparées sur la même plante
(espèces monoïques), soit sur des plantes distinctes (espèces dioïques) (Ainsworth, 2000).
L’intérêt principal de cette séparation des sexes est de promouvoir l’allogamie, favorisant
ainsi le brassage génétique et l’hétérosis, ce qui constitue un avantage adaptatif.

Tandis que les mécanismes génétiques et moléculaires contrôlant la détermination du sexe


chez les mammifères ont été bien étudiés (Fraser et al, 2006), très peu de données sont
disponibles sur le déterminisme du sexe chez les plantes. La dispersion phylogénétique des
espèces dioïques et monoïques semble s’opposer à l’existence d’un seul type de mécanisme
de détermination. En effet, la présence de la dioécie dans plus de 38 familles d’angiospermes
suggère quelle est apparue à plusieurs reprises et de façon indépendantes au cours de
l’évolution (Weiblen et al,. 2000). Les travaux réalisés chez les plantes les plus étudiées à ce
sujet (maïs, compagnon blanc, melon, et concombre) confortent cette hypothèse et montrent
que les facteurs génétiques à la base de la dioécie sont différents entre les espèces (Calderon-
Urrea et Dellaporta al., 1999 ; Boualem et al, 2008 ; Martin et al., 2009).

Les processus de détermination du sexe impliquent l’établissement d’un dimorphisme sexuel


de la fleur qui résulterait de l’absence ou l’arrêt de développement des organes sexuels
inappropriés. De nombreux gènes, notamment certains appartenant à la famille MADS box,
ont été impliqués dans la mise en place de la structure florale ; cependant, jusqu’à ce jour,
aucune évidence génétique n’a été obtenue pour un rôle direct des gènes MADS box de
l’identité des organes floraux dans le déterminisme du sexe chez les plantes. Néanmoins,
différents gènes impliqués dans l’expression du sexe ont été caractérisé chez le melon, le
concombre et le maïs. Dans l’ensemble, nos connaissances des processus cellulaires et
moléculaires à la base du déterminisme du sexe des plantes restent pour le moment très
limitées.
De nombreux espèces pérennes cultivées (papaye, kiwi, asperge, cannabis, palmier dattier,
etc.) sont dioïques et seules les individus femelles produisent des fruits alors qu’un faible
nombre d’individu mâle est nécessaire pour obtenir un rendement maximal. Ainsi, la
détermination du sexe joue un rôle capital dans la productivité des espèces d’importance agro-
économique.

Dans ce contexte, deux intérêts d’ordre fondamental et agronomique justifient notre choix
d’étudier la détermination du sexe chez le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.).
En premier lieu, le palmier dattier pourrait apporter des informations originales sur l’étude de
la détermination du sexe. Il appartient à un genre composé uniquement d’espèces dioïques, ce
qui suggère l’existence d’un ancêtre commun dioïque. De plus, dans l’arbre phylogénétique
des palmiers, les Phoenix s’ancrent dans des taxons hermaphrodites, ce qui suggère que dans
ce genre la dioécie aurait évolué à partir de l’hermaphrodisme (Weiblen et al., 2000). De plus,
cette dioécie aurait été acquise par les espèces très anciennement, car des fossiles de fleurs
mâles de Phœnix présentant un dimorphisme floral très prononcé ont été identifiés dans des
sédiments du Miocène moyen, soit il y a 50 millions d’années. Cela suggère une
spécialisation importante des caractères sexuels primaires et secondaires de la famille des
Arécacées en général et du genre Phœnix en particulier.

La seconde motivation est d’ordre agronomique. Le palmier dattier est une espèce pérenne
cultivée depuis la haute antiquité qui joue un rôle capital sur le plan socio-economique. Vu
que le palmier dattier est la seule espèce à pouvoir offrir à la fois production des fruits et la
protection contre les sécheresses dans des contrées les plus arides, tout en résistant aux
variations climatiques, l’Etat djiboutien a initié un projet d’envergure de développement de la
phoeniciculture. Ce projet comprend la sauvegarde et l’extension de la culture du palmier
dattier dans tout le pays. Il s’inscrit dans le cadre de l’initiative nationale de sécurité
alimentaire et de lutte contre la pauvreté rurale. Pour la réussite de ce projet, l’Etat djiboutien
a doté l’Institut des Sciences de la Vie (ISV) du Centre d’étude et de recherche de Djibouti
d’un laboratoire de biotechnologies végétales. Les principales missions de ce laboratoire sont
la sélection et la multiplication des palmiers dattiers présentant des caractéristiques
d’adaptation aux conditions édapho-climatiques du pays (sécheresse, contraintes hydriques,
salinité des eaux et des sols), la caractérisation, la conservation et la valorisation de la
diversité génétique, et l’amélioration du germplasm phoenicicole djiboutien. Une amélioration
de nos connaissances sur la biologie de cette espèce, de ses caractéristiques botaniques et de
son cycle phénologique s’avère indispensable. Cependant, l’un des freins à la mise en place
de programmes de sélection de palmiers dattiers résistants aux stress biotiques et abiotiques
est la durée du cycle de reproduction de la plante. En effet, le palmier dattier est une espèce
dioïque et les inflorescences mâles et femelles sont portées par des individus distincts. Une
période de 5 à 8 ans est nécessaire pour obtenir la première floraison et connaitre le sexe des
plants. Etant donné qu’une descendance est composée autant d’individus mâles que femelles,
et que seuls les pieds femelles produisent des fruits, une identification précoce du sexe chez le
palmier dattier s’avère indispensable pour éliminer les plants mâles excédentaires et ouvrir
ainsi de nouvelles perspectives pour les programmes d’amélioration génétique de cette
espèce.
INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS

2,4-D Acide 2,4-Dichlorophénoxyacétique


ABA Acide abscissique
ADN Acide désoxyribonucléique
ANA Acide Naphtalène-1-acétique
BAP 6-Benzyl amino-purine
ARN Acide ribonucléique
CERD Centre d’étude et de recherche de Djibouti
CIRAD Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique
DSF Département Soutien et Formation à la Communauté Scientifique du Sud
PAS Acide périodique Schiff
MEB Microscopie électronique à balayage
MET Microscopie électronique à transmission
NBB Naphthol Blue Black
UCAD Université Cheikh Anta DIOP de Dakar
UM2 Université de Montpellier 2
UMR Unité Mixte de Recherche
Liste des figures
Figure 1 : Un palmier dattier en fructification
Figure 2 : Représentation schématique du palmier dattier (d’après Munier, 1973)
Figure 3: Modèle architectural de TOMLINSON
Figure 4 : Différents types de feuilles produites par le palmier dattier au cours de son cycle de
développement.
Figure 5: Détail de la base d’une palme détaché e du stipe
Figure 6 : Différents types de racines rencontrées chez le palmier dattier (d’après Peyron, 2000)
Figure 7: Schéma illustrant les différentes phases du cycle développement du palmier dattier (d’après
Bouguedoura, 1991).
Figure 8: bourgeons axillaires d’une palme adulte
Figure 9 : Inflorescences femelle (A) et mâle (B) du palmier dattier
Figure 10 : Diagramme florale des fleurs du palmier dattier.
Figure 11 : Pollinisation des fleurs femelles dans une palmeraie de Djibouti
Figure 12: Stade de développement de la datte
Figure 13: Structure de la datte.
Figure 14 : Classification des dattes selon leur teneur en eau et en sucres (d’après Estanove, 1990).
Figure 14 : Répartition géographique du palmier dattier
Figure 15 : Principaux pays producteurs de dattes
Figure 16 : Voies majeures de l’induction florale chez Arabidopsis thaliana
Figure 17 : Modèle de développement floral ABCDE d’Arabidopsis thaliana
Figure 18 : Systèmes de reproduction chez les palmiers
Figure 19 : La localisation des principales palmeraies de Djibouti
Figure 20 : Palmier dattier en cours de floraison.
Figure 21 : Evolution de la température pendant l’année et de l’émergence des inflorescences de
palmier dattier à Djibouti.
Figure 22 : Période de floraison des palmiers dattier à Djibouti
Figure 23 : Palmier dattier à double émission florale
Figure 24 : Schéma de dissection d’un palmier.
Figure 25 : La production d’inflorescences des palmiers dattiers adultes pendant l’année 2008 /2009.
Figure 26: Cinétique de production inflorescentielle
Figure 27 : Schéma de production axillaire d’un palmier adulte mature.
Figure 28 : L’appareil reproducteur du palmier dattier
Figure 29: Initiation et développement des inflorescences.
Figure 30 : Jeune inflorescence.
Figure 31 : Jeune inflorescence au stade d’initiation des méristèmes floraux et d’environ 10 mm de
longueur
Figure 32 : Cinétique de développement inflorescentiel femelle (A) et mâle (B)
Figure 33: Stades de développement floral chez le palmier dattier.
Figure 34 : Analyse biométrique des boutons floraux après l’initiation de tous les primordiums des
organes floraux
Figure 35 : Analyse biométrique des boutons floraux après l’initiation de tous les primordia des
organes floraux au stade V (bisexuel).
Figure 36: histogramme d’aire moyenne des cellules des primordiums du gynécée des fleurs femelle
et mâle (a) ainsi que leur nombre moyen de cellules (b) au stade V
Figure 37: Développement de l’androcée chez les fleurs mâle et femelle
Figure 38: Développement du gynécée chez les fleurs femelle et mâle.
Figure 39 : La répartition des espèces selon le moment de l’arrêt des organes sexuels stériles
constitue un continuum (modifié d’après Dellaporta et Calderon-Urrea, 1993).
Figure 40 : Arbre mâle produisant des inflorescences à fleurs unisexuées et des inflorescences à fleurs
« bisexuelles ».
Figure 41 : Inflorescences mâles « bisexuelles».
Figure 42: Cinétique de développement des fleurs mâles « bisexuelles».
Figure 43 : Changement d’ordre de symétrie dans une fleur mâle « bisexuelle »
Figure 44 : Caractéristiques morphologiques et histologiques des fleurs mâles « hermaphrodites »
Figure 45 : Coupes histologiques des organes mâles des fleurs bisexuelles prélevées in vitro et in
planta
Figure 45 : Coupes histologiques des fleurs mâles in vitro
Figure 46: Fruits anormales produites par des individus femelles régénérés in vitro. On observe la
transformation des staminodes en pseudocarpelles comparables carpelles ou des
pseudocarpelles en forme de languettes et la perte de symétrie 3 par le verticille 4.
Figure 47 : Culture in vitro des fleurs mâle et femelle.
Figure 48 : Effet de la composition hormonale des milieux de culture sur l’évolution des fleurs mâles
et femelles en fleurs hermaphrodites en fonction de la taille des épillets. Composition des
milieux de culture.
Figure 49: Fleurs mâles cultivées en présence de 2,4-D (a), d’ANA (b) et de 5-azaC (c) et présentant
un développement carpellaire.
Figure 50 : histologies des fleurs mâles in vitro
Figure 51: Diverses perturbations du développement floral obtenu en condition in vitro.
Figure 52 : Coloration de l’ADN au DAPI sur des coupes longitudinales des fleurs de palmier dattier
à trois stades de développement.
Figure 53 : Observation des noyaux au DAPI sur des coupes longitudinales des organes floraux du
palmier dattier au stade VII.
Figure 54: Ultrastructure des cellules de la fleur femelle au stade VI (F1, a, c ) et au stade VII
(F2,b,d).
Figure 55: Ultrastructure des cellules de la fleur mâle au stade VI (M1 , e,g) et au stade VII (M2,f,h).
Figure 56 : Organites intracellulaires des cellules des organes sexuels stériles.
Figure 57 : analyse de l’hybridation in situ de l’expression du gène H4 dans des coupes longitudinales
des fleurs de palmier dattier à trois stades de développement (V, VI et VII).
Figure 58: Pattern de méthylation d’ADN des méristèmes floraux du palmier dattier à différents
stades de développement
Figure 59: Quantification du marquage de méthylation des résidus de cytosine de l’DN génomique au
niveau des primordia des organes sexuels fertiles (carpelles et étamines) et stériles
(staminodes et pistillodes) des fleurs femelles (A-B) et mâles (C-D) à deux stades de
développement IV (A-C) et V (B-D).
Figure 60 : Schéma de synthèse sur l’unisexualité des fleurs du palmier dattier

Liste des tableaux et des annexes

Tableau 1: Liste de 19 espèces du genre Phoenix regroupées par continent


Tableau 2 : Caractéristiques de chaque stade de développement de la datte
Tableau 3 : Différentes utilisations des fruits et sous-produits du palmier dattier
Tableau 4 : Différents systèmes de reproductions chez les plantes à fleurs
Tableau 5: Types de floraison des individus de palmier dattier à Djibouti
Tableau 6 : Accumulation d’amidon dans les organes reproducteurs du palmier dattier.
Tableau 7 : Principaux événements morphologiques observées au cours de la formation des fleurs
unisexuées chez le palmier dattier.

ANNEXE 1 : Différentes conditions hormonales pour les essais de culture in vitro des fleurs mâles
de palmier dattier.
ANNEXE 2 : Article Daher et al., 2010
SOMMAIRE

Introduction bibliographique .......................................................................................................................... 1


MATERIELS ET METHODES ........................................................................................................................ 42

CHAPITRE 1 : LE DEVELOPPEMENT REPRODUCTEUR DU PALMIER DATTIER ............................. 48

I. FLORAISON DU PALMIER DATTIER ............................................................................................................... 49

A. L’INDUCTION DE LA FLORAISON ........................................................................................................................ 49


B. CINETIQUE DE DEVELOPPEMENT DES INFLORESCENCES .......................................................................................... 55

II. DISCUSSION ........................................................................................................................................... 61

CHAPITRE 2 : ETUDE DU DEVELOPPEMENT FLORAL .......................................................................... 64

I. LA MORPHOGENESE DE L’INFLORESCENCE ............................................................................ 65

A. L’ORGANISATION DE LA STRUCTURE DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR ...................................................... 65


B. LA STRUCTURE D’UN BOURGEON INFLORESCENTIEL ................................................................................. 65
C. LA STRUCTURE DE LA JEUNE INFLORESCENCE APRES LA MISE EN PLACE DES AXES DE CROISSANCE
SECONDAIRES .................................................................................................................................................... 68
D. LE DIMORPHISME INFLORESCENTIEL ......................................................................................................... 68

II. LA MORPHOGENESE FLORALE .................................................................................................... 69

A. STADES DE DEVELOPPEMENT DE LA FLEUR ............................................................................................... 69


B. LA MISE EN PLACE DU DIMORPHISME SEXUEL DES FLEURS........................................................................ 76
C. LA DIFFERENCIATION DES ORGANES REPRODUCTEURS MALE ET FEMELLE ................................................ 80
1. Le développement de l’androcée des fleurs mâle et femelle ................................................................................. 80
2. Développement du gynécée des fleurs femelle et mâle .......................................................................................... 83

III. DISCUSSION ................................................................................................................................... 86

CHAPITRE 3 : LES VARIATIONS DE LA MORPHOGENESE FLORALE……………………………………………….90

I. VARIATION FLORALE IN PLANTA ................................................................................................ 91

A. FLEURS MALES « BISEXUELLES » IN PLANTA ............................................................................................. 91


B. FLEURS FEMELLES PRESENTANT DES CARPELLES SURNUMERAIRES IN PLANTA ......................................... 96

II. VARIATION FLORALE IN VITRO ................................................................................................... 99

A. CULTURE IN VITRO DES FLEURS MALES..................................................................................................... 99


B. CULTURE IN VITRO DES FLEURS FEMELLES ............................................................................................ 106

III. DISCUSSION ................................................................................................................................. 107


CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES PROCESSUS CELLULAIRES ASSOCIES A
L’UNISEXUALITE………………………………………………………………………………………………………………………..110

I. ABSENCE DE DEGENERESCENCE CELLULAIRE DANS LES ORGANES SEXUELS


STERILES .................................................................................................................................................. 112

A. ETAT DES NOYAUX DES CELLULES DES ORGANES FERTILES ET STERILES ..................................................................... 112
B. INTEGRITE DES ORGANITES INTRACELLULAIRES DES CELLULES DES ORGANES FERTILES ET STERILES .... 114

II. L’ARRET DES DIVISIONS CELLULAIRES DANS LES ORGANES SEXUELS STERILES ..... 119

A. ARRET DES DIVISIONS DANS LES PRIMORDIA DES STAMINODES DE LA FLEUR FEMELLE .......................... 119
B. ARRET DES DIVISIONS DANS LES PRIMORDIA DES PISTILLODES DE LA FLEUR MALE ................................ 120

III. ROLE DE LA METHYLATION DANS L’UNISEXUALITE FLORALE ................................... 122

IV. SYNTHESE .................................................................................................................................... 126

V. DISCUSSION ..................................................................................................................................... 128

CONCLUSIONS GENERALES ET PERSPECTIVES ...................................................................................... 137

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .............................................................................................................. 139

ANNEXE. ................................................................................................................................................................ 141


Introduction bibliographique

I. Le palmier dattier

A. La présentation de la plante

Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) est une plante pérenne de la famille des Arecaceae
(figure 1). Cultivé depuis plus de 4000 ans, le palmier demeure une ressource vitale dans les
zones arides et semi-arides du globe. Il fut propagé en dehors de son aire de culture non
seulement pour ses fruits mais aussi pour ses intérêts culturels et ornementaux.
La première description du palmier dattier est le fruit du travail du botaniste suédois Linné
qui, en 1753, attribue le nom botanique de Phoenix dactylifera (Munier, 1973). Son nom de
genre Phoenix dérive de phoinix, nom donné à cette plante par les grecs de l’antiquité qui le
considéraient comme l’arbre des phéniciens (un peuple à la peau de couleur rouge foncé, de
tradition phoenicicole et originaire du pays de Pount ou corne de l’Afrique). Une autre origine
du nom de Phoenix fait allusion à un oiseau mythique égyptien, le phénix, qui renaît de ses
cendres après l’incendie, comme se régénère le palmier après le passage d’un feu
(Ouennoughi et al., 2005). Son nom d’espèce dactylifera comprend les mots latins dactilus
signifiant doigt par référence à la forme des fruits semblables à des doigts et fera signifiant
« je porte ». Cette appellation fait référence aux phéniciens, porteurs de dattes, qui auraient
participé à la diffusion de la culture du palmier dattier au sein de la Mésopotamie.
Le palmier dattier est le nom commun en français de cette plante. Il est aussi appelé nakhil en
arabe, timir en afar et en somali (en référence au nom du fruit).

B. L’origine
L’origine géographique précise du palmier dattier parait très controversée. Elle fait l’objet de
plusieurs hypothèses. Selon Munier (1973), le palmier dattier résulterait de l’hybridation de
plusieurs types de Phœnix et sa domestication aurait eu lieu dans la région orientale du
Sahara. Cependant, des travaux de Zohary et Hopf (1988) ont rapporté l’existence d’un
ancêtre sauvage du palmier dattier, qui serait localisé dans la région méridionale chaude et
sèche du Proche Orient, au Nord Est du Sahara et au Nord du désert d’Arabie. Des travaux
plus récents ont montré que le palmier dattier proviendrait de la domestication d’une
population sauvage de la même espèce (Pintaud et al., 2010). Sur la base d’études
1
archéobotaniques, la domestication du palmier dattier remonterait vers 6000 ans avant J.C.
dans la région du Golf Persique comme témoignent des fossiles de graines trouvées dans la
région de Dalma aux Emirats (Newton et al, 2008). Cette domestication serait associée à la
naissance des premières civilisations agricoles du croisant fertile, entre la Mésopotamie et
l’Egypte, vers 4000 ans avant JC. Depuis ce lieu d’origine, la culture du palmier dattier s’est
étendue vers l’Est et vers l’Afrique orientale (XVe siècle) et du nord (XIe siècle). Dès le XXe
siècle, le palmier dattier est introduit en Amérique et en Australie. Sa propagation s’est
effectuée en suivant plusieurs voies : par les navigateurs arabes, par la colonisation et par les
anciennes transactions commerciales où les dattes étaient utilisés comme monnaie d’échange
(Ouennoughi et al., 2005).

2
Figure 1 : Un palmier dattier en fructification

Figure 2 : Représentation schématique du palmier dattier (d’après Munier, 1973)

3
C. Systématique

1. Le genre Phoenix

Le genre Phoenix appartient à la famille des Arecaceae (anciennement Palmaceae), de l’ordre


des Arecales. La famille des palmiers est l’une des plus importantes des monocotylédones et
une des plus anciennes des angiospermes (Dransfied et al., 2008). Elle a aussi la particularité
de détenir de nombreux records d’ordre morphologiques. Les palmiers possèdent les feuilles
les plus grandes du règne végétale (jusqu’à 15 m), les inflorescences les plus longues (environ
5 m), parmi les fruits les plus gros (environ 18 kg) et les graines les plus grosses (Lodoica
Maldivica) (Dransfield et al, 2008).
La famille des Arecaceae comprend environ 2500 espèces présentant des morphologies
diverses (Dansfield et al., 2008). Moore (1973) subdivise les palmiers en 15 groupes
taxonomiques distincts sur la base des caractères morphologiques des feuilles, des fleurs et de
leur répartition géographique. Le genre Phoenix est inclus dans le groupe des palmiers
Phoenicoïdés. Pour Moore et Uhl (1973), les Phoenicoïdés partagent, entre autres, certains
caractères reproducteurs, comme des inflorescences interfoliaires, fleurs sessiles et trimères,
et gynécée apocarpique, avec le groupe des Coryphoïdés, ce qui explique leur étroite
proximité phylogénétique.
Dans une nouvelle classification basée à la fois sur l’analyse de données morphologiques et
de séquences de l’ADN nucléaire, Asmussen et al. (2006) ont proposé une subdivision de la
famille des Arecaceae en cinq sous–familles au lieu des six présentés dans les travaux
antérieurs de Dransfield et Uhl (1998) : Coryphoideae, Calamoideae, Nypoideae,
Ceroxyloideae et Arecoideae. Le genre Phoenix est ainsi classé actuellement dans la sous
famille des Coryphoideae Griffith. Les espèces de Phoenix sont caractérisées par des longues
feuilles pennées dont les folioles de la base sont modifiées en épines.

4
2. Les espèces de Phœnix

Le genre Phoenix comprend 12 espèces botaniques reparties depuis l’Asie du Sud (Indonésie,
Philippines) jusqu’aux îles Canaries en passant par la Chine, l’Inde, le Moyen-Orient et
l’Afrique (Dransfield et al., 2008 ; Moore 1973). Kaci-Aissa Benchaba (1988) a proposé de
ramener le nombre d’espèce à 12 compte tenu des fortes similitudes constatées entre plusieurs
espèces d’appellations différentes, comme P. canariensis et P. atlantica. La confusion sur le
nombre exact d’espèces réside non seulement dans la difficulté de distinguer les espèces entre
elles, mais également dans le fait que tous les Phœnix possédant 36 chromosomes peuvent
s’hybrider très facilement entre eux (Kaci-Aissa Benchaba, 1988 ; Munier, 1973). Ainsi, il a
été rapporté l’existence de nombreux hybrides naturels ou effectués intentionnellement : c’est
le cas de Phoenix dactylifera L. x Phoenix reclinata Jacq. (Sénégal) ; Phoenix dactylifera L. x
Phoenix canariensis B. Chab. (Algérie, Maroc).

Tableau 1: Liste de 19 espèces du genre Phoenix regroupées par continent

Phoenix africains Phoenix asiatiques Phoenix européens

atlantica, A.Chev. acaulis, Bush. theophrasti, Grenter


dactylifera L. dactylifera L. dactylifera L.
baoulensis, A. Chev. arabica, M. Burret
caespitosa, Chiov farinifera, W. Roxb.
canariensis, B. Chab. humilis, Royle
comorensis, O. Becc. paludosa, W. Roxb.
djalonensis, A. Chev. reobelinii, O’Brien
dibowskii, A. Chev. rupicola, T. Anderson
reclinata, Jacq. sylvestris, W. Roxb.
spinosa, Thonn. zeylanica, H. Trimen

La majorité des espèces de ce genre (Tableau 1) présente de multiples intérêts d’ordre


économique et ornemental. Elles sont utilisées comme source de fibres textiles, d’amidon, de
sucres ainsi que d’huile et de chaume. Six espèces (P. dactylifera, P. canariensis, P.
reclinata, P. farinifera, P. humilis et P. acaulis) sont cultivées pour leurs fruits comestibles.
Les deux espèces les plus connues sont le Phoenix dactylifera, le vrai dattier, et le Phoenix
canariensis, le " faux " dattier des Canaries, utilisé pour son intérêt ornemental dans de
nombreux pays du monde.

5
D. Botanique
Le palmier dattier est une monocotylédone arborescente considérée comme une herbe géante
pour ses caractéristiques morphologiques. On distingue quatre parties : le stipe, les racines, les
feuilles et l’appareil reproducteur (figure 2).
1. Le stipe
Le stipe du palmier dattier est un axe orthotrope monopodial et cylindrique issu du méristème
apical de l’embryon zygotique, dont l’activité végétative est indéfinie durant toute la vie de la
plante (figure 2). Ce seul bourgeon terminal (apex ou phyllophore) assure la croissance de
plante. La hauteur du stipe augmente avec l’âge et peut atteindre plus de 30 m. Le stipe est
constitué d’un parenchyme amylifère dans lequel les faisceaux vasculaires sont distribués de
façon dense dans la région corticale lignifiée et plus lâche dans la région centrale
(Bouguedoura, 1991). Ces faisceaux sont entourés d’un tissu fibreux assurant souplesse et
résistance au tronc. Le diamètre du tronc est établi grâce à la présence dans la zone apicale
d’un méristème épaississeur primaire qui est responsable non seulement de son élargissement
mais aussi de l’épaississement des feuilles et de l’allongement des entrenœuds (Bouguedoura,
1991). Le méristème épaississeur fonctionne durant les premières années de la vie du jeune
arbre puis cesse de proliférer. Le stipe a atteint alors son diamètre définitif tout en
s’allongeant vers le haut. Du fait de cette absence d’épaississement en largeur avec le temps,
les palmiers ne forment pas de véritables troncs contenant du bois mais des tiges géantes. Le
diamètre moyen du stipe adulte est d’environ 60 cm, mais il peut présenter des zones de
rétrécissements, conséquences d’une perturbation de la croissance suite à une période de
sécheresse ou de froid (Munier, 1973).
Le stipe du palmier dattier demeure droit et élancé, avec une couronne de feuilles à son
sommet. Il présente également des ramifications axillaires d’ordre I situées principalement à
sa base et très rarement en hauteur. Les ramifications de base sont appelés rejets et celles en
hauteur gourmands. Les gourmands ont un développement limité et une floraison très
difficile, alors que les rejets présentent une croissance indéfinie et peuvent fleurir et produire à
leur tour de nouvelles ramifications basales. Ainsi, la morphologie du palmier dattier peut être
représentée par le modèle architectural de TOMLINSON (figure 3).

6
2. Les feuilles

Les feuilles, longues de plus de 6 m, forment la couronne du palmier dattier au sommet du


stipe. Leur nombre varie de 100 à 200 pour un palmier adulte en bonne végétation (Munier,
1973 ; Peyron, 2000). Le palmier dattier produit trois sortes de feuilles au cours de sa vie :
juvéniles, semi-juvéniles et adultes (figure 4; Bouguedourra, 1991).
− Les feuilles juvéniles s’observent chez les jeunes plants âgés de moins de 2 ans. Au
nombre de 10 à 12, elles sont constituées d’un rachis engainant et d’un limbe entier,
lancéolé et plissé (chaque pli correspondant à une nervure médiane).
− Dès la troisième année du développement de la plante se produit une segmentation
partielle du limbe en folioles. Les folioles de la base de la feuille ont déjà l’aspect
d’épines. Ces feuilles sont considérées comme des feuilles semi-juveniles.
− Les feuilles adultes, appelées palmes, sont formées d’un limbe complètement
segmenté en folioles disposées en paripennés le long du rachis. Chaque foliole est
pliée longitudinalement en gouttière (folioles indupliquées). Les folioles inférieures
sont transformées en épines plus ou moins dures et longues. La base du rachis ou
pétiole est large et engainante (figure 5). La gaine, constituée d’un tissu fibreux, le
fibrillum (tissage végétal), recouvre le tronc du palmier.
Les palmes adultes demeurent actives durant trois à sept ans selon la variété et le mode
cultural (Peyron, 2000). Puis, elles se dessèchent et tombent en laissant sur le tronc une
cicatrice correspondant aux bases pétiolaires, lesquelles servent de protection et d’escalier
pour grimper sur le palmier lors de la pollinisation ou de la récolte.
La longueur et le nombre de feuilles varient en fonction des cultivars et des conditions
agroclimatiques. Elles constituent des descripteurs morphologiques variétaux.

3. Les racines

Le système racinaire du palmier dattier est de type fasciculé - disposé en faisceaux de racines
très peu ou pas ramifiées – (figure 6). On distingue trois types de racines selon leur
profondeur et leur fonction :
- Les racines respiratoires: localisées au pied de l’arbre, elles comprennent les racines
aériennes adventives (0 à 150 cm au dessus du sol) et les racines de la couche superficielle du
sol (0 à -20cm). Munies de nombreuses structures aérifères, ces racines jouent un rôle

7
Figure 3: Modèle architectural de TOMLINSON

A B C

Figure 4 : Différents types de feuilles produites par le palmier dattier au cours de son cycle de
développement. a : feuille juvénile, b : feuille semi juvénile, c : feuille adulte ou palme
(d’après Bouguedoura, 1991)

Figure 5: Détail de la base d’une palme détaché e du stipe


8
important dans les échanges gazeux avec le sol (Bouguedoura, 1991). Leur développement est
affecté par les sols asphyxiants, comme les sols limoneux ou argileux.
- Les racines nutritives : elles se développement de façon plus profonde et plus étendue
horizontalement, entre 20 cm à 1 m. Elles sont pourvues de nombreuses radicelles et
constituent la plus forte proportion du système racinaire.
- Les racines d’absorption : ce sont les racines de profondeur (de 1 m à 17 m) ayant pour
fonction de chercher l’eau. Leur taille est fonction de la nature du sol et de la profondeur de la
nappe phréatique, le palmier dattier étant une plante phréatophile. Le pivot des racines
d’absorption peut atteindre 17 mètres de profondeur (Peyron, 2000).
Le développement et l’importance du système racinaire dépendent du mode de culture, des
caractéristiques physico-chimiques du sol, de la profondeur de la nappe phréatique mais aussi
du cultivar. Toutes les racines sont liées au système vasculaire au niveau de la base du stipe.

E. Le cycle de développement

Le développement du palmier dattier se caractérise par trois phases distinctes (figure 7):
- une phase juvénile : durant ses 2 premières années, la plante porte des feuilles
juvéniles sans produire des bourgeons axillaires
- une phase végétative : de la 3ème année jusqu’ à l’apparition de la première floraison.
Chez un plant issu de semis, la première floraison peut survenir entre la 5ème et la 8ème
année de plantation alors que, chez un vitroplant, elle est beaucoup précoce et se
produit dès la 4ème année, après émission d’une dizaine de palmes actives. Les
palmiers portent des feuilles adultes à l’extérieur et des feuilles juvéniles au niveau de
l’apex. Les feuilles adultes portent à leur aisselle une production très hétérogène de
bourgeons axillaires de type stérile (figure 8a) et de type végétatif (figure 8b) à
l’origine des rejets et des gourmands.
- une phase reproductive qui s’étend de la première floraison jusqu’à la fin de la vie de
la plante. La majorité des palmes photosynthétiques portent des bourgeons axillaires
inflorescentiels. Quelques rares bourgeons végétatifs fonctionnels (rejets ou
gourmands) peuvent être produits.
L’ensemble des bourgeons axillaires dérivent d’un bourgeon indéterminé, structure originelle.
Ce bourgeon indéterminé issu d’un méristème d’ordre II présente un haut potentiel
morphogénétique. La présence de ces différents types de bourgeons dépend de l’âge la plante

9
Figure 6 : Différents types de racines rencontrées chez le palmier dattier (d’après Peyron,
2000)

Figure 7: Schéma illustrant les différentes phases du cycle développement du palmier dattier
(d’après Bouguedoura, 1991). R : réjet ; G : gourmand ; I : inflorescence ; BI : bourgeon
inflorescentiel ;

10
et des conditions d’environnement. Le ratio bourgeons végétatifs / bourgeons inflorescentiels
décroit avec le vieillissement du palmier (Ferry, 2003; Jahiel,1996,).

F. L’appareil reproducteur

Le palmier dattier commence à fleurir après une longue phase juvénile, entre 5 et 8 ans après
la germination des graines dans des conditions de culture favorables. La floraison est
généralement annuelle et dure durant toute la vie de la plante. Les organes reproducteurs ou
inflorescences naissent du développement des bourgeons axillaires situés à l’aisselle des
palmes adultes. les inflorescences mâle et femelle de palmier dattier (figure 9), dont la
longueur peut atteindre plus de 1m, sont composées d’un axe, la hampe ou (d’un point de vue
botanique) le rachis, sur lequel sont insérés de nombreux épillets (rachillae) portant des fleurs
sessiles (sans pédoncules). L’ensemble est enveloppé dans une grande bractée ligneuse ou
spathe qui s’ouvre à maturité, permettant l’épanouissement de l’inflorescence.
Le palmier dattier est une espèce dioïque car les inflorescences mâles et femelles sont portées
par des individus différents. Avant l’ouverture, la forme des spathes permet de reconnaitre le
sexe des inflorescences. Les spathes mâles (figure 9b) demeurent plus courtes et plus renflées
que les spathes femelles (figure 9a). Les fleurs mesurent environ 50 mm et se distinguent, à
maturité, par leur forme et leur couleur. Les fleurs mâles ont une forme légèrement allongées
et de couleur blanche ivoire persistante. A maturité, elles attirent de nombreux insectes,
particulièrement les abeilles. Les fleurs femelles, inodores, se caractérisent par leur forme
globulaire et leur couleur entre l’ivoire et le vert clair, laquelle s’estompe après l’ouverture
des spathes.
L’agencement des pièces florales est conforme à l’organisation trimérique des
Monocotylédones (figure 10):
- Fleur mâle : trois sépales, trois pétales, 2 verticilles de 3 étamines et 3 pseudo-carpelles ou
pistillodes
- Fleur femelle : trois sépales, trois pétales, 2 verticilles de 3 staminodes et 3 trois carpelles.

11
Figure 8: bourgeons axillaires d’une palme adulte. A : bourgeon stérile, B : bourgeon
végétatif

A B

Figure 9 : Inflorescences femelle (A) et mâle (B) du palmier dattier

12
G. La pollinisation

La pollinisation est effectuée soit naturellement par le vent ou les insectes1 dans les jardins
oasiens familiaux et dans les palmeraies spontanées, soit artificiellement par les exploitants
qui placent quelques épillets de fleurs mâles (1 à 12) au sein des épillets femelles (figure 11)
(Enaimi et Jafer, 1980). Dans les plantations industrielles, la pollinisation est mécanisée
(poudre de pollen diluée avec du talc ou de la cendre de bois tamisé afin d’améliorer la
nouaison (Monciero, 1954, 1961 ; Ben-Abdalla, 1990).
A l’ouverture des spathes, le pollen des fleurs mâles est mature et peut se conserver pendant
plusieurs années, à condition que l’on garde dans un endroit sec, frais et à l’abri de la lumière
afin de préserver la qualité de son pouvoir germinatif.
Des études de pollinisation ont montré l’absence d’incompatibilité pollen / carpelle chez le
palmier dattier (Ben-Abdalla, 1990 ; Leroy, 1958). Cependant, tous les pollens n’ont pas la
même capacité de fécondation. Le pourcentage de nouaison dépend de la qualité du pollen, du
cultivar et des conditions de température et d’humidité régnant lors de la pollinisation. La
nouaison est maximale (90 à 100%) lorsque la pollinisation est effectuée dès l’ouverture de la
spathe femelle. Elle décroit ensuite car la réceptivité des fleurs femelles est limitée à une
semaine au maximum (Leroy, 1958).

La fructification
La fleur femelle fécondée évolue en fruit, les dattes (figure 12). Au cours de cette évolution
vers la maturité, le jeune fruit passe par des stades distincts dont les caractéristiques sont
sommairement résumées dans le tableau 2.

1
Le palmier dattier a toujours été cité comme plante présentant une pollinisation entièrement anémogame.
Cependant, nous avons constaté que de nombreuses abeilles viennent envahir les inflorescences mâles dès
l’éclatement jusqu’à l’épuisement du pollen en deux jours. Il n’existe pas de caractère évident d’anatomie
florale caractéristique de l’entomogamie, contrairement à beaucoup d’espèces de palmier (Uhl, 1977).
L‘importance de cette entomogamie putative reste à évaluer chez le dattier.

13
pistillodes

Figure 10 : Diagramme florale des fleurs du palmier dattier.

Figure 11 : Pollinisation des fleurs femelles dans une palmeraie de Djibouti. A : pollinisation
manuelle ; B : épillets mâles placés au sein de l’inflorescence femelle.

Figure 12: Stade de développement de la datte (d’après Munier, 1973)

14
Tableau 2 : Caractéristiques de chaque stade de développement de la datte

Stade Stade I Stade II Stade III Stade IV Stade V


Loulou Khalal Bser Routab Tamar
Durée en 1 5 à 17 17 à 25 25 à 28 29
semaines
Couleur entre verte vert vif jaune ou rouge rouge foncé
clair et blanc rouge ou noir
cassé
Forme sphérique sphérique ovoïde ou allongée allongée
allongé
Taille et poids léger grossissement diminution de diminution de teneur
grossissement et croissance la teneur en la teneur en résiduelle
des fruits maximales eau eau finale en eau
jusqu’ (variable
atteindre la selon les
taille d’un cultivars)
petit pois
Sucres et autres Légère Importante Accumulation Concentration Datte mature
constituants accumulation accumulation maximale des des
(minéraux, de sucres de sucres sucres et des constituants
vitamines, autres
fibres et tanins) composés
Consistance dure Demi-molle Molle Sec, molle,
demi-molle
Graine Petit noyau Noyau plus Graine Graine
(embryon) allongé et allongé et dur mature et très mature et très
tendre dur dur

Figure 13: Structure de la datte. A : dattes. B : structure. (d’après Munier, 1973)

15
Selon les cultivars et les conditions climatiques, la durée de fructification est de 120 à 200
jours (Munier, 1973). Durant cette période, l’obtention des dattes matures exige une quantité
importante de chaleur (ou indice thermique2) et une hygrométrie basse.
La datte ou fruit mature est une drupe avec un mésocarpe charnu et fibreux entourant la graine
(figure 13). Elle sera d’autant plus appréciée et recherchée que le rapport de la chair sur la
graine est élevée et que sa maturation se produit plus tôt : ces critères d’intérêt agronomique
sont fortement tributaires de la métaxénie3 ainsi que des conditions climatiques de
fructification (Nixon, 1934).
Il est possible de rencontrer des dattes sans graine (dattes parthénocarpiques) qui résultent de
la transformation de la fleur non fécondée. Les dattes parthénocarpiques (trois carpelles
développées) sont très fragiles et ne présentent aucune valeur commerciale, du fait qu’elles
atteignent difficilement le stade Tamar. Les phoeniciculteurs ne leur accordent donc que peu
d’intérêt.
Des analyses physico-chimiques effectuées sur la datte mature montrent que la pulpe ou chair
se compose (Estanove, 1990) :
- d’eau : 5 à 40 %
- de sucres réducteurs (glucose et fructose) ou non réducteurs (saccharose) : 50 à 95%
- et autres constituants (protéines, lipides, vitamines, fibres, et sels minéraux) : 2 à 35 %
Selon la teneur en eau et les proportions sucres réducteurs/sucres non réducteurs, on distingue
quatre classes de dattes de qualité différentes (figure 14). Ces variations de qualité de dattes
sont à mettre en relation aux différentes variétés ainsi que leurs provenances ou origines
géographiques.

H. Répartition géographique du palmier dattier et production mondiale

Le palmier dattier est cultivé sur une vaste zone s’étendant du 44° parallèle Nord (SanRemo,
Italie) jusqu’à 33° Sud (Petrabore, Australie). L’aire de prédilection du palmier dattier se situe
principalement entre le 24° et le 35° Nord. Sur un patrimoine phoenicicole couvrant 1 264
611 ha, environ 98 % (soit 1 257 649 ha) correspondent aux zones arides et semi-arides
d’Asie (67 %) et d’Afrique (31 %) (figure 15). Ces régions sont composées essentiellement de

2
Indice de chaleur correspond à la somme des températures journalières moyennes pendant la période de fructification.
Elle est variable selon le cultivar et les régions du monde (Munier, 1973).

3
La métaxénie correspond à l’effet direct du pollen sur le développement de la datte (forme, grosseur
(pulpe/noyau), couleur) ainsi que sur la précocité ou le retard de sa maturation.

16
Figure 14 : Classification des dattes selon leur teneur en eau et en sucres (d’après Estanove,
1990). Plus la datte est grosse et plus elle contient de saccharose, meilleure est sa qualité. S :
saccharose, G : glucose, F : fructose.

17
pays arabo-musulmans (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats, Iran, Iraq, Kuwait, Oman,
Pakistan, Yémen, Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie) lesquels se partagent la majeure
partie de la production mondiale des dattes (estimé à 7 millions de tonnes en 2008). Les pays
du Moyen-Orient et d’Asie mineure totalisent 67 % de la production totale suivi des pays
d’Afrique du Nord avec 36 %, c’est une production à caractère traditionnelle et culturelle
(Figure 15 ; Faostat, 2008).
Le palmier dattier est cultivé à moindre degré dans d’autres régions désertiques d’Afrique
notamment au Sahel, région sub-saharienne allant de Sénégal à Djibouti. La limite
méridionale de l’aire de culture en Afrique serait située vers la Namibie et l’Afrique du Sud.
Dans toutes ces régions intertropicales, la culture du palmier dattier est présente sous forme de
peuplements oasiens caractérisés par une faible productivité.
Le palmier dattier se rencontre :
- En Amérique principalement aux Etats-Unis (Californie, Arizona, Texas) et au
Mexique, au chili et au Perou
- En Australie (au Queensland, Northern Territory)
Dans ces régions, la création récente de grandes plantations de dattier est
exclusivement à vocation commerciale.
- En Europe, particulièrement en Espagne (Elche) et Italie (Bordighera, SanRemo).
Dans ces régions, la culture du palmier dattier est marginale (hormis en Israël où
existent des plantations industrielles). Les dattes ne murissent pas ou partiellement à
cause des conditions climatiques inférieures au seuil de coefficient thermique
nécessaire pour la maturation. Ainsi le dattier est plutôt cultivé comme plante
ornementale et est associée à des pratiques religieuses ou traditionnelles

I. La consommation

L’essentiel de la production mondiale est consommé par les pays producteurs, qui constituent
ainsi le principal marché de la datte. Les niveaux de consommation varient très largement
d’un pays à un autre. Ce sont les pays du Moyen-Orient qui enregistrent la plus forte
consommation, suivi par l’Afrique du Nord et quelques pays sahéliens.
Les dattes sont préférentiellement consommées à l’état naturel dans 90% des cas et le reste
(10%) est consommé après transformation en sirop, farines, gâteaux, etc.… (Chetto et al.,
2005). Le pic de consommation se situe aux moments festifs notamment le Ramadan, les fêtes
religieuses, les festivités et lors de la récolte des dattes (Chetto et al., 2005).

18
Figure 14 : Répartition géographique du palmier dattier (d’après Branton et Blake, 1989)

Figure 15 : Principaux pays producteurs de dattes. Le tableau représente la production annuelle de


dattes en milliers de tonnes par pays.

19
J. Les multiples intérêts socio-économiques et culturels

1. Intérêt agro-écologique
Le palmier dattier s’est adapté aux conditions extrêmes des régions chaudes et arides du
globe. Selon le vieil adage arabe, « le palmier vit le pied dans l’eau et la tête au feu du
soleil ». Avec un maximum d’activité végétative se situant autour de 38°C, il ne produit des
fruits que lorsqu’il reçoit suffisamment d’eau. Le palmier s’accommode de sols très pauvres
mais à condition qu’ils soient suffisamment drainants pour limiter la toxicité des sels comme
les chlorure de sodium ou de magnésium. A noter que le palmier dattier peut tolérer jusqu’à
15 g/l de chlorures de sodium, au-delà il dépérit et ne produit plus.
Force est de constater que cette espèce, par sa faible exigence en ressources hydriques, et en
terre fertile, pousse là où d’autres espèces ne peuvent se développer. De plus, il crée en
dessous de lui un microclimat autorisant le développement des cultures sous-jacentes. Dans
les oasis où la disponibilité en eau et terres arables est satisfaisante, on peut observer une
stratification des cultures en trois étages : en hauteur les palmiers dattier puis les arbres
fruitiers et enfin les cultures basses (céréales et maraîchage). Ainsi, le palmier constitue
l’ossature de l’écosystème oasien de régions arides.

2. Intérêt socio-économique
Le palmier dattier produit annuellement des dattes, fruits mielleux qui constituent l’aliment
vital pour les populations du désert. Sa haute valeur énergétique (300 Kcal, 5 fois l’orange et
4 fois le raisin), sa richesse en fibre, en minéraux et en vitamines (A, B) font de la datte un
aliment d’un grand intérêt nutritif. Sur le plan pharmaceutique, les dattes pourraient être
utilisées comme calmants contre les insomnies et les ballonnements. Des suspensions de
pollen de palmier dattier sont traditionnellement utilisées contre l’infertilité masculine dans
l’ancienne Egypte dans les contrées du Golfe persique (Belmanpour et al, 2006).
Le palmier dattier fournit aux oasiens en complément de cheptel, une gamme très large de
produits vitaux. En effet, toutes les parties de la plante sont valorisées (tableau 3.).

20
Tableau 3 : Différentes utilisations des fruits et sous-produits du palmier dattier

Partie de l’arbre Ses utilisations


Dattes Consommation humaine (dattes nature, sous forme
transformée, aliment pour le bétail (déchets des dattes et les
noyaux) ; biocarburant
Palmes Bois de chauffage, ombrage, clôture
Folioles (fig.) Vannerie, cordes, aliment pour le bétail, cure-dents (épines)
Rachis Bois de chauffage, fibres
Spadices Cordes et bois de chauffage
Lif Cordes, couffins, filets
Stipe Bois de chauffage et d’œuvre (menuiserie, canaux d’irrigation)
Cœur de palmier Nourriture
Sève Boisson
Pollen Médicaments

3. Intérêt culturel
Le palmier dattier a bénéficié auprès de générations successives d’hommes, de beaucoup
d'admiration, d'estime et de louanges. En terre d’Islam, le palmier dattier jouit d’une
considération singulière. Il est l’ami sincère de l’homme, son allié et son compagnon de tout
le temps lors que tous les autres végétaux s’éclipsent devant l’immense agressivité de
l’environnement. Le palmier demeure un don du ciel, un arbre béni. Ses fruits sont la denrée
la plus convoitée par les jeûneurs pour son caractère sacré et pour sa valeur nutritionnelle.
Dans la Bible, le palmier dattier est riche de bénédictions divines. C’est ainsi qu’on rapporte
que l'enfant chrétien portant dans sa septième année un collier de sept noyaux de dattes
enfilées sur un fil rouge ne sera jamais victime d'injustice tout au long de sa vie. Enfin, le
palmier dattier est sans conteste l'un des supports les plus importants du symbolisme. Il est
l'image naturelle de la solidité et de la force et de la victoire. Il constitue un signe de
reconnaissance social et un facteur déterminant de l’identité oasienne.

4. Intérêt économique
Les dattes constituent la principale production de rente des palmeraies. Elles font l’objet d’un
marché international important par son volume et par les revenus en devises qu’elles
permettent d’obtenir pour les pays exportateurs (Grenier et al, 1998). Bien que la production
dattière représente 1% du PNB pour les principaux producteurs, la datte occupe une place
importante dans les productions fruitières des régions arides et arides. La production de datte
détient le cinquième rang après les olives, les agrumes, les rosacées, les raisins au Maroc

21
(Harrak et al, 2001). En Tunisie, elle constitue la troisième exportation agricole (Greiner,
1998). Le marché de la datte reconnait un regain d’intérêt avec les produits de transformation.
Ainsi de nouveaux produits à haute valeur ajoutée sont développés, parmi lesquels on
distingue le milk-shake, les glaces, les biscuits aux dattes, les confitures et surtout le nakhoil,
un bioethanol à base de dattes. Ce sont autant d’initiatives qui pourraient entraîner une
extension de la culture du palmier dattier. Du fait de ses intérêts socio-économiques multiples
et de sa bonne adaptation aux conditions sahéliennes, plusieurs pays dont le Mali, le Niger, le
Sénégal et Djibouti ont placé le développement de la phoeniciculture comme priorité
nationale, pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations les
plus vulnérables.

K. Les limites

Le développement de la phoeniciculture est menacé par différents facteurs abiotiques tels que
la désertification, l’ensablement et la salinisation ou les sécheresses récurrentes. Il est
également freiné par l’apparition de différents ravageurs (cochenille blanche, pourriture de
l’inflorescence, pyrale des dattes, maladie de la feuille cassante et enfin le Bayoud) (Ben
Abdallah, 1990). La propagation inquiétante de certains ravageurs comme le charançon rouge
(Rhyncophorus ferrugineus) est facilitée par le commerce mondial des palmiers d’ornement et
le non-respect des périodes de mise en quarantaine (Rochat et al, 2006).

L. La multiplication du palmier dattier


1. La reproduction asexuée
 Par rejets
C’est la voie de propagation végétative la plus utilisée pour la création de nouvelles
palmeraies. La reproduction par rejet permet une conservation des caractères génétiques du
pied mère. Elle assure une homogénéité du sexe, de la variété, de la vigueur et de la qualité
des fruits. La production des rejets dépend de l’âge de la plante et du cultivar. Les rejets sont
produits pendant la phase juvénile de la plante (5 à 15 ans) et leur nombre varie de 5 à 30 par
individu (AboEl-nil et al, 1986 ; Bouguedoura, 1991).
Ce mode de multiplication conforme s’avère limitant pour la création des palmeraies
intensives et pour les programmes d’amélioration génétique du fait :
- de la méthode laborieuse et couteuse
- du nombre de rejets limité

22
- du risque de transmission de maladies
- de la nécessite d’un savoir-faire pour le sevrage et la transplantation des rejets (Al-Khayri et
al, 2001).
 Par culture in vitro
Pour contourner les faiblesses des techniques traditionnelles de reproduction (faible nombre
de rejets, transfert de maladies,..) et pour mieux répondre à la demande croissante en plants
pour le renouvellement et l’extension des palmeraies, le recours aux méthodes de
multiplication végétative in vitro demeure la seule alternative permettant la multiplication en
masse et la diffusion rapide des cultivars aux phœniciculteurs. Depuis 1970, de nombreux
travaux de recherche ont été entrepris qui ont permis de proposer différentes stratégies de
clonage in vitro par organogenèse (Rhiss et al. 1979 ; Drira et al, 1985 ; Ferry, 2001) et par
embryogenèse somatique (Fki et al, 2003 ; Sané et al, 2006). De nombreuses variétés de
palmiers dattiers à haute valeur marchande ont été ainsi multipliées aussi bien par
embryogenèse somatique que par organogenèse.
Aux cours des dernières années, plusieurs auteurs ont décrit des améliorations des procédés
d’embryogenèse somatique par passage en milieu liquide agité. Ainsi, des cultures de tissus
embryogènes en milieu liquide ont déjà été obtenues à partir de jeunes feuilles de rejets ou à
partir d’inflorescences immatures sur quelques variétés commercialisées dans le Maghreb
comme Medjoul, Kadrawy (Daguin et Letouzé, 1998), et Deglet Nour (Fki et al., 2003). Des
cultivars adaptés à l’environnement sahélien de l’Afrique occidentale comme Amsekhsi ont
été également régénérés à partir de suspensions cellulaires embryogènes issues des jeunes
feuilles immatures (Sané et al., 2006). Ce procédé d’embryogenèse somatique par culture des
cellules en milieu liquide permet l’obtention d’embryons individuels et synchrones avec une
capacité de production de masse et une durée de culture in vitro plus courte (Aberlenc-
Bertossi et al., 1999). Ainsi, cette technique optimisée demeure une méthode de choix pour la
propagation à grande échelle des cultivars d’intérêt.

2. La reproduction sexuée
La multiplication par semis de graines est la méthode traditionnelle la plus anciennement
pratiquée par les phoeniciculteurs. Elle a permis la création de nombreuses palmeraies et
l’extension des cultures en dehors de son aire d’origine. C’est la méthode la plus simple et la
moins coûteuse d’où son recours actuel pour la création d’oasis dans plusieurs pays sahéliens
(Ferry et al, 1998). En revanche, ce mode n’est pas approprié pour la phoeniculture
commerciale à cause de la nature dioïque et du haut degré d’hétérozygotie de l’espèce. La
23
descendance issue de semis est composée de 50% d’individus femelles et de 50% d’individus
mâles. Bien que cette reproduction sexuée soit source de diversité génétique, les caractères
agronomiques (qualité et quantité des dattes, période floraison, récolte, etc) des plants
femelles issus de semis s’avère différentes voire inférieurs à ceux du pied-mère.

24
II. La floraison

La floraison est un processus très complexe permettant à la plante de passer de l’état végétatif
à l’état reproducteur. L’aptitude à la floraison est dépendante du génotype et de
l’environnement. La date de floraison conditionne l'adaptation des plantes à leur
environnement et demeure un critère important des programmes de sélection variétale du fait
de son influence sur le rendement.

Le déclenchement de la floraison est souvent induite en réponse à des signaux hormonaux


(gibbérellines) et environnementaux (lumière – photopériode ; température ou vernalisation)
perçus par les différentes parties de la plante. Le processus d’induction florale est contrôlé par
différents gènes nommés « flowering time genes » qui mettent en jeu diverses voies de
signalisation (figure 16 ; Jack, 2004). Des gènes, impliqués dans la précocité ou la tardivité de
la floraison, ont été rapportés chez certaines espèces. Par exemple, les plantes mutantes pour
le gène DAY NEUTRAL FLOWERING (DNF) fleurissent beaucoup indépendamment de la
saison (Morris et al., 2010). En effet, le gène DNF réprime le gène CONSTANS qui est activé,
suite à la perception de la photopériode, via les phytochromes le mutant de ce gène ne
fleurissant pas en condition de jour long (Chuck et Hake, 2005). En ce qui concerne la
vernalisation, elle active d’autres voies qui conduisent à inhiber le « FLOWERING LOCUS
C » (FLC), un répresseur de la floraison (Jack, 2004). En somme, ces diverses voies de
signalisation sont intégrées au niveau de trois gènes intégrateurs, FLOWERING LOCUS T
(FLT), SUPRESSOR OF OVEREXPRESSION OF COI (SOCI) et LEAFY (LFY) (Blasquez,
2000). Ces derniers agiraient comme déclic génétique de la transition du développement
végétatif vers le développement reproducteur (Blasquez, 2000).

25
Figure 16 : Voies majeures de l’induction florale chez Arabidopsis thaliana (Jack, 2004).

Figure 17 : Modèle de développement floral ABCDE d’Arabidopsis thaliana. (Teissen et al.,


2001)

26
A. La morphogenèse de l’inflorescence

1. Initiation des méristèmes inflorescentiels et floraux

Les différentes voies de signalisation de l’induction florale vont mener, via les gènes
intégrateurs, à l’activation de gènes d’identité inflorescentielle et florale (LEAFY, APETALA1
(AP1), et CAULIFLOWER (CAL)). Ces derniers activent les gènes impliqués dans la
morphogénèse florale tout en réprimant le gène TERMINAL FLOWER 1 (TFL1) qui assure le
maintien de l’activité végétative du méristème (Blasquez et al., 2006).

2. Morphogenèse florale

Les fleurs sont constituées de quatre types d’organes, répartis sur quatre zones concentriques:
de l’extérieur vers l’intérieur, on distingue les sépales, les pétales, les étamines et les
carpelles. L’identité de ces organes est déterminée par la combinaison des actions de plusieurs
gènes homéotiques suivant le modèle de commutation génétique ABCDE établi chez
Arabidopsis thaliana (Coen et Meyerowitz, 1991 ; Ferrario et al., 2004). Les gènes de classe
A comprennent APETALA1 et APETALA2, la classe B les gènes APETALA3 et PISTILLATA,
la classe C le gène AGAMOUS, la classe D les gènes AGL11 ou SEEDSTICK (STK) et la
classe E les gènes SEPALLATA1, 2 et 3. L’identité des sépales est spécifiée par l’activité des
gènes A, celle des pétales par les gènes A+B+E, celle des étamines par les gènes B+C+E,
celle des carpelles dont ovules inclus par C+D+E (figure 17). La majorité des gènes MADS
codent pour des facteurs de transcription ou protéines à domaine MADS contenant en position
N-terminal une séquence conservée de 56 acides aminés.

Chez le palmier à huile, espèce appartenant à la famille des Palmiers, quatre gènes MADS
box qui seraient impliqués dans la mise en place des organes floraux dans le cadre du modèle
ABC ont été caractérisés. Il s’agit des EgDEF1 et EgGLO2 qui auraient une fonction de type
B ; EgAG2 de type C et D et EgS1 de type E. Globalement le modèle ABC d’Arabidopsis
thaliana semble être conservé chez le palmier à huile, notamment par rapport à la distinction
moléculaire des sépales et des pétales (Adam et al., 2007), ce qui n’est pas le cas chez
certaines monocots (Kanno et al., 2003).

27
III. Détermination du sexe

A. Apparition de la dioécie

Avec environ 183 genres différents, les plantes à fleurs forment la plus grande partie des
végétaux sur la terre (Govaerts et Dransfield, 2005 ; Dransfield et al., 2008). Ces plantes
présentent une très grande diversité dans leurs systèmes de reproduction (tableau 4).
Tableau 4 : Différents systèmes de reproductions chez les plantes à fleurs

D’après leur structure, deux principaux types de fleurs sont rencontrés :


- Les fleurs peuvent être hermaphrodites et les organes mâles (androcée) et femelles
(gynécée) sont présents au sein de la même fleur. L’hermaphrodisme constitue la forme
dominante puisqu’elle est rencontrée dans 90% des espèces (Ainsworth, 2000).
- Les fleurs unisexuées qui ne renferment qu’un seul organe sexuel fonctionnel. Une
minorité d’espèces (10%) portent des fleurs unisexuées.
Les espèces portant des fleurs unisexuées peuvent être divisées en deux classes principales :
les espèces monoïques (comme le maïs, le palmier à huile, le melon) qui portent des fleurs
mâles et femelles sur le même individu et qui représentent 6% des plantes à fleurs; et les
espèces dioïques (comme le chanvre, le compagnon blanc et le palmier dattier) qui portent les
fleurs mâles et femelles sur des individus différents (Ming et al., 2007). Les espèces dioïques
représentent 4% des angiospermes (Ming et al., 2007).

- Chez certaines espèces, les individus portent des fleurs unisexuées et des fleurs
hermaphrodites. C’est le cas des espèces andromonoïques et les espèces gynomonoïques qui
portent respectivement, des fleurs mâles ou des fleurs femelles, aussi bien que des fleurs
hermaphrodites (Ainsworth, 2000).
La dioécie est présente chez de nombreuses espèces appartenant à différentes familles, ce qui
suggère qu’elle soit apparue à plusieurs reprises et de façon indépendante au cours de

28
l'évolution des plantes à fleurs. Trois modèles pour expliquer l'origine de la dioécie à partir de
l’état hermaphrodite ont été proposés avec comme étape intermédiaire la monœcie, la distylie
ou la gynodioécie (Ainsworth, 2000). Les scénari à la base des deux premières voies sont peu
documentés. Le passage de la monœcie vers la dioécie a pu se réaliser via des mutations
altérant le ratio mâle/femelle. Dans le cas de la voie de la distylie, la dioécie résulterait d’une
stratégie évitant l’autofécondation ou auto-incompatibilité (Tcherkez, 2002).

La troisième hypothèse est la plus largement partagée ou admise par les biologistes dans
le contexte de l’évolution du sexe des plantes. Elle consiste en la transition de
l’hermaphrodisme (forme reproductrice ancestrale vers la dioécie (forme de sexualité
spécialisée) avec comme étape intermédiaire la gynodioïcie (Dellaporta et Calderon-Urrea.,
1993 ; Ainsworth, 2000). Deux mutations indépendantes seraient à l’origine de cette
transition. Une première mutation d’origine mitochondriale causerait la perte de la fonction
mâle pour une partie des individus et conduirait à l’apparition d’une population gynodioïque.
La dioécie serait achevée par l’apparition d’une seconde mutation chez les individus
hermaphrodites de la population gynodioïque qui conduirait à l’obtention des individus mâles
(Dellaporta et Calderon-Urrea., 1993 ; Laprade et al, 2010)

B. Transition du bourgeon floral vers l’état unisexué

Certaines espèces dioïques produisent des bourgeons floraux qui sont dépourvues de vestiges
d'organes du sexe opposé (androcée ou gynécée), comme c’est le cas chez l’épinard et le
palmier Nypa fruticans (Sherry et al., 1993; Uhl, 1972). Cependant, chez un grand nombre
d’espèces dioïques, le bourgeon floral est initialement « bisexuel » avec l'initiation des
primordiums des organes sexuels mâle et femelle.Par conséquent, l'unisexualité des fleurs de
ces espèces dioïques résulte de l’arrêt du développement de l'androcée (organe reproducteur
mâle) ou du gynécée (organe reproducteur femelle) (Dellaporta and Calderon-Urrea, 1993).
Cet arrêt du développement peut se produire très précocement par l'avortement d'organes
sexuels stériles de sexe opposé. C'est le cas du compagnon blanc (Silene latifolia) ou du maïs
(Zea mays) pour lesquels il a été observé l'arrêt prématuré du développement des pistillodes
des fleurs mâles (Cheng et al., 1983; Farbos et al., 1997). Chez d’autres espèces, le
dimorphisme sexuel peut s’exprimer très tardivement, comme chez la vigne (Vitis vinifera)
où le carpelle des fleurs mâles (pistillode) deviendrait stérile par avortement du sac
embryonnaire de l'ovule mature (Caporali et al., 2003). De même, les fleurs femelles de

29
Rhapis subtilis (palmier nain natif d'Asie) sont devenues unisexuées après altération de la
maturation du pollen dans les anthères (Giddey et al., 2008).

C. Marqueurs génétiques et moléculaires du sexe

Chez les espèces dioïques étudiées, il existe un déterminisme sexuel basé sur la présence des
chromosomes sexuels a été décrit (Yanan et al, 2004). Deux principaux types de
chromosomes sexuels ont été observés chez ces plantes.

La plupart possède un système de chromosomes sexuels hétéromorphes de type XX/XY. Les


mâles et les femelles portent des chromosomes XY et XX respectivement. C’est le cas du
compagnon blanc (Vyskot et al., 2004), de l’asperge (Gebler et al., 2007) et de l’igname
(Terauchi and Kaul, 1999). Comme chez les mammifères, la présence d’un chromosome Y
chez le compagnon blanc provoque l’activation du développement des organes mâles et
l’inhibition des organes femelles. En son absence, chez les plants femelles, seuls les gynécées
se développent (Monéger, 2001).

En revanche, chez d’autres espèces dioïques, comme l’oseille (Rumex acetosa) et le houblon
(Humulus japonicus), le sexe est déterminé par le rapport entre le chromosome X et les
autosomes (Yanan et al, 2004). Pour l’oseille et le houblon, les femelles sont XX et les mâles
XY1Y2. Contrairement au S. latifolia, le chromosome Y de ces espèces n’est pas requis pour
le développement des étamines et l’inhibition du développement du gynécée (Yanan et al,
2004).

Des marqueurs spécifiques du sexe ont été identifiés chez un certain nombre d’espèces
dioïques cultivés pour lesquelles l’identification précoce des individus femelles est
recherchée. Ainsi, dix marqueurs AFLP spécifiques du génome mâle ont été mis en évidence
chez l’igname (Terauchi and Kaul, 1999). Des marqueurs de sexe de type RAPD et
microsatellite (GATA)4 ont été rapportés chez la papaye (Sondur et al., 1996 ; Parasnis et al,
1999 ; Ming et al, 2007 ).

Au cours de la dernière décennie, la détermination du sexe a fait l'objet de nombreux travaux


chez plusieurs espèces dioïques. La détermination du sexe peut être associée à une région
chromosomique spécifique et non recombinante du chromosome Y chez la papaye, ( Ming et
al., 2007) ou basé sur la ségrégation d’un simple locus chez Ecballium elaterium (Mather et
al, 1949) ou plusieurs loci chez le concombre (Terefe et al., 2005).

30
Chez le compagnon blanc, Délichère et al. (1999) ont caractérisé le gène SlY1 localisé sur le
chromosome Y. Ce dernier, qui s’exprime préférentiellement dans les fleurs mâles, code une
protéine à domaine « WD-repeat » et présente de fortes similitudes de séquence avec un autre
gène (appelé SlX1) localisé sur le chromosome X. Ce dernier présente un niveau d’expression
comparable dans les deux types de bourgeons floraux. En ce qui concerne le processus même
de différenciation chez S. latifolia, les études de Zluvova et al. (2006) ont montré que le stade
de divergence morphologique des fleurs mâle et femelle est précédé par un arrêt de
l’expression des gènes apparentés à SHOOTMERISTEMLESS et CUC1/CUC2 d’Arabidopsis.

Une étude récente a montré que la détermination du sexe du melon est contrôlée par l’action
de deux gènes, CmACS-7 (Cucumis 1-aminocyclopropane-1-carboxylic acid synthase),
codant une enzyme de la voie de biosynthèse de l’éthylène qui conduit au développement de
fleurs femelles par répression du développement des étamines (Boualem et al., 2008) et
CmWIP1, un gène qui codant un facteur de transcription en doigt de zinc impliqué dans
l'avortement du carpelle de la fleur mâle (Martin et al., 2009).
Chez la vigne, un locus du sexe a été identifié par une approche QTL. Ce locus joue un rôle
important dans le développement des inflorescences et colocaliserait dans le génome avec un
gène codant une enzyme ACS similaire à celle du concombre (Marguerit et al., 2009).

Chez les plantes monoïques, le maïs est l’une des espèces végétales chez qui les mécanismes
moléculaires de la détermination de sexe ont été partiellement élucidées. Ainsi, un groupe de
gènes appelés « TASSELSEED » ont été identifiés et impliqués dans la masculinisation des
fleurs (Chuck, 2010). Les gènes TASSELSEED 1 et 2 (codant une lipoxygenase et une alcool
déshydrogenase à chaines courtes respectivement) sont requis très précocement dans un
processus de mort cellulaire du pistil des fleurs mâles (Calderon-Urrea and Dellaporta, 1999 ;
Delong et al., 1993). Deux autres gènes, identifiés via les mutants tasselseed 6 et 4, codent
respectivement un facteur de transcription de type APETALA2 et un microARN regulateur
associé similaire à miR172 d’Arabidopsis. Ces derniers semblent jouer un rôle non seulement
dans la détermination du sexe, mais aussi dans la régulation de la ramification
inflorescentielle.

31
D. Rôle des régulateurs de croissance dans l’expression du sexe

Chez un grand nombre d’espèces, l’expression du sexe peut être affectée par des facteurs tels
que les régulateurs de croissance (Dellaporta et Calderon-Urrea, 1993). Le rôle des hormones
dans la différenciation du sexe a été déterminé par l’étude de l’effet de l’application et par la
caractérisation des gènes impliqués dans la biosynthèse de ces hormones.

L’éthylène

L’éthylène est une molécule produite par tous les tissus végétaux (Kende et Zeevaart 1997).
Elle joue un rôle régulateur dans les processus de développement de la plante comme la
formation, la maturation et l’abscission des fruits (Yang et Hoffman 1984). L’application
exogène d’ethrel, molécule libératrice d’éthylène, sur des plants de concombre, a entraîné une
augmentation du nombre des fleurs femelles et une inhibition des organes mâles dans les
fleurs hermaphrodites des lignés monoïques (Perl-treves, 1999). Inversement, les inhibiteurs
la biosynthèse de l’éthylène, comme l’aminoethoxyvinyl glycine (AVG) ou l’acide amino-
oxyacétique (AOA), provoquent la masculinisation des plants. Chez le melon, le gène de
l’andromonoecie, lequel est requis pour le développement des fleurs femelles, code pour une
enzyme, l’acide 1-aminocyclopropane-1-carboxylique synthase (ACS) qui catalyse la
première étape de la biosynthèse de l’éthylène (Boualem et al., 2008).

Les gibbérellines

Plusieurs études menées pour élucider les effets de l’acide gibbérellique sur le développement
des fleurs ont montré des effets contradictoires selon les espèces. L’application exogène de
gibbérelline (sous forme de GA3) induit la masculinisation des fleurs femelles du concombre
(Krishnamoorthy et Talukdar, 1976). De même, elle favoriserait l’initiation des boutons
floraux mâles et la réduction des boutons floraux femelles chez le houblon (Perl-Treves,
1999). Inversement, chez le maïs, les gènes mutants dwarf d1-d8 impliqués dans la
suppression des organes mâles des fleurs femelles affectent la biosynthèse de la GA, et les
mutants présentent un niveau faible de GA (Neuffer et al., 1997 ; Chuck, 2010).

Les auxines et cytokinines

Bien que les auxines et les cytokines jouent un rôle important et bien démontré dans la
régulation des processus de divisions cellulaires, de différentiation tissulaire et d’élongation

32
cellulaire (Nemhauser et al., 1998), très peu de données existent quant à leur rôle éventuel
dans la régulation de l’expression du sexe chez les plantes. Cependant, les auxines et les
cytokines seraient impliquées dans le développement floral en favorisant le développement du
carpelle chez la vigne et le cannabis (Delaporta et Calderon-Urrea, 1993).

En somme, cette variation des effets des hormones révèlent que les mécanismes à la base de la
détermination du sexe seraient différents entre les espèces. Il est à noter que, chez le S.
latifolia, l’application d’hormone n’a pas eu d’effet sur la sexualité des fleurs.

E. Facteurs à l’origine de l’unisexualisation des fleurs

Les mécanismes cellulaires et moléculaires associées à l'arrêt du développement des


organes sexuels stériles sont encore très peu connus pour la majorité des espèces dioïques et
monoïques.

1. L’apoptose

Après l’initiation des organes floraux, l’établissement du dimorphisme sexuel de la fleur


passe par l’élimination des organes sexuels inappropriés. La mort cellulaire programmée
(programmed cell death ou PCD) est un processus génétiquement contrôlé qui serait impliqué
dans l’élimination des organes sexuels stériles non nécessaires. Cette avortement par apoptose
pourrait survenir très tôt dans le développement floral au niveau des primordia ou plus tard au
niveau des organes reproducteurs entiers, pistil ou pollen (Wu et al., 2000).

L’avortement des primordia du gynécée des fleurs mâles du maïs résulte d’un processus
de dégénérescence cellulaire initié au niveau des régions sous épidermiques. Les cellules de
ce territoire avorté , observés par microscopie électronique à transmission, sont dépourvues de
tout organite intracellulaire (Cheng et al., 1983). Ce processus d’apoptose chez le maïs
requiert l’action du gène TASSELSEED 2 (Calderon-Urrea et al., 1999). La stérilité des
organes mâles des fleurs femelles du kiwi et du riz serait due à une dégénérescence des
cellules tapétales de l’anthère par apoptose, conduisant à la formation de pollens collapsés
(Ku et al., 2000 ; Coimbra et al., 2004). Sur le plan cytologique, le processus d’apoptose se
traduit par de profonds changements structuraux comme la rétraction du cytoplasme, la
rupture vacuolaire et la fragmentation de l’ADN. Woltering et al. (2002) suggèrent l’existence
de médiateurs biochimiques telles que des protéines caspase-like dans ce processus de mort
cellulaire sans toutefois qu’une activité de caspase n’aient été mise en évidence chez les

33
plantes. Les altérations ultrastructurales sont létales et empêchent la réversibilité du
phénomène.

2. La dégradation de l’ADN nucléaire

La chromatine constitue la macromolécule la plus complexe et dynamique de la cellule.


Elle est formée de l’assemblage d’unités nucléosomiques (ADN génomique entourant un
octamère d’histone-2H2A, 2H2B, 2H3, 2H4) à laquelle est associée à l’histone H1. En
fonction de l’état de la cellule et sous l’action de paramètres environnementaux, la chromatine
peut prendre différentes conformations. L’état ouvert qui est transcriptionnellement actif
correspond à un état faiblement condensé, l’euchromatine. En revanche, une forte
condensation de la chromatine (hétérochromatine compacte) réduit de manière importante
l’accessibilité de l’ADN à la machinerie de la transcription. Une corrélation a été mise en
évidence entre l’état structural des cellules et l’unisexualisation des bourgeons floraux. Ainsi,
chez le concombre (Cucumis sativus), Hao et al. (2003) ont démontré que l'arrêt du
développement des organes mâles stériles des fleurs femelles serait étroitement associé à une
condensation de la chromatine et une forte vacuolisation des cellules. De plus, une
dégradation partielle de l’ADN nucléaire est observée dans les cellules des organes avortés
comme l’atteste l’effet TUNEL positif (Hao et al. 2003).

3. L’arrêt des divisions cellulaires

Le développement des organes floraux implique une augmentation des divisions et une
différentiation cellulaire. Lors de l’activité mitotique, les cellules passent par différentes
phases, G1-S-G2-M, qui s’accompagnent de modifications de l’expression de certains gènes
spécifiques du cycle cellulaire. Le gène de l’histone H4 est exprimé spécifiquement au cours
de la phase S. Les cyclines D et B sont des régulateurs des transitions G1-S et G2-M
respectivement. Ces diverses molécules sont utilisées comme des marqueurs du cycle
cellulaire. Ainsi, chez le maïs, il a été récemment montré une absence d’expression du gène
codant pour une cycline B et une accumulation des transcrits de WEE1 (un inhibiteur de la
mitose) dans les primordia des organes mâles des fleurs femelles. Les fleurs unisexuées
femelles du maïs résultent donc d’un arrêt du cycle cellulaire (Kim et al., 2007).

4. La méthylation

34
Le développement de la plante dépend fortement des mécanismes épigénétiques qui agissent
sur la conformation de la chromatine, ainsi régulant l’expression des gènes. L’acétylation des
histones confère à la chromatine une conformation active permettant la transcription des
gènes (Fransz et al., 2002). Inversement, la méthylation d’ADN peut jouer un rôle répressif
sur l’expression des gènes. La méthylation correspond à l’ajout d’un groupement méthyle
(CH3) à la place d’un atome d’hydrogène de l’une des quatre bases azotées (thymine, adénine,
guanine et cytosine). La présence des groupements méthyle (CH3) dans un site spécifique de
l’ADN entraîne une modification de la structure de la chromatine. Ces sites méthylés sont
reconnus par des protéines chromosomales (MeCP2, par exemple) possédant une forte affinité
pour les nucléotides méthylés (CH3-CpG) (Meehan et al., 1992). Ces protéines contrôlent la
condensation de la chromatine et le déplacement des histones H1 du nucléosome (Kass et al.,
1997). Cette modification structurale s’achève par une conformation répressive stable de la
chromatine. Cette dernière empêche l’interaction entre la machinerie de transcription (ARN
polymérase, protéines activatrices, promoteur) et l’ADN (Kass et al., 1997).

Le patron dynamique de méthylation de la plante au cours de son développement résulte de


l’intervention de trois mécanismes :

- « Deméthylation globale » du pattern de méthylation des parents juste après la


fécondation durant les premiers stades de l’embryogenèse zygotique

- « méthylation de novo » pour établir une nouvelle distribution des groupements


méthyles sur des sites spécifiques de l’ADN

- « méthylation de maintenance » pour reproduire fidèlement ce nouveau pattern de


méthylation spécifique.

La transition de l’état végétatif vers l’état reproducteur s’accompagne de changements


épigénétiques. Contrairement aux processus d’apoptose, les processus épigénétiques tels que
la méthylation sont réversibles. L’administration des substances chimiques (comme la 5-
azacytidine) a permis de mieux comprendre le rôle de la méthylation dans le développement
végétatif et reproducteur de la plante (Janousek et al., 1996). Des plants de maïs et de tabac
régénérés après traitement à la 5-azaC ont montré une hypomethylation globale de l’ADN de
8% et 20% respectivement. Ces plants présentent de profondes anomalies de développement
incluant, entre autres, nanisme et transformations homéotiques des organes floraux (Vyskot
et al., 1995).

35
Cubas et al. (1999) ont montré que la perte de symétrie florale chez Linaria vulgaris était
associée à une hyperméthylation du gène LCYC, orthologue de CYCLOIDEA d’Arabidopsis
majus. Les gènes du développement floral de Silene latifolia sont également très sensibles à la
méthylation de l’ADN. L’application de 5-azacytidine (5-azaC) durant la germination précoce
des plants mâles a induit une réversion de sexe chez 21% de ces plants qui produisent alors
des fleurs mâles normales et des fleurs bisexuelles fertiles alors qu’aucun changement de
phénotype n’est observable chez les plantes femelles (Janousek et al., 1996). De plus, ces
plants androhermaphrodites présentent un génome hypométhylé comparativement aux plants
non traités à la 5-azaC. Ces résultats démontrent que la suppression des organes femelles
(pistillodes) des fleurs mâles est fortement associée à une hyper-méthylation de l’ADN.

36
Figure 18 : Systèmes de reproduction chez les palmiers (d’après Julie Sannier et Sophie
Nadot). Les flèches orange indiquent les événements indépendants d’apparition de la dioécie
dans la famille. La flèche bleue indique que le genre Phoenix, entièrement dioïque, s’ancre
dans des taxons hermaphrodites.

37
IV. Etat de l’art sur la détermination du sexe chez le palmier dattier

La famille des Palmacées constitue un groupe d’espèces particulièrement intéressant en


matière de biologie de la reproduction puisqu’elle présente une grande diversité de systèmes
reproducteurs. Contrairement à la majorité des groupes d’angiospermes, plus de 85 % des
espèces de palmiers portent des fleurs unisexuées (Dransfield et al., 2008). La distribution de
la dioécie au sein des palmiers suggère qu’elle est apparue à différents moments au cours de
l’évolution à partir de évènements indépendants (figure 18) (Weiblen et al., 2000).
Mes travaux de thèse ont porté sur le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) qui appartient au
genre Phoenix composé exclusivement d’espèces dioïques. Les Phoenix s’ancrent dans des
taxons hermaphrodites dans l’arbre phylogénétique des palmiers, ce qui suggère que dans ce
genre la dioécie aurait évolué à partir de l’hermaphrodisme. Malgré son importance socio-
économique et écologique considérable, très peu de données sont disponibles sur le
développement reproducteur et sur la détermination du sexe chez le palmier dattier.

A. La phénologie
La floraison du palmier dattier intervient quand l’individu a atteint sa phase reproductive entre
3 et 8 ans (Bouguedoura, 1991). Dans les zones de culture traditionnelle, le palmier dattier
fleurit une fois par an et pendant une période limitée à quelques mois. Des facteurs abiotiques
tels que la température, l’hygrométrie, l’évapotranspiration et la pluviométrie ont été cités
comme déterminantes pour la floraison du palmier dattier (Jahiel et al,. 1996). La floraison du
palmier dattier ne se déclenche qu’après une période fraîche ou lorsque la température
journalière descend en dessous du zéro de floraison (seuil variant selon la localité 22°C pour
Djibouti et 17°C pour Elche en Espagne) (Munier, 1973).
Les conditions climatiques (températures et pluies) qui autorisent un abaissement de la
température en dessous du seuil de floraison peuvent être réunies une à plusieurs fois par an
selon les régions. Ainsi, au Niger, au Mali, et en Colombie, des palmiers dattiers présentant
deux cycles annuels de floraison et de fructification ont été rapportés (Jahiel, 1996). Munier
(1973) a attribué la première floraison de septembre à une baisse des températures dues à la
saison des pluies et à la seconde à une baisse des températures pendant les saisons fraiches
d’hiver (janvier-février). Cette double floraison est également observée chez un peuplement
de dattier en Italie, au Sud de l’Europe. Ces régions (Sahel, Italie) situés à la limite de l’aire
de culture du palmier dattier constituent des zones marginales. Elles présentent des conditions

38
de température et de précipitation qui peuvent influer sur le début de l’émergence des
premières spathes ainsi que sur la durée de la floraison. En Italie, les palmiers dattier
fleurissent en 160 jours tandis que dans le Sahel (Djibouti) la floraison est plus courte et dure
60 à 120 jours (Daher et al, 2010).
Selon les conditions climatiques, la durée de la fructification des dattes peut varier de 4 à 7
mois environ et nécessite une somme importante de chaleur et une baisse de l’hygrométrie
pour que les fruits atteignent une pleine maturité (Munier, 1973). Dans certaines zones du
Sahel, comme le Sénégal, le Niger et le Mali, les saisons de pluies interviennent pendant la
période critique de maturation des dattes, ce qui entraîne la perte totale de la récolte (Sané et
al. 2006). Le développement de la culture du palmier dattier dans ces zones nécessite donc la
sélection de cultivars précoces ou tardifs. Cette sélection s’effectuera selon la date de
fructification qui dépend de l’initiation de la floraison et qui constitue un élément déterminant
de la phénologie de l’espèce.

B. Le développement floral
De Mason et al. (1982) ont rapporté la première description du développent floral du palmier
dattier. Ils ont pu identifier l’existence d’un stade « bisexuel » précoce du bourgeon floral et
ont montré que l’androcée correspond à deux verticilles de trois étamines. Bouguedoura
(1991) a décrit les différents types de bourgeons rencontrés chez un jeune palmier en
croissance. Elle a montré que le « bourgeon axillaire indéterminé » est la structure originelle
qui évoluera en inflorescence dès que l’individu atteint l’âge reproductif. La morphogénèse
florale a été sommairement décrite en 5 stades de développement. Plus récemment, Masmoudi
et al. (2008) ont distingué huit stades de différentiation de l’inflorescence femelle sur la base
d’une description morphologique et d’une étude histologique. Cependant, aucune étude
comparée des développements des inflorescences mâles et femelles n’a été rapportée.

C. Les variations de la morphogénèse florale


Deux variations naturelles de la fleur du palmier dattier ont été décrites. La première variation
correspond à la présence in planta de fleurs d’apparence bisexuelle sur des individus mâles
(De Mason et al., 1980). Les organes femelles de la fleur mâle se développement, ce qui
conduit à la formation de fruits parthénocarpiques. Le développement des pièces femelles sur
des fleurs mâles a également pu être induit in vitro en présence de 2,4-D, une auxine
synthétique (De Mason et al., 1980). Inversement, Masmoudi et al., (2008) ont rapporté le
développement in vitro des organes mâles des fleurs femelles en étamines après application
39
d’une combinaison hormonale auxines-cytokinines. Ces données suggèrent un rôle important
de ces hormones dans la mise en place des organes sexuels, et donc la différenciation sexuelle
chez le palmier dattier.
Le second type de variation florale est observé sur des individus issus de plants femelles
produits in vitro. Les fleurs femelles montrent une transformation des staminodes en des
structures carpellaires ou la formation des carpelles surnuméraires (Cohen et al, 2004). Les
variations d’ordre agronomique (fruits parthénocarpiques, absence de maturité pour les dattes,
faibles résistances aux maladies,…) s’accompagnent assez souvent de variations
morphologiques (malformation des folioles et du rachis , nombreux rejets et gourmands ;
nanisme ; chute des fruits). Ces anomalies sont observées chez les vitroplants de palmier
dattier dans certaines plantations d’Arabie Saoudite (Djerbi, 2000), du Maroc (Azeqour et al.,
2002) et en Afrique du sud (Mccubin et al, 2000). Elles seraient réversibles au cours du
temps, et disparaitraient après (Djerbi, 2000 ; Cohen et al, 2004).
Il se pose alors la question de savoir si ces anomalies sont les résultats de l’influence des
conditions environnementales ou/et des aberrations génétiques survenues lors du processus de
clonage. Certains auteurs ont proposé qu’elles sont dépendantes des conditions de culture in
vitro : concentration élevée de l’auxine (Bhargava et al., 2003), longueur de la phase non
morphogène et nature de l’explant mis en culture (Azeqour et al., 2002), stérilité du carpelle
(Cohen et al, 2004) ou de nature épigénétique (Rival et al., 1998).

D. La détermination du sexe
Chez le palmier dattier, une descendance issue de graines est composée de 50% de mâles et
50% de femelles, ce qui suggère que le déterminisme sexuel est de nature génétique. De plus,
Siljak-Yakovlev (1996) sur la base d’études cytologiques réalisées à l’aide de la technique de
coloration à la chromomycine A3, suggère l'existence de chromosomes sexuels qui seraient
marqués différentiellement. Des chromocentres homomorphes sont observés chez les
individus femelles alors que chez les mâles ce sont des chromocentres hétéromorphes qui sont
observés. Cependant, aucun chromosome sexuel Y ou X n’a été clairement identifié chez le
palmier dattier. Les mécanismes ou facteurs génétiques du déterminisme sexuel demeurent
également inconnus pour cette espèce.
Les taux d’acide gibbérelline contenus dans les feuilles et les inflorescences sont constatés
significativement supérieurs chez l’individu femelle par rapport au mâle (Leshem and Ophir,
1977). Une recherche de marqueurs du sexe par RAPD (Random Amplified Polymorphic
DNA) n’a pas permis d’identifier de séquences spécifiques du sexe (Zaher et al., 2006). A ce
40
jour, aucun marqueur spécifique du sexe n’a été isolé et les processus à l’origine de
l’unisexualité des fleurs demeurent inconnus.

V. Objectif de la thèse

Nous avons entrepris une description histologique et moléculaire des inflorescences mâles et
femelles de palmier dattier afin de décrire et de caractériser en détail les différents
événements cellulaires et moléculaires à la base de l’unisexualité florale chez le palmier
dattier. Le projet de recherche a permis de traiter plusieurs questions scientifiques liées au
développement reproducteur:

1. Quelles sont les caractéristiques de la floraison dans les conditions environnementales


de Djibouti ?
2. Quelles sont les étapes clés et la cinétique de la différentiation des organes
reproducteurs ?
3. A quel stade du développement floral émergent les premiers signes de dimorphisme
sexuel?
4. Quels sont les événements cellulaires et moléculaires associés au développement
d’une fleur unisexuée ?

Les travaux présentés dans ce mémoire tentent d’apporter des premières réponses à ces
questions. Ils comportent quatre parties :

1. L’étude de la phénologie du palmier dattier. Nous décrirons les principales


caractéristiques de la floraison dans les conditions sahéliennes.

2. La description du développement reproducteur du palmier dattier. Nous décrirons la


morphogénèse des inflorescences et des fleurs, l’apparition des premières différences
visibles liées au sexe ainsi que les événements cellulaires associés à l’unisexualisation.

3. La perturbation de la morphogénèse florale. La caractérisation des fleurs présentant un


phénotype variant in planta et in vitro sera réalisée.

4. L’étude du blocage des organes sexuels stériles et l’unisexualisation des fleurs. Nous
nous focaliserons sur les processus associés à l’arrêt du développement des organes
sexuels stériles, leur intégrité cellulaire ainsi que leur niveau de méthylation globale de
leur ADN nucléaire.

Après une discussion générale à la fin de chaque chapitre, nous terminerons par une
conclusion générale et nous présenterons les perspectives ouvertes par ce travail d’étude
associés à la détermination du sexe chez le palmier dattier.

41
Matériels et méthodes

I. Etude phénologique

Des observations phénologiques ont été réalisées sur 149 individus pendant la saison de
floraison 2009/2010. Ces individus inventoriés phénologiquement sont des arbres adultes et
sexuellement matures qui sont localisés dans des palmeraies aux conditions pédoclimatiques
similaires. La date d’apparition de chaque inflorescence ainsi que le nombre d’individus en
floraison sont notés. La fréquence et la cinétique de l’émergence des inflorescences ont été
suivies à l’échelle individuelle durant la période de floraison.

II. Matériel végétal

Les fleurs utilisées dans cette étude ont été récoltées à partir de palmiers dattiers (Phoenix
dactylifera L.) sélectionnés dans les palmeraies d’Ambouli (Djibouti) et de Bordighera (Italie)
durant les saisons de floraison de 2008, 2009 et 2010. Plus de 34 individus de palmiers issus
des graines ont été sélectionnés pour leur taille (supérieures à 4 m), leur âge (avoisinants la
vingtaine d’année) et leur phase reproductive bien établie. Pour pouvoir obtenir les
inflorescences les plus jeunes possibles, une dissection de la couronne orientée vers l’intérieur
est opérée pour chaque arbre. L’ensemble des bourgeons axillaires rencontrés à l’aisselle des
palmes détachées du tronc ont été prélevées dans l’ordre. Les inflorescences dépourvues de
bractée ont été fixées pour les études histo-cytologiques.

III. Culture in vitro des boutons floraux

Préparation des explants


Les essais de réversion in vitro de sexe ont été réalisés à partir de jeunes inflorescences de
différents stades de développement récoltés durant les travaux de dissection. Ces
inflorescences ont été désinfectées superficiellement à l’aide d’une solution d’éthanol 70°.
Sous la hotte à flux laminaire et à l’aide des scalpels et des pinces stériles, les spathes ont été
dégagées et les branches inflorescentielles sont sectionnées en petits segments de 2 à 3 cm de
longueur. Les inflorescences, étant complètement enfermées dans la spathe, sont par défaut
stériles. C’est pourquoi nous avons transférés directement les petits segments épillets dans les
42
différents milieux de culture sans désinfection. Durant les essais, aucune contamination de ces
matériels n’a été relevée.

Composition des milieux de culture


Les milieux de culture de base utilisés sont celui Murashige et Skoog (MS) additionnés de 30
g/L de saccharose, des vitamines de Morel et Wetmore (1951) et 100mg/l de Myoinositol et
100mg/l d’acide ascorbique (De Touchet et al., 1991). Les différents milieux de culture ont
les compositions hormonales suivantes :
- M 0 : MS de base
- M 0CA : 0 mg/l de 2,4-D + 3g/l charbon actif
- M 30CA : 30 mg/l de 2,4-D + 3g/l charbon actif (Demasson et al., 1981)
- M 10AZA : 10 µM de 5- Azacytidine (Siroky et al., 1998)
- M IBA- BAP : 1 mg/l IBA et 1 mg/l BAP (Masmoudi et al., 2008)
- M IBA 1 mg/l
- M BAP 1 mg/l
- M ANA 54 µM
Les milieux sont solidifiés à l’aide de l’agar 0,8%. Le pH des milieux est ajusté à 5,8 puis les
milieux sont autoclavés à 112°C et à 0,12MPa pendant 20 min.

Conditions de culture in vitro


Les explants floraux ont été mis en culture dans des tubes à essais et ont été incubées à
l’obscurité dans une chambre de culture thermostatée à 27 °C ± 1 °C et avec une hygrométrie
relative de 30 à 40 %. Les explants ont été cultivés dans les différents milieux pendant huit
semaines. Puis, les explants floraux ayant réagis ont été fixés en vue d’une étude histologique.

43
IV. Histologie classique

Les différents échantillons floraux récoltés (bourgeon indéterminés, bourgeon indéterminé et


jeune inflorescence) ont été aussitôt fixés à l’aide de paraformaldehyde (PFA) 4 % - Tampon
de phosphate (phosphate-buffered saline ou PBS) 2X. Pour une meilleure pénétration du
fixateur dans les tissus floraux, plusieurs opérations de mise sous vide pendant 10 à 15
minutes chacune ont été opérées avant de laisser les échantillons dans le fixateur pendant 16h
au minimum à 4°C. Ensuite, les échantillons ont été rincés dans des solutions de PBS 1X-
glycine puis PBS 1X. Ils sont ensuite déshydratés par une série de solution d'éthanol (30, 50,
70, 80, 90 et 100 %, v/v). Puis, ils sont transférés dans du butanol absolu pour une durée
d’une semaine à plusieurs mois en fonction de la taille des organes. Ils sont finalement inclus
dans la résine (Technovit, LKP Pharmacia, Suède). Des coupes histologiques de 3.5 µM ont
été réalisées à l'aide d'un microtome rotatoire (Microm HM 355 S). Les coupes ont été
doublement colorées avec du réactif de Schiff acide périodique (Sigma-Aldrich, France) et du
Naphthol blue-Black (NBB, Sigma-Aldrich, France). Les observations ont été réalisées à
l’aide du microscope Leitz DMRB équipé d’une caméra Leica DFC300FX. Les observations
ont été effectuées sur des échantillons de plantes différentes. Trois répétitions ont été
effectués et les planches photographiques sélectionnées par stade sont représentatives des
tissus observés.

V. Microscopie électronique à transmission (MET)

Les fleurs à différents stades de développement prélevées pour l’étude ultrastructurale ont été
fixés dans du glutaraldehyde à 4% dans un tampon cacodylate de sodium 0,1M pH 7,2
pendant 5 heures à 4°C. Ensuite, trois rinçages ont été réalisés dans le même tampon. La post-
fixation a eu lieu dans le tétroxyde d'osmium dilué à 1% dans du tampon cacodylate pendant
1h à 4°C. Suite à cette post-fixation, trois rinçages dans le tampon cacodylate ont été réalisés.
Les échantillons ont ensuite été déshydratés dans des solutions d’acétone en série de gradient
acétone /eau (50, 70, 90 100%). Les échantillons ont ensuite été imprégnés dans de la résine
époxy TAAB 812 avec un gradient dans l’acétone : 25, 50, 75% puis 100% résine selon la
méthode décrite par Glauert (1975). L’inclusion dans la résine à 100% à lieu pendant 1 nuit à
56° C. Des coupes fines de 60 nm d'épaisseur ont été réalisées et déposées sur des grilles de
cuivre 50 mesh revêtues d’un film de collodion carboné. Elles ont été contrastées à l'acétate
d'uranyle à 5% (dans l'eau) puis dans une solution aqueuse de citrate de plomb. Enfin, les
44
observations ont été réalisées au Microscope Electronique à Transmission (MET) Jeol
100CXII à 80 KV (CIRAD, Baillarguet).

VI. Microscopie électronique à balayage (MEB)

Des fleurs mâles et femelles de différents stades de développement ont été fixées selon le
protocole d’histologie classique décrit précédemment. Les échantillons ont été déshydratés
par des bains successifs d’éthanol 30° et 70°, d’une durée de 2 heures chacun. Après
dissection sous la loupe binoculaire des sépales et pétales, les échantillons ont été déshydratés
dans un bain d’éthanol pur (30 min) suivi de 2 min dans un bain de hexamethyldisilazine
(HMDS). Les échantillons sont ensuite ombrés à l’or palladium (fine couche de 10nm) et
examinés à l’aide d’un microscope électronique à balayage Hitachi S4000 au Centre de
Ressources en Imagerie Cellulaire à Montpellier.

VII. Immunolocalisation du groupement cytosine méthylée de l’ADN

Les fleurs prélevées à différents stades de développement fixés dans le PFA


(paraformaldehyde) 4 % - 2X PBS (Tampon de phosphate) puis ont été coupées à 15 µm
d'épaisseur à l'aide d'un vibratome (Microm HM 650 V) puis rincés au PBS 1X. Les tissus ont
été incubés pendant 1 nuit à 4°C sous agitation dans une solution de Sérum Veau Fœtal à 6%
afin de saturer les sites non spécifiques. Les échantillons ont été traités avec une protéase
(pepsin P6887, Sigma, France) pendant 15 minutes à 37°C, afin de détruire toutes les
protéines autour de l'ADN, et de permettre un accès plus facile de l’anticorps à l'ADN.
Ensuite, les échantillons ont été immergés dans une solution de formamide à 80°C pendant 3
minutes afin d'assurer la dénaturation complète de l'ADN.
Les échantillons ont ensuite été incubés dans une solution contenant un anticorps primaire
dilué au 1/200. Pour l’étude de la méthylation de l’ADN des noyaux des cellules des organes
sexuels, un anticorps primaire 5 - méthyl cytidine (ab 10805-50 Abcam) dilué dans le TNB
(amortisseur Tris-HCl et NaCl) a été appliqué. Celui-ci reconnaît le groupement méthyle de
l'ADN et s’y fixe. L’incubation avec l’anticorps primaire souris dure 1 nuit à 4°C sous
agitation et est suivi de 4 rinçages au TNB froid (5min chacun).

45
Puis l'incubation avec l'anticorps secondaire spécifique antisouris couplé au marqueur
fluorescent Alexa 488 (Molecular Probe ; Alexa 488 goat antimousse PGAMOTTGY 488) et
dilué au 1/400 est réalisée pendant 1h à 37°C. Les coupes sont ensuite lavées 4 fois (10 min
pour chaque lavage) dans du TNB froid toujours à l’obscurité pour éviter l’affaiblissement du
signal fluorescent par la lumière. Les échantillons ont été colorés au DAPI dilué à 1/200 et
puis montés entre lame et lamelle dans une solution de montage antifading constituée de
Mowiol (12 g de glycérol, 4,8 g de Mowiol, 24 ml de Tris 0,2 M à pH 8,5 pour un volume
final de 45 ml).
Les préparations (coupes marquées et montées entre lame et lamelle) ont été observées en
microscopie confocale (Axioplan 2 imaging Zeiss LSM 510 Meta) du CRBM15 de
Montpellier.
Les observations à différents grossissements ont nécessité l’utilisation de trois objectifs (x 40,
x 63) à immersion d’eau, combinés à des filtres adéquats. Les longueurs d’onde d’excitation
des deux fluorochromes utilisés, à savoir l’Alexa 488, le DAPI sont respectivement de 488 et
359 nm. L’autofluorescence des tissus des fleurs de palmier dattier est observée en dehors du
spectre de référence de l’Alexa 488, cela explique le choix de ce fluorochrome.
Un logiciel LSM d’analyse d’images et permettant déterminer les pixels contenant l’émission
de deux fluorochromes à la fois est utilisé pour les observations photoniques ainsi que pour la
reconstitution d’une série d’images.

Pour les expériences, pour chaque stade et chaque sexe, nous avions utilisés 5 fleurs
différentes provenant de différents individus. La méthylation d’ADN est évalué à raison d’une
trentaine de cellules par primordia et par sexe. Trois répétitions ont été réalisées pour
s’assurer de la reproductivité des résultats.

46
VIII. Hybridation in situ

Les inflorescences de palmier dattier, placées dans le tampon de fixation (4%


paraformaldéhyde, tampon phosphate 0,1M; pH 7), ont été fixées pendant 16 heures à
température ambiante. Les échantillons ont été alors déshydratés par des bains successif
d’éthanol pendant 1 heure chacun (10, 30, 50, 70, 90, 100% v/v) puis dans du butanol pendant
2 jours. Les échantillons ont ensuite été inclus dans la paraffine (Paraplast X-Tra, Oxford
Labware) et coupés à 7µm à l’aide d’un microtome (HM355S, Microm). Les coupes ont été
déparaffinées avec du safesolv (LaboNord France), réhydratés par des bains successifs
d’éthanol (100, 70, 50, eau DEPC) puis traités la Protéinase K (0,1U/mL dans 0,1 M Tris-
HCL pH 7,5) à 37°C pendant 15 minutes. La digestion a été stoppée par des lavages au
PBS+0,2% glycine puis 2 fois au PBS 1X pendant 2 minutes. Après une déshydratation des
échantillons par des bains successifs d’éthanol, l’hybridation a été réalisée à 42°C pendant
une nuit avec 0,2 µg/ml de la sonde ARN spécifique H4 marqué à la digoxigènine dans une
solution d’hybridation (50% formamide, 2X SSC, 4X Denhardt, 20% Dextran, 2mg/mL
tRNA). Après hybridation, les lames ont été lavées une fois dans du 2X SSC à 50°C pendant
45 min et 2 fois dans du 1X NTE (Tris HCl 1mM, NaCl 0,5M, EDTA, 1mM pH 7,5) à 37°
pendant 2 min. Une digestion à la RNase (20µg/ml dans le tampon NTE) a été réalisée
pendant 30 min à 37°c et stoppée dans du NTE à 37°C. Des lavages ont ensuite été réalisés
dans du SSC 2X, SSC 1X et SSC 0,5X pendant 15 min chacun et à 50°C. Les sites
aspécifiques ont été bloqués dans une solution de blocage (« blocking agent » Roche; 10%
dans le tampon PBS) pendant 1 heure puis les échantillons ont été mis en présence de
l’anticorps anti-DIG couplé à la phosphatase alcaline (Roche) dilué au 1/500 pendant 30 min
dans la solution de blocage. Les anticorps en excès ont été éliminés par 3 rinçages successifs
de PBS. Après équilibration dans du tampon de coloration (100 mM Tris-HCl pH 9,5, 100
mM NaCl, 50 mM MgCl2), les échantillons ont été mis à incuber dans le même tampon
complété avec 0,2 mM NBT and 0,2 mM BCIP jusqu’à révélation d’un signal pourpre. Les
coupes ont été observées à l’aide du microscope Leitz DMRB équipé d’une caméra Leica
DFC300FX

47
Chapitre 1 : Le développement reproducteur du palmier dattier

Le palmier dattier se caractérise par sa croissante lente et par sa longévité (plus de 100 ans).
Le sexe de la plante n’est identifiable qu’à partir de sa première floraison qui se produit en
moyenne entre 3 et 8 ans d’âge. Pendant la floraison, les bourgeons axillaires situés à
l’aisselle des palmes adultes évoluent en organes reproducteurs ou inflorescences
(Bouguedoura, 1991). Au Sahel, la baisse des températures, l’arrivée des saisons des pluies
estivales et la hausse du niveau des nappes phréatiques ont été cités comme déterminantes
pour l’induction florale chez le palmier dattier (Jahiel et al., 1996). Dans les zones de culture
traditionnelle comme le Maghreb, il a été proposé que la floraison du palmier dattier serait
liée à la diminution de l’activité végétative pendant la période hivernale (Saaidi, 1979).
Même si le palmier dattier revêt une importance agro-économique considérables pour les pays
du Sud, les connaissances disponibles sur le mécanisme de régulation de sa floraison restent
très limitées. Aucune donnée n’est rapportée sur les différents facteurs endogènes et exogènes
influençant l’induction florale pour les zones de culture traditionnelle ainsi que pour les zones
de culture marginales comme Djibouti, Soudan, Mali, etc. De plus, peu de données existent
sur la cinétique de développement des inflorescences à l’aisselle des palmes ainsi que le
nombre d’inflorescences émis par an. Chez le palmier à huile, le développement
inflorescentiel dure plus de 2 ans, mais au moment où ce projet de thèse a démarré, aucune
étude similaire n’avait été réalisée chez le palmier dattier. Dans ce contexte, l’objectif de ce
chapitre est d’apporter, en étudiant les caractéristiques du cycle de floraison à Djibouti, des
réponses aux questions sus mentionnés sur le mode d’induction florale ainsi que sur la
cinétique de production inflorescentielle.

48
I. Floraison du palmier dattier

Pour déterminer les caractéristiques du cycle de floraison des palmiers dattiers à Djibouti,
nous avons effectué :

- Des observations sur la production inflorescentielle d’un peuplement de palmier


dattier durant deux saisons de floraison consécutives (2009 et 2010) dans les
palmeraies d’Ambouli situé à proximité de la ville de Djibouti (figure 19). Ce
peuplement comprend 149 individus, dont 107 femelles et 42 mâles. Un suivi
bimensuel de l’émergence des inflorescences a été effectué durant toute la période de
floraison. Puis, des dissections à l’échelle individuelle ont été opérées à différents
moments pendant la saison de floraison.

- Un suivi météorologique à l’aide de la station météo de l’aéroport d’Ambouli, situé à 3


km des palmeraies, qui a permis d’enregistrer les variables climatiques
(températures moyenne journalière; pluviométrie) du site d’observation.

L’ensemble des données acquises lors des observations phénologiques a permis d’apporter
des éléments de réponses à ces questions :
- Quels sont les facteurs climatiques susceptibles d’influencer l’induction florale
chez le palmier dattier ?
- Quelles sont les étapes-clé de la cinétique de la production des inflorescences ?
- Quelle est la durée du développement d’une inflorescence ?

A. L’induction de la floraison

Nous avons cherché à comprendre les facteurs qui influencent l’induction florale chez le
palmier dattier.

Les caractéristiques morphologiques du palmier dattier comme la grandeur de sa taille et la


haute protection des inflorescences par les palmes de la couronne rendent difficiles
l’indentification précise de la date de l’initiation inflorescentielle, et donc de l’initiation
florale. C’est pourquoi l’apparition des inflorescences dans les axils des feuilles est
généralement utilisée comme le premier point indicatif d’entrée en floraison du palmier
dattier (figure 20).

49
Les facteurs exogènes
La superposition de la courbe de l’évolution de la température et celle du cycle floral des
palmiers dattiers suggèrent que la date de début de floraison pourrait dépendre des conditions
climatiques pendant les mois les plus frais de l’année au cours desquels les températures sont
les plus basses (figure 21). Sachant que le début de cycle de floraison correspond à la
première émergence

Mer Rouge

Figure 19 : La localisation des principales palmeraies de Djibouti.

50
Figure 20 : Palmier dattier en cours de floraison. A : Les inflorescences en début d’émergence. B :
Les inflorescences après ouverture de la spathe.

1ère emergence
d’une inflorescence

Induction florale

Figure 21 : Evolution de la température pendant l’année et de l’émergence des inflorescences de


palmier dattier à Djibouti. Les fluctuations de température permettent de distinguer deux saisons
principales : la saison fraiche d’octobre à avril avec une température moyenne de 26°C et la saison
chaude de mai à septembre avec une température moyenne de 38°C.L’induction florale intervient
pendant la baisse des températures.

51
visible d’une inflorescence, pour repérer le début de l’induction florale il faut prendre en
compte le temps d’élongation de cette inflorescence que Jahiel (1996) a estimé à 50 jours.
Soit une induction florale qui aurait lieu vers mi-octobre. Cette date coïncide avec la baisse
des températures. De plus, aucune pluviométrie n’est enregistrée durant le mois d’octobre.
Ces résultats confortent l’hypothèse d’une relation entre l’induction de la floraison et la
diminution de la température chez le palmier dattier. Dans les conditions environnementales
de Djibouti, la baisse des températures constitue le principal facteur exogène qui serait
associé à l’induction de la floraison.

Les facteurs génétiques

Le suivi de l’émergence des inflorescences des 149 palmiers issu de graines a permis de
déterminer la durée de la période de floraison ainsi que la fréquence et la date d’émission des
inflorescences.
La figure 22 montre l’évolution de l’émergence des inflorescences pendant la période de
floraison. On observe que la floraison débute mi-décembre par la première apparition de
spathe et s’achève à la fin du mois d’avril ; elle s’étale donc sur une durée de 4 à 5 mois
environ. Cette floraison est courte et se produit sur une seule période annuelle.
De plus, le pattern de floraison de ces palmiers présente un profil bimodal avec deux pics
d’émission inflorescentielle bien distincts (figure 22 ; figure 23). La première série d’émission
se produit vers mi-janvier et la seconde vers la fin février. Les palmiers dattiers présentent
quatre comportements différents durant la période de floraison (figure 22) :
- les floraisons précoces
- les floraisons tardives
- les doubles émissions florales
- les floraisons intermédiaires
Les palmiers précoces représentent 39 % de la population et fleurissent entre la fin décembre
et la fin du mois janvier de l’année suivante alors que les inflorescences des palmiers à
floraison tardive (37 %) émergent entre la fin février et la fin du mois de mars (Tableau 4).
Les palmiers qui présentent un seul pic d’émission floral précoce ou tardif sont majoritaires
(76 %) (Tableau 3). Les palmiers qui présentent une double émission florale représentent
environ 14 % de la population. Le dernier groupe à floraison intermédiaire comprend une
dizaine de palmiers (10 %) qui fleurissent pendant la période de ralentissement de la
production florale globale, entre la fin du mois janvier et la fin du mois février.
52
Figure 22 : Période de floraison des palmiers dattier à Djibouti.

Première émergence inflorescentielle


vers mi-janvier

Seconde émergence inflorescentielle


vers fin -février

Figure 23 : Palmier dattier à double émission florale. Les fruits issus de la première émission florale
sont en stade khalal alors que les fleurs de la seconde émission florale sont à l’anthèse.

53
Tableau 5: Types de floraison des individus de palmier dattier à Djibouti

Type de floraison Pourcentage des palmiers dattiers en floraison

Mâles Femelles Total

Précoce ou première émission


31 46 39
inflorescentielle (vers mi-janvier)

Tardive ou seconde émission


38 37 37
inflorescentielle (vers fin février)

Double émission florale 17 11 14

Intermédiaire (entre fin janvier et fin-


14 6 10
février)

Figure 24 : Schéma de dissection d’un palmier. A : palmier adulte ; B : palmier disséqué ; C :


bourgeon indéterminé; D : bourgeon inflorescentiel ; E : bourgeon inflorescentiel avorté ;
F palme portant à son aisselle une jeune inflorescence entourée de la spathe ; G :
inflorescence mature à l’anthèse.

54
Ces différents comportements n’ont pas pu être reliés à un environnement donné mais
dépendraient plutôt du génotype des individus.
Il est intéressant de noter que les mâles montrent une floraison plus précoce d’une à deux
semaines et une aptitude plus élevée pour la double émission florale, soit 17 % contre 11 %
chez les individus femelles (tableau 5). En revanche, presque la moitié des palmiers femelles
(46 %) ont une floraison précoce.
En conclusion, les résultats de nos observations montrent que l’induction florale du
palmier dattier peut varier en fonction des génotypes (précocité, tardivité ou double)
ainsi que du sexe.

B. Cinétique de développement des inflorescences

Différents types de bourgeons

La dissection complète de la couronne foliaire opérée sur une trentaine d’individus mâles et
femelles nous a permis d’observer précisément la production axillaire d’un palmier pendant la
période de floraison. Les dissections ont eu lieu à différents moments durant la floraison afin
d’identifier un maximum de stades de la morphogenèse inflorescentielle. Lors de la
dissection, tous les bourgeons axillaires ont été prélevés de la palme la plus externe vers la
palme la plus interne (figure 24).

Nos résultats montrent qu’un palmier dattier adulte produit quatre types de bourgeons
axillaires (figure 24):
- des bourgeons indéterminés à l’aisselle des palmes non chlorophyllienne (figure 24c).
Ils ont une forme triangulaire et une structure tendre et très fragile. Leur longueur est
généralement inférieure à 0,5 cm et leur diamètre varie de 0,5 à 1 cm. Leur
morphologie conforte l’idée que le bourgeon indéterminé serait la structure originelle.
- des bourgeons inflorescentiels à l’aisselle des palmes chlorophylliennes avec des
folioles non ouvertes (figure 24d). Ils ont une forme trapézoïdale et une structure
compacte (figure 24d). Leurs dimensions varient de 2 à 3 cm en hauteur et de 1 à 2
cm en largeur. Leur nombre varie de 10 à 30 selon l’individu et les conditions
environnementales.
- des bourgeons inflorescentiels avortés à l’aisselle des palmes adultes
chlorophylliennes et étalées (figure 24 e,f)
55
- des inflorescences à l’aisselle des palmes adultes chlorophylliennes avec des palmes
étalées (figure 24g)
La nature du bourgeon axillaire semble donc dépendre de l’état de développement de la
palme. Le passage du bourgeon de l’état indifférencié à l’état inflorescentiel correspondrait à
l’ouverture et à l’étalement de la palme.

Nombre d’inflorescences émises

L’ensemble des 36 dissections montrent que les palmiers dattiers mâles et femelles étudiés
émettent en moyenne 9 et 12 inflorescences respectivement (figure 25 a,b). Nous avons
constaté que le nombre d’inflorescences émises peut varier en fonction du sexe, des
conditions d’environnement (disponibilité en eau, terre arable) et des pratiques culturales
(élagage des palmes). Par exemple, les individus femelles (DF7, DF14) ou mâles (DM5,
DM8) se distinguant par leur nombre d’inflorescence élevé sont issus des palmeraies bien
irriguées et correctement entretenues. De plus, ils n’ont subi aucun élagage des palmes et
portent une couronne foliaire importante.

L’examen des patterns d’émergence des inflorescences à l’échelle individuelle montre la


présence d’une grande hétérogénéité dans l’émergence entre les individus de palmier dattier
(figure 26). Les différents profils d’émission inflorescentielle observés sont les suivants :

- les inflorescences peuvent émerger l’une après l’autre de la palme la plus âgée vers la
palme la plus jeune (figure 26a).
- les inflorescences émergent l’une après l’autre de la palme la plus jeune vers la palme
la plus âgée (figure 26b).
- les premières inflorescences émergent simultanément à l’aisselle des palmes les plus
jeunes et les plus âgées et les inflorescences tardives sont portées par les palmes
intermédiaires (figure 26c).
- Les inflorescences émergent simultanément à l’aisselle de toutes les palmes actives
(figure 26d).

56
Figure 25 : La production d’inflorescences des palmiers dattiers adultes pendant l’année 2008 /2009.
Production inflorescentielle des mâles (a) et des femelles (b). Nombre moyen d’inflorescences produit
est de 9 pour les mâles et de 12 pour les femelles. On observe une grande variabilité génotypique dans
la production inflorescentielle. Il n’y a pas de différence significative entre la production
inflorescentielle des mâles et celle des femelles

Figure 26: Cinétique de production inflorescentielle. L’émergence des inflorescences peut s’effectuer
selon un gradient bien défini (a et b) ou de façon très hétérogène (c-d).

57
Pattern de développement des inflorescences

La figure 27 montre un schéma de la distribution des bourgeons axillaires à l’aisselle des


palmes de la couronne à un moment donné de la vie de la plante, au moment de la dissection.
L’analyse de cette distribution de la couronne vers le cœur du palmier nous indique que :
- les palmes les plus externes portent les vestiges des inflorescences de l’année
précedente
- les palmes suivantes portent les inflorescences produites au cours de l’année
- les palmes internes portent les bourgeons inflorescentiels
- les palmes les plus internes portent les bourgeons indéterminés.
Il est intéressant à noter la présence de bourgeons inflorescentiels avortés, soit au sein d’une
série d’émissions inflorescentielles, soit entre deux émissions inflorescentielles de deux
années consécutives. De plus, cette analyse montre que pour chaque floraison un certain
nombre de palmes est recruté pour produire des inflorescences. Deux questions se posent
donc : de quel bourgeon (indéterminé ou inflorescentiel) provient l’inflorescence ? Quelle est
la durée de développement d’une inflorescence ?

L’analyse de cette distribution ainsi que les observations réalisées lors des dissections nous
permettent de répondre à ces questions et de proposer l’hypothèse d’une évolution en deux
temps (figure 27):
- Le bourgeon indéterminé évolue en bourgeon inflorescentiel. C’est une phase longue
qui peut durer plusieurs années. Pendant cette phase, le bourgeon indéterminé croit en
épaisseur et en taille et devient bourgeon inflorescentiel. La taille des bourgeons
inflorescentielles varie en fonction de l’état du développement des palmes axillantes.
Les palmes les plus internes peu étalées portent des bourgeons inflorescentielles peu
développés avec un court pédoncule. Ainsi l’évolution d’un bourgeon indéterminé
vers un bourgeon inflorescentiel ne dépendrait que des facteurs endogènes de type
nutritionnel (photosynthèse de la palme).
- Le bourgeon indéterminé évolue en jeune inflorescence. Cette transition semble être très
rapide, de l’ordre de quelques jours où le bourgeon inflorescentiel connait un changement
morphologique profond. Cette seconde phase correspond à l’acquisition de caractères liés
à la reproduction sexuée. Cette transition dépend des facteurs d’induction de la floraison
58
d’ordre environnementale. Les dissections réalisées en dehors de la période de floraison,
en saison chaude, ont montré que les palmiers dattiers ne portaient des bourgeons
inflorescentielles et/ou des bourgeons d’inflorescences avortées.

Conclusion
L’ensemble de nos observations phénologiques suggèrent que, dans les conditions
d’environnement sahélien, la variabilité de la date de floraison du palmier dattier peut
être associée à une baisse hivernale des températures ainsi qu’à un effet génotypique.
Le développement des inflorescences montre une cinétique en deux temps : une longue
phase d’initiation du bourgeon inflorescentiel et une phase rapide de différentiation de
l’inflorescence. Il conviendrait d’investiguer par des études complémentaires les facteurs
endogènes ou exogènes dans la régulation de la phase d’induction florale.

59
Vestiges des
inflorescences
de l’année dernière

Figure 27 : Schéma de production axillaire d’un palmier adulte mature. Les différentes
feuilles portent des bourgeons axillaires différents selon l’état de la palme axillante. Les
palmes les plus externes et complètement ouvertes portent les vestiges des inflorescences de
l’an passé. Les palmes internes proche de la lancée et aux folioles non ouvertes portent des
inflorescences bourgeons inflorescentiels. Entre ces deux types de palmes, on trouve des
palmes aux folioles ouvertes qui portent les inflorescences de l’année. Des bourgeons
inflorescenciels avortés sont observables très souvent entre deux cycles de floraison
consécutifs.

60
II. Discussion

La floraison du palmier dattier est saisonnière comparativement à d’autres palmiers, comme


Elaeis guineensis ou Geonoma epitiolata, dont la floraison peut s’étaler sur toute l’année
(Dransfield et al., 2008). La date de début et la durée de floraison varient en fonction des
régions de culture. La nature exacte des facteurs responsables de cette variabilité sont jusqu’à
présent malconnus.
Dans les conditions environnementales de Djibouti, le développement inflorescentiel du
palmier dattier est très court, de l’ordre de quelques mois à partir de l’apparence du bourgeon
inflorescentiel. Il est étroitement relié à l’état de croissance de la palme axillante. Le modèle
de développement inflorescentiel du dattier présente des similarités avec celui du palmier à
huile tant sur la chronologie de l’émergence inflorescentielle que sur l’organisation structurale
de l’inflorescentielle. Cependant, le développement de l’inflorescence du palmier à huile dure
2 à 3 ans et se caractérise par une phase de différentiation très longue (plus de 2 ans) et une
phase d’organogénèse florale très courte (4 à 8 mois) (Adam et al., 2005). Il serait intéressant
de connaître et de comprendre les mécanismes ou facteurs contrôlent les différentes phases du
développement des inflorescences chez le palmier dattier.
Le comportement florifère des palmiers dattiers de Djibouti démontrent l’absence d’une
double floraison puisque les deux séries d’émissions florales conduisent à une seule
fructification. En effet, les conditions climatiques de Djibouti freinent l’aptitude à réaliser
deux cycles de floraison dans la même année. La double floraison observée chez certains
cultivars au Niger et au Mali a été également constatée chez un autre palmier apparenté au
dattier, il s’agit de Phoenix reclinata au Soudan (Munier, 1981).
Nos résultats ont montré que très peu d’individus fleurissent entre les deux pics d’émission
alors que les conditions de température sont favorables. La cause de ce comportement
demeure inconnue, mais on peut émettre l’hypothèse selon laquelle les facteurs régulateurs de
la floraison ne seraient pas réunis pour obtenir une floraison pendant cette période.
Il a été rapporté l’existence d’un seuil de sensibilité individuel aux facteurs inducteurs de la
floraison (Munier, 19734). Cela pourrait expliquer la grande variabilité de la fréquence et de
la cinétique de production inflorescentielle constatée entre les individus de palmier dattier.
L’induction florale apparait également dépendante des facteurs intrinsèques tels que la
photosynthèse (masse végétale critique), la nutrition et les hormones (Bouguedoura, 1990).

61
Depuis plusieurs décennies, le Sahel connait une baisse progressive des pluviométries et des
sécheresses accrues. De plus, face à la variabilité des conditions climatiques et pour s’assurer
des rendements suffisants, les paysans doivent choisir des variétés adaptés. Dans le cas du
palmier dattier, la précocité de floraison est recherchée non seulement pour des raisons
économiques mais aussi pour éviter l’arrivée des pluies estivales qui compromettent la
maturation des dattes, et donc la récolte. Des gènes impliqués dans l’adaptation aux
différentes conditions climatiques ont été rapportés chez certaines espèces. Chez le riz, il a été
montré que la mutation du gène PHYTOCHROME B (PhyB) conduit à un phénotype de
floraison précoce (Takano et al., 2005). Le gène PHYTOCHROME C d’Arabidopsis thaliana
jouerait un rôle important dans les variations de floraison des populations naturelles
(Balasubramanian et al. 2006). Par ailleurs, une étude récente a rapporté l’identification chez
le mil d’un gène PHYC, codant la protéine PHYTOCHROME C, qui serait associé à
phénotype floraison précoce et qui jouerait un rôle dans l’adaptation du mil aux différents
climats (Saïdou et al, 2009). Dans un tel contexte, il serait intéressant de rechercher les
facteurs génétiques contrôlant la floraison chez le palmier dattier, ce qui permettra de
sélectionner les variétés les plus précoces.
D’autre part, une étude fonctionnelle des gènes MADS box de palmier à huile a montré la
présence des transcrits du gène EgSQUA1 (Elaeis guineensis SQUAMOSA 1) spécifiquement
dans les méristèmes inflorescenciels et floraux et pas dans l’apex végétatif (Adam et al.,
2007). Dans cette optique, il serait intéressant d’utiliser les connaissances acquises sur le
palmier à huile, pour pouvoir déterminer l’identité précise des différents types de bourgeons
axillaires rencontrés chez le palmier dattier.

Enfin, cette étude a permis de décrire pour la première fois les conditions associées à la
cinétique de développement florale de différents cultivars de palmier dattier à Djibouti. Les
connaissances acquises vis-à-vis du volume de production inflorescentielle, ainsi que la date
et la durée de l’émission des inflorescences, sont essentielles pour la maîtrise de la production
et la gestion des dattes dans les palmeraies. Les études décrites ici seront complétées par des
travaux sur la caractérisation génétique et morphologique des cultivars qui est envisagé dans
le cadre d’un stage de Master. L’ensemble de ces données contribuera à la préservation du
patrimoine phœnicicole local. De plus, les données phénologiques acquises dans les
conditions environnementales de Djibouti s’intègrent dans un projet d’établissement d’un
modèle global de la phénologie du palmier dattier. Ce dernier a pour objet de récolter des
62
données phénologiques de différents sites qui, après standardisation, serviront de base à la
constitution du modèle phénologique global. Cette démarche permettra à terme de déterminer
l’importance respective de la part génétique et environnementale dans la régulation du cycle
reproducteur du dattier et dans l’induction florale en particulier.

63
Chapitre 2 : Etude du développement floral

La précédente étude des paramètres phénologiques de la floraison du palmier dattier nous a


permis d’obtenir les premières indications sur l’influence des conditions environnementales
sur l’initiation et la différenciation des inflorescences. En revanche, les facteurs endogènes
contrôlant le dimorphisme sexuel sont encore inconnus. L’un des obstacles est l’absence
d’une description détaillée de la cinétique du développement reproducteur mâle et femelle.
Tel est l’objectif de ce chapitre. Afin de caractériser le processus de différenciation sexuelle,
le développement reproducteur a été étudié à partir du bourgeon inflorescentiel jusqu’à la
maturation des organes reproducteurs (gynécée et androcée). Cette étude nous a permis de
définir le stade le plus précoce où le sexe de l’inflorescence est distinguable ainsi que les
événements histo-cytologiques accompagnant l’apparition du dimorphisme sexuel de la fleur.

Une étude histo-cytologique de la cinétique du développement de l’inflorescence depuis le


bourgeon axillaire originel jusqu’à l’inflorescence mature a été réalisée. De nombreuses
dissections de palmiers dattiers en cours de floraison ont été nécessaires pour obtenir
l’ensemble des stades de la cinétique du développement de l’inflorescence.

64
I. La morphogénèse de l’inflorescence

A. L’organisation de la structure de l’appareil reproducteur

La floraison du palmier dattier est de type pléonanthique car les inflorescences naissent du
développement des bourgeons axillaires alors que la plante poursuit sa croissance
monopodiale grâce à son seul bourgeon végétatif apical. L’organe reproducteur du palmier
dattier est une inflorescence composée, sur le plan structural, d’un axe principal ou rachis qui
se ramifie en un certain nombre d’axes d’ordre secondaire ou « épillets » qui portent les fleurs
solitaires (figure 28). L’ensemble est enveloppé dans une grande bractée ligneuse ou spathe.
A l’anthèse, les inflorescences ainsi que les fleurs montrent un fort dimorphisme
morphologique (figure 28b-g).
Dans le chapitre précédent, nous avons établi que le bourgeon indéterminé devient bourgeon
inflorescentiel avant d’évoluer en inflorescence mature au cours de l’induction florale. Dans
ce chapitre, nous avons mené une caractérisation histologique des bourgeons inflorescentiels
et des inflorescences afin de rechercher les modifications structurales associées à la transition
florale et de caractériser les différents stades de développement de l’inflorescence.

B. La structure d’un bourgeon inflorescentiel

Le terme « bourgeon inflorescentiel » est utilisé ici pour décrire la structure engagée dans la
voie du développement floral, avant que la ramification ne soit constatée. Ils sont de structure
compacte et de couleur blanc cassé. Ils ont une forme trapézoïdale (figure 29a). Des coupes
histologiques réalisées montrent que ces bourgeons inflorescentiels sont organisés en une
zone apicale méristématique et une région basale parenchymateuse (figure 29b). Cette
dernière zone contient des cellules vacuolisées riches en amidon et de nombreux éléments
vasculaires. A ce stade, aucune différence morphologique n’est observée entre les bourgeons
inflorescentiels mâle et femelle.

65
Figure 28 : L’appareil reproducteur du palmier dattier. a : structure de l’inflorescence. b :
l’inflorescence mâle à l’ouverture de la spathe ; c : fleurs matures densément distribuées sur
l’axe de l’épillet ; d : coupe longitudinale d’une fleur mâle mature ; e : inflorescence femelle à
l’anthèse; f : épillet femelle ; g : fleur femelle mature ; les axes 1 et 2 correspondent au rachis
et aux épillets respectivement. Abréviations : b: bractée; C:carpelle; F :fleur ; FF: fleur
femelle; FM: fleur mâle; FR: épillet femelle; MR: épillet mâle; P:prophyll; Pe:pétale;
Pi:pistillode S:sépale; St:étamines. Barres : 500 µm (c, f) and 250 µm (d, g).

Figure 29: Initiation et développement des inflorescences. a: bourgeon inflorescentiel à


l’aisselle des palmes adultes c: coupe longitudinale d’un bourgeon inflorescentiel.
Abréviations: A: apex; Pa: Parenchyme; Pe : pédoncule de l’inflorescence Pv: faisceaux
provasculaires. Barres: 250 µm (a); 300 µm ; 5 mm (b).

66
Figure 30 : Jeune inflorescence. a: la plus jeune inflorescence obtenue lors des dissections. On
observe l’élongation du pédoncule et la formation de la spathe ; b : coupe longitudinale d’une jeune
inflorescence femelle. Abréviations: A: apex; Pa: Parenchyme; Pe : pédoncule de l’inflorescence; Pr:
prophyll ou bractée; Ra: rachillae ou épillets. Barres : 300 µm (e); 5 mm (b).

Figure 31 : Jeune inflorescence au stade d’initiation des méristèmes floraux et d’environ 10 mm de


longueur; A: inflorescence mâle ; B: inflorescence femelle ; C: coupe histologique d’un épillet mâle ;
D: coupe histologique d’un épillet femelle. E-F: ultra-structure des cellules d’un épillet
mâle montrant l’absence d’accumulation d’amidon (E) alors que celles d’un épillet femelle montre
une forte accumulation (F, amidon en rose). Abréviations: b: bractée; Fm: méristème floral; R: rachis;
Ra: rachillae ou épillets. Barres : 300 µm (C, D); 5 mm (A, B) et 20 µm (E, F).

67
C. La structure de la jeune inflorescence après la mise en place des axes de
croissance secondaires

Les bourgeons inflorescentiels se développent et se différencient lorsque les conditions


nécessaires sont réunies (figure 30a). Au cours des premiers stades, on peut noter une
excroissance du côté apical et un allongement du pédoncule.
L’histologie des jeunes inflorescences montre que leur partie basale présente la même
organisation structurale que celle des bourgeons inflorescentiels (figure 30b). Cependant,
l’apex du bourgeon inflorescentiel se différencie et se ramifie pour initier simultanément
l’enveloppe de la spathe et les épillets sur lesquels vont s’initier les primordiums floraux. La
spathe est constituée d’un parenchyme vacuolisé parcouru par de nombreux éléments
provasculaires. La forte coloration par le naphthol blue-black (NBB) de l’apex montre que
cette zone est en phase de croissance active (figure 30b).

D. Le dimorphisme inflorescentiel

La différentiation des axes de croissance secondaires (rachillae) s’effectue au niveau de l’apex


de l’inflorescence. On peut noter l’absence de bractée à la base de ces ramifications. Les
jeunes inflorescences mâle et femelle présentent la même organisation structurale globale
(figure 31). Cependant, plusieurs différences morphologiques et cytologiques sont observées
entre les deux sexes dès l’initiation des primordiums floraux :
− Durant le développement inflorescentiel précoce et alors que leurs tailles sont
similaires, les jeunes inflorescences mâles et femelles ont des formes distinctes. Les
inflorescences mâles sont de forme conique et les inflorescences femelles sont plus arrondies.
Cela peut être relié à une différence de ramification au niveau de leurs épillets (figure 31a,b).
− Des coupes longitudinales de jeunes inflorescences montrent des différences de
densité de méristèmes floraux, lesquels se développent latéralement le long des épillets. Les
méristèmes floraux sont plus densément distribués sur l’axe secondaire de inflorescence mâle
par rapport à son équivalent femelle (figure 31c,d).
− La troisième différence observée entre les jeunes inflorescences mâle et femelle avant
l’organogénèse florale est le pattern d’accumulation des polysaccharides dans les épillets. De
nombreux grains d’amidon sont observés dans les cellules parenchymateuses des rachillae
68
femelles alors que leurs équivalents mâles n’en contiennent que très peu (figure 31 e,f).
L’accumulation d’amidon augmente avec le développement et la croissance des rachillae
(tableau 6). Les organes floraux sont dépourvus de réserves amylacées durant le
développement floral précoce. En revanche, une accumulation d’amidon devient visible dans
les pétales et sépales durant la différenciation sexuelle des organes floraux.

Conclusion

Les premiers stades de développement des inflorescences mâles et femelles de palmier


dattier montrent des différences morphologiques importantes, suggérant que le
dimorphisme sexuel des inflorescences se déclenche précocement avant le stade
d’initiation des méristèmes floraux, donc avant la différenciation sexuelle des boutons
floraux.

III. La morphogenèse florale

Les premiers signes du dimorphisme inflorescentiel que nous avons établi précédemment
correspondraient à des caractères sexuels secondaires, potentiellement associés à la future
mobilisation énergétique nécessaire à la production des fruits. Cependant, étant donné que la
dioïcie n’est pas dû à la structure inflorescentielle, sensu stricto, nous nous sommes focalisés
sur les caractères sexuels primaires directement liés au sexe, c’est-à-dire au niveau de la fleur.
A quel stade de développement de l’inflorescence, le sexe de la fleur est–il mis en place ?
Nous avons recherché des éléments de réponse à cette question dans l’étude de la
morphogénèse florale du palmier dattier. Pour ce faire, une étude histologique des fleurs a été
réalisée afin de déterminer les stades clés de développement floral ainsi que les principales
différences structurales entre les fleurs males et femelles.

A. Stades de développement de la fleur

La dissection d’une trentaine de palmiers dattiers a été nécessaire pour disposer du matériel
inflorescentiel représentant la totalité des stades requis pour établir une cinétique de
développement floral (figure 32).

69
Une étude histologique et des observations en microscopie électronique à balayage (MEB) ont
été réalisées sur les bourgeons floraux portés par les différentes inflorescences de tailles
différentes et échantillonnés lors des dissections (figure 32). Cet étude nous a permis
d’identifier 9 stades principaux de développement floral allant du bourgeon floral jusqu’à
l’émergence d’une fleur mature unisexuée (figure 33; tableau 7). Les différents stades sont
référencés par rapport à la taille de leurs inflorescences puisqu’il est pratiquement impossible
de donner un âge aux inflorescences avant leur émergence (inaccessibilité à cause de la haute
protection de la couronne foliaire).

Les bourgeons floraux mâles et femelles sont initiés à partir d’une zone latérale
méristématique du rachilla et à l’aisselle d’une courte bractée (figure 31c,d). L’apparition du
bourgeon floral est définie afin de correspondre le stade initial (I) de la morphogenèse florale
(figure 33a,e; tableau 7). Les bourgeons floraux sont constitués de cellules intensément
colorées au NB, indicateur d’une forte activité de division cellulaire. Ils se développement de
façon longitudinale et radiale par des divisions anticlines et périclines respectivement.
L’initiation des primordiums des organes floraux (sépales, pétales, étamines et carpelles)
s’effectue de manière acropète et aboutit à l’établissement des quatre verticilles
successivement opposés. L’émergence des primordiums des sépales, des pétales, des étamines
et des carpelles se produit successivement. Chaque organe floral se caractérise par une
structure histologique bien déterminée. Nous désignons un stade évolutif pour la mise en
place d’un nouvel organe floral. Ainsi, les stades II, III, IV et V correspondent à l’ontogénèse
des sépales, pétales, étamines et carpelles respectivement (stade III : figure 33b,f; stade IV:
figure 33c,g ; stade V : figure 33d,h ; tableau 7).

Le développement des bourgeons floraux mâles et femelles est similaire jusqu’à l’émergence
du dernier verticille (carpelle ou gynécée) au stade V (figure 33d,h ). Le bourgeon floral est
alors d’apparence bisexuelle à ce stade.
A partir du stade VI (figure 33i,m) puis au VII (figure 33j,n), les fleurs mâles et femelles ont
des morphologies différentes. Les organes sexuels fertiles (carpelle pour les fleurs femelles et
étamines pour les fleurs mâles) s’accroissent en taille et se développent.
Aux stades VIII (figure 33k,o) et IX (figure 33l,p), alors que les organes sexuels fertiles
atteignent leur phase de maturité avec des structures reproductrices matures (ovule pour les
carpelles et sac polliniques pour les étamines), les organes sexuels stériles (staminodes des

70
fleurs femelles et pistillodes des fleurs mâles) apparaissent rudimentaires et montrent un
développement incomplet (figure 33l,p; tableau 7).

Conclusion
Le développement floral chez le palmier dattier qui comprend 9 stades clés peut être
subdivisé en deux phases distinctes :
- La première phase (du stade I au stade V) correspond à la mise en place des organes
floraux sexuels et stériles. Durant cette phase, les bourgeons floraux mâles et femelles
sont morphologiquement indistinguables (stade V). Le bourgeon floral est d’apparence
bisexuelle
- La seconde phase (du stade VI au stade IX) se caractérise par la différentiation des
organes reproducteurs. Les organes sexuels mâles et femelles suivent des voies
morphogénétiques différentes qui accentuent le dimorphisme sexuel.

Ces résultats viennent compléter et préciser les observations du développement floral


rapportées par DeMasson et al (1980) et les 8 stades de différentiation pour l’inflorescence
femelle proposés par Masmoudi et al (2008). De plus, cette description histologique nous
montre clairement que le sexe de la fleur du palmier dattier commence à se mettre en
place avant le stade VI, donc probablement au stade V ou peut être plus tôt. Afin
d’approfondir cette question, les stades « bisexuels » V et IV des bourgeons floraux mâles et
femelles ont été étudiés plus en détails afin de rechercher les premières différences
morphologiques visibles liées au sexe.

71
Tableau 6 : Accumulation d’amidon dans les organes reproducteurs du palmier dattier. Ce
tableau correspond à un récapitulatif de la présence (+) ou absence (0) de réserves amylacées
dans les structures reproductives mâle et femelle. Les organes reproducteurs (fertiles et non
fertiles) sont dépourvus d’amidon jusqu’au stade VI où les carpelles de la fleur femelle
montrent la présence de quelques grains d’amidon. Cependant, les rachillae montrent une
accumulation d’amidon dès le stade d’initiation du bourgeon floral. Le pattern d’accumulation
est différent entre les inflorescences mâles et femelles. Les femelles montrent une plus forte
accumulation que les mâles. Le nombre de signe + indique une idée d’abondance

Fleurs Stade de développement

I II III IV V VI
Femelle épillets + ++ ++ +++ +++ +++
Organes non sexuels (sépales et pétales) 0 0 0 0 0 +
Organes sexuels (Carpelles, staminodes) 0 0 0 0 0 + (carpelles)
Mâle épillets 0 + + ++ ++ ++
Organes non sexuels (sépales et pétales) 0 0 0 0 0 +
Organes sexuels (Etamines et pistillodes) 0 0 0 0 0 0

72
Figure 32 : Cinétique de développement inflorescentiel femelle (A) et mâle (B

73
Figure 33: Stades de développement floral chez le palmier dattier. Coupes histologiques des fleurs femelles (a-d, i-l) et des fleurs mâles (e-h, m-
p). Stade I (a, e) , Stade III (b, f), Stade IV (c, g), Stade V (d, h), Stade V I (i, m) , Stade VII (j, n), Stade VIII (k, o), Stade IX (l, p). Pour la
description de chaque stade ainsi la taille inflorescentielle correspondante, voir le tableau 7. Abréviations: b: bractée; C:carpelle; fm: méristème;
O: ovule; Ov: méristème ovulaire ; P:pétale; Pi: pistillodes; St: étamines ; st: staminodes; S:sépales. Barres : 100µm (a, e) and 200µm (b-d,f-p).

74
Tableau 7 : Principaux événements morphologiques observées au cours de la formation des
fleurs unisexuées chez le palmier dattier.

Stage sexe Evénements morphologiques Longueur Figures


moyenne des
épillets (cm)

0 F-M Initiation du méristème de l’inflorescence; initiation du rachis 0,2- 0,5


et des épillets
1 F-M Initiation du méristème floral 0,5 - 1 Fig.31a, 3e
2 F-M Emergence des primordiums des sépales 1,5 - 3
3 F-M Emergence des primordiums des pétales 2,5 – 3,5 Fig.31b, 3f
4 F-M Initiation des primordiums des étamines 3 – 4,5 Fig.31c, 3g
5 F-M Initiation des primordiums des carpelles 3,5-4,5 Fig.31d, 3h
précoce Forme et taille comparable pour les primordiums de carpelles
de deux sexes (stade bisexuel)
Tardif Elargissement des primordiums des carpelles des fleurs
femelles (première différence morphologique)
6 M Elongation des primordiums des étamines et du pistillodes 5,5-7 Fig.31m, 5a
F Elargissement des primordiums des carpelles suivie d’une Fig.31i, 6a
légère différentiation. primordiums des staminode avec des
cellules actives
M Etamines se différentient en anthère and filament 7-13 Fig.31n
7
F Carpelle s’allonge. Initiation du méristème ovulaire. Arrêt de Fig.31j
développement des staminodes
8 M Différentiation des loges polliniques. Division méiotique 13-20 Fig.31o
visible dans les anthères. Pistillodes : carpelle s’est
légèrement allongée. Initiation du méristème ovulaire

F Initiation du nucelle et les téguments internes dans l’ovule. Le Fig.31k


style se différentie dans la partie apicale de l’ovaire
Staminodes montrent une différentiation cellulaire.
9 M Etamines augmentent de taille; des pollens bi-nucléaires 23-30 Fig.31p
apparaissent dans les sacs polliniques. Pistillodes: tailles
inchangées mais méristème ovulaire forme le nucelle. Aucun
développement ultérieur n’est observé.
F Initiation des stigmates. Téguments externes sont formés, la Fig.31l
macrospore est visible. Staminodes: cellules se vacuolisent et
certaines se différentient en faisceaux vasculaires

75
B. La mise en place du dimorphisme sexuel des fleurs

Afin de déterminer les premières différences visibles entre le développement des fleurs mâles
et femelles, des mesures morphométriques du verticille 4 des bourgeons floraux aux stades IV
et V d’initiation des organes sexuels ont été réalisées (figure 34a, b). Ces mesures
comprennent la largeur et la hauteur du verticille 4 ou gynécée.

Au stade IV

Alors que les sépales et les pétales continuent de s’allonger, les bourgeons floraux mâles et
femelles produisent chacun six primordia d’androcée entourant un méristème central. Nous
avons constaté que les largeurs et les hauteurs du méristème central sont comparables entre
les bourgeons mâles et femelles (P= 0,5, pour les largeurs ; P=0,54, pour les hauteurs ; figure
34c).

Au stade V

Nos observations en microscopie électronique à balayage (MEB) montre que, au stade V, le


méristème central du gynécée s’est élargi et s’est subdivisé en trois mamelons ou
primordiums similaires et de forme triangulaire, et qui émergent en alternance avec le
verticille interne de l’androcée (figure 35a, b). Une petite dépression se creuse au centre du
méristème floral et sépare les trois primordia du gynécée. Au début du stade V, le gynécée est
comparable entre les deux sexes. Cependant, dès que les primordia du gynécée ont émergés,
les premières différences morphologiques visibles commencent à apparaitre entre les
bourgeons floraux mâle et femelle.
Les mesures morphométriques effectuées montrent que les largeurs et les hauteurs des
primordia du gynécée sont significativement différentes entre les bourgeons mâles et
femelles. Ces résultats révèlent que les primordia du gynécée des bourgeons femelles sont
plus large que ceux des bourgeons mâles au stade « bisexuel » (P=0,0016, pour les largeurs ;
P=0,005, pour les hauteurs ; figure 35c).
Nous avons ensuite recherché les causes de l’élargissement du gynécée des bourgeons
femelles par rapport à celui des fleurs mâles. Deux hypothèses peuvent être proposées :
76
l’élargissement du gynécée serait liée soit à une différence de la taille soit à leur nombre de
cellules.

Pour ce faire, nous avons réalisé des mesures de la taille et du nombre total des cellules par
primordium sur des coupes histologiques médianes des bourgeons floraux mâle et femelle.
Nos résultats montrent que les tailles des cellules des gynécées mâle et femelle ne sont pas
significativement différents à ce stade V (P = 0,59 ; figure 36a). Cependant, nos résultats
montrent une différence du nombre total de cellules par primordium de gynécée entre les
bourgeons de sexe opposé. L’élargissement du gynécée serait dû à un nombre de cellules plus
important dans le bourgeon femelle par rapport au mâle (P = 0,0001; figure 36b).

En conclusion
Ces résultats montrent que les premiers signes de dimorphisme sexuel entre les
bourgeons mâle et femelle sont observables au stade V. Ils résulteraient d’une différence
d’activité mitotique du bourgeon floral au niveau du verticille 4, qui est plus large dans
le bourgeon femelle, ce qui constituerait le premier signe du processus de différenciation
sexuelle de la fleur chez le palmier dattier.

77
Figure 34 : Analyse biométrique des boutons floraux après l’initiation de tous les primordiums des
organes floraux. a : coupe longitudinale d’une fleur femelle au stade bisexuel (V). b: coupe
longitudinale d’une fleur mâle au stade bisexuel (V). c : Histogramme de la moyenne de largeur et de
la hauteur du gynécée des fleurs mâle et femelle. Abréviations: carpelle; Pe: pétales; St: étamines;
Hw4: Hauteur du verticille 4; Ww4: Largeur du verticille 4. Barre : 100 µm (a-b).

78
Figure 35 : Analyse biométrique des boutons floraux après l’initiation de tous les primordia
des organes floraux au stade V (bisexuel). a-b : Organes sexuels des fleurs femelle (a) et mâle
(d) en microscopie électronique à balayage (MEB). A ce stade, chaque fleur montre
l’émergence de trois primordia des carpelles de forme triangulaire au verticille interne entouré
de six primordiums d’étamines. c : Histogramme de moyenne de la largeur et de la hauteur
du gynécée des fleurs mâle et femelle. Au stade bisexuel V, les tailles sont significativement
différentes entre les gynécées femelle et mâle (c ; p= 0,0016). Abréviations: carpelle; Pe:
pétales; St: étamines.

Figure 36: histogramme d’aire moyenne des cellules des primordiums du gynécée des fleurs
femelle et mâle (a) ainsi que leur nombre moyen de cellules (b) au stade V. Les résultats
montrent que les tailles des cellules ne sont pas significativement différentes (p= 0,59).
L’élargissement du gynécée des fleurs femelles par rapport à celui des fleurs mâles résulte
d’un nombre de cellules significativement plus important (p: 0,0001).

79
C. La différenciation des organes reproducteurs mâle et femelle

Afin de préciser les bases cellulaires caractérisant l’unisexualisation des fleurs, l’évolution
des bourgeons d’apparence bisexuelle vers des fleurs unisexuées a ensuite été étudiée en
comparant le développement des organes floraux fertiles (carpelles et étamines) avec les
organes floraux stériles (pistillodes et staminodes).

1. Le développement de l’androcée des fleurs mâle et femelle

Une étude histologique comparative entre le développement de l’androcée fertile des fleurs
mâles et l’androcée stérile des fleurs femelles a été réalisée pour les stades de différentiation
sexuelle (VI à IX) (figure 37).

Description de l’androcée fertile


Au stade VI, les primordia des étamines des fleurs mâles s’accroissent via des divisions
anticlines et périclines (figure 37a). Les ébauches s’allongent. Les cellules des étamines sont
constituées de larges noyaux entourés de cytoplasme très densément colorés par le NBB
(figure 37a). Le développement précoce des étamines en particulier est associé à une forte
activité de division cellulaire.
Au stade VII, les étamines observées sont allongées et présentent un rétrécissement de leur
base (figure 37b). C’est le premier signe de différentiation des étamines en anthères et filet.
De plus, on observe une polarisation zonale de l’anthère. Le côté abaxial de l’anthère
renferme des cellules densément colorées au NBB. Ces dernières évolueront en tissu
sporogène avant de former le sac pollinique. Du coté adaxial de l’anthère s’individualisent des
cellules parenchymateuses plus vacuolisées. Les étamines apparaissent bilobées.
Au stade VIII, la croissance des anthères s’accentue (figure 37c). On note la présence de
nombreuses figures méiotiques dans le tissu microsporogène. A la fin de ce stade de
développement, des cellules tétranuclées sont observables.
Au stade IX mature, les étamines ont atteint presque leur taille finale (figure 37d). Les
tétrades ont évolué en microspores qui seront à l’origine du pollen.

80
Figure 37: Développement de l’androcée chez les fleurs mâle et femelle. a-f : Développement de
l’androcée fertile des fleurs mâles. a: primordiums d’étamines au stade VI. b: différentiation précoce
des étamines en anthère and filament au stade VII. c: étamines bilobés au stade VIII. c1: Des divisions
méiotiques visibles dans les locules des anthères. d: étamines matures au stade IX avec des sacs
polliniques développés. e-h : Développement de l’androcée stérile des fleurs femelles. Légère
croissance des primordiums des staminodes au stade VI. Aucune élongation des staminodes n’est
observable comparativement aux étamines de même stade (a). f : au stade VII, les cellules des
staminodes deviennent vacuolisés. Cela correspond aux premiers signes de différentiation. g-h : la
vacuolisation cellulaire augmente considérablement durant les stades VIII et IX. De plus, certaines
d’entre elles se différentient en faisceaux provasculaires (PV). Abréviations: A: anthère; F: filament; L:
locule des anthères; Pe: petale; Pi: pistillodes; PV: faisceaux provasculaires; Sa: sac pollinique.
Barres : 30 µm (e-h), 90 µm (a-b) and 200 µm (c-d).

81
Description de l’androcée stérile
Contrairement aux étamines des fleurs mâles, les staminodes des fleurs femelles montrent un
arrêt de développement. Des investigations histologiques ont été réalisées pour caractériser en
détail les événements cellulaires associés à cet arrêt.
Au stade VI, les ébauches des staminodes se sont très légèrement allongées par rapport au
stade V « bisexuel » sans toutefois égaler la taille des étamines au même stade de
développement (figure 37a). Les cellules des staminodes se distinguent par de gros noyaux
visibles par la coloration au NBB et des cytoplasmes denses (figure 37e). Ces cellules
demeurent à ce stade dans un état indifférencié.
Au stade VII, aucune élongation ni élargissement des ébauches des staminodes n’est observée
(figure 37f). Cela indique que le développement des staminodes est bloqué.
Durant les stades VII à IX, les staminodes présentent une différenciation cellulaire qui se
traduit par une augmentation de la vacuolisation et par une diminution de la densité de
coloration au NBB des cytoplasmes (figure 37g,h). Les cellules montrent des vacuoles larges
et des noyaux excentrés. On note la différenciation de certaines cellules en faisceaux
provasculaires (figure 37g,h).

En conclusion, l’arrêt de développement des staminodes des fleurs femelles serait associé
à une perte progressivement des caractéristiques méristématiques des cellules suivi de
leur différentiation précoce. Cette dernière constituerait un élément essentiel de la
formation d’une fleur femelle unisexuée.

82
2. Développement du gynécée des fleurs femelle et mâle

Le développement du gynécée a été comparé entre les fleurs mâle et femelle afin de
déterminer les principaux changements histo-cytologiques qui se produisent durant
l’établissement du dimorphisme sexuel.

Description du gynécée fertile

Dès le stade VI, les primordia du gynécée fertile des fleurs femelle subissent un accroissement
de leur épaisseur ainsi que de leur taille (figure 38a). Leurs cellules apicales sous
épidermiques se caractérisent par de gros noyaux centraux et des cytoplasmes très denses liés
à l’accumulation de composés protéiques. Cet élargissement des ébauches du gynécée
entraîne la formation d’une petite dépression entre les trois carpelles visualisés MEB.
Au stade VII, l’élongation des ébauches carpellaires se poursuit et le méristème ovulaire est
initié du côté intérieur du carpelle (figure 38b). Les cellules du carpelle se différencient en
accroissant leur vacuolisation. En revanche, les cellules du méristème ovulaire présentent un
noyau volumineux, un cytoplasme dense ainsi qu’un rapport nucléo-cytoplasmique
relativement élevé. A fort grossissement, une augmentation de la taille des nucléoles est
observée. Ainsi, les cellules du méristème ovulaire montrent les caractéristiques d’un
métabolisme actif. A la fin du stade VII, le nucelle ovulaire est formée (figure 38c). Il est
composé principalement de cellules hautement méristématiques. Il est à noter que l’ovule
immature présente un axe de symétrie proximal/distal.
Au stade VIII, une croissance substantielle des carpelles des fleurs femelles est observée
(figure 38d). Le style et l’ovule sont clairement distinguables. Les téguments internes ainsi
que les tissus sporogène sont initiés au sein du nucelle. L’ovule est placé en position
anatrope. Durant sa différentiation, l’ovule a acquis un nouvel axe de symétrie de type
abaxial/adaxial.
Au stade IX, les carpelles se sont élargis et allongés considérablement (figure 38f). Ils ont
atteint leur taille et leur forme définitives. La mise en place des stigmates différenciés, d’un
placenta hautement vascularisé et de téguments ovulaires sont observables. Du côté du
micropyle ovulaire, le sac embryonnaire provenant des cellules de macrospore s’individualise
(figure 38e). A l’anthèse, le gynécée fertile des fleurs femelles est fonctionnel. Il est composé
de trois carpelles uniovulaires.
83
Description du gynécée stérile

Comparativement au gynécée fertile des fleurs femelles, les pistillodes des fleurs mâles
présentent un développement moins important.
Dès le stade VI, les primordiums des pistillodes s’accroissent légèrement en taille. Leurs
cellules présentent une diminution des caractéristiques méristématiques. Elles apparaissent
beaucoup moins denses que celles du gynécée fertile (figure 38f).
Au stade VII, les pistillodes s’épaississent et se différencient (figure 38g). Les méristèmes
ovulaires s’individualisent du coté basal et renferment des cellules actives.
Au stade VIII, le style et les stigmates sont initiés dans la partie distale des pistillodes (figure
38h). Le nucelle ovulaire est formé. Il est constitué des cellules vacuolisées avec de gros
noyaux centraux, des caractéristiques des cellules quiescentes (figure 38j).
Au-delà du stade VIII, un arrêt du développement des pistillodes est constaté (figure 38i). Il
se traduit au niveau de l’ovule par l’absence des téguments et du sac embryonnaire. Aucune
différentiation de la chalaze n’est observée. Ainsi au stade IX, le développement des
pistillodes apparait incomplet ou juvénile comparativement au gynécée fertile des fleurs
femelles. A ce stade, l’axe de symétrie de l’ovule est de type proximal/distal (figure 38j).

Conclusion

Cette étude comparative de la différentiation du gynécée des fleurs femelle et mâle a montré
un développement similaire entre les fleurs mâle et femelle aux stades VI et VII. Ensuite, les
carpelles fertiles et les pistillodes se distinguent progressivement. L’arrêt de développement
des pistillodes des fleurs mâles résultent d’une diminution des caractéristiques
méristématiques suivi d’une différenciation partielle de l’ovule et du style au stade VII.
Cet arrêt de développement des pistillodes serait le caractère le plus marquant associé
l’unisexualisation des fleurs mâles chez le palmier dattier.

84
Figure 38: Développement du gynécée chez les fleurs femelle et mâle.
a-e: différentiation sexuelle et maturation du gynécée fertile des fleurs femelles. a:
Elargissement précoce des primordia de carpelle au stade VI. b: élongation des primordiums
des carpelles durant le stade VII. c: l’initiation de l’ovule s’accompagnant de la mise en place
d’un axe de symétrie proximale/distale au stade VII. d: au stade VIII, élongation des
primordia de carpelles et initiation des téguments externes de l’ovule, laquelle est observable
en position anatrope. Acquisition d’un nouvel axe de symétrie de type abaxial/adaxial. e :
détail de l’ovule au stade IX. Les téguments internes sont formés. La macrospore demeure au
stade prémeiotique.
f-j: développent du gynécée stérile des fleurs mâles. f: au stade VI, les primordia des
pistillodes se sont légèrement allongés. g: au stade VII, initiation du bourgeon ovulaire. h: au
stade VIII, initiation du nucelle ovulaire. i : au stade IX, pistillodes développés. A ce stade, la
mise en place d’un axe de symétrie proximal/distal caractérise les pistillodes. j: Détail du
tégument interne de l’ovule des pistillodes. Abréviations: C: carpelle; et: tégument externe; it:
tégument interne; mi: micropyle; mo: méristème ovulaire; ma: macrospore; N: nucelle ; O:
ovule; pe: pétale; Pi: pistillode; S: sépale; Std: staminodes; Stm: étamines; sty: style. Barres:
50 µm (b, g, e, j), 100 µm (a, c-d, f, h-i).

85
IV. Discussion

Développement de l’inflorescence

Les inflorescences de palmier dattier sont très grandes plus d’un mètre, de structure
monopodiale avec une ramification d’ordre 1. Leur ontogénèse implique le développement
du bourgeon inflorescentiel en inflorescence. Cette transition développementale est très rapide
et semble durer quelques semaines seulement. Les processus moléculaires régulant la mise en
place des inflorescences et des rachillae restent inconnus. Cependant, plusieurs gènes
susceptibles d’intervenir dans la régulation du développement inflorescentiel ont été
caractérisés chez les palmiers, notamment des orthologues putatifs des gènes
SHOOTMERISTEMLESS et CUC1/CUC2/CUC3 d’Arabidopsis (Jouannic et al., 2007).
Durant les premiers stades de développement, les inflorescences mâles et femelles du palmier
dattier se distinguent par le nombre de ramifications de l’axe inflorescentiel, par la densité des
méristèmes floraux ainsi que par l’accumulation de réserve en polysaccharidiques. Ce dernier
caractère pourrait être associé à leur future fonction de production des fruits. Le phénomène
de dimorphisme morphologique entre inflorescences mâle et femelle est visible chez de
nombreuses espèces dioïques. Par exemple, chez la papaye, le pied mâle produit de longues
inflorescences portant de nombreuses fleurs comparativement au pied femelle qui se distingue
par de très courtes inflorescences portant un nombre réduit de fleurs femelles (Ming et al.,
2007). Chez le palmier à huile, l’inflorescence femelle porte moins de ramifications et de
bractées florales que l’inflorescence mâle (Adam et al., 2005). Les inflorescences mâle et
femelle du palmier Phytelephas equatorialis diffèrent par le nombre de rachillae produits
(quatre branches pour l’inflorescence mâle et une seule pour l'inflorescence femelle) ainsi que
par le nombre de fleurs par rachilla (Uhl et Dransfield, 1984).

Les différences de structure inflorescentielle entre les deux sexes d’une plante constituent des
caractères sexuels secondaires, du fait qu’ils ne soient pas directement liées au développement
du gynécée et de l’androcée (Lloyd et Webb, 1977; Dellaporta et Calderon-Urrea, 1993). Très
peu de gènes impliqués dans le contrôle des caractères sexuels secondaires ont été rapportés
chez les espèces dioïques. Toutefois, chez le maïs, les gènes TASSELSEED 4 et
TASSELSEED 6 seraient impliqués dans la ramification principale de l’inflorescence (Juarez
et Banks, 1998). Plus récemment, des QTL contrôlant les caractères morphologiques
86
inflorescentiels (taille et nombre) ont été identifiés et localisés à proximité du locus du sexe de
la vigne (Marguerit et al., 2009).
L’acquisition ancienne de la dioécie chez les Phoenix, comme l’attestent des fossiles de
fleurs, trouvés dans des sédiments datant d’il y a environ 50 millions d'années (Dransfield et
al, 2008) confortent la thèse selon laquelle les espèces auraient eu le temps nécessaire de
pouvoir accumuler plus des caractères sexuels secondaires. Cependant, les liens entre le
développement de caractères sexuels secondaires et les gènes de la détermination du sexe
chez les espèces dioïques en général et chez le palmier dattier en particulier restent à être
élucidées.

Dimorphisme sexuel de la fleur

Les premières différences morphologiques visibles liées au sexe sont observables dès le 5ème
stade avec les gynécées des fleurs femelles sont significativement plus larges que ceux des
fleurs mâles. Bien que leurs tailles soient comparables, cet élargissement résulterait d’une
différence d’activité mitotique, plus importante au niveau des organes sexuels fertiles. Un
dimorphisme sexuel similaire est observé chez les fleurs de S. latifolia. Au stade d’initiation
du verticille correspondant aux étamines, le gynécée des bourgeons femelles montre une
augmentation importante de son diamètre qui est 5 fois plus large que celui des bourgeons
mâles, ce qui suggère un arrêt de la prolifération du territoire correspondant au gynécée de la
fleur mâle (Grant et al., 1994 ; Farbos et al., 1997). De plus, une étude réalisé chez cette
espèce a révélée une expression différentielle des gènes STM (SHOOTMERISTEMLESS) et
CUC (CUC SHAPED COTYLEDON 1 et 2) entre les bourgeons mâles et femelles avant toute
différentiation des organes floraux (Zluvova et al., 2006). Le territoire du gynécée des
bourgeons mâles du S. latifolia se caractérise par une expression spécifique des gènes SlCUC
et une absence d’accumulations des transcrits des gènes SlSTM 1 et 2 (Zluvova et al., 2006).
De plus, un certain nombre de mutations qui affectent la taille du méristème floral ont été
identifiées. Par exemple, les mutations du gène CLAVATA 3 chez Arabidopsis et du gène
FLORAL ORGAN NUMBER 1 du riz se traduisent par une prolifération et un élargissement
du méristème floral, et une augmentation du nombre d'organes floraux (Suzaki et al, 2004;
Kazama et al., 2009). Les gènes AGAMOUS et SUPERMAN sont requis pour la régulation
de prolifération cellulaire des verticilles 3 et 4 de la fleur d’Arabidopsis (Jenik et irlandais,
2000; Meyerowitz, 1997). Plus récemment, le gène INHIBITOR OF MERISTEM ACTIVITY

87
(IMA), qui agit comme répresseur des gènes de l’identité méristématique (WUS, STM, KN1)
et qui participe par conséquent dans le processus de la terminaison du méristème floral, a été
décrite chez la tomate (Sicard et al., 2008)

La mise en place des fleurs unisexuées chez le palmier dattier montre clairement une
cinétique de développement différente entre les organes sexuels stériles mâles (androcée ou
staminodes) et femelle (gynécée ou pistillodes). Les staminodes présentent un arrêt
d’élongation et une différentiation cellulaire précoce dès le stade VI. En revanche, les
pistillodes présentent une croissance partielle suivie d’un blocage du développement
carpellaire plus tardif, au stade VII. Cette différence dans le moment de l’arrêt du
développement des organes sexuels stériles selon le sexe est observable et très variable selon
les espèces dioïques présentant un bourgeon floral bisexuel. Chez le palmier à l'huile, les
staminodes et les pistillodes forment des structures rudimentaires alors que, chez S. latifolia
et C. sativus les staminodes avortent plus tardivement, après la différenciation des étamines en
anthères et en filaments (Farbos et al, 1997 ; Bai et al, 2004 ; Adam et al, 2005). Chez la
vigne (Vitis vinifera), les pistillodes montrent un développement similaire du gynécée fertile
mais deviennent stériles par dégénérescence du sac embryonnaire (Caporali et al., 2003).
Dans un continuum qui repartit les espèces selon le moment d’arrêt de leurs organes sexuels
stériles (figure 39), le palmier dattier entre dans le groupe 3 composé de S. latifolia, C.
sativus., Raphis, A. officinalis et E. guineensis , malgré quelques différences mineures dans la
différenciation des organes résiduels.
Ces variations dans l’arrêt des organes sexuels résiduels suggèrent que, pour chaque espèce, le
dimorphisme sexuel résulte de modifications à des niveaux différents de la voie de régulation
de la mise en place des organes reproducteurs (Irish et Nelson, 1989).

88
Figure 39 : La répartition des espèces selon le moment de l’arrêt des organes sexuels stériles
constitue un continuum (modifié d’après Dellaporta et Calderon-Urrea, 1993).

89
Chapitre 3 : Les variations de la morphogénèse florale

En l’absence de mutants floraux identifiés et caractérisés chez le palmier dattier, les variants
floraux constituent un matériel intéressant pour l’étude de la régulation du développement
reproducteur. L’inventaire des variants de la morphogénèse florale nous a permis de constater
l’existence de deux types d’anomalies florales in planta : des fleurs mâles « bisexuelles »
observées sur des individus mâles et des fleurs femelles portant des pseudo-carpelles
surnuméraires observés chez des individus femelles.
Les fleurs mâles « bisexuelles » montrent une variation naturelle atypique de la morphogenèse
florale. Elles ont été observées uniquement sur des individus mâles dans diverses régions du
monde, notamment en Irak et en Californie (DeMasson et al., 1980 ; Kgazal et al., 1990). Ce
phénotype floral variant se caractérise par le développement des pistillodes des fleurs mâles
en fruits parthénocarpiques. L’apparition in planta de ce phénotype d'apparence bisexuelle a
suscité diverses affirmations. Certains indiquèrent l’existence de « changement de sexe » chez
le palmier dattier d’une année sur l’autre alors que d’autres parlèrent de palmiers dattiers
monoïques avec la coexistence des inflorescences mâles et des inflorescences femelles chez le
même individu (Monciero, 1954 ; Munier, 1973). L’absence de données d’ordre
histologiques, génétiques et biochimiques n’a pas permis d’expliquer l’origine et les
mécanismes responsable de ce dysfonctionnement floral.

Ce phénotype a également été décrit in vitro. Il s’agit du développement de fleurs


« hermaphrodites » obtenues à partir de fleurs mâles après un traitement au 2,4-D, une auxine
de synthèse ou à partir de fleurs femelles traitées avec une combinaison auxine/cytokine (AIB
et à la BAP ) (DeMasson et al., 1980 ; Masmoudi et al., 2008).

Le second phénotype variant concerne des fleurs femelles anormales sont observées à une
fréquence plus ou moins élevée sur des individus femelles issus de plants régénérés in vitro.
Ce phénotype variant s’apparente à une variation somaclonale (Cohen et al., 2004). Il a été
observé dans plusieurs plantations de palmiers issus de vitroplants en Arabie saoudite, aux
Emirats et en Israël.

Cependant, dans les différents cas de variation de la morphogénèse florale décrits, la


fonctionnalité ou la fertilité des organes sexuels stériles n’ont pas été établies. Ainsi, nous
avons réalisé une caractérisation histologique des variants floraux in planta et in vitro afin de

90
décrire les événements morphologiques associés à l’apparition des phénotypes variants
variation et de mieux comprendre la plasticité du développement floral.

I. Variation florale in planta

A. Fleurs mâles « bisexuelles » in planta


Durant les deux dernières saisons de floraison (2008/2009 et 2009/2010), les observations
portées sur 265 individus mâles des palmeraies de Djibouti nous permis d’identifier
l’existence de 6 individus mâles présentant une variation de la morphogène florale, soit 2,3 %
des individus mâles, La caractérisation morphologique et histologique de ces fleurs mâles
anormales a été réalisée.

Description morphologique du phénotype mâle variant

Les individus mâles de palmier dattier peuvent porter soit uniquement des inflorescences
mâles normales ou des inflorescences « bisexuelles » soit les deux à la fois (figure 40 et 41).
Les inflorescences mâles portant des fleurs « bisexuelles » présentent la même morphologie
générale que les inflorescences mâles normales qui portent uniquement des fleurs unisexuées.
La forme de l’inflorescence à fleurs «bisexuelles » est conique du fait de la ramification
acropétale des épillets floraux sur l’axe des rachis (figure 41a,b). Les fleurs « bisexuelles »
sont densément reparties sur l’épillet (figure 41c). Cependant, certaines différences
distinguent une inflorescence « variante » d’une inflorescence normale :
- Au niveau de l’appareil reproducteur, la répartition florale montre dans certains cas la
présence d’un gradient de développement. Les fleurs « bisexuelles » sont rencontrées à
la base alors que des fleurs mâles normales occupent le sommet de l’inflorescence (Figure
41a,c). Les fleurs mâles bisexuelles sont persistantes sur l’axe alors que les fleurs mâles
normales sont caduques. A noter que lors du développement des carpelles, les fleurs ne
sont plus caduques. Les conditions endogènes sont probablement différentes le long de
l’axe de l’épillet pour pouvoir expliquer l’apparition de ces deux phénotypes sur un même
axe. Cette variation florale peut être transmisse par la propagation végétative. Ainsi, nous
avons observé des rejets issus d’arbre mâle « hermaphrodite » qui avaient reproduit le
même phénotype floral variant que leur pied mère. Au cours de leur première floraison,
les jeunes rejets produisent une inflorescence hybride qui présente à la fois des épillets
mâles normales et des épillets portant des fleurs mâles « bisexuelles ». Lorsque le rejet
devient plus âgé, il ne produit plus d’inflorescence hybride mais uniquement des
inflorescences avec des fleurs variantes.
91
-
Figure 40 : Arbre mâle produisant des inflorescences à fleurs unisexuées et des inflorescences à
fleurs « bisexuelles ».

Figure 41 : Inflorescences mâles « bisexuelles». a : inflorescence mâle présentant un important


développement carpellaire ou fruits parthénocarpiques ; b : inflorescence mâle « bisexuelle » au moment de
l’ouverture de la spathe; c : Epillets à trois stades de développement différents, le gradient de développement
carpellaire est observable clairement sur le dernier épillet de droite, à la base se trouve les fleurs mâles
« bisexuelles » et au sommet les fleurs mâles normales caduques. Barres : 20 cm (a) et 1 cm (b,c).

92
- Au niveau de la fleur, l’architecture d’une fleur mâle « bisexuelle » mature présente le
développement des organes des deux sexes. Pendant les stades précoces de la
morphogenèse, le bourgeon mâle est semblable à celui d’une fleur mâle normale à
l’échelle macroscopique (figure 42a,b). Les étamines s’accroissent et s’allongent alors que
les pistillodes demeurent rudimentaires. Dans les prémices de l’anthèse, les pistillodes
connaissent une forte croissance (figure 42c). Plus tard, ils évoluent en fruits
parthénocarpiques similaires aux fruits issus de pieds femelles non pollinisées (figure
42d,e). En effet, nous avons un développement floral normal puis lors de l’anthèse le
signal du déblocage du développement des pistillodes intervient et la fleur mâle évolue en
fruit parthénocarpique. Les facteurs inducteurs de ce développement anormal sont
inconnus.
- La parthénocarpie à trois carpelles est majoritaire mais d’autres phénotypes variants avec
4 carpelles peuvent être observés (figure 43). Ces pseudocarpelles surnuméraires
peuvent s’accompagner d’un changement d’ordre de symétrie de 3 à 4 ou plus (figure
43).

Fertilité du phénotype mâle variant


Les observations histologiques effectuées sur les fleurs mâles «bisexuelles» au stade maturent
montre que les pistillodes sont constituées d’un tissu parenchymateux (figure 44 a-c). Ce
dernier renferme une ovule vestigiale dépourvue des téguments et de sac embryonnaire. Ce
développement incomplet de l’ovule est comparable à celui constaté dans les pistillodes des
fleurs normales (figure 44d-f). Cela démontre la stérilité des pistillodes des fleurs mâles
« bisexuelles » par comparaison avec le carpelle fertile de la fleur femelle (figure 44g-i).
Le développement carpellaire des fleurs mâles « bisexuelles » s’accompagne d’une
persistance des étamines après l’anthèse. La déhiscence des anthères est bloquée. De plus, la
stérilité morphologique des étamines persistantes se constate au niveau des sacs polliniques,
contenant des grains de pollens immatures, aplatis et malformés entourés d’une couche
tapétale persistante (figure 45a,b). Ces grains de pollens sont totalement différents de grains
de pollens normaux qui sont plutôt sphériques et possèdent deux noyaux (figure 45c,d). Ces
observations démontrent la stérilité des organes reproducteurs mâles.

93
Figure 42: Cinétique de développement des fleurs mâles « bisexuelles». Les pistillodes demeurent
rudimentaires (a, b) jusqu’à l’approche de l’anthèse où ils s’accroissent fortement (c). Après l’anthèse
les étamines persistent et les fleurs prennent l’apparence de fleurs bisexuelles ou hermaphrodites
(d,e).

Figure 43 : Changement d’ordre de symétrie dans une fleur fleur mâle « bisexuelle ».

94
Figure 44 : Caractéristiques morphologiques et histologiques des fleurs mâles « hermaphrodites »
(a-c) en comparaison avec celles des fleurs normales mâles (d-f) et femelles (g-i)

95
En somme, les fleurs mâles « bisexuelles » présentent une double stérilité (carpelles
dépourvus d’ovule mature et des sacs polliniques portant des grains de pollen
anormaux). Le développement carpellaire des pistillodes conduit à une parthénocarpie
plutôt qu’à un à hermaphrodisme fonctionnel. Cependant, les facteurs génétiques,
hormonaux ou environnementaux à l’origine de l’apparition des variants
« hermaphrodites » restent à identifier.

B. Fleurs femelles présentant des carpelles surnuméraires in planta

Nous avons suivi la floraison des individus femelles issus de vitroplants de palmier dattier
pendant les saisons florales de 2008-2009 et 2009-2010 dans les différentes palmeraies de
Djibouti.

Nous avons observé la présence de fruits mais surtout de nombreux pseudofruits anormaux
chez ces individus femelles (figure 46). L’anomalie constatée probablement de perturbations
induites au stade floral. Ce phénotype variant se caractérise par la formation de structures
carpellaires supplémentaires ou surnuméraires. L’apparition de ces carpelles surnuméraires
pourrait avoir deux origines possibles :
- Un changement de l’identité du verticille 3 (staminodes). Les staminodes rudimentaires
se développent en pseudocarpelles en forme de languette pour la plupart des cas (figure
46). Cela semble correspondre à une modification homéotique des organes mâles.
- Un changement d’ordre de symétrie supérieur à 3 pour le gynécée.
Ces phénotypes caractérisés par des fruits anormaux sont qualifiés de « variations
somaclonales » puisqu’elles sont portées par les plants régénérés in vitro. Nous avons
constatée que, pour la saison de floraison 2009-2010, cette variation somaclonale affectait
100% des vitroplants du CERD, 91 % des individus de Damerjog et 47 % de ceux d’Ali-Sabieh.
Cette variation entraine une perte importante de la production de dattes.
En conclusion, la modification des organes mâles des fleurs femelles anormales se
caractérise par une transformation homéotique des staminodes et/ou s’accompagnent
d’un changement de symétrie du gynécée.

96
Figure 45 : Coupes histologiques des organes mâles des fleurs bisexuelles prelevées in vitro
et in planta (a : anthères non déhiscentes, b : pollen anormal) et (c : anthères normales, d :
pollen normal).

97
Figure 46: Fruits anormales produites par des individus femelles régénérés in vitro. On
observe la transformation des staminodes en pseudocarpelles comparables carpelles ou des
pseudocarpelles en forme de languettes et la perte de symétrie 3 par le verticille 4. Barre : 1
cm

98
II. Variation florale in vitro

Afin d’étudier la régulation du développement des organes sexuels stériles, et donc de


l’expression du sexe de la fleur, nous avons entrepris la mise en culture in vitro des boutons
floraux de plusieurs variétés sur des milieux enrichis en différentes combinaisons
hormonales de nature auxinique (2,4D : acide 2,4-dichlorophenoxyacétique ; ANA : acide α
naphtalène acétique ; AIB : acide β indole butyrique), cytokinique (BAP : acide 6-Benzyl-
aminopurine) et un agent chimique (5-azaC : 5 azacytidine ) (figure 47a,b ; Annexe 1). Les
différentes balances hormonales testées ont été déjà rapportées comme inducteur
« d’hermaphrodisme » chez le palmier dattier (DeMason et al, 1980 ; Masmoudi et al.,
2008) et chez le compagnon blanc (Janousek et al., 1996).
A travers ces expériences, nous avons recherché les conditions d’induction conduisant au
développement des organes sexuels stériles (pistillodes des fleurs mâles et staminodes des
fleurs femelles). De plus, nous avons étudié l’état de différenciation des organes stériles
après leur développement in vitro.

A. Culture in vitro des fleurs mâles

L’évolution de la morphogenèse des fleurs mâles in vitro a été observée. Après 8 semaines
de mise en culture dans les différentes conditions hormonale, nous avons comparé l’effet
des 2,4-D, de l’ANA et de la 5-azaC sur le développement in vitro des pistillodes et des
étamines.

L’effet de la balance hormonale


Nos résultats ont révélé que les milieux de culture enrichies en 2,4-D, en ANA et en 5-azaC
sont les plus favorables au développement atypique des pistillodes (figure 48). Dans
l’ensemble, 6 à 20 % des fleurs mâles testée ont manifesté un développement carpellaire
dans ces conditions. Ainsi, le taux de développement carpellaire reste faible dans
l’ensemble. Les autres conditions hormonales (IBA+BAP, IBA, BAP) n’ont pas induit de
développement anormal des fleurs.

99
Figure 47 : Culture in vitro des fleurs mâle et femelle. a : jeunes boutons floraux mise en
culture sur milieux enrichis en 2,4-D et en charbon actif. b : jeunes boutons floraux mis en
culture sur milieux enrichi en ANA et en 5-azaC.

100
Incidence du stade de développement
Nous avons étudié l’effet du stade de développement sur la réactivité des fleurs mâles dans
les différentes conditions.
Nos résultats ont montré que le développement des structures carpellaires est observé dans
20%, 16%, 7% et 0% pour les fleurs mâles portés des rachillae de taille 8, 9cm, 12 cm et
25cm respectivement en conditions de 2,4-D (figure 48). En condition d’ANA et de 5 azaC,
respectivement 7,5% et 6 % des fleurs portées par les épillets de 9 cm montrent une
croissance des pistillodes (figure 48). Ainsi la réactivité des fleurs mâles diminue avec
l’augmentation de la taille des rachillae, donc de stade de développement des fleurs.
Globalement, les rachillae mâles de taille comprise entre 8 et 12 cm sont compatibles avec
une réversion vers des fleurs d’apparence « bisexuelle » alors qu’au-delà, les rachillae plus
jeunes (taille < 7 cm) ou plus âgées (taille> 25 cm) n’ont révélés aucune aptitude
morphogénétique quelque soit la nature hormonale. Ainsi, les stades appropriés pour le
développement carpellaire des fleurs mâles sont les stades V et VI.

Fertilité des fleurs mâles

Le développement in vitro des pistillodes des fleurs mâles se traduit par une hypertrophie
des structures carpellaires qui étaient initialement à l’état vestigial (figure 49a-c).

Une étude histologique réalisée sur les fleurs mâles « bisexuelles » montre que les
pseudocarpelles des pistillodes sont constitués d’un tissu parenchymateux (figure 50a).
L’ovaire présente un développement incomplet (figure 50b). Malgré le stade de
différentiation avancé des pistillodes, l’ovule demeure immature. Les téguments et le sac
embryonnaire ne se sont pas encore développés.

L’hypertrophie des pistillodes des fleurs mâles s’accompagne d’une perturbation de la


maturation des étamines. Les filets et les anthères montrent un allongement anormal. Au-
delà du stade de maturité, les étamines persistent sur la fleur et les anthères ne montrent
aucune entre-ouverture pariétale laissant échapper le pollen (figure 50c).

101
Figure 48 : Effet de la composition hormonale des milieux de culture sur l’évolution des
fleurs mâles et femelles en fleurs hermaphrodites en fonction de la taille des épillets.
Composition des milieux de culture (annexe 1).

Figure 49: Fleurs mâles cultivées en présence de 2,4-D (a), d’ANA (b) et de 5-azaC (c) et présentant
un développement carpellaire. Abréviation : C : carpelle, E : étamines, P :pétale. Barre : 500µm

102
Les observations histologiques des anthères de la fleur mâle « bisexuelle » montre que les
sacs polliniques contiennent de nombreux grains de pollens malformés entourés d’une
couche tépale épaisse, ce qui pourrait expliquer l’absence de déhiscence des sacs polliniques
constatée chez ces fleurs mâles (figure 50c-d).

Autres types d’anomalies observées


Nous avons observé différents phénotypes annexes des fleurs mâles sur les milieux enrichis
en 2,4-D, en ANA et en 5-azaC :
- Dans les milieux de culture contenant du 2,4-D, on observe une hypertrophie des
bases des étamines (figure 51a), une double hypertrophie étamines-pistillodes (figure
51b) et la formation des pseudocarpelles soudés en 1, 2 ou 3 (figure 51c, d). Bien
qu’elles soient compactes et de grande taille, ces modifications du développement
floral s’observent à de faibles fréquences.
- Dans les milieux de culture contenant de l’ANA et du 2,4-D, on observe la formation
des racines qui prennent naissance à partir de l’épillet au point d’insertion de la fleur
mâle (figure 51e,d). L’aptitude à la rhizogénèse des fleurs de palmier dattier reste
limitée. Verdeil (1993) a rapporté que les cals issues des cellules périvasculaires des
épillets de cocotier sont observées avec une forte potentialité rhizogène.

103
Figure 50 : Fertilité des organes mâles et femelles des fleurs mâles bisexuelles obtenues in vitro. a :
pistillodes ; b : ovule du pistillode ; c : étamines ; d : sac pollinique avec des pollens déformés,
collapsés. Barres : 30 µm (d) ; 100 µm (b) et 500µm (a, c).

104
Figure 51: Diverses perturbations du développement floral obtenu en condition in vitro. a :
épaississement de la base des étamines ; b : épaississement des bases des étamines et
développement carpellaire ; c : carpelles soudés en 2 ; d : carpelles soudés en 3 ; e-d : forte activité
rhizogène des boutons floraux sur milieu de culture contenant du 2,4-D.

105
B. Culture in vitro des fleurs femelles

Afin d’étudier l’effet des facteurs hormonaux sur le développement in vitro des staminodes
des fleurs femelles, nous avons testé différentes combinaisons hormonales notamment les
conditions auxine/cytokine décrites par Masmoudi et al. (2008) qui ont permis l’induction de
l’hermaphrodisme à partir de fleurs femelles.

Les jeunes fleurs femelles traitées aux différentes conditions hormonales ont montré une
faible réactivité. Les staminodes n’ont montré aucune modification morphologique. Elles
sont restées rudimentaires. La taille et la forme générale du carpelle sont similaires pour les
fleurs femelles traitées aux hormones (2,4-D, ANA et 5-azaC ; IBA, BAP) et les fleurs femelles
témoins. Aucune croissance morphologique n’a été observée chez les différents organes
floraux qui périssent par brunissement au bout des 8 semaines de mise en culture.

Conclusion
Le développement carpellaire in vitro des pistillodes des fleurs mâles dépend de la nature
et de la taille des fleurs et du type d’hormone utilisée. Les régulateurs de croissance de
nature auxinique (2,4-D, ANA) ou chimique (5-azaC) ont permis le développement des
pistillodes dans une « fenêtre physiologique » qui serait comprise entre le stade bisexuel
(V) et le stade où le sexe de la fleur mâle est parfaitement distinguable (VII). Cependant,
l’induction hormonale ne permet pas d’obtenir un développement complet et la fertilité
de l’organe sexuel stérile. Il résulte une structure florale non fonctionnelle. Ainsi, les
résultats obtenus montrent que les hormones de nature auxinique jouent un rôle
important dans les processus de développement floral conduisant à la distinction entre
organes sexuels stériles et fertiles.

106
III. Discussion

La diversité des phénotypes floraux variants obtenus in planta et in vitro montrent que la
morphogenèse florale du palmier dattier est relativement plastique.

Variation de la morphogénèse florale in planta

Le phénotype variant «bisexuel» mâle associe un développement carpellaire, un


changement de l’ordre de symétrie et une transformation homéotique de verticille 3. Cela
suggère que les processus à l’origine de ces différents aspects de développement floraux
soient liés.
De plus, la distribution des fleurs « hermaphrodites » et des fleurs mâles le long du rachis
suggère l’existence d’un « gradient physiologique » intéragissant avec des facteurs liés au
sexe de la fleur. Le phénotype inflorescentiel anormal du palmier dattier rappelle le
phénotype inflorescentiel normal du cocotier pour lequel les fleurs femelles sont situées à la
base du rachis et les fleurs mâles sont localisées dans la région apicale (Verdeil, 1993). Chez
le concombre, le sexe de la fleur varie selon l’âge de la feuille et les bourgeons axillaires de
jeunes feuilles évoluent en fleurs femelles (Rael Perl-Treves, 1999). Les mécanismes
contrôlant ce gradient sexuel sont peu étudiés chez les espèces dioïques. Rael et al.(1990)
suggèrent que l’éthylène et les auxines constitueraient les principaux inducteurs de ce
gradient de féminité des bourgeons floraux du concombre.
L’apparition du phénotype variant varie selon le sexe et que l’individu mâle présenterait une
sensibilité plus importante à la variation. De plus, certaines phoeniciculteurs du Maghreb ont
rapportés qu’en fin de vie, les individus mâles produissent de nombreux fruits
parthénocarpiques, ce qui suggère un effet « âge » sur l’expression du phénotype variant.

Le développement des staminodes des fleurs femelles du palmier dattier en pseudocarpelles


observés in planta montre des similarités avec les phénotypes des mutants du
développement floral de classe B apetala3 et pistillata, d’Arabidopsis thaliana (Jack et al.,
1992) et deficiens et globosa d’Antirrhinum majus (Sommer et al., 1990), ainsi qu’avec le
phénotype « mantled » du palmier à huile (Adam et al, 2005). Ce dernier est caractérisé par

107
une transformation homéotique de l’androcée stérile des fleurs femelles en carpelles
surnuméraires. Adam et al. (2007) ont montré que cette transformation homéotique du
verticille 3 de la fleur « mantled » du palmier à huile est associée à une dérégulation de
l’expression de plusieurs gènes MADS box (EgDEF1 et EgGLO2, gènes de fonction de type B
;EgAGL2-1 de type E et EgAG2 de type C et D). Une diminution de l’accumulation des
transcrits de ces gènes est observée dans les fleurs mantled. De plus, cette variation
somaclonale, de nature épigénétique est associée à une hypométhylation globale de l’ADN
génomique (Jaligot et al., 2000). Après comparaison avec le phénotype « mantled », Cohen
et al. (2004) suggèrent l’hypothèse d’un mécanisme de dérégulation de la méthylation du
génome associé à l’apparition des variants femelles du palmier dattier.

Variation de la morphogénèse florale in vitro

Notre investigation de la plasticité florale in vitro a montré que les organes sexuels stériles
peuvent acquérir de nouvelles capacités morphogénétiques sous l’effet des régulateurs de
croissance. L’utilisation des hormones auxiniques (2,4-D, ANA) ou d’un agent chimique ayant
une action hypométhylante sur l’ADN, le 5-azaC, ont induit le développement des pistillodes.
Cependant, la différenciation incomplète des gamétophytes femelles des pistillodes montre
que les hormones utilisées n’ont permis d’assurer la maturation de l’ovule.
En revanche, Masmoudi et al. (2008) ont rapporté l’obtention in vitro de fleurs
hermaphrodites à partir de fleurs femelles de palmier dattier. En effet, des étamines
matures ont pu être régénérées à partir des staminodes des fleurs femelles en utilisant une
balance hormonale comprenant de l’IBA et de la BAP. Le développement des étamines est
optimal lorsque les bourgeons floraux sont prélevés aux stades d’initiation des verticilles
sexuels (staminodes et carpelles).
L’ensemble des expériences de développement floral suggère fortement que le déblocage
du développement des organes sexuels stériles (staminodes des fleurs femelles ou
pistillodes des fleurs mâles) reste réversible. Ces organes stériles peuvent être réactivés sous
l’action de facteurs appropriés. De plus, cette réversibilité conforte l’idée que le bourgeon
floral du palmier dattier est potentiellement bisexuel jusqu’à un stade tarif.

108
De plus, la plasticité florale du palmier dattier observé in vitro conforte l’hypothèse selon
laquelle les auxines et les cytokines joueraient un rôle important dans la régulation du
développement des organes sexuels. Les applications hormonales exogènes modifient la
balance hormonale endogène, ce qui affecte la détermination du sexe. Ces observations
sont en accord avec les travaux de Lebel-Hardenack et al (1997) qui concluent que les gènes
associés à l’expression du sexe de la fleur chez le maïs sont impliqués dans les métabolismes
des hormones. C’est en effet le cas pour de nombreuses espèces végétales (Ainsworth,
2000). Cependant, mis à part quelques exceptions comme le maïs et le melon (Acosta et al.,
2009 ; Boualem et al., 2008) les mécanismes d’action de ces hormones sur le programme de
détermination du sexe ne sont pas encore élucidés.

109
Chapitre 4 : Caractérisation des processus cellulaires associés à la base de
l’unisexualité

Nous avons établis dans les chapitres précédents que le sexe du palmier dattier peut être
distingué dès la mise en place du verticille femelle au stade « bisexuel » V. Les premiers
signes du dimorphisme sexuel résulteraient d’une activité mitotique plus importante dans les
cellules du gynécée fertile par rapport à son équivalent non fonctionnel mâle.

Cette différence d’activité mitotique dans les primordia du gynécée se manifeste sous forme
d’un ralentissement de la prolifération cellulaire, ce qui conduit à l’arrêt du développement
des staminodes et des pistillodes. Les événements cellulaires et moléculaires associés au
blocage du développement de ces organes stériles demeurent inconnus.

Sur la base de nos résultats précédents et des données de la bibliographie et pour tenter
d’expliquer les causes du blocage de développement, nous avons étudiés l’hypothèse d’une
dégénérescence cellulaire ou d’un arrêt des divisions cellulaires dans les primordia des
organes sexuels stériles. D’après les données disponibles chez les espèces dioïques, la
dégénérescence nucléaire est rapportée comme étant le processus associé à l’unisexualisation
des fleurs mâles chez le maïs (Calderon-Urrea et Dellaporta 1999). Différentes études ont
montré que les cellules des bourgeons floraux ou végétatifs peuvent être bloquées en phase
G1 ou G2 et que la prolifération cellulaire est contrôlée par des molécules hautement
conservés incluant les histones et les cyclines (Cockcroft et al., 2000 ; Matsunaga et al.,
2006). Certains gènes codant des histones sont spécifiquement exprimés au cours de la phase
S. Ainsi, ils peuvent être utilisés comme marqueurs du cycle cellulaire, notamment dans la
transition G1-S (Krizek, 1999). Chez le palmier dattier, nous étudié l’intégrité cellulaire ainsi
que les activités de divisions par l’expression du gène histone H4 dans les primordia des
organes sexuels stériles aux stades de blocage dans un premier temps.

D’autre part, il existe plusieurs processus associés à l’unisexualisation florale chez les espèces
dioïques. Parmi, les processus épigénétiques sont rapportés comme impliqués dans l’arrêt des
organes stériles mâles des fleurs femelles chez S. latifolia (Janousek et al., 2006). De plus, nos
résultats précédents sur le développement carpellaire in vitro des pistillodes des fleurs mâles
ont montré que le blocage du développement des organes stériles peut être reversé sous
110
induction hormonales (2,4D) ou grâce à un agent chimique hypométhylant (5-azaC). Ces
résultats suggèrent que par des agents hypométhylants, la répression du blocage des organes
résiduels pourrait être levée. Dans cette optique, nous avons recherché à évaluer l’état de la
méthylation de l’ADN globale dans les cellules des primordia des pièces résiduelles stériles
du palmier dattier par immunolocalisation.

Sur le plan expérimental, étant donné que les bourgeons floraux de palmier dattier
contiennent à la fois des organes fertiles et des organes stériles, les méthodes d’analyse
excluent tout dosage qui nécessiteraient un broyage de la fleur et donc le mélange des deux
types d’organes. De plus, nous n’avons pas pu réaliser des dissections étant donné la petite
taille des organes stériles (< à 1mm). Par conséquent, nous avons focalisé nos investigations
sur les analyses histo-cytologiques rendant possible la comparaison de l’état des cellules des
organes fertiles et stériles sur une même coupe histologique.

111
I. Absence de dégénérescence cellulaire dans les organes sexuels stériles

L’objectif de cette étude est de déterminer si l’arrêt du développement des organes stériles
serait dû à une dégénérescence cellulaire et nucléaire.

Une analyse de l’intégrité cellulaire a été réalisée par l’observation de l’état des structures
nucléaires et des organites, et l’étude de l’état de la chromatine au sein des noyaux des
cellules des organes sexuels. Pour cela, nous avons réalisé des colorations de l’ADN au DAPI
et des observations ultra-structurales des cellules des organes stériles par microscopie
électronique à transmission (MET).

Les travaux ont porté sur trois stades de développement de la fleur :

- le stade bisexuel V pour lequel les primordia des organes fertiles et stériles sont initiés.
C’est aussi le stade où les premiers signes de dimorphisme sont visibles entre les deux
sexes
- les stades VI et VII correspondant au blocage du développement des staminodes et des
pistillodes respectivement

A. Etat des noyaux des cellules des organes fertiles et stériles

Nous avons examiné l'intégrité nucléaire des cellules des pistillodes des fleurs mâles et celles
des staminodes des fleurs femelles sur des coupes histologiques colorées au DAPI à trois
stades différents de développement (V, VI et VII). Le DAPI est un intercalant fluorescent de
l’ADN qui se fixe de façon covalente sur les bases A et T. Il permet ainsi d’observer la
présence d’ADN dans les cellules.

Nos résultats ont montré la présence de noyaux intacts dans les cellules des staminodes
(figure 52a-c) et des pistillodes (figure 52d-f) au stade V (figure 52a,d), VI (figure 52b,e) et
VII (figure 52c,f). Les cellules des staminodes et des pistillodes ne montrent aucune
dégradation des contenus nucléaires après coloration au DAPI aux stades de blocage VI et VII
respectivement. Les noyaux sont similaires à ceux observés les cellules des organes fertiles.

112
Figure 52 : Coloration de l’ADN au DAPI sur des coupes longitudinales des fleurs de palmier dattier
à trois stades de développement. Le DAPI s’observe par un signal fluorescent bleu. Les noyaux des
cellules des staminodes (a, b, c) et des pistillodes (d, e, f) montrent la présence d’ADN ou de noyaux
entiers au stade bisexuel V (a, d), au stade VI (b, e) et au stade VII (c, f). Abréviations: C, carpelle; O,
ovule; Pi, pistillode; Std, staminodes; St : étamines. Barre =100 µm.

Figure 53 : Observation des noyaux colorés au DAPI sur des coupes longitudinales des organes
floraux du palmier dattier au stade VII. Les noyaux apparaissant en bleu montrent la conservation de
leur intégrité dans les cellules des organes fertiles, carpelle (a) et étamines (c), ou stériles, staminodes
(b) et pistillodes (d). Des chromocentres sont visibles principalement en périphérie des noyaux.

113
De plus, nos observations à fort grossissement ont révélé que dans les organes fertiles (figure
53a, b) et stériles (figure 53c, d) de la même fleur au stade VII, les cellules se caractérisent par
de gros noyaux larges et majoritairement sphériques pour la majorité. De nombreux foyers
chromatiniens ou chromocentres marqués au DAPI sont observables dans tous les noyaux. Ils
correspondent à l'hétérochromatine condensée. Leur nombre ainsi que leur intensité de
coloration ne sont pas différents entre les cellules des organes stériles et fertiles. Néanmoins,
une certaine localisation plus périphérique des chromocentres des cellules des organes stériles
est observable sans toutefois être significativement différente. Cette localisation périphérique
des chromocentres semble correspondre à une indication de différenciation cellulaire, cela
conforte la thèse de différenciation cellulaire précoce observée lors de l’arrêt des organes
stériles (voir chapitre 2).

B. Intégrité des organites intracellulaires des cellules des organes fertiles et


stériles

Une fois établi que les noyaux des cellules des organes bloqués présentaient une intégrité
normale, nous avons poursuivi les investigations par l’étude de l’état des organites
intracellulaires pour confirmer l’intégrité ses structures nucléaires. Pour ce faire, nous avons
procédé à des observations au microscope électronique à transmission (MET) des fleurs mâles
et femelles aux premiers stades de blocage de développement des organes sexuels stériles (VI
et VII).

Les figures 54 et 55 montrent l’état ultrastructural des cellules des fleurs femelles (figure 54)
et mâles (figure 55) aux stades VI et VII.

Nos observations montrent que, globalement, la forme et l'aspect des cellules sont similaires
entre les organes sexuels fertiles (54a-b ; 55a-b) et stériles (54c-d ; 55c-d) quel que soit le
stade de développement et le sexe. Les cellules des organes considérés sont larges et
possèdent de gros noyaux sphériques en position centrale. Les organites (mitochondries,
réticulum endoplasmique, appareil de Golgi, plastes, vacuoles, noyaux etc...) sont
parfaitement visibles et intègres sans aucune malformation visible (figure 56). Aucune
différence spécifique du sexe n'est observable entre les cellules des organes des fleurs mâles
(figure 55) et femelles (figure 54).
114
Figure 54: Ultrastructure des cellules de la fleur femelle au stade VI (F1, a, c ) et au stade VII
(F2,b,d). Les coupes longitudinales F1 et F2 correspondent aux coupes semi-fines. Les
cellules fertiles (a,b) et stériles (c,d) montrent une parfaite intégrité de leurs organites
intracellulaires. Aucune structure particulière de la chromatine des cellules stériles pouvant
être relié au blocage n’est observée (c,d). Des corps protéiques (CP) très denses aux électrons
associés au nucléoles sont observables principalement dans les noyaux des cellules fertiles
(a,b). Échelles : 50µm (F1) ; 100µm(F2) ; X3600(d) ; X4800 (c).

115
Figure 55: Ultrastructure des cellules de la fleur mâle au stade VI (M1, e,g) et au stade VII
(M2,f,h). Les coupes longitudinales M1 et M2 correspondent aux coupes semi-fines. Les
cellules fertiles (e,f) et stériles (g,h) montrent une parfaite intégrité de leurs organites
intracellulaires. Aucune structure particulière de la chromatine des cellules stériles pouvant
être relié au blocage n’est observée (g,h). Des corps protéiques (CP) très denses aux électrons
associés au nucléoles et des vacuoles nucléolaires (VN) sont observables principalement dans
les noyaux des cellules fertiles (e,f). échelle : 50µm (M1) ; 100µm(M2) ; X4800 (g) ;
X7200(e,h) ; X10000(f).

116
A

C
Figure 56 : Organites intracellulaires des cellules des organes sexuels stériles. A : détail
ultrastructurale d’une cellule. B : Détail d’un appareil de Golgi. C : Détail des ribosomes et de
la lamelle moyenne. On observe la présence des organites présentant des morphologies
normales. Abréviations : V : vacuole ; R : ribosomes ; RE : réticulum endoplasmique ; M :
mitochondrie ; AG : appareil de golgi ; P : amyloplastes. Échelle : A (X29000) ; B(48000) ;
C (X29000).

117
La structure de la chromatine nucléaire, peu condensée, est très similaire qu’il s’agisse des
noyaux des cellules des organes sexuels stériles (figure 54c,d et 55c,d) ou fertiles (figure
54a,b et 55a,b). Il est à noter que les noyaux des cellules des organes stériles (figure 54c,d et
55c,d) ne présentent aucune condensation particulière de la chromatine pouvant être associé à
un blocage du développement.

Le nucléole présente une organisation particulière dans les cellules des organes fertiles
(figures 54a,b et 55a,b). Il apparaît comme une structure composée d'un centre fibrillaire
surmonté d'une couche périphérique granulaire. Des structures très denses (ou corps
nucléolaires) associées au nucléole sont observables. Ces structures sont également localisées
à proximité immédiate de l'enveloppe nucléaire. Elles émergent à partir de la couche
granulaire du nucléole. Cela suggère que ces SnRNP sont originaires du nucléole. Ces
structures pourraient correspondre à des ribonucléoprotéines nucléaire (SnRNP : Small
nuclear Ribonucleoproteins). La présence de SnRNP est plus importante dans les cellules des
organes sexuels fertiles des fleurs mâles et femelles mais elle est également observée dans les
organes stériles. De plus, les noyaux des organes sexuels fertiles des fleurs mâles présentent
des vacuoles nucléolaires (figure 55 a,b). Ces vacuoles renferment ou non des composés
granulaires. Ces composés granulaires semblent être des SnRNP.

La vacuolisation cellulaire augmente entre le stade VI (figure 54a,c et 55a,c) et le stade VII
(figure 54b,d et 55b,d). De plus, les cellules des organes sexuels stériles, staminodes (figure
54c,d) ou pistillodes (figure 55c,d) présentent plus de vacuoles que leurs organes sexuels
fertiles de la même fleur, carpelles (figure 54a,b) ou étamines (figure 55a,b). La présence de
cette vacuolisation est associée à une élongation et une différenciation précoces des cellules
des organes stériles.

Conclusions

Les cellules des staminodes et des pistillodes par comparaison avec les cellules fertiles ne
montrent aucune dégradation des contenus nucléaires après coloration au DAPI et
observations au MET. Ces résultats révèlent que l’intégrité nucléaire des cellules des organes
sexuels stériles est conservée. Les observations suggèrent un fonctionnement cellulaire
normal. Toutes les cellules sont transcriptionnellement actives. De plus, la présence
abondante des SnRNP ainsi que des vacuoles nucléolaires suggèrent l'existence d'une intense
118
activité de transcription chez les organes fertiles que dans les cellules des organes stériles. De
l’ensemble de ces résultats, nous déduisons que l’arrêt du développement des organes sexuels
stériles aux stades VI et VII ne serait donc pas dû à un processus de dégénérescence cellulaire.
L’aspect ultrastructural des cellules des organes stériles suggèrent une légère réduction de leur
activité de transcription.

II. L’arrêt des divisions cellulaires dans les organes sexuels stériles

Nous avons observé qu’il n’y a pas de dégénérescence cellulaire dans les organes stériles. Un
arrêt des divisions cellulaires pourrait-il être responsable du blocage de leur blocage de
développement ?

Ainsi, pour étudier l'activité mitotique des cellules dans les différents tissus floraux, des
travaux d’hybridation in situ ont été réalisés pour trois stades différents de développement
floral (stades V, VI et VII) afin de détecter les transcrits d’un gène codant une histone H4.

Comme précédemment mentionné, l’intérêt de travailler sur des coupes longitudinales des
fleurs de palmier dattier est que chaque coupe comporte les deux organes sexuels fertiles et
stériles. La présence et l’absence du signal correspondant au marqueur de division peuvent
ainsi être observées sur une même coupe.

A. Arrêt des divisions dans les primordia des staminodes de la fleur femelle

Au stade bisexuel (V), l’accumulation des transcrits du gène H4 a été détecté dans les
primordia des staminodes et des carpelles de la fleur femelle (figure 57a). Aux stades
correspondant à la différentiation sexuelle (VI, VII), les transcrits du gène H4 ne sont détectés
que dans les cellules du carpelle fertile en croissance et plus tard dans les cellules des
primordia de l’ovule (figure 57b,c). Cependant, aucun signal significatif correspondant aux
transcrits de gène H4 n’a été détecté dans les primordia de staminodes des fleurs femelles au
stade VI et VII (figure 57b,c).

119
B. Arrêt des divisions dans les primordia des pistillodes de la fleur mâle

Dans la fleur mâle, les transcrits d’histone H4 sont détectables dans tous les primordia des
organes sexuels au stade « bisexuel » V (figure 57d). Ils sont également observables dans
cellules sporogènes des anthères au stade VI (figure 57e) et dans le méristème ovulaire de
pistillodes au stade VII (figure 57f). La présence de divisions cellulaires dans les pistillodes
au stade VII est vraisemblablement limitée à l’initiation des ovules. Aucun signal
correspondant aux transcrits du gène H4 n’a été détecté dans les cellules de pistillodes au
stade VI au moment où les étamines de la fleur mâle sont en cours de différenciation pour
générer les anthères et le filament. De plus, les pistillodes sont dépourvues d’activité de
division pour les stades de développement tardifs VIII et IX.

Conclusion

Les travaux d’hybridation in situ permettant de visualiser l’expression du gène codant une
histone H4 ont montré l’absence d’accumulation de ces transcrits dans les cellules des
staminodes et des pistillodes aux stades correspondant au blocage VI et VII respectivement.
Nos résultats suggèrent que le blocage du développement des staminodes et des pistillodes,
donc l’unisexualité des organes floraux qui en découle, est dû à un arrêt des divisions
cellulaires.

120
Figure 57 : Analyse par hybridation in situ de l’expression du gène H4 dans des coupes
longitudinales des fleurs de palmier dattier à trois stades de développement (V, VI et VII). Les
cellules qui montrent une accumulation des transcrits d’histone H4 sont colorées en pourpre.
Chez la fleur femelle, les transcrits d’histone H4 sont observés dans tous les primordia
d’organes au stade bisexuel V (a) et dans les ovules carpellaires aux stades VI et VII (b, c)
alors que aucune accumulation de transcrits d’histone H4 n’est visible dans les staminodes
aux stades VI et VII (b, c). Chez la fleur mâle, l’expression du gène histone H4 est
uniquement détectable dans les primordia de tous les organes (d), dans les étamines (e, f) et
dans l’ovule (f). Aucun signal de H4 n’est visible dans les pistillodes au stade VI (e).
Abréviations: C, carpelle; O, ovule; Pe, pétale; Pi, pistillode; Std : staminodes; St, stamens ou
étamines; S, sépale. Barre : 200 µm.

121
III. Rôle de la méthylation dans l’unisexualité florale

D’après les résultats précédents, nous avons établi l’absence de dégradation cellulaires et
d’altération des organites intracellulaires dans les cellules des organes sexuels stériles.
L’intégrité conservée des cellules semblent écarter l’hypothèse d’un processus de
dégénérescence cellulaire à la base du blocage d’élongation des organes stériles des fleurs du
palmier dattier. De plus, nos travaux d’hybridation in situ avec le marqueur de division H4 ont
montré que ce blocage de développement est associé à un arrêt de divisions des cellules des
organes stériles. Nous avons poursuivi la recherche des causes de blocage en nous focalisant
sur la méthylation d’ADN. Pourquoi cette hypothèse ? En effet, la méthylation est un élément
clé des mécanismes de répression de la transcription des gènes. De plus, il a été montré
l’existence d’une corrélation entre la méthylation globale d’ADN et le blocage des organes
sexuels stériles chez le S. latifolia.

Afin de rechercher l’implication de la méthylation globale de l’ADN dans l’arrêt du


développement des organes sexuels stériles, nous avons procédé à l’analyse par immuno-
localisation des cytosines méthylées de l’ADN des organes floraux à plusieurs stades de
développement. Les trois stades de développement de la fleur choisis sont :
- le stade VI correspondant à l’arrêt des divisions cellulaires dans les organes stériles
(staminodes et pistillodes)
- le stade V qui correspond l’apparition du premier dimorphisme sexuel
- le stade IV pour observer l’état de méthylation d’ADN des primordia avant
l’émergence du dimorphisme sexuel
Pour chacun des stades, nous avons évalué l’état de la méthylation globale des organes
sexuels fertiles et stériles.

Les patterns de méthylation de l’ADN des organes stériles et fertiles de fleurs de palmier ont
été analysés en utilisant un anticorps monoclonal dirigé contre la 5 méthylcytidine et visualisé
au moyen d’un fluorochrome, l’Alexa 488.
Nous avons réalisés des contrôles afin de nous assurer de l’absence de fixation aspécifique
des anticorps utilisés. De plus, pour contrôler l’accessibilité et la fixation des anticorps à
l’ADN ou de la présence de la fluorescence 5 methylcytidine dans les noyaux, une
colocalisation du signal de l’Alexa 488 avec celui des marqueurs spécifiques du noyau
122
(DAPI) a été réalisée par analyse d’image, et déconvolution spectrale, grâce au logiciel LSM
Image Browser. Cette analyse d’image permet de visualiser les deux fluorochromes (Alexa
488 et DAPI) sur les mêmes noyaux des coupes de fleurs.

Nos observations montrent que le signal fluorescent est présent dans la plupart des noyaux des
cellules des organes fertiles ou stériles des fleurs mâles et femelles (Figure 58). Cependant, le
pattern de marquage est différent entre les organes fertiles et stériles de la fleur (figure 58). En
effet, les noyaux des cellules des organes fertiles présentent un signal de méthylation de
l’ADN plus faible que les noyaux des cellules des organes stériles (figure 58). Pour la fleur
femelle (figure 58a-c ; figure 59A-B), les primordia des staminodes sont plus méthylés que les
primordia des carpelles. De même, les noyaux des pistillodes de la fleur mâle montrent un
marquage fluorescent plus important que celui observé dans les étamines (figure 58d-f ; figure
59C-D). Il est important à noter que la différence de pattern de méthylation de l’ADN est
observable dès le stade IV, avant l’émergence des premiers dimorphismes sexuels de la fleur
(figure 58a, d ; figure 58 A, C).
Les différences de méthylation de l’ADN des noyaux des cellules des organes sexuels de la
fleur de palmier dattier ont été confirmées par une analyse statistique (figure 59). D’après le
Test-T au seuil de 5%, la moyenne de l’intensité de la fluorescence des noyaux est
significativement plus important dans les primordia des organes stériles par rapport aux
organes fertiles pour les stades IV (figure 59 A, C) et V (figure 59B, D).

123
Figure 58: Pattern de méthylation de l’ADN des méristèmes floraux du palmier dattier à différents
stades de développement. Le signal bleu indique la présence des noyaux et le signal vert correspond
à la méthylation de l’ADN. a-c: organes floraux femelles au stade IV (a), V (b) et VI (c). d-f:
bourgeons floraux mâles au stade IV (d), V (e) et VI (f). Barre: 20µm (b,e), 50µm (a,c,d,f).

124
Figure 59: Quantification du marquage de méthylation des résidus de cytosine de l’DN génomique au
niveau des primordia des organes sexuels fertiles (carpelles et étamines) et stériles (staminodes et
pistillodes) des fleurs femelles (A-B) et mâles (C-D) à deux stades de développement IV (A-C) et V (B-
D). Pour chaque stade et pour chaque sexe, cinq fleurs différentes sont utilisés pour cette étude.Pour
l’évaluation de la méthylation, une trentaine de noyaux pour chaque primordium de chaque organe
et chaque stade ont été analysés. Les valeurs présentées correspondent à la moyenne de la
fluorescence des noyaux des primordia des organes fertiles et stériles. D’après le Test-T au seuil de
5%, les noyaux sont significativement plus méthylés dans les primordia des organes stériles
(pistillodes ou staminodes) que fertiles (étamines ou carpelles) pour les stades IV (p=0,033 pour les
fleurs femelles ; p=0,046 pour les fleurs mâles) et V (p=0,037 pour les fleurs femelles ; p=0,040 pour
les fleurs mâles).

125
Conclusion

Nos résultats révèlent que l’arrêt du développement des organes sexuels stériles est associé à
une augmentation du signal de méthylation globale de l’ADN au niveau des résidus de
cytosine. Cette hyperméthylation globale constatée précocement dans les pièces résiduelles
stériles pourrait expliquer la diminution de l’activité mitotique observée dans les primordia
des gynécées des fleurs mâles au stade V.

IV. Synthèse

L’ensemble des ces résultats nous permet de proposer l’hypothèse d’une unisexualité florale
chez le palmier dattier qui serait dépendant de la combinaison de trois processus (figure 60) :
un processus d’hyperméthylation globale d’ADN qui interviendrait avant l’émergence du
dimorphisme sexuel, suivi d’un arrêt de l’activité mitotique des cellules des organes sexuels
stériles. Les cellules des organes sexuels stériles ne présentent aucune dégradation nucléaire
durant les stades avancés de développent de la fleur. Les principaux résultats de cette étude de
l’unisexualité des fleurs du palmier dattier ont été valorisés par une publication (Annexe 2).

126
Figure 60 : Schéma de synthèse sur les processus associés à l’unisexualité des fleurs du
palmier dattier

127
V. Discussion

Absence de dégénérescence cellulaire dans les organes stériles

Les observations ultra-structurales des organes sexuels stériles au stade post-bisexuel (VI) ont
montré l’existence d’une conservation de l’intégrité cellulaire et nucléaire. L’absence de
dégénérescence cellulaires dans les organes stériles des fleurs de palmier dattier est différent
du mécanisme d’apoptose caractérisant l’avortement des pistillodes des fleurs mâles du maïs
(Calderon –Urrrea and Dellaporta, 1999). D’autres études du développement floral conduite
chez le concombre ont révélé que l’arrêt du développement des staminodes des fleurs femelles
serait associé à une dégradation partielle de l'ADN observée par effet TUNEL et une
condensation de la chromatine observé au MET (Hao et al., 2003). En revanche, les cellules
des organes sexuels stériles des fleurs de palmier dattier se singularisent au niveau nucléaire
par l’absence de condensation particulière de la chromatine. Donc, les processus régulant
l’unisexualité chez le concombre, le maïs et le palmier dattier sont différents.

A l’échelle infra-structurale, des vacuoles nucléolaire et l’émission des corps protéiques


associés au nucléole sont observées plus fréquentes chez les organes sexuels fertiles que ceux
stériles. Deltour et De Barsy (1985) avait décrit que ce type d’organisation nucléolaire
contribuerait à l’activité de la transcription et pourrait permettre à l’enrichissement du
cytoplasme en ribosome. L’ensemble des données ultra-structurales suggère l’existence d’une
faible activité de transcription dans les organes sexuels stériles. L’état structural de ces
derniers n’exprime aucune caractéristique de quiescence cellulaire, en revanche, témoigne
d’un fonctionnement cellulaire normal et pourrait être considéré comme préparatoire à une
différenciation.

128
Le blocage du développement des organes sexuels stériles est associé à un arrêt des
divisions cellulaires

Les présents travaux constituent la première étude cytologique détaillée du développement


reproducteur du palmier dattier avec une attention particulière accordée à l'expression des
gènes du cycle cellulaire afin de déterminer leur rôle dans la transition du bourgeon floral
"bisexuel" vers une fleur unisexuée. Nos résultats suggèrent que l'avortement des organes
sexuels stériles résulte d'un arrêt des divisions cellulaires plutôt qu’un processus de mort
cellulaire. L’arrêt du cycle cellulaire se traduit par l’arrêt de l’expression d’un gène codant
l’histone H4 dans les pièces résiduelles. Cela est corrélé par un arrêt de la croissance des
organes sexuels stériles. Ce même processus semble être associé au blocage de
développement des organes résiduels chez d’autres espèces dioïques. Par exemple, chez le S.
latifolia, l’avortement des pièces résiduelles inappropriées résulte d'une réduction de l'activité
de divisions cellulaires comme le montrent les profils d'expression des gènes d’histone H4
(SlH4) et de cycline A1 (SlCycA1) (Matsunaga et al., 2004 ). Chez le maïs, le blocage du
développement des staminodes de la fleur femelle résulterait d’un arrêt des divisions qui est
confirmé par l’absence de l’expression du gène de cycline B alors que l’unisexualité de la
fleur mâle serait liée à l’avortement précoce des primordia de carpelles par apoptose,
processus contrôlé par l’action des gènes TASSELSEED 1 et 2 (Calderon-Urrea et al., 1999 ;
Kim et al., 2007).

Un pattern différent de méthylation de l’ADN précède l’émergence du dimorphisme


sexuel de la fleur

La méthylation de l’ADN constitue un mécanisme épigénétique qui joue un rôle important


dans le développement de la plante et notamment durant la transition florale ainsi que le
développement des organes floraux (Charlesworth et al, 1999). Plus précisément, la
méthylation de l’ADN est admise comme un mécanisme répresseur de la transcription des
gènes non requis pour le stade de développement ou différenciation donné (Kass et al, 1997).
Dans nos investigations de la dynamique chromatinienne, nous avons pu constater que, à
l’inverse des organes sexuels fertiles, les organes sexuels stériles mâles et femelles se
distinguent par leur niveau élevé de méthylation globale de l’ADN depuis le stade pré-

129
bisexuel (IV) jusqu’ au stade post-bisexuel (VI). La baisse d’activité mitotique dans les
primordia du gynécée des fleurs mâles de palmier dattier observée au stade V pourrait résulter
de leur hyperméthylation globale constatée plus précocement (stade IV). Ces observations
sont à rapprocher des travaux de Janousek et al.(1996) dans lesquels il a été montré que la
suppression des organes femelles (pistillodes) des fleurs mâles serait fortement corrélé à une
hyperméthylation de l’ADN.

L’hypothèse d’un mécanisme de blocage associé à une méthylation étant privilégié pour
expliquer l’arrêt de développement des organes sexuels stériles chez le palmier dattier, il
serait intéressant de poursuivre les investigations et de rechercher les gènes qui se sont
montrés sensibles aux variations de méthylation génomique globale chez Arabidopsis, par
exemple AGAMOUS ou SUPERMAN (Jacobsen et Meyerowitz, 1997 ; Finnegan et al.,1996).

130
Conclusions générales et perspectives

Afin de promouvoir l’hétérosis via l’allogamie et obtenir une meilleure utilisation de leurs
ressources, les plantes à fleurs ont développé différents mécanismes de détermination du sexe.
L’étude et la compréhension des processus à la base de l’unisexualité des fleurs permet à
terme de développer des marqueurs du sexe pouvant être exploités dans les programmes
d’amélioration génétique des espèces d’intérêt agronomique (e.g. vigne, palmier huile et
palmier dattier) afin de mieux maîtriser la gestion de la production. Dans ce contexte, les
travaux présentés dans ce mémoire contribuent à la compréhension des mécanismes régulant
la floraison chez le palmier dattier, avec un accent particulier sur l’initiation du
développement inflorescentiel et les processus associés à la différenciation sexuelle des
organes floraux.

En combinant différentes approches histo-cytologiques et immunologiques, nous avons pu


caractériser les événements cellulaires associés à la mise en place du dimorphisme floral chez
le palmier dattier. Nos résultats ont montré que l’unisexualité de la fleur se caractérise par
trois éléments-clé à savoir l’arrêt des divisions cellulaires, l’absence de dégradation de l’ADN
nucléaire et l’hyperméthylation de l’ADN des organes sexuels stériles. Nos résultats ouvrent
de réelles pistes d’investigation des mécanismes gouvernant l’unisexualité florale du palmier
dattier en particulier et des palmiers et plantes à fleur en général.

Induction florale chez le palmier dattier

Dans un premier temps, nos résultats ont permis de proposer l’hypothèse d’un développement
reproducteur du palmier dattier en deux temps : une longue phase d’initiation du bourgeon
inflorescentiel dépendante des facteurs endogènes de nature génétique, hormonale, et
trophiques, et une phase de développement de l’inflorescence qui est principalement
contrôlée par des facteurs exogènes (baisse de température). Les différents comportements
vis-à-vis de la floraison (précoce ou tardive) observés entre les génotypes dans les mêmes
conditions climatiques résulteraient d’une différence d’aptitude à répondre aux signaux
exogènes par le déclenchement du développement inflorescentiel. Dans cette perspective, les
connaissances acquises sur les gènes PHYC impliqués dans la précocité de floraison chez
l’espèce modèle Arabidopsis thaliana (Balasubramanian et al., 2006) et chez certaines plantes
tropicales comme le mil (Saïdou et al., 20009) pourrait être exploités pour la recherche des
131
gènes de précocité de floraison chez le palmier dattier. En effet, la date de l’induction florale
est un facteur déterminant pour la production des dattes au Sahel, non seulement pour son
avantage économique mais pour ne pas perdre la récolte à cause du chevauchement de la
maturation des dattes et la saison des pluies. D’autre part, la caractérisation de la compétence
à l’induction florale pourra être poursuivie en comparant par exemple l’identité moléculaire
des bourgeons indéterminés et celle des bourgeons inflorescentiels par la recherche
d’orthologues de gènes potentiellement associés au processus d’engagement dans la floraison
chez d’autres espèces (e.g. EgSQUA1 de palmier à huile) (Adam et al, 2007). Une meilleure
compréhension des mécanismes génétiques responsables de l’initiation florale permettrait de
disposer à terme de variétés plus adaptées aux évolutions des conditions pédoclimatiques et
contribuerait à la compréhension de la phénologie globale du palmier dattier.

Rôle des hormones dans l’unisexualisation des fleurs du palmier dattier

L’unisexualité des fleurs du palmier dattier résulte d’une différence d’activité mitotique
florale entre les organes fertiles et stériles depuis le stade bisexuel. Le premier dimorphisme
sexuel de la fleur serait dû à une activité de division plus importante dans le gynécée femelle
que son homologue de la fleur male. Une meilleure compréhension des mécanismes régulant
la prolifération cellulaire du méristème floral permettrait d’identifier les gènes à la base de
l’unisexualité florale. Une piste intéressante à investiguer sera le rôle des hormones,
notamment les auxines, dans l’unisexualisation des fleurs de palmier dattier. En effet, le rôle
des auxines dans les activités de division cellulaire sont bien connues (Vanneste et al., 2005).
La présence d’un gradient de répartition des fleurs mâles normales et des fleurs mâles
« bisexuelles » le long de l’axe d’inflorescence mâle variante in planta d’une part et la
possibilité d’obtenir un développement in vitro des organes stériles sous l’effet des auxines et
des cytokines d’autre part, sont compatibles avec l’hypothèse selon laquelle ces hormones
seraient impliquées dans la différentiation de la fleur chez le palmier dattier. Chez les espèces
modèles comme Arabidopsis, il a été montré que les auxines sont nécessaires à la formation
de la fleur (Cheng et al., 2007). Les phénotypes des mutants des gènes ETTIN (qui code pour
un ARF ou auxin response factor) et YUCCA (impliqué dans la biosynthèse des auxines)
montrent une perturbation importante de la forme et du nombre d’organes par verticille, ce qui
suggère que les gènes ETTIN et YUCCA joueraient un rôle important dans la prolifération
cellulaire du méristème floral ainsi que dans la mise en place de la symétrie florale (Cheng et
132
al., 2006, Cheng et al., 2007). Lebel-Hardenack and Grant (1997) ont également rapporté que
la transition du bourgeon bisexuel vers une fleur unisexuée est influencé par les hormones. De
plus, l’acide jasmonique (JA) et l’éthylène ont été décrits comme des acteurs principaux de la
détermination du sexe chez le maïs et le melon respectivement (Acosta et al., 2009 ; Boualem
et al., 2008). Ainsi, il sera intéressant d’étudier le rôle des hormones dans la régulation de
l’unisexualisation florale chez le palmier dattier. Trois pistes d’investigation pourraient être
considérées : (1) le dosage global des hormones endogènes (auxines, cytokinines et
gibbérellines) dans des inflorescences à différents stades clés de développement pourront être
envisagés dans un premier temps ; (2) la recherche dans les fleurs mâles et femelles de
l’expression des gènes impliqués dans les étapes-clé des voies de biosynthèse des auxines et
des cytokines ; (3) une étude des transporteurs d’auxine (PIN) par immunodétection dans les
primordia des organes sexuels mâles et femelles aux stades-clé de la différenciation florale.

Régulation génétique de l’unisexualisation des fleurs

L’arrêt du développement des organes stériles de la fleur du palmier dattier est associé à une
différenciation cellulaire partielle. Les staminodes demeurent rudimentaires alors que les
pistillodes présentent un développement ovulaire incomplet. Les phénotypes des pistillodes
des fleurs mâles du palmier dattier sont à rapprocher de ceux des fleurs d’Arabidopsis
thaliana lorsque certains gènes MADS box impliqués dans l’identité ovulaire sont mutés.
C’est le cas des gènes AGAMOUS (AG), des gènes SEEDSTICK (STK), SHATTERPROOF 1,
2 (SHP1, 2), et des gènes INNER NO OUTER (INO) et AINTEGUMENTA (ANT) qui
s’expriment dans l’ovule de la fleur d’Arabidopsis (Colombo et al., 2008). L’absence d’un
ovule mature dans les organes stériles des fleurs du palmier dattier pourrait s’expliquer par
une dérégulation des gènes gouvernant l’identité ovulaire dans ce type d’organe. A ce titre, la
recherche et l’identification chez le palmier dattier de gènes homologues aux gènes de
l’identité ovulaire d’Arabidopsis serait une étape importante vers la compréhension de la
régulation moléculaire de la différenciation des organes sexuels. De plus, l’étude de la
détermination du sexe chez le maïs a montré l’implication de plusieurs gènes identifiés à
travers un phénotype mutant tasselseed , tels que TASSELSEED 1 et TASSELSEED 2, codant
une lipoxygenase de la voie de biosynthèse de l’acide jasmonique et une alcool
deshydrogénase respectivement (Acosta et al., 2009). Par ailleurs, le gène TASSELSEED 4
code un microARN (miR172) impliqué dans le contrôle de la détermination du sexe du maïs
et le devenir du méristème inflorescentiel par la régulation de l’expression du gène
133
TASSELSEED 6/INDETERMINATE SPIKELET 1, un homologue d’APETALA 2 (AP2)(chuck
et al., 2007). Etant donné qu’un draft du génome de palmier dattier est désormais disponible,
il offre la possibilité de rechercher des orthologues des gènes TASSELSEED 1, 2 et puis
d’étudier leur éventuelle implication dans la différenciation des organes sexuels du palmier
dattier.

Rôle de la méthylation dans la détermination du sexe


Nous avons montré dans cette étude que l’unisexualité des fleurs du palmier dattier est
associée à une hyperméthylation de l’ADN des primordia des organes stériles avant la
différenciation sexuelle de la fleur. Ces résultats ont permis de mettre en lumière que des
facteurs épigénétiques pourraient être impliqués dans le contrôle du développement de la
fleur. L’implication de la méthylation dans la régulation du sexe a été rapportée chez très peu
d’espèce à fleurs unisexuées. Chez S. latifolia, l’unisexualisation de la fleur mâle résulte
d’une hyperméthylation des organes stériles femelles (Janousek et al., 2006). A une échelle
différente, au niveau du gène, il a été montré très récemment que la formation d’une fleur
femelle résulterait d’une méthylation du locus gouvernant la gynoécie chez le melon (Martin
et al., 2009). Les résultats sur les différences de méthylation globale constatées chez le
palmier dattier pourraient être complétés par l’analyse de la méthylation des gènes qui seront
identifiés comme candidats pour la détermination du sexe chez cette espèce.

L’ensemble des résultats présentés ici, ainsi que les données disponibles dans la littérature,
soulignent le fait que les processus cellulaires gouvernant l’unisexualisation des fleurs soient
différents d’une espèce à une autre. L’unisexualité florale peut être mise en place à travers
différents processus, tels que : l’apoptose (maïs, (Dellaporta et al., 1999) ; la dégradation
partielle de l’ADN (concombre, Hao et al., 2003) ; l’arrêt des divisions cellulaires (silène
(Masunaga et al. 2004), palmier dattier (présent travaux)) ; l’action d’une hormone (melon) ;
ou bien d’autres. Ainsi, la détermination du sexe des plantes est un processus très complexe et
chaque espèce constitue un modèle en soi pour les mécanismes d’unisexualisation florale.
Les processus cellulaires à la base de l’unisexualité des fleurs du palmier dattier sont
désormais mieux connus, et donc la recherche des gènes exprimés différentiellement entre les
fleurs mâles et femelles aux stades-clé de la différenciation sexuelle s’en trouvera facilitée. Il
conviendrait de se focaliser sur les gènes impliqués dans le contrôle du cycle cellulaire et
dans la biosynthèse des hormones.

134
La comparaison des processus cellulaires à la base de l’unisexualité des fleurs des autres
palmiers de la famille des Arecaceae pourra être également envisagée, en s’appuyant sur les
données déjà obtenues sur le palmier dattier comme point de référence. Une telle approche
évo-devo, permettrait de comprendre si des voies communes de régulation ont été sollicitées
au cours de l’évolution pour l’établissement de la monoécie ou la dioécie au sein de cette
famille.

Les connaissances acquises sur le développement reproducteur du palmier dattier ouvrent de


réelles perspectives pour la recherche et l’identification des marqueurs moléculaires de la
différenciation et la détermination du sexe chez le palmier dattier. L’obtention des marqueurs
du sexe sera un grand atout pour l’ensemble des programmes de sélection de variétés de
palmier dattier résistantes aux stress abiotiques et biotiques dans un contexte de changements
climatiques.

135
Références bibliographiques

Abdelouahhab Zaid et Helal H Al Kaabi. (2009). Plant-off types in tissue culture-derived


date palm (Phoenix dactylifera L.). the Blessed Tree. 01:12-23

Aberlenc-Bertossi F, Noirot M, Duval Y (1999) : BA enhances the germination of oil palm


somatic embryos derived from embryogenic suspension cultures, Plant Cell. Tissue
Organ. Cultures, 56:53–57.

AboEl-Nil M., Al-Ghamdi A.S., Turjoman A. (1986). Role of tissue caulture in propagation
and genetic tree improvement of date palm. A prespective review. Proceedings of the
second syposium on the date palm, saudi arabia,

Acosta I F, Laparra H, Romero S, Schmelz E, Hamberg M, Mottinger J P, Moreno M,


Dellporta S L,. 2009: tasselseed 1 is a lipoxygenase affecting jasmonic acid signaling in
sex determination of maize. Science vol 323:262-265

Adam H, Jouannic S, Escoute J, Duval Y, Verdeil JL, Tregear J. 2005. Reproductive


developmental complexity in the african oil palm (Elaeis guineensis, Arecaceae).
American Journal of Botany 92: 1836–1852.

Adam H, Jouannic S, Orieux Y, Morcillo F, Richaud F, Duval Y, Tregear JW. 2007.


Functional characterization of MADS box genes involved in the determination of oil
palm flower structure. Journal of experimental Botany 58: 1245–1259

Ainsworth, C. (2000). Boys and girls come out to play: The molecular biology of dioecious
plants. Ann. Bot. 86, 211–221.

Al-Khayri J. M. (2001). Optimization of biotin and thiamine requirements for somatic


embryogenesis of date palm (Phoenix dactylifera L.). In vitro Cellular and
Developmental Biology Plant, 453-456.

Asmussen C. B., Dransfield J., Deickmann V., Barfod A. S., Pintaud J.-C. et Baker W.
J.(2006). A new subfamily classification of the palm family (Arecaceae): evidence from
plastid DNA phylogeny. Botanical Journal of the Linnean Society, 151: 15-38.

Bahmanpour S,. Talaei T,. Vojdani Z,. Panjehshahin M.R,. Poostpasand A,. Zareei S,
Ghaeminia M . 2006. Effect of Phoenix Dactylifera Pollen on Sperm Parameters and
Reproductive system of Adult Male Rats. Iran J Med Sci Vol 31 No 4:208-212

Bai S-L, Peng YB, Cui JX, Gu HT, Xu LY, Li YQ, Xu ZH, Bai SN 2004. Developmental
analyses reveal early arrests of the spore-bearing parts of reproductive organs in
unisexual flowers of cucumber (Cucumis sativus L.) Planta (2004) 220: 230-240.

Balasubramanian, S., S. Sureshkumar, M.Agrawal,T. P. Michael, C. Wessinger et al.,


2006 The phytochrome C photoreceptor gene mediates natural variation in flowering and
growth responses of Arabidopsis thaliana. Nat. Genet. 38: 711–715.

Ben Abdallah A. (1990). La phoeniciculture. Options méditerranéennes, Sér. A/n°11: 105-


120.
136
Bhargava S C, Saxena S N and Sharma R. (2003): In vitro multiplication of phoenix
dactylifera (L), J Plant Biochemistry & Biotechnology vol. 12, 43-47.

Blasquez, M.A. et Weigel, D. 2000. Integration of floral inductive signals in . Nature 404,
889-892.

Blazquez,Miguel A,. Ferrandiz Cristina, Madueno Francisco and Parcy Francois . 2006.
How floral meristems are built. Plant Molecular Biology. 60:855–870

Borgel A., Gaillard R. (1998) : Ploidy level determination on young vitroplant of Cucumis
melo obtained by haplomethod, colloque EUCARPIA cucurbitacées, Avignon, juin 1998

Boualem A, Fergany M, Fernandez R, Troadec C, Martin A, Morin H, Sari MA, Collin


F, Flowers JM, Pitrat M, Purugganan MD, Dogimont C, Bendahmane A. 2008. A
Conserved Mutation in an Ethylene Biosynthesis Enzyme Leads to Andromonoecy in
Melons. Science 321:836-838.

Bouguedoura N. (1991). Connaissance de la morphogenèse du palmier dattier (Phoenix


dactylifera L.). Etude in situ et in vitro du développement morphogénétique des appareils
végétatif et reproducteur. Thèse de doctorat d’Etat de l’Université des Sciences et de la
Technologie Houari Boumediene (USTHB) d’Alger, 201 p.

Calderon-Urrea A, Dellaporta SL. 1999. Cell death and cell protection genes determine the
fate of pistils in maize. Development 126: 435-441.

Caporali E, Spada A, Marziani G, Failla O, Scienza A. 2003. The arrest of development of


abortive reproductive organs in the unisexual flower of Vitis vinifera ssp. Silvestris.
Sexual Plant Reproduction 15:291-300.

Charlesworth, D., and Guttman, D.S. 1999. The evolution of dioecy and plant sex
chromosome systems. In Sex determination in plants. Edited by C.C. Ainsworth. Bios
Scientific Publishers, Oxford, U.K. pp. 25–49.

Cheng PC, Gryson RI, Walden DB. 1983. Organ initiation and the development of
unisexual flowers in the tassel and ear of Zea mays. American Journal of Botany 70:
450–462.

Cheng Y, Dai X, Zhao Y (2006). Auxin biosynthesis by the YUCCA flavin monooxygenases
controls the formation of floral organs and vascular tissues in Arabidopsis. Genes Dev 20,
1790−1799.

Cheng Y, Dai X, Zhao Y (2007). : A Role for Auxin in Flower Development. Journal of
Integrative Plant Biology 2007, 49 (1): 99−104

Chetto Abdelaziz , Harrak Hasnaâ , Elhachami Noureddine. 2005. Le marketing des


dattes au Maroc. Edition inra maroc 2005

Chuck G, Meeley R, Irish E, Sakai H, Hake S: 2007 : The maize tasselseed4 microRNA
controls sex determination and meristem cell fate by targeting Tasselseed6/indeterminate
spikelet1. Nat Genet 2007, 39:1517-1521.

137
CHUCK G. and HAKE S. 2005. Regulation of developmental transitions, Current Opinion
in Plant Biology, 8 (1), 67-70.

Chuck George. 20210 : molecular mechanism of sex determination in monoecious and


dioecious plants. Advances in botanical research, vol 54 p53, academic Press.

Coen ES, Meyerowitz EM. 1991. The war of the whorls: genetic interactions controlling
flower development. Nature 353,31–37.

Coen, E.S. et Meyerowitz, E.M. 1991 The war of the whorls : genetic interactions
controlling flower Development. Nature 353: 31-37.

Cohen Y., Korchinsky R. et Tripler E. (2004). Flower abnormalities cause abnormal fruit
setting in tissue culture propagated date palm (Phoenix dactylifera L.) Journal of Hort.
Sci. & Biotch., 79 (6): 1007-1013.

Coimbra S, Torrao L, Abreu I. 2004. Programmed cell death induces male sterility in
Actinidia deliciosa female flowers. Plant Physiology and Biochemistry. 42: 537- 541.

Colombo, L., Franken, J., Koetje, E., van Went, J., Dons, H.J., Angenent, G.C. et van
Tunen, A.J. (1995) The petunia MADS box gene FBP11 determines ovule identity. Plant
Cell 7: 1859-1868.

Cubas, P., Vincent, C. et Coen, E. (1999) An epigenetic mutation responsible for natural
variation in floral symmetry. Nature 401: 157-161.

Daguin F., Letouze R. (1988) : Régénération du palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) par
embryogenèse somatique: amélioration de l’efficacité par passage en milieu liquide
agité, Fruits 43:191–194

De Mason DA, Stolte KW, Tisserat B. 1982. Floral development in Phoenix dactylifera.
Canadian Journal of Botany 60: 1439–1446.

De Mason DA, Tisserat B.1980. The occurrence and structure of apparently bisexual flowers
in the date palm, Phoenix dactylifera L. (Arecaceae). Botanical journal of the Linnean
Society 81:283–292.

Delichere C, Veuskens J, Hernould M, Barbacar N, Mouras A, et al. (1999). SlY1, the


first active gene cloned from a plant Y chromosome, encodes a WD-repeat protein.
EMBO J 18: 4169–4179.

Dellaporta SL, and Calderon-Urrea A. 1993. Sex determination in flowering plants. Plant
Cell 5: 1241–1251.

DeLong, A., Calderon-Urrea, A. and Dellaporta, S. L. (1993). Sex determination gene


TASSELSEED2 of maize encodes a short-chain alcohol dehydrogenase required for stage-
specific floral organ abortion. Cell 74, 757-768.

Deltour R. et De Barsy T. (1985). Nucleolar activation and vacuolation in embryo radicle


cells during early germination. J. Cell Sci. 78: 67-83

138
Didier Greiner. 1998. Le marché de la datte, produit de rente des oasis : enjeux, diversité,
tensions. Secheresse, Volume 9, Numéro 2, Juin 1998

Djerbi M. (2000) : abnormal fruiting of the date palm derived from tissue culture,
Proceedings of date palm international symposium, Windhoek , Namibia, 22-25
February, 2000.

Dransfield J, Uhl NW, Amussen CB, Baker WJ, Harley M, Lewis CL. 2008. Genera
Palmarum. The evolution and classification of palm. Royal Botanic Gardens, Kew
publishing, Kew, UK.

Dransfield J. & Uhl N. W. (1998). Palmae. In: Kubitzki K, ed. The families and genera of
vascular plants, IV: Flowering plants, monocotyledons. Berlin: Springer, 306–389.

Drira N, Benbadis A (1985) : Multiplication végétative du palmier dattier (Phoenix


dactylifera L.) par réversion, en culture in vitro, d’ébauches florales de pieds femelles
adultes, J Plant Physiol 119:227–235

ENAlMl J.H, JAFAR A. 1980. La physiologie et la morphologie du palmier dattier (Phoenix


dactylifera L.). Ed. Université El Basra et université d'Agronomie (Iraq), 257 p.

Farbos I, Veuskens J, Vyskot B, Negrutiu I, Mouras A. 1997. Sex organ determination


and differentiation in the dioecious plant Melandrium album (Silene latifolia): a
cytological and histological analysis. Sexual Plant Reproduction 10:155-167.

Farbos I, Veuskens J, Vyskot B, Oliveira M, Hinnisdaels S, Aghmir A, Mouras A,


Negrutiu I. 1999. Sexual dimorphism in white campion: deletion on the Y chromosome
results in floral asexual phenotype. Genetics 151:1187-1196.

Ferrario S, Imminck RGH, Angenent GC. 2004. Conservation and diversity in flower land.
Current Opinion in Plant Biology 7, 84–91.

Ferry M., Bouguedoura N., Hadrami I. 1998. Patrimoine génétique et techniques de propagation in
vitro pour le developpement du palmier dattier, Sécheresse, 9(2):139-146.

Ferry Michel (2001): Le palmier dattier et les systèmes de production en zones arides,
recherché et expérimentation à Elche (Espagne), INRA mensuel n°110.

Ferry Michel (2003). Date palm axillary productions: morphogenesis and in vitro
propagation. Book, The date palm: from tradition resource to green wealth, published by
Emirate center for strategic study and research

Finnegan, E.J., Peacok, W.J. et Dennis, E.S. (1996) Reduced DNA methylation in
Arabidopsis thaliana results in abnormal plant developement. PNAS 93: 8449-8454

Fki, L., Masmoudi, R., Drira, N., Rival, A., (2003): An optimised protocol for plant
regeneration from embryogenic suspension cultures of date palm, phoenix dactylifera L.,
cv. Deglet Nour, Plant cell Rep, 21: 517-524.

Fransz Paul F and de Jong J Hans. 2002. Chromatin dynamics in plants. Current Opinion in
Plant Biology, 5:560–567

139
Fraser JA, Heitman J:2005. Chromosomal sex-determining regions in animals, plants, and
fungi. CurrOpin Genet Dev, 15:645-651.

Gaudin V, Lunness PA, Fobert PR, Towers M , Riou-Khamlichi C, Murray JA, Coen E,
Doonan JH. 2000. The expression of D-cyclin genes defines distinct developmental
zones in snapdragion apicals meristems an dis locally regulated by the CYCLOIDEA
gene. Plant Physiology 122: 1137-1148.

Gebler P., Wolko £., Knaflewski. K. 2007Identification of molecular markers for selection
of supermale (YY) asparagus plants, J Appl Genet 48(2), , pp. 129–131

Giddey A., Spichiger R.E., Stauffer F.W. 2009. Comparative floral structure and
systematics in Asian palm genus Raphis (Arecaceae, Coryphoideae). Flora 204 : 347-357

Govaerts, R., Dransfield, J., 2005. World Checklist of Palms. Royal Botanic Gardens, Kew,
London.

Grant S, Hunkirchen B, Saedler H. 1994. Developmental differences between male and


female flowers in the dioecious plant Silene latifolia. The plant journal 6:471-480.

Hao YJ, Wang DH, Peng YB, Bai SL, Xu LY, Li YQ, Xu ZH, Bai SN. 2003. DNA
damage in the early primordial anther is closely correlated with stamen arrest in the
female flower of cucumber (Cucumis sativus L.). Planta 217:888-95.

Harrak Hasnaâ, Chetto Abdelaziz. 2001. Valorisation et commercialisation des dattes au


Maroc. Edition inra maroc 2001

Jack Thomas. 2004. Molecular and genetic mechanisms of floral control. Plant Cell
16(Suppl): S1–17.

Jack,T., Brockman, LL. et Meyerowitz, EM. (1992) The homeotic gene APETALA3 of
Arabidop is thaliana encodes a MADS box and its expressed in petals and stamens. Cell
68: 683-697.

Jacobsen, S.E. et Meyerowitz E.M. (1997) Hypermethylated SUPERMAN epigenetic alleles


in arabidopsis. Science 277: 1100-1103.

Jahiel M. (1996). Phénologie d’un arbre méditerranéen acclimaté en région tropicale : le


dattier au sud du Niger et son appropriation par la société Manga. Thèse de doctorat de
l’Université de Montpellier II, 268 p.

Jaligot, E., Rival, A., Beulé, T., Dussert, S. et Verdeil, J.L. (2000) Somaclonal variation in
oil Palm (Elaeis guineensis Jacq.) : The DNA methylation hypothesis. Plant Cell Reports
19: 684-690.

Janousek B, Siroky J, Vyskot B. 1996. Epigenetic control of sexual o phenotype in a


dioecious plant, Melandrium album. Mol Gen Genet. 250:483-490.

Jenik Pablo D, Irish Vivian F. 2000. Regulation of cell proliferation patterns by homeotic
genes during Arabidopsis floral development. Development 127, 1267-1276.

140
Juarez C, Banks JA. 1998. Sex determination in plants. Current Opinion in Plant Biology.
1:68-72.

Kaci-Aïssa Benchaba G. (1988). Distribution et écologie du complexe d’espèces du genre


Phoenix, D.E.s. U.S.T.H.B, Alger, 106 p.

Kanno, A., H. Seaki, T. Kameya, H. Saedler et G. Theissen. (2003). Heteropic expression


of class B floral homeotic genes supports a modified ABC model for tulip (Tulipa
gesneriana). Plant Mol. Biol. 52 : 831-841.

Kass Stefan U, Pruss Dmitry and Wolffe Alan P. 1997. How does DNA méthylation
repress transcription? TIG. Volume 13 n° 11 : 444-449.

A. Kazama Y, Fujiwara MT, Koizumi A, Nishihara K, Nishiyama R, Kifune E, Abe T,


Kawano S. 2009. A SUPERMAN-like Gene is Exclusively Expressed in Female Flowers
of the Dioecious Plant Silene latifolia. Plant and Cell Physiology 50:1127-1141.

Kende H, Zeevaart JAD (1997) The five ‘‘classical’’ plant hormones. The Plant Cell
9(7),1197-1210.

Kgazal m.a, salbi m.i, alsaadawi i.s,. Fattah f. A,. Al-jibouri. 1990. : Bisexuality in date
palm in iraq. Journal of Islamic Academy of Sciences 3:2, 131-133

Kim JC, Laparra H, Calderon-Urrea A, Mottinger JP, Moreno MA, A.A.M Dellaporta
SL. 2007. Cell Cycle Arrest of Stamen Initials in Maize Sex Determination. Genetics
177: 2547-2551.

Krishnamoorthy, H.N. and Talukdar, A.R. (1976) Chemical control of sex expression in
Zea mays L., Z. Pflanzenphysiol. 79, 91-94

Krizek BA. 1999. Ectopic expression of AINTEGUMENTA in Arabidopsis plants results in


increased growth of floral organs. Developmental Genetics 25 : 224-2236.

Ku Sujin, Yoon Hyejin, Suh Hak Soo Chung Yong-Yoon. 2003. Male-sterility of
thermosensitive genic male-sterile rice is associated with premature programmed cell
death of the tapetum. Planta 217: 559–565

Laprade Pierre Saumitou, Vernet Philippe, Vassiliadis Christine, Hoareau Yves, Magny
Guillaume , Dommée Bertrand, Lepart Jacques . 2010. A selfincompatibility system
explains high male frequencies in an androdioecious plant, Science, vol.327, pp. 1648-
1650

Lebel-Hardenack S, Grant S. 1997. Genetics of sex determination in flowering plants.


Trends in Plant Sciences 2: 130–136.

Leshem en Ophir 1977.

Lloyd DG, Webb CJ. 1977. Secondary sex characters in seed plants. Bot Rev . 43:177-216.

lrish E. E. and Nelson Timothy. 1989. Sex Determination in Monoecious and Dioecious
Plants. The Plant Cell, Vol. 1 : 737-744

141
Marguerit E, Boury C, Manicki A, Donnart M, Butterlin G, Némorin A, Wiedemann S.
2009. Genetic dissection of sex determinism, inXorescence morphology and downy
mildew resistance in grapevine. Theoretical and Applied Genetics 118:1261–1278.

Martin A, Troadec C, Boualem A, Rajab M, Fernandez R, Morin H, Pitrat M,


Dogimont C, Bendahmane A. 2009. A transposon-induced epigenetic change leads to
sex determination in melon. Nature, 461:1135-8.

Masmoudi-Allouche F, Anissa Chaˆari-Rkhis A, Kriaa W, Gargouri-Bouzid R , Jain


SM, Drira N. 2008. In vitro hermaphrodism induction in date palm female flower. Plant
Cell Reports 28:1–10.

Mather, K. (1949) Genetics of dioecy and monoecy in Ecballium, Nature 163, 926

Matsunaga S, Uchida W, Kawano S. 2004. Sex-Specific Cell Division during Development


of Unisexual Flowers in the Dioecious Plant Silene latifolia. Short Communication.
Plant and Cell Physiology. 45: 795–802.

Mccubin, M.J, van Staden, J. and Zaid, A. (2000): a southern African survey conducted for
off-typpes on date palms produced using somatic embryogenesis, Proceedings of date
palm international symposium, Windhoek , Namibia, 22-25 February, 200.

Meehan, R.R., Lewis, J.D. and Bird, A.P. (1992) Nucleic Acids Res. 20, 5085-5092

Meyerowitz EM. (1997). Genetic control of cell division patterns in developing plants. Cell
88, 299-308.

Ming R, Yu Q, Moore PH. 2007. Sex determination in papaya. Seminars in Cell and
Developmental Biology. 18:401-408.

Ming Ray and Moore Paul H. 2007. Genomics of sex chromosomes. Current Opinion in
Plant Biology, 10:123–130

Mohamed Azeqour, , Mohamed Amssa and Mohamed Baaziz : Identification de la


variabilité intraclonale des vitroplants de palmier dattier issus de culture in vitro par
organogenèse : étude morphologique, Comptes Rendus Biologies Volume 325, Issue 9 ,
September 2002, Pages 947-956

Monciero A., 1954. Contribution a l'étude du pollen et de la fécondation du palmier dattier.


In : Ann. de I'lnst. Agr. d'Agérie, 8 (4), pp. 3-28.

Monéger F., 2001, Molecular and evolutionary analysis of a plant Y chromosome, Comptes
rendus de l'Académie des sciences. Paris, Sciences de la vie, 324 pp. 531-535

Moore H. E. Jr. (1973). The major groups of palms and their distribution. Gentes Herb.,
11(2) : 27-141.

Morris Karl, Thornber Sarah, Codrai Lesley, Richardson Christine, Craig Adam,
Sadanandom Ari, Thomas Brian and Jackson Stephen. 2010. DAY NEUTRAL
FLOWERING Represses CONSTANS to Prevent Arabidopsis Flowering Early in Short
Days The Plant Cell 22:1118-1128

142
Munier P. (1973). Le palmier dattier.Techniques Agricoles et Productions Tropicales. Paris:
Maisonneuve et Larose 1-222.

Munier P., 1981. Origine de la culture du palmier dattier et sa propagation en Afrique. Fruits,
vol 36, n°7-8 : 437-449.

Nemhauser JL, Zambryski PC, Roe JL. 1998. Auxin signaling in Arabidopsis flower
development? Curr Opin Plant Biol 1, 531−535.

Neuffer, M.G., Coe, E.H., Wessler, S.R. 1997. Mutants of Maize. Cold Spring Harbor
Laboratory Press, Plainview, NY.

Nixon RW. 1934. Metaxenia in dates. Am Soc for hort.Sciences. vol.32.1934.p221-226.

Ouennoughi Melica, Dubost Daniel. 2005. Le voyage forcé des dattiers en Nouvelle-
Calédonie, sécheresse ; vol. 16, n°4

Parasnis, A.S., W. Ramakrishna, K.V. Chowdari, V.S. Gupta, P.K. Ranjekar. 1999.
Microsatellite (GATA)n reveals sex-specific differences in papaya. Theor. Appl.Genet.
99:1047–1052.

Pereau-Leroy, P. 1958. Le palmier dattier au Maroc. Paris : IFAC.

Perl-Treves, R. (1999). Male to female conversion along the cucumber shoot: Approaches to
studying sex genes and floral development in Cucumis sativus. In Sex Determination in
Plants, C. Ainsworth, ed (Oxford, UK: Bios Scientific Publishers), pp. 189–216.

Peyron G. (2000). Cultiver la palmier dattier. Groupe de Recherche et d’Information pour le


Développement de l’Agriculture d’Oasis, 109 p.

Pierre Estanove. 1990 : Note technique : valorisation de la datte. Options Méditerranéennes,


Sér. A/ n 11. Les systèmes agricoles oasiens

Pintaud J.C, Zehdi S., Couvreur T., Barrow S., Henderson S., Aberlenc-Bertossi F.,
Tregear J., Billote N. 2010: Species delimitation in the Genus Phoenix (Arecaceae)
based on SSR markers, with emphasis on the identity of the date palm. Diversity,
phylogey, and evolution in the monocotyledon. Edited by seberg, Peterson, barfod ans
dais. Aarhus university press, dannark, 2010.

Rhiss A, C. Poulain, G. Beauchesne, (1979) : la culture in vitro appliquée à la


multiplication végétative du palmier dattier (Phoenix dactylifera L.), fruits-vol.34, n°9,
1979.

Rival A, Bertrand L, Beulé T, Combes MC, Trouslot P, Lashermes P, (1998) : Suitability


of RAPD analysis for the detection somaclonal variants in oil palm. Plant Breeding 117,
73-76.

Rochat Didier , Chapin Éric, Ferry Michel, -Faghih Arman Avand, Brun Luc.2006. Le
charançon rouge du palmier dans le bassin méditerranéen, Phyoma : la défense des
vegetaux. N° 595 juillet -aout: 20-24

143
Saaidi. Mohamed. (1979) : Contribution à Ia lutte contre le Bayoud, Fusariose vasculaire du
Palmier dattier. Thèse d’université, Université de Dijon, Franc:e 1 40 pp,

Saïdou A.-A., Mariac C., Luong V., Pham J.-L., Bezançon G. and Vigouroux Y . 2009.:
Association Studies Identify Natural Variation at PHYC Linked to FloweringTime and
Morphological Variation in Pearl Millet. Genetics : 182, p. 899-910 : , DOI: 10.1534/
genetics.109.102756

Sané D., Aberlenc-Bertossi F., Gassama-Dia Y. K., Sagna M., Trouslot M. F., Duval Y. &
Borgel A. (2006). – Histological analysis of callogenesis and somatic embryogenesis on
cell suspension of date palm (Phœnix dactylifera L.), Annals of Botany 98:301-308

Sherry RA, Eckard KJ, Lord EM. 1993. Flower development in dioecious Spinacia
oleracea (Chenopodiaceae). American journal of Botany 80: 283–291.

Sicard A, Petit J, Mouras A, Chevalier C, Hernould M. 2008. Meristem activity during


flower and ovule development in tomato is controlled by the mini zinc finger gene
INHIBITOR OF MERISTEM ACTIVITY. The Plant Journal 55: 415–427.

Siljak-Yakovlev S, Cerbah M, Sarr A, Benmalek S, Bounaga N, Coba de la Pena T,


Brown S. 1996. Chromosomal sex determination and heterochromatin structure in date
palm. Sexual Plant Reproduction 9:127–132.

Sommer, H., Beltran, J.P., Huijser, P., Pape, H., Lonnig, W.E., Saedler, H. et Shwartz-
Sommer, Z. (1990). DEFICIENS, a homeotic gene involved in the control of flower
morphogenesis in Antirrhinum majus : the protein shows homology to transcription
factors. EMBO J. 9: 605-613.

Sondur, S.N., R.M. Manshardt, J.I. Stiles. 1996. A genetic linkage map of papaya based on
randomly amplified polymorphic DNA markers. Theor. Appl. Genet. 93: 547–553.

Suzaki T, Sato M, Ashikari M, Miyoshi M, Nagato Y, Hirano H Y. 2004. The gene


FLORAL ORGAN NUMBER1 regulates floral meristem size in rice and encodes a
leucine-rich repeat receptor kinase orthologous to Arabidopsis CLAVATA1. Development
131:5649–5657.

Takano, M., N. Inagaki, X. Xie, N. Yuzurihara, F. Hihara et al.,2005 Distinct and


cooperative functions of phytochromes A,B, and C in the control of deetiolation and
flowering in rice. Plant Cell 17: 3311–3325.

Tanurdzic M, Banks JA. 2004. Sex determining mechanisms in land plants. The Plant Cell
16:61–71.

Tcherkez Guillaume . 2002. Les fleur. Évolution de l'architecture florale des Angiospermes.
Livres 192 pages. Collection: UniverSciences, Dunod.
Terauchi R. and Kahl G., 1999. Mapping of the Dioscorea tokoro genome:AFLP markers
linked to sex, Genome 42: 752–762.

Terefe Diro and Tatlioglu Turan. 2005 Isolation of a partial sequence of a putative
nucleotide sugar epimerase, which may involve in stamen development in cucumber
(Cucumis sativus L.) Theor Appl Genet (2005) 111: 1300–1307.

144
Theissen, G. (2001). Development of floral organ identity: Stories from the MADS house.
Curr. Opin. Plant Biol. 4, 75–85

Tisserat B, Demason D (1980): A histological study of development of adventive embryos


organ cultures of Phoenix dactyliferaL. , Ann Bot 46:465–472.

Uhl NW, Dransfield J. 1984. Development of the inflorescence, androecium, and gynoecium
with reference to palms. In R. A. White and W. C. Dickison [eds.], Contemporary
problems in plant anatomy, 397–449. Academic Press, New York, USA.

UHL NW. 1972. Inflorescence and flower structure in NYPA FRUTICANS (Palmae).
American Journal of Botany 59: 729-743.

Vanneste S., Maes L., Smet I, Himanen K, Naudts M, Inze D´ and Beeckma T 2005.:
Auxin regulation of cell cycle and its role during lateral root initiation. PHYSIOLOGIA
PLANTARUM 123: 139–146. 2005
Verdeil, J. L. (1993). Etude de la régénération du cocotier (Cocos nucifera L.) par
embryogenèse somatique à partir d’explants inflorescentiels. Thèse de Doctorat de
l’Université Pierre et Marie CURIE (Paris VI), 150p.

Vyskot B, Koukalova B, Kovarik A, Sachambula L, Reynolds D, Bezdek M (1995)


Meiotic transmission of a hypomethylated repetitive DNA family in tobacco. Theor Appl
Genet 91 : 659-664
Vyskot Boris and Hobza Roman, 2004, Gender in plants: sex chromosomes are emerging
from the fog, Review TRENDS in Genetics Vol.20 No.9 September 2004

Weiblen GD, Oyama RK, Donoghue MJ. 2000. Phylogenetic Analysis of Dioecy in
Monocotyledons. The American Naturalist 155:46–58.

Woltering Ernst J , Bent Arie van der, and. Hoeberichts Frank A. 2002. Do Plant
Caspases Exist? Plant Physiology, Vol. 130, pp. 1764–1769

Wu Hen-ming,. Cheung Alice Y. 2000. Programmed cell death in plant reproduction. Plant
Molecular Biology 44: 267–281.

Yanan Hou, Fenglan Li and Shumin Gao. 2004. Sex determination and sexual organ
differentiation in flowering plants . Forestry Studies in China Volume 6, Number 4 50-57

Yang SF, Hoffman NE (1984) Ethylene biosynthesis and its regulation in higher plants.
Annual Review of Plant Physiology 35, 155-189

Zaher H, Baaziz M. (2006) Contribution à l’identification des pieds mâles et femelles chez
le palmier dattier par l’utilisation des marqueurs RAPD. Congrès international de
Biochimie. Agadir, 9-12 Mai 2006, Maroc.

Zluvova J, Nicolas M, Berger A, Negrutiu I, Moneger F. 2006. Premature arrest of the


male flower meristem precedes sexual dimorphism in the dioecious plant Silene latifolia.
Proceedings of the National Academy of Sciences, 103, 8854–18859.
Zohary D. et Hopf N. (1988). Fruits trees and nuts in domestication of plants in the old
word.Oxford Soc. Clarendon Press Publications, 146-149.

145
ANNEXE 1

Différentes conditions hormonales pour les essais de réversion in vitro de sexe de la fleur.

Type de milieu Composition hormonale Référence bibliographique

0 mg/l de 2,4-D
M 0CA
+ 3g/l charbon actif

30 mg/l de 2,4-D + 3g/l charbon


M 30CA Demasson et al., 1980
actif

M 10AZA 10 µM de 5- azacytidine Siroky et al., 1998

1 mg/l IBA
M IBA- BAP Masmoudi et al, 2008
+ 1 mg/l BAP

IBA 1 mg/l

BAP 1 mg/l

M ANA 54 µM Badara et al, 2007

M0 Sans hormone

146

Vous aimerez peut-être aussi