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Déjà parus :
© L'HARMATTAN, 2016
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-343-08677-4
EAN : 9782343086774
« Il est toujours intéressant de voir comment le fruit qu’est la décision de
justice tient la promesse de la fleur constituée par la disposition constitu-
tionnelle ».
Luc Sindjoun, Les grandes décisions de la justice constitutionnelle afri-
caine, droit constitutionnel jurisprudentiel et politiques constitutionnelles au
prisme des systèmes politiques africains, Bruxelles, Bruylant, 2009, p. XIII.
Aux Wetsh’okonda :
-Evelyne Mpuntu, mon èpouse,
- Joyce Okako,
- Glodi Mbuyi,
- MerJé Deko et
- Donel Mputu,
Mes enfants bien-aimés et,
à travers eux,
à tous les enfants,
avenir du Congo.
PRÉFACE
Longtemps prise tantôt pour timide, tantôt pour moins intéressée aux
questions constitutionnelles, la doctrine congolaise s’est finalement réveillée
à travers un éventail de publications consacrées, ces cinq dernières années,
au droit constitutionnel, au contentieux constitutionnel, au droit électoral, au
contentieux électoral et au droit parlementaire.
11
la Cour suprême de justice faisant office de juge constitutionnel. Y sont ana-
lysées, tour à tour, la forme et le fond des arrêts de cette juridiction relatifs à
la protection des droits civils et politiques, d’une part et, d’autre part, ceux
en rapport avec les autres droits, en l’occurrence les droits économiques,
sociaux et culturels, sans oublier ceux dits de solidarité.
12
AVANT-PROPOS
L’auteur
13
LISTE DE SIGLES ET ABRÉVIATIONS
15
SADIC : Société Africaine de Droit International et Comparé
SDE : Service de Documentation et d’Etudes du Ministère de la Jus-
tice
TSR : Toutes sections réunies
UDPS : Union pour la Démocratie et le Progrès Social
UNIKIN : Université de Kinshasa
UNILU : Université de Lubumbashi
USORAL : Union Sacrée de l’Opposition Radicale et Alliés
16
INTRODUCTION GÉNÉRALE
17
est protégé par une action en justice, essentiellement par la mise
en œuvre du contrôle de légalité4 ».
4
C-A COLLIARD, Libertés publiques, Paris, Dalloz, 6ème édition, 1982, p. 29. Dans le même
sens, lire F. TERRE, « Sur la notion de libertés et droits fondamentaux », R. CABRILLAC
et alii, Libertés et droits fondamentaux, Paris, Dalloz, 17ème édition, 2011, p. 6 ; A. KA-
MUKUNY MUKINAY, Droit constitutionnel congolais, Kinshasa, EUA ,2011 p. 282.
Dans le sens contraire, lire P. WACHSMANN, Libertés publiques, op.cit, p. 4, qui définit
les libertés publiques à partir du « droit (qui) consacre au profit des individus ou des
groupes telle ou telle liberté ». Cette acception isolée des libertés publiques semble conférer
à la notion une portée très large. On la retrouve aussi sous la plume de J. RIVERO, qui dé-
finit les libertés publiques comme « des pouvoirs d’autodétermination consacrés par le droit
positif », D. BREILLAT, Libertés publiques et droits de la personne humaine, paris, Guali-
no éditeur, 2003, p. 23. Lire aussi, dans le même sens, J-L ESAMBO KANGASHE, Le
droit constitutionnel, Louvain-La-Neuve, Academia-L’Harmattan, 2013, p. 193 et P.
AVRIL et J. GICQUEL, Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, Que sais-je ?, réim-
pression de la première édition, 2004, p. 70. Il y a lieu de se demander si, affirmant que
« les libertés publiques (…) forment un élément constitutif de la Constitution », ce dernier
auteur n’identifie pas les libertés publiques aux droits fondamentaux.
5
L. FAVOREU et alii., Droit constitutionnel, Paris, Dalloz, 14ème édition, 2011, p. 887. Lire
aussi, F. BORELLA, Éléments de droit constitutionnel, Paris, Presses de la Fondation na-
tionale des sciences politiques, 2008, p. 271. En définissant les libertés publiques comme
« des pouvoirs de choix prévus et réglementés par le droit positif de chaque pays concer-
né » (…), TSHITAMBWA KAZADI SHAMBUYI, « Droits de l’homme et perspectives
démocratiques en République démocratique du Congo », in Cinquante ans de la Déclara-
tion universelle des droits de l’homme : Actes de journées de réflexion du 07 au 11 dé-
cembre 1998, PUL, p. 31 s’écarte de cette acception des libertés publiques en ce qu’il situe
leur fondement, non seulement dans la loi, mais aussi dans la Constitution et le droit inter-
national. « Elles constituent le pouvoir de choisir lui-même son comportement, pouvoir or-
ganisé par le droit positif qui lui accorde une protection renforcée au niveau constitutionnel
en droit interne, au niveau extra et voire supra-étatique en droit international public », pré-
cise-t-il.
6
D. BREILLAT, Libertés publiques et droits de la personne humaine, op.cit, p. 23. Lire
aussi, NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, Droit congolais des droits de l’homme,
Louvain-La-Neuve, 2004, p. 21.
7
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, Droit congolais des droits de l’homme, op.cit, p.
21.
8
L. FAVOREU et Alii., Droit constitutionnel, op.cit, p. 887.
18
De ce qui précède, il y a lieu d’affirmer que l’expression « libertés pu-
bliques » n’est pas appropriée pour désigner les droits susceptibles de protec-
tion par le juge constitutionnel congolais : il ne s’agit pas, dans le cadre de
cette protection juridictionnelle des droits de l’homme, de la mise en œuvre
du principe de légalité mais de celui de la constitutionnalité et encore moins
du règne administratif que de celui de la Constitution.
Deux ans plus tard, en 1992, ce sera au tour de l’arrêté portant pro-
gramme de la principale épreuve pour l’examen d’accès à la profession
d’avocat de l’utiliser12.
9
Idem, p. 883.
10
Ibidem, p. 883.
11
Lire à ce sujet, I. MEYRAT, Droits fondamentaux et droit du travail, Lille, ANRT, s.d, p.
3. Lire aussi D. BREILLAT, Libertés publiques et droits de la personne humaine, op.cit,
p. 25 ; P. AVRIL et J. GICQUEL, Lexique de droit constitutionnel, op.cit, 2004, p. 44.
12
M. DELMAS-MARTY et C. LUCAS DE LEYSSAC, Libertés et droits fondamentaux,
op.cit, p. 11 ; P. WACHSMANN, « L’importation en France de la notion de « droits fon-
damentaux », RUDH, 2004, p. 42.
13
Idem, p. 11.
14
En Afrique, le sénégalais MOUHAMADOU MOUNIROU SY, La protection constitution-
nelle des droits fondamentaux en Afrique, l’exemple du Sénégal, Paris, l’Harmattan, 2007,
a accordé sa préférence à la même expression. Il en va de même, en RDC, d’A. KAMU-
KUNY MUKINAY, Droit constitutionnel congolais, op.cit, pp. 275-297 et d’E. BOS-
HAB, « Les droits fondamentaux dans les nouvelles Constitutions africaines : entre cons-
titutionnalisme et constitutionnalisation », Mélanges offerts au Doyen Charles Cadoux,
PUAM, Faculté de Droit et de Science politique, Université de Droit, d’Economie et de
Sciences d’Aix-Marseille, 1999.
15
D. BREILLAT, Libertés publiques et droits de la personne humaine, op.cit, p. 26.
16
Idem, p. 26.
19
En ce qui concerne l’expression « libertés fondamentales », qui semble
avoir tiré sa source dans la Convention européenne des droits de l’homme et
des libertés fondamentales, le Conseil constitutionnel français y a fait re-
cours dans sa décision des 10-11 octobre 198417. Selon Isabelle Meyrat, les
« droits et libertés fondamentaux » sont ceux qui sont consacrés par des
textes juridiques fondamentaux, c’est-à-dire les textes constitutionnels et les
conventions internationales18. Il s’agit, à croire Champeil-Desplat, des droits
qui sont « au fondement d’un système ou d’une organisation, ce qui est cons-
tituant, ce sur quoi tout est édifié et de quoi tout est dérivé19». « Si on rai-
sonne exclusivement du point de vue du droit interne, il faut admettre, pré-
cise P. Cruz, que les droits fondamentaux sont inséparables de la Constitu-
tion, qu’ils naissent avec les Constitutions et se terminent avec elles, la pro-
tection internationale des droits dépassant déjà le cadre spécifique des
droits fondamentaux20 ». Abondant dans le même sens, Robert Badinter et
Bruno Genevois notent que :
Dans le même ordre d’idées, Théodore Holo définit les droits fondamen-
taux comme « un ensemble de droits et garanties que l’ordre constitutionnel
reconnait aux particuliers dans leur rapport avec les pouvoirs publics22 ». Il
en va de même de Jean-Marie Poisson pour qui la liberté fondamentale est
« celle qui peut être inscrite dans un texte de valeur constitutionnelle ou celle
17
Ibidem, p. 26.
18
I. MEYRAT, Droits fondamentaux et droit du travail, op.cit, pp. 10-11. Lire aussi, M.
DELMAS-MARTY et C. LUCAS DE LEYSSAC, Libertés et droits fondamentaux, op.cit,
467 p ; P. AVRIL et J. GICQUEL, Lexique de droit constitutionnel, op.cit, p. 40 ; H.
ROUSSILON, Le Conseil constitutionnel, Paris, 3ème édition, Dalloz, 1996, p. 43 ; F. BO-
RELLA, Éléments de droit constitutionnel, op.cit, p. 271 ; ABDOULAYE DIARRA, La
protection des droits et libertés en Afrique noire francophone depuis 1990 : les cas du Mali
et du Bénin, http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr/sites/afrilex/IMG/pdf/2doc8diarra.pdf.
19
V. CHAMPAEIL-DESPLAT, « La notion de droit fondamental et le droit constitutionnel
français », D. 1995, ch., p. 325.
20
I. MEYRAT, Droits fondamentaux et droit du travail, op.cit, pp. 13-14.
21
R. BADINTER et B. GENEVOIS, « Normes de valeur constitutionnelle et degré de protec-
tion des droits fondamentaux », Revue universelle des droits de l’homme, vol. 2, n° 6-8,
1990, p. 258.
22
T. HOLO, « Emergence de la justice constitutionnelle », Pouvoirs, n° 129, 2009, p. 108.
20
qui s’est vu reconnaitre une valeur constitutionnelle par le juge constitution-
nel, ou encore la liberté inscrite et consacrée par un traité international23 ».
23
J-M POISSON, Les droits de l’homme et les libertés fondamentales à l’épreuve de la duali-
té de juridiction, Paris, l’Harmattan, 2003, p. 13. Dans le même sens, lire L. FAVOREU et
alii., Droit constitutionnel, op.cit., p. 887.
24
A. KAMUKUNY MUKINAY, Droit constitutionnel congolais, op.cit, p. 310. Lire aussi,
H. ROUSSILLON, Le Conseil constitutionnel, Paris, 3ème édition, Dalloz, 1996, pp. 43-
44. Prenant le contre-pied de ces différentes définitions, J-L ESAMBO KANGASHE, La
Constitution du 18 février 2006 à l’épreuve du constitutionnalisme, contraintes pratiques
et perspectives, Louvain-la-Neuve, Editions Academia Bruylant, 2010, p. 174 soutient
que « (…) Les libertés publiques sont différentes des libertés fondamentales. La diffé-
rence porte sur l’intervention ou non de l’autorité publique dans leur exercice. Les liber-
tés publiques sont des droits individuels et collectifs dont l’exercice fait intervenir la puis-
sance publique. Ce qui n’est pas le cas pour les libertés fondamentales qui peuvent être
exercées sans intervention de l’autorité publique, telle la protection de la vie privée ou le
secret de la correspondance ». Il y a lieu de se demander si cet auteur ne voulait pas plu-
tôt parler des droits de l’homme qui, selon certains auteurs, sont « des prérogatives et des
facultés inhérentes à la personne humaine et utiles à son bien-être et à sa dignité. Puisque
inhérents à la personne humaine, les droits de l’homme existent donc indépendamment de
leur proclamation et de leur aménagement dans l’ordre juridique d’un Etat », A. MA-
ZYAMBO MAKENGO KISALA, « Introduction aux droits de l’homme : théorie géné-
rale, instruments, mécanismes de protection », op.cit, p. 227. Lire aussi, dans le même
sens, F. SUDRE, Droit européen et international des droits de l’homme, Paris, PUF, 8ème
édition revue et augmentée, septembre 2006, p. 13. Dans tous les cas, à l’époque actuelle
dominée par le positivisme juridique, il est difficile de concevoir l’idée des droits qui
pourraient exister sans leur reconnaissance et leur sanction par l’Etat.
25
P. WACHSMANN, Libertés publiques, op.cit., p. 2.
26
R. DEGNI SEGUI, Les droits de l’homme en Afrique noire francophone (théories et réali-
tés), Abidjan, S.e., 1998, p. 41.
27
P. WACHSMANN, Libertés publiques, op.cit, p. 4.
21
Bien plus, contrairement à ce qu’elles suggèrent, historiquement, la cons-
titutionnalisation des droits de l’homme n’est pas toujours postérieure à leur
institutionnalisation. Ainsi, selon François Borella :
28
F. BORELLA, Eléments de droit constitutionnel, Paris, Presses de la Fondation nationale
des sciences politiques, 2008, p. 271.
29
P. WACHSMANN, « L’importation en France de la notion droits fondamentaux », RUDH,
2004, p. 40. Lire aussi, D. CHAGNOLLAUD, Droit constitutionnel contemporain, tome 1,
théorie générale, les régimes étrangers, 4ème, Paris, Editions Armand Colin, p. 75. Selon le
premier auteur cité, l’expression droits fondamentaux ne fait pas l’unanimité dans la doc-
trine française. Certains auteurs (Claude Leclercq, Jean Rivero, Dominique Turpin, Patrick
Wachsmann, etc.) lui préfèrent l’expression libertés publiques. D’autres (Gilles Lebreton,
Jean Roche, André Pouille, Jean Morange, etc.) l’ont adoptée en y ajoutant les appellations
droits de l’homme ou libertés publiques. Outre Louis Favoreu qui en est l’instigateur,
l’expression « droits fondamentaux et/ou libertés fondamentales » est surtout utilisée par ses
collaborateurs du Groupe d’études et de recherches sur la justice constitutionnelle d’Aix-
Marseille : Patrick Gaia, Richard Chevontian, Ferdinand Mélin-Soucramanien, Otto Pfers-
mann, Joseph Pini, André Roux, Guy Scoffoni et Jérôme Tremeau. S’y ajoutent Jean-
Jacques Israel, Remy Cabrillac, Marie-Anne Frison-Roche, Thierry Revet, Mireille Delmas-
Marty, Claude Lucas de Leyssac, etc. Lire à ce sujet P. WACHSMANN, op.cit, p. 42.
22
l’une relève de la théorie du droit naturel, et les deux autres, de celle du droit
positif30.
30
Sur la conception jusnaturaliste et celle du positivisme, lire, avec intérêt F. HAMON et
MICHEL TROPER, Droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 28ème édition, 2003, pp. 25-28.
31
A. MAZYAMBO MAKENGO KISALA, « Introduction aux droits de l’homme : théorie
générale, instruments, mécanismes de protection », op.cit, p. 227. Abondant dans le même
sens, S. GUINCHARD et G. MONTAGNIER (dir.), Lexique de termes juridiques, Paris,
Dalloz, 8ème édition, 1990, p. 198, définissent les droits de l’homme comme des « droits in-
hérents à la nature humaine, donc antérieurs et supérieurs à l’Etat et que celui-ci doit respec-
ter non seulement dans l’ordre des buts mais aussi des moyens ».
32
A. KAMUKUNY MUKINAY, Droit constitutionnel congolais, op.cit, p. 164.
33
J-L ESAMBO KANGASHE, Le droit constitutionnel, op.cit, p. 193.
34
P. WACHSMANN, Les droits de l’homme, op.cit, p. 2.
23
plus large que celui de liberté. L’idée de droit absorbe celle de li-
berté (…)35 ».
Abondant dans le même sens, Gérard Cornu définit les droits de l’homme
comme :
Yves Madiot est encore plus explicite lorsqu’il définit les droits de
l’homme comme :
Il en est de même pour Fréderic Sudre qui y voit « des droits et facultés
assurant la liberté et la dignité et bénéficient des garanties
nelles38 ». En ce qui le concerne, Jacques Mourgeon relève que « les droits
de l’homme se définissent comme étant des prérogatives, gouvernées par des
règles que la personne (physique ou morale) détient en propre dans ses rela-
tions avec d’autres personnes (physiques ou morales) ou avec le pouvoir39 ».
Quant à René Degni Segui, il soutient que les droits de l’homme constituent
« un ensemble de droits et libertés que l’Etat reconnaît dans son ordre juri-
dique et dans l’ordre juridique international, aux individus et qu’il
35
D. BREILLAT, Libertés publiques et droits de la personne humaine, op.cit, p. 26. Cette
définition est ici préférée à celle qui considère les droits de l’homme comme l’étude du sta-
tut international des libertés en opposition aux libertés publiques considérées comme l’étude
du régime juridique des libertés. Dans tous les cas, « le découpage académique des matières
juridiques (…) n’est pas définitivement fixé ». Lire à ce sujet P. WACHSMANN, Libertés
publiques, op.cit, p.2.
36
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, 8ème édition mise à jour, 2ème tirage, PUF, mai
2008, p. 335. Pour P. WACHSMANN, Libertés publiques, idem, p. 2, les « droits de
l’homme (s’entendent de) l’étude du statut international des libertés ». Très étroite, cette
acception des droits de l’homme ne sera pas prise en compte dans le cadre de la présente
dissertation scientifique.
37
Y. MADIOT, Droits de l’homme et libertés publiques, Paris, Masson, 1976, p. 19 cité par
G. NTIRUMENYERWA M. KIMONYO, « Le système onusien de protection des droits de
l’homme : les mécanismes de protection fondés par la Charte des Nations unies : ECOSOC,
CDH, HCNUDH », in Séminaire de formation Cinquantenaire de la DUDH, 18 novembre-
10 décembre 1998, Kinshasa, PUK, 1999, p. 65.
38
F. SUDRE, Droit européen et international des droits de l’homme, op.cit, p. 12.
39
J. MOUGEON, Les droits de l’homme, Paris, PUF, 7ème édition, 1998, p. 7.
24
tège40 ». Cette définition semble assez large41 pour prendre en compte
l’ensemble de droits dont la protection incombe au juge constitutionnel42.
40
R. DEGNI SEGUI, Les droits de l’homme en Afrique noire francophone (théories et réali-
tés), op.cit, p. 1.
41
Aux termes de l’article 2 de la Loi organique n° 13/011 du 21 mars 2013 portant institution,
organisation et fonctionnement de la Commission nationale des droits de l’homme,
JORDC, 54ème année, numéro spécial, 1er avril 2013, p. 3 : « Au sens de la présente loi, il
faut entendre par droits de l’homme, les droits inaliénables et inhérents aux êtres humains
tels définis par les dispositions du titre II de la Constitution et par les instruments juri-
diques internationaux y relatifs, dûment ratifiés et dont le respect et l’exercice, garantis
par l’Etat, permettent l’épanouissement intégral de l’homme ». Cette définition s’avère
plus restrictive pour trois raisons au moins. D’abord, elle limite les droits de l’homme à
ceux consacrés par la Constitution et les instruments juridiques internationaux ratifiés par
la RDC. Les droits reconnus par les lois sont ainsi omis. Ensuite, la même définition ne
prend en compte que les droits consacrés par le titre II de la Constitution, excluant de ce
fait ceux qui le sont dans ses autres titres, tels que le droit à la nationalité, le droit du
peuple à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, le droit de vote (Titre I)
et l’indépendance du pouvoir judiciaire (Titre III). Enfin, les droits de l’homme affirmés
par les instruments internationaux non susceptibles de ratification ne sont pas non plus
pris en compte.
42
Pour l’utilisation de cette expression par dans la doctrine congolaise, lire aussi, NGON-
DANKOY NKOY-EA-LOONGYA, Droit congolais des droits de l’homme, op.cit., p. 22.
Nombre d’auteurs congolais semblent avoir adopté cette acception du concept droits de
l’homme. Tel est le cas notamment de NYABIRUNGU MWENE SONGA, « L’évolution
du droit pénal et les droits de l’homme », in Annales de la Faculté de droit, Vol. VIII-X,
1979-1981, pp. 111-127 ; Droit international pénal : crimes contre la paix et la sécurité
de l’humanité, Kinshasa, Editions DES, 2013, pp. 57-58 ; A. MBATA BETUKUMESU
MANGU, « Perspectives du constitutionnalisme et de la démocratie en République démo-
cratique du Congo sous l’empire de la Constitution du 18 février 2006 », in BULA BULA
SAYEMAN (dir.), Pour l’épanouissement de la pensée juridique congolaise. Liber Ami-
corium Marcel Antoine Lihau, Bruxelles et Kinshasa, Bruylant et PUK, 2006, pp. 185-
224 ; P. AKELE ADAU, « Enjeux de la démocratie en République démocratique du Con-
go : questions fondamentales pour le chrétien catholique », in Pour l’épanouissement de
la pensée juridique congolaise, op.cit, p.27 ; MUTOY MUBIALA, « Article 25 », in M.
KAMTO (dir.), La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le Protocole y
relatif portant création de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples : com-
mentaire article par article, Bruxelles, Editions Bruylant et de l’Université de Bruxelles,
2011, p. 649.
43
Selon E. DECAUX, Droit international public, Paris, Dalloz, 6ème édition, 2008, p. 250,
« La traduction littérale de « droits humains » peut être perçue comme un contresens lin-
guistique et une impasse juridique remettant en cause plus de deux siècles consacrés dans
les textes nationaux et internationaux ».
25
De ce qui précède, nous retiendrons avec René Degni Segui que les droits
de l’homme sont un ensemble de droits et libertés que l’Etat reconnaît dans
son ordre juridique et dans l’ordre juridique international, aux individus et
aux peuples et qu’il protège. Néanmoins, dans le cadre de la présente étude,
ils seront utilisés au sens de droits de l’homme constitutionnellement garan-
tis.
I. Problématique de l’étude
Un lien étroit unit les droits de l’homme aux Constitutions. Les premières
Constitutions écrites consacrent les droits de l’homme. L’intérêt de ceux-ci
est mis en exergue par l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen aux termes duquel : « Toute société dans laquelle la garantie des
droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de
Constitution44 ».
44
Pour de plus amples informations sur ce sujet, lire, A. MAMPUYA KANUNK’A TSHIA-
BO, « Préface » de J-L ESAMBO KANGASHE, Le droit constitutionnel, op.cit, pp. 10-
12.
45
Lire à ce sujet, M. KAMTO, « Charte africaine, instruments internationaux de protection des
droits de l’homme, constitutions nationales : articulations respectives », in J-F. FLAUSS et E.
LAMBERT-ABDELAGWAD (dir.), L’application nationale de la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples, Bruxelles, Bruylant et Némésis, 2004, pp. 32-33 ; J. ZIEGLER, So-
ciologie de la nouvelle Afrique, Paris, Gallimard, 1964, pp. 23-28 ; D-G. LAVROFF et G.
PEISER., Les constitutions africaine. L’Afrique noire francophone et Madagascar, texte et
commentaire, Paris, Editions A. Pedone, 1961, spécialement, pp. 18-21.
46
Lire notamment, M. WETSH’OKONDA KOSO., Les textes constitutionnels congolais
annotés, Kinshasa, Ed. CDHC-ASBL, 2010, pp. 69-74.
47
Sur la constitutionnalisation des droits de l’homme dans les Constitutions africaines de la
période post Conférences nationales souveraines, lire notamment R. DEGNI-SEGUI, Les
droits de l’homme en Afrique noire francophone (théories et réalités), op.cit, p.20 ; T. HO-
LO, « Emergence de la justice constitutionnelle », op.cit., pp. 101-102 ; A. BOURGI,
« L’évolution du constitutionnalisme en Afrique : du formalisme à l’effectivité », RFDC,
n°52, 2004/4, p. 740. Lire aussi, avec intérêt, MOHAMADOU DIARRA, La protection
26
L’existence d’un juge constitutionnel, sous la forme d’une juridiction
autonome et spécialisée ou celle d’une chambre spécialisée d’une Cour su-
prême compte aussi au nombre des constantes du constitutionnalisme afri-
cain48.
constitutionnelle des droits et libertés en Afrique noire depuis 1990 : les cas du Mali et du
Bénin, disponible en ligne à l’adresse http://afrilex.u-
bordeaux4.fr/sites/afrilex/IMG/pdf/2doc8diarra.pdf (12 janvier 2012) ; G. ROMUALD.
BIENVENU, « De la conditionnalité économique à la conditionnalité politique : les vicissi-
tudes de la démocratie en Afrique », Revue juridique et politique des Etats francophones,
n°2, avril-juin 2007, pp. 165-166 ; BABACAR GUEYE, « La démocratie en Afrique : suc-
cès et résistances », La démocratie en Afrique, Pouvoirs, n° 129, pp. 9-10.
48
Sur le juge constitutionnel en Afrique avant les années 1990, lire notamment G. CONAC
(dir.), Les Cours suprêmes en Afrique, I, organisation, finalités, procédure, Paris, Economi-
ca, 1988, 437 p ; BURDEAU G., Traité de science politique, le statut du pouvoir dans
l’Etat, tome IV, 10ème édition, Paris, L.G.D.J, 1969 ; D-G. LAVROFF et G. PEISER.,
op.cit., pp. 20-21. Sur l’avènement des cours constitutionnelles autonomes et spécialisées à
dater des années 1990, lire notamment DEGNI SEGUI R., Les droits de l’homme en Afrique
(théories et réalités), Abidjan, 1998, p. 68 ; A. BOUGI, « L’évolution du constitutionna-
lisme en Afrique : du formalisme à l’effectivité », idem, pp. 735-740 ; SORRY BALDE,
Juge constitutionnel et transition démocratique en Afrique, disponible en ligne à l’adresse
http://www.la-constitution-en-afrique.org/2-categorie-10195441.html ; M. NGUELE ABA-
DA, L’indépendance des juridictions constitutionnelles dans le constitutionnalisme des Etats
francophones post guerre froide : l’exemple du Conseil constitutionnel camerounais, dispo-
nible en ligne à l’adresse
http://www.droitconstitutionnel.org/congresmtp/textes5/ABADA.pdf (16 juin 2013) ;
MOUHAMADOU MOUNIROU SY, La protection constitutionnelle des droits fondamen-
taux en Afrique, l’exemple du Sénégal, op.cit., p. 37 ; BABACAR GUEYE, « La démocratie
en Afrique : succès et résistances », op.cit, pp. 9-10 et 13-14.
49
Autrement dit, le juge constitutionnel était plus formel qu’effectif. L’expression est em-
pruntée à F. MODERNE, « Les juridictions constitutionnelles en Afrique », in G. CO-
NAC (dir.), Les Cours suprêmes en Afrique, Tome I, op.cit, p. 22. Sur les difficultés ren-
contrées pour la mise en place de la justice constitutionnelle en RDC, lire, avec intérêt, A.
KAMUKUNY MUKINAY, Contribution à l’étude de la fraude en droit constitutionnel
congolais, Louvain-La-Neuve, Academia et l’Harmattan, 2010, pp. 296-330.
27
en matière de protection des droits de l’homme : Afrique du Sud50, Bénin51,
Mali52, Nigéria53 et Sénégal54 qui ont réussi leur admission dans le cercle
fermé des véritables cours constitutionnelles.
50
Entre autres contributions scientifiques sur la protection constitutionnelle des droits de
l’homme dans ce pays, il y a lieu de lire, X. PHILIPPE, « La démocratie constitutionnelle
sud-africaine : un modèle ? », Pouvoirs n° 129 (2009), pp. 157-168 ; « Les clauses de limita-
tion et d’interprétation des droits fondamentaux dans la Constitution sud-africaine de 1996 »,
in MARYZE BARDREZ et T. DI MANNO, La communication entre les systèmes juri-
diques, Liber Amicorium Jean-Claude Esacarras, Bruxelles, Editions Bruylant, 2005, pp.
897-926 ; « Le contrôle des lois constitutionnelles en Afrique du Sud », Cahiers du Conseil
constitutionnel n°27-janvier 2010, 6 p ; A. F. HOURQUEBIE, La diffusion du constitution-
nalisme en Afrique du Sud : une analyse à travers la décision de la Cour constitutionnelle
du 6 juin 1995 portant inconstitutionnalité de la peine de mort , disponible en ligne à
l’adresse http://www.droitconstitutionnel.org/congresmtp/textes7/HOURQUEBIE.pdf (13
février 2012) ; NOEL LENOIR, « Le nouvel ordre constitutionnel en Afrique du Sud », Ca-
hiers du Conseil constitutionnel n°1-décembre 1996, 6 p ; M. KAMTO, « Charte africaine,
instruments internationaux de protection des droits de l’homme, constitutions nationales : ar-
ticulations respectives », op.cit, pp. 38-39 ; BABACAR GUEYE, « La démocratie en
Afrique : succès et résistances », op.cit, p.14.
51
La protection constitutionnelle des droits de l’homme au Bénin fait l’objet d’une littérature
abondante. A titre d’exemple, on citera notamment, G. BADET, Les attributions originales
de la Cour constitutionnelle du Bénin, Cotonou, Friedrich Ebert Stiftung, 2013 ; A. BOUR-
GI, « L’évolution du constitutionnalisme en Afrique : du formalisme à l’effectivité », RFDC,
op.cit, pp. 721-748 ; C. KEUTCHA TCHPNGA, « Le juge constitutionnel, juge administra-
tif au Bénin et au Gabon », Revue française de droit constitutionnel, 2008/3-n°75, pp. 551-
583 ; J. DU BOIS DE GAUDUSSON, Défense et illustration du constitutionnalisme en
Afrique après quinze ans de pratique du pouvoir, disponible en ligne à l’adresse
http://www.la-constitution-en-afrique.org/article-17104156.html (13 février 2012) ; T. HO-
LO, « Emergence de la justice constitutionnelle », op.cit, pp. 101-113 ; MAYACINE
DIAGNE, « Le juge constitutionnel africain et la pratique des réserves d’interprétation »,
Revue juridique et politique des Etats francophones n°3, juillet-septembre 2008, pp. 367-
400 ; S. BOLLE, Le délit d’adultère hors la loi, disponible en ligne à l’adresse
http://www.la-constitution-en-afrique.org/article-34586022.html ; Le Code des personnes et
de la famille devant la Cour constitutionnelle du Bénin. La décision DCC 02-144, disponible
en ligne à l’adresse http://afrilex.u-bordeaux4.fr/le-code-des-personnes-et-de-la.html (13 fé-
vrier 2012) ; IBRAHIM SALAMI, Le traitement discriminatoire des délits du mariage de-
vant les cours constitutionnelles béninoise et congolaise, disponible en ligne à l’adresse
http://ddata.over-blog.com/1/35/48/78/Afrique/SALAMI-traitement-discriminatoire-delits-
de-mariage.doc (13 février 2012) ; N. MEDE, Note sous Cour constitutionnelle du Bénin
DDC 02/058 du 4 juin 2002, Adèle Favi, disponible en ligne à l’adresse http://afrilex.u-
bordeaux4.fr/note-sous-cour-constitutionnelle.html; ABDOULAYE DIARRA, La protec-
tion constitutionnelle des droits et libertés en Afrique noire francophone à partir de 1990 :
le cas du Bénin et du Mali , http://www.afrilex.u-
bordeaux4.fr/sites/afrilex/IMG/pdf/2doc8diarra.pdf; BABACAR GUEYE, « La démocratie
en Afrique : succès et résistances », op.cit, p. 14.
52
Lire notamment, ABDOULAYE DIARRA, La protection constitutionnelle des droits et
libertés en Afrique noire francophone à partir de 1990 : le cas du Bénin et du Mali,
op.cit, http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr/sites/afrilex/IMG/pdf/2doc8diarra.pdf.
53
Lire à ce sujet, M. KAMTO, « Charte africaine, instruments internationaux de protection
des droits de l’homme, constitutions nationales : articulations respectives », idem, pp. 39-
40.
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