Le Droit Electoral Esambopdf

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Bibliothèque de

droit
africain
11

Le droit électoral
congolais

Jean-Louis Esambo Kangashe


Licence accordée à Michel Mulumba [email protected] - ip:109.88.70.34

LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS


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2 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Collection « Bibliothèque de droit africain »

Dirigée par Évariste Boshabet Matadi Nenga Gamanda

Titres parus

1. Ngondankoy Nkoy-ea-Loongya Paul-Gaspard, Droit congolais des droits de


l’homme, 2004.

2. Masamba Makela Roger, Droit économique congolais, 2006.

3. Matadi Nenga Gamanda, Droit judiciaire privé, 2006.

4. Mutoy Mubiala, La mise en oeuvre du droit des réfugiés et des personnes


déplacées en Afrique, 2006.

5. Boshab Évariste, Pouvoir et droit coutumiers à l’épreuve du temps, 2007.

6. Kangulumba Mbambi Vincent, Précis de Droit civil des biens. Tome 1.


Théorie générale des biens et théorie spéciale des droits réels fonciers et
immobiliers congolais, 2007.

7. Esambo Kangashe Jean-Louis, La Constitution congolaise du 18 février 2006


à l’épreuve du constitutionnalisme, 2010.

8. Boshab Évariste & Matadi Nenga Gamanda, Le statut de représentants du


peuple dans les assemblées politiques délibérantes, 2010.

9. Kamukuny Mukinay Ambroise, Contribution à l’étude de la fraude en droit


constitutionnel congolais, 2011.

10. Minaku Ndjalandjoko Aubin et Bokona Wiipa Bondjali François, Lexique


des assemblées politiques délibérantes, 2014.

11. Esambo Kangashe Jean-Louis, Le droit électoral congolais, 2014.


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Jean-Louis ESAMBO KANGASHE

LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

BIB
IBLLIO
IOTH
THÈÈQUE DE DROIT AFRIC
ICAAIN 11
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4 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

D/2014/4910/47 ISBN 13 : 978-2-8061-0187-7

© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 LOUVAIN-LA-NEUVE

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce


soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
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DU MÊME AUTEUR

La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve du constitutionnalisme.


Contraintes pratiques et perspectives, Bibliothèque de droit africain 7, Academia-
Bruylant, Louvain-la-Neuve, 2010, 358 p.

Le droit constitutionnel, Academia-L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 2013, 319 p.


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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS .....................................................................................................9
PRÉFACE................................................................................................................13
INTRODUCTION...................................................................................................19

CHAPITRE I
L’ÉLECTEUR ...........................................................................................27

SECTION 1. LES CONDITIONS D’INSCRIPTION SUR LES LISTES


ÉLECTORALES......................................................................................................27
SECTION 2. L’ÉTABLISSEMENT ET L’ENTRETIEN DU FICHIER
ÉLECTORAL ..........................................................................................................38

CHAPITRE II
LE CANDIDAT ........................................................................................43

SECTION 1. L’ÉLIGIBILITÉ ET L’INÉLIGIBILITÉ ............................................43


SECTION 2. LES INCOMPATIBILITÉS ...............................................................65

CHAPITRE III
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ..............................................................69

SECTION 1. NOTIONS DE CAMPAGNE ÉLECTORALE..................................69


SECTION 2. LES PRÉALABLES À L’ORGANISATION
DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ....................................................................73
SECTION 3. LES PRINCIPES QUI FONDENT
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ..........................................................................77
SECTION 4. LA RÉGLEMENTATION DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE..81
SECTION 5. LE FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ..........91

CHAPITRE IV
L’ÉLECTION ............................................................................................97

SECTION 1. LES SYSTÈMES ÉLECTORAUX.....................................................98


SECTION 2. LE DÉCOUPAGE DES CIRCONSCRIPTIONS ÉLECTORALES 113
SECTION 3. LES ÉTAPES DU PROCESSUS DE VOTATION .........................114
SECTION 4. LA FRAUDE ÉLECTORALE.........................................................147
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8 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

CHAPITRE V
LE CONTENTIEUX ÉLECTORAL .........................................................157

SECTION 1. LE CONTENTIEUX DES ACTES PRÉPARATOIRES


À L’ÉLECTION.....................................................................................................158
SECTION 2. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS .......................................171
SECTION 3. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS
EN DROIT COMPARÉ AFRICAIN ....................................................................197
SECTION 4. LA QUESTION DE LA VÉRITÉ DES URNES .............................211

CONCLUSION ......................................................................................................215
ANNEXES.............................................................................................................223
INDEX ...................................................................................................................233
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE...................................................................239
POSTFACE ...........................................................................................................219
TABLE DES MATIÈRES .....................................................................................245
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AVANT-PROPOS

Le droit électoral étudie, au sens classique, les élections politiques desquelles


sont désignés les représentants du peuple. Il régit les opérations préparatoires à
l’exercice du vote et les modalités de contestation de l’élection. Dans la
pratique, ce droit participe à l’établissement, suivant les règles et procédures
d’organisation et de gestion d’une élection, d’un régime démocratique. Du coup,
se noue une relation entre élection-démocratie et droit électoral.
On se gardera de considérer que le seul fait de disposer des textes qui
organisent les élections suffise pour accéder à un régime démocratique. Il faut,
en plus, que par une élection libre et transparente, le citoyen qui souhaite
contribuer à la gestion de la chose publique de son pays soit affranchi de toute
entrave l’empêchant d’être en contact direct avec les électeurs en vue de
solliciter leur suffrage.
En République démocratique du Congo, on note que, prise en vertu de la
Constitution1, la Loi n° 75-009 du 2 avril 1975 portant organisation des
élections législatives interdisait déjà la tenue, en dehors du Mouvement
populaire de la révolution2, de toute propagande électorale. Celle-ci était,
d’ailleurs, censurée au cas où elle ne comportait pas des messages et
déclarations politiques vantant les idéaux du parti et de son fondateur. On voit
combien l’ordonnancement constitutionnel d’un pays peut influer sur la
perception que l’on peut avoir du droit électoral.
Longtemps renfermé dans les escarcelles du droit constitutionnel dont il
dépendait très largement, le droit électoral qui s’est émancipé, depuis la fin du
20e siècle, parce que construit sur les autels de la pratique des élections a, de nos
jours, conquis et/ou reconquis ses lettres de noblesse. Autour de lui, se
mobilisent bien d’institutions et organismes qui, tout en prétendant en tenir le
secret, se considèrent« magiciens des élections » car, se recrutant au sein des
états-majors politiques et laboratoires des nations dites de vieille démocratie.
Comment ne pas s’intéresser à cette discipline quand on lie le destin des
Nations à l’organisation, à intervalles réguliers, d’élections et leur rationnelle
gestion pour que soit ordonnancée, à différents niveaux, la distribution du
pouvoir politique ?Et lorsque les acteurs de la société civile et/ou la presse s’en

1
Aux termes de l’article 19 de la Loi n° 70-001 du 23 décembre 1970 modifiant la Constitution du
24 juin 1967, le Mouvement Populaire de la Révolution est érigé comme première institution de la
République avant le président de la République, l’Assemblée nationale, le Gouvernement, la Cour
constitutionnelle et les Cours et tribunaux. Il deviendra, en vertu de la modification constitutionnelle
organisée par la Loi n° 74-020 du 15 août 1974, la nation zaïroise organisée politiquement (art. 29) et la
seule institution de la République (art. 28), les autres n’étant que ses organes.
2
L’article 22 de cette loi indique que la propagande électorale est faite par le Mouvement Populaire de la
Révolution.
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10 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

mêlent, il y a de quoi éviter de subir, un jour, la sentence qu’infligerait l’histoire


à ceux qui refusent d’en tenir compte ou de lire les signes de temps.
Au même moment, il s’observe que le droit électoral qui plaque auparavant
ses jalons, se développe et s’affirme comme discipline autonome. Né, en effet,
de la pratique des élections, il apparaît, en raison de la complexité et de la
technicité de ses règles et procédures de plus en plus éloignées de la
compréhension du citoyen moyen et, plus généralement, des compétiteurs
politiques pourtant intéressés au premier chef.
Le droit électoral congolais est d’apparition relativement récente. Il ne date
d’avant le 8 décembre 1957, date qui coïncide avec l’organisation, dans
certaines villes et communes3, des premières élections municipales. Cette
élection sera, une année après, suivie d’une autre tenue dans deux nouvelles
communes de Léopoldville4 et quatre chefs-lieux de province de Coquilhatville,
Stanley ville, Bukavu et Luluabourg. Ce processus s’est poursuivi avec
l’organisation, en décembre 1959, des élections communales et, en mai 1960,
des élections législatives nationales desquelles seront issus les membres qui
composeront plus tard le parlement national et les assemblées provinciales.
Il importe de noter qu’à son accession à l’indépendance, le 30 juin 1960, le
pays ne comptait que treize millions d’habitants qui n’ont pas, en application de
la législation électorale en vigueur, tous participé auxdites élections5. Cette
discrimination n’a négativement pas influé sur le taux de participation qui était
de 85, 5 % à Léopoldville, 87, 2 % à Elisabethville et 74, 4 % à Jadotville6.
Plus d’un demi-siècle après, la population congolaise a sensiblement
augmenté pour gagner, aujourd’hui et selon les projections arrêtées en 19847,
77 000 000 millions d’habitants. Cet accroissement démographique n’a,
cependant, pas impacté sur l’organisation, à intervalles réguliers, d’élections
libres, pluralistes et démocratiques.
Maintes fois interrompu par les crises politiques et/ou militaires qui ont
jalonné l’histoire du pays, le droit électoral renaîtra, en 2006 et 2011, avec la
pratique d’élections libres et pluralistes augurant du coup la trajectoire vers une
réelle compétition politique. Ainsi, de 25 420 199 électeurs inscrits pour
participer aux élections générales de 2006 et 2007, 17 931 238 ont constitué le
corps électoral. Cette population électrice a, au bout de cinq ans, sensiblement

3
Il s’agit des villes de Léopoldville (communes de Kintambo, Saint-Jean, Bandalungwa, Kinshasa,
Dendale, Ngiri-Ngiri, Kalamu, Barumbu, Ngaliema et Kalina), d’Elisabethville (communes Albert,
Katuba, Kenya et Rwashi) et de Jadotville (commune blanche et la commune africaine de Kikula). Lire
dans ce sens, NDAYWEL è NZIEM I., Nouvelle histoire du Congo des origines à la République démocratique
du Congo, Bruxelles, Le Cri-Buku Histoire, 2012, pp. 428-429.
4
Notamment dans les communes de Matete et N’djili.
5
L’article 1er de l’Ordonnance n° 12/295 du 29 septembre 1957 portant mesures particulières
d’exécution du Décret du 26 mars 1957 précise que les personnes consultées en vue de la constitution des
conseils des communes composant les communes doivent être belges, de sexe masculin, âgées de 25 ans
au moment de la clôture du rôle des personnes à consulter et avoir six mois de résidence non précaire
dans une ou plusieurs communes de la ville au moment de la clôture du rôle.
6
MABIALA MANTUBA-NGOMA P., Les élections dans l’histoire politique de la République démocratique
du Congo de 1957-2011, Kinshasa, FKA, 2013, p. 16.
7
Année du dernier recensement de la population.
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Avant-propos 11

augmenté pour atteindre, en 2011, 32 024 640 inscrits contre 18 911 572
votants ; témoignage de la ferveur qui entoure la discipline.
Fortement influencé par la jurisprudence, ce droit reflète la vitalité politique
et démocratique d’un pays résolument tourné en direction de la conquête ou
reconquête démocratique du pouvoir. Sa construction est, donc, à situer dans
l’histoire d’une Nation qui, bien que confrontée, pendant plusieurs décennies, à
diverses crises politiques, contraste avec l’engouement à la démocratie que
caresse un système politique dans lequel la redevabilité des gouvernants est, de
plus en plus, exigeante.
Produit de la fragmentation des textes juridiques hérités, soit de la
colonisation, soit du système d’organisation et d’exercice autoritaire du
pouvoir, le droit électoral congolais renferme des spécificités qui sollicitent,
chaque jour, sa reconnaissance, d’abord, comme un art exigeant expertise et
compétence, ensuite, en tant que science comportant des règles et procédures
propres et, enfin, comme domaine qui emprunte du management, l’essentiel de
ses techniques.
En dépit de faiblesses et apparentes contradictions que l’on peut çà et là,
relever dans l’application de son dispositif juridique, ce droit joue, comme on le
verra, un rôle capital dans l’enracinement des valeurs démocratiques, l’égalité
devant le suffrage et, partant, la distribution du pouvoir politique.
Le souci de simplification de ce dispositif et des pratiques qui, par moments,
échappent à l’évidence élémentaire justifie l’élaboration d’un ouvrage qui
retrace, dans un style simple, clair et méthodiquement agencé, le processus
électoral auquel chaque pays est confronté. Il s’efforce d’apporter, dans la
mesure du possible et là où l’exercice est nécessaire, un éclairage indispensable
du droit comparé.
L’abondance de la jurisprudence analysée contribue, avec quelques annexes
tirées des opérations de dépouillement, compilation et centralisation des
résultats8 proposées en fin d’ouvrage, à faire du droit électoral une discipline
qui se vit et se construit au contact de la réalité.

8
Il s’agit notamment des procès-verbaux de dépouillement et de compilation des résultats, des fiches de
délibération et des résultats, du bordereau de transmission et de réception des plis ou encore de la fiche
de reconstitution des résultats au niveau du Centre local de compilation des résultats.
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PRÉFACE

L’ouvrage de M. Jean-Louis Esambo Kangashe vient à point nommé non


seulement en raison des échéances électorales de la République démocratique
du Congo mais aussi d’un contexte politique, plus large, au Nord comme au
Sud, fait de désillusions voire de critiques radicales sur les élections.
L’enjeu est considérable tant l’élection est au cœur de la théorie
démocratique. Mode efficace de régulation de l’altérité, elle est un moyen de
prévenir les crises et les conflits politiques au moment crucial de la dévolution
du pouvoir et de la prise des décisions ; on utilise les ressources qu’on lui prête
pour contribuer au succès des processus de sortie de crise.
Sitôt énoncé, le propos appelle cependant des nuances et réserves : si
l’élection est consubstantielle à la démocratie et sa meilleure garantie, elle ne
suffit pas à elle seule à l’établir ; pour certains, s’appuyant sur l’histoire et
l’actualité, elle serait l’auxiliaire de l’autoritarisme et à ce titre ils en arrivent à
condamner le processus électoral dans son principe. En réalité, ce qui est en
cause, ce sont d’abord les conditions d’exercice et les modalités d’organisation
et de gestion de l’élection ; et l’un des défis lancés aux régimes démocratiques
est de parvenir à cette transparence électorale sans laquelle il n’y a point de
salut démocratique ; les opérations électorales sont en quelque sorte l’épreuve
de vérité des élections et de leur fiabilité qui conditionnent leur crédibilité et
leur légitimité.
Pour y parvenir, le droit, le droit électoral joue à cet égard un rôle essentiel.
C’est un enjeu majeur de la politique en Afrique, mais pas seulement là ; toute
l’histoire de la démocratie est faite d’efforts perpétuels, jamais aboutis, pour
faire face aux fraudes et manœuvres sans cesse renouvelées et pour obtenir la
sincérité des suffrages.
C’est dire tout l’intérêt du livre que M. Jean-Louis Esambo Kangashe
consacre au droit électoral congolais ; il le présente dans toute sa complexité,
exposant l’ensemble des règles qui régissent les opérations tout au long du
chronogramme électoral de l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la
décision des juges lorsqu’ils sont saisis de recours comme c’est souvent le cas ; il
en retrace les évolutions et les débats, souvent vifs auxquels il a donné lieu ; il
procède à son évaluation en le comparant systématiquement aux règles en
usage dans les autres pays ; il nous livre une réflexion critique et prospective
sur les choix à faire et sur les moyens de le rendre opérationnel au regard de
l’objectif démocratique à atteindre. On voit comment, pour reprendre une
formule de l’auteur, le droit électoral se vit et se construit au contact des
réalités ; comment aussi il se doit de tenir compte d’une série de contraintes
tenant par exemple à la taille du pays qui, comme c’est le cas pour le Congo,
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14 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

rend particulièrement délicate l’organisation matérielle et logistique des


élections, ou aux aspirations de la population pour une plus grande
transparence et sincérité, ou encore à l’habileté en éveil permanent des
fraudeurs et de ceux qui les manipulent, ou enfin aux exigences définies dans
des standards internationaux toujours plus nombreux y compris de ceux des
organisations africaines.
Averti et expert qu’il est du droit constitutionnel, le professeur Esambo
n’hésite pas au fil des pages à donner des conseils aux candidats, aux électeurs
et à proposer des solutions pour donner toute son efficacité démocratique aux
élections congolaises. Il analyse les défis auxquels ce droit est confronté, les
résistances et les contournements dont il fait l’objet, ainsi que les difficultés
auxquelles doivent faire face les acteurs du jeu électoral. Une place particulière
est consacrée au juge, à juste titre, car il ne saurait y avoir d’élections crédibles
sans lui ; la tâche du juge électoral n’est pas toujours comprise et elle est
souvent malaisée, plus encore lorsqu’il s’agit d’intervenir sur des litiges relatifs
aux élections au plus haut niveau, présidentiel notamment. Le juge se trouve
ainsi pris dans une sorte de chassé-croisé entre le droit et le politique.
C’est bien là que se situe le nœud gordien du droit électoral, au Congo
comme ailleurs : son effectivité démocratique dépend non seulement de son
contenu et de son esprit mais aussi, c’est presqu’une évidence de l’affirmer, du
respect que doivent lui porter les électeurs, les candidats mais aussi les juges et
les autorités politiques. C’est à ce prix que les élections deviennent le temps de
la démocratie et du maintien de la paix.
Que M. Jean-Louis Esambo Kangashe dont on connaît les mérites
scientifiques et universitaires soit remercié d’avoir su présenter une solide
étude qui est à la fois un manuel de droit électoral, un guide électoral et une
réflexion théorique, appliquée et concrète sur la construction de la démocratie.

Jean du Bois de Gaudusson


Agrégé des Facultés de droit
Professeur émérite de droit public à
l’Université de Bordeaux
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LISTES DES SIGLES


ET PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

ABACO : Alliance des Bâtisseurs du Congo


ACO : Avenir du Congo
ADH : Alliance des Démocrates Humanistes
ADP : Appel députation provinciale
ADT : Alliance des Travaillistes Congolais pour le Développement
AFDC : Alliance des Forces Démocratiques du Congo
Al : Alinéa
Alii : Autres
AMP : Alliance de la Majorité Présidentielle
AN : Assemblée nationale
Art : Article
BUR : Bureau
Dir : Sous la direction de
Éd : Édition
CC : Cour constitutionnelle
CCD : Convention Chrétienne pour la Démocratie
CC-EL : Cour constitutionnelle-élection législative
CC-EP : Cour constitutionnelle-élection présidentielle
CDR : Convention pour la Démocratie et la République
CE : Conseil d’Etat
CEDEAO : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CGD : Centre pour la Gouvernance Démocratique au Burkina Faso
CEDI : Centre protestant d’études et de diffusion
CEI : Commission électorale indépendante
CLCR : Centre Local de Compilation des Résultats
CENI : Commission électorale nationale indépendante
CES : Cour électorale spéciale
CNS : Congrès National Congolais
Col : Colonne
Coll. : Collection
CRP : Convention pour la Renaissance et le Progrès
CSJ : Cour suprême de justice
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16 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

DC : Démocratie Chrétienne
DCC : Décision du Conseil constitutionnel
ECT : Eveil et Conscience pour le Congo et le Développement
FKA : Fondation Konrad Adenauer
FONUS : Forces Novatrices Unies pour la Solidarité
GSCO : Génération pour la Solidarité et le Développement du Congo
Idem : ouvrage déjà cité
IDH : Institut des droits de l’Homme
LDIC : Ligue pour la Défense des Intérêts des Congolais
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de la Jurisprudence
M17 : Mouvement du 17 mai
MINUSMA : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation
au Mali
MLC : Mouvement de Libération du Congo
MLP : Mouvement Lumumbiste Progressiste
MONUC : Mission des Nations-Unies en République Démocratique du Congo
MONUSCO : Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la République Démocratique
du Congo
MSD : Mouvement de Solidarité pour le Développement
MSDD : Mouvement de Solidarité pour la Démocratie et le Développement
MSR : Mouvement Social pour le Renouveau
N° : Numéro
OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
ONUCI : Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire
Op.cit : ouvrage déjà cité
P : page
PALU : Parti Lumumbiste Unifié
PCBC : Parti Congolais pour la Bonne Gouvernance
PCC : Parti des Conservateurs Congolais
PCDI : Parti Chrétien Démocrate pour le Développement Intégral
PDC : Parti Démocrate Chrétien
PDS : Parti Démocrate Socialiste
PP : plusieurs pages
PPPC : Parti du Peuple pour le Progrès du Congo
PPPD :Parti du Peuple pour la Paix et la Démocratie
PPRD : Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie
PR : président de la République
PSC : Parti Socialiste Congolais
PUF : Presses Universitaires de France
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Listes des sigles et principales abréviations 17

PUZ : Presses Universitaires du Zaïre


PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement
QE : Quotient électoral
RCA : République centrafricaine
R. Const/TSR : Rôle du contentieux constitutionnel-toutes sections réunies
RCD-KML : Rassemblement Congolais pour la Démocratie, Kisangani-Mouvement de
Libération
RCDC/DN : Rôle du contentieux de candidatures à la députation nationale
RCDC/KN : Rôle du contentieux de candidatures à la députation nationale-Kinshasa
RCE : Rôle du contentieux électoral
REC : Rassemblement des Ecologistes Congolais
RSA : République Sud Africaine
RUDEC : Rassemblement pour l’Unité, le Développement et l’Environnement du Congo
SADC : Communauté de Développement de l’Afrique Australe
SCODE : Solidarité Congolaise pour la Démocratie et le Développement
SF : Siège fictif
SR : Siège réel
UCOPES : Union des Nationalistes pour le Bien être Social
UDCO : Union pour le Développement du Congo
UFC : Union des Forces du Changement
UJN : Union des Jeunes Nationalistes
UMP : Union pour un Mouvement Populaire
UNADEF : Union Nationale des Démocrates Fédéralistes
UNAFEC : Union Nationale des Fédéralistes Congolais
UNADIC : Union Nationale pour les Intérêts des Chômeurs
UNC : Union pour la Nation Congolaise
UPRDI : Union du Peuple pour la République et le Développement Intégral
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INTRODUCTION

Plus qu’une technique d’organisation et de gestion du scrutin, le droit


électoral est une réalité bien complexe, mais qui au fil de temps s’affirme
comme une discipline autonome. Sa définition permet d’en dégager les
caractéristiques, les sources et le contenu.

1. La définition du droit électoral


Le droit électoral est difficile à percevoir, une confusion est facilement
décelable dans ses rapports avec le droit des élections1. Au sens strict,
cependant, il étudie le processus d’organisation et de gestion d’une élection
désignant les personnes investies d’une fonction publique ou d’un mandat
public. Ce droit ne serait pas, de ce point de vue, différent du droit des élections,
le vote qu’il postule devant se dérouler dans plusieurs domaines, notamment,
syndical, confessionnel, associatif ou politique.
À la différence du droit des élections qui a vocation à être générique, le droit
électoral convoite une dimension essentiellement politique du vote faisant, du
coup, apparaître un lien entre l’élection et la citoyenneté2 ; la meilleure
perception de celle-ci étant comptable de l’exercice, par chaque citoyen, de sa
souveraineté.
Dans le même temps, il s’observe une forte tonalité du droit électoral qui
rend sa compréhension difficile, son champ d’action étant devenu, par la force
de choses, très étendu et se déployant au niveau national, continental ou
international.

2. Les caractéristiques du droit électoral


La diversité de domaines d’intervention du droit électoral dévoile,
parallèlement, ses caractéristiques politique, technique, complexe et conten-
tieuse.

2.1. Le droit politique


Discipline juridique, le droit électoral remplit une fonction essentiellement
politique, celle de faire respecter le principe démocratique que toute élection est

1
Certains auteurs comme TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., les prennent pour synonymes. Lire dans ce
sens, leur ouvrage commun intitulé, Droit des élections, Paris, Économisa, 2007.
2
MASCLET J.-C., Droit électoral, Paris, PUF, 1989, pp. 13-14.
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20 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

censée procurer. Il participe à la distribution démocratique du pouvoir et, donc,


à la régulation de la vie politique.
Depuis la fin du 20e siècle, la réclamation des élections dans la
restructuration de l’État n’a cessé de susciter un réel intérêt, la démocratie
qu’elle fournit devant refléter une valeur universelle à laquelle toutes les
nations demeurent attachées.
Aussi, plus que toute autre activité sociale participant à la démocratie,
l’administration et la gestion d’une élection sont-elles devenues des opérations
très complexes mobilisant bien d’acteurs (administration électorale, électeurs,
candidats, témoins, observateurs, juges, etc.) aux intérêts souvent divergents et
ne percevant pas toujours l’importance de l’enjeu qu’ils sont pourtant conviés à
expliquer3. Elles supposent que soit établi un dispositif juridique garantissant
certes, une égale et équitable compétition politique, mais qui permette d’opérer
le passage d’un ordre politique vers un autre. Selon les législations, ce dispositif
porte la marque de code ou de loi électorale, la République démocratique du
Congo ayant opté pour cette dernière formule.

2.2. Le droit technique


L’exigence de la transparence dans l’administration et la gestion d’une
élection a conduit bon nombre des législations à y intégrer l’informatisation des
données électorales. Selon le programme arrêté, l’informatique peut ou non
fausser les résultats attendus, son usage n’étant pas, de toute évidence, neutre.
Il faut, pour ce faire, disposer, en amont, d’une bonne logistique, que l’on sait
couteuse, pour éviter en aval, d’avoir un système que l’on ne saura
véritablement contrôler, l’homme étant au centre de tout.
Au service de la crédibilité du processus électoral, l’informatique n’invente
rien, elle ne retient que ce que l’homme lui propose. Qu’il s’agisse, en effet, de
l’informatisation du fichier électoral, du recours aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication pendant la campagne électorale, les
opérations de vote et de dépouillement ou la centralisation des résultats,
l’informatique participe à la modernisation de l’administration des élections et,
donc, des règles qui les régissent.
Indispensable à la gestion rationnelle du processus électoral, cette
technologie qui n’est certainement pas à la portée de tous et, notamment, des
compétiteurs politiques demeure tout de même critiquable en raison du nombre
relativement élevé de contentieux qu’elle crée, sur la base du conditionnement
du fichier électoral, du favoritisme dans la campagne électorale ou de la
falsification des résultats électoraux.
Le besoin de rationalisation des techniques d’organisation et de gestion du
processus électoral dévoile, en même temps, la complexité du droit électoral
plus que jamais porté vers le contrôle chiffré de la distribution démocratique du

3
COLLIARD J.-C., dans la préface de l’ouvrage Droit des élections de TOUVET L. et DOUBLET Y.,
n° VI.
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Introduction 21

pouvoir. Pour ce faire, la discipline n’est pas, ainsi qu’on le verra, que
normative, elle convoite le domaine autrefois occupé par les sciences exactes
telles l’arithmétique, la mathématique et la géométrie.
L’arithmétique électorale apparaît dans la quantification du processus de
votation et notamment à travers les opérations de consolidation des chiffres
dans la fixation du corps ou quotient électoral, le calcul des résultats électoraux
ou la détermination des suffrages exprimés. Réalisées en application des
dispositions légales, ces opérations dépassent le simple artifice juridique.
Placée dans l’optique de maximisation des chiffres électoraux, de la gestion
des opportunités et risques politiques, le droit électoral emprunte les techniques
que lui propose la mathématique ; il sert de cadre de cristallisation de la
mathématique électorale.
Dans la perspective de la légitimation du pouvoir, le droit électoral finit par
dresser la visibilité de la cartographie politique elle-même comportant une
diversité de figures dérivant de la géométrie électorale. Il reste que l’absence du
recensement de la population soit de nature à influer sur la pertinence des
dispositions légales au point de les rendre inadéquates.

2.3. Le droit complexe


Le droit électoral est complexe, sa connaissance impliquant celle d’autres
disciplines juridiques qui lui servent, par ailleurs, de support. Il s’agit
notamment du droit international, constitutionnel, administratif, fiscal, des
finances publiques ou marchés publics.
Le droit international offre un cadre idéal d’accompagnement et de soutien,
dans le monde, des processus électoraux. Habituellement élaborées en vertu des
stipulations conventionnelles, les législations électorales sont, à toutes fins
utiles, mises à la disposition de l’administration électorale, des acteurs
politiques et sociaux ainsi que d’autres intervenants au processus de votation.
L’insertion dans de nombreuses lois fondamentales nationales de certaines
dispositions de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août
1789 participe, assurément, à l’ancrage national du droit électoral.
Au contact du droit électoral, le droit constitutionnel décrit les principes4
sur le statut et la désignation des gouvernants. C’est, également, dans la
Constitution qu’est située la source du pouvoir, l’aménagement des modalités
de suffrages (direct, indirect, universel, restreint, égal ou secret) et les acteurs
qui y concourent habituellement (les partis et regroupements politiques). Le
droit constitutionnel sert, donc, de passerelle à la fondation de la démocratie
électorale.
Les liens entre le droit administratif et le droit électoral découlent de
l’implication des autorités administratives dans l’exécution du dispositif

4
Notamment dans les domaines de la citoyenneté, de la souveraineté démocratique ou de la participation
politique.
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22 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

juridique électoral et la gestion, par le juge administratif, d’une partie du


contentieux électoral.
L’organisation du financement public de la campagne électorale et, plus
globalement, des activités des partis et regroupements politiques révèle la
densité des relations entre le droit électoral et les finances publiques, les
marchés publics ou le droit fiscal.
Le droit électoral bénéficie, par ailleurs, de l’apport d’autres disciplines dans
la gestion contentieuse. On pense ainsi à la capacité ou à la tutelle judiciaire
qu’organise le droit civil, la responsabilité pénale, l’individualisation de la peine,
la contradiction des débats judiciaires, le double degré de juridiction, le droit de
la défense ou la motivation des décisions de justice empruntés du droit pénal ou
de la procédure pénale.

2.4. Le droit contentieux


Une élection perdrait toute son authenticité si sa régularité ne pouvait pas
être contrôlée par le juge. À cette fin, les législations électorales prennent soin
d’organiser le régime des recours juridictionnels tendant à l’annulation ou à la
réformation des résultats électoraux. Ce contentieux n’est, cependant, pas
moins juridiquement ambigu, les acteurs qui, habituellement, participent à une
élection (électeur, candidat, autorité administrative), n’exercent pas un droit
subjectif, mais remplissent, pour le compte de la collectivité, une fonction
relevant de leur charge.
L’originalité du droit électoral découle de son versant procédural et
contentieux indispensable à la légitimation du pouvoir et, donc, de l’action des
gouvernants. Il est, pour ainsi dire, un droit au service de la démocratie
politique5. Le contentieux électoral a, à cet effet, pour objet de vérifier la
régularité des actes et la validité des résultats des élections6.
L’on note, à ce sujet, que le juge ne tranche pas, contrairement à certaines
apparences, un litige entre particuliers, ni un procès contre un acte. La
spécificité du droit électoral lui confère, d’ailleurs, d’énormes pouvoirs qui vont
au-delà de ceux traditionnellement reconnus au plein contentieux. C’est dans ce
cadre que se situe le pouvoir de contrôle de la moralité et de la sincérité des
opérations électorales, mais également de proclamer élu un candidat différent
de celui qui l’a été par l’organe administratif compétent.
En démocratie, le contentieux apparait comme une technique qui assure,
autant que possible, l’équité et la régularité de la représentation politique. Là où
le système autorise une compétition politique, le contentieux crédibilise la
consultation électorale. Qu’il s’agisse, en effet, des opérations pré-électorales
(inscription sur les listes électorales, enregistrement des candidatures,
campagne électorale), électorales (vote, dépouillement et centralisation des

5
MASCLET J.-C., Droit électoral,op. cit., pp. 18-19.
6
MASCLET J.-C., Le droit des élections politiques, Paris, PUF, Coll. Que sais-je ?, 1992, p. 97.
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Introduction 23

résultats) et postélectorales (proclamation des résultats), le contentieux peut


être à tout moment enclenché.
En Afrique comme partout ailleurs, ces opérations qui visent la conquête ou
la conservation démocratique du pouvoir, donnent généralement lieu à des
vives contestations. Ultimes et décisives dans le processus électoral, elles
cristallisent toute sorte de réclamation réelle ou fantaisiste. C’est, rare, affirme
un auteur, de trouver, dans le continent, des partis politiques y compris ceux
qui ont remporté une élection, qui ne se plaignent pas des irrégularités
constatées dans l’administration et la gestion d’une élection7 ; ce qui donne au
droit électoral toute sa vitalité.

3. Les sources du droit électoral


Diverses et variées, les sources de droit électoral sont juridiques,
jurisprudentielles et doctrinales. De nature juridique, elles sont internationales
et nationales.

3.1. Les sources internationales


Au niveau international, le cadre juridique des élections est constitué
d’accords et traités qui garantissent, à chaque citoyen, ses droits politiques et
libertés fondamentales. Dans ce dispositif juridique, on cite, généralement, la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, le Pacte International
relatif aux droits civils et politiques de 1966, la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de
la gouvernance de l’Union africaine.
La Déclaration universelle des droits de l’homme8 souligne la volonté du
peuple comme fondement de l’autorité des pouvoirs publics, volonté qui doit
s’exprimer par des élections honnêtes, libres et périodiques se déroulant,
suivant une procédure équivalente, au suffrage égal et au vote secret.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 19669 confère
à tout citoyen le droit et la possibilité de prendre part à la direction des affaires
publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de
représentants librement choisis. Il lui fait, également, bénéficier du droit de vote
et d’être éligible au cours d’élections périodiques, honnêtes, au suffrage
universel égal et au scrutin secret, assurant par là l’expression libre de la
volonté des électeurs et d’accéder, dans des conditions générales d’égalité, aux
fonctions publiques de son pays.

7
MELEDJE D.-F., « Le contentieux électoral en Afrique », La démocratie en Afrique, Pouvoirs, n° 129,
Paris, PUF, 2009, p. 147.
8
Art. 21 (3).
9
Art. 25.
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24 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples engage10 les États
parties à considérer la participation populaire, par le biais du suffrage universel,
comme un droit inaliénable des peuples. Celle relative à la démocratie, les
élections et la gouvernance comporte, quant à elle, un dispositif juridique
contraignant à l’égard des États parties.

3.2. Les sources nationales


Dans l’ordre juridique national, le droit électoral puise ses premières racines
de la Constitution qui établit la source du pouvoir, les modalités d’exercice de la
souveraineté et de désignation des gouvernants. La Constitution congolaise du
18 février 200611 indique que la souveraineté nationale appartient au peuple,
tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum
ou d’élections et indirectement par ses représentants.
Celle-ci précise, par ailleurs que le président de la République est élu au
suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule
fois12 ; nul ne peut en être candidat s’il ne possède la nationalité congolaise
d’origine, n’est âgé de trente ans au moins, ne jouit de la plénitude de ses droits
civiques et politiques et exempté de toute exclusion prévue par la loi
électorale13.
Si les députés nationaux sont élus au suffrage universel direct et secret14, les
sénateurs le sont au second degré par les Assemblées provinciales15, elles-
mêmes composées des députés provinciaux élus au suffrage universel direct et
secret et coopté parmi les chefs coutumiers, pour un mandat de cinq ans
renouvelable16. D’elles sont, également, élus le gouverneur et le vice-gouverneur
de province17.
Le droit électoral a, ensuite, comme support normatif, la loi et, notamment,
la loi ordinaire appelée à des adaptations dictées, soit en fonction des variations
des majorités au pouvoir, soit à celle des besoins changeants de ladite majorité,
que convoite l’évolution socio-politique.
Participe, également, à la création du droit électoral, le pouvoir
réglementaire. Sans être institué par la Constitution, ce pouvoir est, en vertu de
son habilitation générale, amené à prendre, par voie d’arrêté ou de décision,
d’actes d’organisation des opérations électorales, tels que la décision portant
mesures d’application de la loi électorale, convoquant l’électorat, déterminant le
modèle de la déclaration de candidature, du bulletin de vote, de fiche des
résultats ou de procès-verbal de dépouillement. Édictés sur pied des lois, ces
actes leur empruntent l’essentiel de leurs termes.

10
Art. 4 (2).
11
Art. 5, al.1er.
12
Art. 70, al.1er.
13
Art. 77.
14
Art. 101, al.1er.
15
Art. 104, al. 4.
16
Art. 197, al. 4.
17
Art. 198, al. 2.
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Introduction 25

Le recours à la jurisprudence confère au droit électoral toute sa vitalité et un


éclairage indispensable à la connaissance et à la compréhension du dispositif
juridique mis en place. Produit par le juge, le contentieux électoral participe à la
création du droit électoral.
La force des opinions développées par la doctrine joue, enfin, un rôle non
négligeable dans la création du droit électoral ; le législateur et le juge pouvant,
selon le cas, faire bon usage à l’occasion de l’élaboration de la loi ou de son
application.

4. Le contenu du droit électoral


De ces indications, il est possible de s’accorder sur le contenu à donner à la
discipline qui regroupe les règles, procédures et pratiques de préparation,
d’organisation et de surveillance du scrutin. Elle s’occupe également de la
gestion des conflits qui peuvent en résulter. Du coup, cinq questions viennent à
l’esprit : qui doit voter, pour qui voter, pourquoi voter, comment voter et qui
contrôle le vote ? Tout en ayant comme point de mire la présentation des
différentes étapes du scrutin, l’ouvrage en dégage les principes standards pour
en évaluer leur intégration dans le droit positif congolais. Y sont donc étudiés
l’électeur (chapitre I), le candidat (chapitre II), la campagne électorale
(chapitre III), l’élection (chapitre IV) et le contentieux électoral (chapitre V).
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CHAPITRE I

L’ÉLECTEUR

En droit, un électeur est une personne physique remplissant les conditions


légales exigées pour participer à une élection, elle est éligible au vote. Acteur
principal dans la désignation des gouvernants, l’électeur joue le rôle de
première importance dans la détermination du corps électoral. Sa volonté est, à
ce point, décisive parce qu’il dispose, par ses représentants, du pouvoir de
contrôle des citoyens sur les pouvoirs publics et de trancher, s’il échet, sur les
conflits susceptibles de naître entre les pouvoirs constitués. L’électeur constitue,
pour emprunter l’expression utilisée par Georges Burdeau, l’agent d’exercice,
par excellence, de la souveraineté nationale1.
Le besoin de créer une adéquation entre la volonté du corps électoral et celle
des dirigeants poursuit, en plus d’un idéal démocratique, l’espace favorable à sa
réalisation2. La perception de la notion de l’électeur est donc complexe et induit
la connaissance de la qualité de la personne appelée à exprimer un droit de
vote, son inscription sur la liste électorale et son rattachement à une
circonscription électorale. Ces exigences convergent vers la fixation des
conditions d’inscription sur les listes électorales indispensables à la constitution
et, éventuellement, à l’entretien du fichier électoral.

SECTION 1. LES CONDITIONS D’INSCRIPTION SUR LES LISTES


ÉLECTORALES
Même si la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789
garantit l’égalité des hommes3, la pratique qui en a souvent été faite est loin
d’empêcher l’instauration, en raison des dispositions intellectuelles ou de la
détention du pouvoir économique, du suffrage capacitaire ou censitaire.
Initialement établi, en France, à l’occasion de l’élection, le 21 septembre
1792, de la Convention4, le suffrage universel a eu, par la suite, du mal à
s’installer définitivement au point d’apparaître comme le fruit d’une évolution

1
BURDEAU G., Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, LGDJ, 1984, p. 475.
2
MASCLET J.-C., Droit électoral, op. cit., pp. 42-43.
3
L’article 1er de cette Déclaration indique, en effet, que les hommes naissent libres et égaux en droits.
4
La Convention est une Assemblée constituante qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au
26 octobre 1795 pendant la Révolution. Elle a décidé de l’abolition de la royauté au profit de la
souveraineté du peuple.
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28 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

naturellement comptable du contexte national de chaque pays. La fixation du


corps électoral et son incorporation à la nation n’ayant jamais été, a priori,
complètement acquises, elles comportent des restrictions de fait et de droit ; la
jouissance du droit de vote pouvant s’accompagner de certaines limites à son
exercice effectif.
Les restrictions au droit de vote sont, donc, loin d’être uniformes dans tous
les pays, chaque système s’efforçant, à travers sa législation nationale, de les
règlementer avec soin. Elles dévoilent donc la complexité des éléments qui
entourent souvent la qualité de l’électeur.

§1. LA QUALITÉ DE L’ÉLECTEUR


TEU
La qualité de l’électeur est, en règle générale, fixée par le droit positif de
chaque pays. Une ligne de démarcation est cependant perceptible entre les
différentes législations. On admet, en effet, que la qualité d’électeur s’obtient
par la production d’une preuve de nationalité, l’identité et la majorité électorale,
la jouissance des droits civiques et politiques ainsi que de quelques exemptions
tirées de l’état de la personne.

A. La nationalité
L’ensemble de législations électorales subordonne l’exercice du droit de vote
à l’administration de la preuve de la nationalité. Seuls, en effet, les nationaux
sont autorisés, sous réserve des dispositions particulières propres à chaque
pays5, à participer au vote.
Pour établir la preuve de sa nationalité, il suffit de produire l’original de sa
carte nationale d’identité6 en cours de validité ou d’un document en tenant lieu.
À défaut d’un tel document ou en cas de doute sérieux sur son authenticité, il
est pourvu par la production, s’il est requis, d’un passeport en cours de validité
ou d’un certificat de nationalité délivré par l’autorité compétente. La
compétence en matière de nationalité est, hormis les dispositions légales
contraires, d’attribution. Sera considéré comme dépourvu d’existence juridique,
un document de nationalité délivré par l’autorité non habilitée et/ou dépourvue
de la qualité légale.
L’histoire des élections en République démocratique du Congo renseigne
que les congolais n’ont pas toujours été invités au vote. Pour les élections
municipales de 1957, seuls les citoyens belges âgés de vingt-cinq ans révolus et
résidant au Congo depuis cinq ans au moins étaient admis à participer au vote.
Le droit de vote ne leur a été reconnu que pour les élections communales,

5
En France, par exemple, les étrangers ressortissants des États membres de l’Union européenne sont
notamment autorisés à participer aux élections européennes et municipales.
6
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op. cit., p. 9.
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L’électeur 29

municipales et provinciales de 19597 d’une part, et celles des membres de la


chambre des représentants8 d’autre part.
L’absence du recensement et d’identification de la population a conduit le
législateur actuel à ne considérer comme document d’identité provisoire que la
carte d’électeur délivrée par la Commission électorale nationale indépendante.
Son détenteur a droit de participer au vote9.
Pour s’inscrire sur la liste électorale, il est exigé le certificat de nationalité ou
l’attestation de tenant lieu, la carte d’identité, le passeport national, le permis de
conduire sécurisé, le livret de pension délivré par l’institut national de sécurité
sociale ou par toute autre institution congolaise légalement reconnue, la carte
d’élève ou d’étudiant ainsi que la carte de service.
À défaut de l’une de ces pièces, l’administration électorale est autorisée à
recourir au témoignage fait, devant le bureau du Centre d’inscription, par cinq
témoins déjà inscrits sur la liste des électeurs du même Centre et résidant,
depuis cinq ans au moins, dans le ressort dudit Centre10.
Prise en exécution de cette loi, la décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin
2005 portant mesures d’application de la loi sur l’identification et l’enrôlement
des électeurs en République démocratique du Congo précise que :

si une personne qui désire s’inscrire sur une liste électorale ne trouve pas le nombre
des témoins requis pour se faire enrôler, elle peut demander au président du Centre
d’inscription qui décide, après concertation avec l’Unité de Médiation11, de
l’inscrire s’il juge son identité suffisamment avérée12.

Le recours à l’Unité de médiation a, certes, permis l’inscription des


personnes ne réunissant pas le nombre des témoins exigés par la loi en vue de
certifier leur nationalité congolaise, mais également celles dont cette nationalité
n’était pas suffisamment prouvée. Il n’a pas, ainsi qu’on le verra, été au service
du juge électoral.
Cette règlementation entretient délibérément une confusion entre
l’attribution de la qualité d’électeur découlant d’une procédure essentiellement
administrative et l’exercice effectif du droit de vote ; elle est susceptible de

7
Art. 1er de l’Ordonnance législative n° 25/554 du 6 novembre 1959 relative au droit de vote et
d’éligibilité, Bulletin Officiel, 1959, p. 2863.
8
L’article 1er de la Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales au Congo
énumère les personnes appelées à participer à l’élection des membres de la chambre des représentants, à
savoir les personnes qui ont le statut congolais, celles nées de mère congolaise ou ressortissant du
Rwanda-Urundi ayant résidé au Congo au moins dix ans avant le vote.
9
L’article 6, al. 1er de la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle,
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la Loi n° 11/003 du
25 juin 2011 précise que « la qualité d’électeur est constatée par l’inscription sur la liste des électeurs et la
détention d’une carte d’électeur délivrée par la Commission électorale nationale indépendante ».
10
Art. 10 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004.
11
Aux termes de l’art. 13 al. 3 de la Décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005, l’Unité de Médiation
est une structure située dans un ou plusieurs Centre d’inscription et composée des personnes neutres
désignées par le bureau de la Commission électorale indépendante pour prévenir et gérer les conflits
électoraux nés de l’enrôlement des électeurs.
12
Art. 13 al. 2 de la Décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005.
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30 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

favoriser l’acquisition de la nationalité congolaise par les étrangers. La


République a, par le passé, expérimenté une situation semblable ; la politique
du recours à l’authenticité ayant notamment contribué à fausser les données
d’état civil13. En régime démocratique, en effet, l’électorat n’est pas déterminé
par les conditions administratives (possession d’une carte d’électeur)14, mais à
la reconnaissance des qualités objectives telles que l’identité, l’âge, la
nationalité, la dignité ou l’inéligibilité légale15.

B. L’i’id ’éllecteur
dentité de l’é
En application d’une disposition légale, l’administration territoriale ou
électorale est, selon le cas, autorisée à exiger la présentation, au moment de
l’inscription sur une liste électorale, de l’original ou de la copie conforme à
l’original de l’une des pièces requises. Sans être nécessairement uniforme et
exhaustive, chaque législation prend soin de préciser la nature des pièces à
produire telles que la carte d’identité, le passeport, le permis de conduire, la
carte de militaire ou de policier ou encore la carte de fonctionnaire en cours de
validité avec photographie. Ces pièces doivent être délivrées par l’autorité
compétente et portées sa signature.
Tout en autorisant l’électeur à faire usage, au moment de son inscription sur
une liste électorale, d’autres noms en plus de celui de famille (une femme peut
ajouter à son nom de jeune fille ou de famille, celui de son mari), certaines
législations, comme en France, n’acceptent pas de cumul ni la combinaison de
plusieurs noms d’usage16 ; celle-ci privant son auteur d’une identité et ce
dernier n’est pas fondé à se présenter devant l’agent requis aux fins de son
inscription sur une liste électorale.

C. L’â
’âge
ge de l’é
’éllecteur
Indispensable à l’attribution du droit de vote, la fixation de l’âge légal de
l’électeur s’apprécie au moment de la clôture de l’opération d’inscription sur les
listes électorales. Sur cette question, les recettes sont loin de répondre à la loi de
l’unanimité, la majorité électorale pouvant se situer entre 18 à 21 ans. Il
importe cependant de noter qu’à l’exception de l’Autriche qui l’a ramenée,
depuis 2007, à 16 ans pour les élections au Nationalrat (élection des députés

13
Le processus d’identification des nationaux opéré en 1974 a été vicié par l’obligation faite à toute
personne désireuse d’acquérir la nationalité congolaise (zaïroise) de puiser ses noms et post-nom dans le
patrimoine culturel national au point d’encourager une fraude dans la fixation de l’âge des candidats à la
nationalité congolaise.
14
ESAMBO KANGASHE J.-L., « La loi électorale » in M’BOKOLO E (dir.), Élections démocratiques en
République démocratiques du Congo. Dynamiques et perspectives, Kinshasa, AGB, 2010, p. 90.
15
MASCLET J.-C., Droit électoral, op.cit., p. 46.
16
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., p. 10.
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L’électeur 31

nationaux), la plupart des pays dont la République démocratique du Congo fixe


la majorité électorale à 18 ans révolus.
La limitation du droit de vote par l’âge a un fondement politique. On
considère, en effet, que les mineurs seraient politiquement dangereux et,
souvent, emportés par le sentiment de la contestation qu’accompagnent,
habituellement, les révolutions. À l’inverse, l’acquisition de la majorité
électorale serait un gage de sagesse et de maturité politique bénéfique au sens de
modération et de pondération.
L’argumentaire est certes séduisant, mais la fixation de la majorité électorale
est tributaire de plusieurs facteurs, notamment le contexte sociopolitique
propre à chaque pays et les habitudes acquises.

D. La jouissance des droits civils et politiques


Dans le domaine électoral, certaines législations sont parvenues à exclure du
droit de vote les personnes privées, par une décision de justice, de leur capacité
civile. Cette interdiction s’appuie, généralement, sur l’idée de l’indignité et de
l’immoralité qui frapperait toute personne privée de ses droits civils et
politiques car, dit-on, celui qui ne serait pas digne de gérer sa vie privée, ne
saurait l’être dans sa vie publique.

1. Les droits civils


Même si, en application des règles unanimement admises en droit civil, une
personne peut disposer d’une capacité de jouissance, elle peut, par une décision
de justice, se voir privée de l’exercice d’un certain nombre des droits subjectifs
dont celui de s’inscrire sur une liste électorale17. Sur la base d’une telle décision,
pareille personne ne pourra pas participer à une élection. Il en est, également,
d’une personne placée, de manière irrévocable, par une décision de justice sous
une tutelle judiciaire.
L’intervention du juge dans la gestion de la vie privée d’un électeur induit,
d’une part, qu’il soit régulièrement saisi pour en ordonner, s’il échet, la tutelle
ou, le cas échéant, la lever, et d’autre part, pour permettre un fonctionnement
harmonieux des administrations judiciaire et électorale. La question ne relève,
de toute évidence, pas d’une réglementation uniforme dans tous les pays,
surtout ceux d’Afrique en crise ou sortis des crises.

2. Les droits politiques


L’indignité politique dont une personne peut faire l’objet n’a pas la même
portée que celle de nature essentiellement pénale. Posés par un candidat

17
Avant l’entrée en vigueur de la Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 sur l’égalité des chances, cette
interdiction était de stricte application en France.
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32 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

pendant la campagne électorale, certains actes18 peuvent se révéler


politiquement critiquables sans pour autant constituer une infraction à la loi
pénale pour que le juge saisi applique une sanction appropriée.
De même, toute décision de justice rendue en matière pénale n’entraîne pas
nécessairement la perte du droit de vote. Le délit d’opinion ou de presse commis
en période de campagne électorale peut être considéré comme de nature
mineure et, donc, tolérable pour que la condamnation pénale de leurs auteurs
ne conduise pas à la privation de droit de vote.
En dépit de leur nombre relativement réduit, les décisions de justice
ordonnant la privation totale ou partielle des droits civils ou politiques
reconnaissent une certaine indignité qui frapperait les personnes concernées au
point de conduire à la perte totale ou partielle du droit de vote, voire
d’éligibilité. Il importe de relever que l’absence d’un fichier judiciaire fiable est
de nature à rendre aléatoire cette exigence.

E. Le cas particulier des citoyens vivant à l’é gerr


’éttrange
Le droit de vote des étrangers et des citoyens vivant à l’étranger constitue,
dans bien des cas, une exception au principe constitutionnel d’égalité devant le
suffrage. Il n’est, donc, pas d’une règlementation uniforme, chaque législation
électorale s’efforçant à l’aménager en fonction des impératifs politiques et des
contraintes organisationnelles.
Dans la pratique, cependant, deux situations peuvent se présenter, à savoir
la participation des étrangers à un scrutin organisé dans le cadre strictement
national et le droit de vote aux nationaux vivant à l’étranger.
Pour le vote des étrangers, il est de principe que ne sont admis à un scrutin
organisé dans le cadre national que les citoyens d’un pays. Il suffit, donc, de
produire la preuve de sa citoyenneté au moment de son inscription sur une liste
électorale pour prétendre participer au vote.
Dans certains pays comme la France, la participation aux scrutins européen,
présidentiel, législatif national et sénatorial n’est pas automatiquement acquise,
une distinction est souvent faite entre différentes catégories des Français. Pour
ces scrutins, en effet, le droit de vote n’est reconnu qu’aux seuls Français
d’origine, les autres n’étant, en principe, admis qu’après avoir rempli certaines
conditions, notamment le fait d’avoir un intérêt réel en France et d’y avoir, sans
interruption, résidé pendant au moins dix ans précédant l’élection19.
En Belgique, les citoyens belges ou de la Belgique20 sont, sans distinction,
acceptés à participer aux seules élections législatives nationales. En Espagne et
au Portugal, la faculté pour un étranger de participer aux scrutins locaux est

18
Déplacement des effigies d’un adversaire politique de leur endroit initial, présentation caricaturée de
son image dans la presse ou dans un film.
19
C’est le cas notamment des électeurs de la Nouvelle-Calédonie en application des accords de Nouméa
du 5 mai 1998.
20
Si les premiers sont belges par leur origine, les seconds le sont par acquisition.
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L’électeur 33

soumise, en plus de l’exigence de la réciprocité, à la condition de résidence non


interrompue pendant trois ans qui précèdent l’élection. En Irlande, il suffit de
justifier d’une résidence, quelle que soit son ancienneté, pour qu’un étranger
participe aux élections municipales. En République démocratique du Congo,
seuls les congolais d’origine ou naturalisés titulaires des droits civils et
politiques et résidant au pays ont la qualité d’électeur.
Plusieurs autres pays comme le Botswana, le Brésil, le Burkina Faso, le Cap
Vert, le Chili, la Guinée, l’Île Maurice, l’Ouganda, le Rwanda, l’Uruguay, le
Venezuela ou encore la Zambie reconnaissent, sous diverses conditions, le vote
des étrangers. Plus généralement, on observe que les pays qui reconnaissent à
leurs citoyens le bénéfice d’une double nationalité consacrent l’égalité de droit
de suffrage, peu importe le domicile ou le lieu de résidence, la seule condition
exigée étant l’inscription sur une liste électorale.
S’agissant du droit de vote des citoyens vivant à l’étranger, la réglementation
est encore variée. Même si le principe paraît acquis, les applications divergent,
en raison des contextes politiques et organisationnels de chaque pays. Il
convient donc de s’y rapporter. Le législateur congolais a fait exception dans ce
domaine. S’appuyant sur les difficultés économiques qui empêcheraient
l’organisation du recensement général de la population21,il a exclu de
l’inscription sur les listes électorales les congolais vivant à l’étranger22.Cette
réglementation est, toutefois, appelée à évoluer lorsqu’il sera organisé dans ce
pays le recensement général de la population interrompu depuis 1984.

§2. LE RATTACHEMENT À UNE CIR


TTAC CONSCRIP
IRC N ÉLECTO
TION
IPTIO RALE
TOR
La détention de la qualité d’électeur ne suffit pas pour participer au vote, il
faut, en plus, se faire inscrire sur la liste électorale de la commune ou la
circonscription de rattachement23. Celui-ci doit être réel et non fictif. Afin de
permettre à tout citoyen désireux de participer au vote d’avoir une
circonscription de rattachement, le législateur se montre souvent souple. Le
domicile, la résidence24, le lieu du travail ou la qualité de contribuable25 servent
généralement de critères de détermination de la circonscription de
rattachement.

21
Exposé des motifs de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des
électeurs en République démocratique du Congo, Journal officiel de la République démocratique du Congo,
numéro spécial du 27 décembre 2004, p. 1.
22
Art. 8, tiret 3 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 dispose en effet que « l’inscription sur la liste
électorale est soumise aux conditions suivantes se trouver sur le territoire de la République démocratique
du Congo au moment de l’identification et de l’enrôlement ».
23
MALIGNER B., Droit électoral, Paris, Ellipses, 2007, p. 61.
24
MASCLET J.-C., Droit électoral, op.cit., pp. 51-54.
25
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., pp. 18-19.
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34 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

A. Le domicile
Le domicile est le principal établissement d’une personne, le centre de ses
intérêts familiaux ou professionnels (cabinet médical ou d’avocats, bureau
d’études). Fixe, réel et personnel, le domicile doit, pour créer un droit électoral
subjectif indépendamment de toute autre habitation et, notamment, de toute
résidence, être légalement constaté.
Dans le domaine électoral, il n’est, en effet, autorisé à une personne de
n’avoir qu’un seul domicile, la possibilité de disposer de plusieurs résidences
étant largement ouverte. Aussi, le fait de contracter un mariage et de vivre,
dans la commune où son conjoint s’était préalablement inscrit avant le mariage
ne présume pas qu’on a obligatoirement son domicile dans la circonscription
électorale de la même commune. L’inscription des parents sur la liste électorale
d’une commune déterminée n’induit pas nécessairement que le fils devenu
majeur a son domicile dans la même circonscription que ses parents.
Seul, le juge de l’élection apprécie souverainement si la personne inscrite sur
la liste électorale remplit effectivement les conditions de domicile prévu dans le
code électoral. Il lui incombe, donc, de rechercher si les possibles manœuvres
orchestrées au moment de l’inscription ou de l’établissement d’une liste
électorale ont altéré la sincérité du scrutin.

B. La résidence
La résidence est une habitation actuelle, effective et continue d’une
personne. Ne sont, donc, pas assimilés à la résidence, une habitation secondaire
ou temporaire, un séjour provisoirement organisé dans un lieu touristique ou
une colonie de vacances. Les élections générales congolaises de 2006 et 2011
ont administré la preuve du parachutage à partir de Kinshasa voire de
l’extérieur du pays de bon nombre de candidats qui se sont fait élire dans les
circonscriptions dans lesquelles, ils ne disposent pas de domicile ni de résidence
connue. Devant chaque cas d’espèce, il appartient au juge électoral d’apprécier
souverainement si, au moment de la fixation de la résidence, la volonté du
législateur n’aura pas été détournée.
Pour les rattacher à un électeur, les éléments de la résidence doivent être
appréciés au jour de la clôture définitive de la liste électorale. Ainsi, sauf
exception légale26, l’électeur n’est autorisé à exprimer son vote que dans la
commune ou la circonscription de son inscription ou de son rattachement.

26
Notamment pour les électeurs vivant à l’étranger, ceux qui, au moment du vote, se trouveraient
incarcérés dans une maison d’arrêt ou dans une prison, les électeurs hospitalisés, en voyage ou en
mission officielle, etc.
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L’électeur 35

C. La qualité de contribuable
La qualité de contribuable est, également, déterminante pour la participation
à une élection. Certaines législations réservent le droit de vote aux seuls
électeurs ayant acquis la qualité de contribuable. L’article L. 11, 2° du code
électoral français confère la qualité d’électeur à toute personne qui, pendant
l’année de la demande d’inscription, figure pour la cinquième fois, sans
interruption, au rôle de contributions directes communales ; ces contributions
devant résulter de taxes foncières (sur les propriétés bâties et non bâties), la
taxe d’habitation et la taxe professionnelle, à l’exception de l’impôt sur le
revenu.
L’inscription au rôle des contributions est personnelle et, en principe, établie
par la production d’un certificat du percepteur. Celui-ci doit attester qu’au
courant de l’année de la demande d’inscription, le demandeur figure bien, pour
la cinquième fois sans interruption, au rôle.
À l’effet de solliciter l’inscription sur la même liste électorale que ses
parents, un enfant revêtu de la qualité d’électeur ne peut se prévaloir de l’état
de contribuable de ses parents. Il importe de noter, cependant, que tout électeur
qui a la qualité de contribuable est autorisé à s’inscrire, à sa demande, sur la
même liste électorale que celle sur laquelle s’est inscrit, à titre de contribuable,
son conjoint27. La non maitrise des statistiques de la population est de nature à
réduire la portée de cette exigence au point de faire douter du bien-fondé de
l’opération d’identification des contribuables.

§3. LES CONDITIO


ITION
NS LIÉ
IÉEES À LA PERSONNE
Plusieurs législations excluent, en raison du sexe, de la race ou de
l’appartenance à un corps de métier une catégorie des personnes du droit de
vote.

A. Le vote des femmes


En droit électoral, le vote de la femme n’est apparu que fort tard ; plusieurs
raisons ayant été développées à cet effet. Sexuellement faible et intellectuel-
lement inapte, la femme serait plus douée à l’entretien du feu domestique, la
gestion de ses linges et le pourpoint de son mari qu’à s’occuper du vote.
Cet argument n’est pas décisif, l’expérience ayant démontré le contraire. On
note que la femme moderne dispose des mêmes aptitudes intellectuelles que
l’homme, exerce les fonctions analogues à celles de l’homme et s’en sort,
souvent, mieux.

27
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., pp. 18-19.
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36 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Dans le domaine de l’entretien du feu domestique, il semble, à ce jour, qu’il


est mieux assuré par les hommes. La recherche, de plus en plus, accrue de la
liberté a, en outre, poussé certains pays comme la Belgique, les États-Unis
d’Amérique, le Royaume-Uni ou encore la France à reconnaitre les mariages
entre les personnes de même sexe.
À l’heure actuelle, le vote de la femme est presque reconnu et réglementé
dans plusieurs législations. Chronologiquement, et sans être exhaustif, certains
pays comme la Suède (entre 1718 et 1771), la Nouvelle Zélande (en 1893),
l’Australie (en 1902), quelques États de la fédération américaine (tel que
Wyoming en 1868, Colorado (en 1893), Utah et Idaho (en 1896), la Norvège
(en 1913), le Danemark (en 1915), les États-Unis d’Amérique (en 1920),
l’Uruguay (en 1927), l’Angleterre (en 1928), l’Équateur (en 1929), l’Afrique du
Sud (en 1930 pour les femmes blanches avant de s’étendre, en 1994, aux
femmes noires), le Cuba (en 1934), la Birmanie (en 1935), la Roumanie (en
1937), le Salvador (en 1939), le Québec (en 1940), la République Dominicaine
(en 1942), la France (en 1944), l’Italie et le Japon (en 1945), l’Espagne (en
1946 uniquement pour les femmes mariées), l’Argentine, la Bulgarie et le
Venezuela (en 1947), la Belgique et l’Israël (en 1948), le Chili (en 1949), l’Haïti
(en 1950), la Grèce, la Bolivie, l’Inde et le Liban (en 1952), le Mexique (en
1953), la Colombie, le Pakistan et la Syrie (en 1954), le Pérou et l’Egypte en
1955), la Tunisie (en 1957), la République démocratique du Congo (en 1959),
le Paraguay (en 1960), la Principauté de Monaco (en 1962), le Portugal (en
1974), le Qatar (en 1999), le Koweït (en 2005) et l’Arabie Saoudite
(2011)autorisent le vote de la femme. En Afrique, rares sont les pays qui ne
reconnaissent pas le droit de vote de la femme28 ; la République démocratique
du Congo l’ayant matérialisé à l’occasion du référendum constitutionnel du 4
au 16 juin 196729.

B. Le vote des noirs


La race a été utilisée, par certains pays, comme une technique de restriction
du droit de vote et, partant, de consécration du suffrage inégalitaire.
L’Allemagne s’était, à l’époque d’Adolphe Hitler, singulièrement distinguée
dans la pratique d’interdiction du vote des Israélites. Aux États-Unis
d’Amérique, quelques États du sud ont pris des dispositions semblables ayant

28
Supprimé par la Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales du Congo
(art. 1er al. 2), le droit de vote de la femme a été pour la première fois reconnu à l’occasion du référendum
constitutionnel de 1967 (art. 2 de l’Ordonnance-loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du
référendum). Il sera confirmé par (art. 5 al. 2), ensuite, pour les élections législatives sur pied de
l’Ordonnance-loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des élections législatives (art. 6) avant
d’être consolidé par l’Ordonnance-Loi n° 70-027 du 17 avril 1970 portant organisation de l’élection du
président de la République (art. 4). De puis lors, il n’est soumis à aucune restriction de fait ni de droit.
29
Aux termes de l’article 5 de l’Ordonnance-Loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du
référendum constitutionnel, sont autorisés à participer à cette consultation, tous les Congolais, de deux
sexes, âgés de dix-huit ans révolus à la date du 4 juin 1967.
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L’électeur 37

abouti à la réduction du vote des noirs. La situation a, plus tard, évolué au point
que l’électorat noir joue, actuellement, un rôle déterminant pendant les scrutins
présidentiel et législatif.
Une opinion considère, non sans raison, que le poids de l’électorat noir a,
considérablement, pesé dans l’élection, en 2008, d’Hussein Barak Obama à la
présidence des États-Unis d’Amérique. En Afrique du Sud, on signale qu’il y a
peu, les métis et, dans une proportion variable, les noirs n’avaient pas droit au
vote.

C. Le vote des militaires et policiers


Le droit de vote des militaires et des policiers est, en raison du rôle combien
particulier conféré à ces deux corps de métier encore controversé. En droit, les
militaires et les policiers sont des citoyens à part entière et, donc, titulaires des
droits subjectifs notamment celui de s’inscrire sur une liste électorale et de
participer, par voie de conséquence, à la vie publique de leurs pays.
Si certaines législations30 reconnaissent le droit de vote des militaires et
policiers, d’autres l’excluent31. Constitués sur pied de leur soumission à
l’autorité civile et à la discipline, les militaires et policiers doivent être exemptés
des querelles et luttes politiques qu’introduirait le vote dans les casernes,
cantines, chambrées et académies militaires ou policières.
En dépit de cette réserve, le vote des militaires et des policiers est une réalité
en droit électoral ; le méconnaitre, induirait à renier aux bénéficiaires le droit
d’être citoyens d’un pays. La délicatesse de l’entreprise a conduit certains pays à
admettre, sous certaines conditions, le principe en organisant, par exemple,
l’exclusion des militaires et des policiers à l’éligibilité.
Quelque soit, en effet, le lieu où ils se trouvent, les militaires et policiers
peuvent, si la loi l’autorise, demander l’inscription sur la liste électorale de la
commune de leur choix (commune de naissance, du dernier domicile ou de la
dernière résidence, de la naissance ou d’inscription des parents ou ascendants).
Ils ne peuvent, par ailleurs, être éligibles qu’après avoir été soumis à certaines
restrictions légales, notamment la production de la démission acceptée. Il en est
également des fonctionnaires en mutation de longue durée et les mariniers ; à
condition de justifier le lien avec leurs activités (contrat de travail, bulletin
salarial, attestation de service délivrée par l’employeur).
Si le vote des militaires et des policiers fait désormais partie du droit positif,
il est, en revanche, interdit de l’organiser dans les casernes, chambrées,

30
Notamment américaine, burkinabé, burundaise, brésilienne, camerounaise, gabonaise, guinéenne,
française, malienne, mauritanienne, sénégalaise, tchadienne, togolaise ou encore zimbabwéenne.
31
Reconnue par Ordonnance-loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des élections
législatives, l’inscription des militaires et policiers sur les listes électorales est, actuellement, interdite par
la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 (art. 9 tiret 3). Privés du droit d’être électeurs, ils sont,
néanmoins, éligibles dans les conditions fixées par la loi électorale.
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38 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

cantines, académies militaires et policières, question d’épargner ces milieux des


influences politiciennes préjudiciables à la discipline.

SECTION 2. L’ÉTABLISSEMENT ET L’ENTRETIEN DU FICHIER ÉLEC-


TORAL
L’inscription sur les listes électorales conduit à la constitution du fichier
électoral pour que soit facilitée la détermination du corps électoral. Celui-ci est
formé de l’ensemble de personnes remplissant les conditions juridiques de
participer au vote.
Constitué d’une gamme d’informations individuelles et collectives des
électeurs stockées dans une base des données, le fichier électoral participe à la
conception et la maintenance d’une technologie au service d’une gestion
consolidée des données, leur transmission et traitement en temps réel. La
qualité d’un fichier électoral dépend finalement de celle de l’état civil.
Selon les pays, le fichier électoral est national, régional, local, ou par
circonscription. Il importe d’analyser le processus de son établissement, pour
mieux appréhender les techniques de son entretien et sa consolidation.

§1. LA CONSTITU
TITUTION DU FICHIE
TION R ÉLECTO
IER RAL
TOR
L’une des fonctions des élections est d’assurer la légitimité du pouvoir et
l’acceptation des résultats qui en résultent, celle-ci étant souvent tributaire du
degré de transparence et d’objectivité dans les actes et opérations préparatoires
aux élections. Il s’agit notamment de l’inscription sur les listes électorales et
leur mise à jour.

nscription sur les listes électorales


A. L’i’in
Pour prétendre participer à une élection, les citoyens d’un pays sont invités
chacun à s’inscrire sur la liste électorale de sa circonscription, celle-ci étant
automatique pour les personnes qui ont atteint l’âge légal de voter. Il existe,
cependant, plusieurs modalités d’inscription sur une liste électorale, les
législations et pratiques en la matière étant variées et diversifiées.
Traditionnellement assurée au moyen des techniques manuelles,
l’inscription biométrique des électeurs a, de plus en plus, conquis nombreux
pays qui s’en servent non sans difficultés. Il importe d’avoir à l’esprit que
l’inscription sur les listes électorales permet à l’administration électorale
d’identifier le corps électoral.
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L’électeur 39

Selon les pays, la liste électorale peut être générale ou permanente32.


Générale, la liste électorale est faite pour tous les scrutins politiques. Le
caractère permanent d’une liste autorise à chaque électeur de s’y inscrire à tout
moment jusqu’à la date prévue avant le scrutin projeté. Il lui préserve de
s’inscrire chaque année à l’occasion d’un nouveau scrutin, la liste électorale
étant établie à partir des citoyens détenteurs des cartes nationales d’identité.
En France, la liste électorale est permanente, universelle, courante,
complémentaire ou spéciale33 ; sa mise à jour étant assurée par la procédure de
révision annuelle. Le processus électoral congolais gagnerait davantage en cré-
dibilité si le législateur opte pour la liste électorale permanente ; le recensement
de la population devant dans ce cas jouer un rôle de première importance.
Dans la pratique des élections, on distingue l’inscription à la demande des
électeurs de celle ordonnée d’office par l’administration territoriale ou
électorale.

1. L’inscription à la demande des électeurs


Plusieurs législations électorales organisent l’inscription volontaire des
électeurs. Il suffit de remplir les conditions légales exigées et de se présenter
auprès de l’administration électorale territorialement compétente pour obtenir
son inscription sur la liste électorale. En règle générale, l’inscription s’obtient
par le remplissage d’un formulaire établi à cette fin par l’administration
électorale compétente ; un récépissé délivré au demandeur attestant l’accom-
plissement de cette opération.
À l’effet de l’examen du dossier par l’administration, toutes les pièces
requises doivent, sous peine de refus d’inscription, être produites. S’il a lieu, le
refus d’inscription est constaté par une décision motivée et notifiée au
requérant pour lui permettre d’introduire, le cas échéant, un recours devant
l’autorité administrative ou judiciaire compétente34. Après le rejet de son
inscription pour insuffisance de justifications, le demandeur peut, si la loi
l’autorise, introduire une nouvelle demande auprès de la même administration
en produisant des nouveaux éléments. En cas de rétablissement du requérant
dans ses droits, l’administration l’inscrit sur la liste électorale.
Selon les législations, l’inscription à la demande des électeurs se fait, sauf
stipulations légales contraires, pendant la période retenue pour la révision des
listes électorales. Elle peut, pour certains cas, se poursuivre au-delà de cette
période, mais en tout cas, avant la constitution définitive du fichier électoral.

32
MASCLET J.-C., Droit électoral, op.cit., p. 50.
33
CAUCHOIS H., Guide du contentieux électoral, Paris, 2e éd. Berger-Levrault, 2005, pp. 25-26.
34
Tribunal d’instance pour la France (art. L. 25 du code électoral) ou Tribunal de paix ou Tribunal
Coutumier du ressort pour la République démocratique du Congo (art. 42 de la Loi n° 04/028 du
24 décembre 2004).
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40 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

2. L’inscription ordonnée par l’administration électorale


L’organisation d’une élection crédible et transparente exige une collabo-
ration entre l’administration électorale et l’ensemble d’autres administrations
publiques. Il est ainsi admis qu’une personne qui a atteint la majorité électorale
puisse bénéficier du droit de vote par son inscription d’office sur la liste
électorale. Il en sera de même pour le citoyen qui recouvre la totalité de ses
droits civils et politiques ; le tout se déroulant pendant la période retenue pour
la révision des listes électorales.

2.1. L’atteinte de la majorité électorale


Il est de principe en droit électoral qu’une personne qui, au moment de la
révision des listes électorales, a atteint l’âge légal requis, soit d’office inscrite sur
la liste électorale de sa circonscription. Les informations sur la majorité des
personnes qui ont vocation à s’inscrire sur une liste électorale sont
communiquées aux administrations locales, lesquelles peuvent, le cas échéant,
les transmettre pour examen et suite à donner à d’autres services compétents.
Ne sont donc concernés par l’inscription d’office que les jeunes qui, en plus de
la condition légale d’âge, se soumettent à l’obligation du recensement ; la
procédure en la matière pouvant s’organiser pendant ou en dehors de la période
de révision des listes électorales mais, de toute évidence, avant le scrutin
prochain.

2.2. Le recouvrement des droits civils et politiques


Un citoyen privé, en vertu d’une décision de justice, de ses droits civils et
politiques peut, après exécution de la peine ou recouvrement total de la
jouissance desdits droits, se faire inscrire, sur présentation d’un dossier
documenté, sur la liste électorale de sa circonscription.
L’examen d’un tel dossier implique la collaboration de plusieurs adminis-
trations (judiciaire, territoriale et électorale) et une réglementation particulière
à laquelle il convient, à toutes fins utiles, de se référer. Volontaire ou d’office,
l’inscription sur les listes électorales conduit inévitablement aux adaptations
nécessaires par l’effet de la révision des dites listes.

2.3. La révision des listes électorales


En règle générale, les listes électorales font, annuellement, l’objet d’une
révision, œuvre d’une commission ou de toute autre structure administrative
spécialement constituée à cette fin. Celles-ci sont, selon le cas, soumises au
contrôle du juge judiciaire ou administratif. Pour permettre la consolidation du
fichier électoral, la révision des listes fait également appel à la technique de
radiation.
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L’électeur 41

3. La radiation
La radiation est une mesure administrative qui a pour effet de faire perdre à
un électeur son droit de vote. Devant se dérouler pendant ou après la période
de révision des listes électorales, la radiation est soit d’office, soit consécutive à
l’examen, au fond, de la situation de l’électeur.
La radiation d’office est celle qui intervient sans examen au fond du dossier,
notamment lorsque l’électeur venait à décéder ou fait l’objet de l’exécution
d’une décision de justice devenue définitive. Elle peut avoir également lieu
lorsque, conformément à la décision de l’autorité administrative compétente,
un électeur est autorisé à s’inscrire sur la liste d’une autre commune ou un
autre bureau de vote. Dans les deux cas, la radiation est portée au tableau
rectificatif reprenant, par ailleurs, toutes les modifications apportées (avec
éventuellement, les motifs et pièces à l’appui) sur la liste électorale. Si la loi
l’autorise, la radiation peut avoir lieu en dehors de la période de révision des
listes électorales.
Avant d’ordonner la radiation d’une personne, la commission ou la
structure ad hoc doit s’assurer qu’elle ne remplit aucune condition pour
s’inscrire ou se réinscrire sur la liste des électeurs ; ce qui suppose un examen
approfondi et systématique de tous les cas susceptibles de conduire, par l’effet
de la radiation, à la mise à jour et à la constitution d’un fichier électoral fiable
avant la tenue du scrutin. Toutes ces opérations ont lieu dans le délai légal.
Tout électeur lésé par les opérations d’inscription sur les listes électorales et
de révision de celles-ci peut, dans le délai légal, porter son recours devant
l’autorité administrative compétente et, le cas échéant, devant le juge
compétent.

4. L’établissement et la consolidation du fichier électoral


À la clôture des opérations d’inscription des électeurs et des révisions des
listes électorales, l’administration électorale arrête, après toutes les rectifi-
cations nécessaires, la liste des citoyens appelés à participer au vote. La
publication de la liste des électeurs contribue à l’établissement et à la
consolidation du fichier électoral, celui-ci étant généralement constitué sur la
base du fichier d’état civil comprenant l’ensemble de renseignements sur les
citoyens d’un pays et notamment ceux en âge et en capacité de voter.
Le fichier électoral fiable et consolidé permet aux électeurs, aux partis et
regroupements politiques et à tout autre intervenant au processus de se faire
une idée sur le corps électoral, la répartition des sièges par circonscription et la
maitrise de la cartographie électorale. L’électeur en tire un profit particulier,
l’affichage des listes électorales lui donnant la possibilité de localiser avec
exactitude son bureau de vote, ce qui contribue à la réduction sensible des
difficultés qu’éprouverait, au moment du vote, une catégorie d’électeurs,
notamment celle de troisième âge.
La mise en place d’un fichier électoral fiable et consolidé améliore
l’exactitude des données, renforce la confiance et la crédibilité dans leur
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42 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

traitement, permet la détection des fraudes éventuelles pour que soit possible
une gestion sereine du contentieux électoral. Dans la pratique, le fichier
électoral consolidé reste valable jusqu’aux prochaines élections.
En tout état de cause, l’établissement d’un fichier électoral consolidé facilite
la confection à temps des listes d’émargement des bureaux de vote, ce qui
contribue au renforcement de la transparence électorale à condition de
s’assurer de la régularité de son entretien.

§2. L’ENTR
TREETIE
TIEN
N DU FIC
ICH
HIER ÉLECTO
TOR
RAL
Le fichier électoral comprend, outre la liste définitive des électeurs, les
données personnelles sur chaque électeur, notamment ses nom et prénom, ses
lieu et date de naissance, son sexe, son état civil, sa profession, les noms et
prénoms de ses parents, ses origines, son domicile ou sa résidence, sa photo et
ses empreintes digitales. Seule sa conservation dans un serveur sécurisé et
régulièrement mis à jour induit sa fiabilité.
Les techniques d’entretien du fichier électoral ne sont pas uniformes car,
pouvant se réaliser par trimestre, semestre, année ou par trois ans. Si la France
a opté pour une mise à jour annuelle, le législateur congolais ne s’est pas encore
préoccupé de situer avec exactitude la périodicité de la mise à jour du fichier
électoral, laissant ainsi à la pratique le soin de n’organiser celle-ci qu’avant la
tenue de chaque élection générale.
Dans le cadre de l’administration des élections, le recours à l’informatique
peut se révéler comme une technique destinée à fausser les données électorales,
notamment dans l’établissement des listes des électeurs ou dans la gestion des
résultats des urnes. Il convient donc de s’assurer de la fiabilité du programme
informatique et du logiciel utilisé.
L’exigence de la transparence et de la crédibilité d’une élection commande,
toute fois qu’il soit admis l’informatisation du fichier électoral et son contrôle
(comme au Sénégal) périodique ou, en tout cas, avant les prochains scrutins. Il
est important de retenir que le programme informatique est formé d’un
ensemble d’instructions données, par le programmeur ou le concepteur, à
l’ordinateur pour leur stricte exécution. Il lui appartient (auteur ou créateur du
programme) de le faire exécuter, ce qui l’exempte d’une neutralité absolue.
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CHAPITRE II

LE CANDIDAT

Le candidat est une personne autorisée à concourir à un mandat électif. Il


doit, pour se faire, remplir les conditions légales exigées. En règle générale, ne
peut se porter candidat qu’une personne qui réunit les conditions pour
s’inscrire sur la liste électorale. À cette exigence, peuvent s’ajouter d’autres
découlant des particularités que convoite chaque type d’élection. Ainsi, le
candidat à l’élection présidentielle ne sera pas soumis aux mêmes exigences
qu’un prétendant député, sénateur, gouverneur de province, maire, conseiller
urbain, municipal ou local.
Peuvent également variées en rapport avec une élection, les incompatibilités
à exercer cumulativement le mandat électif avec une autre charge publique,
situation qui apparaît souvent après le vote. Il convient de la distinguer de
l’éligibilité.

SECTION 1. L’ÉLIGIBILITÉ ET L’INÉLIGIBILITÉ


Souvent prises pour des notions voisines, l’éligibilité et l’inéligibilité
déterminent la situation juridique d’un candidat avant l’élection. Une mise au
point sur leur nature permet de cerner avec pertinence les conditions
d’éligibilité, les caractères de l’inéligibilité et les effets qui y sont attachés.

§1. LES NOTIONS D’ÉLIG


TION IGIB ITÉ ET D’INÉLIG
ILITÉ
IBIL IBIL
IGIB ITÉ
ILITÉ
En démocratie, tout citoyen a droit d’assurer les charges publiques de son
pays, il est éligible à exercer un mandat électif ou une charge publique.
L’éligibilité est la capacité juridique à pouvoir se porter candidat à une élection
ou à participer à une compétition politique. Organisée par un texte juridique,
elle détermine la situation d’une personne remplissant les conditions
nécessaires pour être élue. De portée générale. L’inéligibilité est une disposition
exceptionnelle qui prive une personne du droit d’être candidate1. D’origine
légale (exigence de certaines conditions pour se présenter à une élection) ou
judiciaire (certaines condamnations peuvent empêcher l’éligibilité pendant une

1
ESAMBO KANGASHE J.-L., La loi électorale,op. cit., p. 90.
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44 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

période déterminée), l’inéligibilité conduit à l’incapacité juridique à briguer un


mandat électif. Elle est, dans ce cas, personnelle parce que couvrant la situation
singulière de la personne concernée.
Le législateur détermine avec soin les personnes qui, au regard de leurs
fonctions ou activités, sont exclues de la compétition politique et donc
inéligibles. Il s’agit notamment de celles assumant certaines charges publiques
(magistrats, fonctionnaires, policiers et militaires) ou privées, en vertu d’une
décision de justice définitive, de leurs droits civils et politiques.

§2. LES CONDITIONS D’ÉLIG


ITION IBIL
IGIB ITÉ
ILITÉ
Les conditions d’éligibilité sont habituellement organisées par le droit positif
de chaque pays. Elles se déclinent en un ensemble de prescriptions légales
précédant le dépôt d’une candidature et à affranchir l’exercice d’un mandat
électif à une fonction ou activité qui lui est incompatible. L’éligibilité garantit la
liberté de l’électeur et la protection du mandat que l’on se propose d’exercer.
Les prescriptions qu’elle convoite sont générales et spécifiques.

A. Les conditions gé
génnérales
Depuis longtemps, le droit de vote n’a été reconnu qu’aux seuls citoyens
d’un pays. Il suffit de prouver sa citoyenneté pour être admis à participer au
vote et, conséquemment, à se porter candidat à une élection. Pour ce faire, le
candidat doit posséder la nationalité du pays dans lequel la compétition
politique a lieu, avoir la qualité d’électeur et la majorité électorale, jouir de ses
droits civils et politiques et, le cas échéant, être exempté de toute cause
d’inéligibilité prévue par le code électoral.

1. La nationalité
Tout candidat à une élection doit s’assurer qu’il possède la nationalité du
pays qu’il prétend servir. Jadis considérée comme une affaire des seuls
nationaux, l’élection a fini par établir un lien de citoyenneté entre un candidat
et son pays. L’exigence de la nationalité a emporté la conviction que, dans la
gestion des affaires publiques, on n’est mieux servi que par ses citoyens.
Malgré une évolution qui lui a été imposée par les nécessités d’ouverture au
monde et la construction des grands ensembles politiques au niveau régional ou
continental (cas de l’Union Européenne, de la Communauté économique des
États d’Afrique de l’ouest), la nationalité comme condition d’éligibilité conserve
toute sa pertinence et son actualité.
L’adhésion, le 7 février 1992, des États membres de l’Union européenne au
traité de Maastricht a rendu nécessaire la conciliation entre les règles
traditionnelles de la citoyenneté avec l’obligation de bâtir un grand ensemble au
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Le candidat 45

cœur de l’Europe. Ce traité a prévu la participation des ressortissants de


l’Union à certaines élections, quelque soit leur pays de résidence à l’intérieur de
l’Union. Ce traité ouvre ainsi la possibilité à tout ressortissant de la
communauté à voter et à être élu aux élections européennes dans l’État où il
réside, même s’il n’en possède pas la nationalité. Cette règle a permis l’élection,
en 1989, de Maurice Duverger ressortissant français résidant en Italie, député
européen de ce pays. C’est également le cas de Daniel Cohn Bendith, ce
Français né des parents juifs, mais ayant acquis la nationalité allemande qui a
été, en 2010, élu député européen allemand pour le compte du parti politique
dénommé Les Verts/ALE.
Il en découle que le recours à la double nationalité et la résidence par un
ressortissant de l’Union dans un pays autre que celui dont il est originaire ont
étendu, au-delà des frontières nationales, le droit de vote et d’éligibilité au sein
de l’Union européenne, ce qui n’est pas le cas pour l’ensemble de pays africains
qui ne reconnaissent pas cette possibilité à leurs ressortissants vivant à
l’étranger.

2. La majorité électorale
La majorité électorale est ordinairement fixée dans le code électoral2. Pour
certains scrutins (présidentiel, députation nationale ou sénatoriale), elle peut
être déterminée par la Constitution, quitte au législateur de l’intégrer dans ses
dispositions particulières. La hauteur de l’âge d’éligibilité varie d’un pays à un
autre et d’un mandat à un autre. De manière générale, l’âge de dix-huit ans
révolus est admis comme constituant la majorité électorale qui, de toute
évidence, s’apprécie le jour de l’élection (CE, 29 novembre 1992)3.
En République démocratique du Congo, la Constitution du 18 février 2006
indique que tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus sont,
sans préjudice de certaines de ses dispositions4 et dans les conditions prévues
par la loi, électeurs et éligibles5.Le choix du constituant a été, néanmoins, à la
base d’une controverse au sein de la classe politique au moment de la campagne
référendaire de 2005. Pendant qu’une opinion s’inquiétait de voir cette option
favoriser l’accession aux mandats politiques des Congolais supposés, en raison
de leur âge, immatures et, donc inexpérimentés dans la gestion des affaires
publiques6 ; une autre y voyait la volonté de rajeunissement de la classe
politique dirigeante. La tendance semble privilégier l’égalité de tous les
Congolais devant la loi, mais également la jouvence des dirigeants politiques.

2
MALIGNER B., Droit électoral, op. cit., p. 43.
3
Élections de Pelouse, Rec. p. 1122.
4
Notamment les articles 72, 102 et 106 qui traitent des conditions d’éligibilité à l’élection du président de
la République, à celles de députés nationaux et de sénateurs.
5
Art. 5 al. 5 de la Constitution du 18 février 2006.
6
Ces critiques ne manquent pas de pertinence lorsqu’on considère qu’à dix-huit ans révolus, le Congolais
moyen vient à peine de terminer ses études secondaires et qu’il n’aurait pas, faute de contact avec le
monde du travail, une expérience professionnelle avérée susceptible d’assumer pleinement certaines
charges politiques.
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46 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

3. La jouissance des droits civils et politiques


L’exercice d’un mandat électif suppose un minimum de capacité dans le chef
du candidat. Le législateur subordonne généralement l’acceptation d’une
candidature à une élection à la jouissance des droits civils et politiques. On
considère qu’une personne privée, par une décision de justice coulée en force
de chose jugée, de ses droits civils et politiques7 ne peut se présenter à une
élection. Il en est également d’une personne placée, en vertu d’une décision de
juge non révocable, sous le régime de tutelle.
L’inéligibilité devant s’apprécier au moment de l’élection ou de l’examen de
la candidature, la jouissance des droits civils et politiques doit être pleine et
totale. Une mesure partielle ou provisoire ne peut emporter la conviction de la
structure chargée de la réception et de l’examen des dossiers de candidatures.
Ainsi, à l’instar des individus dont la condamnation empêche l’inscription
temporaire sur une liste électorale, les personnes pourvues d’un conseil
judiciaire ne sont pas éligibles. Il arrive, cependant, que par une décision de
justice, une personne soit privée d’éligibilité sans que la condamnation n’affecte
son droit de vote ; tout dépend, donc, du contenu et de la nature de la décision
de justice.

4. L’exemption de toute cause d’éligibilité légale


De manière générale, la loi électorale exclut de la candidature une catégorie
des personnes, notamment celles privées de leurs droits civils et politiques ou
condamnées pour crimes de guerre, de génocide, contre l’humanité, du chef de
viol, d’exploitation illégale des ressources naturelles, de corruption, de
détournement de deniers publics, d’assassinat, de torture, de banqueroute et les
faillis. Sont également concernées, les personnes frappées d’incapacité mentale
médicalement prouvée au cours des cinq dernières années précédant les
élections, les fonctionnaires et agents de l’Administration publique ne justifiant
pas, à la date limite du dépôt des candidatures, de leur demande de mise en
disponibilité, les mandataires actifs dans les établissements publics ou
entreprises publiques ne justifiant pas, à la date limite du dépôt des
candidatures, de leur lettre de démission, les magistrats qui n’auraient pas
donné la preuve, à la date limite du dépôt des candidatures, de leur demande de
mise en disponibilité, les membres des Forces armées et de la Police nationale
congolaise qui n’auraient pas donné la preuve, à la date limite du dépôt des
candidatures, de leur démission acceptée ou de leur mise à la retraite ainsi que
les membres du Conseil économique et social, du Conseil supérieur de l’audio
visuel et de la communication, de la Cour des comptes, de la Commission
électorale nationale indépendante à tous les niveaux, y compris le personnel8.

7
Art. 9, point 3 de la Loi électorale.
8
Art. 10 de la Loi électorale.
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Le candidat 47

4.1. Les personnes privées des droits civils et politiques


Toute condamnation pénale n’implique pas nécessairement la privation des
droits civils et politiques, notamment le droit de s’inscrire sur une liste
électorale ou de se porter candidat à une élection. La privation d’un droit civil
et politique ne se présume pas, elle doit découler d’une décision de justice
devenue définitive, c’est-à-dire coulée en force de chose jugée. Ne sont pas visés
par cette inéligibilité, les détenus préventifs, les personnes incarcérées en vertu
d’une décision frappée d’appel ou celles bénéficiant d’une mesure d’amnistie ou
de grâce présidentielle.
Le bien-fondé de cette exigence est, néanmoins, redevable de la bonne tenue
des fichiers individuels des personnes privées, par une décision de justice, de
leurs droits civils et politiques, de la sécurisation des archives judiciaires pour
permettre une consultation facile et gratuite.

4.2. Les personnes condamnées par un jugement irrévocable pour crimes


de guerre, crimes de génocide et crimes contre l’humanité
La loi électorale exclut de toute compétition politique, les personnes
condamnées par un jugement définitif pour une catégorie spécifique d’incri-
minations telles que les crimes de guerre, les crimes de génocide et les crimes
contre l’humanité. Ce sont des crimes internationaux relevant de la compétence
matérielle des Tribunaux pénaux internationaux et de la Cour pénale
internationale9.
Par crimes de guerre, on attend toutes les infractions graves commises en
violation des différentes conventions de Genève du 12 août 1949 sur le droit de
la guerre. Il peut s’agir des actes d’homicide intentionnel, de torture ou des
traitements inhumains infligés à une personne en temps de guerre ou pendant
les opérations de guerre. Constituent également un crime de guerre, les
atteintes portées à l’intégrité physique ou à la santé d’une personne, la
destruction et l’appropriation généralisées et non justifiées des biens
appartenant à autrui. Il en est de même de toute contrainte infligée contre un
prisonnier de guerre ou une personne protégée par le droit de la guerre, le fait
de l’obliger à servir dans les forces d’une puissance ennemie ou de priver
volontairement un prisonnier de guerre ou toute autre personne protégée de
son droit d’être jugée régulièrement par une juridiction impartiale. La prise
d’otages, la déportation, le transfert illégal ou la détention illégale des personnes
constituent un crime de guerre.
Le traité de Rome du 17 juillet 1998 sur la Cour pénale internationale10
définit le crime de génocide comme des actes commis dans l’intention de
détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Il en est ainsi des actes de meurtre ou d’assassinat d’un groupe des personnes,

9
NYABIRUNGU mwene SONGA, Droit international pénal, Kinshasa, Éditions Droit et Société, 2013,
p. 201.
10
Art. 6 du Traité de Rome du 17 juillet 1998.
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48 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

d’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres de groupe, de la


soumission intentionnelle de groupe des personnes à des conditions d’existence
à même d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle ou des mesures
visant à empêcher les naissances au sein du groupe et le transfert forcé
d’enfants d’un groupe à un autre.
Le crime contre l’humanité est, aux termes du même traité11, constitué de
l’un quelconque des actes commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou
systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette
attaque. Il peut s’agir des actes de meurtre, d’extermination, de réduction en
esclavage, de déportation ou du transfert forcé de population, d’emprison-
nement ou de toute autre privation grave de la liberté physique, de torture, du
viol, de violence sexuelle, raciale, ethnique, culturelle ou religieuse.
La gravité attachée aux faits et actes constitutifs de crimes de guerre, de
génocide et contre l’humanité justifie la privation imposée à leurs auteurs de se
porter candidats à une élection, s’ils sont condamnés par une décision de justice
devenue irrévocable.

4.3. Les personnes condamnées par un jugement irrévocable du chef de


viol, d’exploitation illégale des ressources naturelles, de corruption, de
détournement de deniers publics, d’assassinat, de torture, de banqueroute
et de faillite
Par jugement irrévocable, on entend une décision de justice revêtue de la
force de la chose jugée et, donc, insusceptible d’aucune voie de recours
ordinaire. Pour une catégorie particulière d’incriminations, la loi électorale
rend inéligible toute personne condamnée par un jugement définitif. Il s’agit, en
l’espèce, du viol, de l’exploitation illégale des ressources naturelles, de la
corruption, du détournement des deniers publics, d’assassinat, de torture, de
banqueroute et de la faillite.
Le viol est une entreprise qui consiste à imposer des relations sexuelles à
une personne qui, par le fait d’une maladie, d’altération de ses facultés ou par
toute autre cause accidentelle aurait perdu l’usage de ses sens ou en aurait été
privée par quelques artifices. C’est le cas de tout homme, quel que soit son âge,
qui aura introduit son organe sexuel, même superficiellement dans celui d’une
femme, ou toute femme, quel que soit son âge, qui aura obligé un homme à
introduire même superficiellement son organe sexuel dans le sien.
Commet également un viol, tout homme qui aura pénétré, même
superficiellement, l’anus, la bouche ou tout autre orifice du corps d’une femme
ou d’un homme par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou par un
objet quelconque. Il en est de même de toute personne qui aura introduit, même
superficiellement toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le
vagin ou de toute personne qui aura obligé un homme ou une femme à pénétrer
même superficiellement son anus, sa bouche ou tout autre orifice de son corps

11
Art. 7 de Traité de Rome du 17 juillet 1998.
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Le candidat 49

par un organe sexuel, ou toute autre partie du corps ou par un objet


quelconque12.
L’exploitation illégale des ressources naturelles n’étant pas réglementée par
le Code pénal congolais ni par la loi électorale, il importe de se reporter au Code
minier pour en déduire que commet cette infraction, toute personne qui se
livre, sans autorisation préalable de l’autorité compétente, à des travaux de
recherche ou d’exploitation des mines ou des carrières13.
Le détournement des deniers publics est imputable à tout fonctionnaire ou
officier public, toute personne chargée d’un service public ou parastatal, toute
personne représentant les intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein
d’une société privée, parastatale ou d’économie mixte en qualité d’adminis-
trateur, de gérant, de commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout
mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus, qui aura utilisé à ses
fins personnelles des deniers publics ou privés, des effets en tenant lieu, des
pièces, titres, actes, effets mobiliers qui étaient entre ses mains, en vertu ou en
raison de sa charge.
L’auteur de cette infraction s’expose à une peine de un à vingt ans des
travaux forcés. Le juge peut en ordonner d’autres, notamment la confiscation
des biens, l’interdiction, pour cinq ans au moins et dix ans au plus, après
l’exécution de la peine, du droit de vote et du droit d’éligibilité, l’interdiction
d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en soit l’échelon, la
privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelles et à la
réhabilitation, l’expulsion définitive du territoire national, si le condamné est
un étranger14.
La corruption concerne tout fonctionnaire ou officier public, toute personne
chargée d’un service public ou parastatal, toute personne représentant les
intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein d’une société privée,
parastatale ou d’économie mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de
commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout mandataire ou préposé des
personnes énumérées ci-dessus, tout arbitre ou tout expert commis en justice et
qui aura agréé des offres ou des promesses, reçu des dons ou présents pour faire
un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission, même juste, mais non
sujet à un salaire15.
L’assassinat est un meurtre commis avec préméditation ou tout homicide
réalisé et des lésions causées avec l’intention d’attenter à la personne d’un
individu déterminé ou de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand bien même
ce dessein serait dépendant de quelque circonstance ou de quelque condition et
lors même que l’auteur se serait trompé dans la personne de celui qui a été
victime de son acte16.

12
Art. 170, point b de la Loi n° 06/020 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier
1940 portant Code pénal congolais livre II.
13
Art. 299 de la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.
14
Art. 145 du Code pénal congolais livre II.
15
Art. 147 du Code pénal congolais livre II.
16
Art. 43 et 45 du Code pénal congolais livre II.
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50 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La loi ne définit pas la torture que l’on assimile à des sévices graves ou des
barbaries cruelles imposées à une personne en vue de la faire souffrir. Elle
apparaît comme une circonstance aggravante de certaines infractions telles que
l’arrestation arbitraire17, les épreuves superstitieuses et les pratiques barbares18
ainsi que les coups et blessures volontaires19. L’auteur d’une arrestation
arbitraire pourra être condamné de cinq à vingt ans de servitudes pénales
principales, lorsque la victime aura été soumise à des tortures corporelles.
Lorsque les tortures ont entraîné la mort, le coupable sera condamné à la
servitude pénale à perpétuité ou à la peine capitale.
S’agissant d’une épreuve superstitieuse qui aura causé une maladie ou une
incapacité de travail personnel, ou s’il en est résulté la perte de l’usage absolu
d’un organe ou d’une mutilation grave, l’auteur sera puni d’une servitude
pénale de deux mois à vingt ans. Si l’épreuve a causé la mort, il est puni de la
peine de mort.
Les conséquences découlant des coups et blessures volontaires sont
rigoureusement réglementées. En effet, si les coups ont causé une maladie ou
une incapacité de travail personnel, ou s’il en est résulté la perte de l’usage
absolu d’un organe ou d’une mutilation grave, le coupable sera puni de deux à
cinq ans de servitude pénale. S’il en est résulté la mort, la servitude pénale est
portée de cinq à vingt ans.
La banqueroute est l’état d’un commerçant déclaré, par une décision de
justice, en faillite parce qu’incapable d’assurer, par négligence, imprudence,
erreur ou par des actes de fraude volontaire, la gestion normale de ses affaires.
À la différence de la banqueroute, la faillite est un état d’un commerçant,
personne physique qui cesse ses paiements et dont le crédit se trouve ébranlé. Il
y a cessation des paiements lorsque le commerçant débiteur ne parvient plus à
payer ses dettes échues, liquides et exigibles. Le crédit de ce commerçant est dit
ébranlé lorsqu’il a perdu la confiance du monde des affaires, particulièrement
de ses banquiers et fournisseurs20. Une personne qui aura été condamnée, par
une décision irrévocable, de l’une ou l’autre des incriminations est inéligible.

4.4. Les personnes frappées d’une incapacité mentale médicalement


prouvée
Sont aussi privées du droit d’éligibilité, les personnes physiques frappées, au
cours de cinq dernières années précédant les élections, d’une incapacité
mentale médicalement prouvée. La loi électorale ne définit pas ce qu’il faut
entendre par incapacité mentale médicalement prouvée. Le recours au droit
commun permet, néanmoins, de considérer qu’est incapable mental, toute
personne majeure aliénée, interdite, faible d’esprit ou prodigue. Il en est

17
Art. 67 du Code pénal congolais livre II.
18
Art. 57 du Code pénal congolais livre II.
19
Art. 43 et 46 du Code pénal congolais livre II.
20
LUKOMBE GHENDA R., Droit commercial congolais. Faillite, concordat et banqueroute, Kinshasa,
Publication des Facultés de Droit, Université du Congo, 2001, pp. 24-34.
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Le candidat 51

également d’une personne placée sous tutelle judiciaire ou admise, en raison de


son âge avancé, au régime d’infirmité ne permettant pas l’exercice direct et
individuel de sa capacité.
L’évocation d’une incapacité mentale ne suffit pas pour induire à
l’inéligibilité d’une personne. Il faut, en plus, que celle-ci soit attestée par un
rapport médical signé par trois médecins du gouvernement à ce requis.

4.5. Les fonctionnaires et agents de l’administration publique


Les fonctionnaires et agents de l’administration publique ne participent pas
à la compétition politique pendant qu’ils sont en fonction. La loi n’établit pas de
distinction entre agent et fonctionnaire de l’administration publique, pas plus
qu’aucune distinction n’est faite entre les différentes catégories de fonction-
naires (agent de commandement ou d’exécution), de sorte qu’il suffit de faire
partie du personnel de carrière des services publics de l’État régi par le statut de
la fonction publique pour se trouver en situation d’inéligibilité.
La notion de fonction publique étant prise au sens large, est assimilée aux
agents et fonctionnaires de l’administration publique, les enseignants du
secteur public. Développée par la Commission électorale indépendante, cette
position a été suivie par le juge électoral à l’occasion du règlement du
contentieux des candidatures.
Examinant le recours en contestation de la liste des candidatures aux
élections législatives de 2006, la Cour suprême de justice a rejeté la candidature
d’un enseignant au Complexe scolaire Mbedi-e-Poku, établissement d’ensei-
gnement privé, erronément assimilé, par la Commission électorale indépen-
dante, à un agent ou fonctionnaire de l’administration publique (CSJ,
RCDC/DN/061 24 avril 2006, Aff. Mukongo Kusuluidi contre le parti politique
dénommé Union des jeunes nationalistes, UJN, en sigle)21. Cette jurisprudence
s’applique, également, à l’endroit des salariés régis par le Code du travail.

4.6. Les mandataires actifs dans les établissements publics ou entreprises


publiques
La loi ne donne aucune définition du mandataire actif. On admet,
cependant, qu’est considérée mandataire actif, toute personne chargée de la
direction, de l’administration ou de la gestion courante d’un établissement
public ou d’une entreprise publique. L’exercice d’une responsabilité de direc-
tion ou de gestion quotidienne au sein d’un établissement public ou d’une
entreprise publique demeure donc le seul critère de qualification de mandataire
actif.
Ne sont pas considérés par cette inéligibilité, les membres du conseil
d’administration et les commissaires aux comptes. Ainsi, en vue d’assurer leur
éligibilité à un mandat électif, les mandataires actifs sont tenus d’apporter, au

21
Quatrième feuillet, inédit.
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52 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

moment de la déclaration de leur candidature, la preuve de l’acceptation par


l’autorité de nomination de leur démission.

4.7. Les magistrats


Pour autant qu’ils demeurent en fonction, les magistrats sont inéligibles.
C’est une inéligibilité objective qui concerne aussi bien les magistrats de siège
que du parquet. À la différence du droit français qui exclut de cette inéligibilité
les magistrats du Conseil d’État, ceux de la Cour de cassation, les magistrats en
fonction dans d’autres ressorts territoriaux, les membres des greffes des
juridictions ainsi que ceux exerçant dans des tribunaux de commerce, le droit
congolais consacre une inéligibilité de tous les magistrats, à l’exception de ceux
admis à l’éméritat ou à l’honorariat22. Les magistrats en détachement sont
frappés d’inéligibilité parce que régis par le statut des magistrats.
Pour toutes les catégories des magistrats frappés d’inéligibilité, le législateur
exige la production, au moment de la déclaration de candidature, de la preuve
de demande de mise en disponibilité (CSJ,RCDC/DN/05, 13 octobre 2011, Aff.
parti politique Rassemblement des écologistes congolais, REC, en sigle contre
Kikoka Tony Gaytoni23), étant entendu qu’à l’expiration de son mandat électif,
le magistrat qui le désire peut toujours être remis en activité.

4.8. Les membres des Forces armées et de la Police nationale congolaise


Les personnes qui exercent les fonctions d’autorité pour la défense et le
maintien de l’ordre public sont, quelque soit le grade, exclues de toute
compétition politique ; elles ne peuvent être électrices, ni se porter candidat à
une élection. La loi ne fait donc pas de distinction entre un officier gradé et un
agent d’exécution. Il suffit d’appartenir aux Forces armées ou à la Police
nationale congolaise pour être concerné par cette inéligibilité.
Un membre de ces deux corps de métiers qui désire se présenter à une
élection doit, au moment de la déclaration de sa candidature, apporter la preuve
de l’acceptation par l’autorité de nomination de sa démission ou de sa mise en
retraite, la lettre de demande de démission ou de mise en retraite n’étant pas
suffisante pour le délier de ses obligations professionnelles.

4.9. Les membres du Conseil économique et social, du Conseil supérieur


de l’audio visuel et de la communication, de la Cour des comptes et de la
Commission électorale nationale indépendante
La Constitution de la République démocratique du Congo institue un
Conseil économique et social chargé d’émettre des avis consultatifs sur des
questions économiques et sociales lui soumises par le président de la

22
Lire, également, MUKENDI WAFWANA E., Contentieux électoral dans la pratique de la Cour suprême
de Justice, Kinshasa, JURICONGO, 2011, p. 87.
23
Septième feuillet, inédit.
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Le candidat 53

République, l’Assemblée nationale, le Sénat et le Gouvernement. Il peut, de sa


propre initiative, appeler l’attention du gouvernement et des provinces sur des
réformes qui lui paraissent de nature à favoriser le développement économique
et social du pays24.
L’organisation et le fonctionnement du Conseil économique et social sont
déterminés par une loi organique25.Désignés conformément à cette loi, les
membres de ce conseil sont inéligibles.
Les membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la commu-
nication26, de la Commission électorale nationale indépendante27, leurs
représentations locales et le personnel administratif sont, au cours de leur
mandat, inéligibles28. Cette inéligibilité concerne également les experts liés à ces
institutions par un contrat de travail.
En raison de la nature de leurs fonctions, les membres de la Cour de
comptes sont, à l’instar des magistrats, inéligibles ; ils doivent, en vue de leurs
candidatures à une élection et s’ils sont en fonction, apporter la preuve de la
demande de leur mise en disponibilité.

5. La qualité d’électeur
La personne privée de sa qualité d’électeur n’est pas autorisée à se présenter
à une élection ; cette qualité induisant naturellement sur sa capacité à se porter
candidat à un scrutin. La qualité d’électeur est constatée le jour du vote après
une inscription sur la liste électorale de sa circonscription.
La loi électorale congolaise autorise à tout candidat non préalablement
inscrit sur la liste électorale à se faire identifier et enrôler au moment du dépôt
de sa candidature29 ; la possession de la qualité d’électeur conditionnant donc
l’éligibilité de son détenteur.

6. Le niveau d’instruction ou l’expérience professionnelle


L’exigence du niveau d’instruction est indispensable à l’exercice d’un
mandat électif ou d’une charge publique. La question s’est effectivement posée
au moment de la rédaction, en 2006, de la version initiale de la loi électorale
particulièrement en ce qui concerne les conditions d’éligibilité à l’élection
présidentielle. Elle a, d’ailleurs, donné lieu à une controverse au sein du
parlement congolais.

24
Art. 208 et 209 de la Constitution du 18 février 2006.
25
Art. 210 de la Constitution du 18 février 2006.
26
Art. 212 de la Constitution du 18 février 2006.
27
Art. 211 de la Constitution du 18 février 2006.
28
Art. 19, al. 1er de la Loi n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la
Commission électorale nationale indépendante.
29
Art. 9, point 5 de la Loi électorale.
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54 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Pour certains30, il est indispensable qu’en plus des conditions de nationalité


d’origine, de l’âge requis et de l’expérience professionnelle, le candidat à
l’élection présidentielle justifie d’un niveau d’instruction suffisante par la
production d’un diplôme universitaire. L’idée a séduit la Commission paritaire
mixte Assemblée nationale-Sénat qui a fini par proposer la détention d’un
diplôme égal ou supérieur à une licence équivalent du Master 1 dans d’autres
systèmes.
D’autres31 ont suggéré d’alterner la condition d’études faites à l’expérience
professionnelle tout en la cumulant avec la résidence, sans interruption, en
territoire congolais pendant une période allant de cinq à dix ans avant les
élections.
Étant donné que la disposition tendait à régler, avant le scrutin, la situation
juridique de certains candidats et pour éviter tout risque du blocage dans le
processus électoral, une solution de compromis est apparue nécessaire pour
qu’il soit exclu de la loi toute référence au niveau d’instruction cumulée à
l’expérience professionnelle et à la résidence, sans interruption, sur le territoire
congolais pendant au moins cinq ans avant le scrutin32.
À la faveur de la révision, le 25 juin 2011, de la loi électorale, le législateur a
notamment exigé des candidats le niveau d’instruction requis ou l’expérience
professionnelle, d’au moins cinq ans, dans l’un ou l’autre des domaines retenus,
à savoir les domaines politique, administratif, économique ou socio-culturel33.
Une telle formulation légale a notamment contribué à l’augmentation
impressionnante du nombre de candidats aux élections législatives de 2011 ;
dix-huit mille huit cent soixante-quatre34 candidatures ayant été enregistrées
contre neuf mille six cent trente-deux en 200635 pour cinq cents sièges à
pourvoir. Pour la seule circonscription électorale de Kinshasa IV, on note que
1 575 candidats se sont disputé les quinze sièges en compétition, rendant par ce
fait difficiles les opérations de confection et d’impression des bulletins de vote
(volumineux avec 56 pages)ainsi que celles de dépouillement des résultats
électoraux.

30
Cette position a été soutenue par les parlementaires membres du Rassemblement congolais pour la
démocratie, le Mouvement de libération du Congo, l’Opposition politique et le Rassemblement congolais
pour la démocratie Kisangani-Mouvement de libération.
31
Comme le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, le Rassemblement des congolais
démocrates et Nationalistes et les Mai-Mai.
32
ESAMBO KANGASHE J.-L., La loi électorale, op.cit., p. 91.
33
Art. 9, point 6 de la Loi électorale.
34
Décision n° 064/CENI/BUR/10 du 14 octobre 2011 portant publication de la liste définitive des
candidats à l’élection des députés nationaux du 28 novembre 2011.
35
Décision n° 012/CEI/BUR/06 du 30 avril 2006 portant publication de la liste définitive des candidats à
l’élection des députés nationaux du 30 juillet 2006.
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Le candidat 55

B. Les conditions spécifiques


Le code électoral congolais marque une différence entre les conditions
d’éligibilité pour une élection se déroulant au suffrage universel direct de celles
prévues dans le cadre d’un scrutin organisé au suffrage universel indirect.

1. L’élection au suffrage universel direct


La lecture combinée des dispositions constitutionnelles spécifiques et celles
de la loi électorale permet d’indiquer que seuls sont élus au suffrage universel
direct, le président de la République, les députés nationaux et provinciaux, les
conseillers municipaux ainsi que ceux de secteur ou de chefferie.

1.1. Le président de la République


Aux termes de la Constitution congolaise36, le candidat président de la
République doit être de nationalité congolaise d’origine37, avoir l’âge minimum
de trente ans38, jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques et ne pas se
trouver dans un des cas d’exclusion prévus par la loi électorale39.
S’agissant de la nationalité d’origine, elle s’acquiert par appartenance,
filiation ou par présomption légale. Est congolais d’origine par appartenance,
toute personne qui prétend appartenir à un groupe ethnique dont les personnes
(les ascendants notamment) et le territoire constituaient, au 30 juin 1960, ce
qui est devenu actuellement la République démocratique du Congo. Il suffit de
prouver qu’on appartient à un groupe ethnique ou à un territoire qui, au
30 juin 1960, forme l’actuelle République Démocratique du Congo, pour être
considéré comme congolais d’origine.
L’utilisation de l’expression « toute personne »comme critère d’éligibilité à la
nationalité congolaise d’origine a le risque de faire, éventuellement, bénéficier
la citoyenneté congolaise à tout individu qui le prétend.
La nationalité congolaise d’origine s’acquiert, ensuite, par la filiation c’est-à-
dire par la naissance. Le jus sanguinis étant le critère de transmission de la
nationalité congolaise d’origine, celle-ci s’obtient par le seul fait d’avoir été né
de l’union entre deux personnes ayant le sang congolais.
La nationalité congolaise d’origine s’obtient, enfin, par la présomption
légale. Celle-ci induit qu’est congolais, tout enfant nouveau-né trouvé en
République démocratique du Congo ; la présomption légale se fondant sur la
double règle de jus sanguinis et de jus soli.

36
Art. 72 de la Constitution du 18 février 2006.
37
Cette exigence est également reprise dans les Constitutions américaine (art. 2), béninoise (art. 44) et
sénégalaise (art. 27).
38
En droit comparé américain, béninois, français, italien ou sénégalais, cet âge est, respectivement, fixé à
trente-cinq ans, quarante ans, vingt-trois ans, cinquante ans ou trente-cinq ans au minimum.
39
Le candidat président de la République ne doit pas être magistrat, membre du conseil économique et
social ni d’une institution d’appui à la démocratie, membre des forces armées et de la police,
fonctionnaire et agent de l’administration publique, mandataire actif dans les établissements publics ou
entreprises publiques.
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56 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La fixation à trente ans de l’âge d’éligibilité à la présidence de la République


a été à la base d’une controverse indiquée plus haut. La préservation d’une
stabilité politique précaire dans un pays post-conflit aurait pesé dans la balance
pour que soit trouvé un consensus dans la mise en place des institutions de la
transition.
La jouissance par le candidat président de la République de la plénitude de
ses droits civils et politiques suppose qu’il soit physiquement apte et dispose de
toutes ses facultés mentales et intellectuelles attestées, par ailleurs, par un
contrôle médical et judiciaire avant le dépôt de sa candidature.
À ces conditions, s’ajoutent celles tirées de la loi électorale40, à savoir la
production d’une lettre de consentement conforme au modèle fixé par la
Commission électorale nationale indépendante signée par le candidat, une fiche
d’identité suivie d’un curriculum vitæ détaillé portant la formule « je jure sur
l’honneur que les renseignements ci-dessus sont sincères et exacts », quatre
photos format passeport, un symbole ou un logo du parti ou regroupement
politique qui le désigne.
La loi fait obligation au candidat président de la République de joindre à son
dossier de candidature le certificat de nationalité, l’extrait de casier judiciaire en
cours de validité, la photocopie de la carte d’électeur, le récépissé du versement,
dans le compte du Trésor public, le cautionnement électoral non remboursable
de 50 000 000 de francs congolais41, la lettre d’investiture du candidat par son
parti ou regroupement politique42 ainsi que la photocopie certifiée conforme à
l’originale du diplôme de graduat au moins ou de l’attestation en tenant lieu ou
de l’attestation de services rendus43.
En ce qui concerne le niveau d’instruction ou l’expérience professionnelle
exigée du candidat président de la République, le législateur a utilisé la
disjonction « ou » pour inférer qu’il a levé l’option en faveur d’une alternative
en ce qu’un candidat qui n’aurait pas prouvé qu’il dispose d’un niveau de
graduat, verra sa candidature retenue dès lors que, sur production de
l’attestation de services rendus, il a prouvé avoir une expérience professionnelle
d’au moins cinq ans dans l’un des domaines politique, administratif,
économique ou socioculturel.
Le même argumentaire aurait orienté l’attitude du législateur au sujet de la
nature de l’expérience professionnelle dont l’alternative a été retenue entre le
domaine politique, administratif, économique ou socioculturel. Il suffit, pour un
candidat de prouver qu’il a acquis une expérience professionnelle d’au moins
cinq ans dans l’un des domaines ci-haut énumérés pour que sa candidature soit
conforme à la loi.

40
En ses articles 9 et 103.
41
Art. 104 al. 2, point d de la Loi électorale.
42
En droit comparé français, il est exigé au candidat président de la République, une lettre d’investiture
portant au moins cinq-cents signatures d’élus locaux d’au moins trente départements ou territoires
d’outre-mer et faire une déclaration de patrimoine (art. L 45 du Code électoral).
43
En vue d’attester que le candidat a une expérience professionnelle d’au moins cinq ans dans les
domaines politique, administratif, économique ou socioculturel.
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Le candidat 57

Le droit comparé offre une gamme des conditions d’éligibilité à la présidence


de la République. En France, par exemple, le candidat président de la
République doit, en plus de l’âge minimum de vingt-trois ans et de l’investiture
par les élus locaux, avoir la capacité juridique, ne pas s’être vu retirer le droit de
vote, avoir accompli un service national, être réformé ou exempté, n’exercer
aucune activité publique ou privée44.
Aux États-Unis d’Amérique, la Constitution45 impose aux candidats à
l’élection présidentielle la détention de la nationalité américaine de naissance,
l’âge minimum de trente-cinq ans et la résidence aux États-Unis depuis
quatorze ans.
En Italie, la jouissance pour un candidat président de la République de tous
ses droits civils et politiques se cumule avec l’âge de cinquante ans au moins
comme conditions d’éligibilité.
Au Sénégal, il suffit d’être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de
ses droits civils et politiques et avoir l’âge minimum de trente-cinq ans pour se
présenter à l’élection présidentielle46.
Au Bénin, le candidat président de la République doit avoir la nationalité
béninoise de naissance acquise depuis au moins dix ans avant l’élection, la
preuve de bonne moralité et d’une grande probité, la jouissance de ses droits
civils et politiques, l’âge minimum de quarante ans et de 70 ans maximum, la
résidence sur le territoire béninois au moment des élections, se trouver dans un
état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de
trois médecins assermentés désignés par la Cour constitutionnelle47.

1.2. Les députés nationaux


La Constitution de la République48 et la loi électorale49 subordonnent la
candidature à la députation nationale à la détention de la nationalité
congolaise50, l’acquisition de l’âge minimum de vingt-cinq ans, la pleine
jouissance des droits civils et politiques, le niveau d’instruction de gradué au
moins, la qualité d’électeur ou se faire identifier et enrôler le jour du dépôt de la
candidature.
Les candidatures à la députation nationale sont déposées auprès du bureau
local de la Commission électorale nationale indépendante. La déclaration de
candidature comprend obligatoirement une lettre de consentement conforme au
modèle fixé par la Commission électorale nationale indépendante et signée par
le candidat, une fiche d’identité suivie d’un curriculum vitæ détaillé, quatre
photos format passeport, le symbole ou le logo du parti ou regroupement

44
Art. L.45 du Code électoral français.
45
Art. 2 de la Constitution américaine.
46
Art. 27 de la Constitution sénégalaise.
47
Art. 44 de la Constitution béninoise du 9 décembre 1990.
48
Art. 102 de la Constitution du 18 février 2006.
49
Art. 120 et 121 de la Loi électorale.
50
L’absence de précision sur la nature de la nationalité induit qu’un candidat député national doit avoir
la nationalité congolaise d’origine ou d’acquisition.
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58 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

politique, s’il en est l’émanation, les noms de deux suppléants. Ces derniers
doivent, à l’instar du candidat député national, remplir les conditions
d’éligibilité prévues par la loi électorale.
Le législateur oblige le candidat député national à produire une photocopie
de la carte d’électeur, une attestation de naissance, un récépissé de dépôt par
candidat ou par liste, le cautionnement électoral non remboursable de
250 000 francs congolais par liste ou par candidat, la lettre d’investiture de
candidat par son parti ou son regroupement politique, s’il en fait partie, et la
photocopie certifiée conforme du diplôme de graduat au moins ou de
l’attestation en tenant lieu ou encore l’attestation de services rendus51.
Pour le scrutin de listes, tout parti ou regroupement politique présente
forcément une liste des candidats. Les candidats indépendants se présentent
individuellement. Sous peine d’irrecevabilité, le nombre des candidats par liste
ne doit pas être inférieur ou supérieur au nombre des sièges à pourvoir52 ; ceci
signifie qu’une liste qui compte un nombre de candidats inférieur ou supérieur
au nombre de sièges à pourvoir doit être déclarée irrecevable.
Par liste, on entend un document établi par le parti ou regroupement
politique comportant plusieurs noms de candidats. Chaque liste est établie en
tenant compte de la représentation paritaire homme-femme et de la promotion
de la personne vivant avec handicap. Mais en raison du faible engagement
politique de la femme comme candidate aux différents scrutins, il a été arrêté
que l’inobservance de cette condition ne peut constituer un motif
d’irrecevabilité d’une liste53.
Une liste de candidature peut être ouverte ou bloquée. La liste ouverte est
celle qui donne aux électeurs la possibilité d’indiquer leurs préférences à un
parti ou regroupement politique et aux candidats qui s’y sont inscrits. Elle est
ouverte dans la mesure où une grande liberté de choix est accordée aux
électeurs dans la désignation des candidats de leur parti ou regroupement
politique.
Pareille liste permet d’établir un contact direct entre les électeurs et les
candidats. La liste ouverte est susceptible de modifications dans les limites
autorisées par la loi. Du fait de la propension à la concurrence excessive qu’elle
encourage au sein d’un même parti ou regroupement politique, la liste ouverte
contribue à la réduction, par l’effet de la fragmentation des moyens et des
ressources, des chances en vue d’obtenir une majorité parlementaire solide et
cohérente.
La liste bloquée fixe préalablement l’ordre de candidats à élire par le parti ou
ses organes dirigeants. Dans cette dernière, en effet, seuls figurent sur le
bulletin de vote les noms, symbole du parti ou regroupement politique et les
photos du chef dudit parti ou regroupement politique. La liste bloquée est
créditée de vouloir donner la parole aux partis, expression de la démocratie

51
Art. 121 de la Loi électorale.
52
Art. 122 de la Loi électorale.
53
Art. 13 de la Loi électorale.
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Le candidat 59

qu’aux individus qui en font partie. Elle rendrait, par ailleurs, plus facile le
dépouillement des résultats électoraux et serait adaptée à la situation d’un pays
sorti de crise en favorisant la représentation aux assemblées délibérantes les
différentes sensibilités politiques.
Il est, néanmoins, reproché à la liste bloquée d’enfreindre le contact direct
entre les candidats et les électeurs, d’étouffer les candidatures indépendantes et
de biaiser la légitimité populaire. Elle n’offrirait aucune alternative en cas de
décès, de retrait volontaire ou de révocation d’un candidat avant l’élection.
C’est probablement la gestion monarchique et opaque des partis et
regroupements politiques congolais qui a justifié l’option en faveur des listes
ouvertes, choix qui semble répondre à la demande exprimée par le corps
électoral et la majorité des candidats54.

1.3. Les députés provinciaux


Les conditions d’éligibilité pour les candidats députés nationaux sont les
mêmes que celles des députés provinciaux à l’exception de l’âge qui passe de
vingt-cinq à dix-huit ans révolus55 et du cautionnement dont le montant est fixé
à 125 000 francs congolais par liste56. Il importe de noter qu’au sein des
assemblées provinciales, il existe deux types des députés provinciaux, les uns
élus, sur une liste du parti ou regroupement politique ou à titre individuel, au
suffrage universel et les autres, comme les chefs coutumiers, désignés par voie
de cooptation57.

1.4. Les conseillers communaux


Aux termes de la loi électorale, les conseillers communaux sont élus au
suffrage universel, au scrutin proportionnel de listes ouvertes à une seule voix
préférentielle avec l’application de la règle duplus fort reste58. Les conditions
d’éligibilité au Conseil communal sont les mêmes que celles retenues pour
l’élection des députés provinciaux à l’exception du montant de cautionnement
qui passe de 125 000 francs congolais à 50 000 francs congolais par liste ou par
candidat et du niveau d’instruction limité au diplôme de fin d’études
secondaires59.

1.5. Les conseillers de secteur ou de chefferie


Les conseillers de secteur ou de chefferie sont élus au niveau du
groupement, à défaut de la chefferie60. Le candidat conseiller de secteur ou de

54
Lire utilement, ESAMBO KANGASHE J.-L., La loi électorale, op.cit., pp. 95-96.
55
Art. 148 point 2 de la Loi électorale.
56
Art. 149 point c de la Loi électorale.
57
Art. 153-156 de la Loi électorale.
58
Art. 191 de la Loi électorale.
59
Art. 195 point c et e de la Loi électorale.
60
Art. 207 de la Loi électorale.
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60 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

chefferie remplit les mêmes conditions que celles exigées au candidat conseiller
communal, sauf pour le montant du cautionnement électoral non remboursable
dont la hauteur est fixée à 20 000 francs congolais61.

2. L’élection au suffrage universel indirect


Dans le cadre d’un suffrage restreint et, notamment, indirect, le législateur
admet que l’éligibilité d’un candidat soit assortie, en raison de la nature de
l’élection, des conditions supplémentaires spécifiques. En droit électoral
congolais, sont éligibles au suffrage universel indirect, les membres du Sénat, le
gouverneur et le vice-gouverneur de province, les conseillers urbains, le maire
et le maire adjoint, le bourgmestre et le bourgmestre adjoint, le chef de secteur
et le chef de secteur adjoint.

2.1. Les sénateurs


Élus par les députés provinciaux, au sein ou en dehors des Assemblées
provinciales, à la représentation proportionnelle des listes ouvertes à une seule
voix préférentielle avec application de la règle du plus fort reste, pour un
mandat de cinq ans renouvelable. Les membres du Sénat doivent, pour être
éligibles, avoir la nationalité congolaise, être âgés de trente ans au moins, jouir
de la plénitude de leurs droits civils et politiques et ne pas se trouver dans l’un
des cas d’exclusion prévus par la loi électorale62.
La loi électorale impose au candidat sénateur d’avoir la qualité d’électeur ou
se faire identifier ou enrôler lors du dépôt de sa candidature, détenir un
diplôme de graduat au moins ou justifier d’une expérience professionnelle d’au
moins cinq ans dans l’un des domaines politique, administratif, économique ou
socioculturel63.
La déclaration de candidature doit obligatoirement comprendre une lettre de
consentement conforme au modèle fixé par la Commission électorale nationale
indépendante et signée par le candidat, une fiche d’identité suivie du
curriculum vitæ détaillé, quatre photos format passeport, le symbole ou le logo
du parti ou regroupement politique, s’il en est l’émanation, les noms de deux
suppléants. Sous peine d’irrecevabilité de la liste ou de la candidature, les deux
suppléants doivent remplir les mêmes conditions d’éligibilité que le candidat
sénateur.
Sont jointes à la déclaration de candidature, la photocopie de la carte
d’électeur, l’attestation de naissance, le récépissé de dépôt par candidat ou par
liste du cautionnement électoral non remboursable de 250 000 francs congolais,
la lettre d’investiture de candidat par son parti ou regroupement politique et la
photocopie certifiée conforme du diplôme de graduat au moins ou de

61
Art. 211 point c de la Loi électorale.
62
Art. 106 de la Constitution du 18 février 2006.
63
Art. 131 de la Loi électorale.
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Le candidat 61

l’attestation en tenant lieu ou encore l’attestation de services rendus.64 La


déclaration de candidature est déposée au bureau de la Commission électorale
nationale indépendante situé au chef-lieu de la province qu’il envisage de
représenter.

2.2. Le gouverneur et le vice-gouverneur de province


La Constitution de la République prévoit, au niveau provincial, deux
institutions politiques ; l’une (le gouvernement provincial) représentant le
pouvoir exécutif et l’autre (l’Assemblée provinciale) exerçant les attributions
législatives. Aux termes de cette Constitution, le gouverneur et le vice-
gouverneur sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois
par les députés provinciaux, au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale.
Ils sont investis par ordonnance du président de la République65. Le gouverneur
et le vice-gouverneur de province sont élus sur une même liste au suffrage
indirect et au scrutin majoritaire à deux tours66.Les candidats indépendants
sont également autorisés à présenter leurs candidatures67.
Les conditions d’éligibilité au gouvernorat de province sont, mutatis
mutandis, les mêmes que celles exigées pour les députés provinciaux et les
sénateurs, à l’exception de l’âge et du cautionnement électoral, respectivement
fixés à dix-huit ans révolus68 et à 1 250 000 francs congolais par liste ou par
candidat indépendant69.

2.3. Les conseillers urbains


Les conseillers urbains sont élus par les conseillers municipaux au scrutin
proportionnel des listes ouvertes à une seule voix préférentielle, avec
application de la règle du plus fort reste, pour un mandat de cinq ans
renouvelable70.
Les candidatures au Conseil urbain sont présentées par listes des partis ou
regroupements politiques ou de manière indépendante. Elles sont soumises aux
mêmes exigences d’éligibilité que celles des députés provinciaux, sauf pour le
cautionnement électoral fixé à 50 000 francs congolais par liste ou par
candidature indépendante71.
Sous peine d’irrecevabilité, la déclaration de candidature doit comporter les
noms de deux suppléants également soumis aux mêmes conditions d’éligibilité
que les candidats conseillers urbains.

64
Art. 132 de la Loi électorale.
65
Art. 198, al. 2 de la Constitution du 18 février 2006.
66
Art. 159 de la Loi électorale.
67
Art. 161, al. 1er de la Loi électorale.
68
Art. 161 de la Loi électorale.
69
Art. 162, point c de la Loi électorale.
70
Art. 175 de la Loi électorale.
71
Art. 177 de la Loi électorale.
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62 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

2.4. Le maire et le maire adjoint


Les conseillers urbains élisent, au sein ou en dehors du Conseil, le Maire et
le Maire adjoint. Cette élection a lieu sur une même liste et au scrutin
majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelables. Les
candidatures indépendantes sont autorisées.
En rapport avec l’éligibilité du Maire et du Maire adjoint, on note que les
dispositions des articles 158 à 160 et 163 à 166 de la loi électorale leur sont,
mutatis mutandis, applicables à l’exception de cautionnement électoral dont le
montant est fixé à 200 000 francs congolais72.

2.5. Le bourgmestre et le bourgmestre adjoint


Le Bourgmestre et le Bourgmestre adjoint sont élus par les conseillers
communaux sur une même liste au scrutin majoritaire à deux tours, au sein ou
en dehors du conseil, pour un mandat de cinq ans renouvelables. Les
candidatures indépendantes sont admises73.
Les conditions d’éligibilité sont les mêmes que celles exigées pour les
candidats maire et maire adjoint sauf pour le cautionnement électoral arrêté à
100 000 francs congolais par liste ou par candidat indépendant.

2.6. Le chef de secteur et le chef de secteur adjoint


Élus sur la même liste par les Conseillers de secteur pour un mandat de cinq
ans renouvelables, le chef de secteur et son adjoint sont, selon le cas, désignés
au sein ou en dehors du Conseil de secteur. Ils sont soumis, hormis le montant
du cautionnement électoral (50 000 francs congolais) et du niveau d’instruction
(diplôme de fin d’études secondaires)74, aux mêmes conditions d’éligibilité que
celles du Bourgmestre et du Bourgmestre adjoint. Le chef de chefferie qui n’est
pas concerné par cette élection est désigné selon la coutume75.

§3. LES CARACTÈRES DE L’IN


TÈR INÉÉLIG
IGIB
IBIL
ILITÉ
ITÉ
L’inéligibilité est une mesure qui limite l’exercice du droit d’être candidat à
une élection ou d’accéder à un mandat électif ; elle décline l’inaptitude légale à
exercer un mandat électif. Se rattachant à une catégorie précise de scrutin,
l’inéligibilité est toujours organisée par un texte juridique. Découlant des
situations objectives, elle est néanmoins liée à la seule personne du candidat.

72
Art. 186 point c de la Loi électorale.
73
Art. 199 de la Loi électorale.
74
Art. 218 point c et e de la Loi électorale.
75
Art. 79, al. 2 de la Loi organique n° 08/016 du 7 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs rapports avec l’État et les provinces,
Journal officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial, 7 septembre 2009.
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Le candidat 63

néligi
A. L’i’in gibbilité est orga
gannisée par un texte juridique
Destinée à empêcher l’exercice d’un droit fondamental, l’inéligibilité ne se
présume pas, elle doit être expressément aménagée par un texte juridique.
Seules, en effet, les situations objectives suffisamment prouvées et documentées
peuvent constituer une cause d’inéligibilité. La compétence du législateur dans
ce domaine est donc légitime et justifiée d’autant que le droit de se porter
candidat à une élection politique est une liberté publique dont les restrictions
doivent découler d’un texte juridique.
Pareille conclusion est logique et compréhensible tant il est vrai que
l’inéligibilité a notamment pour vocation de protéger la liberté de l’électeur et
de le préserver des situations susceptibles de porter atteinte à son choix.
Dans l’appréciation d’une cause d’inéligibilité, l’autorité administrative ou le
juge compétent est, selon le cas, tenu de s’assurer qu’au moment du dépôt ou de
la déclaration de candidatures, toutes les conditions légales ont été observées et
qu’aucune restriction légale n’a été relevée pour qu’il soit ordonné l’irrece-
vabilité d’une candidature ou d’une liste.
Aménagée par et en vertu de la loi, l’inéligibilité doit être strictement
interprétée afin qu’il ne soit admis aucune extension, même par analogie, des
hypothèses puisées en dehors du champ d’action préalablement arrêté par le
législateur.

néligi
B. L’i’in gibbilité est d’ordre public
Le moyen tiré de l’inéligibilité d’un candidat est d’ordre public ; il peut être
soulevé d’office, même pour la première fois devant le juge d’appel, ce qui peut
porter atteinte à l’effet dévolutif d’appel.
Devant s’apprécier même le jour de l’élection, l’éligibilité est de
détermination variée en considération des situations pratiques particulières. Il
peut, en effet, se faire qu’entre l’élection et l’entrée en fonction d’un élu,
l’inéligibilité initiale disparaisse pour que la situation de l’élu soit conforme à la
loi. La cessation d’une inéligibilité ne doit certainement pas couvrir l’illégalité
initiale pas plus qu’elle ne pourra être prise comme motif de validation ou
d’homologation de cette élection.

C. L’i’in
néligi
gibbilité est toujours attachée à une catégo
gorrie d’é
’éllection
Le législateur prend habituellement soin de distinguer les causes générales
d’inéligibilité des conditions spécifiques attachées à chaque scrutin. Pour ces
dernières, il est admis qu’en vertu du principe de la spécificité des scrutins,
l’inéligibilité pour une catégorie d’élection (élection présidentielle) ne saurait
être invoquée pour une autre (sénatoriale ou députation nationale), les deux
scrutins étant différemment règlementés par la loi.
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64 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

néligi
D. L’i’in gibbilité est personnelle
De caractère essentiellement personnel, l’inéligibilité ne peut s’étendre du
fait d’un lien de parenté que l’on peut avoir avec le candidat (parent, conjoint
ou frère). Ce principe connait néanmoins des limites organisées par la loi. Pour
une élection qui établit la relation de solidarité entre le candidat et son
suppléant, l’inéligibilité de ce dernier rend irrecevable la candidature principale.
S’appréciant le jour du dépôt de la candidature ou de l’élection, l’éligibilité
d’un candidat contre lequel pèsent des suspicions d’inéligibilité peut
s’apparenter à une incompatibilité sans effacer l’inéligibilité initiale.

§4. LES EFFETS DE L’INÉLIG IBIL


IGIB ITÉ
ILITÉ
En règle générale, l’inéligibilité fait obstacle à la déclaration de candidature,
elle ne produit ses effets qu’après avoir été constatée par une autorité
administrative ou par le juge compétent.

néligi
A. L’i’in gibbilité empêche le dépôt d’une candidature
’un
Au moment de la déclaration de candidatures, la structure administrative
compétente doit s’assurer que le dossier est constitué conformément aux
prescriptions légales. Elle doit, de manière particulière, vérifier l’éligibilité des
candidats. Si elle estime qu’une candidature est inéligible ou qu’une liste
comporte des candidatures inéligibles, l’autorité administrative compétente en
ordonne le rejet.
La personne dont la candidature a été rejetée, le parti ou regroupement
politique contre lequel l’irrecevabilité d’une liste aurait été ordonnée peut, dans
le délai légal76, saisir la juridiction compétente77. Celle-ci est, aux termes de la
loi électorale, la Cour constitutionnelle (pour les élections présidentielle et
législative), la Cour administrative d’appel (pour les élections provinciales), le
tribunal administratif (pour les élections urbaines, municipales et locales)78. La
juridiction saisie est tenue de se prononcer dans un délai de sept jours de sa
saisine. Passé ce délai, le recours est réputé fondé et le requérant rentre dans ses
droits79, il est d’office inscrit sur la liste des candidats.

76
Quatre jours qui suivent la publication par la Commission électorale nationale indépendante des listes
provisoires des candidats.
77
Art. 25, al. 2 de la Loi électorale.
78
Art. 25 de la Loi électorale.
79
Art.27, al. 1, 2, et 3 de la Loi électorale.
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Le candidat 65

néligi
B. L’i’in gibbilité doit être constatée par le juge
L’inéligibilité ne se présume pas, elle doit être constatée par le juge. Il peut,
en effet, arriver que le candidat soit élu avec une inéligibilité, celle-ci ne peut
logiquement produire d’effets qu’après avoir été constatée par le juge saisi d’une
contestation électorale.
La requête en contestation d’une élection doit, à peine d’irrecevabilité, être
introduite dans les deux jours qui suivent l’annonce des résultats provisoires.
Ne sont autorisés à saisir le juge à cet effet que le candidat indépendant, son
mandataire, le parti ou regroupement politique qui a présenté le candidat à
l’élection dont l’inéligibilité est constatée ou son mandataire80.
Il importe d’avoir à l’esprit que la requête en contestation de l’élection d’une
personne présumée inéligible n’a pas d’effet suspensif. Tant que l’inéligibilité
n’a pas encore été constatée, l’intéressé dispose de tous les droits et avantages
que lui confère son mandat et peut valablement accomplir les actes relevant
dudit mandat.
Deux situations peuvent cependant se produire. Si aucune contestation n’est
élevée contre l’inéligibilité supposée, celle-ci est couverte. Si, en revanche, le
juge constate l’inéligibilité, il annule l’élection et le bénéficiaire perd son
mandat politique. Dans ce cas, l’inéligibilité s’apparente à une incompatibilité.

SECTION 2. LES INCOMPATIBILITÉS


L’incompatibilité est une impossibilité légale de cumuler la fonction
publique ou le mandat électif avec une charge ou une occupation publique ou
privée81. Par elle, on parvient à dissocier l’exercice d’un mandat électif avec
l’accomplissement d’une autre charge publique ou privée. L’incompatibilité
étant, en principe, constatée après la tenue d’une élection, n’interdit à personne
de se porter candidat, mais l’empêche, temporairement ou définitivement,
d’exercer ou de conserver son mandat électif. L’incompatibilité place donc l’élu
dans une obligation de choisir entre son mandat électif et la fonction
incompatible.
Rapprochée à l’inéligibilité, l’incompatibilité entraine une incapacité
juridique à exercer un droit subjectif. Les deux notions se distinguent par un
certain nombre de traits caractéristiques82. L’incompatibilité n’empêche pas
l’élection d’un candidat, mais l’oblige, une fois élu, à faire un choix entre son
mandat et la charge incompatible alors que l’inéligibilité constitue un obstacle à
toute candidature et donc à toute élection.

80
Art. 73 de la Loi électorale.
81
CORNU G., Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2000, p. 445.
82
MALIGNER B., Droit électoral, op. cit., p. 215.
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66 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Contrairement à l’inéligibilité qui est d’ordre public, l’incompatibilité ne l’est


pas. Elle ne peut, de ce fait, être soulevée d’office par le juge saisi d’une
contestation électorale.
L’incompatibilité s’apprécie, à l’opposé de l’inéligibilité, à la date de la
décision du juge et non à celle de l’élection83.
Organisées en principe par un texte juridique, les incompatibilités résultent
également de la pratique électorale.

§1. LES INCOMPATIB


TIBIL
ILITÉ
ITÉS
S LÉGALES
Juridiquement aménagées par un texte juridique, les incompatibilités
tendent à préserver l’indépendance de l’élu dans le choix qu’il est appelé à
opérer, mais également la fonction visée. Il importe, donc, que la liberté de vote
de l’élu ne soit pas entamée par ses responsabilités professionnelles au sein de
l’administration publique. Il doit être totalement libre dans l’exercice de son
droit de vote, le choix en faveur du mandat électif étant exempt de toute
atteinte à la poursuite de l’intérêt général pour laquelle le fonctionnaire a bâti
toute sa carrière.
Aussi, soucieux d’assurer l’indépendance de l’élu dans l’exercice de son
mandat électif, le législateur prend souvent soin de déterminer les circonstances
qui favorisent les incompatibilités. Il peut s’agir de l’exercice des activités
professionnelles publiques (magistrats, membres du gouvernement et des
assemblées parlementaires, agents ou fonctionnaires publics, militaires ou
policiers en service…), privées ou d’autres responsabilités publiques.
En cas d’incompatibilité signalée ou constatée au moment de l’élection ou
après celle-ci, la loi prévoit, habituellement, les mécanismes en vertu desquels
cette situation pourra prendre fin. Les dispositions régissant la matière peuvent
entrevoir deux types de solutions. Le législateur peut laisser à l’élu la latitude de
faire, dans un délai relativement court, le choix entre son mandat électif et
l’activité incompatible, tout comme il peut prescrire la nature du mandat, de la
fonction ou de l’activité qui sera préférée au profit d’une autre.
En République démocratique du Congo, un député national84 ou un
sénateur85 qui se trouverait dans une situation d’incompatibilité est tenu de
faire, dans un délai de huit jours qui suivent la validation de ses pouvoirs, le
choix entre son mandat électif et l’activité incompatible. S’il opte pour l’activité
incompatible, il en avise, par lettre, et dans le même délai, le président de la
chambre dont il relève. À défaut de le faire dans ce délai, il est censé avoir
renoncé à son mandat électif et est, en conséquence, remplacé, selon la
procédure prévue dans le règlement intérieur, par le premier suppléant ou, à

83
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., p. 118.
84
Art. 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
85
Art. 18 du Règlement intérieur du Sénat.
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Le candidat 67

défaut, par le deuxième. Le même exercice est exigé du gouverneur et du vice-


gouverneur de province.
Lorsqu’en cours de mandat, un député national ou un sénateur est nommé à
une fonction politique incompatible avec son mandat parlementaire, celui-ci est
suspendu. Il est, dans ce cas, remplacé par le premier suppléant ou, à défaut, par
le deuxième. En cas de carence de suppléant, une élection partielle sera
organisée dans la circonscription électorale concernée. Dans tous les cas, après
la cessation de la fonction incompatible avec son mandat électif, le député ou
sénateur reprend de plein droit son mandat parlementaire86.

§2. LES INCOMPATIBILITÉ


TIBIL S DÉCOULANT DE LA PRATIQUE ÉLECTO
ITÉS RALE
TOR
L’incompatibilité ne protège pas la décision de l’électeur, mais l’exercice du
mandat électif. Elle peut résulter du changement intervenu dans la situation
personnelle de l’élu ou d’une série d’opérations postérieures à l’élection. Aussi,
pour conduire à la perte du mandat parlementaire, l’incompatibilité doit être
constatée, soit par l’institution à laquelle appartient l’élu, soit par l’autorité
judiciaire compétente87.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, les recettes sont loin d’être uniformes, au
point qu’il est toujours conseillé de se rapprocher de chaque législation
nationale, en vue de connaitre la manière dont la loi a entendu régler la
question.
La lecture combinée de certaines dispositions constitutionnelles et législa-
tives88 permet d’inventorier trois hypothèses susceptibles de justifier, au regard
de la pratique électorale, l’incompatibilité temporaire ou définitive d’un
parlementaire. Il s’agit de l’exercice d’une responsabilité de direction ou
d’administration au sein d’un parti ou regroupement politique, la démission de
son parti politique et la dissolution de celui-ci.
La Constitution congolaise du 18 février 2006 interdit au président de la
République89 et aux membres du gouvernement90 d’exercer, pendant qu’ils sont
en fonction, toute responsabilité au sein d’un parti politique. Le risque
d’aboutir à un conflit d’intérêts (étatique et partisan) dans le chef d’une
personne appelée à gérer, pourtant, les affaires publiques aurait justifié la
précaution du constituant.
Le même texte organise la possibilité de perte du mandat parlementaire par
un député national ou un sénateur qui, pendant la législature, a délibérément
quitté le parti politique ou le regroupement politique sur base duquel il a été élu.

86
Art. 110, al. 2, 3 et 5 de la Constitution du 18 février 2006.
87
Art. 110, al.4 de la Constitution du 18 février 2006.
88
Notamment la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques et la loi électorale.
89
Art. 96 de la Constitution du 18 février 2006.
90
Art. 97, al. 2 de la Constitution du 18 février 2006.
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68 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Cette obligation constitutionnelle concerne également le suppléant inscrit sur la


liste dudit parti politique91.
Est assimilé à la démission volontaire, le fait pour un parlementaire en plein
exercice de son mandat de se porter candidat à une élection sur la liste d’un
parti ou regroupement politique autre que celui auquel il appartient. Cette
incompatibilité ne concerne pas le parlementaire qui, pendant la législature, fait
l’objet d’une mesure disciplinaire ou d’une exclusion de son parti politique.
Est, également, déchu de son mandat parlementaire, le député national ou le
sénateur élu sur la liste d’un parti politique dont la dissolution est ordonnée par
voie judiciaire92. Dans ce cas, l’équité commande qu’il soit organisé un scrutin
partiel dans la circonscription concernée en vue de pourvoir à la vacance créée.
Si la première incompatibilité est temporaire parce qu’ouverte aux possibles
changements dans la situation professionnelle de l’élu (cessation de la cause
d’incompatibilité), les deux autres sont définitives.

91
Art 110, al.6 de la Constitution du 18 février 2006.
92
Conformément aux dispositions des articles 29, al. 2 et 31 de la Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant
organisation et fonctionnement des partis politiques, Journal Officiel de la République démocratique du
Congo, numéro spécial du 18 mars 2004.
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CHAPITRE III

LA CAMPAGNE ÉLECTORALE

L’organisation régulière et périodique des élections est un élément de vitalité


démocratique, la campagne électorale y joue naturellement un rôle
déterminant. L’entreprise consiste à présenter aux électeurs la justesse de ses
propositions et la crédibilité de ses programmes en vue d’obtenir leurs suffrages.
La clarification de la notion de campagne électorale rend aisée l’étude des
préalables à son agencement, ses principes, son organisation et son finan-
cement.

SECTION 1. NOTIONS DE CAMPAGNE ÉLECTORALE


La campagne électorale est, par ses différentes manifestations, source
d’interprétations diverses. Il convient de la définir, présenter ses techniques et
stratégies avant toute réflexion sur la propagande politique qui lui est souvent
proche.

§1. DÉFIN
INITIO
ITION
N DE LA CAMPAGNE ÉLECTO
TOR
RALE
La campagne électorale est une action coordonnée et systématisée à laquelle
se livrent les candidats en vue d’amener les électeurs à adhérer à leurs idées ou
projets de société. Elle se décline en une doctrine politique professée pour
solliciter le vote des électeurs dans le cadre d’une compétition réglementée1. La
campagne électorale se distingue de plusieurs notions qui lui sont voisines,
notamment la propagande électorale, la propagande politique et le marketing
politique.
Technique de matérialisation de la campagne électorale, la propagande
électorale qui sera étudiée plus loin est constituée d’un ensemble de moyens mis
en œuvre par le candidat pour convaincre les électeurs à voter pour lui. Dans la
pratique, la propagande électorale est modelée dans la campagne électorale,
notamment en ce qui concerne le recours aux moyens audiovisuels, aux médias
écrits ou aux sondages. Une mauvaise campagne électorale peut être source
d’inégalités de nature à entamer la sincérité de l’élection.

1
AVRIL P. et GICQUEL J., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, Coll. Que sais-je ?, 2005, p. 16.
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70 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Lorsque la propagande électorale s’exerce au-delà du délai légal, elle


s’apparente à une publicité politique ou une propagande politique dont l’objectif
est de répandre, dans la durée, les idées et opinions politiques en vue de rallier
un grand nombre d’adhérents ou des partisans. La propagande politique
comporte une dimension morale relativement élevée, insistant sur l’explication
et la persuasion des citoyens et, plus généralement, de l’opinion publique, afin
qu’elle adhère à la vision ou au projet de société proposé ou à la manière dont
s’exerce le pouvoir2.
Le marketing politique est une opération qui autorise aux compétiteurs
politiques virtuels d’organiser, avant le scrutin proprement dit, les réunions
publiques à ce compris l’utilisation des médias en vue d’y développer un
discours électoral. Il admet la préparation et la mise en place d’une stratégie
électorale capable de mobiliser, au moment du vote, les potentiels électeurs.
Dans ce domaine en effet, il est souvent conseillé aux acteurs impliqués et/ou
intéressés de développer et d’entretenir une stratégie de « consommation
politique permanente » en vue de créer une sorte d’adéquation entre l’action
politique et son acceptation par un électorat potentiel préparé à l’avance.

§2. LES TECHNIQ


TEC UES DE CAMPAGNE
IQU
Dans une campagne électorale, chaque candidat cherche à rallier à sa cause
le grand nombre d’électeurs pour que tous les moyens soient permis pourvu que
l’on atteigne l’objectif. Une gamme de dispositions a été souvent suggérée pour
servir des techniques de campagne. Elles visent la conquête de l’électorat par
l’affaiblissement de la campagne adverse. Pour atteindre cet objectif, il suffit :
• de suivre attentivement son discours et les actions de campagne de
l’adversaire politique en vue d’y repérer les thèmes essentiels. Leur
isolement de l’ensemble de l’exposé ou des actions de campagne conduit à
une certaine classification par ordre d’importance. Par la technique de
filtrage, on parvient à distinguer l’essentiel de l’accessoire ;
• d’identifier les destinataires du discours et des actions politiques de
l’adversaire (élites, populations paysannes ou masses ouvrières) et les
objectifs poursuivis. On se gardera d’attaquer globalement le discours et
actions politiques de l’adversaire pour ne se concentrer que sur les points
faibles, mais qui, à ses yeux ou ceux qu’il destine, présentent une certaine
importance ;
• de faire l’économie des attaques frontales de la campagne adverse si celle-
ci présente une certaine agressivité ou une puissance réelle sur la sienne,
le risque de se faire écraser est évident ;

2
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia-L’Harmattan, 2013,
p. 128.
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La campagne électorale 71

• de relever, par une approche méthodique, les contradictions contenues


dans la campagne adverse entre ses idées, son comportement et, au
besoin, son entourage ;
• de procéder à une confrontation permanente et systématique entre le
projet proposé avec les réalités de terrain (discours démagogique,
promesses non tenues) pour mettre la campagne adverse dans une
mauvaise posture ;
• d’envisager la neutralisation de l’adversaire en le privant des moyens
d’expression et, par-dessus tout, de tout soutien populaire ;
• de prédominer le sentiment de supériorité et d’ascendance sur
l’adversaire politique en lui privant de toute victoire aux élections3.
Dans leur mise en œuvre, ces techniques s’appuient, généralement, sur un
certain nombre de stratégies minutieusement préparées.

§3. LES STRATÉ


TRA GIE
TÉG S DE CAMPAGNE
IES
Concevoir une stratégie de campagne, c’est établir, de manière rationnelle,
un plan d’action visant à atteindre un objectif dans un environnement qui, à
défaut d’être conflictuel, est, de toute évidence, concurrentiel. Loin d’être une
science exacte, la stratégie de campagne est plutôt un art de faire, une analyse
rigoureuse, ayant pour finalité une visée opérationnelle.
Au cours d’une campagne électorale, les acteurs politiques mobilisent autant
d’énergies que des moyens pour atteindre leurs objectifs, l’entreprise étant
conditionnée à la connaissance des enjeux qui entourent, habituellement, la
compétition politique telles que la maîtrise des règles du jeu électoral,
l’identification des acteurs impliqués, la connaissance du terrain et l’idée que
l’on peut avoir de l’arbitre4.
Trois stratégies sont, à cet égard, recommandées, elles portent sur la
connaissance du milieu et de ses problèmes (l’étendue de la circonscription
électorale, son poids démographique, l’électorat potentiel, des forces sociales et
politiques en présence, l’état d’esprit de la population et ses aspirations),
l’identification et l’utilisation des moyens (humains, matériels et financiers) à sa
disposition et la gestion du temps.
Certaines élections nécessitent que le candidat se présente au sein d’une
liste, il est utile de connaître ses colistiers qu’il faut obligatoirement impliquer
dans la conception de la stratégie de campagne en vue d’éviter l’éparpillement
des énergies.

3
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 130.
4
Idem, p. 188.
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72 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Pendant la campagne électorale, la conception et la diffusion du discours5


jouent un rôle déterminant. Le discours de campagne doit, autant que faire se
peut, être percutant, cohérent, rythmé, engagé, rénovateur, continu, mobili-
sateur et plein d’initiatives ; le tout dans un plan structuré et cohérent, usant
d’un marketing électoral bien ficelé et une communication politique bien
orientée. Il ne doit, de toute évidence, pas être uniforme et s’adapte à chaque
catégorie d’électeurs.
Des facteurs aussi divers que variés peuvent influer sur le comportement des
électeurs, il importe de constituer une équipe de campagne très active dans la
recherche des indicateurs permettant d’identifier clairement la campagne (les
mérites et limites) des adversaires. La consultation des études (si elles existent)
réalisées par les instituts de sondages, au cours de la période antérieure à
l’élection, présente un atout important : elle aide à la rationalisation de la
campagne électorale.
Tout compte fait, la préparation, l’organisation et la gestion du temps sont
indicateurs déterminants dans la conception et la réalisation d’une stratégie de
campagne.

§4. LA PROPAGANDE POLITIQUE


ITIQU
Dans le domaine politique, la propagande ne s’exerce pas de la même
manière ; elle dépend d’un régime à un autre6. Dans un système de démocratie
pluraliste, la propagande politique obéit souvent à la règle du matraquage
médiatique qu’impose la majorité au pouvoir même si les critiques de
l’opposition et l’influence des groupes de pression peuvent en réduire les effets
attendus généralement dictés par la liberté d’expression et le niveau
d’objectivité du discours politique.
Dans les régimes autoritaires, la propagande politique conserve une certaine
cohérence à base idéologique et postule une éducation plutôt qu’une contrainte
imposée à la population. Cette éducation est, de toute évidence, partiale en ce
qu’elle est dirigée vers les actions supposées favorables au régime en place.
S’appuyant souvent sur la démagogie, elle aboutit à un reconditionnement
moral et psychologique des citoyens à qui on fait croire qu’ils disposent des
meilleurs dirigeants du monde soucieux de leur avenir et devenir.
Bien structurée, la propagande peut se développer à travers plusieurs canaux
parmi lesquels, la diversion, le choix de bouc émissaire, la conduite de dégradé,
de différé ou le maintien de l’opinion dans un état d’ignorance permanente, sa
manipulation et, au besoin, sa désinformation.

5
Pendant la campagne électorale, le candidat doit faire l’économie de l’uniformisation du discours
politique. Celui-ci doit tenir compte de besoins exprimés par chaque catégorie d’électeurs et les moyens
utilisés pour y parvenir.
6
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 129.
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La campagne électorale 73

Si la diversion conduit à détourner l’attention des citoyens de problèmes


importants et de mutations décidées par l’élite politique, le choix de bouc
émissaire favorise la stigmatisation de l’adversaire politique à qui on impute ses
difficultés à faire aboutir ses initiatives. La technique dite de dégradé vise à faire
accepter, progressivement et dans la durée, des mesures qui, à l’origine, sont
contestables. La méthode de différé consiste à promettre des décisions radicales,
douloureuses et nécessaires pour le pays, mais dont on n’est pas sûr d’appliquer
une fois arrivé au pouvoir ; ce qui finit par maintenir l’opinion dans l’incapacité
de comprendre les techniques et méthodes utilisées pour son contrôle et sa
manipulation.

SECTION 2. LES PRÉALABLES À L’ORGANISATION DE LA CAM-


PAGNE ÉLECTORALE
À l’issue des opérations de réception, de traitement et du règlement du
contentieux de candidatures, l’administration électorale se doit d’élaborer un
calendrier électoral qu’il publie à l’occasion de la convocation du corps
électoral.

§1. L’ÉLABORATION DU CALENDRIE


TION R ÉLECTO
IER TOR
RAL
L’élaboration du calendrier électoral est une entreprise difficile et complexe ;
elle est une réponse aux différentes contraintes qui, habituellement,
accompagnent l’organisation d’un scrutin. L’établissement d’un calendrier est
donc tributaire de la maîtrise des exigences tout aussi juridiques, techniques
que politiques indispensables à la fixation des différentes séquences opéra-
tionnelles du vote. Elle constitue, pour ainsi dire, une étape décisive dans la
planification du processus électoral dont la préparation minutieuse permet de
fixer les acteurs impliqués sur les différentes phases d’organisation du scrutin.

A. La préparation du calendrier électoral


La préparation du calendrier électoral est un exercice fastidieux qui se
termine par la confection d’un chronogramme des différentes activités
électorales à réaliser durant une période arrêtée à l’avance. Elle implique
l’enrôlement préalable des électeurs, la réception et le traitement des
candidatures, la convocation du corps électoral, l’accréditation des témoins, des
observateurs et des journalistes, l’organisation de la campagne électorale, le
déploiement et la sécurisation du personnel et du matériel électoral,
l’aménagement des bureaux de vote et de dépouillement, la planification dans le
ramassage, la transmission, la centralisation, le traitement et la publication des
résultats électoraux ainsi que la gestion du contentieux électoral.
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74 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Élaboré dans le respect de la législation en vigueur, le calendrier électoral est


une matérialisation de toutes les contraintes logistiques, matérielles et
financières précédant l’organisation proprement dite du scrutin. Sa publication
doit, autant que faire se peut, projeter la réalisation concrète de l’ensemble des
opérations qui commandent la bonne tenue d’une élection.

graamme des opérations électorales


B. La fixation du chronogr
La publication du calendrier est indispensable à l’opérationnalisation des
activités arrêtées dans le chronogramme des différentes opérations électorales.
Sauf cas de force majeur justifié et autorisé, la publication du calendrier
électoral n’est pas, en principe, modifiable.
Pour la tenue du scrutin dont la date a été préalablement arrêtée dans la
Constitution, le calendrier électoral est élaboré et publié en tenant compte de
cette exigence constitutionnelle. Devant les difficultés matérielles d’organi-
sation, dans le délai constitutionnel du deuxième tour de l’élection
présidentielle de 2006, la Commission électorale nationale autonome du Bénin
s’était résolue de saisir la Cour constitutionnelle pour obtenir le report du
scrutin.
Contre l’avis de la juridiction constitutionnelle prolongeant de deux
semaines, soit le 22 mars 2006, la tenue dudit scrutin, le président de la
République a, conformément à la Constitution, décidé du maintien de la date de
l’élection présidentielle, soit le 19 mars 20067.
Prévu pour être tenu dans le délai de quinze jours8 qui suivent la
proclamation des résultats définitifs du premier tour, le deuxième tour de
l’élection présidentielle congolaise de 2006 a été, pour cas de force majeure tiré,
notamment des contraintes d’organisation et de logistique et, sur décision de la
Cour suprême de justice9 préalablement saisie par la Commission électorale
indépendante, reporté au 29 octobre 2006.
Au Zimbabwe, en revanche, on note qu’en dépit de demandes de report,
pour insuffisance des réformes nécessaires à l’organisation d’une élection juste
et libre, la Cour constitutionnelle a, par un arrêt du 5 juillet 2013, maintenu au
31 juillet 2013 la date constitutionnellement fixée pour l’organisation de
l’élection présidentielle.

7
Aux termes de l’article 46 de la Constitution de la République du Bénin du 9 décembre 1990, le
deuxième tour de l’élection présidentielle a lieu quinze jours après la proclamation définitive des résultats
du premier tour.
8
Art. 71 de la Constitution du 18 février 2006.
9
R. Const. 38/TSR du 15 septembre 2006.
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La campagne électorale 75

§2. LA CONVOCATION DU CORPS ÉLECTO


TION RAL
TOR
La convocation du corps électoral est une invitation que l’administration
électorale adresse aux électeurs à participer au vote. Portant la marque d’acte
réglementaire pris en exécution d’une disposition constitutionnelle ou légale,
elle appelle les électeurs au vote, fixe la date du scrutin et détermine les heures
d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote. Cet acte n’est pas à confondre
avec l’annonce du calendrier électoral qui présente et décrit le chronogramme
des activités et opérations électorales à réaliser dans la durée. L’annonce du
calendrier électoral engage, donc, l’administration électorale, dans la voie de la
réalisation des activités et opérations retenues dans le chronogramme.
Dans la pratique, la convocation du corps électoral n’est pas uniforme pour
tous les pays et varie d’une élection à une autre. Aussi, sa règlementation pour
l’élection du président de la République n’est-elle pas la même que celle des
membres des assemblées parlementaires.

’éllection du président de la République


A. L’é
La convocation de l’électorat pour le vote du président de la République est
généralement fixée dans une disposition constitutionnelle dont la formulation
et le délai ne sont pas habituellement homogènes.
La Constitution américaine pose le principe de l’élection, le premier mardi
du mois de novembre qui précède la fin du mandat du président en exercice.
L’idée a séduit bon nombre des constituants africains.
Le constituant ivoirien du 23 juillet 200010 précise que le premier tour du
scrutin a lieu dans le courant du mois d’octobre de la cinquième année du
mandat du président de la République en exercice11.
La Constitution française du 4 octobre 195812 indique que l’élection du
nouveau président de la République a lieu vingt jours au moins, et trente jours
au plus, avant l’expiration des pouvoirs du président en exercice. Ce délai est,
aux termes de la Constitution camerounaise du 18 janvier 199613, de vingt
jours au moins et cinquante jours au plus, avant l’expiration des pouvoirs du
président en exercice.
Le constituant sénégalais le fixe à quarante-cinq jours francs au plus et
trente jours francs au moins, avant la date de l’expiration du mandat du
président de la République en fonction14. C’est dans ce sens que s’expriment les
constituants burkinabés15, gabonais16 ou encore nigériens17. Le constituant

10
Telle que révisée par la Loi du 27 septembre 2012.
11
Art. 36 de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire du 23 juillet 2000.
12
Art. 7, al.3.
13
Telle que modifiée par la Loi n° 2000/0001 du 14 avril 2008.
14
Art. 30, al. 1er de la Constitution Sénégalaise du 7 janvier 2001.
15
L’article 40 de la Constitution du Burkina Faso du 2 juin 1999 telle que modifiée par la Loi n° 033-
2012/AN du 11 juin 2012 précise que les élections sont fixées vingt et un jour au moins et quarante jours
au plus avant l’expiration du mandat du président en exercice.
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76 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

zimbabwéen indique que le premier tour de l’élection présidentielle a lieu le 31


juillet de la dernière année du mandant du président en exercice.
La convocation, en République démocratique du Congo, du corps électoral
est faite par le bureau de la Commission électorale nationale indépendante,
conformément à son calendrier18. La Constitution précise que le scrutin pour
l’élection du président de la République est convoqué quatre-vingt-dix jours
avant l’expiration du mandat du président en exercice19.
Comparativement aux Constitutions des pays dont référence ci-dessus, la
République Démocratique du Congo se démarque par l’absence de souplesse
dans la fixation du délai d’invitation des électeurs au vote du nouveau président
de la République.
La décision prise par la Commission électorale nationale indépendante
d’organiser, le 28 novembre 2011, le scrutin présidentiel a donné lieu à un
débat sur sa constitutionnalité et, partant, sur celle de l’élection qui en est
résulté.
Trois opinions ont été, à cet égard, enregistrées. Ainsi, s’appuyant sur une
interprétation restrictive de la Constitution, une opinion a exclu de la
formulation de l’article 73 de la Constitution, toute possibilité d’organiser, dans
les quatre-vingt-dix jours qui précédent la fin du mandat du président en
exercice, l’élection du nouveau président de la République. Ce délai étant, à ses
yeux, impératif, la convocation de l’électorat qu’elle confond avec la fixation de
la date du scrutin doit avoir lieu non pas « dans les quatre-vingt dix jours » mais
plutôt « quatre-vingt-dix jours » avant la fin du mandat du président de la
République en fonction.
L’argumentaire a partiellement séduit une autre opinion qui découvre dans
cette formulation, la volonté du constituant de voir se réaliser dans le délai de
quatre-vingts jours précédant la fin du mandat du président de la République
en fonction, sa succession par un président nouvellement élu. Ce délai doit,
pense-t-elle, permettre à la Commission électorale nationale indépendante
d’accomplir toutes les opérations nécessaires conduisant à l’élection
(convocation de l’électorat, campagne électorale, organisation du scrutin et,
éventuellement, règlement du contentieux) et à l’installation (prestation du
serment et investiture devant et par la Cour constitutionnelle) du nouveau
président de la République pour éviter un vide au sommet de l’État20.

16
Aux termes de l’article 11, al.2 e la Constitution de la République Gabonaise du 19 août 2003, l’élection
du président de la République a lieu un mois au moins et deux mois au plus avant l’expiration du mandat
du président en exercice.
17
La Constitution de la République du Niger du 18 juillet 1999 telle que modifiée par la Loi du
25 novembre 2011 précise que le premier tour de scrutin en vue de l’élection du président de la
République a lieu trente jours au moins et quarante jours au plus avant la date d’expiration du mandat
du président en exercice (art. 48, al. 3).
18
Art. 11 de la Loi électorale.
19
Art. 73 de la Constitution du 18 février 2006.
20
MUKUBI KABALI KAMANGO P., La Constitution de la République Démocratique du Congo : annotée,
commentée et expliquée, Kinshasa, éd. ITONGYA, 2009, p. 116.
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La campagne électorale 77

Prenant appui sur l’absence de sanction en cas de non-observance de ce


délai, une troisième opinion relève son caractère simplement indicatif pour
induire qu’une élection organisée dans les quatre-vingts jours qui précédent la
fin du mandat du président de la République en fonction ne serait pas, faute de
sanction organisée, inconstitutionnelle.
De cette controverse, quelques commentaires sont autorisés. On note,
d’abord, que dans l’esprit du constituant, il a été entendu que l’élection et
l’investiture du nouveau président de la République doivent avoir lieu dans le
délai de quatre-vingts jours précédant la fin du mandat du président en
exercice. Le constituant n’a, ensuite, assorti ce délai d’aucune sanction,
question de privilégier le principe de la représentation de la nation par un
président de la République élu avant la fin du mandat de celui en fonction. Une
distinction doit, enfin, être faite entre la convocation du corps électoral et la
fixation de la date de l’élection, les deux opérations ne pouvant pas toujours se
dérouler au même moment et à la même date. Il en résulte que la fixation, au
28 novembre 2011, de la date de l’élection du président de la République ne
viole nullement la Constitution.

’éllection des membres des assemblées parlementaires


B. L’é
La convocation des électeurs pour la désignation des membres des
assemblées parlementaires est diversement règlementée, selon que ce scrutin est
ou non combiné avec celui du président de la République. Lorsque les deux
élections ont lieu à la même date, la convocation des électeurs pour le vote des
membres du parlement est, de fait, organisée par la Constitution. Dans le cas
contraire, c’est par un acte réglementaire pris en exécution d’une disposition
légale que sont convoqués les électeurs.

SECTION 3. LES PRINCIPES QUI FONDENT LA CAMPAGNE ÉLEC-


TORALE
Pendant la campagne électorale, chaque candidat ou liste de candidats
cherche à faire valoir ses mérites en vue d’obtenir les suffrages des électeurs.
Traditionnellement contenue dans le code électoral, la campagne électorale a,
de nos jours, dépassé le cadre strictement légal pour faire appel à d’autres
procédés non prévus par les textes ou insuffisamment réglementés. Elle recourt
régulièrement aux nouvelles technologies d’information et de la communication
tels que la téléphonie cellulaire, l’internet (sites web, blogs, réseaux sociaux,
messagerie) qu’il faut maîtriser et, au besoin, contrôler.
Pour favoriser une compétition politique loyale et équitable, la campagne
électorale doit s’exercer dans le respect d’un certain nombre de principes dont
l’égalité des candidats, la neutralité de l’administration publique, la légalité et la
loyauté des procédés utilisés.
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78 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§1. L’ÉGALITÉ DES CANDIDATS


Dans un régime démocratique qui autorise, par ailleurs, le pluralisme
d’opinions politiques, l’égalité de traitement de tous les compétiteurs est un
droit fondamental. C’est un principe que l’administration électorale et les
médias en particulier doivent s’efforcer à rendre effectif durant tout le
processus électoral. De manière générale, l’appréciation se fonde tant sur la
représentativité des candidats ou listes en compétition que sur l’implantation
effective de leurs campagnes.
Selon les pays et les systèmes, chaque législation s’efforce de garantir à tous
les compétiteurs politiques les mêmes chances et opportunités, question de leur
procurer l’égalité des armes politiques. Cette égalité doit particulièrement se
manifester dans le traitement juste et équilibré, par l’autorité administrative, de
tous les compétiteurs politiques, notamment dans l’organisation de la
propagande radiotélévisée et l’accès aux médias publics.
La loi électorale congolaise indique à ce sujet que « tous les candidats à
l’élection du président de la République sont traités sur un pied d’égalité par les
services publics et protégés par les forces de l’ordre pendant la campagne
électorale. Ils disposent, pour la présentation de leurs programmes, d’un temps
d’antenne égal aux médias audiovisuels et gratuits, en ce qui concerne les
médias publics »21.
Si la règle est, en principe, observée dans les médias publics, il en est
autrement pour les médias privés contrôlés par les candidats eux-mêmes.
L’utilisation déséquilibrée des médias à des fins de campagne électorale est
souvent à l’origine de dérapages et abus22 de nature à influencer le choix des
électeurs. Le juge ne peut le considérer comme motif d’annulation d’une
élection que dans la mesure où il affecte notablement la liberté de suffrage et,
partant la sincérité des résultats.

§2. LA NEUTRALITÉ DE L’ADMINIS


TRA ATIO
TRA
ISTR N PUBLIQ
TION UE
IQU
Dans l’organisation de la campagne électorale, la posture de l’administration
publique est déterminante, elle préfigure sur la crédibilité du processus, la
liberté de suffrage reconnue aux électeurs et, par voie de conséquence, la
sincérité des résultats.
L’autorité administrative et, particulièrement, l’administration électorale
doit, en toutes circonstances, se montrer exempte de toute partialité pour faire
bénéficier à tous les compétiteurs les mêmes droits et avantages. Dans le
domaine électoral, la neutralité de l’administration publique lui impose le

21
Art. 111 de la Loi électorale.
22
LOFOLI J.-P., « Média, instance de régulation et élection en République démocratique du Congo » in
M’BOKOLO E. (dir.), Élections démocratiques en République démocratiques du Congo. Dynamiques et
perspectives, Kinshasa, AGB, 2010, pp. 109-101.
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La campagne électorale 79

devoir de distance vis-à-vis des acteurs impliqués, elle ne doit participer ni


prendre fait et cause pour un candidat ou une liste en compétition.
La neutralité exigée de l’administration publique s’apprécie par rapport aux
services rendus. La loi électorale congolaise renforce le régime répressif des
actes partiaux commis par le personnel de l’administration électorale à
l’occasion de la préparation et du déroulement des opérations électorales.
Comparativement aux pays où la neutralité de l’administration publique est,
en règle générale, observée, en Afrique, elle est souvent décriée son personnel
étant taxé de faire le jeu du pouvoir en place. L’institution des commissions
électorales a certainement réduit cette appréhension qui n’a pas non plus quitté
le favoritisme auquel se livre le personnel électoral en période de compétition
pour le pouvoir.
Dans le domaine électoral, la neutralité de l’administration publique évoque
l’idée de son indépendance et de son impartialité. Il reste que la clochardisation
de l’administration publique expose son personnel à la générosité, pendant le
processus électoral, au candidat le mieux offrant23. Les évaluations des
commissions électorales africaines autorisent à reconnaitre le besoin de leur
maintien comme institutions de conduite, d’administration et de gestion des
processus électoraux.
Autant qu’elle est réelle, l’autonomie des commissions électorales est
doublement effective sur le plan organique et fonctionnel. S’occupant de la
politique, domaine par essence exempt de neutralité, elles sont obligées de
s’ouvrir aux acteurs politiques en vue de les convaincre du bien-fondé de leur
mission et de l’issue heureuse.
Exigeante par principe, la neutralité de l’administration publique est, en
réalité, conjoncturelle et contextuelle ; comptable de son contenu : elle est, en
définitive, relationnelle et partant relative24.

§3. LA LÉGALITÉ ET LA LOYAUTÉ DES PROCÉDÉS DE CAMPAGNE


En vue de la tenue d’une élection crédible, le législateur prend soin
d’interdire aux candidats et aux listes des candidats, le recours aux procédés
qui, par leur utilisation, peuvent compromettre la légalité et la loyauté de la
campagne électorale.
La légalité des procédés de campagne oblige les acteurs à une élection et, en
particulier, les candidats à s’abstenir de poser, pendant la campagne électorale,
tout acte qui violerait le code électoral, notamment l’égalité entre les candidats
et la loyauté des procédés de campagne ;exigence qui a souvent inspiré le
législateur dans la règlementation de la campagne électorale.
S’agissant, par exemple, des affiches électorales, la loi indique qu’elles ne
peuvent être apposées sur les édifices publics, dans les lieux de culte ou les

23
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., pp. 289-290.
24
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 290.
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80 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

casernes. Est également interdite, l’apposition, même à ses frais, de plus d’un
panneau d’affichage, des affiches, photos et autres effigies de campagne à
proximité du Centre de vote. Les candidats, partis ou regroupements politiques
qui ont, en vue de la campagne électorale, placé des affiches dans un rayon de
100 mètres du Centre de vote sont tenus de les enlever à la fin de la campagne
électorale, soit vingt-quatre heures avant le jour du scrutin25.
L’observation des campagnes électorales de 2006 et 2011 a permis de relever
la violation non sanctionnée de cette disposition ; bon nombre de candidats aux
élections présidentielles et législatives s’étant illustrés par l’affichage sauvage
des banderoles et effigies de campagne.
La loi électorale interdit l’exercice ou la participation par une catégorie des
personnes26 à la campagne électorale, notamment le fait de se livrer à
l’apposition des affiches, la distribution des manifestes et des circulaires
électorales27. Elles sont interdites de faire usage, à des fins de campagne
électorale, du nom d’une autorité publique, procédé devenu de plus en plus
fréquent et qui peut induire une partie d’électeurs en erreur. La sanction est
difficile à organiser dans la pratique, les auteurs de ces actes agissant bien
souvent sous des prête-noms ou des personnes fictives.
La loyauté des procédés de campagne électorale exclut tout propos
diffamant, injurieux, mensonger, haineux, raciste, tribal ou violent28. La
diffamation, l’injure ou les violences sont, en période normale comme en celle
de campagne électorale, prohibées, voire condamnées. Le juge électoral les
apprécie souverainement en tenant, cependant, compte de la passion
qu’accompagne habituellement la campagne électorale. La bonne foi présumée
du candidat auteur de ces propos est, dans ce cas, susceptible d’orienter la
décision du juge, l’intention de nuire sera plus rarement retenue qu’en temps
normal.
Une polémique politique même violente ne constitue pas toujours une
manœuvre déloyale pour justifier l’intervention du juge. Pour être illégales ou
déloyales, les informations mensongères ou tendancieuses diffusées pendant la
campagne électorale doivent déterminer la conduite des électeurs au moment
du vote. Si graves qu’elles puissent apparaitre, ces informations ne sont
susceptibles de conduire à l’annulation d’un scrutin que dans la mesure où elles
auraient notablement influé sur les résultats électoraux.

25
Art. 27 de la Décision n° 052 bis/ CENI/ BUR/11 du 18 août 2011 portant mesures d’application de la
Loi électorale.
26
Les agents de carrière de service public de l’État, les magistrats, les membres des Forces armées, de la
Police nationale congolaise et des services de sécurité, à l’exception de ceux qui, en vue de leur éligibilité
ont, selon le cas, démissionné, sollicité la mise en disponibilité ou admis à la retraite.
27
Art. 31 de la Loi électorale.
28
Art. 34 de la Loi électorale.
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La campagne électorale 81

SECTION 4. LA RÉGLEMENTATION DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE


L’intervention du législateur dans l’organisation de la campagne électorale
permet aux candidats, partis ou regroupements politiques de peaufiner leurs
stratégies de propagande.

§1. L’IN
INTE RVENTIO
TER N DU LÉGISLATE
TION UR
TEU
Pour chaque type de scrutin, le législateur prend soin de fixer la période de
la campagne et les moyens de propagande électorale. Le point de départ de la
campagne est couramment déterminé, soit par le texte qui porte convocation
des élections, soit par les dispositions propres à chaque catégorie d’élections.
La loi électorale congolaise précise à ce sujet que la campagne électorale
s’ouvre trente jours au maximum avant la date du scrutin et s’achève vingt-
quatre heures avant cette date29. Cette durée diffère selon le type d’élection.
Pour l’élection du président de la République30, des députés nationaux31 et
provinciaux32, la campagne est de trente jours, elle est ouverte vingt-quatre
heures après la publication de la liste définitive des candidats et s’achève vingt-
quatre heures avant l’ouverture du scrutin. Ce délai est ramené à quinze jours
pour les candidats conseillers municipaux33, de secteur ou de chefferie34.
Pour l’élection de sénateur35, de gouverneur et de vice-gouverneur de
province36,de Conseiller urbain37, de maire et de maire adjoint38, de
bourgmestre et de bourgmestre adjoint39, de chef de secteur et de chef de
secteur adjoint, la durée de la campagne est de trois jours après la publication
de la liste définitive des candidats et s’achève vingt-quatre heures avant
l’ouverture du scrutin.
Relativement court, ce délai (trente, quinze ou trois jours) permet,
néanmoins, à chaque électeur de se faire une idée sur les différents projets
politiques en compétition, en vue d’un choix judicieux au moment du vote. Le
législateur détermine les moyens de campagne et leur utilisation.

29
Art. 28 de la Loi électorale.
30
Art. 110 de la Loi électorale.
31
Art. 125 de la Loi électorale.
32
Art. 150 de la Loi électorale.
33
Art. 196, al. 1er de la Loi électorale.
34
Art. 212, al. 1erde la Loi électorale.
35
Art. 138, al. 1erde la Loi électorale.
36
Art. 167, al. 1erde la Loi électorale.
37
Art. 179, al. 1erde la Loi électorale.
38
Art. 187, al. 1erde la Loi électorale.
39
Art. 203, al. 1erde la Loi électorale.
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82 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

A. Les moyens de la campagn


gnee
Les moyens de la campagne électorale dérivent, soit du Code électoral, soit
de la pratique rarement réglementée par le code.

1. Les moyens légaux


Parmi les moyens légaux autorisés pendant la campagne, les professions de
foi et l’utilisation des médias jouent un rôle capital.

1.1. Les professions de foi


La profession de foi est une déclaration de principe qu’un candidat, un parti
ou un regroupement politique fait en vue de convaincre les électeurs et
d’obtenir leurs suffrages. Elle traduit la vision politique, économique ou sociale
d’un candidat ou d’une liste et fait partie de son programme politique.
Rarement règlementée, la profession de foi est destinée à être diffusée sous
plusieurs formes, notamment le recours aux nouvelles technologies
d’information et de communication, aux dépliants ou l’utilisation des médias.

1.2. L’utilisation des médias


L’utilisation des médias à des fins de campagne électorale est autorisée.
L’importance qu’elle prend dans le domaine politique a conduit le législateur et,
quelques fois, le pouvoir réglementaire à ajuster l’usage par l’aménagement, à la
radio et à la télévision, des espaces permettant à chaque candidat de s’exprimer
et de présenter son projet politique.
Dans cette perspective, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la
communication veille au respect de l’égalité de production entre les candidats
pour la diffusion, dans les médias publics, de leurs activités, écrits, déclarations
ainsi que la présentation de leur personne40.En collaboration avec la
Commission électorale nationale indépendante, il arrête les conditions d’accès
aux médias publics, celles-ci devant être publiées un mois avant le début de la
campagne électorale41. Ces dispositions sont rarement observées et la sanction
est souvent aléatoire, voire inexistante.
L’utilisation des médias à des fins de campagne électorale procure aux
candidats la possibilité de « vendre leurs projets politiques », mais elle peut, en
cas de mauvaise prestation, se révéler contre productive en raison des
dérapages qui peuvent être enregistrés.
Pendant la campagne électorale, l’accès aux médias publics peut
s’accompagner de l’organisation d’un débat contradictoire radiotélévisé entre
les candidats en lice. Sans nécessairement être ordonnancé par un texte

40
Art. 33, al. 1er de la Loi électorale.
41
Art. 33, al. 2 et 3 de la Loi électorale.
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La campagne électorale 83

juridique, l’exercice qui n’est certainement pas uniforme dans tous les pays, est
devenu, au fil des années, une tradition démocratique.
Expérimentée pour la première fois, le 10 septembre 1974, à l’occasion du
second tour de l’élection présidentielle française qui a opposé Valery Giscard
d’Estaing à François Mitterrand, la pratique tire son fondement historique
d’une émission réalisée en Amérique, le 26 septembre 1960, lors du débat
radiotélévisé entre Richard Nixon et John Kennedy.
En Afrique, la coutume de débat télévisé en période de campagne électorale
est plutôt rare, les dirigeants au pouvoir qui la redoutent et préfèrent affronter
directement les électeurs. Il n’empêche que les quelques pays qui s’en sont
servis, ont rendu possible la visualisation des candidats à l’élection
présidentielle et leur évaluation virtuelle par les électeurs.
Qu’il s’agisse de la Côte d’Ivoire42, de l’Egypte43, du Kenya44 ou du
Madagascar45, l’organisation des débats télévisés a permis de se faire une idée
sur ceux qui dirigent l’Afrique ou prétendent en assumer la commande.
La réduction, en République démocratique du Congo46 du nombre de tours à
l’élection présidentielle a forcé le législateur à supprimer le débat contradictoire
radio télévisé entre les deux candidats en lice au premier tour47. Le Conseil
supérieur de l’audiovisuel et de la communication s’est vu obligé de n’organiser
que les temps d’antennes radiotélévisés égaux pour chaque candidat à l’élection
présidentielle.
Très attendu en 2006, ce débat n’a finalement pas eu lieu, les deux candidats
au second tour s’étant résolus, en raison du caractère particulièrement agité de
la campagne, de la méfiance réciproque et du souci de préserver un climat
politique relativement apaisé avant le scrutin, de s’exprimer séparément dans
les médias publics et privés qu’ils contrôlaient du reste48.

2. Les autres moyens d’usage


Une bonne campagne électorale préjuge la conception d’une stratégie de
mobilisation des moyens et d’évaluation des actions à mener. Pour ce faire, on
doit se rendre à l’évidence que les moyens légaux ne suffisent pas pour qu’il soit
autorisé à recourir à d’autres techniques que sont les réunions et rassemble-
ments politiques, l’apposition des affiches de campagne, la confection et la
distribution des tracts et autres coupures des journaux ainsi que l’utilisation des
nouvelles technologies de l’information et de la communication49.

42
Organisé, le 25 novembre 2010, entre Laurent GBAGBO et Alassane Dramane OUATTARA.
43
Aménagé, le 10 mai 2012, entre Amir MOUSSA et Abdel MONEIM ABOUL.
44
Organisé, le 13 février 2013, entre UHURU KENYATA et Raila ODINGA.
45
Préparé, le 4 décembre 2012, entre Jean-Louis ROBISON et Hery RAJAONARIMAMPIANINA.
46
Par la révision constitutionnelle du 21 janvier 2011.
47
Cette obligation légale fut contenue dans l’article 112 de la Loi électorale dans sa version du 9 mars
2006.
48
ESAMBO KANGASHE J.-L., La loi électorale, op.cit., pp. 86-87.
49
MALIGNER B, Droit électoral, op.cit., p. 371.
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84 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

2.1. Les réunions et rassemblements politiques


En démocratie, la liberté des réunions est un droit fondamental ; elle l’est
davantage dans le domaine électoral et ne peut être refusée ni détournée. Les
organisateurs des réunions et rassemblements politiques sont, néanmoins,
tenus de veiller à ce qu’ils ne troublent pas l’ordre public, ne violent la loi ni ne
portent atteinte aux droits garantis aux particuliers. Ils peuvent, à cette fin,
solliciter l’assistance des agents de la Police nationale congolaise50.
Plus qu’un lieu de diffusion de messages de campagne, les réunions et
rassemblements politiques se transforment, de nos jours, en assemblées
d’invectives et d’attaques personnelles, réduisant sensiblement l’intervention
du juge dans son rôle de régulateur de la vie politique.
Devant certaines violations de la loi électorale, le juge est parvenu tout de
même à développer une attitude d’impuissance, soit parce qu’il n’est pas du tout
saisi de ces violations, soit que, même saisi, il n’arrive pas à se faire une
conviction sur l’intention frauduleuse du contrevenant, soit encore que
l’influence du milieu ait été déterminante sur le comportement des électeurs.

2.2. Les affiches de campagne


Chaque législation organise la manière dont sont apposées les affiches aux
fins de la campagne électorale. De manière générale, le législateur ou l’autorité
revêtue du pouvoir réglementaire précise les endroits où les affiches de
campagne sont autorisées.
La loi électorale admet que soient apposées les affiches, les photos et autres
effigies de propagande électorale51 ; interdit l’apposition d’affiches, de photos ou
d’effigies de campagne à proximité du Bureau ou Centre de vote. Le panneau
autorisé doit être obligatoirement posé sur pied d’une surface maximale d’un
mètre carré et d’une hauteur maximale, à partir du sol, d’un mètre cinquante.
Toutes les affiches placées dans un rayon de cent mètres du Bureau ou Centre
de vote sont, par les soins des candidats qui les ont posées, impérativement
enlevées à la fin de la campagne électorale, soit vingt-quatre heures avant le
jour du scrutin52.
L’apposition des affiches de campagne dans les panneaux n’est pas d’une
réglementation uniforme, selon que les panneaux appartiennent ou non à l’État
et aux pouvoirs publics. Contrairement aux panneaux privés, la pose d’affiches,
de photos et d’effigies de campagne dans les panneaux publics est libre et
gratuite. La répartition des panneaux publics à des fins de campagne électorale
est aménagée par le pouvoir réglementaire.
En l’absence d’un précédent en droit congolais, le recours au droit comparé
français a facilité la constatation d’une diversité des recettes dans l’attribution

50
Art. 29 de la Loi électorale.
51
Art. 30 de la Loi électorale.
52
Art. 27 de la Décision n° 052 bis/ CENI/BUR/11 du 18 août 2011 portant mesures d’application de la
Loi électorale.
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La campagne électorale 85

des panneaux appartenant à l’État, tels que l’ordre alphabétique des candidats,
celui de dépôt des candidatures ou le tirage au sort par une commission ad hoc.
L’efficacité de chaque critère tient compte de deux facteurs, à savoir,
l’identification préalable des panneaux appartenant à l’État et la mise en place
d’une commission chargée de leur gestion en période de campagne électorale.

2.3. Les tracts et coupures des journaux


À l’instar des médias audiovisuels, la presse écrite joue un rôle capital dans
la diffusion du discours politique pendant la campagne électorale. La
distribution des magazines et autres coupures des journaux est autorisée, à
l’exception des tracts ; documents non signés et comportant habituellement des
informations mensongères, injurieuses, diffamatoires et malveillantes.
Pendant la campagne électorale, des fausses informations sur la nationalité
d’un candidat, sa fortune ou sa condamnation pour des faits infractionnels
peuvent contribuer à l’entretien d’une opinion contraire à son élection ou
induire une partie d’électeurs en erreur, pour que soient finalement faussés les
résultats du candidat concerné.
Saisi d’une contestation contre ces agissements, le juge s’emploiera à établir
le lien entre la diffusion, dans un tract, des fausses informations et les atteintes
portées à la liberté des électeurs. Les informations mensongères doivent créer
un doute ou une confusion dans les esprits des électeurs, au point de les faire
changer d’avis pour que le juge les considère comme déterminantes pour
ordonner, en conséquence, l’annulation du scrutin.
En droit français, le juge est parvenu à prononcer, dans un scrutin serré,
l’annulation d’une élection se fondant sur la diffusion, par le candidat élu ou à
son profit, d’un tract dénaturant53 par des artifices, le contenu de documents en
faisant croire qu’il s’agissait de documents authentiques et en accusant son
concurrent, qui répandait, lui, de documents authentiques, assimilant cette
attitude à une manœuvre grave, mettant en cause l’honorabilité d’un adversaire
politique54.
Constitue, également, une manœuvre destinée à altérer la sincérité du
scrutin, la diffusion à la veille du scrutin dans la presse d’un tract reproduisant
un article de presse paru plusieurs années plutôt et mettant en cause
l’honnêteté d’un candidat.
On notera, en revanche, que la dénonciation malveillante de la politique
menée à l’endroit d’une catégorie des personnes par une autorité territoriale
décentralisée ne suffit pas pour entrainer l’annulation d’un scrutin, si le
candidat mis en cause a pu, dans les délais, présenter sa défense. Il en est de
même d’un tract qui, tout en contenant des opinions désobligeantes
antérieurement exprimées par un adversaire politique, se limite à les réitérer,

53
CE, 1er février 1980, Élections cantonales de Rombas, Rec., p. 68.
54
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., p. 227.
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86 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

même à la veille du scrutin ou d’une lettre, quoique méchante, est dépourvue


du caractère injurieux ou diffamant55.

2.4. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication


Au nom de la liberté d’expression et de communication, les candidats, partis
ou regroupements politiques font, de plus en plus, recours en période de
campagne électorale aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Plusieurs législations sont, d’ailleurs, mises en contribution
pour en réglementer l’usage, certaines pratiques autorisant même la campagne
électorale sur le web, les blogs, les réseaux sociaux, la téléphonie cellulaire et
notamment les options messagerie et le répondeur.
Dans la pratique, les nouvelles technologies de l’information et de la
communication sont devenues des canaux privilégiés de diffusion et de
transmission de messages de campagne électorale, elles servent également à
rapprocher les candidats de leurs électeurs potentiels. Il se manifeste ainsi un
fort engouement vers la création des sites web, des réseaux sociaux et autres
blogs pour soutenir la campagne des candidats, partis ou regroupements
politiques.
Aux États-Unis d’Amérique, par exemple, 20 % d’électeurs considèrent
l’internet comme le meilleur endroit pour s’informer sur les candidats et leurs
politiques. Lors de la campagne électorale de 2004, plusieurs électeurs se sont
bousculés sur le web pour soutenir tel ou tel autre candidat, la pratique
américaine autorisant la campagne électorale au téléphone, même le jour du
scrutin.
Au Canada, l’on signale la manipulation remarquable, en 2006, de l’internet
dans la stratégie globale des partis politiques au point que des sites web, des
blogs et des vidéos humoristiques ont été créés pour séduire l’électorat.
En France, le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication a atteint son diapason, les électeurs et les candidats ayant
découvert des canaux rapides et privilégiés de diffusion des messages de
propagande politique. Parmi ces canaux, on cite l’usage de la téléphonie
cellulaire et notamment ses options messagerie et répondeur. Même si le
législateur est encore réservé pour en réglementer l’usage, le répondeur sert, à
l’instar de l’internet, comme moyen de communication et diffusion des thèmes
des propagandes électorales56.
Pendant les élections présidentielles et législatives brésiliennes du 3 et
31 octobre 2010, l’apport des nouvelles technologies de l’information et de la
communication a été déterminant dans le choix des électeurs.
Jadis considéré comme une chasse gardée des pays occidentaux et ceux dits
émergents, le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication en période électorale est devenu, nonobstant le retard pris dans

55
Idem.
56
MALIGNER B., Droit électoral, op.cit., p. 371.
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La campagne électorale 87

sa réglementation par les différentes législations, une réalité en Afrique. On


peut donc affirmer qu’à défaut d’être invitées, ces technologies ont fait leur
incursion et deviennent incontournables dans les campagnes électorales dans le
continent.
En vue des élections générales du 21 avril 2009, les partis politiques sud-
africains se sont mobilisés pour amorcer une percée remarquable sur le net,
mobilisant du coup face book, Twitter et autres blogs pour diffuser et soutenir
les messages de campagne électorale.
Au Ghana, la campagne pour l’élection présidentielle du 7 décembre 2012
s’était remarquablement déroulée sur l’internet et les réseaux sociaux, certains
candidats ayant créé leurs propres pages face book, d’autres visibles sur
Twitter, d’autres encore se servant de l’option messagerie de leurs téléphones
portables. Le même exercice a été expérimenté pendant la campagne pour
l’élection présidentielle au Kenya (5 mars 2012), au Sénégal (26 décembre
2012), au Zimbabwe (31 juillet 2013), voire aux élections législatives togolaises
(25 juillet 2013). La pratique a atteint la République démocratique du Congo en
2011, même si l’usage qui est, de plus en plus, fait a conduit à des abus.
Par la communication et le nombre d’électeurs virtuels qu’elles atteignent en
temps réel, les nouvelles technologies de l’information et de la communication
sont bénéfiques à ceux qui s’en servent. La prise en charge du recours à cette
nouvelle technique de propagande électorale et la moralité des utilisateurs
posent cependant le sérieux problème de fiabilité des informations diffusées et
l’identification des auteurs. La gestion de risques des abus étant limitée, la voie
de la cybercriminalité parait largement ouverte.
Le mauvais usage de cette technique de propagande a, toute fois, conduit
certaines législations à en réglementer l’utilisation. La loi française n° 2011-412
du 14 avril 2011 (art. L. 48-1) prévoit, par exemple, des dispositions
particulières pour l’encadrement de la campagne électorale sur internet. Elle
interdit notamment la diffusion des messages diffamants, injurieux ou ayant un
caractère répréhensif. Cette législation peut ainsi servir de référence aux
législations africaines dans la réglementation de l’utilisation, en période de
campagne électorale, des nouvelles technologies de l’information et de la
communication.
Le financement de la campagne électorale réalisée à travers les nouvelles
technologies de l’information et de la communication semble difficile à
contrôler parce que souvent favorisé par le phénomène de blanchiment des
capitaux57. La seule réglementation ne pouvant pas suffire pour en réduire les
effets négatifs, une éducation civique et électorale parait, si elle est bien
organisée, pallier à certaines insuffisances légales.

57
KOUTOUZIS M. et THONY J.-F., Le blanchiment, Paris, PUF, Coll. Que sais-je ?, 2005, pp. 4-5.
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88 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

B. La surveillance de la campagne électorale


Les enjeux et la passion de campagne électorale incitent souvent à la
violation des dispositions légales pour que soit admise l’idée de sa surveillance.
Traditionnellement assurée par les candidats, partis ou regroupements
politiques ainsi que leurs représentants et témoins, la surveillance d’une
campagne électorale fait de plus en plus intervenir d’autres acteurs tels que
l’autorité de régulation des médias, les observateurs électoraux et les
journalistes ; leurs actions participent, de nos jours, à la réduction du divorce
souvent constaté entre les dispositions du Code électoral et la réalité de la
campagne électorale.
Une autre dimension de surveillance de la campagne électorale est offerte
par l’intervention du juge qui peut, à l’occasion du règlement du contentieux,
ordonner, en tout ou en partie, l’annulation d’une élection.
Dans la pratique, cependant, l’intervention du juge peut, compte tenu du
contexte particulier de chaque campagne et des enjeux politiques qu’elle
procure, se révéler inefficace, l’exécution de ses décisions se heurtant à
l’influence peu intimidante à l’égard des candidats ou électeurs récalcitrants. Il
est, en effet, difficile de sanctionner doublement un candidat ou un électeur qui
n’a pas obtempéré (refus de retirer des effigies de campagne superposées,
maintien des propos mensongers ou calomnieux à l’égard d’un adversaire
politique…), pendant la campagne électorale dont la durée est relativement
courte, à la décision du juge ordonnant, par exemple, l’annulation d’une
campagne électorale illégale ou irrégulière.

§2. LA PART DES CANDIDATS, PARTI


TIS
S OU REGROUPEMENTS POLIT
ITIQ
IQU
UES
En vue de s’assurer les suffrages des électeurs pendant le vote, les candidats,
partis ou regroupements politiques doivent soigneusement préparer leur
campagne électorale, peaufiner des stratégies efficaces et capables d’être
régulièrement évaluées.

A. La préparation de la campagne électorale


La participation à une campagne électorale ne s’improvise pas, elle se
prépare et son exercice est bénéfique pour les compétiteurs politiques et leurs
équipes de campagne. Un candidat à une élection doit avoir à l’esprit que la
conquête du pouvoir politique se cristallise autour de l’anticipation et la
compétition, mieux de l’anticipation dans la compétition58.
L’anticipation procède de la capacité qu’a un candidat, parti ou
regroupement politique de connaître, de maîtriser et de gérer le temps à sa

58
TRETARRE F., Campagnes électorales, Paris, Gualino, Lextenso éditions, 2012, p. 20.
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La campagne électorale 89

disposition, chaque instant devant être mis à profit pour atteindre l’objectif
poursuivi. Plus, on démarre tôt sa campagne, plus celle-ci gagne en
compétitivité et procure les chances de succès ; il faut donc éviter d’être
essoufflé par une campagne prématurée et trop longue.
La préparation d’une campagne électorale ne commence pas au moment de
la convocation de l’électorat ou le premier jour du lancement officiel de la
campagne. À cette date, en effet, le candidat le mieux organisé doit avoir
préparé et mobilisé sa stratégie de campagne. On ne doit pas perdre de vue que
la compétition électorale oblige le candidat ou les listes à ne rien sous-estimer,
ni surestimer. Quelle que soit la taille de la circonscription électorale, le nombre
d’électeurs et le poids des adversaires politiques, une compétition électorale
n’est jamais passive ni purement rationnelle, c’est un affrontement intensif, et
le compétiteur ne doit pas minimiser la capacité de nuisance de ses rivaux ou
autres acteurs impliqués.
Dans la démarche compétitive, les possibilités d’erreurs ne manquent pas,
elles sont nombreuses et variées ; il importe, donc, de les connaître et, au
besoin, les minimiser en vue d’accroître les chances de succès de sa campagne.
Pour ce faire, il convient d’évaluer, sur la base des informations de terrain, les
facteurs susceptibles d’influer lors de la campagne, la situation particulière du
candidat ou de la liste, avant d’envisager toute autre stratégie de campagne.
L’observation des élections générales de 2006 et 2011 révèle qu’associées au
déficit d’éducation civique et électorale, les insuffisances dans la préparation de
la campagne électorale ont rendu hypothétique la victoire de bon nombre
d’acteurs politiques.

B. Les méthodes utilisables pendant la campagn


gnee électorale
Au moment de la campagne électorale, la propagande doit, certes, reposer
sur un discours séduisant, mais appuyé par un marketing politique minutieu-
sement préparé59. Dans les États fascistes où elle a été utilisée sur une large
échelle, on recourt à une gamme de techniques méthodiquement dressées.
La campagne procède, ensuite, par une affirmation brutale déniée de toute
nuance. Elle glorifie les actions de son camp tout en diabolisant celles de l’autre.
Une telle technique réduit, en effet, l’esprit critique au profit d’un discours
démagogique proche de la flatterie. Pour justifier les limites de ses actions, le
gouvernement « propagandiste » a tendance à trouver dans l’opposition des
boucs émissaires qui l’empêcheraient de réaliser sa politique. En vue d’obtenir
une large adhésion au programme gouvernemental, les gouvernants mettent,
par la propagande, l’accent sur les sacrifices à consentir pour conquérir, dans
l’avenir, un bonheur parfait ou la construction d’un éventuel paradis ; elle fait
miroiter un avenir radieux aux citoyens.

59
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 130.
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90 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La campagne recourt exagérément au discours obsessionnel s’appuyant


souvent sur les slogans soigneusement repérés par les journaux, les livres, le
cinéma, la radio, la télévision, les discours officiels, la musique, les effigies des
chefs sur les édifices publics et privés. Il s’agit de faire pénétrer dans l’esprit du
citoyen l’image de ses gouvernants dans une sorte de mise en condition.
De manière générale, la campagne conserve un caractère mystique et quasi-
religieux comportant en même temps une certaine adoration pour la nation, son
chef et le parti. Elle suggère de faire l’économie de l’intelligence pour se
concentrer sur quelques passions élémentaires telles que l’orgueil national,
l’esprit révolutionnaire, la haine ethnique ou religieuse ; seule une poignée
d’intellectuels institutionnels affichent d’être convaincus par le raisonnement
qui y est développé60.

C. L’é gnee électorale


’évvaluation de la campagn
Les ressources humaines, matérielles et financières à la disposition d’un
candidat ou d’une liste influent largement sur la nature et le degré d’actions de
campagne à mener. Moins organisé, ce secteur risque de réduire l’efficience
d’une campagne électorale. À l’inverse, une campagne électorale mieux
organisée avec des méthodes de gestion rationnellement utilisées procure le
bénéfice d’une amélioration sensible de l’efficacité des ressources mobilisées et
des actions à mener.
Tout au long de la campagne électorale, le choix d’un siège61 où doivent se
réunir les équipes de campagne, est capital. Dans la pratique, cet endroit n’est
que rarement connu des électeurs et même des colistiers, pendant qu’il
constitue le cadre, par excellence, dans lequel sont censées se dérouler les
réunions de montage des stratégies de campagne.
Outre le siège, le candidat devait disposer d’une ou plusieurs permanences
pour accueillir et informer les électeurs. Ce lieu constitue une vitrine
permettant d’accroître la visibilité politique du candidat ou de la liste, facilitant,
pour le parti, son implantation nationale.
À la différence d’une permanence, le siège de campagne doit être situé dans
un endroit facilement accessible aux électeurs. Même si, l’acquisition ou la
location d’un siège de campagne peut s’avérer coûteuse, elle est un moyen
nécessaire au bénéfice des actions et de gestion efficiente d’une campagne
électorale. Ce lieu sert de cadre d’organisation des matinées politiques,
d’évaluation des actions déjà menées ou à mener ainsi que de la collecte et de
traitement de données électorales, à ce compris les résultats électoraux.
L’organisation d’une campagne électorale exige, en définitive, une
répartition horizontale et verticale des tâches entre les candidats, les équipes de
campagne et les électeurs.

60
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 130.
61
En Afrique, ce lieu est souvent établi soit dans les sièges des partis, soit dans des cafés, soit encore dans
les domiciles des candidats ou des présidents des partis politiques.
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La campagne électorale 91

SECTION 5. LE FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE


Dans la perspective de la conquête du pouvoir, tout candidat, parti ou
regroupement politique doit s’efforcer à réunir les moyens de sa campagne.
Certaines législations autorisent le financement public des activités politiques,
option qui se justifie par le souci de contribuer au renforcement de l’expression
démocratique et à la transparence des patrimoines des élus.
Le financement public de la campagne électorale est d’une règlementation
variée, plusieurs pays62, ayant, selon des fortunes diverses, consacré le principe
avec les différences d’application. La République démocratique du Congo
organise le financement public des activités politiques et électorales63. L’étude
de son fondement induit sur celle de ses modalités d’application et de son
contrôle.

§1. LE FONDEMENT DU FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTO


TOR
RALE
Le financement de la campagne électorale a un fondement constitutionnel et
légal. La Constitution congolaise du 18 février 2006 reconnait le pluralisme
politique et l’existence des partis politiques à qui elle confère le rôle de
concourir à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience
nationale et à l’éducation civique. Elle indique que les partis politiques peuvent
recevoir de l’État des fonds publics destinés à financer leurs campagnes
électorales ou leurs activités, dans les conditions définies par la loi64.
Le financement de la campagne contribue à la moralisation de la vie
publique et à la transparence des patrimoines des élus, notamment le président
de la République, les membres du gouvernement central et des exécutifs
provinciaux. La Constitution congolaise fait obligation au président de la
République et à chaque membre du gouvernement central de déposer, avant
leur entrée en fonction et à l’expiration de celle-ci, la déclaration écrite de leurs
patrimoines familiaux devant la Cour constitutionnelle. Cette déclaration
énumère les biens meubles, actions, parts sociales, obligations et autres valeurs
y compris les comptes en banque.
Doivent également être mentionnés dans la déclaration du patrimoine
familial, les biens immeubles, terrains non bâtis, forêts, plantations et terres
agricoles, mines et tous les autres immeubles, avec indication des titres
pertinents ; ceux du conjoint selon le régime matrimonial, des enfants mineurs
et majeurs, mais à charge du couple. La Cour constitutionnelle communique la
déclaration à l’administration fiscale.

62
Comme l’Allemagne (en 1967), l’Autriche, le Cameroun, l’Espagne (en 1985), les États-Unis
d’Amérique (en 1974), la Finlande (en 1966), la France (en 1988), l’Italie (en 1974), le Japon (en 1975),
le Québec (en 1977), le Royaume-Uni (en 1854), la Suède (en 1966).
63
Journal Officiel de la République démocratique du Congo, n° 13 du 1er juillet 2008, col. 5 et 6.
64
Art. 6 de la Constitution du 18 février 2006.
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92 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Lorsque la personne concernée par cette obligation refuse de s’y conformer,


endéans les trente jours, elle est réputée démissionnaire. En cas de non-
déclaration du patrimoine dans les trente jours qui suivent la fin des fonctions,
de déclaration frauduleuse ou de soupçon d’enrichissement sans cause, la Cour
constitutionnelle65 ou la Cour de cassation66 est saisie, selon le cas67.
Pour les membres des exécutifs provinciaux, cette obligation est, aux termes
de la Loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces68, accomplie devant la Cour
administrative d’appel, la Cour de cassation étant saisie, encas de déclaration
fraudeuse ou de soupçon d’enrichissement sans cause, par les soins du
Procureur général près cette Cour69.
Prise en exécution de la Constitution, la Loi n° 085/005 du 10 juin 2008
portant financement public des activités politiques autorise l’État de
subventionner les dépenses couvrant les activités permanentes des partis
politiques et celles consacrées à l’organisation des campagnes électorales70.
Postérieur à la tenue d’une élection71, ce financement a un caractère
subsidiaire parce qu’intervenant à titre d’appui étatique aux ressources propres
des partis politiques, provenant de cotisations des membres, des dons et legs,
des revenus réalisés à l’occasion des manifestations ou des publications, des
opérations mobilières et immobilières72.
Le financement public des activités politiques ne constitue, donc, pas une
source d’enrichissement personnel, son montant devant être, chaque année,
inscrit dans la loi des finances publiques et sa hauteur ne pouvant être inférieur
à 0,5 % ni supérieur à 1 % de la totalité des recettes à caractère national
revenant à l’État. La participation de l’État au financement des campagnes
électorales doit être inscrite dans la loi des finances de l’année qui précède
l’organisation de chaque consultation électorale et fixée à 2 % des recettes
nationales.
En vue d’assurer la transparence dans la gestion des subventions mises à la
disposition des partis politiques pour le financement de leurs activités, une
Commission interinstitutionnelle placée sous l’autorité du ministre ayant les
affaires intérieures dans ses attributions a été prévue73. Composée de délégués
des services administratifs des ministères ayant dans leurs attributions les
affaires intérieures, le budget, les finances, de délégués de l’Assemblée nationale
et du Sénat ainsi que de ceux de la Commission électorale nationale
indépendante, cette Commission émarge au budget de l’État.

65
Pour le président de la République et le premier ministre.
66
Pour les autres membres du gouvernement.
67
Art. 99 de la Constitution.
68
Journal Officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial du 7 septembre 2009, p. 5.
69
Art. 24 de la Loi du 31 juillet 2008.
70
Exposé des motifs de la Loi, col. 5.
71
Art. 8 de la Loi du 10 juin 2008.
72
Art. 22 de la Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis
politiques, Journal officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial du 18 mars 2004.
73
Art. 11et 12 de la Loi du 10 juin 2008.
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La campagne électorale 93

La loi ne réglemente pas le financement des activités réalisées par les


regroupements politiques, pas plus elle ne s’occupe de la gestion des dons privés
consentis à l’occasion d’une élection dont on sait qu’ils peuvent être source de
blanchiment d’argent, d’enrichissement personnel et de détournement de
deniers publics.

§2. LES MODALITÉS DE FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTO


ITÉS RALE
TOR
En vue du financement des campagnes électorales, le législateur congolais ne
fait pas de distinction entre les différentes catégories de scrutin (présidentiel,
législatif, provincial, urbain, municipal ou local), toutes les élections ayant été
globalement prises en compte. Une légère différence apparaît entre le
financement des activités permanentes des partis politiques de celles accomplies
pendant la campagne électorale.
Une fois disponibilisés, les fonds destinés au financement des campagnes
électorales74 sont répartis entre les partis politiques représentés au moins à une
des assemblées délibérantes, proportionnellement au nombre de leurs élus. Il
s’agit de l’Assemblée nationale, du Sénat, de l’Assemblée provinciale, du
Conseil urbain, du Conseil municipal et du Conseil de Secteur ou de Chefferie75.
Pour être éligible au financement public, le parti politique doit être
régulièrement enregistré au ministère ayant les affaires intérieures dans ses
attributions, avoir un siège connu et attesté par un titre de propriété ou un
contrat de bail, disposer d’un compte bancaire ayant un solde débiteur d’au
moins 2 500 000 francs Congolais, tenir une comptabilité régulière et disposer
d’un inventaire de ses biens meubles et immeubles et produire une attestation
fiscale du dernier exercice. Il doit tenir compte de la parité homme-femme lors
de l’établissement des listes électorales et introduire une demande écrite à la
Commission interinstitutionnelle prévue par la loi76.
Répondant à la question du Sénateur Modeste Mutinga Mutuishayi77 sur le
nombre des partis politiques qui ont déposé une déclaration de patrimoine et la
source de leurs revenus, le ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et
Affaires Coutumières indique que :

dans leurs rapports financiers déposés à mon ministère, bon nombre de partis
politiques ne présentent pas leurs attestations fiscales délivrées par la Direction
Générale des Impôts. Sur un échantillonnage de 81 partis politiques visités tout
récemment par la commission mise en place, 32 seulement ont, ne fût-ce que qu’un

74
Art. 10 de la Loi du 10 juin 2008.
75
Art. 7 de la Loi du 10 juin 2008.
76
Art. 3 de la Loi du 10 juin 2008.
77
Du Mouvement pour la Solidarité et le Renouveau, parti politique de la majorité présidentielle.
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94 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

siège, dans une maison prise en location, celle de son président national ou son
autorité morale, si ce n’est dans une maison d’un cadre du parti78.

En tout état de cause, on note qu’ajoutée à l’inexistence de la Commission


interinstitutionnelle chargée de matérialiser le financement public des activités
politiques, l’absence des fonds disponibles dans la loi des finances, rend
ineffective cette exigence légale ouvrant du coup la voie à la rétribution non
contrôlée des activités électorales ; aucun candidat aux élections présidentielles
et législatives de 2006 et 2011 n’ayant dévoilé les sources de financement de sa
campagne.

§3. LE CONTRÔLE DE FIN


TRÔ INAANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
TOR
Les fonds publics destinés au financement des activités politiques sont
soumis à un double contrôle administratif et juridictionnel. Aux termes de la
loi, les subventions que l’État met à la disposition des partis politiques pour
couvrir les dépenses liées à leur fonctionnement et aux activités de campagnes
électorales sont fixées et mises à leur disposition par la Commission
interinstitutionnelle ; celle-ci ayant pour mission de tenir le fichier des partis
éligibles aux financements publics, d’examiner les demandes de financement,
de déterminer les modalités pratiques d’octroi des crédits aux partis politiques
bénéficiaires.
La Commission a également compétence de fixer le mode de calcul des
crédits à allouer, selon un coefficient de pondération variant de l’Assemblée
nationale et du Sénat aux organes délibérants locaux, de déterminer les
montants de crédits à allouer aux partis politiques, d’ordonner le virement des
crédits aux comptes bancaires des partis politiques bénéficiaires, d’examiner les
rapports de gestion des subventions accordées aux partis politiques par l’État ;
rapports dont les copies sont transmises à la Cour des comptes, aux institutions
représentées en son sein et au ministre ayant les affaires intérieures dans ses
attributions.
La Commission interinstitutionnelle examine les recours éventuels des
partis politiques contre la décision de refus d’octroi des crédits et rend sa
décision dans les quinze jours de leur réception. Passé ce délai, la requête est
réputée fondée. En cas de rejet d’octroi des crédits, le parti concerné est
autorisé à saisir, dans le délai de quinze jours, le Conseil d’État qui statue dans
le mois de sa saisine. Passé ce délai, le recours est réputé fondé79.
L’administration par la Commission des subventions publiques allouées aux
partis politiques obéit aux règles de la comptabilité publique et soumise au

78
Réponse de Monsieur Richard MUYEJ MANGEZE, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation
et Affaires Coutumières à la question d’actualité du Sénateur Modeste MUTINGA sur la problématique
de la création, de l’organisation et fonctionnement des partis politiques en République démocratique du
Congo, Senat-Séance du 2 mai 2014, Kinshasa, Palais du Peuple, 2014, inédit, pp. 11-12.
79
Art. 15 de la Loi du 10 juin 2008.
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La campagne électorale 95

contrôle de la Cour des comptes80. Sans préjudice des dispositions de l’article 21


de la loi sur les partis politiques, ces derniers s’engagent à déclarer leurs
dépenses de fonctionnement, au plus tard le 31 mars de chaque année, et les
dépenses électorales, au plus tard trois mois après le scrutin. Conformément à
ses statuts, chaque parti désigne, pour la gérance des fonds reçus de l’État, un
gestionnaire national et des gestionnaires locaux. Il en informe la Commission
et le ministre ayant les affaires intérieures dans ses attributions81.
Le législateur organise le processus de traçabilité et la transparence de
l’administration, par les partis politiques, des subventions reçues de l’État en
obligeant leurs gestionnaires locaux de faire régulièrement parvenir, au
gestionnaire national, les états financiers à l’effet de l’établissement, au profit de
la Commission, en trois exemplaires, d’un rapport financier sur les dépenses de
fonctionnement et/ou les dépenses électorales82. À la diligence du ministre
ayant les affaires intérieures dans ses attributions, ce rapport est publié au
Journal Officiel de la République83.
Une fois en possession du rapport, la Commission l’examine et statue, le
parti entendu, dans les deux mois de sa réception. Passé ce délai, le rapport est
réputé approuvé. Le rapport final que dresse la Commission inter-
institutionnelle indique le montant total des dépenses engagées pour le
fonctionnement ou pour la campagne électorale, les observations éventuelles,
toute violation de la loi et, selon le cas, la mention« lu et approuvé », « lu et
approuvé sous réserve » ou « lu et rejeté ».
En cas d’approbation sous réserve ou de rejet du rapport financier d’un parti
politique, la Commission le lui retourne avec des remarques écrites et motivées.
Le parti politique concerné par le rapport contesté dispose d’un délai d’un mois
pour répondre aux observations formulées84, à défaut, il encourt des sanctions
prévues par la loi pénale, notamment pour faux en écriture, usage de faux ou
détournement des deniers publics.
Dans le domaine électoral, le contrôle du financement de la campagne
électorale est, en raison des modalités auxquelles elle fait actuellement recours
(campagne appuyée par les nouvelles technologies de l’information et de la
communication), rendu de plus en plus difficile au point de préparer le lit au
phénomène de blanchiment des capitaux qui vise à cacher ou à déguiser
l’identité de revenus obtenus illégalement, afin de les faire apparaitre, par la
suite, comme provenant de sources légitimes85. Juridiquement réprimé86, le
blanchiment des capitaux est, en réalité, pratiqué par des acteurs politiques
socialement puissants et économiquement soutenus.

80
Art. 16 de la Loi du 10 juin 2008.
81
Art. 18 de la Loi du 10 juin 2008.
82
Art. 19-20 de la Loi du 10 juin 2008.
83
Art. 24 de la Loi du 10 juin 2008.
84
Art. 24 de la Loi du 10 juin 2008.
85
KOUTOUZIS M. et THONY J.-F., Le blanchiment, op.cit., pp. 3-5.
86
Par la Loi n° 04/016 du 18 juillet 2004 portant lutte contre le blanchiment des capitaux et financement
du terrorisme, Journal Officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial, juillet 2004.
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CHAPITRE IV

L’ÉLECTION

Portée à recevoir diverses interprétations, la notion d’élection est, en soi,


difficile à percevoir, tant elle se confond souvent avec d’autres qui lui sont
proches, à savoir le vote, le scrutin, le mode de scrutin ou le système électoral.
L’élection est une opération qui permet au collège électoral d’investir une ou
plusieurs personnes d’un mandat politique ou d’une fonction publique. Par elle,
le peuple parvient à faire connaitre son opinion sur la désignation de ses
dirigeants et, conséquemment, de leurs orientations politiques. La régularité
d’une élection participe donc à la vitalité démocratique d’une nation.
Par vote, on entend l’acte au moyen duquel un électeur ou un membre d’une
assemblée délibérante concourt à un scrutin en exprimant, selon la procédure
prévue, son opinion. Le vote autorise, donc, un électeur d’opérer un choix entre
plusieurs candidats ou orientations politiques en présence. S’exerçant de
plusieurs manières (main levée, assis et debout, appel nominal, dépôt d’un
bulletin dans l’urne ou par acclamation, bloqué, calibré), le vote traduit, en
outre, le résultat global des voix obtenues à l’issue d’un scrutin.
Le scrutin, quant à lui, est un ensemble d’actes qui contribuent à l’opération du
vote proprement dit. Il peut s’agir du dépôt du bulletin dans l’urne, du
dépouillement, de la centralisation et de la proclamation des résultats électoraux.
À l’opposé du scrutin, le système électoral est constitué d’un ensemble de
règles juridiques qui conduisent à l’élection d’un candidat ou d’une liste.
Regroupant plusieurs modalités d’exercice du droit de vote ou de suffrage et,
particulièrement, du calcul des résultats, le système électoral est, soit
majoritaire, soit proportionnel, soit mixte.
Par mode de scrutin, on entend les techniques d’organisation d’un vote ou,
plus exactement, celles destinées à départager les candidats à une élection. Si le
nombre de systèmes électoraux est, généralement, limité à deux (système
majoritaire et le système proportionnel), les modes de scrutin sont, au
contraire, plus nombreux. Ainsi, le système majoritaire peut être à un ou à
deux tours, uninominal ou de listes, de même que le système proportionnel est
susceptible de varier entre la règle du plus fort reste, celle de la plus forte
moyenne, les apparentements ou le système d’Hondt.
La présentation des systèmes électoraux rend aisée l’analyse du découpage des
circonscriptions électorales et des principales étapes du processus du vote. Une
attention particulière va être portée sur l’étude des techniques de déformation de la
volonté du corps électoral connues sous le nom de la fraude électorale.
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98 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

SECTION 1. LES SYSTÈMES ÉLECTORAUX


L’origine des systèmes électoraux est ancienne, même si les applications qui
en ont été faites se sont régulièrement prêtées à l’évolution de la société. On
admet que par nature, un système électoral n’est jamais neutre, il est également
tributaire de la représentation des forces politiques et sociales au sein des
assemblées parlementaires.
Plus qu’une question technique, le choix d’un système électoral est
principalement dicté par les considérations politiques que l’on découvre
fréquemment dans l’état d’esprit de l’opinion publique, du résultat politique à
atteindre et des enjeux en présence. Aussi, la majorité au pouvoir est-elle
régulièrement tentée de faire adopter, par le parlement, un mode de scrutin qui
lui parait le plus favorable, bien que dans ce domaine, le consensus avec
l’opposition est toujours un élément important de la stabilité politique.
On gardera à l’esprit qu’aucun système électoral n’est, à priori, meilleur et
plus avantageux ; tout dépend, en effet, de sa connaissance et de la finalité
poursuivie par le législateur. Sur ce point précis, les législations nationales sont,
quotidiennement, confrontées au choix entre le système majoritaire et la
représentation proportionnelle, même si le recours aux systèmes mixtes hâte
encore certains pays.

§1. LE SYSTÈME MAJORITA


TÈM IREE
ITAIR
La présentation de la notion induit sur l’analyse de ses avantages et
inconvénients.

A. Notions sur le système majoritaire


Le système majoritaire tire sa source dans la monarchie avant de caresser les
habitudes électorales des Républiques. Conférant un mandat électif aux seuls
candidats ou listes qui, à l’issue d’un scrutin, ont obtenu le plus grand nombre
des suffrages exprimés, le système majoritaire est, à l’occasion des élections
présidentielles et législatives, encore pratiqué dans nombreux États d’Europe1,
d’Amérique2, d’Afrique3 ou d’Asie4. La légitimité politique qu’il confère induit
sur la variété et la vitalité de ses manifestations pour qu’à côté du scrutin
uninominal, soient envisagés ceux des listes, à un ou à deux tours.

1
Dont le Danemark, la France, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou la Suède.
2
Tels que le Canada, les États-Unis d’Amérique ou dans les Îles de Caraïbes.
3
Notamment le Cameroun, le Mali, la République démocratique du Congo et plus globalement les
anciennes colonies britanniques.
4
Comme le Bangladesh, l’Inde, la Malaisie, le Népal, la Nouvelle-Zélande (qui l’a abandonné en 1993 au
profit de la représentation proportionnelle) ou le Pakistan.
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L’élection 99

1. Le scrutin majoritaire uninominal


Le scrutin majoritaire uninominal est celui qui, dans chaque circonscription,
attribue le seul siège en compétition au candidat qui a obtenu le plus grand
nombre des suffrages exprimés. C’est la forme traditionnelle du système
majoritaire qui conduit à l’élection, dans chaque circonscription, d’un seul
candidat. Ce mode de scrutin suppose, naturellement, que le territoire national
soit divisé en autant de circonscriptions qu’il ya des sièges à pourvoir dans une
assemblée délibérante.
Classiquement appliqué au Royaume-Uni et dans certains pays qui ont subi
l’influence politique britannique (le Bangladesh, le Canada, les États-Unis
d’Amérique, l’Inde, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Népal ou le Pakistan),
le système majoritaire uninominal participe à l’établissement des rapports
directs et personnels entre les électeurs et leurs élus. La connaissance du
candidat prévaut maturément sur l’idéologie ou le projet politique présenté par
le parti ou regroupement politique.
Le scrutin majoritaire uninominal peut être à un ou deux tours. Encore
d’usage dans les pays attachés au bipartisme, le scrutin uninominal à un tour
conduit à l’élection, quel que soit le pourcentage des suffrages obtenus, du
candidat ou de la liste arrivée en tête. La majorité relative étant suffisante, le
droit de représentation parlementaire n’est soumis à aucune autre forme de
majorité. Les pays à forte fragmentation de l’opinion publique, s’en servent
également, même si le recours au scrutin majoritaire uninominal à deux tours
oblige les candidats ou les listes à consentir un effort remarquable à la
maximisation des voix, la majorité absolue des suffrages exprimés étant, de plus
en plus, difficile à obtenir au premier tour.

2. Le scrutin majoritaire plurinominal ou des listes


Le scrutin majoritaire plurinominal est également qualifié de scrutin des
listes. Il est d’application dans les circonscriptions comportant plusieurs sièges à
pourvoir et dans lesquelles les électeurs sont invités à voter en faveur d’un
nombre élevé de candidats se présentant, soit à titre individuel, soit sur des
listes ; ce qui suppose l’existence des circonscriptions électorales, certes moins
nombreuses mais, géographiquement, plus étendues.
Pratiqué au moment de la désignation du collège des grands électeurs aux
États-Unis d’Amérique, ce système restreint, naturellement, les relations entre
l’électeur et l’élu à cause, certainement, de la présence des intermédiaires
constitués des partis ou regroupements politiques. Il aboutit au choix, non pas
d’un homme, mais d’une liste et de son orientation politique.
Le scrutin majoritaire plurinominal peut s’accommoder de la nature ouverte
ou bloquée de la liste. Les listes sont dites bloquées, lorsque le nombre des
candidats retenus est égal à celui de sièges à pourvoir dans une circonscription,
les électeurs ne pouvant en modifier la composition, ni l’ordre de présentation
des candidats. À l’opposé, les listes ouvertes donnent la possibilité aux électeurs
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100 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

de connaître la composition et l’ordre de présentation des candidats dans une


liste électorale.
Il importe d’observer que la liberté de l’électeur dans l’établissement de la
liste des candidats varie selon qu’on lui reconnaît ou non le droit de modifier la
liste présentée par l’administration électorale. Plusieurs techniques s’offrent à
ce système, notamment le panachage, le vote préférentiel ou le vote bloqué.
• Le panachage est une technique qui laisse à l’électeur la possibilité
d’établir, dans une circonscription et à partir des listes de
l’administration électorale, sa propre liste. Il autorise les électeurs de
rayer, sur leurs propres listes, les noms des certains candidats pour les
remplacer par d’autres, de leur choix, mais figurant sur d’autres listes.
Selon cette technique, les candidats élus sont ceux dont les noms sont
repris sur la majorité des listes établies par les électeurs.
Très complexe dans son application, la technique de panachage
s’accommode du vote capacitaire, elle implique une formation adéquate
et continue des électeurs et du personnel de l’administration électorale.
• Le vote préférentiel conduit à la modification, par chaque électeur, de
l’ordre de présentation des candidats sur la liste de l’administration
électorale, l’électeur étant autorisé à classer, selon l’ordre de sa
préférence, les candidats d’une même liste. Est ainsi élu, le candidat qui a
été préféré par la majorité d’électeurs dans l’établissement de leurs listes.
Bien que favorisant la liberté de l’électeur dans le choix des candidats, le
vote préférentiel rend, cependant, difficile le dépouillement des résultats
électoraux, ce qui fait que son usage est, de plus en plus, rare.
• Le vote bloqué ne donne aucune possibilité de panachage ni de vote
préférentiel, l’électeur est tenu de ne voter que pour la liste entière telle
que présentée par l’administration électorale. Sont élus en application de
cette technique, les candidats placés en tête des listes établies par les
électeurs en concurrence du nombre de sièges à pourvoir dans la
circonscription.

3. Le scrutin majoritaire à un ou à deux tours


Le scrutin majoritaire est dit à un tour, lorsqu’à l’issue d’une élection, le
candidat élu obtient le plus grand nombre de suffrages exprimés. Dans les pays
qui organisent un seul tour de l’élection présidentielle, celle-ci est acquise à la
majorité simple ou relative des suffrages exprimés. Dans l’hypothèse où le
scrutin est organisé à deux tours, seul le candidat qui, au premier tour, a obtenu
la majorité absolue des suffrages valablement exprimés est proclamé élu ; la
majorité absolue étant constituée de plus de la moitié des suffrages exprimés. Si
cette majorité n’a pas pu être dégagée au premier tour, un second tour doit être
obligatoirement organisé où ne sont admis que les deux candidats arrivés en
tête des voix au premier tour. Pour être élu à ce second tour, il suffit d’avoir la
majorité relative des suffrages exprimés. Ce système s’applique, selon les pays,
pour les élections présidentielles et législatives (Côte d’ivoire, France,
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L’élection 101

Mauritanie ou Mali) ou séparément (Benin, Cameroun, Gabon, République


démocratique du Congo pour la seule élection présidentielle).
La fixation de la majorité absolue est capitale dans la désignation du
vainqueur d’une élection se déroulant à deux tours. En droit comparé, la
question a été posée, il ya plus de trente ans, à la Chambre constitutionnelle de
la Cour suprême du Burkina Faso.
Dans son avis du 15 juin 1974, le juge constitutionnel relève, après avoir
présenté les deux thèses en présence, la difficulté d’appliquer la tendance
dominante qui considère la majorité absolue comme la moitié des suffrages
exprimés plus un à des cas d’espèce, notamment celui de l’Assemblée nationale
du Faso qui comporte un nombre impair des députés. Faut-il, s’interroge le juge,
se contenter seulement de plus de la moitié des voix même si ce « plus » est
moins qu’une unité ou, au contraire, soutenir qu’il faut ajouter une voix à la
moitié et arrondir un nombre supérieur ? Pour toute position à prendre, le juge
a reconnu le caractère essentiellement politique de la question qui doit trouver
une solution au sein de l’Assemblée nationale si chacun mettait un peu du
sien5.
La même question a été, en République démocratique du Congo, au centre
d’un âpre débat entre une partie de l’opposition et la majorité présidentielle au
sujet de la conquête et la gestion en 2007 du gouvernorat de la province du Bas-
Congo. De l’avis d’une certaine opinion, la majorité absolue est formée de la
moitié des suffrages exprimés plus une voix. Une autre y voit tout nombre
excédant la moitié des suffrages exprimés même s’il n’atteignait pas une unité.
La dernière suggère que l’on fixe différemment la majorité absolue selon que les
suffrages exprimés sont constitués d’un chiffre pair ou non.
Prenant position, la Cour suprême de justice considère la majorité absolue
comme la somme de suffrages dépassant la moitié des voix ou plus exactement
« plus de la moitié des voix » (CSJ, 16 février 2006, RCE/ADP/014/015, Aff.
Mbatshi Mbatshia et Nkusu Kunzi Bikawa contre l’arrêt RCDC
019/020/021/025 du 18 février 2007 de la Cour d’appel de Matadi, Fuka
Unzola, Ne Muanda Nsemi et le Mouvement de libération du Congo)6.

gess du scrutin majoritaire


B. Les avantage
À l’actif du scrutin majoritaire, on fait valoir sa simplicité7, une meilleure
connaissance des candidats par les électeurs, ce qui contribue assurément à la
stabilité gouvernementale, le parti vainqueur aux élections l’ayant emporté avec
une majorité confortable. Le système majoritaire conduit, ensuite, à la mise en

5
Avis et décisions commentés de la Cour constitutionnelle du Burkinabé de 1960 à nos jours, Ouagadougou,
CGD, 2009, p. 13.
6
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, Kinshasa, éd. du
Service de la documentation et d’études du Ministère de la Justice, 2007, pp. 381-389.
7
MUHOLONGU MALUMALU A. et KAMAL EL FEGHALI, Une seule voix, plusieurs interprétations.
Définitions, caractéristiques et paradoxes des modes de scrutin, Kinshasa, MOKHTARAT, 2006, p. 17.
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102 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

place d’un bipartisme, garantissant la personnalisation des rapports entre les


élus et leurs électeurs et la constitution d’une majorité solide et durable capable
de soutenir l’action gouvernementale.
En rapport avec la présentation de l’opinion, le scrutin majoritaire incite,
enfin, à la formation des partis multiples, mais dépendants les uns des autres.
Combiné au deuxième tour, ce système oblige les partis politiques à se coaliser
et à s’unir autour d’un programme politique ou des personnalités à même de
l’incarner ; les alliances politiques qu’il occasionne menant inévitablement au
désistement des uns en faveur des autres.

C. Les inconvénients du scrutin majoritaire


En dépit de ses mérites, le scrutin majoritaire est actuellement critiqué à
cause de son injustice. On note, d’abord, qu’il (scrutin majoritaire à un tour)a
tendance à déformer les résultats électoraux, le vainqueur ayant emporté
l’ensemble de sièges en compétition au point de frustrer les vaincus. Dans
certains pays comme le Royaume-Uni, le scrutin majoritaire à un tour a abouti
à une contrainte exercée sur les électeurs pour qu’ils y votent « utile », excluant
du coup toute possibilité de se« répartir » au second tour, ce qui, naturellement,
préjudicie des petits partis qui se privent d’une représentation au sein du
parlement8.
Le scrutin majoritaire favorise, ensuite, un bipartisme inégalitaire, il
encourage le gaspillage de nombreux votes et l’exclusion des minorités (les
femmes notamment) de la représentation parlementaire, les partis à caractère
clanique, ethnique ou régional trouvant leur terrain de prédilection pour
s’émouvoir. Amplifié par le phénomène des fiefs électoraux, le scrutin
majoritaire ne se prête que rarement aux changements de l’opinion, il se prête,
d’ailleurs, aux diverses manipulations du découpage électoral.
Bien que moins brutal dans ses effets parce que le premier tour correspond,
à quelques exceptions, à la représentation proportionnelle, le scrutin
majoritaire à deux tours profite, enfin, plus aux partis centristes qui, selon le
cas, bénéficient des désistements des candidats issus de deux tendances
extrêmes. Plus, le nombre de sièges à pourvoir au premier tour est réduit, plus
le spectre de l’injustice est justifié, surtout si le deuxième tour est précédé de
retraits de candidatures et de ralliements.
À un ou à deux tours, le système majoritaire conduit à la bipolarisation
politique, ce qui peut constituer une réticence à l’émergence d’une tendance
centriste ou d’une nouvelle tendance.

8
TOUVET L. et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., p. 403.
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L’élection 103

§2. LA REPRÉSENTA N PROPORTIO


TION
TATIO NNELLE
TION
La représentation proportionnelle correspond à un mode de scrutin de listes
à un tour, elle obéit à l’idée d’assurer une proportionnalité entre le nombre des
voix recueillies par chaque parti et celui des sièges réellement obtenus ; les
sièges à pourvoir étant attribués aux candidats ou listes comparativement au
nombre de voix obtenues.
Dans la pratique, il existe plusieurs techniques que couvre la représentation
proportionnelle, celle-ci pouvant s’accompagner du vote unique transférable, du
scrutin de listes, de la règle du plus fort reste, celle de la plus forte moyenne,
voire le système d’Hondt.
Dans le système de vote unique transférable, les électeurs classent, dans le
cadre d’une circonscription, les candidats par ordre de préférence (Australie et
Irlande), le quotient électoral résultant de la division, augmenté d’une unité, du
nombre de suffrages exprimés par le nombre de sièges à pourvoir, renforcé
également d’une unité. À l’examen de premières préférences, le candidat qui
atteint ou dépasse le quotient électoral est proclamé élu.
Le scrutin de listes est susceptible de couvrir plusieurs techniques, allant de
la représentation proportionnelle intégrale ou approchée pour se cristalliser
avec la règle du plus fort reste ou celle de la plus forte moyenne.
• La répartition proportionnelle intégrale autorise la sélection d’une liste ou
d’un candidat sur une liste pour établir un ordre de préférence,
directement déterminé par les citoyens, des candidats. La technique
permet le vote d’un parti, la priorisation des certaines idées véhiculées
par ce parti, mais personnalisées par les individus. Elle contribue au
morcèlement considérable des voix pour qu’il soit fait souvent recours à
la répartition proportionnelle approchée.
• La répartition proportionnelle approchée se distingue de la première par ses
techniques d’application qui font, concomitamment, référence à la règle
du plus fort reste et celle de la plus forte moyenne.
• La répartition proportionnelle à la règle du plus fort reste est une technique
qui consiste à attribuer, successivement, le siège non encore pourvu aux
listes qui, après la première répartition, ont obtenu le plus grand nombre
des voix non utilisées lors du premier calcul. En cas d’égalité de restes, il
est un principe que le siège en compétition soit attribué à la liste qui a
recueilli le plus grand nombre des suffrages exprimés. Si, deux ou
plusieurs listes ont les mêmes suffrages exprimés, bon nombre des
législations s’accordent à attribuer le seul siège restant au plus âgé des
candidats susceptible d’être proclamé élu. Ainsi qu’on le voit, la
technique du plus fort reste a tendance à favoriser l’émergence des petits
partis.
• La répartition proportionnelle à la plus forte moyenne est mise en œuvre
par l’attribution fictive à chacune des listes des sièges non pourvus (1, 2,
3 et 4, etc.) à côté de celles des sièges qu’elle a réellement obtenus et à
rechercher, par la suite, la moyenne revenant à chaque liste. Le siège en
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104 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

compétition est ainsi attribué à la liste qui a obtenu la moyenne


préférable.
Simple dans son énoncé, le système proportionnel n’est pas d’application
facile. Complexe, il se déroule en deux temps, notamment par la fixation du
quotient électoral et l’attribution des sièges ; une attention particulière devant
être focalisée sur ses avantages et ses inconvénients.

A. La fixation du quotient électoral


La fixation du quotient électoral obéit à la nécessité d’aménager un
minimum de voix qu’un candidat indépendant ou une liste est obligée d’avoir
pour espérer bénéficier d’un siège au parlement. Il est différent du seuil
d’éligibilité considéré comme un pourcentage minimum des suffrages exprimés
(5 % dans plusieurs pays) que l’on exige d’une liste pour prétendre siéger dans
une assemblée délibérante.
Habituellement fixé par la loi électorale, le quotient électoral (QE) s’obtient
par la division, du nombre total de suffrages exprimés sur le nombre de sièges
en compétition. Fixe, uniforme, national, minimum ou local, le quotient
électoral se distingue du chiffre électoral9 parce qu’il permet de déterminer le
nombre de suffrages recueillis par une liste de candidats (ou par un candidat
individuel) ainsi que celui de sièges correspondant.
Le quotient fixe ou uniforme est constitué du nombre de voix déterminé à
l’avance, pour l’ensemble du territoire national, et nécessaire pour qu’une liste
dispose d’un député ; celui dit national résulte de la division de la totalité des
suffrages exprimés dans un pays sur l’ensemble des représentants à élire. Quant
au quotient minimum, il est composé du nombre minimum de suffrages exigés
à une liste pour prétendre avoir un siège. Le quotient local est constitué, dans
chaque circonscription, par la division de l’ensemble des suffrages valablement
réalisés et par les listes en compétition sur le nombre de sièges à pourvoir. Il
constitue le chiffre répartiteur des sièges dans ladite circonscription.
Une fois arrêté, le quotient électoral permet de déterminer le(s) siège(s)
revenant à chaque liste ; le fait pour une liste d’avoir le nombre de voix
correspondant au quotient électoral lui donne droit à un siège et, donc, à un
député ; le double lui procure deux sièges et ainsi de suite.
Au cas où la liste ne parvient pas à mobiliser le nombre de voix
correspondant au quotient électoral, elle ne pourra, naturellement, pas
prétendre à un siège, ses voix étant conservées aux fins d’être comptabilisées
dans l’application, selon le cas, de la règle du plus fort reste ou de la plus forte
moyenne.

9
À la différence du quotient électoral, le chiffre électoral s’obtient par l’addition de la totalité de voix
recueillies par une liste ainsi que celles attribuées, à titre individuel, à chacun des candidats de cette liste.
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L’élection 105

B. L’a gess
’atttribution des siège
L’attribution des sièges est une opération qui s’accomplit au niveau national
et au sein de chaque liste. Au niveau national, la réalisation du nombre de
suffrages correspondant au quotient électoral permet d’attribuer ou non la
totalité des sièges aux listes en compétition. Si, à l’issue de la première
répartition, tous les sièges sont attribués, il n’ya pas lieu d’appliquer la règle du
plus fort reste ou de la plus forte moyenne. On n’y recourt que dans la mesure
où cette répartition n’a pas couvert l’ensemble de sièges à pourvoir.
L’attribution des sièges selon la règle du plus fort reste se fait à deux étapes.
Dans un premier temps, on calcule le quotient électoral en divisant le nombre
de suffrages exprimés par le nombre de sièges à pourvoir. Au cas où cette
première répartition ne conduit pas à l’attribution de tous les sièges en
compétition, on recourt, ensuite, à la règle du plus fort reste. D’après celle-ci, les
sièges restant sont, successivement, attribués aux listes qui ont conservé les
meilleurs suffrages exprimés en terme des restes des voix.
Pour illustrer ce cas, on prend l’exemple d’une circonscription électorale qui
compte six sièges convoités par huit listes. Les suffrages exprimés à l’issue des
élections générales s’élèvent à 120 000 voix réparties comme suit :
• La liste A : 12 000 voix ;
• La liste B : 20 000 voix ;
• La liste C : 35 000 voix ;
• La liste D : 8 000 voix ;
• La liste E : 10 000 voix.
• La liste F : 15 000 voix ;
• La liste G : 13 500 voix ;
• La liste H : 6 500 voix.
La recherche du quotient électoral s’obtient par la division de 120 000 voix
par le nombre de six sièges (6 au total) en compétition, ce qui donne le chiffre
de 20 000 voix qui correspondent, par ailleurs, à un siège. Les voix obtenues
par chaque liste ou candidat sont, ensuite, divisées au quotient électoral pour
l’attribution des sièges. À l’issue de cette opération, les résultats se présentent
comme suit :
• Liste A : 12 000 = 0 siège, reste 12000 voix ;
20 000
• Liste B : 20 000 = 1 siège, reste 0 voix ;
20 000
• Liste C : 34 000 = 1 siège, reste 14 000 voix ;
20 000
• Liste D : 9 000 = 0 siège, reste 9 000 voix ;
20 000
• La liste E : 10 000 = 0 siège, reste 10 000 voix ;
20.000
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106 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

• Liste F : 15 000 = 0 siège, reste 15 000 voix ;


20 000
• Liste G : 13 500 = 0 siège, reste 13 500 voix ;
20 000
• La liste H : 6 500 = 0 siège, reste 6 500 voix.
20 000
À l’issue de cette répartition, deux sur six sièges ont été, respectivement,
attribués aux listes B et C. En application de la règle du plus fort reste, les
quatre autres sièges reviennent, successivement, aux listes F, C, G et A qui ont,
respectivement, réalisé les meilleurs restes des suffrages, soit 15 000 voix,
14 000 voix, 13 500 voix et 12 000 voix.
Les résultats définitifs se présentent comme suit :
• Liste A : 1 siège ;
• Liste B : 1 siège ;
• Liste C : 2 sièges,
• Liste D : 0 siège ;
• Liste E : 0 siège ;
• Liste F : 1 siège ;
• Liste G : 1 siège ;
• Liste H : 0 siège.
En cas d’application de la règle de la plus forte moyenne, l’attribution des
sièges suit, pratiquement la même procédure que celle d’usage au moment de la
première réparation au plus fort reste. Le reste de sièges est, ensuite, attribué de
la manière suivante : on s’accorde à ajouter à chaque liste un siège fictif, en plus
des sièges réellement obtenus à l’issue de la première répartition. Le nombre de
voix de chaque liste sera, enfin, divisé par celui des sièges (réel et fictif) qu’elle a
obtenus. La liste qui a réussi à disposer de la meilleure moyenne se verra
attribuer le siège restant. L’opération se poursuivra jusqu’à l’attribution du
dernier siège à pourvoir.
Reprenons le même exemple pour répartir à deux niveaux, les sièges en
compétition. La première répartition donne les résultats suivants :
• Liste A : 0 siège ;
• Liste B : 1 siège ;
• Liste C : 1 siège,
• Liste D : 0 siège ;
• Liste E : 0 siège ;
• Liste F : 0 siège ;
• Liste G : 0 siège ;
• Liste H : 0 siège.
La totalité de sièges (six) n’ayant pas été attribuée à la première répartition,
on recourt, donc, à la technique de la plus forte moyenne pour aboutir aux
résultats qui suivent :
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L’élection 107

• Liste A : 12 000 = 12 000 = 12 000 voix ;


0 sr + 1sf 1
• Liste B : 20 000 = 20 000 = 10 000 voix ;
1sr+ 1sf 2
• Liste C : 35 000 = 35 000 = 17 500 voix ;
1sr + 1sf 2
• Liste D : 8 000 = 8 000 = 8 000 voix ;
0sr + 1sf 1
• Liste E : 10 000 = 10 000 = 10 000 voix ;
0sr + 1sf 1
• Liste F : 15 000 = 15 000 = 15 000 voix ;
0sr + 1sf 1
• Liste G : 13 500 = 13 500 = 13 500 voix ;
0sr + 1sf 1
• Liste H : 6 500 = 6 500 = 6 500 voix.
0sr + 1sf 1
Cette technique fait apparaitre que les listes C (17 500 voix),
F (15 000 voix), G (13 500 voix) et A (12 000 voix) ont réalisé, chacune, la
meilleure moyenne qui lui permet d’obtenir un siège supplémentaire. Les
résultats définitifs sont, donc, les suivants :
• Liste A : 1 siège ;
• Liste B : 1 siège ;
• Liste C : 2 sièges,
• Liste D : 0 siège ;
• Liste E : 0 siège ;
• Liste F : 1 siège ;
• Liste G : 1 siège ;
• Liste H : 0 siège.
Peu importe la technique utilisée (plus fort reste ou plus forte moyenne),
l’attribution des sièges à l’intérieur de chaque liste, se réalise proportion-
nellement aux suffrages réellement obtenus par chaque candidat. Ainsi, la liste
C qui a obtenu deux sièges avec 35 000 voix dans cette circonscription doit
s’assurer de leur répartition entre six candidats qui ont, respectivement,
recueilli 7 000, 10 000, 2 000, 9 000, 6 000 et 1 000 voix. Les deux sièges iront
chez les candidats qui ont obtenu le meilleur score, soit 10 000 et 9 000 voix.
La représentation proportionnelle à la plus forte moyenne ressemble, dans
ses résultats, au système d’Hondt. Du nom de son inventeur, un juriste
mathématicien belge, la technique permet de déterminer, par une seule
opération, le nombre total de sièges à attribuer à chaque liste. Adoptée depuis
1899, la méthode est d’application, à partir de 1919, à l’échelon des cantons à
l’intérieur des arrondissements. Mais, associée au système d’apparentement,
elle conduit à une sous-représentation des petits partis dans les assemblées
parlementaires.
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108 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Pour déterminer le nombre de sièges revenant à chaque liste, il suffit, d’une


part, de ranger, de manière décroissante, le nombre de suffrages valablement
obtenus par chaque liste et de le diviser, d’autre part, successivement par le
chiffre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 jusqu’à concurrence du chiffre correspondant au
nombre de sièges à pourvoir. Le dernier quotient s’appelle « chiffre répartiteur »
et sert de diviseur commun.
Le nombre de suffrages obtenus par chaque liste sera, ensuite, divisé par ce
quotient pour déterminer le nombre de sièges qui lui revient.
Voici comment se présente cette technique :

C B F G A E D H
1 35 000 20 000 15 000 13 500 12 000 10 000 8 000 6 500
2 17 500 10 000 7 500 6 750 6 000 5 000 4 000 3 250
3 11 666 6 666 5 000 4 500 4 000 3 333 2 666 2 166
4 8 750 5 000 3 750 3 375 3 000 2 500 2 000 1 625
5 7 000 4 000 3 000 2 700 2 400 2 000 1 600 1 300
6 5 833 3 333 2 500 2 250 2 000 1 666 1 500 1 080

De ce tableau, il ressort que c’est le chiffre 12 000 qui correspond au


diviseur commun. Suit, ensuite, la répartition de siège par liste.
• Liste A : 12 000 = 1 siège
12 000
• Liste B : 20 000 = 1 siège
12 000
• Liste C : 35 000 = 2 sièges
12 000
• Liste D : 8 000 = 0 siège
12 000
• Liste E : 10 000 = 0 siège
12 000
• Liste F : 15 000 = 1 siège
12 000
• Liste G : 13 500 = 1 siège
12 000
• Liste H : 6 500 = 0 siège
12 000
Cette technique est, comme on le voit, plus pratique parce qu’elle permet
d’obtenir directement les résultats qui sont, par ailleurs, les mêmes que ceux
réalisés par la représentation proportionnelle avec application de la règle de la
plus forte moyenne.
En termes des conséquences politiques, la représentation proportionnelle
incite à la formation des partis politiques qui se démarquent les uns des autres.
Une représentation proportionnelle intégrale aboutit, naturellement, à l’émiet-
tement des tendances et à l’éparpillement des opinions. Même corrigée par la
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L’élection 109

règle de la plus forte moyenne, elle assure difficilement le regroupement des


partis politiques : elle favorise, de ce fait, l’instabilité politique.
La disposition encourage, en plus l’autonomie et l’indépendance de chaque
parti politique qui ne favorise que très rarement la cohésion gouvernementale.
La constitution des gouvernements de coalition qu’elle engendre a, cependant,
son revers : les crises gouvernementales provoquées par le manque de solidarité
et d’homogénéité sont difficiles à régler et l’action du gouvernement se trouve, à
défaut d’être bloquée, tout au moins menacée.

gess de la représentation proportionnelle


C. Les avantage
Le système de la représentation proportionnelle favorise l’expression de la
souveraineté populaire. Il procure, tant dans la représentation de l‘opinion que
dans l’exercice de la démocratie, un certain nombre d’avantages, notamment le
fait que ce système :
• assure une réelle concordance entre les votes et les sièges obtenus, évite
certains aspects déstabilisants et injustes, souvent associés aux résultats
offerts par les systèmes électoraux à majorité simple. Les sièges ainsi
obtenus par les grands partis sont, au minimum, réduits pour que les
petites formations politiques soient capables de faire entendre leurs voix
au sein des assemblées parlementaires.
• encourage la formulation des partis ou regroupements politiques aux
idées semblables, ce qui n’empêche pas de préciser leurs différences sur le
plan des politiques, des idéologies et du leadership que chaque candidat
peut prétendre assumer au sein de la société, particulièrement lorsqu’il
n’existe, comme ce fut le cas du Timo-Leste, aucun système des partis
efficacement établi.
• évite le gaspillage des votes. Ainsi, si les seuils des voix paraissent plus
bas, toutes les voix exprimées aux élections ont tendance à servir le vote
d’un candidat.
• facilite l’accès aux assemblées parlementaires des petits partis qui, en
application du système majoritaire, n’auraient aucune chance d’être
représentés au parlement. Les élections législatives congolaises du
28 novembre 2011 ont permis d’inventorier, en application de ce mode
de scrutin, 47 petits partis représentés avec un siège à l’Assemblée
nationale10.
• encourage des partis ou regroupements politiques à organiser leurs
campagnes électorales même au-delà de leurs circonscriptions tradition-
nelles, celles dans lesquelles ils sont présumés être en bonne position ou
celles au sein desquelles on peut s’attendre à des résultats serrés, ce qui
incite à l’optimisation, peu importe leur origine, des votes.

10
MUYEJ MANGEZE R, op.cit., pp. 6-8.
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110 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

• limite la croissance et la propension à l’institution des fiefs électoraux à


caractère tribal ou régional en récompensant les petits partis avec une
minorité de sièges au sein des assemblées parlementaires.
• contribue à la constitution de la stabilité politique avec, en toile de fond,
la longévité gouvernementale et la participation électorale, facteurs
indispensables à la performance économique.
• assure plus clairement le partage de responsabilité entre les partis et
groupes d’intérêts au pouvoir. Dans plusieurs nouvelles démocraties, le
partage du pouvoir entre la majorité politique au pouvoir et la minorité
économique forte est devenu une réalité incontournable.

D. Les inconvénients de la représentation proportionnelle


En dépit de ses mérites, le système de la représentation proportionnelle
comporte des limites. On lui reproche, particulièrement, le fait que :
• la coalition gouvernementale à laquelle il conduit souvent s’accommode
difficilement avec la mise en œuvre d’une politique cohérente au moment
où les besoins de la population se font de plus en plus pressants ; les
décisions gouvernementales pouvant être entravées par des divergences
au sein d’un gouvernement d’union nationale ou d’une coalition gouver-
nementale hétérogène (République démocratique du Congo).
• la fragmentation du régime des partis qu’il accentue (en Israël ou en
Italie) peut se révéler contre productive et déstabilisatrice à la cohésion
gouvernementale, les petits partis développant exagérément des attitudes
de nature à prendre en otage des formations politiques de grande
envergure.
• le système de la représentation proportionnelle est une aubaine pour les
partis extrémistes qui tentent de s’accaparer du système politique comme
en Allemagne de Weimar.
• souvent opportunistes, les coalitions gouvernementales issues de la
pratique du système de représentation proportionnelle conduisent à des
oppositions internes, conséquence des bases électorales hétéroclites.
• la représentation proportionnelle conforte la position de certains partis
de taille moyenne, comme aux Pays-Bas, régulièrement associés aux
gouvernements de coalition, même si leurs performances électorales
frisent une débâcle.
• dans les pays où la circonscription électorale est considérablement vaste,
tel le territoire national (Israël ou Namibie), la représentation propor-
tionnelle ne permet pas une correcte et bonne identification des élus par
les électeurs, leurs relations comportant une forte dose de lâcheté.
• associée à la formule des listes bloquées, la représentation propor-
tionnelle renforce l’emprise du système politique par une irréductible
élite des partis, la position d’un candidat sur la liste de partis et, par
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L’élection 111

conséquent, sa chance d’être élu dépend des bonnes grâces de la direction


du parti, pour qui la relation avec l’électorat est d’importance secondaire.
• l’adoption d’un système de représentation proportionnelle présume
l’existence de partis suffisamment structurés et reconnus, les électeurs
devant voter pour eux et non pour les individus ou groupes d’individus.
Il est difficile à appliquer dans les pays où l’organisation et le fonction-
nement des partis sont confrontés aux aléas d’instabilité et de volatilité.
• avec ses multiples variantes, la représentation proportionnelle est difficile
à saisir par l’administration électorale et les électeurs lesquels sont, par
ailleurs, moins au fait de sa complexité.

§3. LES SYSTÈMES MIX


TÈM IXTES
TES
Les systèmes mixtes s’efforcent de combiner, autant que faire se peut, les
règles du scrutin majoritaire et celles de la représentation proportionnelle ;
l’objectif poursuivi étant d’assurer une représentation optimale des diverses
tendances politiques au sein des assemblées parlementaires et de maintenir, au
maximum, le lien entre les électeurs et leurs élus11. Ce mélange dosé varie, en
effet, d’un pays à un autre et d’un système à un autre.
Longtemps présentés, comme institutionnellement anormal, et critiqué, à
cause de leur complexité, les systèmes mixtes tendent, aujourd’hui, à être de
plus en plus adoptés, en particulier par les pays ayant subi des profondes
transformations politiques et qui les ont retrouvés comme une panacée. On les
retrouve sous diverses formes, telles que les apparentements, le système de
double bulletin ou la combinaison, dans une même législation, des systèmes
majoritaire et proportionnel selon le nombre de sièges que compte une
circonscription.
La technique des apparentements autorise deux ou plusieurs listes de s’unir,
avant le scrutin, autour d’un programme électoral et/ou du choix des candidats.
Ce regroupement peut, en cas de victoire aux élections, favoriser la constitution
d’un gouvernement, certes, de coalition mais relativement solidaire. Si les listes
apparentées obtiennent la majorité absolue des suffrages exprimés, elles
recueillent donc tous les sièges en compétition et se les répartissent, par la suite,
à la représentation proportionnelle.
Appliqué en Belgique, en France (de 1951 à 1958), en Italie, en Suisse ou
encore en Uruguay, ce système a été, à cause des inégalités et des frustrations
qu’il a provoquées entre les listes en compétition, notamment en défaveur des
partis minoritaires, vite abandonné.
La technique de double vote a combiné les scrutins majoritaire et
proportionnel. Elle permet à chaque électeur de disposer de deux bulletins dont

11
MUHOLONGU MALUMALU A. et KAMAL EL FEGHALI, Une seule voix, plusieurs interprétations.
Définitions, caractéristiques et paradoxes des modes de scrutin, op.cit., p. 99.
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112 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

l’un est utilisé pour la désignation, au scrutin majoritaire uninominal, d’un


député pour sa circonscription et, l’autre, à la représentation proportionnelle.
Le système aboutit à la désignation de deux catégories de députés, les uns,
dans le cadre de chaque circonscription et les autres, sur les listes nationales
présentées par chaque parti. En Russie et en Ukraine où il est appliqué, la
moitié des députés est élue au scrutin majoritaire et l’autre à la représentation
proportionnelle. La France l’a expérimenté à deux reprises entre 1919 et 1924
et de 1951 à 1956.
La loi italienne n° 27 du 21 décembre 2005 a institué un système
proportionnel avec une prime à la majorité. Les sièges sont répartis entre les
coalitions qui ont obtenu plus de 10 % des suffrages, les listes indépendantes
qui ont réalisé plus de 4 % des suffrages et entre les listes liées à une coalition
ayant recueilli plus de 2 % des voix. La coalition ou la liste arrivée en tète
obtient ainsi un minimum de 55 % des sièges, soit 340 députés sur 617, plus
des sièges supplémentaires, en fonction de l’avance qu’elle a sur l’autre parti ou
coalition. D’application difficile, ce système est encore d’usage en Europe
(Albanie, Allemagne, Bulgarie, Croatie, Hongrie, Lituanie, Monténégro et
Serbie)12 et en Asie (Corée du Sud-, Japon et Taïwan)13.
L’aménagement dans un même texte des votes majoritaire et proportionnel a
été réalisé dans la loi électorale congolaise. Lorsque la circonscription ne
compte qu’un seul siège à pourvoir, le vote a lieu au scrutin majoritaire simple,
l’électeur ne se prononçant que pour un seul candidat. Si celui-ci obtient le plus
grand nombre de voix, il est proclamé élu. Dans une circonscription comptant
au moins deux sièges à pourvoir, c’est le scrutin proportionnel de listes ouvertes
à une seule voix préférentielle avec application de la règle du plus fort reste qui
est d’usage14.
Comme on vient de le voir, les systèmes mixtes ne constituent pas une
catégorie homogène, mais présentent, au contraire, une grande diversité. Le
mélange du scrutin majoritaire et du système de la représentation
proportionnelle peut se présenter sous la forme d’une mixité opérationnelle ou
simplement géographique. La mixité du mode de scrutin, et c’est le cas souvent,
peut encore résulter de l’application, dans un même pays d’un système
comportant des aspects majoritaires et proportionnels.

12
TOUVET L.et DOUBLET Y.-M., Droit des élections, op.cit., pp. 407-409.
13
MARTIN P., Les systèmes électoraux et les modes de scrutin, Paris, 3e éd. Montchrestien, Coll. Clefs
Politique, 2006, pp. 93-94.
14
Art. 118 de la Loi n° 11/003 du 25 juin 2011 modifiant la Loi n° 06/006 du 9 mars 2006 portant
organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales,
Journal officiel de la République démocratique du Congo, numéro spécial, 20 août 2011.
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L’élection 113

SECTION 2. LE DÉCOUPAGE DES CIRCONSCRIPTIONS ÉLECTO-


RALES
Le découpage est l’acte par lequel le législateur divise le territoire national en
une ou plusieurs circonscriptions électorales. Relevant, en principe du domaine
de la loi, il peut résulter des circonstances de fait que la loi ne prévoit pas
nécessairement.

§1. L’IN
INTE
TER
RVENTIO
TION
N DU LÉGISLATE
TEU
UR
La fixation d’une circonscription électorale est une étape indispensable à
l’établissement d’une cartographie électorale, mais également, à l’attribution de
sièges au sein des assemblées parlementaires et délibérantes. Sur cette question,
on signale que l’ensemble des législations électorales s’appuient sur l’organi-
sation administrative de chaque pays pour déterminer l’étendue des circons-
criptions électorales, celles-ci variant entre les différentes catégories d’élections.
En droit comparé, l’établissement des circonscriptions électorales relève, soit
du constituant (Suisse), soit du législateur (Belgique, France, Roumanie), soit
d’une Commission indépendante (Allemagne, Royaume-Uni ou encore le
Canada). Elle est habituellement fondée sur les nécessités de favoriser l’égalité
du suffrage et la représentativité démographique.
En République démocratique du Congo, la circonscription pour l’élection du
président de la République est le territoire national15, celle des députés
nationaux, le territoire ou la ville (dans chaque province), la ville de Kinshasa
étant constituée de quatre circonscriptions électorales16. La circonscription
électorale pour les sénateurs est la province ou la ville de Kinshasa17, celle des
députés provinciaux, la ville ou le territoire, dans les provinces et la commune,
dans la ville de Kinshasa18. La commune est également identifiée comme devant
servir de circonscription électorale pour les conseilleurs urbains19 et
municipaux20, tandis que les conseilleurs de secteur ou de chefferie ont comme
circonscription électorale le groupement ou la chefferie21, selon le cas.
Si le critère démographique est, à tous égards, déterminant dans la fixation
des circonscriptions électorales, il peut, à contrario, être à la base des inégalités
des suffrages et, par conséquent, entre candidats, hypothèse que certains pays
comme les États-Unis d’Amérique ont caressée dans la fixation de la
cartographie des circonscriptions électorales.

15
Art. 110 de la Loi électorale.
16
Art. 115 de la Loi électorale.
17
Art. 128 de la Loi électorale.
18
Art. 138 de la Loi électorale.
19
Art. 174 de la Loi électorale.
20
Art. 190 de la Loi électorale.
21
Art. 207 de la Loi électorale.
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114 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§2. LA PRATIQUE ÉLECTO


TIQU RALE
TOR
Le choix de modèle de cartographie des circonscriptions électorales peut
influer sur la représentation des électeurs au sein des assemblées délibérantes,
lorsqu’il a été dicté par des considérations favorisant l’inégalité de suffrages.
C’est dans ce sens que certains gouvernements se sont efforcés, au cours de
l’histoire, d’élaborer de stratégies débouchant sur les inégalités de repré-
sentation avec en appui des techniques savamment préparées dans la
délimitation ou le découpage des circonscriptions électorales.
Dans cette perceptive et dans le but de favoriser certains candidats à une
élection, le législateur peut être amené à modifier les limites des circons-
criptions électorales existantes. La démarche est de nature à provoquer un
glissement de voix au bénéfice de quelques candidats en vue de la constitution
future d’une majorité parlementaire capable de soutenir l’action gouver-
nementale.
Initié aux États-Unis d’Amérique, en 1812, par Gerry, un ancien gouver-
neur de Massachusetts, ce système, connu sous le nom de « gerrymander » ou
« gerrymandery » a abouti à la création artificielle des circonscriptions
électorales ; le favoritisme qu’il a encouragé ayant conduit la Cour suprême des
États-Unis d’Amérique d’en limiter, depuis 1962, la fréquence. Pour éviter les
abus auxquels ce système pourrait conduire, plusieurs pays ont décidé de faire
correspondre les circonscriptions électorales à certaines subdivisions
administratives, préalablement déterminées, dans le cadre de la gestion de
l’administration du territoire.

SECTION 3. LES ÉTAPES DU PROCESSUS DE VOTATION


Bien organisée, une élection est susceptible de contribuer à l’enracinement
des valeurs de la démocratie, de la stabilité politique et de la croissance. Il est
prétentieux de croire à l’effet mécanique d’une élection, les résultats attendus
étant largement dépendants d’une meilleure préparation du scrutin et d’une
rationnelle planification des activités à réaliser.
On gardera à l’esprit que les opérations de vote font, généralement, l’objet
d’une règlementation claire et détaillée, le but poursuivi étant de contribuer à la
garantie de la liberté de l’électeur et la sincérité du scrutin. Dans cette
perspective, le législateur ou, à défaut, l’autorité revêtue du pouvoir
réglementaire s’active à entourer le processus de votation de plus de
précautions qui évitent, autant que faire se peut, les erreurs et les fraudes
susceptibles d’entamer l’authenticité et la certitude des résultats électoraux.
S’agissant de la liberté de l’électeur, le législateur électoral se préoccupe
singulièrement de son exercice en dehors de toutes pressions, ce qui suppose
qu’il soit écarté du bureau de vote, diverses formes de sollicitation ou de
menace. Cette caution est garantie par le secret de vote.
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L’élection 115

La sincérité du scrutin comporte une double dimension à la fois individuelle


et collective ; la première se déclinant par le respect de la volonté de l’électeur et
le second dans la restitution correcte de l’ensemble des voix correspondant à
l’exactitude de suffrages réellement émis par les électeurs. Il se dessine quelques
étapes indispensables au déroulement du vote, à savoir, la préparation du
scrutin, son organisation, sa surveillance, le dépouillement ainsi que la
centralisation et l’annonce des résultats électoraux. En raison de son évidence,
la question de l’absentéisme à l’élection mérite une attention particulière.

§1. LA PRÉPARATION DU VOTE


TION
La tenue d’une élection crédible exige au préalable qu’il soit organisé une
bonne et minutieuse préparation technique et matérielle. La planification et la
réalisation des différentes opérations et activités liées à un scrutin
démocratique, crédible et transparent suggère que soit assuré le fonctionnement
régulier de l’administration électorale en collaboration avec d’autres qui lui
servent, d’ailleurs, d’appui, notamment l’administration publique, pénitentiaire
ou territoriale.
L’on note, par exemple, que pour parvenir à l’établissement d’un fichier
électoral fiable, l’administration électorale comptera sur les éléments
démographiques, ceux de l’état civil, les renseignements sur les conditions
d’inéligibilité et les cas d’incompatibilité qui lui sont fournis par
l’administration du territoire, publique ou pénitentiaire. Il se développe une
synergie entre l’administration publique (au sens général) et le pouvoir
organisateur des élections ; celle-là fournissant à celle-ci les informations et
renseignements dont elle a besoin pour assurer une bonne organisation du
scrutin.
L’exécution par l’administration électorale des opérations de révision des
listes électorales sera d’autant plus facilitée que l’organisation et surtout le
fonctionnement régulier de l’administration pénitentiaire soit de nature à lui
fournir des renseignements vérifiables et authentiques sur les différentes
condamnations subies par une personne ou sa situation carcérale antérieure.
Plus qu’un chronogramme d’activités à réaliser, l’organisation d’un vote
exige autant la préparation technique, logistique que psychologique.

A. La préparation technique et logi


gisstique
Loin d’être mécaniquement obtenus, les résultats d’une élection sont
redevables de la planification rationnelle et d’une préparation appropriée, cette
double exigence reposant, naturellement, sur l’implication des acteurs
impliqués ou intéressés à la bonne tenue du scrutin, à savoir, les compétiteurs,
les surveillants des élections et l’arbitre appelé à départager, en cas de
contestation, les parties au procès.
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116 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

L’organisation d’une élection conforme aux standards internationaux exige


de l’organe qui en a la charge l’établissement, dans le respect de la loi en la
matière, d’un chronogramme réaliste des activités électorales que seuls les États
africains en conflit, ceux sortis de crises ou en transition démocratique ne
peuvent, à eux seuls, relever le défi, notamment les questions de financement et
de sécurisation des élections, celles liées à l’expertise et à la crédibilisation de
l’institution chargée de l’organisation des élections.

1. L’accompagnement international
À l’instar de certains pays d’Europe orientale, d’Amérique et d’Asie, bon
nombre de pays africains ont bénéficié ou continuent à bénéficier d’un appui
électoral international, notamment celui des Nations-Unies, de l’Union
européenne, de l’Organisation internationale de la francophonie, de l’Union
africaine, du Commonwealth, de la Communauté économique des États
d’Afrique de l’ouest, de la Communauté économique des États d’Afrique
centrale ou encore de la Communauté pour le développement des États
d’Afrique australe.
Dans bien des cas, l’assistance internationale en matière électorale apparaît
comme une réponse aux besoins particuliers exprimés par chaque État
demandeur en conformité aux principes et règles juridiques qui fondent un
scrutin transparent et crédible.

1.1. L’Organisation des Nations-Unies


La Charte des Nations-Unies pose le principe universel de l’influence de la
démocratie dans la promotion et la protection des Droits de l’homme par les
États membres. Ses premiers engagements dans ce domaine ont été marqués
par le soutien à l’organisation, à travers le monde, des consultations
référendaires, conduisant à l’autodétermination des peuples. On note qu’avec la
fin de la guerre froide, il est apparu nécessaire de substituer la légitimité du
pouvoir d’État à l’exercice de l’autorité, peu importe la manière ; la décennie
1989 ayant été considérée, dans le monde, comme porteuse d’importants
accroissements de l’assistance électorale internationale.
En rapport avec le besoin de favoriser et d’encourager la tenue régulière et
périodique d’élections libres, démocratiques et honnêtes dans le respect de la
souveraineté des États, et sur pied de la Résolution 46/137 de l’Assemblée
générale, le Secrétaire général est parvenu à créer une coordination des
Nations-Unies pour les activités d’assistance électorale22. C’est à cette structure,
en effet, qu’il revient de conseiller le Secrétaire Général sur les requêtes des
États membres, d’en garantir la cohérence administrative et la compatibilité des
mesures politiques et techniques liées à l’assistance électorale.

22
Dirigée par le Secrétaire adjoint aux affaires politiques.
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L’élection 117

Se justifie ainsi le rôle capital que joue la Division électorale (structure


technique chargée de l’analyse de l’assistance sollicitée et de la cohérence des
demandes) et celui des autres agences impliquées dans la mise en œuvre de la
politique électorale approuvée par le coordonnateur. Il s’agit notamment du
Programme des Nations-Unies pour le développement (qui fournit une
assistance stratégique) et du Département des opérations de maintien de la paix
(qui s’occupe de l’appui logistique). D’autres composantes comme le Bureau des
Nations-Unies pour le Service d’appui aux projets, le Programme des
volontaires des Nations-Unies, le Haut-commissariat pour les droits de l’homme
et le Fonds des Nations-Unies pour la démocratie contribuent de manière
significative aux efforts d’assistance électorale onusienne.
Avec la polyvalence du mandat de maintien de la paix, plusieurs missions
des Nations-Unies apportent aux États demandeurs un appui électoral
significatif dans le domaine technique, logistique et sécuritaire. C’est le cas, en
Afrique, de l’ONUCI, de la MONUC qui deviendra la MONUSCO et de la
MUNISMA.
Décidée en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité, chaque mission
couvre les aspects à la fois technique, logistique et sécuritaire. Sur le plan
technique, les États demandeurs bénéficient des Nations-Unies un appui en
expertise électorale mise à la disposition des organes de gestion des élections
(commission électorale, observatoire des médias, cours et tribunaux, etc.). Le
soutien logistique des élections concerne la prise en charge du transport et du
déploiement du matériel et du personnel électoral à travers une flotte apprêtée
et destinée à suppléer aux efforts des gouvernements des États demandeurs.
Défi majeur à relever pour les pays en crises ou sortant des crises politiques
et/ou militaires, la sécurisation des élections fonde souvent l’appui des Nations-
Unies au bénéfice des pays qui en font la demande.

1.2. L’Union européenne


Depuis plus d’une quinzaine d’années, l’Union européenne apporte, dans le
cadre de la promotion de la démocratie23, une assistance remarquable aux
processus électoraux de plusieurs pays à travers l’observation électorale.
Commencées en 1993 en Russie, les missions d’observations électorales de
premières élections pluripartites de l’Union européenne ont été développées, en
1996, en Palestine et, en 1998, au Cambodge.
À partir de 2 000, l’assistance technique électorale de l’Union européenne
s’est considérablement accrue avec 47 missions d’observations réalisées dans au
moins 35 pays, soit près de 4 000 experts et observateurs déployés à travers le
monde.

23
Comme le prévoit l’article 6 du traité de l’Union.
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118 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

1.3. L’Union africaine


En vue de la mise en œuvre de son programme de promotion de la
démocratie et des élections démocratiques dans le continent24, l’Union
Africaine a institué une unité chargée des questions liées à la démocratie et à
l’assistance électorale. La structure coordonne, organise l’observation et la
surveillance électorales, apporte aux États demandeurs l’assistance et l’appui
nécessaires à d’autres aspects du processus électoral ou démocratique.
Il importe de noter qu’en raison du financement extérieur de ses activités25,
l’assistance électorale de l’Union africaine apparait, à défaut d’être dérisoire, à
tout le moins, inefficace ; le rendement de l’organisation africaine d’assistance
électorale étant tributaire de l’assistance d’autres notamment l’Organisation des
Nations-Unies, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la
francophonie ou encore le Commonwealth, ce qui pose le problème de sa
neutralité et de son autonomie.

1.4. L’Organisation internationale de la francophonie et le Commonwealth


Créée, le 20 mars 1970, à Niamey au Niger dans les décombres de « l’Agence
de coopération culturelle et technique » regroupant, au départ, les États ayant
en partage la langue française, l’Organisation internationale de la francophonie
donnera, à partir de 1990, la dimension politique de ses activités. L’élaboration,
en 1992, du document portant « Principes directeurs devant guider l’envoi des
missions d’observations d’élections » et de la Déclaration de Bamako, du
3 novembre 2000, permettront à l’Organisation de se doter finalement d’un
cadre juridique de l’assistance électorale.
L’article 3 de cette Déclaration précise que« la démocratie exige en
particulier la tenue, à intervalles réguliers, d’élections libres, fiables et
transparentes ». On note, par exemple, qu’à l’accompagnement global des
processus électoraux, l’organisation s’est également évertuée pour assurer un
soutien technique spécifique dans l’élaboration, par certains pays26, des textes
fondamentaux dans le domaine (Constitution, Codes électoraux) et d’autres qui
contribuent à l’encadrement de la vie politique ou démocratique (financement
des partis politiques, participation des femmes à la vie politique, statut de
l’opposition, statut d’anciens chefs d’États, code de bonne conduite pour les
partis ou regroupements politiques, etc.).
Ce soutien se remarque également dans le domaine juridique et judiciaire,
celui du renforcement des capacités institutionnelles et notamment des

24
Tel que recommandé par la Charte africaine de la démocratie, des élections et la gouvernance adoptée à
Addis-Abeba le 30 janvier 2007.
25
Provenant principalement des partenaires extérieurs comme le Programme des Nations-Unies pour le
développement ou l’Union européenne.
26
Notamment les Comores, l’Haïti, le Madagascar, le Mali, la Mauritanie, la République Centrafricaine,
la République démocratique du Congo, la République de Guinée, le Togo ou encore la République du
Tchad.
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L’élection 119

Commissions électorales, des Cours constitutionnelles ainsi qu’en matière de


dotation, aux institutions concernées, en matériels logistiques et informatiques.
Adoptée en 1971, la Déclaration des principes du Commonwealth engage
l’organisation dans l’encouragement des États membres au développement « des
institutions représentatives et des garanties juridiques de liberté individuelle ».
La Déclaration de Harare de 1991 lui fixe un certain nombre d’objectifs à
atteindre dont la priorité à la promotion de la démocratie et de ses valeurs
fondamentales, l’engagement des États membres à la démocratie et à la tenue
régulière d’élections libres et équitables27.
L’orientation idéologique de la Commonwealth permet d’induire que
l’assistance électorale de l’organisation dépasse largement le cadre typiquement
technique au profit de la construction d’une culture démocratique défendue,
partagée et assumée par chaque membre.
D’autres organisations régionales telles que la Communauté économique des
États d’Afrique centrale, celle de l’Afrique de l’ouest ou de l’Afrique australe
accompagnent également les États membres dans la préparation technique et
logistique ainsi que dans l’organisation des processus électoraux libres, fiables,
transparents et crédibles.

2. La préparation psychologique
La victoire à une élection constitue, pour les candidats et les électeurs, un
enjeu de taille, elle se prépare et ne s’improvise pas. Afin de permettre aux
électeurs d’opérer, au moment du vote, un choix judicieux et clair, il est
important de leur faire bénéficier d’une éducation civique et électorale
appropriée.
Dans les pays sortis des crises politiques et militaires ou et en transition
démocratique, l’éducation électorale contribue à la réduction des tensions
politiques et à la gestion apaisée du processus électoral. Assurée par
l’administration électorale, cette tâche est également accomplie, dans le cadre de
la division du travail, par les partis ou regroupements politiques ainsi que les
organisations de la société civile. L’éducation civique et électorale contribue à la
réduction du phénomène d’absentéisme électoral.
Même si la participation électorale est caractéristique de la bonne santé d’un
régime, l’abstention électorale est, ainsi qu’on le verra, devenue un exercice
courant, voire normal dans les pratiques démocratiques modernes. Il importe de
la dédramatiser, rechercher les causes et saisir la véritable portée.

3. La planification des activités


Une bonne préparation technique et logistique d’un scrutin impose au
pouvoir organisateur la planification d’une série d’activités à réaliser à la veille

27
Art. 10 de la Déclaration.
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120 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

du scrutin, le jour du vote, la procédure de votation et la fermeture des bureaux


de vote.

3.1. La veille du jour du scrutin


La loi électorale congolaise impose au président du bureau de vote, un
certain nombre de devoirs à la veille du scrutin, il doit obligatoirement :
• se présenter au centre de vote pour réceptionner les matériels et
documents du bureau de vote et de dépouillement conformément au plan
de déploiement et de ramassage ;
• vérifier les matériels et les documents électoraux réceptionnés, le cas
échéant, réclamer ce qui manque ;
• prendre contact avec les autres membres du bureau de vote ;
• rappeler aux membres l’heure d’arrivée au bureau de vote ;
• identifier et vérifier l’emplacement du bureau de vote et s’enquérir de la
conformité des locaux aux dispositions légales ;
• informer le chef du centre de vote ou la Commission électorale nationale
indépendante locale de toutes les difficultés prévisibles pouvant
compromettre le bon déroulement des opérations ;
• mettre le matériel en sécurité.
Cet exercice permet au président du bureau de vote de s’assurer que la
législation électorale a été observée avant l’ouverture proprement dite du
bureau de vote.

3.2. Le jour du vote


L’ensemble des législations électorales déterminent les heures d’ouverture et
de fermeture des bureaux de vote ainsi que la durée du scrutin. Il est également
précisé les précautions à prendre en cas de démarrage tardif du scrutin,
notamment la rallonge de l’heure initialement fixée pour clôture du vote.
En droit électoral congolais, le président du bureau de vote doit, avant son
ouverture au public, s’assurer de la présence de tout le personnel électoral et
l’accomplissement, par chacun, de son obligation de prestation de serment
d’usage. C’est à lui qu’il revient d’accueillir et de vérifier les accréditations des
délégués des candidats, des observateurs et journalistes présents au moment de
l’ouverture du bureau de vote.
Le président du bureau de vote a la lourde responsabilité de vérifier, avant le
scrutin, de la qualité du matériel électoral pour s’assurer qu’il est complet et si,
en particulier, l’urne est conforme et vide. Il veillera particulièrement sur le
nombre des carnets de bulletins de vote et de leurs numéros, disposera
convenablement les documents et matériels électoraux en vue de la réception
des votes et rappellera aux autres membres du bureau leurs tâches.
Avant d’ordonner le début du vote, l’urne vide doit être présentée aux
électeurs, aux membres du bureau, aux délégués des candidats, aux
observateurs et représentants présents des organes de presse. Il est important de
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L’élection 121

signaler à cette étape du déroulement du vote de la nécessité d’apposer les


scellés sur l’urne, l’inscription dans le procès-verbal des opérations de vote, des
éventuelles observations relevées. Le président du bureau de vote ne perdra pas
de vue que c’est à lui qu’il revient d’annoncer publiquement l’heure d’ouverture
et de fermeture du vote et de faire consigner dans le procès-verbal des
opérations de vote.

3.3. La procédure proprement dite de vote


Le scrutin se déroule conformément au Code électoral qui détermine la
qualité de l’électeur, les modalités et la procédure de votation. Aux termes de la
loi électorale congolaise, seule la personne munie de sa carte d’électeur et
inscrite sur la liste électorale d’un bureau de vote28 est autorisée à voter. La
même loi organise le vote par dérogation au bénéfice :
• des membres de la Commission électorale nationale indépendante, ceux
du bureau de vote, des témoins des candidats, partis ou regroupements
politiques, des observateurs nationaux, journalistes et agents de carrière
des services publics en mission ou en mutation, sur présentation, soit de
la carte d’électeur, soit de témoins, soit d’accréditation, soit de l’ordre de
mission ou titre de mutation ;
• des candidats, leurs conjoints et suppléants détenteurs de la carte
d’électeur sont admis, dans leur circonscription électorale, au bureau de
vote de leur choix sur présentation de la copie du récépissé de la
déclaration de candidature ;
• des épouses et enfants majeurs des militaires et agents de la police
nationale congolaise en mutation, munis de leurs cartes d’électeur et de
l’ordre de mission ou d’une feuille de route sur laquelle sont repris les
noms de tous les enfants ;
• des électeurs identifiés par la Commission électorale nationale
indépendante au moins quinze jours avant le début du scrutin.
Muni de sa carte, l’électeur se présente devant le premier assesseur qui
prend celle-ci et procède à la vérification de l’absence, sur ses doigts, de l’encre
indélébile. En cas de la présence de l’encre sur ses doigts, l’électeur est interdit
de voter et mis, pour tentative de vote frauduleux, à la disposition de la police
pour être déféré, le cas échéant, devant la justice. À l’inverse (en cas d’absence
d’encre indélébile), l’assesseur vérifie l’identité et le nom de l’électeur sur la
liste électorale du bureau de vote avant de l’admettre à voter.
Dans la procédure de la vérification de l’identité de l’électeur, deux scénarios
sont possibles. Si le nom de l’électeur ne figure pas sur la liste électorale,
l’assesseur se rassure qu’il ne s’agit pas d’une personne admissible au vote par
dérogation. Dans le cas contraire, elle ne vote pas, le président l’invite à sortir
de la salle. Si, en revanche, le nom de l’électeur figure bien sur la liste électorale,
l’assesseur coche à côté de son nom en indiquant la mention « H » ou « F »,

28
Art. 59 de la Loi électorale.
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122 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

selon qu’il est de sexe masculin ou féminin avant de l’orienter vers le président
du bureau de vote.
L’électeur autorisé à voter par dérogation est orienté vers le deuxième
assesseur qui prend sa carte, l’inscrit sur le registre de dérogation tout en
indiquant, selon le cas, la mention « H » ou « F » avant de l’orienter vers le
président du bureau de vote.
La procédure de vérification d’identité terminée, le président paraphe le
bulletin de vote, le remet à l’électeur et l’oriente vers l’isoloir. Son paraphe est
porté de façon visible, à l’un des coins supérieurs du bulletin, en dehors des
cases réservées à l’identification des candidats et au marquage du choix des
électeurs. Dans l’isoloir, l’électeur fait son choix en apposant une marque
(croix, signe plus, un point) ou son empreinte digitale dans la case réservée à
cet effet ; cette marque devant permettre d’identifier clairement son choix.
Au cas où l’électeur se trouve, en raison d’un handicap physique, dans
l’impossibilité d’effectuer personnellement son vote, il peut, avec l’accord du
président du bureau, se faire assister d’une personne de son choix ayant la
qualité d’électeur29. La loi interdit qu’une personne assiste plus d’un électeur.
Après avoir opéré son choix, l’électeur plie discrètement le bulletin, sort de
l’isoloir et, à la vue des personnes présentes dans le bureau de vote, l’introduit
dans l’urne appropriée. Si les scrutins sont combinés, le bureau de vote et de
dépouillement est, obligatoirement, doté de deux urnes différentes pour
distinguer les deux types des scrutins. Il importe de noter, dans ce cas,
qu’aussitôt que le premier bulletin ait été glissé dans l’urne, l’électeur reçoit du
secrétaire un deuxième, préalablement visé, et se rapportant à l’autre scrutin. Il
accomplit le même devoir après avoir été, de nouveau, orienté par le secrétaire
vers un autre isoloir libre.
À l’issue du vote, l’électeur se présente devant le deuxième assesseur pour
signer ou apposer son empreinte digitale sur la liste d’émargement. C’est à cette
étape qu’on lui applique l’encre indélébile sur la cuticule du pouce de la main
gauche ou, à défaut, de l’un des autres doigts d’une main, avant de lui remettre
sa carte et l’orienter vers la sortie.
En vue de permettre l’organisation, le contrôle et la surveillance du scrutin,
la loi électorale autorise les membres du bureau, témoins, observateurs et
journalistes présents de voter avant tout le monde. Elle admet également le
vote, en priorité, des femmes enceintes, malades, personnes de troisième âge et
celles vivant avec handicap.
Dans les grandes circonscriptions, les membres du bureau de vote et de
dépouillement sont autorisés, dès qu’une urne est remplie, d’utiliser, en
présence des électeurs présents, délégués des candidats et partis, observateurs et
journalistes ; une urne additionnelle, celle remplie étant scellée et placée sur la
même table, à la vue de tout le monde, que l’urne additionnelle.

29
Art. 58 de la Loi électorale.
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L’élection 123

3.4. La fermeture du bureau de vote


À l’approche de l’heure indiquée pour la fermeture du bureau de vote au
public, le président prend toutes les dispositions utiles pour l’organisation
conforme à la procédure arrêtée, des opérations de dépouillement. Il procède,
au besoin, à la désignation des cinq électeurs présents autorisés à assister aux
opérations de dépouillement. À l’heure officielle de la fermeture du bureau de
vote, le président déclare le scrutin clos, mention étant faite au procès-verbal.
Si à l’heure officielle prévue pour la clôture du vote, il s’observe une file
d’électeurs en attente, le président fait ramasser, par un membre du bureau,
leurs cartes à partir du dernier électeur constaté pour leur permettre de voter.
Dans la pratique des élections, le bureau de vote se transforme, à la clôture du
scrutin, en celui de dépouillement.

B. La préparation matérielle
Pour une bonne préparation matérielle du scrutin, il est conseillé à
l’administration électorale de développer un sens relativement élevé de
management dans la gestion du temps : plus, en effet, on s’y prend à temps,
moins on subit la pression des événements. L’acquisition et le déploiement du
matériel et du personnel électoral posent, toutefois, le problème du financement
des élections.
En Afrique, la préparation matérielle d’une élection rime avec son
financement. L’organisation d’une élection est si chère pour que les budgets des
pays africains soient capables d’en supporter seuls le coût. Faute d’une
programmation budgétaire cohérente et suffisante, l’ensemble des pays africains
ont pris l’habitude de solliciter ou de se voir imposer le financement extérieur
de leurs élections.
Dépourvu de toute neutralité, le financement international des élections
africaines réduit considérablement la marge des manœuvres et, donc,
l’indépendance des pays qui le demandent. Les organes chargés de la gestion des
élections ne sont pas, de toute évidence, exemptés de l’influence de la
communauté internationale. Une opinion pense, d’ailleurs, que sans
l’implication de la communauté internationale, il est difficile de tenir, en
Afrique, les élections crédibles, libres et transparentes30.
À l’issue d’un colloque sur les élections en Afrique31 réunissant les
représentants des organes de gestion des élections et de la société civile, les
participants ont notamment recommandé l’autofinancement par les
gouvernements africains de leurs propres scrutins. C’est dans le même sens que
s’est prononcé le Réseau des compétences électorales francophones lors de sa
réunion tenue, du 7 au 8 février 2014, à Bamako au Mali.

30
BIYOYA P., « Coût des élections », in Fédéralisme-régionalisme, La Troisième République démocratique
du Congo, Vol. 5, 2004-2005, Liège, 2005, p. 102.
31
Tenu, du 11 au 14 novembre 2009, à Accra au Ghana sur le thème Les élections en Afrique :
meilleures pratiques et collaboration transectorielle.
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124 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

En République démocratique du Congo, on relève que, contrairement aux


élections de 2006 dont le financement était, selon la Commission électorale
indépendante, à hauteur d’environ 91 % de la communauté internationale
contre 9 % du gouvernement, celles de 2011 ont été caractérisées par une prise
en charge prépondérante nationale soit 70,7 % laquelle participe, selon une
certaine opinion, à la volonté d’indépendance nationale dans l’organisation par
le pays de ses propres élections32.

§2. L’ORGANIS
ISA
ATIO
TION
N DU VOTE
Pour la bonne tenue d’un scrutin, l’organisation et la planification
minutieuse et préalable des activités à réaliser sont des exigences de taille. Il est,
en effet, important de garder à l’esprit, le rôle que présente l’élaboration d’un
chronogramme opérationnel dont le respect doit, de toute évidence, être
observé.
L’automatisme dans l’organisation de l’élection étant, à tout point de vue,
aléatoire, l’administration électorale se doit de mettre en place une politique
électorale efficace et une gestion rationnelle des opérations en vue de favoriser
un climat de confiance avec les différentes parties prenantes au processus
électoral.
Renfermant une multitude d’opérations hautement complexes et coûteuses,
l’organisation d’une élection ne s’improvise pas au risque de voir
l’administration électorale se perdre dans un océan, laissant derrière elle des
tensions sociales dont les conséquences pourront être difficilement réparables.
Une bonne élection exige que l’on établisse des bons repères, un chronogramme
précis et une organisation réaliste.
Opération gigantesque, l’organisation d’un scrutin comporte une variété
d’activités qui nécessitent la participation d’un grand nombre d’acteurs. L’on
pense, notamment, à l’élaboration d’un calendrier électoral réaliste, la
planification et la budgétisation des opérations ainsi qu’à l’éducation électorale.
Dans cette perspective, bon nombre de législations électorales aménagent,
avec soin, l’organisation d’un vote par la détermination de l’organe appelé à en
assurer la gestion. En Europe33 comme en Afrique34, plusieurs pays se sont
dotés d’organes indépendants d’organisation et de gestion du processus
électoral.

32
WETSH’OKONDA KOSO M. et BALINGENE KAHOMBO, Le pari du respect de la vérité des urnes en
Afrique. Analyse des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 en République démocratique
du Congo, Bruxelles, 11.11.11, 2014, p. 112.
33
En Russie, l’organe chargé d’organiser les élections se nomme Commission de recensement des
élections.
34
Commission électorale indépendante (Côte d’Ivoire, Kenya, République centrafricaine, Tunisie, Togo
et Zimbabwe), Commission électorale nationale autonome (Bénin, Sénégal), Commission électorale
nationale autonome et permanente (Gabon), Commission électorale nationale indépendante (Burkina
Faso, Madagascar, Mali, Niger, République Sud-africaine, Tchad), Commission de recensement des
électeurs (Cameroun), la Haute commission électorale (Égypte).
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L’élection 125

En République démocratique du Congo, la Commission électorale nationale


indépendante s’est vue confier l’enrôlement des électeurs, l’établissement et la
gestion du fichier électoral ainsi que la régularité des opérations de vote, de
dépouillement et du référendum35.La Loi organique n° 10/013 du 28 juillet
201036 lui confère une indépendance d’action à l’égard d’autres institutions
étatiques desquelles elle bénéficie, par ailleurs, d’une collaboration efficace37.
Dans l’exécution de ses tâches techniques, la Commission électorale
nationale indépendante s’appuie sur un panel de structures opérationnelles
dont la composition exclut, à l’exception du bureau et de l’Assemblée plénière,
la présence des forces politiques. Il s’agit notamment du secrétariat exécutif
national, du secrétariat exécutif provincial, du centre local de compilation des
résultats, de l’antenne locale de la Commission électorale nationale
indépendante, du centre de vote et de dépouillement ainsi que du bureau de
vote et de dépouillement.

’Asssemblée plénière
A. L’A
Organe de conception, d’orientation, de décision et d’évaluation des activités
de la Commission électorale nationale indépendante, l’Assemblée plénière38 ne
siège valablement qu’à la majorité absolue de ses membres. Si, à la première
séance, ce quorum (majorité absolue) n’est pas atteint, elle peut, à la séance
subséquente portant la même matière, valablement siéger, quelque soit le
quorum. Ses décisions se prennent par consensus, et, à défaut, par vote à la
majorité absolue de ses membres.
En cas d’égalité des voix, celle du président est prépondérante39.
Par sa composition, en revanche, l’Assemblée plénière est un organe
politique dont la neutralité paraît, de toute évidence, difficile à réaliser en
toutes circonstances. Il importe, cependant, de noter qu’en tant que structure
d’évaluation technique des activités opérationnelles de la Commission
électorale nationale indépendante, l’Assemblée plénière est dépourvue de
couleur politique, ses membres se devant une certaine confiance réciproque
pour la réalisation des objectifs communs.

B. Le Bureau de la Commission électorale nationale indépendante


Composé de six membres40, le Bureau est l’organe de gestion et de
coordination de la Commission électorale nationale indépendante. Structure
d’exécution des décisions de l’Assemblée plénière, il veille au respect par les

35
Art. 221 de la Constitution du 18 février 2006.
36
Modifiée par la Loi organique n° 10/013 du 19 avril 2013.
37
Art. 10 et 22, point 2 de la Loi du 28 juillet 2010.
38
Art. 23 ter de la Loi organique n° 10/013 du 19 avril 2013.
39
Art. 23 quater de la Loi organique n° 10/013 du 19 avril 2013.
40
Dont trois de la majorité, deux de l’opposition et une de la société civile.
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126 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

autorités politico-administratives, les partis politiques, les candidats, les


observateurs nationaux et internationaux, les électeurs ainsi que les témoins
des lois électorale et référendaire41.

C. Le Secrétariat exécutif national


Chargé de la mise en œuvre des décisions et recommandations de la
Commission électorale nationale indépendante, le Secrétariat exécutif national
en assure le rôle d’organe d’appui technique et administratif. C’est à lui qu’il
revient de préparer, sous la supervision du bureau, les plans et activités
électorales à réaliser par la Commission électorale nationale indépendante. Au
chef-lieu de chaque province est institué un secrétariat exécutif provincial.

D. Le Centre local de compilation des résultats


Situé au niveau de chaque circonscription électorale, le Centre local de
compilation des résultats est une structure technique de centralisation, de
compilation et de transmission des résultats électoraux aux autres structures
organiques de la Commission électorale nationale indépendante.
Chaque Centre local de compilation des résultats délibère, sous l’autorité de
la Commission électorale nationale indépendante, sur les réclamations et
contestations relatives aux erreurs matérielles constatées ou dénoncées par ou
devant lui. Il est composé des six postes opérationnels, à savoir la centralisation,
le collationnement, le dépouillement, la compilation, l’apurement et l’archivage
des résultats provenant des Centres de vote et de dépouillement.
Le poste de centralisation est composé de cinq agents chargés
respectivement de la réception, du tri, de l’enregistrement, de la saisie et de la
transmission au poste de collationnement des résultats des centres de vote et de
dépouillement.
Au niveau du poste de dépouillement, il y est pourvu un personnel chargé
de la réception, la numérotation, le classement et la transmission des résultats
au poste de dépouillement composé, en plus d’un secrétariat42, de deux équipes
dont l’une s’occupe de la délibération et l’autre du règlement de cas considérés
difficiles.
Poste qui permet notamment à l’administration électorale de faire
application des formules retenues dans le cadre du choix du mode de scrutin
(par exemple la représentation proportionnelle avec la règle du plus fort reste),
la compilation comprend, en plus d’une cellule de supervision, plusieurs
opérateurs de saisie.

41
Art. 24 de la Loi organique n° 10/013 du 19 avril 2013.
42
Comprenant un superviseur et trois agents en charge de la réception, la vérification, le pointage et la
transmission des résultats.
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L’élection 127

Une fois compilés, les résultats électoraux sont, avant leur transmission au
bureau de la Commission électorale nationale indépendante et à la juridiction
compétente, apurés (par une cellule de supervision et une équipe de
vérificateurs) et archivés. Les plis qui en constituent le soubassement sont
préalablement formés au niveau du bureau de vote et de dépouillement par les
agents électoraux.
Le rôle joué par le Centre local de compilation dans la certification des
résultats électoraux suffit pour exclure toute possibilité de son installation dans
les lieux de culte, les quartiers généraux des partis politiques, des syndicats et
des organisations non gouvernementales, les débits de boissons, les postes de
police, les camps militaires ainsi que les académies et écoles militaires.
Dans le cadre de la réception, l’assemblage et l’archivage des résultats des
bureaux de vote et de dépouillement ainsi que la transmission des plis, chaque
centre local de compilation bénéficie de l’assistance administrative d’une
antenne locale de la Commission électorale nationale indépendante.

E. Le Centre de vote et de dépouillement


Constitué d’un ou de plusieurs bureaux de dépouillement, le Centre de vote
et de dépouillement coordonne et supervise les opérations électorales réalisées
par chaque bureau de vote et de dépouillement, centralise et achemine vers le
centre local de compilation des résultats du ressort les différents plis provenant
desdits bureaux. Chaque centre de vote est composé d’un chef, d’un secrétaire
et de deux assesseurs.

F. Le Bureau de vote et de dépouillement


Le Bureau de vote est le lieu où se déroulent toutes les opérations de vote et
de dépouillement. Composé de cinq membres (dont un président, deux
assesseurs, un secrétaire et un secrétaire adjoint), le bureau de vote est, vingt-
quatre heures avant le scrutin, pourvu de tous les matériels de vote et de
dépouillement.
À la différence de certains pays comme le Cameroun, le Gabon, le Kenya, le
Mali, le Sénégal ou le Zimbabwe, la République démocratique du Congo
n’autorise pas la présence des délégués de candidat, parti ou regroupement
politique dans la composition de bureau de vote et de dépouillement.
En vue de garantir la neutralité et l’impartialité de bureaux de vote et de
dépouillement, le législateur est parfois amené à interdire leur établissement
dans les lieux de culte, les quartiers généraux des partis politiques, des
syndicats et des organisations non gouvernementales, les débits de boissons, les
postes de police, les camps militaires, les académies et écoles militaires.
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128 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§3. LES MODALITÉS DE VOTE


ITÉS
Acte par lequel s’exerce un droit subjectif, le vote comporte une double
dimension à la fois personnelle et publique ; l’électeur étant, en principe, appelé
à se présenter personnellement dans le bureau de vote pour y accomplir son
devoir civique, ce qui contribue au renforcement du caractère public et secret
du vote, élément indispensable à la transparence et à la sincérité du scrutin.
Pour des raisons de participation électorale, le législateur peut être amené à
concevoir différentes modalités d’exercice du droit de vote. Sans être
uniformes, il les aménage différemment en tenant compte des personnes
présentes ou non le jour du scrutin ; le vote à l’aide de bulletin papier, celui
réalisé par procuration, correspondance ou dérogation ainsi que le vote
électronique.
Le législateur congolais organise le vote par bulletin papier et,
exceptionnellement, celui par dérogation et le vote électronique43. En raison des
particularités qui entourent souvent la procédure de leur aménagement, le vote
des policiers, militaires et des citoyens vivant à l’étranger mérite une attention
singulière.

A. Le vote par bulletin papier


Également appelé vote traditionnel, le vote à l’aide d’un bulletin papier est
celui au moyen duquel l’électeur est invité à inscrire sur un papier libre,
sécurisé et préalablement conçu à cet effet, le nom de son candidat avant de
l’introduire dans l’urne.
Selon les législations, la conception du bulletin de vote (bulletin classique,
unique ou multiple, bulletin numérique) influe notablement sur le choix de
l’électeur, celui-ci étant invité à marquer, dans une case prévue à cette fin, sa
préférence en faveur de tel ou tel autre candidat.
Si l’usage du bulletin unique ne soulève pas de problèmes particuliers, il n’en
est pas de même pour les bulletins multiples. Pour ces derniers, en effet,
l’électeur prend tous les bulletins, opère un choix en faveur d’un seul et
déclasse les autres qu’il jette dans la poubelle soigneusement aménagée à cette
fin dans un coin du bureau de vote.
La manifestation de la liberté de l’électeur étant, en pratique, complexe et
variée, il peut s’agir de l’inscription du nom du candidat sur la case réservée à
cette fin. Le pointage, l’apposition d’un signe distinctif ou d’une empreinte
digitale à côté du nom du candidat préféré sont, sauf dispositions légales
contraires, autorisés. Aucune nullité du bulletin ne peut être invoquée si
l’intention de l’électeur a été clairement manifestée.

43
Art. 47 al. 1er et 57 al. 6 de la Loi électorale.
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L’élection 129

B. Le vote par procuration


Le vote par procuration est l’autorisation (mandat) qu’un électeur (le
mandant) inscrit sur la liste électorale d’une circonscription donne à un autre
(mandataire) inscrit sur la même liste électorale à le remplacer au vote.
L’électeur mandataire agit, ainsi, en lieu et place de son mandant et, dans les
limites légales, notamment la durée du mandat et l’autorité habilitée à le
certifier ou à l’annuler.
Pour voter, le mandataire doit être inscrit sur la même liste électorale que le
mandant et prouvé qu’il jouit de tous ses droits électoraux. En vue d’éviter que
ce type de vote ne contribue à alimenter la rumeur de la fraude, la procuration
doit, après le vote, être estampillée.
Dans la pratique, le mandant et le mandataire peuvent convenir du choix à
opérer, mais la non-observance des consignes est toujours difficile à vérifier
et/ou à sanctionner. Il peut, également, se faire que le jour du scrutin, le
mandant se présente personnellement devant le bureau de vote pour participer
à l’élection, ce qui pose le problème de la validité de son mandat. Celui-ci étant
révocable à tout moment, il n’est pas nécessaire qu’une loi intervienne à ce
sujet.
Le recours au vote par procuration peut, dans certains cas, comme au Mali
en 2013, encourager, comme on le verra, une fraude électorale44.

C. Le vote par correspondance


Le vote par correspondance est, généralement, organisé pour permettre la
participation à l’élection d’une personne qui, le jour du scrutin, se trouve dans
une situation qui l’empêche à se présenter personnellement et physiquement au
lieu où se déroule le vote. La loi autorise, dans ce cas, et selon une procédure
minutieusement arrêtée, le vote par correspondance ; l’administration électo-
rale ayant, préalablement, arrêté le modèle type d’enveloppe à utiliser et de
bulletins de vote ne comportant pas de ratures ni surcharges.
La procédure en la matière prévoit que le bulletin soit rempli à la main avant
d’être introduit dans une première enveloppe, ne comportant aucune
inscription ni marque d’identification. Cette enveloppe est, ensuite, insérée
dans une autre tachetée à remettre à la poste avec les indications précises de
l’expéditeur et du destinataire. Au recto de l’enveloppe, y figure obligatoirement

44
Pour faciliter le vote des maliens qui, pour une raison ou une autre, auraient été absents, le jour du
scrutin, de leurs circonscriptions électorales, la loi électorale autorise leur transfert, par une Commission
administrative, dans d’autres circonscriptions de leur choix. L’article 34, al. 2 de la Loi n° 06-044 du
4 décembre 2006 (telle modifiée par la Loi n° 2011-085 du 30 décembre 2006 et la Loi n° 2013-017 du
21 mai 2013) portant loi électorale du Mali indique « qu’en cas de changement de résidence, l’électeur
peut se faire inscrire sur la liste électorale de son choix sans qu’il ne soit préalablement exigé de lui, la
production d’un certificat de radiation». Ainsi qu’on le voit, une telle formulation a été, dans la pratique,
à la base des abus susceptibles de porter atteinte à la sincérité du vote par cette catégorie d’électeurs.
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130 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

l’adresse du destinataire et, au verso, les noms et prénom de l’électeur, son


adresse ainsi que sa signature.
Cette modalité de vote est d’usage en Belgique, aux États-Unis d’Amérique,
en France, en Italie, en Norvège, au Royaume-Uni ou encore au Zimbabwe.

D. Le vote par déroga


gattion
Le vote par dérogation est admis au bénéfice d’une catégorie particulière
d’électeurs. La loi électorale congolaise autorise, par exemple, le vote par
dérogation des membres de bureau de vote, des témoins, des observateurs, des
journalistes et des agents de la Commission électorale nationale indépendante,
ceux de carrière de service public de l’État en mission, après présentation par
eux de leurs cartes d’accréditation ou ordres de mission, selon le cas.
Sont également autorisés à voter par dérogation, les candidats et leurs
conjoints ainsi que leurs suppléants, les épouses et enfants majeurs des
militaires et agents de la police nationale congolaise en mission munis de leurs
cartes d’électeur, ordre de mission ou feuille de route sur laquelle sont repris les
noms de ces enfants45. Ils sont alors inscrits sur la liste d’émargement.
Obligatoirement en cours de validité, chaque ordre de mission ou feuille de
route doit comporter la signature de l’autorité compétente et le sceau de
l’administration qui l’a délivré.

E. Le vote électronique
Le vote électronique est celui qui se fait à l’aide des nouvelles technologies
de l’information et de la communication et, notamment, par l’internet. Il
permet le vote à distance, l’électeur pouvant voter à partir de chez lui ou dans
un autre endroit, s’il est inscrit sur la liste d’une circonscription électorale
donnée et dispose d’un ordinateur configuré avec le programme ou le logiciel
particulier.
Il importe de noter que le vote électronique pose le problème, en cas de
fraude, de l’identification de l’électeur fraudeur et de la vérification de ses
intentions, ce qui a conduit certains pays, comme le Pays-Bas, à l’abandonner
en mai 2008.
À l’actif de ce vote, on signale, cependant, l’accroissement du taux de
participation électorale, l’amélioration de la qualité du scrutin, la réduction
considérable du nombre de bulletins blancs et la consolidation du rapport entre
le coût et l’efficacité de l’action. En République Démocratique du Congo, on
note que, bien que prévu, le vote électronique n’est pas encore, en raison de
l’absence d’une technologie de pointe, effectif.

45
Art. 54 de la Loi électorale.
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L’élection 131

F. Le vote en faveur d’une catégorie particulière d’é


’un ’éllecteurs
Pour une catégorie particulière d’électeurs, l’administration électorale prend
souvent les précautions d’organiser un vote qui allie le souci de la transparence
avec le respect de la liberté de l’électeur. Il s’agit notamment des policiers, des
militaires et des citoyens vivant à l’étranger.

1. Le vote des policiers et militaires


Certaines législations autorisent le vote des policiers et militaires. Pour cette
catégorie d’électeurs, le vote a, habituellement, lieu avant le jour du scrutin et
dans des locaux spécialement aménagés à cette fin, à l’exception de casernes,
académies militaires et policières. Il peut arriver que, pour des raisons diverses,
cette catégorie d’électeurs se présente devant les bureaux de vote le jour même
du scrutin pour qu’ils soient admis, à l’instar des électeurs civils, à voter.

2. Le vote des citoyens vivant à l’étranger


Impérativement organisé dans le code électoral, le vote des citoyens vivant à
l’étranger a lieu avant ou le jour même du scrutin ; dans ce cas, il se déroule
dans les locaux de la chancellerie ou du consulat aménagés à cette fin.
Devant l’étroitesse éventuelle de locaux de la chancellerie ou du consulat
appelé à accueillir un nombre relativement élevé d’électeurs, le gouvernement
du pays organisateur de cette élection prend souvent soin de solliciter du
gouvernement du pays hôte, l’aménagement et la sécurisation des locaux et
espaces pouvant servir des bureaux ou centres de vote et de dépouillement. Ce
vote n’est pas organisé en République démocratique du Congo.

§4. LA SURVEIL
ILLLANCE DU VOTE
La surveillance électorale est constituée d’un ensemble de mécanismes
destinés à protéger l’intégrité du vote. Elle fait partie des mesures de
vérification et de contrôle pour une meilleure sauvegarde par l’administration
électorale de la viabilité, l’honnêteté du scrutin mais également la participation
électorale. La surveillance électorale contribue au renforcement du respect par
les acteurs impliqués des règles de jeu électoral.
Depuis la deuxième guerre mondiale, le droit pour chaque citoyen de
participer à la direction des affaires publiques de son pays est reconnu comme
fondamental. Le rôle des élections garantes du respect de ce droit a été,
également, réaffirmé pour qu’à l’organisation d’un scrutin, le pays qui en
ressent le besoin soit autorisé à solliciter, à côté de la surveillance domestique,
une observation internationale.
L’observation internationale d’une élection constitue l’une des tâches
traditionnelles du personnel d’une ambassade à l’étranger. Elle intéresse,
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132 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

également, l’Organisation des Nations-Unies. Par sa résolution n° 64/155 du


18 décembre 2009, l’Assemblée générale de cette organisation reconnait
l’importance de l’observation internationale des élections et sa contribution à
l’atténuation des risques de violence électorale. D’autres acteurs comme les
parlementaires, les experts électoraux, les chercheurs et journalistes font
souvent partie des missions internationales d’observation des élections. Les
conclusions de ces différentes observations peuvent, selon le cas, influer sur les
relations entre États sur le plan international46.
En raison des enjeux politiques qu’elle procure, l’organisation d’une élection
constitue, pour l’administration électorale, un défi de taille. Portés vers la
conquête ou la conservation du pouvoir, les compétiteurs politiques sont loin de
se faire, même dans un cadre du régime démocratique, mutuellement confiance.
Toutes les stratégies politiques étant, à priori, admises, il s’installe entre
acteurs impliqués, une suspicion qui alimente souvent la rumeur de fraude
pour que soit justifiée l’idée de la surveillance, par un regard en principe neutre
et désentassé, du processus du vote.
Prenant appui sur la transparence et la crédibilité du vote, l’ensemble des
législations électorales organisent la surveillance du vote. Celle-ci est nationale
et internationale.

A. La surveillance nationale
En droit électoral congolais, la surveillance électorale du vote est, au plan
national, assurée par les témoins des candidats, partis ou regroupements
politiques47, les observateurs et journalistes48 accrédités par la Commission
électorale nationale indépendante. Elle a lieu dans les bureaux de vote et de
dépouillement, mais également dans les autres structures de centralisation et de
compilation des résultats.
Le premier tour de l’élection présidentielle de 2006 a mobilisé 62 040
observateurs, 3 025 journalistes nationaux et 200 180 témoins des candidats,
partis ou regroupements politiques pour la surveillance de l’ensemble des
opérations de vote et de dépouillement.
Au deuxième tour, 114 902 observateurs, 3 025 journalistes nationaux et
356 277 témoins des candidats, partis ou regroupements politiques ont été
accrédités pour le contrôle du vote.
Aux élections présidentielles et législatives de 2011, 108 238 observateurs,
1 747 journalistes et 1 177 130 témoins des candidats, partis ou regroupements
politiques ont surveillé les opérations de vote, de dépouillement, de
centralisation, de compilation et de publication des résultats.

46
GARBER L., Principes directeurs pour l’observation internationale des élections, Washington, DC, 2005,
pp. 1-3.
47
Art. 38, al. 1er de la Loi électorale.
48
Art. 43-45 de la Loi électorale.
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L’élection 133

B. La surveillance internationale
Dans le domaine des élections, bon nombre de pays africains ont pris
l’habitude de solliciter ou de se voir imposer une surveillance internationale
réalisée sous forme d’assistance technique, financière ou logistique.
Couvrant plusieurs domaines d’activité, l’assistance électorale internationale
se découvre dans l’accompagnement des processus électoraux et/ou
démocratiques des « États demandeurs ». Axée, en amont, sur la transparence et
la crédibilité desdits processus, elle converge, en aval, sur la certification des
résultats issus du vote.
Dans sa pratique, cependant, l’observation internationale pose le problème
d’authentification, par la communauté internationale, des résultats électoraux
rendus publics par les organes et instances nationaux compétents et, donc, des
régimes politiques mis en place.
Au nom du respect des valeurs démocratiques, il se cristallise, dans les pays
demandeurs, le sentiment de subir une sorte de « droit d’ingérence électorale »
qui devrait difficilement cohabiter avec la souveraineté, au demeurant
discutable, dont ils se prévalent. Il ne peut autrement s’expliquer, ces processus
étant, en grande partie, contrôlés de l’étranger qui n’hésite même plus à
financer les manifestations politiques organisées par certaines organisations
non gouvernementales se réclamant pourtant de la société civile49.
Le premier tour de l’élection présidentielle de 2006 a vu 2 074 observateurs
et 785 journalistes internationaux50 inspecter les opérations de vote et de
dépouillement. Au deuxième tour, 2 693 observateurs et 384 journalistes
internationaux ont été accrédités pour surveiller le déroulement du vote.
En 2011, la Commission électorale nationale indépendante a accrédité sept
cent quatre-vingt-cinq observateurs et soixante-deux journalistes interna-
tionaux pour la surveillance de l’élection présidentielle couplée à celle des
députés nationaux.
Comparativement à la surveillance domestique du vote assurée, en 2006, par
176 942 observateurs, 6 050 journalistes nationaux et 556 457 témoins
désignés par les candidats, partis ou regroupements politiques, la Commission
électorale indépendante n’a pu accréditer que 4 767 observateurs et 1 179
journalistes internationaux déployés non pas sur l’ensemble du territoire
national, mais dans certaines villes et agglomérations du pays51.
À l’occasion du scrutin présidentiel couplé aux législatives nationales de
2011, le nombre de 785 observateurs et 62 journalistes internationaux a été
sensiblement inférieur à celui de 108 238 observateurs, 1 747 journalistes

49
Lire dans ce sens, OWEN B., « Les fraudes électorales », Voter, Pouvoirs, n° 120, Paris, janvier 2007,
p. 142.
50
ESAMBO KANGASHE J.-L., La loi électorale, op.cit., p. 87.
51
En règle générale, l’observation internationale des élections est, pour des raisons logistiques et
financières, rarement déployée pour couvrir l’ensemble du territoire de l’État demandeur. Elle ne couvre
pas non plus tout le processus électoral, au point de n’être visible qu’en période de campagne électorale,
du vote et, au besoin, à l’occasion du règlement du contentieux électoral.
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134 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

nationaux et 1 767 130 témoins des candidats, partie ou regroupements


politiques identifiés en 2011.
Au-delà du simple jeu de chiffre et de l’occupation géographique entre les
deux observations électorales, se pose la question de fond liée à l’importance
relative accordée souvent aux conclusions de l’observation domestique au profit
de celle internationale dont on connait la forte influence dans les relations
entre États.
S’agissant de l’appréciation internationale des processus électoraux en
Afrique, on note qu’elle peut se limiter à une simple escorte ou porter sur
l’évaluation de leur conformité aux normes internationales ; faisant du coup
substituer l’accompagnement au désir de s’assurer de la crédibilité et de la
transparence desdits processus. Une certaine opinion y voit d’ailleurs un droit
d’ingérence électorale imposé au continent.
Dans certains pays comme le Bénin, le Ghana, le Malawi, le Sénégal et dans
une certaine mesure le Zimbabwe, l’évaluation domestique des élections a
convaincu la plupart des électeurs qui la préfèrent à l’observation
internationale dont les conclusions se démarquent difficilement de l’idée que se
font souvent les initiateurs avant même la tenue proprement dite du scrutin. De
manière générale, en effet, l’adhésion des électeurs africains aux conclusions de
l’observation nationale participe à la crédibilisation du processus électoral et
donc à la légitimation du pouvoir issu des urnes.

§5. LE DÉPOUIL
ILLLEMENT ET LA CENTRALIS
TRA ISAATION DES RÉSULTA
TION TS
TATS
Le dépouillement consiste au dévoilement du secret des urnes. Se déroulant
au lieu où s’effectuent les opérations de comptage et de recensement des votes,
il a lieu au même lieu que celui du vote. Le dépouillement conduit à
l’appréciation de la validité des bulletins en vue de l’attribution de suffrages aux
candidats en compétition52.
La loi électorale congolaise indique qu’aussitôt le scrutin terminé, le bureau
de vote se transforme, immédiatement, en bureau de dépouillement, son
aménagement se fait séance tenante par le président assisté des autres membres
du bureau.
Pour faciliter le déroulement des différentes opérations électorales, le bureau
de dépouillement doit être correctement aménagé et sécurisé. Il doit, pour ce
faire, être équipé en matériel et documents nécessaires parmi lesquels l’urne,
l’encreur, le flacon d’encre, les lampes d’éclairage à piles et piles de recharge, les
tables, les chaises, les enveloppes, les stylos à billes, les crayons, le cachet
portant la mention « nul », la colle et la calculatrice. Sont également requis, les
bulletins de vote, le procès-verbal des opérations de vote, le procès-verbal de
dépouillement, la liste électorale, la liste d’émargement, la fiche de pointage, la
fiche des résultats, le code électoral, ses mesures d’application et le guide des

52
MALIGNER B., Droit électoral, op.cit., p. 436.
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L’élection 135

procédures des opérations électorales, le registre de vote par dérogation. Selon


chaque législation, le bureau de dépouillement est composé d’un président, des
assesseurs et des secrétaires.
Étape décisive dans la gestion d’une élection, le dépouillement est une
somme d’opérations qui se réalisent conformément au plan arrêté dans le
manuel des procédures. Selon la modalité de vote, le dépouillement peut être
électronique ou manuel.
Le dépouillement électronique est très complexe, parce qu’exigeant une
technologie appropriée, il suffit, pour ce faire, d’activer une clé de
dépouillement prévue à cette fin pour que soient édités les suffrages sécurisés.
Ces derniers sont, par la suite, portés sur le procès-verbal conçu à cet effet. Les
résultats électoraux sont, selon le logiciel utilisé, présentés par chaque bureau
de vote ou circonscription. Dans certains pays comme la Belgique, le
dépouillement électronique s’était avéré, pour quelques circonscriptions de
Bruxelles, plus lent que le dépouillement manuel.
Le dépouillement manuel est tout aussi déterminant dans la traçabilité des
résultats électoraux et l’attribution des sièges, la procédure d’usage organisant
successivement l’ouverture de l’urne, l’identification des carnets ou livrets des
bulletins de vote, la comptabilisation du nombre d’électeurs, la conciliation des
votes, l’attribution des sièges, l’annonce et l’affichage des résultats et la
constitution des plis.

A. L’ouverture de l’urne
’ou
Pour la tenue d’un scrutin crédible et transparent, l’administration
électorale a l’obligation d’acheminer et/ou de déployer dans chaque bureau de
vote et ce, avant le jour du vote, tous les matériels électoraux parmi lesquels les
urnes transparentes, scellées avec les numéros connus, le jour du vote, des
préposés au bureau de vote et des personnes autorisées à s’y trouver (les
délégués des candidats ou des partis, les observateurs et journalistes présents).
Devant les membres du bureau, les délégués des partis ou des candidats, les
observateurs et les journalistes, l’urne est, aux jours et heures indiqués pour le
vote, ouverte puis scellée, à l’exception d’un espace aménagé en vue de
permettre aux électeurs d’y introduire leurs bulletins, attestant par là
l’expression de leurs choix.
Aussitôt le vote terminé à l’heure légale prévue, l’urne est complètement
scellée avant que ne commence le dépouillement proprement dit avec, en
première étape, l’identification des bulletins de vote.

dentification des livrets ou carnets des bulletins de vote


B. L’i’id
En vue de s’assurer de la régularité du scrutin, de la transparence et de la
crédibilité de la procédure de votation, le président du bureau de vote doit, en
présence des autres membres et toutes les personnes autorisées, procéder à
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136 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

l’identification de tous les carnets ou livrets des bulletins de vote fournis par
l’administration électorale.
Dans les pays, comme le Cameroun ou le Zimbabwe, qui recourent encore
au système d’un bulletin pour chaque parti ou regroupement politique où sont
insérées les enveloppes appropriées, il est important d’envisager, d’une part, de
la comptabilisation de tous les bulletins et enveloppes, s’assurer, d’autre part,
que les bulletins sont suffisants et disponibles pour tous les partis ou
regroupements politiques et qu’il n’ya pas eu de traitement inégalitaire.
Cette tâche représente une importance capitale dans le processus de
vérification du vote et permet de dégager, après la fermeture du bureau de vote,
le nombre exact des carnets ou livrets des bulletins de vote utilisés et celui qui
ne l’est pas avec indication précise des numéros. Tous les bulletins et les
enveloppes, s’il y en a, doivent être également vérifiés pour s’assurer qu’ils
n’ont pas été frauduleusement introduits ou subtilisés.
Lorsque les bulletins de vote ont été comptés et que les observations et
autres indications appropriées ont été consignées dans un formulaire d’usage
préalablement conçu à cette fin, les préposés au bureau de vote doivent montrer
à tous ceux qui y sont présents que l’urne est bien vide avant d’y apposer les
scellés. Pour les besoins de la transparence et de la crédibilité du scrutin, les
numéros des scellés doivent être inscrits au registre des votes, s’il y en a, et sur
tout autre formulaire pertinent.
Bien des erreurs peuvent, en effet, être évitées, si la procédure ci-haut
décrite est respectée, celle-ci pouvant, en cas de divergences ultérieures, servir
de repères permettant de retracer toutes les étapes du début de vote.

C. La comptabilisation du nombre d’électeurs


Il est de principe qu’un électeur ne doit jamais sortir un bulletin du bureau
de vote, celui-ci étant supposé avoir été introduit dans l’urne. Pour les pays qui
recourent au système des bulletins multiples, il est généralement aménagé dans
le bureau de vote une poubelle où sont jetés les autres bulletins.
On gardera à l’esprit qu’à la fermeture du bureau de vote, les personnes
autorisées et les préposés de ce bureau restent à l’intérieur en vue de
commencer le dépouillement. Alors que l’urne est encore scellée, on procède à
la conciliation du nombre de talons, s’il ya lieu, en indiquant le nombre exact
des bulletins utilisés, non utilisés, celui des bulletins abîmés. Le nombre des
électeurs inscrits, celui des votants, se trouvant sur la liste d’émargement ou
absents sont correctement identifiés et vérifiés au regard des bulletins
réellement utilisés. Tout différend doit être résolu conformément aux directives
contenues dans le manuel des procédures des opérations électorales, ou à
défaut, consigné dans un formulaire ad hoc transmis, selon le cas, à l’organe
compétent de l’administration électorale ou au juge chargé du contentieux
électoral.
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L’élection 137

D. La conciliation des votes


C’est une opération qui intervient après la fixation du nombre d’électeurs
ayant effectivement participé au vote. Elle autorise au responsable du
dépouillement d’ouvrir l’urne, d’en vider le contenu et d’amasser, sur une table
suffisamment large, tous les bulletins de vote.
Suit l’identification des bulletins valables, ceux nuls ou annulables, les
suffrages valablement exprimés, la conciliation des votes individuels, des partis
ou regroupements politiques. La loi électorale ou le règlement précise la nature
du bulletin valable, nul ou annulable. Est valable, le bulletin qui ne contenant
aucun motif d’annulation prévu dans le code électoral, c’est un bulletin
correctement rempli et introduit dans l’urne. Un bulletin est nul lorsqu’il
renferme une ou plusieurs mentions non requises.
La loi électorale congolaise considère comme nul, tout bulletin non
conforme au modèle prescrit, celui ne contenant pas de paraphe requis, portant
ratures, surcharges ou plus d’un choix. Est, également, frappé de nullité, un
bulletin déchiré, portant l’apposition d’empreintes ou toute autre marque
totalement en dehors des cases indiquées, empêchant d’identifier clairement le
choix de l’électeur. Il en est aussi de tout bulletin portant apposition d’une
signature lisible permettant l’identification correcte de l’électeur, à l’exception
des empreintes digitales ou portant l’indication, par l’électeur, d’un nom qu’il
efface pour le remplacer, par la suite, par un autre ou qui contient des injures
ou des éloges à l’endroit d’un candidat.
Au moment de remplir le bulletin de vote, l’électeur peut être amené à violer
la loi pour que son bulletin soit entaché d’irrégularités de nature à conduire à
son annulation. Dans l’appréciation de l’irrégularité d’un bulletin de vote, les
préposés au dépouillement sont invités à identifier la volonté ou l’intention de
l’électeur.
Dans la pratique, l’électeur qui, à l’occasion du vote fait un signe de croix
qui occupe deux cases réservées aux deux candidats différents verra son
bulletin validé si les membres du bureau de dépouillement considèrent que sa
volonté a été exprimée, non pas à l’occupation de deux cases par la croix, mais
plutôt à la case où a lieu l’intercession de deux lignes formant la croix. Sera, en
revanche, annulé, un bulletin de vote comportant plus d’un choix ou celui qui
n’en comporte aucun. On voit bien que dans l’une ou l’autre hypothèse, les
membres du bureau de dépouillement exercent un pouvoir considérable dans
« le règlement extra-juridictionnel » du contentieux des résultats.
La conciliation des votes conduit, en définitive, à la détermination des
suffrages valablement exprimés (constitués de la somme de voix de tous les
bulletins de vote utilisés, à l’exception de ceux déclarés nuls ou annulés) à
partir desquels, il est aisé de dégager, avant toute attribution de siège, la
différence entre les suffrages individuellement obtenus de ceux recueillis par
chaque liste.
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138 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

’atttribution des siège


E. L’a gess
Conformément au système électoral mis en place, l’attribution des sièges est
tributaire des mécanismes d’application. Axée sur la recherche de la majorité
des suffrages, l’opération se réalise selon que le scrutin est uninominal, de
listes, à un ou à deux tours. Pour le scrutin proportionnel, la fixation du
quotient électoral est déterminante pour l’octroi de sièges. Dans un système
proportionnel, l’attribution de sièges est différemment comptable selon qu’elle
s’accommode de la règle du plus fort reste, de la plus forte moyenne ou celle des
apparentements.
En droit électoral congolais, c’est au niveau du Centre local de compilation
des résultats et notamment au poste de dépouillement que s’opèrent les
premières évaluations des résultats provenant des bureaux de vote et de
dépouillement ainsi que des centres de vote. Une fois compilés, apurés et
archivés, ces résultats sont, pour consultation publique, affichés devant les
locaux abritant le Centre local de compilation des résultats en attendant leur
confirmation par décision de la Commission électorale nationale indépendante.

F. L’a
’an ’afffichage des résultats
nnonce et l’a
L’annonce des résultats électoraux procède d’un dévoilement du secret des
urnes. C’est l’acte par lequel un organe compétent et légalement institué rend
publics les résultats du vote. Pour de raison de transparence, la loi électorale
congolaise organise l’annonce, à trois étapes, des résultats de vote.
La première a lieu dans chaque bureau de vote et de dépouillement. Le
législateur indique que, aussitôt le dépouillement terminé, les résultats de
chaque bureau sont, selon la procédure prévue, annoncés par le président du
bureau de dépouillement en présence d’autres membres du bureau, des délégués
des candidats, partis ou regroupements politiques et autres témoins,
observateurs et journalistes présents. Ils sont affichés devant les bureaux de
vote et de dépouillement53 et diffusés par tous les moyens de droit, notamment
la presse et divers canaux d’information et de communication.
La deuxième étape intervient au niveau du Centre local de compilation des
résultats situé dans chaque circonscription. Après dépouillement et compilation
des différents résultats des centres de vote, le président du centre de
compilation rend public, en y affichant, ceux du vote pour les élections
législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, et les résultats
partiels de l’élection présidentielle au niveau de la ville ou du territoire54.
La dernière se réalise, après consolidation des résultats de tous les centres
locaux de compilation, à la Commission électorale nationale indépendante. Par
le soin de son président, elle rend publics les résultats provisoires du vote ;

53
Art. 68, al. 1er de la Loi électorale.
54
Art. 70, al. 3 de la Loi électorale.
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L’élection 139

lesquels sont, par ailleurs, affichés dans ses locaux ou consultés, selon le cas, sur
internet55.
L’annonce des résultats électoraux est, généralement, suivie de la signature,
par les personnes habilitées, des procès-verbaux de dépouillement, des fiches
des résultats et de tout autre document exigé par la loi, la constitution et la
fermeture des plis ainsi que leur transmission aux organes et institutions
compétents.

G. La centralisation des résultats, constitution des plis et leur


communication aux orga
gannes et institutions compétents
La procédure de centralisation et transmission des résultats des bureaux de
vote à l’échelon immédiatement supérieur est minutieusement organisée dans
le code électoral. La loi électorale congolaise oblige le président de bureau de
vote à constituer, après dépouillement, les plis formés des procès-verbaux et
autres pièces jointes qu’il se charge de convoyer au centre de vote situé dans
une aire géographique donnée. Ces plis sont respectivement destinés au centre
local de compilation des résultats, au secrétaire exécutif provincial, au bureau
de la Commission électorale nationale indépendante et à la juridiction
compétente56.
Collectés au niveau de chaque centre de vote, ces résultats sont transmis,
pour centralisation, compilation et traitement au centre local de compilation
des résultats situé dans chaque circonscription électorale. Les résultats des
centres locaux de compilation sont consolidés avant d’être communiqués à la
Commission électorale nationale indépendante qui en ordonne, après
rectification éventuelle des erreurs matérielles, la proclamation provisoire.

§6. LA QUESTION DE L’ABSTE


TION NTIO
TEN N AUX ÉLECTIO
TION NS
ION
La participation à une élection est, en Afrique comme ailleurs, considérée
comme un indicateur de vitalité démocratique. Elle n’a toujours pas été au
rendez-vous pour qu’à l’issue d’une élection, le taux de participation se
transforme en critère de jaugeage de la légitimité du pouvoir ou de son emprise
sur les citoyens.
Plus qu’un fait du hasard, l’abstention électorale est une réalité permanente
et complexe à saisir, tous les États du monde l’ayant, d’une manière ou d’une

55
Art. 71, al. 4 de la Loi électorale.
56
Il s’agit de la Cour constitutionnelle pour les élections présidentielle et législatives, la Cour
administrative d’Appel pour les élections provinciales, le Tribunal administratif pour les élections
urbaines, municipales et locales (art. 74, al. 1er de la Loi électorale). Ces plis sont, selon le cas,
communiqués à la juridiction compétente par l’entremise du Bureau de la Commission électorale
nationale indépendante, le Secrétaire provincial ou l’antenne local de la Commission électorale nationale
indépendante.
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140 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

autre, vécue ou subie. Pour la comprendre, il est important de s’accorder sur la


signification que l’on voudrait bien donner au vote.
Dans un système qui n’autorise pas la concurrence politique, voter semble
ne présenter qu’un enjeu très limité dans la désignation des gouvernants,
l’abstention pouvant ressembler à un désintérêt à l’égard d’une élection dont les
résultats sont connus d’avance ou une désaffection vis-à-vis d’un régime peu
démocratique.
Dans une démocratie représentative, en revanche, l’élection constitue un
moment particulier de la vie politique, celui où les citoyens sont appelés à
choisir, selon une périodicité définie par le système électoral, plusieurs
candidats et tendances politiques. Là encore, l’abstention ne pourra pas, selon
les règles établies, avoir la même signification. On pense notamment aux
modalités d’inscription (automatique ou non) sur les listes électorales, à la
nature (ouverte ou bloquée) des listes de candidatures, au mode de scrutin
(majoritaire ou proportionnel), à la fréquence des élections ou à la culture
politique.
Sans exagération aucune, le phénomène mérite une profonde réflexion pour
en dénicher les causes, ses différentes manifestations et les relations qu’elle
postule avec la démocratie et la légitimité du pouvoir.

A. Les causes de l’a


’abbstention
La crise de légitimité à laquelle est régulièrement confrontée la représen-
tation nationale tient au fait que les électeurs ne semblent plus se reconnaitre
dans l’activité de leurs élus ; les promesses électorales s’éloignant de plus en
plus des besoins des citoyens. Expression démocratique ou une réponse à
l’égard des politiques publiques peu satisfaisantes, l’abstention électorale est
une réalité politique qu’il faut combattre.
Les études disponibles reconnaissent les difficultés de décrypter le
phénomène en l’absence de données officielles et des sondages réalisés sur les
échantillons plus ou moins représentatifs. Beaucoup de chercheurs s’accordent
à considérer l’abstention comme traduisant une crise de confiance dans les
relations entre les électeurs et leurs élus. D’origine diverse, ses causes couvrent
les aspects à la fois juridique et politique.

1. Les causes juridiques


Les causes juridiques de l’abstention sont nombreuses et variées, elles
tiennent notamment au système électoral, au système politique et à l’exercice
du droit de vote.

1.1. Le système électoral


Dans bien des cas, l’adoption du système électoral est susceptible d’influer
sur la participation à une élection. Le phénomène est loin de produire les
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L’élection 141

mêmes effets lorsque le système électoral est majoritaire ou se conjugue avec la


représentation proportionnelle.
Porté vers la recherche de la majorité absolue, au premier tour du scrutin, le
système majoritaire, conduit, au deuxième tour, aux désistements et ralliements
en faveur de deux candidats ou listes en lice. Les électeurs dont les candidats
préférés n’ont pu franchir le cap du premier tour, ont souvent tendance à
s’abstenir, au second tour, faute d’intérêt. Le taux de participation étant,
généralement, inférieur à celui du premier tour, le poids de l’abstention aura
certainement pesé dans la balance.
En cas d’application de la représentation proportionnelle, l’abstention est à
rechercher dans l’électorat marginal habituellement composé des minorités,
jeunes, chômeurs et autres désœuvrés qui y trouvent une opportunité pour
exprimer leur désapprobation vis-à-vis des pouvoirs publics.
Associée à la règle du plus fort reste ou celle de la plus forte moyenne, la
représentation proportionnelle est, par l’ombrage qu’elle occasionne
(notamment en cas de liste bloquée)dans les relations directes entre les
électeurs et les candidats, susceptible de constituer un motif de désin-
téressement ; les électeurs potentiels étant portés à connaitre, à l’avance, le
candidat en faveur de qui ils se proposent de voter. Leur choix peut influer,
d’une manière ou d’une autre, sur la légitimité du pouvoir issu pourtant des
urnes.

1.2. Le système politique


La configuration politique induit sur la connaissance et la perception du jeu
électoral. Non maitrisé, le multipartisme intégral peut aisément se prêter au
phénomène d’abstention, l’instabilité politique qu’il engendre en constitue le
fondement.
Indispensable au fonctionnement rationnel d’une assemblée délibérante,
l’exigence d’une majorité parlementaire solide conduit, si elle n’est pas réalisée,
à la constitution des chambres législatives composées, pour l’essentiel, des
membres dont l’indiscipline et l’irrégularité aux séances parlementaires sont de
nature à convaincre les électeurs de leur inutilité ; l’abstention au prochain
scrutin pourrait rassembler à un vote sanction.
En République démocratique du Congo, on signale qu’estimé à 58,81 %, le
taux de participation aux élections législatives du 28 novembre 2011 a,
paradoxalement, donné la démonstration d’un désaveu d’une partie de députés
élus en 2006. Ainsi, sur un total de cinq cents députés que comptait
l’Assemblée nationale de 2006, seuls quatre-vingt-dix-huit, soit 19,6 %57 ont
été, toutes listes confondues, réélus en 2011.
L’autoritarisme dans l’organisation et la gestion de partis politiques ainsi que
l’indiscipline de certains membres qui se livrent aisément à la transhumance

57
Selon les données offertes par la Commission électorale nationale indépendante et transmises, après le
règlement du contentieux par la Cour suprême de justice, à l’Assemblée nationale en vue de la validation
des mandats des nouveaux élus.
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142 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

politique58 n’échappent pas au regard exigeant des électeurs prêts à les


sanctionner au prochain scrutin.

2. L’exercice du droit de vote


Plusieurs pays consacrent, dans leurs Constitutions, le principe de
souveraineté nationale dont l’exercice est assuré soit, directement par le peuple
au moyen du référendum ou d’élections, soit indirectement, par ses repré-
sentants.
Une telle option rend inévitablement facultatif le vote, l’électeur étant
titulaire d’un droit subjectif qu’il peut ou non exercer. Plutôt que combattre
l’abstention, ce choix l’encourage au contraire. On notera, par ailleurs, que dans
un système favorable à l’individualisme poussé des choix électoraux et des
convictions personnelles, le droit de ne pas voter acquiert une certaine
autorité59.
La question qui se pose concerne moins la sanction à infliger aux électeurs
absentéistes qu’à son organisation effective. Les études menées ont démontré
que les recettes ne sont, de toute évidence, pas uniformes. Penser à une peine
d’emprisonnement serait excessif, mais une simple amende ne paraît toujours
intimidante60. Une autre recette consisterait à priver les électeurs absentéistes
du droit de vote au prochain scrutin. Plutôt que de combattre l’abstention, cette
option renforcerait davantage l’indifférence des électeurs. On a même imaginé
l’idée de la retenue, pendant une période précise, du salaire61 ou autres
avantages reconnus à l’électeur absentéiste ou le refus de son recrutement ou de
sa nomination dans l’administration publique62. Celle-ci se heurterait aux
difficultés de généraliser une contrainte aux différents électeurs qui ne
répondent pas d’un même et seul régime salarial, de rémunération et de
recrutement.
Devant cet embarras, il importe de se reporter à chaque législation nationale,
le droit électoral offrant, à cette fin, des solutions aussi diverses que variées.
Certains pays comme l’Australie, la Grèce ou le Luxembourg où le vote est
obligatoire éprouvent encore d’énormes difficultés pour organiser le contrôle de
la sanction63. Il semble que, pour un phénomène essentiellement politique, la

58
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 252.
59
MUXEL A., « Abstention : défaillance citoyenne ou expression démocratique ?», Les Cahiers du conseil
constitutionnel, n° 23, février, Paris, Dalloz, 2008, p. 75.
60
En Belgique, cette amende varie de 20 à 50 euros, elle peut atteindre 125 euros en cas de récidive. En
France, un électeur absentéiste est passible d’une amende de 100 euros alors qu’en Bolivie elle est de
50 dollars. La première abstention au Luxembourg expose l’électeur au paiement d’une amende de 100 à
250 euros, cette somme pouvant aller jusqu’à 500 voire 1 000 euros en cas de récidive dans les cinq ans
qui suivent les premières élections.
61
Bolivie, l’abstention non justifiée pendant trois ans qui suivent les élections est susceptible de conduire
au refus d’accéder au salaire.
62
Au Brésil, par exemple, un électeur absentéiste pendant trois ans peut, en plus d’une amende, se voir
interdire l’accès à une fonction publique ou la délivrance d’un passeport.
63
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., pp. 137-138.
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L’élection 143

règle juridique paraît impuissante sinon limitée pour constituer une recette
idoine.
En attendant, l’éducation civique et politique semble constituer une grille de
réflexion susceptible de contribuer à la réduction de la distance souvent
perceptible dans le lien entre l’abstention et la rationalité des rapports électeurs-
élus.

3. Les causes politiques


À côté des causes juridiques, la configuration de l’espace politique et la
séquence électorale peuvent contribuer à l’abstention électorale.

3.1. La configuration de l’espace politique


Plus qu’une appréciation politique de la structuration des rapports juri-
diques entre les organes de l’Etat, la configuration de l’espace politique les
explique par les faits. Il est donc tributaire des facteurs de nature diverse, en
l’occurrence la disposition des partis politiques (multipartisme, bipartisme ou
monopartisme), le mode de scrutin (majoritaire, proportionnel ou mixte),
l’histoire du pays, son contexte économique et social, la répartition des forces
sociales et politiques dans les organes issus d’une élection, la mentalité des
citoyens, ses espoirs et déceptions64.
Dans cette perspective, l’on note que, le multipartisme intégral et illimité se
prête aisément, en raison de l’instabilité politique qu’il engendre, à l’abstention
électorale. Ajoutée à l’absence de majorité parlementaire solide, la constitution
des assemblées délibérantes moins homogènes renforce le scepticisme des
électeurs au prochain scrutin.
En République démocratique du Congo, par exemple, en dépit du taux de
participation, globalement positif, soit 58,81 %, les élections législatives du
28 novembre 2011 ont donné la démonstration du désaveu d’un nombre
important de députés nationaux. Ainsi, sur un total de cinq cents députés élus,
lors de la législature de 2006, à l’Assemblée nationale, seuls quatre-vingt-dix-
huit, soit 19,6 %65 ont été, toutes listes confondues, réélus en 2011.
L’autoritarisme dans l’organisation et la gestion de la quasi-totalité de partis
politiques congolais ainsi que l’indiscipline de certains membres se livrant, sans
gêne, au phénomène de transhumance politique66 conduisent bon nombre
d’électeurs à douter de l’utilité et de la pertinence de l’acte de vote.

64
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op. cit., p. 222.
65
Selon les données offertes par la Commission électorale nationale indépendante et transmises, après le
règlement du contentieux par la Cour suprême de justice, à l’Assemblée nationale en vue de la validation
des mandats des nouveaux élus.
66
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 252.
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144 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

3.2. La séquence électorale


Fréquemment utilisé dans l’organisation d’une élection, le concept « cycle »
n’est pas de définition facile67 parce qu’échappant bien souvent à la
compréhension du citoyen moyen. Il désigne l’attitude qui consiste à la
programmation, séquentielle et rotative, d’une série des scrutins auxquels sont
conviés les électeurs. Le cycle électoral tire son fondement des dispositions
constitutionnelles et légales qui organisent la durée du mandat électif.
La Constitution congolaise indique à ce sujet que le président de la
République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans
renouvelable une seule fois68. Le scrutin pour l’élection du président de la
République est convoqué quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat
du président en fonction69.
Rééligible, le député national est, quant à lui, désigné pour un mandat de
cinq ans. Celui-ci commence à la validation de ses pouvoirs par l’Assemblée
nationale et expire à l’installation de la nouvelle Assemblée70. Il peut être
raccourci par la dissolution de l’Assemblée nationale71.
Au sein de l’Assemblée provinciale, siègent les députés élus au suffrage
universel direct et secret ou cooptés pour un mandat de cinq ans renouvelable72.
Cette durée peut être abrégée en cas de dissolution, par ordonnance
présidentielle, de l’Assemblée provinciale consécutive à une crise politique
persistante menaçant l’interruption du fonctionnement régulier des institutions
provinciales73.
Pour un terme de cinq ans renouvelable, l’Assemblée provinciale élit, au
second degré, les sénateurs74, gouverneur et vice-gouverneur de province ; le
mandat de ces derniers étant renouvelable une seule fois75.
Prise en exécution de la Constitution, la loi électorale organise le choix, au
suffrage universel direct et secret, des conseillers municipaux76 et locaux77 et,
au scrutin indirect, des conseillers urbains78, maire et maire adjoint79,

67
Cette difficulté est perceptible lorsqu’on se rapproche de Jacques DJOLI ESENG’EKELI, Droit
constitutionnel. L’expérience congolaise (RDC), Paris, l’Harmattan, Comptes Rendus, 2013. L’auteur utilise
abondamment le terme (pp. 222-230) sans pour autant le définir.
68
Art. 70, al. 1er de la Constitution du 18 février 2006.
69
Art. 73 de la Constitution du 18 février 2006.
70
Art. 103 de la Constitution du 18 février 2006.
71
Aux termes de l’article 148, al. 1er de la Constitution, le président de la République peut, en cas de crise
persistance entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale prononcer la dissolution de cette dernière
après consultation du premier ministre et des présidents de l’Assemblée nationale et le Sénat.
72
Art. 197, al. 4 de la Constitution du 18 février 2006.
73
Art. 197, al. 7 de la Constitution du 18 février 2006.
74
Art. 105, al. 1er de la Constitution du 18 février 2006.
75
Art. 198, al. 2 de la Constitution du 18 février 2006.
76
Art. 191 de la Loi électorale.
77
Art. 209 de la Loi électorale.
78
Art. 174 de la Loi électorale.
79
Art. 183 de la Loi électorale.
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L’élection 145

bourgmestre et bourgmestre adjoint80, chef de secteur et chef de secteur


adjoint81.
Ce dispositif juridique organise donc le cycle électoral ayant pour vocation
d’assurer la régularité du choix des dirigeants. Celle-ci peut être à la base de
l’abstention si, à l’irrationalité, son enchainement parait ennuyant, surtout au
cas où les résultats des échéances antérieures n’auraient pas été concluants.

’éllecteurs concernés par l’a


gorries d’é
B. Les catégo ’abbstention
Du point de vue sociologique, voire politique, le phénomène d’abstention
électorale ne constitue guère un bloc homogène, il est susceptible d’atteindre
plusieurs couches sociales et, donc, plusieurs catégories d’électeurs. Les jeunes,
femmes, populations urbaines, chômeurs, désœuvrés et autres universitaires en
sont généralement les cibles.
Les jeunes sont une catégorie de personnes qui envisagent très souvent une
vie de rêves. L’électorat féminin est, quant à lui, figé au concret pour que le
contraire influe sur sa décision. Vivant au quotidien des actions des gouvernants,
les populations urbaines sont justifiées à manifester une attitude conséquente.
Attendant désespérément l’amélioration de leurs conditions de vie, les
chômeurs, désœuvrés et autres universitaires à la recherche de l’emploi sont
souvent portés vers un jugement décisif des promesses électorales non tenues.

C. L’a
’ab gittimité du pouvoir
bstention électorale et la légi
L’abstention électorale ne produit pas les mêmes effets pour tous les
scrutins. En raison de son unique et seule circonscription électorale, l’élection
présidentielle mobilise toute la communauté nationale pour que les enjeux
soient politiquement plus importants que ceux des élections législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales.
Loin d’apparaître comme une négation de la démocratie, l’abstention la
renforce au contraire. Traduction d’un vote négatif à l’égard d’une offre
politique peu satisfaisante, l’abstention est une expression de la démocratie, une
sanction contre les gouvernants moins attentifs aux demandes politiques des
électeurs. Les États-Unis et la Suisse ont, pendant plusieurs années, connu des
taux relativement élevés d’abstention électorale sans que le phénomène soit
parvenu à remettre en cause la démocratie et partant, la légitimité du pouvoir.
En Afrique, le phénomène offre plutôt une autre grille de lecture, celle de la
négation de la démocratie et impacte négativement sur la légitimité du pouvoir
des gouvernants.
En République démocratique du Congo, l’abstention électorale a une histoire
marquée par l’évolution pendulaire du processus de désignation des dirigeants

80
Art. 199 de la Loi électorale.
81
Art. 215 de la Loi électorale.
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146 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

politiques. Elle est d’ailleurs chiffrée à partir du taux de participation, lui-même


déterminé sur la base de suffrages valablement exprimés.
Selon les circonstances et les contextes, le phénomène n’a pas été capable
d’offrir, pour le même type de scrutin, la signification identique. Évaluée à
17,64 % aux élections municipales du 8 au 22 décembre 1957, l’abstention a été
estimée à 70 % dans la province de Léopoldville et 100 % dans la plupart des
circonscriptions du Bas-Congo pour les élections communales du 20 décembre
195982.
Les élections législatives et provinciales du 11 au 25 mai 1960 ont permis de
la situer à 30 %. Pour le référendum du 10 juillet 1964, elle a été quasi nulle et
38,13 % pour les élections législatives du 21 avril 1965. De 1967 à 1984, le taux
d’abstention fut pratiquement nul en raison du rôle joué par le Mouvement
populaire de la révolution dans la conduite et la gestion du processus électoral.
Pendant le référendum constitutionnel du 18 au 19 décembre 2005,
l’abstention a été évaluée à 38 % avant de chuter à 29,46 % pour le premier
tour de l’élection présidentielle du 31 juillet 2006 et à 34,64 % pour le
deuxième tour du même scrutin tenu le 29 novembre 2006. Elle est remontée à
42,81 % à l’occasion de l’élection présidentielle et des députés nationaux du
28 novembre 2011.
Plusieurs raisons expliquent cette variation, notamment la crise de légitimité
qui frappe la représentation nationale, la déficience des acteurs et supports du
jeu électoral ainsi que le déficit d’éducation civique et électorale.
La crise de légitimité des assemblées parlementaires procède généralement
du manque de décision et l’inactivité de la plupart de leurs membres dans
lesquels les citoyens ne se reconnaissent plus. Devenues des caisses de
résonance des exécutifs, les assemblées parlementaires n’inspirent plus
confiance ; cette situation pouvant négativement influer sur le choix futur des
électeurs.
Acteurs clés du jeu électoral et, partant politique, les partis politiques
congolais conditionnent, par leur organisation et fonctionnement, l’attitude des
électeurs. Dépourvus de stratégie de campagne électorale cohérente, ils ne sont
visibles qu’à l’approche des échéances électorales, laissant pendant plusieurs
années les potentiels électeurs dans une oisiveté permanente.
Le déficit d’éducation civique et de formation politique suffisante met les
citoyens peu préparés à la bataille électorale dans un doute sur la capacité
mobilisatrice des acteurs politiques qui se complaisent dans une sorte de
gouvernance non pas par les actions, mais plutôt par des vœux pieux.
Tout compte fait, l’abstention électorale doit, par ses effets, être relativisée ;
son influence sur la légitimité du pouvoir combinant à la fois l’exercice d’un
droit subjectif et la désapprobation d’une politique publique moins satisfaisante.

82
MABIALA MANTUBA NGOMA P., Les élections dans l’histoire politique de la République démocratique
du Congo de 1960 à 2011, op.cit., p. 23.
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L’élection 147

SECTION 4. LA FRAUDE ÉLECTORALE


Dans le processus de l’organisation d’une élection, plusieurs manipulations
de nature diverse peuvent être constatées au point d’affecter la crédibilité et la
transparence du scrutin. Ces manipulations conduisent à la modification, voire
la déformation de la volonté des électeurs. Elles favorisent la fraude,
phénomène souvent difficile à dissocier de l’élection et des enjeux qu’elle
procure. Autant que l’abstention, la fraude est une réalité complexe à saisir,
tous les États du monde l’ayant, d’une manière ou d’une autre, vécue ou subie.
Une mise au point sur la notion permet d’identifier ses origines et ses
conséquences.

§1. LA NOTION DE LA FRAUDE ÉLECTO


TION RALE
TOR
La fraude est une attitude qui consiste à esquiver ou à se soustraire
volontairement du respect d’une disposition légale impérative. En matière
électorale, la fraude est constituée d’un ensemble d’actes intentionnellement
commis dans le but, soit d’altérer la sincérité du scrutin, soit de fausser les
résultats électoraux83.
La fraude nait de l’intention de tricher ou de contourner les textes
juridiques auxquels on est pourtant obligatoirement lié. Elle inclut toute
manœuvre ou toute irrégularité susceptible de se commettre pendant le
processus de votation dans le seul but d’influencer ou de déformer à l’avance les
résultats électoraux.
Pour autant que le jeu électoral se cristallise sur la conquête ou la
conservation du pouvoir, la fraude semble relever d’une donnée qui, à défaut,
d’être congénitale, est en tout cas structurelle. Aussi, en vue d’affronter cette
réalité, les acteurs politiques, s’appuyant chacun sur ses stratégies minutieu-
sement préparées et se regardant en chiens de faïence, n’attendent que le
moment venu pour en découdre ; celui-ci intervenant à l’issue du scrutin.
L’observation permet de noter qu’avant même la publication officielle des
résultats électoraux, et lorsque les stratégies arrêtées apparaissent moins
concluantes ou inefficaces, les suspicions de fraude naissent, les rumeurs de
tricherie gagnent du terrain et la recherche du bouc émissaire à l’ordre du jour.
La mauvaise prise en charge conduit inévitablement à des tensions84
préfigurant des conflits postélectoraux dont la gestion peut se révéler difficile.
Dans cette perspective, la question ne porte plus sur l’existence de la fraude
électorale, mais plutôt sur ses motivations en vue de réduire, autant que faire se
peut, ses effets et assurer, du coup, la liberté des électeurs et l’honnêteté des
suffrages.

83
MALIGNER B., Droit électoral, op.cit., p. 276.
84
Amplifiés notamment par la diffusion irrégulière des résultats électoraux et le phénomène d’auto
proclamation auquel pourront se livrer les adversaires politiques.
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148 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§2. LES ORIG


IGIINES DE LA FRAUDE ÉLECTORALE
TOR
Dans le domaine électoral, la fraude couvre plusieurs réalités découlant, soit
de la mauvaise interprétation et/ou application de la loi électorale, soit des actes
posés enfreignant ladite loi. On la retrouve tout au long du processus, à
l’occasion des opérations préparatoires au scrutin, pendant le vote ou la gestion
du contentieux électoral. Le soupçon de fraude organisée peut résulter de la
mauvaise interprétation et/ou application de la loi électorale ou de la pratique
électorale.

A. La fraude d’origi
gin galle
ne léga
Quoique de portée générale, le Code électoral peut, au moment de son
interprétation ou application être source de fraude électorale. En Afrique, trois
cas ont pu être identifiés.
La loi congolaise du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement
des électeurs organise le témoignage de cinq témoins électeurs déjà inscrits sur
la liste des électeurs pour attester la nationalité congolaise d’une personne qui,
à défaut d’avoir un titre légalement reconnu, ne peut autrement la prouver85.
L’absence des témoins autorise au président du Centre d’inscription de recourir
à l’Unité de médiation86 pour certifier de la nationalité congolaise à la personne
qui désire s’inscrire sur une liste électorale87.
Expérimentée en 2006, dans certaines provinces88, la pratique a été à la base
des fraudes électorales dénoncées devant le juge électoral qui les a jugées
insuffisantes pour influer sur la sincérité des résultats provisoires publiés parla
Commission électorale indépendante (CSJ, 27 novembre 2006, RCE.PR.009,
Aff. Mouvement du libération du Congo, MLC, en sigle et Bemba Gombo Jean-
Pierre contre la Commission électorale indépendante, CEI, en sigle, Parti du
peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle et Kabila
Kabange Joseph)89.
La loi électorale congolaise autorise à chaque candidat, parti ou regrou-
pement politique de déployer, pendant les opérations de vote et de
dépouillement, des témoins dans les bureaux de vote et de dépouillement. Ceux-
ci sont choisis parmi les personnes inscrites sur la liste des électeurs90 de la
circonscription. Elle précise que l’absence des témoins dans les bureaux de vote

85
Art. 10 de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004.
86
Aux termes de l’art. 13 al. 3 de la Décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005, l’Unité de médiation
est une structure située dans un ou plusieurs Centres d’inscription et composée des personnes neutres
désignées par le bureau de la Commission électorale indépendante pour prévenir et gérer les conflits
électoraux nés de l’enrôlement des électeurs.
87
Art. 13 al. 2 de la Décision n° 008/CEI/BUR/05 du 9 juin 2005.
88
Telles que le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, une partie du Nord-Katanga, de la Province orientale et de
l’Équateur.
89
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, op. cit., pp. 96-97.
90
Art. 39 al. 1er de la Loi électorale.
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L’élection 149

et de dépouillement n’est pas, sauf si elle a été intentionnellement provoquée ou


faite en violation de la loi, un motif d’invalidation du scrutin91.
Cette disposition légale a été, pendant le contentieux des résultats de 2006 et
2011, exploitée devant le juge électoral qui, pour absence des preuves avérées
produites devant lui, ne l’a pas appliquée ; validant du coup les résultats
provisoires de certaines circonscriptions dans lesquelles quelques candidats ont
obtenu, dans tous les bureaux et centres de vote, la totalité de suffrages
exprimés dans un scrutin, non pas majoritaire uninominal, mais proportionnel
avec application de la règle du plus fort reste. Pareille application de la loi a,
ainsi qu’on le sait, contribué à alimenter l’idée de la légalisation juridictionnelle
de la fraude électorale.
Le législateur malien organise le transfert des électeurs d’une circonscription
à un autre. Les électeurs inscrits sur les listes électorales d’une circonscription
peuvent être transférés, à leur demande, vers une autre de leurs actuelles et
temporaires résidences. Cette opération n’entraine pas la radiation automatique
de leurs noms sur les premières listes au point qu’ils peuvent, pour un même
scrutin, voter dans deux circonscriptions électorales distinctes.
Bien qu’ayant résolu le problème de vote des électeurs qui, pour une raison
ou une autre, ont été contraints à se déplacer de leurs circonscriptions
d’origine, cette disposition légale a été, dans son application, à la base des
fraudes à l’occasion du scrutin présidentiel de 2013. Faute de recours porté
devant lui, le juge ne les a pas sanctionnées.
Le Code électoral du Burundi établit l’ordre des élections de la manière
suivante : l’élection des membres des Conseils communaux, celle du président
de la République, des députés, des sénateurs et des membres des Conseils
collinaires92. Pendant le dépouillement, il est organisé, dans chaque bureau de
vote, le système de double comptage93 dont la complexité et la lourdeur ont,
dans la pratique, fini par convaincre de la stratégie savamment préparée par le
parti au pouvoir en vue de s’assurer le contrôle du processus électoral et de la
fraude qui l’accompagne.

B. La fraude produite par la pratique électorale


Les pays qui s’activent dans l’organisation régulière des élections sont, à des
degrés divers, confrontés au phénomène de fraude électorale. Prenant souvent
appui sur l’importance que prend l’élection dans l’attribution ou la distribution
du pouvoir politique94, la fraude semble présenter une certaine permanence
dans le chef des acteurs politiques.

91
Art. 38 al. 4 de la Loi électorale.
92
Art. 1er, al. 3 de la Loi n° 01/22 du 18 septembre 2009 portant révision de la Loi n° 01/015 du 20 avril
2005 portant Code électoral du Burundi.
93
L’article 62, al. 1er du Code électoral du Burundi précise que « chaque bureau de vote procède au
dépouillement sur palace selon le mécanisme de double comptage des bulletins mis dans les urnes et des
bulletins mis dans les grandes urnes ».
94
OWEN B., « Les fraudes électorales », op.cit., pp. 133-147.
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150 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Élément de la compétition politique, une élection qui n’autorise aucune


concurrence ni aucune stratégie politique n’en est pas une ; elle ressemble,
selon Patrick Quintin, à une course à un seul cheval. De là, conclure que la
fraude fait partie du marché politique95, il n’ya qu’un pas.
Pour autant que l’élection prenne de plus en plus une importance sans
précédent dans l’obtention du pouvoir politique, la fraude électorale est et sera
toujours présente. Elle se développe à travers des techniques aussi diversifiées
que complexes telles que l’inscription sur les listes électorales des personnes
n’ayant pas qualité, le non-affichage, dans le délai légal, des listes électorales,
l’organisation abusive du vote par procuration, dérogation ou par
correspondance, le traitement inégalitaire des candidats par l’administration
électorale, la distribution des tracts diffamatoires, la diffusion de matériels de
propagande après la clôture officielle de la campagne, le financement occulte de
la campagne électorale, le bourrage d’urnes, l’échange d’enveloppes ou autres
biens de valeur, l’attribution frauduleuse des voix à un candidat, la
proclamation irrégulière des voix en faveur d’un candidat ou le recours aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication dont l’internet.
Dans toutes ses manifestations, la fraude déforme le choix des électeurs,
affecte la sincérité du scrutin pour qu’elle soit combattue ou, à tout le moins,
dénoncée. Le législateur précise avec soin les personnes autorisées à saisir
l’autorité compétente en vue d’obtenir la sanction conséquente. Il s’agit du
candidat indépendant ou son mandataire, du parti ou regroupement politique
qui a présenté sa candidature à l’élection disputée ou leurs mandataires.

§3. LES CONSÉQUENCES DE LA FRAUDE ÉLECTO


TOR
RALE
Pour peu que l’on puisse remonter dans la nuit de temps, on s’aperçoit que
la fraude existe depuis l’institution du vote comme moyen de désignation des
personnes à l’exercice d’un mandat politique ou d’une fonction publique.
Souvent utilisée pendant la lutte politique et dans le but d’influencer les
résultats électoraux, la fraude est un phénomène complexe auquel chaque pays
est confronté et tente d’enrayer.
Les études sur la fraude électorale prouvent à suffisance la difficulté à sérier
ses conséquences dans la conduite d’une élection. Sans se prêter à une
homogénéisation des techniques, ni à aucune exhaustivité, l’on peut affirmer
qu’elle entrave l’exercice de la démocratie autant qu’elle restreigne la légitimité
du pouvoir et affecte la gouvernance politique.

95
QUINTIN P., « Pour une analyse comparative des élections africaines », Politique africaine, n° 69,
Paris, 1998, p. 18.
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L’élection 151

’exxercice de la démocratie
A. La fraude entrave l’e
Dans une démocratie représentative, la période électorale est l’un des
moments forts de la vie politique. L’élection exprime le pluralisme politique et
fonde la démocratie. Elle peut, en cas de dysfonctionnement ou de dérapage
dans le déroulement du scrutin et de la proclamation des résultats, porter
atteinte à la liberté et à la sincérité du vote ; cette liberté supposant notamment
que les électeurs ne soient pas obstrués dans l’expression de leur choix, les
bureaux de vote disposent suffisamment des bulletins de vote, les listes
électorales soient crédibles et non pas falsifiées, la sincérité des opérations de
vote et de dépouillement des résultats est assurée96.
En Afrique, plusieurs pays sont confrontés aux manipulations des résultats
électoraux traduisant, en même temps, des agissements d’une administration
électorale partiale et au service du pouvoir en place ou des électeurs
instrumentalisés par les acteurs politiques de l’opposition qui, en plus de la
méconnaissance de la loi électorale, sont incapables d’accepter et/ou supporter
une défaite électorale.

1. La modification des règles du jeu électoral


La tenue d’un bon scrutin exige la mise en place du dispositif juridique qui,
tout en participant à son organisation transparente, favorise, en même temps, la
gestion rationnelle du vote. Ce dispositif vise à assurer une égale et ouverte
compétition politique. Sa modification doit, autant que faire se peut, obéir au
besoin d’accroissement démocratique, éviter d’entacher la crédibilité du vote, ni
d’entraver la volonté du corps électoral encore moins de restreindre la liberté
du suffrage.
L’observation de la vie politique africaine incite à reconnaitre que, dans la
perspective de la conquête ou de la conservation du pouvoir, la modification, à
la veille du scrutin, des règles du jeu électoral est souvent envisagée. Elle
favorise l’opacité dans la conduite et la gestion du processus électoral, la
révision unilatérale du cadre juridique des élections, le contrôle de
l’administration électorale ou encore le cantonnement des électeurs devant les
défis qu’exige la tenue d’un scrutin crédible, honnête et transparent.
Qu’il s’agisse du Burkina Faso (2000), du Cameroun (1997), de la Coté
d’Ivoire (1995), du Gabon (2001), de la Guinée (2010), du Togo (2005), de la
République centrafricaine (1998), de la République démocratique du Congo
(2011) ou du Zimbabwe (2008), les soupçons des fraudes électorales ont été,
dans une large mesure, attribués à la modification, à l’approche ou en pleine
compétition politique, des règles du jeu électoral. Autant qu’elle entrave
l’exercice de la démocratie, l’entreprise participe à la déformation, par
l’attribution frauduleuse de suffrages, du vote.

96
KOKOROKO D., « Élections disputées : réussites et échecs », La démocratie en Afrique, Pouvoirs,
n° 129, Paris, PUF, 2008, p. 119.
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152 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

2. L’attribution fraudeuse des suffrages


Comme moyen privilégié d’accession au pouvoir, l’élection n’est pas souvent
à l’abri des manipulations. Quelques artifices ont été habituellement imaginés
pour en réduire la sincérité et produire, par voie de conséquence, des résultats
différents de la volonté des électeurs97. Ils sont d’usage fréquent dans les
milieux ruraux très éloignés des merveilles de la technologie et de l’observation
électorale.
Poussée à l’excès, la logique de la tricherie autorise l’élaboration des
stratégies qui s’appuient sur les pressions et autres manipulations sur les
candidats, les électeurs et l’administration électorale ; le tout dans la perspective
d’attribuer faussement les suffrages aux candidats qui ne les méritent, en tout
cas, pas.
Les élections présidentielles américaines du 2 novembre 2004 ont donné la
preuve d’une discordance, dans l’État de l’OHIO, entre le vote populaire et celui
des grands électeurs, situation reconnue par les deux candidats en lice. Les
suspicions d’une fraude électorale à grande échelle étaient telles que « la
démocratie américaine » prenait le coup. Pour éviter le discrédit du système
électoral américain, le candidat John Kerry résolut de reconnaître malgré lui sa
défaite permettant ainsi l’élection sous un goût amer de Georges Bush.
Vis-à-vis des candidats, les manipulations sont d’origine financière,
économique ou psychologique. Les pressions financières sont, généralement,
axées sur la corruption et divers avantages promis en échange du retrait de
candidature ou de report de voix. Les influences économiques s’articulent
autour des privilèges fiscaux ou douaniers ou de l’allègement de la procédure de
passation des marchés publics. Les maniements de nature psychologique ont,
habituellement, une dimension tribale, ethnique ou religieuse.
À l’égard des électeurs, ce sont des contraintes économiques, des menaces
(patronales, sanctions disciplinaires, privation de salaire et des avantages
sociaux) ou des représailles (policières ou sécuritaires) qui affectent souvent
leur liberté de choix.
Les manipulations sur l’administration électorale se révèlent nombreuses et
diverses. On pense notamment au caractère opaque et truqué du fichier
électoral, au bourrage d’urnes, à la falsification des listes électorales, à la
rétention volontaire des résultats électoraux ou à la conception d’un système
informatique au service du tripatouillage des résultats, voire l’application
frauduleuse de la loi électorale.
En France, on note qu’en novembre 2012, les militants de l’Union pour le
mouvement populaire étaient appelés aux urnes pour élire un nouveau
président, scrutin qui ouvre naturellement la porte de la candidature du
vainqueur à l’élection présidentielle de 2017.À l’issue d’une élection fortement
disputée les deux candidats en lice s’étaient déclarés victorieux avant même la
proclamation officielle des résultats.

97
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., p. 147.
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L’élection 153

Les bourrages d’urnes et autres manipulations au profit du candidat Copé a


révélé les limites de la transparence de cette consultation pourtant utile pour
l’image d’une formation politique dont les ambitions pour la reconquête du
Palais de l’Élysée se font de plus en plus jour. Le risque de l’éclatement du parti
a certainement pesé dans la balance pour que la sagesse conduise le candidat
Fillon à reconsidérer, non sans peine, sa position initiale.
Coincé, deux ans plus tard, dans l’affaire Bygmalion98, Jean François Copé
résolut de démissionner le 27 mai 2014 de la présidence du parti désormais
dirigé transitoirement par le trio Juppé-Raffarin-Fillon en attendant une
nouvelle élection.
En République démocratique du Congo, la loi électorale indique qu’à la fin
des opérations de vote, le dépouillement se fait, séance tenante, devant les
témoins, observateurs, journalistes présents et cinq électeurs désignés par le
président du bureau de dépouillement. L’absence des témoins, observateurs et
journalistes n’est pas un motif d’invalidation du scrutin, sauf si elle est
provoquée de manière intentionnelle et en violation des dispositions de la
présente loi99.
Ajoutée à l’immensité du pays, la désorganisation des partis politiques
congolais a contribué au détournement, au niveau des bureaux de vote et
Centres locaux de compilation des résultats dissimilés à travers l’ensemble de
provinces, des suffrages. Aucun parti ni regroupement politique n’étant en
mesure de déployer, à lui seul, les témoins dans tous les bureaux de vote et de
dépouillement (50 014 en 2006 contre 63 865 en 2011100) pour y suivre les
opérations de vote et de dépouillement, certains se sont vus frauduleusement
attribuer, dans une élection pourtant à compétition ouverte, la totalité des
suffrages des bureaux de vote et de dépouillement, voire du Centre local de
compilation des résultats.
Élus dans ces conditions, quelques députés n’ont pu voir leur mandat validé,
le juge saisi du contentieux ayant décidé d’annuler, pour fraude (CSJ, 25 avril
2012, RCE 425/465/466/, Aff. Union nationale des fédéralistes du Congo,
UNAFEC en sigle contre Ngoy Mulunda Nyanga Emmanuel et la Commission
électorale nationale indépendante), violences électorales et autres irrégularités
imputées à un candidat (CSJ, 25 avril 2012, RCE 517/DN, Aff. Parti chrétien
démocrate pour le développement intégral, PCDI, en sigle contre Baende Jean-
Claude et la Commission électorale nationale indépendante) leur élection.
Dans l’hypothèse inverse, l’on note que la popularité d’un candidat aux
élections législatives de 2006 lui a valu plus de 90 % des suffrages de la
circonscription, laissant l’occasion au personnel de l’administration électorale
de lui soutirer frauduleusement plusieurs voix au profit d’autres moins

98
Dans laquelle l’Union pour le mouvement populaire est accusée de surfacturation de ses activités et
notamment à l’occasion de la campagne du candidat Nicolas SARKOZY aux élections présidentielles de
2012.
99
Art. 62 al. 2 et 4 de la Loi électorale.
100
Des offertes par le secrétariat exécutif national de la Commission électorale nationale indépendante.
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154 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

compétitifs101. Sans avoir affecté l’élection du candidat déclaré vainqueur par la


Commission électorale indépendante, cette « nouvelle technique d’attribution »
des suffrages a permis l’élection irrégulière de bon nombre de candidats, leur
vote n’ayant été ni dénoncé ni contesté devant l’autorité compétente.

3. La déformation des résultats électoraux


Les règles de jeu en matière d’attribution des suffrages (le nombre de sièges
en compétition dans une circonscription, le corps électoral, les suffrages
valablement exprimés, la règlementation du scrutin majoritaire à un ou deux
tours ou celle de la représentation proportionnelle avec application de la règle
du plus fort ou de la plus forte moyenne, la fixation préalable du quotient
électoral) sont, en principe, simples et connues, à l’avance, des acteurs
impliqués. Il suffit de les maitriser et d’assurer leur correcte application pour
que les résultats électoraux reflètent la vérité des urnes.
Dans les pays sortis de crises, ceux en transition politique ou dans lesquels
les processus électoraux souffrent encore du déficit de démocratie, les fraudes
conduisent à des violences politiques, des destructions méchantes et autres
incidents meurtriers. Un lien séculaire se crée entre fraudes électorales et
violences politiques.
Même si les efforts de crédibilisation des processus électoraux sont réels en
Afrique102, les violences et conflits électoraux n’ont pas été toujours évités dans
certains pays103. Le soupçon de déformation des suffrages, la rumeur sur la
perte éventuelle du mandat électif suffisent pour qu’à défaut d’être contestés
par la violence, les résultats électoraux ne soient pas du tout reconnus ; les
boucs émissaires étant vite pointés du doigt.
Il importe de noter que dans une compétition électorale, la tension politique
est, par principe, difficile à éloigner ; chaque acteur s’activant à mettre en action
toute sorte de stratégies pour atteindre l’objectif, à savoir la conquête du
pouvoir. Dans bien des cas, en revanche, la fraude électorale apparait comme
moyen d’entraver le processus encours ou d’influencer les résultats électoraux.
Et quand les acteurs impliqués s’investissent dans l’instrumentalisation
politique, la méthode relève d’une « déviance de participation politique »104, ou
d’une diplomatie de faire entendre sa voix, si celle-ci ne l’est pas assez. D’un
côté comme de l’autre, la fraude affecte naturellement la légitimité du pouvoir,
remet en cause le processus électoral et le système démocratique lui-même.

101
Ainsi que nous l’avons relevé à la suite d’une mission d’enquête diligentée, par le Bureau de la
Commission électorale indépendante, à la Représentation provinciale du Katanga de cette institution.
102
Par l’institution des Commissions électorales comme organes de préparation et de gestion des
élections, la mise en place du dispositif juridique (Constitution, lois et textes règlementaires) transparent
assurant la compétition politique et la surveillance du scrutin.
103
Certains pays comme la Cote d’Ivoire, le Kenya, la République démocratique du Congo ou encore le
Zimbabwe l’ont expérimenté.
104
OWEN B., Les fraudes électorales, op.cit., p. 22.
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L’élection 155

gittimité du pouvoir
B. La fraude restreint la légi
Les théories sur la légitimité du pouvoir sont bien connues pour qu’il soit
superfétatoire de les évoquer ici. On sait seulement qu’elles tendent à la
création d’un lien entre la procédure d’accession au pouvoir et son acceptation
par les membres de la collectivité concernée. Un pouvoir est légitime, lorsqu’il
est assis sur les règles établies et reconnues comme telles ; il doit, au besoin,
bénéficier du consensus de la majorité de ses destinataires. Le respect de la
procédure de désignation des gouvernants et l’adhésion d’une large majorité
fondent donc le pouvoir légitime.
Quoique renforcé par la légalité, le pouvoir, même issu d’une élection, est
susceptible de perdre toute légitimité s’il a été acquis par fraude ; celle-ci
rendant celui-là fragile ou, à tout le moins, inefficace. La fraude occasionne,
dans ce cas, l’illégitimité et, partant, l’inefficacité du pouvoir. D’un pouvoir
illégitime à un pouvoir inefficace, il n’y a qu’un pas ; le premier affectant
naturellement la perception du second.
L’observation des processus électoraux africains induit la reconnaissance
des régimes établis, certes, sur la base de la légalité constitutionnelle, mais
politiquement affectés par une légitimité tantôt timide (Gabon, Guinée, Répu-
blique démocratique du Congo), tantôt extorquée (Kenya, Togo, Zimbabwe) ou
imposée (Côte d’Ivoire). Dans ces conditions, la gouvernance politique que l’on
croit fondée sur un dispositif juridique lui-même sujet à caution ne peut que
subir le coup.

C. La fraude affecte la go
gouuvernance politique
De compréhension variable, la gouvernance est difficile à percevoir tant la
notion se prête à traduire des réalités diverses relevant, naturellement, de
plusieurs secteurs d’activités. La gouvernance peut être donc politique,
judiciaire, administrative, économique, financière, sociale ou culturelle. Tous
les pays du monde en sont concernés.
Vu sous cet angle, on pourrait douter de l’existence d’une théorie de la
gouvernance en face de ces définitions et pratiques. Et quand bien même la
notion s’intéresse à la manière de gouverner la vie, elle devient complexe, ne
traduisant ni une simple action d’administrer, ni une question purement éthique.
Il est cependant autorisé de reconnaitre que la gouvernance renvoie à l’art
ou à la manière de gouverner ou d’administrer ; elle oriente ces décisions vers la
satisfaction des besoins bien légitimes des destinataires et constitue, de ce fait,
un enjeu de taille dans l’action publique.
Collée à l’adjectif politique, la gouvernance relève plutôt de la pratique dont
la mise en œuvre est fondamentale dans l’exercice du pouvoir. Elle traduit, en
quelque sorte, le processus de prise des décisions et la capacité de les faire
aboutir ; bref, la manière d’exercer le pouvoir politique.
Dans la perception de la gouvernance politique, la fixation de la source du
pouvoir est déterminante. Rares sont, en effet, les constitutions modernes qui
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156 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

ne situent la source du pouvoir dans le peuple, l’exerçant directement par voie


de référendum ou d’élections et, indirectement, par ses représentants.
Adoptée le 30 janvier 2007 à Addis-Abeba, la Charte africaine de la
démocratie des élections et de la gouvernance affirme la volonté des États
d’œuvrer sans relâche à l’établissement des régimes constitutionnels, à
l’approfondissement et la consolidation de la démocratie, de l’État de droit, de la
paix, de la sécurité et du développement des pays105. Elle insiste sur la tenue
régulière d’élections libres, démocratiques, transparentes et justes106, la
promotion des meilleures pratiques dans l’organisation des élections aux fins de
la stabilité politique et de la bonne gouvernance107.
On voit bien combien l’organisation d’élections libres, transparentes et
justes peut avoir de lien avec la démocratie et la gouvernance politique. On doit
garder, cependant, à l’esprit que la démocratie porte en elle-même l’instauration
d’un ordre désirable au sein d’une communauté politique. Une convergence
entre « démocratie et gouvernance politique » peut ainsi être trouvée dans
l’établissement, certes, de cet ordre mais également, dans l’organisation
d’élections libres et transparentes.
L’observation permet d’induire que si une certaine convergence est possible
entre élection, démocratie et gouvernance politique, des logiques divergentes
semblent encore l’emporter dans l’organisation des élections. Entachées
d’irrégularités et de fraudes, les élections altèrent l’exercice du pouvoir et
l’utilité même de la démocratie ; elles accentuent les facteurs de crise, remettent
en cause la légitimité du pouvoir et la gouvernance politique.

105
Lire à ce sujet, l’exposé des motifs de la Charte.
106
Art. 3, points 4 et 10 de la Charte.
107
Art. 2, point 13 de la Charte.
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CHAPITRE V

LE CONTENTIEUX ÉLECTORAL

Dans les sociétés habituées à l’organisation à intervalles réguliers d’élec-


tions, le contentieux a pour, entre autres, objet de vérifier la conformité des
actes qui s’y rapportent et la validité des résultats électoraux.
Le contentieux électoral comporte en lui-même une forte diversité, à savoir,
celui des actes préparatoires au scrutin, le contentieux des résultats voire le
contentieux répressif qui poursuit la sanction des actes frauduleux ou
répréhensibles commis à l’occasion des élections.
Dans une démocratie, le contentieux apparait, donc, comme la technique la
mieux indiquée pour assurer, autant que possible, l’équité et la représentation
démocratique. On peut, à cet effet, se permettre d’affirmer qu’il n’y a pas de
véritable élection démocratique et crédible sans contentieux1.
L’organisation d’un contentieux électoral et sa fiabilité constituent, de nos
jours, des baromètres indispensables de jaugeage de la légitimation des
procédures de désignation des gouvernants et de l’acceptation de leurs
politiques publiques. Se déroulant à plusieurs niveaux d’organisation du
scrutin, le contentieux électoral fait appel à une diversité d’organes chargés de
contrôler autant la régularité que la sincérité du vote.
Rattachées à l’idée de la souveraineté nationale et même parlementaire,
certaines législations n’ont pas hésité de confier la gestion du contentieux électoral
à un organe politique à l’occurrence une assemblée parlementaire. La tradition
française d’avant 1958 confiait à chaque assemblée parlementaire le pouvoir
d’apprécier, selon la procédure prévue, la régularité, de l’élection de ses membres.
Le système de contentieux politique exclut toute incursion du juge dans la
vérification de la crédibilité de l’élection des membres d’une assemblée
parlementaire. À son actif, on relève notamment la protection politique des élus
de l’ingérence juridictionnelle, voire gouvernementale. Le système est, de toute
évidence, loin d’être satisfaisant, les bénéficiaires n’étant pas toujours à l’abri,
en raison des préférences politiques, des attaques de leurs adversaires.
D’autres législations organisent l’institution du contrôle juridictionnel des
élections, modèle qu’il convient de préférer parce que se situant dans le rôle
traditionnel du juge. L’intervention du juge dans le règlement des différends
électoraux s’accompagne, dans la pratique, d’une variété de contentieux
couvrant les domaines administratif, juridictionnel et répressif.

1
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op. cit., p. 139.
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158 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La réglementation de la répression des comportements qui, au moment de


l’organisation et la conduite du scrutin, violent la loi pénale participe à la
codification et, partant, la mise en place du droit pénal électoral. Ces actes se
commettent tout au long du processus de votation, notamment pendant les
opérations préparatoires au scrutin, voire même à l’issue du vote.
L’intérêt de la distinction entre ces différents contentieux réside dans la
détermination de la compétence revenant à chaque organe de contrôle et des
règles de procédure à suivre. Dans ce domaine, en effet, la répartition des
compétences contentieuses est tout aussi complexe que variée.
L’existence d’une pluralité de contentieux ainsi que la diversité des
procédures applicables induisent la possibilité qu’un seul juge soit compétent
pour connaitre tous les aspects du contentieux électoral ; le juge du contentieux
des listes électorales ou des candidatures ne pouvant pas être le même que celui
de la campagne électorale ou des résultats.
À l’occasion du processus électoral, plusieurs actes violant la loi électorale
ou le code pénal peuvent se commettre pour donner lieu à un contentieux
répressif distinct et indépendant du contentieux électoral proprement dit. Cette
situation rend difficile, voire complexe la perception de la notion même du
contentieux électoral2.
À cette fin, le législateur congolais opère une harmonieuse et rationnelle
répartition des compétences entre les autorités administratives, les juridictions
électorales et le juge pénal, justifiant l’étude séparée du contentieux des actes
préparatoires à l’élection de celui des résultats. Un regard comparatif de la gestion
du contentieux électoral par le juge permet de dégager un certain nombre de
paramètres susceptibles de saisir la portée de la vérité des urnes en Afrique.

SECTION 1. LE CONTENTIEUX DES ACTES PRÉPARATOIRES À


L’ÉLECTION
Plusieurs opérations précédant la tenue d’un scrutin sont susceptibles de
faire naître une diversité de contestations susceptibles d’être portées devant
l’autorité administrative, la juridiction judiciaire, administrative ou répressive.

§1. LE CONTENTIE
TEN UX DES LIS
TIEU S ÉLECTO
TES
ISTE RALES
TOR
La présentation des règles de procédure en contestation des listes électorales
permet de comprendre le cadrage légal de l’intervention du juge dans ce
domaine et la force de sa décision.

2
ESAMBO KANGASHE J.-L., La Constitution congolaise du 18 février 2006 à l’épreuve du
constitutionnalisme. Contraintes pratiques et perspectives, op.cit., p. 216.
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Le contentieux électoral 159

glees de procédure
A. Les règl
La fiabilité des listes électorales résulte de la régularité que l’administration
assure sur la tenue d’élections, même en période de turbulence, notamment
pendant la vacance du pouvoir où la durée des opérations paraît contraignante.
En règle générale, le contentieux des listes électorales est assuré, pour
l’essentiel, par le juge judiciaire, parce qu’il porte sur des matières relevant de la
compétence de droit commun, notamment les questions de domicile, de
résidence, du statut matrimonial, de nationalité, d’état et de capacité des
personnes.
L’intervention du juge administratif peut, également, être sollicitée, soit
pour encadrer le comportement des autorités chargées de l’administration
électorale, soit pour vérifier la régularité et la conformité à la loi des opérations
d’établissement des listes électorales. Lorsque, avant le délai légal, une autorité
administrative prend une décision de clôture des opérations d’enrôlement des
électeurs, celle-ci peut être invoquée devant le juge administratif qui est à ce
titre juge de « l’excès de pouvoir ».
Lorsqu’un fait infractionnel est commis ou constaté à l’occasion de la
confection des listes électorales, le juge pénal intervient pour rétablir l’ordre
public. Il en est de même du juge constitutionnel qui peut être invité à restituer
la légalité constitutionnelle interrompue par des manœuvres ou pratiques
portant atteinte aux dispositions constitutionnelles qui garantissent les droits
des particuliers.
En droit français, la jurisprudence administrative admet encore le caractère
non détachable des opérations préélectorales des actes administratifs qui y sont
posés pour autoriser l’intervention, non pas du juge électoral mais, du juge
administratif et notamment de celui de l’excès de pouvoir.
Saisi du recours en contestation de la régularité ou de la légalité de l’acte lié
à l’enregistrement d’un électeur, le juge peut, soit le rejeter (au cas où lui-même
est compétent pour connaitre des contestations liées aux résultats électoraux),
soit se déclarer incompétent (lorsque le recours n’a pas respecté les règles de
procédure exigées à cette fin ou que ce contentieux est confié à un autre juge),
soit encore trancher sur le fond du litige (au cas où la matière relève de sa
compétence).
Indépendamment de la décision du juge administratif et sans considération
de celle que peut rendre le juge électoral, le juge pénal peut, en cas d’infraction,
conduire jusqu’à terme l’instruction de la cause pour apprécier la légalité de
l’acte incriminé et la responsabilité de l’auteur. De même et sans être lié à la
décision du juge pénal, le juge constitutionnel peut, en cas de saisine, annuler
ou non un acte qui, au moment de l’élection, a ou non violé la Constitution. Le
moins que l’on puisse dire en cette matière est que, tout en œuvrant pour la
régularité et la sincérité du scrutin, les juges administratif, pénal et
constitutionnel sont autonomes et indépendants.
Dans les pays comme le Cameroun et le Sénégal, l’observatoire national des
élections est associé au règlement juridictionnel des conflits électoraux. En
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160 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

République démocratique du Congo, en revanche, le contentieux d’inscription


sur les listes électorales est réglementé pour faire ressortir une claire et
rationnelle collaboration entre l’autorité administrative et les juridictions
compétentes.

1. La gestion du contentieux administratif


L’inscription sur les listes électorales peut donner lieu à des réclamations
auprès de l’autorité administrative compétente ; celles-ci pouvant porter, soit
sur une omission sur la liste électorale, soit une erreur survenue dans
l’inscription du nom ou d’un de ses éléments. La personne lésée par cette
opération est autorisée à saisir le président du Centre d’inscription, endéans
sept jours qui suivent l’affichage des listes des électeurs, par écrit ou par
déclaration actée sur procès-verbal3. Il en est également de toute personne dont
l’inscription est contestée et ce, après en avoir reçu notification de cette
décision4.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, le président du Centre d’inscription statue,
par une décision motivée, après concertation avec les autres membres, dans les
sept jours qui suivent la réception du recours. À défaut d’une suite dans le délai
prescrit, le requérant est d’office rétabli dans ses droits5, l’absence de la décision
de la part de l’autorité administrative ne pouvant pas avoir pour effet de priver
l’électeur de son droit d’inscription sur la liste électorale.

2. Le règlement juridictionnel du contentieux


La décision administrative autorisant ou non l’inscription sur la liste
électorale est contestable par le recours juridictionnel porté devant la
juridiction compétente. Ce recours est, en République démocratique du Congo,
introduit devant le président du tribunal de paix ou du tribunal coutumier du
ressort tenu de rendre sa décision dans un délai de sept jours francs qui suivent
sa saisine6.
Une requête déposée dans le délai légal au secrétariat de la juridiction
compétente est recevable pour autant qu’elle est destinée au président de ladite
juridiction. Elle produit les mêmes effets juridiques qu’une demande déposée au
greffe de la juridiction compétente.
L’inscription sur la liste électorale étant une opération préalable et
indispensable à la réception des candidatures et à la convocation du corps
électoral, le législateur a pris soin de faire échapper les décisions du président
du Tribunal de paix ou du Tribunal coutumier de tout recours pouvant allonger
inutilement la procédure.

3
Art. 40 de la Loi n° 04/028 du 30 juillet 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en
République démocratique du Congo, Journal Officiel n° spécial du 20 juin 2006, p. 111.
4
Art. 44 de la Loi du 30 juillet 2004.
5
Art. 41 de la Loi du 30 juillet 2004.
6
Art. 42 de la Loi du 30 juillet 2004.
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Le contentieux électoral 161

Quant à l’intervention du juge judiciaire, elle a lieu après le traitement, par


l’autorité administrative, du contentieux des listes électorales. La particularité
de cette procédure répond à l’exigence de célérité de la procédure caractérisée,
par ailleurs, par les délais impératifs et contraignants d’organisation d’une
élection et qui déroge au principe de double degré de juridiction. Le droit
malien attribue, à juste titre, cette compétence au juge civil en l’obligeant à
statuer dans dix jours et la Cour d’appel, endéans quinze jours, de leur saisine.

3. La réglementation du contentieux pénal


Première étape dans l’organisation et la conduite du processus électoral,
l’inscription sur la liste des électeurs peut s’accompagner des actes enfreignant
la loi pénale pour que soit justifiée l’intervention de l’officier du ministère
public ou du juge répressif ou pénal compétent.
En rapport avec le contentieux pénal qui en résulte, plusieurs infractions
prévues ou non par le Code pénal fondent l’invitation du juge pénal. On pense
notamment au faux en écriture7, à l’introduction des boissons alcoolisées ou des
stupéfiants dans un Centre d’inscription8, au faux témoignage9, à la
modification ou au remplacement frauduleux d’une carte d’électeur10, à la
divulgation ou l’utilisation frauduleuse des renseignements individuels
communiqués à l’occasion des opérations d’identification et d’enrôlement des
électeurs et se rapportant à la vie personnelle ou familiale11 ? C’est également le
cas du refus de fournir les renseignements exigés12, du refus ou omission
volontaire d’enregistrer les renseignements requis13, de la corruption14, de
l’incitation à faire une fausse déclaration, de l’abstention à faire une déclaration
ou encore des violences et voies de fait15.
La loi congolaise sur l’identification et l’enrôlement des électeurs punit de
faux en écritures, toute personne qui se fait identifier et enrôler sous un faux
nom ou une fausse qualité, celle qui, en se faisant identifier et enrôler,
dissimule une incapacité prévue par la loi, celle qui se fait inscrire
frauduleusement sur une liste ou encore celle qui se fait inscrire volontairement
plus d’une fois. Pour cette dernière hypothèse (la personne qui, volontairement,
se fait inscrire plus d’une fois), le juge pénal peut ordonner son effacement sur
toutes les listes électorales précédentes. Toute personne de nationalité étrangère
qui se serait rendue coupable de faits pénaux prévus par cette disposition légale
est susceptible d’en courir les peines prévues pour faux en écriture.

7
Art. 45 de la Loi du 30 juillet 2004.
8
Art. 47 de la Loi du 30 juillet 2004.
9
Art. 48 de la Loi du 30 juillet 2004.
10
Art. 49 de la Loi du 30 juillet 2004.
11
Art. 50 de la Loi du 30 juillet 2004.
12
Art. 52 de la Loi du 30 juillet 2004.
13
Art. 53 de la Loi du 30 juillet 2004.
14
Art. 54 de la Loi du 30 juillet 2004.
15
Art. 55 de la Loi du 30 juillet 2004.
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162 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

On notera qu’à l’issue de l’identification et l’enrôlement des électeurs


réalisés en 2005, plusieurs cas de double inscription frauduleuse ont été
constatés et transmis par la Commission électorale indépendante aux différents
offices des parquets de Kinshasa pour instruction et poursuite devant les
juridictions de jugement. Si l’ensemble de dossiers n’a pas franchi le cap du
parquet16, les quelques cas soumis aux juges de fond n’ont aucune décision
définitive.
La même loi punit des peines prévues à l’article 128 du Code pénal
congolais, toute personne qui, à l’occasion des opérations d’identification et
d’enrôlement, aura fait un faux témoignage ou livré un faux document dans le
but de conférer la qualité d’électeur à un tiers. Il en est, également, de toute
personne qui, dans une intention frauduleuse, aura modifié ou remplacé une
carte d’électeur.
À l’occasion de l’inscription sur les listes électorales, certains renseigne-
ments individuels ayant trait à la vie personnelle ou familiale d’une personne
ne peuvent être communiqués, divulgués ou utilisés que dans le but de faciliter
l’opération électorale. Le non-respect de cette obligation expose son auteur aux
pénalités prévues à l’article 73 du Code pénal congolais.
La présence des témoins et observateurs pendant l’inscription sur les listes
électorales participe à la transparence et la crédibilité de ladite opération. Il
importe de noter qu’un témoin ou un observateur qui, sur réquisition de
l’autorité compétente, n’aura pas satisfait aux obligations lui imposées par la loi,
est passible d’une peine de servitude pénale ne dépassant pas trente jours et
d’une amende n’excédant pas 50 000 francs congolais ou d’une de ces peines
seulement.
Pourra être puni d’une servitude pénale de deux à trois ans et d’une amende
n’excédant pas 100 000 francs congolais ou d’une de ces peines seulement,
toute personne qui incitera une autre à faire une fausse déclaration ou à
s’abstenir de faire des déclarations imposées par la loi, aura usé de voies de fait,
de violences ou de menaces verbales ou écrites, d’intimidations ou lui aura fait
craindre la perte de son emploi ou son appartenance à une formation politique
ou exposera à un dommage, sa personne, son ménage ou son bien. Cette
amende est portée à 150 000 francs congolais à l’encontre de tout parti
politique, toute association, personne morale ou organisation qui se rendra
coupable des faits ci-hauts énumérés.
En droit français, la loi punit l’inscription sur la liste électorale sous un faux
nom ou une fausse qualité, la dissimulation d’une incapacité et l’inscription sur
deux ou plusieurs listes électorales, les radiations frauduleuses affectant la liste
électorale d’une commune. Ces délits sont censurés par le juge pénal dans le but
d’intimider les malhonnêtes. Il existe, néanmoins, une gamme d’actes qui
n’appellent certes pas des sanctions pénales mais susceptibles d’être, en raison
de l’absence de sincérité des listes électorales, traités soit par le juge
administratif, soit par le juge constitutionnel.

16
Ils avaient, pour diverses raisons, classés sans suite.
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Le contentieux électoral 163

Ainsi qu’on le voit, l’intervention du juge pénal à cette étape du processus


électoral est de nature à décourager la commission des actes délictueux en
même temps qu’elle participe à la crédibilisation du scrutin.

B. La nature et l’a
’auutorité des décisions du juge électoral
La décision prise par l’autorité administrative en matière des contestations
des listes électorales est susceptible d’être évoquée devant une juridiction
compétente et légalement instituée, elle n’est pas définitive. Il en est autrement
de la décision de la juridiction compétente qui, aux termes de la loi, est
insusceptible de recours. Elle est, à l’opposé de celle-là, définitive, parce que
revêtue de la force de la chose jugée qui couvre le dispositif du jugement ou de
l’arrêt ainsi que les motifs de la décision intervenue.
Sans porter atteinte à l’autorité de la chose jugée d’une décision judiciaire
définitive, une certaine et récente jurisprudence française admet qu’une erreur
matérielle non imputable au requérant et figurant dans l’un des visas de la
décision soit rectifiée. Cette procédure n’est pas autorisée en droit congolais.

§2. LE CONTE
TEN
NTIE
TIEU
UX DES CANDIDATU
TUR
RES
L’inscription sur les listes électorales conduit à la constitution du fichier
électoral, opération qui autorise l’administration électorale d’accomplir
d’autres, tels que la réception de candidatures, l’impression, la distribution des
bulletins dans l’ensemble de bureaux de vote ainsi que l’organisation de la
campagne électorale.
Ces différentes opérations pouvant porter atteinte à l’égalité et à l’équilibre
de traitement entre les candidats, il importe d’agencer le contentieux qui pourra
en résulter. La présentation de la procédure contentieuse permet de percevoir la
nature et l’autorité des décisions contentieuses.

A. La procédure contentieuse
Dans le traitement du contentieux des candidatures, la procédure
contentieuse diffère selon que la contestation est portée devant l’autorité
administrative ou la juridiction compétente. Une attention particulière doit être
portée sur la répression des actes qui violent la loi pénale à l’occasion de la
réception des dossiers de candidatures.

1. Devant l’autorité administrative


À chaque élection correspond la procédure de dépôt de candidature et du
règlement du contentieux. Conformément au calendrier arrêté, et selon le
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164 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

modèle préalablement fixé, le candidat ou la liste peut faire acte de candidature


à l’élection donnée.
Quelque soit le mode de scrutin, le candidat qui le désire ne peut se
présenter que dans une seule circonscription électorale pour chaque niveau
d’élection. Il peut, pour ce faire, désigner un ou plusieurs mandataires pour
présenter, notamment la déclaration de candidature, prendre connaissance
d’autres déclarations de candidatures et accomplir tous les actes de procédure
d’enregistrement de candidature17.
La procédure de présentation des candidatures n’est pas identique dans
toutes les circonscriptions. Dans une circonscription à un seul siège, les partis
ou regroupements politiques ne présentent qu’une seule candidature ; chaque
liste devant être établie en tenant compte de la représentation paritaire homme-
femme et de la promotion de la personne vivant avec handicap. L’inobservance
de cette condition n’entraine pas automatiquement le rejet de la liste18. Dans
une circonscription comptant plus d’un siège, les candidatures sont présentées
individuellement ou par liste, celle-ci devant, obligatoirement, comprendre un
nombre de candidatures égal à celui des sièges en compétition.
En vue de s’assurer de la régularité des dossiers de candidatures et leur
gestion transparente, le législateur admet que tout candidat ou mandataire
prenne connaissance, sans déplacement, de tous les actes de présentation
d’autres candidatures et, adresse par écrit, des observations éventuelles à la
Commission électorale nationale indépendante. Ce droit s’exerce jusqu’au jour
et heure fixés par la Commission électorale nationale indépendante19, seule
autorité compétente habilitée à examiner, au niveau administratif, les dossiers
de candidatures, les erreurs matérielles éventuellement commises ainsi que les
contestations qui en ont résulté.
Faite par un candidat indépendant ou une liste, la déclaration des
candidatures comporte obligatoirement les éléments exigés, un récépissé étant
remis, selon le cas, au candidat, à la liste ou à leur mandataire.
En cas de non-conformité de la candidature ou de la liste, la Commission
électorale nationale indépendante décide, dans un délai de dix jours, de la
retourner, invitant, selon le cas, le candidat, le parti ou regroupement politique
concerné ou leur mandataire à présenter une nouvelle liste ou déclaration des
candidatures rectifiée.
À l’issue du règlement administratif éventuel du contentieux de
candidatures à son niveau, la Commission électorale nationale indépendante
arrête et publie la liste provisoire des candidats20. Écrite et motivée21, sa
décision est susceptible d’appel devant la juridiction compétente.

17
Art. 12 al. 2 et 3 de la Loi électorale.
18
Art. 13 al. 1, 2 et 3 de la Loi électorale.
19
Art. 24 de la Loi électorale.
20
Art. 25, al. 1erde la Loi électorale.
21
Art. 21 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 165

2. Devant la juridiction compétente


Les contestations des listes de candidatures sont portées, dans un délai de
quatre jours qui suivent leur publication par la Commission électorale nationale
indépendante, devant la Cour constitutionnelle (pour les élections
présidentielle et législatives), la Cour administrative d’appel (pour les élections
provinciales) et le Tribunal administratif (pour les élections urbaines,
municipales et locales). Les attributions de ces juridictions sont, en attendant
leur installation effective, provisoirement exercées par la Cour suprême de
justice, la Cour d’Appel et le Tribunal de grande instance.
Toute requête en contestation de candidature ou de liste de candidatures est
examinée par une juridiction siégeant avec au moins trois membres. Seuls sont
autorisés à saisir ces juridictions, le candidat, le parti ou regroupement politique
lésé ou leurs mandataires.
Les juridictions compétentes statuent dans les sept jours de leur saisine.
Passé ce délai, la réclamation est réputée fondée, et le requérant entre
automatiquement dans ses droits. L’objet du recours n’étant pas limitativement
fixé par la loi, il peut, selon le cas, porter sur le délai, la qualité du requérant, le
non-paiement du cautionnement électoral22, l’erreur matérielle, le conflit
interne au sein du parti ou regroupement politique, l’écart, dans une
circonscription, entre le nombre de candidats sur une liste et celui de sièges à
pourvoir ou l’inéligibilité d’un suppléant.
Pour avoir été introduit au-delà du délai légal, le recours en contestation de
candidature à l’élection des députés nationaux a été, pour tardiveté, rejeté (CSJ,
13 avril 2006, RCDC 028/KIN, Aff. Kapinga Mubiayi Marie José contre la
Commission électorale indépendante23).
L’a, également, été la requête en contestation de l’éligibilité d’un candidat à
l’élection présidentielle, introduite par le président d’un parti politique qui n’a
pas fait acte de candidature à ladite élection (CSJ, 13 avril 2006, RCDC
012/KN, Aff. La Convention chrétienne pour la démocratie, CCD, en sigle et
Jean-Pierre Lisanga Bonganga contre la Commission électorale indépendante ;
CSJ, 13 avril, 2006, RCDC 015/KN, Aff. La Convention pour la démocratie et la
République, CDR, en sigle et André Alain Atundu Liongo contre la
Commission électorale indépendante24; CSJ, 13 avril 2006, RCDC003/KIN, Aff.
Mouvement de solidarité pour le développement en sigle MSD contre la
Commission électorale indépendante25).
L’est, davantage, la requête sollicitant la validation de la candidature
supposée présentée, sans preuve, sur la liste d’une formation politique (CSJ,
3 octobre 2011, RCDC/DN021, Aff. Ngali Lopeka contre la Commission
électorale nationale indépendante26).

22
Art. 21 de la Loi électorale.
23
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, op.cit., p. 15.
24
Idem, p. 8.
25
Ibidem, p. 3.
26
Inédit.
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166 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Le paiement d’un cautionnement électoral étant une cause de recevabilité de


la candidature, le défaut d’y pourvoir conduit à l’irrecevabilité de la candidature
(CSJ, 13 avril 2006, RCDC020/KIN, Aff. Ehetshe Mpala David contre la
Commission électorale indépendante27; CSJ. 13 avril 2006, RCDC 035/KIN,
Aff. Bokashanga Kwete Honorine-Christine contre la Commission électorale
indépendante, CEI, en sigle28).
C’est, également, dans le même sens que s’est prononcé le juge chargé du
contentieux de candidatures contre un requérant qui n’a produit au dossier
aucune preuve de versement du cautionnement électoral ni le récépissé de
candidature (CSJ, 1er octobre 2011, RCDC017/024, Aff. Parti du peuple pour le
progrès du Congo, PPPC, en sigle contre la Commission électorale nationale
indépendante).
L’erreur matérielle glissée dans l’orthographe du nom d’un candidat (CSJ,
3 octobre 2011, RCDN/DN/022, Aff. Yeki Bampembe Yaki Adrien contre la
Commission électorale nationale indépendante) peut être corrigée sur décision
de la juridiction compétente (CSJ, 6 décembre 2001, RCDC082, Aff. Shelina
Mwanza Salina contre la Commission électorale nationale indépendante29).
La juridiction saisie de la contestation de candidatures s’est également
déclarée incompétente pour connaitre d’un litige interne au sein d’un parti ou
regroupement politique parce qu’étranger à la réclamation ou contestation de
candidature ou de liste de candidatures (CSJ, 5 octobre 2011, RCDC/DN 006,
Affaire Bambuka Busianda contre la Commission électorale nationale indépen-
dante30).
Pour avoir déposé les listes de candidatures comportant le nombre de
candidats supérieur à celui de sièges à pourvoir, le Parti du peuple pour la
démocratie et la reconstruction a vu ses listes de la province orientale31 et de la
ville de Kinshasa32 contestées devant la juridiction compétente (CSJ, 5 octobre
2011, RCDC/KN 052, Aff. Rassemblement congolais pour la démocratie
Kisangani-Mouvement de Libération, RCD-KML, en sigle contre la
Commission électorale nationale indépendante).
Dans cette décision, la Cour a, tout en rejetant, pour défaut de qualité dans
le chef de l’avocat qui a signé le recours en contestation de candidature, esquivé
la question de fond, à savoir la discordance entre le nombre de candidats sur la
liste et celui de sièges à pourvoir dans une circonscription. L’influence du parti
politique mis en cause, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la
Démocratie et la taille de la circonscription qui compte quinze sièges auraient
vraisemblablement justifié la décision de laisser à la Commission électorale

27
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, p. 11.
28
Idem, p. 35.
29
Inédit.
30
Inédit.
31
Dans les circonscriptions électorales de BASOKO, BONDO, DJUGU, NIZI, FARADJE, IRUMU,
ISANGI, KISANGANI, MAHAGI, MAMBASA, OPALA, RUNGU et UBUNDU.
32
Notamment dans la circonscription de Kinshasa IV.
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Le contentieux électoral 167

nationale indépendante de rectifier l’erreur matérielle33 qu’elle n’aurait


probablement pas commise.
Sans avoir été préalablement saisie d’une contestation de candidature, la
Cour a, à l’occasion de l’examen du contentieux des résultats, annulé l’élection
d’un candidat dont le premier suppléant se trouvait, au moment du dépôt de la
liste de candidatures, dans une situation d’inéligibilité34(CSJ, 9 janvier 2007,
RCE/DN/KN023, Aff. Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie,
PPRD, en sigle et Tunda ya Kasende contrela Convention pour la démocratie et
le développement, CCD, en sigle et Mulenda Mbo Milanda Jean35).

3. La réglementation du contentieux pénal


Au moment de l’établissement des listes des candidatures, bien d’actes
répréhensibles peuvent se commettre. Pour chaque cas, le législateur congolais
s’efforce d’organiser un régime répressif singulier ; celui-ci pouvant couvrir une
variété d’infractions. On pense, notamment au faux témoignage, au faux en
écriture, à l’usage de faux, aux injures publiques, à la dénonciation calom-
nieuse, aux imputations dommageables, aux coups et blessures volontaires ou
encore aux violences et voies de fait.
Pour toutes ces incriminations, l’action publique doit être correctement et
effectivement exercée. Sans paraître excessive ni mole, elle doit être juste,
opportune et égale à l’endroit de tous les contrevenants. Tel qu’aménagé, ce
contentieux pénal est naturellement indépendant d’autres formes de
contentieux ; les auteurs de ces actes seront poursuivis, selon la procédure
ordinaire, devant des juridictions pénales compétentes. En plus des peines
privatives des libertés, ces juridictions peuvent ordonner d’autres de nature
subsidiaire telle que l’inéligibilité des coupables pour une période déterminée.

B. La nature et les effets de la décision du juge électoral


Les législations électorales déterminent, habituellement, la nature et les
effets attachés à la décision du juge chargé du règlement du contentieux de
candidatures. Il est de principe que la décision juridictionnelle rendue, en
matière de contentieux de candidatures, soit revêtue de la force de la chose
jugée et, donc, insusceptible de recours36. La raison est que, même si la
régularité et la permanence de certaines opérations préélectorales peuvent

33
En cette matière, en effet, la Commission électorale nationale indépendante ne peut procéder à la
correction d’une erreur matérielle que sur décision de la juridiction contentieuse préalablement saisie à
cette fin.
34
L’éligibilité étant une question d’ordre public, elle peut être soulevée, même d’office, à toutes les étapes
de la procédure contentieuse. Dans le cas d’espèce, le premier suppléant qui était, au moment du dépôt de
la liste de candidatures, un fonctionnaire de l’État n’a pas versé au dossier la lettre de sa mise en
disponibilité.
35
Quatrième feuillet, inédit.
36
Art. 27 de la Loi électorale.
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168 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

justifier l’usage des voies de recours, celles-ci ne sauraient être un moyen pour
retarder ou déférer la tenue du scrutin déjà programmé.
Il importe de noter qu’en cas de saisine du juge, la Commission électorale
nationale indépendante puisse attendre le règlement du contentieux pour
publier la liste définitive de candidatures. En droit malien, la Cour constitu-
tionnelle a, par son arrêt n° 2013-09/CC-EL du 31 octobre 2013 portant
proclamation définitive des candidatures à l’élection des députés à l’Assemblée
nationale, indiqué que l’irrévocabilité de sa décision publiée au Journal Officiel
de la République37.

§3. LE CONTENTIE
TEN UX DE LA CAMPAGNE ÉLECTO
TIEU RALE
TOR
Le règlement du contentieux de la campagne électorale suppose la
connaissance préalable de la procédure en la matière.

A. La procédure contentieuse
La loi électorale congolaise organise, avec soin, la procédure contentieuse en
matière de campagne électorale, impliquant les autorités administratives, la
juridiction contentieuse et l’officier du ministère public.

1. La procédure administrative
La procédure administrative est, pendant la campagne électorale, assurée par
la Commission électorale nationale indépendante et le Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel et de la Communication. La loi organise la liberté d’apposition,
dans les conditions déterminées par la Commission électorale nationale
indépendante, d’affiches, photos et autres effigies de propagande électorale38. Il
appartient à chaque candidat, parti ou regroupement politique, qui le désire,
d’approcher les services compétents pour connaitre ces conditions, lesquelles
tiennent à l’équité, à la justice, au respect de la loi et de l’ordre public. La même
commission a eu à intervenir, en novembre 2011, auprès des candidats, partis
ou regroupements politiques qui ont apposé, sur les édifices publics, des photos
et effigies de campagne les invitant à les retirer.
Instance de régulation des informations et des médias, le Conseil supérieur
de l’audiovisuel et de la communication joue un rôle déterminant pendant la
campagne électorale. C’est, en effet, lui qui arrête, en concertation avec la
Commission électorale nationale indépendante, les conditions d’accès aux
médias publics aux fins de la campagne électorale, veille au respect du principe
d’égalité de production entre les candidats en ce qui concerne la diffusion dans

37
Arrêt n° 2013-09/CC-EL, inédit, p. 111.
38
Art. 30 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 169

les dits médias de leurs activités, écrits, déclarations ainsi que la présentation de
leur personne.
En cas d’inégalité dans la répartition de temps d’antenne dans les médias
publics, la structure de régulation des médias peut, à la demande du candidat,
parti ou regroupement politique lésé, rétablir l’égalité ; sa décision étant
insusceptible d’aucune voie de recours. Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel et
de la Communication est, en revanche, justifié à intervenir, à son initiative ou à
la demande du candidat, parti ou regroupement politique lésé, auprès des
autorités compétentes, en cas d’inégalité dans le traitement aux médias publics,
pour obtenir sa correction39.
Par décision motivée et notifiée, il peut s’opposer à la diffusion d’une
émission de campagne, si les propos tenus sont injurieux, diffamatoires ou
révèlent un manquement grave aux dispositions constitutionnelles ou
législatives. Sa décision est contestable, dans les quarante-huit heures, devant le
Conseil d’État40. Il y a lieu d’objecter le caractère discriminatoire de cette
disposition qui ne tient pas compte, pour un pays aussi vaste que la République
démocratique du Congo, du lieu outre que la capitale qui a servi à
l’enregistrement ou la diffusion d’une émission de campagne. L’équité suggère
donc que l’on reconnaisse, selon le cas, cette compétence aux autres juridictions
administratives inférieures au Conseil d’État.

2. La procédure juridictionnelle
En règle générale, le contentieux de la campagne électorale est assuré par le
juge administratif, le juge répressif n’intervenant qu’en cas d’infraction au code
pénal. C’est au juge administratif qu’il revient de contrôler la légalité et la
régularité des actes de campagne accomplis par les candidats, partis ou
regroupements politiques.
À l’instar d’autres législations41, le législateur congolais organise le
contentieux de la campagne électorale devant le juge administratif dont les
décisions sont inattaquables, la finalité d’une campagne électorale étant de
permettre l’organisation, dans la date fixée, du scrutin, la convocation des
électeurs ainsi que le déploiement du matériel et du personnel électoral ayant
été déjà réalisé.
Une campagne électorale qui aurait négativement influé sur le déroulement
du vote peut, au moment de l’examen du contentieux des résultats, servir des
pièces pour la juridiction saisie et conduire, selon le cas, à l’annulation partielle
ou totale de l’élection.
On admet, en cette matière, que le juge soit actif et pragmatique pour
apprécier souverainement les différentes irrégularités de la campagne et leur
influence sur l’ensemble du résultat. Lorsque le résultat est serré, toute

39
Art. 33 de la Loi électorale.
40
Art. 35 de la Loi électorale.
41
Notamment belge, brésilienne, burkinabé, camerounaise, française, gabonaise, guinéenne, ivoirienne,
kenyane, malienne, malgache, mauritanienne, nigérienne, tchadienne ou togolaise.
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170 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

irrégularité même mineure doit attirer son attention pour conduire, au besoin,
à la décision d’annulation partielle ou totale de l’élection. Il en est autrement si
l’écart des voix entre candidats est plus important, le juge de l’élection peut
alors considérer les irrégularités comme sans influence notable sur l’ensemble
de résultats et valider ainsi l’élection.

3. Le contentieux répressif
Pendant la campagne électorale, bien d’actes enfreignant la loi pénale
peuvent se commettre pour qu’en règle générale, l’intervention de l’officier du
ministère public ou de la juridiction de jugement soit, selon le cas, admise.
S’agissant particulièrement de l’utilisation, à des fins de propagande
électorale, des biens, finances et personnel de l’État, des établissements,
organismes publics et sociétés d’économie mixte, la loi électorale congolaise
reconnait à toute autorité politico-administrative, tout candidat ou parti
politique et à toute personne la latitude de saisir la Commission électorale
nationale indépendante ou l’officier du ministère public pour obtenir soit la
radiation de la candidature ou l’annulation de la liste du parti ou regroupement
politique concerné42.
En cas d’abus dans l’utilisation des biens publics à des fins de campagne
électorale, la Cour constitutionnelle (pour les élections présidentielle et
législatives), la Cour administrative d’appel (pour les élections provinciales) et
le tribunal administratif (pour les élections urbaines, municipales et locales)
sont, selon le cas, compétents.
Il importe de relever qu’aucune juridiction compétente n’a encore été saisie
d’un tel cas nonobstant l’observation, lors de la campagne électorale pour le
scrutin présidentiel du 28 novembre 2011, de l’apposition d’affiches et effigies
du candidat Joseph Kabila Kabange dans les édifices publics, en l’espèce,
l’immeuble de la radio et télévision nationales et le complexe omnisports stade
de martyrs. Les dénonciations de cet acte ont conduit le président de la
Commission électorale nationale indépendante à obtenir de la direction de
campagne du candidat mis en cause le respect de la loi.
Au sujet du financement occulte de la campagne électorale, la dénonciation
est, généralement, faite devant la structure chargée de l’organisation des
élections. Celle-ci peut, pour raison d’équité, faire cesser ce financement. En
raison, toute fois, de la rapidité et de la brièveté de la durée de la campagne,
l’intervention du juge pénal apparaît, dans bien des cas, tardive sinon aléatoire.
La loi punit d’une amende de 20 000 à 100 000 francs congolais, toute
campagne électorale organisée en dehors de la période légale43. Le recours aux
nouvelles technologies de l’information et de la communication (internet ou
téléphonie cellulaire) réduit la portée de cette disposition et partant la marge de
manœuvres du juge pénal.

42
Art. 36 de la Loi électorale.
43
Art. 80 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 171

Fondamentale en période de campagne électorale, la liberté d’expression, de


manifestation ou de rassemblement ne peut être gênée ; l’auteur d’une telle
entrave encourt une servitude pénale principale de douze mois au maximum et
une amende de 100 000 à 200 000 francs congolais44.
On gardera à l’esprit que le juge électoral peut être saisi d’un conflit des
couleurs, des emblèmes ou des symboles des candidats, partis ou regroupements
politiques. Ce contentieux que l’on croit archaïque dans bon nombre de pays
occidentaux conserve encore toute sa pertinence devant le juge électoral
africain et, notamment congolais.

gleement du contentieux électoral


B. Le règl
L’ensemble des législations électorales prévoit un délai raisonnable pour
l’organisation d’une campagne électorale. Ce délai varie d’une législation à une
autre et d’un pays à un autre45. Dans certains pays comme la France, on a
l’impression d’assister, en période de cohabitation, à une propagande politique
continue entre la majorité et l’opposition46.
Pendant la campagne électorale, il se commet souvent des actes enfreignant
la loi que les autorités administratives ou juridictionnelles peinent, selon le cas,
à sanctionner ; leur silence ouvre ainsi la brèche à l’idée qu’en cette période la
violation de la loi est la règle, son application l’exception.
Et pourtant, le législateur aménage, habituellement, le cadre et le moment
d’intervention de l’autorité administrative et du juge dans le rétablissement de
l’équilibre interrompu par les actes de campagne contraires à la loi électorale.

SECTION 2. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS


L’organisation acceptable des élections est fonction de divers paramètres
dont le traitement par le juge de différends qui en résultent. Ce contentieux a
notamment pour objet de vérifier la régularité des actes et la validité des
résultats des électeurs47. On reconnait à ce sujet l’absence de recettes uniformes
à la disposition du juge dans la résolution des différends nés de la contestation
des résultats électoraux pour qu’à la variété de problèmes posés, corresponde la
diversité des solutions à envisager.

44
Art. 81 de la Loi électorale.
45
Ce délai est, selon les législations, variable. Il est de trente jours au Bénin, en Côte d’Ivoire, en France,
en Madagascar, au Mali, au Sénégal ou au Tchad pour le premier tour de l’élection présidentielle et
quinze jours, entre les deux tours.
46
Le constat est, également, fait en République démocratique du Congo où après les élections générales,
les partis de la majorité et de l’opposition se disputent, en permanence, les médias à travers des messages
politiques qui ne sont pas loin de ressembler aux déclarations de campagne.
47
MASCLET J.-C., Droit électoral, op.cit.,p. 309.
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172 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La présentation des caractéristiques du contentieux des résultats induit sur


l’étude de sa réglementation pénale, la procédure contentieuse ainsi que la
nature et l’autorité attachée à la décision du juge électoral.

§1. LES CARACTÉ


TÉR
RISTIQ
TIQU
UES DU CONTE
TEN
NTIE
TIEU
UX DES RÉSULTA
TATS
TS
Obéissant aux règles spécifiques inspirées de la mission particulière du juge
électoral, le contentieux des résultats dévoile une complexité et des particularités
qui le distinguent des autres formes de contentieux ; le juge qui l’assure étant
tenu de respecter le choix des électeurs et, par conséquent, celui du suffrage. On
admet, également, qu’en matière de contentieux des résultats, le juge dispose
d’une grande liberté d’appréciation sur les réclamations qui lui sont soumises
pour que ses décisions ne soient fondées qu’à la seule référence à la loi.
La spécificité du contentieux des résultats réside, donc, dans ses
caractéristiques qui font qu’il soit objectif, public, contradictoire et de délibéré
secret mais, également, politique et fondé sur les preuves.

A. Le contentieux objectif
Dans le règlement du contentieux des résultats, le juge est saisi non pas des
requêtes dirigées contre les personnes, mais plutôt, des actes découlant de
l’organisation et de la gestion d’une élection. Ce contentieux ne relève, donc,
pas totalement du droit commun, les techniques et procédures auxquelles il
recourt étant rarement aménagées par le législateur ordinaire.
Appelé à vérifier la conformité à la loi des résultats électoraux, le juge
électoral dispose d’un pouvoir d’investigation très étendu ; il est, par
conséquent, actif parce que justifié à prendre toutes les mesures d’instruction
nécessaires, telle l’audition de toute personne susceptible de lui fournir des
informations de nature à emporter son intime conviction sur le bien-fondé des
griefs dénoncés devant lui.
Dans cette perspective, la loi oblige l’administration électorale et les
autorités politiques et administratives à offrir au juge une collaboration
indispensable en lui communiquant toutes les informations nécessaires en leur
possession. À leur demande, et pour autant que la recherche de la sincérité des
résultats l’exige, le requérant et le candidat dont l’élection est contestée peuvent
être entendus par le juge, l’assistance d’avocat n’étant pas, à priori, interdite48.
À l’instar de tout juge, celui du contentieux des résultats ne doit, en
principe, statuer que dans les limites des conclusions et réclamations qui lui
sont présentées. Il a, cependant, le devoir de réunir, en vue de la recherche de la
sincérité des résultats, les éléments d’investigation indispensables à la manifes-
tation de la vérité.

48
Art. 74, al. 2 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 173

En matière de contentieux des résultats à l’élection présidentielle et


législative, le législateur burkinabé renforce, par exemple, l’activité du Conseil
constitutionnel en le dotant de tous les moyens d’investigation nécessaires. Le
Conseil peut, à cet effet, ordonner toute enquête et se faire communiquer tout
rapport, tout document ayant trait à l’élection. Il est également autorisé à
commettre un de ses membres et, notamment, le rapporteur, pour procéder sur
place aux mesures d’instruction ou délivrer, à tout magistrat, des commissions
rogatoires. Dans le même ordre d’idées, le Conseil peut charger le rapporteur de
recevoir, sous serment, les déclarations des témoins ; procès-verbal est dressé
par le rapporteur qui le communique aux intéressés pour leurs observations
éventuelles écrites adressées au Conseil dans le délai de huit jours49.
En droit français, également, le juge électoral est autorisé à soulever, même
d’office, et avant le scrutin, les moyens d’ordre public liés à la qualité de
l’électeur ou à l’inéligibilité d’un candidat (CE, 26 février 1973, Élections
municipales de Montfoucand).
Le pouvoir d’investigation du juge en matière électorale est encore renforcé
par le constituant congolais qui précise que « toute cause d’inéligibilité, à la date
des élections, constatée ultérieurement par l’autorité judiciaire compétente
entraine la perte du mandat de député national ou de sénateur. Dans ce cas, il
est remplacé par son premier suppléant »50. Il lui appartient d’en faire bon usage
et de ne pas attendre que toutes les preuves lui soient présentées par les parties
à l’instance.

B. Le contentieux public, contradictoire et le secret de son délibéré


L’exercice de la liberté de vote, la garantie d’un procès juste et équitable
ainsi que la préservation du droit de la défense ont conduit le législateur
congolais à renforcer le caractère public et contradictoire du contentieux des
résultats.
Le contentieux est, d’abord, public dans la mesure où les parties ou leurs
mandataires présentent en audience publique leurs moyens de défense. Même
si le ministère d’avocat n’est pas obligatoire51, la signification des actes de
procédure aux parties ainsi que leur comparution devant le juge sert davantage
l’attribut public attaché au procès et, par conséquent, au contentieux qui s’y
rapporte.
Le contentieux des résultats est, ensuite, contradictoire et écrit, le législateur
ayant organisé l’échange entre parties des pièces et conclusions, l’institution du
mémoire en réponse et l’avis du ministère public ainsi que la plaidoirie
éventuelle des avocats. On note que, aussitôt que la requête est déposée et
inscrite dans un rôle de la juridiction compétente, le greffier la notifie au

49
Art. 38 de la Loi organique n° 011-2000/AN du 27 avril 2007 portant composition, organisation,
attributions et fonctionnement du Conseil constitutionnel et de la procédure devant lui.
50
Art. 110, al. 2 et 3 de la Constitution.
51
Art. 54 bis de la Loi électorale.
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174 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

candidat dont l’élection est contestée, au parti ou regroupement politique ayant


présenté le candidat, et à la Commission électorale nationale indépendante aux
fins de la présentation, par chacun et dans un délai de trois jours après
notification, d’un mémoire en réponse. La juridiction saisie peut, en audience
publique, entendre, le requérant ou toute personne intéressée52, à condition
d’être candidate dans la circonscription dont l’élection est contestée53.*
Pour défaut de qualité dans le chef du requérant, le recours introduit par un
candidat agissant à son nom personnel, mais présenté sur la liste d’un parti
politique qui n’a pas fait acte de candidature à l’élection, a été rejeté (CSJ,
4 septembre 2006, RCE/DN/KN/001, Aff. Mbu ne Letang contre la
Commission électorale indépendante54).
Ce contentieux est, enfin, gratuit et secret, aucun frais n’est exigé du
requérant ou de son mandataire pour l’accomplissement de tout acte de
procédure ou devoir d’instruction. Il importe de retenir que si l’instruction du
dossier est publique, le délibéré ne l’est pas, la juridiction électorale siégeant
obligatoirement avec trois membres au moins55.

C. Le contentieux politique
Le contentieux des résultats est, pour l’essentiel, politique parce qu’il porte
sur la distribution par le juge du pouvoir issu de l’élection. Faisant du juge
l’arbitre dans la résolution des conflits politiques, il est susceptible de conduire,
si pas à la juridicisation de la vie politique, tout le moins, à la politisation de la
justice électorale (CSJ, 26 octobre 2006, RCE 067/DN/KN, Aff. Mokako Nzeke
Jacques contre Bumba Monga Antoine, le Parti du peuple pour la
reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle et la Commission électorale
indépendante56; CSJ, 26 décembre 2006, RCE 100/DN/KN, Aff. Makengo
Ngombe Matoka, Parti politique dénommé Camp de la Patrie contre Patcho
Panda Jakulu du même parti politique et la Commission électorale
indépendante),le juge étant invité à régler les conflits internes au sein des partis
politiques. Ces décisions échapperaient ainsi difficilement aux considérations
partisanes, partiales, voire partielles.
Dans l’une ou l’autre hypothèse, le juge électoral se voit autoriser de
développer les attitudes qui l’affranchissent des soupçons de partialité dans le
règlement du contentieux. Il doit, pour ce faire, allier l’utile et l’agréable en
conciliant judicieusement les exigences légales et la sagesse qui hante souvent
pour que son activité ne porte pas le coup. À tout bien considéré, l’indépen-

52
Art. 76 al. 1er de la Loi électorale.
53
Art. 74 quater al. 5 de la Loi électorale.
54
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux, 2006-2007, op. cit., pp. 110-111.
55
Art. 74 bis de la Loi électorale.
56
Dans cet arrêt, la Cour a rétabli dans ses droits Monsieur MOKAKO NZEKE Jacques évincé, par
fraude orchestrée par son adversaire, ce qui n’a pas manqué de susciter une grogne au sein de la
Fédération provinciale-Équateur du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.
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Le contentieux électoral 175

dance du juge dans ce domaine est un gage de consolidation de la démocratie et


de stabilité politique.

D. Le contentieux fondé sur les pièces


Le contentieux des résultats porte essentiellement sur les pièces produites à
l’appui d’une requête et leur authenticité ; la simple dénonciation ne suffit pas
pour emporter la conviction du juge. Il appartient donc à celui qui allègue une
irrégularité d’en apporter la preuve ; celle-ci pouvant être administrée par tous
les moyens de droit et, notamment par la production en original ou en copie
certifiée conforme à l’original des relevés de dépouillement57, des procès-
verbaux des opérations de vote, ceux des opérations des résultats ou de leur
compilation ou encore les fiches des résultats.
Une pièce produite en photocopie libre ne fait pas foi(CSJ, 6 décembre 2011,
RCE 011/PR, Aff. Union pour la Nation Congolaise, UNC, en sigle contre
Monsieur Joseph Kabila Kabange et la Commission électorale nationale et
indépendante58), le juge ne saurait y avoir égard que si elle n’est pas contestée
(CSJ, 10 janvier 2007, RCE/DN/KN/130, Aff. Démocratie chrétienne, DC, en
sigle contre la Commission électorale indépendante59).
Le procès-verbal de dépouillement doit, obligatoirement, contenir le nombre
d’électeurs inscrits sur la liste électorale, celui de votants constatés par
émargement sur la liste électorale, le nombre d’électeurs ayant voté par
dérogation, celui du total de votants, le nombre de bulletins de vote non utilisés,
les noms des membres du bureau de vote et de dépouillement ainsi que ceux des
témoins60. Il est signé par tous les membres du bureau et des témoins qui en
reçoivent copie, indique l’heure d’ouverture et de clôture du scrutin, les
réclamations et contestations éventuelles, les décisions du bureau, les noms des
candidats et les suffrages obtenus par chaque candidat indépendant ou liste, le
nombre de bulletins sortis de l’urne, celui de bulletins nuls, le nombre de
suffrages valablement exprimés ainsi que les noms de cinq électeurs désignés
par le président du bureau de vote et de dépouillement61.
Même signé en l’absence des délégués de candidats, partis ou regroupements
politiques, le procès-verbal de dépouillement ne peut être annulé que dans la
mesure où cette absence a été volontairement provoquée62. Il en est, de même,
d’un procès-verbal signé par tous les membres ou certains d’entre eux, mais en
dehors du bureau de vote et de dépouillement.

57
Art. 68 de la Loi électorale.
58
Sixième feuillet, inédit.
59
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., pp. 288-289.
60
Art. 49 et 50 de la Décision n° 052bis/ CENI/ BUR/11 du 18 août 2011 portant Mesures d’application
de la Loi électorale.
61
Art. 52 de la Décision n° 052bis/ CENI/ BUR/11du 18 août 2011 portant Mesures d’application de la
Loi électorale.
62
Art. 62, al. 4 de la Loi électorale.
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176 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Le sera, davantage, le procès-verbal signé en l’absence d’un ou de certains


membres du bureau de vote et de dépouillement ou celui signé par un
observateur, délégué du candidat, parti ou regroupement politique non
préalablement identifié, ni désigné à cette fin. Est aussi dépourvu de valeur
juridique et, donc, annulable, le procès-verbal rempli et signé avant le
dépouillement proprement dit des résultats.
Dans le règlement du contentieux, toute violation de la loi électorale
n’entraine pas nécessairement l’annulation du scrutin, le juge bénéficiant d’une
grande liberté d’appréciation pour rechercher l’exactitude des résultats plutôt
que la légalité des opérations électorales. Ainsi, toute violation de la loi
électorale ou de ses mesures d’application ne peut conduire à l’annulation
partielle ou totale du scrutin que dans la mesure où elle a eu une incidence
notable sur la présentation finale des résultats. Le juge électoral congolais s’est
dit dans l’impossibilité d’apprécier l’impact d’une irrégularité sur les résultats
contestés lorsque le requérant n’apporte pas les éléments chiffrés des opérations
de vote (CSJ, 3 janvier 2007, RCE/DN/KN/313, Aff. Iyambi Mbuli ; CSJ,
12 janvier 2007, RCE/DN/KN/324, Aff. Beya Mukoko63).
Ne peuvent intéresser le juge dans l’appréciation des irrégularités que les
faits ou actes qui ont effectivement porté atteinte à la liberté des électeurs et
faussé notablement les résultats électoraux (CSJ, 6 février 2007,
RCE/DN/KN/200, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle et
Okitodihe Okodi Lopango André contre Les Forces novatrices unies pour la
solidarité, FONUS, en sigle et Okundji Ndjovu Emery64).
Une mauvaise organisation du scrutin peut négativement impacter sur le
règlement du contentieux électoral, les requérants pouvant être butés aux
difficultés d’apporter des preuves à l’appui de leurs recours. Le refus, par les
agents électoraux de délivrer les copies des fiches et procès-verbaux des
résultats ou d’autoriser l’apposition des observations et remarques éventuelles
constituent une manœuvre ou un abus empêchant l’établissement des preuves
d’une irrégularité. Le juge est tenu d’y avoir égard pour fonder sa conviction.
Ainsi qu’on le voit, l’appréciation de l’incidence d’une irrégularité sur la
sincérité des résultats n’est pas toujours facile à dégager surtout qu’il s’agit de
rechercher quelle a pu être l’influence d’une fraude, manœuvre, maladresse ou
abus sur le corps électoral pour que le juge décide de la sanctionner.

§2. LA RÉGLEMENTA
TATIO
TION
N DU CONTE
TEN
NTIE
TIEU
UX PÉNAL
Le titre neuf de la loi électorale congolaise organise le régime répressif des
infractions susceptibles d’être commises pendant le processus de votation. Sans
devoir les analyser toutes, on ne retiendra que quelques-unes.

63
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 321.
64
Inédit, p. 3.
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Le contentieux électoral 177

Ainsi, une personne non autorisée à s’introduire, pendant les opérations


électorales, dans les lieux de vote, de dépouillement ou de compilation des
résultats est, en cas de récidive, passible d’une servitude pénale de dix à trente
jours et d’une amende de 20 000 à 40 000 francs congolais65.
La qualité de membre de bureau de vote et de dépouillement est
déterminante dans l’accomplissement personnel de ses charges. Toute personne
qui, sans motif légitime, refuse de remplir ses fonctions de membre de bureau
de vote encourt trente jours de servitude pénale principale et une amende de
100 à 200 000 francs congolais66. Si un membre du bureau de vote cause
volontairement un retard dans le début des opérations de vote ou interrompt,
sans motif légitime, leur déroulement, il s’expose à une servitude pénale
principale de deux ans et d’une amende de 40 000 francs congolais. Le juge
peut lui faire subir une privation, pour une période maximale de six ans de ses
droits civils et politiques67.
Le secret de vote est un droit fondamental, sa méconnaissance expose
l’auteur à des peines privatives de liberté. C’est dans ce cadre que la loi punit
d’une servitude pénale principale de sept jours et d’une amende ne dépassant
pas 40 000 francs congolais, toute personne qui, sur les lieux de vote, fait
connaitre l’opinion en faveur de laquelle elle se propose de voter ou pour
laquelle elle a voté. Cette peine s’applique également à l’égard de toute personne
qui, sur les mêmes lieux, cherche à connaitre l’opinion en faveur de laquelle un
électeur se propose de voter ou a voté et celle qui, tout en apportant une
assistance à un électeur, se permet de communiquer son choix ou abuse de sa
confiance pour modifier son vote. Tout membre du bureau de vote qui
commettrait les mêmes infractions s’expose au double de ces peines68.
La fraude électorale peut être entretenue par le phénomène de double vote,
la corruption, les menaces, violences et intimidations de natures diverses ou
l’entretien des milices privées ou groupes armés dans les bureaux de vote et de
dépouillement et centres de compilation des résultats.
Ainsi, toute personne qui vote ou tente de voter plus d’une fois s’expose à la
peine de servitude pénale principale d’un mois et d’une amende de 100 000 à
200 000 francs congolais. Elle encourt également une privation de ses droits
civils et politiques pour une période de six ans69.
La corruption dans le bureau de vote et de dépouillement ou le centre local
de compilation des résultats est punie d’une servitude pénale principale de six
mois à cinq ans et d’une amende de 200 000 à 1 000 000 francs congolais.
L’auteur de ces actes est, en outre, privé de ses droits civils et politiques pour
une durée de six ans. Ces peines sont portées au double à l’égard d’un membre
du bureau de vote qui sollicite ou accepte ces avantages illicites70.

65
Art. 79, al. 3 de la Loi électorale.
66
Art. 82 de la Loi électorale.
67
Art. 84 de la Loi électorale.
68
Art. 85 de la Loi électorale.
69
Art. 86 de la Loi électorale.
70
Art. 87 de la Loi électorale.
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178 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Les menaces, violences et intimidations à l’endroit des électeurs ou


commises dans les bureaux de vote, l’entretien, pendant les opérations de vote,
des groupes armés exposent les auteurs à une servitude pénale principale de six
mois à cinq ans et une amende de 200 000 à 1 000 000 francs congolais. Ils sont
également privés, pour une durée de six ans, de leurs droits civils et politiques71.
Dans la conduite des opérations de vote et de dépouillement, les membres de
la Commission électorale nationale indépendante sont tenus au devoir de
réserve, ils ne peuvent révéler à des tiers et avant la clôture des opérations de
vote, les résultats électoraux. Toute violation de cette obligation expose son
auteur à la servitude pénale principale de six mois72.
L’ivresse et l’utilisation de boissons alcoolisées dans le bureau de vote, de
dépouillement et de compilation sont interdites. La loi punit d’une servitude
pénale principale de quinze jours à un an et d’une amende de 100 000 à
200 000 francs congolais, toute personne qui introduit ou tente d’introduire des
boissons alcoolisées ou des stupéfiants dans un bureau de vote et de
dépouillement ou de compilation des résultats73.
Au moment de l’établissement des documents électoraux, notamment le
procès-verbal de dépouillement, le relevé de dépouillement ou la fiche des
résultats, des actes répréhensibles peuvent être enregistrés.
L’imitation de signature sur une déclaration de candidature et la
modification de paraphe du président du bureau de vote sont, par exemple,
punies des peines prévues pour l’infraction de faux en écriture74.
La falsification du relevé de dépouillement, du procès-verbal des opérations
électorales et la destruction volontaire de bulletins de vote avant la fin des
délais de contestation électorale sont constitutives des infractions à la loi
électorale75. Les peines prévues pour l’infraction de faux en écriture sont
applicables à toute personne qui sera coupable de la contrefaçon des bulletins de
vote76.
Sera punie de servitude pénale principale de douze mois et d’une amende de
100 000 à 200 000 francs congolais, toute personne qui vote ou se présente
pour voter sous le nom d’un autre électeur et celle qui vote sans en avoir le
droit. Le membre de la Commission électorale nationale indépendante qui se
rend complice de cette infraction encourt le double de ces peines77.
En rapport avec la violation de la loi pénale au moment des opérations de
vote et de dépouillement, on note qu’à l’issue des élections présidentielle et
législatives du 28 novembre 2011, le juge électoral congolais a effectivement été
sollicité dans le cadre du règlement du contentieux pénal.

71
Art. 88 de la Loi électorale.
72
Art. 90 de la Loi électorale.
73
Art. 91 de la Loi électorale.
74
Art. 92 de la Loi électorale.
75
Art. 95 de la Loi électorale.
76
Art. 96 de la Loi électorale.
77
Art. 94 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 179

Traduit devant la Cour suprême de justice, par le procureur général de la


République, suivant la procédure de flagrance, en sa qualité de député national
en plein exercice de son mandat, Monsieur Mbungu Mbungu Néron, député
national et candidat aux élections législatives à la circonscription électorale de
Kinshasa III78, s’est vu reproché le bourrage d’urnes, l’incitation de la
population à la violence sur les lieux de vote ainsi que la destruction et
l’incendie du matériel électoral dans le bureau de vote de Bikanga, Commune
de Kinseso.
Dans son arrêt du 13 décembre 2013, le juge électoral a, faute de preuves de
participation de l’inculpé à la commission des infractions qui lui sont
reprochées, décidé de l’en acquitter au bénéfice de doute79.
Parallèlement à cette affaire, la Commission électorale nationale
indépendante a, par décision du 26 janvier 2012, transmis au ministère public
les dossiers des quelques candidats80 à l’élection législative accusés d’avoir été
auteurs, co-auteurs ou complices des coups et blessures volontaires, injures
publiques, menaces de mort à l’endroit du personnel électoral, pillages et
violences dans les bureaux de vote et de dépouillement, destruction des
documents et matériels électoraux, incitation à la haine ethnique, menace des
agents électoraux avec usage d’armes à feu dans plusieurs circonscriptions
électorales81.
L’absence d’une décision judiciaire de condamnation ferait penser à
l’impertinence du droit pénal électoral confronté, par ailleurs, à la persistance
de l’impunité des présumés auteurs, co-auteurs ou complices des actes
répréhensibles dont certains82 ont fini par voir leurs mandats validés par
l’Assemblée nationale.
La protection du mandat parlementaire rendant, en raison notamment des
immunités des poursuites et privilèges de juridiction qui l’accompagnent,
difficile l’exercice de l’action publique, l’effectivité du droit pénal électoral
pourrait en être affectée. Il n’empêche que la mise en jeu de la responsabilité
pénale du parlementaire soit rendue possible, non pas en raison des infractions
commises pendant les opérations électorales, mais à l’occasion de l’exercice
d’un mandat électif. La discipline trouve ainsi toute sa justification, son champ
d’action dépassant l’unique cadre des incriminations liées aux opérations
électorales pour réprimer également celles commises par des personnes revêtues

78
Pour le compte de l’Union nationale des démocrates chrétiens, parti politique de la Majorité
présidentielle.
79
RP. 009/CR, pp. 3-4, inédit.
80
Parmi lesquels BAENDE ETAFELIKO Jean-Claude, BAMANY MOFELY Sévérin, BEYA wa
KALENGA Jean, BIAYI MOTOKE, BOSEKOTA MBAMA Félix, GAPE MONOKO, KAMBA
TSHISHIMBI, KALOMBOTSHINKEKE, LIKINDA BOLOM’ELENGE Fidel, LUKONO SOWA,
MULAMBA MUSAME, MUJANI Ibrahim, NGANDU KATUNDA Alphonse, NKISI KAZADI
Dieudonné et SESANGA HIPUNG DJA KASENG KAPITU Delly.
81
Notamment YUMBI (province de Bandundu), BIKORO, BOENDE, IKELA, KUNGU, MAKAZA et
MBANDAKA (province de l’Équateur), DEMBA, DIBAYA et LUIZA (province du Kasaï-Occidental) et
NGANDAJIKA (province du Kasaï-Oriental).
82
En l’occurrence GAPE MONOKO et SESANGA HIPUNG DJA KASENG KAPITU Dellly.
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180 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

d’un mandat électif. Ainsi, poursuivi pour recel d’objets, faux en écriture et
usage de faux, Martin Mukonkole83 a été condamné à dix mois de servitude
pénale par la Cour suprême de justice (CSJ, 29 janvier 2011, RP 003/CR, Aff.
Ministère public contre Martin Mukonkole, Norbert Muteba Mulomba, Mbuya
Kasenda Stéphane, Soke Bopili Simon et Adamo84).Cette même juridiction a,
suivant la procédure de flagrance, déclaré Adolphe Onosumba Yemba85
coupable de viol sur mineur avant de le condamner à douze mois de servitude
pénale (CSJ, 28 septembre 2012, RP 012/CR, Aff. Ministère public contre
Adolphe Onosumba Yemba86). Il en a été également de Muhindu Nzangi
Butondo87 poursuivi et condamné à trois ans de servitude pénale pour atteinte à
la sûreté intérieure de l’État (CSJ, 13 août 2013, RP 015/CR, Aff. Ministère
public contre Muhindu Nzangi Butondo88) et de Diomi Ndongola Eugene89
condamné à dix ans de servitude pénale pour viol réputé à l’aide de violences,
exposition d’enfant à la pornographie, tentative de viol à l’aide de violences et
détention d’enfant (CSJ, 26 mars 2014, RP 014/CR, Aff. Ministère public
contre Diomi Ndongola Eugene90).

§3. LA PROCÉDURE ÉLECTORALE CONTENTIE


TEN USE
TIEU
Dans l’examen de la demande en contestation des résultats, la juridiction
électorale prend en compte un certain nombre d’éléments, notamment la
qualité du requérant, le contenu et les mentions de la requête, le délai de saisine
de la juridiction, sa compétence et l’identité des parties appelées à comparaitre
devant elle.

A. La qualité du requérant
Comme tout juge, celui du contentieux des résultats ne peut être saisi que
par une personne ayant qualité91 d’agir en justice. Sont seuls autorisés à saisir la
juridiction compétente, le candidat indépendant ou son mandataire, le parti ou

83
Député élu de la circonscription électorale de Kabinda dans la province du Kasaï-Oriental pour le
compte du Rassemblement congolais des démocrates nationalistes, parti de l’opposition.
84
Dix-septième et dix-huitième feuillets, inédit.
85
Député élu de la circonscription électorale de Lodja dans la province du Kasaï-Oriental pour le compte
de l’Union des
Congolais pour le Progrès, parti de la Majorité présidentielle.
86
Douzième feuillet, inédit.
87
Député élu de la circonscription de Goma dans la province du Nord-Kivu pour le compte du
Mouvement pour la Solidarité et le Renouveau, parti de la majorité présidentielle.
88
Neuvième et dixième feuillets, inédit.
89
Député national élu de la circonscription électorale de Kinshasa II pour le compte de la Démocratie
chrétienne, parti de l’opposition.
90
Onzième et douzième feuillets, inédit.
91
Art. 73 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 181

regroupement politique ayant présenté une candidature dans une circons-


cription ou son mandataire.
En droit, le défaut de qualité est susceptible de couvrir la situation du
candidat, parti ou regroupement politique ou de leur mandataire. Le recours en
annulation des élections législatives introduit par le candidat présenté par un
parti politique, mais agissant en son nom propre est, tout simplement,
irrecevable (CSJ, 4 septembre 2006, RCE/DN/KN/001, Aff. Mbu ne Letang
Ntwa Mezo contre la Commission électorale indépendante92). Il en est,
également, de celui initié par le candidat membre d’un parti politique, mais qui
n’a pas été autorisé à contester les résultats provisoires d’une élection (CSJ,
17 octobre 2006, RCE/259, Aff. Mulumba Katchy Vincent de Paul contre la
Commission électorale indépendante93).
En rapport avec la qualité du requérant, le juge a décrété l’irrecevabilité du
recours, contre l’élection d’un gouverneur et vice-gouverneur de province,
introduit par l’avocat porteur de la procuration spéciale délivrée par le
secrétaire général du regroupement politique dépourvu, par ailleurs, d’existence
juridique au moment de la saisine du juge (CSJ, 3 janvier 2013, RCE/ADP/077,
Aff. Majorité présidentielle contre Mbadu Nsitu Jacques, Matubuana Nkuluki
Atou et Badu wa Badu94). Il en est aussi de la requête signée par le président
national d’un parti politique qui n’a pas joint à celle-ci les documents
établissant son existence juridique (CSJ, 1er février 2007, RCE n° 237, Aff.
Mouvement lumumbiste progressiste, MLP, en sigle contre la Commission
électorale indépendante,95) ou de l’avocat porteur d’un mandat collégial et
général, ne précisant pas les noms des parties, les numéros des dossiers, ni la
possibilité pour les avocats bénéficiaires d’agir séparément (CSJ, 25 avril 2012,
RCE 426/428/625/631/DN, Aff. Union nationale des fédéralistes congolais,
UNAFEC, en sigle, Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie,
PPRD, en sigle, Avenir du Congo, ACO, en sigle, Mwepu Kanzama Bilonda
contre Mulunda Numbi Kabange Shadrack, Katandula Kawinisha, Kiluba
Longo, Mwamba Mushikonde et la Commission nationale électorale
indépendante96).
La qualité du mandataire est tout aussi déterminante dans la saisine de la
juridiction compétente. Dans l’entendement du législateur congolais, la notion
est à considérer dans son sens le plus large, incluant ; en plus des avocats, toute
autre personne désignée à cette fin par le candidat, parti ou regroupement
politique.
Ne peut prétendre agir au nom d’un parti politique, la personne porteuse
d’un mandat signé par l’organe statutairement incompétent (CSJ, 18 avril 2012,
RCE 630/638/673/920/435/DN, Aff. Union des Forces du Changement, UFC,
en sigle, Alliance des démocrates humanistes, ADH, en sigle, Alliance des

92
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 111.
93
Idem, p. 125.
94
Treizième feuillet, inédit.
95
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op. cit., pp. 293-294.
96
Deuxième feuillet, inédit.
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182 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

travaillistes congolais pour le développement, ADT, en sigle, Parti démocrate


chrétien, PDC, en sigle et Ebale Nguma Rebecca contre la Commission
électorale nationale indépendante, CENI, en sigle, Lembi Lubula Joseph,
indépendant, Mondole Eso Libanza et Eglumba Dumba Egbula97) ou inexistant
(CSJ, 16 avril 2011, RCE 761, Aff. le Parti socialiste congolais, PSC, en sigle
contre la Commission électorale nationale indépendante).
N’est pas, non plus recevable, la requête en contestation des résultats
provisoires signée par le président et le secrétaire général d’un parti politique
qui n’ont déposé au dossier aucune procuration spéciale, ni acte de leur
désignation, par les organes statuaires du parti politique, pour agir en justice
(CSJ, 14 janvier 2012, RCE 778/DN, Aff. Michel Mbuluku Kinua et le Parti
socialiste congolais, PSC, en sigle contre la Commission électorale nationale
indépendante).

B. Le contenu et les mentions de la requête


Pour espérer obtenir la décision du juge, la requête en contestation des
résultats doit comporter tous les éléments exigés par la loi, en l’espèce, la date et
la signature, les noms, prénoms, qualité, demeure ou siège du requérant, l’objet
de la demande et l’inventaire des pièces formant le dossier. La requête indique
également les griefs allégués et comporte les éléments de preuve sur lesquels elle
s’appuie. Chacun de ces éléments comportant, dans la pratique, des
conséquences juridiques importantes, il importe de les analyser séparément.
Sous peine d’irrecevabilité, la requête doit être datée et signée par son ou ses
auteurs ou, à défaut par leurs mandataires. Plusieurs cas peuvent se produire, le
premier tenant à la requête non datée, mais signée de son auteur ou son
mandataire et introduite dans le délai, le second à une demande datée et
introduite dans le délai, mais non signée de son auteur ou son mandataire et le
troisième, de la contestation portée séparément devant une juridiction
compétente par le candidat et son mandataire.
La première requête n’est recevable que dans la mesure où elle a été
régulièrement inscrite par le greffier dans un rôle, la date qui saisit la
juridiction n’est pas celle portée dans la demande, mais plutôt, de l’inscription
de l’affaire au rôle. Ressemblant à un écrit anonyme, la deuxième demande est
tout simplement irrecevable, parce qu’elle ne permet pas d’identifier son ou ses
auteurs. Pour le troisième cas, seul le recours daté et signé du requérant est pris
en considération, le mandataire n’intervenant dans ce cas qu’à défaut de
l’auteur. Le juge s’assurera que le mandataire a agi en vertu du mandat ou de
l’autorisation lui donnée par le candidat, le parti ou regroupement politique.
Toujours en rapport avec la validité de la demande, celle qui est
partiellement ou pas du tout signifiée aux parties n’est recevable que pour les
parties notifiées, les autres étant considérées comme tiers dans l’instance en

97
Deuxième feuillet, inédit.
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Le contentieux électoral 183

cours. Est également irrecevable, le recours déposé dans le délai légal au


secrétariat du président de la juridiction, mais réceptionné, après expiration
dudit délai, au greffe. L’est, davantage, la requête qui omet d’indiquer les noms,
prénoms, qualité, demeure ou siège du requérant, l’objet de la demande,
l’inventaire des pièces du dossier, les griefs allégués ainsi que l’absence ou
l’obscurité sur l’objet.
Le recours qui demande l’invalidation d’une candidature et l’annulation de
l’élection est dépourvu d’objet, il est en tout cas obscur(CSJ, 23 avril 2012, RCE
676/DN, Aff. le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD,
en sigle contre la Commission électorale nationale indépendante, Kapaya Ohelo
candidat indépendant et Longane Luhata présenté par l’Union nationale des
démocrates fédéralistes, UNADEF, en sigle98).

C. Le délai de saisine de la juridiction


La notion de délai est importante dans le domaine du droit pour que l’on se
permette de lui accorder un bref commentaire. En règle générale, le délai est un
laps de temps à l’écoulement duquel s’attache un effet de droit (délai de
prescription). Il impose à l’autorité compétente et au juge une action ou une
attente. Le délai d’action ou impératif est celui avant l’expiration duquel un acte
ou une formalité doit, à peine d’irrecevabilité ou de forclusion, être accompli.
Celui d’attente en est un espace de temps devant l’expiration duquel un acte ou
une formalité ne peut, sous diverses sanctions (nullité, empêchement,
exception dilatoire), avoir la force obligatoire et contraignante.
Dans le domaine électoral, le législateur congolais a minutieusement
règlementé le délai de saisine de la juridiction et celui de la décision du juge. Le
délai pour saisir la juridiction compétente diffère, selon le type d’élection. Pour
l’élection présidentielle, la juridiction est saisie dans un délai de deux jours qui
suivent la proclamation des résultats provisoires. Il est, pour les autres scrutins,
porté à huit jours99. Introduit, six jours après la proclamation des résultats
provisoires, le recours en contestation des résultats provisoires de l’élection a
été rejeté pour tardiveté (CSJ, 25 octobre 2006, RCE 232, Aff. Union du peuple
pour la République et le développement intégral, UPRDI, en sigle contre la
Commission électorale indépendante100).
Est, également, irrecevable pour prématurité, le recours contestant, avant la
mise en mouvement du délai légal, les résultats provisoires des élections
législatives (CSJ, 20 octobre 2006, RCE/DN/KN/016, Aff. Parti démocratique
socialiste, PDS, en sigle contre la Commission électorale indépendante101).

98
Treizième feuillet, inédit.
99
Art.74, al. 1er de la Loi électorale.
100
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 261.
100
Art.74, al. 1er de la Loi électorale.
101
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 280.
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184 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

S’agissant du délai de règlement des contestations électorales, il est de sept


jours à compter de la saisine de la Cour constitutionnelle pour l’élection
présidentielle et, deux mois, à partir de la saisine de la juridiction compétente,
pour les autres élections102.
Une question peut être posée en rapport avec la régularité de la décision de
justice intervenue en dehors du délai exigé. En l’absence de toute précision
légale, comme c’est le cas actuellement pour la loi électorale congolaise, on ne
saurait souscrire à son illégalité d’office.

D. La compétence de la juridiction contentieuse


La compétence de la juridiction contentieuse est d’attribution et fixée par le
droit positif de chaque pays. La loi électorale congolaise indique que les
juridictions électorales sont constituées de la Cour constitutionnelle (pour
l’élection présidentielle et les élections législatives), la Cour administrative
d’appel (pour les élections provinciales) et le Tribunal administratif (pour les
élections urbaines, municipales et locales103). Elle règlemente, par ailleurs, la
diversité des contentieux électoraux et les modalités de leur traitement pour
que la juridiction compétente pour l’un ne le soit pour l’autre (CSJ, 6 décembre
2011, RCE 011/PR, Aff. Union pour la nation congolaise, UNC, en sigle contre
Monsieur Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale nationale
indépendante104).
N’étant pas appelée à trancher un contentieux constitutionnel, la juridiction
électorale se verra privée de la compétence d’apprécier la constitutionnalité de
la loi électorale(CSJ, 13 avril 2006, RCDC007/KN, Aff. Bossassi Epole Bolya
Kodya contre la Commission électorale indépendante105) ou de l’élection (CSJ,
3 janvier 2013,RCE/ADP/077, Aff. Majorité présidentielle contre Mbadu Nsitu
Jacques, Matubuana Nkuluki Atou et Badu wa Badu ; CSJ, 4 septembre 2006,
RCE/PR/DN/KN/006 ; Aff. Mouvement du 17 mai, M17, en sigle contre la
Commission électorale indépendante et la République démocratique du Congo).

E. La comparution des parties devant la juridiction


La loi électorale congolaise organise la comparution des parties devant la
juridiction compétente. Y sont conviés, le candidat ou la liste qui a concouru à
l’élection dans la circonscription qui fait l’objet du contentieux, son mandataire
et la Commission électorale nationale indépendante. Une notification régulière
de l’instance doit, pour ce faire, être faite en vue de la présentation de leurs
mémoires en réplique. L’inobservance de cette formalité prive au candidat non

102
Art.74, al. 2 de la Loi électorale.
103
Art. 74 de la Loi électorale.
104
Dix-neuvième feuillet, inédit.
105
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 7.
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Le contentieux électoral 185

concerné par l’instance du bénéfice de la décision qui en résulte. Il peut, si la loi


l’autorise, la contester par des voies de recours extraordinaires (CSJ, 22 février
2007, RCE/DN/KN/372, Aff. Kikaya bin Karubi contre Assumani Amani Jean
Baptiste106).
Interprétant de manière extensive la loi électorale107, la juridiction
compétente a reconnu, à titre exceptionnel, la tierce opposition comme voie de
recours en matière électorale et rétracté, par voie de conséquence, plusieurs de
ses décisions antérieurement rendues108.
Fortement critiqué, ce revirement jurisprudentiel fut un discrédit sur
l’activité juridictionnelle et, partant, l’image de la juridiction contentieuse
compétente. Le droit positif congolais n’autorise pas au juge électoral
d’admettre la comparution volontaire du candidat, parti ou regroupement
politique ou du mandataire qui n’a pas reçu notification de l’instance, ni
manifester un quelconque intérêt dans la cause (CSJ, 16 décembre 2011, RCE
011/PR, Aff. Kamerhe Lwa Kanyinginyi Vital et Union pour la nation
congolaise, UNC, en sigle contre Kabila Kabange Joseph et la Commission
électorale nationale indépendante109).
En organisation la procédure de notification de la requête qui doit, par
ailleurs, être faite à la diligence du requérant, le législateur n’a pas entendu
obliger celui-ci à la communiquer à toutes les parties même celles qui n’ont pas
manifesté aucun intérêt, le but poursuivi étant d’éviter que la décision à
intervenir préjudicie les droits des tiers intéressés. La procédure de notification
de la date d’audience n’est plus formaliste, parce que simplifiée, un simple
communiqué de presse étant admis (CSJ, 27 novembre 2006, RCE 009/PR, Aff.
Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle et Bemba Gombo Jean-Pierre
contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale indépendante110).

§4. LA DÉCISIO
ION
N DU JUGE ÉLECTO
TOR
RAL
Le règlement du contentieux des résultats peut, selon le cas, aboutir à la
recevabilité ou non de la requête ou à son fondement. Une question non moins
importante est liée à l’autorité de la décision du juge électoral.

106
Par cet arrêt, le juge électoral qui, erronément, interprète la loi électorale en matière d’éligibilité
considère que l’inéligibilité d’un suppléant n’a aucune incidence sur celle du candidat, contredisant, par
la même occasion, sa jurisprudence contenue dans son arrêt RCE/DN/KN/023 du 9 janvier 2007 dans la
cause opposant le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie et TUNDA YA KASENDE
contre la Convention démocratique pour le développement et MULENDA MBO MILANDA Jean.
107
Dans le même arrêt la juridiction reconnait que, sans avoir expressément prévu la tierce opposition,
celle-ci est, au regard des dispositions légales et aux principes généraux de droit, admissible à titre
exceptionnel, Idem, treizième feuillet, inédit.
108
Notamment RCE/DN/KN/251 du 14 novembre 2006, RCE/DN/KN/035 du 10 janvier 2007,
RCE/DN/KN/200 du 6 février 2007.
109
Onzième feuillet, inédit.
110
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 84.
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186 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

A. La recevabilité de la requête
À l’instar de nombreux pays africains francophones111, la République
démocratique du Congo offre l’exemple d’un pays dont le contentieux des
résultats pose, en raison du nombre relativement élevé des cas d’irrecevabilité
des recours, le problème de la connaissance imparfaite des règles du jeu établies
dans le Code électoral.
Commentant cet état de choses, Katuala Kaba Kashala observe que, sur deux
cent quarante-huit recours enregistrés au 6 février 2007, à la Cour suprême de
justice en matière de contestation des résultats des élections législatives, cent
soixante six ont été déclarés irrecevables, quatre rejetés pour incompétence du
juge électoral, seize dits fondés et quarante-trois non fondés. Les irrecevabilités
ont été, selon lui, décrétés, notamment pour prématurité, défaut de qualité ou
d’intérêt, absence de preuve de l’existence juridique du parti ou regroupement
politique ou des actes juridiques exigés112.
Dans cette perspective, la loi électorale congolaise oblige qu’une requête soit
rédigée dans les formes et délais prescrits. Elle précise qu’une action est
irrecevable lorsqu’elle est initiée avant la publication officielle des résultats,
signée par une personne incompétente ou non porteuse d’un mandat d’agir en
justice ou encore une requête introduite après le délai légal.
A été déclaré irrecevable, pour prématurité, le recours introduit avant la
publication des résultats provisoires d’une élection (CSJ, 1er septembre 2006,
RCE/DN/KN, Aff. Kuyakana Mungono Donatien et le Parti politique
dénommé Parti des conservateurs congolais contre la Commission électorale
indépendante113 ; CSJ, 4 septembre 2006, RCE/DN/KN/006, Aff. Mata a
N’Kumu contre la Commission électorale indépendante114 ; CSJ, 7 novembre
2006, RCE/DN/KN/007, Aff. Mulangu Muabila contre la Commission
électorale indépendante115).
L’a été, également, la requête en contestation des résultats provisoires
introduite par une personne qui, aux termes des statuts du parti politique
produits au dossier, n’est pas habilitée à agir en justice en son au nom (CSJ,
1er février 2007, RCE/DN/319, Aff. Parti Congolais pour la bonne
gouvernance, PCBG en sigle contre la Commission électorale indépendante116 ;
CSJ, 23 février 2007, RCE358, Aff. Nsa Nyangombale Charles contre la
Commission électorale indépendante117), ne prouve pas avoir été candidate aux
élections dans sa circonscription (CSJ, 1er février 2007, RCE/DN//M
MAYI/293, Aff. Ilunga Kasanganayi Valery contre la Commission électorale

111
Comme le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Gabon, la Guinée, le Mali, la République
Centrafricaine, la République du Congo, le Sénégal ou le Tchad.
112
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 41.
113
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 269.
114
Idem, p. 271.
115
Ibidem, p. 277
116
Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 238.
117
Idem, p. 243.
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Le contentieux électoral 187

indépendante118) ou ne comparait pas et met la Cour dans l’impossibilité de se


prononcer sur la recevabilité de sa requête pour preuve de sa qualité de
candidat (CSJ, 9 mars 2007, RCE/DN//KN/137, Aff. Zubi Yemweni José
contre la Commission électorale indépendante119).
Ne peut être reçue, la requête tendant à l’annulation des résultats des
élections législatives d’une circonscription lorsque ceux-ci ont été annulés par
un précédent arrêt à la suite du recours d’un candidat (CSJ, 9 mars 2007,
RCE205, Aff. Nkema Liloo Roger et Mouvement de libération du Congo, MLC,
en sigle contre la Commission électorale indépendante120).
Le recours en contestation des résultats électoraux introduit après le délai
prescrit par la loi est tardif et donc irrecevable (CSJ, 1er février 2007, RCE 325,
Aff. Jean Bosco Mulapa contre la Commission électorale indépendante ; CSJ,
17 octobre 2006, RCE 075, Aff. Union nationale pour les intérêts des
chômeurs, NADIC en sigle contre la Commission électorale indépendante ; CSJ,
11 septembre 2006, RCE 012, Aff. Union des combattants pour le bien être
social, UCOBES, en sigle contre la Commission électorale indépendante ; CSJ,
23 octobre 2006, RCE 340, Aff. Iacko Salaya contre la Commission électorale
indépendante121).

B. Le fondement de la requête
Saisie d’une requête, la juridiction compétente peut ordonner le non-
fondement. Lorsque le juge électoral admet un recours, il décide de son examen
au fond. Sa décision doit être motivée.

1. Le non-fondement de la requête
La dénonciation des irrégularités ou des fraudes ne conduit pas
nécessairement à l’annulation de l’élection, le juge peut, en cas d’absence de
preuves, décréter le non-fondement du recours (CSJ, 4 septembre 2006, RCE
003, Aff. Olenga Nkoy contre la Commission électorale indépendante). Il en est
ainsi du recours dénonçant des fraudes massives non prouvées, mais supposées
avoir été commises, dans le but de faire perdre à un candidat les voix dans
plusieurs bureaux de vote (CSJ, 8 novembre 2006, RCE 187, Aff. Kangamo
Samato contre la Commission électorale indépendante).
Plusieurs causes peuvent justifier le non-fondement d’un recours. L’on note
que pour absence d’incidence sur l’ensemble des résultats obtenus par le
requérant, sa requête tendant à faire annuler les suffrages recensés dans deux
bureaux de vote a été déclarée non fondée (CSJ, 13 février 2007, RCE 017, Aff.

118
Ibidem, p. 241.
119
Ibidem, p. 244.
120
Ibidem, p. 251.
121
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op. cit., p. 42.
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188 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Alliance des bâtisseurs du Congo, ABACO, en sigle contre la Commission


électorale indépendante).
L’a été, également, le recours contestant la qualité de candidat à la cooptation
à l’Assemblée provinciale à un chef coutumier que l’on soupçonne, sans preuve,
d’avoir participé aux opérations de pré-cooptation et donc dépourvue de la qualité
d’ester en justice comme candidat (CSJ, appel, 30 mars 2007, RCE/ADP/005,
Aff. Wetshi contre la Commission électorale indépendante122).
Il en est de même d’une requête qui poursuit l’irrecevabilité d’une tierce
opposition supposée avoir été initiée en violation des dispositions pertinentes
(article 74) de la loi électorale et de l’ordonnance-loi (article 29) organisant la
procédure devant la Cour suprême de justice (CSJ, 26 février 2007, RCE 350,
Aff. Lumbala Mbuyi contre la Commission électorale indépendante123).

2. Le fondement de la requête
Si la juridiction saisie admet le recours pour erreur matérielle, elle rectifie le
résultat erroné et annule, dans tous les autres cas, le vote en tout ou en partie,
lorsque les irrégularités retenues ont pu avoir une influence déterminante sur le
résultat du scrutin124. Au moment de la correction d’une erreur matérielle, le
juge électoral peut être amené à interpréter sa décision antérieurement rendue
dans la même affaire. Il importe également de noter que quelques cas
spécifiques peuvent lui être soumis pour décision.

2.1. La correction de l’erreur matérielle


La loi électorale congolaise autorise la juridiction saisie d’une contestation
portant sur l’erreur matérielle de la corriger. L’erreur est, en raison de son
caractère polysémique, difficile à percevoir parce que couvrant plusieurs
réalités : erreur excusable ou non, erreur judiciaire ou extrajudiciaire, erreur de
fait ou de droit, erreur matérielle ou intellectuelle.
Collée à l’adjectif matériel, l’erreur est une inexactitude qui se glisse dans
l’exécution d’une opération, la rédaction d’un acte ou le contenu de celui-ci et,
qui naturellement, appelle une correction. Cette maladresse peut résulter d’une
fausseté dans le calcul ou la transcription d’un montant ou une confusion dans
l’enregistrement du nom ou d’un de ses éléments. Il s’agit, donc, d’une
inadvertance générale qui ne conduit pas nécessairement à la nouvelle
contestation, mais dont le juge apprécie souverainement, à partir des données
plutôt évidentes qui lui permettent, le cas échéant, de la redresser.
Par inadvertance, le juge électoral a, dans une décision, retenu l’erreur
matérielle comme justifiant le recomptage des voix (CSJ, 22 décembre 2006,
RRCE 076, Aff. Lumanda Madda contre la Commission électorale nationale

122
Idem. p. 43.
123
Idem.
124
Art. 55 de la Loi électorale.
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Le contentieux électoral 189

indépendante125), opération en principe réalisée au niveau du bureau de vote et


de dépouillement.
Devant le juge, le recomptage des voix n’est envisagé que dans la mesure où
les bulletins de vote ont été, avec les autres pièces, communiqués à la juridiction
compétente. À défaut, le juge peut, par une décision avant dire droit, en
ordonner la communication ; sa démarche devant s’inscrire dans le cadre légal.
Ainsi qu’on le voit, le recomptage des voix est rare et difficile à réaliser au
niveau de la juridiction contentieuse, le « dépouillement judiciaire »qu’il
convoque ne pouvant pas se confondre à la vérification, au niveau du greffe,
des suffrages réellement obtenus par candidat ou liste.
L’ouverture, même contradictoire, de plis et le redressement des voix ne
définissent pas le recomptage qui ne peut se dérouler que dans un bureau de
dépouillement ou, à défaut, sur base des bulletins de vote préalablement
recensés. Le procès-verbal de dépouillement qui en est établi doit comprendre le
nombre total de votants, celui de bulletins sortis de l’urne utilisés ou non, les
bulletins nuls ou annulés, le nombre de suffrages valablement exprimés ainsi
que ceux obtenus par chaque candidat ou liste.
C’est donc par inattention que saisi d’une contestation des résultats, le juge
électoral congolais a, dans sa décision assimilée le redressement judiciaire des
voix à l’issue de l’ouverture des plis en une opération de recomptage des voix
qui exige impérativement le comptage judiciaire des bulletins de vote.
Les réclamations et contestations éventuelles sur le comptage des voix
pouvant être faites au moment de la signature du procès-verbal de dépouillement
pour servir, éventuellement de preuve devant le juge du contentieux.
En cette manière, cependant, l’erreur matérielle peut résulter des opérations
préparatoires à une élection ou des résultats proclamés par l’autorité
administrative compétente. Dans l’une ou l’autre hypothèse, c’est à la
juridiction saisie de l’action principale qu’il revient de statuer sur celle en
rectification de l’erreur matérielle, sans que sa décision ne remette en cause
celle contenant erreur matérielle, question de ne pas énerver le principe de
l’autorité de la chose jugée attachée aux décisions de justice.
Pour emporter la conviction de la juridiction compétente, le requérant doit
fournir toutes les preuves requises. Celles-ci doivent, sous peine d’irrecevabilité,
être signées par les personnes habilitées. Le recours qui s’appuie sur des pièces
non signées du requérant, son mandataire, celles signées par des personnes non
autorisées est irrecevable (CSJ, 16 décembre 2011, RCE 011/PR, Aff. Kamerhe
Lwa Kanyinginyi Vital et Union pour la nation congolaise, UNC, en sigle
contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale nationale
indépendante126).
L’est, également, la requête en rectification de l’erreur matérielle qui ne
s’appuie sur aucune preuve (CSJ, 25 avril 2012, RCE453/713/DN, Aff.Alexis
Luwundji Okitasombo et le Mouvement de solidarité pour la démocratie et le

125
Quatrième feuillet, inédit.
126
Dix-huitième feuillet, inédit.
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190 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

développement, MSDD, en sigle contre Owanga Welo et la Convention des


congolais unis, CCU, en sigle127).
Dans l’appréciation de la régularité du scrutin, la juridiction compétente
prend en compte, outre les irrégularités qu’elle a relevées, les réclamations des
électeurs annexées au procès-verbal du déroulement du scrutin, celui de
dépouillement ainsi que les observations des membres du bureau de vote ou des
témoins des candidats.
N’est pas non plus recevable, la requête qui, sous prétexte, de demander la
correction de l’erreur matérielle contenue dans une décision antérieurement
rendue vise, en réalité, le réexamen au fond de la décision critiquée (CSJ,
31 août 2012, RCE 930/931/936/939/394/968/974/976/994/1001/1016, Aff.
Parti lumumbiste unifié, PALU, en sigle, Génération pour la solidarité et le
développement du Congo, GSCO, en sigle, Eveil et conscience pour le travail et
le développement, ECT, en sigle, Union pour le Développement du Congo,
UDCO, en sigle, Kiluba Longo Justin, Katandula Kawinisha Héritier, Mulunda
Numbi Kabange Shadrack et Mwamba Mushintoke Mwamus contre l’Union
Nationale des fédéralistes congolais, UNAFEC, en sigle, Avenir du Congo,
ACO, en sigle, Alliance des forces démocratiques du Congo, AFDC, en sigle,
Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle, Kitawa
Wimwene Edmond, Ilunga Nkulu Nene, Mwepu Kanyama Bilonda et Mulongo
Ngoy Yvan128).
L’est, également, la requête en intervention volontaire poursuivant la
correction de l’erreur matérielle commise dans une décision rendue en matière
de contestation électorale(CSJ, 5 septembre 2012, RCE 969/998/951/DN, Aff.
Le Congrès National Congolais, CNC, en sigle, La Solidarité Congolaise pour la
Démocratie et le Développement, SCODE, en sigle, Bialufu Ngandu Albert
contre l’arrêt RCE 792/DN rendu en date du 25 avril 2012 par la Cour suprême
de justice en présence de la Commission électorale nationale indépendante, le
Rassemblement pour l’unité, le développement et l’environnement du Congo,
RUDEC, en sigle, le Mouvement social pour le renouveau, MSR, en sigle,
messieurs Ngoy Kasanji Alphonse, Tshisekedi Tshilombo Félix, Maweya
Muteba Jean, Mpanda Kabangu José, Lumbala Tshitenga Roger, Ngoy
Ntambwe Crispin et Mulumba Muabi Kishi Florent ainsi que Monsieur
Mutanda Ngoy Muana Alexis intervenant volontaire).
La rectification de l’erreur matérielle n’étant pas une voie de recours
ordinaire, seules les parties au procès sont, à l’exception de toute intervention
volontaire, concernées par la procédure129. Est, en revanche, fondé le recours
poursuivant la correction de l’erreur matérielle effectivement commise à
l’occasion de la publication des résultats provisoires de l’élection (CSJ, CSJ,

127
Troisième feuillet, inédit. On note que parmi les candidats dont l’élection a été annulée pour
irrégularités déterminantes ayant affecté la sincérité des résultats, se trouve le nommé Ngoy Mulunda
Nyanga Emmanuel proche parent du président de la Commission électorale nationale indépendante en
fonction.
128
Troisième feuillet, inédit.
129
Deuxième et sixième feuillets, inédit.
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Le contentieux électoral 191

25 avril 2012, RCE 426/428/625/631/DN, Aff. Union nationale des


fédéralistes congolais, UNAFEC, en sigle, Le Parti du peuple pour la
reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle, Avenir du Congo, ACO, en
sigle, Mwepu Kanzama Bilonda contre Mulunda Numbi Kabange Shadrack,
Katandula Kawinisha, Kiluba Longo, Mwamba Mushikonde et la Commission
nationale électorale indépendante130).

2.2. La correction de l’erreur matérielle et l’interprétation d’une décision


antérieure
La loi électorale congolaise autorise la juridiction saisie de la requête en
correction de l’erreur matérielle d’ordonner, s‘il échet, la rectification du
résultat erroné. La même juridiction peut, à la demande des parties ou du
ministère public, rectifier les erreurs matérielles contenues dans ses décisions
ou en donner l’interprétation, toutes les parties étant préalablement
entendues131. Il ne peut s’agir que de l’erreur matérielle commise au moment de
la publication des résultats provisoires d’une élection ou celle contenue dans la
décision rendue en matière de contestation électorale.
Lorsque la décision de justice, peu claire et imprécise, cause grief à une
partie à l’instance, celle-ci est fondée à retourner, sauf s’il n’y a pas appel,
devant le même juge pour obtenir une interprétation claire et non équivoque.
L’interprétation désigne, donc, la procédure qu’utilise le juge pour expliciter, à
la demande d’une partie à l’instance, les dispositions peu claires contenues dans
son jugement. Elle ne conduit pas à la modification ou au réexamen au fond de
cette décision (CSJ, 5 septembre 2012, RCE 969/998/951/DN, Aff. Le Congrès
national congolais, CNC, en sigle, La Solidarité congolaise pour la démocratie et
le développement, SCODE, en sigle, Bialufu Ngandu Albert contre l’arrêt RCE
792/DN rendu en date du 25 avril 2012 par la Cour suprême de justice en
présence de la Commission électorale nationale indépendante, l’environnement
du Congo, RUDEC, en sigle, le Mouvement social pour le renouveau, MSR, en
sigle, Messieurs Ngoy Kasanji Alphonse, Tshisekedi Tshilombo Félix, Maweya
Muteba Jean, Mpanda Kabangu José, Lumbala Tshitenga Roger, Ngoy
Ntambwe Crispin et Mulumba Muabi Kishi Florent ainsi que Monsieur
Mutanda Ngoy Muana Alexis intervenant volontaire132).
Afin d’éviter que, sous couvert d’obscurité, la partie qui a saisi le juge ne
tente, par ce moyen, de faire modifier une décision de justice et faire ainsi échec
à l’autorité de la chose jugée, la procédure en interprétation est soumise à des
règles de stricte application. La procédure a lieu au contradictoire de toutes les
parties en l’instance ou leurs mandataires. L’interprétation n’est ni admise au
niveau d’appel, ni à l’égard des tiers. Saisi de la contestation, le juge ne peut,

130
Deuxième, troisième et quatrième feuillets, inédit.
131
Art. 74, al. 3 de la Loi électorale.
132
Sixième feuillet, inédit.
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192 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

sous prétexte d’en déterminer le sens, apporter une quelconque modification


aux dispositions précises de celle-ci, fussent-elles erronées.

2.3. L’annulation partielle ou totale du vote


La loi électorale congolaise autorise au juge d’ordonner, en cas
d’irrégularités ayant une influence déterminante sur les résultats du scrutin,
l’annulation du vote. Les origines des irrégularités sont diverses et variées, elles
peuvent résulter des bourrages d’urnes, des actes de violence commis à l’égard
des électeurs, de l’obstruction faite aux délégués des candidats ou des partis
régulièrement accrédités d’assister aux opérations de vote (CSJ, 6 février 2007,
RCE/DN/KN/200, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle et
Okitodihe Okodi Lopango André contre Forces novatrices pour l’union et la
solidarité, FONUS, en sigle et Okundji Ndjovu Emery133), de dépouillement des
bulletins de vote ou de compilation des résultats.
Ces irrégularités apparaissent également dans l’interdiction faite aux
témoins des candidats, partis ou regroupements politiques de convoyer, avec les
membres des bureaux de vote et de dépouillement ou des centres de votes, les
résultats électoraux aux Centres Locaux de Compilation des Résultats.
Constituent des irrégularités électorales, le refus pour les membres des
bureaux de vote et de dépouillement, ceux des Centres Locaux de Compilation
des Résultats de remettre aux délégués des candidats, partis ou regroupements
politiques les copies des procès-verbaux de dépouillement des bulletins ou de
compilation des résultats, le sabotage des lieux de vote et de dépouillement, la
poursuite de la campagne électorale le jour du vote, les fraudes massives
occasionnées par la circulation irrégulière et parallèle des bulletins de vote ou le
fait pour le garde de corps d’un candidat d’extorquer les cartes d’accréditation
des témoins d’un autre candidat pour les remplacer par les personnes non
accréditées (CSJ, 2 novembre 2006, RCE/DN/KN 024, Aff. Lumbala Mbuyi
Joseph contre Lumbala Tshitenga Roger et la Commission électorale
indépendante134).
Saisi de ces cas, le juge peut ordonner l’annulation partielle (CSJ, 25 avril
2012, RCE 517/DN, Aff. Parti chrétien démocrate pour le développement
Intégral, PCDI, en sigle contre Baende Jean-Claude et la Commission électorale
nationale indépendante) ou totale du vote (CSJ, 25 avril 2012, RCE 463/DN,
Aff.Parti démocrate chrétien, PDC, en sigle contre Isekemanga et consorts et la
Commission électorale nationale indépendante135).
Il peut aussi annuler les résultats d’un candidat avant de proclamer ceux des
autres (CSJ, 25 avril 2012, RCE440/DN, Aff. Ligue pour la Défense des intérêts
des congolais, LDIC, en sigle contre Kabuya)ou l’ensemble des résultats d’une
circonscription électorale (CSJ, 24 avril 2012, RCE725, Aff. Parti du peuple
pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle contre Kabwe Mwewu

133
Troisième et quatrième feuillets, inédit.
134
Premier et deuxième feuillets, inédit.
135
Troisième feuillet, inédit.
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Le contentieux électoral 193

et consorts, CSJ, 25 avril 2012, Aff. Convention pour la renaissance et le


progrès, CRP, en sigle et consorts contre Balaya et consorts136).
Tout en reconnaissant l’influence déterminante des irrégularités sur l’issue
du scrutin, le juge peut ordonner l’annulation partielle de l’élection sans
indiquer les bureaux et centres de vote concernés par ces irrégularités. Il se
contente de procéder au « redressement des résultats électoraux par ordre
d’arrivée selon les suffrages exprimés tout en excluant les bénéficiaires des
résultats falsifiés » (CSJ, 25 avril 2012, RCE 426/428/625/631/DN, Aff. Union
nationale des fédéralistes congolais, UNAFEC, en sigle, Le Parti du peuple pour
la reconstruction et la démocratie, PPRD, en sigle, Avenir du Congo, ACO, en
sigle, Mwepu Kanzama Bilonda contre Mulunda Numbi Kabange Shadrack,
Katandula Kawinisha, Kiluba Longo, Mwamba Mushikonde et la Commission
électorale nationale indépendante137).
Bien que conforme à la loi, cette décision ne résiste pas, en raison des
insuffisances de motivation, à la critique. L’est également l’attitude du juge
électoral qui utilise indistinctement, et dans la même décision, l’annulation du
vote et l’invalidation de l’élection (CSJ, 25 avril 2012, RCE 425/465/466/, Aff.
Union nationale des fédéralistes du Congo, UNAFEC, en sigle, Rassemblement
des patriotes pour le développement du Congo, RPDC, en sigle, Parti du peuple
pour la paix et la démocratie, PPPD, en sigle et l’Union nationale des
démocraties fédéralistes, UNADEF, en sigle contre Ngoy Mulunda Nyanga
Emmanuel, Eveil et Conscience pour le Travail et le Développement, ECT, en
sigle, Luhonge Kabinda Ngoy et le Parti du peuple pour la paix et la démocratie,
PPPD, en sigle, Ramazani Masudi Kilele Mabuga, Union pour le dévelop-
pement du Congo, UDCO, en sigle et la Commission électorale nationale
indépendante138 ; CSJ, 25 avril 2012, RCE 517/DN, Aff. Parti chrétien
démocrate pour le développement intégral, PCDI, en sigle contre Baende Jean-
Claude et la Commission électorale nationale indépendante139).
À la différence de l’invalidation qui autorise l’assemblée parlementaire à
vérifier, juger ou à contrôler, selon sa procédure, la régularité de l’élection de
ses membres, l’annulation est prononcée par une juridiction. L’invalidation
n’intervient qu’après la validation juridictionnelle de l’élection. Par annulation,
on entend l’acte par lequel l’organe compétent (autorité administrative ou
judiciaire) décide de rejeter l’élection d’un candidat ou liste des candidatures.
Elle n’intervient qu’en cas d’irrégularités constatées et qui, de manière
déterminante, ont influé sur les résultats du scrutin.
Lorsque le juge décide de l’annulation partielle ou totale du vote, il ordonne
la tenue, dans le délai légal, d’un nouveau scrutin. En droit ivoirien, cependant,

136
Deuxième feuillet, inédit.
137
Troisième feuillet, inédit.
138
Cinquième feuillet, inédit.
139
Cinquième feuillet, inédit. Il importe de signaler que le candidat dont l’élection a été annulée exerçait,
au moment des faits, les fonctions de Gouverneur de province de l’Équateur et disposait de ce fait tous les
moyens de la puissance publique.
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194 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

après avoir décidé de l’annulation partielle140 de l’élection présidentielle du


28 novembre 2010141, le juge électoral s’est, curieusement, refusé d’ordonner,
comme le veut le Code électoral142, à la Commission électorale indépendante,
d’organiser l’élection partielle dans les zones concernées par les irrégularités et
violences143. Il ne lui restait plus qu’à se dédire avec une autre décision144, toute
aussi critiquable par ses motivations145 et proclamant, pour la même élection,
un « deuxième président de la République »146.
Dans la pratique quelques questions spécifiques peuvent se poser en rapport
avec la non-tenue, dans le délai légal, d’un nouveau scrutin, les effets attachés à
la décision d’annulation du vote et de son invalidation.

2.4. Quelques questions spécifiques


L’organisation et la gestion de l’élection peuvent être à la base des
contestations dont les motivations résultent soit du refus de publier, dans le
délai légal, les résultats d’un vote, soit de la proclamation différée des résultats
électoraux, soit de l’annulation et l’invalidation du vote en défaveur du
candidat auteur des violences et irrégularités pendant le scrutin, soit de
l’intrusion non autorisée dans un bureau de vote et de dépouillement, soit de la
production devant le juge des conclusions de l’observation électorale comme
preuves des irrégularités.
Sauf cas de force majeur justifié et autorisé, l’administration électorale n’est
pas fondée à différer, au-delà du délai légal, la publication des résultats recensés
et centralisés des bureaux et centres de vote. L’annulation de l’élection ou
l’invalidation du candidat auteur des violences et irrégularités n’a lieu que dans
la mesure où la loi l’autorise.

140
BLÉ GOUDÉ C., Côte d’Ivoire. Traquenard Électoral, Paris, L’Harmattan, 2013, pp. 36-37.
141
Pour irrégularités graves de nature à entacher, dans la partie Nord du pays, la sincérité du scrutin et à
affecter le résultat d’ensemble.
142
L’article 64 de la Loi n° 2001-514 du 1er août 2000 portant Code électoral en Côte d’Ivoire indique que
« dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la
sincérité du scrutin et en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection. La date du
nouveau scrutin est fixée par décret délibéré en Conseil des ministres, sur proposition de la Commission
chargée des élections. Le scrutin a lieu au plus tard quarante- cinq jours à compter de la date de la
décision du Conseil constitutionnel ».
143
Décision n° 2010-EP 340312 CC/SG du Conseil constitutionnel du 3 décembre 2010 proclamant
Monsieur Laurent GBAGBO vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.
144
Décision n° 2011-EP 036-04 CC/SG du Conseil constitutionnel du 5 mai 2011 proclamant Monsieur
Alassane Dramane OUATTARA en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire.
145
La décision se réfère, notamment aux prises de position de la Communauté économique des États
d’Afrique de l’ouest sur les élections présidentielles ivoiriennes, à la certification des résultats électoraux
par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour la Côte d’Ivoire et aux
communiqués du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine rendus publics à la suite des 259eet
265e sessions, tenues, respectivement les 28 janvier et 10 mars 2011 qualifiés, malencontreusement, des
« normes et dispositions internationales ayant une valeur supérieure aux lois et décisions
juridictionnelles internes ».
146
Lire, avec intérêt, nos commentaires dans ESAMBO KANGASHE, J.-L., Le Droit constitutionnel,
op.cit., p. 187.
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Le contentieux électoral 195

À l’exception de la Corée du Sud qui autorise sa commission électorale147 de


superviser les élections organisées par les structures socioprofessionnelles
(élections syndicales ou au sein des délégations estudiantines) ou celles
acceptées dans le cadre des primaires au sein des partis politiques, d’agréer la
gestion et le financement des partis politiques, la sanction administrative ou
pénale (avec le concours du parquet contre les contrevenants troublant le bon
déroulement des élections et l’image de la démocratie coréenne), l’ensemble des
législations électorales se montre réserver pour reconnaitre à l’organe chargé de
la gestion des élections le pouvoir de sanctionner les actes répréhensibles
commis à l’occasion du déroulement du vote. Elles autorisent, en revanche, la
saisine, par des voies légales ordinaires, des instances judiciaires, en cas d’actes
répréhensibles commis pendant le déroulement du vote ou à l’occasion du
dépouillement des résultats.
L’intrusion dans le bureau de vote et de dépouillement d’une personne non
autorisée est un acte qui viole la loi électorale ; il est susceptible de troubler
l’ordre public ou de porter atteinte à la régularité du scrutin. Le juge ne le
sanctionnera que dans la mesure où il a, de manière déterminante, faussé les
résultats électoraux. Son silence peut, en revanche, être interprété comme un
déni de justice.
L’usage de la fausse qualité de candidat à une élection, la corruption et les
violences faites aux électeurs ou aux agents électoraux, la violation de
l’interdiction de battre campagne le jour du scrutin, l’utilisation du personnel
de l’État comme témoins ou observateurs électoraux, le bourrage d’urnes, sont
autant d’actes qui heurtent la conscience humaine ; ils peuvent déformer les
résultats d’une élection. Leur simple dénonciation n’emporte, automati-
quement, pas la conviction du juge.
Le fait pour le juge de ne pas avoir égard aux conclusions de l’observation
électorale produites par le requérant peut être assimilé à un déni de justice. La
connaissance préalable du cadre légal dans lequel s’organise l’observation
électorale est susceptible d’atténuer les critiques auxquelles sont souvent objet
les réserves du juge électoral en cette matière.

3. La motivation de la décision
Les juges ont l’obligation de motiver leurs décisions, ils sont tenus
d’expliquer les raisons de fait et de droit qui en ont constitué le soubassement.
La motivation des décisions de justice est une garantie essentielle pour les
justiciables qui, en cas de désaccord avec les motifs de la décision, peuvent
s’appuyer pour les contester et exercer, le cas échéant, leurs recours.
À l’instar de toute décision de justice, celle rendue en matière électorale doit
être motivée148 ; cette obligation concerne aussi bien les décisions au premier

147
Composée de neuf membres répartis équitablement entre les trois pouvoirs traditionnels de l’État dont
trois désignés par le gouvernement, trois par le parlement et trois hauts magistrats appartenant au
pouvoir judiciaire.
148
Art. 21 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour.
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196 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

degré qu’à celui d’appel. En droit judiciaire congolais, toute décision non
motivée est susceptible de cassation. Les arrêts de la Cour constitutionnelle ne
sont, cependant, pas concernés par cette procédure ; ils sont, dès leur prononcé,
obligatoires et opposables aux pouvoirs publics et aux citoyens.

4. Les voies de recours en matière de contentieux des résultats


Aux termes de la loi électorale, la décision de la juridiction contentieuse est,
à l’exception des arrêts de la Cour constitutionnelle149, susceptible de recours
devant une juridiction d’appel. Ce recours est, à peine d’irrecevabilité, introduit
dans les trois jours à compter de la signification de la décision entreprise150.
Au niveau de la juridiction d’appel, la procédure est la même que celle
applicable en droit judiciaire151. En droit électoral, l’appel n’est pas, sauf
exception légale, suspensif152. On soutient qu’en raison du principe de la
représentation nationale, la personne dont l’élection est contestée continue à
bénéficier, jusqu’à la décision définitive153, de la présomption de bonne foi, les
actes qu’elle aura posés, en qualité d’élue, sont juridiquement légaux et
politiquement justifiés.
S’agissant de l’élection du gouverneur et du vice-gouverneur de province,
l’appel contre la décision rendue en premier ressort par la Cour d’Appel est
suspensif de leur entrée en fonction, l’ordonnance présidentielle d’investiture154
ne peut intervenir qu’après règlement définitif du contentieux par la juridiction
d’appel.
À l’instar du droit positif congolais, celui français a tempéré la chose jugée
attachée à la décision du juge électoral rendue au premier degré, uniquement en
ce qui concerne les manœuvres constatées dans l’établissement des listes
électorales et les irrégularités observées lors du déroulement du scrutin. Saisi
d’un tel recours, le tribunal administratif peut, décider, nonobstant appel, de la
suspension du mandat de la personne dont l’élection est contestée, question
d’écarter des assemblées parlementaires les élus, auteurs des fraudes électorales.
Toujours en France, la jurisprudence a évolué pour admettre d’autres voies
de recours en matière électorale. Il s’agit, notamment de la tierce opposition, de

149
Aux termes de l’article 168 de la Constitution congolaise du 18 février 2006, les arrêts de la Cour
constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours, ils sont immédiatement exécutoires.
150
Article 74 de la Loi électorale.
151
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op.cit., pp. 349-350.
152
Dans son arrêt RCE/ADP/021 du 9 mars 2007, la Cour suprême de justice, siégeant en matière
électorale au degré d’appel note que le délai d’appel et de pourvoi en appel (sic) sont suspensifs en
matière électorale (page 5). Cette motivation qui ne trouve pas de fondement dans la loi entretient une
confusion entre le délai d’appel et le pourvoi en appel qui n’est pas organisé par la loi.
153
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale congolaise commentée, op.cit., p. 350.
154
Aux termes de l’article 198, al. 2 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, le
gouverneur et vice-gouverneur de province sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule
fois par les députés provinciaux au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale. Ils sont investis par
ordonnance du président de la République.
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Le contentieux électoral 197

la révision, de l’interprétation, du recours en rectification d’une erreur


matérielle ou du pourvoi en cassation155.
S’agissant de la tierce opposition, celle-ci ne peut être décidée que par le
Conseil d’État saisi préalablement d’un recours formé devant le juge de
première instance. Il est, en effet, de plus en plus admis la recevabilité de cette
voie de recours contre une décision par laquelle le Conseil d’État a statué sur la
régularité des opérations électorales.
Il en découle qu’initialement étranger au contentieux électoral français
jusqu’à la réforme du contentieux administratif réalisé par la Loi n° 87-1127 du
31 décembre 1987, le pourvoi en cassation en matière électorale n’occupe plus
qu’une place relativement réduite. Il n’est, en réalité, ouvert qu’à l’encontre des
arrêts rendus par la Cour administrative d’Appel à l’exclusion du contentieux
des élections politico-administratives156.
En droit congolais, la juridiction d’appel n’est pas autorisée de recevoir, en
raison de l’effet dévolutif, la nouvelle demande (CSJ, 9 mars 2007,
RCE/ADP/021, Aff. Mouvement de libération du Congo, MLC, en sigle contre
l’Alliance de la majorité présidentielle, AMP, en sigle, Kimbuta Yango André et
Bafiba Zomba Clément157).
Elle peut, néanmoins, prendre toutes les mesures d’instruction qu’elle juge
utiles, notamment la communication par la Commission électorale nationale
indépendante, les autorités politiques ou administratives des informations
nécessaires, l’audition des parties ou des témoins, les descentes sur les lieux.
Sont écartées de son champ opérationnel, la demande incidente, celle sur une
erreur matérielle prétendument commise au premier degré, l’opposition et la
tierce opposition.

SECTION 3. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS EN DROIT COMPARÉ


AFRICAIN
La démocratisation des systèmes politiques africains reste un phénomène
relativement récent et lent. L’élection, qui en constitue l’instrument de mesure,
permet de jauger, en même temps, le degré de la compétition pour le pouvoir.
Dans cette perspective, le contentieux électoral se prête à connaitre une
gestation et gestion si difficile que l’implantation, dans le continent, se révèle
variable, selon les pays158 et les types d’élection, chaque espèce répondant aux
contextes et enjeux diversifiés.
Suivant les pays, le contentieux électoral bénéficie d’une attention
particulière. Dans certains pays comme le Bénin, la République sud-africaine
ou encore le Ghana, les règles de la compétition électorale s’enracinent

155
MALIGNER B., Droit électoral, op.cit., pp. 853-856.
156
Idem, p. 863.
157
Septième feuillet, inédit.
158
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op.cit., p. 140.
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198 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

progressivement et les contestations se résolvent, dans une atmosphère plutôt


démocratique159. Les décisions du juge sont, dans l’ensemble, acceptées. Dans
d’autres, le contentieux électoral est plutôt source d’agitations. Plaçant l’action
de la justice électorale entre le feu croisé du droit et de la politique, il pose
certainement problème.
Prenant en compte chaque type de scrutin, la mobilisation au contentieux
électoral n’a pas la même ampleur. Bien évidemment, en Afrique comme
ailleurs, le contentieux de l’élection présidentielle semble être celui qui, par ses
enjeux, captive le plus d’acteurs politiques, les électeurs et la nation tout
entière. L’importance que jouent les élections législatives dans la représentation
nationale mérite, également, que l’on s’y intéresse.

§1. L’ÉLECTIO
TION IDEENTIE
N PRÉSID TIELLLE
L’enjeu politique que procure, en Afrique, comme partout ailleurs, l’élection
présidentielle conduit à ce que le contentieux d’éligibilité soit soigneusement
réglementé. On n’est pas loin de se trouver devant un contentieux pour lequel
le juge a, selon les pays, difficile à se prononcer. Sa position est extrêmement
délicate parce que, tantôt considérée comme porte-voix de la majorité au
pouvoir160, entraînant un déni de justice, tantôt, mais rarement, comme faisant
le jeu de l’opposition.
Un autre problème qui échappe difficilement à l’attention du juge électoral
africain porte sur la gestion de la campagne électorale et, notamment, son
financement ainsi que la problématique du traitement inégalitaire des
candidats, partis ou regroupements politiques pendant la campagne électorale.

A. L’é
’élligi
gibbilité
À l’état actuel de la prospection jurisprudentielle en la matière, on se trouve
devant une carence des décisions suffisamment élaborées. Les quelques espèces
facilement identifiables n’échappent pas, au regard de leurs motivations, à la
curiosité scientifique. Elles ne sont pas, pour la plupart, accommodées dans une
synergie aisément exploitable, chaque décision répondant à ses enjeux et défis
spécifiques.
La première décision est celle qui rejette le recours sollicitant l’annulation,
pour violation de la Constitution161 laquelle limite, à deux, le mandat du
président de la République en fonction et son empêchement tiré du fait que,
pendant sa présidence, il aurait commis des crimes de guerre et crimes contre
l’humanité. Cette position est dictée par l’absence de preuve et la

159
Idem, p. 143.
160
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op.cit., p. 146.
161
Il s’agit de la Constitution burkinabé du 2 juin 1991 telle que modifiée par les Lois constitutionnelles
du 23 janvier 1997 et 11 avril 2000.
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Le contentieux électoral 199

méconnaissance, par le requérant, des règles de procédure ordinaire en la


matière162.
Dans sa décision du 4 octobre 2005 rendue en matière de contentieux de
candidatures163, le Conseil constitutionnel Burkinabé note que :

pour que la loi du 11 avril 2000 puisse rétroagir et prenne en compte les deux
mandats antérieurement exercés par le président de la République, il aurait fallu
que le législateur le dise expressément, ce qui ne fut pas le cas.

Prenant, également, appui sur la rétroactivité éventuelle entreprise, il


précise que :

si la loi nouvelle ne vaut que pour l’avenir, ses conditions ne commencent à


s’appliquer qu’à l’expiration du mandat présidentiel, lequel a pris naissance sous
l’empire de la loi ancienne, en l’occurrence, celle du 23 janvier 1997, et qu’une telle
compréhension a reçu application, en 2000, à propos des députés.

Répondant précisément à la demande d’annulation de la candidature de


Monsieur Blaise Compaore à l’élection présidentielle pour raison d’empê-
chement dirimant découlant, d’une part, de sa prise du pouvoir par coup d’État
et, d’autre part, de la commission par lui, pendant sa présidence, des crimes de
guerre et de crimes contre l’humanité, le Conseil constitutionnel s’est, tout
simplement, déclaré incompétent pour apprécier de telles allégations.
Appelé à trancher le conflit de lois dans le temps, le même juge a,
visiblement, eu du mal à se définir, car si sa décision pouvait satisfaire le
président de la République en fonction, il aurait été accusé d’être sous ses
ordres. Dans le cas contraire, il serait pressenti proche de l’opposition et sa
décision à la base des conséquences politiques évidentes. Ce dilemme a
finalement justifié la prudence du Conseil constitutionnel qui a, manifestement,
tenu compte à la fois des exigences légales et procédurales et des impératifs de
stabilité politique.
Cette jurisprudence a visiblement inspiré celle du Conseil constitutionnel
sénégalais dans la gestion du contentieux de candidatures à l’élection
présidentielle du 28 février 2012. Par décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/
8/E9/E/10/E/12/E/13/E/14/E du 29 janvier 2012, en réponse aux dix requêtes
visant l’annulation, pour violation de la Constitution164, de la candidature de
Monsieur Abdoulaye Wade, président en fonction, le Conseil affirme que le
président de la République, sous la Constitution de 2001, effectue un premier

162
Aux termes de l’article 163 de la Constitution Burkinabé, le Conseil constitutionnel est l’institution
compétente en matière constitutionnelle et électorale.
163
DCC n° 2005-007/CC/EPF dans la cause opposant Stanislas BENEWENDE SANKARA, Philippe
ALI LANKOANDE, Norbert Michel TIENDREBEOGO et Ram OUEDRAOGO à Blaise COMPAORE.
164
Notamment ses articles qui limitent, à deux, le mandat du président de la République. Il s’agit de la
Constitution du 22 janvier 2001 telle que modifiée par la Loi n° 2008-34 du 7 août 2008.
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200 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

mandat durant la période 2007 à 2012 et qu’il est en droit de se présenter à


l’élection du 28 février 2012165.
Donnant son interprétation de l’article 104 de la Constitution qui oblige le
président de la République en fonction de poursuivre son mandat jusqu’à son
terme, le Conseil certifie que :

sauf mention expresse de la Constitution, la limitation du mandat du président de


la République à un seul renouvellement consacré par l’article 27 ne peut concerner,
sans incohérence, le mandat que l’article 104 a placé hors de son champ
d’application en le faisant régir par la Constitution de 1963166.

Statuant sur le conflit de lois dans le temps, il conclut que « la durée du


mandat, traduction temporelle de celui-ci, ne peut en être dissocié ; que dès lors,
le mandat écarté sans équivoque par l’article 104 de la Constitution ne peut
servir de décompte référentiel »167.
De l’analyse de cette décision, il s’observe que le Conseil constitutionnel
sénégalais a visiblement glissé vers la rallonge tacite du nombre des mandats
imposés par la Constitution au président de la République enfreignant du coup
la volonté populaire exprimée, le 19 mars 2000, à l’occasion de l’élection, pour
un premier terme de cinq ans, de Monsieur Abdoulaye Wade comme président
de la République.
Se servant, par ailleurs, du principe de la continuité de l’État pour régler la
question du nombre des mandats présidentiels, il en a profité pour créer un lien
insidieux entre deux domaines rigoureusement et in tempore non suspecto,
aménagés par la Constitution.
Fondant, enfin, sa décision sur le principe de non-rétroactivité de lois en
matière constitutionnelle, le juge s’est permis de réduire les effets de la
représentation populaire comme fondement de toute légitimité démocratique.
Dans une autre circonstance, le juge électoral malgache ne s’est pas gêné de
rejeter, pour chose jugée, la demande168 poursuivant révision de sa décision
antérieurement prise pendant le règlement du contentieux de candidatures169
(CES, 5 juin 2013, n° 05-CES/D). En l’espèce, la Cour électorale spéciale170
malgache a rejeté trois demandes d’invalidation de la candidature de Monsieur

165
Décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E, p. 4, inédit.
166
Décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E, pp. 3-4, inédit.
167
Décision n° 3/E/4/E/5/E/6/E/7/E/8/9/E/10/E/12/E/13/E/14/E, p. 4, inédit
168
Dans l’espèce examinée, il s’était, en réalité, agi de trois demandes émanant, respectivement, du
premier ministre, chef du Gouvernement à sa seule initiative, de celle qu’il a conjointement signée avec le
président du Conseil de suivi et de contrôle de la feuille de route, le président de Flankevithmy Fanpha
Vanana Malagasy, le président du Comité militaire de la Défense nationale, le ministre des Forces
Armées ainsi que celui de la Sécurité intérieure.
169
En l’espèce, la Décision n° 01-CES/D du 5 mai 2013 validant notamment la candidature de Monsieur
Andry NIRIMA RAJOELINA président de la République en fonction.
170
Aux termes de la Loi n° 2012-014 du 30 juillet 2012, il est créé au sein de la Haute Cour
constitutionnelle Malgache une Chambre Spéciale chargée du contentieux électoral dénommée la Cour
électorale spéciale.
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Le contentieux électoral 201

Andry Nirima Rajoelina à l’élection présidentielle du 25 octobre 2013. Fondées


sur les :

dénonciations de la communauté internationale, prises de position de l’Union


européenne, de l’Union africaine et de la Communauté de développement de
l’Afrique australe, ces demandes n’auraient pas, selon le juge, tenu compte de la
force majeure indispensable à la stabilité politique du pays.

Sous la pression de la communauté internationale et pour permettre la tenue


du scrutin dans un climat politique apaisé, le président de la transition résolut,
contrairement à la décision de la Cour électorale spéciale, de renoncer à se
présenter à ladite élection remportée, du reste, au second tour par Hery
Rajaonarimampianina avec 53, 49 % des suffrages exprimés171.
Siégeant en matière de contentieux des candidatures, le juge électoral
congolais a, pour défaut de qualité dans le chef du requérant (CSJ, 13 avril
2006, RCDC003/KIN, Aff. Ndume Pele Ndume agissant au nom du
Mouvement de solidarité pour le développement, MSD, en sigle contre la
décision n° 007/CEI/BUR/06 du 7 avril 2006 inscrivant le nom de Monsieur
Joseph Kabila Kabange sur la liste des candidats à l’élection présidentielle)172,
rejeté le recours introduit par le président national d’un parti politique
sollicitant l’invalidation de la candidature de Kabila Kabange Joseph. Pour lui,
le requérant n’a pas apporté la preuve du dépôt, par l’un des membres de son
parti ou regroupement politique, de candidature à l’élection présidentielle173.
Pour le même motif, ce juge a rejeté le recours poursuivant l’invalidation des
candidatures à l’élection présidentielle de certains officiers généraux des forces
armées dont le Général Major Kabila Kabange Joseph (CSJ, 13 avril 2006,
RCDC 012/KN, Aff. La Convention Chrétienne pour la Démocratie, CCD, en
sigle contre Kabila Kabange Joseph, Likulia Bolongo Norbert et la Commission
électorale indépendante174) soupçonnées d’avoir été introduites en violation de
la loi électorale175.
À l’analyse de toutes ces décisions, il se perçoit la délicatesse de la mission
du juge électoral africain dont l’activité est tributaire des impondérables
politiques. La question du mandat présidentiel en est une belle illustration, car
limité ou pas, le juge a difficile à développer une« jurisprudence cohérente et
audacieuse », se rebiffant, soit sur le défaut de qualité du requérant, soit sur

171
Suivant la Décision n° 10-CES/AR du 17 janvier 2014 de la Cour électorale spéciale rendue en
matière de contentieux des résultats.
172
Dans son recours, le requérant évoque l’inéligibilité de Joseph Kabila Kabange qui, au moment du
dépôt de sa candidature, était officier des Forces armées congolaises (Général major) et qui, en cette
qualité, ne pouvait, avant toute démission sollicitée et acceptée, s’inscrire sur aucune liste électorale ou de
candidatures.
173
Bulletin des Arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., p. 3.
174
Idem, pp. 8-9.
175
Aux termes de l’article 10 point 8 de la Loi électorale, les membres des Forces armées et de la Police
nationale congolaise qui n’auront pas, à la date limite du dépôt de candidatures, donné la preuve de leur
démission acceptée ou de leur mise en retraite, sont inéligibles.
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202 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

l’absence de preuves, soit sur le non-respect des règles de procédure, soit encore
sur la force majeure pour décréter l’irrecevabilité de toute requête en la matière.
Proche du déni de justice, cette attitude ne peut autrement s’expliquer,
l’ensemble de législations électorales africaines ayant réussi à encadrer l’activité
du juge pour qu’elle ne déborde pas.

B. La contestation des résultats


En droit électoral, le juge ne sanctionne pas toute violation de la loi. Sans
être juge de la légalité du scrutin, il est, celui de la sincérité des résultats et
s’assure que les irrégularités dénoncées sont avérées et constituent des actes de
fraude, susceptibles d’influer sur les résultats électoraux.
Ainsi, la violation de la loi électorale ou du règlement administratif ne
conduit pas forcément à l’annulation de l’élection. Les actes qui, en eux-mêmes,
ne constituent pas à proprement parler des irrégularités, peuvent porter atteinte
à la moralité de l’élection pour que le juge, s’il estime qu’ils ont pu altérer la
sincérité du scrutin, ordonne l’annulation du vote176. Le contentieux électoral
étant celui « de plein contentieux », le juge peut vérifier la légalité de l’acte
contesté sans nécessairement l’annuler177.
Poursuivant la régularité des opérations de vote et de dépouillement et, par
voie de conséquence, la sincérité des résultats, la Cour constitutionnelle du
Bénin a, en vertu de sa loi organique178,compétence de désigner un ou plusieurs
délégués179 dans tous les centres et bureaux de vote pour y suivre les opérations
de vote et de dépouillement ; ce qui contribue à la crédibilisation du processus
électoral et sa jurisprudence.
La décision proclamant les résultats provisoires du premier tour de l’élection
présidentielle du 12 mars 2011 indique que la Cour a considéré « les autres
pièces, documents et rapports de ses délégués ainsi que les réclamations
rédigées et annexées aux procès-verbaux du déroulement du scrutin »180. Elle a
été, toute fois, contestée par cinq requêtes181 poursuivant, toutes, l’annulation
partielle ou totale du scrutin.
Si Yayi Boni Thomas sollicite la rectification des résultats provisoires pour
violation, par quelques membres de la Commission électorale communale, de
certaines dispositions de la loi électorale182, Abdoulaye Bio Tchane et

176
MASCLET, J.-C. Droit électoral, op.cit., p. 356.
177
KATUALA KABA KASHALA, La jurisprudence électorale, congolaise commentée, op.cit., p. 33.
178
Art. 71 de la Loi n° 91-009 du 4 mars 1991 portant loi organique sur la Cour constitutionnelle telle
que modifiée et complétée par la Loi n° 31 mai 2011.
179
Choisis avec l’accord des ministres compétents, ces délégués sont essentiellement de juristes constitués
soit des magistrats de l’ordre judiciaire ou administratif, soit des professeurs agrégés de droit.
180
Inédit, p. 2.
181
Dont deux introduites par YAYI BONI Thomas, deux autres par ABDOULAYE BIO TCHANE et la
dernière par le HOUNGBEDJI Adrien, tous candidats à l’élection présidentielle du 13 mars 2011.
182
Notamment les articles 85 et 86 en rapport avec les irrégularités constatées dans la procédure de
comptage des suffrages exprimés dans le 4e arrondissement de la Commune de Porto Novo et de la
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Le contentieux électoral 203

Houngbedji Adrien poursuivent quant à eux l’annulation du scrutin pour


« inconstitutionnalité et plusieurs irrégularités » dans son organisation ainsi que
des graves irrégularités et violation, par le candidat Yayi Boni Thomas, de la loi
électorale pendant la campagne électorale183 et le déroulement proprement dit
du scrutin184.
Répondant à tous ces moyens, la Cour reconnait l’existence de certaines
irrégularités et illégalités dans l’organisation et la gestion de l’élection
présidentielle du 13 mars 2011, mais elle relève que, s’agissant du contentieux
des résultats :

le juge recherche, en règle générale, quelles ont été les incidences de l’irrégularité sur
les résultats du scrutin, que seules sont retenues les irrégularités susceptibles de
fausser les résultats de l’élection, compte tenu surtout de l’écart de voix entre les
candidats ou de la manœuvre qu’elles révèlent ; que la simple violation de la loi
n’entraîne pas nécessairement l’annulation de l’élection ; que le juge confirme
l’élection s’il estime que les faits allégués ne sont pas établis ou qu’ils ne sont pas de
nature à modifier le résultat malgré l’existence d’une illégalité dans le déroulement
de la campagne électorale ou des opérations électorales 185.

Pour ce qui est des moyens de preuve susceptibles d’être pris en compte dans
l’appréciation de la régularité du scrutin, elle précise que :

le juge ne retient, à l’exception de toute autre preuve, que le procès-verbal de


déroulement du scrutin, la feuille de dépouillement, les observations des membres
du bureau de vote ou des délégués des candidats, les réclamations des électeurs
annexées audit procès-verbal et le constat des irrégularités que la Cour aurait, par
elle-même, relevées186.

Dans cette entreprise, la Cour indique que « le constat de fraudes ou


d’irrégularités fait par un huissier de justice est inopposable à la Haute
juridiction surtout lorsqu’il est contredit par les constatations de la Cour elle-

transmission tardive (soit cinq jours après la fin du scrutin) à la Cour constitutionnelle des registres de
vote par procuration enregistrée dans l’Arrondissement de Katagon, Commune d’Akpro-Missérété.
183
Notamment l’utilisation abusive des moyens et personnel de l’État, la pratique des dons et libéralités,
la présence de l’effigie du candidat YAYI BONI dans les bureaux de vote ou à proximité de ceux-ci.
184
Ils citent en exemple l’inexistence et le non affichage de la liste électorale, l’inexistence de la liste des
bureaux de vote, la désignation irrégulière des agents des bureaux de vote, la création des bureaux de vote
fictifs, l’exagération de vote par dérogation, la discordance entre le nombre d’électeurs inscrits et celui de
votants, les difficultés d’accès aux bureaux de vote par plusieurs électeurs, le démarrage tardif du vote, la
non disponibilité ou l’insuffisance du matériel électoral, le bourrage d’urnes, le transport massif et
l’intimidation des électeurs, le vote des mineurs et des étrangers, l’approvisionnement opaque de zones
favorables au candidat YAYI BONI en documents électoraux, la distribution de bulletins de vote pré-
estampillés en sa faveur, la transmission tardive des plis à la Cour constitutionnelle, la déclaration
précipitée et non concertée des grandes tendances par le président de la Commission électorale nationale
autonome.
185
Décision du 29 mars 2011 portant proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du
13 mars 2011, p. 24, inédit.
186
Décision du 29 mars 2011 portant proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du
13 mars 2011, p. 25.
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204 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

même »187. Seul juge du contentieux des résultats à l’élection présidentielle, la


Cour les a sanctionnées188 en ordonnant purement et simplement le rejet des
requêtes si elles ne sont pas fondées.
Vidant ce contentieux, le juge électoral béninois a finalement confirmé sa
décision du 20 mars 2011 par la proclamation de Monsieur Yayi Boni Thomas
vainqueur, au premier tour, de l’élection présidentielle du 13 mars 2011 avec
une majorité absolue (celle-ci étant fixée à 1 486 223 voix), soit 1 579 550 voix
sur un suffrage exprimé de 2 972 445 voix.
Comme au Bénin, le droit malien admet la présence, dans les cercles et
bureaux de vote, des représentants de la Commission électorale nationale
indépendante, la Cour constitutionnelle et la Délégation générale aux élections
pour, selon le cas, y superviser les opérations de vote et de dépouillement, la
compilation, la centralisation, la transmission et la proclamation des résultats
provisoires, pour qu’en cas de contestation des résultats, le juge soit autorisé à
se référer aux relevés de la Commission électorale nationale indépendante189 et
compilations de ses délégués déployés dans les centres et bureaux de vote.
Dans son arrêt portant proclamation des résultats définitifs du deuxième
tour de l’élection du président de la République, la Cour constitutionnelle du
Mali n’a pas manqué de faire, dans ses visas, une part belle « aux rapports de ses
délégués et de la Commission électorale nationale indépendante190 » ; ce qui
renforce l’autorité de ses décisions, par ailleurs, assises sur les relevés et
statistiques vérifiées et vérifiables.
Examinant, à son tour, les mérites de deux requêtes du candidat Abdoulaye
Wade qui poursuivait l’invalidation, pour violation du code électoral, des
résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 28 février 2012, en
l’occurrence, des Sénégalais de l’extérieur191, des certains bureaux de vote192 et
à la validation, pour son compte, des relevés des quelques bureaux de vote de la
circonscription de Bignona, le juge électoral sénégalais les a, faute de preuves,
rejetées193.
À l’issue du second tour du 25 mars 2013 qui opposait les deux candidats
arrivés en tête au premier tour, à savoir Abdoulaye Wade et Macky Sall, aucune
contestation n’a été élevée contre les résultats provisoires proclamés par la
Commission nationale de recensement des votes ; le Conseil constitutionnel les

187
Idem, p. 26.
188
Ibidem, p. 5.
189
L’article 99, al. 1erde la Loi électorale malienne précise« qu’en cas de perte ou de non acheminement du
procès-verbal, le récépissé de résultat et/ou le rapport de la Commission électorale nationale
indépendante font foi».
190
Arrêt 2013-06/CC-EP du 20 août 2013, inédit, p. 2.
191
Qui auraient été, selon les requérants, communiqués à la Commission nationale de recensement des
votes par des procédés non autorisés, en l’occurrence le téléfax.
192
Notamment de Touba, Kaolack et Mbacké où plusieurs actes de violences physiques, des coups de feu
et autres intimidations auraient été commis par les partisans de Macky SALL empêchant le scrutin de se
dérouler dans la sérénité.
193
Décision n° 17/E/18/E/2012 du 6 mars 2012, inédit, p. 2.
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Le contentieux électoral 205

ayant tout simplement validés, proclamant Macky Sall vainqueur avec 65, 80 %
des suffrages exprimés194.
C’est, également, dans ce sens que s’est positionné le juge électoral congolais.
La simple dénonciation des fraudes massives et des graves irrégularités dans
plusieurs bureaux et centres de vote n’a pas suffi pour convaincre la Cour
suprême de justice à annuler l’élection du candidat Kabila Kabange Joseph
(CSJ, 28 octobre 2006, RCE.PR.009, Aff. Mouvement de libération du Congo,
MLC, en sigle contre Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale
indépendante195).
Par une autre décision (CSJ, 27 novembre 2006, RCE.PR.006, Aff.
Mouvement de Libération du Congo, MLC, en sigle, Bemba Gombo Jean-Pierre
contre le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, en
sigle, Kabila Kabange Joseph et la Commission électorale indépendante) vidant
le contentieux des résultats, le juge électoral a proclamé le candidat Kabila
Kabange Joseph vainqueur de cette élection. Exécutoire, cet arrêt a été reconnu
par Monsieur Bemba Gombo Jean-Pierre196.
Le règlement du contentieux des résultats en Côte d’Ivoire est révélateur des
hésitations d’une justice incapable d’imprimer à sa jurisprudence une certaine
constance. À l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle du
28 novembre 2010 et devant l’impasse de la Commission électorale
indépendante de proclamer, en raison des divergences internes, les résultats
provisoires dans le délai légal, le Conseil constitutionnel s’était autorisé de se
saisir du dossier.
Après s’être fait l’écho des irrégularités et fraudes qui auraient entaché le
scrutin dans la partie Nord du pays, il s’est abstenu de l’annuler se contentant
simplement d’entériner les résultats non encore officiellement proclamés par la
Commission électorale indépendante. Les redressements opérés, sur requête du
candidat Laurent Gbagbo ont abouti à la proclamation de ce dernier comme
vainqueur de l’élection.
Dans le même temps et sous la conjugaison des pressions multiples, ce juge
ne s’était pas gêné de donner à sa jurisprudence un revirement spectaculaire
reconnaissant la victoire de Monsieur Alassane Dramane Ouattaraen comme
président de la République de Côte d’Ivoire.

§2. LES ÉLECTIO


TION ISLLATIV
NS LÉGIS TIVEES
Le contentieux des élections législatives couvre plusieurs axes. Il peut porter
sur les opérations préparatoires au vote dont l’éligibilité ou se limiter aux seuls
résultats issus du scrutin.

194
Décision n° 19/E/2012 du 30 mars 2012, inédit, p. 2.
195
Bulletin des Arrêts de la Cour suprême de justice. Contentieux électoraux 2006-2007, op.cit., pp. 89-110.
196
Par une déclaration faite, le 27 novembre 2006, sur les antennes de la Radio France Internationale,
édition du 19 heures 30, diffusée, par la suite, dans ses deux chaines de télévision, en l’occurrence, Canal
Congo Télévision et Canal Kinshasa Télévision.
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206 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

’élligi
A. L’é gibbilité
La gestion du contentieux des candidatures au scrutin législatif a également
intéressé les juridictions électorales suprêmes du Burkina Faso, du Mali et du
Sénégal.
Suivant les élections législatives burkinabées du 24 mai 1992, la Chambre
constitutionnelle de la Cour suprême de justice reconnut à la Convention
nationale des patriotes progressistes/Parti social démocrate douze sièges à
l’Assemblée nationale. Une année plus tard, neuf députés élus sur la liste de
cette formation politique démissionnèrent pour créer une autre dénommée
Parti pour la démocratie et le progrès qui n’existait pas lors des élections
législatives de 1992.
La question de droit soumise à l’appréciation du juge est de savoir si les
députés démissionnaires pouvaient continuer à siéger à l’Assemblée nationale
sous l’étiquette d’une formation politique autre que celle sur la liste de laquelle
ils ont été élus.
Dans sa décision du 20 juin 1994, la Chambre constitutionnelle de la Cour
suprême de justice indique que l’adhésion à un parti ou une formation politique
ne saurait conduire les élus ou les citoyens à l’aliénation de leur liberté ;
transformant alors les élus en commis, serviteurs ou préposés soumis aux
ordres, instructions impératives, directives des électeurs ou des groupes
parlementaires197.
Refusant d’être arbitre ni davantage un organe de décision politique, la Cour
a, en raison de ses compétences d’attribution, de dire le droit, de veiller au
respect des règles constitutionnelles dans les limites et les conditions fixées par
la Constitution ; pour prononcer l’irrecevabilité de la requête198. L’on doit
regretter qu’après avoir reconnu son incompétence dans cette cause, la
juridiction électorale a tout de même décrété l’irrecevabilité de la requête portée
devant elle.
À l’issue du règlement du contentieux des candidatures à l’élection des
députés à l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel du Mali est parvenu
à rejeter cinquante-six requêtes soit pour défaut de qualité, soit pour
prématurité, soit pour mauvaise direction, soit pour absence de candidature,
soit pour forclusion, en plus de neuf listes invalidées dans huit circonscriptions
électorales. De cet inventaire, on retiendra que le juge a fait droit à dix-huit
requêtes en rectification des erreurs matérielles survenues sur certaines les
listes de candidature199 et décrété l’irrecevabilité de plusieurs en raison, sans
doute, de la méconnaissance par les requérants des dispositions du Code
électoral régissant le dépôt de candidature.

197
Avis et Décisions commentés de la justice constitutionnelle burkinabé de 1960 à nos jours, Ouagadougou,
CGD, 2009, p. 17.
198
Avis et Décisions commentés de la justice constitutionnelle burkinabé de 1960 à nos jours, op.cit., p. 17.
199
Arrêt n° 2013-09/CC-EL du 31 octobre 2013 portant proclamation de la liste définitive des candidats à
l’élection des députés à l’Assemblée nationale au scrutin du 24 novembre 2013, pp. 44-47.
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Le contentieux électoral 207

Jadis exercé par la Cour suprême de justice, le contrôle de la régularité des


candidatures à l’élection des députés à l’Assemblée nationale du Sénégal est, en
vertu de la loi organique n° 92-23 du 30 mai 1992 sur le Conseil
constitutionnel200, devenu une attribution de cette juridiction. C’est ainsi que,
par sa décision n° 7/93201 du 31 mars 1993, le Conseil constitutionnel a, sur
requête du Ministre de l’Intérieur ordonné l’irrecevabilité, pour minorité d’âge
au moment du dépôt de leurs candidatures202, les dossiers des messieurs
Moussa Diouf, Touba Diouf, Cheik Diouf, Amadou Moctar Mbacke et
mesdames Amy Ndiaye et Ndeye Amy Ndjone203.
Devenue constante, cette jurisprudence a été réitérée dans d’autres
espèces204. Il importe de noter, par ailleurs que, considérant le délai de sa saisine
comme d’ordre public, ce juge n’a pas hésité de sanctionner le non-respect par
le ministre de l’intérieur qui sollicitait l’inéligibilité, pour minorité d’âge, de la
candidature de madame Nogaye Ndiaye suppléante sur la liste nationale du
Parti action pour le développement national205. Introduite hors délai légal, soit
après l’expiration de trois jours du dépôt de la candidature, ce recours a été
déclaré irrecevable206.
La décision d’irrecevabilité, pour défaut de qualité207, a été également prise
contre le recours de Monsieur Iba Der Thiam candidat aux élections législatives
présenté sur la liste de Jappo Liggeeyal Sénégalais (une coalition des partis
politiques) ; l’avocat qui l’avait signé n’ayant pas prouvé détenir du candidat
qu’il prétendait représenter le mandat d’agir en justice au nom et pour son
compte208.
En application de l’article LO 174 du Code électoral, le mandataire du Parti
socialiste sénégalais a saisi le Conseil pour contester l’arrêté du ministre de
l’intérieur, du 20 mars 2001, déclarant irrecevable la liste dudit parti pour le
scrutin départemental de Tivaouane au motif qu’elle serait incomplète209.
Dans sa décision du 23 mars 2001210, le Conseil révèle, d’une part, le
caractère irrégulier et illégal de l’arrêté ministériel et, d’autre part,
l’irrecevabilité de la liste présentée par la « Coalition Wade » en ce qu’elle
comporte la candidature de Aly LO. Il conclut au non-fondement de la décision

200
Modifiée par la Loi organique n° 99-71 du 17 février 1999.
201
Rendue dans les affaires inscrites aux numéros 13 à 18/E/93.
202
Aux termes de l’article LO 127 du Code électoral Sénégalais, « nul ne peut être élu à l’Assemblée
nationale s’il n’est âgé de vingt-cinq ans révolus à la date des élections ».
203
FALL I.-M. (dir.), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, Dakar, CREDILA, 2008,
p. 62.
204
Notamment la Décision n° 35/98-AFFAIRES n° 4/E/98-5/E/98-6/E/96 du 15 avril 1998.
205
Décision n° 35/98-AFFAIRES n° 4/E/98-5/E/98-6/E/96 du 15 avril 1998, pp. 225-226.
206
L’article LO 172 du Code électoral Sénégalais oblige le ministre de l’intérieur à saisir, dans les trois
jours suivant le dépôt de la candidature, le Conseil constitutionnel qui statue dans les trois jours de la
saisine sur la recevabilité de ladite candidature.
207
Décision n° 1093 du 9 mai 193-AFFAIRES n° 20 à 23/E/93.
208
FALL I.-M. (dir.), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit., pp. 79 et 84.
209
Le Ministre de l’Intérieur justifiait en fait sa décision par le fait que le candidat Aly LO qui se trouvait
sur cette liste figurait bien sur une autre présentée et déposée au ministère par la coalition Wade avant la
liste du Parti Socialiste.
210
Décision n° 80-AFFAIRES n° 1/E/2001.
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208 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

du Ministre de l’Intérieur (le terme utilisé est le mal fondé) en précisant que le
caractère complet ou non de la liste de candidatures s’apprécie à la date de son
dépôt211.

B. La contestation des résultats


À l’occasion du règlement du contentieux des résultats, le juge est tenu
d’évoquer d’office les irrégularités survenues lors du scrutin. Il est, en principe,
limité aux seuls chefs de demandes lui adressées et qui ne sont pas d’ordre
public. Ayant, cependant, un large pouvoir d’investigation, le juge électoral est
autorisé à se munir de toutes les preuves dont il a besoin pour motiver sa
décision. Il peut, dans ce cas, exiger la communication des pièces, ordonner des
descentes sur les lieux ou le déploiement, dans les centres et bureaux de vote,
de ses délégués en vue d’y récolter les statistiques des opérations de
dépouillement et de centralisation des résultats. Ces preuves doivent avoir un
lien direct avec l’organisation et la gestion de l’élection et fausser les résultats ;
elles doivent porter atteinte à la sincérité du scrutin.
Appelé à se prononcer sur les irrégularités commises et/ou constatées212 à
l’occasion des élections législatives du 30 avril 2011, le juge électoral béninois a,
en sa qualité de « juge souverain de la validité des élections législatives 213 », opéré
diverses rectifications matérielles, procédé aux redressements jugés nécessaires
et à des annulations de suffrages au niveau de certains bureaux de vote avant
de proclamer les résultats électoraux. Il précise que les irrégularités constatées
l’ont été en méconnaissance et/ou en violation de la Constitution et de la loi
électorale dont les dispositions visent à assurer la régularité et la sincérité du
scrutin.
Au Mali, le juge a, après avoir rejeté, pour défaut de qualité et prématurité,
certains recours et déclaré non fondés d’autres, pour absence de preuves ;
procédé au redressement de l’ensemble des résultats électoraux214. Au fond,
cette décision n’a pas manqué de relever le niveau relativement limité de la
connaissance par les requérants des règles de jeu établies par le Code électoral,
notamment en ce qui concerne le respect des exigences de forme (capacité
d’agir en justice, délai de saisine du juge, sa compétence, etc.).
De même, l’absence de preuves à l’appui de la demande d’annulation d’une
élection ou des résultats provisoires n’a pas permis au juge électoral d’en juger
le bien-fondé. Il a, en revanche, sanctionné la violation, par l’administration

211
FALL I.-M. (dir.), Les décisions et avis du Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit, pp. 411-413.
212
Il s’agit notamment de la composition incomplète du bureau de vote, du défaut de signature des
membres des bureaux de vote, décompte fantaisiste des voix et bourrages d’urne par les membres du
bureau de vote.
213
L’expression est tirée de la décision du 19 mai 2011 portant proclamation des résultats des élections
législatives du 30 avril 2011, p. 2, inédit.
214
Arrêt n° 2013- 11/CC-EL du 7 décembre 2013 portant proclamation des résultats définitifs du premier
tour de l’élection des députés à l’Assemblée nationale.
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Le contentieux électoral 209

territoriale, des dispositions impératives du Code électoral en matière de


composition des Centres et bureaux de vote215.
Dans son arrêt du 9 août 2002, le Conseil constitutionnel a, après avoir
procédé à la rectification matérielle de certains résultats publiés par le Ministre
de l’Intérieur et, à l’annulation d’autres, pour absence d’un nombre suffisant
d’assesseurs dans quelques Centres et Bureaux de vote du District de Bamako,
proclamé les résultats de l’élection des députés à l’Assemblée nationale du
28 septembre 2002216.
Par requête du 18 mars 2005 portée devant la Cour constitutionnelle
centrafricaine, Monsieur Azoukateme Ambroise candidat à l’élection
législative, du 13 mars 2005, de la circonscription électorale de Grimari
dénonce la violation, par le candidat Bangayassi Maurice217, de la règle de
bonne conduite adoptée, par les acteurs politiques, le 8 février 2005218.
Définissant ses compétences, la Cour indique qu’en tant qu’organe
juridictionnel chargé d’appliquer les règles du droit positif, elle ne saurait
garantir l’application, dans un contentieux électoral, d’une règle purement
« morale ». Elle précise, pour justifier le rejet de la requête, que faute de preuve
de destruction, le moyen évoqué ne saurait prospérer. Et quand bien même
cette infraction serait établie, la Cour ne peut en examiner le bien-fondé le litige
relevant de la compétence des juridictions répressives219.
Dans une autre espèce, le juge électoral centrafricain a été saisi de la requête
de Monsieur Gilbert Bitty candidat au deuxième tour du scrutin législatif de la
circonscription électorale de Boganagane contestant l’élection, pour
irrégularités220 et violation221 de la loi électorale, de Monsieur Moussambou
Moctar Samuel.
Après avoir retenu le caractère irréfutable des irrégularités dénoncées et
redressé les résultats de plusieurs bureaux de vote, le juge a invalidé l’élection
de Moussambou Moctar Samuel au profit du requérant222.

215
Aux termes de l’article 82, al.1er de la Loi n° 2013-017 du 21 mai 2013 modifiant la Loi n° 06-44 du
4 septembre 2006 portant loi électorale du Mali, « le bureau de vote comprend un président et quatre
assesseurs nommés sous la supervision de la Commission électorale nationale indépendante, quinze jours
au moins avant la date du scrutin par décision du représentant de l’État dans le Cercle et le Distinct de
Bamako ».
216
Par son arrêt n° 02-144/CC-EL portant proclamation des résultats définitifs de l’élection des députés à
l’Assemblée nationale.
217
Du Mouvement pour la Démocratie et l’Indépendance, parti politique de l’opposition.
218
Cette violation consisterait au fait que le candidat incriminé aurait dénigré l’effigie du président de la
République sortant Monsieur François BOZIZE sous l’œil complaisant de Monsieur YANGBADJA
Edouard Maire de la dite commune reproché, quant à lui, d’avoir détruis les effigies du président de la
République.
219
Décision n° 002/CC/06 du 23 juin 2006 in Recueil des Décisions et Avis de la Cour constitutionnelle,
2006-2010, Bangui, 2011, pp. 53-58.
220
Le requérant reproche à la structure locale de la Commission électorale indépendante d’avoir opéré de
manière irrégulière les permutations du personnel électoral de certains bureaux de vote pendant le
déroulement du scrutin.
221
Notamment à l’occasion de l’attribution frauduleuse, dans 14 bureaux de vote, des suffrages au profit
du candidat qui ne méritait pas.
222
Décision n° 003/CC/06 du 23 juin 2006 in Recueil des Décisions et Avis de la Cour constitutionnelle,
2006-2010, Bangui, 2011, pp. 58-68.
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210 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Au Sénégal, le juge a, après avoir rejeté certains recours, soit parce que les
irrégularités dénoncées n’ont aucune incidence sur les résultats, soit parce
qu’elles ne sont prouvées, reçu d’autres et ordonné, sur pied des preuves
fournies par les requérants et les rapports de l’Observatoire national des
élections223, le redressement, après annulation partielle ou totale de vote, des
résultats des certains bureaux de vote224. La proclamation des résultats
définitifs du scrutin pour l’élection du 24 mai 1998 des députés à l’Assemblée
nationale225 a naturellement comporté l’annulation des suffrages attribués par
l’administration électorale à quelques candidats, auteurs des fraudes et
violences qui ont entaché la sincérité du vote dans lesdits bureaux de vote.
Mais si, aucun recours en contestation de la régularité des opérations
électorales n’a été, à compter de la publication provisoire, introduit dans le délai
légal, le juge proclame, après des corrections éventuelles et redressements
nécessaires des votes, les résultats définitifs226.
L’observation de la vie politique africaine permet d’indiquer que l’élection
présidentielle est la plus importante et déterminante pour d’autres scrutins. Le
contentieux qui s’y rapporte est bien souvent à l’origine de crispations et crises
politiques ; la contestation de la décision du juge étant à la mesure de l’enjeu et
du niveau de conflictualité.
Quantitativement plus important que le contentieux précédent, celui des
élections législatives est tout aussi révélateur du rôle combien déterminant que
le juge électoral est appelé à jouer dans la résolution des conflits politiques227 ;
ses décisions paraissent, selon le Doyen Djedjro Francisco Meledje, marquées
par l’impartialité, du moins si on en juge par le fait qu’on assiste quelques fois à
l’invalidation de l’élection d’un candidat soutenu par le parti au pouvoir228.
Il n’empêche que dans le règlement du contentieux électoral, le juge se
trouve dans une sorte de chasse-croisé entre le droit et la politique ; il tente de
saisir la politique par le droit et cherche, autant que faire se peut, à traduire
dans sa décision la volonté des électeurs par la certification des résultats issus
des urnes.

223
Créé par la Loi n° 97-15 du 8 septembre 1997 avant d’être remplacé, en 2005, par la Commission
électorale nationale autonome créée en vertu de la Loi n° 2005-07 du 11 mai 2005.
224
Concernés par des votes multiples et des graves irrégularités.
225
Décision n° 42/98, 12/E/98à29/E/98 du 8 juin 1998 portant proclamation des résultats définitifs de
l’élection des députés à l’Assemblée nationale. Lire également, FALL I.-M. (dir.), Les décisions et avis du
Conseil constitutionnel du Sénégal, op. cit., pp. 239-256.
226
Décision n° 101/2007/ 7/E/2007 du 14 juin 2007 portant proclamation définitive des résultats des
élections législatives du 3 juin 2007.
227
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le juge constitutionnel ou électoral et la résolution des conflits liés aux
élections. Analyse du contentieux électoral de 2006 et 2007 », communication faite au cours de la
Conférence annuelle du Réseau africain de droit constitutionnel sur le thème Constitutionnalisme et
résolution des conflits en Afrique, Dakar, Sénégal, du 27 au 30 août 2008, pp. 2-17 disponible dans le site
www.publiclaw.uct.ac.za.
228
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op. cit., p. 145.
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Le contentieux électoral 211

SECTION 4. LA QUESTION DE LA VÉRITÉ DES URNES


Depuis quelques décennies, il s’observe dans le continent une vague de
contestations des résultats issus des élections, notamment présidentielles, au
motif qu’ils ne refléteraient pas la vérité des urnes229.Tout aussi ambigüe
qu’ambivalente, en raison, sans doute, de son usage souvent abusif ou intéressé,
la vérité des urnes dérive plutôt de la pratique électorale qu’elle n’est consacrée
dans le Code électoral.
Il importe de se convenir sur le contenu, les éléments d’appréciation et le
service que la notion est capable de rendre à la démocratie.

§1. LA VÉRITÉ DES URNES, NOTION AUX CONTO


TION URS AMBIG
TOU IGUUS
La vérité des urnes est difficile à appréhender. L’impasse est réelle même à
l’égard de ceux qui l’évoquent ou prétendent en saisir le contour230. Les diverses
réalités qui se mêlent autour du phénomène le rendent complexe. Aussi,
prenant appui sur une fraude électorale avérée ou supposée, la vérité des urnes
porte-t-elle, le coup à la crédibilisation du scrutin et, plus généralement, à la
sincérité des résultats. Elle se décline en une tradition la plus fidèle de la
volonté des électeurs au moment du comptage des suffrages issus d’une
élection. La vérité des urnes renforce la liberté des électeurs et l’honnêteté du
scrutin. Pour une notion dont le rappel peut être ou non à la base des
crispations politiques, la bonne perception semble se cacher dans le contact que
l’on a avec l’organe qui en détiendrait le secret.
L’observation a permis de se faire l’idée sur une gamme innombrable de
pistes de réflexion à explorer. La première inciterait à se rapprocher du pouvoir
organisateur des élections pour en obtenir le secret. On pense non sans raison
que l’autorité qui prépare, organise et gère un scrutin serait mieux qualifiée
pour en dévoiler, au moment de la publication des résultats, le secret.
Cette conclusion ne vaut qu’en cas de reconnaissance des résultats électoraux.
Dans le cas contraire, c’est au juge chargé du contentieux électoral231 qu’il revient
d’en divulguer le contenu. Là encore, la vérité des urnes n’aurait été que partielle
parce qu’en amont, la préparation et l’organisation du scrutin (étapes au cours
desquelles les stratégies des fraudes électorales seraient soigneusement
peaufinées) auraient échappé au contrôle du juge dont l’intervention est

229
Lire également, ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, op.cit., pp. 186-189.
230
Dans leur ouvrage consacré à cette notion, Marcel WESTH’OKONDA KOSO et BALENGINE
KAHOMBO ne sont pas parvenus à la définir ni à en cerner le contour. Lire dans ce sens, Le pari du
respect de la vérité des urnes en Afrique. Analyse des élections présidentielles et législatives du 28 novembre
2011 en République démocratique du Congo, Bruxelles, 11.11.11, 2014.
231
Conseil constitutionnel ou Cour constitutionnelle.
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212 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

postérieure et limitée dans la durée. Les expériences de la Côte d’Ivoire232 et de la


République démocratique du Congo233 sont évocatrices.
Une autre grille de réflexion serait offerte par la présence des témoins et
journalistes à toutes les étapes du processus électoral (inscription sur les listes
électorales, enregistrement des candidatures, organisation de la campagne
électorale, tenue du scrutin et gestion du contentieux).
Plus proche de la vérité des urnes, cette recette pourrait se révéler contre
productive et, au besoin, illégale234 au cas où la législation nationale (Côte
d’Ivoire et République démocratique du Congo) organise autrement la
répartition des compétences dans la gestion du scrutin. Pour une solution
circonstancielle ne permettant pas d’avoir une perception plus globale du
contexte de l’organisation de l’élection, son acceptation par les acteurs
impliqués pourra être difficile.
Bien que poursuivant la transparence et la sincérité des résultats, la présence
d’observateurs, notamment, internationaux pose, de toute évidence, le
problème de l’authentification des résultats rendus publics par les institutions
nationales compétentes. Une opinion y voit d’ailleurs un « droit d’ingérence
électorale », qui devrait difficilement cohabiter avec la souveraineté, au
demeurant discutable, dont se prévalent les États africains. L’exemple ivoirien
est éloquent sur ce point.

§2. LES ÉLÉMENTS D’APPRÉCIA


IATION DE LA VÉRITÉ DES URNES
TION
Sur le plan strictement technique, la vérité des urnes est comptable de la
connaissance des règles de jeu, des principaux acteurs, du terrain sur lequel se
joue le jeu électoral et de l’arbitre ; bref, de l’environnement social et
politique235.
Les règles de jeu sont constituées du dispositif juridique236 qui préside
l’organisation d’une élection. Sa connaissance induit celle du système électoral,
du mode de scrutin, des conditions d’éligibilité et des cas d’inéligibilité, du droit
de vote ou de l’organisation de la campagne électorale souvent d’inspiration
étrangère.
Une bonne répartition des compétences et des responsabilités entre les
différents acteurs impliqués permet de crédibiliser le scrutin et de garantir, en
même temps, la sincérité des résultats : on doit savoir qui fait quoi et quand.

232
Dans ce pays, le juge électoral a eu, pour un même scrutin, rendu deux décisions n° 2010-Ep 340312
CC Sg du 3 décembre 2010 et 2011-036 du 5 mai 2011 proclamant deux présidents de la République.
233
À l’occasion du traitement, en 2007 et 2012, du contentieux à l’élection présidentielle.
234
C’est fut notamment en Côte d’Ivoire où l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations-Unies dans
ce pays s’était attribué le pouvoir de certifier les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle du
3 décembre 2010.
235
Sur cette présentation, lire ESAMBO KANGASHE J.-L., « Les élections en Afrique, un modèle
d’importation étrangère ou une voie originale de la démocratie ? », Cahiers africains des droits de l’homme
et de la démocratie, Vol. II, n° 035, avril-juin, Kinshasa, 2012, pp. 35-38.
236
Les textes constitutionnels, législatifs et réglementaires.
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Le contentieux électoral 213

Du point de vue des acteurs du jeu électoral (partis ou regroupements


politiques, candidatures indépendantes) dont l’identification préalable parait
indispensable, il importe de s’assurer du bénéfice égal que leur procure le code
électoral, notamment en matière des droits et avantages pendant le processus
électoral entier.
Le jeu électoral se cristallise au niveau des structures opérationnelles de
vote, de dépouillement, de recensement et de centralisation des résultats. La
connaissance du rôle dévolu à chaque structure conduit à réduire l’écart
souvent constaté entre le besoin de veiller à la régularité du scrutin et celui de
rechercher impérativement la sincérité des résultats.
Comme arbitre, le juge chargé du contentieux électoral doit être capable de
garantir, au-delà de la régularité du scrutin, la sincérité des résultats. Il doit
éviter de rendre la gestion du contentieux des résultats une source des conflits
politiques (Côte d’Ivoire, Guinée, Kenya, République démocratique du Congo,
Zimbabwe).
Pour servir de gage à la sincérité des urnes, les élections doivent être tenues
dans un contexte politique et social exempt de suspicions à l’endroit du pouvoir
organisateur et du juge chargé du contentieux. Il semble que le Bénin, le
Botswana, le Ghana, la République Sud-Africaine et Sénégal ont compris la
leçon pour servir d’exemple aux autres pays d’Afrique.
Tout compte fait, la vérité des urnes n’est pas à rechercher dans un discours
politique comportant souvent une certaine dose de passion et d’auto
satisfaction, ni dans un tabou électoral que l’on ne veut pas dénicher, elle se
retrouve dans le domaine du vécu. La notion relève de toute évidence du
relativisme justifié par rapport au contexte politique et à la confiance que
pourront se faire les acteurs impliqués au processus électoral.

§3. LA VÉRITÉ DES URNES AU SERVIC


ICEE DE LA DÉMOCRATIE
Indispensables au développement de l’Afrique, les élections ne sont pas, en
elles-mêmes, une condition sine qua non d’accession au mieux-être. Elles
dépendent du rôle que l’on veut bien leur faire jouer et de la finalité qu’elles se
seraient assignées, à savoir la conquête (ou reconquête) du pouvoir et une
technique au service de la communauté.
Au regard de multiples crises provoquées par l’organisation, en Afrique, des
élections, la question du lien entre élection et démocratie demeure d’actualité.
Plusieurs grilles de réflexion sont, à cet égard, envisageables. La première
suggère de confier l’organisation des élections aux administrations publiques
traditionnelles en vue de tenter une explication sur la problématique de la
légitimité des scrutins organisés par les commissions électorales africaines. Si,
théoriquement, la démarche paraît réalisable, elle porterait, au plan politique,
un coup réel au renouveau démocratique dont la remise en question serait
difficilement acceptable.
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214 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La deuxième tient à une claire et équitable répartition des responsabilités


entre administration publique traditionnelle et la Commission électorale. Si
judicieuse que puisse apparaitre cette grille de réflexion, elle laisse insoluble le
problème de la composition de chaque administration et son autonomie vis-à-
vis du pouvoir politique.
La troisième induit le maintien des commissions électorales comme pouvoir
organisateur des élections, quitte à aménager sa composition tripartite associant
aux acteurs politiques, ceux de la société civile et les magistrats, supposés être
par leur fonction, indépendants. La gestion électorale étant une question
essentiellement politique, l’angélisme des animateurs semble se trouver dans les
collines de la terre promise.
Dans cette recherche, à priori, des solutions toutes faites, seule la conviction
que, dans une élection, le pouvoir se gagne ou se perd selon les règles de jeu
établies pour que soit réduite la fracture souvent remarquée entre une élection
souhaitable de celle envisageable237.
Les contraintes auxquelles les pays africains sont confrontés dans
l’organisation des élections incitent à reconnaître, au regard de leur ampleur,
qu’il n’y a pas lieu de se plaindre sur l’utilité ou non des élections ; celles-ci sont
encore, en dépit des contingences des divers ordres, indispensables pour le
continent. Il n’y a pas, non plus lieu, de relancer le débat sur le rôle des
commissions électorales africaines, plusieurs études et évaluations réalisées
ayant abouti, quelles que soient les limites constatées si et là, à leur maintien238.
Cette conviction suffit pour éviter de se faire régulièrement des illusions sur
une question que l’on sait ne pas relever de l’angélisme. L’enjeu des élections
congolaises suggère que soit assurée une bonne et correcte éducation civique et
électorale capable de contribuer à la démocratie et au développement du pays.

237
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le Code électoral congolais : étude comparée des lois n° 06/006 du
9 mars 2006 et 11/003 du 25 juin 2011 », Cahiers africains des droits de l’homme et de la démocratie,
Vol. II, n° 035, avril-juin, Kinshasa, 2012, pp. 57-59.
238
Lire dans ce sens, l’opinion de VETTOVAGLIA J.-P. et alii, Démocratie et élections dans l’espace
francophone, Bruxelles, Bruylant, 2010, pp. 220-225.
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CONCLUSION

Le droit électoral congolais règle, par la voie des urnes et selon le dispositif
juridique en vigueur, la compétition politique. C’est une technique de répar-
tition, par excellence, du pouvoir politique. Confronté aux nouvelles
technologies de l’information et de la communication et notamment à l’infor-
matisation du processus électoral, ce dispositif est parfois appelé à subir des
réajustements qu’exige bien souvent l’organisation rationnelle d’une élection.
Qu’il s’agisse, en effet, de la constitution et la gestion électronique du fichier
électoral, du contrôle informatique des dossiers de candidatures ou de la
campagne électorale, du vote et du dépouillement électroniques ; le droit
électoral que l’on croyait relever de l’imagerie, se trouve au cœur du débat sur
la démocratie et la gouvernance politique.
Jusque-là imperméable au vote des policiers, militaires et congolais de
l’étranger, le droit électoral congolais devrait s’ouvrir au monde pour organiser,
à l’instar d’autres pays, l’exercice de ce droit au bénéfice de cette catégorie
d’électeurs.
L’engouement que suscitent les élections en République démocratique du
Congo et le dispositif juridique qui les gère font que le droit électoral soit de
plus en plus sollicité dans la fixation du corps électoral, la détermination des
suffrages exprimés, l’attribution des sièges, la gestion et la perception du
contentieux qui peut en résulter.
Le recours au contentieux électoral est visiblement la manifestation d’une
adhésion aux procédures juridiques de règlement des conflits électoraux1. Sa
gestion peut se révéler politiquement contre productive ; la lutte pour le
pouvoir oblige quelques fois d’emprunter les voies que le droit a
insuffisamment ou pas du tout explorées. Lorsque la règle de la majorité est
insusceptible d’application mathématique, le recours au partage consensuel du
pouvoir devient inévitable. Plutôt que de saisir la politique par le droit, le
contentieux électoral ouvre ainsi la voie à la saisine du droit par la politique.
Longtemps prises pour tabou, la nature et l’indépendance de l’organe chargé
de l’organisation et la gestion des élections refont surface, sans qu’aucune
indication ne soit parvenue à s’imposer comme solution définitive. Bien
souvent, on attribue le déclin du droit électoral au défaut de transparence dans
la détermination du mode de scrutin et du système électoral2 oubliant que la

1
MELEDJE D.-F., Le contentieux électoral en Afrique, op.cit., p. 153.
2
Cette position est notamment soutenue par Jacques DJOLI ES’ENGEKELI dans Droit constitutionnel.
L’expérience congolaise, op.cit., pp. 228-230. L’auteur qui fut vice-président de la Commission électorale
nationale indépendante (du 27 février 2011 au 27 juin 2013) regrette l’absence de neutralité de l’organe
de gestion des élections à laquelle il a appartenu pour induire que sa composition poursuivait un
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216 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

maitrise des règles de jeu ainsi que la connaissance des acteurs du jeu et du
terrain sur lequel il se joue sont déterminantes. Loin d’être un droit porté au
déclin, le droit électoral congolais s’inscrit, au contraire, dans la perspective
d’une évolution remarquable en tant que technique de distribution du pouvoir
politique. Il sollicite chaque jour que soit mise à sa disposition une ingénierie
politique et électorale au seul service de la démocratie.
Mode d’expression de la démocratie, l’élection est de nos jours confrontée
aux multiples problèmes de crédibilité liée notamment aux conditions
d’éligibilité : plutôt que d’être objectives, ces conditions paraissent subjectives,
circonstancielles et favorables à la classe politique au pouvoir.
L’observation électorale n’échappe pas non plus à la réglementation. Par
rapport à l’observation domestique, il s’observe, en dépit du caractère
exclusivement national du scrutin, une dépendance à l’égard de l’observation
internationale pour que se pose, au Congo, la question de droit d’ingérence
électorale.
Supposée ou avérée, la fraude électorale reste, quoi qu’on dise, récurrente, et
la mystique de la vérité des urnes entière. Elle entrave, à travers le monde,
l’organisation et la gestion des élections. La République Démocratique du
Congo a, depuis 1960, toujours été confrontée à ce phénomène dont les effets
diminuent sensiblement l’espérance d’une élection libre, crédible et
transparente.
Élément difficilement dissociable à l’organisation de l’élection, la fraude doit
être combattue par les moyens rationnels pour en réduire les effets nocifs. À
cette fin, le dispositif juridique doit être conçu et/ou réajusté pour atteindre cet
objectif. Le droit positif congolais s’y investit à la fois par le dispositif juridique
mis en place et la référence au droit comparé dont les recettes paraissent, de
toute évidence, insuffisantes.
Dans sa perception, le droit électoral est, ainsi qu’on l’aura constaté,
complexe ; la discipline n’est pas que normative, elle convoite le domaine jadis
occupé par les sciences exactes telles que l’arithmétique, la mathématique et la
géométrie.
L’arithmétique électorale se dessine à travers les opérations de consolidation
des chiffres dans la fixation du corps ou quotient électoral, le calcul des
résultats électoraux ou la détermination des suffrages exprimés. Réalisées en
application des dispositions légales, ces opérations dépassent le simple artifice
juridique au profit de la quantification du processus de votation.
L’enjeu de toute compétition électorale est d’établir une relation entre
l’action politique et les résultats attendus ou obtenus. Placée dans l’optique de
maximisation des chiffres électoraux ainsi que de la gestion des opportunités et
risques politiques, le droit électoral emprunte les techniques que lui propose la
mathématique ; se cristallise ainsi la mathématique électorale.

positionnement arithmétique en vue d’une majorité opportuniste. Ce repentir tardif ne saurait occulter la
responsabilité d’une structure dont la configuration (six sur les sept membres) rendait clairement compte
du déficit d’expertise et du professionnalisme pour conduire et gérer un processus électoral lui-même
porteur de conflits.
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Conclusion 217

L’une des fonctions essentielles de l’élection est d’assurer la légitimité du


pouvoir. L’entreprise doit, autant que faire se peut, permettre la visibilité de la
cartographie politique comportant, par ailleurs, une diversité de figures, en
l’espèce, le carré, le rectangle et le triangle politiques.
Le carré politique représente la situation d’un système dominé par quatre
formations au poids politique relativement équilibré, se neutralisant
mutuellement et excluant l’émergence de toute force centriste ou périphérique.
Un tel système est de nature à détruire l’édifice institutionnel ; aucun
compromis n’est, à priori, envisageable en cas de crise politique.
Le rectangle politique est constitué de deux grandes tendances politiques
qui, selon les règles du jeu politique, s’alternent au pouvoir avec, naturellement
l’appui de deux autres de taille moyenne. Cette configuration apparaît sous la
forme de la bipolarisation de la vie politique (France) ou du bipartisme qui
peut, en raison ou non de la discipline de vote, être rigide (Grande-Bretagne) ou
souple (États-Unis d’Amérique).
Le triangle politique symbolise le tripartisme né soit du dysfonctionnement
du multipartisme non encadré (Italie), soit de l’existence entre les deux
formations politiques qui prétendent contrôler l’échiquier national, une
troisième qui joue à l’arbitre soutenant, selon la conjoncture politique, l’action
de l’une ou l’autre force politique en lice.
Ces différentes figures conduisent à la constitution, à l’issue de l’élection,
des alliances politiques capables ou non de soutenir l’action gouvernementale ;
le droit électoral ne peut s’en passer. Aussi, plutôt que servir de cadre à un droit
qui naitrait de la rêverie, ce droit est-il appelé à quitter le stade du droit
construit vers celui du droit appliqué.
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POSTFACE

On a l’habitude de dire que les universitaires africains n’écrivent pas


beaucoup. Ceux parmi eux qui écrivent le feraient d’ailleurs pour des raisons de
carrière. Ils produiraient, pour l’essentiel, des écrits destinés à satisfaire leurs
pairs afin que ces derniers leur donnent l’onction pour la promotion dans la
nomenclature des grades universitaires. Résultat, la doctrine en Afrique est,
dans l’ensemble, considérée comme faible. Les écrits relatifs à la vie politique et
sociale qui intéresseraient outre l’Université le grand public restent rares.
Cette perception doit être relativisée grâce à des universitaires comme le
professeur Jean-Louis ESAMBO KANGASHE. Notre collègue publie méthodi-
quement des ouvrages portant sur le droit public congolais et africain. Il a
d’abord commencé par la publication de sa thèse : La Constitution congolaise du
18 février 2006 à l’épreuve du constitutionnalisme. Contraintes pratiques et
perspectives, Bibliothèque de droit africain 7, Academia-Bruylant, Louvain-la-
Neuve, 2010. La publication d’une thèse de qualité est toujours à saluer parce
que permettant la diffusion d’opinion doctrinale, la vulgarisation du savoir et la
perpétuation d’une pensée qui, non publiée, ne serait connue que des seuls
membres du jury et aurait certainement disparu dans les caves de la
bibliothèque de l’Université de soutenance.
Ensuite, notre collègue a publié « son manuel » intitulé, comme il est de
coutume en l’occurrence, Le droit constitutionnel, Académia-L’harmattan,
Louvain-la-Neuve, 2013. Voilà qu’il a su réaliser le rêve de tout professeur : tenir
son manuel pour la vie. En effet, un professeur, qui publie un manuel et le met
à jour régulièrement, peut se frotter les mains : il a, pour toute sa carrière et
jusqu’au jour où il choisira un collègue plus jeune pour l’accompagner ou
prendre sa relève, un instrument pédagogique de référence pour ses étudiants.
En outre, il contribue ainsi à la vulgarisation de la matière qui nous est chère
(le droit constitutionnel) à l’intention de tous ceux qui s’intéressent au droit qui
encadre juridiquement les phénomènes politiques selon une formule chère au
doyen Maurice Hauriou.
Après avoir exposé sa conception des fondamentaux du droit constitu-
tionnel dans deux livres de référence, Jean-Louis ESAMBO KANGASHE
s’attaque au droit qui réglemente et régule la compétition pour l’accès au
pouvoir en démocratie. C’est en effet l’objet de son troisième ouvrage intitulé Le
droit électoral congolais. Celui-ci est décrit de façon synoptique dans ce beau
tableau conceptuel peint par l’auteur dans l’introduction :

Produit de la fragmentation des textes juridiques hérités, soit de la colonisation,


soit du système d’organisation et d’exercice autoritaire du pouvoir, le droit
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220 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

électoral congolais renferme des spécificités qui sollicitent, chaque jour, sa


reconnaissance, d’abord, comme un art exigeant expertise et compétence, ensuite,
en tant que science comportant des règles et procédures propres et, enfin, comme
domaine qui emprunte du management, l’essentiel de ses techniques.

Tout l’ouvrage est un commentaire savant et didactique de ce tableau qui


devrait être dans toutes les galeries académiques. Le livre de notre collègue fait
partie de ces œuvres attendues par la Communauté scientifique et le public
averti parce que portant sur un sujet qui, du fait de ses enjeux éminemment
politiques disons tout simplement démocratiques, intéresse heureusement tout
le monde, mais est malheureusement insuffisamment traité : le droit électoral.
Sans doute, des travaux majeurs (ouvrages ou articles) consacrés de façon
générale aux élections en Afrique ou au contentieux électoral ou encore des
guides et autres témoignages produits par les « magiciens des élections » existent
çà et là. Cependant, le décalage est encore grand, voire abyssal entre l’intérêt
incommensurable du phénomène électoral en Afrique et le nombre limité de
travaux scientifiques y relatifs.
Élément factuel important pour devoir être relevé : le présent ouvrage du
Professeur ESAMBO KANGASHE est en Afrique l’un des premiers et des rares
du genre exclusivement consacrés à l’étude systématique et approfondi du droit
électoral qui, selon les mots éloquents de l’auteur,

reflète la vitalité politique et démocratique d’un pays résolument tourné en


direction de la conquête ou reconquête démocratique du pouvoir dans lequel la
redevabilité des gouvernants est, de plus en plus, exigeante.

Dans une perspective qui combine harmonieusement analyse juridique et


analyse de science politique, style d’un traité et celui d’un essai, registre
académique et préoccupation de vulgarisation, l’auteur a mis sur la place
publique africaine un ouvrage de référence sur le droit électoral. Pour avoir,
antérieurement à cet ouvrage, beaucoup écrit sur les questions électorales (voir
bibliographie), été membre du Bureau National des Opérations de la
Commission électorale indépendante de la République Démocratique du Congo
et du Réseau des Compétences Électorales Francophones et observé des
élections dans plusieurs pays (Brésil, Cameroun, Mali et Zimbabwe), Jean-
Louis ESAMBO KANGASHE s’exprime en théoricien doublé de praticien. Ce
qui donne à l’ouvrage une double dimension scientifique et utilitaire. Le
chercheur et le praticien des élections sont bien servis.
Au premier rang des qualités de l’ouvrage, il y a sa perspective
transdisciplinaire qui refuse de confiner le droit électoral dans le registre du
« droit pur » pour parler comme Kelsen et fait, en revanche, l’option de recours
à des clefs d’explication empruntées à d’autres disciplines pour rendre compte
de la totalité de la réalité de ce droit. La rigueur scientifique de l’analyse et de
l’argumentaire se conjugue avec la clarté du propos ; ce qui en rend agréable la
lecture, même pour les non spécialistes.
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Conclusion 221

Dès l’introduction, l’auteur campe le décor : « Plus qu’une technique


d’organisation et de gestion du scrutin (écrit-il), le droit électoral est une réalité bien
complexe, mais qui au fil du temps s’affirme comme une discipline autonome. Sa
définition permet d’en dégager les caractéristiques, les sources et le contenu ». Il nous
rappelle à juste titre que « la diversité de domaines d’intervention du droit
électoral dévoile, parallèlement, ses caractéristiques politique, technique, complexe et
contentieuse ».
La perspective bien tracée, l’auteur s’attaque pas à pas, pan après pan aux
composantes du droit électoral, qu’il définit avec justesse comme « la discipline
qui regroupe les règles, procédures et pratiques de préparation, d’organisation et de
surveillance du scrutin (…) » et « qui s’occupe également de la gestion des conflits
qui peuvent en résulter ».
Animé par déformation professorale du souci constant de faire comprendre
le droit électoral de son pays par tout le monde, l’auteur s’emploie, avec
l’exégèse des textes régissant la matière complétés par la jurisprudence et
l’éclairage du droit comparé, à donner des réponses précises aux questions que
pose tout système politique : qui doit voter ? Pour qui voter ? Pourquoi voter ?
Comment voter et qui contrôle le vote ? Les réponses sont non seulement
fournies avec une pédagogie remarquable ; mais, elles sont aussi et surtout
théorisées avec une puissance argumentative révélatrice d’enseignements riches
sur des thèmes comme la campagne électorale, les systèmes électoraux, le
découpage des circonscriptions électorales, la fraude électorale, le contentieux
électoral.
Par la richesse de son contenu et la valeur ajoutée certaine à la science
juridique africaine, cet ouvrage, formellement centré sur le Congo, mais dont le
contenu a une portée éclairante pour l’ensemble des systèmes politiques
africains, doit être dans chaque bibliothèque ou centre de recherche
universitaire, chaque permanence de parti politique, chaque siège d’Organe de
gestion des élections (OGE), chaque tribunal électoral, chaque salle de
documentation d’un Parlement et à la disposition de tous ceux qui s’intéressent
aux élections.
Ismaila Madior Fall
Professeur de droit public et de science politique
Université Cheikh Anta Diop
Ministre Conseiller juridique du président de la République du Sénégal
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ANNEXES

COMMISSION ÉLECTORALE
NATIONALE INDÉPENDANTE

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE
& DÉPUTATION NATIONALE DU ……/……/2011

FICHE DE DÉLIBÉRATION

Province

Centre Local de Compilation des Résultats

CIRCONSCRIPTION

N° Séquentiel

Code du BVD

Élection Présidentielle ÉQUIPE N°

Députation Nationale

Erreurs matérielles relevées


..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
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224 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Rectification et Redressement effectués


..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................

Noms et Signatures des Membres de l’équipe de


Date :
délibération :

1.
2.
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Annexes 225

COMMISSION ÉLECTORALE
NATIONALE INDÉPENDANTE

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE
& DÉPUTATION NATIONALE 2011

PROCÈS-VERBAL DES OPÉRATIONS DE COMPILATION DU CLCR

Province :

Centre Local de Compilation des Résultats :

L’an deux mille onze, le….……………jour du mois de ….………….... en application de


l’article 69 de la Loi n° 11/003 du 25 juin 2011 modifiant la Loi n° 06/006 du
9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales, il a été procédé à la compilation des
résultats des bureaux de dépouillement du ressort du CLCR, pour les circonscriptions :

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
Circonscriptions :

ÉLECTION DÉPUTATION NATIONALE



Les principales statistiques concernant les circonscriptions traitées sont :

Total Total
Total Taux de Total Total BVD
Circons- Total bulle- bulle-
N° suffrages partici- BVD non supplé-
cription votants tins tins
valables pation ouverts mentaires
blancs nuls
1
2
3
4
5

6
7
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226 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Cette opération a été dirigée par le Bureau du CLCR composé comme suit :

M. , Président M. , Rapporteur
M. , Secrétaire M. , Rapporteur Adjoint
M. , Secrétaire Adjoint

À l’issue de ces travaux, les résultats consignés dans les fiches de compilation en annexe ont
été constatés.

En présence de : Témoins Observateurs

Les réclamations et contestations concernant chaque circonscription sont consignées dans


les procès-verbaux spécifiques en annexe.

Les principales réclamations et contestations concernant le fonctionnement du CLCR sont :


………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………….

En foi de quoi, nous avons clos et signé, en présence des témoins des candidats indépendants
et des partis politiques, des observateurs nationaux et internationaux, le présent procès-
verbal, en……. exemplaires.

Fait à ………………., le ……./……………. /2011 à ……..heures ……….

Signatures des membres du Bureau du Centre Local de Compilation des Résultats :

Noms et Prénoms Signatures

□ Le Président :
□ Secrétaire :
□ Secrétaire Adjoint :
□ Rapporteur :
□ Rapporteur Adjoint :

Les témoins des candidats indépendants et des partis politiques :

Noms et Prénoms Signatures


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Annexes 227

COMMISSION ÉLECTORALE
NATIONALE INDÉPENDANTE

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE
& DÉPUTATION NATIONALE DU ……/…../2011

BORDEREAU DE TRANSMISSION ET DE RÉCEPTION DES PLIS

Province :

Commune/Territoire

Centre de Vote et de Dépouillement n° :

Centre Local de Compilation des Résultats :

Code Qualité de Plis scellés


N° des CLCR SEP CÉNI CSJ Observations
BVD PR DN PR DN PR DN PR DN
1
2
3
4
5
6

Fait à …………………………., le ………../………../2011

Signatures
Le (la) Chargé(e)
Le (la) Chef de Centre
de Réception au Poste
de Vote et de Dépouillement
Centralisation

Référence
de la pièce d’identité :
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228 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

COMMISSION ÉLECTORALE
NATIONALE INDÉPENDANTE

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE
& DÉPUTATION NATIONALE DU …./……/2011

Province :

Commune/Territoire

Centre de Vote et de Dépouillement n° :

Site de Vote :

Centre Local de Compilation des Résultats :

Libellé du SV Code du BVD Motifs

Fait à ……………………………., le ………/……../2011

Nom et Signature du CCVD

Référence de la pièce d’identité :


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Annexes 229

COMMISSION ÉLECTORALE
NATIONALE INDÉPENDANTE

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE
& DÉPUTATION NATIONALE DU …./……/2011

FICHE DE TRANSMISSION INTERNE du CLCR

Poste Centralisation Province :

CLCR :

Code BVD : Observations :

□ Élection Présidentielle Date :


□ Députation Nationale

Poste Collationnement Observations :

Date :
□ Numéro séquentiel assigné :

Poste Dépouillement

Observations :

Date :

Poste Compilation

Observations :

Date :

Poste Apurement

Observations :

Date :
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230 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Poste Compilation bis

Observations :

Date :

Poste Apurement bis

Observations :

Date :

Poste Compilation tris

Observations :

Date :

Poste Dépouillement bis

Constat final du Secrétariat du Poste Dépouillement :

Poste Archivage

Observations :

Date :
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Annexes 231

PROCÈS-VERBAL DES OPÉRATIONS DE COMPILATION DU CLCR

Province :

Centre Local de Compilation des Résultats :

L’an deux mille onze, le….……………jour du mois de ….………….... en application de


l’article 69 de la Loi n° 11/003 du 25 juin 2011 modifiant la Loi n° 06/006 du
9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales, il a été procédé à la compilation des
résultats des bureaux de dépouillement du ressort du CLCR, pour les circonscriptions :

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
Circonscriptions :

ÉLECTION DÉPUTATION NATIONALE



Les principales statistiques concernant les circonscriptions traitées sont :

Total Total
Total Taux de Total Total BVD
Circons- Total bulle- bulle-
N° suffrages partici- BVD non supplé-
cription votants tins tins
valables pation ouverts mentaires
blancs nuls
1
2
3
4

5
6
7

Cette opération a été dirigée par le Bureau du CLCR composé comme suit :

M. , Président M. , Rapporteur
M. , Secrétaire M. , Rapporteur Adjoint
M. , Secrétaire Adjoint

À l’issue de ces travaux, les résultats consignés dans les fiches de compilation en annexe ont
été constatés.

En présence de : Témoins Observateurs

Les réclamations et contestations concernant chaque circonscription sont consignées dans


les procès-verbaux spécifiques en annexe.
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232 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Les principales réclamations et contestations concernant le fonctionnement du CLCR sont :


………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………….

En foi de quoi, nous avons clos et signé, en présence des témoins des candidats indépendants
et des partis politiques, des observateurs nationaux et internationaux, le présent procès-
verbal, en……. exemplaires.

Fait à ………………., le ……./……………. /2011 à ……..heures ……….

Signatures des membres du Bureau du Centre Local de Compilation des Résultats :

Noms et Prénoms Signatures

□ Le Président :
□ Secrétaire :
□ Secrétaire Adjoint :
□ Rapporteur :
□ Rapporteur Adjoint :

Les témoins des candidats indépendants et des partis politiques :

Noms et Prénoms Signatures


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INDEX

A
Abstention électorale ........................................................................................................139-146
Accompagnement électoral...............................................................................................116-119
Affichage des résultats ......................................................................................................138-139
Annulation de l’élection ..................................................... 85, 88, 169, 192-194, 202-203, 208
Apparentements ................................................................................................ 97, 111, 138, 157
Appel en matière de contentieux des résultats ...............................................................196-197
Apurement des résultats .......................................................................................... 126-127, 138
Arithmétique électorale ..................................................................................................... 21, 216
Assemblée nationale.................................................... 14, 92, 93, 109, 141, 143, 144, 179, 206
Assemblée plénière................................................................................................................... 125
Assemblée provinciale...................................................................................... 13, 59, 60-61, 144
Attribution de sièges ........................................................................................ 105-109, 113, 138

B
Bipartisme .........................................................................................................................102, 217
Bipolarisation politique....................................................................................................102, 217
Blanchiment de capitaux................................................................................................87, 93, 95
Bourrage d’urne ........................................................................................150, 152-153, 192, 195
Bulletin de vote ........................................................................................122, 134, 137, 151, 178
Bureau de vote et de dépouillement..........................................73, 120-121, 127, 134-135, 153

C
Campagne électorale.............................................................................................................. 69-96
Campagne politique ............................................................................................................... 72-73
Candidat ................................................................................................................................. 43-68
Caractères de droit électoral ................................................................................................. 19-23
Caractères de l’inéligibilité.................................................................................................... 62-64
Caractéristiques du contentieux électoral .......................................................................172-173
Carré politique .......................................................................................................................... 217
Cartographie électorale .....................................................................................................113-114
Centre de vote ........................................................................................................................... 127
Centre local de compilation des résultats ....................................................... 126-127, 139, 153
Certification du vote.........................................................................................................127, 210
Chef de chefferie ......................................................................................................................... 62
Chef de secteur............................................................................................................................ 62
Chiffre électoral ........................................................................................................................ 104
Chiffre répartiteur ............................................................................................................104, 108
Code électoral......................................45, 88, 121, 134, 139, 148-149, 194, 206-207, 211, 213
Comparution des parties ...................................................................................................184-185
Compétence de la juridiction................................................................................................... 184
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234 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Compilation des résultats..................................................................................................126-127


Conditions d’éligibilité ..................................................................................................44-62, 212
Conseil constitutionnel ............................................................................173, 199, 200, 204-207
Conseil d’État ..............................................................................................................94, 169, 197
Conseil communal ...................................................................................................................... 59
Conseil municipal ....................................................................................................................... 93
Conseil urbain....................................................................................................................... 61, 93
Conseiller communal..................................................................................................59, 113, 149
Conseiller urbain ................................................................................................................ 61, 113
Contentieux électoral ................................................................................................. 25, 157-214
Contentieux des listes électorales.....................................................................................158-163
Contentieux des candidatures ..........................................................................................163-168
Contentieux des résultats.................................................................................137, 149, 171-197
Contentieux de campagne électorale ...............................................................................168-171
Contentieux en droit comparé..........................................................................................197-210
Contentieux répressifs ............................................................................................. 157, 170-171
Contentieux objectif ..........................................................................................................172-173
Contentieux contradictoire..............................................................................................173, 174
Contentieux politique........................................................................................157-158, 174-175
Contentieux fondé sur pièces ...........................................................................................175-176
Contenu et mention de la requête....................................................................................182-183
Constitution des plis................................................................................................................. 139
Convocation de l’électorat .................................................................................................... 75-77
Cour constitutionnelle ..................................64, 74, 76, 92, 165, 168, 170, 184, 196, 202, 204

D
Découpage électoral.................................................................................................. 102, 113-114
Délai d’appel.............................................................................................................................. 196
Délai de campagne...................................................................................................................... 81
Délai de saisine de la juridiction ......................................................................................183-184
Député national ........................................................................... 57-59, 113, 141, 143, 146, 173
Député provincial ............................................................................................................... 59, 113
Dépouillement....................................................................................................................134-139
Domicile .............................................................................................................................. 34, 159
Droit constitutionnel.................................................................................................................. 21
Droit civil ........................................................................................................................22, 31, 40
Droit complexe....................................................................................................................... 21-22
Droit contentieux .................................................................................................................. 22-23
Droit des élections ...................................................................................................................... 19
Droit électoral ........................................................................................................................ 19-25
Droit pénal électoral.............................................................................................................. 22-23
Droit politique...................................................................................................... 19-20, 31-32, 40
Droit technique...................................................................................................................... 20-21

E
Effets de l’inéligibilité............................................................................................................ 64-65
Égalité des candidats .................................................................................................................. 78
Électeur................................................................................................................................... 27-42
Élection.................................................................................................................................97-156
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Index 235

Électorat ...................................................................................................................................... 75
Éligibilité ................................................................................................................................ 43-62
Erreur matérielle .............................................................................. 165-166, 188-191, 197, 206
Évaluation de la campagne ........................................................................................................ 90

F
Fiche de délibération ................................................................................................................ 219
Fiche de pointage ...................................................................................................................... 134
Fiches des résultats.......................................................................................... 134, 139, 175, 178
Fichier électoral ..................................................................................................................... 38-42
Financement de la campagne .........................................................................................87, 91-95
Fondement de la requête...................................................................................................187-197
Fonction politique ...................................................................................................................... 19
Fraude électorale ......................................................................................147-156, 177, 211, 216

G
Géométrie électorale................................................................................................................... 21
Gerry mander............................................................................................................................ 114
Gouverneur de province ............................................................................................................ 61
Gouvernance politique............................................................................................. 150, 155-156

H
Haute juridiction ...................................................................................................................... 203

I
Identité de l’électeur................................................................................................................... 30
Incompatibilité....................................................................................................................... 65-68
Indépendance du juge .......................................................................................................174-175
Inéligibilité ............................................................................................................................. 43-44
Inscription à la demande des électeurs..................................................................................... 39
Inscription des citoyens vivant à l’étranger ............................................................................. 32
Inscription ordonnée par l’administration électorale ........................................................ 40-42
Inscription sur les listes électorales .............................................................................38-39, 162

J
Jouissance des droits civils et politiques................................................................................... 46
Juge électoral.......... 149, 159, 163, 167-168, 174, 176, 179, 185-187, 198, 200-201, 204-205,
207, 210
Juridiction électorale ................................................................................................................ 206
Jurisprudence électorale..........................................................................196, 198, 201, 202, 205
Justice électorale ...............................................................................................................174, 198
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236 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

L
Légalité et loyauté des procédés de campagne .................................................................... 79-80
Législation électorale........................................................................ 32, 120, 124, 167, 195, 202
Listes bloquées .................................................................................................................58-59, 99
Listes de candidats............................................................................................................100, 140
Listes ouvertes ...................................................................................................................... 58, 99
Loi électorale ..............81, 84, 122, 134, 137, 139, 148, 151-153, 171, 176, 184, 190-192, 195, 201

M
Majorité électorale.................................................................................................... 30-31, 40, 45
Maire............................................................................................................................................ 62
Mandat électif ........................................................................................................................... 154
Marketing politique.............................................................................................................. 70, 89
Mathématique électorale.................................................................................................... 21, 216
Modalités de vote...............................................................................................................128-131
Motivation de la décision..................................................................................................195-196
Moyens de campagne ............................................................................................................ 82-87

N
Neutralité de l’administration publique .............................................................................. 78-79
Nombre de voix......................................................................................................................... 105
Nombre de sièges ...............................................................................................................105-108
Notification de la décision ....................................................................................................... 196

O
Observation électorale nationale............................................................................................. 132
Observation électorale internationale .............................................................................133-134
Opération de vote ....................................................................................114, 148, 151, 153, 202
Ouverture des plis ............................................................................................................126, 189
Ouverture de l’urne.................................................................................................................. 137

P
Panachage.................................................................................................................................. 100
Préalables à l’organisation de la campagne ......................................................................... 73-77
Préparation de la campagne.................................................................................................. 88-89
Préparation du vote ...........................................................................................................115-124
Preuve de nationalité............................................................................................................. 28-30
Plus fort reste ........................................................................................................... 103, 105, 138
Plus forte moyenne........................................................................................... 103-104, 106, 138
Président de la République ...............................................................................55-57, 75-77, 113
Proclamation des résultats...................................................................................... 151, 183, 194
Procédure contentieuse.....................................................................163-167, 168-171, 180-185
Procédure de vote ..............................................................................................................121-122
Procès-verbal de compilation...........................................................................................175, 192
Procès-verbal de dépouillement.............................................................................. 134, 139, 175
Procès-verbal des opérations de compilation ......................................................................... 175
Propagande électorale ............................................................................................... 69-70, 89-90
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Index 237

Q
Qualité de l’électeur................................................................................................ 28-33, 53, 162
Qualité du contribuable ............................................................................................................. 35
Qualité du requérant ........................................................................................ 165, 180-182, 201
Quotient électoral .............................................................................................................104, 216

R
Radiation ............................................................................................................ 41, 149, 162, 170
Recevabilité de la requête .................................................................................................186-187
Recomptage de voix...........................................................................................................188-189
Règlement du contentieux.............................................................................. 171, 176, 196, 210
Régime d’Hondt .................................................................................................................. 97, 107
Rôle des médias................................................................................................82-83, 85, 168-169
Résidence............................................................................................................................. 34, 159
Révision des listes électorales.................................................................................................... 40
Représentation proportionnelle .......................................................................................103-111

S
Scrutin .............................................................................................................73, 88, 97, 120-121
Scrutin à deux tours ..........................................................................................................100-101
Scrutin à un tour ...............................................................................................................100-101
Scrutin des listes ................................................................................................... 58, 99-100, 103
Scrutin uninominal .................................................................................................................... 99
Secrétariat exécutif national.............................................................................................125-126
Secrétariat exécutif provincial................................................................................................. 125
Sénat ..........................................................................................................................60, 92, 93, 94
Sièges à pouvoir .................................................................................................. 99, 105, 165-166
Sources de droit électoral...................................................................................................... 23-25
Stratégies de campagne ......................................................................................................... 71-72
Surveillance du vote ..........................................................................................................131-134
Systèmes électoraux ......................................................................................97, 98-112, 140-141
Système mixte ....................................................................................................................111-112

T
Taux de participation.............................................................................................. 139, 141, 143
Techniques de campagne ...................................................................................................... 70-71
Tierce opposition ...............................................................................................................196-197
Triangle politique ..................................................................................................................... 217

U
Urne ..................................................................................................... 97, 120-122, 134, 136-137
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238 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

V
Vérité des urnes ................................................................................................ 158, 211-214, 216
Vote.............................................................................................................................. 97, 114-146
Vote à l’étranger.............................................................................................................32-33, 131
Vote des femmes .................................................................................................................... 35-36
Vote des militaires et policiers......................................................................................37-38, 131
Vote des noirs......................................................................................................................... 36-37
Vote électronique...................................................................................................................... 130
Vote par bulletin papier ........................................................................................................... 128
Vote par correspondance ......................................................................................... 129-130, 150
Vote par dérogation ................................................................................................. 121, 130, 150
Vote par procuration ........................................................................................................129, 150
Vote préférentiel ....................................................................................................................... 100
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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE

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2. Les articles de Revue et chapitres d’ouvrages


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ESAMBO KANGASHE J.-L., « Élections en Afrique, un modèle d’importation
étrangère ou une voie originale de démocratie ? »,Cahiers africains des droits
de l’homme et de la démocratie, Vol. I, n° 036, juillet-septembre, Kinshasa,
2012.
ESAMBO KANGASHE J.-L., « Le Code électoral congolais : étude comparée des
lois n° 06/006 du 9 mars 2006 et 11/003 du 25 juin 2011 », Cahiers africains
des droits de l’homme et de la démocratie, Vol. II, n° 035, avril-juin, Kinshasa,
2012.
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Bibliographie sélectionnée 241

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Élections démocratiques en République démocratique du Congo : Dynamiques et
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2006 et 2007 », communication faite au cours de la Conférence annuelle du
Réseau Africain de Droit constitutionnel sur le thème constitutionnalisme et
résolution des conflits en Afrique, Dakar, Sénégal, du 27 au 30 août 2008,
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ESAMBO KANGASHE J.-L., « Les enjeux électoraux et la stabilité politique en
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démocratique ? », Les Cahiers du conseil constitutionnel, n° 23, février, Paris,
Dalloz, 2008.
OWEN B., « Les fraudes électorales », Voter, Pouvoirs, n° 120, Paris, PUF, 2007.
QUINTIN P., « Pour une analyse comparative des élections africaines »,
Politique africaine, n° 69, Paris, 1998.

B. Les Recueils de jurisprudence


BULLETIN DES ARRÊTS de la Cour suprême de justice, Contentieux
électoraux 2006-2007, Kinshasa, Éditions du Service de documentation et
d’études du ministère de la Justice, 2007.
Guide pratique du contentieux électoral en République démocratique du
Congo, Kinshasa, 2e éd. IDH, 2013.
RECUEILS DES DÉCISIONS ET AVIS de la Cour constitutionnelle de la
République centrafricaine de 2006 à 2010, Bangui, 2012.
RECUEILS DES AVIS ET DÉCISIONS COMMENTÉS de la Cour
constitutionnelle Burkinabé de 1960 à nos jours, Ouagadougou, 2009.

C. Les textes juridiques

1. Les conventions internationales


Le traité du 30 janvier 2007 portant Charte africaine de la démocratie, des
élections et la gouvernance.
La Déclaration de Bamako du 3 novembre 2002.
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242 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

Le traité de Rome du 1er juillet 2002 sur la Cour pénale internationale.


L’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000.

2. Les textes constitutionnels

2.1. En droit comparé


La Constitution américaine du 17 septembre 1787.
La Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
La Constitution burkinabé du 2 juin 1999 telle que modifiée par la Loi du
2 juin 2012.
La Constitution camerounaise du 18 janvier 1996 telle que modifiée par la
Loi du 14 août 2008.
La Constitution française du 5 octobre 1958 telle que modifiée par la Loi
n° 2008-724 du 23 juillet 2008.
La Constitution gabonaise du 19 août 2003.
La Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000 telle que modifiée par la Loi du
27 septembre 2012.
La Constitution malgache du 11 décembre 2010.
La Constitution malienne du 25 février 1992.
La Constitution nigérienne du 18 juillet 1999 telle que modifiée par la Loi
du 25 novembre 2011.
La Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001.

2.2. En droit congolais


La Constitution du 24 juin 1967.
La Loi n° 70-001 du 23 décembre 1970 portant modification de la
Constitution du 24 juin 1967.
La Loi n° 74-020 du 15 août 1974 portant révision de la Constitution du
24 juin 1967.
La Constitution congolaise du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi
du 20 janvier 2011.

3. Les textes législatifs

3.1. En droit comparé


La Loi organique n° 2006-41 du 11 décembre 2006 modifiant et complétant
la Loi organique n° 92-23 du 30 mai 1992 portant Codé électoral du Sénégal.
La Loi organique n° 02-011 du 5 mars 2002 modifiant et complétant la Loi
n° 97-010 du 11 février 1997 déterminant les règles d’organisation et de
fonctionnement de la Cour constitutionnelle du Bénin ainsi que la
procédure devant elle.
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Bibliographie sélectionnée 243

La Loi n° 2013-017 du 21 mai 2013 modifiant et complétant la Loi n° 06-


044 du 4 décembre 2006 portant Loi électorale du Mali.
La Loi n° 2012-014 du 30 juillet 2012 portant création au sein de la Haute
Cour constitutionnelle Malgache de la chambre spéciale chargée du
contentieux électoral dénommée la Cour électorale spéciale.
La Loi n° 2011-412 du 14 avril 2011 portant Code électoral français.
La Loi n° 01/22 du 18 septembre 2009 portant révision de la Loi n° 01/015
du 20 avril 2005 portant Code électoral du Burundi.
La Loi n° 011-2000/AN du 7 avril 2007 portant composition, organisation,
attributions et fonctionnement du Conseil constitutionnel du Burkina Faso
et de la procédure devant lui.
La Loi n° 2005-07 du 11 mai 2005 portant création de la Commission
électorale nationale autonome au Sénégal.
La Loi n° 2005-12 du 11 février 2005 portant égalité des droits et des
chances, participation et citoyenneté des personnes handicapées en France.
La Loi n° 2001-514 du 1eraoût 2000 portant Code électoral de Côte d’Ivoire.
La Loi n° 97-15 du 8 septembre 1997 portant création de l’Observatoire
national des élections au Sénégal.

3.2. En droit congolais


La Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour Constitutionnelle.
La Loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la Loi
n° 10/013 du 8 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la
Commission électorale nationale indépendante.
La Loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant composition,
attributions et fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de
la Communication.
La Loi organique n° 8/016 du 7 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales et leurs rapports
avec l’État et les provinces.
La Loi n° 11/003 du 25 juin 2011 modifiant et complétant la Loi n° 06/006
du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales.
La Loi n° 08/005 du 10 juin 2008 portant financement public des partis
politiques.
La Loi n° 06/020 du 10 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du
30 juin 1930 portant Code pénal Livre 11.
La Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement
des électeurs en République Démocratique du Congo.
La Loi n° 04/016 du 18 juillet 2004 portant lutte contre le blanchiment des
capitaux et financement du terrorisme.
La Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement
des partis politiques en République démocratique du Congo.
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244 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

La Loin° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.


La Loi du 23 mars 1960 relative aux élections législatives et provinciales au
Congo.
L’Ordonnance-Loi n° 70-027 du 17 avril 1970 portant organisation de
l’élection présidentielle en République du Zaïre.
L’Ordonnance-Loi n° 70-026 du 17 avril 1970 portant organisation des
élections législatives.
L’Ordonnance-Loi n° 70- 026 du 17 avril 1970 portant organisation des
élections législatives en République du Zaïre.
L’Ordonnance-Loi n° 67-223 du 3 mai 1967 portant organisation du
référendum en République démocratique du Congo.
L’Ordonnance Législative n° 25/554 du 6 novembre 1959 relative au droit
de vote et d’éligibilité aux élections, communales, municipales et législatives.
Décret du 26 mars 1957 relatif aux élections des conseillers des communes
de Léopoldville, d’Elisabethville et de Jadotville.

4. Les textes règlementaires


L’Ordonnance n° 12/295 du 29 septembre 1957 portant mesures
particulières d’exécution du Décret du 26 mars 1957.
La Décision n° 012/CEI/BUR/06 du 30 avril 2006 portant publication de la
liste définitive à l’élection des députés nationaux du 30 juillet 2006.
Décision n° 52bis/CENI/BUR/11 du 18 août 2011 portant Mesures
d’application de la Loi électorale.
La Décision n° 064/CENI/BUR/11 du 14 octobre 2011 portant publication
de la liste définitive des candidats à l’élection des députés nationaux du
28 novembre 2011.
Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Le Règlement intérieur du Sénat.
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TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS ....................................................................................... 9

PRÉFACE ................................................................................................ 13

LISTES DES SIGLES ET PRINCIPALES ABRÉVIATIONS .................... 15

SOMMAIRE ............................................................................................... 7

INTRODUCTION ..................................................................................... 19

1. La définition du droit électoral ..................................................................19


2. Les caractéristiques du droit électoral .......................................................19
2.1. Le droit politique ................................................................................19
2.2. Le droit technique...............................................................................20
2.3. Le droit complexe ...............................................................................21
2.4. Le droit contentieux ...........................................................................22
3. Les sources du droit électoral.....................................................................23
3.1. Les sources internationales ................................................................23
3.2. Les sources nationales ........................................................................24
4. Le contenu du droit électoral .....................................................................25

CHAPITRE I
L’ÉLECTEUR ........................................................................................... 27

SECTION 1. LES CONDITIONS D’INSCRIPTION


SUR LES LISTES ÉLECTORALES........................................................... 27
§1. La qualité de l’électeur..................................................................................28
A. La nationalité.............................................................................................28
B. L’identité de l’électeur ...............................................................................30
C. L’âge de l’électeur.......................................................................................30
D. La jouissance des droits civils et politiques ..............................................31
1. Les droits civils ......................................................................................31
2. Les droits politiques...............................................................................31
E. Le cas particulier des citoyens vivant à l’étranger ....................................32
§2. Le rattachement à une circonscription électorale........................................33
A. Le domicile.................................................................................................34
B. La résidence ...............................................................................................34
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246 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

C. La qualité de contribuable .........................................................................35


§3. Les conditions liées à la personne ................................................................35
A. Le vote des femmes....................................................................................35
B. Le vote des noirs ........................................................................................36
C. Le vote des militaires et policiers ..............................................................37

SECTION 2. L’ÉTABLISSEMENT ET L’ENTRETIEN


DU FICHIER ÉLECTORAL...................................................................... 38
§1. La constitution du fichier électoral ..............................................................38
A. L’inscription sur les listes électorales .......................................................38
1. L’inscription à la demande des électeurs ..............................................39
2. L’inscription ordonnée par l’administration électorale........................40
2.1. L’atteinte de la majorité électorale ................................................40
2.2. Le recouvrement des droits civils et politiques .............................40
2.3. La révision des listes électorales ....................................................40
3. La radiation............................................................................................41
4. L’établissement et la consolidation du fichier électoral........................41
§2. L’entretien du fichier électoral .....................................................................42

CHAPITRE II
LE CANDIDAT ........................................................................................ 43

SECTION 1. L’ÉLIGIBILITÉ ET L’INÉLIGIBILITÉ................................. 43


§1. Les notions d’éligibilité et d’inéligibilité ......................................................43
§2. Les conditions d’éligibilité ............................................................................44
A. Les conditions générales ...........................................................................44
1. La nationalité .........................................................................................44
2. La majorité électorale ............................................................................45
3. La jouissance des droits civils et politiques...........................................46
4. L’exemption de toute cause d’éligibilité légale......................................46
4.1. Les personnes privées des droits civils et politiques .....................47
4.2. Les personnes condamnées par un jugement irrévocable
pour crimes de guerre, crimes de génocide et crimes contre l’humanité...47
4.3. Les personnes condamnées par un jugement irrévocable du chef
de viol, d’exploitation illégale des ressources naturelles, de corruption,
de détournement de deniers publics, d’assassinat, de torture,
de banqueroute et de faillite..................................................................48
4.4. Les personnes frappées d’une incapacité mentale
médicalement prouvée ..........................................................................50
4.5. Les fonctionnaires et agents de l’administration publique ...........51
4.6. Les mandataires actifs dans les établissements publics
ou entreprises publiques .......................................................................51
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Table des matières 247

4.7. Les magistrats.................................................................................52


4.8. Les membres des Forces armées et de la Police nationale
congolaise ..............................................................................................52
4.9. Les membres du Conseil économique et social, du Conseil
supérieur de l’audio visuel et de la communication, de la Cour
des comptes et de la Commission électorale nationale indépendante .52
5. La qualité d’électeur...............................................................................53
6. Le niveau d’instruction ou l’expérience professionnelle ......................53
B. Les conditions spécifiques .........................................................................55
1. L’élection au suffrage universel direct ..................................................55
1.1. Le président de la République........................................................55
1.2. Les députés nationaux ...................................................................57
1.3. Les députés provinciaux ................................................................59
1.4. Les conseillers communaux ...........................................................59
1.5. Les conseillers de secteur ou de chefferie......................................59
2. L’élection au suffrage universel indirect...............................................60
2.1. Les sénateurs ..................................................................................60
2.2. Le gouverneur et le vice-gouverneur de province .........................61
2.3. Les conseillers urbains ...................................................................61
2.4. Le maire et le maire adjoint ...........................................................62
2.5. Le bourgmestre et le bourgmestre adjoint .....................................62
2.6. Le chef de secteur et chef de secteur adjoint .................................62
§3. Les caractères de l’inéligibilité......................................................................62
A. L’inéligibilité est organisée par un texte juridique ..................................63
B. L’inéligibilité est d’ordre public................................................................63
C. L’inéligibilité est toujours attachée à une catégorie d’élection ................63
D. L’inéligibilité est personnelle....................................................................64
§4. Les effets de l’inéligibilité .............................................................................64
A. L’inéligibilité empêche le dépôt d’une candidature .................................64
B. L’inéligibilité doit être constatée par le juge ............................................65

SECTION 2. LES INCOMPATIBILITÉS................................................... 65


§1. Les incompatibilités légales ..........................................................................66
§2. Les incompatibilités découlant de la pratique électorale .............................67

CHAPITRE III
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE .............................................................. 69

SECTION 1. NOTIONS DE CAMPAGNE ÉLECTORALE........................ 69


§1. Définition de la campagne électorale ...........................................................69
§2. Les techniques de campagne.........................................................................70
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248 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§3. Les stratégies de campagne ...........................................................................71


§4. La propagande politique ...............................................................................72

SECTION 2. LES PRÉALABLES À L’ORGANISATION


DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ........................................................ 73
§1. L’élaboration du calendrier électoral ...........................................................73
A. La préparation du calendrier électoral......................................................73
B. La fixation du chronogramme des opérations électorales ........................74
§2. La convocation du corps électoral ................................................................75
A. L’élection du président de la République..................................................75
B. L’élection des membres des assemblées parlementaires ...........................77

SECTION 3. LES PRINCIPES QUI FONDENT


LA CAMPAGNE ÉLECTORALE .............................................................. 77
§1. L’égalité des candidats ..................................................................................78
§2. La neutralité de l’administration publique ..................................................78
§3. La légalité et la loyauté des procédés de campagne......................................79

SECTION 4. LA RÉGLEMENTATION DE LA CAMPAGNE


ÉLECTORALE ......................................................................................... 81
§1. L’intervention du législateur ........................................................................81
A. Les moyens de la campagne ......................................................................82
1. Les moyens légaux .................................................................................82
1.1. Les professions de foi .....................................................................82
1.2. L’utilisation des médias..................................................................82
2. Les autres moyens d’usage ....................................................................83
2.1. Les réunions et rassemblements politiques ...................................84
2.2. Les affiches de campagne ...............................................................84
2.3. Les tracts et coupures des journaux ..............................................85
2.4. Les nouvelles technologies de l’information
et de la communication .........................................................................86
B. La surveillance de la campagne électorale.................................................88
§2. La part des candidats, partis ou regroupements politiques .........................88
A. La préparation de la campagne électorale.................................................88
B. Les méthodes utilisables pendant la campagne électorale ........................89
C. L’évaluation de la campagne électorale .....................................................90

SECTION 5. LE FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE .. 91


§1. Le fondement du financement de la campagne électorale ...........................91
§2. Les modalités de financement de la campagne électorale............................93
§3. Le contrôle de financement de la campagne électorale................................94
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Table des matières 249

CHAPITRE IV
L’ÉLECTION ............................................................................................ 97

SECTION 1. LES SYSTÈMES ÉLECTORAUX ......................................... 98


§1. Le système majoritaire..................................................................................98
A. Notions sur le système majoritaire ...........................................................98
1. Le scrutin majoritaire uninominal ........................................................99
2. Le scrutin majoritaire plurinominal ou des listes.................................99
3. Le scrutin majoritaire à un ou à deux tours .......................................100
B. Les avantages du scrutin majoritaire ......................................................101
C. Les inconvénients du scrutin majoritaire ...............................................102
§2. La représentation proportionnelle .............................................................103
A. La fixation du quotient électoral.............................................................104
B. L’attribution des sièges ............................................................................105
C. Les avantages de la représentation proportionnelle ...............................109
D. Les inconvénients de la représentation proportionnelle........................110
§3. Les systèmes mixtes ....................................................................................111

SECTION 2. LE DÉCOUPAGE DES CIRCONSCRIPTIONS


ÉLECTORALES...................................................................................... 113
§1. L’intervention du législateur ......................................................................113
§2. La pratique électorale .................................................................................114

SECTION 3. LES ÉTAPES DU PROCESSUS DE VOTATION ............... 114


§1. La préparation du vote ...............................................................................115
A. La préparation technique et logistique ...................................................115
1. L’accompagnement international........................................................116
1.1. L’Organisation des Nations-Unies...............................................116
1.2. L’Union européenne ....................................................................117
1.3. L’Union africaine .........................................................................118
1.4. L’Organisation internationale de la francophonie
et le Commonwealth ...........................................................................118
2. La préparation psychologique .............................................................119
3. La planification des activités ...............................................................119
3.1. La veille du jour du scrutin..........................................................120
3.2. Le jour du vote .............................................................................120
3.3. La procédure proprement dite de vote.........................................121
3.4. La fermeture du bureau de vote...................................................123
B. La préparation matérielle.........................................................................123
§2. L’organisation du vote ................................................................................124
A. L’Assemblée plénière ..............................................................................125
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250 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

B. Le Bureau de la Commission électorale nationale indépendante ..........125


C. Le Secrétariat exécutif national ..............................................................126
D. Le Centre local de compilation des résultats ..........................................126
E. Le Centre de vote et de dépouillement ...................................................127
F. Le Bureau de vote et de dépouillement ..................................................127
§3. Les modalités de vote ..................................................................................128
A. Le vote par bulletin papier......................................................................128
B. Le vote par procuration ..........................................................................129
C. Le vote par correspondance ....................................................................129
D. Le vote par dérogation ............................................................................130
E. Le vote électronique ................................................................................130
F. Le vote en faveur d’une catégorie particulière d’électeurs ....................131
1. Le vote des policiers et militaires ........................................................131
2. Le vote des citoyens vivant à l’étranger ..............................................131
§4. La surveillance du vote ...............................................................................131
A. La surveillance nationale ........................................................................132
B. La surveillance internationale ................................................................133
§5. Le dépouillement et la centralisation des résultats ....................................134
A. L’ouverture de l’urne ..............................................................................135
B. L’identification des livrets ou carnets des bulletins de vote ..................135
C. La comptabilisation du nombre d’électeurs............................................136
D. La conciliation des votes .........................................................................137
E. L’attribution des sièges ...........................................................................138
F. L’annonce et l’affichage des résultats .....................................................138
G. La centralisation des résultats, constitution des plis
et leur communication aux organes et institutions compétents .................139
§6. La question de l’abstention aux élections ..................................................139
A. Les causes de l’abstention .......................................................................140
1. Les causes juridiques ...........................................................................140
1.1. Le système électoral .....................................................................140
1.2. Le système politique.....................................................................141
2. L’exercice du droit de vote ..................................................................142
3. Les causes politiques............................................................................143
3.1. La configuration de l’espace politique .........................................143
3.2. La séquence électorale..................................................................144
B. Les catégories d’électeurs concernés par l’abstention.............................145
C. L’abstention électorale et la légitimité du pouvoir..................................145

SECTION 4. LA FRAUDE ÉLECTORALE ............................................. 147


§1. La notion de la fraude électorale ................................................................147
§2. Les origines de la fraude électorale ............................................................148
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Table des matières 251

A. La fraude d’origine légale ........................................................................148


B. La fraude produite par la pratique électorale ..........................................149
§3. Les conséquences de la fraude électorale ...................................................150
A. La fraude entrave l’exercice de la démocratie ........................................151
1. La modification des règles du jeu électoral .........................................151
2. L’attribution fraudeuse des suffrages..................................................152
3. La déformation des résultats électoraux .............................................154
B. La fraude restreint la légitimité du pouvoir ............................................155
C. La fraude affecte la gouvernance politique .............................................155

CHAPITRE V
LE CONTENTIEUX ÉLECTORAL ......................................................... 157

SECTION 1. LE CONTENTIEUX DES ACTES PRÉPARATOIRES


À L’ÉLECTION ...................................................................................... 158
§1. Le contentieux des listes électorales...........................................................158
A. Les règles de procédure ...........................................................................159
1. La gestion du contentieux administratif .............................................160
2. Le règlement juridictionnel du contentieux .......................................160
3. La réglementation du contentieux pénal ............................................161
B. La nature et l’autorité des décisions du juge électoral ............................163
§2. Le contentieux des candidatures ................................................................163
A. La procédure contentieuse ......................................................................163
1. Devant l’autorité administrative .........................................................163
2. Devant la juridiction compétente........................................................165
3. La réglementation du contentieux pénal ............................................167
B. La nature et les effets de la décision du juge électoral ............................167
§3. Le contentieux de la campagne électorale..................................................168
A. La procédure contentieuse ......................................................................168
1. La procédure administrative ...............................................................168
2. La procédure juridictionnelle ..............................................................169
3. Le contentieux répressif ......................................................................170
B. Le règlement du contentieux électoral ....................................................171

SECTION 2. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS ............................. 171


§1. Les caractéristiques du contentieux des résultats......................................172
A. Le contentieux objectif............................................................................172
B. Le contentieux public, contradictoire et le secret de son délibéré..........173
C. Le contentieux politique ..........................................................................174
D. Le contentieux fondé sur les pièces ........................................................175
§2. La réglementation du contentieux pénal....................................................176
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252 LE DROIT ÉLECTORAL CONGOLAIS

§3. La procédure électorale contentieuse .........................................................180


A. La qualité du requérant...........................................................................180
B. Le contenu et les mentions de la requête ...............................................182
C. Le délai de saisine de la juridiction ........................................................183
D. La compétence de la juridiction contentieuse ........................................184
E. La comparution des parties devant la juridiction ..................................184
§4. La décision du juge électoral ......................................................................185
A. La recevabilité de la requête....................................................................186
B. Le fondement de la requête .....................................................................187
1. Le non-fondement de la requête..........................................................187
2. Le fondement de la requête .................................................................188
2.1. La correction de l’erreur matérielle .............................................188
2.2. La correction de l’erreur matérielle et l’interprétation
d’une décision antérieure....................................................................191
2.3. L’annulation partielle ou totale du vote ......................................192
2.4. Quelques questions spécifiques ...................................................194
3. La motivation de la décision................................................................195
4. Les voies de recours en matière de contentieux des résultats ............196

SECTION 3. LE CONTENTIEUX DES RÉSULTATS


EN DROIT COMPARÉ AFRICAIN........................................................ 197
§1. L’élection présidentielle..............................................................................198
A. L’éligibilité ...............................................................................................198
B. La contestation des résultats....................................................................202
§2. Les élections législatives .............................................................................205
A. L’éligibilité ...............................................................................................206
B. La contestation des résultats....................................................................208

SECTION 4. LA QUESTION DE LA VÉRITÉ DES URNES................... 211


§1. La vérité des urnes, notion aux contours ambigus ....................................211
§2. Les éléments d’appréciation de la vérité des urnes....................................212
§3. La vérité des urnes au service de la démocratie.........................................213

CONCLUSION ........................................................................................ 215

POSTFACE............................................................................................. 219

ANNEXES .............................................................................................. 223

INDEX.................................................................................................... 233

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE ...................................................... 239


Licence accordée à Michel Mulumba [email protected] - ip:109.88.70.34
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Bibliothèque de

droit Collection dirigée par


africain Évariste Boshab et Matadi Nenga Gamanda

11

D ’apparition relativement récente, le droit électoral congolais étudie les élec-


tions politiques desquelles sont désignés les représentants du peuple. Il
régit également les opérations préparatoires à l’exercice du vote et les modalités
de contestation du vote. La discipline a vocation à donner des réponses aux
questions que pose tout système politique : à savoir qui doit voter, pour qui
voter, pourquoi voter, comment voter et qui contrôle le vote ?

Dans la pratique, le droit électoral participe à l’établissement, suivant les règles


et procédures établies d’un régime démocratique. Longtemps enfermé dans les
escarcelles du droit constitutionnel, ce droit renferme des spécificités qui solli-
citent, chaque jour, sa reconnaissance, d’abord, comme un art exigeant expé-
rience et compétence, ensuite, en tant que science comportant des règles et
procédures propres et, enfin, comme domaine qui emprunte du management,
l’essentiel de ses techniques.

Le besoin de rationalisation des techniques d’organisation et de gestion des


élections dévoile, en même temps, la technicité et la complexité du droit électo-
ral plus que jamais porté vers le contrôle chiffré de la distribution démocratique
du pouvoir. La discipline que l’on croyait essentiellement normative, convoite de
plus en plus le domaine autrefois occupé par les sciences exactes telles l’arithmé-
tique, la mathématique et la géométrie.

Juge constitutionnel et titulaire de la chaire de droit électoral en République démo-


cratique du Congo, Jean-Louis ESAMBO KANGASHE est Chef de Département
à l’École de Formation Électorale de l’Afrique Centrale et membre du Réseau des
Compétences Électorales Francophones. Ancien membre du Bureau National des
Opérations de la Commission électorale indépendante congolaise, il a participé à l’ob-
servation des élections présidentielles et législatives au Brésil (2010), Cameroun (2011),
Mali (2013) et Zimbabwe (2013).

ISBN 978-2-8061-0187-7

www.editions-academia.be 26 €

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