RG2742018

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EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE

G.B.F.
REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
-------------------
COUR D’APPEL DE COMMERCE
D’ABIDJAN
---------------
RG N° 274/2018
--------
AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU
ARRÊT CONTRADICTOIRE MERCREDI 30 JANVIER 2019
---------
3EME CHAMBRE -----------------------
du 30/01/2019
------------
Affaire : La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son
------------ audience publique ordinaire du mercredi trente janvier
de l’an deux mil dix-neuf tenue au siège de ladite Cour, à
Monsieur KOUAKOU KOUASSI
AMBROISE laquelle siégeaient :

(Maître BOTY BILIGOE) Madame TAPE-DJE BI DJE NATHALIE, Présidente


de Chambre à la Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan,
Contre
Présidente ;
Monsieur EDJEHOU DANHI
PAUL Messieurs VAHA NIONAN GNONKONSON
CASIMIR, KOPOIN ALLEPO SYLVAIN, BONI
(Maître BOIZO-KONE ANGE KOUANDE LEONARD et madame VANIE LOU
DANIELLE) IRHITIE épouse KOUASSI, Conseillers à la Cour,
Membres ;
--------------
ARRÊT
------------ Avec l’assistance de Maître GBOH BAROUAN
Contradictoire FAUSTIN, Greffier ;
---------
A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
Reçoit monsieur KOUAKOU KOUASSI
AMBROISE et monsieur EDJEHOU
DANHI PAUL respectivement en leurs
ENTRE :
appels principal et incident ;
Monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE, né le
27 juillet 1959 à Abidjan-Treichville, Restaurateur, de
Annule le jugement contradictoire n° RG
1178/2018 du 13 juin 2018 rendu par le
nationalité ivoirienne, domicilié à Abidjan-Marcory,
Tribunal de Commerce d’Abidjan pour
lequel, pour les présentes, fait élection de domicile en
omission de statuer ;
l’Etude de Maître BOTY BILIGOE, Avocat près la Cour
Evoquant ; d’Appel d’Abidjan, y demeurant Plateau, Boulevard
Angoulvant, immeuble Clozet, 3ème étage, porte 302, 04
Déclare monsieur EDJEHOU DANHI B.P. 428 Abidjan 04, tél. 20 33 44 09, cel. : 05 09 38 11,
PAUL recevable en son action ;
Email : [email protected]. ;
L’y dit partiellement fondé ;
Appelant ;
Prononce la résiliation du bail commercial
liant les parties ; Représenté et concluant par Maître BOTY BILIGOE ;

Ordonne l’expulsion de monsieur


KOUAKOU KOUASSI AMBROISE des
D’UNE PART ;
lieux loués tant de sa personne, de ses biens
que de tous occupants de son chef ; ET ;
Le condamne en outre à payer à monsieur
EDJEHOU DANHI PAUL la somme de dix Monsieur EDJEHOU DANHI PAUL, né le 14 février
millions deux cent mille (10.200.000) francs

1
CFA au titre des arriérés de loyers couvrant la 1965 à Abidjan, Dirigeant de Société, de nationalité
période allant de mai 2016 à septembre 2017
et celle de cinq cent mille (500.000) francs
ivoirienne, domicilié à Abidjan-Marcory, 01 B.P. 192
CFA à titre de dommages-intérêts pour Abidjan 01, cel. 07 82 88 82, lequel a élu domicile en
préjudice moral ; l’Etude de Maître BOIZO-KONE ANGE DANIELLE,
-Condamne monsieur KOUAKOU Avocat près la Cour d’Appel d’Abidjan, y demeurant
KOUASSI AMBROISE aux dépens de Abidjan-Cocody Riviéra Golf, immeuble Marahoué, face
l’instance dont distraction au profit de Maître
à la S.G.B.C.I., 1èr étage, porte n°366, 17 B.P. 931 Abidjan
BOIZO-KONE ANGE DANIELLE, Avocat aux
offres de droit. 17, tél. 22 43 00 68 / 07 67 68 49, Email :
[email protected]. ;

Intimé ;

Représenté et concluant par Maître BOIZO-KONE


ANGE DANIELLE ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et sous
les plus expresses réserves des faits et de droit ;

Le Tribunal de Commerce d’Abidjan statuant en la cause


a rendu le 13 juin 2018 le jugement contradictoire n°
1178/2018 dans lequel il a reçu l’opposition de monsieur
KOUAKOU KOUASSI AMBROISE, rejeté
l’exception d’irrecevabilité de l’action soulevée par ce
dernier, statuant à nouveau en la cause, déclaré
recevable l’action de monsieur EDJEHOU DANHI
PAUL, condamné monsieur KOUAKOU KOUASSI
AMBROISE à payer à monsieur EDJEHOU DANHI
PAUL la somme de dix millions deux cent mille
(10.200.000) francs CFA à titre de loyers échus et
impayés de mai 2016 à septembre 2017, prononcé la
résiliation du contrat de location de fonds de commerce
liant les parties, ordonné l’expulsion de monsieur
KOUAKOU KOUASSI AMBROISE du local abritant
ledit fonds qu’il occupe, tant de sa personne, de ses biens
que de tous occupants de son chef et condamné
monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE aux
dépens ;

Par exploit en date du 02 novembre 2018, monsieur


KOUAKOU KOUASSI AMBROISE a interjeté appel
conte le jugement sus-énoncé et a, par le même exploit,
assigné monsieur EDJEHOU DANHI PAUL à
comparaître par devant la Cour de ce siège à l’audience
du 28 novembre 2018 pour s’entendre :

- Déclaré recevable l’appel de monsieur

2
KOUAKOU KOUASSI AMBROISE ;

- L’y dire bien fondé ;

- Infirmer le jugement querellé en toutes ses


dispositions ;

- Débouter monsieur EDJEHOU DANHI PAUL


de sa demande en paiement d’arriérés de loyers et
en expulsion ;

- Condamner monsieur EDJEHOU DANHI


PAUL aux entiers dépens de l’instance ;

Enregistrée donc sous le n° 274/2018 du rôle général


du greffe de la Cour, l’affaire a été appelée à l’audience
du 28 novembre 2018 et renvoyée au 19 décembre 2018
pour une mise en état et retenue, puis mise en délibéré
pour le 16 janvier 2019 ;

A cette audience, le délibéré a été rabattu et renvoyé au


23 janvier 2019 pour les observations des parties sur les
moyens de nullité du jugement attaqué pour omission de
statuer sur la demande en paiement de dommages-
intérêts que la Cour entend soulever d’office ;

Le 23 janvier 2019, l’affaire a été utilement retenue et


mise à nouveau en délibéré pour décision être rendue
l’audience du 30 janvier 2019 ;

Advenue cette dernière audience, la Cour a vidé son


délibéré comme suit :

LA COUR,

Vu les pièces du dossier ;

Ensemble l’exposé des faits, prétentions moyens des


parties et des motifs ci-après ;

Après avoir délibéré conformément à la loi ;

Par acte d’huissier de justice en date du 02 novembre


2018, monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE,
ayant élu domicile en l’Etude de Maître BOTY Biligoe,
Avocat à la Cour, a relevé appel du jugement
contradictoire RG 1178/2018 du 13 juin 2018 par lequel
le tribunal de commerce d’Abidjan statuant sur
3
l’opposition formée par lui contre le jugement de défaut
RG n°1178/2018 du 23 mai 2018, l’a condamné à payer à
monsieur EDJEHOU DANHI PAUL la somme de
10 200 000 francs à titre de loyers échus et impayés de
mai 2016 à septembre 2017, puis prononcé la résiliation
du contrat de location de fonds de commerce et ordonné
son expulsion du local abritant ledit fonds qu’il occupe
tant de sa personne, de ses biens en date que de tous
occupants de son chef ;

Exposé du litige

Le 18 octobre 2009, les cohéritiers LOPEZ ont signé


avec madame THALE DJEHON MARCELLE un
contrat de location-gérance portant sur un restaurant-
bar dénommé « LA LORRAINE », situé à Abidjan
Marcory Boulevard Lorraine dans un immeuble dont ils
sont propriétaires par dévolution
successorale, moyennant un loyer mensuel de 200 000
francs ;

Suivant convention dite « cession de contrat de location


gérance d’un fonds de commerce », en date du 19
octobre 2012, madame THALE DJEHON a cédé ses
droits contre la somme de 3 500 000 francs à monsieur
EDJEHOU DANHI PAUL qui, s’est engagé à
s’acquitter de ses obligations locatives entre les mains de
Maître Véronique Williams notaire de la succession de
feu LOPEZ ;

Le 11 septembre 2014, monsieur EDJEHOU DANHI


PAUL donnait le même fonds en location à monsieur
KOUAKOU KOUASSI AMBROISE qui va l’exploiter
sous la dénomination commerciale « SPONTININI » en
contrepartie du paiement mensuel de la somme de
600 000 francs ;

Ayant été assigné en référé expulsion le 21 juin 2016 par


les cohéritiers LOPEZ, monsieur KOUAKOU
KOUASSI AMBROISE n’exécutera plus ses
obligations contractuelles à l’égard de monsieur
EDJEHOU DANHI PAUL, qui, saisira le tribunal de
commerce d’Abidjan pour obtenir outre, la résiliation du
contrat, la condamnation de ce dernier au paiement
d’arriérés de loyers et son expulsion du local abritant le
restaurant ;

Par jugement de défaut, le tribunal a prononcé la


résiliation du bail à usage commercial, ordonné
l’expulsion de monsieur KOUAKOU KOUASSI
AMBROISE et l’a condamné à payer à monsieur
EDJEHOU DANHI PAUL la somme de 10 200 000
francs au titre d’arriérés de loyers ;
4
Sur opposition formée par monsieur KOUAKOU
KOUASSI AMBROISE, le tribunal se prononçait
comme susdit ;

Critiquant cette décision, monsieur KOUAKOU


KOUASSI AMBROISE oppose trois moyens à l’appui
de sa demande d’infirmation dudit jugement ;

En premier lieu, il argue à nouveau de l’irrecevabilité de


l’action pour ce motif, que n’étant pas propriétaire du
fonds ainsi qu’il en est résulté de l’assignation en référé
dirigée contre lui par les cohéritiers LOPEZ, l’intimé
n’avait pas qualité pour donner ce fonds en location
encore moins le local l’abritant ;

En second lieu, il prétend qu’en vertu de l’article 1109 du


code civil, le contrat liant les parties est nul, parce qu’il a
été induit en erreur par l’intimé qui lui a fait croire qu’il
était propriétaire du fonds « la Lorraine » et pouvait y
installer son restaurant ;

Enfin, la lorraine ayant été donné en location gérance à


madame THALE DJEHOU « intuiti personae », selon
l’appelant, ni le fonds, ni le local ne pouvait être donné
en sous-location de sorte qu’il prie la cour de déclarer
nulle la sous-location du local anciennement dénommé
« la Lorraine » faite par l’intimé conformément à
l’article 121 de l’acte uniforme sur le droit commercial
général qui prévoit que « sauf stipulation contraire du
bail, toute sous-location totale ou partielle est
interdite » ;

En réponse, monsieur EDJEHOU DANHI PAUL


explique qu’en dépit de la mise en demeure adressée à
son cocontractant le 10 août 2017 d’avoir à respecter les
clauses et conditions du bail, l’appelant qui continue
pourtant de jouir du local, refuse d’exécuter ses
engagements contractuels depuis le mois de mai 2016 ;

Sur le défaut de qualité prétendu, il demande à la Cour


de rejeter ce moyen comme l’a fait le premier juge, qui a
retenu à cet égard, « que l’objet de l’action en résiliation
de bail, en expulsion et en paiement de loyers initiée
…n’est pas le local abritant le fonds donné en location
mais concerne le fonds de commerce dont il n’est pas
contesté que ce dernier est le propriétaire » ;

Il rappelle à cet effet, qu’en application des termes de la


convention qu’il a passé avec madame THALE
DJEHON, il bénéficiait de l’entièreté des droits et
obligations reconnus à celle-ci par le contrat la liant à
feu LOPEZ VICTORINO et s’acquitte à ce titre en sa
5
qualité de nouveau locataire-gérant, des loyers
mensuels, qu’il a versé d’abord à compter du mois
d’octobre 2012, en l’étude du notaire chargé de la
succession, puis, depuis juillet 2015, à la demande des
héritiers, entre les mains de leur nièce KONE MARIE ;
par conséquent, non seulement, il n’est débiteur d’aucun
loyer mais aussi, son exploitation du fonds depuis 2012,
est connue de tous les héritiers de feu LOPEZ ;

En outre, il fait valoir que l’appelant ne peut, pour


refuser de remplir son obligation, prétexter de l’action
en expulsion dirigée contre lui par lesdits ayants-droit le
21 juin 2012, car étant intervenu volontairement à cette
procédure, celui-ci n’a pas été expulsé et n’a à ce jour,
reçu aucune notification d’une décision de justice
d’opposition à paiement ;

Relativement au vice du consentement allégué qui


entacherait le contrat des parties, l’intimé soutient que
c’est de mauvaise foi, que l’appelant invoque ce moyen
pour se soustraire à ses engagements contractuels, parce
que tous les deux, amis de longue date, fréquentaient le
restaurant au moment de sa gestion par madame
THALE et il avait donc connaissance tant de l’histoire
de ce restaurant que du contrat passé avec cette
dernière, tel qu’il l’a rappelée dans son exploit
d’assignation en intervention volontaire du 28 juin
2016 ;

D’ailleurs dit-il, c’est l’appelant qui l’a approché pour la


conclusion du contrat de location-gérance et a tenu, en
raison de leur amitié, à lui verser une avance sur loyers
de 1 500 000 francs ainsi qu’en atteste le reçu daté du 11
septembre 2014 ; ainsi, à supposer qu’il y ait eu erreur
sur la personne du propriétaire du fonds de commerce
donné à bail, l’appelant aurait saisi le tribunal pour
obtenir la nullité du contrat et n’aurait pas attendu deux
ans après la procédure en expulsion, pour l’invoquer au
moment où il lui est réclamé le paiement de ses loyers ;

Monsieur EDJEHOU DANHI PAUL conclut enfin que


l’erreur n’étant pas une cause de nullité lorsqu’elle ne
tombe que sur la personne avec laquelle on a l’intention
de contracter, et les ayants droit de feu LOPEZ ayant
connaissance de l’exploitation du fonds de commerce
par monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE du
chef de monsieur EDJEHOU DANHI PAUL, la
demande en nullité du bail sera rejetée ;

Enfin, l’intimé plaidant le rejet du troisième et dernier


moyen soulevé par l’appelant, fait valoir que c’est à tort
qu’est allégué la nullité de la sous-location du local sous
le fondement de l’article 121 de l’acte uniforme portant
6
droit commercial général, seul le bailleur pouvant
demander judiciairement l’expulsion du preneur et du
sous locataire à l’exclusion de celui-ci qui n’a ni qualité,
ni même intérêt pour agir ; il fait noter d’ ailleurs, que
l’appelant, toujours à l’occasion de la procédure de
référé, a soutenu le bien-fondé du contrat des parties au
litige et ne peut partant se prévaloir de sa propre
turpitude ;

En définitive, il demande à la Cour de déclarer en


application de l’article 138 de l’acte uniforme portant
droit commercial général, bien fondées les demandes en
résiliation de bail, expulsion et en paiement de loyers et
confirmer ces points du jugement déféré ;

Relevant appel incident, il prie la Cour de condamner


monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE à lui
payer la somme de 2 000 000 francs à titre de
dommages-intérêts pour procédure abusive et
vexatoire ; il relève, qu’ayant réclamé des dommages-
intérêts pour préjudice financier et moral, dans son
assignation en date du 13 octobre 2017, le tribunal saisi
sur opposition, a omis de statuer sur cette prétention
nonobstant l’article 155 du code de procédure civile
commerciale et administrative, aux termes duquel,
« l’opposition si elle est recevable, remet la cause et les
parties en l’état où elles se trouvaient lors de l’acte
introductif d’instance ;

Il estime, qu’est avérée la faute de monsieur


KOUAKOU KOUASSI AMBROISE qui inexécute ses
obligations depuis le mois de mai 2016 malgré toutes les
démarches amiables et multiplie les procédures alors
qu’il ne conteste pas devoir des arriérés de loyers ; cette
faute ajoute-t-il, lui cause un préjudice financier du fait
d’abord de l’exploitation de son fonds sans contrepartie
financière depuis plus de deux ans alors qu’il continue
pour sa part d’honorer ses engagements à l’égard des
ayants-droit de feu LOPEZ et ensuite, du fait de
l’exposé de frais de procédure, toute chose entrainant
pour lui un manque à gagner considérable ;
De même, son préjudice moral résultant de la privation,
de l’exploitation de son fonds sans contrepartie
financière et de l’attitude d’indifférence de l’appelant,
mérite réparation par l’octroi de dommages-intérêts
pour procédure abusive et vexatoire ;
Sur ce point, l’appelant demande à la Cour de débouter
l’intimé de son appel incident comme l’a fait le tribunal
statuant par défaut, qui a retenu qu’« en vertu du
principe du non cumul des responsabilités
contractuelles et délictuelles, monsieur EDJEHOU
DANHI PAUL ne peut rechercher dans la non-
7
exécution des obligations locatives de son locataire une
faute délictuelle pour réclamer des dommages-intérêts
fondés sur les articles 1142 et 1147 du code civil »;
SUR CE
EN LA FORME
Considérant que l’appel principal et celui incident ayant
été interjetés dans les formes et délais légaux, il y a lieu
de les déclarer recevables ;
AU FOND
Sur la validité du jugement entrepris
Considérant qu’il ressort de l’assignation en résiliation
de bail, en expulsion et en paiement en date du 13
octobre 2017, que monsieur EDJEHOU DANHI
PAUL a saisi le tribunal de commerce d’Abidjan aux
fins de voir :
- Prononcer la résiliation du bail commercial liant
les parties ;
- Ordonner l’expulsion pure et simple de monsieur
KOUADIO KOUASSI AMBROISE ;
- Condamner monsieur KOUADIO KOUASSI
AMBROISE au paiement des sommes suivantes :
• 10 200 000 F CFA à titre de loyers échus et
impayés couvrant la période de mai 2016 à
septembre 2017 ;
• 2 000 000 F CFA à titre de dommages-
intérêts pour préjudice tant financier que
moral ;
Considérant qu’il ne ressort d’aucune des énonciations
du jugement entrepris que le premier juge s’est
prononcé sur la demande tendant à obtenir réparation
du préjudice financier et moral subi ;
Qu’en ce qu’il a statué à cet égard infra petita, il
convient d’annuler le jugement entrepris frappé
d’irrégularité, pour statuer par évocation ;

Sur évocation

Sur le défaut de qualité de monsieur KOUASSI


KOUAKOU AMBROISE
Considérant que monsieur KOUASSI KOUAKOU
AMBROISE s’appuyant sur la procédure en référé-
expulsion en date du 21 juin 2016 dirigée contre lui par
les consorts LOPEZ, fait valoir que monsieur
EDJEHOU DANHI PAUL en ce qu’il n’est pas
propriétaire du fonds dénommé « La LORRAINE »,
n’avait pas qualité à lui donner le fonds en location ni le

8
local l’abritant ;
Mais considérant qu’il résulte des productions, que
madame THALE qui a signé avec les héritiers LOPEZ
un contrat de location-gérance portant sur le restaurant-
bar la LORRAINE, a cédé ses droits et obligations
découlant de son contrat à monsieur EDJEHOU
DANHI PAUL, qui est devenu ainsi le nouveau
locataire-gérant ;

Qu’à ce titre, il avait bien qualité pour donner le fonds en


jouissance ainsi que le droit au bail rattaché à
l’exploitation de ce fonds ;

Qu’il y a lieu en conséquence de rejeter ce moyen comme


non pertinent ;

Sur la validité du contrat de bail

Considérant que l’appelant prétend qu’il a été induit en


erreur par l’intimé qui lui a fait croire qu’il était
propriétaire du fonds « la lorraine » et pouvait donc y
installer son restaurant ; Excipant d’un vice de
consentement, il plaide la nullité du contrat de bail liant
les parties ;

Considérant que monsieur EDJEHOU DANHI PAUL


réfutant ces déclarations, affirme que l’appelant qui
fréquentait avec lui le restaurant quand il était géré par
madame THALE n’ignorait pas que le fonds de
commerce n’était pas sa propriété et qu’ à supposer qu’il
y ait eu erreur sur la personne du propriétaire du fonds
de commerce donné à bail, l’appelant aurait saisi le
tribunal pour obtenir la nullité du contrat et n’aurait pas
attendu deux ans après la procédure en expulsion, pour
l’invoquer au moment où il lui est réclamé le paiement
de ses loyers ;

Considérant que les éléments du dossier révèlent que


l’appelant avait au moins connaissance, de ce que le
fonds en cause, appartenait aux héritiers LOPEZ à la
date de l’assignation en référé-expulsion, alors qu’il n’a
pas agi en nullité ;

Qu’en tout état de cause, il ne rapporte pas la preuve du


vice de consentement allégué de sorte que ce moyen de
nullité excipé est inopérant et sera donc rejeté ;

Sur la violation de l’article 121 de l’acte uniforme


sur le droit commercial général

Considérant que l’appelant soutient que le restaurant-


bar la lorraine a été donné en location à madame

9
THALE DJEHOU MARCELLE intuitu personae et par
suite, ni le fonds, ni le local ne pouvait être donné en
sous-location en vertu de l’article 121 de l’acte uniforme
sur le droit commercial général aux termes duquel
« sauf stipulation contraire du bail, toute sous-location
est interdite »;

Mais considérant que seul le bailleur peut se prévaloir de


cette interdiction, pour demander la résiliation du bail
principal et l’expulsion du locataire et de tous occupants
de son chef ; que le sous- locataire n’a pas qualité pour
l’invoquer ainsi que l’a relevé à juste titre l’intimé ;

Qu’il y a lieu de rejeter ce moyen comme mal fondé ;

Sur les demandes de résiliation du bail et


d’expulsion

Considérant que suivant les dispositions de l’article 133


précité, les parties au bail sont tenues au respect des
clauses et conditions du contrat sous peine de résiliation
et la demande en justice doit être précédée d’une mise
en demeure indiquant les clauses et conditions du bail
non respectées et informer le destinataire qu’à défaut de
s’exécuter dans le délai d’un mois à compter de sa
réception, la juridiction compétente est saisie aux fins de
résiliation du bail et d’expulsion ;
Que l’article 138 du même acte énonce que « le locataire
gérant doit payer au bailleur du fonds un loyer
correspondant à la redevance due pour la jouissance
des locaux, et un loyer pour la jouissance des éléments
corporels et incorporels du fonds de commerce.. »

Considérant qu’il est constant ainsi qu’il résulte des


développements précédents, que par convention en date
du 19 octobre 2012, madame THALE DJEHOU locataire
gérant du fonds de commerce dénommé La LORRAINE,
cédait l’ensemble de ses droits et obligations à monsieur
EDJEHOU, lequel donnait à son tour en gérance ledit
fonds, à monsieur KOUAKOU KOUASSI
AMBROISE pour un loyer mensuel de 600 000 francs ;
Considérant qu’il n’est pas moins constant, que depuis le
21 juin 2016, celui-ci qui continue de jouir des locaux et
du fonds de commerce ne s’acquitte plus des loyers
afférents au contrat de location gérance et est débiteur
de la somme de 10 200 000 francs ;

Qu’en dépit d’une mise en demeure à lui servie,


conforme aux prescriptions impératives de l’article 133
précité, et dans laquelle du reste, il a reconnu devoir des
arriérés de loyers bien qu’en contestant le montant, il ne
s’est pas acquitté de ses obligations contractuelles ;

10
Qu’il y a lieu en conséquence de prononcer la résiliation
du bail et d’ordonner l’expulsion subséquente de
l’appelant des lieux loués tant de sa personne, de ses
biens que de tous occupants de son chef ;
Sur la demande en paiement des arriérés de
loyers

Considérant que comme sus relevé, il est établi par les


productions au dossier et les déclarations des parties,
que monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE ne
s’est pas acquitté du paiement des loyers couvrant la
période allant de mai 2016 à septembre 2017 et reste
devoir la somme de 10 200 000 francs ;

Qu’il convient dès lors de le condamner à payer cette


somme à l’intimé ;

Sur la demande en paiement de dommages-


intérêts

Considérant que monsieur EDJEHOU DANHI PAUL


demande à la Cour de condamner l’intimé à lui payer la
somme de 2 000 000 francs à titre de dommages-
intérêts pour préjudice moral et matériel ; qu’il justifie
ses préjudices par le fait qu’il est privé de ses loyers
depuis deux ans et continue pourtant d’acquitter les
loyers dus par madame THALE aux consorts LOPEZ ;
que son préjudice moral réside aussi, selon lui, dans
l’attitude d’indifférence du locataire, qui bien que
reconnaissant être débiteur refuse de s’exécuter et
continue de jouir du bien donné en location ;

Considérant qu’en n’exécutant pas son obligation de


paiement de loyers issue du contrat le liant à l’intimé,
l’appelant a commis une faute contractuelle ;

Considérant que si l’intimé, qui s’est vu allouer le


montant des loyers qui lui sont dus, ne justifie pas le
préjudice financier allégué, en revanche, le refus délibéré
de l’appelant d’honorer ses obligations locatives depuis
deux ans, alors qu’il reconnait devoir des loyers tel qu’il
ressort de la mise en demeure qui lui a été adressée, et
dans les circonstances sus relevées de l’espèce, a causé
un préjudice moral certain à l’intimé ;

Que le préjudice moral ainsi caractérisé, mérite d’être


réparé par l’octroi à l’intéressé de dommages-intérêts
qu’il convient d’arbitrer eu égard aux éléments du
dossier, à la somme de 500 000 francs ;
Que l’appelant sera donc condamné à lui payer ladite somme ;

Sur les dépens

11
Monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE ayant succombé, il
y a lieu de mettre les dépens à sa charge conformément aux
dispositions de l’article 149 du code de procédure civile,
commerciale et administrative ;
PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement, et en


dernier ressort ;

Reçoit monsieur KOUAKOU KOUASSI AMBROISE et


monsieur EDJEHOU DANHI PAUL respectivement en
leurs appels principal et incident ;

Annule le jugement contradictoire n°1178/18 du 13 juin


2018 rendu par le tribunal de commerce d’Abidjan, pour
omission de statuer ;

Evoquant ;

Déclare monsieur EDJEHOU DANHI PAUL


recevable en son action ;

L’y dit bien fondé ;

Prononce la résiliation du bail commercial liant les


parties ;

Ordonne l’expulsion de monsieur KOUAKOU KOUASSI


Ambroise des lieux loués, tant de sa personne, de ses
biens, que de tous occupants de son chef ;

Le condamne en outre, à payer à monsieur EDJEHOU


DANHI PAUL la somme de 10 200 000 francs au titre
des arriérés de loyers couvrant la période allant de mai
2016 à septembre 2017 et celle de 500 000 francs à titre
de dommages-intérêts pour préjudice moral ;

Condamne monsieur KOUAKOU KOUASSI


AMBROISE aux dépens de l’instance dont distraction
au profit de Maître BOIZO-KONE Ange Danielle, Avocat
aux offres de droit.

En foi de quoi, le présent arrêt a été prononcé par la


Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, les jour, mois et
an que dessus ;

Et ont signé le président et le greffier./.

12

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