RG4192019

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KF/PBT/AE

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


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COUR D’APPEL DE COMMERCE AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE
D’ABIDJAN DU JEUDI 11 JUILLET 2019
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RG N° 419/2019
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ARRÊT CONTRADICTOIRE
La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
du 11/07/2019 publique ordinaire du jeudi onze juillet de l’an deux mil
--------- dix-neuf tenue au siège de ladite Cour, à laquelle
1ÈRE CHAMBRE siégeaient :
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Affaire :
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Docteur KOMOIN François, Premier Président de la
La Société Ivoirienne de Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan ;
Construction et de Gestion
Immobilière (SICOGI) Madame ASSI Eunice épouse AYIE et Messieurs
(Maître Myriam DIALLO)
TALL Yacouba, JEANSON Jean-Claude et SILUÉ
Contre
Daoda, Conseillers à la Cour, Membres ;

Monsieur Lamine OUATTARA Avec l’assistance de Maître MOSSOH N’Koh Martin,


(SCPA ADOU & BAGUI) Greffier ;
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ARRÊT
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A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
Contradictoire
--------- ENTRE :

Déclare la Société Ivoirienne de Construction


et de Gestion Immobilière (SICOGI) et LA SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE CONSTRUCTION ET
Monsieur Lamine OUATTARA recevables enDE GESTION IMMOBILIÈRE (SICOGI), société
leur appel principal et incident respectif
anonyme d'économie mixte. au capital de 4.566.200.000 F
contre l’ordonnance de référé RG N°
1249/2019 du 02 mai 2019 rendue par laCFA, dont le siège est à Abidjan Adjamé boulevard de
Gaulle. immeuble le Mirador. 01 BP 1858 Abidjan 01,
Juridiction Présidentielle du Tribunal de
Commerce d’Abidjan ;
inscrit au RCCM sous le numéro CI-ABJ-2014-M-24199.
Dit la SICOGI mal fondée en son appel Tél. : 20.30.55.00/ 20.30.56.00, prise en la personne de
principal ; son représentant légal ;
L’en déboute ;
Appelante,
Dit Monsieur Lamine OUATTARA
partiellement fondé en son appel incident ;
Représentée et concluant par son conseil, Maître Myriam
Reforme l’ordonnance sur le montant de DIALLO. Avocat à la Cour d'Appel d'Abidjan, y demeurant
l’astreinte comminatoire ; rue des Jardins, résidence du Vallon Il Plateaux, immeuble
Fixe le montant de l’astreinte comminatoire à Bubale, App N°71, 08 BP 1501 Abidjan 08. Tél. :
cinq cent mille (500.000) Francs CFA par 22.41.18.71 ;
jour de retard à compter de la signification de
la présente décision ;
D’UNE PART ;
ET ;

MONSIEUR LAMINE OUATTARA de nationalité


ivoirienne né en 1961 à Washington ;

1
Confirme l’ordonnance querellée pour le
surplus ;
Intimé,

Met les dépens de l’instance à la charge de la Représenté et concluant par son conseil, la SCPA ADOU &
Société Ivoirienne de Construction et de
Gestion Immobilière dite SICOGI ; BAGUI, Avocats près la Cour d'Appel d'Abidjan, y
demeurant Abidjan Plateau, Avenue Abdoulaye FADIGA.
Cité Esculape, face BCEAO Bâtiment K, 5ième étage, porte
K5, Tél. : 20.21.88.77. Fax. : 20.21.65.83 ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et sous les
plus expresses réserves des faits et de droit ;

La juridiction présidentielle du Tribunal de Commerce


d’Abidjan statuant en la cause, en matière d’urgence a
rendu le 02 mai 2019 une ordonnance de référé RG N°
1249/2019 qui a ordonné à la Société Ivoirienne de
Construction et de Gestion Immobilière dite SICOGI de
désigner un notaire chargé de réaliser la vente immobilière
des lots N° 915, 916, 917 et 918 issus de l’opération
immobilière de la Riviera Palmeraie acquis par Monsieur
Lamine OUATTARA, sous astreinte comminatoire de cent
mille (100.000) F CFA par jour de retard à compter de la
date de signification de la présente décision ;

Par exploit du 06 juin 2019 de Maître N’CHO Amonchi


Léonard, huissier de justice à Abidjan, la SICOGI a
interjeté appel de l’ordonnance susénoncée et a par le
même exploit assigné Monsieur Lamine OUATTARA à
comparaître par-devant la Cour de ce siège à l’audience du
20 juin 2019 pour s’entendre :

- déclarer l’appel de la SICOGI recevable parce


qu’intervenu dans les forme et délai requis par la
loi ;

- l’y dire bien fondée ;

- infirmer et rétracter en conséquence l’ordonnance


de référé RG N° 1249/2019 du 02 mai 2019 en
toutes ses dispositions ;

2
Enrôlée sous le N° 419/2019 du rôle général du greffe de la
Cour, l’affaire a été appelée à l’audience du 20 juin 2019 ;
À cette date, la cause a été mise en délibéré pour décision
être rendue le 11 juillet 2019 ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces de la procédure ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET MOYENS


DES PARTIES

Par exploit d’huissier de justice en date du 06 juin 2019, la


Société Ivoirienne de Construction et de Gestion
Immobilière (SICOGI), ayant pour conseil Maître Myriam
DIALLO, Avocat à la Cour, a relevé appel de l’ordonnance
de référé RG N° 1249/2019 du 02 mai 2019 rendue par la
Juridiction Présidentielle du Tribunal de Commerce
d’Abidjan, laquelle, en la cause, a statué comme suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière


de référés et en premier ressort ;

Au principal, renvoyons les parties à se pourvoir ainsi


qu’elles aviseront, mais dès à présent, vu l’urgence ;

Déclarons recevable l’action de Monsieur Lamine


OUATTARA ;

L’y disons partiellement fondé ;

Ordonnons à la Société Ivoirienne de Construction et de


Gestion Immobilière dite SICOGI de désigner le notaire
chargé de réaliser la vente immobilière des lots n°915, 916,
917 et 918 issus de l’opération immobilière de la Riviera
Palmeraie, acquis par Monsieur Lamine OUATTARA, sous
astreinte comminatoire de 100.000 F CFA par jour de
retard à compter de la date de signification de la présente
décision ;

3
Mettons les dépens de l’instance à la charge de la Société
Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière dite
SICOGI ; » ;

Au soutien de son appel, la SICOGI expose que Monsieur


Lamine OUATTARA a acquis auprès d’elle les lots n° 915 ;
916 ; 917 et 918 îlot 52 issus de l'opération foncière de la
Riviera Palmeraie ;

Que face à son inaction quant à la rédaction des actes de


vente pour conforter ses titres de propriété sur lesdites
parcelles, Monsieur Lamine OUATTARA a saisi la
Juridiction Présidentielle du Tribunal de Commerce pour
l'y contraindre sous astreinte comminatoire d’un million
(1.000.000) de Francs CFA par jour de retard à compter du
prononcé de la décision ;

Vidant sa saisine, ladite juridiction a rendu l’ordonnance


dont appel est relevé, estimant, sur le fondement de
l’article 6 de la promesse de vente des terrains, que la
société SICOGI n’a pas exécuté son obligation découlant de
ladite promesse de vente, car cela fait plus de dix-huit (18)
ans que le contrat a été conclu et que le dernier paiement a
été effectué le 18 décembre 2006 ; le délai pour désigner le
notaire chargé de réaliser les formalités de vente étant
largement expiré ;

La SICOGI fait donc grief au premier juge d’avoir statuer


de la sorte et fait valoir, au soutien de son appel, qu’elle a
commis Maitre KONATE Nafanta depuis le 17 Septembre
2004 pour la cession de droits au profit de cent cinquante
(150) acquéreurs de terrains, dont ceux acquis par
Monsieur Lamine QUATTARA ;

Que Maitre KONATE Nafanta tout comme Maître


CURNEY Johanna n'ont pas été en mesure de procéder à la
formalisation des ventes effectuées du fait des attributions
irrégulières intervenues ultérieurement sur lesdits terrains,
dont ceux acquis par Monsieur Lamine OUATTARA ;

Qu’ainsi, le préjudice subi par Monsieur Lamine


OUATTARA ne lui est pas imputable et la décision
intervenue se heurtera inévitablement à une difficulté
d'exécution ;

4
Pour ces raisons, elle sollicite l’infirmation et la rétractation
de l’ordonnance de référé N°1249/2019 du 02 mai 2019 et
la condamnation de Monsieur Lamine OUATTARA aux
entiers dépens de l'instance ;

En réplique, Monsieur Lamine OUATTARA soutient que


les arguments opposés par la SICOGI dénotent de sa
mauvaise foi et que contrairement à ses affirmations, le
délai de formalisation des actes de cessions n’est pas
encore expiré parce qu’il n’a jamais couru ;

Que l’article 6.1 alinéa 2 des conventions signées par les


parties est ainsi libellé :

« En cas de réalisation de la vente, ce transfert sera


conclu par acte authentique devant notaire à Abidjan à la
date choisie par la SICOGI qui devra en aviser le
réservataire quinze (15) jours au moins à l’avance dans le
cadre des dispositions de l’article 4 ci-dessus et des
dispositions suivantes figurant aux présentes à titre
simplement indicatif. » ;

Que de la lecture de cette stipulation contractuelle, il


apparait que la mise en route du délai de formalisation des
actes de cession reste à l’initiative de la SICOGI puisque le
délai imparti à ce propos ne court qu’à compter de la date
d’indication au réservataire du notaire désigné pour
formaliser les cessions ;

Que cela n’a pas été fait jusqu’à ce jour par la SICOGI, de
sorte que ce délai n’a pas couru ;

Que par ailleurs, le délai de formalisation des cessions n’a


aucun effet sur la régularité des ventes, ce, d’autant moins
que la seule sanction prévue par les parties est le paiement
par le réservataire d’une pénalité journalière de 0,1% du
prix de la vente ;

Que dès lors, le respect ou non du délai de formalisation


des cessions ne peut constituer un obstacle à l’exécution de
l’ordonnance attaquée ;

Elle ajoute que la SICOGI elle-même reconnait qu’elle a


procédé à des attributions irrégulières ultérieurement à la
cession des lots à des acquéreurs, dont il fait partie ;

5
Sur la condamnation sous astreinte, l’intimé fait valoir qu’il
n’a jamais été instruit par la SICOGI de ce que depuis
septembre 2004 elle avait requis Maître KONATE Nafanta
pour formaliser les cessions portant sur ses lots bien qu’elle
ait été interpellée à plusieurs reprises à ce sujet ; elle n’a
fait mention de la désignation de Maître KONATE Nafanta
qu’en cause d’appel ;

Qu’au lieu de l’inviter à la signature des actes de ventes


devant ce notaire, la SICOGI argue de ce que le notaire
serait confronté à des difficultés dans l’accomplissement de
sa mission en raison des cessions irrégulières ultérieures
faites par elle ;

Les cessions faites à son profit n’étant pas contestées par la


SICOGI, les cessions ultérieures dites irrégulières ne lui
sont donc pas opposables ;

Pour toutes ces raisons, il sollicite qu’il plaise à la


juridiction de céans débouter la SICOGI de son appel, et
sur appel incident, l’astreindre à la signature des actes
notariés de vente sous astreinte comminatoire d’un million
(1.000.000) de Francs CFA par jour de retard à compter de
la notification de la décision à intervenir ;

SUR CE

En la forme

Sur le caractère de la décision

Considérant qu’il y a lieu de statuer par décision


contradictoire, l’intimé ayant conclu ;

Sur la recevabilité de l’appel

Considérant que l’appel de la SICOGI doit être reçu parce


qu’interjeté selon les conditions légales de forme et de
délai ;

Qu’il en va de même de l’appel incident de Monsieur


Lamine OUATTARA, qui doit être également reçu ;

Au fond

6
Sur la demande relative à la désignation du notaire

Considérant que la SICOGI fait grief au premier juge de lui


avoir ordonné sous astreinte de désigner un notaire afin de
réaliser la vente immobilière des lots n° 915, 916, 917 et 918
issus de l’opération immobilière de la Riviera Palmeraie,
acquis par Monsieur Lamine OUATTARA ; alors qu’elle a
désigné Maître KONATE Nafanta à cette effet, laquelle n’a
pu y procéder du fait des attributions irrégulières
intervenues ultérieurement sur les lots dont s’agit ;

Considérant que la promesse de vente des terrains en son


article 6-1 stipule que : « Le transfert de propriété ne
pourra résulter que de la signature par la SICOGI et le
bénéficiaire d’un acte notarié constatant la conclusion de
vente… » ;

Que l’article 6-2 du même acte poursuit en ces termes : «


L’acte notarié devra être signé par le bénéficiaire, au plus
tard dans un délai de vingt mois (20) mois à compter des
présentes.
L’acte sera reçu par le notaire désigné par la SICOGI » ;

Qu’en l’espèce, il est constant que la société SICOGI n’a pas


exécuté son obligation découlant de la promesse de vente,
alors qu’il y a plus de dix (10) ans que le contrat a été
conclu avec Monsieur Lamine OUATTARA et que le
dernier paiement a été effectué le 18 décembre 2006 par ce
dernier ;

Que c’est à bon droit que le premier juge a fait droit à la


demande de Monsieur Lamine OUATTARA en ordonnant à
la SICOGI de désigner le notaire chargé de réaliser la vente
immobilière ; les attributions irrégulières intervenues
ultérieurement évoquées par la SICOGI ne lui étant
nullement opposables ;

Qu’il convient par conséquent de confirmer ladite décision


sur ce point ;

Sur l’astreinte comminatoire

Considérant que la SICOGI fait grief au premier juge de


l’avoir condamnée sous astreinte comminatoire de cent
mille (100.000) Francs CFA par jour de retard à compter
du prononcé de la décision ;

7
Considérant que le prononcé de l’astreinte comminatoire
par le juge intervient pour sanctionner le débiteur en cas
d’inexécution volontaire d’une obligation en vue d’exercer
une pression énergétique sur ce dernier et l’amener à
s’exécuter ;

Considérant que l’inaction de la SICOGI dure depuis plus


de dix (10) ans ;

Qu’il convient d’infirmer la décision attaquée sur ce point


et d’élever le montant de l’astreinte à cinq cent mille
(500.000) Francs CFA par jour de retard à compter de la
date de signification de la présente décision, afin de
l’encourager à satisfaire à ses obligations contractuelles
librement souscrites ;

Sur les dépens

Considérant que la SICOGI succombe à l’instance ;

Qu’il y a lieu de la condamner aux dépens de l’instance ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier


ressort ;

Déclare la Société Ivoirienne de Construction et de Gestion


Immobilière (SICOGI) et Monsieur Lamine OUATTARA
recevables en leur appel principal et incident respectif
contre l’ordonnance de référé RG N° 1249/2019 du 02 mai
2019 rendue par la Juridiction Présidentielle du Tribunal
de Commerce d’Abidjan ;

Dit la SICOGI mal fondée en son appel principal ;

L’en déboute ;

Dit Monsieur Lamine OUATTARA partiellement fondé en


son appel incident ;

Reforme l’ordonnance sur le montant de l’astreinte


comminatoire ;

Fixe le montant de l’astreinte comminatoire à cinq cent


mille (500.000) Francs CFA par jour de retard à compter

8
de la signification de la présente décision ;

Confirme l’ordonnance querellée pour le surplus ;

Met les dépens de l’instance à la charge de la Société


Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière dite
SICOGI ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et


an que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET LE


GREFFIER./.

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