RG4102019

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KF/RAO/AH

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


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COUR D’APPEL DE COMMERCE
D’ABIDJAN
--------------- AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU JEUDI
RG N° 410/2019
20 juin 2019
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ARRÊT CONTRADICTOIRE
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du 20/06/2019
--------- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
1ÈRE CHAMBRE publique ordinaire du jeudi vingt juin de l’an deux mil dix-
------------
neuf tenue au siège de ladite Cour, à laquelle siégeaient :
Affaire
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Docteur KOMOIN François, Premier Président de la Cour
La Société CIMENT D’AFRIQUE dite d’Appel de Commerce d’Abidjan ;
CIMAF
(YAO Koffi Marius)
Madame POKOU Annick épouse TORO et Messieurs
Contre TALL Yacouba, SILUE Daoda, et AMUAH David,
Conseillers à la Cour, Membres ;
SOCIETE INAYA SARL
(OBENG Koffi Fian)
Avec l’assistance de Maître DOUHO Thémaubly Danielle
-------------- épouse BAHI, Greffier ;
ARRÊT
------------ A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
Contradictoire
---------
ENTRE :

Déclare irrecevable l’appel interjeté par la La Société CIMENT D’AFRIQUE dite CIMAF société
société CIMENT D’AFRIQUE dite anonyme, au capital social de 2.000.000.000,F CFA dont le
CIMAF contre la sentence arbitrale
contradictoire n° CACI/152-ARB/2018 du
siège social est sis à Yopougon, Zone Industrielle face à la
21 mars 2019 rendue par la Cour MACA, inscrite au RCCM d’Abidjan sous le numéro CI-ABJ-
d’Arbitrage de Côte d’Ivoire dite CACI ; 2011-B-6236 représentée par agissant aux poursuites et
La condamne aux dépens de l’instance ; diligence de son Directeur Général, Monsieur KHALID IBEN
KHAYAT.

Appelante représentée et concluant par son conseil la Maitre


YAO Koffi Marius, avocat à la Cour d’Appel, sise à Abidjan
dans la commune de Cocody les Deux Plateaux, Boulevard
Latrille, résidence B, rez-de-chaussée porte 15, 08 BP 3976
Abidjan 08, Tél. : 24.00.03.79, Cel. :
05.80.89.63./03.49.68.19
D’UNE PART ;

ET ;

La Société INAYA SARL, société a responsabilité limitée


au capital social de 15.000.000, F CFA dont le siège est sis à

1
Abidjan Riviera palmeraie, Rue Ministre, lot N° 1634 ilot 83
07 BP 691 Abidjan 07 inscrite au RCCM sous le numéro CI-
ABJ-B-2014-7628 ;

Intimée représentée et concluant par son conseil, Maitre


OBENG Koffi Fian, avocat à la Cour d’Appel demeurant à
Abidjan Cocody Danga, 01 BP 6514 Abidjan 01 tél. :
20224616 ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni préjudicier


en quoi que ce soit aux droits et intérêts respectifs des parties
en cause, mais au contraire et sous les plus expresses réserves
des faits et de droit ;

Le Tribunal arbitral statuant en la cause a rendu une sentence


arbitrale contradictoire N° CACI/152-ARB/2018 du 21 mars
2019 qui a condamné la société Ciments de l’Afrique dite
CIMAF à payer à la société INAYA Sarl la somme de dix
millions quatre cent mille (10.400.000) F CFA ;

Par exploit du 03 mai 2019 de Maître M’BESSO Adepo Victor,


huissier de justice à Abidjan, la société CIMAF a interjeté
appel de la sentence arbitrale susénoncée et a par le même
exploit assigné la société INAYA Sarl à comparaître par-
devant la Cour de ce siège pour s’entendre infirmer la
sentence entreprise ;

Enrôlée sous le N° 410/2019 du rôle général du greffe de la


Cour, l’affaire a été appelée le 06 juin 2019, puis mise en
délibéré le 20 juin 2019 pour décision être rendue sur la
recevabilité du recours ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

2
FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET MOYENS
DES PARTIES

Par exploit en date du 21 mai 2019, la société CIMENT


D’AFRIQUE dite CIMAF a interjeté appel contre la sentence
arbitrale contradictoire n° CACI/152-ARB/2018 du 21 mars
2019 rendue par la Cour d’Arbitrage de Côte d’Ivoire dite
CACI, dont le dispositif est le suivant :

« Le Tribunal arbitral statuant contradictoirement en


matière d'arbitrage et en droit :

En la forme

Le Tribunal se déclare compétent pour connaître du présent


litige déclare recevables les demandes de la Société INAYA
SARL ;

Au fond

Déclare la société INAYA SARL partiellement fondée ;

En conséquence, condamne la société CIMENTS DE D


'AFRIQUE dite CIMAF à payer à la société INAYA SARL, la
somme de 10.400.000 F CFA ;

Déboute la société INAYA SARL du surplus de ses


demandes ;

Arrête les frais d'arbitrage à la somme globale de deux


millions six cent dix-sept mille huit cents F CFA ;

Dit que les parties supporteront à parts égales lesdits frais en


dehors des frais d'ouverture de dossier qui sont à la charge
exclusive de la demanderesse, soit un million deux cent
cinquante-huit neuf cents (1.258.900) F CFA chacune »

La société CIMENT D’AFRIQUE dite CIMAF sollicite de la


cour de céans qu’elle reçoive son appel, l’y dise bien fondée et
infirme la sentence arbitrale entreprise en ce qu’elle l’a
condamnée à payer à la société INAYA la somme de
10.400.000 F CFA ;

Elle fait valoir à cet effet que pour assurer la maintenance de


ses camions toupie, pompe à béton et la livraison de béton
fabriqué, elle a signé le 13 janvier 2015 un contrat avec la
société INAYA, entreprise spécialisée dans l’entretien des
centrales à béton ;

Aux termes de ce contrat, indique-t-elle, celle-ci devait


assurer :

- la maintenance des camions toupie pompe à béton ;


3
- la livraison et le pompage du béton fabriqué ;

Qu’elle s’est par ailleurs engagée à lui dispenser un service de


qualité et dans un programme d’amélioration continue en
matière de services ;

Elle souligne que la société INAYA ayant été défaillante dans


l’exécution de ses obligations, lui a causé un préjudice
financier ; de sorte que par sommation interpellative en date
du 07 octobre 2015, elle l’a interpellée sur ses défaillances et
fait injonction de payer la somme de 60.000.000 F CFA ;
toutefois, face à son inertie, elle a résilié le contrat comme le
prévoyaient ses clauses ;

Que c’est dans ce contexte que par requête en date du 23


juillet 2018, la société INAYA a saisi la Cour d’Arbitrage de
Côte d’Ivoire dite CACI aux fins de la voir condamner au
paiement de diverses sommes ;

Elle sollicite de la cour de céans l’infirmation de la sentence


entreprise, motif pris de la violation de l'article 26 de l'acte
uniforme relatif à l'arbitrage, en ce que n’étant pas motivée,
elle encourt annulation ;

Elle fait valoir que la motivation oblige l’arbitre le juge à


procéder à un raisonnement juridique, c’est-à-dire à
confronter le droit aux faits ; de sorte qu’elle constitue pour le
justiciable la garantie que ses prétentions et ses moyens ont
été sérieusement et équitablement examinés ;

Qu’en l’espèce, l’arbitre n’a pas effectué cette démarche et


s’est contenté d’affirmer qu’ « il est évident que le contrat
conclu le 13 janvier 2015 pour un an devait se poursuivre
jusqu’au 27 janvier 2016. En décidant de rompre avant le
terme et de façon brusque CIMAF a commis une faute dont
elle droit répondre.CIMAF aurait dû en effet vérifier la
réalité des griefs reprochés à INAYA et lui envoyer une mise
en demeure d'avoir à régulariser et faire cesser les
dysfonctionnements.
Si la liberté contractuelle constitue un principe fondateur du
droit des contrats toute rupture brutale sans préavis et
réalisée avant terme doit être sanctionnée par l 'octroi de
dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi » ;

Or, il est constant que la société INAYA avait reçu une


sommation constitutive de mise en demeure, de sorte que le
Tribunal arbitral a totalement erré et n’a pas fondé sa décision
sur une exacte appréciation des faits ;

Qu’en outre, l’arbitre ne s’est appuyé sur aucun texte de loi


pour étayer son raisonnement ;

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En réplique, la société INAYA excipe in limine litis de
l’irrecevabilité de l’appel de la société CIMAF, motif pris de ce
que les dispositions de l’acte uniforme sur l’arbitrage ne sont
pas applicables à la présente cause, qui est essentiellement
régie par la CACI ;

Qu’en effet, l’article 21 du contrat du 13 janvier 2015 signé par


les parties stipule que « toute question ou litige en relation
avec le contrat sera tranché selon les lois en vigueur en Côte
d’ivoire.
Les parties conviennent que toute contestation en relation
avec le Contrat, sera soumise à une conciliation obligatoire
préalable,
A cet effet, la partie la plus diligente saisira l’autre partie par
une lettre recommandée avec accusé de réception ou par tout
moyen laissant trace écrite.
L’acte de saisine devra comporter le motif du différend et
proposer une date de rencontre des parties qui ne devra pas
excéder sept (7) jours ouvrables à compter de sa réception
par l’autre partie A défaut de conciliation dans un délai de
trente (30) jours calendaires à compter de la réception de
l’acte de saisine, le différend sera tranché définitivement par
la Cour d‘Arbitrage de Côte d’ivoire (CACI), conformément à
son règlement » ;

Que par ailleurs, l’article 31 du Règlement d’Arbitrage intitulé


« Caractère définitif et exécutoire de la sentence » dispose
que : « la sentence arbitrale est définitive et revêt un
caractère obligatoire pour les parties. Celles-ci s'engagent,
par leur adhésion au présent règlement, à l'exécuter sans
délai, et de bonne foi.
La responsabilité de toute partie qui userait de manœuvres
dilatoires susceptibles de retarder ou de bloquer l’exécution
d’une sentence arbitrale, peut être recherchée » ;

Elle fait observer que la sentence arbitrale du 21 mars 2019


étant dès lors définitive, l’appel relevé contre elle est
irrecevable ;

Elle soutient, subsidiairement au fond, que l’appel de la


société CIMAF est mal fondée et fait valoir qu’elle a signé le 13
janvier 2015 un contrat de maintenance portant sur un parc
de camions, la livraison et le pompage du béton fabriqué par
la société CIMAF chez les différents clients de ce dernier pour
un montant de 10.500.000 F CFA HT par mois ;

Que par un avenant en date du 20 février 2015, avec effet au


1er juin 2015, les parties ont convenu de pratiquement doubler
le volume de ses prestations, moyennant une rémunération
mensuelle de 16.000.000 F CFA HT ; toutefois, alors qu’elle
exécutait les prestations promises, la société CIMAF a arrêté
de payer les factures et rompu unilatéralement le contrat le 1er
octobre 2015 avant son terme ;
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Elle allègue que les relances amiables pour parvenir au
paiement desdites factures étant restées sans suite, elle a saisi
la CACI d’une demande en paiement conformément aux
stipulations contractuelles ;

Que la société CIMAF a résisté à cette action en formulant une


demande reconventionnelle tendant à la voir condamner à lui
payer la somme de 74.868.000 F CFA pour mauvaise
exécution de la prestation d’entretien et pour personnel et
matériel non conformes au contrat ;

Que le 14 novembre 2017, la CACI l’a déboutée en sa demande


reconventionnelle et condamnée à lui payer la somme de
54.473.873 F CFA ;

Elle déclare avoir introduit une nouvelle instance pour voir la


société CIMAF condamnée à lui payer la somme de
72.622.490 F CFA à titre de dommages et intérêts
décomposée comme suit ;

- rupture abusive du contrat de maintenance sus visé :


56.751.504;

- rétention injustifiée de matériel de travail : 6.622.490


F CFA;

- résistance abusive au paiement des factures émises :


9.228.408 F CFA ;

Que c’est en statuant sur ces demandes que la CACI a rendu la


sentence querellée ;

Elle fait valoir que contrairement aux allégations de la société


CIMAF, une simple lecture de cette sentence suffit à constater
qu’elle est motivée ;

Elle sollicite de la cour de céans qu’elle confirme la sentence


arbitrale en ce qu’elle a retenu la rupture abusive du contrat
du 13 janvier 2015, tout en réévaluant la somme allouée en
réparation du préjudice subi à hauteur de la demande initiale
soit 56.751.504 F CFA ;

Elle sollicite en outre l’infirmation de la sentence arbitrale en


ce qu’elle a refusé de lui allouer des dommages et intérêts au
titre de la rétention abusive de son matériel, motif pris de ce
que l’accès aux locaux de la société CIMAF lui ayant été
interdit, elle n’a pu le récupérer ;

Qu’en effet, n’étant pas sa créancière, la rétention faite par la


société CIMAF de son matériel de travail n’est pas légitime ;
qu’il s’agit d’une véritable voie de fait qu’il convient de
sanctionner en la condamnant à lui payer la somme de
6.622.490 (six millions six cent vingt-deux mille quatre cent
6
quatre-vingt-dix) F CFA pour rétention abusive depuis l’année
2015 ;

Elle allègue que la société CIMAF ayant volontairement


résisté au paiement des factures émises au titre des
prestations fournies, cette résistance abusive lui a fait perdre
la somme de 9.228.408 F CFA représentant 16% de sa marge
initiale sur les 54.000.000 F CFA impayés par la société
CIMAF, de sorte qu’il échet de condamner cette dernière à lui
payer la somme sus indiquée ;

La Cour a soulevé elle aussi d’office l’irrecevabilité de l’appel


de la société CIMAF en ce qu’un tel recours n’est pas prévu à
l’encontre des sentences arbitrales et recueilli les observations
des parties ;

SUR CE

En la forme

Sur le caractère de la décision

Considérant que l’intimée a conclu ; qu’il y a lieu de statuer


contradictoirement à son égard ;

Sur la recevabilité de l’appel

Considérant que la société INAYA excipe in limine litis de


l’irrecevabilité de l’appel de la société CIMAF, motif pris de ce
que les dispositions de l’acte uniforme sur l’arbitrage ne sont
pas applicables à la présente cause qui est essentiellement
régie par la CACI ; et que selon le Règlement de cette
institution arbitrale les sentences rendues sous son égide sont
définitives entre les parties ;

Que pour sa part, l’appelante sollicite l’infirmation de la


sentence entreprise, motif pris de la violation de l'article 26 de
l'acte uniforme relatif à l'arbitrage ;

Considérant qu’aux termes de l’article 25 de l’acte uniforme


relatif au droit d’arbitrage que « La sentence arbitrale n'est
pas susceptible d'opposition, d'appel, ni de pourvoi en
cassation.

Elle peut faire l'objet d'un recours en annulation, qui doit


être porté devant le juge compétent dans l'Etat-partie.

La décision du juge compétent dans l'Etat-partie n'est


susceptible que de pourvoi en cassation devant la Cour
Commune de Justice et d'Arbitrage.

La sentence arbitrale peut faire l'objet d'une tierce opposition


devant le tribunal arbitral par toute personne physique ou
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morale qui n'a pas été appelée et lorsque cette sentence
préjudicie à ses droits.

Elle peut également faire l'objet d'un recours en révision


devant le tribunal arbitral en raison de la découverte d'un
fait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le
prononcé de la sentence, était inconnu du tribunal arbitral et
de la partie qui demande la révision » ;

Qu’il résulte de l’analyse de cette disposition que la sentence


arbitrale n’est pas susceptible d’opposition ou d’appel, ni d’un
pourvoi en cassation, et ne peut faire l’objet que d’un recours
en annulation ;

Considérant qu’en l’espèce la société CIMAF a interjeté appel


de cette sentence tel qu’il résulte de l’intitulé de son
exploit d’« acte d’appel » et du contenu dudit exploit par
lequel elle sollicite l’infirmation de ladite sentence arbitrale ;

Que la sentence arbitrale n’étant pas susceptible d’appel, il


convient de déclarer l’appel interjeté par elle irrecevable ;

Sur les dépens

Considérant que l’appelante succombe ;

Qu’il y a lieu de la condamner aux dépens de l’instance ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier


ressort ;
Déclare irrecevable l’appel interjeté par la société CIMENT
D’AFRIQUE dite CIMAF contre la sentence arbitrale
contradictoire n° CACI/152-ARB/2018 du 21 mars 2019
rendue par la Cour d’Arbitrage de Côte d’Ivoire dite CACI ;

La condamne aux dépens de l’instance ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jours, mois et an


que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET LE


GREFFIER./.

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