Liberté

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Etre libre est-ce ne pas dépendre de la société ?

On peut partir d’une définition simple de la liberté : faire ce que l’on veut sans contrainte
qui soumettrait le sujet. Or, si l’on part du principe que l’objet est un absolu i-e l’origine et
le fondement de lui-même, la société n’est qu’une privation de liberté par les règles qu’elle
impose. Ici par conséquent, être libre c’est ne dépendre que de soi-même.
Pourtant à y regarder de plus près, la société est le creuset de la liberté. Rappelons Victor
l’enfant sauvage qui vivait à la condition animale. Son exemple montre que l’humanité
n’est jamais qu’en puissance en l’homme et qu’elle nécessite la présence d’autrui pour
s’actualiser. La liberté s’acquiert par l’humanité et par la présence de la société. Mais
qu’advient-il du sujet dans ce cas ? Reste-t-il cet absolu épris de liberté ?
Pour autant, à quelle société faut-il se référer pour que la liberté soit possible? Il faudra
regarder du côté de la société anarchique pour élucider si la liberté dans ce contexte est
réalisable. Peut-être alors que la liberté politique serait non pas de dépendre de la société
mais d’un Etat qui jouerait un rôle d’arbitre entre les hommes. Mais le risque est alors que
l’Etat prenne trop de place. Vers quel Etat faut-il alors se tourner pour que les hommes
sortent de leurs conflits égoïstes et regardent en direction de l’intérêt général et de la
liberté politique?

I-Être libre c’est ne pas dépendre de la société. Pourquoi ?

A- Car la société impose des contraintes.

1- Ex que montre l’ethnologie : nécessité d’un échange alimentaire. Pierre Clastres, La


Société contre l’État. Les chasseurs ne peuvent pas manger la viande de leur chasse. Ils
doivent échanger la viande avec les autres chasseurs pour se nourrir eux-mêmes.

2- Règle interne à la tribu régie par un tabou alimentaire.


Superstition selon laquelle manger la viande de sa propre chasse conduirait à revenir
bredouille la fois prochaine. Cela permet d’échanger et établir des relations entre les
hommes.

3- Le chasseur est dépendant des autres alors qu’il pourrait vivre de sa chasse et être
autonome.
T : Mais ne pouvons nous pas aller plus loin en passant de la dépendance alimentaire des
tribus à la dépendance morale en société ?
B- L’importance du regard d’autrui.
1- Le regard d’autrui comme chosification.
Sartre, L’enfer c’est les autres
Le garçon de café joue un rôle et le client le chosifie en le réduisant à son rôle social au
lieu de voir en lieu une personne.

2- Conséquence : l’homme n’est alors plus un sujet mais un objet.

3- Impossibilité d’être soi-même à cause de l’autre qui me prive de cette liberté.


T : comment faire pour être libre ?

C- Etre libre c’est ne dépendre que de soi.

1- Indépendance du bon sauvage


Il n’est contraint par personne car il ne vit pas en société. C’est la solitude et la paix.

2- La société en revanche abîme l’homme.


Cf la statue de Glaucus. La société a abîmé le bon sauvage comme le sel de la mer a
abîmé le visage de la statue qui est dès lors méconnaissable. « L’homme est né libre et
partout il est dans les fers ». Dans le Contrat social, l’homme doit obtenir une liberté civile.

3- Comment faire en société pour recouvrer la liberté ?


= Il faut se recentrer sur soi-même. Sixième lettre morale : Rousseau compare l’homme
à un « petit insecte » (araignée) qui tend sa toile. Il est au centre de sa toile. L’homme
tend ses filets et essaie d’attraper une proie, on veut plaire aux autres, se donner un style,
on va changer son comportement pour se rendre intéressant. On se donne en spectacle,
la société est un théâtre. Pour être libre en société, il faut redevenir soi-même et se couper
des autre. Ne plus se répandre en société.
T : Mais à se couper de la société, on est davantage seul que libre. Le sujet peut-il
vraiment être autosuffisant ?

II- La liberté se construit en société.

A- L’indépendance du bon sauvage est une hypothèse euristique.

1- L’indépendance du bon sauvage c’est une liberté naturelle mais pas civile. Sa liberté est
aussi grande que son pouvoir d’agir. Rien ne garantie de plus que l’homme naturel ait été
un bon sauvage. Seulement une hypothèse de travail.

2- Besoin d’autrui pour gagner en liberté. Si on veut gagner en force on va s’associer avec
d’autres. Force plus grande car plusieurs forces. Quantité et non qualité.

3- Naissance de l’amour, la vie en famille. Sortie de la vie du bon sauvage. Opter pour la
« société commencée ».
T : Naissance de la conscience et de la liberté en société. Le bon sauvage ne sait pas qu’il
est indépendant. Donc pas libre véritablement.

B- La vie sociale ou devenir un être libre.

1- Apprentissage de la liberté morale. Aller contre le déterminisme naturel, la morale


comme une contre-nature. Etre moral c’est aller contre la nature en moi i-e mon égoïsme.

2- Pourquoi ? Parce qu’il n’y a de liberté que s’il y a présence d’une conscience morale.
Société comme condition de possibilité de l’éveil de la conscience morale, comme son
actualisation. Aristote « l’homme est un animal politique » (Politiques), l’animal ne vit pas
en société, Dieu non plus, ce ne sont que les hommes. Faire des choix de façon éclairée.
T : Liberté = contre le déterminisme naturel grâce à la société.
Pourtant il existe des déterminismes sociaux, faut-il se couper de ces déterminismes ?

C-La liberté morale comme utilisation du déterminisme.

1- Le sujet n’est plus un absolu mais il est un individu, le résultat contingent d’une
extériorité sociale qu’il intègre.

2- La contrainte devient alors une obligation = intériorisation des interdits sociaux et


parentaux : Freud : Malaise dans la culture chp 7 (passage découpé).

3- La liberté comme conformisme ?


Non, être libre moralement en société c’est utiliser le cadre pour le bousculer. Ex : liberté
de penser de Galilée : aller contre le cosmos de l’antiquité grecque.
T : Être libre n’est pas s’exclure de la société car c’est notre humanité qui est alors en jeu.
Mais nécessité de reconnaître que parfois la société essaie d’enlever la liberté politique.

III- La liberté comme obéissance à des lois légitimes.

A- L’anarchie. La société doit se séparer de l’État.

1. La société doit se passer de l’État. Société = égalité de ses membres + réciprocité +


spontanéité des échanges entre les individus (cours sur l’Etat).

2- Anarchie= règles internes et pas externes à la société.

3- Pas de hiérarchie ni de soumission.


T : Pb : Orwell : la ferme des animaux. L’idée que l’anarchie est le creuset de la tyrannie et
si elle est réalisable, ce n’est que dans de micro-sociétés. La liberté est dans ce cas plus
un fantasme qu’une réalité.
B-La liberté c’est ne pas dépendre de la société mais de l’État.

1- La société civile = monde du travail Cf Hegel : Principes de la philosophie du droit.

2- l’État est l’arbitre = justice et non vengeance.

3- Du bourgeois au citoyen : être libre c’est s’élever au niveau de l’intérêt général grâce à
l’État.
T : Pb : si l’Etat est supérieur à l’individu (« le terrestre divin » chez Hegel), il est
préjudiciable aux libertés individuelles. D’où...

C- La nécessité de la construction de la liberté politique dans un Etat idéal


...et non plus totalitaire si l’on se réfère à la critique de l’État hégélien selon Hannah
Arendt.

1- Le contrat social de Rousseau comme texte fondateur de la démocratie. Celui qui


renonce à tout (liberté naturelle) ne renonce, en réalité, à rien car il gagne en retour la
liberté civile = changement de nature de la liberté.

2- La volonté générale : la volonté de tous pour l’intérêt général.

3- La liberté civile possible seulement s’ il y a des lois légitimes. Rousseau : lettres écrites
de la montagne.

Conclusion générale (à ne pas écrire le jour du bac) :


Nous avons vu que de prime abord, être libre c’est ne pas dépendre de la société mais de
soi i-e ne pas être soumis à autrui et n’obéir qu’ à soi-même. Or l’indépendance n’est pas
la liberté, n’obéir qu’ à soi c’est être un être chaotique et naturel. Ce n’est pas être un
homme à proprement parler. La liberté se construit dans un face-à-face avec l’autre et
dans des règles communes. C’est pourquoi la liberté est une utilisation du déterminisme
social et non l’éradication de celui-ci. Mais la liberté n’est pas que le sentiment de la
liberté. Elle doit reposer avant tout sur la liberté politique c’est-à-dire sur des conditions
extérieures. Si l’anarchie peut être séduisante, elle ne peut être durable. C’est pourquoi la
liberté politique, ce n’est pas dépendre de la société mais d’un État qui doit être
démocratique en visant l’intérêt général. La liberté civile s’oppose alors à l’indépendance.
Elle s’accompagne de lois légitimes auxquelles on obéit sans se soumettre.

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