Corrigés - Bac Philo Techo
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Épreuve de philosophie
Introduction.
La liberté, voici un sujet essentiel à la vie humaine, l’être humain étant capable de se soulever en
masse et de mourir pour elle. Mais qu’est-elle, cette liberté ? Comment l’entendre et la définir ?
Consiste-t-elle à n’obéir à personne ? Autrement dit, réside-t-elle dans cette absence de contrainte
qui suppose de ne pas se calquer aux impératifs extérieurs, de ne pas connaître la soumission à
l’influence ou aux prérogatives ?
Mais alors, doit-elle et surtout peut-elle se faire de manière individuelle, dans le déni systématique
des autres ? Ne faut-il pas toujours que le collectif entre en compte, pour précisément préserver les
libertés individuelles de tous ?
Tels sont les questionnements et enjeux que soulève un tel sujet, auquel nous répondrons en trois
temps.
I. Oui, la liberté réside dans le fait de n’obéir à personne. Elle se définit comme absence de contraintes
extérieures.
• Le mot « liberté » a émergé en opposition à celui d’« esclave ». On parle d’homme libre en
comparaison aux esclaves, qui eux, sont assujettis à d’autres personnes.
• Est ainsi libre celui qui a priori n’obéit pas aux autres, contrairement aux esclaves.
• Plus encore, être libre serait être auteur de sa vie et du chemin que l’on prend dans celle-ci,
déterminé par personne.
• Sartre l’explique fort bien (L’être et le néant). L’homme est « condamné à être libre » parce
qu’il vit sans Dieu qui aurait tracé à l’avance sa destinée et sans personne pour lui infliger de
se soumettre. Nous sommes totalement libres, n’obéissant qu’à nous-mêmes.
II. La liberté consiste d’autant plus à n’obéir à personne qu’elle est même indépendance, capacité de
choisir et de se choisir.
• La liberté est indépendance des autres par la faculté qu’a l’homme de pouvoir choisir, de voir
ce qui est le meilleur pour lui et de décider lui-même.
• Descartes prouve l’absence de liberté dans l’impossibilité de choisir par l’histoire de l’âne de
Buridan, inapte à choisir entre boire et manger. Contre-exemple de ce qu’est la liberté comme
pouvoir de décision (Méditations métaphysiques).
• Version plus forte de la liberté, l’autonomie, qui diffère de l’indépendance : elle ne consiste
pas à ne pas suivre les autres, mais à se créer soi-même ses propres lois.
• L’autonomie existe dans la vie matérielle (production auto-suffisante) mais aussi dans le
domaine moral (les lois morales surpassant les lois légales).
• Le mythe d’Antigone (Sophocle) l’illustre puissamment : Antigone est totalement libre parce
qu’elle décide de ne pas se soumettre aux lois injustes de la cité lui interdisant d’enterrer son
frère, et d’écouter sa propre conscience morale.
III. La liberté individuelle doit prendre le pli de la liberté collective. N’obéir à personne mais s’obliger
soi-même à prendre les autres en considération.
Conclusion
La liberté c’est ainsi n’obéir à personne mais s’obliger soi-même à prendre en compte les autres.
Sujet 2 – dissertation, « Est-il juste de défendre ses droits par tous les moyens ? »
Introduction.
Le sujet ici présent ne se pose pas la question spontanément de l’essence de la justice, il en vient
simplement à se demander s’il est juste ou non de défendre par n’importe quel moyen, sous-entendu
à n’importe quel prix, ses droits.
Les droits ayant été institués par le domaine judiciaire, ils sont une concrétisation de ce qui est juste
ou non. Ainsi, les défendre coûte que coûte, sans passer par un cadre légal, n’irait-il pas à l’encontre
même de la justice ? Secondement, le juste étant tout aussi bien légal que moral, ne serait-ce par
profondément illégitime de procéder ainsi et contre-nature ?
I. Défendre ses droits par tous les moyens, oui, car ce qui serait injuste serait bien plutôt de ne rien
faire pour préserver le droit.
• Avoir des droits n’est jamais acquis, il faut se battre pour, toujours. Ce que montre la
Déclaration des droits de l’homme, datant de 1789 et inexistante avant !
• Il y a un devoir absolu de protéger ses droits pour les préserver.
• D’où l’édification du principe de désobéissance civile : désobéir à des lois qui seraient injustes
pour garantir le juste et la moralité des choses.
• Thoreau (La désobéissance civile) refusa ainsi d’obéir aux lois de son pays et ne paya pas
d’impôts pour ne pas cautionner la guerre des États-Unis au Mexique.
II. Mais attention, la vraie justice ne serait pas d’agir coûte que coûte, mais toujours dans un cadre, légal
et/ou moral.
- Un juste non cadré, non mesuré, ne serait plus juste du tout, on ne peut utiliser tous les
moyens pour défendre ses droits, ni faire part à la violence, la revanche, la vengeance…
- Platon réfute dans la République l’idée de justice revancharde, « œil pour œil, dent pour
dent ». On ne peut se faire justice soi-même.
- La fin ne peut justifier les moyens, le juste étant tout aussi bien légal que moral, pour le faire
respecter il faut être dans le cadre des lois et dans la légitimité.
- Défendre ses droits à n’importe quel prix en reviendrait à exclure les autres du droit. C’est une
position intenable.
III. La justice institutionnelle gage de l’idée de justice : non, n’importe quel moyen pour défendre ses
droits n’est pas envisageable.
• Incompatibilité d’une justice personnelle avec l’idée de justice : si tout individu se faisait
justice, il y aurait autant de justices que d’individus.
• « L’homme serait un loup pour l’homme » (Hobbes, Léviathan) et on vivrait dans un état
d’anarchie et de violence inouïe, dans un monde de non-droits.
• L’instauration du droit pour concrétiser la justice : il faut faire confiance à la justice
institutionnelle et passer par elle pour se défendre et se protéger.
• Hegel (Principes de la philosophie du droit) : une justice personnelle est contre-nature, la
justice doit tendre à l’universel, ce que seul le cadre judiciaire permet.
Conclusion
La défense des droits et du juste doit nécessairement passer par le légal et le moral.
A/ Éléments d'analyse
(1) Dans ce texte, Diderot explique le rôle d'un témoignage qui consiste à fournir une double assurance.
En effet, je suis assuré par les paroles d'un témoin à la fois de ce qu’il a vu mais aussi de ce qu’il dit. (2)
Cependant, un seul témoignage ne suffit pas à établir la vérité, c'est-à-dire ne me donne pas la
certitude que pourrait avoir une démonstration mathématique par exemple. Le témoignage est
particulier parce qu'il vient d'un seul homme, et n'a donc pas le caractère universel et objectif d'un
raisonnement qui pourrait être partagé par tous les hommes. Mais comment la vérité pourrait-elle
venir de plusieurs hommes, de plusieurs intérêts ou passions caractéristiques de l'esprit humain ? (3)
Si la vérité est universelle et non particulière et subjective, l'erreur, elle, prend différentes formes.
Diderot insiste ici sur la multiplicité et la diversité des passions qui sont la cause de nos erreurs. Ces
passions variées et différentes d'un homme à un autre, d'une culture à une autre, sont à l'origine de
nombreux préjugés. (4) Or, « il n'y a que la vérité qui puisse faire parler de la même manière tant
d'hommes d'un caractère opposé, » cela signifie que seule la vérité, contrairement au préjugé, est la
garantie de l'universalité d'une parole, de la certitude de ce qui est dit malgré la subjectivité des
opinions des hommes et la multiplicité de leur caractère.
B/ Éléments de synthèse
(1) Dans ce texte, Diderot s'interroge sur l'assurance de la vérité que je pourrais avoir par le biais d'un
ou plusieurs témoignages. (2) Dans une première partie (« Si je pouvais m'assurer...qui le font
mouvoir ») il fait l'hypothèse d'atteindre la vérité par un seul témoignage. Dans une deuxième partie
(« Mais ce que je cherchais en vain...douter de sa réalité »), il cherche à dépasser la subjectivité d'un
seul témoignage en confrontant la vérité à la multiplicité des opinions et des erreurs. Enfin en dernière
partie (« Plus vous me prouverez...caractère opposé »), il met en parallèle le degré subjectif et
particulier des passions et le caractère objectif et universel de la vérité. (3) L'unanimité des opinions
est-elle un critère de vérité ?
C/ Commentaire