Annales Du Bac Philosophie

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Annales du Baccalauréat Philosophie

Série L 2019 Métropole

1er sujet
Peut-on échapper au temps ?

2e sujet
A quoi bon expliquer une œuvre d’art ?

3e sujet
Pour savoir ce qu’est une loi de la nature, il faut que nous ayons une connaissance de la nature, car
ces lois sont exemptes d’erreur et ce sont seulement les représentations que nous en avons qui
peuvent être fausses. La mesure de ces lois est en dehors de nous : notre connaissance n’y ajoute
rien et ne les améliore pas. Il n’y a que la connaissance que nous en avons qui puisse s’accroître. La
connaissance du droit est, par certains côtés, semblable à celle de la nature, mais, par d’autres côtés,
elle ne l’est pas. Nous apprenons, en effet, à connaître les lois du droit telles qu’elles sont données.
C’est plus ou moins de cette façon que le citoyen les connaît et le juriste qui étudie le droit positif1
s’en tient, lui aussi, à ce qui est donné. Toutefois la différence consiste en ceci que, dans le cas des
lois du droit, intervient l’esprit de réflexion et la diversité de ces lois suffit à nous rendre attentifs à ce
fait que ces lois ne sont pas absolues. Les lois du droit sont quelque chose de posé, quelque chose
qui provient de l’homme. La conviction intérieure peut entrer en conflit avec ces lois ou leur donner
son adhésion. L’homme ne s’en tient pas à ce qui est donné dans l’existence, mais il affirme, au
contraire, avoir en lui la mesure de ce qui est juste. Il peut sans doute être soumis à la nécessité et à
la domination d’une autorité extérieure, mais il ne l’est pas comme dans le cas de la nécessité
naturelle, car son intériorité lui dit toujours comment les choses doivent être, et c’est en lui- même
qu’il trouve la confirmation ou la désapprobation de ce qui est en vigueur. Dans la nature, la vérité la
plus haute est qu’il y a une loi ; cela ne vaut pas pour les lois du droit où il ne suffit pas qu’une loi
existe pour être admise.

HEGEL, Principes de la philosophie du droit (1820)

Série S Métropole 2019

Sujet 1 :
La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?

Sujet 2 :
Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Série L 2018 Métropole

1er sujet
Que gagne-t-on à se cultiver ?

2e sujet
Les sociétés subissent-elles leur histoire ?
3e sujet
PSérie ES Pondichéry 2018

1er sujet
Peut-on vivre sans morale ?

2e sujet
Doit-on attendre de la technique qu’elle mette fin au travail ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :

Les gouvernants voudraient faire admettre la maxime qu’eux seuls sont susceptibles de voir juste en
politique, et que par conséquent il n’appartient qu’à eux d’avoir une opinion à ce sujet. Ils ont bien
leurs raisons pour parler ainsi, et les gouvernés ont aussi les leurs, qui sont précisément les mêmes,
pour refuser d’admettre ce principe, qui, effectivement considéré en lui-même, et sans aucun
préjugé, soit de gouvernant, soit de gouverné, est tout à fait absurde. Car les gouvernants sont, au
contraire, par leur position, même en les supposant honnêtes, les plus incapables d’avoir une opinion
juste et élevée sur la politique générale ; puisque plus on est enfoncé dans la pratique, moins on doit
voir juste sur la théorie. Une condition capitale pour un publiciste1 qui veut se faire des idées
politiques larges, est de s’abstenir rigoureusement de tout emploi ou fonction publique : comment
pourrait-il être à la fois acteur et spectateur ? Mais on est tombé, à cet égard, d’un excès dans un
autre. En combattant la prétention ridicule du savoir politique exclusif des gouvernants, on a
engendré, dans les gouvernés, le préjugé, non moins ridicule, quoique moins dangereux, que tout
homme est apte à se former, par le seul instinct, une opinion juste sur le système politique, et
chacun a prétendu devoir s’ériger en législateur.

Il est singulier que les hommes jugent impertinent de prétendre savoir la physique ou l’astronomie,
etc., sans avoir étudié ces sciences, et qu’ils croient en même temps que tout le monde doit savoir la
science politique, et avoir une opinion fixe et tranchante sur ses principes les plus abstraits, sans qu’il
soit nécessaire d’avoir la peine d’y réfléchir, et d’en avoir fait un objet spécial d’étude. Cela tient à ce
que la politique n’est point encore une science positive : car il est évident que, quand elle le sera
devenue, tout le monde comprendra que, pour la connaître, il est indispensable d’avoir étudié les
observations et les déductions sur lesquelles elle sera fondée.

Auguste COMTE, Opuscules de philosophie sociale

Série S Pondichéry 2018

1er sujet
Toute démonstration est-elle scientifique ?

2e sujet
Une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :

Considérons maintenant l’âme dans le corps, qu’elle existe d’ailleurs avant lui ou seulement en lui ;
d’elle et du corps se forme le tout appelé animal. Si le corps est pour elle comme un instrument dont
elle se sert, elle n’est pas contrainte d’accueillir en elle les affections du corps, pas plus que l’artisan
ne ressent ce qu’éprouvent ses outils : mais peut-être faut-il qu’elle en ait la sensation, puisqu’il faut
qu’elle connaisse, par la sensation, les affections extérieures du corps, pour se servir de lui comme
d’un instrument : se servir des yeux, c’est voir. Or, elle peut être atteinte dans sa vision, et par
conséquent, subir des peines, des souffrances, et tout ce qui arrive au corps ; elle éprouve aussi des
désirs, quand elle cherche à soigner un organe malade. Mais comment ces passions viendront-elles
du corps jusqu’à elle ? Un corps communique ses propriétés à un autre corps ; mais à l’âme ? Ce
serait dire qu’un être pâtit1 de la passion d’un autre. Tant que l’âme est un principe qui se sert du
corps, et le corps un instrument de l’âme, ils restent séparés l’un de l’autre ; et si l’on admet que
l’âme est un principe qui se sert du corps, on la sépare. Mais avant qu’on ait atteint cette séparation
par la pratique de la philosophie, qu’en était-il ? Ils sont mêlés : mais comment ? Ou bien c’est d’une
des espèces de mélanges ; ou bien il y a entrelacement réciproque ; ou bien l’âme est comme la
forme du corps, et n’est point séparée de lui ; ou bien elle est une forme qui touche le corps, comme
le pilote touche son gouvernail ; ou bien une partie de l’âme est séparée du corps et se sert de lui, et
une autre partie y est mélangée et passe elle-même au rang d’organe.

PLOTIN, Ennéades

Séries Technologiques Pondichéry 2018


Sujet 1 : Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

Sujet 2 : La culture sert-elle à changer le monde ?

Sujet 3 : Il semble qu’on puisse affirmer que l’homme ne saurait rien de la liberté intérieure s’il
n’avait d’abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible1 dans le monde. Nous prenons
conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce2 avec d’autres, non dans
le commerce avec nous-mêmes.

Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise
comme le statut de l’homme libre, qui lui permettait de se déplacer, de sortir de son foyer, d’aller
dans le monde et de rencontrer d’autres gens en actes et en paroles. Il est clair que cette liberté était
précédée par la libération : pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie. Mais le
statut d’homme libre ne découlait pas automatiquement de l’acte de libération. Être libre exigeait,
outre la simple libération, la compagnie d’autres hommes, dont la situation était la même, et
demandait un espace public commun où les rencontrer — un monde politiquement organisé, en
d’autres termes, où chacun des hommes libres pût s’insérer par la parole et par l’action.

ARENDT, La crise de la culture (1961)

1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes d u raisonnement .


2. Expliquer :
a) « nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre
commerce aux autres, non dans le commerce à nous -mêmes. » ;
b) « pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie »
c) « Être libre [ ...] demandait un espace public où les rencontrer ».

3. La liberté suppose- t-elle des échanges avec autrui ?

Série littéraire 2017

1er sujet
Suffit-il d'observer pour connaître ?

2e sujet
Tout ce que j'ai le droit de faire est-il juste ?

3e sujet
Un Auteur célèbre*, calculant les biens et les maux de la vie humaine et comparant les deux sommes,
a trouvé que la dernière surpassait l’autre de beaucoup et qu’à tout prendre la vie était pour
l’homme un assez mauvais présent. Je ne suis point surpris de sa conclusion ; il a tiré tous ses
raisonnements de la constitution de l’homme Civil : s’il fût remonté jusqu’à l’homme Naturel, on
peut juger qu’il eût trouvé des résultats très différents, qu’il eût aperçu que l’homme n’a guère de
maux que ceux qu’il s’est donnés lui-même, et que la Nature eût été justifiée. Ce n’est pas sans peine
que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux. Quand d’un côté l’on considère les
immenses travaux des hommes, tant de sciences approfondies, tant d’arts inventés ; tant de forces
employées ; des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus
navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes
élevés sur la terre, la mer couverte de Vaisseaux et de Matelots ; et que de l’autre on recherche avec
un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l’espèce
humaine, on ne peut qu’être frappé de l’étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et
déplorer l’aveuglement de l’homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine
admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible et
que la bienfaisante nature avait pris soin d’écarter de lui.

ROUSSEAU, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755.

Série Economique 2017

1er sujet
La raison peut-elle rendre raison de tout ?

2e sujet
Une œuvre d'art est-elle nécessairement belle ?

3e sujet
"Étant donné […] qu’il n’existe pas au monde de République où l’on ait établi suffisamment de règles
pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s’ensuit
nécessairement que, dans tous les domaines d’activité que les lois ont passés sous silence, les gens
ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme étant le plus profitable. Car si
nous prenons la liberté au sens propre de liberté corporelle, c’est-à-dire le fait de ne pas être
enchaîné, ni emprisonné, il serait tout à fait absurde, de la part des hommes, de crier comme ils le
font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D’autre part, si nous entendons
par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de
réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre
maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c'est bien ce qu’ils réclament ; ne
sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains
d’un homme (ou de plusieurs), pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par
conséquent que dans les choses que le souverain, en réglementant les actions des hommes, a
passées sous silence, par exemple la liberté d’acheter, de vendre, et de conclure d’autres contrats les
uns avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d’éduquer leurs
enfants comme ils le jugent convenable et ainsi de suite."

HOBBES, Léviathan (1651)

Série scientifique (S) 2017


1er sujet
Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?

2e sujet 
Peut-on se libérer de sa culture

3e sujet 
À la limite, la vie, c'est ce qui est capable d'erreur. Et c'est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette
éventualité fondamentale qu'il faut demander compte du fait que la question de l'anomalie traverse
de part en part toute la biologie. À elle aussi qu'il faut demander compte des mutations et des
processus évolutifs qu'elle induit. À elle qu'il faut demander compte de cette mutation singulière, de
cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l'homme à un vivant qui ne se trouve
jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l'« erreur ». Et si on
admet que le concept, c'est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que
l'erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L'opposition du vrai et du
faux, les valeurs qu'on prête à l'un et à l'autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les
différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n'est peut-être que la réponse la plus
tardive à cette possibilité d'erreur intrinsèque1 à la vie. Si l'histoire des sciences est discontinue,
c'est-à-dire si on ne peut l'analyser que comme une série de "corrections", comme une distribution
nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c'est que, là encore, l'
« erreur » constitue non pas l'oubli ou le retard d'une vérité, mais la dimension propre à la vie des
hommes et au temps de l'espèce.

FOUCAULT, Dits et Ecrits (1978).

Séries Technologiques 2017

1er sujet
Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?

2e sujet
Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

3e sujet
On voit à quoi se réduirait l’homme, si l’on en retirait tout ce qu’il tient de la société : il tomberait au
rang de l’animal. S’il a pu dépasser le stade auquel les animaux se sont arrêtés, c’est d’abord qu’il
n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels, mais coopère régulièrement avec ses
semblables ; ce qui renforce le rendement de l’activité de chacun. C’est ensuite et surtout que les
produits du travail d’une génération ne sont pas perdus pour celle qui suit. De ce qu’un animal a pu
apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les
résultats de l’expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail,
grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se
transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre
ainsi d’une riche alluvion1 qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu’une
génération s’éteint et est remplacée par une autre, la sagesse humaine s’accumule sans terme, et
c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même.
Mais, tout comme la coopération dont il était d’abord question, cette accumulation n’est possible
que dans et par la société. DURKHEIM, Education et sociologie (1922)

1 « alluvion » (nom féminin) : mélange de matières minérales et végétales accumulées et portées par
les cours d’eau, riches en nutriments variés.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégager l'idée principale du texte et les étapes de sa construction.

2. Expliquer :

a) « il n'est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels » ;

b) « la sagesse humaine s'accumule sans terme » ;

c) « c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-
même ».

3. La vie au sein de la société est-elle toujours facteur de progrès ?

Série Littéraire 2016

1er sujet
Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ?

2e sujet
Le désir est-il par nature illimité ?

3e sujet
Est-ce qu’il existe aucun fait qui soit indépendant de l’opinion et de l’interprétation ? Des générations
d’historiens et de philosophes de l’histoire n’ont-elles pas démontré l’impossibilité de constater des
faits sans les interpréter, puisque ceux-ci doivent d’abord être extraits d’un chaos de purs
événements (et les principes du choix ne sont assurément pas des données de fait), puis être
arrangés en une histoire qui ne peut être racontée que dans une certaine perspective, qui n’a rien à
voir avec ce qui a eu lieu à l’origine ? Il ne fait pas de doute que ces difficultés, et bien d’autres
encore, inhérentes1 aux sciences historiques, soient réelles, mais elles ne constituent pas une preuve
contre l’existence de la matière factuelle, pas plus qu’elles ne peuvent servir de justification à
l’effacement des lignes de démarcation entre le fait, l’opinion et l’interprétation, ni d’excuse à
l’historien pour manipuler les faits comme il lui plaît. Même si nous admettons que chaque
génération ait le droit d’écrire sa propre histoire, nous refusons d’admettre qu’elle ait le droit de
remanier les faits en harmonie avec sa perspective propre ; nous n’admettons pas le droit de porter
atteinte à la matière factuelle elle-même. Pour illustrer ce point, et nous excuser de ne pas pousser la
question plus loin : durant les années vingt 2 , Clémenceau, peu avant sa mort, se trouvait engagé
dans une conversation amicale avec un représentant de la République de Weimar 3 au sujet des
responsabilités quant au déclenchement de la Première Guerre mondiale. On demanda à
Clémenceau : « À votre avis, qu’est-ce que les historiens futurs penseront de ce problème
embarrassant et controversé ? » Il répondit : « Ça, je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est
qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne. »

Hannah ARENDT, « Vérité et politique », 1964.


Série Economique 2016

1 er sujet
Savons-nous toujours ce que nous désirons ?

2 ème sujet
Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?

3 ème sujet
« […] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la volonté
de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il faut
remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son
consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu’il
n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque pas un qui ne
veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement : et même il arrive
souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l’ordre qu’il faut
tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu’il les incite à précipiter
leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n’ont pas assez de connaissance.
»

René DESCARTES, Principes de la philosophie (1644)

Série scientifique 2016

Sujet 1
Travailler moins, est-ce vivre mieux ?

Sujet 2
Faut-il démontrer pour savoir ?

Sujet 3
Je n’ignore pas que beaucoup ont pensé et pensent encore que les choses du monde sont
gouvernées par Dieu et par la fortune1 , et que les hommes, malgré leur sagesse, ne peuvent les
modifier, et n’y apporter même aucun remède. En conséquence de quoi, on pourrait penser qu’il ne
vaut pas la peine de se fatiguer et qu’il faut laisser gouverner le destin. Cette opinion a eu, à notre
époque, un certain crédit du fait des bouleversements que l’on a pu voir, et que l’on voit encore
quotidiennement, et que personne n’aurait pu prédire. J’ai moi-même été tenté en certaines
circonstances de penser de cette manière. Néanmoins, afin que notre libre arbitre2 ne soit pas
complètement anéanti, j’estime que la fortune peut déterminer la moitié de nos actions mais que
pour l’autre moitié les événements dépendent de nous. Je compare la fortune à l’un de ces fleuves
dévastateurs qui, quand ils se mettent en colère, inondent les plaines, détruisent les arbres et les
édifices, enlèvent la terre d’un endroit et la poussent vers un autre. Chacun fuit devant eux et tout le
monde cède à la fureur des eaux sans pouvoir leur opposer la moindre résistance. Bien que les
choses se déroulent ainsi, il n’en reste pas moins que les hommes ont la possibilité, pendant les
périodes de calme, de se prémunir en préparant des abris et en bâtissant des digues de façon à ce
que, si le niveau des eaux devient menaçant, celles-ci convergent vers des canaux et ne deviennent
pas déchaînées et nuisibles. Il en va de même pour la fortune : elle montre toute sa puissance là où
aucune vertu n’a été mobilisée pour lui résister et tourne ses assauts là où il n’y a ni abris ni digues
pour la contenir.

MACHIAVEL, Le Prince (1532)


1 « fortune » : le cours des choses.

2 « arbitre » : capacité de juger et de choisir.

Toutes séries technologiques sauf TMD : 2016

Sujet 1
Pour être juste, suffit-il d’obéir aux lois ?

Sujet 2
Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?

Sujet 3 :
Même quand les peintres travaillent sur des objets réels, leur but n’est jamais d’évoquer l’objet
même, mais de fabriquer sur la toile un spectacle qui se suffit. La distinction souvent faite entre le
sujet du tableau et la manière1 du peintre n’est pas légitime parce que, pour l’expérience esthétique,
tout le sujet est dans la manière dont le raisin, la pipe ou le paquet de tabac est constitué par le
peintre sur la toile. Voulons-nous dire qu’en art la forme seule importe, et non ce qu’on dit ?
Nullement. Nous voulons dire que la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne
sauraient exister à part. Nous nous bornons en somme à constater cette évidence que, si je peux me
représenter d’une manière suffisante, d’après sa fonction, un objet ou un outil que je n’ai jamais vu,
au moins dans ses traits généraux, par contre les meilleures analyses ne peuvent me donner le
soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire. Il ne s’agit donc pas, en
présence d’un tableau, de multiplier les références au sujet, à la circonstance historique, s’il en est
une, qui est à l’origine du tableau.

MERLEAU-PONTY, Causeries (1948)

1 « manière » : la façon dont le peintre peint, son style propre

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées
principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des
autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation.

2. Expliquer :

a) « un spectacle qui se suffit » ;

b) « la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part » ;

c) « les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai
jamais vu aucun exemplaire ».

3. Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ?

Série L 2015

- Sujet 1
Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ? 

- Sujet 2
Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? 
- Sujet 3
"Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de
différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait
pas de croyances dogmatiques, c’est-à-dire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et
sans les discuter. Si chacun entreprenait lui-même de former toutes ses opinions et de poursuivre
isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre
d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas
de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent
ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe
encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour
que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés
et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux
ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain
nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les
croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en
commun avec ses semblables". TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique (1840).

Série ES 2015

- Sujet 1
La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la société à laquelle elle appartient ?  

- Sujet 2
L'artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?

- Sujet 3
"Dans un État démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque
impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même
absurdité. Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie,
qui n’est autre que de soustraire les hommes à la domination absurde de l’appétit1 et à les
maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde
et dans la paix. Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il
appartient d’y pourvoir ; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne
reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit. Peut-être pensera-t-on que,
par ce principe, nous faisons des sujets des esclaves ; on pense en effet que l’esclave est celui qui agit
par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son caprice. Cela cependant n’est pas
absolument vrai ; car en réalité, celui qui est captif de son plaisir, incapable de voir et de faire ce qui
lui est utile, est le plus grand des esclaves, et seul est libre celui qui vit, de toute son âme, sous la
seule conduite de la raison".  SPINOZA, Traité théologico-politique (1670)

Série S 2015

- Sujet 1
Une œuvre d'art a-t-elle toujours un sens ? 

- Sujet 2
La politique échappe-t-elle à l'exigence de vérité ? 

- Sujet 3
"Comment peut-on prévoir un événement dépourvu de toute cause ou de tout indice qui explique
qu'il se produira ? Les éclipses du soleil et de la lune sont annoncées avec beaucoup d'années
d'anticipation par ceux qui étudient à l'aide de calculs les mouvements des astres. De fait, ils
annoncent ce que la loi naturelle réalisera. Du mouvement invariable de la lune, ils déduisent à quel
moment la lune, à l'opposé du soleil, entre dans l'ombre de la terre, qui est un cône de ténèbres, de
telle sorte qu'elle s'obscurcit nécessairement. Ils savent aussi quand la même lune en passant sous le
soleil et en s'intercalant entre lui et la terre, cache la lumière du soleil à nos yeux, et dans quel signe
chaque planète se trouvera à tout moment, quels seront le lever ou le coucher journaliers des
différentes constellations. Tu vois quels sont les raisonnements effectués par ceux qui prédisent ces
événements. Ceux qui prédisent la découverte d'un trésor ou l'arrivée d'un héritage, sur quel indice
se fondent-ils ? Ou bien, dans quelle loi naturelle se trouve-t-il que cela arrivera ? Et si ces faits et
ceux du même genre sont soumis à pareille nécessité, quel est l'événement dont il faudra admettre
qu'il arrive par accident ou par pur hasard ? En effet, rien n'est à ce point contraire à la régularité
rationnelle que le hasard, au point que même un dieu ne possède pas à mes yeux le privilège de
savoir ce qui se produira par hasard ou par accident. Car s'il le sait, l'événement arrivera
certainement ; mais s'il se produit certainement, il n'y a plus de hasard ; or le hasard existe : par
conséquent, il n'y a pas de prévision d'événements fortuits". Cicéron, De la divination (1er siècle
avant J.-C).

Série technologique 2015

- Sujet 1
La culture fait-elle l'homme ? 

- Sujet 2
Peut-on être heureux sans être libre ? 

-Sujet 3
La règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont
nous n’avons pas l’expérience ressemblent à ceux dont nous l’avons ; que ce que nous avons vu être
le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsqu’il y a opposition des arguments, nous
devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées.
Mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et
incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, l’esprit n’observe pas toujours la
même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet
d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire
l’autorité. La passion de surprise et d’émerveillement qui produit des miracles, étant une agréable
émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements d’où elle dérive. »

David Hume, Enquête sur l’entendement humain (1748).

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Donner la thèse du texte et les étapes de son argumentation.

2. a) Expliquer : « nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre
d’observations passées ».

- Sujet 1 Réunion
Faut-il craindre la liberté ? 

- Sujet 2 Réunion
Les échanges contribuent-ils au bonheur ? 

Série L 2014

1er sujet
Les oeuvres d'art éduquent-elles notre perception ?

2e sujet
Doit-on tout faire pour être heureux ?

3e sujet
J’ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C’est un cauchemar parce qu’il affirme que le
monde entier, avec tout ce qu’il contient est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien
d’autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas.

Il détruit ainsi, en particulier, l’idée de créativité. Il réduit à l’état de complète illusion l’idée que, dans
la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de
nouveau. Ce qui s’est passé là, selon le déterminisme physique, c’est que certaines parties de mon
corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant
d’une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode
très simple : prédire les endroits précis ou le système physique composé de mon corps (y compris
mon cerveau , bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.

Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un
physicien complètement sourd, qui n’aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire
toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d’une méthode
simple, qui consisterait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils
traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien
mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des
partitions qui n’ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu’ils auraient
écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes - s’ils avaient mangé, disons, de
l’agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café.

Karl POPPER, La Connaissance objective, 1972

Série ES 2014

1er sujet
Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?

2ème sujet
Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

3ème sujet
La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans
la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si la machine doit « s’adapter » à la nature
de l’homme. (…) Pareille discussion ne peut-être que stérile : si la condition humaine consiste en ce
que l’homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient
immédiatement condition de notre existence ultérieure, l’homme s’est « adapté » à un milieu de
machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de
notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L’intérêt de la discussion à
notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d’adaptation puisse même se poser.
On ne s’était jamais demandé si l’homme était adapté ou avait besoin de s’adapter aux outils dont il
se servait : autant vouloir l’adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les
outils d’artisanat, à toutes les phases du processus de l’œuvre, restent les serviteurs de la main, les
machines exigent que le travailleur les serve et qu’il adapte le rythme naturel de son corps à leur
mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes, en tant que tels, s’adaptent ou
s’asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que, pendant toute la durée du travail à la
machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L’outil le plus raffiné reste au
service de la main qu’il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail
corporel et éventuellement le remplace tout à fait.

Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne,1958


 

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que


l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est
question.

Série S 2014

1er sujet
Vivons-nous pour être heureux ?

2ème sujet
L'artiste est-il maître de son œuvre ?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les
autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettre
absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite
de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de
toutes, et leur objet est tel que nous le désirons, puisque, sauf par inattention, il semble impossible à
l'homme d'y commettre des erreurs. Et cependant il ne faut pas s'étonner si spontanément
beaucoup d'esprits s'appliquent plutôt à d'autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de
ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d'affirmer des choses par divination dans une
question obscure que dans une question évidente, et qu'il est bien plus facile de faire des conjectures
sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile qu'elle soit.

De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu'il ne faut apprendre que l'arithmétique et la
géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s'occuper
d'aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celle des démonstrations de
l'arithmétique et de la géométrie.

René Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, 1628

Séries technologiques 2014

1er sujet

Les échanges sont-ils toujours intéressés ?


2ème sujet
Une vérité peut-elle être définitive ?
3ème sujet
SOCRATE : Celui qui garde son injustice au lieu d’en être délivré est le plus malheureux de tous.

POLOS : Cela semble certain.

SOCRATE : N’est-ce pas précisément le cas de l’homme qui, tout en commettant les crimes les plus
abominables, et en vivant dans la plus parfaite injustice, réussit à éviter les avertissements, les
châtiments, le paiement de sa peine, comme tu dis qu’y est parvenu cet Archélaos*, ainsi que tous
les tyrans, les orateurs et les hommes d’État les plus puissants ?

POLOS : C’est vraisemblable

SOCRATE : Quand je considère le résultat auquel aboutissent les gens de cette sorte, je les
comparerais volontiers à un malade qui, souffrant de mille maux très graves, parviendrait à ne point
rendre de comptes aux médecins sur ses maladies et à éviter tout traitement, craignant comme un
enfant l’application du fer et du feu** parce que cela fait mal. N’est-ce point ton avis ?

POLOS : Tout à fait.

SOCRATE : C’est sans doute qu’il ne saurait pas le prix de la santé et d’une bonne constitution. À en
juger par les principes que nous avons reconnus vrais, ceux qui cherchent à ne pas rendre de
comptes à la justice, Polos, pourraient bien être également des gens qui voient ce qu’elle comporte
de douloureux mais qui sont aveugles à ce qu’elle a d’utile, et qui ne savent pas combien il est plus
lamentable de vivre avec une âme malsaine, c’est-à-dire corrompue, injuste et impure, qu’avec un
corps malsain. De là tous leurs efforts pour échapper à la punition, pour éviter qu’on les débarrasse
du plus grand des maux.

PLATON, Gorgias

* Archélaos : tyran dont Polos a affirmé qu’il est heureux puisque son pouvoir lui permet de
faire tout ce qui lui plaît sans avoir de comptes à rendre à personne.
** l’application du fer et du feu : techniques médicales de soin

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d'abord étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. a) En vous appuyant sur l’exemple d’Archélaos, expliquez pourquoi celui « qui garde son injustice
au lieu d’en être délivré est le plus malheureux de tous. »

2. b) Expliquez en quoi l’homme injuste est semblable à un malade.

3. Celui qui vit dans l'injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des
hommes ?

Série L 2013

1er sujet
Le langage n'est-il qu'un outil?

2ème sujet
La science se limite-t-elle à constater les faits?
3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

Bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts
sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu’on ne saurait
subsister seul, et qu’on est, en effet, l’une des parties de l’univers, et plus particulièrement encore
l’une des parties de cette terre, l’une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à
laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer
les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure
et discrétion(1), car on aurait tort de s’exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit
bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il
n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne
craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite
commodité, et on n’aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au
lieu qu’en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le
monde, et même on ne craint pas d’exposer sa vie pour le service d’autrui, lorsque l’occasion s’en
présente.

DESCARTES, Lettre à Elisabeth, 1645.

(1) discernement

SPINOZA

Traité théologico-politique

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2013
Métropole

1er sujet
Que devons-nous à l'Etat ?

2ème sujet
Interprète-t-on à défaut de connaitre?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

Prenons maintenant un exemple où apparaissent une volonté droite, c’est-à-dire juste, la liberté du
choix et le choix lui-même ; et aussi la façon dont la volonté droite, tentée d’abandonner la rectitude,
la conserve par un libre choix. Quelqu’un veut du fond du cœur servir la vérité parce qu’il comprend
qu’il est droit d’aimer la vérité. Cette personne a, certes, la volonté droite et la rectitude de la
volonté ; mais la volonté est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre. Arrive une
autre personne la menaçant de mort si elle ne ment. Voyons maintenant le choix qui se présente de
sacrifier la vie pour la rectitude de la volonté ou la rectitude pour la vie. Ce choix, qu’on peut aussi
appeler jugement, est libre, puisque la raison qui perçoit la rectitude enseigne que cette rectitude
doit être observée par amour de la rectitude elle-même, que tout ce qui est allégué pour son
abandon doit être méprisé et que c’est à la volonté de repousser et de choisir selon les données de
l’intelligence rationnelle ; c’est dans ce but principalement, en effet, qu’ont été données à la créature
raisonnable la volonté et la raison. C’est pourquoi ce choix de la volonté pour abandonner cette
rectitude n’est soumis à aucune nécessité bien qu’il soit combattu par la difficulté née de la pensée
de la mort. Quoiqu’il soit nécessaire, en effet, d’abandonner soit la vie, soit la rectitude, aucune
nécessité ne détermine cependant ce qui est conservé ou abandonné. La seule volonté détermine ici
ce qui est gardé et la force de la nécessité ne fait rien là où le seul choix de la volonté opère.

ANSELME, De la concorde (XIIème siècle)

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2013
Métropole

1er sujet
Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique ?

2ème sujet
Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

Qu’est-ce qu’un jugement vrai? Nous appelons vraie l’affirmation qui concorde avec la réalité. Mais
en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons à y voir quelque chose comme la
ressemblance du portrait au modèle: l’affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité.
Réfléchissons-y cependant: nous verrons que c’est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que
cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c’est tel ou tel fait déterminé
s’accomplissant en tel ou tel point de l’espace et du temps, c’est du singulier, c’est du changeant. Au
contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur
objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l’expérience, celle-ci par exemple : «la chaleur
dilate les corps». De quoi pourrait-elle bien être la copie? Il est possible, en un certain sens, de copier
la dilatation d’un corps déterminé à des moments déterminés, en la photographiant dans ses
diverses phases. Même, par métaphore, je puis encore dire que l’affirmation «cette barre de fer se
dilate» est la copie de ce qui se passe quand j’assiste à la dilatation de la barre de fer. Mais une vérité
qui s’applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j’ai vus, ne copie
rien, ne reproduit rien.

BERGSON, La pensée et le mouvant, 1934.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2013


Métropole

 
1er sujet
Etre libre, est-ce n'obéir à aucune loi ?

2ème sujet
La diversité des cultures sépare-t-elle les hommes ?

3ème sujet
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d'abord
étudié dans son ensemble.

Il n’y a presque rien qui n'ait été dit par l'un, et dont le contraire n'ait été affirmé par quelque autre.
Et il ne serait d'aucun profit de compter les voix, pour suivre l'opinion qui a le plus de répondants(1):
car, lorsqu'il s'agit d'une question difficile, il est plus vraisemblable qu'il s'en soit trouvé peu, et non
beaucoup, pour découvrir la vérité à son sujet. Mais quand bien même(2) ils seraient tous d'accord,
leur enseignement ne serait pas encore suffisant : car jamais, par exemple, nous ne deviendrons
mathématiciens, même en connaissant par coeur toutes les démonstrations des autres, si notre
esprit n'est pas en même temps capable de résoudre n'importe quel problème ; et nous ne
deviendrons jamais philosophes, si nous avons lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, et
que nous sommes incapables de porter un jugement assuré sur les sujets qu'on nous propose ; dans
ce cas, en effet, ce ne sont point des sciences que nous aurions apprises, semble-t-il, mais de
l'histoire.

DESCARTES, Règles pour la direction de l'esprit, posthume, écrit vers 1628.

(1)répondants : défenseurs.

(2)quand bien même : même si.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Formulez la thèse du texte et montrez comment elle est établie.

2. a) Expliquez : «il ne serait d’aucun profit de compter les voix, pour suivre l’opinion qui a le plus de
répondants».

b) En vous appuyant sur les exemples des mathématiciens et des philosophes, expliquez pourquoi :
«Mais quand bien même ils seraient tous d'accord, leur enseignement ne serait pas encore
suffisant».

3. Juger par soi-même, est-ce le seul moyen de découvrir ce qui est vrai ?

Série L 2012
Métropole

1er sujet
Que gagne-t-on en travaillant ?

2ème sujet
Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :
La fin de l’Etat n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de
bêtes brutes ou d’automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps
s’acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu’eux-mêmes usent d’une raison libre, pour
qu’ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu’ils se supportent sans malveillance les
uns les autres. La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté. [Et], pour former l’Etat, une seule chose
est nécessaire : que tout le pouvoir de décréter appartienne soit à tous collectivement, soit à
quelques-uns, soit à un seul. Puisque, en effet, le libre jugement des hommes est extrêmement
divers, que chacun pense être seul à tout savoir et qu’il est impossible que tous opinent pareillement
et parlent d’une seule bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l’individu n’avait renoncé à son droit
d’agir suivant le seul décret de sa pensée. C’est donc seulement au droit d’agir par son propre décret
qu’il a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger
pour le droit du souverain, agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté opiner(1) et
juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu’il n’aille pas au-delà de la simple parole ou de
l’enseignement, et qu’il défende son opinion par la raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine.

SPINOZA

Traité théologico-politique

(1) formuler une opinion

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2012
Métropole

1er sujet
Travailler, est-ce seulement être utile ?

2ème sujet
Peut-il exister des désirs naturels ?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

En morale, les règles éternelles d'action ont la même vérité immuable et universelle que les
propositions en géométrie. Ni les unes ni les autres ne dépendent des circonstances, ni des accidents,
car elles sont vraies en tout temps et en tout lieu, sans limitation ni exception. Tu ne dois pas résister
au pouvoir civil suprême est une règle qui n'est pas moins constante ni invariable pour tracer la
conduite d'un sujet à l'égard du gouvernement, que multiplie la hauteur par la moitié de la base pour
mesurer la surface d'un triangle. Et de même qu'on ne jugerait pas que cette règle mathématique
perd de son universalité, parce quelle ne permet pas la mesure exacte d'un champ qui nest pas
exactement un triangle, de même on ne doit pas juger comme un argument contraire à l'universalité
de la règle qui prescrit l'obéissance passive, le fait qu'elle ne touche pas la conduite d'un homme
toutes les fois qu'un gouvernement est renversé ou que le pouvoir suprême est disputé.

Il doit y avoir un triangle et vous devez vous servir de vos sens pour le connaître, avant qu'il y ait lieu
d'appliquer votre règle mathématique. Et il doit y avoir un gouvernement civil, et vous devez savoir
entre quelles mains il se trouve, avant qu'intervienne le précepte moral. Mais, quand nous savons où
est certainement le pouvoir suprême, nous ne devons pas plus douter que nous devons nous y
soumettre, que nous ne douterions du procédé pour mesurer une figure que nous savons être un
triangle.

BERKELEY

De l'obéissance passive

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2012
Métropole

1er sujet
Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?

2ème sujet
Serions-nous plus libres sans l'État ?

3ème sujet
Expliquer le texte suivant :

On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation. Si l'homme naissait grand et
fort, sa taille et sa force lui seraient inutiles jusquà ce qu'il eût appris à s'en servir ; elles lui seraient
préjudiciables, en empêchant les autres de songer à l'assister ; et, abandonné à lui-même, il mourrait
de misère avant d'avoir connu ses besoins. On se plaint de l'état de l'enfance ; on ne voit pas que la
race humaine eût péri, si l'homme n'eût commencé par être enfant.

Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons
besoin d'assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous
n'avons pas à notre naissance, et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par
l'éducation.

Cette éducation nous vient de la nature, ou des hommes ou des choses. Le développement interne
de nos facultés et de nos organes est l'éducation de la nature ; l'usage qu’on nous apprend à faire de
ce développement est l'éducation des hommes ; et l'acquis de notre propre expérience sur les objets
qui nous affectent est l'éducation des choses.

Chacun de nous est donc formé par trois sortes de maîtres. Le disciple dans lequel leurs diverses
leçons se contrarient est mal élevé, et ne sera jamais d'accord avec lui-même ; celui dans lequel elles
tombent toutes sur les mêmes points, et tendent aux mêmes fins, va seul à son but et vit
conséquemment. Celui là seul est bien élevé.

ROUSSEAU, Émile

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2012


Métropole
1er sujet
La recherche de la vérité peut-elle se passer du doute ?

2ème sujet
Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ?

3ème sujet
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d'abord
étudié dans son ensemble.

Qu’est-ce qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être
injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est sûr, et
approuvé par tout un chacun parmi le peuple. Et ce que tout homme veut, nul ne saurait le dire
injuste. Il en est des lois de la communauté politique comme des lois du jeu : ce sur quoi les joueurs
se sont mis d’accord ne saurait être une injustice pour aucun d’eux. Une bonne loi est celle qui est à
la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre. En effet, le rôle des lois, qui ne sont que
des règles revêtues d’une autorité, n’est pas d’empêcher toute action volontaire, mais de diriger et
de contenir les mouvements des gens, de manière qu’ils ne se nuisent pas à eux-mêmes par
l’impétuosité* de leurs désirs, leur empressement ou leur aveuglement ; comme on dresse des haies,
non pas pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin. C’est pourquoi une loi qui
n’est pas nécessaire, c’est-à-dire qui ne satisfait pas à ce à quoi vise une loi, n’est pas bonne.

HOBBES

* impétuosité : ardeur, fougue, violence.

Questions

1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. a) Expliquez : « Il en est des lois de la communauté politique comme des lois du jeu »

b) Expliquez : « Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à
comprendre. »

c) Expliquez : « comme on dresse des haies, non pas pour arrêter les voyageurs, mais pour les
maintenir sur le chemin. »

3. Le rôle des lois est-il seulement d’empêcher les hommes de se nuire à eux-mêmes ?

Série L 2011

1er sujet:
Peut-on prouver une hypothèse scientifique?

2ème sujet:
L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Nous disons bonnes les vertus d’un homme, non pas à cause des résultats qu’elles peuvent avoir
pour lui, mais à cause des résultats qu’elles peuvent avoir pour nous et pour la société : dans l’éloge
de la vertu on n’a jamais été bien « désintéressé », on n’a jamais été bien «altruiste» ! On aurait
remarqué, sans cela, que les vertus (comme l’application, l’obéissance, la chasteté, la piété, la justice)
sont généralement nuisibles à celui qui les possède, parce que ce sont des instincts qui règnent en lui
trop violemment, trop avidement, et ne veulent à aucun prix se laisser contrebalancer
raisonnablement par les autres. Quand on possède une vertu, une vraie vertu, une vertu complète
(non une petite tendance à l’avoir), on est victime de cette vertu ! Et c’est précisément pourquoi le
voisin en fait la louange ! On loue l’homme zélé bien que son zèle gâte sa vue, qu’il use la
spontanéité et la fraîcheur de son esprit : on vante, on plaint le jeune homme qui s’est « tué à la
tâche » parce qu’on pense : « Pour l’ensemble social, perdre la meilleure unité n’est encore qu’un
petit sacrifice ! Il est fâcheux que ce sacrifice soit nécessaire ! Mais il serait bien plus fâcheux que
l’individu pensât différemment, qu’il attachât plus d’importance à se conserver et à se développer
qu’à travailler au service de tous ! » On ne plaint donc pas ce jeune homme à cause de lui-même,
mais parce que sa mort a fait perdre à la société un instrument soumis, sans égards pour lui-même,
bref un « brave homme », comme on dit.

Nietzsche, Le gai savoir

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2011
Métropole

1er sujet:
La Liberté est-elle menacée par l'égalité?

2ème sujet:
L'art est-il moins nécessaire que la science?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Si c’est l’intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour
obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous
d’autres cieux, éloignés du mien, qui s’absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la
santé est compromise au point qu’il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-
même je sens décliner mes forces, car je n’ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant
(ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l’étranger qui tout à
l’heure s’en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ;
à l’inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu’il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part,
connaissant à peine l’auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos
regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa
place notre bienfait ; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d’avoir fait un peu de bien
dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous
réglons nos dispositions testamentaires, n’est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il
ne nous reviendra aucun profit ? Combien d’heures l’on y passe ! Que de temps on discute, seul avec
soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu’importe, en vérité, de savoir à qui l’on veut
donner puisqu’il ne nous en reviendra rien en aucun cas ? Pourtant, jamais nous ne donnons plus
méticuleusement ; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu’à l’heure où,
l’intérêt n’existant plus, seule l’idée du bien se dresse devant notre regard.

SÉNÈQUE, Les Bienfaits


La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2011
Métropole

1er sujet:
La culture dénature-t-elle l'homme?

2ème sujet:
Peut-on avoir raison contre les faits?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité,
parce qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et l’aversion plus
dangereuse. Un prince sera la fable de toute l’Europe, et lui seul n’en saura rien. Je ne m’en étonne
pas : dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils
se font haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu’ils
servent ; et ainsi, ils n’ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes.

Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les
moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des
hommes. Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle ; on ne fait que s’entre-tromper et
s’entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence.
L’union qui est entre les hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d’amitiés
subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas, quoiqu’il en parle alors
sincèrement et sans passion.

L’homme n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l’égard des
autres. Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres ; et toutes ces
dispositions, si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son cœur.

PASCAL, Pensées

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2011


Métropole

1er sujet:
La maîtrise de soi dépend-elle de la connaissance de soi?

2ème sujet:
Ressentir l’injustice m’apprend-il ce qui est juste?

3ème sujet:
Les artistes ont quelque intérêt à ce que l’on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues
inspirations ; comme si l’idée de l’œuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie
tombaient du ciel tel un rayon de la grâce*. En vérité, l’imagination du bon artiste, ou penseur, ne
cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé
et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd’hui, par les Carnets de Beethoven**, qu’il a
composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d’esquisses multiples.
Quant à celui qui est moins sévère dans son choix et s’en remet volontiers à sa mémoire
reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c’est un bas niveau que
celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine et sérieux pour une œuvre.
Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer,
mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger.

NIETZSCHE

* un rayon de la grâce : une intervention divine.

** Beethoven : compositeur allemand (1770-1827).

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. Expliquez :

a- « l’imagination du bon artiste […] ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais,
mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine » ;

b- « c’est un bas niveau que celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine
et sérieux pour une œuvre ».

3. La création artistique repose-t-elle sur le jugement plutôt que sur l’inspiration ?

Série L 2010
Métropole

1er sujet:
La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

2ème sujet:
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et
contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait
jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois
en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien
commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est
juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a
mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme
qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la
loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien
public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu.

L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice
déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à
l'exigence de la loi; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas.
Aussi est-il dit dans le Code[1] : « II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa
lettre, on contredit la volonté du législateur ».

II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre
la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente.

Thomas d'Aquin, Somme théologique

[1] Il s'agit du Code publié par Justinien en 529 : il contient la plus grande somme connue de droit
romain antique.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2010
Métropole

1er sujet:
Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?

2ème sujet:
Le rôle de l'historien est-il de juger ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les
changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels
chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales
supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités
qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante
complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle
morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude
est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité
est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la
conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire
l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle
a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous
exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la
patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît
comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde,
aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de
penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.
DURKHEIM, L’éducation morale

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2010
Métropole

1er sujet:
L’art peut-il se passer de règles ?

2ème sujet:
Dépend-il de nous d’être heureux ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

L’ignorance des causes et de la constitution originaire du droit, de l’équité, de la loi et de la justice


conduit les gens à faire de la coutume et de l’exemple la règle de leurs actions, de telle sorte qu’ils
pensent qu’une chose est injuste quand elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste
quand ils peuvent montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. […] Ils sont
pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des mauvaises manières que la
correction infligée par leurs parents et par leurs maîtres, à ceci près que les enfants se tiennent
constamment à leur règle, ce que ne font pas les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en
appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela les sert, s’éloignant de
la coutume quand leur intérêt le requiert et combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre eux.
C’est pourquoi la doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à la fois par la plume
et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et des figures parce que la vérité en ce
domaine n’intéresse pas les gens, attendu qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à
leur lubricité. En effet, en ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles d’un triangle sont
égaux à deux angles d’un carré, si elle avait été contraire au droit de dominer de quelqu’un, ou à
l’intérêt de ceux qui dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue, en tout cas éliminée
en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à celui qui y aurait eu intérêt.

HOBBES, Léviathan

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2010


Métropole

1er sujet:
Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?

2ème sujet:
L'art peut-il se passer d'une maîtrise technique ?
3ème sujet:
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

La communauté politique la plus libre est celle dont les lois s’appuient sur la saine raison. Car, dans
une organisation fondée de cette manière, chacun, s’il le veut, peut être libre, c’est-à-dire s’appliquer
de tout son cœur à vivre raisonnablement. De même, les enfants, bien qu’obligés d’obéir à tous les
ordres de leurs parents, ne sont cependant pas des esclaves ; car les ordres des parents sont inspirés
avant tout par l’intérêt des enfants. Il existe donc selon nous une grande différence entre un esclave,
un fils, un sujet, et nous formulerons les définitions suivantes : l’esclave est obligé de se soumettre à
des ordres fondés sur le seul intérêt de son maitre ; le fils accomplit sur l’ordre de ses parents des
actions qui sont dans son intérêt propre ; le sujet enfin accomplit sur l’ordre de la souveraine
Puissance* des actions visant à l’intérêt général et qui sont par conséquent aussi dans son intérêt
particulier.

SPINOZA

* la souveraine Puissance : l’instance qui détient l’autorité politique.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2.

a) Montrez en quoi l’obéissance de l’enfant et du sujet se distingue de l’obéissance de l’esclave.

b) Pourquoi le sujet agit-il « aussi dans son intérêt particulier » lorsqu’il accomplit « des actions visant
à l’intérêt général » ?

c) Quelle est la définition de la liberté sur laquelle s’appuie l’argumentation de Spinoza ? Expliquez-la
en vous servant des exemples du texte.

3. Est-on d’autant plus libre que les lois auxquelles on obéit s’appuient sur la raison ?

Série L 2009
Métropole

1er sujet:
Le langage trahit-il la pensée ?

2ème sujet:
L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

 
 

Il n’y a pas de satisfaction qui d’elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous ; il
faut qu’elle soit la satisfaction d’un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire
de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi. Donc
la satisfaction, le contentement ne sauraient être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un
besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais
toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui
nous fait de l’existence un fardeau. Or c’est une entreprise difficile d’obtenir, de conquérir un bien
quelconque ; pas d’objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin ; sur la
route, à chaque pas, surgissent des obstacles. Et la conquête une fois faite, l’objet atteint, qu’a-t-on
gagné ? Rien assurément, que de s’être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d’être
revenu à l’état où l’on se trouvait avant l’apparition de ce désir. Le fait immédiat pour nous, c’est le
besoin tout seul c’est-à-dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les
connaître qu’indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation
passée, qu’elles ont chassées tout d’abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont
actuellement en notre possession, nous n’en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions
pas ; il nous semble qu’il n’en pouvait être autrement ; et, en effet, tout le bonheur qu’ils nous
donnent, c’est d’écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le
manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s’offre à nous.

SCHOPENHAUER, le Monde comme volonté et comme représentation

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2009
Métropole

1er sujet:
Que gagne-t-on à échanger ?

2ème sujet:
Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Quant à savoir s’il existe le moindre principe moral qui fasse l’accord de tous, j’en appelle à toute
personne un tant soit peu versée dans l’histoire de l’humanité, qui ait jeté un regard plus loin que le
bout de son nez. Où trouve-t-on cette vérité pratique universellement acceptée sans doute ni
problème aucun, comme devrait l’être une vérité innée ? La justice et le respect des contrats
semblent faire l’accord du plus grand nombre ; c’est un principe qui, pense-t-on, pénètre jusque dans
les repaires de brigands, et dans les bandes des plus grands malfaiteurs ; et ceux qui sont allés le plus
loin dans l’abandon de leur humanité respectent la fidélité et la justice entre eux. Je reconnais que
les hors-la-loi eux-mêmes les respectent entre eux ; mais ces règles ne sont pas respectées comme
des lois de nature innées : elles sont appliquées comme des règles utiles dans leur communauté ; et
on ne peut concevoir que celui qui agit correctement avec ses complices mais pille et assassine en
même temps le premier honnête homme venu, embrasse la justice comme un principe pratique. La
justice et la vérité sont les liens élémentaires de toute société : même les hors-la-loi et les voleurs,
qui ont par ailleurs rompu avec le monde, doivent donc garder entre eux la fidélité et les règles de
l’équité, sans quoi ils ne pourraient rester ensemble. Mais qui soutiendrait que ceux qui vivent de
fraude et de rapine ont des principes innés de vérité et de justice, qu’ils acceptent et reconnaissent ?

John LOCKE, Essai sur l’entendement humain

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2009

1er sujet:
Est-il absurde de désirer l’impossible ?

2ème sujet:
Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Les affaires générales d’un pays n’occupent que les principaux citoyens. Ceux-là ne se rassemblent
que de loin en loin dans les mêmes lieux ; et, comme il arrive souvent qu’ensuite ils se perdent de
vue, il ne s’établit pas entre eux de liens durables. Mais quand il s’agit de faire régler les affaires
particulières d’un canton par les hommes qui l’habitent, les mêmes individus sont toujours en
contact, et ils sont en quelque sorte forcés de se connaître et de se complaire.

On tire difficilement un homme de lui-même pour l’intéresser à la destinée de tout l’État, parce qu’il
comprend mal l’influence que la destinée de l’État peut exercer sur son sort. Mais faut-il faire passer
un chemin au bout de son domaine, il verra d’un premier coup d’œil qu’il se rencontre un rapport
entre cette petite affaire publique et ses plus grandes affaires privées, et il découvrira, sans qu’on le
lui montre, le lien étroit qui unit ici l’intérêt particulier à l’intérêt général.

C’est donc en chargeant les citoyens de l’administration des petites affaires, bien plus qu’en leur
livrant le gouvernement des grandes, qu’on les intéresse au bien public et qu’on leur fait voir le
besoin qu’ils ont sans cesse les uns des autres pour le produire.

On peut, par une action d’éclat, captiver tout à coup la faveur d’un peuple ; mais, pour gagner
l’amour et le respect de la population qui vous entoure, il faut une longue succession de petits
services rendus, de bons offices obscurs, une habitude constante de bienveillance et une réputation
bien établie de désintéressement.
Les libertés locales, qui font qu’un grand nombre de citoyens mettent du prix à l’affection de leurs
voisins et de leurs proches, ramènent donc sans cesse les hommes les uns vers les autres, en dépit
des instincts qui les séparent, et les forcent à s’entraider.

TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2009


Métropole

1er sujet:
Peut-on être sûr d’avoir raison ?

2ème sujet:
La technique s’oppose-t-elle à la nature ?

3ème sujet:
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

La  loi ne consiste pas tant à limiter un  agent libre et intelligent qu’à le  guider vers ses propres
intérêts, et elle ne prescrit pas au-delà de ce qui conduit au bien général de ceux qui sont assujettis à
cette loi. S’ils pouvaient être plus heureux sans elle, la  loi s’évanouirait comme une chose inutile ; et
ce qui nous empêche seulement de tomber dans les marais et les précipices mérite mal le nom de
contrainte. De sorte que, quelles que soient les erreurs commises à son propos, la  finalité de la loi
n’est pas d’abolir ou de restreindre mais de  préserver et d’élargir la liberté ; et dans toutes les
conditions des êtres créés qui sont capables de vivre d’après des lois, là où il n’y a pas de loi, il n’y a
pas de liberté. Car la liberté consiste à être délivré de la contrainte et de la violence exercées par
autrui, ce qui ne peut être lorsqu’il n’y a point de loi ; mais la liberté n’est pas ce que l’on nous dit, à
savoir une liberté, pour tout homme, de faire ce qui lui plaît (car qui peut être libre quand n’importe
quel homme peut nous imposer ses humeurs ?). Mais c’est une liberté de disposer et d’ordonner
comme on l’entend sa personne, ses actions, ses biens et l’ensemble de sa propriété, dans les limites
de ce qui est permis par les lois auxquelles on est soumis ; et, dans ces limites, de ne pas être
assujetti à la volonté arbitraire de quiconque, mais de suivre librement sa propre volonté.

        LOCKE

1. Dégagez la thèse de ce texte et mettez en évidence les étapes de son argumentation.

 
2. 

a) Précisez la conception de la liberté à laquelle Locke s’oppose dans ce texte.

b) En vous appuyant sur l’image de la ligne 4, expliquez : «guider [un agent libre et intelligent] 

vers ses propres intérêts».

c) Comment Locke définit-il la liberté ? Expliquez cette définition en vous appuyant précisément 

sur le texte.

3. La loi est-elle la condition de la liberté ?

Série L Antilles Guyane 2009

1er sujet:
La connaissance rationnelle comble-t-elle toutes les attentes de l’homme?

2ème sujet:
Le dialogue permet-il de surmonter les obstacles qui nous empêchent de comprendre autrui?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Il me semble que la vertu est chose autre, et plus noble, que les inclinations à la bonté qui naissent
en nous. Les âmes réglées d'elles-mêmes et bien nées, elles suivent même train, et représentent en
leurs actions même visage que les vertueuses; mais la vertu sonne je ne sais quoi de plus grand et de
plus actif que de se laisser, par une heureuse complexion (1),doucement et paisiblement conduire à
la suite de la raison. Celui qui, d'une douceur et facilité naturelle, mépriserait les offenses reçues,
ferait sans doute chose très belle et digne de louange; mais celui qui, piqué et outré jusqu'au vif
d'une offense, s'armerait des armes de la raison contre ce furieux appétit de vengeance, et après un
grand conflit s'en rendrait enfin maître, ferait sans doute beaucoup plus. Celui-là ferait bien, et celui-
ci vertueusement: l'une action se pourrait dire bonté, l'autre vertu; car il semble que le nom de la
vertu présuppose de la difficulté au combat et du contraste, et qu'elle ne peut être sans partie (2).
C'est à l'aventure pourquoi nous nommons Dieu (3), bon, fort, et libéral, et juste; mais nous ne le
nommons pas vertueux; ses opérations sont toutes naïves et sans effort.

Montaigne, Essais – Livre II

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
1. tempérament

2. adversaire

3. Comprendre: "C'est pourquoi, parmi d'autres noms, nous nommons Dieu" ...

Série L Amérique du nord 2009

1er sujet:
Qu'avons-nous à gagner à faire notre devoir?

2ème sujet:
La science relève-t-elle du seul désir de vérité?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Ce qui nous plaît dans la beauté artistique, c'est précisément le caractère de liberté de sa production
et de ses formes qui nous soustrait, semble-t-il, par la production et par l'intuition mêmes, aux liens
de la règle et du réglé. Face à la rigueur de ce qui subit le joug des lois et face à la sombre intériorité
de la pensée, nous cherchons l'apaisement et l'animation dans les figures de l'art ; face au royaume
ténébreux des idées, une réalité animée et pleine de vie. Enfin, la source des œuvres d'art est la libre
activité de l'imagination qui, dans ses images mêmes, est plus libre que la nature. Non seulement
l'art dispose de l'entièreté du royaume des formes de la nature, dans leur paraître multiple et
bigarré, mais l'imagination créatrice se montre inépuisable dans les productions qui lui sont propres.
Face à cette plénitude démesurée de l'imagination et de ses libres réalisations, il semble donc que la
pensée doive renoncer au projet hardi de saisir intégralement de pareilles réalisations, de les juger et
de les ordonner sous ses formules universelles. [...] Il est vrai qu'il y a des cas dans lesquels l'art peut
être considéré comme un jeu éphémère destiné à l'amusement et à la distraction, comme un
ornement qui sert à enjoliver l'aspect extérieur des rapports de la vie ou à mettre en relief, en les
ornant, d'autres objets. Sous ce point de vue, il ne s'agit pas d'un art indépendant et libre, mais d'un
art asservi. Mais ce que nous proposons d'étudier, c'est l'art libre dans sa fin et dans ses moyens. [...]

L'art beau n'est véritablement art qu'en cette liberté propre.

HEGEL, Esthétique

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Amérique du Nord 2009


Amérique du nord

1er sujet:
Les échanges économiques fondent-ils le lien social ?

2ème sujet:
Tout droit implique-t-il un devoir ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

 
L'histoire est pour l'espèce humaine ce que la raison est pour l'individu. Grâce à sa raison, l'homme
n'est pas renfermé comme l'animal dans les limites étroites du présent visible ; il connaît encore le
passé infiniment plus étendu, source du présent qui s'y rattache : c'est cette connaissance seule qui
lui procure une intelligence plus nette du présent et lui permet même de formuler des inductions
pour l'avenir. L'animal, au contraire, dont la connaissance sans réflexion est bornée à l'intuition, et
par suite au présent, erre, même une fois apprivoisé, parmi les hommes, ignorant, engourdi, stupide,
désarmé et esclave. De même un peuple qui ne connaît pas sa propre histoire est borné au présent
de la génération actuelle : il ne comprend ni sa nature, ni sa propre existence, dans l'impossibilité où
il est de les rapporter à un passé qui les explique ; il peut moins encore anticiper sur l'avenir. Seule
l'histoire donne à un peuple une entière conscience de lui-même. L'histoire peut donc être regardée
comme la conscience raisonnée de l'espèce humaine.

Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Pondichéry 2009

1er sujet:
Peut-on s'excuser en disant : « j'ai agi inconsciemment »?

2ème sujet:
L'artiste est-il un créateur?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Si richement doués que nous soyons, il nous manque toujours quelque chose, et les meilleurs d'entre
nous ont le sentiment de leur insuffisance. C'est pourquoi nous cherchons chez nos amis les qualités
qui nous font défaut, parce qu'en nous unissant â eux nous participons en quelque manière à leur
nature, et que nous nous sentons alors moins incomplets. Il se forme ainsi de petites associations
d'amis où chacun a son rôle conforme à son caractère, où il y a un véritable échange de services. L'un
protège, l'autre console ; celui-ci conseille, celui-là exécute, et c'est ce partage des fonctions, ou,
pour employer l'expression consacrée, cette division du travail qui détermine ces relations d'amitié.

Nous sommes ainsi conduits à considérer la division du travail sous un nouvel aspect. Dans ce cas, en
effet, les services économiques qu'elle peut rendre sont peu de chose à côté de l'effet moral qu'elle
produit, et sa véritable fonction est de créer entre deux ou plusieurs personnes un sentiment de
solidarité. De quelque manière que ce résultat soit obtenu, c'est elle qui suscite ces sociétés d'amis,
et elle les marque de son empreinte,

DURKHEIM, De la division du travail social

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Antilles Guyane 2009


1er sujet:
La maîtrise de la technique donne-t-elle le pouvoir de gouverner les hommes?

2ème sujet:
Peut-on douter d’une vérité démontrée?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Nous ne savons ce que c'est que bonheur ou malheur absolu. Tout est mêlé dans cette vie; on n'y
goûte aucun sentiment pur, on n'y reste pas deux moments dans le même état. Les affections de nos
âmes, ainsi que les modifications de nos corps, sont dans un flux continuel. Le bien et le mal nous
sont communs à tous, mais en différentes mesures. Le plus heureux est celui qui sent le moins de
peines; le plus misérable est celui qui sent le moins de plaisirs. Toujours plus de souffrances que de
jouissances: voilà la différence commune à tous. La félicité de l'homme ici-bas n'est donc qu'un état
négatif; on doit la mesurer par la moindre quantité de maux qu'il souffre.

Tout sentiment de peine est inséparable du désir de s'en délivrer; toute idée de plaisir est
inséparable du désir d'en jouir; tout désir suppose privation, et toutes les privations qu'on sent sont
pénibles; c'est donc dans la disproportion de nos désirs et de nos facultés que consiste notre misère.
Un être sensible dont les facultés égaleraient les désirs serait un être absolument heureux.

Jean-Jacques Rousseau, Emile ou de l’éducation

 La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. La maîtrise de la
technique donne-t-elle le pouvoir de gouverner les hommes ?

Série S 2009

Amérique du nord
1er sujet:

L'Etat est-il un mal nécessaire?


2ème sujet:

L'artiste doit-il chercher à plaire?


3ème sujet:

Expliquer le texte suivant:

Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder,
qui réforment du moins la première vision, de sorte que ce n'est jamais la première observation qui
est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou
infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d'observation ; elle montre en
démontrant ; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l'immédiat ; elle reconstruit le réel
après avoir reconstruit ses schémas. Naturellement, dès qu'on passe de l'observation à
l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut
que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des
instruments. Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes
qui portent de toutes parts la marque théorique.

Bachelard, Le nouvel esprit scientifique


La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Pondichéry
1er sujet:

L'artiste travaille-t-il?
2ème sujet:

L'État a-t-il tous les droits?


3ème sujet:

Expliquer le texte suivant:

On n'insistera jamais assez sur ce qu'il y a d'artificiel dans la forme mathématique d'une loi physique,
et par conséquent dans notre connaissance scientifique des choses. Nos unités de mesure sont
conventionnelles et, si l'on peut parler ainsi, étrangères aux intentions de la nature : comment
supposer que celle-ci ait rapporté toutes les modalités de la chaleur aux dilatations d'une même
masse de mercure ou aux changements de pression d'une même masse d'air maintenue à un volume
constant ? Mais ce n'est pas assez dire. D'une manière générale, mesurer est une opération tout
humaine, qui implique qu'on superpose réellement ou idéalement deux objets l'un à l'autre un
certain nombre de fois. La nature n'a pas songé à cette superposition. Elle ne mesure pas, elle ne
compte pas davantage. Pourtant la physique compte, mesure, rapporte les unes aux autres des
variations « quantitatives » pour obtenir des lois et elle réussit.

BERGSON, Évolution créatrice

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Antilles Guyane
1er sujet:

Pourquoi vouloir à tout prix connaître la vérité?


2ème sujet:

Le droit doit-il être fondé sur la nature?


3ème sujet:

Expliquer le texte suivant :

Nous sentons la douleur, mais non l'absence de douleur; le souci, mais non l'absence de souci ; la
crainte, mais non la sécurité. Nous ressentons le désir, comme nous ressentons la faim et la soif ;
mais le désir est-il satisfait, aussitôt il en advient de lui comme de ces morceaux goûtés par nous et
qui cessent d'exister pour notre sensibilité, dès le moment où nous les avalons. Nous remarquons
douloureusement l'absence des jouissances et des joies, et nous les regrettons aussitôt; au contraire,
la disparition de la douleur, quand bien même elle ne nous quitte qu'après longtemps, n'est pas
immédiatement sentie, mais tout au plus y pense-t-on parce qu'on veut y penser, par le moyen de la
réflexion. Seules, en effet, la douleur et la privation peuvent produire une impression positive et par
là se dénoncer d'elles-mêmes : le bien-être, au contraire, n'est que pure négation. Aussi
n'apprécions-nous pas les trois plus grands biens de la vie, la santé, la jeunesse et la liberté, tant que
nous les possédons ; pour en comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus, car ils sont
aussi négatifs. Que notre vie était heureuse, c'est ce dont nous ne nous apercevons qu'au moment
où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances augmentent,
autant diminue l'aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel.
Mais par là-même grandit la faculté de ressentir la souffrance; car la disparition d'un plaisir habituel
cause une impression douloureuse. Ainsi la possession accroît la mesure de nos besoins, et du même
coup la capacité de ressentir la douleur.

Schopenhauer, Le monde comme volonté et représentation

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries Technologiques Antilles Guyane 2009


Antilles Guyane

1er sujet:
L’ignorant peut-il être libre?

2ème sujet:
L’art nous éloigne-t-il de la réalité ?

3ème sujet:
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le
texte soit d'abord étudié dans son ensemble.

Tant qu'on désire, on peut se passer d'être heureux; on s'attend à le devenir: si le bonheur ne vient
point, l'espoir se prolonge, et le charme de l'illusion dure autant que la passion qui le cause. Ainsi cet
état se suffit à lui-même, et l'inquiétude qu'il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la
réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui n'a plus rien à désirer! il perd pour ainsi dire tout ce
qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux
qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme, avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a
reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son
imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte et, pour lui rendre
cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige (1)
disparaît devant l'objet même; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur; on ne se figure
point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence
la jouissance.

Rousseau

Prestige : ici, illusion

1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2.

a) En vous appuyant sur le texte, expliquez « l'on n'est heureux

qu'avant d'être heureux ».

b) Montrez comment l'imagination « rend présent et sensible


» à l'homme

« tout ce qu'il désire ».

c) En vous appuyant sur le texte, expliquez « l'illusion cesse où

commence la jouissance ».

3. N’y a-t-il de bonheur que dans l’espoir d’être heureux ?

Série L 2008
Métropole

1er sujet:
La perception peut-elle s'éduquer?

2ème sujet:
Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Puisque la liberté exige que la réussite ne découle pas de la décision comme une conséquence, il faut
que la réalisation puisse à chaque instant ne pas être, pour des raisons indépendantes du projet
même et de sa précision ; ces raisons forment l’extériorité par rapport à tout projet et la liberté est la
perpétuelle invention des moyens de tourner ces difficultés extérieures, mais il est bien entendu que
la réussite doit être seulement possible, c’est-à-dire qu’il n’y a action que si les difficultés extérieures
peuvent toujours être si élevées ou si neuves que l’invention humaine ne puisse pas les surmonter.
Ainsi est-il toujours entendu à la fois que l’entreprise humaine a réussi à cause de la libre décision et
de la libre inventivité qui a surmonté les obstacles et à la fois qu’elle a réussi parce que ce sont ces
obstacles-là et non d’autres plus grands qui lui ont été imposés. Toute entreprise humaine réussit par
hasard et en même temps réussit par l’initiative humaine. Si le tireur n’avait pas eu le soleil dans l’œil
il m’atteignait, je manquais ma mission de reconnaissance. Il s’en est donc fallu d’un rayon de soleil,
de la vitesse d’un nuage, etc. Mais, en même temps, mes précautions étaient prises pour éliminer
tous les dangers prévisibles. En un mot les possibles se réalisent dans la probabilité. La liberté se
meut dans la sphère du probable, entre la totale ignorance et la certitude ; et le probable vient au
monde par l’homme.

Sartre, Cahiers pour une morale

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série L Amérique du Nord 2008

1er sujet:
L'histoire ne serait-elle qu'une suite d'événements?
2ème sujet:
Que pouvons-nous savoir des autres?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

La liberté naturelle de l'homme, c'est d'être exempt de toute sujétion envers un pouvoir supérieur
sur la terre, et de ne pas être soumis à l'autorité législative de l'homme, mais de n'avoir pour règle
que la loi de nature. La liberté de l'homme dans la société, c'est de n'être soumis à aucun autre
pouvoir législatif que celui qui a été établi dans la République par consentement ; de n'être assujetti
à aucune domination, à aucune volonté, ni à aucune loi hormis celle qu'édicte le pouvoir législatif,
conformément à la mission qui lui a été confiée. La liberté n'est donc pas [...] une liberté pour tout un
chacun de faire tout ce qui lui plaît, de vivre comme il l'entend, et de n'être lié par aucune loi. Mais la
liberté des hommes soumis à un gouvernement, c'est d'avoir une règle stable à laquelle se
conformer, qui soit commune à tous les membres de cette société, et créée par le pouvoir législatif
qui y a été établi ; une liberté de suivre ma propre volonté dans toutes les choses où la règle ne
prescrit rien ; de n'être pas assujetti à la volonté inconstante, incertaine et arbitraire d'un autre
homme. Tout comme la liberté de nature consiste à n'être soumis à aucune autre contrainte que
celle de la loi de nature.

Locke, Second traité du gouvernement

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2008
Métropole

1er sujet:
Peut-on désirer sans souffrir?

2ème sujet:
Est-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Je regarde comme [...] détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un
peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous
les pouvoirs. Suis-je en contradiction avec moi-même ?

Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de
tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. Cette loi, c'est la justice.

La justice forme donc la borne du droit de chaque peuple.

Une nation est comme un jury chargé de représenter la société universelle et d'appliquer la justice,
qui est sa loi. Le jury, qui représente la société, doit-il avoir plus de puissance que la société elle-
même dont il applique les lois ?
Quand donc je refuse d'obéir à une loi injuste, je ne dénie point à la majorité le droit de commander ;
j'en appelle seulement de la souveraineté du peuple à la souveraineté du genre humain. [...]

Qu'est-ce donc qu'une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et le plus
souvent des intérêts contraires à un autre individu qu'on nomme la minorité ? Or, si vous admettez
qu'un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi
n'admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Les hommes, en se réunissant, ont-ils
changé de caractère ? Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts ? Pour
moi, je ne saurais le croire; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je
ne l'accorderai jamais à plusieurs.

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Amérique du nord 2008

1er sujet:
La vérité est-elle libératrice?

2ème sujet:
Puis-je apprécier une œuvre d'art sans comprendre sa signification?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et
vulgaires, consiste, principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et
ne sont heureuses ou malheureuses, que selon que les choses qui leur surviennent sont agréables ou
déplaisantes ; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu'elles
aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun1, leur raison
demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les afflictions même leur servent, et
contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie. Car, d'une part, se considérant
comme immortelles et capables de recevoir de très grands contentements, puis, d'autre part,
considérant qu'elles sont jointes à des corps mortels et fragiles, qui sont sujets à beaucoup
d'infirmités, et qui ne peuvent manquer de périr dans peu d'années, elles font bien tout ce qui est en
leur pouvoir pour se rendre la fortune2 favorable en cette vie, mais néanmoins elles l'estiment si
peu, au regard de l'éternité, qu'elles n'en considèrent quasi les événements que comme nous faisons
ceux des comédies. Et comme les histoires tristes et lamentables, que nous voyons représenter sur
un théâtre, nous donnent souvent autant de récréation que les gaies, bien qu'elles tirent des larmes
de nos yeux ; ainsi ces plus grandes âmes, dont je parle, ont de la satisfaction, en elles-mêmes, de
toutes les choses qui leur arrivent, même des plus fâcheuses et insupportables.

Descartes, Lettre à Elisabeth

1 commun : ici, le commun des mortels


2 la fortune : le sort

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Pondichéry 2008

1er sujet:
Toutes les inégalités sont-elles des injustices?

2ème sujet:
La culture permet-elle d'échapper à la barbarie?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

A tout prendre, les méthodes scientifiques sont un fruit de la recherche au moins aussi important
que n'importe quel autre de ses résultats ; car c'est sur l'intelligence de la méthode que repose
l'esprit scientifique, et tous les résultats de la science ne pourraient empêcher, si ces méthodes
venaient à se perdre, une recrudescence de la superstition et de l'absurdité reprenant le dessus. Des
gens intelligents peuvent bien apprendre tout ce qu’ils veulent des résultats de la science, on n'en
remarque pas moins à leur conversation, et notamment aux hypothèses qui y paraissent, que l'esprit
scientifique leur fait toujours défaut : ils n'ont pas cette méfiance instinctive pour les aberrations de
la pensée qui a pris racine dans l'âme de tout homme de science à la suite d'un long exercice. Il leur
suffit de trouver une hypothèse quelconque sur une matière donnée, et les voilà tout feu tout
flamme pour elle, s'imaginant qu'ainsi tout est dit. Avoir une opinion, c'est bel et bien pour eux s'en
faire les fanatiques et la prendre dorénavant à cœur en guise de conviction. Y a-t-il une chose
inexpliquée, ils s'échauffent pour la première fantaisie qui leur passe par la tête et ressemble à une
explication ; il en résulte continuellement, surtout dans le domaine de la politique, les pires
conséquences. C'est pourquoi tout le monde devrait aujourd'hui connaître à fond au moins une
science ; on saurait tout de même alors ce que c'est que la méthode, et tout ce qu'il y faut d'extrême
circonspection.

Nietzsche, Humain, trop humain

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2008
Métropole

1er sujet:
L'art transforme-t-il notre conscience du réel?

2ème sujet:
Y a-t-il d'autres moyens que la démonstration pour établir une vérité?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Si la morale ne considère que l'action juste ou injuste, si tout son rôle est de tracer nettement, à
quiconque a résolu de ne pas faire d'injustice, les bornes où se doit contenir son activité, il en est
tout autrement de la théorie de l'État. La science de l'État, la science de la législation n'a en vue que
la victime de l'injustice ; quant à l'auteur, elle n'en aurait cure, s'il n'était le corrélatif forcé de la
victime ; l'acte injuste, pour elle; n'est que l'adversaire à l'encontre de qui elle déploie ses efforts ;
c'est à ce titre qu'il devient son objectif. Si l'on pouvait concevoir une injustice commise qui n'eût pas
pour corrélatif une injustice soufferte, l'État n'aurait logiquement pas à l'interdire. Aux yeux de la
morale, l'objet à considérer, c'est la volonté, l'intention ; il n'y a pour elle que cela de réel ; selon elle,
la volonté bien déterminée de commettre l'injustice, fût-elle arrêtée et mise à néant, si elle ne l'est
que par une puissance extérieure, équivaut entièrement à (injustice consommée ; celui qui l'a
conçue, la morale le condamne du haut de son tribunal comme un être injuste. Au contraire, l'État
n'a nullement à se soucier de la volonté, ni le l'intention en elle-même ; il n'a affaire qu'au fait (soit
accompli, soit tenté), et il le considère chez l'autre terme de la corrélation, chez la victime , pour lui
donc il n'y a de réel que le fait, l'événement. Si parfois il s'enquiert de l'intention, du but, c'est
uniquement pour expliquer la signification du fait. Aussi l'État ne nous interdit pas de nourrir contre
un homme des projets incessants d'assassinat, d'empoisonnement, pourvu que la peur du glaive et
de la roue nous retienne non moins incessamment et tout à fait sûrement de passer à l'exécution.
L'État n'a pas non plus la folie prétention de détruire le penchant des gens à l'injustice, ni les pensées
malfaisantes ; il se borne à placer, à côté de chaque tentation possible, propre à nous entraîner vers
l'injustice, un motif plus fort encore, propre à nous en détourner ; et ce second motif, c'est un
châtiment inévitable.

A. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S Amérique du nord 2008

1er sujet:
Mon corps fait-il obstacle à ma liberté?

2ème sujet:
Pour être juste, suffit-il d'obéir aux lois?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Dans une montre une partie est l'instrument du mouvement des autres, mais un rouage n'est pas la
cause efficiente de la production d'un autre rouage ; certes une partie existe pour une autre, mais ce
n'est pas par cette autre partie qu'elle existe. C'est pourquoi la cause productrice de celles-ci et de
leur forme n'est pas contenue dans la nature (de cette matière), mais en dehors d'elle dans un être,
qui d'après des Idées peut réaliser un tout possible par sa causalité. C'est pourquoi aussi dans une
montre un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d'autres montres, en
sorte qu'à cet effet elle utiliserait (elle organiserait) d'autres matières ; c'est pourquoi elle ne
remplace pas d'elle-même les parties, qui lui ont été ôtées, ni ne corrige leurs défauts dans la
première formation par l'intervention des autres parties, ou se répare elle-même, lorsqu'elle est
déréglée : or tout cela nous pouvons en revanche l'attendre de la nature organisée. Ainsi un être
organisé n'est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ;
mais l'être organisé possède en soi une force formatrice qu'il communique aux matériaux, qui ne la
possèdent pas (il les organise) : il s'agit ainsi d'une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas
être expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme).

Kant, Critique de la faculté de juger § 65


La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S Pondichéry 2008

1er sujet:
Est-ce à la justice de dire où est le mal?

2ème sujet:
La conscience peut-elle nous tromper?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

« La vie est dans le mouvement » a dit Aristote avec raison : de même que notre vie physique
consiste uniquement dans un mouvement incessant et ne persiste que par lui, de même notre vie
intérieure, intellectuelle demande une occupation constante, une occupation avec n'importe quoi,
par l'action ou par la pensée ; c'est ce que prouve déjà cette manie des gens désœuvrés, et qui ne
pensent à rien, de se mettre immédiatement à tambouriner avec leurs doigts ou avec le premier
objet venu. C'est que l'agitation est le principe de notre existence ; une inaction complète devient
bien vite insupportable, car elle engendre le plus horrible ennui. C'est en réglant cet instinct qu'on
peut le satisfaire méthodiquement et avec plus de fruit. L'activité est indispensable au bonheur ; il
faut que l'homme agisse, fasse quelque chose si cela lui est possible ou apprenne au moins quelque
chose ; ses forces demandent leur emploi, et lui-même ne demande qu'à leur voir produire un
résultat quelconque. Sous ce rapport, sa plus grande satisfaction consiste à faire, à confectionner
quelque chose, panier ou livre ; mais ce qui donne du bonheur immédiat, c'est de voir jour par jour
croître son œuvre sous ses mains et de la voir arriver à sa perfection. Une œuvre d'art, un écrit ou
même un simple ouvrage manuel produisent cet effet ; bien entendu, plus la nature du travail est
noble, plus la jouissance est élevée.

Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2008


Métropole

1er sujet:
Peut-on aimer une oeuvre d'art sans la comprendre?

2ème sujet:
Est-ce à la loi de décider de mon bonheur?

3ème sujet:
Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l'expérience et le témoignage, nous bâtissons notre
connaissance sur l'autorité d'autrui, nous ne nous rendons ainsi coupables d'aucun préjugé ; car,
dans ce genre de choses, puisque nous ne pouvons faire nous-mêmes l'expérience de tout ni le
comprendre par notre propre intelligence, il faut bien que l'autorité de la personne soit le fondement
de nos jugements. - Mais lorsque nous faisons de l'autorité d'autrui le fondement de notre
assentiment* à l'égard de connaissances rationnelles, alors nous admettons ces connaissances
comme simple préjugé. Car c'est de façon anonyme que valent les vérités rationnelles ; il ne s'agit
pas alors de demander: qui a dit cela? mais bien qu'a-t-il dit? Peu importe si une connaissance a une
noble origine ; le penchant à suivre l'autorité des grands hommes n'en est pas moins très répandu
tant à cause de la faiblesse des lumières personnelles que par désir d'imiter ce qui nous est présenté
comme grand.

Kant

* donner son assentiment: approuver et tenir pour vrai.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d'abord
étudié dans son ensemble.

1.

a) Le texte est construit à partir d'une distinction. A quelle thèse conduit-elle?

b) Analysez les étapes de l'argumentation.

2. Expliquez

a) «nous ne nous rendons ainsi coupables d'aucun préjugé» et «alors nous admettons

ces connaissances comme simple préjugé».

b) «c'est de façon anonyme que valent les vérités rationnelles»

3. Quand on cherche la vérité, faut-il rejeter l'autorité d'autrui ?

Série Technologiques Pondichéry 2008

1er sujet:
Peut-on ne croire en rien?

2ème sujet:
La culture est-elle une seconde nature?

3ème sujet:
La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses
membres est de l'empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien,
physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. Un homme ne peut pas être
légitimement contraint d'agir ou de s'abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela
le rendrait plus heureux ou que, dans l'opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste. Ce
sont certes de bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le
supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s'il agit autrement. La contrainte ne se
justifie que lorsque la conduite dont on désire détourner cet homme risque de nuire à quelqu'un
d'autre. Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la société est celui qui
concerne les autres. Mais pour ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue.
Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l'individu est souverain.

Mill

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d'abord
étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2.

a) Expliquez : « Contraindre quiconque pour son propre bien, [...] ne constitue pas une justification
suffisante »

b) Quelle différence y a-t-il entre « faire des remontrances, [...] raisonner, [...] persuader ou [...]
supplier » et « contraindre ou [...] causer du tort »?

c) Expliquez : « Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la société est celui
qui concerne les autres ».

3. Est-il illégitime de contraindre quelqu'un pour son bien?

Série L 2007

1er sujet:
Toute prise de conscience est-elle libératrice?

2ème sujet:
Les œuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d'être devenus
eux-mêmes relâchés, ou d'être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas par leur
mauvaise conduite, dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues :
en effet, c'est par l'exercice des actions particulières qu'ils acquièrent un caractère du même genre
qu'elles. On peut s'en rendre compte en observant ceux qui s'entraînent en vue d'une compétition
ou d'une activité quelconque : tout leur temps se passe en exercices. Aussi, se refuser à reconnaître
que c'est à l'exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions de notre caractère
est-il le fait d'un esprit singulièrement étroit. En outre, il est absurde de supposer que l'homme qui
commet des actes d'injustice ou d'intempérance ne veuille pas être injuste ou intempérant ; et si,
sans avoir l'ignorance pour excuse, on accomplit des actions qui auront pour conséquence de nous
rendre injuste, c'est volontairement qu'on sera injuste. Il ne s'ensuit pas cependant qu'un simple
souhait suffira pour cesser d'être injuste et pour être juste, pas plus que ce n'est ainsi que le malade
peut recouvrer la santé, quoiqu'il puisse arriver qu'il soit malade volontairement en menant une vie
intempérante et en désobéissant à ses médecins : c'est au début qu'il lui était alors possible de ne
pas être malade, mais une fois qu'il s'est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si
vous avez lâché une pierre vous n'êtes plus capable de la rattraper. Pourtant il dépendait de vous de
la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l'homme injuste
ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c'est ce qui fait qu'ils le sont
volontairement ; et maintenant qu'ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l'être.

Aristote, Éthique à Nicomaque

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2007

1er sujet:
Peut-on en finir avec les préjugés?

2ème sujet:
Que gagnons-nous à travailler?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

Nous n'accusons pas la nature d'immoralité quand elle nous envoie un orage et nous trempe :
pourquoi disons-nous donc immoral l'homme qui fait quelque mal ? Parce que nous supposons ici
une volonté libre aux décrets arbitraires, là une nécessité. Mais cette distinction est une erreur. En
outre, ce n'est même pas en toutes circonstances que nous appelons immorale une action
intentionnellement nuisible ; on tue par exemple une mouche délibérément, mais sans le moindre
scrupule, pour la pure et simple raison que son bourdonnement nous déplaît, on punit et fait
intentionnellement souffrir le criminel afin de se protéger, soi et la société. Dans le premier cas, c'est
l'individu qui, pour se conserver ou même pour s'éviter un déplaisir, cause intentionnellement un
mal ; dans le second, c'est l'État. Toute morale admet les actes intentionnellement nuisibles en cas
de légitime défense, c'est-à-dire quand il s'agit de conservation ! Mais ces deux points de vue
suffisent à expliquer toutes les mauvaises actions exercées par des hommes sur les hommes : on veut
son plaisir, on veut s'éviter le déplaisir ; en quelque sens que ce soit, il s'agit toujours de sa propre
conservation. Socrate et Platon ont raison : quoi que l'homme fasse, il fait toujours le bien, c'est-à-
dire ce qui lui semble bon (utile) suivant son degré d'intelligence, son niveau actuel de raison.

Nietzsche, Humain, trop humain

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2007

1er sujet:
Le désir peut-il se satisfaire de la réalité?

2ème sujet:
Que vaut l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant:

La validité des règles de justice, telles qu'elles prévalent entre les individus, n'est pas entièrement
suspendue entre les sociétés politiques. Tous les princes se targuent de prendre en considération les
droits des autres princes, et certains, cela ne fait pas de doute, sans hypocrisie. Des alliances et des
traités sont conclus tous les jours entre Etats indépendants, et ils ne seraient qu'autant de parchemin
gaspillé, si l'on ne constatait, à l'expérience, qu'ils ont quelque influence et autorité. Mais ici réside la
différence entre les royaumes et les individus. La nature humaine ne peut en aucune façon subsister
sans l'association des individus, et cette association ne pourrait exister si l'on ne respectait pas les
lois d'équité et de justice. Désordre, confusion, la guerre de tous contre tous, sont les nécessaires
conséquences d'une telle conduite licencieuse. Mais les nations peuvent subsister sans relations.
Elles peuvent même subsister, dans une certaine mesure, dans une guerre générale. L'observance de
la justice, bien qu'utile entre elles, n'est pas garantie par une nécessité si forte qu'entre les individus,
et l'obligation morale est en proportion de l'utilité. Tous les politiques admettent, ainsi que la plupart
des philosophes, que des raisons d'État peuvent, en cas d'urgences particulières, dispenser de suivre
les règles de justice, et invalider tout traité ou alliance, si les respecter strictement était
considérablement préjudiciable à l'une ou l'autre des parties contractantes. Mais rien de moins que
la plus extrême nécessité, reconnaît-on, ne peut justifier que les individus violent une promesse, ou
envahissent les propriétés des autres.

Hume, Enquête sur les principes de la morale

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2007

1er sujet:
Les échanges favorisent-ils la paix?

2ème sujet:
Les lois sont-elles l'œuvre de la raison?

3ème sujet:
La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à
l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que
celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ;
elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité,
elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle
est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points
particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire
provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne
comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut
savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent
pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit
scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a
pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné.
Tout est construit.

Bachelard

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à
guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes et demandent que le texte soit d'abord
étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse du texte et les étapes de son argumentation.

2. Expliquez :

a) «l'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances» ;

b) «ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique»;

c) «rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.»

3. L'opinion fait-elle obstacle à la science?

Série L 2006

1er sujet:
N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui?
2ème sujet:
Cela a-t-il un sens de vouloir échapper au temps?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :

Celui qui se nourrit des glands qu'il a ramassés sous un chêne, ou des pommes qu'il a cueillies aux
arbres d'un bois, se les est certainement appropriés. Personne ne peut nier que ces aliments soient à
lui. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses commencent à être à lui ? Lorsqu'il les a
digérées, ou lorsqu'il les a mangées, ou lorsqu'il les a fait bouillir, ou lorsqu'il les a rapportées chez
lui, ou lorsqu'il les a ramassées ? Il est clair que si le fait, qui vient le premier, de les avoir cueillies ne
les a pas rendues siennes, rien d'autre ne le pourrait. Ce travail a établi une distinction entre ces
choses et ce qui est commun ; il leur a ajouté quelque chose de plus que ce que la nature, la mère
commune de tous, y a mis ; et, par là, ils sont devenus sa propriété privée.

Quelqu'un dira-t-il qu'il n'avait aucun droit sur ces glands et sur ces pommes qu'il s'est appropriés de
la sorte, parce qu'il n'avait pas le consentement de toute l'humanité pour les faire siens ? était-ce un
vol, de prendre ainsi pour soi ce qui appartenait à tous en commun ? si un consentement de ce genre
avait été nécessaire, les hommes seraient morts de faim en dépit de l'abondance des choses [...].
Nous voyons que sur les terres communes, qui le demeurent par convention, c'est le fait de prendre
une partie de ce qui est commun et de l'arracher à l'état où la laisse la nature qui est au
commencement de la propriété, sans laquelle ces terres communes ne servent à rien. Et le fait qu'on
se saisisse de ceci ou de cela ne dépend pas du consentement explicite de tous. Ainsi, l'herbe que
mon cheval a mangée, la tourbe qu'a coupée mon serviteur et le minerai que j'ai déterré, dans tous
les lieux où j'y ai un droit en commun avec d'autres, deviennent ma propriété, sans que soit
nécessaire la cession ou le consentement de qui que ce soit. Le travail, qui était le mien, d'arracher
ces choses de l'état de possessions communes où elles étaient, y a fixé ma propriété.

Locke, Second traité du gouvernement civil.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2006

1er sujet:
Faut-il préférer le bonheur à la vérité?

2ème sujet:
Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :

On serait tenté d'expliquer toute l'organisation sociale par le besoin de manger et de se vêtir,
l'Economique dominant et expliquant alors tout le reste ; seulement il est probable que le besoin
d'organisation est antérieur au besoin de manger. On connaît des peuplades heureuses qui n'ont
point besoin de vêtements et cueillent leur nourriture en étendant la main ; or elles ont des rois, des
prêtres, des institutions, des lois, une police ; j'en conclus que l'homme est citoyen par nature. J'en
conclus autre chose, c'est que l'Economique n'est pas le premier des besoins. Le sommeil est bien
plus tyrannique que la faim. On conçoit un état où l'homme se nourrirait sans peine ; mais rien ne le
dispensera de dormir, si fort et si audacieux qu'il soit, il sera sans perceptions, et par conséquent
sans défense, pendant le tiers de sa vie à peu près. Il est donc probable que ses premières
inquiétudes lui vinrent de ce besoin-là ; il organisa le sommeil et la veille : les uns montèrent la garde
pendant que les autres dormaient ; telle fut la première esquisse de la cité. La cité fut militaire avant
d'être économique. Je crois que la Société est fille de la peur, et non pas de la faim. Bien mieux, je
dirais que le premier effet de la faim a dû être de disperser les hommes plutôt que de les rassembler,
tous allant chercher leur nourriture justement dans les régions les moins explorées. Seulement,
tandis que le désir les dispersait, la peur les rassemblait. Le matin, ils sentaient la faim et devenaient
anarchistes. Mais le soir ils sentaient la fatigue et la peur, et ils aimaient les lois.

Alain, Propos sur les pouvoirs.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2006

1er sujet:
Peut-on juger objectivement la valeur d'une culture?

2ème sujet:
L'expérience peut-elle démontrer quelque chose?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :

En s'écartant, même sans le vouloir, de la vérité, on contribue beaucoup à diminuer la confiance que
peut inspirer la parole humaine, et cette confiance est le fondement principal de notre bien-être
social actuel; disons même qu'il ne peut rien y avoir qui entrave davantage les progrès de la
civilisation, de la vertu, de toutes les choses dont le bonheur humain dépend pour la plus large part,
que l'insuffisante solidité d'une telle confiance. C'est pourquoi, nous le sentons bien, la violation, en
vue d'un avantage présent, d'une règle dont l'intérêt est tellement supérieur n'est pas une solution;
c'est pourquoi celui qui, pour sa commodité personnelle ou celle d'autres individus, accomplit, sans y
être forcé, un acte capable d'influer sur la confiance réciproque que les hommes peuvent accorder à
leur parole, les privant ainsi du bien que représente l'accroissement de cette confiance, et leur
infligeant le mal que représente son affaiblissement, se comporte comme l'un de leurs pires
ennemis. Cependant c'est un fait reconnu par tous les moralistes que cette règle même, aussi sacrée
qu'elle soit, peut comporter des exceptions: ainsi - et c'est la principale - dans le cas où, pour
préserver quelqu'un (et surtout un autre que soi-même) d'un grand malheur immérité, il faudrait
dissimuler un fait (par exemple une information à un malfaiteur ou de mauvaises nouvelles à une
personne dangereusement malade) et qu'on ne pût le faire qu'en niant le fait. Mais pour que
l'exception ne soit pas élargie plus qu'il n'en est besoin et affaiblisse le moins possible la confiance en
matière de véracité, il faut savoir la reconnaître et, si possible, en marquer les limites.

Mill, L'utilitarisme.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2006

1er sujet:
Quel besoin avons-nous de chercher la vérité?

2ème sujet:
L'intérêt de l'histoire, est-ce d'abord de lutter contre l'oubli?

3ème sujet:
Puisque le libre jugement des hommes est extrêmement divers, que chacun pense être seul à tout
savoir et qu'il est impossible que tous donnent la même opinion et parlent d'une seule bouche, ils ne
pourraient vivre en paix si l'individu n'avait renoncé à son droit d'agir suivant le seul décret de sa
pensée. C'est donc seulement au droit d'agir par son propre décret qu'il a renoncé, non au droit de
raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain(1), agir
contre son décret, mais il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en
conséquence aussi parler, pourvu qu'il n'aille pas au delà de la simple parole ou de l'enseignement,
et qu'il défende son opinion par la Raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine, ni dans
l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de l'autorité de son propre décret.

Spinoza

(1) : souverain : autorité Individuelle ou collective à qui seule "il appartient de faire des lois" (selon
Spinoza)

QUESTIONS :

1. Dégagez la thèse de l'auteur et précisez les étapes de son raisonnement.

2.Expliquez :

a. "il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en conséquence aussi parler."

b. "ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de l'autorité de son propre décret."

3. La liberté d'expression doit-elle être illimitée ?

Série L 2005

1er sujet:
Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ?

2ème sujet:
Le langage ne sert-il qu'à communiquer ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :

Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une ingérence
inutile qui, ne pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les rendre pires. Ou, si tant est qu'une
action puisse être justifiée, ce serait uniquement quand elle obéit directement aux instincts,
puisqu'on pourrait éventuellement considérer qu'ils font partie de l'ordre spontané de la nature ;
mais tout ce qu'on ferait de façon préméditée et intentionnelle serait une violation de cet ordre
parfait. Si l'artificiel ne vaut pas mieux que le naturel, à quoi servent les arts de la vie ? Bêcher,
labourer, bâtir, porter des vêtements sont des infractions directes au commandement de suivre la
nature.

[...] Tout le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l'art sur la nature :
joindre par des ponts des rives que la nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser
des puits, amener à la lumière du jour ce que la nature avait enfoui à des profondeurs immenses
dans la terre, détourner sa foudre par des paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan
par des jetées. Mais louer ces exploits et d'autres similaires, c'est admettre qu'il faut soumettre les
voies de la nature et non pas leur obéir ; c'est reconnaître que les puissances de la nature sont
souvent en position d'ennemi face à l'homme, qui doit user de force et d'ingéniosité afin de lui
arracher pour son propre usage le peu dont il est capable, et c'est avouer que l'homme mérite d'être
applaudi quand ce peu qu'il obtient dépasse ce qu'on pouvait espérer de sa faiblesse physique
comparée à ces forces gigantesques. Tout éloge de la civilisation, de l'art ou de l'invention revient à
critiquer la nature, à admettre qu'elle comporte des imperfections, et que la tâche et le mérite de
l'homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer.

John Stuart Mill, La nature

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. II faut et il suffît que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2005

1er sujet:
Qu'attendons-nous de la technique ?

2ème sujet:
L'action politique doit-elle être guidée par la connaissance de l'histoire ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :

L'éthique peut proposer des lois de moralité qui sont indulgentes et qui s'ordonnent aux faiblesses
de la nature humaine, et ainsi elle s'accommode à cette nature en ne demandant rien de plus à
l'homme que ce qu'il est en mesure d'accomplir. Mais l'éthique peut aussi être rigoureuse et
réclamer la plus haute perfection morale. En fait, la loi morale doit elle-même être rigoureuse. Une
telle loi, que l'homme soit en mesure ou non de l'accomplir, ne doit pas être indulgente et
s'accommoder aux faiblesses humaines, car elle contient la norme de la perfection morale, laquelle
doit être stricte et exacte. La géométrie donne par exemple des règles strictes, sans se demander si
l'homme peut ou non les appliquer et les observer : le point qu'on dessine au centre d'un cercle a
beau ne jamais être assez petit pour correspondre au point mathématique, la définition de ce dernier
n'en conserve pas moins toute sa rigueur. De même, l'éthique présente des règles qui doivent être
les règles de conduite de nos actions ; ces règles ne sont pas ordonnées au pouvoir de l'homme, mais
indiquent ce qui est moralement nécessaire. L'éthique indulgente est la corruption de la mesure de
perfection morale de l'humanité. La loi morale doit être pure.

Kant, Leçons d'éthique.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S 2005

1er sujet:
Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ?

2ème sujet:
La sensibilité aux oeuvres d'art demande-t-elle à être éduquée ?

3ème sujet:
Expliquer le texte suivant :
Il est assez difficile de comprendre, comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment
mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a
donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus d'honneur à se conduire par ses propres
yeux, que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer,
ou de se les arracher, dans l'espérance d'avoir un conducteur. Sapientis oculi in capite ejus, stultus in
tenebris ambula(1). Pourquoi le fou marche-t-il dans les ténèbres ? C'est qu'il ne voit que par les yeux
d'autrui, et que ne voir que de cette manière, à proprement parler, c'est ne rien voir. L'usage de
l'esprit est à l'usage des yeux, ce que l'esprit est aux yeux ; et de même que l'esprit est infiniment au-
dessus des yeux, l'usage de l'esprit est accompagné de satisfactions bien plus solides, et qui le
contentent bien autrement que la lumière et les couleurs ne contentent la vue. Les hommes
toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent presque jamais de
leur esprit pour découvrir la vérité.

Malebranche, De la Recherche de la Vérité

(1) "Les yeux du sage sont dans sa tête ; l'insensé marche dans les ténèbres."

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Séries technologiques 2005

1er sujet:
Pourquoi voulons-nous être libres ?

2ème sujet:
Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison à tout prix ?

3ème sujet:
Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l'homme diffère des autres animaux
en ce qu'il est très apte à l'imitation et c'est au moyen de celle-ci qu'il acquiert ses premières
connaissances). Et tous les hommes prennent plaisir aux imitations.

Un indice est ce qui se passe dans la réalité : des êtres dont l'original fait peine à la vue, nous aimons
à en contempler l'image exécutée avec la plus grande exactitude ; par exemple les formes des
animaux les plus vils et des cadavres.

Une raison en est encore qu'apprendre est très agréable non seulement aux philosophes mais
pareillement aussi aux autres hommes ; seulement ceux-ci n'y ont qu'une faible part. On se plaît à la
vue des images parce qu'on apprend en les regardant et on déduit ce que représente chaque chose,
par exemple que cette figure c'est un tel. Si on n'a pas vu auparavant l'objet représenté, ce n'est plus
comme imitation que l'œuvre pourra plaire, mais à raison de l'exécution, de la couleur ou d'une
autre cause de ce genre.

Aristote

QUESTIONS :

1. Dégagez l'idée principale du texte et son argumentation.

2.a. En vous appuyant sur le texte vous expliquerez pourquoi "tous les hommes prennent plaisir aux
imitations".

2.b. Qu'est-ce qui nous plaît dans une belle représentation?


3. En quoi les images nous apprennent-elles à regarder et à connaître?

Série L 2004

1er sujet
La notion d’inconscient psychique est-elle contradictoire ?

2e sujet
Le bonheur est-il une affaire privée ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :

L'origine de toutes les erreurs est, en un certain sens, la même que celle des erreurs de calcul, qui
arrivent aux arithméticiens. En effet, il arrive souvent qu'à défaut d'attention ou de mémoire, nous
faisons ce qu'il ne faut pas faire ou que nous omettons ce qu'il faut faire, ou bien que nous croyons
avoir fait ce que nous n'avons pas fait, ou que nous avons fait ce que nous croyons n'avoir pas fait.
Ainsi, il arrive que, dans le calcul (auquel correspond le raisonnement dans l'esprit), on oublie de
poser certains signes nécessaires ou qu'on en mette qu'il ne faut pas ; qu'on néglige un des éléments
du calcul en les rassemblant, ou qu'on opère contre la règle. Lorsque notre esprit est fatigué ou
distrait, il ne fait pas suffisamment attention aux opérations qu'il est en train de faire, ou bien, par
une erreur de mémoire, il accepte comme déjà prouvé ce qui s'est seulement profondément
enraciné en nous par l'effet de répétitions fréquentes, ou d'un examen prolongé, ou d'un désir
ardent. Le remède à nos erreurs est également le même que le remède aux erreurs de calcul : faire
attention à la matière et à la forme(1), avancer lentement, répéter et varier l'opération, recourir à
des vérifications et à des preuves, découper les raisonnements étendus, pour permettre à l'esprit de
reprendre haleine, et vérifier chaque partie par des preuves particulières. Et puisque dans l'action on
est quelquefois pressé, il est important de s'habituer à garder le sang-froid et la présence d'esprit, à
l'exemple de ceux qui, même au milieu du bruit et sans calculer par écrit, savent exécuter des
opérations sur des nombres très élevés. Ainsi l'esprit s'habitue à ne pas se laisser facilement distraire
par les sensations externes ou par ses imaginations et ses affections propres, mais à rester maître de
ce qu'il est en train de faire, à conserver sa faculté critique ou, comme on dit communément, son
pouvoir de faire retour sur lui-même, de manière à pouvoir, tel un moniteur(2) étranger, se dire sans
cesse à lui-même : vois ce que tu fais, pourquoi le fais-tu actuellement ?

Leibniz, Remarques sur Descartes

(1) "la matière et la forme" : le contenu et l'enchaînement du raisonnement.

(2) "moniteur" : quelqu'un qui avertit, conseille.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES 2004

1er sujet
Qu’est-ce que comprendre autrui ?

2e sujet
Toute vérité est-elle démontrable ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :
II y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que chacun de nous soit
une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon
distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et
qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de
cette terre, l'une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par
sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont
on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion(1), car on
aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son
pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se
vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire
beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait
aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant
comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint
pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente ; voire on voudrait
perdre son âme, s'il se pouvait, pour sauver les autres.

Descartes, Lettre à Elisabeth

Série S 2004

1er sujet
Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?

2e sujet
Faut-il chercher à tout démontrer ?

3e sujet
Expliquez le texte suivant :

Le fait que l'ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n'est pas un bien,
ou qu'il y a des plaisirs spécifiquement différents. L'ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie
pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l'autre
des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent. En outre, nul homme
ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l'intelligence d'un petit enfant, même
s'il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l'enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir
du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s'il ne devait jamais en
résulter pour lui de conséquence pénible. Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout
notre empressement à obtenir, même s'ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se
souvenir, savoir, posséder les vertus. Qu'en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces
avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne
seraient pour nous la source d'aucun plaisir. Qu'ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout
plaisir soit désirable, c'est là une chose, semble-t-il, bien évidente.

Aristote, Ethique à Nicomaque

Série L 2003

1er sujet
L’idée d’une liberté totale a-t-elle un sens ?

2e sujet
Le bonheur est-il une affaire privée ?
3e sujet
Expliquer le texte suivant :

Les noms des choses qui ont la propriété de nous affecter, c'est-à-dire de celles qui nous procurent
du plaisir ou du déplaisir, ont, dans la conversation courante des hommes, une signification
changeante parce que tous les hommes ne sont pas affectés de la même façon par la même chose, ni
le même homme à des moments différents. Etant donné en effet que tous les noms sont donnés
pour signifier nos représentations, lorsque nous avons des représentations différentes des mêmes
choses, nous ne pouvons pas facilement éviter de leur donner des noms différents. Car même si la
nature de ce que nous nous représentons est la même, il reste que la diversité des façons que nous
avons de la recueillir, diversité qui est fonction de la différence de constitution de nos corps et des
préventions de notre pensée, donne à chaque chose une teinture de nos différentes passions. C'est
pourquoi, lorsqu'ils raisonnent, les hommes doivent prendre garde aux mots, lesquels ont aussi, au
delà de la signification de ce que nous imaginons leur être propre, une signification renvoyant à la
nature, à la disposition et à l'intérêt de celui qui parle ; tels sont les noms des vertus et des vices : car
un homme appelle sagesse ce qu'un autre appelle crainte ; et l'un appelle cruauté ce qu'un autre
appelle justice ; l'un prodigalité ce qu'un autre appelle magnificence ; l'un gravité ce qu'un autre
appelle stupidité, etc. Il en résulte que de tels noms ne peuvent jamais être les véritables
fondements d'aucune espèce de raisonnement. Les métaphores et les figures du discours ne le
peuvent pas davantage : mais elles sont moins dangereuses parce qu'elles professent leur caractère
changeant, ce que ne font pas les autres noms.

Thomas Hobbes, Léviathan

Série ES 2003

1er sujet
Le dialogue est-il le chemin de la vérité

2e sujet
Pourquoi sommes-nous sensibles à la beauté ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :

La vraie philosophie de l'histoire revient à voir que sous tous ces changements infinis, et au milieu de
tout ce chaos, on n'a jamais devant soi que le même être, identique et immuable, occupé aujourd'hui
des mêmes intrigues qu'hier et que de tout temps : elle doit donc reconnaître le fond identique de
tous ces faits anciens ou modernes, survenus en Orient comme en Occident ; elle doit découvrir
partout la même humanité, en dépit de la diversité des circonstances, des costumes et des mœurs.
Cet élément identique, et qui persiste à travers tous les changements, est fourni par les qualités
premières du cœur et de l'esprit humains - beaucoup de mauvaises et peu de bonnes. La devise
générale de l'histoire devrait être : Eadem, sed aliter [les mêmes choses, mais d'une autre manière].
Celui qui a lu Hérodote(1) a étudié assez l'histoire pour en faire la philosophie ; car il y trouve déjà
tout ce qui constitue l'histoire postérieure du monde : agitations, actions, souffrances et destinée de
la race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question et du sort de toute vie sur terre.

Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

(1) Hérodote : historien grec (484 - 420 av. J.C.)

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende
compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série S 2003

1er sujet
La vérité dépend-elle de nous ?

2e sujet
Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ?

3e sujet
Expliquer le texte suivant :

Les noms des choses qui ont la propriété de nous affecter, c'est-à-dire de celles qui nous procurent
du plaisir ou du déplaisir, ont, dans la conversation courante des hommes, une signification
changeante parce que tous les hommes ne sont pas affectés de la même façon par la même chose, ni
le même homme à des moments différents. Etant donné en effet que tous les noms sont donnés
pour signifier nos représentations, lorsque nous avons des représentations différentes des mêmes
choses, nous ne pouvons pas facilement éviter de leur donner des noms différents. Car même si la
nature de ce que nous nous représentons est la même, il reste que la diversité des façons que nous
avons de la recueillir, diversité qui est fonction de la différence de constitution de nos corps et des
préventions de notre pensée, donne à chaque chose une teinture de nos différentes passions. C'est
pourquoi, lorsqu'ils raisonnent, les hommes doivent prendre garde aux mots, lesquels ont aussi, au
delà de la signification de ce que nous imaginons leur être propre, une signification renvoyant à la
nature, à la disposition et à l'intérêt de celui qui parle ; tels sont les noms des vertus et des vices : car
un homme appelle sagesse ce qu'un autre appelle crainte ; et l'un appelle cruauté ce qu'un autre
appelle justice ; l'un prodigalité ce qu'un autre appelle magnificence ; l'un gravité ce qu'un autre
appelle stupidité, etc. Il en résulte que de tels noms ne peuvent jamais être les véritables
fondements d'aucune espèce de raisonnement. Les métaphores et les figures du discours ne le
peuvent pas davantage : mais elles sont moins dangereuses parce qu'elles professent leur caractère
changeant, ce que ne font pas les autres noms.

Thomas Hobbes, Léviathan

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