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TOP CHRONO

C’est l’interro !
Exercice 1 (6 pts) 8 min
a. Pourquoi les mots sont-ils essen els à la construc on de la pensée ?

b. Expliquez ce e cita on de Platon : « la pensée est le dialogue intérieur de l’âme avec


elle-même ».

Exercice 2 (3 pts) 3 min


En quoi la parole rend-elle possible l’existence de la culture ?

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Exercice 3 (3 pts) 3 min
Quelle est la différence entre sociétés animales et sociétés humaines, et en quoi est-elle
liée à l’usage de la parole ?

Exercice 4 (4 pts) 5 min


Pourquoi la parole a-t-elle un pouvoir de persuasion plus grand que l’écriture ?

Exercice 5 (4 pts) 5 min


Quels sont les deux grands pouvoirs de la parole, et quels sont les enjeux qui leurs sont liés ?

…… pts

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2 QU’EST CE QUE LA RHÉTORIQUE ?

Probléma ques
D’où vient la rhétorique ? Que signifie-t-elle ? Comment évolue-t-elle ?

 Défini on et origine

Défini on
Au sens large, un art est une discipline pra que fondée sur la connais-
sance théorique d’un domaine donné ; ex : la médecine, l’architecture, la
stratégie militaire, la poterie… Le mot vient du la n ars, qui est lui-même
l’équivalent du grec tekhnè (qui a aussi donné « technique »).

Dans l’An quité, savoir bien parler en public est une nécessité pour qui veut réussir
dans le domaine poli que ou faire une carrière dans le droit, ces deux domaines
étant les voies royales pour s’assurer pres ge, richesse et pouvoir. La maîtrise
du langage parlé ne se conçoit donc pas sans un art de la parole, comprenant
une par e théorique, où sont codifiées les règles et les techniques rela ves à
la composi on des discours, et une par e pra que, portant sur les techniques
de mémorisa on et de prononcia on des discours ; cet art, suscep ble d’être
enseigné à tout homme désirant maîtriser son discours et surtout persuader son
auditoire, cons tue ce que l’on appelle la rhétorique ou art oratoire. La rhétorique
est donc l’art de bien parler en vue de persuader son auditoire : elle réunit les
aspects théoriques et pra ques nécessaires à la maîtrise du discours oral, et met
autant l’accent sur l’argumenta on que sur la façon de s’exprimer (alors que le
mot d’« éloquence » renvoie surtout à l’art de bien s’exprimer). Ce e discipline
revêt une importance majeure dans l’An quité où la culture orale est essen elle.
L’origine de la rhétorique remonterait au e siècle avant J.-C., en Sicile, lorsqu’un
mouvement démocra que en chasse les deux tyrans. De nombreux procès voient
alors le jour pour décider du sort des droits de propriété, ce qui donnera lieu à de
grands discours poli co-judiciaires pour persuader et convaincre l’auditoire et les
juges. Corax et Teisias auraient alors eu l’idée de me re par écrit les principes qui
régissent ces discours prononcés au tribunal et les auraient ensuite enseignés. La
naissance de la rhétorique rappelle donc que ce e dernière a d’abord une visée
pra que : elle est langage d’ac on, elle veut et doit avoir un effet sur l’auditoire,
qui décide, ou pas, de se ranger à l’opinion de l’orateur.

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 Les rhéteurs a ques

Défini on
À l’origine, le rhéteur est à Athènes un orateur public de l’ekklésia, c’est-
à-dire de l’Assemblée du peuple ; par conséquent, il est d’abord un homme
poli que. Mais la défini on s’élargit rapidement pour désigner à Athènes,
puis à Rome, un professeur d’éloquence.

Les premiers rhéteurs connus viennent de l’A que, ce e région de la Grèce


qui entoure Athènes. L’apogée de l’art oratoire a que se situe de 460 av. J.-C.
jusqu’au moment où Athènes perd sa liberté poli que à la fin du e siècle av. J.-C.
C’est Gorgias de Leon um (en Sicile) (v. 483-v. 385 av. J.-C.) qui introduit à Athènes
une nouvelle manière de parler venue des procès de sa région natale. Ses discours
prononcés à Athènes en 427 lorsqu’il vient comme ambassadeur de sa ville frappent
les Athéniens par leur efficacité remarquable et leur nouveauté. Le style a que
prend alors modèle sur son éloquence où brille une prose équilibrée, simple, aux
proposi ons brèves et symétriques. Son influence est extrême puisque de nombreux
orateurs a ques s’inspirent de son style, comme An phon (v. 480-411 av. J.-C.),
considéré comme le plus ancien rhéteur grec et le seul appartenant vraiment au
e siècle dont on ait conservé quelques discours. On peut noter aussi l’importance

de la figure de Gorgias au fait qu’il apparaît dans un dialogue de Platon (Gorgias).


D’autres orateurs du e siècle sont restés célèbres comme Lysias, Isocrate (qui
fut l’élève de Gorgias), ou encore Démosthène.
La par cularité de la rhétorique a que vient de ce que souvent les orateurs
sont non seulement des pra ciens mais aussi des théoriciens de leur art, ce qui
cons tue une différence majeure avec la rhétorique la ne.

 Aristote et La Rhétorique
Aristote (384-322 av. J.-C.), considéré comme le plus grand théoricien de la rhéto-
rique, propose une étude poussée de cet art dans l’ouvrage qu’il lui consacre, La
Rhétorique (-330 environ).

Défini on
Au chapitre 2 du livre I, Aristote définit ainsi la rhétorique : « la rhétorique est la
faculté de considérer dans chaque sujet ce qui s’y trouve de propre à persuader ».

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Ainsi, selon lui, la rhétorique est une véritable technique pour découvrir les
moyens de persuader, technique dont il développe avec précision les règles dans
les chapitres suivants.

U lité morale de la rhétorique


Au livre I chapitre 1, Aristote explique l’u lité morale de la rhétorique : si parfois
le juste et le vrai ne triomphent pas dans les jugements rendus, la faute doit
en être imputée aux piètres qualités de l’orateur qui n’aura pas su les imposer
avec la vigueur nécessaire. Une technique est donc requise, la rhétorique, que
l’orateur doit apprendre pour défendre le juste et le vrai. Aristote va plus loin :
« l’orateur, ayant à parler d’une science devant certains hommes, ne pourrait
pas facilement, par le seul moyen de la science, lors même qu’il la connaîtrait
parfaitement, persuader ses auditeurs ». Autrement dit, le discours scien fique
n’emporte pas par lui-même l’adhésion : la rhétorique doit venir à son secours
pour l’imposer comme preuve dans l’esprit de l’auditeur. Aristote pose ainsi la
nécessité d’apprendre les techniques rhétoriques, dont il souligne l’importance
en les comparant à des techniques physiques de combat : « il serait étrange qu’il
y eût de la honte à ne pas savoir se servir de son corps pour se défendre ; et qu’il
n’y en eût pas à ne pas savoir se servir de la parole, dont l’usage, bien plus que
celui du corps, est par culier à l’homme ».

À retenir
Pour Aristote, la rhétorique est nécessaire, elle est une technique de
persuasion au service du vrai et du juste que tout orateur doit apprendre.

 La rhétorique la ne
Rome considère très tôt également l’importance de l’art oratoire, dès la fin du
e siècle avec, par exemple, Appius Claudius Caecus dont les discours sont restés

célèbres et servaient encore de modèle au temps de Cicéron (106-43 av. J.-C.). Au


cours du e siècle av. J.-C., au fur et à mesure que la culture grecque se répand,
la rhétorique acquiert une place de choix dans l’éduca on des Romains et elle
prend résolument modèle sur l’éloquence hellénis que. Les orateurs romains
étant avant tout des pra ciens, la théorie de la rhétorique ne subit pas de grands
changements. Seule l’œuvre de Quin lien, L’ins tu on oratoire (v. 95 ap. J.-C.)
se veut une réflexion théorique sur l’art de l’éloquence, mais elle est avant tout
un récapitula f des connaissances rhétoriques de l’An quité. Toutefois, il faut

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noter que Quin lien s’intéresse beaucoup plus que ses prédécesseurs grecs à la
mise en pra que du discours et que sa réflexion ouvre des chemins nouveaux en
réfléchissant aux visées oratoires et didac ques de l’éloquence.
Cicéron apparaît comme la grande figure la ne de l’orateur que la tradi on
occidentale reconnaît comme modèle indépassable et parfait. Mais là encore, il
s’agit d’abord d’un pra cien dont les discours sont modelés par les ins tu ons
romaines que sont les tribunaux et le Sénat.
Sous l’Empire, la rhétorique comme art vivant décline puisque les décisions
poli ques sont prises par l’Empereur en dépit des débats qu’elles suscitent. Elle
survit cependant de manière vivace dans l’éduca on où elle est considérée comme
la plus belle discipline li éraire et influence de fait toutes les formes de li érature.

 La rhétorique au Moyen Âge


Le Moyen Âge est dominé par la tradi on la ne qui invoque souvent Cicéron
comme modèle. Toutefois, la rhétorique devient plus restric ve et s’assimile à un
ensemble de rece es et d’exercices. Les écoles de rhétorique fleurissent, qui visent
à commenter et à enseigner les textes li éraires en étudiant leurs procédés afin
d’alimenter les sermons des prêtres et les plaidoiries des avocats. La rhétorique
devient ainsi une discipline qui croise la grammaire et la logique, et dont le but
est essen ellement pédagogique.

À retenir
De l’An quité au Moyen Âge, la rhétorique délaisse la réflexion théorique
pour devenir une pra que de plus en plus technique et scolaire. Aristote
et Cicéron sont les grandes figures de la rhétorique an que.

 Enjeux de la rhétorique
La naissance de la rhétorique s’avère ainsi étroitement liée à la démocra e : en
témoignent ces procès des origines où l’auditoire est invité à décider librement
et en toute conscience après avoir entendu des débats, des confronta ons d’opi-
nions. À l’inverse, la tyrannie se révèle le lieu d’une parole figée, unique, puisque
dans un tel système, seul le tyran a raison : la rhétorique est de fait exclue. Les
discours sont inu les dans la mesure où le tyran ne cherche nullement à convaincre,
au contraire de la démocra e où il faut emporter l’adhésion du citoyen par le
discours pour qu’il agisse.

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En même temps, la rhétorique fut très tôt la cible de cri ques chez les philosophes,
notamment chez Platon (428-348 av. J.-C.). Il lui reprochait en effet de faire un
usage dévoyé du logos, incompa ble avec la recherche de la vérité et de la vertu.
Dans les dialogues de Platon où ils apparaissent, les rhéteurs et les sophistes
comme Gorgias et Protagoras sont ainsi présentés comme des mercenaires du
discours prétendant pouvoir enseigner l’art de faire triompher n’importe quelle
opinion sans se soucier de sa vérité, voire en niant purement et simplement
l’existence d’une vérité objec ve. Ainsi Protagoras prétendait-il que « l’homme
est la mesure de toutes choses », signifiant par là que chaque cité, voire chaque
individu, est libre de définir sa propre concep on de ce qui est vrai ou faux, bien
ou mal, juste ou injuste : il n’y aurait pas de vérité absolue, mais seulement des
vérités rela ves, des opinions subjec ves impossibles à hiérarchiser objec -
vement, et la seule chose qui compterait serait de parvenir à imposer son point
de vue pour prendre le commandement dans la cité (voir la fiche n° 14, « Parole
et mensonge »). Platon voyait dans ce rela visme des sophistes, qui favorisait la
démagogie et la manipula on des foules par des orateurs sans scrupules et avides
de pouvoir, une des principales causes de la décadence de la cité athénienne. Sa
cri que de la rhétorique l’amena par conséquent à développer une cri que de
la démocra e en tant que régime donnant le pouvoir au plus grand nombre et
ins tuant ainsi une véritable « tyrannie de l’ignorance », souvent prélude à la
tyrannie tout court. Contre cela, il défendit un modèle poli que éli ste fondé sur
le règne des « philosophes rois », et une concep on de la philosophie opposant
la dialec que comme « art de la vérité » à la rhétorique comme art du mensonge
et de l’illusion (voir la fiche n° 5, « La dialec que »).
Ainsi, la rhétorique fut très tôt l’enjeu d’un ques onnement philosophique, portant
à la fois sur la vérité et sur la poli que : existe-t-il toujours une vérité objec ve ?
Toutes les opinions se valent-elles ? Tous les citoyens doivent-ils avoir un droit égal
à la parole ? etc. Ces ques ons, qui ont très tôt fait débat parmi les philosophes
(cf. le point de vue d’Aristote, fort différent) sont toujours d’actualité…
Car aujourd’hui encore, la rhétorique entendue comme art de persuader au
sens large est omniprésente dans nos sociétés : que l’on songe, par exemple,
aux discours publicitaires dont le but est de pousser le citoyen à faire un achat
qu’il n’envisageait pas jusque-là, ou encore aux discours poli ques ou religieux
qui cherchent à persuader leur interlocuteur du bien-fondé et de la vérité des
arguments exposés. Même la vie privée n’échappe pas à la rhétorique et le discours
de séduc on amoureuse ne se lasse pas de l’u liser abondamment.

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TOP CHRONO
C’est l’interro !

Exercice 1 (4 pts) 5 min


Donnez la défini on des mots suivants :

a. éloquence

b. rhétorique

c. rhéteur

d. style a que

Exercice 2 (3 pts) 2 min


Expliquez l’origine de la rhétorique dans l’An quité.

Exercice 3 (3 pts) 3 min


Quel rapport la rhétorique entre ent-elle avec la démocra e ?

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