Les Genres de La Rhétorique

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Les genres de la rhétorique

Introduction :
La faculté du langage est innée à l’être humain, mais la capacité d’en faire un bon
usage ne l’est pas. Beaucoup se souviennent de l’effrayante expérience de leur
première prise de parole en public, et certains même n’ont jamais pu réaliser cet acte à
cause de sa complexité. Les techniques qui permettent la bonne expression orale ne
sont pas connues par tout le monde. Or, tout être humain est un bon orateur potentiel,
sachant cela, les philosophes grecs de l’Antiquité se sont penchés davantage sur l’étude
de cet art de bien parler, et leurs études nous sont encore utiles dans plusieurs
domaines. Depuis ces siècles, l’Homme essaye de se perfectionner par rapport à ce
sujet, car peu importe le domaine, la maitrise du langage est la clé pour avancer.
Quand nous parlons d’un homme éloquent nous ne parlons pas de celui qui produit une
longue suite d'idées, qui les classe, qui les enchaîne, qui les énonce avec clarté, justesse
et bienséance, ni celui qui les agrandit en les développant, ni celui encore qui les pare
de grâces de l'élocution, qui les anime par des figures, qui les colore par des images, et
qui par le charme du nombre, flatte l'oreille en même temps qu'il séduit l'imagination;
c'est celui qui possède et met en œuvre tous ces talents, et qui en même temps du côté
de l'âme connaît le fort et le faible, sait toucher à l'endroit sensible et fait mouvoir à
son gré tous les ressorts des passions.
De là, notre problématique s’impose en une seule question inaugurale : Comment
Aristote à travers son ouvrage intitulé Rhétorique définit il les principaux genres de la
rhétorique ?
En vue de répondre à cette problématique, nous allons tout d’abord définir la
rhétorique afin de la distinguer de l’éloquence. Ensuite, nous allons présenter un
diaporama général de la rhétorique en se basant sur quelques philosophes, penseurs et
politiciens qui ont traité cette notion. Et enfin, nous allons étudier les genres de la
rhétorique en se basant sur Rhétorique d’Aristote comme support principal.
Définition de la rhétorique :
Etymologie :
Du latin rhetorica, art oratoire, issu du grec ancien rhêtorikê, technique oratoire, lui-
même dérivé de rhêtor, orateur. Le centre national des ressources textuelles et lexicales
(CNRTL) définit la rhétorique en tant qu’« une technique du discours qui englobe
l’ensemble de règles et de procédés constituant tous l’art de bien parler et donc de
l’éloquence. » En d’autres termes, La rhétorique s'intéresse aux différents moyens
d'expression et de formes du discours, employés pour le renforcer, lui donner de
l'élégance, capter l'attention des interlocuteurs ou faire preuve de persuasion. Elle en
recense les règles et les procédés stylistiques appelés les figures de rhétorique.
*figures de rhétorique : sont une forme caractéristique d'expression, motivée par la recherche
d'un effet d'expressivité. Elles impliquent, d'après Cicéron et tous les rhéteurs, certains tours
d'expressions et de pensées qui diffèrent du langage ordinaire, et qu'on emploie pour donner au
style plus de force, de grâce, de vivacité ou de noblesse. Dans la langue courante, figure de
style est synonyme de figure de rhétorique. (Figure 1)

De ce qui précède, nous pouvons bien parler de deux conceptions antagonistes de la


rhétorique qui sont à distinguer. La première, ayant ses racines dans l'Antiquité
grecque, chez les sophistes et codifiée par Aristote, a pour finalité de persuader et de
convaincre. La seconde, apparue dans l'Antiquité romaine, avec Quintilien et Cicéron
notamment, est l'art du "bien parler", de l'éloquence.
Pour appuyer la relation interdépendante et pour souligner la différence entre la
rhétorique et l’éloquence, MARMONTEL1 propose dans Le Dictionnaire de la
littérature la distinction suivante : « La rhétorique n’est que la théorie de cet art de
persuader dont l’éloquence est la pratique. L’une trace la méthode et l’autre la suit ;
l’une indique les sources et l’autre y va puiser ; l’une enseigne les moyens et l’autre les
emploie ; l’une, pour me servir de l’expression de Cicéron, abat une forêt de matériaux
et l’autre en fait le choix et les met en œuvre avec intelligence. La rhétorique embrasse
les possibles ; l’éloquence s’attache aux faits qui lui sont présentés ; et c’est ainsi que
le premier instinct de l’éloquence naturelle est devenu le plus savant, le plus profond
de tous les arts…»
Cette distinction entre l’éloquence et la rhétorique, nous guide vers notre deuxième axe
de recherche à travers lequel nous allons essayer de mettre la lumière sur le diaporama
général de ces deux notions.

1
Jean-François Marmontel, 1723 - 1799, est un écrivain, encyclopédiste, historien, conteur, romancier,
grammairien et poète, dramaturge, philosophe français.
De nombreux auteurs et philosophes se sont penchés depuis l’Antiquité sur la
rhétorique et ses procédés, dans le but d’acquérir cette puissance du verbe – une arme
parfois redoutable, n’oubliez pas qu’une argumentation bien menée et convaincante
peut avoir une influence décisive !
Parmi ces auteurs, on retrouve les noms d’auteurs grecs comme Démosthène 2 (384-322
avant J.-C.), Isocrate3 (436-322 avant J.-C.) et Aristote (384-322 avant J.-C.), ou
romains qui ont rédigé des traités de rhétorique tels que Cicéron 4 (106-43 avant J. -C.)
(De Oratore, sur l’art oratoire) et du Brutus 5, brève histoire de l’art oratoire romain), ou
Quintilien6 (35-95 après J.-C.), L’art oratoire. Ils ont défini les procédés auxquels il
faut avoir recours pour construire un texte convaincant.
Cicéron par exemple admet que L’orateur est nécessaire à la Cité et il se définit par
sa capacité à discerner la vérité et à mettre en lumière le sens de l’Histoire.
L’éloquence recèle dans cette perspective une dimension éthique : l’orateur idéal
s’interdit de manipuler son auditoire, car il s’impose de le convaincre grâce à une
argumentation qu’il conçoit lui-même comme fondamentalement vraie. Il est capable,
selon Cicéron, de poursuivre trois buts distincts : il peut enseigner (docere en latin),
comme lorsqu’il instruit les juges ; il peut ensuite chercher à charmer l’auditoire
(delectare) ; il peut enfin s’évertuer à l’émouvoir (mouere). À chaque finalité
correspond un style particulier : l’enseignement requiert de la précision ; le charme de
la modération ; et l’émotion de la véhémence7. Cicéron fait découler les parties de la
technique rhétorique de ces trois finalités. L’orateur doit d’abord déterminer le contenu
de sa parole (inventio) ; il doit ensuite organiser ses idées (dispositio) ; il doit enfin
veiller à la qualité formelle de sa parole (elocutio), ce qui constitue pour l’auteur la
dimension fondamentale de l’éloquence, celle qui demande le plus de compétences et
de travail. Les qualités principales de style en sont la pertinence, la clarté, l’élégance et
la convenance. « C’est que l’éloquence, en effet, admet Cicéron, est quelque chose de
plus grand qu’on ne pense, et qu’elle demande une immense réunion d’études et de
talents » (De Oratore). L’éloquence est pour Cicéron l’expression authentique de
l’intelligence humaine. Elle présupposerait une certaine relation entre le fond et la
forme : être éloquent requiert de la culture et de l’intelligence, c’est-à-dire une certaine
compréhension des problèmes humains. Pour Cicéron, « personne ne saurait devenir
un orateur accompli, s’il ne possède tout ce que l’esprit humain a conçu de grand et
d’élevé ».

2
Homme d'État athénien. Grand adversaire du roi de Macédoine Philippe II, considéré comme l'un des plus
grands orateurs de l'Antiquité.
3
Un des dix orateurs attiques. Diogène Laërce dit de lui qu'il est de six ans plus vieux que Platon. Il fut le
fondateur d'une école de rhétorique célèbre, qui forma nombre d'orateurs
4
Cicéron, homme d'État romain et brillant orateur
5
Marcus Brutus : un sénateur romain, juriste et philosophe de la fin de la République romaine
6
Quintilien est un rhéteur et pédagogue latin du Iᵉʳ siècle apr. J.-C. Il est l'auteur d'un important manuel de
rhétorique, l'Institution oratoire, dont l'influence sur l'art oratoire se prolongea pendant des siècles.
7
Force impétueuse (des sentiments ou de leur expression).
L’exemple d’Aristote8 que je vais présenter nous permet une transition vers notre 3 ème
axe de recherche dans lequel nous allons étudier les genres de la rhétorique.
Si l’art oratoire préexistait à Aristote, son traité Rhétorique écrit entre -329 et -323
constitue un apport majeur. Il prétend ériger un art de l’éloquence authentique. Selon
lui, la rhétorique se subordonne à la politique, elle se préoccupe du bonheur, du juste et
de l’utile. L’ouvrage se divise en trois livres : le premier définit ce qu’est la rhétorique
et quels sont les trois types de discours, le second est consacré à la disposition du
locuteur et aux passions, et le troisième porte sur la forme du discours.
La Rhétorique est un texte fondateur à bien des égards. Outre l'intérêt capital qu'elle
présente pour les spécialistes de la civilisation grecque antique, elle constitue une mine
d'informations et de questionnements pour les théoriciens du langage, pour les
historiens ou les praticiens de ce qu'on nomme aujourd'hui "communication". Mais son
intérêt est surtout philosophique. Reconnaître l'importance de la persuasion dans les
rapports sociaux et politiques, comme alternative à la violence et pour satisfaire ce que
l'homme a d'humain ; reconnaître dans la persuasion la présence incontournable de
l'opinion (doxa), analyser ses mécanismes, y introduire de la rationalité sans ignorer ni
ses pouvoirs ni ses prestiges.
Aristote définit 3 genres majeurs de la rhétorique : le genre délibératif, le genre
épidictique, le genre judiciaire. Dans son ouvrage Rhétorique, il les présentent comme
suit : « Il y a donc, nécessairement aussi, trois genres de discours
oratoires : le délibératif, le judiciaire et le démonstratif [c’est-à-dire
l’épidictique]. La délibération comprend l’exhortation et la dissuasion. En
effet, soit que l’on délibère en particulier, ou que l’on harangue en public,
on emploie l’un ou l’autre de ces moyens. La cause judiciaire comprend
l’accusation et la défense : ceux qui sont en contestation pratiquent,
nécessairement, l’un ou l’autre. Quant au démonstratif, il comprend
l’éloge ou le blâme. (…) V. Chacun de ces genres a un but final différent ; il
y en a trois, comme il y a trois genres. Pour celui qui délibère, c’est l’intérêt
et le dommage ; car celui qui soutient une proposition la présente comme
plus avantageuse, et celui qui la combat en montre les inconvénients.
Mais on emploie aussi, accessoirement, des arguments propres aux autres
genres pour discourir dans celui-ci, tel que le juste ou l’injuste, le beau ou
le laid moral. Pour les questions judiciaires, c’est le juste ou l’injuste ; et ici
encore, on emploie accessoirement des arguments propres aux autres
genres. Pour l’éloge ou le blâme, c’est le beau et le laid moral, auxquels on
ajoute, par surcroît, des considérations plus particulièrement propres aux
autres genres. » Chapitre III.
8
Aristote est un philosophe et polymathe grec de l'Antiquité. Il est avec Platon, dont il a été le disciple à
l'Académie, l'un des penseurs les plus influents que le monde occidental ait connu
1. Le genre délibératif :
Le discours délibératif s’attache à des faits futurs. Il a pour objectif de persuader une
assemblée de ce qui est utile ou nuisible à la cité, afin de l’exhorter à choisir ce qu’il est
nécessaire de faire ou le dissuader d’agir à mauvais escient. L’orateur s’adresse à un auditoire
qui doit décider (assemblée politique, sénat) lors d’une session parlementaire, par exemple. Le
discours délibératif par excellence est le discours politique, celui qui cherche à obtenir les
voix des électeurs, qui rassemble les partisans d’un homme d’État autour d’une cause
commune, celui qui est lancé devant une assemblée avant le vote d’une loi.

Le discours est le terme générique pour désigner ce qui appartient au genre délibératif. Le
discours tente de faire agir, de pousser à faire un choix décisif, à voter ou à lutter s’il s’agit
d’un discours militaire. Il peut avoir pour but de disposer à l’action en suscitant certaines
passions comme la peur ou le courage, la colère ou l’amour de la patrie. Il est souvent tenu
par un homme d’État, ministre, général ou encore un représentant religieux. D’autres genres
s’éloignent de la vie publique et de la tribune politique, tout en gardant un aspect délibératif.
On peut citer au théâtre le monologue délibératif, où un personnage seul en scène examine
deux actions ou conduites opposées qui s’offrent à lui et doit en choisir une. Le genre du
dialogue philosophique ou dialogue d’idées peut aussi avoir un aspect délibératif, s’il met en
scène deux personnages défendant des idées ou des conduites opposées. Dans le domaine
religieux, le discours qui exhorte à suivre les principes et dogmes d’une religion et qui est
prononcé par une autorité religieuse est un sermon. C’est un genre littéraire à son apogée au
XVIIe siècle en France. Le discours le plus célèbre que prononce Jésus-Christ à ses fidèles et
à la foule réunie est aussi appelé le « Sermon sur la montagne » : il y expose l’essentiel de son
message. Dans le domaine esthétique, le manifeste a aussi un aspect délibératif. Il s’agit d’un
discours écrit, rédigé par le chef de file d’une nouvelle esthétique, qui exhorte à suivre de
nouveaux principes en art (poésie, musique, théâtre, peinture, etc.). L’un des manifestes les
plus célèbres est cependant politique : Le Manifeste du parti communiste (1848) expose les
bases de la théorie communiste pour fonder un nouveau parti. Citons encore trois genres qui
peuvent avoir des accents délibératifs dans la mesure où ils exhortent à suivre un modèle
(préface d’un ouvrage) ou à adopter une politique publique spécifique (tribune publiée dans
un journal). Pour finir, l’essai représente un genre aux contours assez flous. Sa dimension
délibérative transparait dans les différents points de vue qu’il met en scène et la réflexion pro
et contra qu’il déploie, plus que par l’aspect définitif et résolu de ses conclusions, car
l’essayiste ne prétend pas épuiser le sujet qu’il examine.

le discours de Robespierre du 10 mai 1793 devant la Convention, première assemblée


élue au suffrage universel masculin en France en septembre 1792.

2. Le genre épidictique :
Le discours épidictique s’attache essentiellement au présent, à des faits actuels (contrairement
au genre judiciaire qui évoque des faits passés et au délibératif qui évoque des faits à venir),
même si l’orateur peut rappeler le passé ou anticiper des conséquences à venir. Il a pour
objectif de persuader de ce qui est beau ou laid de façon esthétique ou morale (ce qui est vil
ou noble et grand), de mettre en valeur les qualités (éloge) ou les défauts (blâme) d’une
personne, d’une institution, d’une idée ou d’une œuvre. L’orateur s’adresse à un auditoire qui
doit évaluer les qualités de l’objet du discours. Le discours épidictique est principalement un
discours d’apparat lors de cérémonies officielles.
L’éloge consiste en un discours de valorisation des qualités d’un être humain, d’une cité, d’un
pays, d’une divinité, d’une idée ou d’une institution. Ce genre assez vaste recouvre de
nombreux genres de textes. L’oraison funèbre, élogieuse par convention, est prononcée lors
de la cérémonie qui suit la mort de quelqu’un ou un anniversaire de la mort.
L’hymne est dans la tradition antique un chant à la gloire des dieux, mais il peut aussi être
chanté dans le cadre d’une cérémonie funèbre ou d’un mariage. Actuellement, il est surtout
employé dans le sens d’hymne national (chant à la gloire d’un pays).
Deux types d’éloge plus surprenants : l’éloge paradoxal est un genre humoristique qui
consiste à faire l’éloge de quelqu’un ou quelque chose considéré a priori comme indigne d’un
éloge, comme la folie, la calvitie, Hélène qui causa la guerre de Troie, ou les poux, voire les
araignées. L’éloge ironique consiste à faire l’éloge d’une personne ou d’une chose que l’on
méprise réellement et que l’on dénonce à travers des procédés ironiques (diasyrme), tout en
faisant semblant de le louer. Cette ironie a un aspect insultant et persifleur ; on quitte donc le
domaine de l’humour et de l’éloge, car ce faux éloge est en réalité un blâme cinglant.
Le blâme, contrairement à l’éloge revient à stigmatiser les défauts d’une personne ou d’un
pays, d’une religion, d’une institution ou d’une idée, pour les dénoncer par exemple. Ce peut
être un discours prononcé en public, mais le blâme est plus souvent écrit.
C’est par exemple le cas de la satire, un genre hérité de l’époque de la Rome antique, et qui
s’écrivait alors en vers. La satire propose une critique moqueuse de son sujet dans le but de
provoquer et de faire réfléchir. En France à l’époque classique, elle se présente sous la forme
d’un discours en vers. Par la suite, le genre a tendance à disparaitre en tant que tel mais la
presse satirique prend le relai au XIXe et XXe siècle. L’un des instruments de la satire dans la
presse est la caricature ou le dessin de presse en lien avec l’actualité. Le Canard enchainé est
un parfait représentant de cette presse mêlant brèves moqueuses et dessins humoristiques.
Le pamphlet est un blâme particulièrement virulent et polémique, outrancier parfois et
railleur, qui attaque un gouvernement, une institution, une politique publique ou une personne
publique (homme politique). On peut qualifier certaines œuvres (poèmes, discours, articles de
journal ou d’encyclopédie…) de pamphlétaires si elles dénoncent en caricaturant, insultant,
méprisant, dénigrant et raillant leur cible.
De façon symétrique au faux éloge, il existe un faux blâme ironique, il s’agit alors de louer
par un discours sous l’apparence du blâme. Ce blâme ironique permet de faire l’éloge de
façon ironique, sans donner l’impression d’être trop flatteur voire servile. On appelle ce faux
blâme un astéisme.
Virginie Despentes, King Kong Théorie : Virginie Despentes est une romancière et
essayiste contemporaine. Dans la préface de son livre King Kong Théorie, elle fait l’éloge
paradoxal des losers et la satire des stéréotypes féminins, dénoncés de façon très
frappante, dans un style assez cru.

3. Le genre judiciaire :
Le discours judiciaire s’attache à des faits passés, il a pour objectif de persuader de ce qui est
juste ou injuste, pour accabler ou innocenter quelqu’un ou quelque chose, selon qu’on se
trouve en position de le défendre ou de l’attaquer.
L’orateur s’adresse à un auditoire qui doit rendre un jugement (juge ou jury) lors d’un procès.
Le discours judiciaire représente le genre prédominant de la rhétorique : c’est dans les
tribunaux de la Sicile grecque qu’elle est née au Ve siècle avant notre ère.
De plus, selon Aristote, la fonction de juge est attribuable à tout auditoire, quel que soit le
genre du discours présenté.
Parmi les nombreux genres argumentatifs rattachés à l’éloquence judiciaire, on trouve tout
d’abord le plaidoyer et le réquisitoire.
Le terme « plaidoyer » désigne techniquement le discours qui, lors d’un procès, expose un
ensemble de faits dans le but de soutenir une position qui fait l’objet du débat juridique. il
peut être utilisé dans un sens plus large, car il peut être prononcé ou écrit en dehors du
contexte judiciaire, par un autre orateur que l’avocat.
le réquisitoire correspond au discours judiciaire de l’attaque : il est rédigé pour accabler une
personne, une institution ou une idée. Il peut être prononcé dans un tribunal par l’avocat
général, lors d’un procès, ou par toute autre personne. Il est plutôt polémique et manie des
armes comme l’ironie, l’insulte ou l’outrance.
Le Dernier Jour d'un condamné de Victor Hugo ; Un plaidoyer n’est pas nécessairement
un discours prononcé au tribunal mais il peut prendre différentes formes.

Pour s’opposer à la peine de mort, Victor Hugo a écrit un récit célèbre dans lequel il
plaide pour l’abolition de la peine de mort en faisant parler un condamné anonyme qui
va bientôt mourir guillotiné.

« J'accuse » d'Émile Zola Le 13 janvier 1898, Émile Zola fait publier en une du journal
L'Aurore une lettre ouverte adressée au Président de la République. Cette lettre est un
véritable réquisitoire, qui restera célèbre. Émile Zola le rédige en réaction à
l’acquittement du commandant Esterhazy, accusé d’être le véritable espion de « l’affaire
Dreyfus ».

Bibliographie :
- Le dictionnaire de la rhétorique
- Dictionnaire de littérature et des arts
- Centre national des recherches textuelles et lexicales
- Le discours persuasif : analyse pragmatique et cognitive, Thèse de Jessica
ANUNCIAÇÃO
- Rhétorique, Aristote
- Récension rédigée par Laura Chomet
- De Oratore , Cicéron
- Marmontel, Éléments de littérature.
- Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.), diffusé par l’université de
la Sorbonne.

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