PR LERARI Sjogren - 1
PR LERARI Sjogren - 1
PR LERARI Sjogren - 1
Syndrome de Sjogren
Dr Z. LERARI
Service de Médecine Interne, CHU Mustapha
Objectifs pédagogiques
Reconnaitre les signes cliniques et paracliniques d’un syndrome de SJÖGREN (SS)
Différencier le syndrome de SJÖGREN des autres syndromes secs
Enumérer les critères de gravité du SS
Préciser les principes du traitement et la stratégie de suivi
1. Introduction
Le syndrome de Sjögren (SS) est une maladie auto-immune systémique dont la cible est
l’épithélium des glandes exocrines et notamment des glandes salivaires, d’où son appellation
d’épithélite auto-immune [1]. Cette infiltration touche particulièrement les glandes salivaires
et lacrymales, responsable alors d’une sécheresse buccale ou xérostomie et d’une sécheresse
oculaire ou xérophtalmie, cette association xérostomie et xérophtalmie constitue le syndrome
sec [2]. Il s’y associé une production de différents auto-anticorps et un envahissement
lymphocytaire des glandes salivaires et des autres glandes muqueuses de l’organisme. Des
atteintes systémiques sont également possibles chez 30 à 50 %, dont la plus redoutée est le
lymphome [2]. Il est considéré comme primitif (SSp) lorsqu’il est isolé, et secondaire
lorsqu’on le retrouve associé à d’autres maladies systémiques comme la polyarthrite
rhumatoïde, le lupus érythémateux systémique, les myopathies inflammatoires ou la
sclérodermie [3].
2. Physiopathologie
La physiopathologie du SSp est particulièrement complexe et reste encore en grande partie
méconnue. Elle repose sur une intrication de facteurs environnementaux principalement
viraux conduisant à une activation de la cellule épithéliale glandulaire via l’immunité innée et
les TLRs notamment le TLR-3[4]. L’activation des cellules épithéliales confèrerait à celles-ci
un phénotype de cellules présentatrices d’antigènes (CPA) avec expression membranaire
d’HLADR et de molécules de co-stimulation et augmenterait leur synthèse d’IFN. L’agression
glandulaire conduirait aussi à la production de cytokines à leurs tour responsables de la
sécrétion de chimiokines. Parallèlement, chez ces sujets ayant des facteurs génétiques
prédisposants concernant la voie des IFN, une activation plus marquée de cette voie
conduirait à une hyperactivation des LB et LT et à une augmentation de la sécrétion de BAFF
notamment par les cellules épithéliales glandulaires. Cette augmentation serait responsable
quant à elle d’un allongement de la survie des LB et d’un accroissement de la synthèse d’Ig
par les plasmocytes. Une augmentation de la concentration salivaire de BAFF est décrite chez
certains patients atteints de SSp[4]. Cette surexpression de BAFF est également retrouvée au
niveau des lésions de sialadénites et plus spécifiquement au niveau de l’infiltrat
lymphocytaire de même qu’au niveau des cellules épithéliales salivaires. De plus, la
délocalisation des antigènes SSA et SSB au niveau cytoplasmique secondaire à des anomalies
du processus apoptotique permettrait leur présentation potentielle à des LT. Il y aurait alors
sécrétion d’auto-anticorps anti-SSA et anti-SSB chez les patients ayant les haplotypes HLA
favorisant la présentation de ces auto-antigènes. Ces auto-anticorps, en se liant à leur
antigène, formeraient des complexes immuns capables de pérenniser l’activation de la voie
des IFN en induisant à nouveau la sécrétion d’IFN par les pDC via leur fixation à des TLR ou
à des récepteurs du fragment constant des IgG (RFc) (Figure n°3)
3. Diagnostic positif
Signes biologiques
• Anémie de type inflammatoire, leucopénie ou thrombopénie.
• Syndrome inflammatoire : vitesse de sédimentation élevée et
hypergammaglobulinémie
• Cryoglobulinémie mixte.
• En cas d’atteinte rénale : hypokaliémie et acidose hyperchlorémique.
Anomalies immunologiques
La prévalence des anticorps antinucléaires (AAN) est très élevée au cours du SSp [5]. La présence
d’anticorps anti-SSA est un élément clé du diagnostic mais n’est présente que chez 2/3 des
patients [3]. Les autoanticorps les plus évocateurs de SSp sont les anti-SSA et les anti-SSB
qui représentent l’item sérologie des critères ACR/EULAR[5.La détection des deux
autoanticorps, anti-SSA et anti-SSB, très évocatrice du syndrome de SGS. Un facteur
rhumatoïde est présent dans 50 à 70% des cas. Son dosage est utile pour le suivi des patients.
Un taux du complément sérique est parfois abaissé.
Histologie : biopsie des glandes salivaires accessoires (BGSA)
L'examen histologique des glandes salivaires renseigne sur l'importance de l'infiltrat
lymphocytaire, l'altération des structures glandulaires, acini et canaux excréteurs, et la fibrose
du parenchyme. La lecture anatomopathologique se fait en termes de focus score (présence au
sein d’un parenchymeglandulaire d’apparence normale d’au moins un agglomérat de plus de
50 lymphocytes pour une surface glandulaire de 4 mm2 [5]. Cotation de l’infiltration
lymphoplasmocytaire des glandes salivaires accessoires selon Chisholm et Mason.
Imagerie :
−L'échographie des glandes salivaires est un examen simple, peu invasif et
reproductible et moins coûteux. Elle permet une étude du parenchyme des glandes
parotides et submandibulaires
−Scintigraphie salivaire au Technétium : Cet examen permet d'étudier le
fonctionnement des glandes salivaires. En cas d’anomalie fonctionnelle des glandes
salivaires, la fixation du produit radioactif est retardée.
−Sialo-IRM : précise l’architecture interne de la glande parotide et donne
d’importantes informations.
5.Diagnostic étiologique
5.1. Syndrome de Sjögren secondaire
Les principales connectivites et maladies auto-immunes pouvant être associées au SGS sont :
• Les connectivites : la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux
systémique, la
sclérodermie et la dermatomyosite.
• Les maladies auto-immunes : cirrhose biliaire primitive, hépatite chronique
active, pathologie thyroïdienne auto-immune, anémie de Biermer.
5.1. Syndrome de Sjögren primitif (SSp)
Le syndrome de Sjögren primitif est l’une des connectivites les plus fréquentes avec entre
0,02 et 0,1 % selon les études [5]. Le SSp touche plus souvent les femmes avec un sex-ratio
de 9 femmes pour 1 homme. Le pic de fréquence se situe autour de 50 ans. Le SSp est
caractérisé par une forte prédominance féminine (9/1) avec un pic de fréquence vers 55 ans
[1].
II. Traitement
Le SSp est une maladie chronique nécessitant un traitement symptomatique pour le syndrome
Sec et un traitement de fond qui dépendra des manifestations extra glandulaires.
Objectifs
À court terme :
• Améliorer le confort quotidien
• Assurer la prise en charge optimale des manifestations systémiques
• Parfois assurer un sauvetage fonctionnel voire vital en cas d’atteinte
systémique sévère
• À moyen terme :
• Améliorer et freiner la progression des atteintes graves : notamment vascularite
avec atteintes rénales, et/ou neurologiques, atteintes pulmonaires et
hématologiques.
• Prévenir les poussées de ces atteintes sévères
• Faciliter la conception et la maternité dans des conditions optimales
• Préserver la qualité de vie et l’insertion socio-professionnelle
Traitement symptomatique
Des traitements symptomatiques peuvent être proposés aux patients. Ils comprennent les
traitements antalgiques, les anti inflammatoires non stéroïdiens qui peuvent avoir un intérêt en
cas d’arthralgie [1].
Les seuls médicaments ayant fait la preuve d’une efficacité sur la production de salive sont les
Médicaments agonistes des récepteurs muscariniques (à action cholinergique)
Arbre décisionnel de prise en charge de la sècheresse buccal [3].
Arbre décisionnel de prise en charge de la sècheresse oculaire[3].
Traitement de fond
La mise en place et le choix du traitement de fond est variable en fonction de l’organe
touché, de la sévérité des atteintes, et de l’évolution. Aucun médicament n’a l’AMM dans le
SS. Ainsi
tous les médicaments sont utilisés hors AMM. En dehors du rituximab dans les vascularites
cryoglobulinémiques [3].
Les traitements de fond utiles :
• Le traitement corticoïdes est principalement indiqué en cas d'atteinte cutanée,
pulmonaire, rénale, musculosquelettique et / ou neurologique ou cytopénie
cliniquement significative.
• L’hydroxychloroquine (Plaquenil®) ou le Méthotrexate (Novatrex®), peuvent
être utiles en cas d’atteintes articulaires [1].
• Les immunosuppresseurs en cas de poussées sévères d'une atteinte viscérale
(rénale, pulmonaire et neurologique). Cyclophosphamide (Endoxan®),
Aazathioprine (Imurel®) ou le mycophénolate mofétil (Cellcept®).
• Les thérapies ciblant le lymphocyte B peuvent être données en cas de forme
réfractaire ou de corticodépendance.
• Le Rituximab (Mabthera®) : Atteintes d’organes très inflammatoires ou dans
les cas exceptionnels de lymphome, associé à une chimiothérapie.
• De nouveaux traitements : Belimumab: anticorps monoclonal anti-BAFF qui
inhibe uniquement le BAFF[11].
III. Suivi
Objectifs
• Préciser l’activité et la sévérité de la maladie
• Dépister des atteintes viscérales infra-cliniques et les complications biologiques éventuelles
• Évaluer l’efficacité et la tolérance des traitements
• Rechercher une éventuelle comorbidité
• Evaluer les facteurs de risque vasculaires et infectieux et les facteurs de risque de
lymphome.
Réaliser un examen clinique [3].
• Tous les 3 à 6 mois en cas de SS avec signes d’activité au score ESSDAI
• Tous les 1 à 3 mois en cas de grossesse surtout s’il existe des anticorps anti
SSA/SSB
• Une fois par an ou tous les 2 ans dans les formes quiescentes ou de phénotype
peu sévère
Facteurs prédictifs du risque de lymphome
Les principaux facteurs prédictifs de lymphomes chez les patients atteints de SS sont :
• Gonflement chronique des glandes salivaires
• Adénopathie
• Purpura
Paracliniques :
• Cryoglobulinémie
• Lymphopénie
• C4 abaissé
• Composant monoclonal
V. Références bibliographiques
[1]. G. Nocturne. Actualités dans le syndrome de Sjögren primitif : aspects cliniques et
thérapeutiques :La Revue de médecine interne 40 (2019) 433–439.
[2]. Malladi AS, Sack KE, Shiboski SC, Shiboski CH, Baer AN, Banushree R, et al. Primary
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[3]. PNDS :Syndrome de Sjögren 2022
[4].Martel C, et al. Physiopathologie du syndrome de Gougerot-Sjögren primitif. Rev Med
Interne (2014).
[5]. E. Doare, D. Cornec, S. Jousse-Joulin, J.-O. Pers, V. Devauchelle-Pensec, A.
SarauxSyndrome de Gougerot-Sjögren primitif 14-223-A-10 :EMC 2020
[6]. Harton PY, Fauchais AL. Le syndrome de Gougerot Sjögren primitif. Rev Prat 2001 ; 51 :
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[7]. François H, Mariette X. Atteinte rénale au cours du syndrome de Sjogren ; Néphrologie et
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