Seminaire de Recherche Scientifique
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EXERCICE D’APPROPRIATION DE LA
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
1
Salah, Mahmoud Mohamed. « Droit économique et droit international privé. Présentation –
Ouverture », Revue internationale de droit économique, vol. xxiv, 1, no. 1, 2010, pp. 9-36.
2
a) Pertinence scientifique
La République démocratique du Congo a adhéré à plusieurs instruments juridiques
internationaux relatifs à la propriété intellectuelle, notamment l’Accord sur les aspects des
droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, dit ADPIC4.
2
BIDJOGO MAGA, E.C., « La licence de brevet, un outil pour le développement des pays membres de l’espace
OAPI », in Revue Congolaise de la propriété intellectuelle, Kinshasa, 2020, CRPD, n° 2/2020, p.67.
3
CREAN, S., EDWARD, B. et HEBB, M., Propriété intellectuelle et le commerce international, Document rédigé
par le Conseil des Arts du Canada, 2000, p.25.
4
NSUMBU KABU, O., « La loi congolaise sur le droit d’auteur et les droits voisins : plaidoyer pour l’urgence de
sa mise en conformité avec l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce », in Revue Congolaise de la propriété intellectuelle, Kinshasa, 2019, CRPD, n° 1/2019, p.7.
3
Cet Accord sur les ADPIC5, géré par l’OMC, est considéré aujourd’hui comme l’instrument
juridique multilatéral le plus complet en matière de protection des droits de propriété
intellectuelle et l’une des plus importantes conventions internationales de propriété
intellectuelle en nombre d’Etats.
L’ADPIC vise à atténuer la différence de degré de protection des droits de propriété
intellectuelle dans le monde. Il intègre à part entière la protection des droits de propriété
intellectuelle au système commercial multilatéral incarné par l’OMC. Il constitue l’un des
trois piliers de l’OMC, les deux autres étant le commerce des marchandises et le commerce
des services.
L’Accord fixe des niveaux minimums de protection de la propriété intellectuelle que chaque
gouvernement doit assurer aux autres membres de l’OMC et les procédures nationales
destinées à les faire respecter. L’Accord couvre les grands domaines suivants : droits d’auteur
et droits connexes, marques de fabrique et de commerce, indications géographiques, dessins et
modèles industriels, brevets, schémas de configuration des circuits intégrés, protection des
renseignements non divulgués, lutte contre les pratiques concurrentielles.
En général, cet Accord vise à établir les principes fondamentaux du système commercial, à
assurer la protection adéquate des droits de propriété intellectuelle, à faire respecter ces droits
de manière appropriée sur leur territoire et à régler les différends sur la propriété intellectuelle
entre les pays membres selon le système de règlement des différends commerciaux.
Autrement dit, il a pour but d’empêcher les nations membres d’utiliser la propriété
intellectuelle comme une barrière commerciale cachée contre les autres nations.
Dans ce cadre, la présente étude est destinée à évaluer le système de protection des droits de
propriété intellectuelle en République démocratique du Congo, de contribuer à clarifier le
statut d’application de l’ADPIC en RDC, afin de montrer la réalité de la protection des droits
de propriété intellectuelle pour les investisseurs et les entreprises nationales et étrangères et
enfin de proposer un modèle théorique de mise en œuvre de la législation nationale suivant les
standards de l’ADPIC.
Par ailleurs, sur le plan sociétal, l’intérêt de cette étude est pratique dans la mesure où il va
mettre en évidence l’effet de la protection renforcée des droits de propriété intellectuelle sur la
croissance économique dans le contexte africain des Pays les Moins Avancés (PMA), de
même que le rôle que peuvent jouer les investissements directs étrangers et l’innovation
technologique dans cette relation.
Enfin, il faudra relever également un intérêt actuel et crucial pour les populations africaines,
qui, non seulement sont frappées par le virus VIH, mais ont aussi été frappées par le virus
CORONA. L’apparition de ce virus a relancé le débat sur l’accès des populations africaines
aux vaccins couteux.
En effet, l’ADPIC limite l’accès aux médicaments brevetés qui sont chers dans les Pays
Développés (PD).
Les vaccins sont développés par des grandes firmes pharmaceutiques des Pays Développés.
Ces firmes pharmaceutiques étant détenteurs des droits de propriété intellectuelle sur leurs
5
L’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (Accord sur les
ADPIC) constitue l’annexe 1 C de l’Accord instituant l’Organisation Mondiale du Commerce, OMC en sigle, signé
à Marrakech au Maroc le 15 avril 1994. Il est entré en vigueur le 1 er janvier 1995 et lie tous les Etats membres
de l’OMC. En effet, l’adhésion à l’Accord instituant l’OMC entraine automatiquement l’adhésion à l’ensemble
des conventions multilatérales qui lui sont annexées dont l’Accord sur les ADPIC.
4
vaccins, utilisent leurs droits pour restreindre ou entraver le commerce international de ces
vaccins, en refusant d’octroyer des licences aux firmes pharmaceutiques des Pays En voie de
Développement qui peuvent les reproduire et les vendre moins chers aux populations des Pays
les Moins Avancés (PMA).
Dès lors, les PMA n’ayant pas les moyens pour se procurer les vaccins à des coûts
exorbitants, devront-ils assister impuissants à la mort de leurs populations pauvres ?
Cette étude va ainsi relever certaines flexibilités de l’ADPIC en vue de créer un système de
propriété intellectuelle favorisant la diffusion des brevets, sans pour autant accorder des droits
de propriété trop forts aux entreprises étrangères. Cela suppose toutefois de pouvoir s’écarter
des systèmes de propriété intellectuelle très protecteurs des pays industrialisés.
Cette étude va ainsi envisager des amendements à l’Accord ADPIC dans tous les cas où la
santé, l’éducation ainsi que la biodiversité et l’environnement sont affectés.
Il nous est donc pertinent d’effectuer cette étude, puisqu’elle pourrait apporter des
informations importantes pour améliorer le système, non seulement pour pouvoir respecter
nos engagements internationaux sur les questions de propriété intellectuelle, mais à plus long
terme, elle peut contribuer à orienter un pays en sous-développement vers une économie
basée sur la connaissance.
L’influence de l’ADPIC est une question intéressant les chercheurs, les universitaires et les
hommes politiques. Ses effets portant sur différents aspects, à savoir la performance
industrielle, le transfert des technologies, l’investissement ou l’accès des médicaments ou des
matériaux éducatifs entraînent maintenant un grand débat au plan international.
b) Trois questions logiques
- Comment faire en sorte que les règles de l’ADPIC, conçues comme des droits privés,
puissent être mises en œuvre de façon à favoriser le développement économique et le
bien-être social de tous ?
a. Problématique posée
L’influence de l’ADPIC sur le développement des pays les moins avancés ou les pays en voie
de développement constitue un épineux problème à résoudre, dans la mesure où la présente
étude vise à identifier les enjeux et les impacts de la mise en œuvre de l’ADPIC en
République démocratique du Congo.
D’un côté, l’ADPIC est utilisé comme un instrument de protectionnisme servant à favoriser
les monopoles industriels sur les technologies, les semences, les gènes et les médicaments.
Grace à l’Accord sur les ADPIC, de grandes entreprises utilisent les droits de propriété
5
intellectuelle pour protéger leurs marchés et entraver toute concurrence6. Les effets négatifs
de cet Accord peuvent être ressentis dans les pays pauvres. On redoute ainsi que ce nouveau
régime cause une exclusion des personnes pauvres d’un accès à des biens essentiels dépendant
d’un haut degré de connaissances comme les médicaments ou les matériaux éducatifs7.
Le prix trop élevé des médicaments utilisés dans la lutte contre le sida limite la capacité des
gouvernements des pays en développement à satisfaire les droits élémentaires de leur
population en matière de santé, d’alimentation et de développement. En effet, ce prix résulte
du droit de monopole du détenteur de brevet de ces médicaments.
L’Accord ADPIC peut exacerber le large fossé technologique entre les pays pauvres et les
pays riches. Les pays pauvres font partie des importateurs nets des produits exigeant une
haute technicité et une expertise importante qui sont ceux protégés par l’ADPIC8.
L’Accord ADPIC restreint la capacité des pays pauvres à innover et à participer efficacement
aux marchés mondiaux. En effet, en limitant les possibilités des pays en développement à
imiter et à adapter les nouvelles technologies, cet Accord inhibera d’avantage l’innovation, le
développement et les possibilités d’établir une concurrence réelle sur les marchés mondiaux.
Enfin, en raison de l’absence de protection des connaissances traditionnelles des agriculteurs
et des communautés autochtones dans les pays en voie de développement, l’Accord ADPIC
encourage la piraterie de ces sources précieuses de connaissances. En effet, l’ADPIC ne
prévoit pas de forme de reconnaissance de la protection des savoirs des communautés rurales
concernant la propriété, l’usage et l’amélioration des ressources naturelles9.
D’un autre côté, la protection rigoureuse des droits de propriété intellectuelle (DPI) donne
des effets positifs sur les investissements et le transfert des technologies, puisque les
investisseurs s’assurent que leurs produits seront protégés en droits des marques, des dessins
ou modèles industriels et en processus de production. En effet, l’ADPIC contribuera à la
diffusion des technologies et connaissances sous forme des licences et ou des contrats de
transfert des DPI.
En général, l’ADPIC est favorable pour les pays qui veulent effectuer sérieusement des
activités de recherche et de développement. Il encourage l’innovation locale et oriente les flux
des technologies étrangères vers le marché domestique.
Dans le même sens, l’ADPIC permet aux pays en développement l’accès aux technologies les
plus récentes pour pouvoir rattraper les pays développés. L’ADPIC est donc un instrument
pour attirer les investissements étrangers et stimuler l’innovation au niveau national, sous
réserve qu’elle soit assortie des politiques adéquates10.
6
BURVILLAR, S., BENEDICTE, K., MAY, A. et ONORIA, A., Impact de l’ADPIC sur l’accès aux médicaments
essentiels, Fédération Genevoise de coopération, p.14.
7
ALEGRE, Porto, « La propriété intellectuelle et l’écart des connaissances », Revue en ligne de l’Oxfam
internationale, décembre 2001, sur le site de l’Action solidarité tiers monde :
www.astm.lu/article.php3id_article=2010, consulté le 10 janvier 2024 à 13h 08.
8
Idem.
9
VERCELLONE, C., Division internationale du travail, propriété intellectuelle et politiques du développement à
l’heure du capitalisme cognitif, Université de Paris I, p.13 : www.ictsd.org/africodev/analyse/adpic/adpic.htm,
consulté le 10 janvier 2023.
10
LAMY, P., L’Accord ADPIC, bilan d’une décennie, discours à la conférence internationale du 10ème anniversaire
de l’ADPIC de l’OMC à Bruxelles, 23 juin 2003, p.4.
6
Face à ces contradictions qui retracent, d’une part, les bénéfices potentiels et, d’autre part,
les défis à relever et les risques encourus par un pays sous-développé qui a mis en œuvre
l’Accord ADPIC dans sa législation, notre étude va se servir de ce cadre de référence pour
ressortir les conditions optimales de la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC.
Il s’agit d’analyser l’impact du renforcement du droit de propriété intellectuelle congolais
pour sa mise en harmonie avec l’ADPIC du point de vue juridique, économique et politique et
d’évaluer dans quelle mesure cet Accord peut répondre aux attentes qui motivèrent l’adhésion
de notre pays.
Certes, on doit se demander comment ces multiples éléments de réflexion se sont-ils
manifestés dans l’histoire du Droit de Propriété Intellectuelle en RDC ?
Dans la pratique, on devra vérifier pourquoi d’autres pays sous-développés, ayant déjà mis en
harmonie leurs législations avec l’ADPIC, alors qu’ils avaient annoncé des progrès importants
dans le domaine technologique, mais, au contraire, après plus de 20 ans d’application de
l’Accord, le fossé technologique entre les Pays les Moins Avancés (PMA) et les Pays
Développés (PD) s’est accru. Notre réflexion va s’intéresser principalement à ce phénomène.
Est-ce pour une mauvaise gestion, par les pays sous-développés, de l’intégration normative ou
est-ce inhérent à l’application de l’Accord lui-même en soutenant qu’il n’était pas
l’instrument adéquat pour encourager des Pays En voie de Développement (PED) ?
L’on peut multiplier les interrogations sur l’équilibre Nord/Sud, sachant que l’innovation est
actuellement mise au centre des stratégies de développement.
Comment imaginer le développement des pays tout en renforçant l’enfermement qu’impose «
le dogme de la Propriété Intellectuelle » et être par-là mis à l’écart de l’accès à l’information
et au savoir actuellement au cœur de la production des richesses11 ?
Comment y voir se développer la recherche si les universités, écoles et chercheurs ne peuvent
accéder dans un délai raisonnable aux connaissances produites au Nord ? N’est-il pas illusoire
de se baser sur l’accord ADPIC sans posséder des capacités d’absorption de l’innovation ?
Suite à ces questions qui font que l’ADPIC est confronté à une véritable crise de légitimité, en
atteignant un point de non-retour, la question-clé qu’on s’efforce de se poser est : faut-il
conserver l’accord ADPIC ou l’abandonner12 ? La RDC a-t-elle intérêt à mettre en harmonie
son dispositif législatif avec l’ADPIC ?
Au regard de ces considérations, l’intérêt de notre contribution est qu’elle entend traiter ces
enjeux et les questions qu’ils soulèvent. Nous n’avons aucune ambition d’épuiser toutes les
questions que pourrait soulever la mise en harmonie du DPI avec l’accord sur les ADPIC,
puisqu’il s’agit d’un domaine trop vaste dans quelque sens qu’il soit.
11
L’économie fondée sur la connaissance doit être conçue comme « learning-Economy », Lundvall, Johnson
1994. Pau Lucas : le vrai moteur de la croissance est l’accumulation du capital humain de connaissances. In DPI
et développement, quelques repères et analyse préliminaire sur l’économie Post-trips. Mondes en
développement vol. 37- 2009/3 n°147 p°46.
12
L’accord ADPIC malgré qu’il se présente comme répondant aux aspirations des PED et PMA, cache des
divergences, car ce n’est pas parce qu’il y a accord sur un texte qu’il y a accord sur les intentions comme
l’affirme MP. Pescatore : « Un texte peut, fort bien, recouvrir des intentions opposées… l’art de faire des traités
c’est en partie l’art de camoufler les intérêts irréductibles entre les Etats contractants. » B. Houda les
intégrations économiques régionales à l’ère de l’OMC. op. cit
7
Nous entendons cependant que notre étude constitue une contribution utile permettant une
connaissance compréhensive de l’évolution du DPI en cause ; est-elle compatible avec les
promesses de l’OMC ? C’est-à-dire va-t-elle favoriser la maximisation du bien-être social ?
b. La forme de la problématique ainsi posée
La problématique ainsi posée est principalement d’affinement.
En effet, la mise en œuvre de l’ADPIC soulève des enjeux importants, dans la mesure où il y
a des défis à relever ; en plus, l’expérience des pays qui se sont lancés dans cette voie a
montré des limites. Mais ces limites sont appelées à être corrigées et adaptées à l’évolution
actuelle du monde. Ainsi, notre étude vise à apporter des éléments nouveaux sur ce qui existe
déjà afin de proposer la meilleure théorie possible pour l’appliquer en RDC. De cette théorie,
il ressortira l’adoption des points positifs et la minimisation des risques, en recommandant
également des préalables à la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC.
Par ailleurs, faut-il conserver ou abandonner l’ADPIC ? La problématique ainsi posée peut,
dans une certaine mesure, être considérée comme polémique.
En effet, cette problématique peut nous conduire à abandonner carrément la voie de la mise en
œuvre de l’ADPIC en se retirant de cet Accord si nous constatons que nous n’avons aucun
bénéfice à retirer de l’ADPIC (si nous avons plus à perdre qu’à gagner).
Or, étant membre de l’OMC et donc automatiquement lié à l’ADPIC, la RDC est tenue de
respecter ses engagements. Renier l’ADPIC serait également renier également son
engagement à l’OMC. D’où la proposition de ne pas s’engager dans l’ADPIC constitue une
rupture totale avec toutes les recommandations formulées en matière de mise en œuvre avec
l’ADPIC. Cela entrainera aussi des lourdes conséquences sur le plan commercial international
car ce serait se retirer du circuit des règles commerciales internationales occidentales qui
régentent le monde.
Voir la RDC, les autres Pays les Moins Avancés ainsi que les Pays En voie de Développement
se mettre à dénoncer l’Accord ADPIC sera considéré comme une révolution mondiale.
4. Indiquez cinq ouvrages et trois articles susceptibles de contribuer à l’élaboration
de l’état de la question (état actuel de la connaissance sur l’objet d’étude
considéré).
a) Ouvrages
b) Articles
5. Spécifiez les outils de production des données (3 au moins) qui vous semblent les plus
appropriées pour cette investigation. Justifiez leur choix
La présente étude constitue une étude descriptive sous forme d’une étude de cas dans laquelle
on va faire une investigation approfondie du système de propriété intellectuelle en RDC sous
l’influence de l’ADPIC. On va mettre l’accent sur l’intervention du Gouvernement dans ce
domaine pour la rendre conforme aux règles de l’OMC relatives aux droits de propriété
intellectuelle.
La qualité de l’information dans pareille étude dépend dans une large mesure des informants
et des sources des données. C’est pourquoi nous allons utiliser les méthodes qualitatives et
quantitatives.
Etant donné que notre travail porte sur les enjeux et l’impact de la mise en œuvre de l’ADPIC
en RDC, notre étude de cas portera sur l’impact de la mise en œuvre du système de protection
de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) avec l’ADPIC. En effet,
l’OAPI est une structure communautaire qui regroupe plusieurs pays ouest-africains, qui
partagent avec la RDC une législation commune en ce qui concerne le droit des affaires et, en
plus, comme la RDC, la plupart des pays membres de l’OAPI sont des pays sous-développés.
Ainsi, l’étude de cas réalisé sur l’OAPI va nous permettre de collecter des informations qui
nous serviront à expliquer les enjeux de la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC : comment les
pays de l’OAPI ont mis en œuvre leurs législations avec l’ADPIC, quels sont les apports
positifs et négatifs subis suite à cette mise en œuvre. En effet, l’OAPI a harmonisé sa
législation avec l’ADPIC en 2015, ce qui fait déjà 9 ans. L’étude de cas va permettre de
confirmer ou d’infirmer nos hypothèses de recherche.
Pour analyser les enjeux de la mise en œuvre l’ADPIC en RDC, on peut avoir recours aux
outils de production des données suivants :
a) Les documents
9
La connaissance essentielle sur les DPI est déduite du contenu des documents, d’où l’utilité de
la technique documentaire comme outil de production des données.
Nous allons recueillir les données dans les documents ci-après :
- la revue des textes légaux des droits de propriété intellectuelle en RDC afin de les
comparer aux dispositions concernées par l’ADPIC et déterminer si ils sont en
harmonie ou pas.
b) L’entretien
L’entretien que nous allons réaliser sera semi-directif, en ce qu’il sera basé sur des
interrogations assez généralement formulées et ouvertes.
En effet, notre étude porte sur les enjeux de la mise en œuvre en RDC de l’ADPIC, il est
primordial que nous puissions interroger plusieurs chercheurs pour avoir leurs points de vue
sur la question.
Cet entretien va nous permettre d’approfondir notre sujet d’étude et va rendre possible un vrai
échange entre nos différents interlocuteurs et nous-même. Cette méthode va faire naître de
nouvelles hypothèses et de nouvelles perspectives.
Dans la pratique, au regard de la technicité de notre objet d’étude, nous allons procéder à des
entretiens approfondis avec les personnes ci-après :
- Le Secrétaire Général du Ministère de l’Industrie qui coordonne tous les services
relatifs à la propriété industrielle ;
10
Ces entrevues sont destinées à retirer des évaluations sur la réalité de la protection. L’idée
générale est de s’assurer si la réalité de la protection des DPI en RDC est favorable aux
nouvelles mesures ADPIC, notamment le transfert de technologie, particulièrement dans le
secteur pharmaceutique, chimique, électrique, informatique, …
Nous voulons, par-là, clarifier l’état de la protection des DPI en RDC en rapport avec les
standards internationaux de propriété intellectuelle et avec le niveau de développement
économique du pays.
En effet, un système de protection des DPI doit disposer des mesures appropriées de lutte
contre la contrefaçon et assurer les intérêts des titulaires des DPI. La suffisance des
dispositions des DPI dans la loi nationale devient inutile quand le pays manque un mécanisme
de protection approprié.
L’ADPIC aborde aussi de manière détaillée les moyens de faire respecter les droits,
notamment les règles concernant l’obtention des preuves, les mesures provisoires, les
injonctions, les dommages et intérêts et autres sanctions. Les actes délibérés de contrefaçon
des marques de fabrique commis à une échelle commerciale doivent être considérés comme
des infractions pénales.
Les gouvernements doivent faire en sorte que les titulaires des droits de propriété
intellectuelle obtiennent l’assistance des autorités douanières pour empêcher l’importation des
marchandises contrefaites ou piratées.
Ces exigences seront examinées en se basant sur les textes légaux concernés et aussi sur la
pratique des activités des forces de protection des DPI en RDC, notamment la Douane, les
parquets, les tribunaux, …
De ce qui précède, nos entretiens seront construits sur base des indicateurs formulés comme
suit :
- La disponibilité des mesures prévues par la loi nationale relative aux DPI en cas des
infractions aux DPI (selon la procédure administrative, civile et criminelle) et les
sanctions imposées selon chaque procédure ;
11
En conclusion, les différentes évaluations sur la pratique de protection des interviewés seront
analysées et synthétisées pour obtenir une description objective de la réalité de protection des
droits de propriété intellectuelle en RDC.
c) L’observation participante
L’observation nous a permis de collecter et d’analyser, de visu, des attitudes, des pratiques et
des processus relatifs à la mise en pratique du système de protection de la propriété
intellectuelle en RDC.
Au-delà des documents et des entretiens approfondis, nous nous sommes immergés dans la
vie professionnelle des acteurs de la propriété intellectuelle en RDC (douaniers, juges,
avocats, fonctionnaires du Ministère de l’Industrie, agents de la police économique, …), en
vue de corroborer ou d’infirmer le contenu des entretiens que nous avons eu avec eux et au
besoin d’affiner les renseignements issus de la documentation.
L’observation nous a permis de déceler des constantes, des écarts entre la théorie et la
pratique, au regard de nos entretiens approfondis et de la documentation consultée.
Nous nous sommes ainsi munis d’un journal d’un journal de bord et d’une grille
d’observation en vue de réaliser notre observation participante.
6) Choisissez une approche d’analyse parmi les plus actuelles en sciences sociales et
dégagez les liens entre ses postulats et l’orientation à donner au travail ciblé.
Nous avons choisi l’approche comparative.
L’objectif final de notre étude est de formuler un modèle théorique qui soit applicable à la
RDC et qui lui permette de mettre en œuvre de manière efficiente les règles ADPIC dans son
système de protection de la propriété intellectuelle.
Pour y arriver, nous allons d’abord évaluer le système de protection de la propriété
intellectuelle de la RDC et la comparer aux standards arrêtés par l’Accord ADPIC avec
lesquels il doit se conformer. L’idée générale est d’identifier les incohérences entre les deux
dispositifs.
L’évaluation sera réalisée en tenant compte des variables ci-après : objet protégé par le droit
de la propriété intellectuelle, la durée de la protection, les cas de suspension des droits,
l’administration des activités d’établissement des droits et les mesures de protection.
A ce stade, l’analyse comparative sera particulièrement effectuée pour l’infrastructure
législative du Droit de Propriété Intellectuelle et les données statistiques issues des 5
variables précités.
Cette première comparaison va nous permettre de déceler les dispositifs nationaux de
propriété intellectuelle qui sont en déphasage avec les standards ADPIC.
12
Dans une deuxième phase, nous allons étudier les cas des pays qui ont déjà mis en œuvre
l’ADPIC dans leurs dispositifs de protection : la comparaison se fera entre les Pays
Développés(PD), les Pays En voie de Développement(PED) et les Pays les Moins
Avancés(PMA). La comparaison portera sur les bénéfices tirés de la mise en œuvre de
l’ADPIC et des difficultés rencontrées.
L’analyse des données concrètes issues de la comparaison entre les PD, les PED et les PMA
va permettre de dégager des ressemblances et des différences, bref des éléments constants en
terme d’inconvénients et d’avantages tirés de la mise en œuvre de l’ADPIC.
Partant des constantes, nous allons les appliquer en RDC, en tenant compte des réalités
sociologiques, politiques, juridiques et économiques particulières à la RDC.
Bref, nous allons décortiquer les rapports de notre comparaison selon les 5 variables précités
et nous ferons une déduction à partir de ces données pour découvrir les principales tendances
eu égard à la description des changements de la protection des droits de propriété
intellectuelle depuis que ces pays (PD, PED et PMA) ont mis en œuvre l’ADPIC.
Les différentes évaluations sur la pratique de protection des droits de propriété intellectuelle
seront analysées et synthétisées pour obtenir une description objective de la réalité de la
protection des droits de propriété intellectuelle en RDC.
L’analyse des données quantitatives concernant les activités d’acquisition et de maintenance
des droits de propriété intellectuelle à travers une période de 10 ans sera présentée à l’aide des
représentations graphiques afin de permettre un examen visuel des changements dans la
protection de la propriété intellectuelle.
Ce type d’analyse comparative permet de trouver un lien entre la mise en œuvre de l’ADPIC
et l’intensité des activités d’enregistrement des droits de propriété intellectuelle.
7) Dégagez les aspects marquants de la triangulation de votre recherche en ce qui
concerne les techniques de production des données sur terrain.
La phase exploratoire d’une recherche permet de constater la complexité du sujet de
recherche : son originalité, sa dynamique, ses liens avec d’autres problématiques et sa
sensibilité. Afin de mieux saisir l’objet de recherche dans toute sa complexité, le chercheur
doit adopter une démarche qui lui donne accès à cette complexité.
La triangulation qui consiste, dans l’étude d’un même phénomène, à recouper les
informations issues de sources différentes et de méthodes indépendantes, est alors nécessaire.
Pour notre sujet de mémoire, afin de saisir la complexité de logiques liées aux enjeux et défis
à relever pour la mise en œuvre de l’ADPIC en République démocratique du Congo, nous
avons utilisé 2 types de triangulation relatifs à la technique de production des données sur
terrain.
- des écrits portant sur l’expérience des pays sous-développés et des pays en voie de
développement en ce qui concerne les difficultés rencontrées et les défis relevés
depuis la mise en œuvre des règles ADPIC dans leurs législations nationales ( Etats
membres de l’OAPI, la Chine, le Brésil, …),
- les pratiques et expériences des différents acteurs nationaux impliqués dans la gestion
de la protection des DPI et le règlement des conflits y relatifs : les acteurs douaniers, la
Direction de la Propriété Industrielle, …
Nous avons visé la diversité des points de vue sur les difficultés rencontrées par les Pays les
Moins Avancés et les Pays En voie de Développement et la façon dont ils surmontent les défis
depuis la mise en œuvre des règles ADPIC dans leurs législations nationales relatives à la
propriété intellectuelle. L’objectif est de dégager une vision plus riche en vue de permettre à
la RDC de se servir de l’expérience des autres pays pour mieux affronter et mieux mettre en
œuvre les règles ADPIC dans sa législation nationale relative à la propriété intellectuelle.
Par ailleurs, dans le cas d’une étude comparative en vue de dégager une théorie applicable au
Congo, la triangulation des sources des données doit être considérée comme particulièrement
adéquate. Il faudra considérer les éléments spécifiques, les expériences vécues par différents
pays et en ressortir des principes communs.
Dans notre étude, la triangulation des sources d’informations n’est pas une simple stratégie,
mais devient un procédé indispensable pour une récolte des renseignements variée et
approfondie.
Cette triangulation des sources des données a permis de récolter des informations
différenciées et plus complètes, pour ainsi mettre en évidence des aspects relatifs aux enjeux
de la mise en œuvre de l’ADPIC selon que l’on est PD, PED et PMA et formuler ainsi une
théorie applicable au Congo.
La présence d’autres sources d’informations, notamment celles issues des entretiens
approfondis, permettent d’ajuster les informations recueillies lors de l’observation.
b) La triangulation des outils de collecte des données
Elle a consisté à combiner trois méthodes de collecte (la technique documentaire, l’entretien
et l’observation) dans une perspective de recherche de complémentarité et ou de
corroboration.
Dans le but de mieux appréhender les enjeux de la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC, les
données recueillies lors de l’observation ont été complétées lors des entretiens. Les données
issues de ces entretiens ont été remises dans leur contexte suite aux données issues des
documents.
En conséquence, la complémentarité de ces techniques a permis de de corroborer les résultats
obtenus.
8) A quels risques épistémologiques vous expose le sujet proposé et comment pouvez-
vous les minimiser ou les contourner ?
14
Dans le cadre de notre étude essentiellement qualitative, notre sujet va nous exposer à trois
risques épistémologiques et pour lesquels nous allons proposer comment gérer ces risques.
a) Le risque des acteurs abstraits
Une démarche de recherche qualitative n’a de sens que si elle montre et analyse les intentions,
les discours et les actions et interactions des acteurs concrets, du point de vue des acteurs eux-
mêmes mais aussi du point de vue du chercheur. C’est-à-dire si elle décrit et narre.
Pareille démarche est décevante parce qu’elle ne montre pas (donc n’analyse pas) les acteurs
pensant, agissant et interagissant, développant des projets, des stratégies, réunissant ou
échouant. C’est tout simplement parce que l’on a mis l’accent sur des acteurs abstraits (les
structures, les valeurs, les intérêts, …), au point de perdre de vue les acteurs concrets.
Or, trop souvent, l’analyse qualitative fait agir des notions, des idées, des variables, des
structures, plutôt que des acteurs pensant et agissant.
Le point fondamental pour gérer ce risque est la détermination de l’unité d’analyse : se
forcer à décrire et narrer les actions et les interactions peut être le moyen d’éviter un tel
risque.
b) La circularité : le risque de se focaliser sur les seuls faits venant confirmer la théorie
Dans la démarche qualitative, le matériau rassemblé est tellement riche, hétérogène et
lacunaire alors que les théories mobilisées sont souvent très générales, abstraites,
décontextualisées, qu’il est particulièrement tentant et facile de trouver dans le matériau des
éléments qui confirment une théorie en laissant de côté ce qui pourrait la mettre en cause ou la
nuancer. C’est le risque de circularité, qui consiste à ne voir dans le matériau empirique que
ce qui confirme une théorie. Ce risque menace toute recherche qualitative, si rigoureux que
puisse sembler le dispositif de recherche mis en place.
On a simplement vu dans le matériau ce qu’on voulait y voir, ce que la théorie nous incitait à
y voir.
Pour gérer ce risque, il faut spécifier les théories en termes d’effets attendus, spécifier ce qui
est observé sur le terrain en termes de processus et rapprocher les effets attendus liés à la
théorie des processus observés pour mettre en évidence non des lois théoriques générales,
mais plutôt des mécanismes. Pour que la confrontation entre les théories et le matériau ne soit
pas circulaire, il faut coder le matériau indépendamment de la théorie et surtout ne pas
pratiquer le codage théorique. Il faut aussi chercher la donnée surprenante qui pourra
déclencher un processus.
Le chercheur peut en effet être influencé dans ses interprétations par les clichés partagés par
les acteurs, de même que les acteurs peuvent être influencés dans leurs pratiques par les
interprétations données par le chercheur. Et le partage des clichés relève de la circularité.
Une gestion du risque de circularité suppose une autonomie relative entre les théories étudiées
et les faits observés. La démarche ne consiste donc pas confronter une théorie à des faits,
encore une fois.
c) L’équifinalité ou le risque de survaloriser une seule théorie explicative
Ici, le risque d’une recherche qualitative est qu’elle ne recherche qu’une explication aux
phénomènes qu’elle observe, qu’elle ne fasse jouer qu’un cadre théorique en écartant les faits
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création d’un cadre de recherche intégré et multi points de vue sur la problématique de la mise
en œuvre de l’ADPIC.
Plus spécifiquement, notre étude contribue à fournir un support théorique important sur la
question des droits de propriété intellectuelle. Notre étude propose, en effet, une vue
synthétique sur les avantages et les inconvénients de l’ADPIC, ouvrant la voie à une réflexion
sur le maintien dans l’Accord ADPIC ou son abandon.
La deuxième contribution théorique est la mise en perspective des questionnements à mener
dans le cadre de la mise en œuvre de l’ADPIC.
La troisième contribution théorique se situe dans l’apport de notre recherche pour la
détermination des mesures à prendre pour la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC.
b) Contribution pratique
D’un point de vue opérationnel, notre recherche peut servir d’outil susceptible d’aider les
responsables étatiques ayant la gestion de la Propriété Intellectuelle en RDC à évaluer la
réalité du système de protection de la propriété intellectuelle vue de l’extérieur et à piloter une
réforme en vue de la mise en œuvre de l’ADPIC.
Cette étude va révéler aux décideurs politiques et techniques les mérites et les limites relatifs à
la mise en œuvre de l’ADPIC en RDC ; cela va susciter le débat et permettre aux politiques de
lever des options face aux enjeux mondiaux de l’heure sur la santé publique (cas des vaccins,
des ARV,..., protégés par les brevets obtenus par les grandes firmes pharmaceutiques et
protégés par l’ADPIC).
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recherche : une analyse d’articles de Recherches qualitatives parus entre 2010 et 2017 »,
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