2501F
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Paraître
ou
ne pas être
Mémoire sur l’apparence physique et son impact sur les
individus
Année 2014
Sommaire
Introduction……………………………………………….………………..... 1
1) L’exemple de la France……………………………………………………………………………….. 4
2) L’exemple de la Corée du Sud…………………………………………………………………….. 6
3) L’exemple du Brésil…………………………………………………………………………………..… 8
II- Quel est l’impact de l’apparence physique sur les individus ?.......... 11
1) Le « diktat » de la minceur……………………………………………………………………….. 23
2) L’influence de la télévision……………………………………………………………………….. 25
3) Les retouches de photographies…………………………………………………………….... 27
A- Méthodologie d’enquête………………………………………….…….. 30
1) Entretiens et questionnaires………………………………………………………………..…… 30
2) Résultat……………………………………………………………………………………………….……. 31
B- Discussion……………………………………………………………..... 37
Conclusion………………………………………………………………….. 47
Sources
Annexes
Remerciements
Que celui ou celle qui n’a jamais critiqué quelqu’un sur des critères physiques me
jette la première pierre. Malgré le fait que nous pouvons nous rendre compte dans la vie
quotidienne que le paraître est important, nous ne l’admettons pas et nous minimisons le
rôle de l’apparence physique.
En choisissant ce sujet pour réaliser mon mémoire universitaire, j’avais déjà une
idée des effets que pouvait avoir celle-ci sur les individus. Rejetés par leurs pairs, il
pourrait y avoir un impact néfaste sur eux psychologiquement et physiquement. Toutefois,
en faisant mes recherches, je me suis rendue compte que son influence allait bien au-
delà. L’apparence physique est un critère qui prend une part importante dans les sociétés
actuelles mais nous ne soupçonnons pas l’étendue de son influence. Elle joue un rôle dans
tous les domaines : l’enfance, la vie sociale et familiale et la vie professionnelle. C’est la
raison pour laquelle j’ai trouvé qu’il serait intéressant de « dévoiler » la vérité sur un des
facteurs les plus sombres de discrimination dans notre société.
1
I- Qu’est-ce que l’apparence physique ?
Nous ne sommes pas tous égaux en terme de « beauté ». Mais, qu’est-ce qu’une
belle personne ? Qu’est-ce qu’une personne séduisante ? Selon Michel Pfulg, depuis les
grecs, il est dit que ce sont l’harmonie, l’équilibre, la symétrie des proportions et des
formes qui font que l’on considère un visage ou un corps beau. Dans son livre « Le poids
des apparences : beauté, amour et gloire », Jean-François Amadieu développe que ce
standard (cette norme) de beauté pourrait s’expliquer par le fait que depuis notre plus
jeune âge, nous avons vu des multitudes de visages qui vont par la suite former un
ensemble. C’est-à-dire qu’un bébé va mémoriser de nombreux visages qui vont finir par
n’en former qu’un seul. Ainsi, nous nous faisons une représentation de l’apparence
moyenne d’un homme ou d’une femme, d’une personne vieille ou une personne jeune.
Cette moyenne des apparences correspondrait, en fait, au standard de beauté et les
apparences qui s’écarteraient de la moyenne seraient jugées « anormales » et
« disgracieuses ».
Ensuite, l’estime de soi n’est pas à confondre avec la confiance en soi. En effet,
l’estime de soi, est l’image et l’opinion que l’on a de nous-mêmes et la confiance en soi est
la conscience que l’on a de sa propre valeur, ce qui nous permet d’acquérir une certaine
assurance. En outre, l’estime de soi représente à quel point je me sens valable et la
confiance en soi représente à quel point je me sens capable. L’estime de soi se manifeste
par la fierté que nous avons d’être nous-mêmes et nécessite une évaluation continue de
nos actions.
2
De ce fait, l’estime de soi est fragile et varie car elle va augmenter ou diminuer en
fonction de nos actions si elles correspondent avec nos valeurs ou pas. De plus, celle des
femmes est moins élevée que celle des hommes, selon des études menées par Davison
MacCabe en 2006, Kostanski, Gullone en 1998, Paxton Wertheim, Guibbons en 1991.1
Quel lien peut-on faire entre l’estime que nous avons de nous même et notre
apparence physique ? La vision qu’à une personne de son corps, c’est-à-dire l’image
corporelle de cette personne, influencera son estime d’elle-même. En effet, dans l’article
de Dani Michel et Morin Michel (voir note de bas de page 1), il est écrit que si l’on est
satisfait de son corps, alors, cela sera associé à un haut niveau d’estime de soi et
inversement lorsqu’il s’agit d’une insatisfaction corporelle.
Ce qui va influencer notre regard sur notre apparence, c’est tout d’abord le regard
des autres sur celle-ci, leurs opinions et leurs remarques. L’activité physique influencera
aussi notre regard car une personne qui pratique un sport ne portera pas le même
physique qu’une personne qui n’en pratiquera pas.
Enfin, les médias peuvent influencer notre opinion en projetant l’image d’un
« corps idéal ». Nous pouvons, (même inconsciemment) suivre ce modèle et notre estime
peut baisser lorsque notre image corporelle ne correspond pas à celle renvoyée par les
médias. Par exemple, 95 % des personnes qui font un régime amincissant reprennent le
poids qu’elles ont perdu dans les cinq années qui suivent, quelque soit le régime qu’elles
ont choisi de faire. Par conséquent, la satisfaction liée à la perte de poids et donc à la
nouvelle image corporelle de la personne n’est qu’éphémère. Elle laisse ensuite place à la
déception et à une nouvelle baisse de l’estime de soi. Par ailleurs, le lien entre ces deux
composantes est plus fort à l’adolescence où le jeune est en pleine construction. Une
insatisfaction corporelle peut mener le jeune à se préoccuper anormalement de son
poids, par exemple, et peut adopter des conduites à risques pour la santé (régimes,
abandon ou excès d’activités sportives etc.). Nous verrons plus tard qu’une mauvaise
vision de notre apparence physique et une mauvaise estime de nous-mêmes peut avoir
des conséquences physiquement et mentalement.
1
D’après l’article « Image corporelle et estime de soi : étude auprès de lycéens français » de Dani Michel et
Morin Michel
3
B- L’importance de l’apparence physique au sein des sociétés
1) L’exemple de la France
Plus tard, il est « institué » que la femme qui travaille doit être aussi agréable à voir
en arrivant à son travail qu’en en partant. La peau pâle n’est plus un critère esthétique
déterminant puisque la marque laissée sur le corps par les activités extérieures la
remplace. Des fortes valeurs sont attribuées à l’air, à la mer, au soleil. Par exemple, à la
plage, il y a moins de promeneurs et davantage de personnes allongées sur leur serviette
en maillot de bain. Les vacances seraient donc synonymes d’esthétique, les conseils se
font désormais sur le « maquillage plein air », le « soleil guérisseur » et l’épilation pour
« avoir des jambes et des pieds parfaits. » Le magazine Sciences Humaines écrit : « cette
présentation des corps ensoleillés, actifs, à demi-nus, a une conséquence sur les images
retenues : elle mêle vigueur et minceur. ». D’après « Votre Beauté » en 1934, « ce qui fait
la beauté, c’est un corps mince et musclé qui se meut avec aisance. »
Ce nouveau critère revient dans d’autres magazines de beauté des années 1930 :
« la silhouette svelte et sportive, les membres fins et musclés sans graisse parasite et la
2
Sciences Humaines Hors Série « Femmes combat et débat » novembre-décembre 2005
4
figure énergique et ouverte : voilà aujourd’hui l’idéal de la beauté féminine. » Les chiffres
de nouvelles mensurations se bousculent dans ces magazines, les rapports taille/hanche
se resserrent, le niveau de poids devient inférieur aux centimètres dépassant le mètre
(par exemple : ce n’est plus 60 kilos pour 1 mètre 60, mais 55 kilos pour 1 mètre 60). Le
poids est abaissé plus rapidement dans les dix années suivantes.
Les concours de beauté auraient pu être favorisés par cette insistance sur le
moindre écart, sur ces chiffres. En effet, dans l’entre-deux-guerres, les reines et les miss se
multiplient : Miss America en 1921, Miss France en 1928, Miss univers en 1930.
Dans les années 80, la minceur est le nouvel idéal, comme le préconisent les
magazines féminins et la publicité. Les stars et mannequins incarnent et diffusent ce
phénomène. Ainsi, les rondeurs et bourrelets sont « interdits », et la jeunesse est
l’exigence d’aujourd’hui, à en juger par la multiplicité des campagnes anti-âge. De plus,
l’attention que les individus portent au corps est devenue centrale. Il doit être entretenu à
travers des activités physiques, mais pas seulement. Effectivement, de nombreux
médicaments sont disponibles en pharmacie et même en grande surface pour avoir une
belle peau, de beaux cheveux, une belle silhouette etc.… Les instituts de beauté sont
envahis par les femmes et on remarque peu à peu la présence des hommes. La
préoccupation esthétique concerne désormais les hommes, si bien qu’aujourd’hui, ils sont
50 % à avoir des complexes.
3
Sciences Humaines « Le soucis du corps » Novembre 2002
5
Depuis 1985, il y a un retour des formes et principes de plaisir. L’intérêt pour le
corps reste omniprésent mais les discours se modifient. On comprend qu’il est possible de
transformer son corps sans être obligé de réaliser des efforts considérables pour allier
santé, beauté et forme. Les produits cosmétiques « font des merveilles », les appareils
d’électrostimulation musculaire permettent de « modeler son corps installé dans son
canapé » et les collants ou autres sous-vêtements affinent la silhouette « remontent les
fesses, aplatissent le ventre, gomment les hanches et la culotte de cheval ».
En Corée du Sud, la beauté physique est devenue capitale, si bien que la chirurgie
esthétique est très pratiquée. En mai 2012, avait été publié par Sébastien Falleti, un article
sur Le Point, expliquant que les « sud-coréennes étaient championnes du monde du
scalpel. ». En effet, sur mille habitants, il y a seize personnes qui ont déjà subi une
opération chirurgicale.
Dans la capitale de la Corée du Sud, Séoul, le chiffre est plus grand : une femme
sur trois aurait eu recours à la chirurgie esthétique.4 Dans un article publié sur le Monde
en novembre 2013, Isabelle Sancho, directrice du centre de recherches sur la Corée à
Paris, explique que le débridage des yeux n’est plus considéré comme un acte chirurgical
tellement il est pratiqué.
4
Article de Sébastien Falleti, publié sur Le Point, en mai 2012.
6
Dès 18 ans des jeunes filles se font opérées, chirurgie financée par leurs parents.
Pourquoi un tel engouement pour ces pratiques ? En effet, aujourd’hui, pour
correspondre à l’idéal de beauté, il faut avoir un teint pâle, les yeux ne doivent pas être
entièrement bridés, le nez doit être fin et non relevé, la bouche en cœur, les pommettes
hautes et le menton pointu. Le bas du visage doit ressembler à un V. Cette perfection est,
comme il est dit dans l’article, « peu compatible avec la morphologie naturelle des
Coréennes », qui ont-elles, un visage rond et les yeux bridés. Pourtant, cet idéal est récent
car même en 1980 on retrouvait dans les publicités des mannequins aux yeux bridés et
aux mentons arrondis. 5
5
Article de Lili Barbery-Coulon publié sur Le Monde, en novembre 2013.
6
Article du 27 Mai 2013 sur l’Express.fr
7
Ce phénomène devient de plus en plus important. En avril 2013, a été publiée sur
L’Express une photo des candidates pour être Miss Corée du Sud. Voici ci-dessous la photo
présentant ces miss et leurs similitudes…
Image des miss dans un article publié en avril 2013 sur L’Express
Nous pouvons constater la ressemblance frappante entre ces jeunes femmes. Elles
sont accusées d’avoir « abusé du bistouri », elles ont le visage figé, le teint pâle, le bas du
visage en forme de V et les yeux débridés, comme l’idéal de beauté. Quelles valeurs
véhicule la société en privilégiant la chirurgie au détriment de la beauté naturelle ? Que
deviendront les personnes qui n’ont pas les moyens de s’offrir ces opérations ? L’exclusion
sociale risque d’être plus forte. Toutes les personnes ne rentrant pas dans les critères de
beauté seront mises à l’écart, humiliées ou ne trouveront pas de travail.
3) L’exemple du Brésil
Les préoccupations concernant l’apparence ont été mises en avant dans les
grandes villes brésiliennes dès le milieu du XIXe siècle. Celles-ci sont devenues de plus en
plus importantes pour devenir aujourd’hui dominante.7 Des écrivains de l’époque
critiquent cette importance. L’un d’entre eux écrit : « Mettez-vous à la place d’un homme
qui, le soir de ses noces, découvre combien son épouse l’a trompé. Non pas parce qu’elle
a connu un autre homme avant lui mais parce que plus elle se déshabille, moins son mari
reconnaît sa véritable bien-aimée ! Pour dormir elle enlève sa perruque et son dentier, et
pour empirer la situation, elle enlève aussi son corset en dévoilant ses seins décharnés. Et
peu à peu la mariée met tous ces artifices dans l’armoire tandis que le pauvre mari
commence à comprendre que pour cultiver le mariage il faut apprendre à s’habituer à la
pénombre.
7
Article « Fabriquer la beauté au Brésil » de Denise Bernuzzi de Sant’Anna, publié en 2007
8
Je me demande si ce monde plein d’artifices est bien le mien ? J’ai la nostalgie de
l’époque passée où les femmes n’utilisaient pas ces engins pour serrer la taille, ni ces
artifices vendus par les commerçants étrangers. » J’ai jugé cet extrait intéressant car il
permet de bien visualiser ce qu’il se passait au Brésil. La femme veut plaire, veut être
séduisante mais cela ne passe pas sans « artifice », si bien qu’elles sont méconnaissables
lorsqu’elles redeviennent « naturelles ».
D’après l’article de Denise Bernuzzi de Sant’Anna (voir note de bas de page), dès le
début de l’Empire, en 1822 et principalement après l’installation des premiers
commerçants français dans la ville de Rio de Janeiro, la consommation de parfums,
poudres, pommades et perruques fut un signe de modernité (surtout en sachant qu’ils
étaient importés d’Europe).
A partir de 1930, l’action des produits de beauté devient de plus en plus répandue.
On se soucis à présent des mains, des pieds et des jambes alors que ces inquiétudes par
rapport à notre corps étaient inconnues auparavant. A partir de cette date, des émissions
de télévisions diffusent un programme vantant les bienfaits des traitements de beauté et
spécifiquement ceux de la chirurgie esthétique. Selon lui, les souffrances accumulées
pendant des années trouvaient leur fin définitivement en moins de 50 minutes. Pour lui,
« la blancheur, la flexibilité, la transparence et le satiné de la peau étaient les conditions
de bases pour la beauté du sexe faible. » Ces derniers termes sont assez explicites sur la
place de la femme dans la société. Etant le « sexe faible », elle doit redoubler d’efforts
pour réussir à exister et être respectée un minimum.
Aujourd’hui, lutter contre l’âge est devenu une priorité. Vieillir est un problème à
combattre, alors que jusqu’aux années 1960, c’était un processus naturel. La télévision
joue un rôle majeur dans la mise en valeur du corps rajeuni, car les personnes séduisantes
sont diffusées tous les jours et donnent ainsi le ton des habitudes et des modes.
8
Article publié en mai 2012 sur le Parisien.fr
10
II- Quel est l’impact de l’apparence physique sur les individus ?
Le vocabulaire que nous utilisons prouve que nous associons très souvent le beau
avec le bon et le laid avec le mauvais. Par exemple, nous disons « un beau geste », une
« bonne action ». Le laid, lui est associé au vilain, qui peut évoquer l’apparence physique
(par exemple : avoir de vilaines mains) mais aussi l’acte de la personne (par exemple,
lorsqu’un enfant fait une bêtise, nous pouvons dire « Ce que tu as fait est vilain ! »). De ce
fait, « laid » peut aussi signifier « mal ». Aujourd’hui, ce qui est sale et malpropre est
rapproché de ce qui est mal. Effectivement, nous pouvons dire un « sale type » pour
quelqu’un de malveillant et pour une mauvaise action, nous pouvons dire familièrement
« faire une crasse ». Ainsi, les stéréotypes qui lient le mal et le laid, le beau et le bien sont
très importants.
9
Toujours dans son livre « Le poids des apparences : beauté amour et gloire » publié en mars 2002
11
Les personnes elles-mêmes peuvent être touchées par ces préjugés. Une personne
souffrant d’obésité sera vue comme molle, négligée. Selon une étude, les clichés touchent
aussi la couleur de cheveux.10 En effet, une personne rousse sera jugée par les français
comme infidèle, méchante, dure et langoureuse. Quant à une personne brune, elle sera
vue comme active, sportive, fidèle et juste. Enfin, une personne blonde, serait douce et
dotée de bonté mais peu intelligente comme peuvent le suggérer les nombreuses
« blagues » sur les blondes.
A partir de ces qualités présupposées, nous pouvons en déduire que les personnes
dites « séduisantes », seront avantagées, et ce, tout au long de leur vie. En effet, dès la
maternelle, un bel enfant est privilégié. Le professeur va accorder davantage d’attention à
cet enfant car Jean-François Amadieu dans son ouvrage a montré que les instituteurs et
institutrices considèrent inconsciemment que les enfants les plus séduisants réussiront
mieux leur scolarité et feront une plus belle carrière. C’est pour cette raison que les
évaluations du travail d’un bel enfant seront plutôt bienveillantes et les écarts de
conduites seront moins sanctionnés. Ainsi, l’enfant bénéficie d’un soutien affectif, d’une
stimulation et de récompenses, ce qui va lui permettre d’avoir une grande confiance en
soi.
Par ailleurs, les enfants appréciés par leurs camarades et leurs professeurs se
lieront avec d’autres enfants appréciés par leurs camarades et professeurs et ils en
tireront des avantages. Ceux qui sont rejetés par leurs camarades et mal aimés des
enseignants, qui les trouvent moins intelligents et difficiles, se trouveront des
« compagnons d’infortune » qui nuiront un peu plus à leur image.
10
Etude menée par Marc-Alain Descamps dans son ouvrage « Le langage du corps et la communication
corporelle »
11
Selon Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer dans « Le corps et la beauté » en 1999
12
En effet, comme l’apparence physique est associée à des qualités ou défauts, le fait
d’être beau et d’être avec des personnes belles renforcera les préjugés de façon positive
et inversement. Ainsi, nous pouvons évoquer un effet pygmalion, c’est-à-dire que les
enfants vont finir par se conformer à l’image attendue et se comporter comme les adultes
et leur entourage l’ont voulu. On peut aussi parler de « prédiction créatrice ». Un cercle
vicieux ou vertueux va donc se créer en fonction du physique de l’enfant puisque les
enseignants, les élèves, et la famille vont tendre vers les mêmes représentations. Les
beaux enfants auront davantage d’encouragements, d’aide, de soutien, de bienveillance et
d’admiration, ce qui handicapera donc les autres.
Nous pouvons également parler d’un effet de halo. Cela consiste à juger plus
positivement ou plus négativement des caractéristiques d'une personne, (ou d'un groupe,
d'une marque…) sans les connaître ou sans vérification, à partir d'une de ses
caractéristiques que l'on avait déjà jugée positive (ou négative). En effet, nous associons
l’apparence physique à la position sociale, le métier ou la réussite d’une personne.
Nous avons les images de ce à quoi doivent ressembler les personnes selon leur
métier. Par exemple, l’image que l’on a d’un commerçant est celle d’une personne bien en
chair et joviale. En 1980, selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques (INSEE), les français les plus gros étaient bien des commerçants et artisans.
Les stéréotypes concernant l’apparence physique peuvent être modifiés en fonction du
statut social qu’un individu occupe. Par exemple, nous attribuerons des qualités à ceux qui
ont réussi, qui occupent une place importante et qui se sont fait un nom. Inversement,
certaines professions susciteront des avis plus négatifs. Par ailleurs, des chercheurs ont
réalisé une étude12 dans laquelle une photo d’une même femme était montrée sous
plusieurs accoutrements. Il a été constaté que cette femme était jugée plus mince et plus
attirante lorsqu’elle était habillée en top model plutôt qu’en étudiante ou en cuisinière. Il
est vrai que nous aurons tendance à surestimer l’apparence physique d’une femme en
sachant qu’elle exerce le métier de mannequin.
La beauté est synonyme de réussite. Cette expression est vraie aussi en termes de
vie professionnelle. Effectivement, l’apparence physique est déterminante au moment de
l’embauche, dans la bonne intégration au sein de l’entreprise, dans l’évaluation des
performances et des compétences et enfin dans le déroulement de la carrière. Lors de
l’entretien d’embauche, l’apparence physique, l’habillement, la coupe de cheveux, les
accessoires et bijoux, les gestes et la posture d’ensemble sont analysés en premier chez
12
K. Martin et M. Leary dans « New exercising woman’ stereotype has surprise benefits » en 1998
13
un candidat.
Selon le professeur Albert Mehrabian, l’impact que nous avons sur un individu
dépend à 55 % de notre visage, à 38 % de notre voix et seulement à 7 % de ce que nous
disons. Ce qui signifie que la première impression que va se faire le recruteur d’un
candidat est cruciale. De plus, aujourd’hui, les entreprises se soucient davantage de leur
image renvoyée par les vêtements portés par le personnel. Au mieux, l’apparence devra
donc refléter l’image et la culture de l’entreprise. Dans de nombreux métiers, la beauté
est un atout. Dans certains sports par exemple, séduire les juges, les arbitres et le public
par son apparence participe de plus en plus au succès et à la médiatisation. Pour
intéresser les médias et le public, il faut maintenant faire venir de jolies joueuses ou de
beaux joueurs. Dans le tennis, les femmes sont utilisées comme des produits de
marketing où elles doivent se montrer et se dénuder. Les sportifs masculins sont
également concernés, dans le calendrier des rugbymens Dieux du stade par exemple. Le
charme fait vendre et permet de gagner davantage dans la négociation avec un
fournisseur ou un client. Le professeur américain Wharton School a fait une étude qui
montre que les personnes les plus séduisantes gagnent un salaire plus élevé de 8 à 12 %
que ceux dont le physique est désagréable. Par ailleurs, elles occupent majoritairement
des postes qui impliquent des missions dans la négociation, la formation, la supervision, la
persuasion, le divertissement, la communication, le service au client ou à l’accueil.
Nous connaissons tous le proverbe « il ne faut pas se fier aux apparences ». Cela
signifie bien qu’en premier lieu, nous nous fions à l’image corporelle, l’apparence que
nous renvoie la personne. Les personnes avec un physique ne correspondant pas à l’idéal
de beauté de la société seront donc jugées négativement. Le regard que l’on porte sur une
autre aura un impact important, d’autant plus que le corps est le reflet de ce que nous
sommes.
Si la personne est bien entourée, elle pourra plus facilement faire face à ces
situations difficiles. Même si les paroles bienveillantes des proches auront moins
d’influence que les paroles médisantes des autres, elle bénéficiera d’un soutien et pourra
passer à autre chose. Mais dans le cas où la personne est rejetée par tout le monde, que
se passe-t-il ? L’exclusion est sans doute inévitable. Lorsque l’on regarde dans le
dictionnaire, le terme « exclusion » signifie : « action d’exclure d’un groupe, d’une action,
d’un lieu, de chasser, d’écarter. ». En effet, la personne à l’apparence déplaisante, sera
jugée négativement par les autres. On ne lui supposera pas les qualités qu’on le fait pour
des personnes séduisantes (comme nous l’avons vu dans la partie précédente) mais plutôt
des défauts. Par ailleurs, à l’adolescence, les jeunes sont assez impitoyables en ce qui
concerne l’apparence. Ils préfèrent se lier d’amitié avec des personnes « belles » et
n’hésitent pas à critiquer ceux qui n’en font pas partie. C’est pour cette raison que le
regard des autres peut être un poids, car il peut exclure une personne.
L’apparence physique peut être aussi un facteur d’exclusion sociale pour les
conquêtes sexuelles, les relations avec le sexe opposé. Le regard de l’autre est, là aussi, un
poids. En effet, la première impression est souvent décisive et l’attirance physique est
déterminante. Les femmes sont plus attentives au charme d’un homme depuis qu’elles
ont acquis une autonomie financière.
13
Etude de Dion dans son livre «Physical attractiveness and evaluation of children's transgressions »
15
Ensuite, les adultes étaient convaincus que les beaux enfants récidiveraient moins
que les autres. Ils en étaient d’autant plus certains que la faute commise était grave. Ces
résultats sont assez surprenants.
Jean-François Amadieu explique que si les adultes réagissent de cette façon, c’est
parce qu’ils considèrent qu’un enfant beau est moins asocial, et ce, même s’il fait des
bêtises. A l’inverse, les enfants moins séduisants leur paraissent malhonnêtes et
déplaisants. Ces enfants auront dans leur vie de tous les jours, à la maison ou à l’école,
plus de mal à se disculper, même quand ils n’ont rien fait. L’exemple de Poil de Carotte,
personnage créé par Jules Renard est assez représentatif. Il est roux, avec des tâches de
rousseurs et est donc jugé comme sale, sournois, cruel et sans cœur.
Le sociologue Erving Goffman a expliqué dans son livre « Asiles » publié en 1968,
que dans les prisons, les casernes, les hôpitaux psychiatriques, certains sanatoriums,
établissements scolaires, orphelinats, couvents et maisons de retraite, les personnes
étaient atteintes dans leur apparence et intégrité physique à cause des pratiques de ces
institutions (coupes de cheveux, marquage, uniforme…). En effet, ils avaient banni la
liberté et l’originalité en termes d’allure et goût vestimentaire pour ces « reclus ». De plus,
ces personnes sont touchées physiquement par des bousculades, des empoignements et
manipulations brutales exécutés par le personnel. Ceux-ci s’adresseront à eux leur hurlant
dessus alors qu’entre membres du personnel, ils se parleront modérément. Ces
humiliations et atteintes physiques ont pour conséquence une dépersonnalisation des
personnes. Mais depuis les années 70, il a été décidé de limiter les atteintes et la
dépersonnalisation (qui se constatent surtout dans les établissements carcéraux). Ainsi, a
été créé à l’initiative d’une esthéticienne, un centre de soins esthétiques dans le quartier
des femmes de la prison de Fleury-Mérogis. Cette esthéticienne a également été à
l’initiative d’un diplôme de « socio-esthéticienne » en 1975. Quelques années plus tard,
en 1992, des femmes se sont associées pour former le CEW (Cosmetic Executive Women)
et a décidé de financer des instituts de beauté dans les hôpitaux. En France, aujourd’hui, il
en existe dans certains services de cancérologie, d’obstétrique et de traumatologie.
Montant de la sanction financière selon la gravité de la faute et la beauté du coupable. (D'après Downs et Lyons,
1991)
Nous pouvons remarquer que plus le délit commit est grave, plus la beauté de
l’accusé rentre en jeu.
Le fait que la beauté soit un atout dans la décision d’embauche et même dans la vie
professionnelle en générale, implique qu’il existe une discrimination physique dans le
monde du travail. Cependant, les recruteurs n’admettent pas que l’importance physique
joue un rôle au moment de l’entretien et cette question est rarement traitée dans les
ouvrages portant sur l’accès à l’emploi. Selon Jean-François Amadieu, c’est tout d’abord,
parce que l’apparence est mise au second plan par les cabinets de recrutement, les
directeurs de ressources humaines et les chercheurs scientifiques à cause de son aspect
« futile ». Ensuite, cela pourrait décrédibiliser le processus d’embauche en admettant qu’il
y a des critères vestimentaires et physiques. Enfin, en dévoilant l’importance de ces
codes, cela nuirait à l’efficacité du « filtre » utilisé par les recruteurs lors de l’entretien
d’embauche car cela dévoilerait une des clefs de la sélection.
17
Avant tout, il est important de définir ce qu’est la discrimination. Dans le
dictionnaire Larousse, c’est le « fait de distinguer et de traiter différemment (le plus
souvent plus mal) quelqu'un ou un groupe par rapport au reste de la collectivité ou par
rapport à une autre personne ».
Depuis 2001, la discrimination a fait l’objet d’une loi afin de lutter contre ce
phénomène. Parmi les 18 motifs de discriminations définit par la loi (tels que le sexe,
l’origine, l’âge etc…), l’apparence physique est présente. Ainsi, toute personne victime de
discrimination peut réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice subi. C’est le
juge qui se prononcera sur celui-ci et donnera son accord ou non. De plus, toute personne
s’estimant être victime de discrimination peut porter plainte auprès de la gendarmerie, du
commissariat de police ou du procureur de la République.
14
Article écrit par Judith Duportail sur Le Monde, publié le 18 août 2010
15
« Vraies et fausses solutions aux discriminations » écrit par Jean-François Amadieu, 2008
18
La photo sur un curriculum vitae (CV) est de plus en plus demandée et selon
Amadieu, 80 % des cabinets de recrutement la jugent indispensable. Celle-ci est l’élément
qui est vu en premier par le recruteur, étant donné qu’elle est située en haut du CV, ce qui
n’est pas à l’avantage de tous.
Il existe d’ailleurs des conseils pour réussir une « belle » photo : pas de col de
chemise débraillé ou de cravate fripée, pas de maquillage excessif sur une photo en
couleur, pas de coiffure originale ou les cheveux devant les yeux, une expression
détendue, pas de lunettes démodées, pas de drôle de mimique etc. 16
Il semblerait également qu’il y ait un lien entre l’estime qu’à un recruteur de lui-
même et l’apparence d’un candidat. En effet, un recruteur qui a une estime de lui-même
élevée, aura plus tendance à accepter quelques insuffisances professionnelles si
l’apparence du candidat est agréable. La beauté du candidat dépend donc de la personne
responsable du recrutement.
Les clients préfèreraient également être face à des individus au physique agréable.
Ils jouent donc un rôle dans la représentation suivante : la beauté fait vendre. Il est vrai
que le sourire et une belle apparence suscitent de la sympathie et inspirent confiance . Le
discours d’une personne séduisante aura davantage d’impact et pourra plus facilement
influencer ses clients. Par exemple, dans un magasin de prêt-à-porter, un vendeur ou une
vendeuse séduisante réussira plus facilement à convaincre ses clients d’acheter un
vêtement, grâce à ses conseils jugés « plus pertinents ».
17
Article écrit par Caroline Politi sur L’Express publié le 26 octobre 2010
20
Finalement, nous pouvons nous douter pourquoi les discriminations physiques
dans le monde du travail peuvent être facteurs d’exclusion. D’autant plus qu’en économie,
le terme « exclusion » signifie « action d’exclure du monde du travail, donc de la société ».
La fin de la définition montre bien qu’être intégré dans une entreprise, permet à la
personne d’être intégrée dans la société, et révèle la domination du travail dans notre
société, d’où l’importance d’avoir une belle apparence, puisqu’elle influence dans ce
domaine.
Dans la première partie, nous avions vu qu’être insatisfait de notre corps pouvait
diminuer notre estime de nous-même et avoir des conséquences. Nous avons également
vu que l’apparence physique influençait les comportements des individus et que le regard
que chacun porte sur l’autre aura également un impact sérieux physiquement et
psychologiquement. En effet, une personne victime de discrimination physique,
humiliations pourrait ignorer ces atteintes, se défendre ou alors se renfermer sur elle-
même. Les médias ont aussi leur part de responsabilité. Des hommes et femmes dotés
d’une silhouette et une peau parfaites sont présents tous les jours à travers nos écrans, ce
qui peut influencer nos opinions sur notre propre apparence.
18
Selon Harter (1999), à l’adolescence, la perception de son apparence physique est la variable la plus
fortement reliée à l’estime de soi générale des jeunes.
21
Tout d’abord, cela peut se manifester par des troubles du comportement
alimentaire comme l’anorexie et la boulimie. Le premier trouble touche principalement
des jeunes femmes majoritairement âgées de 17 à 22 ans. Il consiste à la peur démesurée
de grossir et l’obsession de maigrir.
La personne refuse de s’alimenter, se fait vomir et pour intensifier la perte de poids,
elle a recours à l’hyperactivité physique et des médicaments comme des laxatifs et
diurétiques. Le deuxième trouble touche environ 3 % des femmes âgées de 11 à 20 ans. Il
se caractérise par des crises durant lesquels la personne perd le contrôle d’elle-même, elle
mange jusqu’à vomir spontanément ou par provocation. Au-delà de la volonté de maigrir,
l’anorexie et la boulimie sont l’expression d’un profond mal-être de la personne, souvent
dû à un traumatisme.
La dépression peut, dans le pire des cas, conduire au suicide. Le sentiment de mal-
être et la détresse sont trop forts. La personne cherche à abréger ses souffrances. Chez les
jeunes, les signes précurseurs peuvent être la dégradation des résultats scolaires ou à
l’inverse un surinvestissement accompagné d’angoisse et de stress, un taux élevé
d’absentéisme scolaire, des fugues, un « laisser-aller » au niveau hygiène et
vestimentaire. De manière générale, il y a des propos dévalorisants qui sont exprimés par
la personne tels que « je suis un raté », « je ne vous embêterais plus ». Il ne faut pas
prendre ces signes à la légère et être un soutien pour la personne. L’écoute et le non
jugement peuvent aider. L’association Suicide-écoute est une ligne téléphonique
disponible à toute heure tous les jours qui vient en aide à ceux qui ont décidé de
commettre l’irréparable ou qui pensent le faire. Le problème, c’est qu’il faut avoir envie
d’en parler et de s’en sortir.
Bien sûr, il peut y avoir d’autres conséquences sur l’individu, certaines qui auront
peut-être moins d’impact. La personne peut se forger une carapace pour faire face à ces
moqueries, elle pourrait changer de caractère par exemple. Elle pourrait également
22
souhaiter modifier son apparence soit en changeant son alimentation (régime) et en
pratiquant une activité sportive, soit en ayant recours à la chirurgie esthétique.
Tous les jours les médias diffusent des images d’hommes et surtout de femmes très
séduisants, à la silhouette et au visage parfaits. Qu’est-ce que cela signifie ? Comment
expliquer le rôle que jouent les médias dans la représentation de la « beauté » dans notre
société ?
4) Le « diktat » de la minceur
Peut-être parce que maigrir a plus d’impact et signifie que l’on souhaite perdre du
poids (en l’occurrence, un poids conséquent), tandis que mincir semble ne pas impliquer
un gros changement de silhouette. Mais pourquoi « diktat » ? Parce qu’aujourd’hui, la
minceur est une exigence absolue (comme le signifie « diktat »). C’est devenu un idéal de
beauté, propagé sans cesse par les médias et les mannequins, les célébrités. Cependant,
certaines renvoient plutôt l’image de la maigreur, surtout les mannequins, ce qui fait
polémique. Elles sont accusées d’encourager les jeunes filles à tomber dans des troubles
alimentaires (tels que l’anorexie et la boulimie, comme nous l’avons vu précédemment). Il
est vrai, qu’aujourd’hui, les mannequins pèsent en moyenne 23 % de moins que la femme
moyenne19 et par conséquent, une pression apparaît modifiant les jugements que portent
les femmes sur leur apparence physique.
Comment penser autrement lorsque nous voyons tous les jours des publicités
prônant la minceur ? Il serait intéressant de compter combien de publicités sur les
régimes et la minceur sont diffusées par jour. Entre les céréales, les médicaments, les
19
Hélène Garner-Moyer dans « Apparence physique et GRH : entre choix et discrimination »
23
crèmes, les collants qui affinent la silhouette nous sommes envahis par les méthodes
« miraculeuses » pour maigrir. Nous pourrions d’ailleurs appeler cette campagne « maigrir
à tout prix ».
De plus, un nouveau phénomène qui nous vient des Etats-Unis est en vogue
aujourd’hui : « le thigh gap ». Ces mots anglais signifient respectivement « cuisse » et
« fossé ». Ils touchent principalement les jeunes filles. Le principe est simple, avoir le plus
gros écart possible entre les cuisses. Le problème, c’est que cet écart suppose d’avoir une
morphologie spécifique, mais peu de filles l’ont naturellement.
Voici une image présentant le « thigh gap », afin de mieux vous le représenter :
Ce phénomène se développe par le biais des réseaux sociaux, où des jeunes filles
sont prêtes à tout pour avoir un « thigh gap ». Elles écrivent leur poids et se prennent en
photo chaque semaine pour montrer le résultat de leur régime très strict. D’ailleurs,
Christophe Bagot, psychiatre, pense que « la démultiplication des contacts grâce aux
réseaux sociaux peut créer des espèces d’épidémies »20. Dans un reportage du 27
novembre 2013 de Valérie Gaget et Philippe Turpaud sur France 2, des jeunes filles
expliquent que le « thigh gap est un idéal », « les mannequins ont toujours ça et on veut
toutes ressembler aux mannequins ». Lorsque l’on voit qu’en 2009, Kate Moss,
mannequin, avait déclaré « rien n’est aussi bon que de se sentir maigre », nous pouvons
comprendre pourquoi ces jeunes filles qui suivent la mode sont influencées.
20
Reportage publié le 28 août 2013 sur BFM TV.
24
Les professionnels de la santé s’inquiète de l’ampleur que prend ce phénomène
car il peut tourner à l’obsession et conduire à l’anorexie. En effet, la graisse qui se trouve
au niveau des cuisses est la graisse qui part le plus difficilement. Il faut donc maigrir de
tout le corps avant de pouvoir maigrir de cette zone.
C’est être également en état de privation, ce qui est très dangereux pour la santé.
Laurence Plumey nutritionniste dit d’ailleurs : « Le thigh gap, c’est la mode actuelle. Mais
si elles savaient l’envers du décors, si elles savaient que la plupart de ces mannequins et
de ces stars sont en fait des femmes qui sont mal dans leur peau, qui sont fatiguées, qui
sont très fragiles sur le plan de la santé, qui tombent tout le temps malades, qui ont de
gros problèmes de fertilité, et bien je peux vous assurer que les adolescentes y
réfléchiraient à deux fois avant de se lancer dans des régimes de famines. »
5) L’influence de la télévision
La télévision reste le média le plus utilisé chez les français malgré la hausse
d’utilisation d’Internet. Selon Hélène-Garner Moyer, la télévision, véhicule une image de
l’apparence qui est ne reflète pas la réalité et qui est dictée par des normes en terme de
poids et de taille qui sont déconnectées des mensurations réelles des femmes. Avant
1970, le poids moyen d’une femme en publicité était de 11 % de moins que le poids
moyen d’une femme. Il est passé à 17 % de moins en 1987. Les femmes et plus
particulièrement les jeunes filles sont plus touchées par ce phénomène que les hommes
car elles lisent davantage de magazines de beauté (Elle, Marie-Claire, Femme actuelle, ….)
et s’y intéressent davantage.
Mais la raison pour laquelle la publicité utilise des acteurs toujours plus séduisants,
avec une silhouette toujours plus parfaite, c’est parce que les consommateurs affirment à
53 % qu’ils jugent l’apparence de la vendeuse importante ou très importante lors de
l’achat. Un produit présenté dans une publicité par une personne séduisante sera plus
susceptible d’être achetée que si cette personne était moins belle.
25
explique qu’à travers les médias on devine que le corps mince est le corps désirable
(comme nous l’avons vu dans la partie précédente).
De plus, avec l’ alimentation, nous nous conformons aux normes et aux critères
de séduction. Les campagnes de prévention sanitaire à travers leurs slogans : « Mangez
cinq fruits et légumes par jour ! », « Bougez plus ! », incitent chacun à se prendre en
charge, « faisant d’injonctions collectives des recommandations individuelles. ». On
développe ainsi la responsabilité de chacun, et par conséquent, la culpabilité : « chacun
n’a que le corps qu’il mérite, qu’il se fabrique. »21.
21
Article sur le magazine Sciences Humaines « Le corps sous contrôle » publié en Juillet 2008
22
Article sur le magazine Sciences Humaines « Soucis du corps et sculpture de soi » publié en novembre
2004
26
Deuxième exemple d’émission, un programme américain intitulé « relooking
extrême » et parfois « relooking extrême : spécial obésité » est diffusé sur W9. Certes,
cette chaîne est moins populaire que la précédente, toutefois, je trouve certaines de ses
émissions assez malsaines.
En effet, dans ces émissions, une personne, mal dans sa peau, au physique
« disgracieux » est transformée littéralement à travers des opérations chirurgicales, un
nouveau style vestimentaire, du maquillage et une nouvelle coiffure. Cela ressemble à
l’émission « Let me in » présentée dans la partie sur l’exemple de la Corée du Sud. Les
personnes sont présentées au public qui les a suivi dans toutes les étapes de leur
« métamorphose ». Pour l’émission « relooking extrême : spécial obésité », une personne
doit perdre en un an, le plus de poids possible. Aidée par un coach sportif, elle travaillera
dur tous les jours pour atteindre son objectif. Par exemple en 2013, Jacqui, une femme de
161 kilos, a perdu en un an, 94 kilos et pèse à présent 67 kilos.
Mais, dans ce genre d’émission, le résultat est le même : la personne est pointée du
doigt comme étant laide et nécessitant soit de lourdes opérations soit des efforts hors-
normes pour qu’elle soit conforme aux normes de beauté de la société. L’émission
prétend venir en aide à ces « pauvres personnes » et même si cela pourrait être vrai,
puisque les personnes ressortent avec une apparence qui leur convient, il ne faut pas
oublier qu’elles sont stigmatisées. Et si on les croisait dans la rue ? Qu’est-ce qui serait
dit si on les reconnaissait ? « Ce sont les candidats de relooking extrême, ils n’étaient pas
du tout comme ça avant ! ». Je ne sais pas si nous pouvons considérer que participer à
cette émission est une fierté, étant donné que cela signifie que son apparence physique
sort de la norme et que nous sommes vu devant tous les américains (puisque cette
émission est d’abord américaine) mais aussi devant les français qui regardent (puisque ce
programme est rediffusé en France). Faire ce genre d’émission, c’est aussi dire que
l’apparence est primordiale dans les sociétés actuelles, et qu’il faut absolument rentrer
dans la norme.
Finalement, la télévision dicte une norme à travers les émissions et les publicités.
Les personnes ne rentrant pas dans ce standard de beauté, peuvent se sentir coupables
d’être différentes et peut-être, de ne pas faire les efforts qu’il faut. C’est aussi faire
apparaître des inégalités. En effet, beaucoup de personnes peuvent se sentir mal dans
leur peau à cause de leur apparence qu’elles jugent « laide » mais ne pas avoir les moyens
de la changer. Sans parler de la chirurgie esthétique, les médicaments et autres produits
et les clubs de sports ont un coût qui, parfois, ne peut être assumé. Alors en plus d’être
exclue par leur apparence physique, ces personnes vont culpabiliser de ne pas avoir de
moyens financiers suffisants.
27
6) Les retouches de photographies
Dans tous les médias (magazines, télévision, Internet) est véhiculé une fausse
image des hommes et des femmes. Les professionnels ont tous recours à la retouche de
photographies grâce à des logiciels très performants tels qu’Adobe Photoshop.
Même lorsque nous pensons que la personne est belle, elle ne l’est pas assez pour
poser « naturellement » sur les photographies. C’est la recherche de la perfection. A quoi
bon diffuser une image qui est loin de la réalité ? A quoi cela peut-il servir ? Nous avons
vu que le charme faisait vendre et que les consommateurs eux-mêmes appréciaient de
voir des personnes séduisantes mais peut-être auraient-ils aussi envie de se retrouver
dans les personnages mis en avant dans les publicités ?
Les femmes et jeunes filles qui lisent les magazines, ont obligatoirement affaire à
des personnes retouchées. Malheureusement, beaucoup d’entre elles ne le savent pas.
D’autres le savent mais continuent de s’identifier à elles. Elles essayent d’atteindre un
idéal de beauté qui n’existe pas. Bien sûr, qui ne complexerait pas face à des jeunes
femmes séduisantes, la peau lisse, la silhouette et les cheveux parfaits ? D’ailleurs, après
avoir lu ces magazines, l’estime de soi des femmes diminuent. Les adolescentes
reconnaissent que ces revues influencent leur représentation du corps. Selon elles, la
morphologie idéale, c’est 45 kilos pour 1 mètre 70. Pourtant, ce rapport poids/taille
correspond à un état de maigreur. Les retouches de photographies peuvent donc être
mises en lien avec le diktat de la minceur, dont j’ai parlé précédemment.
Voici une photo très retouchée d’une star américaine, Rihanna, pour vous donner
un exemple et illustrer mon propos :
A droite, une photographie de couverture du magazine « Elle » version américaine, publié en juillet
2010. A gauche, Rihanna, « au naturel ».
28
Grâce à cette photographie, nous pouvons constater à quel point la chanteuse a
une silhouette loin de la réalité. Nous avons dis que l’estime de soi pouvait baisser après
s’être comparé à ces célébrités mises en avant dans les magazines et publicité, mais cela
peut également toucher les femmes qui posent sur ces revues et qui apparaissent à la
télévision.
Imaginez-vous, fière d’avoir été choisie, voir la photographie et découvrir que cette
femme ne vous ressemble pas ? Que ressentiriez-vous ? Peut-être vous direz-vous que
vous n’avez pas été assez belle pour apparaître sans retouche ?
Certaines fois, les professionnels veulent tellement rendre les personnes parfaites
qu’ils en arrivent à faire des erreurs. Des membres du corps de ces personnes
disparaissent ou son mal placés, des couleurs de peau sont changées, des retouches trop
voyantes etc. Malgré cela, elles sont toujours de rigueur et les personnes continuent de
regarder avec admiration ces « fausses » stars et mannequins.
Mais il n’y a pas seulement dans les magazines, la télévision et la publicité que les
gens sont retouchés. Les jeunes générations surtout, retouchent elles-mêmes leurs
photographies (à un degré moins élevé) qu’elles postent ensuite sur les réseaux sociaux
comme Facebook ou Twitter. Des sites Internet proposent également de retoucher nos
photos gratuitement. Ainsi, les photographies naturelles sont embellies grâce aux
nouvelles technologies, mais cela a peut-être eu comme impact de renforcer l’exigence
quant à l’apparence physique des personnes, les poses, les paysages etc.
29
III- Méthodologie d’enquête et discussion
A- Méthodologie d’enquête
Les grilles des entretiens ainsi que le questionnaire sont disponibles en Annexe.
3) Entretiens et questionnaire
Pour mon travail de terrain, j’ai souhaité réaliser des entretiens et un questionnaire
afin d’appuyer mes recherches théoriques. Pour les entretiens, j’ai interrogé des
associations et des responsables de cabinets de recrutements. Malheureusement, je n’ai
pas eu beaucoup de réponses. Seulement trois associations (dont une qui ne pouvait me
donner les réponses attendues) et deux responsables ont répondu à mes questions. J’en
avais contacté d’autres par mail et téléphone mais ceux-ci ne répondaient pas ou
n’avaient pas de temps à me consacrer.
Tous mes entretiens se sont fait de manière téléphonique car il ne m’était pas
possible d’effectuer de nombreux déplacements assez éloignés géographiquement (par
exemple une association était à Tours, un cabinet de recrutement situé à Lyon, etc.). J’ai
trouvé cette méthode d’entretien assez complexe car la discussion téléphonique pouvait
être erronée par les bruits extérieurs, un mauvais son et je ne pouvais pas observer le
comportement de mon interlocuteur. Entre autre, il pouvait mentir, il m’était plus difficile
de le constater simplement par la voix.
30
mon entourage. J’ai réussi à récolter cent réponses, malheureusement, celles-ci ne sont
pas très homogènes : trente hommes et soixante-dix femmes ont répondu à mon
questionnaire. Il m’était donc difficile de comparer les données selon le sexe des
personnes.
4) Résultats
J’ai pu avoir un entretien avec deux associations mais je vous en parlerai dans la
partie « Le rôle des associations et des travailleurs sociaux ». Autrement, j’ai eu deux
entretiens avec des responsables de recrutements chez Robert Walters et Carrières
Bancaires (ces entretiens sont en Annexes 3 et 4).
Lors du premier entretien, j’ai demandé si la première impression avait un rôle lors
de l’embauche. La responsable chez Robert Walters m’a répondu qu’effectivement, elle
jouait un rôle puisque c’est à ce moment qu’ils remarquent les choses élémentaires, c’est-
à-dire comment la personne se présente, si elle a fait un effort pour l’entretien etc. Pour
les questions suivantes, voici ce qu’il en est ressorti : l’apparence physique du candidat
doit être conforme à l’image de l’entreprise mais elle sera plus ou moins importante selon
le poste. La photo sur le curriculum vitae n’est pas nécessaire, toutefois, les curriculums
vitae rendus anonymes ne sont pas appréciés car la responsable préfère connaître
l’identité de la personne, aussi parce que les besoins de l’entreprise peuvent être
spécifiques. Il serait possible d’embaucher un candidat moins compétent mais plus
séduisant qu’un autre. Toutefois, elle est restée très évasive sur cette question, me disant
que c’était subjectif et que cela dépendait des recruteurs. Enfin, selon elle, l’apparence
physique est discriminante car il y a des différences. Elle m’a précisé que l’apparence
propre à la personne n’avait pas d’importance car nous n’y pouvions rien, c’est davantage
l’apparence c’est-à-dire, l’attitude de la personne, ses habits, son hygiène…
31
avec moins de compétences car le physique n’influence pas. Enfin, l’apparence physique
est discriminante pour certaines personnes, en fonction du poste mais aujourd’hui, cela à
moins d’importance d’après lui.
J’ai été agréablement surprise par le fait que des responsables de recrutements
acceptent de répondre à mes questions, étant donné que l’apparence physique est un
sujet tabou pour les recruteurs et entreprises. Finalement, à travers ces deux entretiens,
j’ai pu remarquer des ressemblances mais aussi certaines divergences. Pour le deuxième
responsable des recrutements, il semblerait que l’apparence physique ne soit pas
tellement prise en compte lors de l’entretien. Il m’a d’ailleurs expliqué qu’une des valeurs
de son cabinet était de lutter contre les discriminations physiques. Cependant, il a bien
exprimé que l’apparence avait plus d’importance lorsque la personne était face aux clients
et que la première impression jouait un rôle. Il y aurait-il une contradiction dans son
discours ? Il y a une différence entre ce discours, ces valeurs à défendre et la réalité. En
effet, malgré le fait qu’ils donnent des conseils, que l’apparence physique n’influence pas
et qu’il n’y a pas de discrimination de faite, l’entreprise se soucie de l’image qu’elle donne
et de ce fait, se soucie de l’image que renvoie son personnel. Le responsable l’a dit lui-
même : « si on n’est pas face à un client, l’apparence n’a pas d’importance, ce sera plus la
tenue que le physique ». Autrement dit, lorsque l’on est face au client, l’apparence
physique est importante donc peut influencer le recruteur !
La responsable chez Robert Walters, n’apprécie pas les curriculums vitae rendus
anonymes et pense qu’il est possible d’embaucher une personne moins compétente mais
plus séduisante. A ce sujet, elle ne m’a pas dit que cela pouvait lui arriver. Elle est restée
évasive comme je l’ai expliqué plus haut. Alors nous pouvons nous demander si elle ne
s’est pas « protégée » en ne s’impliquant pas dans son discours. Est-elle elle-même
influencée par l’apparence physique ? Vérité inavouable pour un professionnel ?
Par conséquent, les deux entretiens que j’ai eu ne me permettent pas de vérifier
32
mon hypothèse comme quoi l’apparence physique jouerait un rôle important lors du
recrutement. Ils ne sont pas assez représentatifs selon moi. C’est dommage que les cinq
autres cabinets de recrutement n’aient pas eu envie ou le temps de me répondre.
Toutefois, nous allons voir l’avis des personnes que j’ai pu interroger pour mon
questionnaire dans la partie ci-dessous.
Concernant le questionnaire :
Les questions que j’ai posé étaient dans le but de connaître l’avis des personnes sur
l’apparence physique en générale et sur la leur, savoir s’ils étaient influencés par les
médias et le regard des autres et enfin, savoir s’ils considéraient que l’apparence avait un
impact sur les individus ou non.
Malgré le fait qu’il y ait eu plus de femmes que d’hommes à répondre à mon
questionnaire, les tranches d’âges étaient assez homogènes : 28 % des interrogés ont
entre 46 et 59 ans, 18 % ont entre 36 et 45 ans, 21 % ont entre 18 et 25 ans (les
tableaux/graphiques des réponses sont en Annexe 5). Par ailleurs, j’ai eu davantage de
réponses de personnes employées (39%), ensuite, j’ai eu 25 % de réponses d’étudiants et
8 % de réponses de cadres.
J’ai souhaité croiser des données pour savoir si les personnes célibataires avaient
un rapport différent avec l’apparence physique que les personnes mariées, pacsées ou en
concubinage (les personnes célibataires représentant 34 % des interrogés, les personnes
mariées/pacsées représentant 36 % et les personnes en concubinage représentant 21 %).
En comparaison, les personnes célibataires considèrent à 44 % que l’importance de
l’apparence physique est élevée ou très élevée tandis que les personnes mariées/pacsées
sont seulement 27 % à le penser. Ce taux de 44 % se rapproche du pourcentage des
personnes en concubinage qui considèrent elles aussi que l’importance de l’apparence est
élevée ou très élevée (celui-ci est de 42 %). Les résultats de la question qui suit : « Sur une
échelle de 1 à 10, quelle importance accordez-vous à ces différents critères chez une
personne ? », étaient assez difficiles à interpréter du fait de leur hétérogénéité.
Concernant le critère de beauté, les résultats les plus élevés sont les suivants : 47 % des
personnes célibataires ont mis une note entre 7 et 8 et 57 % des mariés/pacsés ont mis
une note entre 5 et 6. Nous pouvons donc, à travers ces deux résultats, en conclure que
les personnes mariées/pacsées attachent une importance moindre à l’apparence
physique. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’une personne célibataire cherche
davantage à plaire pour peut-être trouver l’amour.
33
Concernant, les autres critères, je ne donnerai que les réponses les plus
significatives. Nous pouvons noter que quelque soit la situation familiale de la personne, il
est accordé une importance élevée à la gentillesse (une note entre 8 et 10 est donnée
respectivement par les personnes célibataires et mariés/pacsés à hauteur de 79 % et 92
%.). Cependant, nous constatons que 42% de ces personnes mariés/pacsés donnent la
note maximale de 10 à ce critère, quand 20 % des célibataires la donnent également. La
gentillesse serait donc plus importante aux yeux des personnes mariées/pacsées.
Une personne n’a pas répondu à ces questions. Autrement, 44% ont vécu ce genre
de phénomène dans la période scolaire et 11 % l’ont vécu durant leur parcours
professionnel. Majoritairement, ils se sont sentis mal (à 17 %), ils ont ignorés les propos
des autres (à 14 %) et à 12 %, leur opinion sur leur apparence physique est devenue plus
négative. Seulement 4 % ont modifié leur apparence et 4 % se sont exclue. Je dis
« seulement », mais finalement cela peut paraître assez important car ces réactions sont
assez radicales. Donc, mon hypothèse est-elle vérifiée ? Je pense qu’il aurait fallu d’autres
questions car ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas été victime de discriminations
physiques qu’elle n’est pas influencée par les remarques que peuvent lui faire d’autres
personnes. De plus, une personne peut ne pas avoir le sentiment d’avoir été victime et
pourtant, avoir subi des moqueries (à son insu). Pour répondre à mon hypothèse, je dois
donc nuancer mes propos. Il est probable que le regard des autres nous influence sur
notre propre regard que nous portons sur notre apparence physique mais dans les
réponses obtenues, il semblerait que les personnes soient majoritairement écartées des
moqueries et humiliations. Toutefois, il semblerait que durant la période scolaire, ce
risque soit plus élevé qu’au niveau professionnel. Ceci peut s’expliquer d’abord par le fait
que les enfants sont parfois dénués de tacts et disent ce qu’ils pensent même si cela peut
être mal vécu par les autres. Ensuite, à l’adolescence, les jeunes sont assez impitoyables
envers ceux qui ne leur ressemblent pas, surtout lorsqu’ils sont en groupes, parce qu’un
ennemi commun rapproche. C’est-à-dire que lorsqu’ils s’en prendront à quelqu’un, le
sentiment d’appartenance au groupe sera d’autant plus fort qu’ils partageront les mêmes
avis sur le « bouc-émissaire ».
35
dire que notre apparence entre en jeu est-elle une façon de se déresponsabiliser et se
déculpabiliser après un échec difficile ? Il est vrai qu’être refusé lors d’un entretien
d’embauche pourrait être mal vécu d’autant plus lorsque la personne subit une succession
de refus. Toutefois, nous avons vu dans les parties théoriques concernant les
discriminations à l’embauche et la vie professionnelle que les différences de traitement
étaient réelles, appuyées par des études (les personnes les plus séduisantes gagnent entre
8 et 12 % de plus que ceux dont le physique est déplaisant d’après l’étude de Wharton
School, (cf partie II-2) La beauté synonyme de réussite).
Finalement, les résultats mon surprise dans l’ensemble car j’imaginais moins
d’hétérogénéité dans les réponses et je m’attendais à ce que l’apparence physique ait plus
d’influence sur les comportements et opinions des individus. Toutefois, je considère les
résultats tout de même intéressants car cela permet de se remettre en question. Les
personnes semblent conscientes du rôle de l’apparence physique et pourtant, aucune ne
semble prendre de parti. Beaucoup ne considèrent pas l’apparence comme un critère
important, la beauté n’est pas recherché chez l’autre (cela pose question surtout quand
« l’autre » est du sexe opposé) mais selon eux, la société et les gens jugent sur l’apparence
physique.
Une question peut se poser… Certes, il faut prendre en compte que les résultats
36
représentent un panel de cent personnes seulement, peut-être qu’avec le double de
personnes nous n’aurions pas eu les mêmes résultats. Mais, pourquoi ce critère physique
aurait autant d’influence et de conséquences si personne ne juge les autres sur
l’apparence ? Les individus sont-ils sincères dans leurs propos ? Il est assez gênant
d’avouer que nous nous fions aux apparences physiques des personnes et que nous
portons des jugements négatifs sur celles qui ont un physique atypique. Pourquoi
d’ailleurs est-ce gênant puisque tout le monde le fait ? Si nous nous en cachons, c’est
peut-être parce que nous savons que c’est mal ? Et si c’est mal, c’est parce que nous
portons atteinte à la dignité de la personne, à son identité, à ce qu’elle est. Nous savons
que c’est mal également parce que nous n’aimerions pas que cela nous arrive.
C’est une situation qui peut notamment remettre en cause notre opinion sur notre
apparence. Evidemment, nous préférons de loin les compliments. Malheureusement, les
insultes auront plus d’impact.
Selon moi, nous avons tendance à retenir davantage les critiques car cela heurte
notre estime de nous-mêmes. Donc, si nous revenons à ma question principale, il y a
plusieurs possibilités. Soit, les personnes n’ont pas été sincères pour les raisons que je
viens d’évoquer. Soit, elles ont été sincères et alors l’apparence physique n’a pas tant
d’impact qu’il n’y paraît et ce sont les médias qui nous forcent à penser qu’elle jouerait un
rôle (peu probable selon mon avis). Soit, les personnes ont été sincères, en apparence.
Peut-être qu’elles pensaient réellement ce qu’elles disaient et qu’elles ne se rendent pas
compte des jugements qu’elles peuvent porter. Ce qui est possible, puisque nous ne
sommes pas non plus toutes des personnes médisantes, qui humilient toutes celles qui
ont une apparence « laide ».
Quoiqu’il en soit, malgré ces questions, il est indéniable que l’apparence joue un
rôle, les personnes qui ont répondu à mon questionnaire en sont conscientes puisqu’elles
ont estimé à 94 % qu’elle était facteur d’exclusion sociale. Les recruteurs seraient eux-
mêmes influencés par ce critère, ce qui signifie bien qu’elle a un impact.
B- Discussion
« Pour vous, quels sont les critères de beauté ? ». Voici la question que j’ai posé
dans mon questionnaire, à laquelle certaines personnes m’ont répondu que la beauté
était subjective. Il semblerait pourtant qu’il existe une norme de beauté assez stricte.
Alors, je me pose une question. La beauté est-elle réellement subjective ?
37
Selon l'historien Georges Vigarello, rien n’est plus culturel que la beauté. « L’histoire
s’inscrit dans le corps ». C’est-à-dire que la beauté est construite par la culture et elle est
marquée par l'évolution des regards et des codes sociaux. La beauté du XIX e siècle n’est
pas la même que la beauté d’aujourd’hui. En effet, à cette époque, les femmes
« voluptueuses » étaient appréciées, alors qu’aujourd’hui la surcharge pondérale est signe
de mauvaise santé. A l’inverse, il y a une quarantaine d’années, une femme mince
semblait atteinte de tuberculose et donc n’était pas considérée comme séduisante.
De plus, les critères de beauté peuvent varier selon les pays. Par exemple, chez les
Matsigenkas, une tribu du Pérou qui compte 300 membres, les hommes préfèrent les
femmes plutôt enveloppées et en forme de « tube ».
Sans compter que nous aimons et admirons des personnes très différentes. Nos
amis ne sont pas tous les mêmes et heureusement. Nous les choisissons pour des raisons
aussi diverses que variées. Quant à ceux qui connaissent le succès ou la notoriété, leurs
apparences physiques sont différentes et les couples qui se forment sont des personnes
qui à priori, ne sont pas des « canons de beauté » mais qui s’aiment et chacun trouve
l’autre séduisant.
Toutefois, certains éléments me font penser que la beauté peut être subjective. J’ai
pu noter que certains critères de beauté étaient souvent exprimés par les personnes
interrogées pour mon questionnaire. Il paraîtrait donc que l’harmonie des corps, le fait de
prendre soin de soi (l’hygiène), et le sourire soient des critères de beauté assez objectifs.
Ensuite, à moindre mesure, certaines avaient répondu qu’un bon rapport taille/hanche,
l’élégance, le charme, le visage et les yeux pouvaient déterminer si une personne était
séduisante ou non. Nous avons également vu dans la première partie, que selon Michel
Pfulg, l’harmonie, l’équilibre et la symétrie étaient caractéristiques des personnes belles.
Nous pouvons constater que ces critères sont plus ou moins repris par les personnes qui
ont répondu à mes questions. Si la beauté est subjective, alors ces critères le sont moins.
De plus, nous sommes souvent en accord lorsqu’il s’agit de « classer » l’apparence d’une
personne dans la catégorie « belle » ou « laide ». Ainsi, certains ont un capital de beauté
supérieur, car cet avantage est reconnu par les autres (comme le dit Jean-François
Amadieu).
Par ailleurs, il existerait un nombre d’or d’environ 1,61803398875, établit par les
mathématiciens. Ce nombre d’or serait partout dans la nature et le Docteur Steven
Marquardt, chirurgien a inventé grâce à ce nombre, un masque pour mesurer la beauté
38
des visages. Par exemple, dans le cas d’un beau visage, la largeur de la bouche,
correspondrait à 1,618 fois la largeur du nez. Et cette proportion se répèterait toujours
pour une personne séduisante (pour les dents par exemple). Ainsi, un seul masque est
utilisé pour tous les visages, masculins et féminins. Superposé sur une photo d’une
personne, il permettrait de voir si le visage est réellement beau ou non. Le chirurgien se
sert de ce masque pour pouvoir opérer ses patients souffrant de malformations et
reconstruire leur visage.
Le visage qui est la moyenne des six autres se trouve en haut à gauche.
D’après J.S Pollard en 1995, cité du livre de Jean-François Amadieu.
23
D’après Jean-François Amadieu « Le poids des apparences : beauté, amour et gloire »
39
Jean-François Amadieu a constaté qu’il y avait un accord notable concernant les
standards de beauté dans une même culture et que ceux-ci changent très lentement. Il a
été demandé à des individus de 7 à 50 ans de classer des photographies en fonction de la
beauté des personnes photographiées et il a été observé une grande convergence des
classements réalisés. D’autant plus que ces derniers restaient identiques quand les
photographies des mêmes personnes étaient présentées mais à des âges différents de
leur vie.
Entre 1977 et 1981, une grande enquête a été menée au Canada durant laquelle
les mêmes photographies étaient montrées aux mêmes personnes pendant plusieurs
années successives. Cette étude a permis de montrer que dans 93% des cas, l’évaluation
sur une échelle à cinq niveaux allant de « très séduisant » à « repoussant » ne changeait
pas d’une année sur l’autre et les avis convergeaient entre les hommes et les femmes.
Si la beauté avait des caractères objectifs, cela renforcerait les inégalités entre les
personnes et le fait que certaines soient discriminées et mises à l’écart. La subjectivité de
la beauté rassure car comme le dit le proverbe « on trouve toujours chaussure à son
pied ». Autrement dit, si l’apparence d’une personne ne plait pas à quelqu’un, elle plaira à
un ou une autre.
L’apparence physique provoque des inégalités. Les personnes séduisantes ont plus
de chance de réussir que les autres. Mais pour celles dont le physique sort de la norme,
celles qui se sentent exclues, mal dans leur peau, il y a-t-il des aides apportées ?
Le but de l’association n’est pas de « changer » les choses. Elle essaie de réintégrer
les personnes dans la société, en leur inculquant les codes de beauté et les codes
vestimentaires. Les femmes doivent s’adapter aux normes de la société, non l’inverse.
De plus, elle a mis en avant le fait que nous sommes dans une société qui juge sur
l’apparence et qu’il faut prendre de la distance avec ce mode de fonctionnement. Elle dit
d’ailleurs que ce n’est pas l’apparence qui est discriminante mais le regard des autres. Je
trouve cette vision intéressante et qui reflète la réalité car si personne ne jugeait l’autre
sur l’apparence, les discriminations physiques n’existeraient pas. Chacun pourrait être qui
il veut. Elle rejoignait le point de vue de Jean-Charles Aponté de l’association « Joséphine
pour la beauté des femmes » car pour elle, il n’y a pas d’autres choix que de s’adapter à la
société et il faut aider les personnes à surmonter la pression infligée par la société.
Pour cette association les besoins sont aussi plus importants car ils sont davantage
sollicités dans des structures telles qu’Emmaüs. J’ai demandé si les personnes
accompagnées retrouvaient du travail par la suite. Ainsi, cela montrerait que l’apparence
physique à son importance au moment de l’entretien d’embauche. Elle m’a expliqué
qu’effectivement il y avait de très bons « résultats ». Ces membres de l’association ont
donc le sentiment d’avoir réussi quelque chose, de les avoir aidé à s’aimer, à aller mieux.
Ils sont « payés par des sourires ».
Bien sûr, il y a d’autres associations qui luttent contre les discriminations physiques
telles que la Maison de l’Europe d’Agen et du Lot-et-Garonne. Cette dernière se bat contre
ces discriminations en Aquitaine et agit à travers de la prévention au grand public, aux
jeunes des centres de loisirs et d’animation, aux entreprises, collectivités et associations.
Cela peut prendre la forme de conférences et débats, défilés de mode femmes fortes avec
42
la participation de l’association « Rondes en couleurs ». Il y a également l’association
« Allegro Fortissimo » créée en 1989 qui lutte contre les discriminations faites envers les
personnes de fortes corpulences. Elle a été, à plusieurs reprises, invitée sur des plateaux
de télévisions tels que France télévision, des radios, des émissions. Il y a aussi l’association
« grosso modo » créée en 1999 qui a pour but de regrouper des personnes qui sont en
surpoids. Elle propose du soutien mais aussi des activités sportives, des défilés de mode
grandes tailles, des stages de cuisine diététique et des « relookings ». L’association GROS
(Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids) quant à elle, regroupe des médecins,
psychologues, diététiciens. Le but est d’échanger, de réfléchir à propos de la
problématique de l’obésité et du surpoids, et à se former.
D’une part, une importance croissante est accordée à l’apparence physique. Les
hommes sont désormais concernés par les produits cosmétiques et par l’exigence de
beauté. C’est d’ailleurs ce que disait la dame membre de l’association CODES. A ma
question « avez-vous constaté une évolution du regard porté sur l’apparence
physique ? », elle avait répondu « oui car maintenant on demande la même chose aux
hommes ». Pour elle, il y a un délit de pauvreté et un délit de sale gueule pour ceux qui
n’ont pas les moyens de se « rendre beau ou belle ». Le phénomène récent qu’est le
Thigh Gap, montre aussi l’impérativité de se conformer aux standards de beauté
véhiculés par la société.
D’autre part, il semblerait pourtant que les personnes soient conscientes de cette
exigence et de ces fausses images diffusées dans les magazines et la télévision. Les
jeunes, eux, le sont moins. Surtout les jeunes filles pour qui, se comparer aux célébrités et
mannequins est nécessaire et peut conduire à des troubles du comportement
alimentaire, des comportements à risques etc. L’apparence physique a des conséquences
43
sur l’individu et c’est pour cette raison que certaines marques essaient de changer le
regard que porte la société sur ce critère discriminant.
La marque Dove, créée en 1957 aux Etats-Unis, est arrivée en France en 1991.
C’est une marque de produits de soin. Elle a lancé une campagne d’initiative mondiale en
2004 pour « les vraies beautés ». Son objectif est de redéfinir ce qu’est la beauté car pour
elle, les femmes et jeunes filles « devraient voir leur beauté comme une source de
confiance et non d’anxiété ». Elle dit que la société est en tort lorsque ces personnes
décident de ne pas vivre leur vie pleinement à cause du complexe liée à l’apparence
physique. A ce propos, Dove a fait une étude qui montre qu’à l’échelle nationale,
seulement 4% des femmes se trouvent belles.
Depuis 2004, la marque continue d’agir à travers ses campagnes telles que le
« fond d’estime de soi », « toutes belles, toutes différentes ». Un défilé a été organisé le 4
juin 2013 à Paris, où l’ont peut voir des femmes rayonnantes, souriantes et qui ont l’air
de s’amuser. Il y a un gros contraste entre ce défilé et le défilé « traditionnel » où les
mannequins sont maigres et où elles ne sourient pas. A travers le « fond d’estime de
soi », Dove s’est engagé à ne montrer que de « vraies » femmes dans ses publicités, c’est-
à-dire des femmes qui ne sont ni maigres ni trop minces, des femmes belles
naturellement. La marque ne retouche jamais ses photos.
Elle utilise des vidéos également pour changer le regard des femmes sur leur
apparence. Parmi ces vidéos, la plus récente, a été publié le 9 Avril 2014. Celle-ci est
intitulée « Dove patch ». Elle a pour but de montrer aux femmes qu’être belle c’est tout
d’abord se sentir belle. Des femmes mal dans leur peau à cause de leur apparence
physique, se sont portées volontaires pour une expérience. Elles doivent, pendant deux
semaines, utiliser le « patch beauté » et tenir un journal vidéo. Au départ, les jeunes
femmes ne sont pas convaincues de l’efficacité du patch, elles ne se sentent pas belles
davantage. Pourtant, au fil des jours, elles osent des vêtements qu’elles ne portaient plus,
leur vie quotidienne semblait plus facile et elles avaient davantage de relations sociales. A
la fin des deux semaines, la psychologue Ann Kearney-Cooke qui leur avait « prescrit » ce
patch, leur a demandé si elles voulaient savoir ce qu’il contenait. Lorsque ces femmes ont
regardé l’envers du patch, elles ont vu écrit le mot « nothing » (« rien » en anglais).
L’expérience a donc montré qu’avoir une mauvaise image de nous-mêmes pouvait avoir
des conséquences sur notre vie et nos relations personnelles. Avec l’effet placebo du
patch (c’est-à-dire « dépourvu de principes actifs, utilisé pour son effet
psychologique »24), l’estime de soi et la confiance en soi des femmes à augmenté,
améliorant leur quotidien et leur opinion sur leur apparence. A travers cette vidéo, Dove
a voulu montré que la beauté était un état d’esprit.
24
Définition de « placebo » sur le dictionnaire Larousse
44
Ces démarches peuvent être critiquées. En effet, nous pouvons nous demander si
Dove agit réellement pour le bien-être des femmes, ou si, en « s’achetant une bonne
conduite », en jouant la carte de l’émotion, la marque ne souhaite pas augmenter son
chiffre d’affaire. Il ne faut pas oublier qu’elle vend des produits et donc que son but
premier est sûrement la rentabilité. Nous pouvons nous demander si ces femmes ne sont
pas des actrices, jugées trop naïves par certaines personnes et la presse. Le New York
Magazine a déclaré que cette campagne « poubelle » faisait passer les femmes pour des
« abruties ».25
Outre ces marques qui luttent pour une « nouvelle beauté », des stars refusent à
présent d’être retouchées comme Kate Winslet (actrice britannique) et Scarlett
Johannson (actrice américaine). Elles ont posé sans maquillage ni retouche pour le
numéro de mars 2014 du magazine Vanity Fair.27 Le but est de rassurer les jeunes filles
qui peuvent se comparer à elles et leur montrer qu’elles sont « comme tout le monde ».
Des émissions de télévision comme 100% mag ou Must célébrités font des reportages
également sur ces célébrités qui « déclarent la guerre aux retouches photos »28.
L’usage d’Adobe Photoshop, logiciel de retouche a été dénoncé en Janvier 2014 par
une chanteuse franco-hongroise : Boggie. Elle a réalisé un clip pour sa chanson « Nouveau
Parfum », où elle est retouchée en temps réel. Nous pouvons voir sa transformation :
changement de couleur pour les yeux et les cheveux, maquillage, rouge à lèvre virtuel,
cernes effacés etc. Toutefois, ce résultat n’a été possible qu’à l’aide de montages vidéo
mais la chanteuse à tout de même réussi à faire parler d’elle et à dénoncer les retouches
excessives qui changent complètement une personne.29 En 2012, un réalisateur
américain, Jesse Rosten avait également dénoncé ces logiciels de retouche comme
Photoshop en créant une fausse publicité sur un soi-disant produit de beauté
révolutionnaire « Fotoshop by Adobé ».
25
Article publié sur Le Monde.fr le 15 Avril 2014
26
Article écrit par Juliana Bruno sur Le Figaro.fr publié le 23 Janvier 2014
27
Article écrit par Magali Rangin sur bfmtv publié le 6 Février 2014
28
Emission de 100% mag du 10 Mars 2014
29
Article écrit par Elodie Bousquet le 22 Janvier 2014 dans L’Express.fr (et un autre article sur Francetvinfo)
45
comme l'interdiction de vendre des sodas en promotion, de faire défiler des mannequins
trop maigres et de retoucher les photos dans les magazines. 30
Il avait réalisé un prototype l'été dernier, suite auquel il avait décidé de créer une
plateforme de crowdfunding (financement participatif qui utilise Internet) afin de mettre
sur le marché cette fausse Barbie. En effet, elle avait eu énormément de succès auprès
des enfants et parents.
A travers ces exemples, nous pouvons constater que les représentations sociales
sont en évolution. Néanmoins, il est nécessaire de nuancer ces propos car cela reste une
minorité d’acteurs qui luttent et pour le moment, l’apparence physique reste un critère
important dans les sociétés. Nous pouvons aussi noter que les initiatives en terme de
changement son davantage américaines. En France, comme le dit Jean-François Amadieu,
ce phénomène est ignoré tandis qu’en Amérique et en Angleterre, de nombreuses études
sont réalisées.
30
Reportage de Frédérique Prabonnaud et Pascal Caron diffusé sur France 2 le 28 Janvier 2014
46
Conclusion
« Paraître ou ne pas être ». La société nous oblige à suivre ses critères de beauté à
travers les médias et le regard des autres est également coupable. Coupable, car les
personnes qui ne remplissent pas ces critères sont exclues. C’est la raison pour laquelle il
faut paraître pour exister. Paraître beau ou belle, paraître bien dans sa peau. « Paraître »,
car notre apparence peut être modifiée grâce au maquillage, aux vêtements, aux
coiffures. Des changements peuvent s’opérer également à travers notre gestuelle et nos
postures. Et plus radicalement, la chirurgie esthétique peut transformer notre corps.
A travers mon mémoire, j’ai essayé de montrer que l’apparence physique avait une
importance non négligeable et ce, dès l’enfance. Certes, être séduisant ou non ne
détermine pas tout, mais cela influence tout de même les comportements. Il est tentant
de rejeter ceux qui ont un physique qui diffère de la norme.
Finalement, l’apparence physique joue un rôle majeur mais est complexe et peu
perceptible. Concernant l’entretien d’embauche par exemple, nous avons vu qu’il était
difficile de prouver que l’apparence du candidat avait influencé la décision du recruteur, si
tel était le cas. De plus, nous ne nous sommes pas toujours conscients des actions de
l’apparence physique. En réalisant ce mémoire, j’ai pu constater qu’effectivement, les
allusions faites concernant l’apparence étaient très nombreuses, voire même
quotidiennes. Et c’est lorsque l’on se penche davantage sur ce sujet, que nous pouvons
nous rendre compte de l’étendue et de l’omniprésence de l’apparence physique dans
notre quotidien...
47
Sources
48
« Belle autrement : en finir avec la tyrannie de l’apparence » de Sophie Cheval publié
le 22 Mai 2013
• Sites Internet :
Le Parisien.fr : http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/en-images-lammily-la-
fausse-barbie-aux-formes-normales-06-03-2014-3649691.php?pic=4#infoBulles1
Larousse.fr
www.psychologies.com
http://www.axaprevention.fr/applications-services/maladies/troubles-
psychologiques/Pages/depression.aspx
http://www.info-depression.fr/spip.php?article5
http://www.suicide-ecoute.fr/signes.php
Le Figaro.fr : - http://sante.lefigaro.fr/sante/maladie/boulimie-nerveuse/quest-ce-
que-cest
- Article écrit par Juliana Bruno publié le 23 Janvier 2014
Le Monde : - http://www.lemonde.fr/vous/article/2013/03/14/la-television-media-le-
plus-consomme-en-france_1848700_3238.html
- http://www.lemonde.fr/style/article/2014/04/15/des-patchs-pour-se-
sentir-plus-belle_4401350_1575563.html
49
- http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/03/28/la-divine-
proportion_3149817_1650684.html
L’Express : - http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/lutte-contre-les-
discriminations-le-cadre-legal_1384134.html
- http://www.lexpress.fr/styles/beaute/une-chanteuse-franco-hongroise-
denonce-l-usage-de-photoshop-dans-un-clip_1316333.html
- Article écrit par Caroline Politi sur L’Express publié le 26 octobre 2010
- Article du 27 Mai 2013 sur l’Express.fr
- Article : « Etre beau, "c'est presque vital dans certains jobs" » sur
L’Express d’Octobre 2010
- Article : « Diktat de la minceur: tout est relatif, même les kilos » sur
L’Express d’Octobre 2013
• Emission / reportages :
Reportage sur le Thigh Gap publié le 28 août 2013 sur BFM TV.
50
ANNEXES
Annexe 2 : Questionnaire
51
Annexe 1
• Agence de recrutement :
- L’apparence physique du
candidat doit-elle être
conforme à l’image de
l’entreprise ?
- L’importance de l’apparence
physique d’un candidat varie-t-
elle en fonction du poste
pourvu et de l’entreprise ?
- Serait-il possible
d’embaucher une personne
avec moins de compétences
mais plus séduisante qu’une
autre ?
52
Les entreprises peuvent nier ou - Que pensez-vous des CV Savoir s’il y a des solutions,
se soucier peu de l’importance rendus anonymes ? des moyens mis en place pour
de l’apparence physique lutter contre ces
- Finalement, l’apparence discriminations
physique est-elle
discriminante ? Si oui,
pourquoi ?
• Association CODES :
La socio-esthéticienne peut - Qu’est-il mis en place pour Savoir quels moyens sont mis
redonner confiance à des permettre aux personnes de en place pour aider et
personnes souffrant de leur reprendre confiance en elles ? accompagner ses personnes
apparence physique
- Il y a-t-il un suivi ? Les
personnes viennent-elles
plusieurs fois vous voir ?
L’apparence physique peut être
facteur de discrimination et - Pensez-vous que l’apparence
avoir des impacts sur physique peut être un facteur
l’individus de discrimination ?
53
- Avez-vous constaté une
évolution du regard porté sur
l’apparence physique ?
- La socio-esthétique est-elle le
signe que la société ne voit que
par l’apparence physique ?
(Comme le but est d’améliorer
l’estime de soi des femmes
mais aussi de les réinsérer
socialement)
- Le nombre de personnes
aidés ou d’adhérents a-t-il
L’apparence physique peut augmenté ? Selon vous, Savoir l’impact que peuvent
avoir un impact positif ou pourquoi ? avoir les discriminations liées à
négatif sur l’individu et est un l’apparence physique sur les
critère important - Quelles conséquences ont les individus et s’il y aurait des
discriminations physiques sur solutions.
les individus ?
55
Annexe 2
• la gentillesse : ……..
• la générosité : ……..
• l’humour : ………...
• l’intelligence : …….
• la beauté : …………
• la maturité : ……….
Si non, pourquoi ?
...........................................................................................................................................
...........................................................................................................................................
...........................................................................................................................................
□ oui □ non
Si oui, pourquoi ?
……………………………………………………………………………………………….……………………………………
……………………………………………………….................................................................................
..........................................................................................................................................
57
Je vous remercie d’avoir accordé de votre temps pour remplir ce questionnaire.
En application de la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, les
réponses à ce questionnaire resteront strictement confidentielles.
Annexe 5
Tableaux/graphiques des résultats du questionnaire
Situation familiale
4% 1% célibataire
marié(e)/pa
22% 35% csé(e)
en
38% concubinage
divorcé(e)
58
Catégories socioprofessionnelles
ouvrier
employé
7% 5%
profession
intermédiaire
25% cadre/chef
d'entreprise
39%
artisan/commerçant
8% retraité
5%
8%
étudiant
3%
autre
59
Critère de la beauté sur une échelle de 1 à 10
16
14
12 1
2
10
3
8
4
6 5
4 6
7
2
8
0
9
10
8 4
6 5
4 6
2 7
0
8
9
10
60
Critère de l'intelligence sur une échelle de 1 à 10
18
16 1
14
2
12
3
10
8 4
6 5
4 6
2 7
0
8
9
10
12 1
2
10
3
8
4
6
5
4 6
2 7
0 8
9
10
61
Critère de la générosité sur une échelle de 1 à 10
14
12 1
10 2
8 3
4
6
5
4
6
2
7
0
8
9
10
10 1
2
8
3
6 4
4 5
6
2
7
0
8
9
10
62
Si ces personnes sont influencées
par les médias, quelles sont leurs
réactions ?
personnes non
influencées
non
88%
63
Si les personnes ont été victimes de discriminations
physiques, quelles ont été leurs réactions ?
18 17
16 14
14 12
12 10
10
8
6 4 4
4
2 1
0
j'ai ignoré je me suis je me suis j'ai modifié je me suis l'opinion que autre
défendu(e) senti(e) mal mon exclu(e) j'ai de mon
apparence apparence
est devenue
plus négative
64
Le recruteur est-il influencé par l'apparence
physique des candidats ?
3% 2%
oui beaucoup
37%
oui un peu
non pas tellement
58% non pas du tout
6%
oui
non
94%
65