Psyco 1gso 2020 21
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PSYCHOLOGIE ET
COMMUNICATION
1G-SO • 2020-2021
______________________________________________
Contenus :
Livre:
Luc Bédard, Josée Déziel, Luc Lamarche. Introduction à la psychologie sociale, vivre
penser et agir avec les autres. ERPI-Le renouveau pédagogique, 4e édition, 2017
PSYCHOLOGIE ET COMMUNICATION
1. Le soi (clé de toute communication)
(Chapitre basé principalement sur : Bédard et al., 1998, 2017 ; et en partie sur DeVito et al., 2008)
?
Répondez rapidement 10 fois à la question :
« Qui suis-je ? » ou « Comment suis-je ? »
« Quels sont les traits qui me caractérisent le plus ? »
Le soi englobe l’ensemble des caractéristiques individuelles qui font qu’une personne est
différente des autres ou semblable à elles.
Exemple :
1. Le concept de soi :
les croyances à propos de soi-même
(image de soi, perception qu’on a de
soi-même) – Qui je suis
2. L’estime de soi :
l’évaluation qu’on fait de ses
caractéristiques propres, de ses points
forts et faibles. C’est le sentiment
qu’on a à l’égard de soi-même. –
Comment je m’évalue
3. La présentation de soi :
les comportements qu’on met en
œuvre pour exercer un contrôle sur
soi-même (régulation de soi) et sur (Bédard et al., 2017, 81)
Concept de soi = Ensemble des croyances qu’une personne entretient à propos d’elle-même.
Le concept de soi, c’est la perception qu’une personne a de soi-même. Il englobe ses traits de
personnalité, mais aussi, entre autres, son apparence physique, son statut social, son genre,
ses croyances et valeurs, ses intérêts.
? ?
Comment avez-vous obtenu des connaissances sur vous-même ?
Pour se connaître et élaborer son concept de soi, l’individu puise à diverses sources :
Exemple : Léa, en réfléchissant sur soi, se considère comme un être d’une timidité excessive et a l’intention de
tout mettre en œuvre pour qu’elle change.
PSYCHOLOGIE ET COMMUNICATION
1.2.2. L’observation et la perception des réactions des autres (« je suis comme on dit que
je suis »)
Les réactions des autres sont une source très importante des croyances que nous élaborons à
propos de nous-mêmes. L’individu se construit une image de lui-même à partir de celle que
lui renvoient les autres, par leurs comportements et, surtout, par leur manière de réagir et de
nous traiter. (Bédard, 2017 ; de Vito, 2008)
Exemple : une personne qui se perçoit comme nulle en mathématiques fonde sans doute ce jugement sur les
mauvaises notes que ses professeurs lui ont toujours données. La répétition de résultats médiocres a fini par
la convaincre que son manque d’aptitudes dans ce domaine constituait un trait de sa personnalité.
C’est surtout la perception des réactions des autres à notre comportement (« je suis ce que
je crois qu’on pense de moi ») qui joue un rôle important. (Le concept de soi ne se base pas
tant sur ce que les autres pensent vraiment de nous que sur la perception que nous en avons.)
On interprète toujours les réactions des autres par rapport à nous.
Ainsi, le professeur de mathématiques qui attribue une mauvaise note à un étudiant ne cherche pas
nécessairement à lui faire prendre conscience qu’il est faible dans cette matière. C’est l’étudiant lui-même
qui transforme une appréciation ponctuelle, faite à un moment précis, en un jugement définitif sur ses
aptitudes.
Pour nous définir, nous accordons beaucoup d’importance aux opinions que les autres
émettent sur nous (commentaires...). Mais nous n’acceptons pas toutes les informations que
les autres nous renvoient sur nous-mêmes. Nous sélectionnons les messages qui nous
semblent les plus significatifs, puis nous les interprétons à notre manière et au besoin nous
les déformons avant de les intérioriser.
(voir 1.3.)
Les indices internes révélés par l’introspection étant difficiles à interpréter, nous préférons
déduire ce que nous sommes, en observant nos propres comportements dans diverses
situations. (DeVito, 2008)
En observant ses propres comportements on peut obtenir des connaissances sur ses propres
attitudes, ses motivations, ses traits de personnalité. (Bédard, 1998)
Exemples : Après avoir constaté le plaisir que vous avez eu à parler à un étranger, vous en déduisez que
vous êtes très « sociable ».
Après avoir réagi calmement au cours d’un accident, vous constatez que vous pouvez faire preuve de
sang-froid remarquable. (DeVito, 2008)
Chacun découvre ainsi, après chaque nouvelle observation, ce qu’il est. (ou ce qu’il pense
être…) L’observation de notre comportement est donc déterminante pour l’image que nous
avons de nous-mêmes.
Avant de dire, par exemple, « je suis peu douée en dessin », je devrais disposer de critères et
de normes me permettant de me ranger dans une catégorie plutôt que dans une autre. Selon
la théorie de la comparaison sociale, la comparaison avec les autres fournit ces critères et ces
normes.
D’après cette théorie, l’individu détermine et évalue ses habiletés, ses attitudes et
caractéristiques personnelles en se comparant aux autres.1
Exemple : Léa s’estime trop timide lorsqu’elle se compare à son amie Laurie qui, à ses yeux, est très sociable.
Théorie de la comparaison sociale de L. FESTINGER (1954), trois postulats (cf. Bédard, 2017, 86) :
La comparaison sociale est un processus vital dans notre fonctionnement, utilisé par les gens
de manière quasi automatique.
? ?
Comment pouvez-vous, en tant que jeune adulte, améliorer vos connaissances de vous-même ?
Recherchez 3 à 4 moyens concrets !
1 La théorie de la comparaison sociale s’applique également à d’autres dimensions du soi comme les émotions, la façon de
s’habiller, le revenu, le prestige.
Trouver sa « personnalité » n’est pas nécessairement facile, car on peut avoir l’impression d’en avoir plusieurs !
Par exemple, Seyla, dans un travail à l’école, confiait qu’elle éprouvait parfois la sensation d’avoir une double
personnalité. À la maison, ses parents lui répétaient qu’elle était grincheuse, rebelle et « bête comme ses
pieds », tandis que ses amis la décrivaient comme une jeune femme souriante et épanouie. Elle s’interroge « Qui
est la vraie Seyla ? » (Bédard et al., 2017, 79)
?
Connaissez-vous une personne vivant ou ayant vécu le dilemme de Seyla (cette personne pouvant
évidemment être vous-même) ?
Peut-elle avoir un sentiment d’unité, d’identité ? – « Je serai ce que je suis et je suis ce que
j’étais »
Source : Bédard et al., 2017, 88 : Le schéma de soi d’un des auteurs de ce manuel
Les idées sur soi sont organisées dans notre mémoire sous forme de schémas (schémas de
soi), c’est-à-dire de réseaux de connaissances. Une façon de comprendre ces schémas est de
les comparer à des unités de classement de l’information, comme les rayons d’une
bibliothèque ou les fichiers d’un disque dur. (DeVito, 2008)
Les autres n’hésitent généralement pas à dire à leurs proches ce qu’ils sont, à commenter leur
apparence, leurs traits de personnalité, leurs attitudes ou leurs valeurs. Généralement, nous
prêtons beaucoup d’attention aux jugements émis par d’autres personnes, surtout s’il s’agit
de personnes crédibles. (DeVito, 2008)
Par, exemple, vous ne prêteriez pas beaucoup d’attention au compliment d’un vendeur, vous ne l’intégreriez donc
pas à votre image de soi. Par contre, si une personne que vous estimez beaucoup dit un jour que vous êtes une
personne « très ordonnée », elle aura à vos yeux beaucoup plus de crédibilité. Vous chercherez ainsi à justifier
cette qualité qu’elle vous octroie même si, dans la vie courante, vous vous trouvez habituellement assez
désordonné. Finalement il se peut que vous contestiez ce jugement puisque votre chambre est toujours en
désordre, vous ne retrouvez jamais rien, vous manquez souvent des rendez-vous. (DeVito, 2008)
En outre, nous filtrons et pouvons même bloquer l’information reçue si elle n’est pas
acceptable. En fonction de notre connaissance de nous-mêmes, nous allons jouer un rôle plus
ou moins actif dans l’acceptation de l’évaluation d’autrui. Les personnes qui possèdent une
connaissance de soi peu développée ou confuse sont plus sensibles aux jugements d’autrui
sur elles-mêmes. (DeVito, 2008)
Les schémas de soi ne sont donc pas statiques ; ils changent avec le temps. Mais, certains
schémas sont plus fondamentaux que d’autres et résistent davantage aux changements. On
peut donc, en même temps, parler d’une relative stabilité de ces connaissances sur nous-
mêmes. (DeVito, 2008) Les caractéristiques d’une personne peuvent toutefois encore varier
selon les situations (– voir exemple de Seyla ci-dessus). (tout en étant stables dans ces
situations) (Bédard, 2017, 90)
Selon Bédard (1998, 2017), l’individu a besoin d’un concept de soi stable. Un soi stable
rassure : il aide à se comprendre et à comprendre les autres.
En général cette tendance à vouloir conserver un concept de soi stable est utile. Elle devient
toutefois nuisible si la recherche excessive de stabilité empêche l’individu de s’adapter aux
nouvelles situations ou maintient chez lui une image de soi négative.
« Se haïr… il ne fallait pas être grand savant pour connaître que c’est la pire souffrance de l’homme. » Gabrielle
Roy
Estime de soi :
?
Mesure de l’estime de soi – échelle de Rosenberg : cf. fin du sous-chapitre 1.4. (p.12)
Par exemple, ils surestiment leur propre capacité à s’exprimer en public, se considèrent
comme plus généreux, plus heureux et, en général plus compétents que les autres. (Bédard
et al., 2017, 94)
2. Optimisme exagéré
Au cours d’une expérience, on a remis à des sujets un faux profil de personnalité, accompagné
de prévisions sur l’évolution de leur état de santé mentale et physique. Les prévisions étaient
optimistes pour la moitié des sujets et pessimistes pour l’autre moitié. Comparativement aux
autres, les sujets qui avaient reçu des prévisions pessimistes ont accordé beaucoup moins de
crédit au profil et en ont trouvé beaucoup moins d’illustrations dans leur vie quotidienne.
Des études ont montré que les gens surestiment leur chance de gagner les élections
auxquelles ils se présentent ou de détenir le billet de loterie gagnant.
Ainsi, la majorité des individus évaluent à environ 20 % le risque que leur mariage se termine
par un divorce, alors que le taux de divorce oscille autour de 50 % dans la population nord-
américaine.
Afin d’éviter que les réactions des autres ne menacent l’image positive que
nous avons de nous-mêmes, nous réinterprétons ces réactions. Cela nous
permet de ne pas prendre conscience de nos faiblesses.
5. Le biais de complaisance
- Ce biais est souvent utilisé par les élèves et étudiants pour expliquer leurs résultats scolaires.
De bons résultats ou leurs succès sont vus comme le produit de leurs efforts ou de leur
habileté naturelle, tandis que leurs résultats décevants ou leurs échecs sont attribués à des
facteurs extérieurs tels que le manque de temps ou les déficiences de l’enseignement.
- Les enseignants aussi utilisent ce biais quand ils attribuent les succès de leurs étudiants à
l’excellence de leur enseignement, et les échecs à un manque d’efforts ou d’aptitudes… des
étudiants.
- Également dans le monde du sport, le biais de complaisance est fréquemment utilisé par les
athlètes ou leurs instructeurs : ils attribuent leurs victoires à leur propre compétence, mais ils
cherchent des boucs émissaires pour excuser leurs défaites.
6. Le handicap intentionnel
Ce mécanisme intervient souvent lorsque les attentes des autres à notre égard
nous forcent à tenter de réaliser une performance que nous ne sommes pas
certains de pouvoir fournir. Nous prétextons alors que nous sommes malades,
anxieux, déprimés, etc.
7. La comparaison sociale
On se sent dévalorisé lorsqu’on ne réussit pas aussi bien que ses pairs dans
une activité à laquelle on consacre beaucoup d’efforts : chanter moins bien que ses
concurrent(e)s à un concours, se découvrir moins bon footballeur que la plupart des individus
de sa génération, sont des exemples d’expériences guère favorables au maintien d’une forte
estime de soi. (Bédard et al., 2017, 101)
Au cours d’une expérience célèbre, Morse et Gergen (1970) ont comparé les effets de la
comparaison descendante et de la comparaison ascendante sur l’estime de soi. Les sujets
avaient été choisis parmi les étudiants de sexe masculin ayant répondu à une offre d’emploi.
Au début de ce qu’il croyait être une entrevue de sélection, chaque étudiant devait remplir
une série de questionnaires parmi lesquelles figurait, à son insu, une mesure de l’estime de
soi. On lui demandait ensuite d’attendre dans une autre pièce, où se trouvait un deuxième
candidat : La variable expérimentale touchait l’apparence de ce candidat. On avait eu recours
à deux compères pour jouer ce rôle : la moitié des sujets ont fait la connaissance de M. Dirty,
un jeune homme vêtu d’un vieux pantalon et d’un pull malodorant, pieds nus dans ses
chaussures, qui semblait désorganisé et se promenait sans cesse dans la pièce : l’autre moitié
des sujets ont été mis en présence de M. Clean, un jeune homme soigné, muni d’un porte-
document et vêtu d’un costume noir impeccable. Plus tard au cours de l’étude, on mesurait
de nouveau l’estime de soi afin de voir si elle avait été modifiée par la rencontre du compère.
On a constaté que l’estime de soi avait augmenté chez les sujets qui s’étaient comparé à M.
Dirty, alors qu’elle avait baissé chez ceux qui avaient été mis en présence de M. Clean.
Nous venons de voir que les stratégies visant à assurer le maintien de l’estime de soi
exigent souvent de manipuler la réalité ou de la déformer. Mais, est-ce qu’il ne vaut
pas mieux poser sur la réalité et sur soi-même un regard juste, réaliste ?
Des personnes ayant une perception plus adéquate de la réalité ont tendance à se
rappeler les informations tant positives que négatives à leur sujet. (Elles ont une
moins bonne image d’eux-mêmes, mais réaliste). Leur perception d’elles-mêmes
s’harmonise aussi relativement bien avec les évaluations des autres. Ces individus
sont donc souvent plus authentiques, car ils n’ont pas besoin de jouer un rôle devant
les autres et devant soi.
En outre, elles ont moins tendance à recourir au biais de complaisance ou à d’autres
déformations de la réalité, ce qui leur permet d’évoluer, d’apprendre, de changer.
Toutefois, nos illusions peuvent parfois être très utiles. Nous trouvons, en effet, des
avantages importants à nous percevoir de façon plus favorable que la réalité ne le
justifie :
Certaines personnes éprouvent des difficultés à réussir à cause d’un manque de confiance en
soi. La peur de l’échec et l’insécurité liées à une faible estime de soi empêchent de prendre
des risques. Parfois l’individu perd la motivation à faire quoique ce soit car il est convaincu
que cela ne sert à rien d’agir ou d’essayer car de toute façon il va échouer. Une faible estime
de soi peut ainsi entraîner les conséquences suivantes : difficultés d’apprentissage, faible
socialisation/timidité, insécurité, dépendance/manque d’autonomie, conformisme/le fait
d’être trop influençable, etc. 2
http://www.ffapamm.com/publications/bibliotheque-virtuelle/jeunes-developper-lestime-de-soi-chez-les-jeunes_1823 dl:
27/07/2015
De façon générale, les individus dont l’estime de soi est faible tendent à être plus
pessimistes quant à l’avenir, supportent moins bien la critique et sont plus vulnérables
à la dépression, alors que ceux ayant une forte estime de soi sont plutôt optimistes
quant à l’avenir, ce qui est relié au sentiment d’être heureux et à la capacité de faire
face au stress. (Bédard et al., 2017, 103)
L’estime de soi aide donc à être heureux, mais peut aussi se traduire par du
narcissisme, qui rend difficile le contact avec les autres et nuit à l’individu lui-même.
En donnant une image de soi exagérément avantageuse, elle encourage l’individu à
utiliser des stratégies visant à protéger cette image et diminue sa motivation à faire
des efforts pour s’améliorer. (Bédard et al., 2017, 104)
L’échelle d’estime de soi basée sur l’échelle de Rosenberg: dans Bédard et al., 2017, p.94
Jusqu’ici nous avons vu que l’individu a une image de soi (concept de soi) et accorde
une valeur à soi-même (estime de soi). Mais le soi guide également le comportement.
Par exemple, si vous pensez avoir une personnalité rebelle – du moins devant vos parents –, cette vision
de vous-même orientera vos interactions avec eux. (Bédard et al., 2017, 107) (plus ou moins
inconsciemment)
L’individu est aussi capable de guider son comportement, d’avoir donc un certain
contrôle sur soi-même ; c’est-ce qu’on appelle régulation de soi = processus par
lequel nous cherchons à contrôler ou à modifier nos pensées, nos émotions, nos
comportements et nos besoins. (Bédard et al., 2017, 107)
Nous tentons également de contrôler les impressions que les gens se font de nous :
C’est la présentation de soi. (Bédard et al., 2017, 110)
Présentation de soi :
Par exemple : Lorsqu’on se demande quels vêtements porter, quelle attitude adopter devant les autres,
on centre son attention sur la présentation de soi. (DeVito, 2008)
Dans la présentation de soi, cherchons-nous à être perçus tels que nous sommes – ou
du moins, tels que nous nous percevons – ou à présenter une image correspondant à
ce qu’exige la situation ?
Ainsi, lors d’une entrevue de sélection pour un emploi, la plupart des candidats tentent de
percevoir les exigences de l’employeur éventuel quant à la tâche et de s’y adapter (la sincérité
n’est pas toujours rentable dans cette situation !)
Ø Dans nos rapports quotidiens avec les autres, notre mode de présentation
varie aussi en fonction des buts que nous poursuivons. Souvent on recherche
à produire un certain effet sur les autres, à donner une certaine impression
de soi, ou à provoquer une réaction déterminée chez autrui.
Par ailleurs, il est tout à fait naturel que nous adaptions notre comportement et notre
image de soi aux situations sociales. Pour ce faire, l’individu recourt à sa capacité de
se voir comme un acteur dans le jeu social. Le soi peut donc être défini comme
l’intégration des divers rôles que nous apprenons à jouer en vue de répondre à ce
que nous percevons comme les attentes de notre entourage. (Bédard et al., 2017, 110,
111)
Les réseaux sociaux comme Facebook nous offrent plus que jamais la possibilité de
soigner notre présentation stratégique de soi. En dressant leur profil, les utilisateurs
peuvent renforcer leur image de soi par de nombreuses photos illustrant les multiples
visages qu’ils veulent se donner, le tout formant une mosaïque où le soi idéal se
confond avec le soi réel. (Bédard et al., 2017, 111)
La plupart des gens font d’importants efforts pour se présenter sous un jour favorable,
notamment parce qu’ils ont besoin de plaire aux autres ou d’obtenir leur approbation.
(par peur de l’exclusion sociale) (Bédard et al., 2017, 112)
Dans notre vie quotidienne, nous ne pouvons évidemment pas consacrer l’essentiel
de notre énergie à exercer volontairement un contrôle de soi. Ce contrôle se fait la
plupart du temps de façon plus ou moins inconsciente.
Cependant, certaines situations nous amènent à centrer notre attention sur soi :
parler en public, passer devant un miroir, être filmé, recevoir un feedback de notre
entourage sont autant de circonstances qui nous forcent à prendre conscience de
divers aspects de ce que nous sommes.
C’est donc souvent le cas dans les situations où on est observé et/ou jugé.
Également dans une situation d’échec, où dans une situation dans laquelle on est
rejeté par les autres, on commence à réfléchir sur soi, à prendre conscience de soi.
Imaginons que vous assistez à un cours auquel vous êtes plus ou moins bien préparé et que
le professeur vous demande de répondre à une question. Cette situation risque de provoquer
chez vous une crise de la conscience de soi. En effet, vous êtes alors obligé de prendre
conscience de l’état de vos connaissances (ou la profondeur de votre ignorance...), et de
supporter le regard des autres. Cette expérience risque d’être fort éprouvante.
En vous plaçant ainsi devant votre manque de préparation, vous serez fort
probablement amené à vous mettre en question : Vous comparerez alors votre
propre comportement avec :
- les normes internes, définissant ce que vous voudriez faire – le soi idéal
- ou les normes externes, définissant ce que vous devriez faire – le soi obligé.
La prise de conscience de divergences (incohérences) entre ces états du soi peut se
traduire par une activation émotionnelle douloureuse.
- Entre le soi et le soi obligé, le décalage génère de la culpabilité ou de l’anxiété ;
- entre le soi et le soi idéal, il génère des sentiments dépressifs. → diminution de
l’estime de soi
Dans l’exemple ci-dessus, on risque donc de se trouver en dessous de ses propres exigences de
rendement, et en dessous de ce qu’on attend de vous.
Une émotion douloureuse n’est pas mauvaise en soi. Celle-ci peut amener l’individu
à ajuster ses normes internes (ou son comportement).
Par exemple, vous prendrez conscience que vos exigences de performance en classe sont trop élevées
ou que vous devriez consacrer plus de temps à vos études.
Mais l’évitement n’est pas toujours possible. Pour des raisons situationnelles ou
individuelles, il arrive que l’on ne puisse échapper à la prise de conscience de soi, et
qu’on ne parvienne pas pour autant à ajuster son comportement. À la longue, cela
peut se traduire par une dévalorisation systématique de soi-même et entraîner un
cycle dépressif dont il sera difficile de sortir.
Des recherches ont montré que les gens plus portés à réfléchir sur eux-mêmes éprouvent en général
moins de satisfaction dans leurs interactions sociales.
La conscience de soi peut donc être source d’adaptation, ou bien être source de
problèmes psychologiques si elle consiste en de la rumination mentale. Celle-ci mène
davantage à la culpabilisation qu’à la connaissance de soi.
La conscience de soi aiguë en un coup d’œil : voir tableau dans Bédard et al., 2017,
p.110
(Chapitre basé sur : Leyens, Yzerbyt, 1997 ; Bédard et al., 2017 ; et Delouvée, 2010)
« Vous déambulez dans un centre commercial. Comme à chaque fois, les soldes sont parvenues à vous
attirer dans ce temple de la consommation. Un jeune homme vous interpelle. Adepte de l’Eglise de
Scientologie, il vous propose de passer gratuitement un test de personnalité et d’en savoir ainsi plus sur
les raisons profondes qui vous empêchent de vous épanouir dans votre vie professionnelle, sociale et
affective. Vous ne parvenez pas à le quitter sans accepter une documentation détaillée sur l’oeuvre de
Ron Hubbard, le fondateur du mouvement. Sur le chemin du parking, un militant de Greenpeace vous
encourage à signer une pétition. Plus tard, en début de soirée, le journal télévisé laisse une large place
au premier ministre venu défendre une série de mesures qu’il qualifie de courageuses mais nécessaires
pour relancer l’économie et réduire le chômage. Malgré les mauvaises nouvelles du monde et une série
interminable d’écrans publicitaires, vous patientez. Enfin, votre retransmission sportive favorite débute.
C’est à ce moment que retentit la sonnette. Votre voisin vient vous offrir d’être le premier à pouvoir
racheter son ancienne voiture...
(Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 99)
Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-ce que tous ces gens essaient de faire avec vous ?
Toutes ces personnes, dans l’exemple ci-dessus essaient de changer vos attitudes.
Mais qu’est-ce qu’on entend exactement par « attitude » ?
a. Définition
L’attitude est l’évaluation à l’égard d’un objet. Elle peut s’avérer positive ou négative,
ou bien neutre*. (Leyens, Yzerbyt, 1997).
*indifférence ou ambivalence
Évaluer les personnes, les objets et les idées est une activité à laquelle nous nous
livrons constamment. Ces évaluations reposent parfois sur une analyse approfondie
des arguments favorables ou défavorables, mais souvent elles se forment au premier
contact. (Bédard et al., 2017, 122)
On peut aussi dire que l’attitude constitue une prise de position en faveur ou en
défaveur d’un objet. (Delouvée, 2010, 64)
Les gens ont des attitudes à propos d’une foule de choses. Il peut s’agir d’autres personnes,
comme son meilleur ami, son voisin, le premier ministre du pays, le personnage d’un livre ou
d’un film, les homosexuels ou les réfugiés. Il est aussi question d’objets bien concrets, comme
une voiture, les téléphones portables ou un plat cuisiné. Parfois, enfin, certaines attitudes
concernent des concepts abstraits (ou des problèmes contemporains) comme la peine de
mort, l’avortement, le mariage des homosexuels, la dépénalisation du cannabis, l’écologie ou
la globalisation. (Leyens, Yzerbyt, 1997 ; Delouvée, 2010)
Par ailleurs, nous ne sommes pas toujours conscients des évaluations que nous faisons
d’un objet. Ainsi, il arrive que l’évaluation que nous exprimons verbalement aille à
l’encontre de l’attitude que nous avons au « fin fond de nous » à l’égard d’un objet.
(Bédard et al., 2017, 123)
Exemple : prétendre qu’on n’a pas de préjugés à l’égard des réfugiés, alors que nous montrons
un comportement négatif par rapport à ces personnes.
(Cf. également distinction entre attitudes explicites et implicites + exemple Bédard et al., 2017, p. 126)
Même si les attitudes supposent donc une certaine permanence, il est possible
d’amener les gens à changer leurs attitudes. Si vous voulez influencer les
comportements d’autres personnes, il faut d’abord essayer d’agir sur les attitudes,
car, changer les attitudes permet de modifier le comportement.
Dans cette optique, il est important de savoir que l’attitude comporte trois
dimensions (ou composantes), qui sont fortement liées entre elles : Leyens, Yzerbyt, 1997,
108-109
- dimension cognitive
- dimension affective
- dimension conative
Autres exemples :
Si cet enseignant vous paraît trop sévère (composante cognitive) et que vous n’aimez pas vous
faire imposer des choses (composante affective) il est fortement probable que vous évitiez ses
cours (composante conative). (Delouvée, 2010, 65)
L’idée qu’une attitude comporte trois composantes distinctes mais fortement liées entre elles
intéresse particulièrement toute personne qui entend modifier les attitudes d’autrui. En
jouant sur un des trois aspects, on peut en effet espérer bousculer les deux autres et
provoquer un changement d’envergure. (Leyens, Yzerbyt, 1997, 109)
? Question de réflexion :
Comment vous y prenez-vous habituellement auprès de vos amis pour les faire changer
d’opinion ?
Les études portant sur le changement d’attitude visent essentiellement deux objectifs qui se
rejoignent.
1. Comprendre ce qui se passe lorsque le changement se produit
2. Mettre en lumière les stratégies susceptibles de provoquer le changement.
(Bédard et al., 2017, 131)
La persuasion peut être définie comme un acte de communication ayant comme but
de modifier les attitudes d’un individu en modifiant ses croyances*. (Leyens, Yzerbyt,
1997, 111)
1. QUI : LA SOURCE
- Crédibilité de la source
La crédibilité de la source détermine le degré de confiance que l’on accorde au
message. Elle dépend de la compétence de la personne qui émet le message
persuasif. La compétence renvoie à différentes caractéristiques de la source : ses
connaissances, son intelligence, la facilité avec laquelle elle s’exprime, la qualité de
son élocution, ses diplômes. Nous acceptons plus facilement les opinions des experts,
sauf s’ils nous contredisent sur une question qui nous tient à cœur. Mais il n’est pas
nécessaire d’être un véritable expert pour provoquer un changement d’attitude : il
suffit que les gens vous perçoivent comme tel.
Les annonces publicitaires présentant un comédien vêtu d’une blouse blanche de
laboratoire qui lui donne l’apparence d’un médecin reposent sur cette constatation.
Les spectateurs ont beau savoir que le prétendu médecin est en fait un comédien, ils
sont malgré tout réceptifs au message.
En plus une source apparaîtra d’autant plus crédible qu’elle se percevra elle-même
convaincue de la justesse de son message, et qu’elle ne poursuit pas d’intérêts
personnels (être payé pour persuader, vendre quelque chose, etc.). (Bédard et al.,
2017, 132-133) Il est donc également important d’être perçu comme honnête.
Donc : Si la personne qui veut persuader est perçue comme compétente et/ou
honnête elle va plus facilement provoquer un changement d’attitude.
- Similarité / familiarité
Souvent, le véritable facteur qui nous fait changer d’attitude est
l’identification à un personnage qui nous ressemble ou qui nous est familier.
Exemples : - si on recourt, dans les publicités, à des personnes célèbres
- les intervenants qui aident les toxicomanes à se défaire de leur dépendance sont
souvent eux-mêmes d’anciens drogués
2. QUOI : LE MESSAGE
Une des principales questions : Pour convaincre, est-il préférable de faire appel à la
raison ou aux sentiments ? de présenter des arguments solides et clairs ou de
susciter de fortes émotions ?
Les discours qui cherchent à éveiller les émotions du public occupent une place importante
en politique. (ex : appels vibrants à l’unité du pays, à la fierté des citoyens ou à la protection
de l’environnement...) Les messages publicitaires utilisent le même procédé. Cependant,
beaucoup de politiciens et de publicitaires tentent aussi de convaincre le public cible en
faisant appel à la raison. Par exemple, pour amener les gens à utiliser un préservatif lors des
rapports sexuels, on recourt à une argumentation logique démontrant que les préservatifs
constituent une barrière efficace contre les infections transmissibles sexuellement.
Le contenu et le style d’un message doivent être adaptés au public cible. (son niveau
intellectuel, son âge ou son niveau d’attention, par exemple)
4. COMMENT : LE CANAL
Il s’agit du moyen que l’on utilisera pour que le message atteigne sa cible. (discours,
télévision, texte écrit, média électroniques, etc.)
Les messages persuasifs (cf. persuasion) qui font appel à nos sentiments ont un
objectif clair. Ils évitent de nous donner une liste interminable d’arguments et
préfèrent susciter des réactions affectives fortes. L’espoir n’est pas seulement
d’attirer l’attention, mais aussi de changer les attitudes et le comportement d’une
manière efficace. (Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 130)
A. L’impact de l’humeur
L’humeur d’une personne lorsqu’elle reçoit un message peut influer sur la façon dont
elle le traitera.
Ainsi, quand nous sommes de bonne humeur, nous sommes moins vigilants. Nous
avons l’impression que les choses se passent bien, qu’il n’y a vraiment pas de quoi
s’inquiéter. Nous serons alors plus tentés de nous contenter d’indices de crédibilité et
d’expertise de la source pour évaluer le message. Le traitement du message est donc
plus superficiel. (On n’a pas envie de faire une analyse sérieuse des arguments,
puisque tout va bien. On n’écoute alors pas vraiment les arguments, on n’utilise pas
son sens critique.) (Bédard et al., 2017, 137 ; Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 134-136)
Les sectes, par exemple, essaient de mettre les nouvelles recrues de bonne humeur dans le but
d’exercer une influence sur eux et de provoquer des réactions positives : accueil agréable etc.
Immergée dans une atmosphère paradisiaque, la nouvelle recrue aura toutes les peines du
monde à engager son sens critique pour contester le bien-fondé des affirmations du gourou.
(Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 134-136)
C’est également le but des publicités : vous mettre de bonne humeur, vous mettre dans un état
émotionnel positif : Intégrer de l’humour ou faire figurer de beaux hommes ou de belles
femmes, sexy en plus, ou bien des petits enfants adorables, des animaux, etc., suscite chez les
spectateurs des émotions positives, ce qui les rend plus ouverts pour se laisser influencer.
Une humeur noire, au contraire, nous rendra plus méfiant et sceptique. Nous
analyserons alors la qualité du message plus en profondeur. (Bédard et al., 2017, 137)
à L’humeur positive incite donc les gens à un traitement superficiel du message alors
que l’humeur négative favorise un examen approfondi des arguments.
Pour vérifier les effets bénéfiques de la peur sur le changement d’attitude, Janis et Terwilliger (1962) ont mené
une étude qui, à bien des égards, préfigure les options théoriques et méthodologiques actuelles.
- Dans une première phase, les sujets devaient s’imaginer en train de fumer une cigarette. Il s’agissait de
livrer toutes les réflexions qui leur venaient à l’esprit. Ce matériel était codé afin de déterminer si les
gens étaient opposés ou favorables au tabac.
- Dans un deuxième temps, les participants étaient confrontés à un message peu ou très effrayant (deux
groupes). Dans le premier cas (1er groupe), l’expérimentateur exploitait des termes à la fois objectifs et
abstraits pour indiquer que le cancer était la conséquence première du tabagisme. Dans le second cas
(2e groupe), le message mentionnait ces mêmes informations mais s’attardait également à décrire les
symptômes douloureux, les dommages physiques et le taux de mortalité important associés au cancer
du poumon. Après chaque paragraphe, les sujets étaient invités à dire tout haut à quoi ils songeaient.
Ces associations permettaient non seulement de vérifier le degré de perturbation émotionnelle au sein
de l’assistance mais aussi la nature défavorable ou favorable des réactions des participants.
- Enfin, à l’issue de cette présentation, les sujets devaient à nouveau s’imaginer en train de fumer et
évoquer tout ce qui leur passait par la tête.
→ Sans surprise, le message très effrayant est celui qui émeut le plus l’audience. Plus étonnant par contre, et en
accord avec des résultats antérieurs, une plus grande frayeur ne donne pas lieu à davantage de changement
d’attitude. (Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 136-137)
La peur est depuis toujours un outil efficace pour convaincre, particulièrement quand
il s’agit de modifier des attitudes reliées à la santé.
- Toutefois, le niveau d’angoisse ne doit pas être trop élevé, parce qui se la peur
est trop intense, la personne risque d’utiliser des stratégies d’évitement (p.ex.
minimiser les problèmes, contester les arguments, ignorer l’existence du
danger)
- En plus, la peur a un grand pouvoir de persuasion à condition que la menace
soit plausible et que l’on propose à l’auditoire un moyen crédible (réaliste) et
sûr d’éviter le danger.
(Bédard et al., 2017, 136 ; Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 136-137)
Pour atteindre son objectif, un message de peur doit donc faire bien plus qu’effrayer
l’audience. Il doit informer les gens des mesures concrètes, détaillées et efficaces à
entreprendre pour changer leurs habitudes.
Par exemple, si on informe des fumeurs des stratégies efficaces pour arrêter de fumer, on
augmente très nettement les chances qu’ils changent ce comportement. (Leyens, Yzerbyt,
1997, p. 136-137)
Autre exemple : Un message qui suscite chez les personnes sexuellement actives une peur
intense des ITS sera nettement plus efficace s’il propose un moyen clair et réaliste d’éviter le
danger : l’usage du préservatif, présenté comme solution efficace et simple pour prévenir le
sida tout en continuant à mener une vie sexuelle active. La solution de l’abstinence sexuelle
amènerait les gens plutôt à fuir les avertissements qu’à éviter les dangers. (Bédard et al., 2017,
137)
« Les événements se déroulent dans les années vingt à Dallas. Clyde Barrow, un adolescent, mène une
vie sans histoire au sein d’une famille nombreuse comme il y en a tant d’autres en cette période de crise
économique. Bien sûr, il lui arrive de faire l’école buissonnière mais rien ne laisse entrevoir que ce garçon
mourra quelques années plus tard au cours d’une fusillade sur une route de Louisiane. Aucun signe ne
permet de dire qu’il sera un criminel à ce point célèbre que Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot lui
dédieront une chanson ainsi qu’à sa compagne d’infortune. Vous connaissez tous la fameuse ballade
de Bonnie and Clyde.
L’histoire de Clyde Barrow est d’une atroce banalité. Les archives rapportent en effet que Clyde avait
utilisé une voiture de location pour rejoindre Anne, sa petite amie de l’époque. Suite à une querelle
d’amoureux, celle-ci était partie se réfugier chez une tante à 250 km de Dallas. Après quelques jours,
la société de location chercha à récupérer la voiture. Lorsque la police se présenta au domicile de la
tante, Clyde prit peur et alla se cacher dans les bois. A ce moment, il réalisa sans doute que sa vie
avait basculé. Il était devenu un criminel. Après quelques vols de voitures, Clyde se persuada qu’il
pouvait s’aventurer dans les épiceries et partir avec la caisse. Rapidement, les banques ne lui firent
plus peur. Enfin, les meurtres lui parurent un mal nécessaire. Ce récit ressemble sans doute à celui de
milliers d’autres malfrats. De fil en aiguille, un individu en vient à se lire comme un marginal et justifie
ses actes en changeant ses attitudes. » (Leyens, Yzerbyt, 1997, p. 139-148)
Jusqu’ici nous avons vu que le comportement des gens peut être modifié si on réussit
à changer leurs attitudes. (par la persuasion, avec ou sans appel aux émotions)
La théorie de la dissonance cognitive proposée par Festinger (1957) montre que les
attitudes peuvent aussi changer après un comportement.
Selon cette théorie, un changement d’attitude se produit dans le but de mettre fin à
une situation de dissonance. Une dissonance cognitive existe quand notre attitude et
notre comportement sont en opposition.
Explications :
Pour se sentir bien, l’être humain a besoin d’une consistance interne : normalement
le comportement est en cohérence avec l’attitude (ses cognitions et affects). Lorsque
l’individu prend conscience d’un conflit entre son comportement et ses attitudes, il
ressent une dissonance cognitive, état de tension désagréable. (malaise
psychologique et physiologique)
Pour revenir à notre exemple introductif, Clyde Barrow a sans aucun doute très mal vécu sa
première mésaventure avec la police. Ici, il y a opposition entre son attitude et son
comportement.
- D’un côté, il n’a jamais eu de problèmes avec les représentants de l’ordre et a toujours
été un citoyen honnête (attitude).
?
- Cherchez d’autres exemples de contradiction entre le comportement et l’attitude !
Dans bien des cas, suggère Festinger, il est plus facile d’éliminer la dissonance en
modifiant ses attitudes plutôt que son comportement.
On justifie ainsi son comportement, on trouve des excuses, on rationalise (= trouver
une explication a posteriori à son acte). Certains modifient simplement leurs
croyances.
Exemples :
le fumeur qui dit « j’ai besoin de la cigarette pour me détendre » ou « bof, mourir de ça ou
d’autre chose ! » ou « fumer n’est pas dangereux, ne provoque pas de cancer ».
Changer ses attitudes signifie donc ici modifier ses croyances, ses pensées, ses
sentiments par rapport à un objet pour qu’ils soient en cohérence avec le
comportement face à cet objet.
Exemples :
- Clyde : « Voler est interdit » et je suis un garçon - Un jour, je suis poursuivi par la police parce que
honnête (AX) qui ne vole jamais (CX) j’ai volé une voiture (CY) è « Je suis devenu un
criminel », « voler est facile »… (AY)
Lorsque les quatre conditions suivantes sont remplies, on peut dire que la personne
se trouve dans état de dissonance cognitive, et changera probablement d’attitude :
Cette théorie
a. permet d’abord de comprendre ce qui se passe lorsqu’un changement
d’attitude se produit soudainement chez une personne.
b. Elle permet aussi de comprendre pourquoi certaines personnes persistent
dans leurs comportements nocifs, quels mécanismes ils utilisent lorsqu’il leur
est trop difficile de simplement abandonner le comportement en question.
c. Nous pouvons éventuellement en déduire des stratégies pour changer les
attitudes :
Si on veut amener des personnes à changer leur attitude, on peut leur faire adopter
d’abord les comportements en opposition et les mettre ainsi dans une dissonance
cognitive, de façon à ce qu’ils changent d’attitude. (Le comportement en question est
ici le fait de faire autrement que selon ses habitudes.)
Exemples :
- faire le tri des déchets alors que les personnes concernées n’ont aucun sens pour la nature et
ne considèrent pas comme important de protéger l’environnement ;
- cuisiner ensemble des produits frais et des menus sains avec son nouvel ami alors que ceci
n’est pas important dans l’environnement familial de celui-ci.
Pour changer les attitudes des individus, il faut leur imposer des comportements
contraires à leurs attitudes tout en préservant une illusion de liberté.3
Autre exemple :
dans : Luc Bédard, Josée Déziel, Luc Lamarche (2017). Introduction à la psychologie
sociale, vivre penser et agir avec les autres. ERPI-Le renouveau pédagogique, 4e
édition, pp. 161-170 et pp. 192-201
dans : Luc Bédard, Josée Déziel, Luc Lamarche (2017). Introduction à la psychologie
sociale, vivre penser et agir avec les autres. ERPI-Le renouveau pédagogique, 4e
édition, pp. 207-226 et pp.238-249
On doit cette expérience, datant de 1966, à Hofling, Brotzman, Dalrymple, Graves et Pierce.
Un soi-disant médecin nommé "Smith" appelle les infirmières par téléphone et leur
demande d'administrer 20 mg d'un médicament (Astroten) à un patient.
source: https://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/experiences/relations-intergroupes/145-soumission-a-l-autorite-a-
l-hopital
source :
- Bédard, Luc; Déziel, Josée ; Lamarche, Luc: Introduction à la psychologie sociale. ERPI, 2012.
P. 336-337
Qu’est-ce qu’un groupe ? Est-ce que n’importe quel ensemble d’individus forme un
groupe ? Par exemple, les gens qui attendent l’autobus au même arrêt constituent-ils
un groupe ?
Ainsi, des individus qui se trouvent au même arrêt d’autobus ou dans le même magasin en
même temps ne constituent pas un groupe, puisqu’ils n’interagissent pas.
Buts communs !
Une association des élèves se forme dans le but de servir et de défendre les intérêts des élèves,
des alcooliques anonymes se regroupent dans le but de s’entraider… Par contre les gens de
l’arrêt d’autobus poursuivent des buts individuels différents.
Stabilité et durée
ex. comité des élèves, association du personnel, groupe de travail… Les structures et normes
de ces groupes sont stables, et les relations entre leurs membres sont relativement durables
(semaines, mois ou années)
Interdépendance
Ce que fait un membre du groupe a une influence sur les autres membres.
Par exemple, lorsqu’on fait un exposé oral en groupe et qu’un coéquipier n’a pas fait son
travail, toute l’équipe en souffre.
Pour qu’un ensemble d’individus forme un groupe, il faut que les individus se considèrent eux-
mêmes comme membres du groupe, qu’ils s’identifient consciemment au groupe, qu’ils aient
l’impression de former une unité.
On distingue, en général :
source :
- Bédard, Luc; Déziel, Josée ; Lamarche, Luc: Introduction à la psychologie sociale. ERPI, 2012. P. 338-339
L’être humain est un animal naturellement grégaire (grégarité). En effet tout être
humain possède un besoin inné d’être avec les autres et ceci dès sa naissance. (pour
approfondir vos connaissances vous pouvez vous référer aux expériences de
Ainsworth, Spitz, Bowlby, Harlow)
1. Les groupes peuvent nous aider à atteindre des buts qui nous seraient
autrement inaccessibles (p.ex. groupe de travail).
2. Les groupes nous donnent la possibilité d’acquérir des connaissances ou
d’obtenir des informations (p.ex. classe)
3. Les groupes permettent de combler des besoins psychologiques et sociaux
importants (p.ex. affection, attention, sécurité).
4. Les groupes nous donnent la possibilité de nous amuser (p.ex. jeu de société).
5. L’adhésion à un groupe contribue à établir notre identité. Se regrouper
permet de se définir, de se décrire soi-même, d’élaborer son concept de soi
(cf. les sources du concept de soi). Même les individus les plus marginaux ne
détestent pas à s’identifier à au moins un groupe.
Il existe toujours une certaine organisation interne dans les groupes, c’est-à-dire il y
existe des rôles et des statuts.
Le rôle, c’est la fonction que chacun exerce dans un groupe, tandis que le statut fait
référence à la position qu’il occupe dans la hiérarchie.
Dans un groupe de travail, les rôles sont souvent déterminés de manière assez explicite. Lorsque vous
établissez votre plan de travail en équipe, vous divisez généralement les tâches en fonction des
capacités et des préférences de chacun. Souvent un leader émerge également dans le groupe.4
Dans une organisation, par exemple, plusieurs statuts coexistent : directeur, chargé de direction, chefs
de groupe, éducateurs, aides-éducateurs…
De façon plus générale, le statut (ou la position) est la place qu’un individu occupe
dans un système à un moment donné. (BERJOT, DELELIS, 2005)
Ex : chargé de direction dans un foyer de jour, auxiliaire de vie dans un CIPA, professeur
au lycée technique, élève, ….
Le rôle est l’ensemble des attitudes, comportements et valeurs qui sont associés à ce
statut. Ce sont les conduites attendues de l’individu du fait de son statut, du contexte
social et de la situation.
à Quel est, par exemple, le rôle du docteur aux urgences du CHL ? Quel est le rôle de
l’élève à son lycée ?...
Chacun d’entre nous est amené à assumer des rôles différents à divers instants de la
journée : mari, ami, professeur, automobiliste, sportif, etc.
Certains psychologues sociaux prétendent que la vie en société n’est rien d’autre
qu’un immense théâtre avec ses personnages, ses scènes, etc.
Certains rôles, comme celui d’ami, sont très informels et implicites, d’autres, comme
celui de juge d’instruction, (ou de professeur, de docteur ou d’infirmier…) sont très
codifiés et explicites (= Rollen nach vorgegebenen, klar definierten Regeln).
Les rôles sociaux nous renseignent sur le genre de comportements qu’il convient de
poser dans un contexte donné.
Une des illustrations les plus célèbres de l’impact des rôles sur les conduites des gens
nous vient d’une étude conduite par Zimbardo (1971 ; Zimbardo et al., 1973).
Pour le reste de la mise en scène et une fois vêtements. Enfin, ils sont conduits à
l’expérience proprement dite lancée, tout l’intérieur de cellules.
est fait pour se rapprocher autant que faire
se peut d’une véritable situation de prison.
Les «prisonniers» sont arrêtés à leur
domicile, alignés devant une voiture de
police, fouillés, menottés, et conduits à la
prison sirènes hurlantes. Arrivés dans le
sous-sol de l’université, ils sont déshabillés
et se voient appliquer des produits contre
les poux et autres parasites. Ils reçoivent
ensuite une casquette destinée à http://www.crimemuseum.org/crime-library/stanford-prison-experiment dl:
dissimuler leurs cheveux ainsi qu’une sorte 31.10.2014
L’ambition de Zimbardo est claire : mettre en exergue des attitudes et des conduites typiques
de gardiens et de prisonniers. Les faits iront bien au-delà de ses espoirs les plus fous même si
tous les participants savent que le simple lancer d’une pièce a fixé leur sort.
Bref, gardes et prisonniers reproduisent la plupart des comportements avilissants que l’on
peut rencontrer dans de vraies prisons. Le problème de cette simulation est d’avoir trop bien
marché. Zimbardo arrêtera l’expérience après six jours, soit une semaine avant le terme prévu.
Conclusion : Les gens se conforment facilement aux rôles sociaux qu’ils sont censés
jouer, surtout si les rôles sont aussi stéréotypés que ceux des gardiens de prison.
L’environnement carcéral était un facteur important pour susciter le comportement
brutal des gardiens (aucun des participants ayant joué un rôle de gardien n’a montré
des tendances sadiques avant le début de l’expérience). Par conséquent, les résultats
de recherche confirment que c’est la situation plutôt que la personnalité qui crée le
comportement.
(Source : https://www.simplypsychology.org/zimbardo.html)
Pour répondre à cette question, Zimbardo organisa une série de discussions entre les ex-
gardiens et les ex-prisonniers. Au cours de ces sessions, les participants qui s‘étaient vu
attribuer le rôle de prisonniers évoquèrent spontanément l’existence de trois types bien
Cette distinction entre trois catégories de gardiens renvoie à une observation maintes fois
rapportée par les rescapés de prises d’otages ou par les rares survivants des camps de la mort
nazis. S’il existe de nombreux gardiens scrupuleux, la simulation de Zimbardo atteste l’impact
prépondérant des mauvais gardiens dans ce genre de situation. Ce sont leurs conduites,
inutilement violentes, qui influencent le plus l’ensemble des gardiens. Sans doute l’explication
se situe-t-elle dans l’indulgence complice des bons gardiens à l’égard des normes de la
situation. Chaque fois qu’un mauvais gardien résout un problème avec un prisonnier en usant
de la force de manière disproportionnée, il communique aux autres gardiens sa vision de ce
qu’il convient de faire dans la situation. A moins de voir les bons gardiens manifester de façon
publique leur désapprobation, l’escalade de la brutalité est inéluctable.
→ L’expérience de Zimbardo a d’autres implications encore. On y voit comment des gens qui
se trouvent dans les mêmes rôles manifestent des conduites similaires. On y constate aussi
comment des personnes qui occupent des rôles distincts adoptent des comportements
diamétralement opposés. Tout ceci alors que les participants de l’expérience ne sont ni très
différents les uns des autres, ni très semblables les uns aux autres.
→ On voit donc comment les gens sont capables de « se mettre dans la peau d’un certain
personnage », c’est-à-dire de jouer « à 100 % » un rôle qui leur a été assigné. Dans
l’expérience on constate qu’un rôle est vite appris et intériorisé.
Autrui n’est jamais neutre. Il est toujours « porteur de significations » et influence donc le
comportement (ou les pensées, les sentiments) des individus.
Dans la suite nous allons étudier 3 sortes de comportement de l’individu en présence d’autrui :
- La facilitation sociale
- La paresse sociale
- La désindividualisation /la dépersonnalisation
Ces 3 phénomènes sont visualisés dans le tableau synoptique suivant et seront traités en détail
par la suite.
tableau extrait de Myers, David.G. ; DeWall, C.Nathan : Psychologie, 11ème édition, Lavoisier médecine
sciences, 2016. P. 534
sources :
- Leyens, Jacques-Philippe ; Yzerbyt, Vincent : Psychologie sociale. Mardaga, 1997
- Bédard, Luc; Déziel, Josée ; Lamarche, Luc: Introduction à la psychologie sociale. ERPI, 2012. P. 345-347
- Myers, David.G. ; DeWall, C.Nathan : Psychologie, 11ème édition, Lavoisier médecine sciences, 2016. P. 533
Norman TRIPLETT (1897) a fait des recherches afin de tester l’effet de la présence d’autrui sur
le comportement.
Après avoir observé des cyclistes, TRIPLETT cherche à savoir si la situation de compétition
améliore ou détériore la performance de chacun.
Pour répondre à cette question, il conduit une analyse d’archive de plus de 2000 coureurs de haut
niveau ayant participé à des courses de 40 km et cela dans les 3 conditions suivantes :
1. Course contre la montre : Une distance imposée (40 km) doit être parcourue le plus
rapidement possible et seul.
2. Avec un meneur : Les 40 km sont effectués avec un autre cycliste qui n’est pas engagé dans
la course mais qui doit pédaler à une vitesse rapide et prédéterminée pour
entraîner le coureur.
3. Compétition : Les coureurs devaient parcourir les 40 km en situation de compétition
classique avec d’autres coureurs.
Il va donc comparer les vitesses moyennes dans chacune des conditions et les résultats sont parlants :
Pour étudier l’influence de la présence des autres sur la performance individuelle, Triplett a
alors imaginé la première recherche de type expérimental de l’histoire de la psychologie
sociale. Il a demandé à des enfants d’enrouler le plus rapidement possible du fil sur un moulinet
de canne à pêche. Dans la moitié des cas, les enfants réalisaient la tâche seuls, et dans l’autre,
en compagnie d’un autre enfant. Les résultats ont confirmé ce que Triplett avait observé chez
les cyclistes : La présence des autres favorise la performance individuelle.
Mais, la présence d’autrui peut aussi avoir des effets négatifs dans certaines conditions : è
on parle alors de détérioration sociale
Ex : En situation de co-action ou d’audience, des sujets qui doivent réaliser des problèmes
mathématiques commettent plus d’erreurs (même s’ils sont plus rapides) que s’ils étaient seuls.
Comment se fait-il que la présence des autres soit tantôt facilitatrice, tantôt inhibitrice ?
Pour expliquer ces phénomènes, Zajonc est parti d’une observation simple :
Quand vous savez bien conduire, le fait qu’il y ait des gens dans la voiture ou qui vous regardent
augmente vos performances.
Mais quand vous savez peu conduire, la présence d’autrui risque, au contraire de multiplier les fautes,
de gêner.
Donc en début d’apprentissage d’une activité, l’effet de la présence d’autrui est négatif. (DS)
Lorsqu’on maîtrise bien l’activité, l’effet de la présence d’autrui est positif. (FS)
stimulation accrue
la présence des autres améliore le rendement la présence des autres nuit au rendement
tableau basé sur : R.B.Zajonc et S.M. Sales (1966). Social facilitation an subordinate responses. Journal of Experimental Social Psychology, 2,
160-168, dans Bédard, Luc; Déziel, Josée ; Lamarche, Luc: Introduction à la psychologie sociale. ERPI, 2012. P. 347.
Exemples
La présence d’un jury ou de professeurs peut inciter l’élève à être au mieux de ses performances lorsqu’il
maîtrise parfaitement le sujet.
Expériences :
1) Afin de répondre à la question si l’effort déployé par des équipes de souque-à-la-corde était plus fort ou moins
fort que les efforts individuels, un groupe de chercheurs (Ingham, Massachusetts, 1974) a fait une expérience où
ils bandèrent les yeux des sujets, les placèrent à la première position dans l’appareil spécifique et leur dirent de
« tirer le plus fort possible ». Les sujets qui se savaient seuls tiraient 18 pour cent plus fort que ceux qui croyaient
tirer avec deux à cinq autres personnes.
http://blog.thiga.fr/product-management/la-paresse-sociale-appliquee-aux-equipes-de-developpement/ dl : 31.10.2014
2) D’autres chercheurs (Latané et ses coll., 1979) ont fait une expérience où des personnes, seules ou en groupe,
devaient crier et applaudir «le plus fort possible » et les chercheurs ont alors mesuré le bruit produit dans les deux
cas.
Les chercheurs bandèrent les yeux de six personnes, les placèrent en demi-cercle et leur firent porter des casques
d’écoute à travers lesquels ils diffusèrent à plein volume des cris et des applaudissements enregistrés au préalable.
Les sujets ne pouvaient pas entendre leur propre bruit, et encore moins celui des autres. Dans une série d’essais,
les chercheurs demandèrent alors aux sujets de crier ou d’applaudir seuls ou avec le groupe.
Que s’est-il passé? Lorsque les sujets pensaient que cinq autres personnes criaient ou applaudissaient en même
temps qu’eux, ils produisaient 33 pourcent moins de bruit que lorsqu’ils se croyaient seuls.
3) John Sweeney (1973) obtint des résultats semblables. Il demanda à des étudiants d’utiliser des vélos d’exercice
et mesura leur rendement en fonction de l’électricité produite. Il constata que les étudiants pédalaient plus
énergiquement lorsqu’ils se savaient mesurés individuellement que lorsqu’ils croyaient que leur rendement était
additionné à celui d’autres cyclistes. En groupe, les étudiants étaient tentés d’agir en quelque sorte en profiteurs,
c’est-à-dire de bénéficier de l’effort collectif sans y contribuer pleinement.
→Paresse sociale5 (ou flânerie collective) = Tendance à fournir un effort moindre lorsqu’une
tâche est effectuée en groupe que si la tâche est réalisée individuellement.
C’est donc la tendance des gens à fournir moins d’effort lorsqu’ils visent un objectif commun
que lorsqu’ils sont individuellement responsables de leur rendement.
- Explications du phénomène
Au cours des expériences sur la paresse sociale, les individus se croient évalués seulement
lorsqu’ils agissent seuls. La présence du groupe (souque-à-la-corde, cris, etc.) atténue donc
chez eux l’appréhension de l’évaluation ; lorsque les gens n’ont pas à répondre
La paresse sociale s’explique donc par une diffusion de la responsabilité : on compte les uns
sur les autres. La responsabilité d’agir, au lieu d’être assumée individuellement, est en
quelque sorte divisée en autant de parties qu’il y a d’individus dans le groupe.
Lorsque les gens deviennent le centre de l’attention, ils surveillent étroitement leur propre
comportement. Le principe est donc le suivant : Lorsque nous nous savons observés,
l’appréhension de l’évaluation augmente et provoque la facilitation sociale, tandis que lorsque
nous sommes confondus avec tous les membres d’un groupe, l’appréhension de l’évaluation
diminue et provoque la paresse sociale.
ü Pour combattre la paresse sociale on peut employer la stratégie qui consiste à rendre
le rendement individuel reconnaissable, c’est-à-dire, il faut faire en sorte que la
contribution de chaque membre du groupe soit identifiable. Ainsi le sentiment de
responsabilité personnelle de chaque membre du groupe est augmenté.
ü Des expériences ont démontré que les membres des groupes ont moins tendance à
flâner lorsque la tâche est difficile, attrayante ou captivante. Confrontés à une tâche
difficile, les gens perçoivent probablement que leur effort est indispensable.
ü Enfin, on peut accroître l’effort collectif en instaurant des mesures incitatives
(récompenses,…) ou en fixant au groupe des objectifs stimulants.
ü La cohésion et l’esprit d’équipe intensifient également l’effort.
Tout individu peut ressentir une attirance sociale dépersonnalisée = besoin des êtres humains
de se fondre dans une identité collective tellement fusionnelle qu’ils en viennent à se voir
comme une entité unique faite d’éléments (eux-mêmes) interchangeables. (Fiske 2008)
Une telle fusion d’identités peut amener des individus à ne plus sentir qu’ils existent
autrement qu’à titre de membres d’un groupe, et, conséquemment, à ne pas se sentir
En effet un groupe auquel on s’identifie fortement finit par acquérir une identité collective
propre, et cette identité collective s’intègre au soi personnel de sorte à perdre son identité
propre. Ce fait d’abandonner la conscience de soi et son libre arbitre, appelé
désindividualisation ou dépersonnalisation, se produit souvent lorsque la participation au
groupe permet aux gens de se sentir stimulés et anonymes.
On observa alors le comportement des enfants. En fait, les enfants en groupe avaient, en
moyenne, deux fois plus tendance à prendre un second bonbon que les enfants seuls.
6 Diener, E., Fraser, S. C., Beaman, A. L., and Kelem, R. T. (1976). Effects of deindividuation Variables on Stealing Among Halloween Trick-or-
http://www.psychologie-sociale.com, 8.12.16)
Les auteurs constatent que les sujets désindividués augmentent le niveau des chocs
électriques infligés à une collègue si elles sont habillées en Ku Klux Klan. Inversement, la
désindividuation des sujets déguisés en infirmière augmente de façon spectaculaire le
comportement altruiste.
Ces résultats mettent en évidence que les normes sociales initialement présentes dans la
situation sont amplifiées en situation de désindividuation.
Expérience de ZAJONC
ZAJONC veut montrer que c’est la simple présence d’autrui, en tant que co-acteur ou auditeur qui est
responsable des effets, (et non pas des sentiments de rivalité ou d’ambition.) C’est pourquoi il recourt
à des cafards pour réaliser son expérience.
L’expérience s’est donc faite avec des cafards dont on sait qu’ils détestent la lumière et qu’ils vont se
réfugier le plus loin possible d’une source lumineuse.
Condition expérimentale 1 : le cafard est placé à l’extrémité d’un tube droit où les expérimentateurs
allument une lampe.
La réaction du cafard est de s’éloigner le plus possible de cette lumière, c’est-à-dire de rejoindre l’autre
extrémité du tube où il trouve une petite chambre noire. (tâche simple)
http://angelspirit7.free.fr/psychonet/L1/Psychologie%20sociale/CM1.htm
1. Les chercheurs comparent le temps mis par des cafards, testés individuellement, à trouver la chambre
noire dans les deux conditions. Résultat : La performance est plus rapide dans la condition 1 (tube droit)
que dans la condition 2 (labyrinthe).
2. Ensuite ils prennent des couples de cafards. Résultat : Deux cafards sont plus rapides qu’un cafard
isolé dans le tube droit, et ils sont moins rapides qu’un cafard seul dans le labyrinthe.
3. Ensuite ils utilisent des parois transparentes pour le tube et le labyrinthe et placent des cafards
spectateurs tout au long du parcours. Résultats : lorsqu’il y a des spectateurs, le cafard est plus rapide
dans le tube, mais moins rapide dans le labyrinthe.
6.1. Attraction
Sources : LEYENS, YZERBYT, 1997, p. 244-246, 248, 250-253 et MYERS, David G, 1997. p. 299-311
Les facteurs qui suivent peuvent être sources de plaisir et sont donc susceptibles de provoquer
des sentiments d’attirance, qui entraînent la motivation de commencer une relation (amicale
ou amoureuse) avec cette personne.
a. La réciprocité
Nous devrions apprécier et aimer ceux qui nous accordent leur estime et nous aiment. C’est
le principe de réciprocité. Ce principe ne vaut que si nous percevons la gentillesse de l’autre
comme non entachée d’une recherche de bénéfices secondaires.
Imaginez la situation suivante. Pendant une soirée, vous faites la connaissance de Claude avec qui vous bavardez
quelque temps. Votre verre étant vide, vous interrompez la conversation pour aller au bar. A votre retour, Claude
a le dos tourné et discute avec une tierce personne. Vous entendez qu’il est question de vous et vous ne pouvez
vous empêcher de tendre une oreille discrète. Si Claude parle bien de vous, il y a gros à parier que vous le trouverez
très sympathique mais si, par contre, il vous tourne en ridicule, il y a sans doute peu de chances que vous
l’apprécieriez.
b. La proximité et la familiarité
L’un des plus forts prédicteurs de l’amitié entre deux personnes est leur simple proximité.
Les sociologues ont découvert que la plupart des mariages unissent des personnes qui vivent dans le même
quartier, qui travaillent au même endroit ou qui fréquentent le même établissement d’enseignement. Très
souvent aussi, par exemple, on devient ami de la personne qui s’est assisse près de soi pendant le premier cours.
Il paraît évident que nous avons plus de chances de rencontrer les gens qui vivent dans notre
propre entourage (qui fréquentent les mêmes cafés, les mêmes clubs de sport, la même
école…) que ceux qui fréquentent une autre école ou habitent une autre ville.
Si on se rencontre fréquemment, les interactions permettent aux gens de trouver leurs points
communs, de sentir l’affection que l’autre leur porte.
La proximité mène aussi à l’affection à cause de la familiarité qui résulte de la proximité. Nous
aimons mieux ceux que nous connaissons bien.
Chez un partenaire potentiel, les gens raffinés et intelligents ne s’occupent pas d’attributs aussi superficiels que
la beauté : ils savent qu’on ne juge pas une personne d’après les apparences. Ils savent, au moins, que telle
devrait être la façon de penser. Cicéron, orateur et homme politique latin, a dit, il y a plus de 2000 ans : « Le bien
ultime et le devoir suprême du sage est de résister aux apparences. »
Dire que la beauté est importante, n’est pas affirmer que l’apparence physique prime toujours
les autres qualités. La beauté détermine surtout les premières impressions. Or, les premières
impressions comptent.
Evidemment la beauté n’est pas un caractère objectivement mesurable tel que la taille. Les
critères de beauté varient d’un lieu à l’autre et d’une époque à l’autre. Et, même dans un lieu
et à une époque donnée, les gens ne jugent pas tous la beauté à partir des mêmes critères.
d. Similitude et complémentarité
Souvent on peut en effet constater que les amis, les fiancés et les conjoints ont des attitudes,
des croyances et des valeurs semblables.
La similitude semble engendrer l’affection. Plusieurs expériences ont montré que plus les
attitudes d’une personne sont semblables aux nôtres, plus cette personne nous paraît
sympathique.
On se lie plus facilement à une personne qui nous ressemble : Qui se ressemble s’assemble. Si
on rencontre une personne qui partage nos idées, nos valeurs et nos désirs, qui aime la même
musique, les mêmes activités, voire la même cuisine, etc., on a envie de commencer une
relation avec elle.
Les similitudes que différents chercheurs ont trouvé chez les amis ou conjoints ne concernent
pas seulement leurs attitudes et leurs croyances, mais aussi leur âge, leur religion, leur race,
leur consommation de tabac, leur niveau économique, leur instruction, leur taille, leur
intelligence et leur apparence. Ainsi, les gens intelligents s’assemblent. Il en va de même pour
les gens riches, les gens de religion protestante, les gens de grande taille et les gens de belle
apparence…
Mais ne sommes-nous pas aussi attirés par les gens qui, dans certains domaines, diffèrent de
nous, par les gens qui nous complètent ?
Au-delà d’une similitude d’opinions, les personnes engagées dans une relation stable de
longue durée ont souvent des personnalités complémentaires.
- Par exemple, une personne désordonnée a tout avantage à s’allier avec quelqu’un de plus organisé
qu’elle.
- De même, un individu autoritaire et dominant ressentira plus de plaisir à côtoyer une personne soumise,
qu’une autre qui met toujours en doute ses capacités.
- Les besoins d’une personne extravertie et dominatrice complètent naturellement ceux d’une personne
réservée et soumise ;
- les besoins d’une personne déterminée complètent ceux d’une personne qui n’arrive pas à se décider.
Une certaine complémentarité peut donc émerger à mesure qu’une relation évolue.
e. Styles d’attachement
Le type d‘attachement de l’enfance a-t-il une influence, et laquelle, sur les relations que les
gens auront en tant qu’adultes ?
Selon Hazan et Shaver (1990), on pourrait distinguer trois types d’attachement à l’âge adulte,
qui ont leur base dans l’enfance.
1. L’attachement de type « sécurité »; les gens avec cet attachement n’auraient guère de
difficultés à accorder leur confiance aux autres et à accepter de dépendre d’eux. Ces
personnes ont une image positive de soi et d’autrui.
2. Attachement de type « anxiété/ambivalence » : ce sont les gens qui trouvent que l’autre
ne donne pas assez, n’aime pas vraiment, et qui vivent donc avec la hantise d’être rejetés
ou abandonnés. Ces gens ont une image positive de l’autre mais négative de soi.
3. Les gens avec un type « évitement » ne toléreraient pas bien l’intimité, se méfieraient
d’autrui qui en veut toujours trop et risque de les tromper. Ces gens ont une image
négative des autres ; l’image de soi peut être positive ou négative. Les gens avec une image
négative à la fois d’eux-mêmes et des autres adopteraient une attitude de peur, de crainte,
alors que ceux avec une image appréciative d’eux-mêmes mais dépréciative des autres
seraient distants et rejetteraient facilement autrui.
Les recherches actuelles n’ont pas pu montrer que les gens avec un type d’attachement donné
choisissaient de manière privilégiée des partenaires qui avaient le même attachement.
Introduction (exemples)
Le 13 mars 1964, à 3 heures du matin, Kitty Genovese rentre à son appartement de New York. Un
homme armé d’un couteau se jette sur elle et la viole. Kitty hurle : « Oh !mon Dieu ! Il m’a poignardée !
À l’aide ! Aidez-moi ! » Ses cris réveillent 38 de ses voisins. Beaucoup vont jusqu’à leur fenêtre et la
regardent se débattre pendant 35 minutes. Ce n’est qu’au moment où l’assaillant s’enfuit que
quelqu’un prend la peine d’appeler la police. Kitty meurt peu de temps après. (Il s’agit toutefois d’une
légende !)
Eleanor Bradley trébuche et se fracture une jambe pendant qu’elle fait des courses. Abasourdie et
souffrante, elle demande de l’aide. Pendant 40 minutes, les piétons passent à côté d’elle, l’évitent et
passent leur chemin. Enfin, un chauffeur de taxi l’emmène jusque chez un médecin.
Ce qui choque, dans ces exemples, ce n’est pas que les gens aient refusé leur aide, mais bien que près
de 100 pour cent des témoins n’aient même pas répondu à son appel. Pourquoi ? Dans une situation
semblable, feriez-vous, ferais-je comme eux ? Serions-nous plutôt héroïques, comme Everett
Sanderson ? Entendant le grondement d’une rame de métro, ce New-Yorkais sauta sur la voie et courut
face aux phares de l’engin pour sauver Michelle de Jesus, une petite fille de quatre ans qui était tombée
du quai. Trois secondes avant que le train n’écrase Michelle, il la lança dans la foule. Quand la rame
arriva, il ne réussit pas à remonter lui-même. Au dernier instant, quelques personnes le hissèrent et le
placèrent en lieu sûr.
Tendance à apporter de l’aide aux autres sans rien demander en retour ; dévouement
désintéressé pour autrui.
L’altruisme est le sentiment contraire de l’égoïsme. Une personne altruiste procure de
l’attention et de l’aide sans espérer de compensation en retour.
On peut penser qu’on est altruiste par nature, que l’altruisme est un trait de personnalité qui
varie selon les individus. Or, la recherche vous donne tort et révèle que la situation, dans ce
domaine comme dans bien d’autres, influe souvent davantage sur le comportement que les
dispositions intérieures.
http://www.s-cool.co.uk/a-level/psychology/pro-and-anti-social-behaviour/revise-it/altruism-and-bystander-behaviour 31.10.2014
Selon la théorie de l’échange social, nous apportons notre aide après avoir procédé à une
analyse des coûts et des bénéfices liés à notre geste. Ainsi le donneur de sang compare les
coûts de son acte (le tracas et le désagrément) aux bénéfices (l’approbation sociale et un
sentiment de grandeur) qu’il en tire. Si les bénéfices escomptés sont supérieurs aux coûts,
nous décidons d’aider autrui.
Dès la petite enfance, pourtant, l’être humain manifeste une empathie naturelle ; il souffre
quand il voit quelqu’un souffrir et se sent soulagé quand cesse sa souffrance. Bien que les gens
accomplissent parfois de bonnes actions en vue d’obtenir une récompense ou de soulager leur
culpabilité, l’expérimentation indique que, dans certains cas, ils ne recherchent que le bien-
être d’une autre personne et ne considèrent leur satisfaction personnelle que comme une
conséquence accessoire de leur acte. L’empathie pousse donc les gens à aider.
Il existe aussi des normes sociales qui nous poussent à aider autrui. Ainsi, la norme de
réciprocité veut que nous aidions à notre tour ceux qui nous ont déjà aidés. Nous nous
attendons à ce que les gens à qui nous avons fait des faveurs nous rendent la pareille.
Selon la norme de responsabilité sociale nous devons aider ceux qui en ont vraiment besoin,
sans égard aux échanges futurs. Lorsque nous ramassons les livres qu’une personne
handicapée a laissé tomber, nous, n’attendons rien en retour.
L’altruisme fournit des possibles renforcements internes. Les renforcements internes sont
souvent difficiles à repérer. On en distingue généralement trois sortes :
(1) L’aide peut susciter des récompenses, comme une image flatteuse de soi, de la bonne
humeur, un sentiment du devoir accompli ;
(2) L’aide peut également écartes des punitions, comme la culpabilité, la honte, ou le
sentiment d’avoir violé des normes sociales ;
(3) L’aide peut réduire une activation déplaisante parce qu’elle restaure une situation de
justice, par exemple.
a) L’aide permet, en quelque sorte, de restaurer l’image flatteuse de soi. Grâce à leur
comportement d’aide, les gens (se) prouvent qu’ils sont « quelqu’un de bien ».
b) De nombreuses études attestent le fait que les gens de bonne humeur, parce qu’ils
viennent de trouver de l’argent, parce qu’ils ont réussi un examen, etc., sont
particulièrement prêts à aider autrui. Le rôle de l’affect positif peut s’expliquer de
différentes façons :
Lorsque les gens se sentent coupables d’avoir fait du tort à quelqu’un, ils seront davantage
prêts à aider une tierce personne, complètement étrangère à leur culpabilité.
Parfois les gens aideraient aussi parce qu’ils se sentent d’humeur triste et qu’aider leur
apparaît comme une façon d’alléger leur tristesse.
http://www.s-cool.co.uk/a-level/psychology/pro-and-anti-social-behaviour/revise-it/altruism-and-bystander-behaviour 31.10.2014
La recherche montre que les gens ont surtout du mal à accepter l’aide qui leur est apportée
par des personnes semblables à eux. Etre aidé par un puissant, très différent de nous, n’aurait
pas d’incidence sur notre estime de nous-mêmes. Mais être aidé par un autrui semblable,
affecte l’image de soi, fait baisser l’estime de soi.
Il existe une autre raison pour laquelle les bénéficiaires d’une aide ne devraient pas
nécessairement se montrer reconnaissants et être, au contraire, furieux. Aux yeux de tierces
personnes, le fait de recevoir de l’aide signifie souvent que l’on est incompétent et que, sans
aide, on ne réussirait pas.
La passivité manifestée par les témoins lors des urgences (cas de Kitty Genovese) souleva l’indignation des
commentateurs. On déplora l’« apathie», l’« indifférence» et les « pulsions sadiques inconscientes » du public. Or,
ces explications attribuent l’inaction des témoins à leurs dispositions. Elles nous permettent de nous rassurer et
de nous dire que nous, gens de bien, aurions porté secours aux victimes. Mais qu’est-ce qui avait causé le
comportement si inhumain des témoins ?
Les psychologues sociaux Latané et Darley (1970) n’étaient pas si convaincus de l’inhumanité
des témoins. Ils ont donc ingénieusement mis en scène des situations d’urgence et découvert
qu’un seul facteur situationnel, la présence d’autres témoins, décourageait fortement les
gens d’intervenir.
Les chercheurs avaient réalisé une cinquantaine d’expériences pour comparer l’aide apportée par des
témoins qui se croyaient ou seuls ou en présence d’autres personnes. Dans environ 90 pour cent de ces
expériences, auxquelles avaient participé quelque 6000 personnes, ce furent principalement les
témoins uniques qui agirent.
Dans certains cas, la victime avait en fait moins de chances d’obtenir de l’aide quand plusieurs
personnes l’entouraient. Latané, Dabbs (1975) et leurs 145 collaborateurs s’enfermèrent dans des
ascenseurs et, au cours de leurs 1497 trajets, laissèrent « accidentellement » tomber des pièces de
monnaie ou des crayons. Ils reçurent de l’aide dans 40 pour cent des cas lorsqu’une autre personne se
trouvait avec eux et dans moins de 20 pour cent des cas lorsqu’il y avait six passagers. Pourquoi ?
Effet du témoin = Phénomène selon lequel une personne est moins susceptible d’apporter
son aide à autrui en présence d’autres témoins (particulièrement s’il s’agit d’inconnus et que
la situation peur conduire à diverses interprétations)
Latané et Darley postulèrent que, plus les témoins sont nombreux, moins un témoin en
particulier a de chances de remarquer l’incident, de l’interpréter comme un problème ou une
urgence et de prendre la responsabilité d’agir (figure 29. 1).
1. REMARQUER
Eleanor Bradley tombe sur un trottoir et se fracture la jambe. Vingt minutes plus tard, vous passez par là. Vous
avez les yeux rivés sur le dos des passants qui vous précèdent et vous pensez aux événements de la journée. Avez-
vous moins de chances de remarquer la femme blessée que si le trottoir était presque désert?
Pour répondre à cette question, Latané et Darley (1968) demandèrent à des étudiants de l’université
Columbia de répondre à un questionnaire dans une pièce où ils étaient soit seuls, soit en compagnie de
deux inconnus. Pendant que les étudiants travaillaient (observés à leur insu), une fausse urgence se
produisit: de la fumée s’infiltra dans la pièce à travers une bouche de ventilation. Les étudiants
solitaires, qui jetaient souvent des regards vides autour de la pièce, remarquèrent la fumée presque
immédiatement, c’est-à-dire, dans la majorité des cas, en moins de cinq secondes. Les étudiants réunis
en groupes ne levaient pas les yeux de leur travail. Il leur fallut environ 20 secondes pour remarquer la
fumée.
2. INTERPRÉTER
Une fois que nous avons remarqué un événement singulier, nous devons l’interpréter.
Imaginez que vous vous trouvez dans la pièce qui se remplit de fumée. Bien qu’alarmé, vous ne voulez
pas vous rendre ridicule en vous énervant. Vous regardez les autres de côté. Ils ont l’air calme,
indifférents. Supposant que tout va bien, vous ne vous occupez plus de la fumée et vous vous remettez
au travail. Puis, l’un des autres remarque la fumée, voit que vous n’êtes pas troublé et réagit comme
vous l’avez fait. Voilà un autre exemple d’influence informationnelle (ignorance plurielle). Chacun se
fonde sur le comportement des autres pour interpréter la réalité.
C’est exactement ce qui arriva au cours de l’expérience de Latané et Darley. Quand les étudiants
solitaires remarquaient la fumée, ils hésitaient un moment, puis ils se levaient, allaient jusqu’à la
bouche de ventilation, la tâtaient, reniflaient, agitaient les mains pour dissiper la fumée, hésitaient
encore, puis sortaient de la pièce pour signaler l’incident. Les 24 étudiants qui travaillaient en groupes
de trois, au contraire, ne bougeaient pas. Un seul d’entre eux signala la fumée au cours des quatre
premières minutes. À la fin des six minutes de l’expérience, la fumée était si dense que les étudiants n’y
voyaient plus clair, se frottaient les yeux et toussaient. Pourtant, dans seulement trois des huit groupes,
un étudiant sortit et signala le problème.
Les interprétations erronées ne sont pas la seule cause de l’effet du témoin, c’est-à-dire de
l’inaction des étrangers qui se trouvent confrontés à des urgences déroutantes. Il arrive que
l’urgence soit claire et nette.
Les gens qui assistèrent au viol de Kitty Genovese et qui entendirent ses cris de détresse interprétèrent
correctement les événements. Mais les lumières et les silhouettes qui apparurent dans les fenêtres du
voisinage leur indiquèrent que d’autres personnes regardaient aussi. Cela provoqua une diffusion de la
responsabilité.
Peu de personnes parmi nous ont été témoins d’un meurtre. Mais il nous est arrivé à tous de
réagir plus lentement à un besoin d’autrui quand d’autres étaient présents.
Lorsque nous apercevons une voiture en panne, nous sommes beaucoup moins portés à offrir de l’aide
à l’automobiliste si nous nous trouvons sur une autoroute que si nous roulons sur un chemin de
campagne.
bibliographie
Chapitre 1 : Le soi
• Bédard, Luc ; Déziel, Josée ; Lamarche Luc : Introduction à la psychologie sociale – Vivre, penser et agir
avec les autres. Québec : Erpi, 1998, 2017 (4e édition).
• De Vito, Joseph A. ; Chassé, Gilles ; Vezeau, Carole : La communication interpersonnelle. Québec : Erpi
2008. (2e édition).
• Leyens, Jacques-Philippe ; Yzerbyt, Vincent : Psychologie sociale. Mardaga, 1997.
Web :
• Gagnon, Claude-Michel, (psychologue) (2002) : Développer l’estime de soi chez les jeunes.
http://www.ffapamm.com/publications/bibliotheque-virtuelle/jeunes-developper-lestime-de-soi-
chez-les-jeunes_1823, download 27.7.2015
• Bédard, Luc ; Déziel, Josée ; Lamarche Luc : Introduction à la psychologie sociale – Vivre, penser et agir
avec les autres. Québec : Erpi, 1998, 2017 (4e édition)
• Delouvée, Sylvain : Psychologie sociale. Manuels visuels de licence. Paris : Dunod, 2010
• Leyens, Jacques-Philippe ; Yzerbyt, Vincent : Psychologie sociale. Mardaga, 1997
Web :
• source: https://www.psychologie-sociale.com/index.php/fr/experiences/relations-intergroupes/145-
soumission-a-l-autorite-a-l-hopital, download, 20.6.2018
Chapitre 5 : le groupe
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