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CPGE - ECT Ibn GhaziÉconomie Générale Le financement de l’économie

Le Financement de l’économie
Partie 1 : La Monnaie
Le passage d’une économie de troc à une économie monétaire s’est réalisé progressivement. Aujourd’hui, la
monnaie est omniprésente dans notre vie quotidienne et constitue un instrument essentiel de l’activité
économique qui permet notamment d’échanger des biens et services sur un marché. Si les fonctions
économiques de la monnaie ont été identifiées dès l’antiquité, ses formes ont évolué vers une
dématérialisation toujours plus importante.

I. La monnaie et ses fonctions :


1. Les limites du troc :
Le troc est un système économique qui exclut l’usage de la monnaie : les agents économiques échangent les
marchandises les unes contre les autres. Avec le troc, le système d’échange n’est pas simple à appliquer :
 Il faut trouver un partenaire à l’échange : il doit y avoir double coïncidence des besoins.
 La marchandise n’est souvent pas divisible
 Le stockage des produits a un coût.
Le troc freine donc le développement des échanges. Dès la haute antiquité, l’intensification du commerce a
montré la nécessité de la mise en place d’une monnaie.
L’apparition de la monnaie permet de faciliter les échanges. La monnaie est un bien intermédiaire dans les
échanges.
L’avantage essentiel de la monnaie par rapport au troc tient au fait qu’elle est acceptée par tous. Dans une
économie monétaire, une personne peut vendre son bien à n’importe quel acheteur potentiel que ce dernier
ait ou non un autre bien à vendre.

2. Définition de la monnaie :
La monnaie est un ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents économiques pour régler
leurs transactions.
C’est un actif reconnu et accepté par tous à valeur nominale et destiné à faciliter les échanges. Cette définition
permet de préciser les principales qualités de la monnaie :
- Elle est totalement liquide : pouvoir libératoire, immédiat et général
- Elle repose sur la confiance en son pouvoir d’achat.
3. Les principales fonctions de la monnaie :
← C’est un instrument de mesure : étalon de mesure, c’est-à-dire qu’elle permet de donner, au moyen du
prix, une valeur à tout bien ou service échangeable sur un marché. On peut ainsi comparer la valeur de
biens économiques hétérogènes. Chaque bien et service est évalué par un prix d'échange qui représente
la quantité de monnaie qu'un individu doit fournir pour son acquisition.
← C’est un instrument d’échange : un intermédiaire, qui permet d'acheter tous les autres biens ou
services. On ne la recherche pas pour elle-même mais parce qu'elle donne la possibilité de se procurer
des biens et des services.Elle a permis de passer d'une économie de troc à une économie monétaire
(échange d'un bien contre de la monnaie).
← C’est un étalon de réserve de valeur : qui offre la possibilité de différer sa consommation dans le
temps, au moyen de l'épargne. On parle aussi de réserve de pouvoir d'achat, car son détenteur
conserve un pouvoir d'achat qu'il pourra mobiliser au moment où il voudra consommer.
Remarque : les fonctions de la monnaie restent les mêmes depuis son apparition, mais l’histoire de la
monnaie montre qu’elle revêt plusieurs formes. Le passage d’une forme à une autre s’explique
essentiellement par les raisons suivantes : la commodité et la facilité des transactions entre les agents.

II. Les formes de la monnaie :


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La monnaie se présente aujourd’hui sous trois formes principales :


 La monnaie divisionnaire (métallique) : ce sont des pièces métalliques produites soit du fer, cuivre,
bronze, l’argent ou l’or. Cependant, l’or et l’argent se sont vite imposés comme formes les plus appréciables
du fait de leur inaltérabilité. Or, suite au développement des échanges commerciaux, la quantité des
métaux devenait insuffisante d’où la nécessité de créer une nouvelle forme de monnaie adéquate.

 La monnaie fiduciaire :Il s’agit des pièces et de la monnaie « papier », c'est-à-dire l’ensemble des billets
détenus par les agents économiques et émis par la banque centrale.
Le mot fiduciaire vient du latin fiducia, confiance.
Elle se compose :
- des pièces, ou monnaie divisionnaire utilisées pour régler les achats de faible importance.
- des billets de banque : Les billets en dirhams sont émis en circulation sous le contrôle de la Banque Centrale
marocaine.

 La monnaie scripturale : correspond à la monnaie qui circule entre les comptes bancaires par simple jeu
d’écriture (manuelle ou électronique).
Le règlement d’un achat dans un magasin par exemple grâce à un chèque correspond à l’utilisation de la
monnaie scripturale puisque la somme d’argent passe directement du compte du client au compte du
magasin.
La monnaie scripturale désigne donc les dépôts à vue possédés par les agents dans les comptes
courants des banques, elle circule grâce aux chèques, virements bancaires, carte de crédit.
L’histoire de la monnaie depuis quelques siècles montre un processus constant dedématérialisation
puisque les billets ont d’abord acquis la prépondérance face aux monnaies métalliques. Puis les chèques ont
succédé aux billets comme principal instrument de règlement des échanges. Enfin, la monnaie électronique
tend à supplanter aujourd’hui l’usage des chèques.

III. La mesure de la monnaie : la masse monétaire


La masse monétaire est la quantité de monnaie en circulation dans une économie ou une zone déterminée
pendant une périodedonnée.
La masse monétaire est mesurée, à une date donnée, par un certain nombre d’agrégats monétaires utilisés
par la banque centrale :
L’évolution de la masse monétaire au Maroc (en millions de DHS) :
Montants Structure en % Variation en %
2009 2010 2009 2010 2009/2010
I - Monnaie fiduciaire 136 664 145 235
II - Monnaie scripturale 391 831 407 054
Agrégat M1 (I+II)
III - Placements à vue 87 336 93 802
Agrégat M2 (I+II+III)
IV - Placements à terme 246 824 258 149
Agrégat M3 (I+II+III+IV)
Source : Rapport de BAM 2010
Remarques :
 Placements à vue : Les comptes sur carnet auprès des banques et les comptes sur livret auprès de la
Caisse d’Épargne Nationale.
 Placements à terme : Comptes bloqués, bon de caisse,certificats de dépôt, etc.
- Les bons de caisse et les certificats de dépôt sont des titres émis par les banques.
- On remarque que les agrégats sont classés par ordre de liquidité décroissante.
- Les placements à vue et à terme forment ce qu’on appelle : la Quasi-Monnaie.
-
IV. La création de la monnaie :
La création monétaire est assurée par 3 catégories d’agents :

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A. La banque centrale :
Elle crée de la monnaie fiduciaire puisqu’elle détient le monopole d’émission des billets (c’est la fameuse
« planche à billet »), elle crée également de la monnaie lorsqu’elle transforme une créance en moyens de
paiement (l’opération de réescompte des effets de commerce par exemple). La banque centrale peut créer
directement de la monnaie au profit du Trésor public en lui accordant des avances ou en lui achetant
directement des bons de Trésor qui permettent de financer les besoins en trésorerie ou/et une partie du déficit
budgétaire. Enfin, la BC crée de la monnaie par l’achat de devises étrangères (Dollar par ex) en échange de la
monnaie nationale en contrepartie.

B. Les banques :
Les opérations de crédit réalisées par les banques représentent une source majeure de création monétaire. Il
s‘agit des crédits accordés aux particuliers par une inscription au crédit du compte à vue de la personne qui
obtenu le prix et l’argent prêté n’a pas été retiré aux autres clients. Les banques accordent également des
crédits aux entreprises et parfois à l’Etat à travers l’achat des bons de trésor émis par le Trésor public.
Cependant, s’elles prêtent des ressources qu’elles possèdent déjà il n’y a pas donc de création monétaire.
Cependant, la capacité de création monétaire va être limitée pour trois raisons : Premièrement, la banque
centrale va obliger les banques à constituer des réserves obligatoires qui limitent la capacité des prêts des
banques. D’autre part, les banques doivent conserver un minimum de dépôts en billets car les clients peuvent
lui demander à tout moment la conversion de la monnaie scripturale en billets, la banque fait donc face à un
risque de sous-liquidité. Enfin, la banque peut se retrouver face à un risque d’insolvabilité du client.

C. Le Trésor public :
Ce dernier est l’agent financier de l’Etat, une sorte de « caissier » puisqu’il perçoit les recettes publiques et
exécute les dépenses. Le Trésor détient le monopole de fabrication des pièces métalliques (monnaie
divisionnaire) mais il peut également créer de la monnaie scripturale lorsque les comptes chèques postaux de
certains agents économiques (fonctionnaire à qui l’Etat doit verser un salaire) sont crédités, le Trésor crée sa
propre monnaie scripturale.
Remarque :
En France, le traité de Maastricht a interdit le financement monétaire des déficits publics par création
monétaire. Néanmoins, la crise financière de 2008 fait accepter ce type de politique non conventionnelle ou
assouplissement quantitative « quantitative easing ».

V. La monnaie dans la théorie économique :

1. Les classiques :
Dans la théorie classique, la monnaie, qui est neutre, est considérée comme un voile : elle est
indépendante de la sphère réelle de la production et elle est susceptible de masquer les réalités
économiques (une augmentation des prix peut, par exemple, faire croire à une augmentation de la
production).
Ainsi dans la loi des débouchés de Jean Baptiste Say, « L’offre crée sa propre demande et la monnaie n’est
qu’un voile. Les produits s’échangent contre des produits ».
La monnaie n’est pas désirée pour elle-même. Il s’agit d’un simple instrument qui facilite les échanges et
donc la monnaie n’a pas de rôle réel.

2. La théorie quantitative de la monnaie (Irving Fisher) :


La théorie quantitative de la monnaie peut être formalisée par l’équation de Mill, reprise par Irving
Fisher :
MxV=PxT
M : est la quantité de monnaie en circulation (la masse monétaire)
V : est la vitesse de circulation de la monnaie
P : le prix moyen d’une transaction

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T : le nombre des transactions (une transaction représente un échange de biens contre de la


monnaie)
V et T étant considérés comme des variables indépendantes (sphère réelle), toute augmentation de la
quantité de monnaie se traduit par une augmentation des prix. L’inflation est donc un phénomène
monétaire et pour l’écarter, la masse monétaire doit progresser dans les mêmes proportions que la
production.

3. Effet de Pigou / Effet d’encaisse réelle :


L’équation de Fisher n’explicite pas le mécanisme précis qui permet aux prix de s’ajuster à l’offre de la
monnaie. Ce mécanisme a été expliqué par Pigou. Selon lui, une augmentation des encaisses (argent
liquide disponible en caisse ou en banque) suite à une augmentation de la masse monétaire en
circulation permet aux individus d’accentuer leurs dépenses, ce qui en augmentant la demande, fait
progresser le niveau général des prix et par conséquent faire baisser la valeur des encaisses.

4. Milton Friedman :
La monnaie est neutre à long terme :
Les politiques monétaires sont efficaces qu’à court terme (la non neutralité de la monnaie à court
terme) car les agents économiques sont victimes de l’illusion monétaire :
Les politiques monétaires discrétionnaires trompent les agents économiques. Il faut attendre un certain
temps pour qu’ils comprennent que l’augmentation des salaires a été accompagnée par une
augmentation au niveau du prix.
Donc à long terme les politiques monétaires sont inefficaces car les agents économiques font des
anticipations adaptatives.

5. Le courant keynésien :
Keynes s’intéresse essentiellement à la demande de la monnaie ce qu’il appelle « préférence pour la
liquidité » qui résulte de trois motifs :
 Spéculation : les agents désirent des encaisses pour les placer dans des titres à revenus fixes
(sans risque). Le volume de cette encaisse dépendra directement du niveau des intérêts qui les rémunère.
 Précaution : la monnaie est désirée pour faire face à d’éventuels risques.
 Transaction : Utiliser la monnaie pour des opérations futures. Il s’agit de la fonction
traditionnelle de la monnaie comme intermédiaire des échanges.
Ainsi pour Keynes, la monnaie n’est pas neutre et elle peut être utilisée dans le cadre de la politique
monétaire,ce qui infirme la loi des débouchées de Say. Keynes s’oppose à la conception néoclassique qui
considère l’épargne comme une fonction croissante du taux d’intérêt, pour lui, c’est plutôt une fonction
croissante du revenu ; il résulte de la confrontation entre l’offre et la demande de monnaie. Par
conséquent, une augmentation de l’offre de la monnaie permet de réduire le taux d’intérêt, ce qui
favorise l’investissement et augmente la production. La monnaie n’est pas donc neutre.

6. La nouvelle école classique :


La neutralité de la monnaie à court et à long terme.
Les politiques monétaires discrétionnaires sont inefficaces à court terme qu’à long terme. En effet, les
agents économiques sont hyper rationnels. Ils font des anticipations rationnelles.

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