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Université Ibn Zohr

Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Ait Melloul

Cours de l’Economie Monétaire et Financière

Préparé par le Professeur Adil El Jouali

Année universitaire 2020-2021

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Introduction générale :

Chacun connait l’existence de la monnaie, l’utilise quotidiennement, sous


sa forme fiduciaire ou scripturale en tant que moyen de paiement. Cependant la
connaissance que nous en avons est souvent imparfaite. Elle demeure, à
plusieurs titres un phénomène mystérieux qui soulève de multiples questions :

- Comment peut-on la définir ?


- A quoi sert-elle ?
- Comment est-elle créée ?
- Quels sont ses différents marchés ?
- Pourquoi les responsables politiques lui accordent-ils autant d’attention ?
- Par quelle monnaie peut-on régler les transactions internationales ?

Autant de questions qui se posent dans un contexte historique caractérisé


par une évolution rapide de la sphère monétaire et financière. Banalisation du
réseau bancaire, suppression du contrôle de change, réformes du marché
monétaire et financier, création des nouveaux produits financiers….

A l’instar de beaucoup de pays, le Maroc a connu une profonde réforme


dans son système monétaire et financier. Pourquoi cette reforme ? Quelle est son
contenu ? A-t-elle changé la nature de son système financier ?

Telles sont les grandes interrogations de présent cours de la 2eme année de


licence en sciences économiques auxquelles seront consacrées quatre parties

- 1er partie : la monnaie et la théorie monétaire


- 2eme partie : la politique monétaire
- 3eme partie : les réformes du système monétaire et financier marocain
- 4eme partie : les systèmes monétaires internationaux

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Partie1 : la monnaie et la théorie monétaire

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Chapitre 1 : les approches de la monnaie

Introduction : Qu’est-ce que la monnaie ?

Dans les relations économiques, la monnaie joue un rôle fondamental, les


biens ne s’échangent pas contre les biens mais contre de la monnaie. Elle est
donc un intermédiaire des échanges.

Par ailleurs, la monnaie est devenue une notion très vaste qui regroupe en
son sein différents types de moyens de paiement. La monnaie est une notion
extrêmement complexe, à la fois difficile à définir et à quantifier.

Pour donner un sens précis à la monnaie, les économistes la définir à partir


de ses trois fonctions principales qui sont : un moyen de paiement, réserve de
valeur et unité de compte.

Se pose ensuite la question de la valeur de la monnaie ainsi que de la


mesure de la quantité de la monnaie dans une économie et qui a une influence
sur les prix et la croissance.

Section 1 : la définition fonctionnelle de la monnaie

F.Perroux donnait une excellente définition à la monnaie : la monnaie est


un instrument indéterminé, général et immédiat.

Indéterminé parce qu’il doit permettre de payer n’importe quelle dette et


d’acquérir n’importe quel bien ou service.

Général, par ce qu’il doit être admis en tout lieu à tout moment et par tout
le monde.

Immédiat, par ce que son transfert doit permettre de régler instantanément


et de manière définitive les achats et les dettes.

Dans cette définition on trouve les 3 fonctions traditionnelles de la


monnaie :

- Intermédiaire d’échange ou moyen de paiement


- Unité de mesure de valeur ou réserve de valeur
- Reserve de pouvoir d’achat ou unité de compte

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1-1 Intermédiaire d’échange :

C’est la première et la plus importante fonction de la monnaie, elle évite


par son existence les nombreux inconvénients du troc. En tant que telle, la
monnaie permet de fractionner l’échange en deux temps :

- on cède l’objet à vendre contre de la monnaie


- on acquiert le bien désiré grâce à la monnaie

Elle constitue ainsi un instrument de paiement universel.

*Moyen de paiement :

Lorsque l’échange a eu lieu en absence de monnaie, on dit qu’il y a un troc.


Le troc implique un échange direct d’un bien ou service contre un autre.
Toutefois pour que le troc soit possible, il doit y avoir une double coïncidence
entre les besoins respectifs des agents. Un individu doit posséder ce que l’autre
désire et vice versa.

Toutes sorte d’objets ont été utilisés comme monnaie par des cultures
différentes à des époques différentes, les indiens d’Amérique se servait de perle
et les habitants des iles des mers du sud, de coquillages. Dans les camps des
prisonniers pendant la 2eme guerre mondiale, les cigarettes étaient un
instrument d’échange et elles étaient acceptées même par les non fumeurs qui
les prenaient pour leur fonction et non d’usage. C’est ce qu’on appel la monnaie
marchande.

Pendant longtemps, l’or a été le principal instrument d’échange. Cependant


la valeur d’une pièce d’or dépend de son poids, de sa pureté ainsi que de l’offre
et la demande sur le marché de l’or. Il serait très couteux de la peser et de la
vérifier à chaque transaction. Dès lors l’une des fonctions de l’Etat jusqu’au
20eme siècle a été de frapper les pièces d’or garantissant ainsi leur poids et leur
qualité.

1-2 Unité de mesure de valeur :

La monnaie est aussi un moyen d’exprimer la valeur de chaque bien par


rapport à une référence unique, ce qui permet d’assurer les comparaisons de
valeurs entre les biens et les services et d’établir une échelle générale des prix.

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*Reserve de valeur :

Pour que la monnaie puisse jouer son rôle d’instrument d’échange, elle doit
garder sa valeur, du moins pour une courte période. La monnaie doit avoir donc
une fonction de réserve de valeur.

Il existe beaucoup d’autres réserves de valeur. L’or qu’il n’est plus une
« monnaie », par ce qu’il n’est plus utilisé comme instrument d’échange, continu
néanmoins à servir de valeur.

La terre, le pétrole, les ressources minières, les actions, les obligations, sont
autant de réserves de valeur. Mais aucune de ces réserves n’est parfaitement sûre
dans la mesure où il est impossible de savoir précisément contre quoi elles
pourront être échangées dans le futur. Les pièces, les billets, les comptes chèque
et les autres formes de monnaie ne sont pas non plus des réserves de valeur
parfaitement sûre.

1-3 Réserve de pouvoir d’achat :

La monnaie est enfin, un instrument d’épargne, ce qui permet de différer


l’utilisation d’un revenu. De ce fait la monnaie permet l’accumulation de la
richesse, facteur de progrès et de croissance économique. Cependant, il faut
signaler que cette fonction n’est qu’imparfaitement assurée aujourd’hui en
raison de la hausse des prix « inflation », qui fait qu’une même quantité de
monnaie n’a pas la même valeur d’usage à des moments différents. Ce
phénomène se traduit ce qu’on appel l’érosion monétaire.

*Unité de compte :

Par opposition à la situation de troc, la monnaie en question n’est pas une


marchandise prise parmi les autres, mais bien une unité de référence
conventionnelle. C’est la monnaie « unité de compte ».

Section 2 : la mesure de la quantité de monnaie : les agrégats monétaires

Dans tout les pays on s’efforce de mesurer la quantité de monnaie en


construisant les agrégats monétaires. L’objectif est d’essayer de déterminer les
capacités potentielles de dépenses des agents économiques (ménages et
entreprises). Quantifier la monnaie suppose un certain nombre de convention
plus ou moins arbitraires.

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2-1 les différentes formes de la monnaie :

La monnaie revêt plusieurs formes :

- la monnaie au sens étroit est constituée par la monnaie fiduciaire et


scripturale : les moyens de paiement immédiat.
- La monnaie au sens large est constituée par les instruments de paiement
différés.

La monnaie au sens étroit comprend les billets de banque, les monnaies


divisionnaires, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.

a- Les billets de banque :

Il s’agit de coupures émises exclusivement par la banque centrale en


contrepartie d’opérations définies par ses statuts :

- Acquisition d’avoirs en or et en devises ;


- Concours à l’Etat, achat des titres négociables ;
- Achats des effets représentatifs de crédits.

b- Les monnaies divisionnaires :

Elles sont généralement émises par le trésor. Il s’agit de jetons métalliques


dont la quantité est limitée par la demande publique, qui en a besoin pour l’achat
de marchandise de faible valeur (journaux, stylos, bonbons etc.).

c- La monnaie fiduciaire :

Billets de banques inconvertibles ou papier monnaie.

d- La monnaie scripturale :

Constitue la principale forme de la monnaie dans les économies modernes.


La prééminence de la monnaie scripturale s’est affirmée depuis la deuxième
guerre mondiale, elle s’exprime par :

- La sécurité : risque de vol limité,


- La commodité : on peut mobiliser par simple écriture n’importe quelle
somme d’argent ;
- La sureté : il existe un document écrit qui peut servir de preuve.

La monnaie scripturale peut circuler grâce aux instruments suivants :

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- Le chèque : c’est un ordre adressé par le titulaire d’un compte à la banque
où ce compte est ouvert, de payer au bénéficiaire la somme inscrite sur le
papier, sous réserve d’un approvisionnement du compte du tireur.
- Le virement : c’est un ordre que le payeur adresse directement à sa
banque d’effectuer un transfert de fond sur le compte d’un bénéficiaire ;
- La carte bancaire : c’est le plus célèbre des instruments permettant
l’échange sans support papier.

2-3 Définitions de la masse monétaire :

La masse monétaire est la quantité totale de monnaie en circulation dans


une économie à un moment donnée. Les banques centrales cherchent à mesurer
de la manière la plus précise la quantité de monnaie en circulation. Cette mesure
permet de connaitre la capacité de dépense des agents économiques. Le niveau
de cette dépense peut avoir des conséquences sur le niveau général des prix et
celui de la croissance. Un des objectifs de la politique monétaire est de contrôler
la progression de la quantité de la monnaie.

2-4 les agrégats monétaires :

Les agrégats monétaires sont les indicateurs statistiques qui regroupent


dans des ensembles homogènes les moyens de paiement détenus par les agents
sur le territoire national.

Au niveau européen les agrégats monétaires sont au nombre de trois :

M1= la monnaie fiduciaire + la monnaie scripturale

M2= M1+ les dépôts à terme d’une durée ≤ 2 ans+ les dépôts assortis d’un
préavis de remboursement ≤ 3 mois

M3= M2+ les titres OPCVM monétaires + les titres de créance de durée
initiale< 2 ans

Au Maroc :

M1= les billets et pièces de monnaie en circulation nets des encaisses des
banques + les dépôts transférables à vue, en monnaie nationale constitués
auprès de la banque centrale, des banques commerciales et du trésor.

M2= M1+ l’ensemble des actifs liquides, non transférables et rapportant un


rendement, à savoir les disponibilités en compte d’épargne auprès des
banques.
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M3= M2+ les autres actifs monétaires moins liquides avec des coûts de
transaction significatifs, non transférables et / ou non divisibles et rapportant
un rendement

Conclusion :

La monnaie n’a pas d’utilité directe et ne procure aucun rendement


pécuniaire. Elle a toutefois une fonction spécifique, celle d’être l’instrument
unique de l’échange et une propriété, celle d’avoir une valeur stable à court
terme, ce qui fait d’elle un actif non risque. Si l’on ne tient qu’a son rôle
d’instrument d’échange, la monnaie n’aura qu’une place secondaire dans
l’économie. Elle facilite la circulation de la marchandise. Mais la monnaie est
aussi une réserve de valeur et donc à ce point de vue, elle est un élément
fondamental de l’équilibre entre l’épargne et l’investissement et entre dans la
formation des taux d’intérêt de la dépense. La monnaie est également un étalon
de mesure. C’est autour des ces deux points que s’est organisée la théorie de la
demande de monnaie.

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Chapitre 2 : La demande de la monnaie

Analyser la demande de la monnaie, revient à chercher les raisons pour


lesquelles les agents économiques la détiennent. Cette recherche peut s’appuyer
sur l’analyse théorique et sur l’analyse empirique.

La première analyse permet de connaitre les motifs profonds de la


détention de la monnaie et l’interaction entre celle-ci et l’activité économique.

La seconde analyse, en cherchant à quantifier la relation entre la demande


de la monnaie et ses déterminants, montre qu’il est très difficile de trouver une
fonction stable de la demande de la monnaie.

Les biens économiques sont de deux sortes, ceux qui ont une utilité directe
(les biens de consommation en général), et ceux qui procurent un service
productif (les biens d’investissement) ou un rendement pécuniaire (les titres).
Chaque bien est demandé en fonction de cette utilité directe ou de service
appréciable en termes monétaire. Tous les marchés de biens sont indépendants.
Qu’en est –il de la monnaie ? Comme on l’a dit plus haut, la monnaie n’a pas
d’utilité directe et ne procure aucun rendement pécuniaire, mais elle est un
instrument d’échange, de réserve de valeur et d’étalon de mesure. C’est ce qui
fonde la demande de la monnaie.

Section 1 : l’apport théorique de la monnaie : l’analyse classique

Dans l’analyse classique « la monnaie est un voile qui cache les échanges
des marchandises contre les autres ». Elle n’est pas demandée que pour elle-
même mais pour servir d’instrument d’échange et d’étalon qui fixe la valeur des
autres biens. L’équilibre du marché des biens ne dépend pas du marché
monétaire.

Cette absence d’interaction entre les deux marchés illustre la neutralité de


la monnaie. Pour les classiques, la monnaie est un moyen d’échange et elle doit
être demandée uniquement pour des motifs de transaction. Les classiques ont
développés trois grandes idées relatives à la monnaie :

- La monnaie n’est qu’un moyen de transaction ;


- La monnaie n’influence pas l’économie réelle ;
- La monnaie influence les prix.

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1-1 La monnaie n’est qu’un moyen de transaction :

Pour les classiques, la monnaie n’est pas demandée pour elle-même. Le


besoin qu’on a de la monnaie n’est autre chose que le besoin de marchandise
qu’on achète avec elle. Autremendit la monnaie n’est analysée que comme un
moyen commode de faciliter les échanges. Finalement, écrit Jean-Baptiste Say,
dans son traité d’économie politique (1803) : « l’argent n’est qu’un office
passager (…) et, les échanges passent, il se trouve qu’on a payé des produits
avec des produits ».

1-2 la monnaie n’influence pas l’économie réelle : la monnaie est


neutre

Dans le schéma classique, la production et la consommation des biens ne


dépendent que des demandes et des offres de ces biens. Il ya un équilibre qui ne
dépend en aucune façon du « marché de la monnaie » dont le seul rôle est de
fixer le niveau général des prix.

Cette absence d’interaction entre ce qui est « monétaire » et ce qui est réel,
cette neutralité de la monnaie, illustrée par la formule « la monnaie n’est qu’un
voile » revient à nier la fonction « réserve de valeur » de la monnaie.

1-3 Le volume de monnaie en circulation peut influencer les prix :

Les relations entre la monnaie et prix s’expriment par la célèbre équation


de Fisher, comme sous l’appellation « théorie quantitative de la monnaie », dont
l’expression est la suivante :

M.V= P.Q

Avec P= prix V= vitesse de la circulation M= masse monétaire Q= volume


de transaction

On considère que V et Q sont constants (au moins à court terme), car ils
sont déterminés par des habitudes qui n’ont aucune raison de changer
radicalement.

Ainsi P se trouve lié à la quantité de monnaie en circulation. Autremendit si


les pouvoirs publics multiplient M par n, les prix P se trouvent multiplier
également par n. cette théorie simpliste reliant P et M peut rendre service pour
expliquer les périodes d’hyper inflation, en montrant que tout supplément de la

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monnaie en absence d’une augmentation de la production est forcement
inflationniste.

L’équation de Fisher a été très critiquée :

- statistiquement, les études ont montrés que les prix de détails et les
quantités de monnaie n’ont pas augmentés dans la même proportion.
- Sur le plan théorique, l’augmentation de la demande de la monnaie dans
une situation de sous emploi de facteurs de production, n’engendre pas de
tensions inflationniste.

Sections 2 : l’interprétation de la demande de la monnaie selon la


théorie keynésienne

Dans la théorie keynésienne, la demande de la monnaie (c’est-à-dire


l’encaisse liquide) ne dépend pas uniquement du motif de transaction. Keynes
désigne la demande de la monnaie par le terme « préférence pour la liquidité et
affirme que celle-ci résulte de trois motifs : spéculation, précaution et
transaction.

2-1 la demande de la monnaie pour motif de transaction :

Soit L1, la demande de monnaie pour motif de transaction, si le revenu


d’un ménage qui le dépense régulièrement augmente, la consommation
augmente, car la propension marginale à épargner est nulle. L1 dépend donc du
niveau de revenu, elle est une fonction croissante du revenu.

2-2 la demande de monnaie pour motif de précaution :

Le motif de précaution conduit à la constitution d’une encaisse, dont


Keynes énonce qu’elle dépend comme l’encaisse de transaction, principalement
du montant du revenu. M1 désignant le montant de monnaie détenu pour
satisfaire les motifs de transaction et de précaution, Keynes écrit : M1=L1 (R)
où L1 est la fonction de liquidité qui détermine M1 par rapport au revenu R.
Pour Keynes le motif de précaution, qui résulte de la prise en considération
de l’éventualité d’événements nécessitant des dépenses inattendues : maladies,
accident, voyage, chômage, hausse des prix, etc.

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2-3 la demande de monnaie pour motif de spéculation :

Pour Keynes, les agents économiques conservent des encaisses pour


pouvoir acheter ou vendre des obligations selon leurs anticipations de gains ou
de pertes basés sur l’évolution prévue du taux d’intérêt. Keynes met au premier
plan le lien entre la monnaie et l’incertitude.
Le taux d’intérêt est chez Keynes est la variable conventionnelle qui
résume toute l’incertitude inhérente à la vie économique.
Son niveau à un moment donné est incertain, dans ce schéma, la monnaie
n’est plus neutre dans la mesure où il existe une interaction entre la monnaie et
l’activité économique car le taux d’intérêt est déterminant du niveau
d’investissement.
Les agents économiques conservent des encaisses spéculatives pour
pouvoir être en position d’acheter des obligations.
Quand décide-t-on de placer la monnaie sous forme d’obligations ? L’agent
économique compare le rendement de la monnaie liquide à celui de l’obligation.
Le rendement de la monnaie est constant en valeur nominale le rendement
des obligations dépend :
- Des taux d’intérêt constants ;
- Des taux d’intérêt anticipés
D’une manière générale, un agent économique achète des obligations
quand :
- Les taux d’intérêt courant sont élevés ;
- Avec anticipation d’une baisse de taux d’intérêt.

De ce qui précède on peut formuler l’équation keynésienne de la demande


de la monnaie :

- La demande de monnaie pour motif de transaction dépend de revenu (R) ;


- La demande de monnaie pour motif de spéculation dépend du taux
d’intérêt (i).
D’où : DM=L1(R) +L2(i).

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Section 3 : la demande de la monnaie chez les monétaristes

Les monétaristes, notamment Milton Friedman, ont élargi l’analyse


keynésienne de la demande de la monnaie tout en restant fidèles à la thèse
classique de la neutralité de la monnaie.

3-1 la monnaie comme substitut l’ensemble des actifs qui constituent


le patrimoine d’un agent économique :

Pour Milton Friedman, l’analyse de la demande de la monnaie revient à


chercher la part optimal de la monnaie au sein du patrimoine, au sens large, des
agents économiques.
Schématiquement, le patrimoine ou la richesse d’un individu se compose
de cinq éléments.

a- La monnaie :

Elle se caractérise au sein du patrimoine en ce sens qu’elle est le seul


élément dont la valeur nominale est fixe. Les prix des autres biens ou titres
varient, alors qu’un billet de 100 dhs vaut toujours 100 dhs.

b- Les obligations :

Actifs financiers non monétaires dont le prix varie dans le sens inverse des
taux d’intérêt.

c- Les actions :

Actifs financiers non monétaires dont le prix varie.

d- Le capital physique :

Se sont les biens mobiliers et immobiliers.

e- Le capital humain :

L’individu lui-même. Chaque individu a une capacité plus ou moins grande


pour louer ses services contre rémunération. Il peut également investir en lui-
même (dépenses en études supérieures en vue d’obtenir un meilleur revenu).

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A partir de cette classification, les déterminants de la demande de la
monnaie deviennent plus évidents. Un individu repartira les différents éléments
de son patrimoine en fonction :

- De sa richesse totale : il ya un lien entre la quantité de la monnaie


conservée, le revenu et l’importance du patrimoine ;
- Des anticipations de prix et de rendements comparent des divers éléments
du patrimoine.
Conserver la monnaie permet d’économiser des coûts de transaction et des
coûts d’information. En revanche la monnaie est peu ou pas rémunérée et elle se
dévalue avec l’inflation alors que les titres ou les biens résistent mieux à
l’érosion monétaire.

3-2 comme les classiques, les monétaristes considèrent que la monnaie


est neutre
La thèse de neutralité de la monnaie est à nuancer selon qu’il s’agit de la
première ou de la deuxième génération des monétaristes.

a- La première génération :

Selon Milton Friedman la monnaie est neutre à long terme et active à court
terme :

- A court terme : augmentation de la masse monétaire engendre une hausse


des prix (la théorie quantitative de la monnaie) ce qui donne par
conséquent une amélioration d’investissement (production et emploi).
- A long terme : les salariés découvrent l’inflation ce qui va donner
naissance à une revendication pour l’augmentation des salaires ; les coûts
de production vont augmenter par la suite, défavorisera l’investissement et
l’emploi, en fin le retour à la situation initiale.

b- La deuxième génération :

La monnaie est neutre même à court terme. Selon la deuxième génération


des monétaristes les agents économiques font des anticipations rationnelles c'est-
à-dire ; étant informés ; ils connaissent à l’ avance des conséquences des
décisions économiques.

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3-3 la théorie quantitative de la monnaie (TQM) :

Dire que la demande de la monnaie ne dépend pas du taux d’intérêt revient


à supposer que la vitesse de circulation de la monnaie (PY/M) est une constante.
Elle est calculée en divisant la valeur nominale de la production (le PIB
nominal) par la quantité de la monnaie. MV=PY est appelée équation
quantitative car elle lie la quantité de monnaie M à la valeur nominale de la
production. Par ce que la vitesse est stable, les modifications de la masse
monétaire se traduisent par des modifications proportionnelles de la valeur
nominale de la production PY. La production des biens et services est
essentiellement fonction des facteurs de production et de la technologie. La
monnaie est neutre, elle n’influence pas la production. La variation de la masse
monétaire se traduit donc par une variation du niveau général des prix P.

Conclusion :

Selon la théorie de la préférence pour la liquidité, le taux d’intérêt assure


un équilibre entre l’offre et la demande de la monnaie. La hausse des taux réduit
la quantité demandée de la monnaie, d’où la pente négative de cette courbe. Plus
le taux d’intérêt est élevé, plus la demande de monnaie baisse (fonction
décroissante). L’offre de monnaie par contre est représentée par une droite
verticale puisqu’elle est indépendante du taux d’intérêt. Le taux d’intérêt
d’équilibre assure l’égalité entre l’offre et la demande de la monnaie. Si le taux
d’intérêt est supérieur à son niveau d’équilibre, les gens vont donc se
débarrasser de l’offre excédentaire de la monnaie en achetant des actifs porteurs
d’intérêt ou en déposant les liquidités sur les comptes bancaires rémunérés. La
question qui se pose à ce niveau est qu’est ce qui détermine l’offre de monnaie
et quelles sont les institutions qui sont à l’origine de la création monétaire ?

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