La Monnaie Chapitre 1,2,3
La Monnaie Chapitre 1,2,3
La Monnaie Chapitre 1,2,3
3 – LA CIRCULATION MONETAIRE
ANNEXES
1
Chapitre 1
La monnaie : définition et mesure
Dans les relations économiques, la monnaie joue un rôle fondamental : les biens ne s’échangent pas
contre les biens mais contre de la monnaie ; elle est donc un intermédiaire obligé des échanges.
Par ailleurs, la monnaie est devenue une notion très vaste qui regroupe en son sein différents types de
moyens de paiement.
La monnaie est une notion extrêmement complexe, à la fois difficile à définir et à quantifier.
F.PERROUX donne une excellente définition à la monnaie : “La monnaie est un instrument de
paiement indéterminé, général et immédiat”.
Indéterminé, parce qu’il doit permettre de payer n’importe quelle dette et d’acquérir n’importe quel
bien ou service.
Général, parce qu’il doit être admis en tout lieu à tout moment par tout le monde.
Immédiat, parce que son transfert doit permettre de régler instantanément et de manière définitive les
achats et les dettes.
Dans cette définition on trouve les trois fonctions traditionnelles de la monnaie :
C’est la première et la plus importante fonction de la monnaie1, elle évite par son existence les
1
L’histoire montre que le développement de la monnaie a tenu à des causes autres que purement économiques :
versement de compensation lors de jugement d’actes de violence, le paiement d’une dot afin de dédommager le
père de la perte de services rendus par sa fille, les obligations religieuses et les impôts et taxes imposés par les
princes à leurs sujets.
2
La monnaie est aussi un moyen d’exprimer la valeur de chaque bien par rapport à une référence
unique, ce qui permet d’assurer les comparaisons de valeurs entre les biens et les services et d’établir
La monnaie est enfin, un instrument d’épargne, ce qui permet de différer l’utilisation d’un revenu. De
économique. Cependant, il faut signaler que cette fonction n’est qu’imparfaitement assurée
aujourd’hui en raison de la hausse des prix (l’inflation) qui fait qu’une même quantité de monnaie n’a
pas la même valeur d’usage à des moments différents. Ce phénomène se traduit par ce qu’on appelle
l’érosion monétaire.
La monnaie en tant que réserve de la valeur est un actif, un stock, une situation de patrimoine
à un moment donné.
Si la monnaie remplit des fonctions économiques indéniables, elle a été et reste un instrument
de lien social, un symbole d’unité politique. C’est parce qu’elle comporte une dimension
sociale qu’une certaine stabilité de la valeur de la monnaie est considérée comme un élément
essentiel de l’équilibre de la société.
Dans tous les pays on s’efforce de mesurer la quantité de monnaie en construisant des agrégats
monétaires. L’objectif est d’essayer de déterminer la capacité potentielle de dépense des agents
économiques (ménages et entreprises).
Quantifier la monnaie suppose un certain nombre de conventions plus ou moins arbitraires.
2.1 – LAMONNAIE RETENUE DANS LES AGREGATS MONETAIRES EST CELLE DETENUE PAR LES
AGENTS NON FINANCIERS RESIDENTS
La monnaie détenue par la Banque Centrale, les banques, les caisses d’épargne, et les institutions
financières n’est pas recensée dans les agrégats monétaires. En effet cette monnaie ne sert,
généralement, pas à acquérir les biens et les services. Elle est utilisée pour les relations entre la
Banque Centrale et les institutions financières d’une part et entre les institutions financières elles-
mêmes d’autre part. Les avoirs détenus par les non-résidents ne sont pas destinés, par nature, à être
Avec la libération des mouvements des capitaux, les résidents peuvent détenir de la monnaie nationale
ou des devises à l’étranger, il convient de l’intégrer dans les agrégats monétaires.
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2.2 – LES DIFFERENTES FORMES DE LA MONNAIE AUJOURD’HUI
- La monnaie au sens étroit est constituée par la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale : les
moyens de paiement immédiats ;
- La monnaie au sens large est constituée par des instruments de paiement différés.
Elle comprend les billets de banque, les monnaies divisionnaires et la monnaie scripturale.
La prééminence de la monnaie scripturale s’est affirmée depuis la Deuxième Guerre mondiale, elle
s’explique par :
- la sécurité : risque de vol limité,
- la commodité : on peut mobiliser par simple écriture n’importe quelle somme,
- la sûreté : il existe un document écrit qui peut servir de preuve.
4
- le chèque : c’est un ordre adressé par le titulaire d’un compte à la banque où ce compte est ouvert,
de payer au bénéficiaire, la somme inscrite sur le papier, sous réserve d’un approvisionnement du
compte du tireur ;
- le virement : c’est un ordre que le payeur adresse directement à sa banque, d’effectuer un transfert
de fond sur le compte d’un bénéficiaire ;
- la carte bancaire : c’est le plus célèbre des instruments permettant l’échange sans support-papier.
Son principe consiste à saisir sur une machine les coordonnées bancaires du client de manière à
pouvoir automatiquement débiter son compte et créditer celui du commerçant. La carte permet
aussi le retrait de billets dans les distributeurs automatiques.
Ces instruments ne constituent pas de la monnaie, ils sont de simples supports de circulation de la
monnaie scripturale.
Si dans tous les pays, il est relativement aisé de déterminer les formes de monnaies qui constituent les
moyens de paiement immédiats, la détermination des autres formes de monnaie, les moyens de
paiement différés, repose sur des critères conventionnels propres à chaque pays (voir annexe3 :
chapitre 1).
Les ménages (ou les entreprises) qui n’utilisent pas la totalité des moyens de paiement peuvent hésiter
à laisser cet argent “dormir” sur un compte bancaire non rémunéré. Depuis une dizaine d’années les
produits de l’épargne se sont multipliés, les ménages peuvent donc épargner leurs économies de
plusieurs façons :
- dépôt sur les livrets d’épargne auprès des banques et des caisses d’épargne,
- placement à terme (dépôt à terme, “ bons de caisse ” émis par les banques),
- actions,
- obligations,
- compte épargne-logement, (compte ouvrant droit à des prêts immobiliers attractifs, et disponibles à
tout moment),
- plans épargne logement (compte de la même nature que le précédent mais bloqué),
- bons du trésor.
Ces différents actifs de mobilisation de l’épargne, servent-ils à effectuer des paiements ? Ont-ils le
même degré de liquidité ? Présentent-ils le même risque de perte de capital lors de leur transformation
en liquidité ? Peut-on les considérer tous comme une monnaie au sens large ?
Deux grandes questions doivent être tranchées :
- où tracer la frontière entre la notion la plus large de la monnaie et la non monnaie ?
- en fonction de quels critères logiques peut-on classer les formes de la monnaie au sein de l’agrégat
monétaire le plus large ?
comme monétaires (c’est à dire susceptibles d’être utilisés dans les transactions des biens et services)
a) Les critères traditionnels de distinction entre les actifs monétaires et les actifs non monétaires.
Sont définis comme actifs monétaires, outre les moyens de paiement immédiat les actifs :
- gérés ou émis par les institutions financières,
- pouvant être utilisés en règlement des transactions après conversion facile et rapide en
moyens de paiement, sans prélèvement éventuel sur les moyens de paiement d’un autre agent
économique sans que cette conversion entraîne une perte en capital ; la seule pénalisation étant,
dans certain cas, la réduction des intérêts servis.
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Actif
MP : Moyen de Paiement
AE : Agent économique
Selon les critères ci-dessus, les avoirs en comptes sur livrets, les bons de caisse, et les dépôts à terme,
sont transformés immédiatement en billets ou virés sur un compte chèque par les institutions
financières, sans risque de perte en capital.
Il s’agit, donc, d’actifs monétaires au sens large. Par contre une action ou une obligation n’est
transformable en moyens de paiement que si un acheteur se substitue à un vendeur, c’est à dire que si
un épargnant se substitue à l’autre.
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Par ailleurs la vente d’une obligation ou d’une action peut se traduire par une perte en capital. Pour ces
raisons les valeurs mobilières ne sont pas considérées comme actifs monétaires.
Sont donc exclus des agrégats monétaires tous les placements dont la liquidation avant l’échéance ne
peut se faire que par négociation sur un marché, avec un risque de perte en capital.
notamment :
OPCVM
Les OPCVM sont des organismes qui gèrent des portefeuilles d’actifs financiers
et d’actifs monétaires pour le compte des épargnants. Ce type de placement
représente un avantage important pour les ménages, celui d’être géré par des
spécialistes ayant le souci de diversifier les risques et de maximiser le rendement
financier. Le contenu de leur portefeuille peut être composé soit d’actifs très
liquides, soit d’obligations, soit encore d’actions. Les SICAV (Société
d’Investissement à capital variable) sont les plus connues du public. Une SICAV
est dite monétaire, quand son capital est destiné aux placements liquides
rémunérés au taux du marché monétaire. Elle est dite obligataire quand son
capital est investi dans des obligations (voir le chapitre cinq : le marché
financier)
- La création des titres à court terme négociables (voir chapitre 4 : le marché monétaire)
* certificats de dépôts émis par les banques,
* les bons des sociétés financières,
* les bons des institutions financières spécialisées,
* les bons du trésor négociables,
* les billets de trésorerie émis par les entreprises (10 jours à 7 ans).
Ces innovations ont rendu de plus en plus floue la frontière qui avait été ainsi tracée.
Pour être en conformité avec la nouvelle réalité, les autorités monétaires ont été astreintes à
reconsidérer deux points :
-La notion de conversion de moyens de paiement sans prélèvement éventuel sur les moyens de
paiement d’un autre agent économique,
-La notion de risque de perte en capital.
b1 – la notion de conversion de moyen de paiement sans prélèvement éventuel sur les moyens de
paiement d’un autre agent économique.
La liquidation des actifs financiers par les agents non financiers sur un marché (liquidation d’une
valeur négociable) peut intervenir sans prélèvement sur les moyens de paiement d’un autre agent
économique, c’est le cas où la contrepartie est fournie par les institutions financières qui cherchent à
Exemple : les banques surveillent la tenue de leurs certificats de dépôt sur le marché secondaire.
La vente d’un titre négociable ne se traduit pas forcément
par un prélèvement sur les moyens de paiement d’un
autre agent économique
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Vente d’un titre de
créance négociable
avant l’échéance
Marché
monétaire
Acquisition
(1) (2)
Un agent économique non Organisme émetteur :
émetteur surveille la tenue du cours du
un épargnant se substitue à un titre sur le marché
autre : prélèvement sur les secondaire ;
moyens de paiement d’un autre
agent économique opération qui ressemble à un
remboursement anticipé d’un
dépôt à terme ou d’un bon de
caisse
En second lieu, la notion de perte de capital doit être appréciée en fonction des rendements des titres :
- Les titres à taux variables présentent une moindre incertitude pour l’épargnant qu’un placement
monétaire à 2 ans, à taux fixe.
- Les actions de SICAV à CT présentent un risque de perte en capital qui varie selon la gestion
adoptée ; le risque peut être nul si la SICAV ne détient que des obligations achetées à réméré.
Il se dégage que l’absence de risque de perte en capital n’est plus un critère satisfaisant et qu’une
nouvelle frontière entre monnaie et non monnaie est à redéfinir : au lieu de l’absence de risque de
perte en capital, les autorités monétaires (Belgique, RU, USA) préfèrent sans grand risque de perte en
capital. Ainsi, il était logique de retenir (le cas français) dans les actifs monétaires :
- Les rémérés (assimilables à des dépôts à terme)
- Les titres de créances négociables à court terme.
Une question peut se poser de savoir s’il convient de retenir dans les agrégats monétaires tous ces
titres négociables quelle que soit leur durée (de10 jours à 7 ans) ou seulement ceux de moins de deux
ans.
8
Faut-il considérer les liquidités et les actions des SICAV d’une part et les liquidités et les parts des
FCP, d’autre part, comme des actifs monétaires ?
Ainsi on a considéré comme actif monétaire les actifs à court terme détenus par les SICAV et les FCP.
Sont donc désormais définis comme monétaires, outre les moyens de paiement immédiats, les actifs
financiers que les agents non financiers considèrent comme pouvant être utilisés en règlement des
transactions après reconversion facile et rapide en moyen de paiement sans risque important de perte
en capital.
Cette définition est certes, plus subjective que l’ancienne mais elle est plus conforme à la réalité
actuelle. Elle ne restreint pas la gestion ou l’émission des actifs monétaires aux seules institutions
financières. Elle prend acte du fait que des actifs financiers négociables émis par des agents non
bancaires (entreprise et Trésor) sont assimilés par leurs détenteurs aux actifs émis ou gérés par des
établissements de crédit bancaires.
Pour mieux rendre compte de la définition de l’actif monétaire, il faut tenir compte des trois nouveaux
éléments suivants :
- la durée de certains placements : bien que sans aucun risque de perte en capital, les plans d’épargne
populaire crée en 1990 en France n’ont pas été classés dans les agrégats monétaires. Leur durée de
huit ans minimum fait qu’ils sont considérés comme une vraie épargne à long terme écartée du
circuit d’achat des biens et services.
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- Le caractère résident ou non résident des agents économiques : sont inclus directement dans les
agrégats monétaires :
les titres émis par les OPCVM à court terme détenus par les seuls agents non financiers
résidents ;
les avoirs à l’étranger des résidents. (peuvent être aisément rapatriés et utilisés sur le marché des
biens et service national).
deux critères :
- liquidité : aller des moyens de paiement immédiatement utilisables vers les actifs monétaires
nécessitant une transformation.
- institutionnel : classement des actifs liquides et à court terme selon les institutions qui les ont émis
ou qui les gèrent.
Le critère institutionnel reflétait, en fait, très largement le cloisonnement administratif et juridique des
systèmes financiers nationaux. Or ces raisons ont disparu ou se sont affaiblies et les conditions de
Ainsi, l’ancienne méthodologie de classification des agrégats paraissait de plus en plus anormale. Les
autorités monétaires, dans beaucoup de pays, ont révisé la méthodologie de classification des agrégats
monétaires en remplaçant le critère institutionnel par le critère fonctionnel (nature des placements et
leurs fonctions essentielles).
La classification fonctionnelle des formes de monnaie est observée dans les pays où les mutations
financières ont été assez développées ; (exemple la France depuis 1986).
Dans les pays qui n’ont pas encore connu des réformes profondes de leurs systèmes bancaires et
financiers, ou ; qui viennent juste d’entamer ces réformes, la classification des formes de la monnaie
repose toujours sur le critère institutionnel.
Les critères de classification des actifs au sein de
l’agrégat monétaire, le plus large
2/ institutionnel
permet de classer les placements selon les institutions
qui le gèrent : banques, caisses d’épargne, OFS…
inconvénients :
- ne tient pas compte du cloisonnement
récent entre les activités des banques et
celles des OFS
- les placements à terme auprès des
banques sont devenus très hétérogènes :
Mcomptes
P = Moyens deetpaiement
sur livrets OFS
épargne logement (qui n’ont pas = Organisme Financier Spécialisé
la même finalité)
10
2.2.2.3 – Les agrégats monétaires de la Banque centrale européenne
M1 contient :
- Monnaie divisionnaire
- Les billets de banques
- Les dépôts à vue monétaires auprès des institutions financières monétaires (IFM)2 , du trésor et des
centres chèques postaux.
M2 englobe en plus de M1 :
- Les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à deux ans
- Les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à trois mois
- Les comptes sur livrets (dépôts à vue non mobilisables par chèque)
Ces placements ont en commun le fait d’être très facilement mobilisables sans risque de perte en
capital.
Les placements recensés dans M3-M2 ont donc la caractéristique commune de pouvoir être
transformés à tout moment en moyens de paiement (billets ou compte en banque mobilisable par
chèque) mais de comporter lors de leur liquidation, un risque soit de perte en capital pour les
placements à terme non négociables soit de variation de cours s’il s’agit d’actifs négociables sur un
marché (devises, OPCVM, ou certificats de dépôt)
Ces placements recouvrent toutes les formes d’épargne longue et se subdivisent en trois catégories :
L’agrégat P1 rassemble les placements stables par vocation et non négociables sur un marché. On
y trouve les différentes formes d’épargne contractuelle notamment les plans d’épargne-logement et
divers.
L’agrégat P2 est constitué de l’ensemble des obligations et assimilées dont l’assurance vie.
L’agrégat P3 comprend les actions.
On remarque qu’à la différence des agrégats M, les agrégats P ne s’emboîtent pas entre eux.
11
a) Avant 1997
M1 = Monnaie fiduciaire
+ la monnaie scripturale (avoirs en compte chèque et comptes
sur carnet)
= Disponibilités monétaires
M2 = M1
+ la quasi – monnaie
• les comptes à terme
• bons à échéance fixe
= la masse monétaire
L (liquidité de l’économie) =
M2
+ les instruments financiers aisément convertibles en moyens de
paiement détenus par les entreprises et les particuliers :
• les bons du trésor à court terme,
• les billets de trésorerie
• les dépôts auprès de la caisse d’épargne nationale
• les dépôts auprès des établissements de crédits spécialisés.
Il est à noter que la logique du classement des agrégats monétaires au Maroc reposait sur les critères :
b) Depuis 1997
Le réarrangement du cadre et du contenu des statistiques monétaires s'est imposé pour tenir compte
des récentes mutations et innovations financières suivantes :
- le décloisonnement entre l’activité des banques et celle des organismes financiers spécialisés,
- la naissance des OPCVM et des titres de créances négociables.
Les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib dans son rapport annuel 1997, comporte
trois agrégats de monnaie et trois agrégats de placement liquides
Les agrégats de monnaie (M) regroupent à la fois les avoirs qui présentent toutes les
caractéristiques de la monnaie, quel que soit leur émetteur (système bancaire, Trésor, services des
chèques postaux et Caisses d'Epargne Nationale) et les actifs aisément substituables à la monnaie,
émis par les banques. Ils sont présentés selon leur degré de liquidité. L'agrégat de monnaie le plus
large est désigné désormais par M3, qui correspond à la nouvelle définition de la masse monétaire.
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Les agrégats de placements liquides (PL), reflètent une volonté d'épargne des agents économiques non
financiers résidents. Ils représentent une réserve de pouvoir d'achat rapidement mobilisable.
Remarques :
• La monnaie scripturale, n’est plus définie par les dépôts à vue auprès des établissements de
crédit bancaires, mais par les dépôts à vue monétaire quel que soit l’organisme émetteur ou
gestionnaire. On rejoint ainsi la logique française.
• Les certificats de dépôt, titres émis sur le marché monétaire, sont considérés comme des
dépôts à terme auprès des établissements de crédit bancaires.
Notons enfin, que les banques centrales doivent régulièrement s’interroger sur la pertinence de la
définition des agrégats monétaires. L’innovation qui peut concerner tant les produits que les marché,
est susceptible de mettre en cause les qualités d’un agrégat.
3 – LA CIRCULATION MONETAIRE
Il ne suffit pas de considérer les fluctuations du stock de la monnaie pour appréhender l’importance
de son rôle, il faut connaître le degré d’activité de ce stock et la variation de ce degré d’activité dans le
temps.
Un aspect fondamental de la monnaie tient au fait qu’elle est créée pour circuler : la monnaie n’a
d’importance dans l’économie que parce qu’elle circule, parce qu’elle finance des transactions.
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Un même stock peut tourner plus ou moins vite et financer plus ou moins de transactions. Ainsi, on est
conduit à mesurer la vitesse de circulation de la monnaie et à expliquer les variations de cette vitesse
dans le temps.
Par vitesse de circulation de la monnaie, il faut entendre le nombre de paiements qu’effectue la
monnaie dans un temps donné. Elle mesure la fréquence avec laquelle une unité monétaire change de
mains au cours d’une période.
Pour mesurer la VCM on utilise deux indicateurs ; le premier est relatif à un agrégat monétaire (M2,
M3) ; le deuxième concerne l’activité économique (PIB).
Exemple : M2 = 200
PIB = 1000
VCM = PIB = 1000 = 5
200 200
Interprétation : chaque unité monétaire a été utilisée cinq fois pour des transactions afférentes au PIB.
Autrement dit, à un moment de l’année, les encaisses détenues par le public étaient équivalentes à près
de deux mois et demi de PIB.
La taille de la vitesse de la circulation de la monnaie tend à varier en fonction des taux d’intérêt, des
habitudes de consommations, et des anticipations sur l’évolution des prix.
Si on inverse le rapport obtenant la VCM on obtient un autre rapport très révélateur du comportement
des agents économique, appelé le taux de liquidité : MM * 100
PIB
Il permet de mesurer l’importance des différents types de monnaies dans une économie.
Une baisse du rapport M1/PIB indique la monnaie au sens strict est devenue plus efficace . Exemple :
le taux de liquidité passe de 40% en t0 à 30 % en t1. Cette évolution signifie que pour réaliser les
échanges correspondant à 100 de PIB en t0 il fallait quantité de monnaie fiduciaire et scripturale égale
à 40 et seulement 30 en t1.
Une augmentation du rapport de M3 – M1 sur PIB peut s’interpréter comme un accroissement de la
richesse financière des ménages, placés sous forme de compte sur carnets, compte à terme, bond de
caisse, certificats de dépôts, etc.
ANNEXES
Annexe 1 : La monétique
La loi bancaire (1993) consacre la monnaie électronique, bouleversant ainsi les vieux principes de la
monnaie scripturale et fiduciaire.
- Comment peut-on définir la monétique ?
- La monétique est-elle une vraie monnaie ?
Elle est définie comme “ l’ensemble des techniques informatiques, magnétiques, électroniques et
télématiques permettant l’échange de fonds sans support papier et impliquant une relation tripartie
entre les banques, les commerçants et les consommateurs”. La définition des moyens de paiement par
la nouvelle loi bancaire (1993) permet de conclure que la monétique fait partie des moyens de
paiement. En effet l’art 4 de ce texte dispose : “sont considérés comme moyens de paiement tous les
instruments qui, quel qu’en soit le support ou le procédé technique utilisé, permettent à toute
personne de transférer des fonds”. Ce texte innove et consacre ainsi sur le plan législatif la monétique
comme nouveau moyen de paiement tout transfert de fonds qu’il soit déclenché et exécuté par voie
manuelle et sur papier ou par le biais des moyens informatiques et télématiques les plus sophistiqués.
14
En tant qu’un instrument de transfert de fonds la monétique est une réalité incontestable. En 1979 le
Maroc a connu les premières cartes locales à pistes magnétiques en tant que cartes de paiements et
de garanties.
En 1982 les premiers Distributeurs automatiques de billets (D.A.B) ont fait leur apparition.
En 1984 certaines banques ont commencé à mettre en place des Terminaux Points de Ventes (T.P.V)
ou Terminaux de Paiements Electroniques (T.P.E) remplaçant les « fers à repasser ».
Le Maroc compte actuellement quatre émetteurs de cartes multifonctionnelles la B.M.C.E, le C.P,
Interbank et Wafabank. Par ailleurs le nombre de ces cartes, de commerçants menus de fer à repasser
ou disposant de TPV ou TPE ne cessent de s’accroître.
Connu en Chine dès le Ville siècle, l'usage du billet de banque ne s'introduisit en Europe qu'au XVI le
siècle, d'abord en Allemagne, puis surtout en Grande-Bretagne après la création de la Banque
d'Angleterre en 1694. En France, après l'échec de la tentative de Law en 1720 et la faillite des
assignats pendant la Révolution, le véritable billet de banque ne commença à circuler qu'en 1803
après la fondation de la Banque de France. Avec le développement du système bancaire et la création
des banques centrales, tous les pays ont, depuis, suivi cet exemple.
Le billet de banque était à l'origine un titre de créance sur la banque d'émission, remboursable à vue,
par cette dernière, en métal précieux, le plus souvent en or, mais parfois aussi en argent. Les billets
étaient donc gagés sur l'encaisse métallique détenue par les banques d'émission, qui devait par
conséquent avoir une valeur égale à celle des billets en circulation. Mais il devint très tôt évident que
les banques centrales, appuyées par la puissance publique, pouvaient sans inconvénient procéder à
des émissions d'une valeur très supérieure à celle de leur encaisse, et transformer ainsi le billet en un
puissant instrument de crédit.
Avec quelques interruptions dues à des crises financières (brèves en France et en Angleterre, plus
longues en Russie), les billets de banque restèrent, jusqu'à la guerre de 1914, un peu partout
convertibles en or. Après cette date, la convertibilité, dont le public ne faisait que très
exceptionnellement usage, fut supprimée. Les billets avaient désormais cours forcé et les monnaies
d'or, jusqu'alors couramment utilisées, disparurent de la circulation pour n'y plus revenir depuis. Les
banques centrales émirent des quantités croissantes de billets pour financer les dépenses de guerre.
Lors de l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises en 1923, les émissions de marks de la
Reichsbank allemande atteignirent des montants astronomiques, déchaînant une inflation telle que,
pour faire face aux besoins quotidiens des transactions courantes, on dut fabriquer chaque jour des
millions de coupures imprimées d'un seul côté sur du papier ordinaire.
La disparition des monnaies d'or, le développement des échanges et la dépréciation monétaire ont
déterminé l'expansion de l'usage du billet de banque depuis la Première Guerre mondiale. En France,
en 1914, le montant total des pièces métalliques en circulation était à peu près égal à celui des billets
(trois milliards de francs d'alors). En 1992, la circulation des pièces métalliques représentait quelque
18 milliards de francs, et celle des billets près de quinze fois plus. Le nombre des billets s'est
3
Encyclopédie Universalis 1997
15
également accru : 50 millions de coupures en 1914, 653 millions en 1919 et environ 1 300 millions
depuis les années 1980. Le ralentissement de la progression s'explique par la concurrence qu'exercent
d'autres moyens de paiement tels que le chèque bancaire ou postal, le virement et la carte de crédit.
Liquidité décroissante des moyens de paiement immédiats aux placement à terme ou liés au
marché monétaire.
Pas de risque en capital explique l’exclusion de placements apparemment liquides, comme les
placements obligataires.
Allemagne
Autriche
Belgique
Espagne
Finlande
France
16
M2 : M1 + livrets d’épargne.
M3 : M2 + dépôts et comptes à terme en francs et en devises, parts d’OPCVM monétaires, TCN (titres
de créance négociables) émis par des banques et des IFS (institutions financières spécialisées)
détenus par des agents non financiers, parts de fonds communs de créances.
Irlande
M1 : Monnaie en circulation (hors détention par les banques) et dépôts à vue auprès des banques (net
débits provisoires).
M3 : M1 + dépôts des agents non financiers privés auprès des banques, coupons courus sur les actifs
de ces comptes et emprunts des banques auprès d’autres institutions de crédit.
M3 étendu : M3 + dépôts à vue et d’épargne des agents non financiers privés auprès des institutions
de crédits non bancaires, intérêts dus sur ces comptes et dépôts auprès de la caisse d’épargne et la
Poste (Post Office Savings Bank).
Italie
Pays-Bas
Portugal
M1 : Monnaie en circulation, dépôts à vue et autres passifs monétaires inférieurs à trente jours (hors
dépôts à terme).
M2 : M1 + dépôts d’épargne, dépôts à terme avec préavis, dépôts en devises, certificats de dépôts,
opérations de pension, obligations de maturité résiduelle inférieure à deux ans et autres passifs quasi
monétaires.
Annexe 4 :
En millions de dirhams
17
Agrégat M1 167.5 181.2 8,2 192.8 6,0
- Placements à vue (M2- 28 63 6,6 05 5,3
M1) 33.06 35.24 7,9 37.22 5,9
Agrégat M2 9 0 9,9 0 0,0
- Placements à terme 200.5 216.5 8,4 230.0 4,6
(M3-M2) 97 03 25
Agrégat M3 69.38 76.28 76.93
9 1 5
26998 292.7 306.9
6 84 60
Source : Rapporst de Bank Al-Maghrib
18
A la fin du 19ième siècle et jusqu’au 1920, des monnaies appelées
Mouzonas et Rial furent frappées.
Le Franc Marocain est apparu sous le protectorat français.
En 1960, sous le règne de Mohammed V a été crée le dirham marocain en
argent.
Depuis 1987, l’hôtel des monnaies de Bank Al-Maghrib (DAR AS-SIKKAH)
assure, intégralement, selon les procédures techniques de pointe, la
fabrication de pièces de monnaies, séries 1987/1995)
19
20
Chapitre 2
La demande de monnaie
1- L’APPORT DE LA THEORIE
1.1- L’ANALYSE CLASSIQUE
1.1.1- La monnaie n’est qu’un moyen de transaction
1.1.2- La monnaie n’influence pas l’économie réelle : la monnaie est
neutre
1.1.3- Le volume de monnaie en circulation peut influencer les prix
1.2 - L’APPORT KEYNESIEN
1.2.1 - Les nouveaux motifs de la détention de la monnaie.
1.2.2 - La monnaie est active
1.3 - L’APPORT DES MONETARISTES
1.3.1 - La monnaie a comme substitut l’ensemble des actifs qui
constituent le patrimoine d’un agent économique.
1.3.2 - Comme les classiques, les monétaristes considèrent que
la monnaie est neutre.
21
22
Chapitre 2
La demande de monnaie
Analyser la demande de monnaie, revient à chercher les raisons pour lesquelles les agents
économiques la détiennent.
Cette recherche peut s’appuyer sur l’analyse théorique et sur l’analyse empirique.
La première analyse permet de connaître les motifs profonds de la détention de la monnaie et les
interactions entre celle-ci et l’activité économique.
La seconde analyse, en cherchant à quantifier la relation entre la demande de monnaie et ses
déterminants, montre qu’il est très difficile d’obtenir une fonction stable de la demande de monnaie.
1 – L’APPORT DE LA THEORIE.
Pour les classiques la monnaie n’est pas demandée pour elle-même. Le besoin qu’on a de la monnaie
n’est autre chose que le besoin de marchandise qu’on achète avec elle. Autrement dit la monnaie n’est
analysée que comme un moyen commode de faciliter les échanges. Finalement, écrit Jean-Baptiste
Say, dans son traité d’économie politique (1803) : « l’argent n’est qu’un office passager (…) et, les
échanges passés, il se trouve qu’on a payé des produits avec des produits ».
Dans le schéma classique, la production et la consommation des biens ne dépendent que des demandes
et des offres de ces biens. Il y a un équilibre qui ne dépend en aucune façon du « marché de la
monnaie », dont le seul rôle est de fixer le niveau général des prix.
Cette absence d’interaction entre ce qui est « monétaire » et ce qui est réel (activité économique de
production et de consommation), cette neutralité de la monnaie, illustrée par la formule « la monnaie
n’est qu’un voile » revient à nier la fonction « réserve de valeur » de la monnaie.
La relation entre monnaie et prix s’exprime par la célèbre équation de Fisher, connue sous
l’appellation théorie quantitative de la monnaie, dont l’expression est la suivante : M V = P Q
Avec : P = prix
V = vitesse de la circulation
M = Masse monétaire
Q = Volume de transaction
On considère que V et Q sont constants (au moins à court terme), car ils sont déterminés par des
habitudes qui n’ont aucune raison de changer radicalement. Ainsi P se trouve lié à la quantité de
monnaie en circulation.
Autrement dit si les pouvoirs publics multiplient M par n, les prix P se trouvent multiplier également
par n.
Cette théorie très simpliste reliant P et M peut rendre service pour expliquer les périodes d’hyper-
inflation, en montrant que tout supplément de la monnaie en absence d’une augmentation de la
production est forcement inflationniste.
4
La théorie classique a dominé l’analyse monétaire de la fin du XVIII siècle jusqu’à la crise des années trente.
23
L’équation de Fisher a été très critiquée :
- Statistiquement, des études ont monté que les prix de détails et les quantités de monnaie n’ont pas
augmenté dans la même proportion.
- Sur le plan théorique, l’augmentation de la demande de monnaie dans une situation de sous emploi
de facteurs de production, n’engendre pas de tensions inflationnistes.
Keynes a introduit de nouvelles raisons de détention de la monnaie, son apport a consisté à montrer
que la monnaie n’est pas neutre.5
Pour Keynes la monnaie n’est pas seulement demandée par les entreprises et les ménages en tant
qu’instrument de transaction, mais peut être demandée pour elle-même, et ce pour deux nouveaux
motifs :
- un motif de précaution, qui résulte de la prise en compte de l’éventualité d’événements nécessitant
des dépenses inattendues : maladie, accident, hausse des prix, chômage, …
- le motif de spéculation : les agents économiques conservent des encaisses spéculatives pour
pouvoir être en position d’acheter des obligations.
Quand décide-t-on de placer la monnaie sous forme d’obligation ? l’agent économique compare le
rendement de la monnaie liquide à celui de l’obligation.
Le rendement de la monnaie est constant en valeur nominale. Le rendement des obligations dépend :
- des taux d’intérêts courants ;
- des taux d’intérêts anticipés.
D’une manière générale, un agent économique achète des obligations quand :
Exemple : les caractéristiques d’une obligation acquise pour la première fois par un agent économique
A:
Valeur nominale (VN) = 1000
Taux d’intérêt (i) 10% / an
Rendement (c) = 1000 x 10% = 100
L’agent économique “A” veut vendre, l’obligation avant l’échéance ; les taux d’intérêt au moment de
la vente sont de 12%. Quelle est sa nouvelle valeur nominale ?
On sait que : c = VN x i
VN = c / i
c = 100, ce qui touche le nouvel acquéreur à la fin de l’échéance.
Le problème est le suivant : quelle est la nouvelle valeur nominale placée à 12% permettant un gain de
100 ?
VN1 = 100/12% = 833
Le nouvel acquéreur (B) achète l’obligation à une valeur nominale de 833.
Si la baisse des taux anticipée se réalise, ex à 8% il a intérêt à revendre.
VN2 = 100/8% = 1250
Le gain réalisé est de 1250 – 833 = 417
Quand les taux d’intérêt sont bas et qu’on anticipe une hausse des taux d’intérêt l’agent économique
n’a pas intérêt à acheter l’obligation, il est intéressant de conserver de la monnaie pour être prêt à toute
opportunité d’achat, c’est la préférence pour la liquidité. Si tous les agents économiques adoptent le
même comportement, personne ne veut acheter des titres, la demande de monnaie est infinie, la
préférence pour la liquidité est absolue.
24
- La demande de monnaie pour motif de précaution dépend, également, du revenu (R)
- La demande de monnaie pour motif de spéculation dépend du taux d’intérêt (i).
D’où : DM = L1 (R) + L2 (i)
Dans l’analyse keynésienne, la monnaie n’est plus neutre, il existe une interaction entre la demande de
monnaie et l’activité économique, puisque pour Keynes le taux d’intérêt joue un rôle important dans
l’investissement et donc dans la production. Cette interaction peut mieux être dégagée par le schéma
de causalité de la théorie keynésienne :
MT
R DM MP
C Ti
MS
RN C
I Incitation à OM
investir
Profit
anticipé
Légende :
RN = revenu national Ti = taux d’intérêt MT = motif de transaction
C = consommation DM = demande de monnaie MP = motif de précaution
I = investissement OM = offre de monnaie MS = motif de spéculation
R = revenu signifie, détermine
Dans ce schéma le taux d’intérêt constitue un lien entre secteur réel et le secteur monétaire. Une action
sur la monnaie peut se répercuter sur les investisseurs (la production).
Exemple : Une augmentation de la masse monétaire, (augmentation de l’offre de la monnaie) entraîne
une baisse des taux d’intérêt qui peut améliorer la marge des profits (différence entre l’efficacité
marginale du capital et le taux d’intérêt) d’où une meilleure incitation à investir et donc une
augmentation des investissements (production et emploi).
L’inconvénient de l’analyse keynésienne, est d’avoir présenté la demande de monnaie, comme un arbitrage entre
monnaie et titres financiers non monétaires. En fait les agents économiques recherchent un équilibre entre les
différentes composantes de leur patrimoine dont la monnaie n’est qu’un élément. Cette dernière idée constitue le
Les monétaristes, notamment Milton Friedman, ont élargi l’analyse keynésienne de la demande de la
monnaie tout en restant fidèles à la thèse classique de la neutralité de la monnaie.
1.3.1 – La monnaie a comme substitut l’ensemble des actifs qui constituent le patrimoine d’un
agent économique.
Pour Milton Friedman, l’analyse de la demande de monnaie revient à chercher la part optimale de la
monnaie au sein du patrimoine, au sens large, des agents économiques. Schématiquement, le
patrimoine ou la richesse d’un individu se compose de cinq éléments :
25
a) La monnaie : elle se caractérise au sein du patrimoine en ce sens qu’elle est le seul élément
dont la valeur nominale est fixe. (les prix des autres biens ou titres varient, alors qu'un billet de
100 dhs vaut toujours 100 dhs).
b) Les obligations : actifs financiers non monétaires dont le prix varie dans le sens inverse des
taux d’intérêt.
c) Les actions : actifs financiers non monétaires dont le prix varie.
d) Le capital physique : biens meubles et immobiliers.
e) Le capital humain : l’individu lui-même. Chaque individu a une capacité plus ou moins
grande pour louer ses services contre rémunération. Il peut également investir en lui-même
(dépenses en études supérieures en vue d’obtenir un meilleur revenu).
A partir de cette classification, les déterminants de la demande de monnaie deviennent plus évidents.
Un individu répartira les différents éléments de son patrimoine en fonction :
- de sa richesse totale : il y a un lien entre la quantité de monnaie conservée, le revenu et
l’importance du patrimoine,
- des anticipations de prix et de rendements comparés des divers éléments du patrimoine.
Conserver la monnaie permet d’économiser des coûts de transactions et des coûts d’information. En
revanche, la monnaie est peu ou pas rémunérée et elle se dévalue avec l’inflation alors que les titres ou
- de ses goûts et préférences : l’investissement dans le savoir obéit à la fois à des considérations
matérielles et socio-psychologiques ;
- le degré d’instabilité économique (risque de chômage).
1.3.2 – Comme les classiques, les monétaristes considèrent que la monnaie est neutre.
La thèse de la neutralité de la monnaie est à nuancer selon qu’il s’agit de la première ou de la seconde
1.3.2.1 – La première génération (Milton Friedman) : la monnaie est neutre à long terme et active à
court terme.
Explication :
• à court terme :
augmentation de la masse monétaire augmentation des prix (théorie quantitative de la monnaie)
augmentation des investissements (production et emploi).
• à long terme : les salariés découvrent l’inflation revendication
(augmentation des salaires) augmentation des coûts de production baisse
des investissements augmentation du chômage et retour à la situation
initiale.
rationnelles c’est à dire, étant informés, ils connaissent à l’avance les conséquences des décisions
économiques.
Ainsi, quand les autorités monétaires décident d’une augmentation de masse monétaire, les agents
économiques, sachant que celle-ci va se traduire par une tension inflationniste, revendiquent
6
Le représentant le plus connu de ce courant est Robert Lucas (prix Nobel).
26
immédiatement une amélioration équivalente des salaires. Dès le départ l’effet stimulant des prix sur
la production et annulé par l’augmentation des coûts de production. La manipulation de la masse
monétaire n’a aucune influence sur les prix.
Ce débat entre monétaristes a des conséquences pratiques en matière de lutte contre l’inflation. Pour la
première génération, la lutte anti-inflationniste nécessite une baisse graduelle de la masse monétaire,
afin d’éviter l’aggravation du chômage à court terme. Pour la deuxième génération, on peut mener une
lutte radicale contre l’inflation sans aucune crainte sur l’emploi.
Pour l’analyse empirique la demande de monnaie des agents économiques est influencée par les
facteurs suivants :
-les facteurs d’anticipation des prix et des rendements comparés des différentes formes de détention
de la richesse ;
-les goûts et les préférences ;
Les agents économiques ne sont pas victimes d’une illusion monétaire ; la demande de monnaie est
exprimée en termes réels. Cet effet est dit “d’encaisse réel”, signifie quand le niveau des prix
augmente de 10% la quantité de monnaie demandée augmente, également, de 10%.
On conçoit que la quantité de monnaie conservée par un agent économique soit fonction de
l’importance de son patrimoine.
2.3 – LES FACTEURS D’ANTICIPATION DES PRIX ET DES RENDEMENTS COMPARES DES
DIFFERENTES FORMES DE DETENTION DE LA RICHESSE
Plus les taux d’intérêt des obligations sont élevés, avec une anticipation à la baisse, moins les agents
économiques conservent la monnaie. Plus le taux d’inflation anticipé est élevé, plus les agents
économiques chercheront à se débarrasser de leur monnaie :
- soit sous forme de valeurs refuges (biens immobiliers, actions, or, devises “si le contrôle des
changes n’existe pas” …)
- soit en croissant leur consommation.
Comment peut-on modéliser le sentiment d’insécurité lié à la crainte du chômage ? comment peut-on
apprécier la part du capital humain dans le patrimoine ?
La demande de monnaie est devenue une fonction très instable. Les résultats obtenus dans le passé ont
une faible portée pour l’avenir. Ce constat s’explique par l’ampleur des fluctuations des taux d’intérêt,
des taux d’inflation, et des taux de change.
Par ailleurs les récentes mutations monétaires et financières ont rendu de plus en plus floue la frontière
entre actifs monétaires et actifs financiers. L’instabilité de la demande de la monnaie pose des
problèmes difficiles aux autorités monétaires pour la mise en œuvre de la politique monétaire.
27
Chapitre 3
La création monétaire
28
Chapitre 3
La création monétaire
La création monétaire est l’un des aspects les plus importants de l’analyse monétaire. Certains pensent
qu’une banque normale aurait la faculté, en faisant usage de son stylo de créer autant de monnaie
qu’elle le désire.
Des banquiers rétorquent, on ne crée rien, on ne fait que mettre l’épargne confiée par nos clients à la
disposition de l’économie (entreprises et particuliers). Les deux explications sont erronées. Les
banques créent de la monnaie, mais dans des limites bien précises.
La création monétaire est aussi assurée dans des faibles proportions par la Banque Centrale et le
Trésor.
Pour bien comprendre le mécanisme de la création monétaire par les banques, il faut partir d’un
exemple simple et le compliquer pas à pas afin de cerner progressivement la réalité. Ainsi on
examinera successivement :
-Le pouvoir des banques à créer de la monnaie sous forme de billets.
-La création de la monnaie scripturale :
• hypothèse d’une seule banque,
• hypothèse d’une Banque Centrale et d’une banque de dépôt.
• hypothèse d’une Banque Centrale et deux banques de dépôts.
Vers la fin du moyen âge, il se tenait périodiquement dans certaines villes des foires où se rendaient
des marchands. Le transport du métal précieux (incarnation de la monnaie) était périlleux compte tenu
de l’insécurité des routes. C’est à ce niveau qu’interviennent les banques. Ainsi une banque à Lyon
remettait-elle à son client un certificat d’une certaine quantité de métal. Le client pouvait se rendre à
Paris et y contacter le correspondant de la banque qui faisait la transaction inverse.
Or il est aisé de concevoir que les marchands aient trouvé plus pratique de se servir directement de ces
certificats pour le règlement d’un certain nombre d’opérations.
Plaçons-nous dans la situation d’une banque : elle a, mettons, dans ses coffres, 1000 livres d’or et ses
clients détiennent l’équivalent en certificats. Représentant comptablement les opérations que la
banque sera amenée à faire.
ACTIF PASSIF
Le passif représente les engagements de la banque, ce qu’elle doit car les certificats sont une dette
pour la banque qu’elle doit pouvoir à tout instant, rembourser en or détenu en caisse (or qui ne lui
appartient pas en propre).
29
L’observation des rentrées et sorties d’or permettra à la banque de constater que ses clients règlent une
bonne partie de leurs échanges grâce aux certificats de dépôts ; par exemple, en moyenne 750. Donc,
seulement, le quart des transactions exige la transformation des certificats en or, soit 250.
Ainsi la banque dispose de 750 livres d’or dans son actif. Comment peut-elle les utiliser ? deux
possibilités s’offrent à la banque.
1ère possibilité :
Agir de côté de l’actif, elle peut prêter les 750 livres d’or à un client moyennant intérêt.
ACTIF PASSIF
Livres d’or : 1 Certificats :1
000 000
Créance sur x : Livres d’or :
750 750
TOTAL : 1 TOTAL :1
750 750
A ce niveau on constate une création monétaire : à partir de 1 000 livres d’or il y a une circulation
2ème possibilité :
Agir du côté du passif, il s’agit non de prêter le métal précieux mais d’émettre davantage de certificats
de dépôt qu’elle n’a d’or en caisse. Le raisonnement à la base de la quantité à émettre est le suivant :
Le dépôt de 1000 livres d’or a permis d’abord l’émission de 1000 certificats.
L’expérience a montré que :
250 livres d’or couvrent les besoins d’une émission de 1000 certificats.
750 livres d’or peuvent couvrir une nouvelle émission de 3000 certificats.
Donc il est beaucoup plus lucratif pour la banque de prêter non pas de l’or mais des certificats.
Bilan de la banque
ACTIF PASSIF
Les trois mille certificats supplémentaires mises au passif de la banque correspondent au crédit qu’elle
a accordé à (Y).
Cette fois l’intérêt touché par la banque sera proportionnellement à 3000. (au lieu de 750, dans le cas
précédant).
Ainsi à partir d’un dépôt initial de 1000 livres d’or, il a été possible à la banque de créer 4000
certificats (4000 unités monétaires en billets).
Voici exposé, le principe de ce qu’on appelle le mécanisme de la création monétaire par les banques.
30
Il y a création monétaire parce qu’au dernier bilan, la banque a mis en circulation de nouveaux
moyens de paiement qui n’existaient pas avant son intervention. On parle de création ex-nilo (à partir
de rien).
Il va sans dire que ce pouvoir mal utilisé est générateur de dangers potentiels, d’où l’existence d’une
réglementation bancaire, très sévère qui s’est peu à peu instaurée.
1.2.1 – L’hypothèse d’une seule banque : la création monétaire avec dépôt préalable, le
mécanisme du multiplicateur.
Supposons qu’il n’existe qu’une seule banque et qu’une seule monnaie constituée par les avoirs en
compte courant dans cette banque. Dans ce cas le principe de la création monétaire, tel qu’il a été
examiné précédemment ne change pas ; il suffit de remplacer les dépôts d’or par les dépôts de billets
de la Banque Centrale et l’engagement des banques en billets par l’engagement en monnaie
scripturale.
Exemple : un agent économique (A) dépose dans une banque 1000 dhs. A partir de ce dépôt initial la
banque peut fabriquer une plus grande quantité de monnaie scripturale. Le processus de création est le
suivant :
Etape 1 :
Dépôt initial de 1000 ouverture d’un compte courant chècable.
Bilan de la banque
ACTIF PASSIF
Billet de banque : 1 Monnaie scripturale : 1
000 000
ACTIF PASSIF
Monnaie scripturale : Créance sur la
1 000 banque : 1 000
Etape 2 :
Comme dans le cas des banques anciennes le banquier constate qu’une grande partie des transactions
se fait par échange de chèques, supposons 800. Seuls 200 font l’objet de transaction sous forme de
billets de banque. Par habitude le banquier va pouvoir déterminer le pourcentage des dépôts pouvant
être réglés en billets, le 1/5ème dans notre exemple. Il s’agit d’une réserve indispensable permettant à la
banque d’honorer ses engagements. Le 4/5ème restant (800 dhs) peut être utilisé librement par la
banque : elle octroie en crédit à une entreprise (E). le nouveau bilan de la banque et le bilan de
l’entreprise (E) peuvent être présentés ainsi :
Bilan de la banque
ACTIF PASSIF
Billets de banque : 1 Monnaie scripturale : 1
000 000
Créance sur (E) : Compte de (E) :
800 800
TOTAL : 1 800 TOTAL : 1
31
800
Bilan de l’entreprise E
ACTIF PASSIF
Compte à la banque : Dette à l’égard de la
800 banque : 800
A ce stade on peut déjà constater une création de monnaie scripturale, car il y a un accroissement de la
quantité de monnaie en circulation qui s’est faite en contre partie de l’octroi de crédit par la banque à
l’entreprise (E). A partir d’un dépôt initial de 1000, nous avons 1800 en MS.
La création pourra se poursuivre selon le circuit suivant :
CREDIT DEPOT
Etape 3 :
L’entreprise (E) paye par chèque son fournisseur (F), qui par la suite dépose son chèque à la banque de
dépôt. Celle-ci retient le 1/5 pour faire face aux sorties de billets de banque, et prête le reste à un client
A ce niveau la banque a mis en circulation une nouvelle quantité de monnaie scripturale. Le total de
monnaie scripturale créée est :
1000 + (1000 x 4/5) + (1000 x 4/5)x 4/5 = 1000 + 800 + 640
Etape 4 :
En adoptant le même raisonnement, les 640 seront déposés dans la banque, le 1/5 sera réservé au
règlement en billets et le 4/5 restant donné en nouveau crédit. La nouvelle quantité de monnaie
scripturale créée est 640 x 4/5. Le total de monnaie scripturale émis au terme de la quatrième étape est
le suivant :
1000 + (1000 x 4/5) + (1000 x 4/5) x 4/5 + (1000 x 4/5 x 4/5) x 4/5 =
= 1000 + (1000 x 4/5) + (1000 x 4/5) 2 + 1000 x (4/5) 3
Etape « n »
Le raisonnement est poursuivi jusqu’à l’épuisement des billets de banques c’est à dire jusqu’à l’octroi
du crédit « n ». La somme de monnaie scripturale correspondant à l’étape « n » est :
1000 + 4/5 (1000) + (4/5)2 (1000) + (4/5) 3 + …+ (4/5) n (1000) =
32
Interprétation : la monnaie scripturale a été créée dans la proportion de 5 contre 1.
La banque aurait créé une plus grande quantité de monnaie scripturale, si le taux de la réserve avait été
moins important. Avec un r qui tend vers zéro le multiplicateur tend vers l’infini. La banque aurait un
Il faut noter que le multiplicateur indique seulement le maximum potentiel de création de monnaie,
maximum qui n’est pas nécessairement atteint, d’une part, si les agents non financiers ne demandent
pas de crédits bancaires, d’autre part si les banques préfèrent utiliser leur excédent de monnaie centrale
autrement que dans l’octroi de crédits.
1.2.2 – L’hypothèse d’une seule banque : création monétaire sans dépôt préalable.
Il y a création monétaire par la banque lorsqu’elle procède à l’une des opérations suivantes :
Bilan de « A »
ACTIF PASSIF
Bien :-
1000
Compte chez la banque : +
1000
Bilan de la banque
ACTIF PASSIF
Bien : + 1000 Compte de « A » : +
1000
La vocation des institutions financières n’est pas la gestion des biens réels, donc l’opération ci-dessus
est exceptionnelle.
Bilan de « A »
ACTIF PASSIF
Devise :
-1000
Compte chez la banque : +
1000
Bilan de la banque
33
ACTIF PASSIF
Devises : + 1000 Compte de « A » : +
1000
- Escompte d’un effet de commerce d’une valeur de 1000 : une monétisation de créance.
Exemple :
L’entreprise “X” qui a vendu à crédit des biens d’une valeur de 1000 à l’entreprise “Y” escompte sa
créance auprès de la banque.
ACTIF PASSIF
Biens :
-1000
Effets de commerce sur Y : +
1000
ACTIF PASSIF
Effets de commerce : -
1000
Compte chez la banque :
+1000
Bilan de la banque
ACTIF PASSIF
Dans un tel système, hormis l’achat des biens réels et devises il n’existe aucune limite exogène à la
création par la banque. Chaque fois que la banque accord un crédit, elle augmente à la fois la masse
monétaire et son actif.
Les banques fonctionnent de nos jours à l’envers : elles n’ont pas à accorder des crédits à partir des
dépôts collectés préalablement.
L’examen de création monétaire dans l’hypothèse d’une banque et d’une banque centrale nous permet
de mieux comprendre le mécanisme de la création monétaire sans dépôt préalable.
34
1.2.3 – L’hypothèse d’une banque de dépôt et d’une Banque Centrale : le diviseur du crédit.
Dans l’exemple précédent on a examiné la création monétaire à partir d’un dépôt préalable, ce dépôt
ACTIF PASSIF
Crédit à l’économie : + Monnaie scripturale : +
1000 1000
(escompte d’un effet de
commerce)
ACTIF PASSIF
Crédit à l’économie : Monnaie fiduciaire :
200 200
ACTIF PASSIF
Crédit à l’économie : 800 Monnaie scripturale :
800
On constate que c’est la quantité de monnaie centrale qui est adaptée à la quantité de monnaie
scripturale et non l’inverse. On part de la monnaie scripturale pour aboutir, grâce à un diviseur, à la
monnaie fiduciaire.
L’approche du diviseur reflète mieux la réalité du fonctionnement des banques. Mathématiquement le
diviseur du crédit est l’inverse du multiplicateur :
MF = 1/K MS.
NB : Si les crédits aboutissent à une création monétaire, le remboursement du crédit conduit à une
destruction de la masse monétaire. Le crédit n’est une source de l’augmentation de la masse monétaire
que dans la mesure où le montant des nouveaux crédits sont supérieurs aux montants du
remboursement des crédits précédents.
35
1.2.4 - La création de la monnaie par les banques : hypothèse de deux banques et une Banque
Centrale.
La création de la monnaie dans cette hypothèse peut être illustrée par un exemple précis.
Actif. Passif.
Créance sur la BCM Compte de A
5000 5000
PB BCM
Chèque BCM 5000 Dhs
Que se passe-t-il ?
Deux situations peuvent se présenter :
PB BCM
Chèque BCM 5000 Dhs
PB BCM
Chèque BP 5000 Dhs
Chaque banque a été payée dans sa propre monnaie. Cette opération quotidienne entre les banques
appelée compensation.
La deuxième : La BCM n’a pas de créance sur La BP, dans ce cas elle doit payer en monnaie
fiduciaire.
Si la BCM ne dispose pas de monnaie fiduciaire elle doit recourir à la Banque Centrale. Elle obtient de
la monnaie fiduciaire, grâce à une opération de réescompte, qu’elle cède à la banque populaire.
36
Cette opération a permis à la Banque Centrale de créer de la monnaie fiduciaire. Elle a doté la banque
populaire d’un supplément de liquidité, élargissant ainsi sa base de création monétaire selon le
mécanisme du multiplicateur.
Bilan définitif de la PB
Actif Passif
Créance sur la BCM Compte de A 5000
- 5000
Monnaie fiduciaire
5000
Nous avons vu comment les banques commerciales créent la monnaie scripturale. Il s’agit de la
principale forme de création monétaire, mais ce n’est pas la seule. Il faut analyser également la
création monétaire par les autres institutions financières, notamment : la Banque Centrale et le Trésor.
La Banque Centrale crée peu de monnaie, car elle n’accorde plus de crédits aux agents non financiers.
Le principe de la création de la monnaie par la Banque Centrale repose sur la remonétisation des
créances. Elle accepte trois catégories de créances.
2.1.1 – Les créances sur les particuliers et sur les entreprises appelées aussi crédits à l’économie.
Il s’agit essentiellement des effets acquis par la Banque Centrale auprès des autres banques à
l’occasion du refinancement de celles-ci lorsque leurs réserves sont insuffisantes. Cette
création n’est qu’une simple transformation de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire,
elle ne se traduit pas par une augmentation de la masse monétaire.
2.1.2 – Les créances sur le reste du monde, c’est à dire les devises.
Il y a création monétaire quand un agent économique marocain possédant des devises suite à ses
transactions avec l’étranger, les cède contre des dirhams à sa banque qui, à son tour, les échanges
contre des dirhams de Bank Al Maghrib. Cette opération se traduit par une vraie création monétaire.
Elle entraîne une augmentation de la quantité de dirhams en circulation sans qu’il n’y ait en contre
partie une diminution des autres composantes de la masse monétaire. Inversement, en cas de besoin de
devises celles-ci seront fournies par Bank El Maghrib et il y aura une destruction de la monnaie.
37
Le Trésor en tant que personnification financière de l’Etat, a en charge l’exécution du budget de l’Etat.
Deux types de difficultés peuvent surgir : les unes conjoncturelles, dues à un décalage entre le moment
où le Trésor doit payer et le moment où il encaisse les prélèvements fiscaux. Cela peut être à l’origine
-lui accordant des avances pour qu’il puisse faire face à ses problèmes de trésoreries ;
-achetant les bons que le Trésor émet pour combler son déficit.
Le trésor peut être défini comme « le service de l’Etat qui exécute conformément aux lois de finances, pour le
compte de l’Etat et des autres collectivités administratives, les opérations de caisses et de banque que comporte
la gestion des finances publiques.
Le trésor gère des dépôts, accorde des crédits et règle ses dettes par simple jeu d’écriture.
Le trésor bénéficie d’un vaste circuit de collecte des liquidités il s’agit des dépôts :
- auprès de la trésorerie générale et chez les percepteurs des institutions à caractères publics 7
ainsi qu’un certain nombre de particuliers et d’entreprises.
- auprès des Centres Chèques Postaux provenant des particuliers ou d’établissements
publics à caractères industriel ou commercial.
Outre la gestion des dépôts le trésor consent des crédits et avances aux collectivités locales
(qui lui seront remboursés lors des rentrées d’impôts)
38
ou les CCP. De cette façon il crée de la monnaie en transformant une créance sur lui-même en
moyens de paiement utilisables comme de dépôt bancaire à vue.
Le premier type de création indirecte provient des concours de la Banque Centrale au Trésor.
Ces concours sont regroupés dans le poste «concours au Trésor public »8 figurant à l’actif de
la Banque Centrale. Il représente des créances détenues sur le Trésor en contrepartie
desquelles la monnaie est créée par augmentation du solde créditeur du compte du trésor dans
les livres de la Banque Centrale.
Opérations
Le 2e type de création indirecte tient à l’existence desréduisant
bons du trésor acheté par les institutions
de crédit et utilisés par celles-ci pour leur refinancement auprès de la Banque Centrale. Cette
procédure permettant à l’Etat de financer la liquidité bancaire
son déficit :
budgétaire correspond à l’image
traditionnelle de la planche à billet.
On sait, que ce qui empêche les banques de créer indéfiniment de la monnaie, c’est le fait qu’elles se
trouvent confrontée à des fuites l’obligeant à transformer une partie de leur monnaie scripturale en
monnaie de la Banque Centrale pour répondre aux besoins des agents économiques en monnaie
Le fonctionnement réel des banques montre qu’elles sont confrontées à d’autres facteurs de fuite en
monnaie fiduciaire. Pour leur faire face, la banque dispose de liquidités (disponibilités en monnaie
centrale) constituées de ses encaisses en billets, et de son compte courant créditeurs auprès de la
Banque Centrale. Plus ses besoins en liquidités sont importants moins elle peut créer de la monnaie.
La liquidité d’une banque varie quotidiennement sous l’influence de nombreux facteurs qui échappent
au pouvoir de la banque. Il s’agit ,notamment, des relations de la banque avec sa clientèle et des
mesures réglementaires imposées par la Banque Centrale.
A l’exception des virements entre titulaires de compte à l’intérieur d’une même banque, tous les
règlements et tous les versements reçus de la clientèle affectent directement ou indirectement la
liquidité de la banque. Le solde de l’ensemble des opérations quotidiennes constitue un gain ou une
perte en monnaie de la Banque Centrale.
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Avances obtenues par mobilisation de traites douanières et obligations cautionnées , avances conventionnelles
et facilités statutaires de caisse.
Liquidité 39
Augmentation du pouvoir Baisse du pouvoir
de création monétaire Bancaire de création monétaire
Opérations augmentant Opérations réduisant
La liquidité bancaire est également influencée par les achats et les cessions de devises. D’une manière
générale, les dépôts des devises effectués par les exportateurs améliorent la liquidité des banques.
Inversement les besoins en devises des importateurs altèrent la liquidité des banques.
Enfin, les relations de la banque avec le Trésor affectent la liquidité bancaire, conformément au
schéma ci-après :
Le TRESOR
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Baisse de la liquidité Augmentation de la
bancaire liquidité bancaire
4 – LES
SOURCES DE LA CREATION MONETAIRE : L’ANALYSE DES CONTREPARTIES DE
LA MASSE MONETAIRE (M3).
Le solde des créances et des engagements de la Banque Centrale vis-à-vis de l’extérieur représente les
avoirs officiels nets gérés par la Banque Centrale.
Il s’agit des crédits accordés par la Banque Centrale et des crédits accordés par les établissements de
crédit grâce à l’émission :
- des bons du trésor négociables,
- des obligations.
4.2.2 - Les créances sur l’économie :
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Il s’agit de la principale source de création monétaire. Elle comprend les crédits sous toutes leurs
Cette contrepartie regroupe, précisément, les financements consentis aux sociétés, aux ménages, aux
administrations publiques (hors Etat), aux compagnies d’assurance, aux caisses de retraite et aux
administrations privées.
Il s’agit des emprunts obligataires émis sur le marché intérieur, et des emprunts participatifs
nets des prêts participatifs à des agents non financiers. Les ressources stables sont présentées
dans la contreparties, avec un signe négatif.
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