Géographie de L'environnement-2017
Géographie de L'environnement-2017
Géographie de L'environnement-2017
GÉOGRAPHIE DE
L’ENVIRONNEMENT
cours
études de cas
entraînements
méthodes commentées
Penser en géographe 9
Objectifs de connaissance 22
Lectures conseillées 23
Notions à maîtriser 24
■ À retenir 52
■ Entraînement 53
Étude de cas L’Allemagne, un modèle de transition énergétique ? 54
■ À retenir 80
■ Entraînement 81
Étude de cas Les inondations en France méditerranéenne en 2015 82
■ À retenir 134
■ Entraînement 135
Étude de cas Les enjeux d’aménagement et de gestion
du Parc national des Calanques 136
■ À retenir 164
■ Entraînement 165
Étude de cas L’Arctique face au changement climatique :
crise environnementale ou aubaine locale ? 166
■ À retenir 192
■ Entraînement 193
Étude de cas La réduction des émissions de CO2, un enjeu global 194
■ À retenir 214
■ Entraînement 215
Étude de cas Les écoquartiers, l’exemple de Dunkerque 216
Penser en géographe
Le premier objectif de la collection est de permettre au lecteur de se saisir
de la démarche géographique.
3 paradigmes disciplinaires
De façon très schématique, et donc forcément très caricaturale, on peut
distinguer trois moments de la discipline :
■ Un premier temps où la géographie se définit comme une étude des
relations homme/milieu. Cette géographie dite « classique » ou vida-
lienne se marque notamment par la séparation entre géographies
physique et humaine. Elle privilégie une démarche descriptive et
« idiographique », c’est-à-dire fondée sur l’étude du particulier, sans
pour autant renoncer au général.
■ Un deuxième temps où une partie de la géographie se renouvelle
autour du « tournant spatial ». La géographie abandonne ses fonde-
ments naturalistes pour devenir une science sociale à part entière. Son
objet devient l’espace géographique, c’est-à-dire l’espace en tant qu’il
10
11
à la géographie
Chapitre 1 Définir et localiser les ressources naturelles renouvelables
turels, etc.) qui rendent un lieu agréable. Les aménités jouent une place
et non renouvelables.
croissante dans les décisions d’implantation des acteurs sur un espace donné.
Identifier les enjeux soulevés par les modes d’exploitation
des ressources. Anthropisation : action de transformation des milieux physiques par les acti
de l’environnement Chapitre 2
Comprendre le lien entre développement et gestion des ressources.
15 22 24
COURS
PLAN DU CHAPITRE Les « ressources naturelles » désignent l’ensemble des ■ Les ressources de la lithosphère (sous-sol)
I. Les ressources naturelles matières minérales et biologiques qui présentent une utilité pour Le sous-sol renferme de nombreuses matières premières. La répartition
II. L’exploitation les sociétés humaines. Leur usage évolue en fonction des innova- des ressources dans la lithosphère renvoie à l’histoire géologique de la
des ressources tions techniques qui entraînent le développement de nouveaux Terre. Le sous-sol est constitué de roches qui sont exploitées dans des
II. Concilier développement besoins et ouvrent des possibilités d’exploitation. La notion de carrières, pour la construction notamment. Le granite, certains calcaires
et gestion des ressources ressource est donc relative à une société et à un moment. (meulière, tuffeau), le marbre fournissent des pierres de taille renom
Conclusion mées. L’argile est plutôt utilisée pour fabriquer des briques. Les matériaux
Étudier les ressources naturelles en géographie consiste à s’in-
de l’habitat expriment ainsi visuellement les liens unissant une société à
ÉTUDE DE CAS terroger sur les relations que les sociétés, dans un territoire et à une son environnement physique.
L’Allemagne, un modèle époque donnés, nouent avec leur environnement. Une répartition
de transition énergétique ? par milieux de provenance permet de les classifier et de présenter Les ressources minières (minéraux, métaux) sont exploitées depuis
Ne pas confondre !
leur origine et leur rythme de renouvellement. l’apparition de la métallurgie (fer, cuivre, étain…). Elles recouvrent
– Un minéral est un des
composants des roches.
une grande diversité de métaux – inoxydables (chrome), précieux (or,
L’exploitation des ressources par les sociétés humaines peut argent), non ferreux (cuivre, aluminium) – et de minéraux qui sont
– Un minerai est une
aussi conduire à une dégradation quantitative et/ou qualitative roche dans laquelle utilisés dans le cadre d’applications diverses (électroniques notamment).
de celles-ci, voire à leur épuisement. Ces dégradations amènent l’homme peut extraire
Le sous-sol renferme aussi des combustibles fossiles : le charbon, le
à dresser un état des lieux des stratégies d’adaptation mises en des minéraux utiles.
gaz naturel et le pétrole se sont constitués il y a plusieurs centaines de
œuvre par les sociétés pour concilier la poursuite de leur dévelop- millions d’années. Ils sont issus de la décomposition de la matière orga
Photo © Jean Bourguignon. pement économique et la préservation des ressources ou rejeter le nique (animale ou végétale) enfouie dans le sous-sol dans lequel elle a été
Face à l’épuisement des réserves de pétrole, une alternative a été trouvée dans la développement comme le proposent les modèles de décroissance. piégée et s’est amassée, se retrouvant sous l’accumulation des sédiments
production d’agro-carburants. Ils sont censés être neutres en termes de bilan carbone pour former des gisements.
puisque l’émission de CO2 est compensée par l’absorption au cours de la croissance
des plantes utilisées (canne à sucre, betterave, colza…). En réalité, la production des Les gisements de pétrole et de gaz naturel (que l’on appelle des hydro
agro-carburants consomme beaucoup d’énergie et tend à causer le défrichement de carbures) proviennent de l’accumulation du plancton dans l’océan, les
vastes zones boisées pour les transformer en terres cultivées, ce qui diminue au final lagunes et les deltas. Le charbon résulte de la décomposition de végétaux
la capacité de stockage du carbone. Les agro-carburants ne permettent donc pas de terrestres ou d’eau douce. La pression, la température et les micro-or
lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Ils sont par ailleurs respon- ganismes participent à la transformation de cette matière organique en
sables d’un renforcement de l’insécurité alimentaire dans les pays en développement. hydrocarbures (composés d’hydrogène et de carbone). L’extraction des
combustibles fossiles est localisée : mine souterraine ou à ciel ouvert
(charbon) et forages (pétrole, gaz).
26 28
27
Géographie de l’environnement
ENTRAÎNEMENT
Exercice de validation
du cours à retenir n On distingue deux grandes catégories de ressources naturelles selon le rythme de
régénération de celles-ci : les ressources fossiles (hydrocarbures notamment) ne
peuvent être renouvelées à l’échelle humaine tandis que les ressources renou-
1. Complétez le tableau ci-dessous en indiquant pour chaque type de ressource
énergétique dans quelle famille elle se situe et quels sont ses avantages
et ses inconvénients.
des connaissances
velables se reconstituent à condition que leur consommation soit raisonnable. 2. Définissez ensuite à quelle échelle (locale ou globale) les avantages
n L’accès aux ressources est très inégal du fait de la répartition géographique de et inconvénients de ces différentes ressources se positionnent.
celles-ci. Énergie
Énergie
n L’exploitation des ressources naturelles constitue un enjeu stratégique car celles-ci Ressources renouvelable Avantages Inconvénients
non renouvelable
(voire inépuisable)
sont vitales pour le développement des activités des sociétés. Elle génère donc
Questions
fréquemment des conflits (entre amont et aval par exemple pour la maîtrise de l’eau Pétrole
d’un cours d’eau). L’importance des hydrocarbures est même à l’origine de guerres. Éolien
n Face au constat d’épuisement des réserves, deux stratégies s’opposent. D’un Solaire
sur document
côté, la technologie doit permettre d’identifier de nouveaux stocks et de développer Biomasse
des techniques innovantes d’extraction. D’un autre côté, la transition écologique Charbon
prône l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement et économes
Nucléaire
pour préserver les ressources.
Notions à mobiliser
Remplissage des retenues
n Épuisement Barré B., Mérenne-Schoumaker B., 2011, Atlas des énergies mondiales.
des réserves Un développement équitable et propre est-il possible ? Paris, Autrement. Débits
n Inégalités Sur l’exploitation des ressources de l’océan Arctique : « L’océan Arctique : l’ul
environnementales Régime des eaux de surface
Renvoi à la méthode
time frontière ? » (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/
n Pollutions, FrontDoc5.htm). Régime des sources
nuisances, risques
Sens de lecture
commentée
S O N D J F M A M J J A S
fossiles de Fox J. (2002).
n Ressources
renouvelables/ Sur l’eau :
Vacances Vacances de
épuisables Blanchon D., 2013, L’Atlas de l’eau, Paris, Autrement. d’hiver février/printemps Vacances
d’été
n Transition Hellier E. et al., 2009, La France. La ressource en eau, Paris, Armand Colin, Besoins en eau potable (en relation avec la période touristique) 1. Quels sont les enjeux qui pèsent
écologique coll. « U ».
Production de neige de culture sur la ressource en eau en montagne
Sur les forêts, les sols et la biodiversité : Arnoult P., Simon L., 2007, 57 % 40 % au fil de l’année ?
3%
Géographie de l’environnement, Paris, Belin.
S O N D J F M A M J J A S 2. Quels conflits d’usages potentiels
caractéristiques de cette ressource
Période de besoins en neige de culture
pouvez-vous identifier ?
Lectures complémentaires
Source : d’après MARNÉZY A., 2008, « Les barrages alpins »,
Revue de géographie alpine, n° 96 (1).
52
12
et commentaire de l’ensemble
Présentation des documents
L’Allemagne, un modèle de transition énergétique ?
■ Doc. 1 Histogramme produit à partir de données officielles sur la produc
ÉTUDE DE CAS
ÉTUDE DE CAS
Doc. 1 Production d’électricité en Allemagne tion d’électricité en Allemagne. Présente l’évolution relative (en %) des
documentaire
par source entre 1990 et 2014 différentes sources d’énergie, fossiles et renouvelables entre 1990 et 2014.
■ Doc. 2 La carte et la photographie permettent de situer le site d’extraction
100 %
de lignite de Garzweiller. Le lignite est exploité à ciel ouvert à l’aide d’exca
vatrices à proximité immédiate des zones habitées.
57
54
MÉTHODES
Présentation de chaque
grand exercice Conseils et erreurs à éviter
La dissertation Méthodes La dissertation La dissertation
La dissertation est un exercice de raisonnement très codifié par lequel récitation de connaissances ou une présentation descriptive sans argumentation Entrée en matière / Accroche
l’enseignant mesure la capacité d’un étudiant à identifier un objet de sont donc à éviter.
Introduction
Méthodologie
pas au centre de l’intitulé proposé. Cela ne veut pas dire que ce thème n’est
Annonce du plan
pas intéressant, mais ce n’est pas celui qu’on attend étant donné le sujet proposé
à la réflexion. Le hors-sujet découle souvent d’une volonté de vouloir écrire tout ***
Objectifs et enjeux de la dissertation [Option 1] [Option 2]
ce que l’on sait sur un sujet, sans hiérarchiser ses connaissances en fonction de
pas à pas
Tout commence avec un intitulé de dissertation, dont la formulation leur pertinence pour le sujet donné. Phrase d’introduction de partie Phrase d’introduction de partie
Première partie
est plus ou moins détaillée, qui invite à réfléchir sur une région, un Première sous-partie Première sous-partie
type de territoire, un processus ou encore une notion géographique. Deuxième sous-partie Deuxième sous-partie
De cet intitulé, l’étudiant doit dégager un questionnement à partir duquel Troisième sous-partie Troisième sous-partie
Les étapes de la dissertation
il va établir une démonstration argumentée, appuyée par des exemples Phrase de conclusion de partie *
précis. Le premier enjeu d’une dissertation est ainsi de transformer l’in Suivre avec rigueur les étapes suivantes devrait permettre d’éviter les * Phrases de transition
titulé en problème, une question qui va constituer le fil directeur de l’ar erreurs récurrentes.
gumentation : c’est la problématique. Il est ensuite attendu de l’étudiant Phrase d’introduction de partie *
Deuxième partie
Développement
qu’il réponde au problème posé par une série d’arguments qui découlent 1. Lire le sujet et l’analyser précisément Première sous-partie Première sous-partie
Se poser les questions suivantes : quels sont les mots utilisés dans l’inti Deuxième sous-partie Deuxième sous-partie
les uns des autres. Le raisonnement doit ainsi conduire à la formulation
tulé ? S’agit-il de notions de géographie ? Dans ce cas, commencer par Troisième sous-partie Troisième sous-partie
d’une thèse en réponse à la problématique de départ.
Phrase de conclusion de partie
Une bonne dissertation doit par conséquent convaincre le lecteur que chercher la ou les définitions. S’agit-il de mots du langage courant (ex. : *
la thèse défendue est logique. La force de l’argumentation dépend de crise, permanences, mutations…) ? Dans ce cas, chercher les défini * Phrases de transition
la capacité à structurer les étapes de la démonstration. Pour cela, il faut tions, voir si elles permettent de mobiliser des notions géographiques.
Phrase d’introduction de partie *
réfléchir plus particulièrement à l’enchaînement des arguments, via
Troisième partie
S’interroger sur les espaces géographiques et les périodes temporelles Première sous-partie Première sous-partie
les transitions. Elles sont essentielles car elles explicitent les liens de concernés par l’intitulé du sujet. Il faut bien cerner les bornes spatiales Deuxième sous-partie Deuxième sous-partie
cause, de conséquence, d’opposition, les paradoxes. et chronologiques : parfois, il ne faut pas hésiter à dire qu’elles posent Troisième sous-partie Troisième sous-partie
Exemples d’intitulés de dissertation problème et qu’elles vont varier en fonction du sens qu’on donne à Phrase de conclusion de partie Phrase de conclusion de partie
– • Villes et campagnes en France telle ou telle notion.
***
Problématique
• L’organisation spatiale de la métropole parisienne Porter une attention particulière à l’emploi du singulier ou du pluriel,
explicite
Conclusion
La dissertation
Méthodes La dissertation
de la méthode
expose clairement
On distingue d’abord des aléas hydroclimatiques menaçant les litto l’argument défendu.
Les titres [Introduction]
entre crochets raux exposés aux flux océaniques. Il s’agit dans ce cas essentiellement des
ne doivent pas figurer Avec plus de 7 000 km de linéaire côtier, la France métropolitaine et
courants perturbés d’ouest sur le littoral atlantique de France métropoli
dans la copie. les principaux DROM-COM possèdent un domaine littoral particuliè
taine, ou les tempêtes sur les côtes orientales « au vent » des îles tropicales
rement étendu dans la totalité des zones bioclimatiques du globe. On
des DROM-COM. Les événements plus intenses comme les cyclones
Définition des termes entend par « littoral » l’interface entre domaine maritime et terrestre, dont
balayent les littoraux des Caraïbes et de la Réunion à la fin de l’été.
du sujet l’extension est fixée juridiquement, notamment dans le cadre des PLU
Pour les en France (la loi Littoral interdit la construction sur une bande de 100 m Les aléas hydroclimatiques se manifestent par des vents violents
dissertations de longueur depuis le trait de côte). La variété des influences marines et (> 150 km/h) et des pluies soutenues (jusqu’à plus d’une centaine de mm Le développement
de concours, météorologiques et des contextes géodynamiques représente des sources de l’argument
une accroche
de précipitations en 1 heure). La dépression atmosphérique à l’origine des
se fonde sur des
faisant référence de dangers divers. Ces aléas naturels peuvent frapper des espaces qui sont, tempêtes provoque en plus une remontée locale de la mer de quelques termes précis.
à un événement dans l’ensemble, parmi les plus densément occupés du territoire national. mètres voire plus d’un mètre, que l’on appelle une surcote. Combinée à
d’actualité, La question des risques liés aux aléas naturels sur les littoraux français une marée haute, elle peut provoquer des dégâts importants.
une référence
scientifique
(DROM-COM inclus) invite ainsi à analyser et à discuter la place de ces L’exemple en
aléas naturels dans la production des risques.
Dans le cas de la tempête Xynthia survenue à la fin du mois de géographie est
ou culturelle
février 2010 sur le littoral du sud de la Vendée et des Charentes, ce ne sont systématiquement
Dans quelle mesure les aléas naturels ne sont-ils qu’un élément de pas ses caractères météorologiques qui ont été dangereux, mais plutôt les localisé, situé dans
Problématique compréhension des risques sur les littoraux français, lesquels sont le temps. Il est
surcotes que la tempête a provoquées (jusqu’à + 1,5 m à La Rochelle). Elles également quantifié
affectés par des dynamiques territoriales inégalement adaptées aux aléas ? ont été responsables de submersions marines qui ont inondé plusieurs le plus précisément
La première partie présentera les littoraux comme des espaces menacés communes et tué 47 personnes. possible.
Annonce du plan
par de nombreux aléas naturels, et, ce, à plusieurs échelles. Une deuxième
partie insistera sur l’importance des enjeux et de la vulnérabilité. La troisième
partie proposera plusieurs types de littoraux à risque, en fonction des aléas
[2. Le danger lié aux aléas géomorphologiques
et géodynamiques]
Saisonniers et réguliers, les aléas hydroclimatiques ne doivent pas faire
Conseils et commentaires
en marge
qui les menacent, du degré d’exposition des enjeux et de leur vulnérabilité.
oublier l’existence d’autres sources de danger sur les littoraux français. Les
[I. Des phénomènes dangereux à différentes échelles] menaces géomorphologiques liées à l’instabilité des falaises vives (Pays
de Caux en Normandie) fragilisées par le sapement de leur base par les
Chaque partie Les littoraux, exposés à des aléas naturels saisonniers ou non selon leurs
débute par vagues, mais aussi par le gel et par l’infiltration des eaux précipitées, se
caractéristiques physiques, sont des espaces à risques à plusieurs échelles
une phrase de traduisent par une érosion très rapide de la côte (20 cm par an dans le
présentation. d’espace et de temps. La variabilité spatiale et temporelle est essentielle
car elle montre que le risque dépend avant tout de l’occupation et de la Pays de Caux). Les aléas géodynamiques tels que les tsunamis ne sont pas
fréquentation des littoraux, bien plus que des seuls aléas. à ignorer en Méditerranée, dans les Caraïbes mais aussi à la Réunion et
à Mayotte où des surcotes de 2 à 4 m ont été relevées lors des tsunamis
survenus en Indonésie en 2004 et 2009.
Les littoraux sont aussi concernés par les aléas provenant de l’intérieur
des terres : en 1902, la ville de Saint-Pierre a été dévastée par les coulées
228 229
13
OBJECTIFS DE CONNAISSANCE 22
LECTURES CONSEILLÉES 23
NOTIONS À MAÎTRISER 24
15
16
L’environnement :
un objet géographique
La géographie de l’environnement n’est donc pas une géographie physique.
Elle envisage les territoires à partir des interactions entre les hommes et les
milieux qui les entourent, à toutes les échelles, depuis le niveau local et de
l’individu jusqu’aux défis planétaires et à leur gouvernance mondialisée.
Elle se nourrit de toutes les tendances de la géographie.
17
18
19
La géographie de l’environnement
fonctionne comme un système
L’environnement est défini comme un objet complexe au cœur de rela-
tions et d’interactions multiples entre milieux et sociétés. On parle donc,
en géographie, de système : l’ensemble des éléments forme un tout. De fait,
à l’analyse descriptive se substitue une démarche qui envisage ensemble
les interactions entre les éléments constitutifs des territoires étudiés. On
appelle cela l’approche systémique : elle permet de comprendre les inter-
actions entre les éléments hétérogènes qui constituent l’environnement.
20
21
Objectifs de connaissances
22
Lectures conseillées
Arnould P., Simon L., 2007, Géographie de l’environnement, Paris, Belin,
coll. « Atouts géographie ».
Aykut S., Dahan A., 2015, Gouverner le climat ? 20 ans de négociations
internationales, Paris, Presses de Sciences Po.
Beltrando G., 2011, Les climats. Processus, variabilité et risques, Paris, Armand
Colin, coll. « U ».
Blanchon D., 2010, « L’eau, une ressource menacée », La Documentation
photographique, n° 8078.
Blanchon D., 2012, Atlas mondial de l’eau, Paris, Autrement.
Chauveau L., 2004, Petit atlas des risques écologiques, Paris, Larousse.
Dauphiné A., Provitolo D., 2013, Risques et catastrophes. Observer, spatia-
liser, comprendre, gérer, Paris, Armand Colin, coll. « U ».
Demangeot J., 2010, Les milieux « naturels » du globe, Paris, Armand Colin,
coll. « U ».
Denhez F., 2009, Atlas du changement climatique : du global au local, changer
les comportements, Paris, Autrement.
Depraz S., 2008, Géographie des espaces naturels protégés, Paris, Armand Colin,
coll. « U ».
Desailly F., Vergnolle-Mainar C., 2005, Environnement et sociétés – Territoires,
risques, développement, éducation, Toulouse, Canopé CRDP Toulouse.
Gunnell Y., 2009, Écologie et société, Paris, Armand Colin, coll. « U ».
Laslaz L., 2013, Atlas mondial des espaces protégés, Paris, Autrement.
Leone F., Meschinet de Richemond, Vinet F., 2010, Aléas naturels et gestion
des risques, Paris, PUF, coll. « Licence ».
Mélières M.-A., Maréchal C., 2010, Climat et société : climats passés, passage
de l’homme, climat futur : repères essentiels, Paris, SCEREN.
Merenne-Schoumaker B., 2013, Atlas mondial des matières premières, Paris,
Autrement.
Périgord M., Donadieu P., Barraud R., 2012, Le paysage, entre natures et
cultures, Paris, Amand Colin.
Tsayem-Demaze M., 2011, Géopolitique du développement durable : les
États face aux problèmes environnementaux internationaux, Rennes, PUR,
coll. « Didact Géographie ».
Veyret Y., 2005, Le développement durable : approches plurielles, Paris, Hatier,
coll. « Initial ».
Veyret Y., 2011, Dictionnaire de l’environnement, Paris, Armand Colin.
Veyret Y., Ciattoni A., 2011, Géo-environnement, Paris, Armand Colin.
23
Notions à maîtriser
Aménité: ensemble des attributs (environnementaux, paysagers, infrastructu-
rels, etc.) qui rendent un lieu agréable. Les aménités ont une place croissante
dans les décisions d’implantation des acteurs sur un espace donné.
Anthropisation : action de transformation des milieux physiques par les acti-
vités des sociétés.
Conflit d’usage : divergence de représentations et d’usages entre acteurs d’un
même territoire pouvant provoquer des tensions.
Développement : amélioration des conditions de vie d’une société (éducation,
moyens économiques et financiers, santé, sécurité, services de base).
Durabilité : perspective de développement qui peut répondre aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les
leurs. Elle invite à penser à parts égales les dimensions environnementale,
économique et sociale du développement.
Écosystème : terme développé par Tansley en 1935 qui définit le système
qui combine en une seule unité à la fois les organismes vivants (biocénose)
et leur environnement physique non vivant (abiotique comme l’eau ou le
relief), que l’on appelle le biotope. Parler d’écosystème signifie que l’on
insiste sur les interactions entre les composantes de cet ensemble.
Géosystème : le géosystème modélise les interactions sociétés-milieux
à différentes échelles en s’intéressant à leurs aspects physiques et culturels
(il est associé à la notion de paysage, notamment).
Gouvernance : ensemble des processus et des institutions qui participent de la
gestion politique d’une société, sans être restreints aux canaux décisionnels
classiques (tel le gouvernement) : y sont donc associés la société civile, les
experts, les ONG, etc.
Inégalité environnementale : fait que les individus et groupes sociaux ne sont
pas égaux vis-à-vis de l’exposition aux nuisances et aux risques environne-
mentaux et ne disposent pas du même accès aux ressources et aux aménités
environnementales.
Patrimoine : désigne un héritage matériel ou immatériel dont la valeur est
reconnue par une société. Un patrimoine a vocation à être transmis, et
nécessite ainsi d’être préservé. Le patrimoine dit « naturel » concerne essen-
tiellement des paysages remarquables et/ou des écosystèmes fragiles souvent
menacés de disparition.
Paysage : désigne l’espace vu par un observateur. Le paysage s’appréhende
donc dans sa matérialité (nommer ce que l’on voit) et dans sa subjectivité
24
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Face à l’épuisement des réserves de pétrole, une alternative a été trouvée dans la
production d’agro-carburants. Ils sont censés être neutres en termes de bilan carbone
puisque l’émission de CO2 est compensée par l’absorption au cours de la croissance
des plantes utilisées (canne à sucre, betterave, colza…). En réalité, la production des
agro-carburants consomme beaucoup d’énergie et tend à causer le défrichement de
vastes zones boisées pour les transformer en terres cultivées, ce qui diminue au final
la capacité de stockage du carbone. Les agro-carburants ne permettent donc pas de
lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Ils sont par ailleurs respon-
sables d’un renforcement de l’insécurité alimentaire dans les pays en développement.
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28
Définitions
2 à 5 centrales
Charbon 1 123 Environ 100 ans
thermiques
40/50 ans,
Pétrole 840
plus avec pétrole profond
Non mesurable
Bois 7 (replantée)
(forte dispersion)
3 000 éoliennes
Illimité
Éolien terrestres, 32
(mais intermittent)
1 500 en mer
5 à 6 millions de
Illimité
Photovoltaïque m² de panneaux 316
(mais intermittent)
photovoltaïques
29
Circulation souterraine
12 0000 km3
Mers et océans
Précipitations Évaporation
* L’épaisseur des flèches est proportionnelle au volume
d’eau qu’elles représentent.
30
31
32
33
pas être renouvelable. Ainsi, les grandes nappes d’eau fossiles situées
dans le sous-sol du Sahara libyen et égyptien s’épuisent considérable-
ment depuis quelques décennies. On dit que ces nappes d’eau sont
« fossiles » car elles sont héritées d’une ancienne période où le Sahara
était moins aride. Leur renouvellement n’est donc plus possible à l’heure
actuelle : ponctionnées par les sociétés, elles sont appelées à disparaître.
Indispensables à l’économie, les ressources non renouvelables sont stra-
tégiques et font l’objet de nombreux conflits et tensions.
34
35
❯ FSC : Forest Stewardship Council ou Conseil pour la bonne gestion des forêts,
organisation mondiale vouée à la promotion de la gestion responsable des forêts
dans le monde entier.
❯ PEFC : Program for the Endorsement of Forest Certification ou Programme de
reconnaissance des certifications forestières pour une gestion durable des forêts.
36
Élevage
Cultures
Alluvions fines
Broussailles
Graminées et buissons
Alluvions grossières
Essarts
Alluvions fines
37
38
39
40
■ La notion de réserve
Les ressources non renouvelables se caractérisent par des stocks dispo-
nibles finis. Il faut différencier les ressources (ensemble des gisements y
compris non encore découverts ou non économiquement rentables) des
réserves (ressources identifiées et dont l’exploitation est économique-
ment rentable). Les ressources sont présentes en grande quantité sur la
planète, mais, comme pour l’eau, la part exploitable est réduite.
La notion de réserve évolue sans cesse dans le temps en fonction du
cours des ressources, qu’il s’agisse des hydrocarbures ou des métaux : ce
cours détermine la rentabilité du développement de nouveaux gisements
et des progrès techniques qui permettent d’en identifier de nouveaux, de
développer d’autres moyens d’extraction ou de perfectionner les moyens
existants afin de limiter leur impact sur l’environnement. L’évaluation
des réserves est rendue complexe car elle dépend aussi des stratégies
économiques et politiques des États et des compagnies.
Trois types de réserves sont distingués :
– Les réserves prouvées sont les quantités d’hydrocarbures qui ont une
probabilité de récupération supérieure à 90 % dans les conditions La probabilité de
économiques et technologiques du moment. récupération indique le
caractère plus ou moins
– Les réserves probables sont les quantités d’hydrocarbures dont l’exis- vraisemblable d’extraction
tence est démontrée mais dont l’exploitation dépend du coût que les des volumes estimés.
consommateurs sont prêts à payer : leur probabilité de récupération
est estimée entre 50 et 90 %.
– Les réserves possibles ont une probabilité de récupération inférieure
à 10 %.
Pour le pétrole, l’estimation des réserves prouvées indique l’équiva-
lent d’une quarantaine d’années de production si l’on conserve le rythme
actuel de production, tandis que les réserves de gaz naturel corres-
pondent à la production de plus de 60 ans. Si une augmentation des
prix peut justifier le recours à de nouvelles technologies plus coûteuses,
il semble bien que le fameux peack oil, défini dans les années 1970, soit Le peak oil désigne
bientôt atteint. le moment où la production
de pétrole atteindra
un plafond et commencera
son déclin du fait
de l’épuisement
des réserves mondiales.
41
57
17
5
167,8
1,6
13,7 EX-URSS
9,1
10
EUROPE
164
76,2
AMÉRIQUE DU NORD 102,9
0,9
MOYEN-ORIENT
16,2
14,7 5,7
17,5 172,8
21,3 ASIE-OCÉANIE
AFRIQUE
8
27
10
AMÉRIQUE LATINE
Source : BARRÉ B.et MÉRENNE-SCHOUMAKER B., 2011, Atlas des énergies mondiales,
Paris, Autrement.
42
43
44
depuis les côtes sur lequel ils exercent des droits souverains en matière
d’exploration et d’usages des ressources de l’eau, du fond de la mer et
du sous-sol. Au-delà, dans les eaux internationales (64 % des océans),
la liberté prévaut. Il s’agit de protéger les ressources des pays côtiers
vis-à-vis de pays riches dont les capacités à se déplacer pour exploiter
des ressources lointaines ont largement augmenté.
La découverte de nouveaux gisements dans l’océan Arctique suscite
par ailleurs des conflits entre les cinq États voisins du pôle Nord (Russie,
États-Unis, Canada, Norvège et Danemark) : chacun cherche à étendre
son domaine de souveraineté sur le sous-sol arguant de l’extension
du plateau continental au-delà de la limite des 200 milles marins. Le plateau continental
Seulement, les nouveaux tracés des ZEE révèlent des superpositions : est un critère géologique :
les pays demandeurs
les États côtiers doivent donc négocier leurs frontières, ce qui n’est guère doivent prouver que la
aisé (mer de Chine méridionale, Caraïbes, Méditerranée). plateforme continentale
se prolonge en mer. Ils
devront ensuite, le cas
échéant, négocier avec les
III.Concilier développement pays voisins les frontières
communes.
et gestion des ressources
L’exploitation des ressources naturelles pose donc la question des moyens
de satisfaire les besoins de l’ensemble de la population, sans compro-
mettre le maintien et la qualité des ressources pour l’avenir. Voir Chapitre 7.
45
■ Inégalités environnementales
La répartition géographique des ressources dépend de l’histoire géolo-
gique de la Terre et des conditions climatiques, cette répartition créant
des inégalités fortes entre les régions du globe.
Par exemple, plus d’un milliard de personnes ne bénéficie pas d’un
accès minimum à une eau salubre. En moyenne, le volume d’eau dispo-
nible par personne et par an, évalué à 6 500 m3, couvre l’ensemble des
besoins de l’humanité. Seulement, derrière cette moyenne se cachent
de fortes disparités. L’inégale répartition de l’eau crée des situations de
pénurie dans certaines régions où ce volume annuel par personne est
inférieur à 1 000 m3 : il y a alors une insécurité hydrique puisque les
besoins ne peuvent être couverts. Quelques pays disposent de ressources
très abondantes (Brésil, 45 000 m3/hab/an ; Canada, 90 000) tandis que
d’autres ont des ressources quasi nulles (Koweït, 7). Ces écarts masquent
des inégalités à l’intérieur des pays selon la proximité au réseau hydro-
graphique ou à des nappes souterraines et les contrastes climatiques.
Comme la distribution des ressources n’est souvent pas en adéqua-
tion avec celle des besoins, les sociétés ont développé des stratégies pour
assurer des transferts entre les lieux de production et de consomma-
tion. Un réseau dense de canaux et d’aqueducs permet de détourner le
volume d’eau qui circule dans les fleuves ou de distribuer l’eau accu-
mulée à l’amont de grands barrages afin d’assurer des échanges à travers
le monde. De nombreux projets de coopération existent par exemple entre
les deux rives de la Méditerranée. Ces flux génèrent des devises impor-
tantes entre les pays importateurs et exportateurs. Cependant, l’accès à ces
transferts nécessite des moyens techniques et financiers dont un certain
nombre de pays ne dispose pas. Si les pays peu dotés sont aussi bien
des pays développés que des pays pauvres (Singapour, Burkina Faso) et
inversement (Nouvelle-Zélande, Laos), les capacités des pays à accéder
à la ressource sont très inégales. L’ouest des États-Unis parvient avec
d’importants investissements financiers et une forte capacité technique à
résoudre la pénurie d’eau tandis que de nombreux pays africains peinent
à mobiliser la ressource.
Outre les effets désastreux que ces dispositifs peuvent avoir sur
l’environnement, la mobilisation des ressources comporte des enjeux
géopolitiques. Certaines populations peuvent être privées de l’accès à
46
une ressource par ailleurs abondante, soit parce qu’elles n’ont pas les
moyens techniques de l’identifier et de l’exploiter, soit parce qu’on leur
en interdit l’accès. Sur les fleuves transfrontaliers, une ponction trop forte
en amont ou la pollution de la ressource provoquent des tensions : une
concurrence s’exerce sur les prélèvements en eau entre les populations
localisées à l’amont (Soudan sur le Nil, Californie pour le Colorado) et
celles de l’aval (Égypte pour le Nil, Mexique pour le Colorado). Les mêmes
écarts peuvent être observés pour les autres ressources.
47
2. Vers un développement
plus économe et respectueux ?
Face au constat de l’épuisement des réserves et des impacts sur l’envi-
ronnement de l’exploitation massive des ressources, plusieurs stratégies
s’affrontent.
48
■ La transition énergétique
et la gestion raisonnée des ressources
À l’inverse, une autre position est de considérer qu’un changement de
cap s’impose et que le statu quo constitue une impasse. Le double constat
de l’épuisement des réserves et d’un certain nombre de problèmes écolo-
giques, dont en particulier l’érosion de la biodiversité et le réchauffement
climatique, conduit à considérer que la croissance ne peut se poursuivre
au même rythme ou tout du moins selon les mêmes modalités. Les solu-
tions prônées sont de diminuer la consommation afin de préserver les
ressources, d’adopter des modes de développement plus respectueux
de l’environnement et de promouvoir d’autres sources d’énergie. Cela
49
50
Conclusion
La notion de ressource naturelle comporte une dimension sociale : il
s’agit de « l’adéquation entre la ressource naturellement disponible en
un lieu donné, et les moyens humains pour la rendre utilisable à un
moment et en un endroit précis, aussi bien en bénéficiant de sa présence
in situ, dans le milieu naturel, qu’en la prélevant et en l’acheminant vers
les lieux de consommation » (Hellier et al., 2009).
Au-delà du volume existant, il faut prendre en considération la qualité
de la ressource et les conditions techniques, économiques et sociales qui
permettent de la rendre accessible et maîtrisable. Dans de nombreux cas,
l’exploitation des ressources naturelles soulève de réels enjeux environ-
nementaux et géopolitiques.
51
À RETENIR
n On distingue deux grandes catégories de ressources naturelles selon le rythme de
régénération de celles-ci : les ressources fossiles (hydrocarbures notamment) ne
peuvent être renouvelées à l’échelle humaine tandis que les ressources renou-
velables se reconstituent à condition que leur consommation soit raisonnable.
n L’accès aux ressources est très inégal du fait de la répartition géographique de
celles-ci.
n L’exploitation des ressources naturelles constitue un enjeu stratégique car celles-ci
sont vitales pour le développement des activités des sociétés. Elle génère donc
fréquemment des conflits (entre amont et aval par exemple pour la maîtrise de l’eau
d’un cours d’eau). L’importance des hydrocarbures est même à l’origine de guerres.
n Face au constat d’épuisement des réserves, deux stratégies s’opposent. D’un
côté, la technologie doit permettre d’identifier de nouveaux stocks et de développer
des techniques innovantes d’extraction. D’un autre côté, la transition écologique
prône l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement et économes
pour préserver les ressources.
52
Débits
S O N D J F M A M J J A S
Vacances Vacances de
d’hiver février/printemps Vacances
d’été
Besoins en eau potable (en relation avec la période touristique) 1. Quels sont les enjeux qui pèsent
Production de neige de culture sur la ressource en eau en montagne
57 % 40 %
3% au fil de l’année ?
S O N D J F M A M J J A S 2. Quels conflits d’usages potentiels
caractéristiques de cette ressource
Période de besoins en neige de culture
pouvez-vous identifier ?
Source : d’après MARNÉZY A., 2008, « Les barrages alpins »,
Revue de géographie alpine, n° 96 (1).
53
75 %
50 %
25 %
0
1990 1995 2000 2005 2010
Source : AG Energiebilanzen
(Groupe de travail officiel des principales entreprises allemandes de l’énergie
et des principaux instituts de recherche sur l’énergie depuis 1971).
54
ÉTUDE DE CAS
A61
A46
Jüchen Mine
N
Hochneukirch
Extension
Wanlo
de la mine
Venrath
Holz Villages
Keyenberg
menacés
2006
Kuckum Borschemich
2006 Date
Otzenrath d’extension
201
Beverath
7
2025
Spenrath
20
35 Lützerath
Pesch TAGEBAU
GARZWEILER
Holzweiler
Immerath
Katzem Jackerath
2044
4
A4
A6
1
2 km
55
« Plus de 1 000 personnes ont mis à l’arrêt durant une journée entière la gigantesque
mine de charbon de Garzweiler, dans l’ouest de l’Allemagne, ce week-end. Cette action
de désobéissance civile visait à dénoncer l’exploitation des mines de charbon dans
la région, qui constituent les principales sources d’émission de dioxyde de carbone
en Europe.
Cette action d’envergure a été organisée samedi 15 août par “Ende Gelände” (“C’est
fini”), une coalition d’associations, d’ONG ou encore de partis politiques – allemands
pour l’essentiel – opposés à l’exploitation du nucléaire et des énergies fossiles. Elle
a été menée à l’issue de neuf jours de débats, de formations et d’ateliers au sein du
“camp climatique” mis en place à Lützerath, une localité située à quelques kilomètres
de la mine de Garzweiler.
Exploité depuis 1983, le site de Garzweiler est une mine de lignite à ciel ouvert, un
type de charbon très présent en Europe. L’Allemagne est d’ailleurs le premier producteur
mondial de lignite, qu’elle brûle essentiellement pour produire de l’électricité. La mine
est exploitée par la filiale RWE Power. […]
On s’est ensuite dirigés vers le village de Borschemich, mais il était bloqué, donc on
a dû couper à travers champs. C’est un village-fantôme, qui doit être rasé prochai-
nement – de même que d’autres localités comme Immerath dans le cadre du projet
d’extension de la mine, appelé Garzweiler II. Du coup, à Borschemich, tous les édifices
sont murés, tout est fermé…
Le but de notre action était de dénoncer le gouffre existant entre les discours des
politiques – notamment à l’approche de la Conférence sur le climat à Paris – et leurs
actes. On ne peut pas lutter contre le réchauffement climatique, tout en exploitant le
charbon ou encore le gaz et le pétrole de schiste. En Allemagne, les autorités et les
industriels disent que le charbon est une énergie de “transition”, permettant de pallier
la sortie du nucléaire [prévue en 2022, NDLR]. Mais c’est une énergie du passé ! On a
donc voulu montrer que les citoyens pouvaient agir face à l’inaction politique dans le
domaine du réchauffement climatique. »
Source : Les Observateurs, sur le site de France 24, 18 août 2015,
« Un millier d’activistes paralysent une immense mine de charbon en Allemagne » [en ligne]
(http://observers.france24.com/fr/20150818-allemagne-garzweiler-desobeissance-civile-
activistes-mine-charbon-lignite-pollution).
Le lignite est un type de charbon. Plus tendre et plus friable, il est enfoui dans les couches
sédimentaires récentes facilement accessibles. Sa faible maturité en fait un charbon de faible
pouvoir calorifique. Il est majoritairement utilisé dans les centrales thermiques.
56
ÉTUDE DE CAS
■
Localisation
L’Allemagne dispose de nombreux bassins de charbon principalement situés
à l’est, dans le centre et surtout à l’ouest dans la Ruhr (baie de Cologne)
où se situe la mine de Garzweiler. Ces bassins coïncident avec des régions
industrielles fortement peuplées. Le doc. 2 montre bien la proximité de la
mine avec les surfaces habitées. L’autoroute matérialise la limite entre la
ville à droite et le site minier à gauche.
Commentaire
Ce corpus témoigne de la diversité des choix énergétiques de deux pays
développés voisins et illustre les difficultés à assumer une sortie du nucléaire
et à engager une véritable transition énergétique.
I. Les choix énergétiques de l’Allemagne
¡ Le doc. 1 permet d’analyser le bouquet énergétique de la France et de
l’Allemagne. En 2013, les deux pays ont principalement recours aux éner-
gies fossiles pour produire leur électricité : 77 % en Allemagne et 82 % en
France.
57
(près des 3/4). La part des énergies renouvelables est plus importante en
Allemagne (23 % contre 19 % en France) et aussi plus diversifiée (majori-
tairement hydraulique en France).
¡ Pour la France, ce chiffre est plus élevé que les 14 % évoqués dans le
cours. Il s’agit en effet de la part d’énergie renouvelable utilisée pour la
production d’électricité (excluant les transports).
¡ Depuis les années 1990, la part du nucléaire a diminué au profit des éner-
gies renouvelables en Allemagne (doc. 1). Il s’agit d’une application du
Il est plus principe de prévention : éviter le risque de catastrophe en cas d’accident.
juste de parler ¡ Ce choix engage le pays vers une transition énergétique. Cependant, la
de principe de
prévention (que sortie du nucléaire n’est pas directement compensée par le développement
de précaution) des énergies renouvelables : la mise en œuvre de ces unités locales néces-
car le risque site du temps. Le doc. 1 montre que l’abandon du nucléaire entraîne un
nucléaire est un fort recours au charbon dont l’Allemagne dispose de réserves importantes
risque avéré.
contrairement à la France.
II. Les conséquences écologiques et socio-économiques
de l’exploitation du lignite
¡ La mine de Garzweiler est située près de Cologne dans la Ruhr, région
industrielle parmi les plus peuplées d’Allemagne. L’exploitation du lignite
se fait à l’emplacement de villages.
¡ Le site de Garzweiler est une mine à ciel ouvert (doc. 2) : le lignite est
un type de charbon situé à faible profondeur facile à extraire. L’extraction
occupe de vastes surfaces exploitées selon plusieurs phases successives. Des
excavatrices mettent à jour les gisements de surface en creusant progressi-
vement des gradins.
¡ Il s’agit d’une exploitation gourmande en espace qui fait table rase du
paysage totalement détruit durant la phase d’exploitation. Il peut être
réhabilité ensuite. L’exploitation entraîne également des conséquences sur
l’environnement local : la suppression des écosystèmes en place (perte de
biodiversité, perturbation des écoulements hydrographiques et du niveau
des nappes, etc.).
¡ Cela implique par ailleurs des conséquences sociales : le déplacement des
populations habitantes. L’extension de la mine se traduit par la suppression
de villages au fur et à mesure de l’ouverture de concessions vers l’Est (doc. 2).
58
ÉTUDE DE CAS
festations sur le terrain visant à perturber l’activité minière et à alerter
les élus et la société civile (doc. 3). Outre les conséquences sociales, cette
opposition met en avant les effets néfastes sur l’environnement de la sortie
du nucléaire.
¡ Les militants écologistes mettent en avant les conséquences à long terme et
à l’échelle mondiale des choix énergétiques. Le recours croissant au charbon
pour compenser le renoncement au nucléaire contribue à augmenter la
production de gaz à effet de serre et donc à renforcer le réchauffement
climatique. Il s’agit d’une situation paradoxale. Ces militants plaident au
contraire pour une meilleure promotion des énergies renouvelables.
Conclusion
La situation de l’Allemagne illustre les difficultés de la transition énergétique.
La France, dépourvue de ressources en charbon, a, elle, fait le choix de déve-
lopper la filière nucléaire qui suscite des protestations tout aussi vives de la
part des militants écologistes. Outre les impacts immédiats (évacuation de
populations et dégradation de l’environnement), l’exploitation des mines de
charbon à ciel ouvert pose à plus long terme la question de la conversion de
ces sites, de superficie importante, une fois le gisement épuisé. L’Allemagne
comme le nord de la France présentent des exemples divers de transforma-
tion allant de la remise en état du site d’extraction à sa reconversion vers
les usages récréatifs ou à sa valorisation au titre de patrimoine (classement
à l’UNESCO).
59
En mars 2011, une vague de tsunami, déclenchée par un séisme survenu au large
de l’île de Honshu (Japon), détruit la digue protégeant la centrale de Fukushima et
commence à inonder le site industriel. Le tsunami a coupé l’alimentation électrique
assurant le refroidissement des réacteurs nucléaires, conduisant à leur fusion et à une
contamination radioactive très étendue. Un risque ne dépend pas que d’un processus
aléatoire : il est produit par les sociétés et résulte de leur exposition et de leur vulné-
rabilité. Les sociétés peuvent créer ou aggraver les aléas naturels ou technologiques.
60
61
I. Les aléas :
à la source du danger
Si le risque ne se réduit pas aux aléas, ces derniers doivent être cepen-
dant connus dans la diversité des formes qu’ils peuvent prendre. Leur
origine est dite « naturelle » quand il s’agit de processus biophysiques.
Pour des processus directement liés aux activités des sociétés (industries,
économie…), on parlera d’aléas d’origine anthropique.
Dans tous les cas, les aléas sont caractérisés en fonction de leur inten-
sité (c’est-à-dire l’ampleur du processus, son importance) et de leur
fréquence (surviennent-ils régulièrement, souvent, rarement). Dans la
plupart des cas, la fréquence est inversement proportionnelle à l’inten-
sité : plus un aléa est intense, moins il est fréquent.
62
Extrêmes thermiques
Blessures mortelles
(canicules, grands froids)
Destructions,
Crues/Inondations
décès par noyades
Aléas géomorphologiques
Liés à la gravité
Mouvements de terrains
et à la teneur du sol
(éboulements, glissements,
en eau, qui déterminent Destruction, blessures
laves torrentielles,
des processus plus
avalanches)
ou moins long et plus
ou moins massifs
63
toxiques. Par extension, on inclut dans ces risques les défaillances des
systèmes socio-techniques (pannes, dysfonctionnement des réseaux,
virus informatiques, etc.). Ces aléas résultent donc des progrès techniques
d’une société. Parmi les aléas technologiques, on distingue les aléas indus-
triels qui ont été mis en évidence par des accidents survenus depuis les
années 1980 (fuite de dioxine dans une usine chimique à Seveso en Italie
en 1976, fuite de gaz mortel à Bhopal en Inde en 1984, explosion de
l’usine chimique AZF à Toulouse en 2001…). Les aléas liés aux activités
nucléaires constituent également une forme d’aléa technologique parti-
culier, souvent classé dans les aléas industriels.
Font également partie des aléas anthropiques tout dysfonctionnement
économique et sociétal pouvant représenter des dangers susceptibles de
menacer une population donnée : crise économique, faillite, chômage.
Les conflits sont Les conflits et tensions géopolitiques peuvent également être considérés
d’échelle variable : comme des aléas anthropiques.
l’insécurité politique peut
concerner une ville, Les aléas anthropiques réunissent ainsi sous un même vocable des
un État, et peut être processus variés et très différents les uns des autres en termes d’intensités,
quotidienne (attentats isolés
ou coordonnés) ou jouer d’échelles et de conséquences.
sur une longue période
(conflit israélo-palestinien).
3. Penser au-delà de la distinction
physique/anthropique
64
Les effets dominos sont présentés par Damienne Provitolo dans son étude sur PROVITOLO D., 2005,
les chaînes de catastrophes urbaines (2005). Elle développe notamment l’idée « Un exemple d’effets de
dominos : la panique dans
qu’un aléa d’origine naturelle, par exemple un tremblement de terre, provoque les catastrophes urbaines »,
un aléa dérivé (rupture de digue), entraînant du coup un troisième aléa (inon- Cybergeo : European Journal
dation), pouvant enfin dégénérer en aléa technologique si une implantation of Geography, Systèmes,
Modélisation, Géostatistiques,
industrielle, une centrale, est touchée. Un aléa survient donc rarement de manière document 328 (http://
isolée. Surtout, ses effets directs peuvent induire d’autres conséquences très cybergeo.revues.org/2991).
destructrices.
Une excellente illustration de ce dernier cas s’est produite en mars 2011, lors-
qu’un séisme survenu au large de la région du Tōhoku au nord-est d’Honsh–u
(Japon) a induit un tsunami qui a coupé l’alimentation électrique assurant le
refroidissement des réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima, conduisant
à leur fusion et à une contamination radioactive très étendue.
65
■ De l’aléa au risque
L’aléa est donc une source de danger qui menace une société et son
territoire. Toutefois, l’aléa n’est pas synonyme de risque : certains aléas
Voir Chapitre 1. comme la neige ou l’inondation ont été transformés en ressources par
des sociétés. La neige est ainsi devenue « l’or blanc » des stations de ski
tandis que l’inondation dépose des limons fertilisant les sols. De plus, des
aléas différents peuvent induire des risques identiques. Les retombées de
cendres d’une éruption volcanique dans des puits, le matériel chimique
libéré par un accident industriel dans une rivière ou encore la contami-
nation bactérienne d’un point d’eau sont des aléas différents, mais tous
à l’origine de risques sanitaires pour les sociétés.
La notion de risque est donc plus englobante que celle de l’aléa et
oblige à prendre en compte les populations et les territoires concernés :
c’est leur vulnérabilité qui déterminera la valeur du risque. Un aléa qui
survient dans une zone non peuplée ne représente en effet aucun risque.
66
67
68
Inversement, la méconnaissance des aléas et des dangers est un facteur 1994, « La future éruption
de la montagne Pelée :
majeur de vulnérabilité. Une enquête réalisée dans les années 1990 risque et représentations »,
à la montagne Pelée en Martinique avait ainsi révélé que beaucoup Mappemonde, n° 4, p. 31-36.
69
3. Vulnérabilité et résilience
70
71
72
Une autre difficulté est de savoir à quel « état initial » on fait réfé-
rence : les systèmes spatiaux ne sont jamais en état d’équilibre stable. Ils
changent en permanence même s’ils conservent leur identité. Le choix de
cet état initial est d’abord un choix politique, qui traduit l’expression d’un
pouvoir sur un territoire. Il n’est pas neutre : il permet souvent d’exclure
les éléments jugés « indésirables » par certains groupes.
La reconstruction de la Nouvelle-Orléans après Katrina illustre ce
phénomène puisqu’elle a conduit à l’exclusion des plus pauvres et des
marginaux.
73
74
Mitigation
Anticiper la manière dont
Carte d’aléas (extension La mitigation est l’action
(atténuation) Prévention de la zone affectée en fonction de réduire, voire
un aléa pourra se produire
de l’aléa de l’intensité) d’éradiquer, l’aléa.
Délimiter des zones Carte du zonage des zones
Réduction inconstructibles dans les exposées (type PPRN ou PPRT en
Prévention
de l’exposition espaces exposés à des France) ; documents d’information
aléas fréquents et outils juridiques (réglementation)
75
76
77
78
Conclusion
Un risque ne doit surtout pas être confondu avec un aléa : un séisme, un
cyclone ou une inondation ne sont dangereux qu’à partir du moment
où ils peuvent affecter des populations et leurs biens. En géographie, le
risque désigne effectivement la présence, sur un espace, d’enjeux vulné-
rables menacés par un aléa. Plus la potentialité de victimes et de dégâts
est élevée, plus on dit que le risque est fort. Le risque n’existe donc pas
en dehors des sociétés qui les produisent (exposition) et les construisent
(perception et gestion). Les géographes ont donc une approche multi-
factorielle et systémique des risques, permettant de prendre en compte la
complexité du territoire étudié et d’y identifier et expliquer les éléments
vulnérables.
Les géographes s’intéressent de plus en plus à la gestion des crises et à
la reconstruction post-catastrophe, en particulier à travers les questions
d’aménagement et de résilience des systèmes unissant les sociétés à leur
territoire. La géographie apporte ici une approche spatialisée et territo-
rialisée qui puise dans toutes les branches et les courants de la discipline.
79
À RETENIR
n En fonction de l’intensité de l’aléa et des capacités à faire face de la société
exposée, il existe un risque de crise ou de catastrophe pour le territoire considéré.
Le risque n’est donc pas l’aléa mais la gravité des conséquences que cet aléa
peut avoir à différentes échelles d’espace et de temps.
n La vulnérabilité est une composante essentielle du risque. Les difficultés du
quotidien expliquent largement les crises et les catastrophes car ce sont elles qui
affaiblissent les sociétés et les individus exposés. Réduire le risque, c’est connaître
les aléas et en réduire les effets quand ils surviennent, mais c’est aussi chercher
à réduire la vulnérabilité des populations et des territoires menacés.
n De nombreux acteurs s’investissent dans la gestion des risques et des crises.
Ils interviennent à différentes échelles et échelons administratifs à l’aide de diffé-
rents outils. Leur mise en œuvre est toujours soumise à des contextes sociaux,
politiques et économiques, à différentes échelles, qui peuvent entraver ou bien
conforter leur efficacité.
80
moyennes
Zones inondées
1 où plus de 50 %
des habitants sont
des Africains-Américains
Profil topographique
Source : d’après PEINTURIER E.,
de la Nouvelle-Orléans
Sud Nord 2015, « Risques littoraux et
Mississippi Lac aménagement en Louisiane : les
pi
M is sissip
mètres Pontchartrain
9 défis d’un territoire insoutenable ? »,
6 1 GéoConfluences.
3 2
5 km 0
-3
Voir Méthode p. 228.
81
82
ÉTUDE DE CAS
Source : Extrait du DICRIM de Mandelieu-la-Napoule.
orages. Ceux-ci ont causé des inondations et des coulées de boue dont les
dommages sont localisés, quantifiés et caractérisés : le nombre de victimes
et les impacts sur les réseaux ont provoqué une crise.
83
84
Commentaire
ÉTUDE DE CAS
I. Un aléa prévisible mais de forte intensité
■ Le doc. 1 précise que 174 mm sont tombés entre 20 heures et 22 heures.
victimes (20 morts) et les ruptures de réseau. On comprend qu’il s’agit d’un
territoire à forts enjeux (doc. 3). Le DICRIM rappelle que cette frange litto-
rale est fortement exposée aux inondations. Ces enjeux sont vulnérables, leur
faiblesse est liée ici à la manière dont les populations font face à l’aléa. Le
doc. 2 explique que 7 personnes ont péri dans leur parking ; il faut éviter de
se faire piéger et veiller à se faire repérer le plus vite par les secours (doc. 3).
■ Les coupures de réseau peuvent également avoir des impacts sur des
acteurs publics, dont le rôle présenté dans les documents est avant tout celui La géographie
de la gestion de crise : bulletin de Météo-France et seuils d’alerte (doc. 1), est toujours
incarnée dans
organisation des équipes de secours (doc. 2). les acteurs
■ En termes de gestion des risques, le doc. 3 rappelle que les élus municipaux qui prennent
ont pour responsabilité d’assurer la sécurité de leurs concitoyens, à travers la les décisions
à différentes
diffusion de documents de prévention. Enfin, les acteurs privés ne sont pas échelles.
à négliger, car ce sont eux qui sont responsables de la réparation du réseau
électrique (ERDF mentionnée au doc. 2). Leur action permet de faciliter la
reconstruction, et donc le processus de résilience.
85
L’image des paysages de Normandie, véhiculée par les cartes postales ou les produits
du terroir (comme ici à droite sur cette boîte de camembert), met en avant des pommiers
en fleurs sous lesquels paissent des vaches, des prairies verdoyantes entourées de
haies bocagères et des chaumières à pans de bois. Ces motifs emblématiques (ou
archétypes) sont une ressource permettant de donner une identité au territoire et de
le différencier. Il s’agit en réalité d’une image idéalisée fondée sur une réalité maté-
rielle en partie révolue et en décalage avec l’évolution des activités qui façonnent ces
paysages, comme les remembrements agricoles ou les constructions pavillonnaires.
86
87
88
Source : carnet n° 15, p. 54, 14 avril 1892, Bibliothèque de l’Institut de géographie de Paris
(https://mediterranee.revues.org/104).
89
Dans les années 1990, G. Bertrand propose d’associer trois notions différentes mais proches – le géosystème, le territoire et le paysage – dans le système
GTP. Ce cadre permet d’appréhender l’environnement dans sa complexité en associant trois dimensions qui permettent de mêler approches naturaliste
(géosystème), socio-économique (territoire) et culturelle (paysage).
90
91
92
93
+
+ +
+
+ +
+ +
+ + +
+
+ + + +
+ + +
+ +
+ +
+ + + +
+
I. L’espace vu par les producteurs laitiers + +
Sans valeur Bon mais loin
II. L’espace vu par les naturalistes
Difficile à exploiter Très bon
Sans valeur
Contraintes
surmontables Biotope intéressant
Biotope original
Biotope exceptionnel
+
+ +
+
+ + + III. L’espace vu par les touristes
+
+ + + + Sans valeur Pittoresque
+ Original Exceptionnel
+ +
Source : d’après Y. MICHELIN, 1996, Les jardins de Vulcain, Paris, Éditions de la MSH.
La physionomie du paysage est ici représentée par des blocs diagrammes schématiques. Chacun d’entre eux donne à voir la diversité
des qualificatifs et registres de valeurs sur lesquels s’appuient les producteurs laitiers, les naturalistes et les touristes pour appréhender
ce même paysage. Les pentes des volcans constituent des espaces d’intérêt pour les naturalistes et touristes tandis que les éleveurs
les délaissent, préférant des terres plus faciles à exploiter et/ou moins éloignées.
94
Un palimpseste est un
parchemin manuscrit dont
II. Le paysage, un hybride on a effacé la première
écriture afin de réécrire
de nature et de culture par-dessus. On peut
deviner, sous le nouveau
Le paysage peut se définir comme un véritable palimpseste car il texte, les traces de l’ancien.
présente la « caractéristique de conserver des caractères hérités d’usages Un palimpseste suppose
donc une série d’apports
anciens » comme l’écrit Annie Antoine (L’agriculture en Europe occi- qui s’ajoutent les uns aux
dentale à l’époque moderne, Paris, Belin, 2000). Une lecture attentive du autres, en intégrant les
paysage permet ainsi d’identifier les traces visibles (châteaux, haies) et héritages du passé.
95
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100
■ La mécanisation agricole
L’agriculture s’est profondément modernisée depuis les années 1950. La Le bocage désigne
le paysage rural formé
mécanisation a entraîné une réorganisation profonde du terroir agri- par des parcelles agricoles
cole. Dans les régions de bocage, comme le nord-ouest de la France, dont les limites sont
des remembrements ont été organisés. Ces opérations d’aménagement marquées par des haies
végétales.
foncier visaient à réorganiser le parcellaire pour faciliter l’exploitation.
Les parcelles de petite taille ont été regroupées pour rationaliser l’utili-
Le parcellaire désigne
sation des sols. Les remembrements ont souvent été accompagnés de le découpage des parcelles
l’arrachage de haies, du comblement des chemins creux et des arbres agricoles.
complantés devenus inutiles, voire contraignants, dans le cadre de l’agri-
culture productiviste. La modernisation agricole a également modifié la
physionomie du bâti : des bâtiments modernes ont vu le jour tandis que
les anciens, devenus inadaptés, étaient abandonnés ou reconvertis en
résidences secondaires. La généralisation de l’agriculture productiviste a
favorisé l’uniformisation des paysages par la création de vastes blocs de
cultures dans les régions de plaine comme le bassin parisien.
À l’inverse, dans les régions aux potentialités agronomiques moins
favorables, des terres sont abandonnées. La SAU couvre aujourd’hui La surface agricole utile
un peu plus de la moitié du territoire français (29 millions d’hectares) (SAU) désigne la superficie
utilisée par les agriculteurs
contre 36 millions d’hectares vers 1880. Dans les régions de montagne pour la production agricole.
comme le Massif central, les sols les plus maigres et les pentes les plus Elle regroupe tous les types
fortes qui avaient été aménagées en terrasses pour subvenir aux besoins de terres (arables, vignes,
surface en herbe…).
alimentaires sont délaissés. L’augmentation des rendements permet
d’abandonner les terres les moins productives. À l’image du déclin
101
■ La périurbanisation
La périurbanisation constitue le second facteur majeur de transformation
des paysages dans la seconde moitié du xxe siècle. À partir des Trente
Glorieuses, de nombreux ménages ont quitté les centres-villes pour
résider dans une maison individuelle, disposer d’un jardin et profiter
d’un cadre de vie jugé plus favorable. La standardisation des méthodes de
construction et la facilitation du crédit ont favorisé l’accès à la propriété
encouragé par les pouvoirs publics. Un anneau pavillonnaire a alors vu
le jour autour des villes de toutes tailles ; aux États-Unis notamment, ces
espaces dits « suburbains » prennent des extensions très vastes.
De nouveaux paysages constituent alors le cadre de vie d’une grande
partie de la population : les paysages périurbains. Composés de lotisse-
ments pavillonnaires plus ou moins denses mais aussi de zones d’activités
Conceptualisée et de commerces et d’échangeurs routiers reliant les habitants à la ville, ces
par l’écologie du paysage,
la fragmentation décrit
paysages sont pointés du doigt par les médias et les praticiens de l’amé-
les phénomènes de nagement. Ils sont le symbole des dynamiques de l’extension de la ville
morcellement de l’espace (« étalement urbain ») et de la diffusion de l’habitat de plus en plus loin
(artificialisation des sols,
création d’infrastructures
des centres urbains historiques. Les paysages périurbains sont associés à
de transport, etc.) l’artificialisation croissante des sols ou encore la consommation des terres
qui contraignent le agricoles et naturelles (fragmentation des habitats, érosion de la biodiver-
déplacement des espèces.
sité). Ils participent en effet à la banalisation des paysages mais revêtent
Voir BUREL F. et BAUDRY J.,
2003, Écologie du Paysage en réalité une grande diversité (densité variable d’habitations, intégration
de Paris, Tec & Doc. plus ou moins forte du paysage rural antérieur, mixité des fonctions…).
102
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105
■ À l’échelle européenne
La Convention européenne du paysage proclamée à Florence en 2000
par le Conseil de l’Europe est entrée en vigueur en France en 2006. Elle
définit le paysage comme « une partie de territoire telle que perçue par
les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels
et/ou humains et de leurs interrelations ». Il est affirmé qu’il constitue
« partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans
les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés
comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables
comme dans ceux du quotidien ».
Comme la loi Paysage de 1993, la Convention européenne du paysage
ne s’intéresse pas qu’aux seuls paysages remarquables mais vise le main-
tien de la qualité des paysages qualifiés d’ordinaires car ces derniers
participent au bien-être des populations et à la qualité de leur cadre de
vie. Le texte de la Convention européenne du paysage « rompt avec au
moins un siècle de conception protectionniste du paysage pour l’élargir
aux paysages du quotidien et dépasser le simple cadre des paysages
LUGINBÜHL Y., 2007, remarquables », comme l’explique Y. Luginbühl .
« Pour un paysage de
paysage », Économie rurale, Alors que la banalisation des paysages est dénoncée et que le contexte
n° 297-298, p. 23-37. de mondialisation renforce les volontés de se démarquer et de retrouver
une identité, l’objectif est de « préserver durablement la diversité des
paysages ». Il s’agit d’accompagner l’évolution des paysages. Pour cela,
trois types d’actions sont distingués :
– La protection correspond à des actions de conservation visant le main-
tien des traits distinctifs d’un paysage caractérisé par une forte valeur
patrimoniale.
– La gestion vise à guider et harmoniser les transformations paysagères
induites par les évolutions des activités humaines.
– Enfin, l’aménagement comporte une dimension prospective corres-
pondant à la création de paysages. Les politiques publiques en faveur
du paysage visent de plus en plus à prendre en compte les attentes des
populations afin de déterminer les objectifs de qualité en concertation
avec les habitants.
106
Conclusion
Le paysage est donc un objet central en géographie car il permet de
questionner les relations des hommes à leur environnement, avec l’idée
d’une trajectoire : le paysage change de forme au cours du temps selon
les usages que font les sociétés de leur environnement. Cette question
peut être abordée via la description des formes matérielles et leurs
transformations au fil du temps. Elle peut également être renseignée à
travers l’étude des regards portés sur elles par les sociétés. Il s’agit donc
d’un concept transversal en géographie et qui mobilise aussi les savoirs
d’autres disciplines. La double dimension, objective et sensible, et le
caractère éminemment mobile et hybride du paysage font de celui-ci un
outil de médiation particulièrement pertinent dans le cadre de l’essor des
démarches participatives, puisqu’il peut être utilisé comme support de
dialogue entre élus, habitants et spécialistes s’interrogeant sur le devenir
d’un territoire.
Le paysage est le résultat non intentionnel des activités d’une société
à un moment donné. Les transformations récentes ont modifié la confi-
guration matérielle des paysages avec l’apparition de nouveaux types
paysagers tels que les paysages constitués de lotissements pavillonnaires,
de voies rapides et de zones commerciales. Comme les paysages agricoles
banalisés, ces formes nouvelles ne coïncident pas avec les canons esthé-
tiques de notre société. Les politiques publiques visent à mieux prendre
en charge la dimension paysagère guidant le façonnement des paysages :
l’apparition de nouveaux paysages et la transformation, ou la dégrada-
tion voire la disparition de paysages appréciés sont pourtant le reflet de
l’évolution des sociétés.
107
À RETENIR
n Le paysage est une notion hybride : il désigne le produit, visible et éminemment
mobile, des interactions entre des faits de nature et de société. Il désigne par
ailleurs à la fois la réalité matérielle que le géographe peut décrire mais aussi la
dimension sensible liée aux représentations multiples que chaque individu se fait
d’un même paysage.
n À l’interface entre la nature et les hommes, les paysages se transforment sans
cesse au fil du temps. Il est possible de retracer la trajectoire des paysages à partir
de différentes sources et de les relier aux grandes étapes de mutation des activités
anthropiques.
n Le paysage fait l’objet d’une demande sociale croissante, la population réclamant
un cadre de vie de qualité. Cependant, la réglementation à l’œuvre aujourd’hui
cible avant tout les paysages dits remarquables qu’il s’agit de conserver en l’état.
La préservation de la qualité et de la diversité des paysages, qualifiés d’ordinaires,
est plus difficile à mettre en œuvre.
108
109
110
en plus laisser libre cours à la dynamique de la végétation, dont l’effet risque d’être
d’abord l’homogénéisation du milieu, et en conséquence une réduction de la diversité
ÉTUDE DE CAS
biologique” (Blandin, 1996) […] frisant “l’horreur écologique”.
Économiquement, ensuite, la fermeture des paysages nuirait directement au dévelop-
pement local par dégradation du cadre de vie. […]
Sur les plans esthétiques et sensibles, enfin, les impacts peuvent être liés aux boise-
ments autant qu’à la friche. […]
De l’autre côté, les tenants d’une “nature naturelle” élèvent la voix en faveur des
dynamiques naturelles ou, au moins, pour envisager une cohabitation. […] D’autres
insistent, d’une part, sur la chance offerte à la société de retrouver un idéal de “nature
‘naturelle’” et, d’autre part, sur la nécessité de redonner sa place à la nature. […]
F. Terrasson, particulièrement, dénonce la « peur de la nature » et ce qu’il estime être
un faux débat, puisque, selon lui, “ce n’est pas la friche qui menace l’agriculture, mais
l’incohérence des politiques internationales. Arrêtons d’opposer la nature et l’exploi-
tation agricole et réinventons un vieux mot ringard qui par bonheur est encore pour
quelque temps encore au Petit Larousse. Vive la friche : vive le paysan !” »
Source : LE FLOCH S. et DEVANNE S., 2003, « Qu’entend-on par fermeture du paysage ? »,
Cemagref, ministère de l’Écologie et du Développement durable.
Source : LABRUE C., 2009, L’enfermement des habitations par la forêt, thèse de doctorat.
111
de fermeture du paysage.
Localisation
Les documents traitent des régions de moyenne montagne française qui ont
subi une déprise rurale au cours de la seconde moitié du xxe siècle.
Commentaire
Ce corpus invite à s’interroger parallèlement sur les processus de transforma-
tions des paysages dont l’évolution des activités des sociétés est responsable
(abandon des pratiques agricoles ici) et sur les représentations suscitées par
ces nouveaux paysages.
I. Le processus de fermeture du paysage
Le doc. 1 invite à une analyse des transformations du paysage de Mulbach.
Sur l’image la plus ancienne, le premier plan est occupé par des paysans
occupés à faucher une parcelle de prairie complantée de pommiers. Le village
se distingue au second plan par le clocher de son église et la cheminée d’une
usine. À l’arrière-plan, le versant est occupé par des parcelles agricoles de
petite taille dominées par des reliefs boisés. Ce paysage est le produit d’une
activité agricole tournée vers l’élevage. Sur l’image de droite, le bourg s’est
densifié et étendu au détriment de l’espace agricole. Du fait de l’abandon
des pratiques culturales, une végétation s’est spontanément développée
remplaçant les prairies par des friches puis des bois. En d’autres endroits,
les prairies ont été remplacées par des plantations permettant de valoriser
un patrimoine foncier (doc. 2). Le paysage s’est fermé.
112
ÉTUDE DE CAS
Ceux-ci procurent des aménités mais aussi des désagréments. Tout semble
une question d’équilibre. La forêt participe à l’intérêt paysager du site et
permet de s’isoler des voisins mais elle peut nuire en bouchant les vues. Elle
apporte l’ombre recherchée dans les jardins situés sur les versants exposés au
soleil mais celle-ci devient pénalisante sur les versants non exposés au soleil.
Elle constitue un refuge pour les animaux sauvages mais on craint aussi que
les broussailles abritent des nuisibles ou que des incendies se propagent. Les
représentations sont donc multiples et contradictoires.
III. La remise en cause du maintien systématique de paysages ouverts
¡ Malgré l’ambiguïté des représentations, des actions sont mises en place
pour « rouvrir » ces paysages. Celles-ci consistent en des chantiers de
débroussaillage ou la mise en œuvre de mesures agro-pastorales visant à réta-
blir le pâturage. Le maintien d’habitats ouverts vise également à préserver la
biodiversité supposée plus forte que dans des espaces en friches ou boisées.
¡ Le doc. 2 révèle d’autres stratégies. Deux visions s’opposent : d’un côté,
les défenseurs d’une nature anthropisée et, de l’autre, ceux prônant une
nature « naturelle ». Leurs arguments se fondent à la fois sur des critères
économiques, écologiques et esthétiques. Les premiers voient en la friche le
symbole de la perte de vitalité économique des campagnes et la diminution
de la maîtrise de l’homme sur la nature. Ils plaident pour des milieux ouverts.
À l’inverse, d’autres militent pour laisser la végétation spontanée évoluer
sans contraintes. En réaction à l’intensification de l’agriculture et à l’arti-
ficialisation croissante des paysages, d’autres mettent en avant l’intérêt de
préserver des espaces de « nature » dans lesquels les processus biophysiques
évolueraient librement. Il s’agit de reconquérir des espaces à haut niveau de
naturalité correspondant à l’imaginaire du sauvage . Voir BARRAUD
R. et PÉRIGORD M.,
Conclusion 2013, « L’Europe
ensauvagée :
Présentée comme un problème paysager à résoudre, la fermeture du paysage émergence d’une
est controversée. Cet exemple illustre le décalage entre le rythme de trans- nouvelle forme de
formation des paysages sur le terrain, fonction de l’évolution des usages parimonalisation
de la nature »,
des sociétés, et celui des représentations des individus. Le rejet de la friche L’Espace
témoigne de la difficulté à accepter les mutations induites par la moderni- géographique,
sation agricole. Cet exemple révèle la coexistence de regards variés sur un n° 3, vol. 42.
même paysage. Ces représentations se traduisent dans l’action publique
puisque des programmes sont menés depuis les années 1980 pour maintenir
des paysages ouverts tandis que les associations naturalistes promeuvent
depuis les années 2000 la libre évolution (c’est-à-dire la non-gestion).
113
Le Parc national de Nairobi (à droite) est un espace protégé né en 1946. Cernés par
la croissance de la capitale kenyane, ces paysages de savanes sont au contact direct
de la ville, et menacés par l’artificialisation. La route, en construction, empiète sur le
parc avec l’accord du gouvernement, qui entend développer les infrastructures pour
décongestionner la métropole. Le parc est enclos au sens propre sur tout son tracé nord.
Il reste ouvert au sud pour maintenir des corridors de migration de la faune sauvage
avec les plaines plus au sud, mais pour combien de temps ?
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118
119
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121
Surface Échelle
Type d’espaces Nombre
(en km²) de référence
Zone humide
41 36 333 Internationale
(convention de Ramsar)
Réserve de biosphère (UNESCO) 12 40 956 Internationale
Zone de protection spéciale
(ZPS) – directive « Oiseaux » 392 78 889 Européenne
(Natura 2000)
Site d’intérêt communautaire
(SIC)/zone spéciale
de conservation (ZSC) – 1 362 75 054 Européenne
directive « Habitats »
(Natura 2000)
Parc national 10 54 315
dont Cœur**
(« Zone centrale » avant la loi 25 605
modificative de 2006) Nationale
dont Aire optimale d’adhésion
(« Zone périphérique » 28 710
avant 2006)
Réserve naturelle nationale 166 28 539 Nationale
Réserve naturelle de Corse 6 838 Nationale
Réserve naturelle régionale 135 355 Nationale
Arrêté préfectoral
834 1 892 Nationale
de protection de biotope
Réserve nationale de chasse
10 383 Nationale
et de faune sauvage
Réserve biologique 245 1 731 Nationale
Site classé 2 443 9 340 Nationale
Domaine d’intervention
724 1 624 Nationale
du Conservatoire du Littoral
Site des Conservatoires
2 884 1 597 Nationale
d’espaces naturels
Espace naturel sensible (ENS) nd nd Nationale
Parc naturel marin 6 121 065 Nationale
Parc naturel régional 51 87 903 Nationale
122
123
3. Les acteurs
On entend par gouvernance l’ensemble des processus et des institutions
qui participent de la gestion politique d’une société, sans être restreints
aux canaux décisionnels classiques (tel le gouvernement) : société civile,
Voir Introduction. experts, ONG, etc. La gouvernance des espaces protégés a considé-
rablement évolué ces dernières décennies. En effet, le constat d’une
opposition systématique des populations à la création de parcs, qui font
124
1. La difficile délimitation
des périmètres de protection
Ainsi l’acceptation des espaces protégés apparaît inversement propor-
tionnelle à la proximité du parc : les habitants directement concernés
sont le plus souvent farouchement opposés au parc, tandis que ceux
qui bénéficient de la proximité du parc sans en subir les contraintes y
125
126
de ce parc ne vont pas sans poser question sur les pollutions multiples
dont peut souffrir l’espace protégé. Les interdictions d’usage peuvent
en outre induire une surexploitation des espaces à proximité par le
report des activités sur les espaces adjacents.
Ainsi, la pression des activités de pêche peut-elle être accentuée en
bordure des espaces protégés : c’est ce que l’on observe aux alentours
de nombre d’aires maritimes protégées comme celle du banc d’Arguin
au large de la Mauritanie, l’État mauritanien favorisant par ailleurs la
pêche locale et étrangère dans ses eaux territoriales . MAGRIN G. et al., 2011,
« Des réserves de nature aux
territoires de la biodiversité »,
Annales de Géographie,
2. Les conflits entre mise en valeur et protection n° 651, p. 485-507.
127
3. Concertation, participation :
vers une nouvelle gouvernance
de l’environnement à l’échelle locale ?
Les dernières décennies ont été marquées par une inflexion progressive
du paradigme de la protection, de manière générale plus favorable à
l’intégration croissante des acteurs locaux. La définition des contours
des espaces protégés, qui font souvent l’objet de tractations âpres entre
Voir Étude de cas p. 136. experts, pouvoirs publics et acteurs locaux sont la première manifes-
tation de ces tentatives d’organisation d’une nouvelle gouvernance de
ces zones.
Les critères de définition, souvent donnés par des acteurs « experts »,
peuvent ainsi être remis en question : le choix contesté d’une espèce de
référence, la (non)-conformité à des contours administratifs sont des
arguments souvent évoqués par les opposants aux espaces protégés. Les
contours du parc national de la Vanoise témoignent ainsi de décou-
pages discutables d’un point de vue naturaliste : ce n’est ni l’altitude ni
la présence de glaciers ou d’espèces qui rendent cohérentes les limites
Voir Méthodes du cœur de parc. Il en va de même pour le parc national de Guyane.
du commentaire
de carte topographique
Ces limites illustrent en réalité une négociation difficile au cas par
p. 235 et du croquis cas entre l’État et des acteurs locaux soucieux de préserver certaines
de synthèse p. 244. pratiques telles la chasse ou la sylviculture. Les tergiversations multiples
observées lors de la phase d’élaboration du projet de parc national de
Guyane entre 1995 et 2007 sont révélatrices en creux des enjeux liés
à la présence des populations autochtones, mais aussi aux activités
Voir Entraînement p. 135. d’orpaillage dans la région.
Dans le cas français, la ratification (depuis 2006) d’une charte par
les communes acceptant d’intégrer l’aire d’adhésion des parcs natio-
naux témoigne de la contractualisation croissante des politiques de
protection de la nature. L’État et les gestionnaires des espaces protégés
cherchent ainsi à impliquer davantage les acteurs locaux concernés. À
défaut d’une participation toujours active des populations, la concerta-
tion, entendue comme « construction collective de visions, d’objectifs,
de projets communs, en vue d’agir ou de décider ensemble, qui repose
sur un dialogue coopératif entre plusieurs parties prenantes » (Beuret)
s’impose comme processus souhaitable des politiques de protection
de la nature.
128
1. Définir la biodiversité
Née sous la plume de W. Rosen, et surtout popularisée par les travaux
d’E. Wilson , sociobiologiste, la notion de biodiversité s’est diffusée de WILSON E. O., 1988,
manière globale, dans l’opinion publique et parmi les décideurs poli- Biodiversity, Washington,
National Academy Press.
tiques, avec une grande rapidité, pour plusieurs raisons.
Étymologiquement, le terme fait référence à la diversité du vivant.
Mais, derrière son apparente simplicité, il cache de nombreuses ambi-
guïtés et questionnements. De quelle biodiversité parle-t-on ? On peut
tout à la fois l’envisager à partir de la diversité des individus, dont le
129
130
2. La biodiversité en questions
D’un point de vue théorique tout d’abord, au sein même de la commu-
nauté scientifique, les mesures de la biodiversité ne touchent ni les
mêmes objets ni les mêmes échelles, et l’articulation de ces travaux est
loin d’être évidente. Les recherches se multiplient suivant des hypothèses
et modèles concurrents, ce qui contribue à atomiser la notion dans le
champ scientifique. Autrement dit, si les scientifiques sont parvenus à
intéresser les autres acteurs de l’environnement à la diversité du vivant,
ils peinent aujourd’hui à en proposer une lecture cohérente, tant les
présupposés des recherches et les résultats diffèrent.
De manière très prosaïque, le décompte de la biodiversité pose des
questions non négligeables : que compter ? Gènes, espèces ou écosys-
tèmes ? Plus encore, doit-on privilégier certaines espèces dites rares – et
si oui, à quel titre, suivant quels critères ? – ou tenter d’appréhender toute
la biodiversité dite ordinaire, au risque d’un trop-plein d’information ?
Si l’on réfléchit à l’articulation entre biodiversité et politiques de
conservation de la nature, des interrogations émergent également quant
au rôle des sociétés. Le rapport de cause à effet entre évolution de la
biodiversité et action anthropique est plus complexe qu’il n’y paraît.
La pression anthropique contribue manifestement à la disparition d’es-
pèces, mais l’évaluation de leur rythme d’extinction demeure délicate en
l’absence d’un inventaire complet du vivant peuplant la planète. Surtout,
suivant l’approche de la biodiversité choisie, les lectures peuvent différer :
ainsi, la disparition de certaines espèces de corail peut être corrélée
à l’action anthropique, mais le rapport entre dégradation globale du
milieu corallien et pression des sociétés est moins direct.
En outre, certaines espèces peuvent disparaître des territoires
lorsque ceux-ci sont abandonnés par les sociétés qui les exploitaient
de longue date : c’est l’une des problématiques majeures de l’abandon
des montagnes pastorales européennes, désertées par les troupeaux,
oiseaux et autres animaux qui profitaient des pelouses entretenues par
les cheptels.
131
132
Conclusion
On le voit, la protection de la nature répond par des exclusions terri-
toriales plus ou moins fortes à des intérêts collectifs, nationaux, voire
globaux, souvent aux dépens des intérêts immédiats des utilisateurs
traditionnels des lieux concernés.
Protéger la biodiversité au travers d’une gestion spécifique sur certains
espaces s’explique par l’idée que ces lieux jouent un rôle majeur dans le
fonctionnement des écosystèmes (parce qu’ils recèlent d’importantes
populations endémiques, parce qu’ils constituent un lieu important Les populations
pour les populations animales – nidification, migration, etc.). Mais deux endémiques ne sont
présentes que sur un
interrogations majeures en découlent : sur quelles bases scientifiques territoire restreint ;
délimiter ces espaces ? Comment penser les inévitables interactions avec le koala n’est,
les zones non protégées ? par exemple, présent
qu’en Australie.
133
À RETENIR
n Les politiques de protection de l’environnement se sont diffusées à l’échelle du
globe au cours du XXe siècle.
n Cette reconnaissance globale de la nécessité de protection de l’environnement ne
doit pas occulter la diversité des approches. Lorsque la volonté de protection est
forte, elle débouche sur des espaces protégés très excluants ; lorsqu’elle entend
surtout gérer la ressource, elle induit moins de contraintes sur l’usage des territoires.
n Les espaces protégés sont des enjeux géographiques forts, car ils font primer un
intérêt supérieur sur l’intérêt local : les conflits sont donc nombreux avec les popu-
lations locales.
n Suivant les périodes, les approches scientifiques et politiques de la protection ont
changé. Depuis les années 1990, c’est l’approche intégrée qui a prévalu, cher-
chant à repenser les usages et la gestion des espaces protégés sans exclure les
populations locales.
134
SURINAME SURINAME
BRÉSIL
BRÉSIL
100 km 100 km
135
136
ÉTUDE DE CAS
Pour tenter de les rassurer, on leur a souvent dit que “le parc ne changerait rien”.
Pourquoi en créer un, alors ? se demandent-ils. De fait, nombre d’activités seront
soumises à autorisation du directeur du parc (ou de son conseil d’administration).
Alors, les opposants ne baissent pas les bras et vont attaquer le décret devant le Conseil
d’État. Le parc existe sur le papier, pas encore dans les Calanques. »
Source : Le Monde, 19 avril 2012 (disponible sur : www.lemonde.fr/planete/article/2012/04/19/
les-calanques-parc-national-a-la-marseillaise_1687918_3244.html#4okd6Hxcw3i5tLvo.99).
Source : www.calanques-parcnational.fr/fr/mediatheque/cartotheque
137
Source : www.marseille-renovation-urbaine.fr/uploads/media/GPV-Depliant-Mazargues-Mai2013.pdf
expose les périmètres officiels. Elle détaille les règlements qui s’imposent
très concrètement aux visiteurs, sur terre comme en mer : interdiction
des appareils sonores qui perturbent la faune ou des prélèvements en
mer, etc.
138
ÉTUDE DE CAS
à-dire de l’organisme en charge de la mise en place locale de la politique de
rénovation urbaine portée à l’échelle nationale par l’ANRU (Agence natio-
nale pour la rénovation urbaine). Il présente un projet de rénovation urbaine
au contact du parc national.
Ces documents répondent à des motivations différentes : représenter et
diffuser les contours légaux du parc (doc. 1), exposer et analyser les conflits
qui y sont liés (doc. 2). La dernière figure participe d’un dossier de présenta-
tion – et de promotion – d’un projet d’urbanisme complexe, au sein duquel
le parc national joue un rôle réel mais non central.
Localisation
Créé en 2012, le Parc national des Calanques est l’un des parcs de « nouvelle
génération », postérieur à la loi de 2006. De ce fait, par sa localisation – au
contact immédiat de l’agglomération marseillaise –, par la définition de ses
« vocations » qui autorisent certaines pratiques anciennes des populations,
il constitue un exemple intéressant d’espace protégé aux enjeux de gestion
particulièrement complexes.
Commentaire
Deux axes de lecture peuvent se dégager à l’analyse de ces trois documents :
– La géographie du Parc national des Calanques est le premier élément à
décrypter. Les docs 1, 2 et 3 exposent les zonages internes du parc et les
contraintes qui y sont associées. Les limites du parc constituent un second
point d’analyse : le doc. 1 permet d’appréhender le contact entre le parc
et l’agglomération marseillaise, tandis que le doc. 3 permet de le saisir à
l’échelle locale.
– Les conflits, ouverts ou non, induits par le parc national apparaissent
dans le corpus. Le doc. 2 insiste sur les frictions liées aux réglementations
139
140
ÉTUDE DE CAS
protester contre sa création ; les autres, comme une contrainte imposée
sans justification. L’absence de critères naturalistes consensuels fait donc
cruellement défaut.
III. Le parc national, instrument performant d’aménagement du territoire ?
¡ Le parc national est un outil d’aménagement du territoire ; il reflète une
politique volontariste de protection de la nature au sein de l’espace national.
Cependant, son objectif fondamental a varié au fil du temps. Initialement
associés à une volonté de sanctuarisation des milieux, les parcs nationaux
français ont évolué dans leur géographie et leur structure pour devenir, en
partie, des outils de développement local.
¡ De ce point de vue, l’utilisation faite par la métropole marseillaise et
l’ANRU de la proximité du Parc national des Calanques est assez révélatrice.
Le doc. 3 met en évidence le rôle assigné à l’espace protégé dans le projet
métropolitain. Le parc est présenté comme une aménité majeure, propice à
l’arrivée de populations moins défavorisées que celles présentes jusqu’alors
dans le quartier du Baou de Sormiou. Le parc serait donc un outil, au même
titre que la rénovation architecturale du quartier, de la politique de mixité
sociale promue par l’État et la métropole.
¡ Par ailleurs, le développement d’activités touristiques autour du parc
national est ici revendiqué : l’espace protégé est donc aussi instrument de
développement local, notamment dans son aire d’adhésion.
¡ Pour autant, la bonne gestion des aménités est complexe : trouver un
juste équilibre entre protection et développement touristique est délicat.
De même, le risque d’une gentrification de l’espace, qui se traduirait par Gentrification :
l’éviction des plus modestes, est réel. Enfin, la multiplication des acteurs, et éviction de
catégories
la recherche croissante de leur consentement dans une optique de concer- populaires
tation et de contractualisation, notamment autour de la charte du parc, d’habitants
peuvent déboucher sur des refus. C’est ainsi que l’aire optimale d’adhésion présentes en
(doc. 1) ne correspond pas à l’aire finalement retenue : plusieurs communes un lieu par une
population plus
dont le développement est plus périurbain que touristique ont refusé d’ad-
aisée par le
hérer au projet. jeu du marché
immobilier.
Conclusion Les aménités
Le Parc national des Calanques illustre les nouveaux enjeux posés par la loi environnementales
contribuent
de 2006. La recherche de consensus dans la définition d’un projet commun
largement à
de territoire est désormais la règle pour les parcs nationaux, mais ne va pas ce phénomène.
sans susciter des oppositions et des blocages.
141
142
143
I. De la variabilité climatique
passée au changement climatique
contemporain
Le changement climatique désigne une variation statistiquement signifi-
Ne pas confondre !
cative de l’état moyen du climat. La Convention-cadre des Nations unies
– Le temps est une
situation atmosphérique sur le changement climatique (CCNUCC) fait une distinction entre la
à un moment et un lieu « variabilité climatique » et le « changement climatique » proprement
déterminé, étudié dit : la première, appréhendée à des échelles de temps longues, est due à
par la météorologie.
des causes naturelles, comme en témoigne l’histoire passée du climat ; le
– Le climat
est l’ensemble second, saisi à des échelles de temps plus brèves et plus récentes, peut être
des conditions attribué aux activités humaines contemporaines qui altèrent la compo-
atmosphériques
sition de l’atmosphère et l’équilibre de la biosphère.
moyennes
caractéristiques
d’un espace donné,
déterminé par 1. Une machine climatique complexe
l’accumulation de
données sur une longue Le fonctionnement du climat est l’une des clés de compréhension de la
période.
mutation des environnements passés, actuels et à venir. À une échelle
globale, le système climatique est régi par l’énergie solaire qui se répartit
inégalement dans l’espace, du fait de la sphéricité de la Terre (qui déter-
mine la zonalité climatique : latitudes tropicale, tempérée et polaire), et
dans le temps du fait de l’inclinaison de son axe de rotation (qui caracté-
rise la saisonnalité). Il repose sur un bilan radiatif terrestre à l’équilibre,
c’est-à-dire nul, correspondant à la somme des apports d’énergie solaire
absorbée et des pertes radiatives émises (rayonnement infrarouge).
Différents mécanismes interviennent dans l’établissement de cet
Ne pas confondre ! équilibre, en particulier l’effet de serre atmosphérique permettant de
Un forçage radiatif stabiliser la température moyenne annuelle de la Terre. En effet, parmi
positif tend à les différents gaz qui composent les couches de l’atmosphère, les gaz
réchauffer le système à effet de serre (GES) influent fortement sur les échanges d’énergie. Il
(plus d’énergie reçue
qu’émise), alors qu’un s’agit notamment de la vapeur d’eau (H2O), du gaz carbonique (CO2),
forçage radiatif négatif du méthane (CH4) et de l’oxyde nitreux ou protoxyde d’azote (N2O).
va dans le sens d’un
refroidissement (plus La « machine climatique » forme ainsi un système extrêmement
d’énergie perdue que complexe dont les éléments (atmosphère, hydrosphère, surface terrestre,
reçue).
biosphère ainsi que les sociétés humaines) sont en perpétuelle interaction.
144
Elle évolue dans le temps sous l’effet de dynamiques internes, mais aussi
à cause de contraintes extérieures telles que les dynamiques astrono-
miques (activité solaire, paramètres orbitaux de la Terre, collisions avec
des astéroïdes ou des comètes…). Période postglaciaire
actuelle, marquée par un
Depuis l’Holocène et la généralisation et l’intensification de l’an- réchauffement climatique
thropisation (agriculture, industrialisation, consommation…), la ayant débuté il y a
composition de l’atmosphère se modifie par enrichissement en CO2. 12 000 ans. L’Holocène
coïncide avec l’avènement
On parle de « forçage » pour désigner les perturbations dans l’équilibre
du Mésolithique, marqué
énergétique de la Terre. Le forçage climatique ou radiatif désigne la par l’expansion rapide de
différence entre l’énergie radiative reçue et l’énergie radiative émise l’espèce humaine.
par un système climatique donné.
4) Rayonnement
Surface terrestre solaire entrant
5) L’énergie solaire
est absorbée par 345 76 17
161 la surface terrestre 277
(390) (78) (24)
(168) et la réchauffe… (324)
6) …elle est ensuite convertie 9) Échanges d’énergie non radiatifs,
Échanges en chaleur, renvoyant l’émission issus de changement d’état de l’eau
Radiatifs Convectifs d’un rayonnement longues ondes (chaleur latente) et du réchauffement
(infrarouges) vers l’atmosphère de l’atmosphère par le sol (chaleur
sensible)
145
Définitions
❯ Variabilité : changement de caractéristiques physiques et chimiques d’un
phénomène en fonction de l’espace et du temps. Le climat change au cours
d’une année (saisons), en fonction de la latitude mais a aussi fortement évolué
au cours de l’histoire de la Terre.
❯ Effet de serre : phénomène naturel important pour la survie de la planète car
permettant d’avoir une température moyenne sur Terre de 15 °C (soit 395 °C)
contre – 18 °C si cet effet n’existait pas.
❯ Énergie radiative ou rayonnante : énergie transmise par le Soleil, par exemple,
Le Petit Âge glaciaire
désigne une période sous forme de lumière visible et de rayonnement infrarouge.
particulièrement froide
(refroidissement net de Les variations climatiques se réalisent à des échelles de durée et d’am-
l’ordre de 1,5 °C en été en
Suisse), caractérisée par
plitude très variables. Par exemple, malgré le fait de s’inscrire depuis
une pluviométrie soutenue 10 000 ans dans la période interglaciaire de l’Holocène (période de
et par des hivers très réchauffement), l’Europe du Nord a connu, à l’échelle séculaire, une
rudes en Europe, comme
période de refroidissement du xvie au xixe siècle, qualifiée de Petit Âge
l’illustrent les peintures
hivernales de Brueghel glaciaire. L’approche multiscalaire est donc fondamentale pour saisir
l’Ancien. toute la complexité du système climatique.
146
147
Variations du soleil
Poussières volcaniques
Atmosphère-Océan-Cryosphère
Causes intrinsèques
Atmosphère-Océan
Atmosphère
Cycle E.N.S.O
Glaciations Dansgaard-Oeschger/Heinrich Saisons
géodynamique N.A.O
Source : d’après DELMAS R., CHAUZY S., VERSTRAETE J.-M., FERRÉ H., 2007, Atmosphère, océan et climat, Paris, Belin.
148
149
150
151
152
Carbonifère
Cambrien
Dévonien
Permien
Tertiaire
Crétacé
Silurien
Source : TARDY Y. et ROQUIN C., 1998, Dérive de continents, paléoclimats et altérations tropicales, BRGM, Orléans.
La courbe générale de la biodiversité (en a) montre l’évolution des faunes cambrienne, paléozoïque et moderne et les grandes crises biologiques
(numérotées de 1 à 5) les affectant. Elle est corrélée aux variations générales du climat (en b), du niveau marin (en c) et de la vitesse d’expansion des
dorsales océaniques (en d).
153
154
2100 700
hypothèse pessimiste 680
660
640
620
2100
600
hypothèse optimiste
580
560
540
2050 520
500
480
460
2030 440
Seuil de concentration critique
400 à 450 ppm 420
2016 400
380 380
360 360
340 340
320 320
300 Niveau maximal de concentration en CO2 au cours des 420 000 dernières années 300
280 280
260 260
240 240
220 220
200 200
180 180
Ère glaciaire Ère glaciaire Ère glaciaire Ère glaciaire
160 160
400 000 350 000 300 000 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 0
-8 250
0
400 000 350 000 300 000 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 Présent
155
Ruminants et insectes
CH4
10 ans (30 %), rizières et zones Sols 16 %
(méthane)
marécageuses (50 %)…
156
157
Iceberg
Pergélisol 1 000 km
1 000 km
ou permafrost
3 km
100 m
Banquise
1m 2m 200 m Inlandsis
1 km
1 000 km
Continent Océan
3 000 km
Neige
Banquise
Glaciers et calottes glaciaires
Pergélisol (ou permafrost)
Marges d’inlandsis Glace flottante Inlandsis
158
0 0
1900 1950 2000
AFRIQUE
AMÉRIQUE DU SUD Anomalies de températures (°C)
Anomalies de températures (°C)
1 AUSTRALIE
Modèles intégrant
1 1 1 les forçages seulement
0,5 0,5 0,5 Modèles intégrant
0 0 0 les forçages naturels
et anthropiques
1900 1950 2000 1900 1950 2000 1900 1950 2000 Observations
159
Élévation du
+ 0,15 à 0,95 m + 0,08 à 0,88 m + 0,18 à 0,59 m + 0,26 à 0,98 m
niveau de la mer
Concentration
600 à
de CO2 dans 500 ppm 540 à 970 ppm 55 à 1 500 ppm
1 550 ppm
l’atmosphère
160
2. Le changement global,
entre certitude et incertitude
La prise de conscience de la réalité d’un changement climatique d’origine
humaine a d’abord été le fait de la communauté scientifique internatio-
nale, avec la création en 1988 du GIEC. Voir Chapitre 6.
161
162
Conclusion
Il est important de rappeler que la plus grande inconnue dans les processus
des changements globaux est indéniablement la capacité des sociétés à
évoluer. Face à ces changements, les sociétés se trouvent à un moment
décisif et difficile de leur histoire : elles sont impuissantes à maîtriser
totalement les effets de ces changements futurs, tout en étant, peut-être,
à même d’en infléchir les processus. L’avenir est incertain, tant la situa-
tion dans laquelle se trouvent les sociétés est inédite. Mais il apparaît fort
probable qu’à l’avenir plus le changement s’éloignera de l’état actuel du
système climatique, plus grand sera le risque d’atteindre un seuil critique,
au-delà duquel le système tendra vers des modifications extrêmes, diffici-
lement prévisibles et, sans doute, irréversibles. Reste à savoir le rôle que
prendront les sociétés dans ce long processus, rôle qui commence par la
prise de conscience globale de ce changement planétaire.
163
À RETENIR
n Le changement climatique actuel s’inscrit dans une dynamique temporelle
longue, marquée par des périodes froides (les glaciations) et des périodes de
réchauffement (interglaciations). La période contemporaine de réchauffement
correspond à un épisode interglaciaire, l’Holocène, d’une période de glaciation
quaternaire.
n Si ces changements peuvent être qualifiés de globaux, car ils affectent l’ensemble
de la Terre et la biosphère, il est important de saisir pour un géographe les dispa-
rités spatiales et temporelles marquant les territoires à des échelles régionales
et locales.
n Il convient de replacer les sociétés au cœur des changements climatiques, dans la
mesure où l’ampleur de ces derniers dépend de la capacité des sociétés à agir,
en s’adaptant et/ou en atténuant les processus.
164
Les changements climatiques désignent une ---------- de l’état du climat qui peut être identifiée par des
changements affectant la moyenne et/ou la variabilité de ses propriétés, persistant pendant de longues
---------, généralement des décennies ou plus. Les changements climatiques peuvent être la conséquence
de processus naturels internes ou de -------- tels que : les modulations des ---------, les éruptions volcaniques
et les changements ------------- persistants de la composition de l’atmosphère ou de l’utilisation des terres.
On notera que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC),
dans son Article 1, définit le changement climatique comme étant : « des changements de climat qui sont
attribués directement ou indirectement à une ---------- altérant la composition de l’atmosphère mondiale et
qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables. » La
CCNUCC établit ainsi une distinction entre le --------- qui peut être attribué aux activités humaines altérant la
composition de l’atmosphère, et la ------------ due à des causes naturelles.
Source : IPCC 2014.
165
Froid
Secondaire Tertiaire Quarternaire
b Dernier interglaciaire
Température en °C
0
Interglaciaire
−2 actuel
−4
−6
2 (holocène)
0
−2
−4
−6
−8
− 10
160 140 120 100 80 60 40 20 0 Milliers d’années (BP)
d
2
Température en °C
Maximum Holocène
0
« Petit Âge »
−2 glaciaire
−4 Dryas récent
e 2016
1°C au-dessus du siècle dernier
Température en °C
0,5
Sources : MAYER N., 2 novembre 2016, « Réchauffement climatique : fonte record de la banquise arctique
166 en 2016 », Futura sciences [En ligne] ; GODARD A. et ANDRÉ M.-F., 1993, Les milieux polaires, Paris, Armand Colin.
ÉTUDE DE CAS
« Aux confins du pôle Nord, Spitzberg, sentinelle du réchauffement climatique
Sous l’effet du réchauffement, le sol gelé libère notamment du méthane, l’un des gaz
à effet de serre qui entretiennent le cycle infernal du dérèglement climatique. […] Les
données collectées depuis vingt ans livrent une première conclusion : la température
moyenne de l’air de Ny-Alesund a augmenté de 1,7 °C. Un chiffre très élevé au regard
des 0,8 °C de hausse du thermomètre terrestre depuis l’ère pré-industrielle. « Ce qui
se passe ici interagit sur les masses d’air de toute la planète et sur la distribution de
l’énergie océanique. On ne peut pas prendre le risque d’une catastrophe planétaire,
il faut agir », implore le chercheur italien.
[…] “Pour construire les scénarios climatiques, on a besoin de données scientifiques
établies sur le temps long », rappelle l’ingénieur suisse […]. Mais les glaciers qui
bordent le fjord présentent déjà des stigmates inquiétants”. “Ils ont un rythme de fonte
plus élevé qu’ailleurs, observe Doug Benn. Ce processus d’écoulement commence
à atteindre la banquise du Groenland, mettant en jeu des élévations de plusieurs
mètres du niveau de la mer. […] Les glaciers envoient une réponse irréfutable aux
climatosceptiques” !
“Entre le début et la fin de la séquence enregistrée en 2014, la langue a reculé de
300 mètres, pour un glacier qui avance d’environ 700 mètres par an, observe Heidi
Sevestre […]. Cela représente 1 kilomètre de glace perdue en une saison.” […]
Première femme élue maire de Longyerabyen en 2011, cette ancienne universitaire
prône le maintien d’une activité minière dans l’archipel, arguant que les progrès techno-
logiques permettront bientôt de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Un discours
bien accueilli dans une ville où 40 % de la population vit directement ou indirectement
du charbon, au sein d’une région arctique qui recèlerait 13 % des réserves mondiales
de pétrole et 30 % des ressources en gaz.
[…] “Avec le réchauffement, c’est devenu un endroit ouvert, riche en poissons, attractif
pour ses hydrocarbures. Mais réfléchit-on suffisamment à ces bouleversements?” s’in-
terroge le chef de la base scientifique britannique. “Cette fragilité se ressent surtout
l’été, quand la toundra est exposée, quand les paquebots croisent à l’entrée du fjord.”
Avec la fonte du glacier de Blomstrand, la Baie du roi doit faire face à une nouvelle
menace : l’essor du tourisme de masse. »
Source : Le Monde. Consulté le 17 février 2017 (disponible sur www.lemonde.fr/planete/
visuel/2015/07/18/aux-confins-du-pole-nord-spitzberg-sentinelle-du-rechauffement-
climatique_4684111_3244.html#C8cB0VUwc4KsYXth.99).
167
Océan Pacifique
Alaska
Nord
Beaufort
Mackenzie RUSSIE
Passage
Nord-Ouest Bassin de
Sverdrup
Churchill Océan Glacial
Sibérie
Arctique
Occidentale
CANADA Thulé
Svalbard
(NORVÈGE)
Mer de
Barents
Groenland
(DANEMARK) Timan
Péchora
ISLANDE FINLANDE
SUÈDE
Route Atlantique Nord Hammerfest
Svalis
NORVÈGE
Océan Atlantique
Source : « L’Arctique : une zone symbolisant l’ère de l’anthropisation », L’ère du temps, 2013 [En ligne]
(http://danslredutemps.blogspot.fr/2013/03/larctique-une-zone-symbolisant-lere-de.html).
168
ÉTUDE DE CAS
■
Localisation
Cette étude de cas traite de l’espace arctique, situé au-delà du cercle polaire
septentrional, sur lequel le changement climatique actuel est particulière-
ment significatif, avec une évolution perceptible des modifications imputées
au réchauffement.
Commentaire
À travers ces documents, il s’agit de qualifier les changements environ-
nementaux causés par le réchauffement contemporain des températures
dans l’espace arctique et de réfléchir aux diverses implications que cela peut
induire pour les sociétés et l’environnement, tant à une échelle régionale
que mondiale.
0
I. La variabilité climatique
¡ Le premier graphe du doc. 1 met en évidence une détérioration progres-
gne] sive du climat terrestre au cours de l’ère tertiaire, qui se prolonge dans Ce refroidissement
ml). permettra la formation
le Quaternaire par une période de glaciation. À une autre échelle, celle du vers 2,5-3 Ma
millier d’années (graphe b), la période froide du Quaternaire est marquée du grand inlandsis
par une succession de cycle glaciaire et interglaciaire. Au sein de la dernière arctique.
169
170
ÉTUDE DE CAS
l’Asie avec, pour corollaire, une durée de transit réduite et des économies
de coût de fonctionnement. Enfin, l’espace arctique en devenant de plus
en plus accessible rend possible le développement du tourisme « de masse »
(doc. 2), ce qui n’est pas sans conséquence pour la préservation des milieux
naturels.
¡ Les changements environnementaux observés dans l’Arctique peuvent
aussi avoir une influence globale sur l’environnement (doc. 2). La fonte
des glaces risque d’accélérer l’élévation du niveau marin, et, à mesure que
le réchauffement s’intensifie, davantage de gaz à effet de serre pourraient
être libérés dans l’atmosphère suite au dégel du pergélisol.
Conclusion
Le réchauffement climatique constitue un défi régional majeur pour l’Arc-
tique mais également global pour l’ensemble de la planète. Les changements
environnementaux induits présentent à la fois des risques mais aussi des
opportunités pour l’espace arctique.
171
Fin 2015, Paris accueille 150 chefs d’État pour la 21e Conférence des Parties (COP),
qui désigne la réunion annuelle de la Conférence des Nations unies sur le changement
climatique. Très médiatisée, cette conférence illustre la prise en compte de l’environne-
ment à l’échelle globale. Le changement climatique symbolise les effets des sociétés
sur l’environnement et est devenu un sujet de préoccupation international. Paris comme
lieu de discussion et de décision mondial montre cette difficile articulation des échelles,
du global au local, dans la gestion de l’environnement.
172
173
174
■ La crise globale
L’idée de crise environnementale globale signifie deux choses :
– D’une part, cette crise prend une dimension qui s’étend à l’ensemble
du monde. Elle est donc d’échelle mondiale. S’impose la représentation
d’une planète en pleine mutation environnementale. Les conséquences
de ces changements sont largement négatives et se ressentent partout
sur le globe . Voir le documentaire primé
Chasing Ice de James Balog
– D’autre part, parler de crise globale signifie qu’il existe des perturba- (2012), qui représente les
effets locaux du changement
tions qui affectent le système Terre dans son ensemble et qui peuvent climatique global en montrant
représenter un danger pour l’ensemble des sociétés de la planète et, la fonte des glaciers
au-delà, de l’ensemble du monde. Le terme global désigne donc le en timelapse.
175
■ Origine et définition
Le concept d’Anthropocène La notion d’Anthropocène a été inventée par le chimiste et prix Nobel
a donné lieu à un colloque Paul J. Crutzen au début des années 2000. Même si sa définition et son
réunissant sociologues,
géologues, philosophes application font toujours débat dans les sciences environnementales
et historiens des sciences et sociales, ce concept s’est répandu et son usage est de plus en plus
au Collège de France en fréquent. L’Anthropocène renvoie au fait que les êtres humains dans leur
novembre 2015. La plupart ensemble seraient devenus une force géologique agissant sur la planète
des conférences sont
visibles en ligne. Terre de façon globale. « Être entré dans l’Anthropocène » signifie que
le poids des sociétés dans l’environnement est devenu si important que,
désormais, ce dernier a commencé à changer de manière irréversible à
l’échelle planétaire.
Selon Paul Crutzen, les impacts des sociétés sur l’environnement sont
détectables depuis la fin du xviiie siècle, d’après les bulles d’air emprison-
nées dans les glaces polaires. C’est à partir de ce moment que les sociétés
n’ont cessé de se développer en utilisant massivement les ressources natu-
Voir Chapitres 1 et 6. relles, notamment les énergies fossiles, et sont ainsi devenues des acteurs
majeurs de l’environnement.
176
177
178
179
180
181
Source : BOYER M. et BELLANGER É., « Infographie : qui fait quoi lors de la COP21 ? »,
Le Monde, article du 30 novembre 2015 (www.lemonde.fr/planete/infographie/2015/11/30/
infographie-qui-fait-quoi-lors-de-la-cop21_4820699_3244.html).
182
2. Un problème transnational :
l’asymétrie géopolitique Nord/Sud
Les questions environnementales amènent, dans leur traitement sur la
scène internationale, un certain nombre d’enjeux géopolitiques s’expli-
quant par l’asymétrie pouvant exister dans les négociations.
Les inégalités de développement peuvent limiter le consensus. Il s’agit
notamment de l’idée que tous les pays du monde n’ont pas participé et
ne contribuent pas pareillement aux émissions de GES. Les pays ancien-
nement industrialisés sont accusés d’être responsables du changement
climatique global par les pays en voie de développement et les pays
émergents. Ils auraient donc une dette envers ces derniers : ils se sont
développés en ponctionnant les ressources de ces pays (colonisation) et
restent les principaux émetteurs de GES par individu alors même que les
pays en développement sont souvent les premières victimes des impacts
du réchauffement global.
Les États développés pointent à l’inverse la consommation des
ressources et les émissions exponentielles des pays des Suds, notamment
des émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Celle-ci reste faible
rapportée aux individus (ces États sont très peuplés), mais sont majeures
en valeur absolue. La Chine est, par exemple, devenue le premier émet-
teur mondial de GES en valeur absolue.
Lors de la COP16 à Cancún au Mexique en 2010, les pays développés
devaient s’engager à verser 30 milliards de dollars aux PMA (pays moins
avancés) avant 2012. Ce genre de financement s’appelle un « fast start »,
pour accompagner les pays moins avancés dans leur transition énergé-
tique vers des alternatives moins polluantes.
Il s’agit aussi d’aider les pays en développement frappés par des cala-
mités climatiques alors qu’ils ne contribuent que peu au changement
global (atolls des Kiribati dans le Pacifique équatorial). Le principe de
responsabilité différenciée invite donc à considérer un positionnement
différent entre pays face à l’environnement global et pose des questions
de justice et d’équité environnementales. À la COP21, l’idée de « respon-
sabilités communes mais différenciées », définie dans la CCNUCC,
a été répétée.
183
La justice environnementale
La notion de justice environnementale propose de présenter les inégalités sociales
au prisme de l’environnement. Elles se traduisent par des défauts d’accès aux
ressources, une exposition inégale aux nuisances, et une inégale possibilité
d’amélioration du cadre de vie.
Le rapport des sociétés à leur environnement révèle donc de réelles inégalités
territoriales. Celles-ci s’observent à toutes les échelles, qu’il s’agisse d’une agglo-
mération ou d’une région (exclusion de population lors de la délimitation d’un parc
naturel, par exemple) ou bien de la planète entière. Les aménités et nuisances
environnementales sont des révélateurs des inégalités socio-spatiales.
184
Les acteurs privés ne sont pas à négliger non plus : certaines grandes
multinationales n’hésitent pas à mettre en avant leur respect de l’envi-
ronnement, à la fois comme argument publicitaire, mais aussi comme
preuve d’une certaine moralité.
185
4. Formes et limites
d’une gouvernance internationale
En l’absence d’un gouvernement mondial, la gouvernance de l’envi-
ronnement global se heurte à la complexité des systèmes d’acteurs, aux
rapports de forces asymétriques ou encore aux obstacles juridiques et
administratifs.
Les réticences des uns et les contestations des autres freinent l’ef-
ficacité de la réponse globale aux changements environnementaux.
L’Arabie saoudite, pendant la COP21, a par exemple refusé que l’extrac-
tion d’hydrocarbures soit mentionnée comme participant aux émissions
de gaz à effet de serre. Signataires du Protocole de Kyoto, les États-
Unis ne l’ont cependant pas ratifié, ce qui les dédouane des exigences
de limitations des GES. Ils craignent effectivement que le respect des
engagements de ce Protocole ne conduise à affaiblir leur économie, dans
un contexte de crise.
Leur voisin nord-américain, le Canada a quant à lui décidé d’exploiter
les hydrocarbures non conventionnels, comme les sables bitumineux,
dont on récupère du pétrole dans le bassin de la rivière Athabasca en
Alberta. Cette activité, appelée à faire du Canada l’un des principaux
producteurs mondiaux de gaz et de pétrole (40 % de la production est
exportée vers les États-Unis), représente un réel moteur économique
pour la province de l’Alberta : ses grandes villes Calgary et Edmonton ont
ainsi connu des taux de croissance annuelle de plus de 10 % entre 2001
et 2006. Le coût environnemental de l’exploitation des hydrocarbures
Voir Chapitre 1. non conventionnels demeure cependant élevé, et empêche désormais
le Canada d’honorer les engagements du Protocole de Kyoto.
La visibilité médiatique de ces négociations internationales demeure
également très inégale et sporadique, collant à l’actualité des conférences
186
187
Désormais, les Twa sont installés aux limites de leur ancien territoire,
dans d’insalubres camps de fortune.
188
3. Où est le local ?
La grande question dans l’application locale des politiques environne-
mentales internationales est précisément celle de ce niveau local qui
reste encore bien difficile à définir précisément. L’Agenda 21, mis en
œuvre dès la conférence de Rio en 1992, définit par exemple les princi-
paux objectifs à remplir en termes de développement durable pour le Voir Chapitre 7.
xxie siècle. Les 14 chapitres de sa deuxième section sont consacrés à la
protection et à la gestion de l’environnement comme éléments essen-
tiels du développement, concernant la « protection de l’atmosphère »,
la « gestion des écosystèmes fragiles », ou encore la « préservation de la
diversité écologique ». Le texte de base invite explicitement les collecti-
vités locales à adapter à leur niveau la démarche de l’Agenda 21, à partir
d’un programme élaboré collectivement. On observe ainsi, en France ou
ailleurs, la création d’agendas 21 intégrés aux politiques d’aménagement
du territoire.
Par exemple, la mise en place de l’intercommunalité (association de
plusieurs communes dans l’optique, entre autres, de mutualiser leurs
services) s’accompagne d’un « agenda 21 » qui permet de valoriser la
prise en compte de l’environnement dans la gestion de l’eau ou le traite-
ment des déchets. On trouve même des approches plus locales, comme la
réalisation d’agendas 21 à l’échelle d’une classe pour initier les élèves aux
débats et aux projets environnementaux. Cette éducation est nécessaire
si on veut pleinement valoriser l’efficacité de la concertation locale et
189
190
Conclusion
L’environnement imprègne désormais tous les espaces, du local au global.
Il est devenu un élément essentiel de l’aménagement et du développe-
ment des territoires. Si les grandes décisions collectives ne sont pas à
ignorer, il faut insister sur le fait que leur efficacité dépend avant tout de
leur application aux échelles nationales et infra-nationales.
La gouvernance de l’environnement global apparaît particulièrement
complexe, compte tenu des acteurs et enjeux multiples qui sont réunis. Le
vernis du consensus masque de réels enjeux géopolitiques et des conflits
qui expriment des rapports de force à toutes les échelles : entre pays déve-
loppés et pays en développement, mais aussi entre usagers d’un même
territoire. La valorisation de l’échelle locale et des pratiques individuelles
apparaît aujourd’hui comme une solution encouragée et valorisée pour
permettre aux communautés de s’approprier les directives données par
les politiques environnementales internationales. Cependant, elle est
loin d’aller de soi.
191
À RETENIR
n La mise à l’agenda international des questions environnementales correspond à
une progressive prise de conscience que la planète possède des ressources
limitées qu’il faut pouvoir préserver pour assurer la survie et le bien-être de tous.
n L’idée d’une crise environnementale globale a amené l’émergence d’un débat sur
la notion d’Anthropocène, nom que certains scientifiques, intellectuels et journa-
listes veulent donner à la période géologique actuelle marquée par l’anthropisation
complète de la planète.
n La gestion de la crise globale nécessite une réponse internationale, qui se
fait dans le cadre privilégié de l’ONU et se matérialise par des sommets et des
conférences qui signent des accords. D’autres acteurs ne sont pas à négliger
(communauté scientifique, médias, ONG, population…).
n L’apparent consensus mondial sur les questions environnementales ne doit pas
occulter les enjeux géopolitiques qui traversent les négociations : le droit au
développement et les regroupements de pays traduisent l’asymétrie des rapports
de force qui marque les grandes réunions.
n Le passage du global au local soulève de nombreuses questions d’adaptation et
de transferts de compétences pour que les communautés puissent s’approprier
les différentes politiques.
NOTIONS CLÉS
n Global et local
n Sommet
POUR ALLER PLUS LOIN
de la Terre
n Conférence Aykut S., Dahan A., 2015, Gouverner le climat ? 20 ans de négociations inter-
des Parties nationales, Paris, Presses de Sciences Po.
n Environnement Bonneuil C., Fressoz J.-B., 2013, L’Événement Anthropocène. La Terre, l’his-
global toire et nous, Paris, Le Seuil.
n Gouvernance Sur l’Anthropocène :
mondiale Cycle de conférences au Collège de France à l’automne 2015 (vidéos disponibles
n Démarches top- en ligne : www.fondationecolo.org/l-anthropocene/video)
down et bottom-up Texte de l’Accord de Paris sur le climat : http://unfccc.int/resource/docs/2015/
n Territorialisation cop21/fre/l09r01f.pdf
des politiques Aux échelles régionales: consulter les agendas 21 français (www.agenda21france.
environnementales
org/)
192
L’accord international devait d’abord traiter, de façon équilibrée, de … – c’est-à-dire des efforts de baisse
des émissions de … – et de l’… des sociétés aux dérèglements climatiques déjà existants.
L’objectif de la … était de bâtir une « alliance de Paris pour le climat », qui permette de contenir l’élévation
de la température moyenne de la planète en dessous de 2 °C d’ici 2100 et d’adapter nos sociétés aux
dérèglements existants. […]
Autre objectif essentiel visé à Paris : la mobilisation de 100 milliards de dollars par an par les …, de source
publique et privée, à partir de 2020. Cet engagement, formulé lors de la conférence sur le climat de … en
2009, devait permettre aux … de lutter contre le dérèglement climatique tout en favorisant un … et juste.
Une partie de ces financements transitera par le Fonds vert pour le climat, dont la première capitalisation a
atteint 10,2 milliards de dollars, dont près d’un milliard abondé par la France. Plus largement, la Conférence
de Paris a permis d’adresser aux acteurs économiques et financiers les signaux nécessaires à la réorientation
de leurs investissements, afin d’engager la transition vers des économies bas …
Source : « Accord de Paris, agenda des solutions : ce qu’il faut retenir de la COP21 », ministère de l’Environnement, de
l’Énergie et de la Mer, novembre 2015. www.developpement-durable.gouv.fr/Accord-de-Paris-Agenda-des.html
Source : Flyer produit à l’occasion de l’Année internationale des petits États insulaires en Voir Méthode p. 247.
développement par l’ONU en 2014.(www.un.org/fr/events/islands2014/img/getinvolved/card_5.jpg).
193
400
14,8
380
360
14,5
340
14,2
320
280
260
1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000
Source : NOAA
(National Oceanic and Atmospheric Administration).
194
Article 4
ÉTUDE DE CAS
1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les
parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de
serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage
de temps pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapide-
ment […] sur la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de
la lutte contre la pauvreté […].
2. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des objectifs
de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie. […]
Article 9
1. La fourniture de ressources financières accrues devrait viser à parvenir à un équilibre
entre l’adaptation et l’atténuation, en tenant compte des stratégies impulsées par
les pays et des priorités et besoins des pays en développement parties, notamment
de ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements
climatiques et dont les capacités sont très insuffisantes comme les pays les moins
avancés, et les Petits États insulaires en développement, eu égard à la nécessité de
prévoir des ressources d’origine publique et sous forme de dons pour l’adaptation. »
ÉTATS-UNIS
7% objectif global
Europe des 15
8%
(Nouveaux
membres de l’UE
8 %,
sauf Malte
et Chypre
dispensés)
AUSTRALIE
+8%
NOUVELLE-
ZÉLANDE
0%
« Parties annexe 1 » de la convention Pays récemment admis au sein des Parties annexe 1
pour lesquelles l’objectif 2012 dont l’objectif n’a pas été défini
d’émission de gaz à effet de serre est : Pays industrialisés n’ayant pas ratifié
atteint le Protocole de Kyoto
n’est pas atteint Autre pays n’ayant pas ratifié le Protocole de Kyoto
pays déchargé d’objectif CANADA Pays s’étant retiré du Protocole de Kyoto
Source : CNUCC.
195
Localisation
Enjeu environnemental mondial : la réduction des gaz à effet de serre (ou
« atténuation ») pour limiter le réchauffement global. Le Protocole de Kyoto
en a fait son objectif depuis les années 1990 et la 21e Conférence des Parties
réunie à Paris en 2015 en a répété l’urgence.
196
ÉTUDE DE CAS
¡ C’est sur cette émission croissante de CO2 que les objectifs planétaires de
gestion de l’environnement se focalisent (atténuation). Si le CO2 est indis-
pensable à la vie (photosynthèse) et au fonctionnement de l’effet de serre,
il faut limiter son augmentation préoccupante.
¡ Les mauvais résultats du Protocole de Kyoto (doc. 2) amènent à repenser
l’action collective globale. Les Accords de Paris en 2015 cherchent à plani-
fier l’action, sans précision quantitative. En revanche, le propos insiste sur
la nécessité de s’adapter, dans une optique de résilience : l’objectif est de
chercher des voies de développement dans un contexte de changements
inéluctables. On n’est donc plus dans l’empêchement, mais au contraire dans
l’accompagnement du changement dont il faut limiter la portée. Apparaît
l’idée d’une trajectoire de développement cohérente avec la situation
socio-économique des parties : pays développés et pays en développement
sont séparés dans leurs objectifs.
II. Concilier les échelles de décision et les disparités de développement
¡ Le doc. 3 traduit l’inégale réussite des engagements pris dans le cadre
du Protocole de Kyoto pour l’année 2012. L’Allemagne s’était par exemple
engagée à réduire ses émissions de 21 %. D’autres pays étaient autorisés à
les augmenter : +15 % pour l’Espagne. Quelques rares pays sont parvenus à
honorer leurs prévisions d’émissions de GES.
¡ Le doc. 3 illustre l’effort porté par les pays les plus riches, dédouanant
momentanément les pays en développement. Si la responsabilité environ-
nementale des pays développés induit toujours une nette césure envers les
pays en développement, clairement sensible dans la plupart des articles de
l’Accord de Paris, la participation des pays plus pauvres est quand même
assurée (art. 9). Par ailleurs, la question de l’adaptation est posée en termes
plus précis pour les pays en développement exposés aux aléas climatiques
et en situation de risque élevé. La participation de tous est requise, avec,
en fond, des transferts financiers des plus riches vers les plus pauvres pour
assurer l’équité de l’effort environnemental.
¡ Le doc. 3 est à nuancer : la Chine n’est pas indiquée, alors qu’elle est Elle est, en 2011,
désormais un acteur majeur des politiques environnementales globales. le premier émetteur
mondial de CO2
Le texte de l’Accord de Paris maintient ainsi l’asymétrie géopolitique déjà (9 millions de t),
remarquable dans le Protocole de Kyoto, et rend palpable cet aspect de la devant les États-
complexité de l’environnement dit « global » : comment équilibrer un effort Unis.
entre acteurs si hétérogènes ?
197
198
199
I. Le développement durable,
une approche novatrice ?
Le développement durable a pour objectif de « répondre aux besoins du
présent sans compromettre la possibilité par les générations à venir de
satisfaire les leurs ». Au-delà de cette formule bien connue, la notion de
développement durable appelle plusieurs commentaires.
200
ENVIRONNEMENT
vivable viable
durable
SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
équitable
201
202
3. Le développement durable,
au cœur de l’aménagement opérationnel local?
Conséquence de cette reconnaissance, le développement durable est
désormais largement intégré aux documents opérationnels d’aména-
gement. C’est ainsi qu’en France les plans locaux d’urbanisme (PLU)
et les schémas de cohérence territoriale (SCoT), mis en place par la loi
« Solidarité et renouvellement urbain » en 2000, comportent désormais
203
204
205
des terrains agricoles par exemple. Deux villes peuvent donc se dire
« durables » en proposant des mesures fondamentalement différentes.
Le renversement des regards sur les espaces périurbains en quelques
années exprime bien ces contradictions : présentés longtemps comme
la négation de la durabilité (du fait des coûts de transports, de la fragi-
lité économique des ménages et de la pollution induite), ils font l’objet
d’une récente requalification au nom de la même durabilité (présence
d’espaces verts nombreux, absence d’îlot de chaleur contrairement à la
ville-centre, appropriation progressive des lieux par les habitants sont
alors mis en avant).
206
207
208
En outre, l’injonction qui est faite aux acteurs locaux de mener à bien
localement une politique dont les « grands objectifs » ont été pensés à
l’échelle globale est parfois mal vécue, et source d’une absence d’impli-
cation, voire d’oppositions locales fortes. L’exemple des politiques de
la nature, qui opposent un intérêt d’échelle supérieure, nationale, voire
internationale, à des usages locaux, est aussi révélateur des limites du Voir Chapitre 4.
« penser global, agir local ».
209
Attitude patrimoniale
Principe de la table rase
Partir de l’existant et le mettre en valeur
Mixité fonctionnelle
Zonage
et politiques transversales
Source : d’après EMELIANOFF C., 2002, « La notion de ville durable dans le contexte européen :
quelques éléments de cadrage », Cahiers français, n° 306.
Cette initiative est particulièrement intéressante, tant par ses contours que
par ses limites. Parce que le développement durable global se joue largement
dans les villes – celles-ci concentrant une part majeure de la consommation
d’énergie fossile par exemple – et parce que ces initiatives offrent une visibilité
positive aux espaces concernés, les autorités urbaines et métropolitaines se
sont saisies de manière volontariste de ces questions. On sort donc d’une
approche réglementaire, imposée, de l’action publique.
210
Par ailleurs, la tension entre global et local est bien perceptible : est affirmée
dans la charte d’Aalborg la prééminence des réponses singulières et locales,
mais au service d’une démarche et d’un enjeu commun. Comment articuler
ces deux tendances ? Enfin, les difficultés concrètes de mise en œuvre transpa-
raissent rapidement : comment établir des politiques transversales et bâtir des
espaces mixtes alors que les structures administratives et la ville préexistante
sont dominées par la sectorisation fonctionnelle et le zonage ? Le zonage est l’affectation
d’une fonction précise
à un espace donné dans
les documents d’urbanisme
En outre, l’analyse géographique des politiques de développement notamment.
durable laisse apparaître des formes de durabilité dite « importée ».
Autrement dit, le territoire considéré peut s’afficher comme durable,
mais c’est en réalité au détriment d’un autre territoire, voisin ou non.
À l’échelle des États, nombre de politiques relèvent de cette durabilité
en trompe-l’œil. Ainsi, l’Allemagne des années 1980 a beaucoup exporté
ses déchets hors de ses frontières, façonnant l’image d’un pays limitant au
maximum la présence de déchets non recyclés sur son territoire. Mais la
France n’est pas en reste : le démantèlement hors des frontières françaises
du porte-avions Clemenceau entre 2003 et 2010 s’est soldé par une série
de rocambolesques pérégrinations entre la France, le Royaume-Uni et
l’Inde, de nombreuses associations écologistes s’élevant contre un désa-
miantage du navire exposant les populations d’un pays en développement
ou polluant les eaux internationales.
À une échelle plus fine, les politiques de limitation de la voiture
au bénéfice des transports en commun, établies dans de nombreuses
villes-centres des agglomérations, font l’objet de critiques en raison du
report de trafic engendré sur les communes limitrophes, souvent sans
concertation avec celles-ci. S’ajoute à l’argument environnemental une
critique sociale : ce sont en effet les banlieues et espaces périurbains, qui,
dans le cas français, ne regroupent pas les populations les plus favorisées,
qui sont alors pénalisées. On parle alors d’injustice environnementale, Voir Chapitre 6.
dans la mesure où les populations les plus fragiles sont aussi davantage
sujettes à des risques et des nuisances que les plus fortunés parviennent
à contourner.
De même, la plupart des expériences d’écoquartiers menées dans
nombre de métropoles européennes conduit à des questionnements
211
Les écoquartiers
Si l’on s’en réfère au label mis en place par le ministère français de l’Environ-
nement, un écoquartier « est un projet d’aménagement urbain qui respecte les
principes du développement durable tout en s’adaptant aux caractéristiques de
son territoire ». Les termes foisonnent depuis quelques années pour décrire la
multiplication des projets localisés de quartiers durables à l’échelle du globe :
éco-districts, quartiers durables citoyens, quartiers basse consommation, quartiers
verts, etc.
Cette variété sémantique s’explique par la diversité des lectures qui peut être faite
de ces quartiers, et plus encore de leurs priorités. S’agit-il de promouvoir la mixité
sociale et la participation avant tout – ce que laissent par exemple entendre les
textes récents du ministère français du Logement – ou de faire vivre des solutions
BBC : bâtiments basse innovantes en matière de construction (bâtiments BBC, HQE, etc.), le tout dans
consommation. une optique plus nettement écologique de limitation de la consommation de
HQE : haute qualité
environnementale.
matériaux et de rejets carbonés ?
212
Conclusion
Tout un discours s’est donc structuré autour de la notion de développe-
ment durable en quelques décennies. Élaboré à l’échelle internationale, il
a gagné les échelons décisionnels les plus locaux, et ce dans la plupart des
pays du globe. Pour autant, la diffusion massive de la notion ne signifie
pas qu’elle ne conserve pas des zones d’ombre et inconnues : le terme est
loin d’être accepté par l’ensemble des acteurs, et les exigences de gouver-
nance (participation, valorisation des acteurs locaux, etc.) associées à la
notion s’avèrent parfois difficiles à satisfaire.
Les géographes insistent surtout sur deux points. D’une part, si les
objectifs globaux sont connus, leurs modalités locales de réalisation ne
sauraient être identiques partout. Il semble dès lors difficile de proposer
un modèle unique de territoire ou de secteur d’activité durable. D’autre
part, la durabilité d’un territoire ne saurait être réalisée au détriment
d’un autre : or, la solidarité géographique entre pays riches et pauvres,
ou à une échelle plus fine entre espaces ruraux et urbains, littoraux et
arrière-pays, quartiers « écologiques » et ensemble de l’agglomération,
etc., n’est que rarement pensée par des acteurs locaux focalisés sur leur
espace de compétence.
213
À RETENIR
n Le développement durable, permettant de « répondre aux besoins du présent sans
compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs »,
est devenu l’horizon de nombre de politiques internationales et nationales.
n La notion ne fait pas l’unanimité, les acteurs les plus engagés considérant qu’elle
permet un affichage plus transversal et consensuel des projets, mais sans modifi-
cation profonde des objectifs.
n Des écueils apparaissent dans l’articulation entre échelle globale du constat et
échelle locale des actions. Les politiques engagées en un lieu peuvent reporter les
nuisances sur d’autres territoires, ce qui constitue une injustice environnementale.
n La durabilité d’un territoire n’est pas nécessairement celle d’un autre : l’absence
d’un modèle unique de gestion durable apparaît.
n La gouvernance est centrale mais délicate : la participation active des popu-
lations locales et le souci de transversalité des experts (élus, techniciens, etc.)
sont nécessaires.
214
Source : www.iclei.org/iclei-members/iclei-members.html
215
216
ÉTUDE DE CAS
« En adoptant une […] vision cohésive et hygiéniste du quartier, cette approche systé-
mique transforme premièrement toute pratique imprévue en action déviante, alors
même que les contraintes quotidiennes liées à ce modèle durable porté par les acteurs
publics n’ont pas été publicisées par les bailleurs et les promoteurs, qui rencontraient
des problèmes de commercialisation.
Deuxièmement, elle intègre un ensemble de flux originaires de cet espace très diver-
sifiés (ventilation naturelle assistée, tri sélectif, stationnement, mixité, récupération
des eaux pluviales, espaces partagés, chauffage urbain…) et difficilement compa-
rables. Alors même qu’elle minimise dans le même temps les flux qui le traversent,
et notamment les parcours biographiques, résidentiels et quotidiens, le contexte
socio-économique local, etc.
Troisièmement, elle évacue la conception et les concepteurs qui ont mis en place ce
“système”, mais n’omet pas d’y insérer en revanche des habitants qui ne maîtrisent
pourtant ni les choix retenus ni l’incertitude sur leur dénouement au quotidien.
Enfin, si la “forme” urbaine, en termes d’usage et de peuplement est novatrice, la
gestion se résume de fait à un dialogue classique entre des habitants atomisés et des
autorités centralisées, qu’il s’agisse de bailleurs ou de syndics privés.
Installé dans une mixité imposée et ne possédant aucun levier décisionnel partagé,
chacun n’a d’autorité pleine ou relative que sur son logement, ce qui pénalise toute
gestion collective de l’espace, alors que celle-ci semble indispensable compte tenu
des fondements du projet et des tensions qu’ils devraient probablement engendrer,
notamment en termes de séparation privé/public. »
Source : BOISSONADE J., « Le développement durable face à ses épreuves.
Les enjeux pragmatiques des écoquartiers »,
Espaces et sociétés, 4, n° 147, p. 57-75
(disponible sur : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00710803/document).
217
Source : www.ville-dunkerque.fr/fileadmin/user_upload/Grands-projets/2011/2011-GdLarge.pdf
218
Localisation
¡ Dunkerque, située dans les Hauts-de-France, est une ville portuaire,
ÉTUDE DE CAS
accueillant historiquement des chantiers navals. Les friches se multiplient
à leur disparition (1989), et déstructurent un tissu urbain jusqu’alors large-
ment tourné vers la mer et les activités associées.
¡ Face à la crise économique et territoriale induite par l’abandon des acti-
vités navales, les projets se succèdent pour restructurer la zone. Un projet
d’écoquartier, baptisé Grand Large, a progressivement été mis en place, et les
premiers habitants ont pu éprouver au quotidien les principes de fonction-
nement et l’architecture de cet ensemble qui se veut résolument innovant
en matière de durabilité.
Commentaire
Du projet à la réalité, quels écarts peut-on mesurer ici ? Dans quelle mesure
sont-ils révélateurs de difficultés plus générales de mise en pratique des
principes du développement durable ?
I. L’écoquartier Grand Large : quelles ambitions ?
¡ L’analyse des documents dessine les contours de ce projet local de déve-
loppement durable. On relève dans ce projet d’écoquartier la grande place
accordée à la dimension architecturale, et aux implications techniques des
choix architecturaux effectués. La plaquette (doc. 3) insiste fortement sur
le caractère innovant des constructions, notamment d’un point de vue
environnemental. Les bâtiments se veulent en effet vertueux aussi bien
du point de vue de la consommation énergétique (chauffage urbain qui
219
220
quartier, dont les seuls aspects techniques ont été pensés et mis en exergue
par les promoteurs du projet (architectes, municipalité). La difficulté des
ÉTUDE DE CAS
nouveaux habitants à intégrer les contraintes induites par ces innovations,
essentiellement environnementales, contribue à leur mécontentement.
¡ Un jeu défavorable de temporalités est également perceptible : le carac-
tère inachevé du projet, perceptible dans le paysage comme dans l’offre de
services, donne aux habitants l’impression d’une carence de gestion de la
part des acteurs responsables (doc. 1). En outre, l’absence de dialogue entre
promoteurs du projet, instances gestionnaires « habituelles » des parcs de
logements et habitants n’est pas sans impact sur la dégradation des percep-
tions du lieu (doc. 1 et 2).
¡ On relèvera aussi l’absence quasi totale de réflexion sur la dimension
économique du projet : si celui-ci avait pour objectif de faire disparaître du
tissu urbain les anciennes friches, il ne s’est pas accompagné d’un projet de
développement spécifique. Les commerces et activités n’ont pas été pensés
comme prioritaires, alors qu’ils sont nécessaires à l’appropriation territoriale
du lieu.
Conclusion
¡ Au total, la prééminence donnée à deux sphères du développement durable
(sociale – par la diversité annoncée des offres de logements – mais surtout
environnementale) débouche sur un projet en partie déséquilibré. Dans les
faits, le projet s’appuie sur nombre d’innovations techniques, notamment
en matière environnementale (doc. 3), difficiles à mettre en œuvre faute
d’une réflexion suffisante sur la gouvernance novatrice rendue nécessaire
par de telles démarches et qui repose beaucoup sur les actions individuelles
dans un projet collectif. D’autres critiques apparaissent de manière allusive :
le tarif élevé des loyers (doc. 1) et le type de logements privilégiés (triplex)
peuvent traduire une certaine gentrification des lieux, à rebours de l’ambi-
tion affichée d’un quartier offrant une réelle mixité sociale.
221
LA DISSERTATION 223
La dissertation
Qu’est-ce qu’une dissertation ?
La dissertation est un exercice de raisonnement très codifié par lequel
l’enseignant mesure la capacité d’un étudiant à identifier un objet de
réflexion, à sélectionner les informations les plus pertinentes et à les
articuler dans une démonstration convaincante.
223
224
§ Déterminer ensuite les relations entre les termes du sujet : c’est souvent
de ces relations qu’émerge la problématique. Dans les formulations
les moins détaillées, l’ordre des mots, les coordinations et les préposi-
tions sont autant d’indices qui permettent d’expliciter les liens sous-
entendus entre les termes du sujet.
§ Par exemple, un sujet intitulé « Les villes européennes » doit être ana-
lysé différemment d’un sujet « Les villes en Europe ». Le premier
invite à réfléchir à la singularité des villes européennes (par rapport
aux autres villes dans le monde), alors que le second oriente davantage
vers les notions d’organisation spatiale et de répartition des villes dans
le territoire européen.
225
4. Élaborer un plan
Une fois formulée la problématique, l’étudiant peut construire le plan
qui doit apporter des éléments de réponse successifs à la question qu’il
vient de poser. Il est déconseillé de construire son plan avant la problé-
matique : sans idée précise de la question à laquelle on veut répondre,
on risque de proposer un catalogue d’informations qui ne s’enchaînent
pas les unes aux autres et donc de passer à côté de la démonstration
argumentée attendue.
5. Rédiger le devoir
§ Comme dans tout exercice de rédaction, il faut soigner la précision de
l’expression et la maîtrise du vocabulaire géographique. Les notions
de géographie ne sont pas substituables les unes aux autres : la rigueur
dans l’utilisation des termes, la capacité à les mobiliser au bon endroit,
la faculté à les définir est essentielle.
§ Il faut aussi faire attention à la construction des phrases (syntaxe), au
respect des règles de grammaire et toujours se relire pour éviter les
fautes d’orthographe (y compris sur les noms de lieux).
226
***
[Option 1] [Option 2]
* Phrases de transition
* Phrases de transition
***
Conclusion
Ouverture/mise en perspective
227
228
229
230
231
232
233
[Conclusion]
La question des risques sur les littoraux français ne dépend donc pas
seulement de l’occurrence d’aléas d’origine naturelle plus ou moins
Conclusion fréquents. Le danger provient avant tout de la présence de nombreux
qui répond
enjeux exposés et vulnérables, face à des aléas de natures variées. On
à la problématique
observe ainsi des situations contrastées qui invitent à individualiser
certains littoraux potentiellement plus dangereux que d’autres.
Espaces exposés, environnements fragiles, les littoraux illustrent la
production du risque par les sociétés : l’attractivité d’un espace et les
ressources qu’il prodigue excèdent la perception de la menace et fixent
les populations.
234
Le commentaire
de carte
topographique
235
Les échelles
L’échelle est le rapport entre la mesure relevée sur le terrain et la mesure de la
même portion d’espace reportée sur la carte. Elle peut s’écrire :
– Sous forme de fraction : 1/25 000 ou 1 : 25 000.
Attention !
– Sous forme graphique :
En géographie, on parle de 0 500 1 000 km
petite échelle à l’échelle
mondiale et de grande L’échelle étant une fraction, une échelle 1/100 000e (qui représente une portion
échelle à l’échelle locale. d’espace plus grande) est plus petite qu’une échelle 1/25 000e (qui représente
une portion d’espace plus petite, mais de manière plus précise).
Sur une carte au 1/25 000e, 1 cm sur la carte équivaut à 250 m sur le terrain.
1. Contextualiser et décrire
§ Repérer le nom, le numéro, la date, l’échelle et le type de carte.
Situation : ensembles
administratifs (région, § Décrire la situation de l’espace représenté en le localisant par rap-
département), espaces port à des ensembles plus vastes. Donner un ordre de grandeur des
proches (grandes villes, distances.
grands éléments de
relief…), axes de com- § Décrire le site (surtout pour une ville), c’est-à-dire la topographie à une
munication (voies d’eau,
autoroutes…) ou autres
échelle locale (relief, présence d’un cours d’eau…). Les sites peuvent
éléments significatifs (proxi- être associés à une fonction : sites défensifs sur un promontoire par
mité d’une frontière…). exemple.
236
3. Rédiger un commentaire
§ Il suit une démarche proche de la dissertation ou du commentaire Il n’existe pas de
de documents. Il repose sur une lecture problématisée de la carte et plan « type » pour un
commentaire de cartes.
sur la description, avec un vocabulaire précis, de l’espace concerné. Il Toutefois, lorsque la feuille
contient : présente plusieurs types
d’espaces bien différents
– une introduction qui identifie la carte, décrit la situation et le site, par leur topographie et
fait apparaître les principaux thèmes et propose une problématique ; leur mise en valeur, il est
– un développement organisé en plusieurs parties ; possible de faire de chacun
d’eux une partie. Lorsque
– une conclusion qui récapitule les principales observations et qui plusieurs thèmes peuvent
répond à la problématique. être relevés sur la carte,
le plan thématique est
§ Il est possible de réaliser un croquis de synthèse faisant ressortir les également possible.
principaux types d’espaces, leur organisation et les activités de manière
simplifiée. Il doit obéir aux règles de la sémiologie graphique.
237
Document
Source : extrait de la carte IGN TOP 25 Les Arcs-La Plagne (3532 ET).
238
Commentaire
Le territoire représenté sur la carte topographique des Arcs-La Plagne
(TOP 25 3532 ET) est emblématique de la haute montagne (que l’on
considère celle-ci en fonction d’un seuil altitudinal – en général au-delà
de 2 000 m –, d’un critère biogéographique – la limite supérieure de la
forêt –, ou suivant les usages anthropiques spécifiques qui y sont déve-
loppés) et de ses enjeux environnementaux et d’aménagement. Figurant
le cœur du massif de la Vanoise, l’un des massifs cristallins internes des
Alpes françaises (nommé ainsi compte tenu de la nature des roches le
composant : granit, quartzite, gneiss…, et de sa position dans l’ensemble
alpin), ainsi que l’extrémité du Beaufortain au nord-ouest, séparés par
la vallée de la Tarentaise (au fond de laquelle coule l’Isère), cette carte
met en évidence des usages très concurrents de l’espace. Dans quelle
mesure cette région témoigne-t-elle d’un renversement des regards et
des pratiques sur la haute montagne, entre relégation et revalorisation
des sommets dans les dernières décennies ?
239
240
1. Le modèle agro-sylvo-pastoral,
ou l’exploitation des complémentarités de la montagne
La mise en valeur traditionnelle de la montagne repose sur l’exploitation
complémentaire dans l’espace et dans le temps des différents terrains.
Deux logiques principales organisent le territoire étudié : l’étagement et
l’exposition.
On entend par étagement l’implantation de la végétation et des acti-
vités en fonction de l’altitude le long des flancs d’une montagne. Les
étages sont souvent moins tranchés que ne le laissent supposer des
représentations schématiques, mais n’en demeurent pas moins centraux
ici. Hormis quelques vergers et vignes en situation de microclimat favo-
rable, le fond de vallée est réservé à l’élevage hivernal et au fourrage,
tandis que les premières zones au-delà de la limite supérieure de la
forêt sont pâturées l’été, d’où leur nom d’estives. Les bâtiments d’alti-
tude isolés (chalets, granges) étaient des habitats temporaires pour les
bergers accompagnant les troupeaux de bovins, dont le lait peut être
utilisé pour la production du fromage AOP de Beaufort. Entre ces deux
territoires d’élevage, la forêt, quoique difficile d’accès, est exploitée
(cf. les scieries). Les toponymes révèlent combien l’étagement et son
exploitation sont intégrés au territoire vécu des habitants (« x d’en bas »
et « x d’en haut »).
L’exposition contrastée des versants structure également beaucoup
l’espace montagnard. Suivant les cas, c’est l’exposition au vent et aux
précipitations (milieu tropical notamment) ou au soleil (adret, ubac) qui
joue le plus. Dans le cas présent, ce sont bien les contrastes d’ensoleil-
lement qui jouent un rôle majeur : les versants ensoleillés, tournés vers
le sud, appelés adrets, sont souvent déboisés pour le pâturage des bêtes,
tandis que les ubacs, déjà évoqués, sont largement utilisés à des fins
sylvicoles, avant d’être mis en tourisme du fait d’une durée supérieure
de leur enneigement.
241
242
parcs nationaux français, la Vanoise comprend une zone de « cœur », Voir Chapitre 4.
dans laquelle les contraintes portées à l’activité sont maximales (pas de
véhicules motorisés, pas de chasse, etc.) pour préserver un écosystème
remarquable. Le cœur de parc (correspondant à la « zone centrale » des
cartes antérieures à la loi de 2006), en l’espèce non habité de manière
pérenne, se distingue de l’aire d’adhésion qui l’entoure. La mention de
« portes » du parc illustre la volonté de contrôle de cet espace.
243
Le croquis
de synthèse
Qu’est-ce qu’un croquis de synthèse ?
Le croquis de synthèse résume de manière graphique et spatialisée les
principales informations sur un thème donné. Il peut également être uti-
lisé pour simplifier une carte topographique. Les objectifs du croquis sont :
– de résumer des informations de manière spatialisée ;
– de faire ressortir les grandes lignes de l’organisation d’un espace.
244
MATÉRIEL NÉCESSAIRE
– Crayon à papier, gomme et taille-crayons.
– Crayons de couleur permettant de réaliser des camaïeux (plusieurs tons de vert
et de bleu par exemple).
– Feutres fins.
– Stylos de différentes couleurs.
– Règle graduée.
– Normographe (ou trace-formes) contenant les formes de base (cercle, carré,
triangle, polygone…) dans plusieurs tailles.
245
Titre général Q Q
du croquis :
indique la localisation
et utilise au moins l’un T Orientation : le plus
des mots clés du sujet souvent au même
Jamais de croquis muet !!! endroit que l’échelle
(= toujours indiquer (même si possible de
Cadre : W W l’indiquer dans un coin
pour délimiter quelques toponymes)
en haut du dessin)
visuellement l’espace
du dessin (et l’espace T Y Échelle : selon
concerné par l’échelle) la convention de
Y présentation,toujours
dans un coin bas
Titres des parties : E E I. ........................................................................ du dessin
expriment les argu-
ments de la démons-
tration, qui reprennent R U U Légendes des figurés :
le(s) notion(s) clés montrer l’apport de cette
annoncées dans le titre information factuelle
général pour la démonstration
E II. ....................................................................... générale
Figurés R R I I Respecter la
progressivité : de
l’information la plus
générale à la plus
E III. ...................................................................... particulière, de la
plus centrale à la plus
anecdoctique
R O
O Les figurés doivent
démontrer l’argument
P annoncé dans le titre
P Respecter la cohérence entre figuré et légende : de partie.
si figuré ponctuel, information ponctuelle
Exemples : Aéroport Zone aéroportuaire
En vert : les éléments OBLIGATOIRES pour tous les croquis.
Schéma © Pascale Nédelec, 2016.
246
Définir la problématique
Dans le cas présent, la question principale à soulever est celle de la multi-
plicité des usages des environnements de la haute montagne, aussi bien
protégés dans des parcs et des réserves qu’exploités à des fins agricoles
ou touristiques.
247
LA ROZIÈRE
MONTVALEZAN
BOURG-SAINT-MAURICE
ITALIE
AIME LES ARCS
MÂCOT-
LA-PLAGNE
LA PLAGNE
TIGNES
5 km
248
Légende
249
Le commentaire
de paysage
Qu’est-ce qu’un commentaire de paysage ?
§ Le commentaire de paysage consiste à restituer les observations réalisées
sur le terrain ou à partir d’une photographie (ou d’autres documents)
Il s’agit d’objets matériels sous la forme d’une description organisée accompagnée idéalement
(arbre isolé ou pavillon par d’un croquis. Il s’agit de décrire de manière fine l’organisation des formes
exemple) qui participent au
du paysage en commençant par sa structure ou ossature dépendante
caractère d’un paysage par
leur arrangement et leur du relief puis d’identifier l’ensemble des motifs élémentaires (qui
signification culturelle. composent une scène unique).
§ Cet exercice requiert de mobiliser un vocabulaire approprié.
§ Une synthèse est rédigée afin de mettre en relation les différentes
observations ayant permis de distinguer plusieurs unités paysa-
Une unité paysagère gères caractérisées par une topographie singulière et un arrangement
désigne une partie de d’éléments. Une lecture attentive du paysage doit permettre de faire
territoire présentant une
certaine homogénéité. ressortir les enjeux propres à chaque espace étudié puisque certains
éléments révèlent des dynamiques.
1. Décrire le document
§ Préciser s’il s’agit d’une photographie (oblique, verticale, aérienne ou
au sol) ou bien d’une représentation picturale.
§ Si l’information est connue, mentionner la date (année) mais aussi
la saison du document car certains paysages, comme les paysages
agricoles ou touristiques par exemple, présentent des physionomies
changeantes.
§ Identifier le point de vue choisi par l’auteur du document pour définir
d’où la photographie a été prise et situer le paysage dans un espace
plus vaste.
250
3. Analyser et interpréter
§ Commenter sous la forme d’une synthèse organisée. Celle-ci consiste
à expliciter les spécificités de chaque unité de paysage aussi bien du
point de vue de leur répartition vis-à-vis de la topographie des lieux
que de leur agencement interne.
§ Prendre du recul pour rendre compte de la manière dont ces objets
s’agencent les uns par rapport aux autres et pour identifier les dyna-
miques repérées. Certaines composantes du paysage témoignent de
tendances (évolution des pratiques agricoles, aménagement en cours,
abandon d’infrastructures, etc.) qu’il faut expliquer à l’aide de ses
connaissances. La dimension esthétique du paysage doit être prise en
compte et replacée dans son contexte : œuvre d’art, affiche de promo-
tion touristique, photographie amateur.
251
252
Présentation
La photographie ci-dessus présente un paysage agricole typique des
régions de montagnes tropicales d’Asie du Sud-Est. Elle a été prise en
novembre 2016 dans le nord du Laos soit après la saison des pluies, pendant
la période de récolte du riz qui constitue la principale production agricole
locale. Les lignes directrices sont imposées par la topographie de la vallée
de la rivière Nam Ha. On repère facilement trois plans sur cette photogra-
phie prise depuis le versant situé en rive gauche de la rivière : (1) la rivière
Nam Ha, (2) le fond de vallée rizicole et (3) les versants de montagne.
253
Analyse préalable
Ces catégories
sont à définir pour Plans de l’image
ou Topographie Végétation naturelle Végétation
chaque type de (ossature ou spontanée liée à l’agriculture
Éléments construits
paysage : elles du paysage)
peuvent changer.
Aucun
Végétation spontanée
au bord de la rivière (mais l’eau de
la rivière peut être
La végétation spontanée 1. La rivière Arbres plus hauts sur le Aucun
utilisée pour alimenter
borde les berges versant de rive gauche
les productions
d’un cours d’eau. (1er plan) : ripisylve
agricoles)
Constructions
dispersées sur pilotis
Parcellaire agricole
avec matériaux
Végétation plus dense (petites surfaces
végétaux (bambous,
suivant un linéaire laniérées).
feuillages) et
2. Le fond de vallée à droite de l’image Riz récolté (jaune)
modernes (tôles)
et la terrasse rizicole (ripisylve le long d’un et non collecté (vert
Réseau de diguettes
affluent provenant clair)
matérialisant les
du versant) Zone de battage du riz
canaux d’irrigation
(couleur plus claire)
alimentant les casiers
rizicoles
Forêt dense
3. Les versants Parcelles cultivées Quelques
Friches d’âges
de montagne et récoltées (jaune) constructions isolées
différents
Commentaire
La rivière Nam Ha se jette dans la rivière Nam Tha quelques kilomètres
en aval. C’est une rivière d’environ 10 mètres de large. Elle est séparée
du fond de vallée par une berge bordée d’une végétation spontanée
composée d’herbes et de buissons ainsi que d’arbres en rive gauche. On
appelle ripisylve la végétation rivulaire qui longe une rivière.
Le fond de vallée est plat. Il s’étire de la rivière Nam Ha au pied du
versant de montagne sur une largeur d’environ 300 mètres. Il est occupé
par des parcelles agricoles précisément découpées. Leurs limites sont
nettement visibles. Il s’agit en fait du réseau géométrique de diguettes qui
révèle l’aménagement de casiers irrigués. C’est donc un paysage de rizi-
culture qui occupe le fond de vallée. À l’exception de trois ensembles de
parcelles qui se détachent par leur coloris vert, les casiers viennent d’être
récoltés. Ces derniers ne sont pas totalement à nu : on devine qu’il reste
254
au sol les chaumes (ou tiges) de riz qui apparaissent de couleur foncée.
Les taches plus claires matérialisent les aires de battage : les gerbes de
riz sont disposées sur le sol propre (les chaumes sont coupés) et battues
à la main pour extraire les grains des panicules. Plusieurs constructions
modestes sont dispersées dans les champs. Il s’agit de constructions en
matériaux végétaux utilisés par les villageois pendant les différentes
étapes de la production du riz. Elles permettent aux paysans de résider
dans les champs éloignés du village, pendant la saison des pluies entre
juin et octobre principalement pour assurer la préparation des casiers
(labour, repiquage), surveiller la croissance du riz (sarclage, entretien
du réseau d’irrigation, surveillance des prédateurs) puis la récolte.
Les versants de la montagne présentent une physionomie plus hété-
rogène. Les limites entre les éléments paysagers sont aussi plus floues.
Une partie des versants est recouverte par une forêt dense apparais-
sant avec une teinte plus foncée. Ces parties boisées les plus anciennes
occupent notamment le fond de vallée d’un affluent rejoignant la Nam
Ha. On repère à l’inverse des surfaces presque à nu sur les versants. Il
s’agit de parcelles cultivées en agriculture pluviale. Sur les pentes, les
villageois n’ont pas aménagé de système d’irrigation. La parcelle n’est
pas immergée dans l’eau : la culture du riz dépend des apports pluvio-
métriques de la saison des pluies.
Cette culture est itinérante : chaque parcelle n’est cultivée qu’une
année (parfois deux), puis elle est abandonnée en jachère afin que la
fertilité du sol se reconstitue. Cette pratique, appelée abattis-brûlis,
consiste à défricher une parcelle de forêt (plus ou moins ancienne) puis
à brûler les débris végétaux. Il s’agit d’une agriculture extensive à long
cycle : la forêt se régénère sur une période de 20 ans, passant d’un stade
de friche herbacée à un stade de friche arborée jeune puis mature, avant
d’être de nouveau défrichée.
Pour ne pas épuiser la fertilité des sols et la forêt, de vastes surfaces
sont nécessaires afin de conserver des révolutions longues. Ce système
n’est tenable qu’avec de faibles densités de populations. Ce type de mise
en valeur agricole explique la mosaïque paysagère qui caractérise les Pour approfondir, lire
DUCOURTIEUX O., 2009, Du riz
versants sur lesquels alternent des parcelles récoltées récemment, de
et des arbres, Paris, Karthala.
jeunes friches herbacées et arborées, des forêts secondaires reconstituées
et des forêts plus denses sur les sommets.
255
Croquis interprétatif
256
Le schéma fléché
Qu’est-ce qu’un schéma fléché ?
§ Un schéma fléché est la représentation de tous les éléments constitu-
tifs d’un processus, qu’il faut hiérarchiser et associer en montrant les
relations qui les unissent. Il peut s’agir d’une chaîne de décisions et
d’actions (acteurs : institutions, organisations, individus…) mais aussi
du fonctionnement d’un territoire (échelles spatiales et temporelles,
aspects physiques, caractéristiques sociales et économiques, enjeux
politiques, culturels…).
§ On peut structurer de plusieurs manières ce type de schéma :
– Une organisation arborescente, représente très bien l’enchaîne-
ment d’une structure très hiérarchique, comme un organigramme
d’acteurs.
– Une organisation linéaire horizontale ou verticale, elle, est souvent
utilisée pour schématiser le déroulement d’un processus depuis ses
causes jusqu’à ses conséquences.
– Une organisation circulaire est plus adaptée à un phénomène
fonctionnant comme une boucle, particulièrement à l’approche sys-
témique. Ce cas de figure est utile pour représenter l’équilibre ou le
déséquilibre d’un territoire : on parle alors de rétroactions (on iden-
tifie un « cercle vertueux » ou un « cercle vicieux » sur le territoire
étudié).
§ L’objectif est donc de répondre à une problématique précise en
schématisant la progression du raisonnement, qui doit indiquer
un point de départ et un point d’arrivée. Le schéma fléché suppose
de remettre dans le bon ordre les différents éléments envisagés,
et ensuite de symboliser leurs relations par des flèches. Celles-ci
peuvent représenter des causalités simples. Les doubles-flèches
symbolisent des interactions (influences réciproques).
257
Comité de pilotage
Direction des Eaux et Forêts
et de la Conservation des Sols Agence de Coopération
(DEFCS) technique (GTZ) Ministère Délégué Chargé Agence de Coopération
des Eaux et Forêts (MDCF) technique (GTZ)
Circonscription
Régionale de Meknès Direction Régionale des Eaux et
Forêts du Moyen Atlas (DREF/MA)
Direction Provinciale de
l’Agriculture Khénifra (DPA) Direction Provinciale de
l’Agriculture Khénifra (DPA)
Population Population
Source : EL JIHAD M.-D., 2010, « Les difficultés de gestion des ressources “naturelles” et de développement rural dans un milieu anthropisé :
l’expérience du Projet Oued Srou (Maroc central) », Norois
[En ligne], 216|2010/3, mis en ligne le 1er décembre 2012, consulté le 15 février 2017.
Rupture Incendie
de la canalisation
Tremblement Dégâts
de terre
Effondrement
de bâtiments
Source : PROVITOLO D., 2005, « Un exemple d’effets de dominos : la panique dans les catastrophes urbaines »,
Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], document 328,
mis en ligne le 29 novembre 2005, consulté le 15 février 2017.
258
Paysannerie
moyenne Capacité d’investir
Mécanisation Énergie
Irrigation
Urbanisation
Eaux
du seuil
Himalaya
259
260
SÉNÉGAL 600
mm
GAMBIE BURKINA
FASSO
GUINÉE-
BISSAU TOGO NIGERIA
CÔTE BÉNIN
D’IVOIRE RÉP.
GHANA CENTRAFRICAINE
CAMEROUN
Bioclimat
Hyper-aride
(< 50 mm/an, P/ETP < 0,03)
Aride
(50 à 150 mm/an, 0,03 < P/ETP < 0,20)
Années
Semi-aride 2 humides
(150 à 600 mm/an, 0,20 < P/ETP < 0,50)
1
Indice de pluie
Sec subhumide
(600 à 800 mm/an, 0,50 < P/ETP < 0,75) 0
Isohyètes (mm/an) –1
Années
Délimitation de la région –2 sèches
sahélienne 1950 1960 1970 1980 1990 2000
P/ETP permet de calculer l’indice d’aridité bioclimatique (précipitation/évapotranspiration potentielle).
261
262
Sur le plan socioéconomique, il existe une relation sociale fort complexe entre chan-
gements climatiques, désertification et diversité biologique. […] Ils se manifestent
notamment par la baisse des rendements agricoles, le faible retour sur investissement,
la destruction des villages et des habitats, les pertes en vies humaines, la destruction
des espaces culturaux, les pertes matérielles, les déplacements des populations, et
les pertes du cheptel. […]
La désertification provoque des tensions sur l’utilisation des terres, des migrations et
la désagrégation des tissus sociaux. »
Source : AL HAMNDOU Dorsouma et REQUIER-DESJARDINS Mélanie, 2008,
« Variabilité climatique, désertification et biodiversité en Afrique :
s’adapter, une approche intégrée », VertigO [En ligne], vol. 8, n° 1, avril.
263
Climat semi-aride, avec une période sèche dominante, variabilité climatique importante
Doc. 1
avec de longues périodes de sécheresse
Causes Conséquences
264
265
Schéma fléché
Destruction de
milieux naturels
266
Le commentaire
de statistiques
Qu’est-ce qu’un commentaire de statistiques ?
§ Un tableau de statistiques est un ensemble de cases rangées en lignes
et en colonnes, contenant des données chiffrées. Le commentaire de
statistiques consiste à lire les données présentées dans le tableau, à ana-
lyser le tableau en sélectionnant les informations les plus significatives,
et à construire un commentaire organisé et argumenté de ce tableau.
§ En statistiques, la « population » désigne l’ensemble étudié (qu’il s’agisse
d’êtres humains ou d’objets mesurés). Le « caractère » ou « variable » est
le critère (quantitatif ou qualitatif) choisi pour étudier cette population.
Le caractère a plusieurs « modalités », correspondant aux différentes
valeurs ou aux différents états que peut prendre le caractère.
§ Les tableaux à une entrée portent sur un seul caractère d’une popu-
lation ; les tableaux à double entrée présentent simultanément deux
caractères d’une population, l’un en ligne, l’autre en colonne.
267
2. Analyser le tableau
§ Faire ressortir l’idée générale et la tendance dominante résultant de
l’ensemble du tableau. Identifier dans le tableau, à partir du titre, des
intitulés des lignes et des colonnes, et des chiffres les plus évidents,
le(s) caractère(s) et modalité(s) dominant(es). Puis, étudier les infor-
mations plus spécifiques.
§ Faire des calculs : ainsi, lorsqu’il s’agit de valeurs absolues, il peut être
utile, en confrontant ces valeurs aux totaux, de calculer des pourcentages.
§ Interpréter : faire des liens entre les variables étudiées ; mobiliser les
connaissances sur la question ; expliquer les tendances générales (ou
minoritaires mais significatives) ; formuler des hypothèses ; porter un
regard critique sur les informations.
3. Commenter le tableau
§ Rédiger un commentaire organisé du tableau statistique, en partant
du général pour aller vers le particulier, et en organisant les interpré-
tations effectuées précédemment.
§ Bien hiérarchiser les informations, afin de montrer que le tableau a
été non seulement compris, mais aussi traité et analysé.
§ Accompagner éventuellement le commentaire d’un graphique pour-
représenter les informations traitées et faire ressortir les idées impor-
tantes tirées de l’analyse du tableau.
268
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Eaux
15,6 15,6 16,6 15,0 9,1 8,5 9,2 8,1 7,7 7,9 7,9
Usage industriel
de surface
Eaux
9,4 9,3 8,9 9,4 6,6 5,3 5,5 5,9 6,1 5,5 5,4
souterraines
Retenues 1,0 1,0 1,0 1,0 1,1 1,0 0,9 1,2 1,8 1,7 1,5
Total 26,0 26,0 26,5 25,4 16,9 14,7 15,6 15,2 15,6 15,1 14,8
Eaux
53,5 52,8 50,0 48,8 54,7 54,0 50,8 59,4 34,3 24,8 25,1
de surface
en eau potable
Alimentation
Eaux
94,7 88,8 89,0 84,8 77,4 81,5 81,9 75,2 100,1 106,3 104,2
souterraines
Retenues 17,6 7,4 9,4 9,7 10,2 17,4 17,1 16,4 10,6 10,5 11,3
Total 165,8 149,0 148,4 143,4 142,3 152,9 149,8 151,0 145,0 141,5 140,5
Eaux
48,3 27,0 37,6 25,1 37,8 41,4 42,0 26,7 38,1 35,3 23,7
de surface
Usage agricole
Eaux
164,6 112,1 134,1 88,1 113,8 126,0 124,1 107,9 113,6 106,2 72,6
souterraines
Retenues 31,5 27,3 30,3 20,6 24,3 29,4 29,3 31,3 28,8 28,1 16,7
Total 244,4 166,4 201,9 133,7 175,9 196,7 195,4 165,9 180,6 169,6 113,0
269
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Eaux
113,2 101,2 108,1 98,6 116,0 106,2 110,4 102,3 91,4 98,8 105,0
de surface
Production
d’énergie
Eaux
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
souterraines
Retenues 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Total 113,2 101,2 108,1 98,6 116,0 106,2 110,4 102,3 91,4 98,8 105,0
Eaux
230,6 196,6 212,3 187,6 217,7 210,0 212,4 196,6 171,5 166,8 161,7
de surface
Prélèvements
tous usages
Eaux
268,8 210,3 232,0 182,2 197,8 212,7 211,4 188,9 219,8 217,9 182,2
souterraines
Retenues 50,0 35,7 40,7 31,2 35,6 47,8 47,3 48,9 41,2 40,3 29,5
Total 549,4 442,6 485,0 401,1 451,1 470,4 471,1 434,5 432,5 424,9 373,3
Données source : Agences de l’eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne. Traitement : ORE.
Les données sont issues des déclarations faites au titre de la redevance pour prélèvement de la ressource
en eau (fixée pour un certain seuil de volume annuel prélevé). Les données ne sont donc pas exhaustives
et comportent des estimations.
270
Analyse
En région Nouvelle-Aquitaine (doc. 1), les prélèvements en eau, tous
usages confondus, s’élèvent à 1,2 milliard de m3. Il est plus pertinent
de calculer la part en pourcentages que représentent les volumes d’eau Faire des calculs pour
faciliter l’analyse
prélevés par secteur d’activité. Avec 491,2 millions de m3 prélevés, la part
des volumes prélevés pour les besoins en eau potable se monte à 40 %.
Viennent ensuite les prélèvements agricoles, évalués à 451,9 millions Hiérarchiser
de m3, soit 36 %. Le secteur industriel et le secteur de production d’énergie les informations :
prélèvent des quantités d’eau plus faibles : 178 millions de m3 (14,5 % des plus grandes
valeurs aux plus
du volume total) et 105 millions de m 3 (8,5 % du volume prélevé) petites
respectivement.
Au regard de la nature de la ressource hydrique, il apparaît que les
prélèvements se font majoritairement dans les eaux souterraines, à
hauteur de 61 %, mais cela cache de grandes disparités selon les secteurs,
les eaux de surface étant majoritairement prélevées pour les usages
industriels (75 %) et pour la production d’énergie (100 %), alors que
l’alimentation en eau potable (79 %) et l’agriculture (70 %) sont majori-
tairement assurées grâce aux eaux souterraines.
Il est possible de comparer avec la situation nationale en ayant au
Toujours convertir
préalable converti les valeurs absolues en valeurs relatives. À l’échelle des valeurs absolues
nationale, c’est le secteur de la production de l’énergie qui prélève la plus en valeurs relatives
grande part de la ressource hydrique (62 %). pour comparer
271
Commentaire
Des prélèvements sont effectués dans les eaux de surface et les eaux
souterraines pour satisfaire les usages domestiques, les besoins des acti-
vités industrielles et agricoles ainsi que de production d’énergie. En 2014,
Organiser 29,9 milliards de m3 d’eau ont ainsi été prélevés en France. L’alimentation
le commentaire en d’eau potable a utilisé 5,4 milliards de m3, soit environ 18 % du total
allant du général
prélevé. L’industrie et l’irrigation occasionnent des prélèvements compa-
(situation nationale)
au particulier rables, autour de 3 milliards de m3. Le secteur de l’énergie prélève quant
(situation régionale) à lui 18,8 milliards de m3 (près de 63 % du total prélevé). Ces prélève-
ments se font en majorité dans les eaux de surface (81 %), sauf pour l’eau
potable pour laquelle le recours aux eaux souterraines est fréquent, étant
généralement de meilleure qualité.
En région Poitou-Charentes, les prélèvements sont préférentiel-
lement réalisés dans les eaux souterraines à hauteur de 67 %. Cette
particularité par rapport à la moyenne nationale s’explique par des
problèmes de qualité des eaux de surface. Ces dix dernières années, la
tendance des prélèvements pour ces différents usages est à la baisse.
Cette évolution reste toutefois très dépendante des conditions clima-
tiques et des pratiques de production, notamment agricoles. La situation
272
20 37 %
450
Alimentation et eau potable
38 % 0
350
Eaux de Eaux Usage industriel
surface souterraines 250
Accompagner
le commentaire
de graphiques
273
INDEX
A consommation 145
COP 172, 180
acteur 11, 18, 22, 61, 73, 77, 78, 115, 119, 124,
128, 179, 185, 200, 202, 203, 207, 208, 213 COP3 181
adaptation 20, 22, 27, 69, 163, 192, 200 COP15 184
Agenda 21 180, 189, 202, 204, 207 COP16 183
agriculture 31, 32, 34, 35, 38, 90, 97, 101, 102, COP21 19, 181, 182, 183, 186, 187
145, 154, 201 crise 21, 22, 69, 72, 73, 74, 75, 76, 78, 152, 158,
aléa 22, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 70, 73, 75, 173, 174, 175
79, 80, 159, 184 cryosphère 30, 156, 158
Allemagne 54, 87, 98, 211
D
aménagement 18, 49, 79, 90, 101, 102, 105, 106,
124, 136, 191, 203, 204, 205 dégradation 27, 35, 48, 101, 129, 201
Anthropocène 16, 22, 154, 173, 175, 176, 177, développement 17, 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 38,
178, 192 45, 48, 99, 104, 119, 120, 148, 179, 183, 184, 191,
anthroposystème 96 199, 201
Arctique 42, 45, 142, 159, 166
E
atmosphère 31, 32, 144, 175, 201
atténuation 22, 74, 162, 181 eau 30, 31, 33, 36, 45, 46, 47, 49, 52
écologie 102, 117, 120, 123
B effet de serre 144, 145, 151, 156
bilan radiatif 31, 144, 145, 148 énergie fossile 33, 38, 48, 176, 210
biodiversité 21, 22, 32, 129, 131, 133, 158, 173, énergie renouvelable 33, 47, 201
175, 187, 202 épuisement 26, 27, 33, 40, 48
biosphère 31, 32, 144, 151, 153, 157, 164, 175,
180 F
FAO 120
C forçage 145, 148, 149, 151, 160
calanque 136 forêt 32, 35, 36, 39, 90, 116, 151, 204, 208
Calanques 136 friche 97, 102, 212
carbone 26, 28, 29, 36, 151, 190
catastrophe 22, 61, 66, 70, 73, 74, 77, 80, 173 G
Chine 39, 183, 184, 201 gaz à effet de serre 39, 47, 144, 150, 151, 154,
CO2 19, 145, 150, 151, 154, 155, 157, 158, 160, 156, 160, 162, 181, 186, 206, 208
194 géopolitique 15, 18, 19, 42, 44, 47, 49, 51, 61, 64,
concertation 18, 105, 106, 125, 128, 179, 188, 159, 173, 178, 181, 183, 184, 191
202, 203 gouvernance 17
275
H O
hybride 95, 96 ONG 75, 120, 124, 129, 130, 179, 185, 189
hydrocarbure 28, 33, 39, 41, 42, 43, 44, 52, 154, ONU 19, 75, 77, 120, 173, 179, 180
186
hydrosphère 30, 32, 144, 175 P
parc naturel 122, 184, 187
I
participation 203
Indonésie 38, 71, 74, 150 périurbanisation 102
industrialisation 20, 145, 174, 177, 178 politique 15, 18, 19, 21, 22, 50, 61, 74, 103, 104,
inégalité 21, 24, 34, 44, 46, 68, 69, 158, 178, 183, 106, 117, 120, 125, 130, 133, 163, 173, 179, 180,
184 187, 188, 203, 205, 206, 207, 209, 210
protection 19, 21, 22, 75, 103, 104, 105, 106, 115,
J 116, 117, 118, 119, 123, 124, 125, 129, 133, 134,
Japon 34, 40, 60, 65, 74, 77, 175 174, 179, 187, 189, 205
Protocole de Kyoto 180, 181, 184, 186, 195, 202
K
Q
Kenya 50, 123, 126
kenyane 114 Quaternaire 17, 153, 166, 176, 178
L R
Laos 38, 46, 253 réparation 75
lithosphère 28, 32, 175 restauration 118, 209
littoral 49, 99, 103, 104 risque 21
M T
milieu 9, 15, 17, 20, 27, 28, 31, 51, 62, 65, 88, 96, tempête Xynthia 76, 229, 230, 232
115, 116, 117, 118, 121, 127, 129, 152, 156, 177 tourisme 99, 100, 104
montagne 95, 98, 101, 104 transition énergétique 49, 50, 54, 163, 183
N U
Natura 2000 124 urbanisation 38, 76, 104, 105, 148
nature 15, 88, 90, 93, 95, 98, 108, 116, 117, 119,
124, 129, 133, 174 V
vulnérabilité 22, 60, 61, 66, 67, 69, 70, 73, 80
276