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GUIDE

01

LE BÉTON
Guide des bonnes pratiques
PRÉFACE
Chers professionnels,

Nous avons le plaisir de vous de la Fédération Française


présenter Le guide des du Bâtiment (FFB) et soutenue
bonnes pratiques béton par l’implication de nombreux
qui fait partie d’un des volets partenaires :
de l’étude des pathologies - le gouvernement
du béton, lancée en 2019 de la Nouvelle-Calédonie,
pour une durée de trois ans. premier contributeur financier,
la Fédération française
Cette démarche - innovante, du bâtiment, l’Agence Qualité
technique et scientifique - de la construction France
a pour ambition de mettre et la Fondation excellence
en place des solutions SMA-BTP
constructives, préventives - les producteurs de matériaux
et curatives contre Audemard-Bétonpac,
la désagrégation prématurée Sobeca-SBTP, Sogesco-CDD
des ouvrages en béton, et Socam-Pacifique,
un phénomène récurrent le cimentier Tokyuama
sur notre territoire. et deux organismes techniques
Plus largement, l’étude métropolitains, EGF-BTP,
s’inscrit aussi dans le cadre syndicat national du BTP,
de l’amélioration de la qualité et l’Unicem, Union nationale
de la construction, initiée des industries de carrières et
par le gouvernement à travers de matériaux de construction.
la mise en place du RCNC,
référentiel de la construction Aujourd’hui, ce guide, le premier
en Nouvelle-Calédonie d’une série, vient concrétiser
récemment entré en vigueur. une partie des travaux.
D’une centaine de pages,
L’étude est portée par il a été rédigé - et c’est
la Fédération Calédonienne important de le souligner -
du Bâtiment et des Travaux avec la collaboration de
Publics (FCBTP) et l’Union l’ensemble des représentants
de la Maçonnerie et de la construction : maîtres
du Gros Œuvre (UMGO-FFB) d’ouvrage, maîtres d’œuvre,

3
bureaux techniques, Concrètement, il est organisé
producteurs de matériaux, en cinq parties :
entreprises, contrôleurs - Généralités : présentation
techniques... Un défi du matériau, ses constituants,
« architectural » de grande le rôle et les responsabilités
envergure. des différents acteurs
de la filière...
Technique, pratique - Maîtres d’ouvrage et maîtres
et didactique, le document d’œuvre : rôle et responsabilité,
se veut LA référence suivi de l’exécution,
et donc opposable aux acteurs organisation du contrôle
de la filière béton qualité...
en Nouvelle-Calédonie. - Entreprises en charge
Tous les professionnels de l’exécution : fabrication/
sont unanimes : ce matériau commande de béton,
traditionnel, mais délicat, réception des ouvrages...
utilisé quasiment partout - Désordres le plus courants
y compris dans la réalisation dans le béton et moyens
d’infrastructures, exige de prévention.
une extrême rigueur tant - Contexte normatif
au niveau de la fabrication, avec une synthèse
que de la mise en œuvre des recommandations.
des ouvrages, quels qu’ils soient.
Comme tous les produits Chaque corps de métier
de construction, le béton devrait trouver des réponses
doit répondre aux attentes à ses problématiques.
des clients dans leur projet
et apporter des garanties Enfin, Le guide
à la fois en termes de qualité, des bonnes pratiques
sécurité et durabilité. béton servira par la suite
à mettre en place
Le guide a donc pour objectif des actions de formation
d’offrir à tous les professionnels afin de professionnaliser
du secteur un même niveau la filière avec un produit
de compréhension et de irréprochable.
connaissances pour des
constructions de meilleure
qualité et plus durables. Bonne lecture.

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GÉNÉRALITÉS
GÉNÉRALITÉS
1. LE BÉTON

1.1 Matériaux à base de liant hydraulique


1.2 Dénomination des bétons
1.3 Certification des bétons

2. LES CONSTITUANTS

2.1 Ciment
2.2 Eau
2.3 Granulats
2.4 Adjuvants
2.5 Additions

3. RÔLES ET RESPONSABILITÉ
DES ACTEURS DE LA FILIÈRE BÉTON

3.1 Maitre d’ouvrage


3.2 Maitre d’œuvre
3.3 Contrôleur Technique
3.4 Laboratoire d’essais et de contrôle
3.5 Producteur de béton
3.6 Entrepreneur
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

GÉNÉRALITÉS
Cette partie abordera successivement :

- la dénomination normalisée du béton qui permet


d’identifier clairement le produit et ses caractéristiques
en fonction de son appellation ;
- les certifications dans le domaine du béton, leur utilité et
les garanties qu’elles apportent ;
- les exigences auxquelles les constituants du béton
doivent satisfaire ;
- le rôle et les obligations des différents intervenants dans
la réalisation d’un ouvrage en béton.

7
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

8
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1. LE BÉTON
Le béton est un matériau de construction obtenu en mélangeant
du ciment, de l’eau, des granulats et potentiellement des
adjuvants.

Il faut distinguer le béton frais du béton durci :


- béton frais : béton sous état plastique, anté prise et apte
au transport et à la mise en place ;
- béton durci : béton sous état solide, post prise, en cours
de durcissement et possédant une résistance.

La quantité et la qualité des constituants du béton permettent


de déterminer ses propriétés conformément à la norme
NF EN 206/CN, à savoir :

- sa résistance mécanique : le béton résiste aux efforts


en compression, résistance qui est mesurée par des essais
de résistance à la compression réalisés sur un béton âgé
de 28 jours (noté fck28). A contrario, sa résistance aux
efforts de traction est faible et c’est pour cette raison qu’il
est généralement ferraillé (béton armé) ;

- sa consistance ou son ouvrabilité : selon les conditions de


mise en œuvre, le béton est plus ou moins fluide. Cette propriété
est identifiée par une classe de consistance ou d’affaissement
qui évolue de S1 (béton ferme pour des coulages en pente
par exemple) à S5 (béton fluide pour des coulages ou serrage
difficiles) ;

Les classes de consistance couramment utilisées sont


S3 et S4.

- la durabilité du béton : garantit l’absence d’altération et


de détérioration dans le temps. Le béton doit être adapté
à la durée de vie et aux conditions d’exploitation de l’ouvrage
ainsi qu’à l’environnement auxquels il sera exposé.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1.1 MATÉRIAUX À BASE DE LIANT HYDRAULIQUE

Les matériaux à base de liant hydraulique régulièrement


utilisés sont :

Nom Composition Utilisation

Eau, ciment et granulats.


Masse volumique de 2 000 Tout type d’ouvrage
Bétons courants
à 2 600 kg/m3 et résistances non spécifique
comprises entre 8 et 50 MPa
Eau, ciment et granulats. Protection contre
Bétons lourds
Masse volumique > 2600 kg/m3 les rayonnement radioactifs
Eau, ciment et granulats.
Bétons légers Isolation
Masse volumique < 2000 kg/m3
Recherche de propriétés
Bétons fibrés Eau, ciment, granulats et fibres
mécaniques spécifiques
Eau, ciment, granulats et adjuvants.
Bétons hautes performances Travaux souterrains, tunnels,
Compact, résistance mécanique
(BHP) centrales nucléaires, ponts...
> 50MPa, durabilité longue
Eau, ciment, granulats. Enrobage d’armatures,
Bétons autoplaçants
Hyperfluidité -> dispense de vibration interstices des banches...

Les mortiers, enduits et coulis ne sont pas des bétons au sens


de la norme NF EN 206/CN et les BFUP bénéficient de leurs
propres normes, à savoir la NF P18-470 pour le matériau,
la NF P18-451 pour l’exécution et la NF P18-710 pour le calcul.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1.2 DÉNOMINATION DES BÉTONS

On distingue 3 types de BPE :

- les bétons à propriétés spécifiées (BPS) : bétons dont


les propriétés de base requises et les caractéristiques
supplémentaires sont indiquées au producteur, qui s’engage à
fournir un béton conforme à la demande ;
- les bétons à composition prescrites (BCP) : bétons dont la
composition et les constituants sont spécifiés au producteur,
qui s’engage à les respecter ;
- les bétons à composition prescrite dans la norme DTU 21
(BCPN) : il s’agit des bétons pour lesquels le dosage en ciment
est majoré et la résistance de calcul minorée.»

Désignation des BPS selon la norme NF EN 206/CN

Ils sont désignés de la manière suivante et le producteur s’engage


sur l’ensemble de ces caractéristiques :
Classe de consistance - maniabilité du béton frais
Conformité Classe d’exposition Classe de teneur en chlorure - une garantie
à la norme du béton contre le risque de corrosion des armatures

NF EN 206/CN C25/30 XS1/XC2 (F) Dmax 22.4 S3 Cl 0.4 Données complémentaires


Classe de résistance
à la compression
Si nécessaire, des données complémentaires
Dimension maximale des granulats utilisés - limitée peuvent être spécifiées comme la prise retardée,
par l’espacement entre armature et leur enrobage la résistance en traction par fendage,
afin de garantir une mise en œuvre correcte le module d’élasticité, etc.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

Désignation des BCP

Ils sont désignés de la manière suivante et le producteur


s’engage sur les constituants et le respect des dosages sans
engagement sur les propriétés (résistance à la compression,
classe d’exposition, etc.) :

Le rapport E/C (eau/ciment) cible


ou la consistance en terme de classe ou de valeur cible
Référence Le type de ciment
à la norme et sa classe La teneur cible Les catégories de granulats et la teneur
sur les bétons de résistance en ciment maximale en chlorure des granulats

NF EN 206/CN CEM II/A-S 42.5N PM 350 kg/m3 E/C 0.5 ou S3 BIIa Cl 0.4 Dmax 22.4
Dimension maximale
type et quantité adjuvant ,addition, fibre Données complémentaires des granulats utilisés
La quantité et le type d’adjuvants, additions, fibres - limité par l’espacement
entre armature et leur
Si nécessaire des données complémentaires peuvent être spécifiées comme enrobage afin de garantir
les exigences complémentaires sur les granulats et autres exigences techniques une mise en œuvre correcte

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1.3 CERTIFICATION DES BÉTONS

La certification est une démarche volontaire qui garantit au client


que le produit est apte à l’usage. Elle se base sur un référentiel
qui définit l’ensemble des contrôles effectués par un organisme
de certification. La certification va plus loin que la conformité au
marquage CE.

La certification est accordée par un organisme indépendant.


Le recours à des produits certifiés permet en particulier
d’alléger les contrôles à réception durant le chantier.

Les certifications existantes


Les métiers du béton font l’objet de nombreuses certifications.
Parmi les plus courantes existent (liste non exhaustive) :

Composés
Type de certification Référentiel Organisme certificateur
concernés
Granulats NF 041
Association Française
NF002 - liants de NORmalisation (AFNOR)
Ciment
hydrauliques
Matières premières
Adjuvants
Centre d’Etudes et de Recherche
pour bétons, NF 085
de l’Industrie du Béton (CERIB)
mortiers et coulis
Association Française
Bétons Bétons courants NF 033
de NORmalisation (AFNOR)
NF 139
Aciers Association Française de
(RCC03)
Aciers pour bétons armés Certification des Aciers à Béton
NF 254 (AFCAB)
Armatures
(RCC01)
Les produits préfabriqués en béton peuvent faire l’objet d’une certification délivrée
par le Centre d’Etudes et de Recherche de l’Industrie du Béton (CERIB)
ou le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB)

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

2. LES CONSTITUANTS
2.1 CIMENT

Le ciment est un liant hydraulique. Mélangé à l’eau, dite de


gâchage, il durcit et présente une résistance mécanique
élevée. Il ne se dissout pas dans l’eau. Les caractéristiques
normalisées d’un ciment sont les suivantes :
CEM I Portland
CEM II Portland composé
Type de ciment CEM III Haut fourneau
CEM IV Pouzzolanique
CEM V Composé
Classe A ; B ou C Selon le taux de clinker
S Laitier de haut fourneau
P Pouzzolane naturelle
Q Pouzzolane naturelle calcinée
V Cendre volante siliceuse
Constituants
W Cendre volante calcique
autre que le clinker
T Schiste calciné
L ou LL Calcaire
Z Fillers Pouzzolaniques
D Fumée de silice
32.5 = Travaux courants
Résistance à long terme
42.5 = Travaux de structure
du ciment
52.5 = Travaux de haute performance
I Faible
Classe de résistance
N Normale
du ciment à court terme
R Rapide

Le choix du ciment est déterminé par la résistance mécanique recherchée et les exigences
d’environnement retenues.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

CE Possède un certificat de conformité CE


Prise mer confère au béton une résistance accrue à l'agression
PM
des ions sulfate en présence d'ions chlorure
Usage Tropical (mention CPJ si CEMII ou CPZ si CEM IV)
UT Développement des résistances plus lentes pour prendre
en compte le climat tropical
ES Travaux en eau à haute teneur en sulfates

Spécifications Chaleur d’hydratation < 270 J/g


LH
complémentaires Pour limiter la température de prise dans les pièces massives.

SR Résistance au sulfates (dénomination européenne)

Résistance aux sulfures - teneur <0.7 %


CP1
Pour béton précontraint
Résistance aux sulfures - teneur <0.2 %
CP2
Pour béton précontraint
NF Garantit la marque NF de conformité à la norme

Les ciments produits en Nouvelle-Calédonie sont :

- CPJ-CEM II/B 32,5 (Z) UT NF : ciment 32.5 MPa à usage


tropical avec des fillers pouzzolaniques ;
- CEM II/A-S 42,5 N CE PM-CP2NF : ciment 42.5 MPa à prise
mer avec une résistance aux sulfures pour béton précontraint
et une montée en résistance de vitesse normale ;
- CEM II/A-S 52,5 N CE PM-CP2 NF : ciment 52.5 MPa à prise
mer avec une résistance aux sulfures pour béton précontraint
et une montée en résistance de vitesse normale.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1.2.2 EAU

L’eau a un rôle primordial dans le béton :


- elle permet l’hydratation du ciment, qui entraîne la prise du
béton ;
- et assure la maniabilité du béton frais.

L’excès d’eau dans le béton diminue sa résistance,


sa durabilité et augmente sa porosité (volume des vides
par rapport au volume total). Pour cette raison, en France,
tout ajout d’eau est interdit sur le chantier, à l’exception de
celui lié à l’utilisation d’adjuvant prévu dans la formulation
du béton.

La norme NF EN 1008 définit les eaux de gâchage pour béton.


L’eau potable est considérée comme appropriée pour la
fabrication du béton, ce qui n’est pas le cas des eaux de mers
(chlorées), des eaux saumâtres (sulfatées) et des eaux usées
(concentrées en matières organiques).
Les autres types d’eau doivent être soumis à essais pour vérifier
qu’ils ne contiennent pas des éléments préjudiciables à la prise,
à la montée en résistance ou à la durabilité des bétons.

Incidence du dosage en eau - Béton C25/30 Rc28 = 30 MPa

170 l
100%
-10
RÉSISTANCE %

-20

-30
Rc -30%
-40 soit - 9 MPa
-50
-60
-70

-80
-90
-100 AJOUT
+20% +33% +60% +100%
D’EAU
170 l + 20%
soit +30 l

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

1.2.3 GRANULATS

Les granulats occupent environ les 3/4 du volume du béton et


forment son squelette. Les propriétés du béton dépendent donc
de celles du granulat.

Au sens des normes NF EN 12620 et NF P18-545, les granulats,


de qualité de A à D, sont classés suivant :

- la résistance mécanique (résistance à la fragmentation


Los Angeles) ;
- la granulométrie ;
- la morphologie des granulats (essais d’aplatissement) ;
- la propreté des granulats (valeur au bleu ou équivalent de
sable) ;
- la capacité d’absorption de l’eau ;
- la présence d’éléments pouvant avoir un impact sur la durabilité
des bétons ;
- leurs propriétés chimiques (capacité de libération d’éléments
chimiques, modification du pH... - alcali réaction, corrosion).

Selon les caractéristiques des bétons à fabriquer, les exigences


sur les granulats seront plus ou moins importantes. Ainsi, pour
les bétons de classe de résistance en compression supérieure
à C35/45, les granulats doivent présenter des caractéristiques
indicées A ou B.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

Caractéristiques des granulats impactant leur durabilité :

Il est recommandé pour les environnements particulièrement agressifs


Absorption d’eau
une absorption d’eau ≤ à 2.5 % par rapport à la masse sèche.

Les granulats doivent être qualifié vis-à-vis de l’alcali réaction


Alcali réaction selon la FD P18-542. (NR – non réactif ; PR – potentiellement réactif ;
PRP – potentiellement réactif à effet pessimum).
Les conditions d’utilisation de ces granulats sont définies
dans les normes NF EN 12620 et NF P 18-545.
Chlorure soluble dans l’eau Ils peuvent conduire à la corrosion des aciers du béton armé.
Il convient d’être particulièrement vigilant avec des granulats d’origine
marine (sable de mer par exemple).

Soufre total Peuvent conduire à des attaques sulfatiques.


A noter qu’en présence de sulfure de fer de type Pyrrhotite, les normes
Sulfates solubles dans l’acide impose un taux de soufre total inférieure à 0.1 % en masse

La laumontite est un minéral, de la famille des zéolites, pouvant être contenue


dans les granulats qui peut sous l’action de l’eau changer d’état et conduire à des
dégradations du béton. Les normes européennes ne font pas référence à ce minéral.
C’est une cause de sinistre connu en Nouvelle-Calédonie. Une étude est en cours sur
ce sujet.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

2.4 ADJUVANTS

Les adjuvants sont ajoutés au béton pour améliorer certaines propriétés du béton. Ils
sont en général conformes à la norme NF EN 934-2 et sont définis par leurs propriétés
principales. On distingue :

Permet de modifier la consistance, de réduire la teneur


Plastifiants/réducteurs d'eau PRE en eau du béton donné, ou, sans modifier la teneur en
eau, d'augmenter l’affaissement / l’étalement.
Permet de réduire fortement la teneur en eau du béton
Superplastifiants/haut réducteurs
SPHRE donné, ou, sans modifier la teneur en eau, d'augmenter
d'eau
considérablement l’affaissement/l’étalement.
Rétenteur d'eau RETE Diminue la teneur en air à la surface du béton frais.
Permet d'entraîner, à l'intérieur du béton, des micro-
bulles d'air parfaitement réparties qui serviront de vase
Entraîneur d'air EA
d'expansion dans le béton durci, d'améliorer la durabilité
du béton soumis à l'action du gel.
Accélérateur de prise AP Permet de diminuer le temps de début de prise du béton.
Augmente la vitesse de développement des résistances
Accélérateur de durcissement AD initiales du béton, avec ou sans modification du temps
de prise.
Retardateur de prise RP Augmente le temps de début de prise du béton.
Limite la pénétration de l’eau dans les pores et les
Hydrofuge de masse HM capillaires du béton, sans altérer ses qualités plastiques
et esthétiques.
Plastifiants/réducteurs d'eau/
PREAP Combine PRE et AP.
accélérateur de prise
Plastifiants/réducteurs d'eau/
PRERP Combine PRE et RP.
retardateur de prise
Superplastifiants/haut réducteurs
SPHRERP Combine SPHRE et RP.
d'eau/retardateur e prise
Limite la ségrégation par amélioration de la cohésion du
Modificateur de viscosité MV
béton.

La quantité dosée, en pourcentage en masse du ciment, se situe normalement


entre 0.2 et 2 % en masse. Il est impératif de se reporter aux fiches techniques des
fournisseurs avant usage.
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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

2. 5 ADDITIONS

Les additions sont des produits minéraux sous forme de poudre


fine qui améliorent les propriétés de durabilité du béton et qui
peuvent se substituer au ciment au travers du concept de liant
efficace.

Exemples d’additions utilisées en Nouvelle-Calédonie :

- Contribuent à améliorer l’ouvrabilité du béton frais.


- Les bétons à cendres volantes montrent, en accord avec
leur réaction lente, un développement réduit de chaleur
Cendres volantes d’hydratation et de résistance à la compression.
- Les cendres volantes produites actuellement sur le territoire
ne peuvent cependant pas être utilisés dans les bétons pour
des questions de qualité.
- Augmente la cohésion, le caractère collant et le pouvoir
de rétention d’eau du béton frais, donc pas de ségrégation.
- Réduit les rebonds du béton projeté.
Fumée de silice
- Diminue de manière importante la porosité du béton,
donc améliore notablement la durabilité : résistance accrue
aux sulfates ainsi qu’aux agents chimiques agressifs.

Les fibres Améliore la résistance à la traction.

Les pigments Modifie la teinte du béton.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3. RÔLES ET RESPONSABILITÉ DES ACTEURS


DE LA FILIÈRE BÉTON
Les textes normatifs définissent clairement les rôles et
missions de chacun dans la réalisation des ouvrages
en béton. L’objectif de cette partie est de les présenter.

Introduction de la NF EN 206/CN : Béton - Spécification - Production et


Conformité

Le béton dans la structure est présumé satisfaire aux exigences de durabilité pour l’utilisation
prévue dans les conditions d’environnement spécifiques dans la mesure où :
- il est conforme aux valeurs limites spécifiées (producteur) ;
- les classes d’exposition ont été correctement sélectionnées (maitrise d’ouvrage/ maitrise
d’œuvre) ;
- l’épaisseur du béton est au moins égale à l’épaisseur d’enrobage des armatures requise
pour les conditions d’environnement spécifiques (maitrise d’œuvre/contrôle technique/
entreprise) ;
- le béton est correctement mis en place, serré et soumis à une cure (entrepreneur) ;
- la maintenance appropriée est réalisée (maître d’ouvrage).

21
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3.1 MAÎTRE D’OUVRAGE

Le maître d’ouvrage est la personne morale ou physique pour


laquelle l’ouvrage est construit.

Il doit s’être assuré de la faisabilité et de l’opportunité de


l’opération envisagée, déterminer la localisation, définir le
programme, arrêter l’enveloppe financière prévisionnelle, assurer
le financement et choisir le processus selon lequel l’ouvrage sera
réalisé.

Le programme contient les objectifs de l’opération et les besoins


qu’elle doit satisfaire ainsi que les contraintes et exigences
de qualité sociale, urbanistique, architecturale, fonctionnelle,
technique et économique, d’insertion dans le paysage et de
protection de l’environnement, relatives à la réalisation et à
l’utilisation de l’ouvrage.

Concernant les bétons, le programme doit en particulier préciser :


- la durée d’utilisation du projet ;
- les conditions d’entretien de l’ouvrage ;
- la classe d’exposition retenue pour l’ouvrage ;
- les exigences architecturales spécifiques.

Il aura, par ailleurs, au regard des décisions qu’il prendra


sur le choix de sa maîtrise d’œuvre, de l’entrepreneur et de
l’organisation du contrôle, une influence directe sur la qualité
de construction de son ouvrage.

22
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3.2 MAÎTRE D’ŒUVRE

Le maître d’œuvre est chargé d’apporter une réponse


architecturale, technique et économique au programme. À ce
titre, il conçoit l’ouvrage et s’assure, lors de l’exécution, du
respect des études qu’il a effectuées.

Le maître d’œuvre doit assister et conseiller le maître d’ouvrage


et à ce titre, il doit conseiller le maître d’ouvrage sur ses choix
en termes de durabilité et d’impact financier. En fonction des
missions qui lui sont confiées, il peut :
- dimensionner les ouvrages en terme structurel et de manière à
en assurer la durabilité ;
- assurer la conduite et le contrôle des travaux ;
- assister le maître d’ouvrage dans les opérations préalables à la
réception des travaux.

Il propose un mode de réalisation des travaux conforme à la


classe de l’ouvrage (NF EN 13670/CN) et rédige les marchés
de travaux en référence aux NF DTU et fascicules du CCTG en
vigueur. Il valide les études d’exécution et procède à la levée des
points d’arrêt.

Concernant les bétons, il doit traduire les exigences de durabilité,


esthétiques et structurelles en terme de caractéristiques
techniques afin que les entreprises et producteurs de béton
puissent chiffrer et mettre en œuvre un béton conforme aux
exigences du maître d’ouvrage.

23
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3.3 CONTRÔLEUR TECHNIQUE

Le contrôleur technique a pour mission de contribuer à la


prévention des différents aléas techniques susceptibles d’être
rencontrés dans la réalisation de l’ouvrage. Il peut aussi être
demandé par les assurances ou les banques.

Le contrôle technique est obligatoire pour les ouvrages suivants. Source :


délibération n°65 du 18 février 2020 relative au contrôle technique de la
construction en Nouvelle-:

Etablissement recevant du public.

Immeuble de plus de 28 m.

Bâtiment d’habitation de plus de 4 étages.

Bâtiment autres qu’à usage industriel comportant des éléments de portée supérieure à 20 m ou des
poutres ou des arc de portée supérieure à 40 m de profondeur ou comportant, par rapport au sol, des
parties enterrés de profondeur supérieur à 15 m ou des fondations de profondeur supérieur à 30 m ou
nécessitant des reprises en sous-œuvre ou des travaux de soutènement d’ouvrages voisins sur une
hauteur supérieure à 5 m.

Eolienne dont la hauteur du mat est supérieure à 12 m.

Les missions obligatoires du contrôle technique.


Source : loi de pays n°2020-5 du 20 janvier 2020
relative à l’expertise en assurance construction
et au contrôle technique :

- sur la solidité des ouvrages de viabilité, de fondation,


d’ossature, de clos et de couvert et des éléments
d’équipement qui font indissociablement corps avec ces
ouvrages,
- sur les conditions de sécurité des personnes dans les
constructions.

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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

Les missions optionnelles non obligatoire


du contrôle technique selon la norme
(NF P 03-100) :

- sécurité des personnes dans les constructions en cas de


séisme
- solidité des éléments d’équipement non indissociablement
liés
- fonctionnement des installations
- isolation acoustique des bâtiments
- isolation thermique et aux économies d’énergie
- accessibilité des constructions pour les personnes
handicapées
- transport des brancards dans les constructions
- solidité des existants
- stabilité des avoisinants
- gestion technique du bâtiment
- environnement
- hygiène et à la santé dans les bâtiments
- Coordination des missions de contrôle

IL APPARTIENT DONC AU MAÎTRE D’OUVRAGE, AU-DELÀ DES EXIGENCES


RÉGLEMENTAIRES, DE PRÉCISER SON ATTENTE ENVERS LE CONTRÔLE
TECHNIQUE.
Ces contrôles ne se substituent pas à ceux qui relèvent de la mission de
maitrise d’œuvre et des essais de contrôles.

25
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3.4 LABORATOIRE D’ESSAIS ET DE CONTRÔLE

On distingue plusieurs niveaux de contrôle :

Contrôle interne
Autocontrôle - contrôle par l’exécutant de ses propres taches.
Contrôle Intérieur
Contrôle externe
Réalisé pour l’entreprise
Surveillance et assistance du contrôle interne, indépendant
de la chaine de production - ou laboratoire indépendant de
l’entreprise qu’il contrôle.
- Vérifie que l’organisation du contrôle intérieur est conforme
aux exigences du contrat.
Contrôle extérieur
- Surveille l’application et l’efficacité du contrôle intérieur.
Réalisé pour la maitrise
- Contrôle directement certains point clefs du marché par des
d’ouvrage en relation avec la
essais.
maitrise d’œuvre
- Effectue les contrôles supplémentaires en cas de doute ou de
non-conformité.

Les exigences de contrôles sont choisies en fonction


de la nature du projet, des entreprises retenues, de
la technologie employée, de la sensibilité du projet et
de la volonté du maître d’ouvrage. Ainsi, par exemple,
l’utilisation d’un béton certifié NF et produit en centrale
nécessite moins de contrôle de production qu’un béton
produit sur chantier.

La norme NF EN 13670/CN, le DTU 21 et les fascicules


du CCTG donnent des éléments de choix sur les modes
de contrôle.

26
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS

3.5 PRODUCTEUR DE BÉTON

Le producteur de béton doit livrer sur le chantier un béton


conforme aux exigences du béton qui lui a été commandé.
Il s’engage :
- sur un béton ayant des propriétés spécifiées (BPS) dont
les critères sont la résistance et l’ouvrabilité, la classe
d’exposition, le délai de mise en œuvre, etc... ;
- ou sur un béton ayant une composition prescrite (BCP) par
l’utilisateur.

Le producteur peut être l’entrepreneur. Le béton devra


cependant être produit en respectant les dispositions
de la norme NF EN 206/CN.

3.6 ENTREPRENEUR

L’entrepreneur est toujours le prescripteur final. Il définit dans


sa commande la classe de consistance en cohérence avec
les méthodes de mise en œuvre.
En charge de la réalisation de l’ouvrage, il commande ou
réalise un béton conforme aux exigences du marché et le
cas échéant aux études d’exécution. Il doit prévoir le matériel
nécessaire pour la mise en œuvre du béton, réaliser le
coulage et assurer la cure du béton.

27
LA MAÎTRISE D’OUVRAGE
& LA MAÎTRISE D’ŒUVRE
1. EN PHASE DE CONCEPTION

1.1 Dimensionnement de l’ouvrage


1.2 Durée d’utilisation du projet

& MAÎTRE D’OEUVRE


1.3 Classes d’exposition

MAÎTRE D’OUVRAGE
1.4 Choix des parements
1.5 Maîtrise de la fissuration
1.6 Contrôle qualité
1.7 Contrôle technique

2. EN PHASE D’ÉXÉCUTION

2.1 Cahier des Clauses Techniques


Particulières (CCTP)
2.2 Préparation du dossier technique béton
2.3 Suivi du chantier
2.4 Réception du chantier
2.5 Contrôle technique
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

LA MAÎTRISE D’OUVRAGE
& LA MAÎTRISE D’ŒUVRE
Cette partie a pour objectif de présenter les points sur
lesquels le maître d’ouvrage, avec l’aide de son maître
d’œuvre, doit apporter des réponses pour assurer
la durabilité de l’ouvrage en béton qu’ils souhaitent
construire.

31
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Une validation du maître d’ouvrage est bien souvent nécessaire


sur les éléments qui ont une incidence directe sur la durabilité et
sur le coût de l’ouvrage ; à savoir :

La durabilité de l’ouvrage caractérise sa capacité à


conserver les fonctions d’usage pour lesquelles il a été
conçu et à maintenir son niveau de fiabilité et son aspect
esthétique dans ses conditions d’environnement, avec
des frais de maintenance et d’entretien aussi réduits que
possible (source Infociments).

- le référentiel de calcul et de justification des structures : il est


préconisé de retenir les Eurocodes qui introduisent des notions
de durabilité dans les calculs de structure ;
- la durée d’utilisation recommandée du projet : la durée
d’utilisation de l’ouvrage est un paramètre important du
dimensionnement. Il est préconisé de retenir 50 ans pour les
bâtiments et 100 ans pour les ouvrages de génie civil ;
- les classes d’exposition : ce paramètre a un impact direct
sur la durabilité de l’ouvrage. Une grande majorité des sinistres
proviennent de béton fabriqué avec des caractéristiques qui
ne leur permettent pas de résister à leur environnement. C’est
particulièrement le cas des bétons exposés aux embruns
(ouvrage situé à moins d’1 km du littoral ou à moins de 5 km
dans certain cas particulièrement exposé). A noter que la
classe d’exposition telle que définie dans les eurocodes tient
compte des types de fissurations identifiées comme non
préjudiciables ;

Les revêtements de protection ne doivent pas être pris en compte pour la détermination
des classes d’exposition. Ils ne permettent pas, par exemple, de protéger les bétons des
effets des chlorures et du gaz carbonique responsables de la corrosion des aciers dans
le béton armé. Ceci permet de garantir la pérennité des ouvrages, quelles que soient leur
nature, leur destination, ou leur exposition, même en cas de défaillance dans l’entretien ou
la réfection des revêtements de protection.

32
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

- la maîtrise de la fissuration : les fissures peuvent être admises


si elles restent d’ordre esthétique, et dans une certaine limite.
Selon l’Eurocode 2, la norme de conception des structures
en béton armé, « la fissuration doit être limitée pour ne pas
porter préjudice au bon fonctionnement ou à la durabilité de la
structure ni rendre son aspect inacceptable. » ;

Les interfaces entre les travaux du lot gros-œuvre et des autres


corps d’état doivent être clairement définies. En particulier, le
choix du parement du béton doit être défini afin de permettre
de retenir la bonne technique et une formulation du béton en
adéquation avec les objectifs recherchés.

- le contrôle qualité : il doit être cohérent avec la taille du projet


et le niveau de risque que s’autorise le maître d’ouvrage. Ce
contrôle qualité passe par différents outils comme imposer
l’utilisation de produits certifiés NF (béton), le recours à un
contrôle extérieur et à un bureau de contrôle.

Ces différents points doivent être contractualisés dans les


différents marchés de travaux et précisés dans les Cahiers des
Clauses Techniques Particulières (CCTP).

Les prescriptions de la maîtrise d’œuvre et ses observations


effectuées de la phase de préparation jusqu’à la réception de
l’ouvrage, après examen des ouvrages et des justificatifs à fournir
par les entrepreneurs chargés de l’exécution des travaux, doivent
permettre de garantir au maître d’ouvrage que la qualité du béton
est conforme aux exigences du CCTP1.

Il est préférable que le maître d’ouvrage confie des missions assez complètes à la maitrise
d’œuvre. La loi n° 85-704 du 12 juillet 1985 dite « M.O.P. » relative à la maîtrise d’ouvrage
publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée est considérée comme la référence
sur la définition et le contenu des missions qui peuvent être confiées en maîtrise d’œuvre.

1
Dans la limite des missions normalisées confiées au maître d’œuvre par le maître d’ouvrage.

33
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1. EN PHASE CONCEPTION
1.1 DIMENSIONNEMENT DE L’OUVRAGE

La destination des locaux et les usages doivent être définis


précisément par le maître d’ouvrage afin que les réponses
adéquates puissent être apportées par la maîtrise d’œuvre.

Le dimensionnement de l’ouvrage est établi selon les règles


définies par les Eurocodes qui sont des normes européennes
de conception et de calcul des bâtiments et des structures de
génie civil. Les Eurocodes intègrent, pour le dimensionnement
des ouvrages, des spécifications liées à la durée d’utilisation
de l’ouvrage, son exposition aux contraintes environnementales,
à l’utilisation du bâtiment qui peuvent avoir une incidence plus
importante sur les exigences en qualité de béton que le simple
calcul structurel.
Liens entre les Eurocodes

En 1990 Eurocode 0 Sécurité structurale, aptitude


Bases de calcul au service, durabilité et robustesse

En 1991 Eurocode 1
Actions et charges sur les structures
Actions

En 1992 En 1993 En 1994


Eurocode 2 Eurocode 3 Eurocode 4 Conception,
Béton Acier Acier-béton dimensionnement
et dispositions
constructives :
En 1995 En 1996 En 1997 règle de calcul pour
Eurocode 5 Eurocode 6 Eurocode 7 différents matériaux
Bois Maçonnerie Aluminium

En 1997 En 1998
Eurocode 7 Eurocode 8 Calcul géotechnique et sismique
Géotechnique Séisme

34
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Histoire des Eurocodes

1971 : directive Marchés publics de travaux


1976 : lancement des premiers Eurocodes
1980 : mise à l’enquête des Eurocodes
1989 : directive Produits de Construction
1991-1998 : publication des ENV (normes provisoires)
1998 : début de la transformation des ENV en EN
2005 : achèvement du programme des Eurocodes
2004-2007 : publication des Eurocodes en France et de leurs annexes nationales
mars 2010 : fin des normes nationales en contradiction avec les Eurocodes
(marchés publics seulement ; période de transition pour les marchés privés)

L’approbation des Eurocodes a rendu caduque les


anciennes règles de dimensionnement. (Ex. : passage
du BAEL à l’Eurocode 2).

35
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.2 DURÉE D’UTILISATION DU PROJET

La durée d’utilisation du projet est une donnée qui aura


notamment une incidence dans le dimensionnement des
enrobages des armatures. La norme NF EN 1990 recommande
les durées indicatives suivantes :

Durée indicative
Exemples
d’utilisation du projet

10 ans Structures provisoires


Éléments structuraux remplaçables,
10 à 25 ans
par exemple poutres de roulement, appareils d’appui
15 à 30 ans Structures agricoles et similaires
50 ans Structures de bâtiments et autres structures courantes
Structures monumentales de bâtiments, ponts,
100 ans
et autres ouvrages de génie civil
Tableau : Durées d’utilisation indicatives des projets
selon la norme NF En 1990

36
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.3 CLASSES D’EXPOSITION

Les classes d’exposition permettent de prescrire des produits en


béton adaptés aux agressions environnementales auxquelles ils
sont soumis. Elles représentent les effets dus à l’environnement
auxquels le béton de l’ouvrage ou de chaque partie d’ouvrage, et
les armatures vont être exposés pendant la durée d’utilisation
de la structure. Les classes d’exposition sont déterminées en
application de l’Eurocode 2, de la norme NF EN 206/CN et
du fascicule 65 du CCTG (pour les ouvrages de Génie Civil).
En règle générale, les classes d’exposition sont déterminées
indépendamment des revêtements, enduits ou protections
superficielles qui peuvent être mises en place.

On distingue plusieurs classes d’exposition (les chiffres


indiquent le niveau d’agressivité : 1 étant le plus faible) :

Désignation
Type d’agression
de classe

X0 Aucun risque d’exposition ou d’attaque


XC1 à 4 Corrosion des armatures par carbonatation
XD1 à 3 RISQUES Corrosion par les chlorures autres que ceux d’origine marine
XS1 à 3 DE CORROSION Corrosion par les chlorures présents dans l’eau de mer
XF1 à 4 Attaque par le gel/dégel avec ou sans agent de déverglaçage
XA1 à 3 Attaque chimique

Et des attaques endogènes


XAR1 à 3 Risque vis-à-vis de l’alcali réaction (FD P18-464)
ATTAQUES Risque vis-à-vis de la réaction sulfatique interne (guide IFSTTAR,
XH1 à 3
2017)

37
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Chaque béton d’une partie d’ouvrage peut être soumis


simultanément à plusieurs agressions environnementales.
Il convient donc, pour chaque partie d’ouvrage, de
déterminer les classes d’exposition à considérer.

Cette démarche peut être décomposée en cinq étapes (Source


Infociments) :

- Etape 1 : prise en compte des conditions climatiques


- Etape 2 : prise en compte de la localisation géographique de
l’ouvrage par rapport à la mer.
- Etape 3 : prise en compte de l’exposition du béton à l’air et à
l’humidité.
- Etape 4 : prise en compte de l’action des chlorures d’origine
autre que marine.
- Etape 5 : prise en compte du contact avec le sol et des eaux de
surface ou souterraines.

38
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Synoptique pour la détermination des classes d’exposition

ACTIONS ENVIRONNEMENTALES CLASSES D’EXPOSITION

Attaques gel/dégel
Prise en compte
avec ou sans agents de
des conditions climatiques
déverglaçage XF1, XF2, XF3, XF4

Prise en compte de la localisation Corrosion induite


géographique de l’ouvrage par par les chlorures présents
rapport à la mer dans l’eau de mer XS1, XS2, XS3

Prise en compte de l’exposition Corrosion induite


du béton à l’air et à l’humidité par carbonation XC1, XC2, XC3

Prise en compte de l’action Corrosion induite par


des chlorures d’origine les chlorures ayant une origine
autre que marine autre que marine XD1, XD2, XD3

Prise en compte du contact


Attaques chimiques
avec le sol et des eaux
XA1, XA2, XA3
de surfaces souterraines

Les documents suivants peuvent être consultés pour permettre


de déterminer les classes d’exposition des différents ouvrages :
- les classes d’exposition - aide à la prescription - recommandation
professionnelles - CERIB ;
- aide au choix des classes d’exposition pour les ouvrages
d’art - EFB.

39
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Les classes d’exposition des bétons constituent l’un des


principaux éléments de dimensionnement et peut avoir une
incidence importante sur la résistance mécanique du béton
en allant au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour le
dimensionnement mécanique.

En Nouvelle-Calédonie, il s’agira de distinguer l’exposition


d’une façade de bâtiment selon qu’elle se trouve en bord de
mer ou en front de mer :

Façade de bâtiment en bord de mer,


Classe exposition XS1
(Zone située à moins de 1 000 m de la coté
=> Eeff/liant<0.55 - Classe de résistance
et jusqu’à s’étendre à 5 000 m
minimale C30/37 - nature du ciment PM
en fonction de la topographie)

Façade de bâtiment en front de mer, Classe exposition XS3


(Zone située à moins de 100 m de la côte => Eeff/liant<0.5 - Classe de résistance
et jusqu’à 500 m en fonction de la topographie) minimale C35/45 - nature du ciment PM

Tableau : Exemples d’agressions environnementales


rencontrées en Nouvelle-Calédonie selon l’Eurocode 2

40
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.4 CHOIX DES PAREMENTS

L’état et les tolérances géométriques des surfaces des bétons


a un impact important sur les travaux ultérieurs. La maîtrise
d’œuvre doit donc définir très précisément son attente en matière
de parements des bétons.

En l’état, le béton ne constitue pas un état de surface


fini prêt à peindre.

Le maître d’ouvrage doit définir également ses attentes pour


l’ouvrage fini, y compris protections et revêtements, afin que
les préconisations d’usage en fonction des parements normatifs
soient clairement identifiées.
En l’absence de précisions dans les DPM (Documents Particuliers
du Marché de travaux), les DTU prévoient en effet des finitions
à retenir.

L’état de surface et les parements de béton sont définis à partir


de trois paramètres principaux, tels que stipulé par le document
de référence sur le sujet, le fascicule de documentation
FD P 18-503 - Surfaces et parements de béton - Éléments
d’identification - :

- P pour la planéité ;
- E(x,y,z) pour le bullage : avec x - bullage moyen ;
y - bullage concentré ; z - défaut localisé ;
- T pour la teinte.

41
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Les tableaux ci-dessous présentent les exigences du DTU 21 pour d’une part les parements
des parois latérales et sous faces, et d’autre part les parements des dalles et planchers :

Les parois latérales et sous faces :


Planéité P
Type Classement
Texture E Ensemble Locale Préconisation d’usage
de parement FD 18-503
(règle à (régle de
2 m) 0.2 m)
Parois de locaux utilitaires
pour lesquels une finition
ordinaire n’est pas nécessaire
aux parois destinées, soit à
Elémentaire P(0) E(0,0,0) Pas de spécification Pas de spécification recevoir une finition rapportée
non directement appliquée sur
le support soit à être masquées
par une cloison de doublage
indépendante de ces parois.
Bullage moyen :
surface maximale par
bulle 3 cm², profondeur
Emplois ci-dessus lorsque la
5 mm, et surface du
paroi est destinée à recevoir un
Ordinaire P(1) E(1,1,0) bullage 10 %. 15 mm 6 mm
enduit de parement traditionnel
Bullage concentré :
épais.
pourcentage maximal
de la surface concernée
25 %.
Exigence parement Ouvrages susceptibles de re-
ordinaire +. cevoir des finitions classiques
Défauts localisés : de papiers peints ou peintures
surface en cm² (finition B) moyennant un rebou-
Courant P(2) E(1,1,1) 7 mm 2 mm
résultant du produit chage préalable et l’application
d’un coefficient Z d’un enduit garnissant non à la
par une distance charge de l’entreprise de gros
d’observation - 5. œuvre.
Mêmes usages que le parement
Bullage moyen :
courant mais sa meilleure finition
surface maximale
(finition A en peinture) permet de
par bulle 0,3 cm²,
limiter les travaux ultérieurs de
profondeur 2 mm,
revêtement éventuel et n’exige
et surface du bullage 2 %
Soigné P(3) E(2,2,2) 5 mm 2 mm qu’une moindre préparation.
Bullage concentré :
Parement extérieur des ouvrages
pourcentage maximal
exposés à la pluie, lorsqu’il est
de la surface concernée
destiné à rester brut ou à être
10 %
revêtu d’une peinture ou d’un
Défauts localisés : 4
carrelage collé.

42
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

- en l’absence de précisions dans les DPM le parement ordinaire sera retenu ;


- pour un parement P3, et une finition A en peinture, l’enduit de peintre, repassé
ou non-repassé, reste la plupart du temps obligatoire. A défaut les DPM peuvent
prévoir un parement dit « P4 », « soigné fin » ou « soigné ouvragé » et définir
précisément les prestations dans les DPM ;
- pour les bétons dits « architectoniques », (béton architectural, esthétique, lisse
ou structuré, destiné à rester apparent) les DPM doivent préciser les attentes de
la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre.

Les dalles et planchers


Planéité locale
Etat Planéité d’ensemble
(réglet) de 0.2 m Préconisation d’usage
de surface (règle à 2 m)
- hors joints
Brut de règle 15 mm Pas de spécification
Support destiné à recevoir un revêtement dit
non « sensible à la planéité » et non « adhérent »
Surfacé 10 mm 3 mm
comme les parquets à coller, à pose flottante ou
les chapes adhérentes.
Support destiné à recevoir un revêtement dit
« sensible à la planéité », comme les revête-
Lissé 7 mm 2 mm
ments de sols en PVC, les chapes et dalles flot-
tantes ou encore les carreaux céramiques.

- en l’absence de précisions dans les DPM le parement surfacé sera retenu.


- pour les bétons destinés à recevoir un revêtement mince (ex : peinture de sol),
ou une protection mince (ex : étanchéité liquide), une finition lissée supérieure (à
l’hélicoptère par exemple) reste la plupart du temps obligatoire.
- pour les bétons dits « architectoniques », (béton architectural, esthétique, lisse ou
structuré, destiné à rester apparent) les DPM doivent préciser les attentes de la
maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre.

43
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.5 MAÎTRISE DE LA FISSURATION

Il existe deux causes principales de fissuration :

- celle liée au retrait pendant la prise qui doit être maitrisée par
une cure adaptée ;

- celle attendue et normale, liée aux sollicitations de la structure :


- au jeune âge, lorsque le béton n’a pas encore atteint la
résistance attendue : cette fissuration est maîtrisée par
des dispositions constructives pendant la réalisation ;
- aux efforts tranchants, aux efforts de flexion pendant la
durée de vie de l’ouvrage (cette fissuration doit être
limitée par un bon dimensionnement de l’ouvrage).

44
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

A chaque classe d’exposition correspond une valeur


d’ouverture maximale de la fissuration (Wmax) :

Eléments en béton armé


Elément en béton précontraint
ou béton précontraint sans
avec armatures adhérentes
armature adhérente
Classe d’exposition
Combinaison Combinaison fréquence de
quasi-permanente de charge charges

X0, XC1 0.40 mm 0.20 mm


XC2 ; XC3 ; XC4 0.30 mm 0.20 mm
Décompression : le béton,
situé à moins de 25 mm
XD1 à XD3 des armatures adhérentes de
0.20 mm
XS1 à XS3 précontrainte ou de leurs gaines,
est comprimé sous combinaison
de charges spécifiées
Tableau : valeurs recommandées de Wmax (mm)
ouverture des fissures en fonction de la classe d’exposition
selon la NF de la norme NF EN 1992-1-1 - Eurocode 2

Pour limiter la fissuration, l’Eurocode 2 indique aussi le diamètre


maximal des armatures, et leur espacement maximal. Des
exigences complémentaires liées à l’étanchéité ou des classes
d’expositions non citées ci-dessus peuvent conduire à imposer
des fissurations plus faibles (à traiter au cas par cas selon
l’ouvrage).

45
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.6 CONTRÔLE QUALITÉ

Il appartient à la maîtrise d’ouvrage d’avoir des exigences en


matière de contrôle de la qualité et de missionner les prestataires
compétents pour le contrôle de l’exécution des travaux sur les
chantiers.
Le contrôle qualité s’appuie sur deux contrôles :
- le contrôle qualité interne à l’entreprise qui doit garantir
l’exécution des prestations dans le respect des normes et des
règles de l’art, c’est une de ses responsabilités contractuelles ;
- le contrôle qualité externe à l’entreprise, défini par les contrats
de prestations entre le maître d’ouvrage d’une part et la maîtrise
d’œuvre / contrôleurs techniques d’autre part.
La maîtrise d’œuvre définit la qualité en vue de l’exécution des
travaux, c’est-à-dire l’ensemble des caractéristiques techniques
et spécifiques de l’ouvrage à partir de la phase du D.C.E (Dossier
de Consultation des Entreprises), si cette mission lui est confiée.
Le maître d’œuvre peut également exercer des contrôles en
phase d’exécution des travaux si d’autres missions normalisées
lui sont confiées : VISA, SYNTHESE, DIRECTION D’EXECUTION
DES TRAVAUX...
En conséquence le contrôle de la maîtrise d’œuvre sera fonction
des missions qui lui sont confiées par le maître d’ouvrage.

Le contrôle de la maîtrise d’œuvre est distinct de la mission


du contrôleur technique et vice-versa.

La norme NF EN 13670/CN relative à l’exécution des structures


en béton, définit trois classes d’exécution qui correspondent
aux niveaux de fiabilité tels que définis dans la norme NF EN
1990 : Eurocode – Base du calcul de structure. Ces classes
d’exécutions sont reprises dans le DTU 21 sous forme de
catégories d’ouvrages.

Elles donnent des indications sur le niveau d’organisation qui


doit être mis en œuvre sur un chantier :

46
Classes
d’exécution selon Description selon Classements dans les Exemple selon
Exemple selon DTU 21
la norme NF EN NF EN 1990 différents textes de référence NF EN 1990
13670/CN
Conséquence faible Classe de conséquence 1
en termes de perte selon NF EN 1990
Chantier de petite importance comportant
de vie humaine, Bâtiments agricoles
aux plus deux étages sur rez-de-chaussée
et conséquences normalement inoccupés
1 et un sous-sol ; cette catégorie concerne
économiques, sociales (par exemple, bâtiments
Catégorie A selon DTU 21 en particulier les maisons individuelles isolées
ou d’environnement de stockage, serres).
ou jumelées, construites en faible nombre.
faibles ou
négligeables.
Conséquence Classe de conséquence 2 Bâtiments résidentiels
moyenne en termes de selon NF EN 1990 et de bureaux, Bâtiments d’au plus 16 niveaux,

47
perte de vie humaine, bâtiments publics où un ensemble pavillonnaire important
2 conséquences les conséquences de ou une construction industrielle courante.
économiques, sociales Catégorie B selon DTU 21 la défaillance seraient La quantité de béton mise en œuvre
ou d’environnement moyennes (par exemple n’y excède pas 5 000 mètres cubes.
considérables. bâtiment de bureaux).
Conséquence élevée Classe de conséquence 3 selon Tribunes, bâtiments
en termes de perte NF EN 1990 publics où les Les immeubles de plus de 16 niveaux, les
de vie humaine,
conséquences de la entrepôts industriels ou commerciaux à fortes
3 ou conséquences
défaillance seraient charges ou à trafic intense ainsi que les
économiques, sociales Catégorie C selon DTU 21 élevées (par exemple complexes sportifs de grandes dimensions.
ou environnementales
salle de concert).
très importantes.
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Ces classes d’exécution imposent des exigences plus ou moins


importantes en termes d’organisation du contrôle de la qualité
au sein de l’entreprise, notamment pour définir les fréquences
et la nature des contrôles. Le tableau ci-dessous présente les
exigences du DTU 21 en termes de contrôles des ouvrages en
béton :

Béton à propriété
Contrôle Béton à composition prescrite
spécifié NF
Pas de contrôle si les résistances 1 prélèvement
sont limitées à 16 MPa pour un béton en début du lot
Classe
Contrôle interne dosé à 350 kg/m3 et 20 MPa + 2 prélèvements
d’exécution 1
pour un béton dosé à 400 kg/m3 par lot.
Sinon cf. classe d’exécution n°2
Volume du lot Avec :
Classe Contrôle interne
< 250 m3 et durée
d’exécution 2 + externe 1 prélèvement au Lot : 500 m3
< 1 mois
début du lot et durée < 1 mois
Contrôle interne + 2 prélèvements Volume du lot
Classe par lot Lot : 1000 m3
+ externe < 150 m3 et durée
d’exécution 3 et durée < 1 mois
+ extérieur < 1 mois
si béton certifié.

Pour les ouvrages d’art, le fascicule 65 du cahier des clauses


techniques générales (CCTG) prévoit :

- trois prélèvements pour un lot de béton d’un volume inférieur


à 100 m3 ;
- trois, plus un par tranche de 100 m3 supplémentaires ou
fraction restante.

Ce contrôle ne doit pas être confondu avec le contrôle


technique.

48
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

1.7 CONTRÔLE TECHNIQUE :

En phase conception, le contrôle technique procèdera à l’examen


critique des dispositions techniques du projet et donnera son avis
au maître d’ouvrage. Cet avis ne portera que sur les ouvrages
et les missions qui lui ont été confiés. Il s’assure notamment
que les vérifications techniques qui incombent à chacun des
constructeurs s’effectuent de manière satisfaisante.

Le bureau de contrôle doit vérifier matériellement, que les travaux


sont exécutés selon les plans et conformément aux règles de
l’art. Il doit s’assurer notamment que les entreprises se livrent
aux contrôles nécessaires.

Il ne s’agit que d’un contrôle discontinu conformément à l’annexe


à la délibération n° 65 du 18 février 2020 relative au contrôle
technique de la construction en Nouvelle-Calédonie.

Il est impératif que le contrôleur technique intervienne au


plus tôt dans la conception des ouvrages (en phase APS/
APD).
La mission du contrôle technique n’est pas une mission
de maîtrise d’œuvre et ne se substitue pas à elle en
matière de suivi et contrôle des travaux. Et vice-versa.

49
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

50
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

2. EN PHASE D’EXÉCUTION

2.1 CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIÈRES


(CCTP)

« Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) est un document contractuel


rédigé par le pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice regroupant l’ensemble des
clauses à caractère technique régissant le marché. Il peut en outre renvoyer à des plans,
des notices techniques ou des schémas. Le CCTP peut faire référence à des normes ou
documents généraux sans forcément les reproduire. »

Les CCTP doivent être rédigés de façon claire, précise, complète


et impartiale.

Pour les opérations liées au bétonnage, le CCTP doit à minima


préciser :
- la durée de vie de l’ouvrage ;
- les classes d’exécution de l’ouvrage et les exigences en termes
d’organisation des contrôles de qualité. C’est particulièrement
le cas pour les bétons fabriqués sur site ;
- les classes d’exposition à considérer en fonction de la durabilité
de l’ouvrage ;
- le rapport d’étude géotechnique de projet G2 DCE/ACT (au
sens du Tableau 1 de la NF P 94-500) accompagné de l’étude
hydrogéologique associée ;
- les exigences en termes de parement et de qualité de surface ;
- toute information relative à la mise en œuvre de béton telles que
les contraintes identifiées de phasage et de délais ;
- l’étude préliminaire et les conditions de classe de cure à prendre
en considération dans le cas de béton d’ingénierie ;
- les hypothèses nécessaires au calcul et au dimensionnement
de l’ouvrage.

51
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Le devoir de conseil : l’entreprise n’est pas tenue à


une révision de la conception dans un but de vérification
ou d’optimisation, néanmoins elle doit signaler les
dispositions de conception qui seraient contraires aux
normes, aux DTU et/ou aux règles de l’art.

52
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

2.2 PRÉPARATION DU DOSSIER TECHNIQUE BÉTON

Si des missions normalisées sont confiées au maître d’œuvre,


celui-ci pourra avoir la charge de la validation du dossier d’étude
des bétons, c’est-à-dire de s’assurer que celui-ci est conforme
aux documents du marché.

Le dossier d’exécution béton comprend :


- l’indication du type de béton : BPS, BPC, BPCN ;
- les preuves du respect des exigences de la NF EN 206/CN qui
seront considérées comme acquises pour les bétons certifiés NF.
Pour les bétons qui ne sont pas certifiés NF, il convient à charge
du producteur l’origine des matières premières, la formulation
des bétons et de procéder à des épreuves d’études et/ou de
convenance dans le cas d’absence de référence de la formule
utilisée ;
- la description des moyens de confection : en particulier pour la
confection des bétons sur site, pour lesquels l’entreprise doit
s’assurer que les moyens logistiques permettent une fabrication
dans des conditions de régularités suffisantes ;
- les moyens de mises en œuvre ou programme de bétonnage :
méthode mise en œuvre, matériel utilisé, temps maximal entre
la fabrication et la mise en œuvre ; les moyens de réglage et
de finition des surfaces non coffrées, les dispositions à prendre
pour lutter contre la fissuration du béton jeune, les moyens et
l’exécution de la cure, les conditions relatives aux parements,
etc ;
- les moyens de contrôles internes mis en place.

53
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

2.3 SUIVI DU CHANTIER

La direction d’exécution des travaux et le contrôle de la


conformité des travaux avec les plans d’exécution et les docu-
ments du marché sont de la responsabilité du maître d’œuvre,
si cette mission lui est confiée (DET, AOR)
Point d’arrêt : Point critique :
l’exécutant doit avoir l’exécutant doit pointer la vérification
l’autorisation du maitre d’œuvre d’une conformité, d’une exactitude,
pour poursuivre l’exécution d’une qualité pour poursuivre l’exécution

Pendant les différents stades du bétonnage, il est de la res-


ponsabilité de l’exécutant des travaux de réaliser, par un
contrôle interne, les contrôles suivants :
Point Point
Les contrôles
d’arrêt critique
Avant le bétonnage
Conformité du ferraillage (fourniture ; position) x
Coffrage (stabilité ; parement ; enrobage ; étanchéité) x
Préparation de la reprise de bétonnage
x
(rugosité ; propreté ; absence de laitance ; armature en attente)
Pendant le bétonnage
Réception du béton sur site (quantité ; conformité ; maniabilité) x
Pas d’ajout d’eau sur chantier x
Prélèvement de béton pour mesure des résistances x
Au décoffrage
Vérifier que la résistance est suffisante pour le décoffrage x
Absence de déformation excessive et de fissuration x
Cure x
Réception des parements x

54
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

Le maître d’œuvre doit effectuer un contrôle visuel, et en cas de doute sur la


conformité des ouvrages aux documents du marché ou aux règles de l’art, se faire
communiquer tous les justificatifs nécessaires à la charge de l’entreprise, afin
d’émettre une appréciation qualitative sur l’exécution des travaux.

2.4 RÉCEPTION DU CHANTIER

A l’issue des travaux, le maître d’œuvre doit valider le dossier


des ouvrages exécutés qui doit comprendre pour les ouvrages
en béton :
- les plans des coffrages et des ferraillages mis à jour ;
- l’ensemble des bons de livraison pour les bétons NF BPE (béton
prêt à l’emploi). Leur contrôle permet notamment de s’assurer
de la conformité des bétons livrés avec la commande, et
l’absence d’ajout d’eau à la mise en œuvre ;
- les contrôles de fabrication permettant de s’assurer de la
conformité des bétons fabriqués sur site, au sens de la NF EN
206/CN (contrôle des fournitures, contrôle des pesées...)
- les essais de résistance réalisés.

55
PARTIE 2 - LA MAÎTRISE D’OUVRAGE & LA MAÎTRISE D’ŒUVRE

2.5 CONTRÔLE TECHNIQUE

Pendant la période d’exécution des travaux, le contrôleur


technique s’assure notamment que les vérifications techniques
qui incombent à chacun des constructeurs s’effectuent de
manière satisfaisante.

Le bureau de contrôle doit en outre vérifier lui-même,


matériellement, que les travaux sont exécutés selon les plans
et conformément aux règles de l’art. Il doit s’assurer notamment
que les entreprises se livrent aux contrôles nécessaires.

Il ne s’agit que d’un contrôle discontinu, par voie de sondages et


de prélèvements. Dans cette phase, le bureau de contrôle :
- procède à l’examen des documents formalisant les résultats des
vérifications techniques effectuées par les constructeurs pour
les ouvrages et éléments d’équipement soumis au contrôle ;
- procède à l’examen visuel à l’occasion de visites ponctuelles
de chantier des ouvrages et éléments d’équipements soumis
au contrôle ;
- participe à des réunions de mises au point techniques.

La mission du contrôleur technique n’est pas une


mission de maitrise d’œuvre et ne se substitue pas à
elle en matière de suivi et contrôle des travaux.

56
L’ENTREPRISE
1. LA FABRICATION ET LA LIVRAISON DU BÉTON

1.1 Béton fabriqué par un producteur


1.2 Béton fabriqué sur chantier
1.3 Contenu des dossiers de suivi selon le béton

2. LA MISE EN ŒUVRE DU BÉTON

2.1 Conformité des coffrages


2.2 Conformité du ferraillage
2.3 Conformité du coulage du béton
2.4 Reprise de bétonnage
2.5 Cure
2.6 Décoffrage
2.7 Ragréage
2.8 Enduits de mortiers

3. LA RÉCEPTION DES OUVRAGES

L’ENTREPRISE
3.1 Contrôle de la conformité du béton à 28 jours
3.2 Caractéristiques des ouvrages

4. LES USAGES PARTICULIERS DU BÉTON

4.1 Préfabrication
4.2 Béton précontraint
4.3 Béton projeté
4.4 Béton extrudé
4.5 Béton fibré
4.6 Béton pour les chaussées
4.7 Bétonnage sous l’eau

ANNEXE : SYNTHÈSE DES INFORMATIONS REQUISES


POUR LA MISE EN ŒUVRE ET LE CONTRÔLE DES BÉTONS
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

L’ENTREPRISE
Le maître d’ouvrage et le concepteur fixent les
exigences
de qualité et de durabilité pour l’ouvrage à réaliser.

Le respect des prescriptions fixées nécessite des


dispositions spécifiques, à savoir :
- la définition de la destination du béton ;
- la fabrication du béton, qu’il soit livré par le producteur
ou réalisé sur chantier par l’entreprise ;
- la mise en œuvre du béton ;
- les phases de réception.

En ce qui concerne le béton, il faut distinguer :


- la conformité du béton en tant que matériau, qui est régie
par la NF EN 206/CN ;
- la conformité du béton dans l’ouvrage et la conformité
de l’ouvrage, qui sont régies par la NF EN 13670/CN,
par le NF DTU 21 et par les documents particuliers
du marché (DPM).Pour les ouvrages de génie civil, la
durée d’utilisation de projet étant de 100 ans, il faut
se référer au fascicule 65.

Ce chapitre répertorie un certain nombre de


recommandations pour respecter les dispositions
requises.

59
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

60
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

1. LA FABRICATION ET LA LIVRAISON DU BÉTON

Le béton doit être conforme à la NF EN 206/CN.

Le béton peut être :


- soit prêt à l’emploi livré sur le chantier à l’état frais par un
producteur ;
- soit fabriqué sur le chantier par l’utilisateur.

1.1 BÉTON FABRIQUÉ PAR UN PRODUCTEUR

Il est préférable de commander un béton produit par une centrale


certifiée NF et à propriétés spécifiées (BPS) sauf cas particulier.

Bien commander un béton

Pour toute commande de béton le client doit transmettre au


producteur les informations de base suivantes :
- date, heure et lieu de livraison ;
- quantité de béton à livrer ;
- conditions spéciales de circulation sur le chantier ou éventuelles
restrictions imposées aux véhicules de livraison (poids total
à charge, gabarit, etc... ) ;
- méthodes de mise en place (grue, pompe,...).

Le client commande un béton aux propriétés spécifiées qui


doivent être garanties par le producteur. Les spécifications
de base complétées par des caractéristiques supplémentaires
permettent d’adapter le béton au besoin de l’ouvrage à réaliser.

61
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Les spécifications de base pour commander un béton

- La classe d’exposition du béton qui permet d’adapter


la composition du béton aux conditions environnementales
auxquelles il sera soumis.
Les classes d’exposition doivent être précisées
à l’entreprise dans les pièces écrites du marché (CCTP)

- La classe de teneur en chlorures qui correspond à la teneur


maximale admissible en ions chlorure rapportée à la masse de
ciment :
Teneur maximale en ions
Utilisation du béton Classe de chlorure chlorure rapportée à la masse
de ciment
Ne contenant ni armature en
acier, ni pièces métalliques Cl 1.00 1%
noyées
Cl 0.65 (si béton formulé
Contenant des armatures en 0,65%
avec ciment CEM III)
acier, ou des pièces métalliques 0,40%
Cl 0.40 (autres bétons)
Contenant des armatures
Cl 0.2 0,20%
de précontrainte en acier
Tableau : classe de chlorures à respecter en fonction de l’utilisation
du béton selon la norme NF EN 206/CN

- Le Diamètre maximal des granulats (Dmax) qui est contraint


par l’espacement minimal entre les armatures (De) pour
permettre la mise en place et le compactage du béton. La
relation à respecter est Dmax < De - 5 mm (sauf ouvrage
spécifique). Pour les ouvrages de faible épaisseur type dalle,
Dmax inférieur à ¼ de l’épaisseur de la dalle est recommandé.

62
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

- La classe de consistance à la livraison du béton à respecter


pour garantir l’ouvrabilité du béton. Celle-ci se mesure par
un essai d’affaissement au cône d’Abrams (NF EN 12350-2)
ou par un essai d’étalement (NF EN 12350-8) en cas
d’utilisation de béton autoplaçant.

Le délai d’utilisation du béton n’est pas décrit dans


la norme béton NF EN 206/CN mais la pratique est un
délai total de 2h à ne pas dépasser entre le début de la
fabrication (premier contact eau ciment) et la fin de la mise
en œuvre.

Classe de Valeur au Cône


Exemple d’utilisation
consistance d’Abrams
Ouvrages en pente forte (Voirie : béton extrudé, béton
S1 10 à 40 mm
de chaussée, escaliers,...)

S2 50 à 90 mm Ouvrages en pente faible (descente de garage,...)

S3 100 à 150 mm Ouvrages courants sans pente (fondations, voiles,...)

Utilisé dans les structures verticales ou horizontales


(voiles avec forte densité d’armatures... ) Permet un bon
S4 160 à 210 mm
remplissage des coffrages mais ne doit pas être utilisé
en cas de pente supérieure à 2%.
Utilisé dans les structures très ferraillées ou
complexes (Voiles minces, poteaux élancés, dalle de
S5 >220 mm compression...) Sous réserve de respecter des critères
supplémentaires : bétons autoplaçants ou autonivelants
mis en œuvre sans vibration
Tableau : classe de consistance en fonction de l’utilisation
du béton selon la norme NF EN 206/CN

63
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

- La classe de résistance du béton à la compression.


Conventionnellement, le béton est classé selon sa résistance
en compression mesurée à 28 jours et exprimée en méga-
pascals (MPa)

Résistance
Résistance
Classe de résistance caractéristique
caractéristique
à la compression minimale sur
minimales sur cubes
cylindres
C8/10 8 10
C12/15 12 15
C16/20 16 20
C20/25 20 25
C25/30 25 30
C30/37 30 37
C35/45 35 45
C40/50 40 50
C45/55 45 55
C50/60 50 60
C55/67 55 67
C60/75 60 75
C70/85 70 85
C80/95 80 95
C90/105 90 105
C100/115 100 115
Tableau : classe de résistance à la compression
selon la norme NF EN 206/CN
C = « Concrete » (béton traditionnel)
C 25 / 30 Résistance en compression à 28 jours mesurée sur éprouvette cubique
Résistance en compression à 28 jours mesurée sur éprouvette cylindrique

64
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Classe de Type de béton (ordinaire/


résistance à la haute performance/très Exemples d’utilisation
compression haute performance)
C8/10
Béton non armé et non structurel
C12/15
C16/20 Béton de propreté (non armé)
Fondations légères (semelles filantes ou isolées)
C20/25 en sol non agressif
Voile intérieur
Dalles et planchers intérieurs
C25/30 Béton ordinaire Dallage
Voile extérieur
Piscines
C30/37
Béton à proximité de la côte (moins de 1 km)
Béton de chaussées, de parc de stationnement
Structures marines
C35/45
Béton en front de mer (moins de 100 m)
Environnement d’agressivité chimique modérée
C40/50 Environnement à forte agressivité chimique
C45/55
C50/60 Béton hautes performances
Eléments soumis à des efforts importants
C55/67
C60/75
C70/85
C80/95 Béton très hautes
Eléments soumis à des efforts très importants
C90/105 performances
C100/115
Tableau : type de béton et utilisation du béton en fonction de la classe de résistance à la compression

ATTENTION : Les conditions de mise en œuvre ont une très grande importance
dans la résistance du béton dans la structure. En particulier les ajouts d’eau et
une mauvaise vibration dégradent très fortement la qualité du béton.

65
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Les caractéristiques supplémentaires éventuelles

- La résistance au jeune âge pour une rotation des coulages plus


rapide, notamment pour les ouvrages préfabriqués.

- Le retard de prise par temps chaud pour avoir suffisamment


de temps pour la mise en œuvre avant la prise du béton
(bétonnage par temps chaud >25°C, transport du béton sur
de longues distances, pompage sur de longues distances...).
Dans ce cas, il faut informer la centrale des conditions de
coulage et des distances pour qu’elle puisse ajuster les
retardateurs de prise en fonction des besoins.
- La résistance à la traction ou la résistance à l’abrasion

- La pompabilité du béton pour une prise en compte des


contraintes liées au pompage du béton (diamètre des conduites,
longueurs, dénivellation, débit,...).
- Le dégagement de chaleur en cours d’hydratation pour
prendre en compte le risque de développement de pathologies
importantes dans le béton, par exemple lors du coulage de pièces
massives ou de bétons étuvés. Le risque de désordre est limité
par l’utilisation d’un béton qui, en cours d’hydratation, possède
un dégagement de chaleur plus faible. (ex: utilisation des ciments
CEM III de type LH).
- Les exigences particulières lorsqu’il s’agit d’ouvrages
spécifiques : elles peuvent être imposées par des normes
spécifiques applicables à certains ouvrages de fondation et/ou
de confortement (ajout d’hydrofuge dans le béton ou ajout de
fibres).
- Nature des constituants (ciment, granulats)

66
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Bien réceptionner le béton sur le chantier

Lors de l’arrivée de la toupie sur le chantier, l’entreprise doit


réaliser divers contrôles afin de s’assurer que le béton livré
respecte les exigences prescrites.

Ces contrôles réalisés par l’entreprise ne se substituent


pas au contrôle de production du fournisseur.

Vérification du bon de livraison avec les informations


obligatoires :
1. le nom du producteur du béton ;
2. le nom du client ;
3. la référence du chantier ;
4. la référence de la centrale à béton ;
5. le numéro du bon de livraison ;
6. le code du camion ;
7. le volume de béton livré en m3 ;
8. la certification NF de la centrale le cas échéant ;
9. la désignation du béton pour vérifier la conformité
à la commande :
- classe de résistance ;
- classe d’exposition ;
- classe de teneur en chlorure ;
- consistance ;
- diamètre maxi des granulats.
10. la date et l’heure de fabrication, soit le premier
contact entre le ciment et l’eau ;
11. l’heure d’arrivée du béton sur le chantier.

L’ajout d’eau sur le chantier dégrade très fortement la


qualité du béton et dégage la responsabilité du producteur
sur la qualité du béton livré. En cas d’ajout d’eau, le
béton n’est plus conforme à la norme NF EN 206/CN et
la responsabilité de l’entreprise sera engagée en cas de
sinistre.

67
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

68
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Contrôle visuel du béton pendant le déchargement


Le contrôle visuel permet de détecter d’emblée toute anomalie
d’aspect. il peut s’effectuer après mise en rotation rapide pendant
1 minute de la toupie et d’un déchargement dans une brouette
afin de vérifier l’aspect général.
La consistance du béton frais
Le producteur doit garantir la consistance commandée et la
durée du maintien de cette consistance.

Pour les bétons qui ne sont pas autoplaçants, le contrôle de la


consistance est un test d’affaissement au cône d’Abrams (ou
slump) qui peut être réalisé par le personnel de l’entreprise
conformément à la norme NF EN 12350-2. Sinon c’est le test
d’étalement selon la norme NF EN 12350-8 qui s’applique.

S3 si égale
à 100 à 150 mm
Araser à l’arrivée chantier
h/3

h/3

h/3

Cône propre et Piquage de chacune Araser la surface Démouler


légèrement humudifié des 3 couches puis mesurer
(25 coups/couche)

Description du test d’affaissement :


- remplir de béton un moule tronconique (D = 20cm, d = 10cm,
h = 30cm) ;
- le remplissage s’effectue en trois couches compactées avec
une tige d’acier de 16mm de diamètre dont l’extrémité est
arrondie, à raison de 25 coups par couche ;
- on soulève ensuite le moule avec précaution ;
- on mesure l’affaissement du béton.

10 à 40 mm 50 à 90 mm 100 à 150 mm 160 à 210 mm ≥220 mm

S1 S2 S3 S4 S5

Tout béton dont la consistance est différente de celle


prévue à la commande peut être refusé.

69
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Informations fournies par le producteur du béton sur demande de


l’utilisateur conformément à la norme NF EN 206/CN

- le type et la classe de résistance du ciment et le type de


granulats ;
- le type des adjuvants et des additions ;
- la description des fibres selon l’EN 14889-1 ou l’EN 14889-2
et leur dosage le cas échéant ;
- le rapport eau/ciment cible ;
- les résultats d’essais antérieurs appropriés effectués sur le béton
(essais de contrôle de la production ou de la conformité...) ;
- l’évolution de la résistance. Pour la détermination de la durée de
cure, l’évolution de la résistance du béton peut être transmise
sous la forme soit de termes qualificatifs (très rapide, rapide,
moyenne, lente), soit d’une courbe de la résistance à 20 °C
entre 2 et 28 jours ;
- les origines des constituants avec éventuellement la déclaration
d’absence de laumontite et de sulfure de fer (pyrite ; pyrrhotite).
Pour les ouvrages relevant du Fascicule N° 65 du CCTG ou de
la catégorie C de la norme NF P 18-201 (DTU 21), identifiés lors
de la commande, tout changement de nature ou d’origine des
constituants est soumis à l’accord préalable du client.

70
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

1.2 BÉTON FABRIQUÉ SUR CHANTIER

Cas des bétons définis par un prescripteur expérimenté (BCP)

Sauf dispositions particulières du contrat de réalisation de


l'ouvrage, les bétons peuvent être fabriqués sur chantier et
prennent alors la désignation de bétons à composition prescrite
(BCP). Dans certains cas, la formulation du béton est spécifiée
par un prescripteur expérimenté et c’est au prescripteur de
s’assurer que les prescriptions sont conformes aux exigences de
la norme NF EN 206/CN.

L’étude de formulation doit préciser :


- le type, la classe, l’origine et le dosage du ciment ;
- la qualité et la dimension maximale des granulats ;
- le rapport eau/ciment (E/C) ;
- le type, la quantité des adjuvants et additions ainsi que l’origine
de leurs constituants ;
- des spécifications éventuelles complémentaires (temps de
malaxage, conditions spécifiques de livraison, etc.) ;
- la résistance en compression du béton à 28 jours et la
maniabilité attendue.

Cette formulation doit être établie en respectant les prescriptions


de la norme NF EN 206/CN – Annexe NA.F qui fixe les valeurs
limites pour la composition du béton en fonction des classes
d’exposition. La validation de cette formule est réalisée sur la
base des critères de validation des essais initiaux tels que définis
dans l’annexe A de la NF EN 206/CN.
Toute modification de l’une des caractéristiques ou d’un
composant conduit à considérer qu’il s’agit d’une nouvelle
composition de béton pour laquelle un essai initial doit être
établi.

71
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Tolérances
Constituants
Pour 90% des charges Pour 100% des charges
Ciments ± Max (3% ; 5 kg/m ) 3
± Max (5% ; 10 kg/m3)
Additions ou fillers ± Max (5% ; 5 kg/m3) ± Max (8% ; 8 kg/m3)
Eau d’apport ± Max (3% ; 3 kg/m3) ± Max (5% ; 5 kg/m3)
Sables ± Max (4% ; 20 kg/m ) 3
± Max (8% ; 40 kg/m3)
Gravillons ± Max (4% ; 20 kg/m3) ± Max (8% ; 40 kg/m3)
Adjuvants et ajouts +/- 5% +/- 10%
Les granulats récupérés sont à traiter comme des gravillons
Le rapport E/C doit correspondre et ne dois pas dépasser une variation de ±0.04 près la valeur recherchée
Tableau NA.27 : Tolérances pour le dosage des constituants

Cas des bétons à composition prescrite dans une norme


(BCPN)

Ces bétons concernent exclusivement les chantiers de bâtiment


de catégorie A (chantiers de petite importance comme les
maisons individuelles ou les petits collectifs d’au plus deux
étages) et uniquement pour les conditions de durabilité associées
aux classes d'exposition X0 (béton non armé), et de XC1 à XC4
(corrosion des armatures par carbonatation). Il s’agit en particulier
des bétons réalisés par des mélanges à béton.

Ces bétons ne peuvent pas être utilisés pour les


constructions exposées à l’air salin (situées de 0 km à
5 km de la mer, si la topographie favorise l’exposition à
l’air salin).

Ces bétons peuvent être utilisés sans contrôle (autre que celui du
dosage en ciment) sous réserve que les dosages minimaux en
ciment et limitation de résistance ci-dessous soient respectés :

72
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Usage Dosage en ciment Limitation de résistance (Fck)


400 kg/m3 20 MPa
Béton armé
350 kg/m3 16 MPa
Béton non armé 300 kg/m3 12 MPa
Béton non armé
250 kg/m3 8 MPa
de semelle filante
Tableau : cas des bétons utilisés pour les chantiers de catégorie A
conformément au DTU 21 P1-2

Il conviendra cependant d’obtenir du fournisseur le


classement des granulats et leur aptitude à être utilisé
dans du béton.

Cas des bétons pour des ouvrages de génie civil

Ces ouvrages sont soumis aux études sur les formulations de


bétons par le Fascicule n°65, cahier des clauses techniques
générales applicable aux marchés de travaux publics de génie
civil. Dans ce cadre, une formulation de béton ne peut être validée
qu’après réalisation d’une épreuve d’étude, en laboratoire, et une
épreuve de convenance.

L’épreuve d’étude
L’épreuve d’étude consiste à vérifier le produit avant sa mise
en œuvre effective sur le chantier pour s’assurer que ses
caractéristiques répondent aux exigences spécifiées.

Ces bétons sont soumis aux essais conformes au Fascicule n°65


relatif à l’exécution des ouvrages de génie civil en béton : mesure
de la consistance au cône d’Abrams et de la résistance à la
compression.

73
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

L’épreuve de convenance
L’épreuve de convenance est réalisée dans les mêmes conditions
d’approvisionnement des constituants, même matériel de
fabrication du béton, mêmes moyens de contrôle en cours de
fabrication, même durée et mêmes conditions de transport et
de mise en œuvre du béton que sur le chantier. Cet ensemble
d’essais a pour but de vérifier qu’un béton, défini par sa
formulation, transporté et mis en œuvre dans les conditions du
chantier, satisfera aux exigences spécifiées dans le marché.
Il s’agit d’un point d’arrêt qui doit être levé par le maitre
d’œuvre.
L’ouvrabilité et le délai maximal d’utilisation ainsi que l’adéquation
du matériel avec les travaux à réaliser sont vérifiés.

1.3 CONTENU DES DOSSIERS DE SUIVI SELON LE BÉTON

Bétons à propriétés spécifiées (BPS) -


centrale certifiée NF (bâtiment)

- les données relatives à la commande de béton ;


- les informations du producteur de béton à l’utilisateur ;
- les bons de livraison ;
- l’attestation de l’organisme certificateur NF ;
- les éléments de contrôle du béton (internes et externes).

74
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Bétons à composition prescrite (BCP) -


sur chantier (bâtiment)

- Les résultats du contrôle de la production comprenant les


informations demandées dans l’article 9 de la NF 206/CN,
dont :
- le contrôle des matériaux ;
- le contrôle des dosages ;
- l’étalonnage des équipements ;
- les résultats des contrôles réalisés sur le béton frais
et durci.
- Les éléments de contrôle du béton (internes et externes).

Bâtiment : béton à composition prescrite dans le DTU 21


(BCPN) - Mélange à béton

- Le contrôle de dosage en ciment (volume de béton produit et


bon de livraison du ciment).
Pour rappel, ces bétons sont limités en résistance.

Ouvrages d’art

- les résultats des études de formulation ;


- les résultats des études de convenance ;
- le plan d’assurance qualité complété.

75
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

76
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2. LA MISE EN ŒUVRE DU BÉTON

La bonne mise en œuvre du béton nécessite de respecter


les principales étapes.

2.1 CONFORMITÉ DES COFFRAGES


FICHE conformité des coffrages Points vérifiés
Points à vérifier Oui Non
Conformité des coffrages aux plans o o
Propreté des coffrages o o
Étanchéité des coffrages o o
Stabilité des coffrages o o
Implantation et verticalité/horizontalité des coffrages o o
Huile de décoffrage mise en place uniformément et sans excès o o
Implantation et qualité des dispositifs de maintien o o
Mannequins et réservations peuvent être retirés sans brutalité o o
Règles d’écartement des réseaux respectées :
- Bien situés entre les nappes d’armatures
- Enrobage et écartement égal au moins au diamètre de la plus grosse gaine et
o o
au minimum 50 mm
- Au droit des croisements ou empilement, n’occupent pas plus de la ½ épaisseur
du béton
Pour ouvrage vertical : vérification des tiges (diamètre, nombre, position) avant
o o
serrage puis serrage

L’INRS a produit une brochure relative aux mesures de prévention


à appliquer lors de l’utilisation de produits de démoulage.
À télécharger : http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206017

77
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2.2 CONFORMITÉ DU FERRAILLAGE

FICHE conformité du ferraillage Points vérifiés


Points à vérifier Oui Non
Mesures et assemblages conformes aux plans :
- Dimensionnement (Longueur – Diamètre) o o
- Implantation o o
- Espacement o o
- Longueur de recouvrement o o
- Ancrages o o
- Calage o o
- Enrobage o o
- Arrimage et ligatures o o
Propreté des armatures (pas de rouille non adhérente,) o o
Sécurité : protection des armatures en attente (protection des embouts ; etc... ) o o

78
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2.3 CONFORMITÉ DU COULAGE DU BÉTON

Opération de coulage dans des conditions climatiques non contraignantes


FICHE opération de coulage
Précautions prises
dans des conditions climatiques non contraignantes.
Précautions à prendre Oui Non
Avant coulage, vérifier que le béton est conforme à la commande
o o
et vérifier son aspect. En cas de doute sur la consistance, faire l’essai au cône.
Pas d’ajout d’eau. o o
Respect du délai entre le début de fabrication et la fin du coulage
o o
(2 h en général).
Température ambiante supérieure à 32°C.
- Des dispositions complémentaires doivent être prises : adaptation de la o o
formulation, refroidissement d’eau, décalage des horaires de coulage.
Respect des cycles et des vitesses de coulage. o o
Hauteur de chute du béton inférieure à 1.50 m.
- Dans le cas d’éléments horizontaux de grandes surfaces (planchers, radier.. ), o o
il est recommandé que la hauteur de chute du béton ne dépasse pas 80 cm.
Serrage du béton par vibration (sauf béton autoplaçant).
- Coulage vertical : vibration par couches de 50 à 60 cm de hauteur, pénétration o o
de 10 à 15 cm dans la couche précédemment coulée, espacement horizontal des
points de vibration environ 10 fois le diamètre du vibreur.
- Coulage horizontal : vibreur à corps vibrant court avec points d’immersion o o
espacés comme ci-dessus, ou règle vibrante.

Les vibreurs ne doivent pas servir à déplacer le béton


Surfaçage du béton :
- Coulage vertical : vérification de l’altimétrie de l’arase supérieure. o o
- Coulage horizontal : vérification des états de surfaces prévus (brut de règle ; o o
surfacé ; lissé).

79
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Opération de coulage par temps chaud (>30°C) R


Certains facteurs atmosphériques tels que le vent, l’ensoleillement,
la faible hygrométrie ont des effets néfastes considérablement
augmentés par temps chaud. Les conséquences de cette
température élevée sur le béton frais sont multiples :
- Une perte de maniabilité rapide du béton parfois très rapidement
après le démarrage de la mise en œuvre du béton.
Il ne faut surtout pas ajouter d’eau pour pallier à ce
phénomène au risque de détériorer la résistance du béton !
- Le risque de fissuration par perte d’eau rapide après la mise en
place du béton
L’opération de coulage par temps chaud nécessite de prendre
certaines précautions :

FICHE Opération de coulage par temps chaud (>30°C) Précautions prises


Précautions à prendre Oui Non
Privilégier les bétonnages tôt le matin, aux heures les plus fraîches, pour éviter de
o o
fabriquer, transporter et mettre en œuvre le béton aux plus hautes températures.
Commander un béton prêt à l’emploi retardé. L’incorporation d’un adjuvant
retardateur retarde la prise et ralentit le durcissement du béton. Le retardateur
o o
maintient ainsi les délais habituels de transport et de mise en œuvre (voir notre
page sur le béton retardé pour plus d’informations référence exacte).

Éviter toute attente de la toupie sur le chantier. et tout stationnement en plein soleil. o o

Les fonds de forme et les coffrages absorbants doivent être humidifiés juste avant
la mise en place du béton pour éviter qu’ils absorbent l’eau du béton frais. Eviter o o
toute flaque d’eau résiduelle.

Prévoir suffisamment de matériel et de personnes pour un bétonnage rapide. o o

Appliquer un produit de cure immédiatement après le coulage, et pour les surfaces


importantes à l’avancement du tirage du béton, pour protéger les surfaces de
o o
béton frais. Les quantités de produit prescrites par le fournisseur doivent être
respectées.

80
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2.4 REPRISE DE BÉTONNAGE

Les interruptions de bétonnage d'un élément de structure doivent


être évitées autant que possible. Sinon, des précautions sont
nécessaires pour assurer une bonne adhérence du nouveau
béton sur l’ancien.

Un arrêt momentané du bétonnage ne constitue pas une reprise


si au moment du coulage, aussitôt après l’arrêt intempestif,
l’aiguille vibrante pénètre dans le béton déjà en place sans laisser
une empreinte profonde lors de son extraction.
Les interruptions de bétonnage, qu’elles soient volontaires
ou non, doivent être repérées.
Attention aux mauvaises habitudes : iI est contre indiqué
de couler préalablement une barbotine de ciment sur la
surface de reprise, des résines de collage ou des coulis
peuvent être nécessaires comme pour la recherche
d’étanchéité.

Lors de la réalisation de reprises de bétonnage, des


vérifications sont recommandées :
FICHE reprise du bétonnage Points validés
Points à vérifier Oui Non
Surface de reprise repiquée et nettoyée - toute trace de laitance est retirée. o o
Absence d’eau libre sur la surface de reprise (élimination des flaques,
o o
films ou gouttes d’eau).
L’humidification des surfaces de reprise peut être nécessaire, notamment
o o
si celle-ci n’a pas fait l’objet de cure.

81
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2.5 CURE

La cure est une opération de protection du béton au jeune âge


afin de limiter la fissuration de surface (retrait plastique) et
assurer la résistance du béton en surface.
La cure naturelle peut être suffisante lorsque, pendant toute la
durée de cure, une forte humidité atmosphérique permet de
limiter l’évaporation à la surface du béton.

La cure s’applique :
- dans les 30 minutes après la mise en œuvre pour les bétons
non coffrés ;
- dès le décoffrage (si la durée de coffrage est inférieure au délai
de cure) pour les bétons verticaux ;
- dès la fin du surfaçage pour les bétons horizontaux.

Concernant les dalles, compte tenu des conditions d’accès


et des durées de coulage, il est recommandé de réaliser la
cure à l’avancement, pour ne pas dépasser les 30 minutes.

On distingue trois types de cure :


1. Mise en place d’une barrière empêchant la dessication du
béton (coffrage, bâches plastiques...). Lors de l’utilisation
de bâches plastiques, il faudra vérifier que l’ensemble de la
surface est bien recouverte et qu’aucune circulation d’air n’est
possible entre le béton et la bâche.

2. Maintien d’un fort taux d’humidité en surface du béton


(béton sous l’eau, brumisation... ). Cette technique nécessite
d’être maintenue durant toute la cure. Il faut donc vérifier les
possibilités de sa mise en œuvre.

3. Emploi d’un produit de cure conforme à la norme NF P18-370.


Une certification NF en complément est un gage de qualité.
Les dosages à appliquer et recommandations d’application
sont donnés par les fournisseurs. Cependant, l'utilisation de
produits de cure est interdite au droit des joints de reprise,

82
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

sur les surfaces devant recevoir un traitement ou lorsqu'une


adhérence à d'autres matériaux est requise. Ces interdictions
peuvent être levées si ces produits sont complètement
éliminés ou s'ils sont dépourvus d'effet nocif sur les opérations
suivantes et s’ils sont compatibles aux produits appliqués
ensuite (cas des tabliers de pont, des peintures,...).

Les délais de cure sont très variables et dépendent des conditions


climatiques, et de la classe de cure recherchée (Annexe F de la
norme NF EN 13670 CN).

La durée de cure est définie par les classes de cure.

Dans le cas des ouvrages relevant du DTU 21 (durée d’utilisation


du projet de 50 ans), la classe de cure par défaut est la classe 1
qui préconise une durée de cure de 12 heures.

Pour les ouvrages relevant du Fascicule 65 (durée d’utilisation


du projet de 100 ans), la classe de cure par défaut est la classe
de cure 2 qui préconise que le béton doit avoir atteint 35 % de
la valeur spécifiée à 28 jours, ce qui se traduit par les durées
suivantes (en fonction de la vitesse de montée en résistance
du béton définie par le ratio r) :
Durée minimale de cure (jours)
Température à la surface Valeurs de r = fcm2/fcm28
du béton (t) en °C
Rapide Moyenne Lente
r ≥ 0.50 0.50 > r ≥ 0.30 0.30 > r ≥ 0.15
t ≥ 25 1.0 1.5 2.5
25 > t ≥ 15 1.0 2.5 5.0
15 > t ≥ 10 1.5 4 8

La température à prendre en compte est celle rencontrée


en surface du béton sur l’ensemble de la période de cure.

83
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

2.6 DÉCOFFRAGE

Il est fondamental de s’assurer que le béton ait bien atteint


la résistance requise pour éviter tout risque d’accident.

Le décoffrage peut avoir lieu lorsque les éléments listés ci-


dessous sont validés :

FICHE décoffrage du béton Points vérifiés


Points à vérifier Oui Non
Le béton est apte à résister aux arrachements de surface lors du décoffrage
- On considère qu’un béton ayant une résistance à la compression de 5 MPa o o
satisfait à cette exigence, soit environ 12h après la fin de la prise
Le béton est apte à résister aux efforts appliqués à ce stade de la construction
- Cette disposition peut nécessiter la mise en place d’étais provisoires. La résistance
o o
à la compression minimum doit être transmise par le bureau d’études en charge
du dimensionnement de l’ouvrage
La résistance du béton permet d’éviter les flèches excessives et les détériorations
o o
de surface dues aux conditions climatiques
Lorsque la cure est réalisée par le coffrage, le décoffrage ne doit pas intervenir
o o
avant la fin de la cure ou bien prévoir un produit de cure

2.7 RAGRÉAGE

Si les ouvrages présentent certains défauts localisés (armatures


accidentellement mal enrobées, épaufrures, nids de cailloux,...),
il faut s'assurer que ces défauts ne sont pas de nature à remettre
en cause la qualité de ces ouvrages, auquel cas tous les travaux
de réfection nécessaires doivent être entrepris avant un éventuel
ragréage.

84
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

En cas d’utilisation d’un mortier de réparation, il est recommandé


d’utiliser des mortiers R1 ou R2 (R3 ou R4 en cas de contact avec
les armatures) conformes à la norme NF EN 1504-3 compatibles
avec les épaisseurs de réparations nécessaires.

2.8 ENDUITS DE MORTIERS

Les matériaux et formulation doivent être conformes au NF DTU


26.1 P1-2 - Travaux de bâtiment - Travaux d’enduit de mortier -
critère généraux des matériaux.

Les mises en œuvre doivent être conformes au NF DTU 26.1


P1-1 - Travaux de bâtiment - Travaux d’enduit de mortier - cahier
des clauses techniques

Enduit de dressement
Les enduits de dressement sur béton sont utilisés pour rattraper
les irrégularités de surface des parois en béton et assurer la
bonne tenue de l’enduit de finition. L’enduit de dressement est
destiné à recouvrir intégralement le support.
L’épaisseur de l’enduit de dressement devra être comprise entre
5 et 15 mm, selon les épaisseurs de rattrapage nécessaires
aux supports avec une épaisseur de recouvrement minimale de
5 mm en parties courantes.

Enduit de parement
Lorsque les irrégularités du support ne nécessitent pas d’être
corrigées par un enduit de dressement, il est possible de réaliser
un enduit de finition décorative. L’application d’un gobetis, couche
mince préparatoire pour régulariser la porosité du support de
maçonnerie et assurer l’accrochage de couches ultérieures
d’enduit), est alors indispensable.

85
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

86
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

3. LA RÉCEPTION DES OUVRAGES


3.1 CONTRÔLE DE LA CONFORMITÉ
DU BÉTON À 28 JOURS

Le contrôle porte à la fois sur :


- le contrôle de production (NF EN 206/CN) incluant la validation de la formule et les
exigences sur les constituants et pesées ;
- le contrôle à réception (DTU 21/Fascicule 65) qui donne les essais à réaliser et leur
fréquence.

La conformité de la résistance à la compression du béton est évaluée sur des éprouvettes


essayées à 28 jours conformément à la NF EN 12390-3. Les éprouvettes sont réalisées sur
le chantier avant la mise en place du béton par lots d’au moins quatre éprouvettes. Deux de
ces éprouvettes sont testées à 28 jours, les deux autres sont conservées à toutes fins utiles.

Chaque prélèvement testé à t = 28 jours doit satisfaire la relation


fci (t) ≥ fck – 4

Sur la moyenne à t = 28 jours (critère applicable à partir de trois prélèvements) :


- pour le bâtiment fcm (t) ≥ fck + 2
- pour l’ouvrage d’art fcm (t) ≥ fck + k

Précisions :
fcm est la moyenne arithmétique des résultats
fci est le plus petit résultat
fck est la résistance caractéristique requise

Valeur du coefficient k (MPa)


Nombre de prélèvement Béton fabriqué sur site ou usine
Béton NF de centrale
de préfabrication
3 2 2.7
6 3 3.4
9 3.3 3.7
12 3.5 3.8
≥15 1.2 S 1.3 S
S est l’estimateur de l’écart type de la population représentée dans les résultats
87
Bâtiment Ouvrage d’art
Béton DTU 21 - BPS - béton
BPS - Béton Béton fabriqué
BCP fabriqué sur site Mélange à béton centrale
centrale certifié NF sur site
(BCPN) certifié NF
Sans restriction d’usage Sans restriction d’usage
Condition d’usage
Catégorie A Pas de changement sur la nature
(en complément En catégorie C : pas de changement Rc limitée et l’origine des constituants
Tableau de synthèse des contrôles selon le béton fabriqué

de la NF EN 206/CN) sur la nature et l’origine des constituants


Modification du tableau NA.F.1
Non - celle Étude de formulation Dosage en
Formulation Non - celle de la centrale
de la centrale spécifique ciment
FORMULATION
Epreuve d’étude Non Non Non Non si référence probante d’utilisation
Epreuve de convenance Non Non Non Oui Oui

88
Contrôle Contrôle
Contrôle de production Contrôle
de la production à de la production à
Conformité NF EN 206/CN dosage ciment
CONRÔLE faire et à transmettre Certification faire et à transmettre
Certification NF
PRODUCTEUR Faire les contrôles NF Faire les contrôles
Contrôle de la résistance aux fréquences Non aux fréquences
de la NF EN 206/CN de la NF EN 206/CN
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Contrôle des bons de livraison Oui Oui Non Oui Oui


Inspection visuelle à chaque chargement
Contrôle de la consistance Non A chaque livraison
CONTRÔLE et mesure si doute
LIVRAISON En début de chantier En début de chantier
3 pour les 100 premiers m3
Contrôle de la résistance Et tous les 500 m3 Et tous les 1 000 m3 Non
+ 1 tous les 100 m3.
(ou tous les mois) (ou tous les mois)
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

3.2 CARACTÉRISTIQUES DES OUVRAGES

Comme indiqué dans l’Eurocode 2, la fissuration est normale dans


les structures en béton armé, elle est inhérente aux ouvrages en
béton. Les fissures peuvent être admises sous réserve qu’elles
ne soient pas préjudiciables au fonctionnement de la structure,
à sa durabilité et qu’elles ne rende pas son aspect inacceptable.

Surfaces et parements de béton

Les caractéristiques éventuelles attendues concernant les


surfaces (planéité) et parements (planéité et aspect) de béton
doivent être indiquées à l’entreprise avant l’exécution des travaux.

Tolérances dimensionnelles

Les tolérances sont indiquées dans la norme NF EN 13670/CN


- article 10. Dans le cas d’ouvrages de bâtiment, ces tolérances
sont complétées par des tolérances de planité.

89
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

90
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

4. LES USAGES PARTICULIERS DU BÉTON

4.1 PRÉFABRICATION

La préfabrication est une technique de construction qui consiste


à fabriquer à l'écart de l'ouvrage, les éléments constitutifs, puis
à les assembler sur le chantier. Ceci s'applique généralement à
des éléments répétitifs.

On distingue deux types de préfabrication :


1. En usine : ce sont des ouvrages standards qui relèvent de la
norme NF EN 13369 - règles communes pour les produits
préfabriqués en béton et/ou des produits spécifiques tels que
des mâts et poteaux qui relèvent de la norme NF EN 12843
- mats et poteaux. Ces ouvrages sont commandés à un
fabriquant.

On privilégiera les producteurs certifiés NF qui apportent


des garanties sur le mode de production et sur les produits.

2. Sur site : réalisé par l’utilisateur, ils peuvent être traités


comme des produits préfabriqués s’ils sont conformes à la
norme européenne correspondante.
Dans le cas contraire, ils doivent être traités comme n’importe
quel coulage de béton.

Dans les deux cas, les dispositions relatives à la durabilité des


bétons sont toujours en vigueur et notamment pour les classes
d’exposition.

Les instructions de pose nécessaires pour leur manutention,


leur stockage et leur mise en œuvre doivent être définies par le
préfabriquant pour l’entreprise de pose.

91
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

4.2 BÉTON PRÉCONTRAINT

La précontrainte est une technique de construction des ouvrages


en béton qui consiste à créer des efforts internes favorables de
compression. Ceux-ci sont ajustés pour réduire les effets de la
faiblesse du béton en traction.

La précontrainte est généralement assurée par des câbles d’acier


fortement tendus qui transmettent au béton leur tension par des
dispositifs appropriés.

Plusieurs modes de mise en compression du béton peuvent être


envisagés :
- Précontrainte par pré-tension : Cette technique est utilisée
en préfabrication en usine et permet la production de poutres,
poteaux, dalles précontraintes...
Les câbles de précontrainte sont disposés et tendus dans des
bancs de précontrainte. Le béton est coulé au contact de ces
armatures. Dès que sa résistance le permet, les câbles libérés
mettent le béton en compression par adhérence.
Elle est relativement fréquente en Nouvelle-Calédonie.

- Précontrainte par post tension : Après le coulage et l’atteinte


d’une résistance suffisante du béton, les câbles de précontrainte
sont passés dans les gaines préalablement mises en place et
les ancrages, jusqu’à des vérins qui permettent leur mise en
tension. Lorsque les câbles sont libérés le béton est alors mis
en compression. La tension des câbles est contrôlée par la
mesure de leur allongement. Une fois les vérins démontés et
les câbles coupés à leurs extrémités, les gaines sont injectées
d’un coulis cimentaire pour protéger les câbles de la corrosion.

92
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

La post-tension peut être intérieure ou extérieure au béton. Cette


dernière permet le changement des câbles endommagés voire le
renforcement de structures soumises à des charges supérieures
à celles initialement prévues.
Les travaux doivent être réalisés par des entreprises spécialisées
et expérimentées.

L’utilisation de la précontrainte impose des exigences plus


importantes sur les formulations de béton :
- Pour la précontrainte par pré-tension, il est recommandé
d’utiliser des ciments de la classe CP2.

- Pour la précontrainte par post-tension, il est recommandé


d’utiliser des ciments au moins de la classe CP1. Si le dispositif
de précontrainte n’assure pas totalement et durablement
l’isolation des armatures, il est recommandé d’utiliser un
ciment de la classe CP2.

- Classe 0.2 de chlorure (cl0.2)

4.3 BÉTON PROJETÉ

Le béton projeté est confectionné par un mélange granulat -


ciment, puis véhiculé à travers une canalisation pour le projeter
sur un support au moyen d’un jet d’air comprimé. On distingue
deux techniques de projection :

- Par voie sèche : le mélange sec granulat/liant, confection sur


site, est véhiculé par un flux d’air comprimé. L’eau de mouillage
est introduite à la lance.
Cette technique présente une certaine souplesse dans la mise en
œuvre et est adaptée aux projections discontinues.

93
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

La granulométrie est généralement limitée à un Dmax compris


entre 8 et 16 mm. Le dosage en ciment est de l’ordre de 380 à
400 kg/m3.

- Par voie humide : le béton déjà gâché est pompé jusqu’à la


lance de projection. Cette technique est plus propre (moins de
poussière) et présente moins de perte par rebondissement.
La granulométrie diffère peu de celle en voie sèche. Le dosage en
ciment est de l’ordre de 400 à 450 kg/m3.
La projection en parois verticales ou en voute nécessite
généralement l’emploi d’un adjuvant raidisseur pour améliorer
l’accrochage du béton.

Les bétons projetés relèvent des normes :


EN 14487-1, Béton projeté - Partie 1 : Définition, spécifications
et contrôles
EN 14487-2, Béton projeté - Partie 2 : Exécution

4.4 BÉTON EXTRUDÉ

La technique du béton extrudé permet la réalisation d’ouvrage


coulé sur place à l’aide de coffrages glissants sur des linéaires
importants. Cette technique est plus particulièrement utilisée
pour des murets de sécurité (type GBA) ; bordures ; ouvrages
d’assainissements (caniveau) ou même des chaussées.

Les bétons extrudés relèvent de la norme NF EN 206/CN et sont


de classe de consistance S1 (affaissement au cône d’Abrams
compris entre 10 et 40 mm). Tout comme les bétons classiques,
il faut veiller à :
- une composition de béton régulière ;
- ne pas rajouter d’eau ;
- remalaxer à l’arrivée des camions sur chantier ;
- curer les bétons pour les protéger ;

94
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

- veiller à la mise en place de dispositions spécifiques pour


coulage par temps chaud ou temps froid ;
- respecter les règles de l’art, les réglementations et
recommandations en vigueur applicables à l’ouvrage.

4.5 BÉTON FIBRÉ

Un béton fibré est un béton dans lequel des fibres sont


incorporées.
2 types de fibres font l’objet de normes :
- fibres métalliques : norme NF EN 14889-1 ;
- fibres polymères : norme NF EN 14889-2.

Fibres Macrofibres Microfibres


Application
métalliques polymères polymères
Aptitude au bétonnage X X
Rigidité du béton au jeune âge des éléments préfabriqués
X X
(tubings, tuyaux, éléments de canalisation)
Retrait plastique X
Retrait de séchage (éléments de construction étanches) X X
Réduction du rebond du béton projeté en tunnel X
Augmentation de la ductilité des éléments de construction
exposés à des sollicitations de choc (par exemple collisions, X
explosions)
Augmentation de la capacité portante (éléments de construction
X X
soumis à la fatigue)
Amélioration de la résistance à l’abrasion X
Remplacement de l’armature statique (fondations, murs
X
extérieurs de caves)
Augmentation de la résistance au feu X
Dalles de fondation sans joints, étanches X
Tableau : types d’application du béton fibré en fonction du type de fibre
ajouté conformément à la norme NF EN 206/CN
95
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

4.6 BÉTON POUR LES CHAUSSÉES

Les caractéristiques mécaniques du béton (rigidité, résistance


à l’usure et à l’orniérage, tenue à la fatigue, rugosité) en font
un matériau de très bonne qualité pour la construction routière.
Plus contraignante dans leur réalisation et plus onéreuse que les
chaussées bitumineuses, elles sont généralement réservées à
des routes très sollicitées : pistes d’aéroport, chaussée à fortes
pentes, zones de manœuvre de poids lourds ou encore à certains
aménagements urbains pour des questions esthétiques.

Les bétons routiers sont encadrés par la norme NF P 98-170 :


Chaussée en béton de ciment – exécution et contrôle, qui définit
les spécifications des bétons en termes de résistance (résistance
à la traction, fonction du trafic) ; état de surface, etc...
Ce sont des bétons qui relèvent de la NF EN 206/CN, comme les
bétons « classiques ».

4.7 BÉTONNAGE SOUS L’EAU

En règle générale :
- l’assèchement de la zone de coulage est privilégié ;

- la formulation du béton sera adaptée aux conditions de


coulage (pompage) et aux risques de lessivage (utilisation d’un
adjuvant anti-lessivage). On recherchera aussi une formulation
permettant le serrage du béton par gravité ;

- les coffrages sont de préférence fabriqués hors d’eau. Le bois


est à éviter pour des raisons de flottabilité et de difficulté à
assurer le lestage. Ils doivent prévoir une garde suffisante
au-dessus du niveau de la fin de la coulée.

96
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

- La méthode privilégiée pour la mise en place du béton est le


pompage en s’assurant d’un bétonnage continu avec l’extrémité
de la ligne de pompage maintenu à l’intérieur de la masse du
béton. L’eau ne doit pas rentrer dans le tube de pompage lors
de sa descente dans l’eau (descente du tube rempli de béton,
présence d’une trappe,...). Le début du coulage doit s’effectuer
avec la ligne déposé au fond de l’ouvrage.

- La technique de bétonnage sous l’eau est assez similaire à celle


du coulage des pieux forés.

97
Béton prêt à l’emploi Béton réalisé sur chantier
C = Commande Béton Complément
IP = Information du Producteur Béton Béton pour ouvrages
Béton à propriétés à composition
R = Contrôle à la Réception ou avant utilisation à composition à composition du génie civil
spécifiées (BPS) prescrite dans
prescrite (BCP) prescrite (BCP)
une norme (BCPN)
Béton léger Béton
Données
ou lourd courant
Données obligatoires
Date et heure de livraison et quantité de béton C, IP C, IP C, IP
Nom de l’unité de fabrication IP IP IP
Date et heure de chargement IP IP IP
Conformité à l’EN 206/CN C, IP C, IP C, IP
Classe d’exposition du béton C, IP C, IP
Classe de consistance (ou rapport Eau/Ciment) C, IP, R C, IP, R C, IP, R C, R
Classe de résistance à la compression C, IP, R C, IP, R R R

98
Classe de teneur en chlorures C, IP C, IP
Diamètre maximal des granulats (Dmax) C, IP C, IP C, IP
Classe de masse volumique ou masse volumique cible C, IP, R
Résistance à la ségrégation dans le cas d’un BAP C C
Dosage du ciment C, IP R R
Type de ciment et sa classe de résistance IP IP C, IP
Type, catégorie et teneur maximale en chlorures des granulats IP IP C, IP
PARTIE 3 - L’ENTREPRISE

Masse volumique des granulats si béton léger ou lourd C


Toute limitation des fuseaux granulaires des granulats C
Type, quantité et origine d’adjuvants ou d’additions IP IP C, IP
Bon de livraison IP, R IP, R IP, R
Bon de pesée IP
Durée pratique d’utilisation C
Épreuve d’étude et épreuve de convenance IP
DÉSORDRES
1. L’IINTRODUCTION

2. LES PRINCIPAUX DÉSORDRES

2.1 Variations de teintes


2.2 Ségrégation
2.3 Nids de gravillons
2.4 Fissures
2.5 Attaques chimiques
2.6 Attaques sulfatiques
2.7 Alcali-réaction
2.8 Corrosion des armatures
2.9 Pathologies du béton rencontrées en Nouvelle-Calédonie

DÉSORDRES
PARTIE 4 - DÉSORDRES

DÉSORDRES
1. L’INTRODUCTION

Les désordres rencontrés sur les structures en béton


(armé et/ou précontraint) sont de diverses origines et
leur manifestation est plus ou moins importante sur la
durabilité future de l’ouvrage.

Ils sont la conséquence :


- d’une mauvaise conception ou dimensionnement de
l’ouvrage (sous-dimensionnement, mauvaise prise en
compte du sol porteur, ...) ;
- et/ou d’une qualité médiocre du béton et de ses
constituants (sous dosage en ciment, ajout d’eau,...) ;
- et/ou d’une mise en œuvre qui ne respecte pas
les règles de l’art (vibration ou cure non réalisées
correctement).

101
PARTIE 4 - DÉSORDRES

102
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2. LES PRINCIPAUX DÉSORDRES

2.1 VARIATIONS DE TEINTES

Les variations de teinte en surface du béton sont de nature


esthétique et ne remettent, en général, pas en cause la
durabilité de l’ouvrage mais nuisent à son caractère esthétique
à une époque où les conditions architectoniques sont souvent
importantes.

Si l’ouvrage doit présenter des caractéristiques esthétiques, il est


fortement recommandé de réaliser un élément témoin lors des
essais de convenance.

Elles peuvent être causées par :


- la composition du béton : modification de l’origine des
granulats, de la nature du ciment ou de la modification du
rapport E/C, ou une modification de la consistance ;

- la présence de pyrites dans les


granulats : la pyrite est un sulfure de fer
dont l’oxydation conduit à la formation de
rouille en surface.

103
PARTIE 4 - DÉSORDRES

- Le système de coffrage : la peau du


système de coffrage peut conduire
à des colorations du béton (surface
absorbante, trace d’oxydation sur les
coffrages ou utilisation de coffrages
à revêtement de résine phénolique sans précaution).

On peut par exemple vieillir artificiellement les panneaux de


coffrages en bois absorbant avant leur premier emploi, en les
enduisant avec du lait de ciment.

Toute exposition au rayonnement UV et aux intempéries, ainsi


qu’un stockage inadéquat sur le chantier, doivent être évités.

Les joints de coffrage présentant des


défauts d’étanchéité peuvent aussi
conduire à des marquages sur les
parements des bétons.

- Les produits de décoffrage : une


répartition inégale des produits de
décoffrage peut conduire à des
variations de teinte (tâches) voire à
des arrachements ponctuels.

Il y a donc lieu de répartir ces produits de décoffrage en une fine


pellicule et sans excès (utilisation par exemple d’une buse).

- Conditions d’environnement : des coulures peuvent être


provoquées par la corrosion des armatures en attente non
protégées.

On peut s’en prémunir en protégeant les armatures sur chantier


(film plastique par exemple).

104
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.2 SÉGRÉGATION

- Masques des armatures : ce


phénomène est dû à des micro-
ségrégations au niveau des particules
les plus fines du béton frais. Un sur-
compactage local, à proximité du
coffrage ou de l’armature qui entrent en résonnance, en est
la cause.

Le phénomène n’est normalement pas lié à une épaisseur


d’enrobage insuffisante. Un compactage trop intensif doit être
évité et le pervibrateur ne doit pas toucher l’armature

- Formation des voiles : lorsque les


tas de béton frais successivement
déversés n’ont pas été suffisamment
mélangés, de larges voiles peuvent
apparaître. Ils se dessinent par
des liserés clairs sur les surfaces des plafonds ou de la
microségrégation suite à un compactage ponctuellement excessif.

Le béton doit être mis en place en couches régulières et


compacté consciencieusement en tenant compte de sa
consistance.

105
PARTIE 4 - DÉSORDRES

- Farinage ou canaux de remontées


d’eau : L’eau de gâchage ressuée
peut remonter le long du coffrage et
laisser des traces sur la surface du
béton, appelées canaux de remontée
d’eau. Ce phénomène apparaît souvent lors de l’emploi de
coffrages lisses non absorbants, en relation avec de fortes
épaisseurs de couches de déversement.

La composition du béton est déterminante pour éviter l’apparition


de ce phénomène. L’emploi d’un coffrage absorbant réduit le
risque d’apparition de canaux de remontée d’eau. Le béton doit
être coulé avec une vitesse constante et en couches régulières
horizontales d’une épaisseur de 50-70 cm, afin de minimiser les
ségrégations.

- Le ressuage : Le béton fraîchement coulé a tendance à libérer


son eau. Sous l’effet de la pesanteur et du compactage, les
composants les plus lourds du béton se tassent dans la pâte
de ciment aqueuse (sédimentation), poussant l’eau vers le
haut. Un film d’eau se forme à la surface du béton frais. Il
en résulte des surfaces irrégulières, farineuses ou poreuses.

Des températures basses, un compactage excessif, un rapport


E/C important favorise le ressuage.

106
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.3 NIDS DE GRAVILLONS

Les nids de gravillons apparaissent


surtout dans les zones de bordures
et les parties inférieures des
éléments d’ouvrage et dans les zones
fortement ferraillées où la vibration
est plus difficile à réaliser. Ils se forment par exemple lors d’un
déversement du béton d’une trop grande hauteur ou d’un
compactage ponctuellement insuffisant.

Ils constituent généralement un défaut et peuvent mettre


l’étanchéité et la durabilité de l’ouvrage en cause.

Les mesures de préventions portent sur :


- le choix d’un béton (Dmax) en adéquation avec le ferraillage ;
- l’écartement des barres d’armature doit être plus grand que le
diamètre maximal du granulat et celui des barres d’armature
voisines ;
- le coffrage qui doit être étanche afin d’empêcher l’écoulement
de l’eau et de la pâte de ciment
- les cheminées de vibration à prévoir dans la disposition de
l’armature et du coffrage ;
- le béton qui doit être homogénéisé dans la toupie pendant au
moins une minute immédiatement avant le déchargement.

107
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.4 FISSURES

Rappelons d’abord que la fissuration est normale dans les


ouvrages en béton. Le DTU 21 (qui fait référence à l’Eurocode 2)
indique en introduction que :

Comme indiqué dans le NF EN 1992-1-1 (au 7.3.1), la fissuration est normale dans les structures en
béton armé. Il n’est pas du domaine du ce document de chercher à éviter cette fissuration inhérente aux
ouvrages en béton, mais de décrire les différents manière de réaliser l’ouvrage permettant de répondre à
un exécution conforme aux règles de l’art.

Le béton étant un matériau qui passe d’un état plastique à durci,


on considère les types de fissures en fonction de son âge :

BÉTON FRAIS Fin de la prise BÉTON DURCI

Temps

2 heures 24 heures 2-3 jours

Béton vert Béton très jeune Béton jeune

108
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Avant la prise : fissures de tassement plastique


Ce sont des fissures orientées
perpendiculairement à la surface, au-
dessus de l’armature supérieure. Elles
sont souvent disposées en un réseau
orthogonal. Elles apparaissent très tôt
après le coulage.
Le tassement du béton frais est provoqué par la sédimentation
des particules solides et la remontée simultanée de l’eau à la
surface sous l’effet des différences de masse volumique. Ce
tassement conduit à de la fissuration au-dessus des décalages
au niveau de la structure ou au droit des barres d’armature,
surtout si l’épaisseur d’enrobage est faible et la pièce massive.
Pour limiter ce phénomène on peut jouer sur la formule de béton
(modification du rapport E/C par adjuvantation ou adaptation du
squelette granulaire en jouant sur la quantité de fines).

Au début de la prise : fissures de retrait plastique


Irrégulièrement, en escalier, espacées
de plusieurs décimètres, à ouverture
variable. Elles apparaissent entre
30 minutes et 6 heures après le coulage
pendant la prise. En général peu
profondes, elles peuvent atteindre des
profondeurs de 15 cm.
Elles sont principalement dues à l’évaporation de l’eau avant la
prise du béton. Cette perte d’eau peut limiter l’hydratation du
ciment à la surface du béton lequel subit une diminution de
résistance, et une augmentation de la porosité élevée qui peuvent
nuire à la durabilité du béton.
Ce risque est augmenté par le vent, les températures élevées et
une faible humidité relative de l’air.
La mesure préventive la plus importante est une cure immédiate
et adéquate qu’il peut être nécessaire de renouveler.

109
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Après la prise : fissures de retrait endogène ou de dessiccation


Le retrait endogène est inhérent aux réactions chimiques qui se
développent (contraction Le Chatelier). Il dépend essentiellement
de la nature du ciment. Le retrait de dessiccation est exogène
c’est-à-dire que contrairement au retrait endogène il est
conditionné par la nature des conditions extérieures.
Fissures continues perpendiculaires à la
surface avec une ouverture constante. Le
cheminement des fissures est déterminé
par la géométrie et les contraintes dans
l’élément de construction. La cause des
fissures est la dessiccation du béton
(élimination de l’eau).

Ce retrait ne peut être empêché et doit être accompagné pour


maitriser la fissuration par des mesures telles que :
- adaptation de la formule du béton (choix du ciment) et mise en
place d’un pourcentage d’armature minimal ;
- éviter des accrochages de terrains en prévoyant une couche
de glissement ;
- délimiter la fissuration par des joints ;
- planification des étapes de bétonnage pour minimiser les
déformations de retrait différentielles des étapes voisines qui
s’entravent mutuellement.

Après la prise : faïençage du béton


Il est reconnaissable à la formation sur la dalle de fissures très
minces, dont la longueur moyenne varie de 10 mm à 40 mm. Ces
fissures se présentent en réseaux plus ou moins hexagonaux.
Problème d’ordre esthétique, le faïençage affecte rarement la
durabilité de la surface ou la résistance de la dalle de béton.

110
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Les principales causes du faïençage sont :


- retard dans l’application de la cure ;
- lissage excessif lors de la finition à l’origine d’une ségrégation
en surface ;
- ajout d’eau ;
- ajout de ciment lors de la finition.

Après la prise : les fissures dues au retrait thermique


Dans les pièces les plus massives, une fissuration peut également
avoir lieu par gradient thermique lorsque la température de la
surface du béton diminue beaucoup plus rapidement que celle
au cœur. Cette fissure n’est généralement pas traversante. Cette
fissuration peut aussi apparaitre lorsque la contraction du béton
durant la phase de refroidissement est limitée par un obstacle.

Pendant le chantier :
les fissures liées aux nuisances vibratoires
Les travaux de terrassement et dans une moindre mesure de
chaussée réalisés à proximité d’une construction peuvent
être à l’origine de désordres liés aux vibrations créés par les
compacteurs.
On considère que, vis-à-vis des nuisances vibratoires :
- un bâti situé à moins de 10 m des travaux présente un risque
important de désordres ;
- un bâti situé entre 10 et 50 m des travaux peut présenter des
désordres ;
- un bâti situé entre de 50 et 150 m présente, sauf cas
exceptionnel, des risques de désordres réduits.
Ces dispositions peuvent conduire à imposer l’usage de
compacteurs moins puissants avec des épaisseurs de couches
de matériaux mis en œuvre par passes moins importantes.

111
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Pendant la vie de l’ouvrage : la fissuration structurelle


Si la fissuration est normale dans les structures en béton armé
soumises à des sollicitations de flexion, d’effort tranchant,
de torsion ou de traction. Elle résulte soit d’un chargement direct,
soit de déformations générées ou imposées mais elle peut aussi
être révélatrice d’un désordre d’ordre structurel. On peut citer :

- Fissures traversantes : fissures qui traversent toute la section


de béton. Elles sont perpendiculaires à la direction de la
contrainte d’un élément de construction travaillant en traction.

- Fissures de flexion : fissures non traversantes, limitées à la


zone de traction d’un élément de construction soumis à une
flexion, en grande partie perpendiculaire au sens de la portée

- Fissures à 45° : fissures dues à des efforts tranchants qui


se produisent lorsque le béton présente une résistance au
cisaillement insuffisante.

L’origine de ces désordres est multiple et peut provenir aussi bien


d’un sous dimensionnement de l’ouvrage et/ou de ses fondations
que d’une réalisation non conforme (armature du béton non
conforme, qualité du béton insuffisante, etc...).

112
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.5 ATTAQUES CHIMIQUES

Les attaques chimiques vont «dissoudre» le béton. Le degré


d’attaque dépend du type, de la concentration et de la
quantité des fluides chimiquement agressifs et de la capacité
de dissolution des sels produits dans le béton. L’évolution des
dégradations dépend donc de la porosité du béton qui détermine
l’infiltration des fluides agressifs et le lessivage de la pâte de
ciment. Le degré d’attaque est aussi influencé par la température
et la vitesse d’écoulement des solutions agressives.

Le fascicule de documentation AFNOR FD P18-011 fournit des


recommandations complémentaires aux exigences de la norme
NF EN 206/CN, pour les bétons soumis aux environnements
chimiques agressifs.

Trois milieux potentiellement agressifs sont concernés :


- milieu liquide : eaux pures, eaux de mer, solutions de sels,
d’acides ou de bases, eaux résiduaires, liquides organiques
(huiles, pétrole, solvants),
- milieu gazeux : gaz, vapeur ;
- milieu solide : sols naturels ou remblais dont l’agressivité,
conditionnée à la présence d’eau, est fonction de la composition
de la solution intergranulaire et de sa circulation éventuelle.

113
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.6 ATTAQUES SULFATIQUES

Les pathologies liées aux sulfates


sont soit d’origine externe au
béton et on y répond en adaptant
© Université Gustave Eiffel.

la formulation du béton aux


classes XA complétée par des
dispositions sur le choix du liant
(FD P18-011).

Dans le cas d’une origine interne des sulfates, la pathologie est


la conséquence du fait que vont se cristalliser dans le béton mais
beaucoup plus tardivement des cristaux d’ettringite différée qui
vont générer une expansion volumique. Cela se traduit par un
faïençage, une fissuration multi-directionnelle à mailles larges
(10 à 40 cm) assez semblable à celui de l’alcali-réaction.

114
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Des précautions peuvent être prises en limitant la teneur en soufre


total des granulats (1 % voire 0.1 % en présence de pyrrhotites).

L’IFSTTAR, devenu l’Université Gustave Eiffel, a aussi travaillé


sur un guide RSI – Réaction sulfatique interne - pour prévenir
les désordres notamment en jouant sur un paramètre essentiel
qui est l’élévation de la température couplée à la notion de taille
critique de la pièce et à l’importance de la partie d’ouvrage :
les dispositions peuvent porter sur la formule béton (utilisation
d’additions), sur la conception des pièces (taille critique
réduite pour mieux évacuer la chaleur) ou la mise en œuvre
(refroidissement du béton).

En France pour prévenir ces désordres on applique le


guide de l’IFSTTAR «recommandation pour la prévention
des désordres dus à la RSI», téléchargeable : https://
www.ifsttar.fr/fileadmin/user_upload/editions/lcpc/
GuideTechnique/GuideTechnique-LCPC-GTRSI.pdf

115
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.7 ALCALI-RÉACTION

Ce phénomène résulte de l’action des

© Université Gustave Eiffel.


alcalins solubles (oxyde de sodium
Na2O et oxyde de potassium K2O) du
béton sur une certaine forme de silice
réactive, en présence d’eau.

Elle conduit à la formation d’un gel gonflant qui peut provoquer


des fissurations au cœur du béton. Celles-ci se matérialisent en
surface par une fissuration orientée selon la direction des aciers.
Trois conditions simultanées sont nécessaires pour amorcer et
entretenir cette réaction :
- un environnement fortement humide,
- une teneur en alcalins solubles dans la solution interstitielle
élevée et dépassant un seuil critique,
- la présence dans le béton de silice réactive en quantité
suffisante (apportée par des granulats potentiellement réactifs).

Comme pour les attaques sulfatiques, les solutions de traitement


ne visent qu’à limiter ou retarder les conséquences des désordres.
Les mesures de prévention sont donc à privilégier sur les ouvrages
neufs et reposent sur la détermination d’une classe d’exposition
relative à la prévention contre les phénomènes d’alcali-réaction
afin de déterminer un niveau de prévention applicable à l’ouvrage.
Selon le niveau de prévention, des exigences complémentaires
pourront être émises sur les granulats, la qualité des ciments et
la formulation.

L’ensemble de ces préconisations est couvert en France par trois


textes normatifs : NF P18-454, FD P 18-456 et FD P18-464.

116
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.8 CORROSION DES ARMATURES

Les dégradations liées à la corrosion


des armatures se traduisent de la
manière suivante :
- éclatement du béton en surface : la
formation de rouille s’accompagne
d’une augmentation de volume de
l’acier qui conduit à la fissuration du
béton d’enrobage ;
- l’armature perd une partie de sa
section effective par la corrosion.
Ces désordres sont de loin les plus
© WP
fréquemment observés.

Les armatures sont normalement durablement protégées de la


corrosion dans un béton sauf dans les cas suivants :
- Lorsque le front de carbonatation atteint les armatures :

La carbonatation du béton est une réaction qui se produit avec


la matrice cimentaire du béton au contact avec le CO2 de l’air.
Cette réaction a pour conséquence d’acidifier le pH du béton
conduisant à une dépassivation des armatures.

117
PARTIE 4 - DÉSORDRES

CO2(gl) Phase gazeuse

H2 CO3 H3O+

HCO3 CO2-3 + Ca2+ H2O

Phase liquide OH-

CaCO3
Ca(OH)2
Phase solide

La carbonatation progresse de l’extérieur (parement) vers


l’intérieur et traduit un vieillissement naturel du béton. Arrivé au
contact des armatures, elle va permettre leur corrosion.

- Lorsque la concentration en chlorures dans le béton est


supérieure à 0.4 %/masse de ciment au droit des armatures :

La phénoménologie est différente de celle due à la carbonatation


mais le résultat est aussi une dépassivation des armatures.

On évitera l’utilisation de granulats ou de sable d’origine marine


ou on s’assurera que le pourcentage de chlorure apporté reste
compatible avec le seuil de 0.4 %/masse de ciment.

La pollution des bétons par les chlorures est surtout due aux
expositions marines en Nouvelle Calédonie. Les chlorures
pénètrent dans le béton par diffusion ou absorption capillaire.

118
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Ces deux phénomènes sont favorisés par :


- une porosité du béton (volume de vide contenu dans le
béton) importante : au-delà de 15 %, la porosité peut devenir
pathologique. L’ajout d’eau sur le chantier est un facteur
d’augmentation important de la porosité ;
- la présence de fissures ouvertes ;
- des épaisseurs d’enrobage insuffisantes.

La spécification des classes d’exposition pour ces deux


caractéristiques (XC : Corrosion induite par la carbonatation et
XS : corrosion induite par les chlorures présent dans l’eau de
mer) doit permettre de déterminer les mesures de prévention à
l’apparition de ces désordres :
- choix d’une formule de béton permettant de garantir une
bonne compacité et une porosité adaptée à l’environnement
(application des tableaux NA.F. de la norme NF EN 206/CN) ;
- proscrire les ajouts d’eau sur le chantier pour ne pas augmenter
la porosité du béton ;
- respecter les enrobages (mise en place de cales) ;
- effectuer un calcul d’ouverture maximale des fissures
admissibles (Wmax) selon l’Eurocode 2.

119
PARTIE 4 - DÉSORDRES

2.9 PATHOLOGIES DU BÉTON


RENCONTRÉES EN NOUVELLE-CALÉDONIE

En 2019, la FCBTP a confié une étude à GINGER LBTP NC sur


la nature des désordres rencontrés en Nouvelle-Calédonie. Cette
étude repose sur un diagnostic structure sur ouvrages en béton
portant sur une période de 10 ans.

Les désordres les plus fréquents rencontrés sont :


- des défauts de résistance des bétons : le béton a une
résistance à la compression qui est inférieure à celle retenue
pour le dimensionnement de la structure. Ceci est généralement
lié à un défaut de formulation ou à une mise en œuvre non
conforme.

- Oxydation des aciers, éclatement du béton : ces désordres sont


généralement la conséquence d’enrobages non conformes et/
ou de la mauvaise qualité de béton. Ils ont un impact important
sur les structures.

- Fissuration : si elle est fréquemment rencontrée, elle ne


constitue cependant pas un désordre important dans la
majorité des cas, les fissurations structurelles restant tout de
même exceptionnelles.

120
PARTIE 4 - DÉSORDRES

Les désordres liés aux variations de teintes, ségrégation et


nids de gravillons, sont peu rencontrés car réparés pendant la
réalisation de l’ouvrage.
L’alcali réaction est à ce jour une pathologie très marginale
(un cas recensé) en Nouvelle Calédonie et les techniques de
prévention sont bien définies.
Les attaques sulfatiques et chimiques ont été observées dans
des ouvrages très spécifiques comme des ouvrages de traitement
des eaux usées.

121
ANNEXE

BÉTON - CONTEXTE NORMATIF

STRUCTURES EN BÉTON

DIMENSIONNEMENT Produits préfabriqués Essais EXECUTION


Eurocode 0 structuraux en béton Sur béton frais NF EN 13670/CN
Eurocode 1 NF EN 13369 NF EN 12350 Fascicule 65
Eurocode 2 Normes produits Sur béton durci DTU 21
Eurocode 8 NF EN 12390

Fascicules
MATERIAU BÉTON de recommandations
NF EN 206/CN Alcali-réaction RSI

Constituants

Ciment : NF EN 197-1
Granulats : NF EN 12620 et NF P 18-545
Additions :
NF EN 450 (cendres volantes)
NF EN 13263 (fumées de silice)
Ajouts :
NF EN 14889 (fibres)
NF EN 12878 (pigments)
Adjuvants : NF EN 934-2

123
La Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics remercie tous
les professionnels qui ont donné de leur temps pour contribuer à la réalisation de ce guide.
L’écriture, la relecture, la vérification de l’information ont nécessité de nombreuses heures
de labeur avec pour seul objectif d’aboutir à un ouvrage fiable
et aussi exhaustif que possible.

Directeur de publication :
FCBTP
Assistance technique :
OLIVIER THIRIONET – GINGER LBTP
Coordination, relecture et correction :
STÉPHANIE AMSTUTZ-ARRIEGUY, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA FCBTP,
CHRISTINE MAGONI ET ARNAUD SERRES,
DE L’UNIVERSITÉ DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
A également participé :
MARIE JEANNE STEVAUX
Mise en page :
AGENCE RECTO/VERSO
Imprimeur :
Multipress
Tirage :
100 EXEMPLAIRES

Version ouvrage en vente au prix de 5 000 F TTC.


Version numérique au prix de 2 500 F TTC.
Formulaire de commande en ligne quelle que soit la version souhaitée :
https://www.fcbtp.nc/suivi-de-letude-pathologies-du-beton-en-nouvelle-caledonie/

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