EC7 Application Aux Écrans de Soutenement
EC7 Application Aux Écrans de Soutenement
EC7 Application Aux Écrans de Soutenement
Collection | Références
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Guide méthodologique
Eurocode 7
Application aux écrans de soutènement (NF P94-282)
Groupe de rédaction :
• Julien HABERT (Cerema – Nord-Picardie)
• Nicolas ROUXEL (Cerema – Ouest)
• Jérôme SALIBA (Cerema – Méditerranée)
Groupe de relecture :
• Nicolas UTTER (Soletanche Bachy France)
• Dominique BATISTA (Cerema – Méditerranée)
• Sébastien BURLON (Ifsttar)
• Samuel HEUMEZ (Cerema – Ile-de-France)
• Sophie LEGRAND (Cerema – Nord-Picardie)
• Vianney CHANGENOT (Cerema – Eau mer et fleuve)
• Philippe JOIGNANT (Grand Port Maritime du Havre)
Coordination :
• Aurore BRACH (Cerema – Infrastructures de transport et matériaux)
• Jérôme SALIBA (Cerema – Méditerranée)
Avant-propos 5
Chapitre 1 - Généralités 7
1 - Domaine d’application 7
2 - Mécanismes de ruine des écrans de soutènement 7
3 - États limites à vérifier 7
Chapitre 4 - Justifications 35
1 - Justification des appuis 35
2 - Justification de la stabilité verticale 45
3 - Justification de la stabilité du fond de fouille 45
Chapitre 5 - Exemples 49
1 - Présentation des exemples 49
2 - Exemple 1 : Écran autostable 50
3 - Exemple 2 : Un niveau de tirants 53
4 - Exemple 3 : Deux niveaux d’appui 57
5 - Exemple 4 : Paroi composite 61
Sommaire 3
4 Eurocode 7 – Application aux fondations superficielles (NF P94-261)
Avant-propos
Après une longue période de préparation et d’écriture, le corpus normatif des Eurocodes a été mis en place. L’Eurocode 7
(NF EN 1997-1), un des derniers nés de cette série de normes traitant du calcul des structures, permet une certaine
uniformisation des pratiques au niveau européen pour le calcul des ouvrages géotechniques.
Cet Eurocode a pour objectif de fournir des outils de dialogue entre les différents corps de métier intervenant dans
la justification d’un ouvrage géotechnique.
L’application de cet Eurocode se complète par une annexe nationale qui instaure l’écriture des normes d’application
nationales. En France, le choix a été fait de rédiger une norme d’application pour chacun des types d’ouvrages
géotechniques : écrans (NF P94-282), remblais renforcés et massifs en sol cloué (NF P94-270), murs de soutènement
(NF P94-281), fondations superficielles (NF P94-261) et fondations profondes (NF P94-262).
Ce troisième guide traite donc des écrans de soutènement, et s’appuie sur la norme d’application française NF P94-282
et son amendement de février 2015. Il accompagne ainsi le changement des méthodes de calcul induit par la nouvelle
norme d’application française de l’Eurocode 7. Le guide est aussi un moyen de lever des doutes sur l’utilisation au
quotidien de la norme NF P94-282.
Ce guide ne dispense pas de se référer à la norme NF P94-282 et à la norme NF EN 1997-1, son amendement d’avril 2014
et son annexe nationale, traitant des écrans de soutènement, ainsi qu’à l’ensemble des Eurocodes et leurs annexes
nationales le cas échéant.
Ce guide se veut être un lien entre les ingénieurs de calcul de structures et les géotechniciens afin de mettre en
place une meilleure synergie entre ces deux domaines techniques et de co-concevoir les écrans de soutènement.
Le vocabulaire commun défini par l’Eurocode 7 et la norme NF P94-282 y est présenté et détaillé afin d’améliorer
les échanges lors des phases de conception.
Le guide présente et décrit les méthodes de calcul nécessaires à la justification du dimensionnement des écrans de
soutènement. Il contient aussi des exemples détaillés de justifications qui complètent le corps du guide, afin d’aider
le lecteur à prendre en main ces nouvelles méthodes.
Dans le corps du guide, les points particuliers sont identifiés par des encadrés colorés ; ils permettent d’apporter
des explications sur la norme et son application. Les renvois aux normes sont indiqués en [grisé et italique], et sans
précision, il s’agit de la norme NF P94-282 objet de ce guide. Ces nombreux renvois permettent de conserver un lien
fort vers la norme de référence.
(1) [1] Eurocode 7 - Application aux fondations superficielles (NF P94-261). Guide méthodologique. Cerema, Collection Références, Décembre 2015, 116 p.
[2] Eurocode 7 - Application aux fondations profondes (NF P94-262). Guide méthodologique. Cerema, Collection Références, Décembre 2014, 143 p.
Avant-propos 5
Chapitre 1
Généralités
1 - Domaine d’application
La norme française NF P94-282 « Justification des ouvrages géotechniques – Écrans de soutènement » est une norme
d’application nationale de l’Eurocode 7 « Calcul géotechnique ». Cette norme présente les méthodes de justification
des écrans pleinement applicables pour les ouvrages de catégorie géotechnique 2 [Tableau I.3.1].
Chapitre 1 - Généralités 7
En particulier, elle ne traite que des écrans situés dans des zones non sismiques ou de sismicité très faible à faible(2)
[1 (5)]. Sous ces conditions de sismicité, et pour les ouvrages de catégorie géotechnique 2 [Tableau I.3.1], il est admis
de vérifier ces ouvrages uniquement à partir des exigences de l’Eurocode 7. Les justifications appropriées pour des
sollicitations sismiques plus importantes ne sont pas traitées directement par la norme et ne sont donc pas abordées
dans le présent guide. Le lecteur est invité à se reporter à la norme NF EN 1998-5 qui traite des sollicitations sismiques
pour les ouvrages géotechniques.
Pour les ELU de type STR (structure), les vérifications portent sur :
• la résistance de la structure ;
• la résistance des ancrages, des dispositifs d’ancrage et d’appuis, y compris des liernes.
Pour les ELU de type UPL (soulèvement) / HYD (hydraulique) les vérifications portent sur la stabilité du fond de fouille.
Les vérifications des états limites ultimes (ELU) sont à mener pour les situations durables et transitoires ainsi que pour
les situations accidentelles et sismiques le cas échéant.
Défaut de butée
La ruine d’un écran par défaut de butée se produit lorsque la butée mobilisée en pied d’écran dépasse la butée
mobilisable. Les mécanismes de rupture observés dépendent de la typologie d’écrans, en distinguant les écrans
autostables des écrans présentant un ou plusieurs niveaux d’appuis :
• pour les écrans autostables, le défaut de butée se traduit par un basculement autour d’un centre de rotation situé
sous le fond de fouille comme le montre la Figure 1 ;
(2) La seule exception concerne les soutènements solidaires des ponts nouveaux définitifs, tels que définis dans l’arrêté du 26 octobre 2011 relatif à la classification
et aux règles de conception parasismique applicables aux ponts de la catégorie dite « à risque normal » pour lesquels les vérifications sismiques sont à
mener aussi pour les zones de sismicité faible.
Figure 2 : Insuffisance de la butée pour un écran avec un niveau Figure 3 : Insuffisance de la butée pour un écran avec un niveau
d’appui en partie haute de l’écran [Figure 4.2.2.1.b] d’appui avec rotation autour d’un appui en partie basse l’écran
[Figure 4.2.2.1.c]
Les risques de rupture du terrain dépendent du type d’appui considéré. La rupture d’un appui peut être brutale et il
convient donc de faire en sorte d’éviter l’occurrence d’une rupture fragile en prévoyant des possibilités de redistribution
des efforts en cas de défaillance accidentelle de l’un d’entre eux.
La ruine d’un buton peut être causée par insuffisance de résistance des terrains autour du dispositif d’appui :
• par poinçonnement ;
• par renversement ;
• par glissement.
Chapitre 1 - Généralités 9
3.1.3 - Structure de l’écran
La ruine d’un écran se produit lorsque la résistance structurelle de l’écran, des appuis éventuels et des éléments
d’ouvrage associés (lierne, massifs de réaction, contre-rideau, dalle de frottement, etc.) devient insuffisante vis-à-vis
de l’effet des actions le plus défavorable, combinant moment fléchissant, effort tranchant et effort axial.
Les éléments de structure d’un écran de soutènement doivent être vé rifiés par le calcul. Selon le matériau constitutif
de l’écran (parois moulées en béton armé, palplanches en acier, etc.), les normes NF EN 1992 sur le béton,
NF EN 1993 sur l’acier, NF EN 1995 sur le bois et NF EN 1996 sur la maçonnerie s’appliquent.
La rupture du fond de l’excavation liée aux conditions hydrauliques peut se produire selon l’un des trois modes suivants :
• par soulèvement hydraulique global du terrain en fond de fouille sous l’effet des sous-pressions ;
• par soulèvement hydraulique local ou annulation des contraintes effectives, lorsque des forces d’écoulement
ascendantes et déstabilisatrices dépassent le poids déjaugé descendant et stabilisateur du sol (phénomène
de boulance) ;
• par érosion interne dans le cas de transport de particules à l’intérieur du terrain ou à l’interface sol/écran.
Si dans le cas des écrans, il convient généralement de justifier la boulance, les états limites d’érosion interne concernent
rarement ce type d’ouvrage.
Un écran de soutènement peut périr par instabilité d’ensemble du site de réalisation des travaux.
Il doit être vérifié que les ELS pertinents ne sont pas atteints :
• vis-à-vis des combinaisons caractéristiques pour les phases de construction ;
• vis-à-vis des combinaisons fréquentes, caractéristiques et quasi-permanentes pour les phases d’exploitation.
Dans le cas d’un massif homogène, semi-infini à surface horizontale et à déformation latérale nulle, l’utilisation de
l’élasticité linéaire isotrope conduit à l’expression(3) :
Avec :
ν : coefficient de Poisson du sol.
La formule la plus courante est celle de Jaky qui, issue d’une approche théorique, s’applique aux sols normalement
consolidés à surface horizontale : , dans son expression la plus simple.
Avec :
Dans le cas d’un talus incliné d’un angle β par rapport à l’horizontale, la formule suivante est usuellement appliquée :
[Formule 5.1.3.2]
(3) Cette formule peut conduire à des estimations irréalistes de K0. Il en est de même pour les expressions déduites des lois de comportement plus complexes,
comme des lois de type élastoplastique.
(4) [3] Ko-OCR Relationships in Soil. MAYNE, P.W. et KULHAWY, F.H. Journal of the Geotechnical Engineering Division, ASCE, 1982, Vol 108, GT6, p. 851-872.
Le calcul de la force de poussée ou de butée doit tenir compte de l’amplitude et de la direction du mouvement relatif
de l’ouvrage par rapport au sol. L’équilibre limite (butée, poussée) n’est atteint que si l’écran se déforme (écran
souple) ou, s’il subit un déplacement suffisant (écran rigide). Ainsi, pour un écran de hauteur H, on considère que :
• la poussée est mobilisée pour des déplacements faibles de l’ordre de H / 1000 à 5H / 1000 ;
• la butée est mobilisée pour des déplacements plus importants de l’ordre de H / 100 à H / 10.
En un point donné de l’écran, c’est le déplacement local qui est à considérer et non le mouvement d’ensemble.
Pour des écrans proches, des valeurs de butée supérieures peuvent être considérées le cas échéant en tenant
compte de l’intervalle limité entre les deux écrans.
1.2.2 - Détermination des valeurs limites de la pression des terres selon la norme NF P94-282
Le calcul des pressions limites du sol en poussée et en butée est effectué en appliquant le principe de superposition
des états d’équilibre et, pour la prise en compte de la cohésion, en appliquant le théorème des états correspondants.
La norme NF P94-282 propose de déterminer les valeurs de la poussée et de la butée des terres sous l’effet du poids
volumique, d’une surcharge uniforme q et de la cohésion, à partir des coefficients proposés par Kérisel et Absi lorsque
cela est approprié [5.1.3.4 (1)].
Les coefficients de poussée et de butée d’un sol pesant et frottant, kaγ, k aq, k pγ et kpq sont donnés dans les Tables de
Poussée et de Butée des Terres (5) en fonction de l’angle de frottement ϕ ’ pour différentes valeurs de λ, de β / ϕ ’ et
de δ / ϕ ’ (Figure 4).
Le diagramme des pressions exercées par un sol pesant, frottant, cohérent et chargé sera obtenu par superposition
des pressions exercées respectivement par :
• un milieu pesant (γ ) et frottant ( ϕ ’) ;
• un milieu cohérent (c’) ;
• un milieu chargé ( q).
(5) [4] Tables de poussée et de butée des terres, Kerisel J. et Absi E. Presses des Ponts et Chaussées, 3e édition, 1990, 220 p.
Dans le cas d’un sol frottant et doué de cohésion, la prise en compte de la cohésion résulte de l’application du théorème
des états correspondants(6) qui peut s’énoncer ainsi :
« Les conditions d’équilibre limite d’un massif cohérent peuvent être calculées comme si le massif était pulvérulent,
de même angle de frottement interne, de même géométrie que le massif cohérent, soumis aux mêmes forces
extérieures auxquelles s’ajoute une contrainte de compression uniforme d’intensité sur tout le contour
extérieur du massif. »
La réduction de la poussée ou l’augmentation de la butée liée à la cohésion ont respectivement pour valeur
ou [Tableau C.2.1] où K q est le coefficient de poussée ou de butée pour un milieu non pesant du sol chargé.
Elle est normale à l’écran et est constante avec la profondeur. Sa résultante propre s’exerce à mi-hauteur de l’écran.
Dans le cas le plus simple d’un écran vertical soutenant un terre-plein horizontal, le terme de cohésion devient
où ξ est un nombre variant entre 2 et ( π+2) / 2 = 2,57 selon les lignes de rupture envisagées, plus particulièrement
selon l’état de rugosité du contact sol-écran. On considère ξ = 2 pour un contact lisse et ξ = 2,57 pour un contact
rugueux mobilisant la totalité de l’adhérence de cohésion. À défaut d’analyse spécifique recommandée de ce paramètre,
il peut être déterminé en cohérence avec les hypothèses faites sur l’inclinaison des poussées δ / ϕ’ par la formule
simple suivante :
Les contraintes résultantes négatives éventuelles sur l’écran ne sont pas prises en compte, comme le montre la Figure 5,
car le terrain n’est jamais en mesure de développer de la traction sur l’écran.
Figure 5 : Principe des diagrammes des contraintes lors de la prise en compte d’une nappe d’eau
Pour les terrains autres qu’un rocher sain, il est prudent de tenir compte d’une pression effective sur l’écran à un niveau
donné, au moins égale au dixième de la contrainte verticale effective à ce niveau (il découle de cette disposition que
la contrainte totale appliquée sur l’écran au-dessous du niveau de la nappe phréatique est au moins égale à la poussée
hydrostatique majorée de [5.1.3.1 (4) NOTE 1] ).
(6) [5] Équilibre des massifs à frottement interne Stabilité des Terres Pulvérulents et Cohérentes. Caquot A. Paris Gauthiers-Villars, 1934, 191 p.
Lorsque les conditions géométriques complexes ne permettent pas de déterminer analytiquement les forces de poussée,
on peut alors utiliser la méthode de Culmann.
La méthode de Culmann est une généralisation de la théorie de Coulomb, basée sur des lignes de rupture rectilignes.
La mise en œuvre de la construction graphique de Culmann, permet de calculer la force résultante exercée sur
le parement, pour des sols hétérogènes purement frottants et des talus de forme quelconque en prenant en compte
les charges appliquées au talus.
Cette méthode graphique permet la détermination globale de la poussée exercée sur une paroi de soutènement
plan par un massif retenu de géométrie quelconque. Elle permet de définir les poussées exercées sur une paroi par
intégration de charges positives ou négatives selon que la surface du talus est au-dessus ou en dessous de la ligne
moyenne de talus.
Cette méthode ne fait pas intervenir explicitement les concepts de coefficients de poussée Ka.
2 - Obliquité δ
Quelle que soit la méthode de calcul choisie les valeurs des efforts de poussée et de butée limites varient en fonction
de leur obliquité δ , qui est généralement déterminée par le projeteur.
La démarche de calcul développée ici consiste à déterminer a priori les inclinaisons des pressions du sol en poussée et
en butée (sans chercher à vérifier la condition d’équilibre vertical des rideaux ; la recherche d’un équilibre vertical ne
reflète pas le comportement de l’ouvrage, car la poussée et la butée limites ne sont pas mobilisées pour les mêmes
déplacements).
L’obliquité δ est caractérisée par l’angle que fait la résultante de la poussée avec la normale à l’écran.
Quel que soit le type d’ouvrage, l’obliquité δ des pressions du sol sur un écran est à considérer différemment selon
les propriétés du sol pertinentes dans la situation envisagée. Ainsi, pour un sol argileux en condition non drainée
(à court terme ϕ u = 0, cu ≠ 0) une approche « en contraintes totales » est pertinente. L’obliquité δ est prise égale à 0
en poussée comme en butée.
Pour un sol argileux en condition drainée justifiant le choix des propriétés de « long terme » ou pour un sol sableux
dans toutes les conditions ( ϕ’, c’ ), seule l’approche « en contraintes effectives » est pertinente dans la mesure où l’on
définit des inclinaisons différentes pour les pressions exercées par le squelette granulaire et par l’eau, ce qui nécessite
de calculer séparément les deux contributions à la pression totale.
En second lieu, l’obliquité δ dépend de l’ampleur du mouvement relatif entre le sol et l’écran : elle augmente (en
valeur absolue) lorsque la déformation du soutènement augmente (soutènements plan).
L’obliquité δ augmente également avec l’inclinaison β éventuelle sur l’horizontale du massif de sol soutenu.
Il n’existe pas de règle pratique bien définie pour le choix de la valeur de l’angle δ .
Pour la poussée, les coefficients de Caquot Kérisel et Absi varient assez peu avec cette inclinaison (voir Figure 6), il
est habituel de prendre δ = 0, qui donne la valeur supérieure de la poussée limite.
Par contre, pour la butée, il est courant d’admettre que δ = - 1/2 ϕ ’ ou - 2/3 ϕ ’, ce qui correspond à une mobilisation
partielle du frottement massif-paroi.
Les valeurs habituellement considérées pour les deux types de soutènement les plus usuels sont données dans
le Tableau 2.
δ=0 δ = - 2/3 ϕ’
Parois moulées et palplanches à module*
δ = 2/3 ϕ’ δ = - 1/2 ϕ’
Des exemples de coefficients de poussée et de butée de Caquot Kérisel et Absi sont donnés par la Figure 6.
Figure 6 : Variation des coefficients de poussée et de butée projetés sur l’horizontale en fonction de l’obliquité δ ,
en considérant un terrain horizontal (Caquot, Kérisel et Absi)
3 - Coefficient de réaction kh
Les méthodes classiques de la butée simple et du rideau encastré qui servent au dimensionnement des rideaux
de palplanches autostables sont toutes fondées sur la théorie des états limites de poussée et de butée du sol dont
la mobilisation suppose obligatoirement un certain déplacement de l’écran. Cette exigence est en contradiction avec
le comportement réel d’ouvrages se déplaçant peu parce que plus rigides (parois moulées) ou parce que bloqués par
des appuis (nappes de tirants précontraints ou non, butons).
Par rapport aux méthodes classiques, la méthode aux coefficients de réaction permet d’intégrer une loi d’interaction
sol - structure (loi de réaction) dans le modèle de calcul. Le sol au contact de l’écran est assimilé à un ensemble de
ressorts horizontaux indépendants de raideur k.
Dans le domaine élastique, la pression exercée par le sol sur l’écran à un niveau donné est alors directement
proportionnelle au déplacement de l’écran à ce niveau. Les lois de réaction utilisées sont des lois de mobilisation
linéaire avec paliers de poussée et de butée dont le domaine pseudo-élastique est caractérisé par le coefficient de
réaction kh (Figure 7).
La notion de coefficient de réaction kh est un artifice de calcul qui ne peut être justifié que d’un point de vue théorique.
En réalité, il n’y a pas de facteur de proportionnalité dépendant uniquement des caractéristiques du sol entre
les incréments de pression et de déplacement. Le coefficient de réaction doit idéalement dépendre non seulement de
la nature du sol, mais aussi des caractéristiques de la paroi (produit d’inertie E x I, hauteur totale), de la configuration
du sol à la phase de calcul donnée et du système de support (appuis).
« L’expérience montre que moyennant un choix judicieux des lois de réactions, il est possible d’obtenir par un calcul aux
modules de réaction une estimation raisonnable des sollicitations et de la déformation de l’écran pour les différentes
phases de travaux et d’exploitation ».(7)
Des propositions (liste non exhaustive) pour la détermination des coefficients de réaction ont été faites par Ménard
(1962), Chadeisson (1961), Balay (1985) ou Schmitt (1995, 1998).
(7) [6] Recommandations pour le choix des paramètres de calculs des écrans de soutènements par la méthode aux modules de réaction. Note d’information
technique. Balay J. Ministère de l’urbanisme, du logement et des transports, LCPC, 1985, 24 p.
(8) [7] Parois moulées dans le sol. Chadeisson R. Proceedings of the 5th European conference on Soil Mechanics and Foundation Engineering, Vol. 2. Dunod,
Paris, 1961, pp. 563-568.
(9) [8] Module de réaction, coefficient de décompression, au sujet des paramètres utilisés dans la méthode de calcul élastoplastique. Monnet A. Revue Française
de Géotechnique, 1994, n°65, pp. 67-72.
Avec :
EM : module pressiométrique du sol ;
a : longueur dépendant de la longueur en fiche de l’ouvrage et de son mode de fonctionnement comme
le montre la Figure 8 ;
α : coefficient rhéologique dépendant de la nature du sol.
Figure 8 : Choix du paramètre dimensionnel a à l’exception des phases de mise en tension des tirants (10)
À partir du coefficient de réaction « Ménard », Balay a proposé des « Recommandations pour le choix des paramètres
de calculs des écrans de soutènement par la méthode aux modules de réaction » (11). Ces recommandations reprennent
les propositions faites par Ménard :
• en apportant un correctif lorsque la fiche de l’écran est supérieure à sa hauteur libre (écran fortement encastré)
(Figure 8, illustration au centre) ;
• en imposant la modification du coefficient de réaction lors des phases de mise en tension de tirants, selon
l’expression :
Avec :
r : coefficient empirique fonction de la position du tirant en profondeur ;
s : coefficient empirique fonction de la nature des terrains soutenus ;
l0 : longueur de transfert :
(10) Pour le cas des phases de mise en tension des tirants, le lecteur est invité à se reporter à l’article [6].
(11) [6] Recommandations pour le choix des paramètres de calculs des écrans de soutènements par la méthode aux modules de réaction. Note d’information
technique. Balay J. Ministère de l’urbanisme, du logement et des transports, LCPC, 1985, 24 p.
Avec :
E x I : produit du module d’Young E par l’inertie I de l’écran ;
EM : module pressiométrique du sol.
[Formule F.3.1]
Avec :
EM : module pressiométrique du sol ;
α : coefficient rhéologique dépendant de la nature et de la compacité du sol ;
E x I : produit du module d’Young E par l’inertie I de l’écran ;
B0 : longueur de référence prise égale à 1 m.
La norme NF P94-282 à la note F.3 (1) NOTE 3 donne des adaptations aussi pour le calcul de kh dans les cas suivants :
• fiche de l’écran inférieure à 1,5 x l0 (l0 : longueur de transfert) ;
• largeur de l’excavation devant l’écran inférieur à 3 x l0.
Pour des terrains sableux, sablo-argileux et les couches d’altération du substratum, les formules de Ménard et de Monnet
donnent des résultats assez comparables et confirmés par les mesures de déplacements d’écrans pendant les phases
de construction. Il est cependant nécessaire d’avoir une bonne appréciation des propriétés intrinsèques du sol.
Pour les terrains plus délicats que constituent les sols lâches, les argiles molles et les vases, les formules de Ménard
et de Monnet donnent des valeurs exagérément fortes.
La formule de Balay conduit généralement à des valeurs faibles du coefficient de réaction en particulier pour
les soutènements de grande hauteur libre. La formule de Monnet est applicable aux écrans de soutènement ni trop
souples ni trop rigides (par exemple palplanches de module d’inertie supérieur à 50000 cm4, parois moulées d’épaisseur
inférieure à 1 mètre) construits dans des terrains normalement consolidés.
(12) [9] Méthode empirique d’évaluation du coefficient de réaction du sol vis-à-vis des ouvrages de soutènement souple. Schmitt P. Revue Française de
Géotechnique, 2e trimestre 1995, n° 71.
Il est admis de modifier le coefficient de réaction lors des différentes phases de calcul dans des cas particuliers :
• pour les ouvrages en béton selon que les calculs sont menés à court ou long terme ;
• pour les ouvrages métalliques, dans un calcul à long terme, localement dans les zones de l’écran les plus sensibles
à la corrosion (zones de marnage, etc.).
4 - Géométrie
Cette partie traite des hypothèses géométriques à prendre en compte, concernant le niveau du terrain à l’aval de
l’écran, pour les justifications ELU faisant intervenir la butée. Certaines dispositions particulières s’appliquent dans
les cas suivants :
• le niveau du terrain est susceptible de varier avec l’exploitation de l’ouvrage (affouillements potentiels engendrés
par la navigabilité par exemple en l’absence d’un dispositif de protection) ;
• lors de travaux ou dans le cadre de l’exploitation de l’ouvrage, il n’est pas envisagé ou pas possible de contrôler
suffisamment régulièrement ce niveau, et en conséquence de mettre en œuvre des mesures préventives ou de
remédier à de potentielles modifications de ce niveau.
Dans les conditions précédentes, et pour déterminer la cote de calcul, il convient de considérer la « surprofondeur »
Δa définie de la manière suivante (cf. Figure 9) :
• pour les écrans autostables, Δa est égale à 10 % de la hauteur libre de l’écran ;
• pour les écrans appuyés, Δa est égale à 10 % de la distance entre la cote de l’appui le plus bas et le niveau
théorique côté butée.
Par ailleurs, une valeur limite maximale égale à 0,5 m est retenue pour la hauteur complémentaire Δa.
Des valeurs plus importantes peuvent également être retenues, si des mécanismes particuliers pouvant modifier
le niveau côté butée ont été identifiés (par exemple affouillements localisés liés aux hélices de bateaux). Dans ce dernier
cas, il est préférable cependant d’orienter les choix de conception (protection, etc.) et/ou d’exploitation (auscultation
et rétablissement de la géométrie théorique) afin de conserver un dimensionnement de l’écran raisonnable.
La présence de talus ou de risbermes de part et d’autres de l’écran est traitée dans le paragraphe 6 du présent chapitre.
5.1 - Butons
Dans le cas de simples butons de longueur L appuyés sur un écran opposé et identique, la raideur de l’appui est alors
égale à :
Avec :
E : module d’Young de l’acier ;
S : section du tirant en partie courante (calculée avec un diamètre éventuellement diminué d’une épaisseur
sacrifiée à la corrosion) ;
L : longueur du buton.
Avec :
Ll : longueur libre ;
Ls : longueur utile.
Avec :
E : module d’Young de l’acier ;
S : section du tirant en partie courante (calculée avec un diamètre éventuellement diminué d’une épaisseur
sacrifiée à la corrosion) ;
L : longueur « utile » du tirant.
La raideur KAA du massif d’ancrage est évaluée en observant le comportement de ce dernier soumis à l’action d’une force
de traction F. Le déplacement δ obtenu au point d’application de l’effort, et dans sa direction, permet de déterminer
KAA qui vaut F / δ.
Si cette raideur est évaluée par un calcul au coefficient de réaction, il faut évaluer K AA depuis les faibles valeurs de F
(correspondant à un état élastique de réaction du sol) jusqu’aux fortes valeurs de F (mise en butée limite du massif
devant le massif d’ancrage). Une approche itérative est souvent nécessaire pour adopter la valeur de K AA qui convient
au niveau de sollicitation dans le tirant.
Les méthodes de calcul habituellement utilisées pour les charges localisées conduisent à des résultats qui intègrent
une diffusion sur les écrans. On distingue :
• les méthodes globales qui calculent directement les poussées provenant du massif de sol mais aussi des surcharges
(méthode de Culmann) ;
• les méthodes spécifiques qui calculent la poussée due aux surcharges seules. On distingue d’une part les formulations
issues de la théorie de l’élasticité (Boussinesq), et d’autre part les méthodes résultant de la théorie de la plasticité
(Krey et Caquot).
Il n’est pas admis de considérer l’effet d’un talus comme équivalent à l’effet d’une charge verticale, ceci pouvant
conduire dans certains cas à des résultats exagérément optimistes.
La validité de la méthode de Boussinesq est ainsi limitée aux terrains de compacité bonne à moyenne dont
le comportement peut être assimilé à celui d’un milieu élastique (indice de densité Df compris entre 0,4 et 0,8), ce
qui exclut en particulier les remblais lâches ou très compactés. Elle présente également l’inconvénient de ne pas tenir
compte de la déformabilité des structures.
L’application des formules de Boussinesq est, en toute rigueur, réservée aux charges isolées, linéiques et peu
étendues, lorsque celles-ci sont éloignées des charges de rupture. Ce modèle est donc particulièrement approprié
pour les justifications des ELS.
Bien que ceci résulte d’une application impropre de la théorie des images, il est habituel de prendre en compte
l’impossibilité de déplacement d’un écran en doublant la contrainte horizontale de Boussinesq qui lui serait appliquée
s’il était déplaçable. La condition de déplacement nul au sein d’un massif peut en effet s’exprimer en considérant
l’effet d’une charge symétrique à celle examinée par rapport au point considéré, ce qui revient à doubler l’effet de
cette charge, tant horizontalement que verticalement.
La redistribution des contraintes initiales provoquée par la réalisation de l’écran peut être prise en compte, de façon
forfaitaire, par l’application d’un coefficient multiplicateur égal à où d représente la distance de la surcharge
à l’écran exprimée en mètre.
6.2.1 - Méthode de l’Herminier et Absi (surcharge de Caquot)(13) : Pression uniforme appliquée à partir d’une distance a
de l’écran
La contribution de la charge aux poussées du sol est une contrainte uniforme qui sollicite l’écran à partir d’une profondeur
égale à , a étant la distance entre l’écran et le bord de la surcharge (Figure 10). La contrainte appliquée vaut :
Dans un calcul faisant intervenir à la fois un sol pesant et des surcharges, il est fréquent de considérer pour l’ensemble
des actions le coefficient k γ du sol pesant. Cette approximation est sans conséquence appréciable sur la validité des
résultats particulièrement dans le cas d’un parement vertical et d’un talus horizontal (ce raisonnement n’est pas
valable pour les butées).
6.2.2 - Méthode de Krey(14) : Pression uniforme appliquée sur une bande de terrain de largeur limitée
La méthode consiste à remplacer le diagramme de poussée réel par une distribution triangulaire dans le plan vertical et
trapézoïdale dans le plan horizontal. La diffusion de la poussée se développe dans une zone délimitée selon la Figure 11 :
• deux plans passant par les bords parallèles au bord de la charge et incliné d’un angle ϕ et sur l’horizontale ;
• deux plans verticaux passant par les angles de la charge et correspondant à une diffusion suivant une pente 1/2
(avec arctan ).
(13) Tables de L’Herminier et Absi, regroupées avec [4] Tables de poussée et de butée des terres, Kerisel J. et Absi E. Presses des Ponts et Chaussées, 3e édition,
1990, 220 p.
(14) [10] Erddruck, Erdwiderstand und Tragfaehigkeit des Baugrundes. Krey H. Berlin, W. Ernst u. Sohn 5th ed, 1936. (1st edition, 1912)
On obtient :
et
Avec :
Lorsque la charge est proche de l’écran ( a petit devant b ), on adopte une diffusion horizontale différente en faisant
passer les plans verticaux par l’arrière de la surface de charge (troisième schéma de la Figure 11) ce qui revient à
remplacer a par (a + b) dans la formule donnant qmax.
Dans le cas particulier d’une charge concentrée Q à d istance a du soutènement, l’expression devient :
Cette méthode est particulièrement recommandée pour les structures rigides ou assez peu déplaçables. Elle conduit
cependant à des actions sur les structures plus importantes que les méthodes élastiques. Son utilisation est recommandée
pour tenir compte de l’influence de charges ponctuelles importantes au voisinage immédiat des soutènements.
Quant à la superposition des différentes méthodes pour un même ouvrage, il est admissible de superposer à une
charge « en équilibre limite » une ou plusieurs charges évaluées en analyse élastique, pour autant que ces dernières
ne conduisent qu’à des corrections mineures de l’état de contraintes.
Les annexes nationales NF EN 1990/NA et NF EN 1990/A1/NA fixent 4 niveaux d’eau de référence à déterminer pour
les situations durables et transitoires :
• niveau EB (Eaux Basses), quasi-permanent, susceptible d’être dépassé pendant 50 % de la durée de vie de l’ouvrage ;
• niveau EF (Eaux Fréquentes), fréquent, susceptible d’être dépassé pendant 1 % de la durée de vie de l’ouvrage ;
• niveau EH (Eaux Hautes), caractéristique, présentant une période de retour similaire à la durée de vie de l’ouvrage ;
• niveau EE (Eaux Exceptionnelles) qui est à considérer pour les situations accidentelles. Il correspond au niveau
le plus élevé qui ne peut pas être physiquement dépassé. Par exemple, pour un ouvrage inondable (par le biais
d’ouvertures), il correspond à la cote d’inondabilité (majoré d’une revanche permettant de tenir compte du débit
d’inondabilité et des incertitudes associées).
Les différents niveaux précédemment décrits peuvent être identiques. Si le caractère favorable ou défavorable d’un
niveau d’eau de référence ne constitue pas une évidence, un calcul en fourchette peut être réalisé pour un état limite
considéré.
Pour autant, ce choix doit rester une estimation prudente du niveau le plus défavorable vis-à-vis de l’état limite
considéré. Il convient en particulier de tenir compte :
• de l’impact de l’ouvrage sur le fonctionnement hydrogéologique avant sa construction ;
• des potentielles réalisations ou modifications d’aménagements non planifiées lors de la construction de l’ouvrage.
C’est pourquoi leur détermination ne saurait se baser que sur le seul suivi piézométrique sur une période longue et
une analyse hydrogéologique. Ces différents éléments conduisent à fixer les différents niveaux d’eaux de référence
au cours des études de projet et doivent être indiqués dans les pièces du marché.
(15) Pour plus de détails, le lecteur peut se reporter à la note de la Commission de Normalisation Justification des Ouvrages Géotechniques intitulée « Prise en
compte des niveaux d’eau selon l’Eurocode 7 » [15].
Les actions dues à l’eau sont considérées comme permanentes pour former les combinaisons d’actions (bien qu’elles
ne constituent pas, en toute rigueur, des actions permanentes au sens de la norme NF EN 1990).
Les pressions d’eau sont définies au travers des différents niveaux de référence mentionnés ci-dessus. Afin d’obtenir
les valeurs de calculs des actions liées à l’eau, les facteurs partiels sur les actions sont appliqués sur les pressions
d’eau (et non sur le niveau d’eau).
Il convient de tenir compte des écoulements autour d’un écran de soutènement pour définir les pressions d’eau et
les forces d’écoulement.
Dans le cas des écrans de soutènement, il convient de tenir compte des effets (souvent défavorables) suivants :
• anisotropie des perméabilités ;
• caractéristiques géométriques de la fouille : largeur de la fouille, présence d’angle rentrant, etc. ;
• hétérogénéités des sols.
Étant donné les différentes incertitudes liées aux points précédents, des dispositions constructives (puits d’exhaure
par exemple) visant à réduire la pression d’eau et les forces d’écoulement sont souvent à privilégier par rapport à
la recherche de la précision des modèles de calculs et le choix des coefficients partiels pour éviter une instabilité du
fond de l’excavation d’origine.
8 - Résistance structurale
8.1 - Béton
La norme NF P94-282 indique que la résistance caractéristique à la compression du béton des écrans de soutènement
doit être déterminée à l’aide de la formule suivante :
[Formule 6.4.1.1]
Avec :
fck* : résistance caractéristique à la compression ;
fck : résistance caractéristique à la compression à 28 jours ;
fck(t) : résistance caractéristique à la compression à t jours ;
Cmax : résistance caractéristique à la compression à la mise en œuvre (Tableau 3) ;
k1 : coefficient empirique tenant compte du mode de mise en place dans le sol ainsi que des variations
possibles de sections selon la technique utilisée (Tableau 3) ;
k2 : coefficient empirique tenant compte des difficultés de bétonnage (Tableau 3).
Les coefficients k1 et k2 qui tiennent compte des conditions de mise en œuvre, sont destinés à se substituer au coefficient
kf de l’article 2.4.2.5 de la norme NF EN 1992-1-1.
La norme NF P94-282 limite C max à 35 MPa pour les parois moulées et les barrettes forées simple et à 25 MPa pour
les ouvrages en béton projeté.
La résistance de calcul à la compression du béton des écrans de soutènement est déterminée à l’aide de la formule
suivante :
[Formule 6.4.1.2]
8.2 - Acier
Pour les écrans en acier, la norme NF P94-282 s’utilise conjointement avec la norme NF EN 1993-5 et son annexe
nationale. En particulier pour les palplanches, il convient de préciser quelques points relatifs au choix de l’inertie I et
à la détermination du moment résistant de calcul.
L’inertie à considérer dans les calculs Ieff doit être calculée en tenant compte des adaptations pour les profilés de type U
(profilés dont la serrure se trouve au droit de l’axe du rideau).
Le coefficient βD permet de tenir compte des défauts de transmission des efforts de cisaillement au niveau des serrures
entre palplanches. Il dépend du nombre d’appuis, de la caractérisation sommaire de la compacité des terrains et du
recours éventuel à des palplanches solidarisées par paires. Les valeurs à utiliser sont précisées dans le Tableau 4.
Concernant le moment résistant de calcul M c,Rd , un calcul permettant également de tenir compte des défauts
de transmission des efforts de cisaillement et de la classification de la section transversale est à considérer. Il
se calcule de la façon suivante pour les profilés présentant une section transversale allant de la classe 1 à 3
[Tableau 5.1 NF EN 1993-5].
Avec :
βB : coefficient donné par le Tableau 4 ;
: module de flexion. Pour les profilés présentant une section transversale de classe 1 ou 2, le module de
flexion plastique peut être utilisé. Pour les sections transversales de classe 3, le module de résistance
élastique doit être retenu ;
fy : limite d’élasticité de l’acier ;
γM0 : facteur partiel sur la résistance égal à 1,00.
Lorsque c’est pertinent, les effets du second ordre doivent être pris en compte.
Le coefficient d’épanouissement ou de diffusion C diff peut être obtenu de la façon suivante, en distinguant le caractère
frottant ou cohérent des terrains, et en se référant aux notations(17) de la Figure 12 :
Pour une paroi composite do nt les éléments principaux seraient constitués par des pieux circulaires, cela revient à
considérer un coefficient d’épanouissement égal à :
• 2 pour les sols cohérents ;
• 3 pour les sols frottants.
Une approche raisonnable consiste à considérer que les valeurs précédentes sont les valeurs maximales du coefficient
d’épanouissement. Il convient par ailleurs de vérifier que les efforts de poussée ou de butée obtenus par la présente
méthode de calcul n’excèdent pas les efforts obtenus pour un écran plan.
(16) Ces dispositions s’appliquent aux pressions des terres, qu’elles correspondent à des valeurs limites ou non.
(17) L’attention du lecteur est attirée sur le fait que ces notations ne sont pas celles utilisées dans la norme NF P94-282. Les éléments peuvent être retrouvés
à la clause B.3.7 (1).
Dans cette configuration, le comportement transversal peut être appréhendé conformément aux préconisations de
la norme NF P94-262. Les lois de réaction à utiliser (raideur et réaction frontale maximale) peuvent être obtenues à
partir des résultats des essais in situ.
Lors du choix de l’inertie des éléments principaux, et dans le cas de l’utilisation de profilés métalliques noyés dans
du béton (de type « H » par exemple) ou remplis de béton (profilés tubulaires), il est loisible de prendre en compte
la section de béton comprimé dans le calcul de l’inertie.
Méthodes de calcul
La norme NF P94-282 introduit la définition de deux types de modèles de calcul : le modèle d’équilibre limite (MEL)
et le modèle d’interaction sol-structure (MISS).
La mise en œuvre de l’un ou l’autre de ces modèles de calculs (voire des deux) doit permettre de répondre aux
justifications suivantes :
• profondeur d’encastrement (ELU de défaut de butée) ;
• efforts dans la structure de l’écran (ELU de résistance interne) ;
• effort dans le dispositif d’appui éventuel (ELU STR tirant, buton) ;
• éventuellement déplacement de l’écran.
Une fois déterminée la distribution des contraintes, il existe deux familles de méthodes de calcul classiques suivant
qu’un effort de contre-butée(18) peut ou ne peut pas être mobilisé à la base de l’écran.
Il s’agit du modèle à l’équilibre limite proposé pour justifier la fiche des écrans avec un niveau d’appui à l’article 9.3.2
de la norme NF P94-282 objet de ce présent guide.
(18) La contre-butée est l’effort de réaction lié à la mise en butée des sols du côté des terrains soutenus, induit par la rotation de l’écran sous le point d’équilibre.
La résolution du système d’équations (19) considère la contre-butée comme une force concentrée en un point et oblige
d’imposer une hypothèse supplémentaire qui peut être :
• une hauteur supplémentaire d’encastrement (20 % dans la méthode de Blum) ;
• une rotation nulle au point d’application de la contre-butée (ligne élastique) ;
• une identification du point de pression nulle avec le point de moment fléchissant nul et d’assimiler le calcul de
l’écran à celui de deux poutres isostatiques sur appui simple (poutres équivalentes).
La méthode qui est proposée dans la norme pour les écrans non ancrés (rideaux encastrés) consiste à :
• déterminer la profondeur du point d’application de la contre-butée par la résolution de l’équation d’équilibre des
moments en ce point (pied de l’écran) ;
• majorer la hauteur d’encastrement de 20 % pour l’application de la contre-butée (hauteur forfaitaire).
Cette méthode imposée dans la norme NF P94-282 pour les écrans non ancrés est très adaptée au formalisme des
coefficients partiels.
D’autres méthodes historiques existent. Par exemple, les méthodes de la ligne élastique ou de la poutre équivalente
s’appliquent sans pondération des pressions ou de la hauteur d’encastrement. La sécurité sur la longueur de fiche
étant directement gérée par la méthode de calcul, il n’y a pas lieu d’appliquer un coefficient partiel. Ces méthodes sont
particulièrement adaptées à des écrans souples (type palplanches) comportant un niveau d’appui puisque la méthode
consiste à rechercher un encastrement parfait de la structure. Ces méthodes étant notamment incompatibles avec
le formalisme des Eurocodes, la norme NF P94-282 ne les évoque pas. Cependant, il peut être pertinent de les appliquer
pour la détermination de la hauteur de fiche des écrans souples avec un niveau d’appui.
Dans le cas du calcul des écrans, et notamment dans la méthode aux coefficients de réaction, il peut s’avérer difficile
de séparer les efforts moteurs des efforts résistants. Dans ce cas les coefficients partiels cumulés (coefficients partiels
sur les actions et les résistances) sont appliqués à l’effort résistant.
(19) L’écriture de l’équilibre des moments et des efforts horizontaux mène à deux équations pour trois inconnues recherchées : la hauteur d’encastrement, l’effort
au niveau de l’appui simple et la profondeur du point de moment nul.
Ces modèles MISS sont incontournables pour le dimensionnement de la fiche des écrans hyperstatiques, ainsi que pour
la détermination des déplacements et des efforts pour tous les types d’écrans (autostables ou appuyés). En revanche,
le recours au modèle MEL est indispensable pour la détermination de la fiche des écrans autostables.
Pour les justifications ELU, le choix du modèle de calcul étant fait, il convient de déterminer la manière d’appliquer
les coefficients partiels à travers :
• le choix de l’approche de calcul : approches 2 ou 2* (se dit 2 « étoile ») ;
• les modalités de distribution de la sécurité dans le cas de l’approche 2.
2.1 - Approche 2
L’approche 2 consiste à conduire le calcul avec une majoration des actions et une minoration des résistances. La valeur
de l’action (poussée prépondérante) est multipliée par un facteur partiel γ A et la résistance (butée prépondérante) est
divisée par un coefficient partiel γ R. Les efforts obtenus à l’issue de ce calcul sont directement les efforts de calcul.
Les valeurs de ces coefficients partiels sont fixées par les Eurocodes éventuellement modifiés ou complétés par
La profondeur de fiche obtenue à partir de ces deux options est identique mais elles ne sont cependant pas
rigoureusement équivalentes sur d’autres points.
La pondération différenciée des actions et des résistances n’est possible que si le calcul permet de séparer aisément
les efforts moteurs des efforts résistants. Si cela est souvent possible dans les logiciels courants de calcul à l’équilibre
limite, cela est plus difficile à mettre en œuvre dans les logiciels courants de calcul aux coefficients de réaction.
Les deux méthodes conduisent à une fiche identique mais aussi à une différence très sensible sur l’effet des actions
calculé dans la structure. En effet, l’inconvénient d’appliquer une pondération séparée aux actions et aux résistances
est que les efforts internes obtenus s’avèrent excessifs en regard de ceux obtenus par l’option de pondération globale
de la butée, qui est, rappelons-le, la méthode historique. C’est pourquoi la norme NF P94-282 conseille de n’appliquer
les coefficients partiels que sur les résistances, c’est-à-dire en pondérant la seule butée.
Le défaut de fiche est justifié en vérifiant que la butée mobilisée ne représente qu’une part raisonnable de la butée
mobilisable sous la fiche. Par cohérence avec l’approche 2, le ratio entre la butée mobilisable et la butée mobilisée
doit être supérieur à 1,89(20).
L’effet des actions déduit de ce calcul (sans pondération des actions) est multiplié par le facteur partiel γ A = 1,35 pour
obtenir la valeur de calcul à comparer aux efforts admissibles.
L’avantage de cette approche est qu’elle s’applique facilement à l’aide des logiciels courants de calcul aux coefficients
de réaction. De plus, cette approche permet de produire les principales justifications à partir d’un unique calcul (états
limites de rupture par défaut de butée et par défaut de résistance structurelle, ancrage, déplacements).
Les tableaux 5 et 6 présentent les stratégies de calcul proposées par la norme complétées par les méthodes de la ligne
élastique et de la poutre équivalente adaptées au cas des écrans souples avec un niveau d’appui(21).
Les méthodes numériques de type éléments ou différences finis ne sont pas traitées dans ce paragraphe.
Pour le calcul de l’effet des actions, le Tableau 6 insiste sur le caractère excessif des efforts obtenus par un modèle
MEL par rapport à la mise en œuvre d’un modèle MISS.
Pour la détermination de l’effet des actions dans la structure, l’application d’un modèle MISS avec l’approche 2*
est la stratégie de calcul recommandée.
(20) Ce ratio peut être réduit à 1,5 pour les écrans provisoires.
(21) Ces deux tableaux sont équivalents et ne diffèrent que par le choix des entrants qui sont soit le type d’écran pour le Tableau 5 soit la méthode de calcul
pour le Tableau 6.
Efforts excessifs
Autostables (console) MEL 2 oui
caractéristiques Déformée
γA = 1,0 ; γR = 1,89 (obligatoire)
EdELU = 1,35 x Ek
Efforts excessifs
MEL 2
oui caractéristiques Déformée
γA = 1,0 ; γR = 1,89
EdELU = 1,35 x Ek
Un niveau d’appui
(tirant, buton, plaque) vérification du rapport
MISS 2* butée mobilisée / Efforts caractéristiques (Ek) Déplacement
γA = 1,0 ; γR = 1,0 butée mobilisable EdELU = 1,35 x Ek (méthode conseillée)
(γR = 1,89)
MEL 3
Efforts caractéristiques très
Ligne élastique / faibles
oui Déformée
poutre équivalente
EdELU = 1,35 x Ek
γA = 1,0 ; γR = 1,0
* En phase provisoire, si le défaut de butée n’est pas préjudiciable pour l’écran γR passe à 1,1 et au global 1,485.
Tableau 5 : Paramètres des méthodes de justification de l’écran selon le type d’écran considéré
Écran à plusieurs
Pondération des actions* Écran autostable Écran à un niveau d’appui
niveaux d’appui
Déformée Déformée
γA = 1,0 ; γR = 1,89
* En phase provisoire, si le défaut de butée n’est pas préjudiciable pour l’écran γR passe à 1,1 et au global 1,485.
Justifications
Les justifications abordées dans le chapitre sont :
• la justification des appuis ;
• la justification de l’équilibre vertical de l’écran (à ne réaliser que si écran est soumis à des charges verticales
d’origine structurelle ou en présence de tirants scellés fortement inclinés) ;
• la justification de la stabilité du fond de fouille (à ne réaliser que si il existe un différentiel de pression ou une fiche
réduite, etc.).
Les justifications qui portent sur la résistance interne de l’écran ne sont pas traitées dans le présent document.
L’action des appuis consiste à exercer une réaction sur l’écran nécessaire à l’équilibre de la structure. Cette réaction
peut être appliquée par l’intermédiaire :
• d’un buton, appuyé sur un autre écran ou sur le sol par l’intermédiaire d’un massif de réaction, dont la stabilité est
assurée par une fondation superficielle ou d’un ancrage à une structure annexe (tranchée butonnée) ;
• d’un tirant, scellé ou lié/ancré à un contre-rideau ou une dalle de frottement, dont la stabilité est assurée par
l’ancrage dans le sol (tirants scellés, double rideau, plaque frottante, etc.).
Les appuis sont justifiés vis-à-vis de leur stabilité externe (dispositif d’ancrage, poinçonnement du sol support, etc.),
vis-à-vis de leur résistance structurelle et de celle de l’écran au niveau du point d’appui. La norme NF P94-282 inscrit
le calcul des appuis dans le formalisme des Eurocodes.
Pour les appuis de type butons, la norme a structuré la démarche puisqu’aucun document de référence n’existait
auparavant.
Pour le calcul des tirants scellés qui bénéficiaient au préalable d’un document de référence(22), la norme a principalement
modifié les points suivants :
• introduction de divers coefficients partiels alors que le T.A. 95 appliquait une approche au coefficient de sécurité
global ;
• calcul aux états limites ultimes alors que le T.A. 95 n’imposait de vérifications que vis-à-vis de la charge de service.
(22) [11] Recommandations T.A. 95. CFMS. Eyrolles, Septembre 1995, 184 p.
Chapitre 4 - Justifications 35
1.1 - Justification des butons
Il y a lieu de justifier chacune des parties constitutives du buton :
• la stabilité externe du massif de réaction dans le cas de butons appuyés sur le sol (poinçonnement, renversement,
glissement) ;
• la résistance structurelle du buton et du massif de réaction ainsi que des éléments de liaison (avec la paroi et avec
le massif de réaction).
La justification des massifs de réaction nécessaires aux butons appuyés sur le sol est conduite avec la norme
NF P94-261. Pour ces ouvrages, il convient de tenir compte de l’inclinaison défavorable éventuelle de la base de
la semelle constituant le massif de réaction. Bien que la norme NF P94-261 (relative aux fondations superficielles) ne
traite pas explicitement de cette configuration spécifique, des éléments pour déterminer l’influence de ce paramètre
sur la portance de la semelle peuvent être trouvés à l’annexe D.4 de la norme NF EN 1997-1.
Par ailleurs, la réaction frontale joue généralement un rôle important dans la justification de ces ouvrages. La note
H.3.4.2 (1) NOTE 4, propose des dispositions particulières pour la prise en compte de la réaction frontale sur le massif.
Ces dispositions consistent à :
• considérer un coefficient d’épanouissement sur la face du massif ;
• définir l’effort mobilisable en tenant compte du déplacement nécessaire à cette réaction, soit en intégrant
le coefficient de réaction du sol dans le calcul de la raideur de l’appui, soit en appliquant forfaitairement un
coefficient de butée de 1.
Lorsqu’une réaction frontale est prise en compte dans la justification, il convient également de définir des dispositions
constructives particulières afin de s’assurer que cette réaction de butée est toujours disponible (creusements, coulage
en pleine fouille).
Chacune de ces justifications est menée avec la norme appropriée [NF EN 1992, NF EN 1993 et NF EN 1995] selon
le matériau constituant le buton, l’écran et le dispositif de liaison entre le buton, l’écran et le massif de réaction.
Ce chapitre traite des tirants scellés (23) qui comportent systématiquement une longueur libre et une longueur scellée.
Ces ouvrages géotechniques peuvent être précontraints ou non.
Pour les tirants scellés précontraints, les dispositions des normes NF EN 1997-1 et NF EN 1537 relatives à la conception
(y compris les essais nécessaires) et l’exécution s’appliquent systématiquement(24).
En revanche, pour certains tirants scellés non-précontraints(25), l’intérêt des essais de réception systématique peut
ne pas être toujours pertinent. Dans ce cas, et afin d’éviter toute confusion, il sera fait volontairement mention
d’ancrages scellés dans la suite du document, s’il est décidé de ne pas se référer à la norme NF EN 1997-1 ni à la norme
NF EN 1537, les seules dispositions de la norme NF P94-282 s’appliquent. Elles sont décrites ci-dessous.
(23) Ce chapitre peut également être appliqué à d’autres technologies plus rares, comme les tirants à ancrages vissés ou à corps expansif.
(24) On parle également dans ce cas d’ancrages scellés (NF EN 1997-1) ou de tirants d’ancrage (EN 1537).
(25) Cela peut par exemple concerner des écrans pour lesquels aucun avoisinant n’est présent, mais pour lesquels l’ajout de tirants permet de diminuer ou de
sécuriser la fiche à retenir.
Différents essais de traction sont réalisés sur les tirants scellés, en fonction :
• de la traction d’essai maximale : on parle alors d’essais à la rupture ou a contrario d’essais non destructifs ;
• de leur objectif : les différentes possibilités suivantes peuvent être listées :
- préciser les hypothèses utilisées pour le dimensionnement ;
- valider les hypothèses utilisées pour le dimensionnement ;
- vérifier la bonne exécution de l’ensemble des tirants.
Les notations diffèrent selon les différents règlements considérés. Cependant, en reprenant les notations de la norme
NF EN 1997-1, peuvent être distingués :
• les essais préalables, dont le but premier est de préciser les hypothèses utilisées pour le dimensionnement et
la justification ;
• les essais de contrôle, dont le but est de valider les hypothèses utilisées pour le dimensionnement :
- s’ils sont menés à la rupture, ils permettent de vérifier la résistance des tirants ;
- s’ils sont non destructifs, ils permettent de vérifier que la charge de service reste inférieure à la résistance critique
de fluage ;
• les essais de réception, permettant de tester chacun des tirants.
1.2.3 - Justifications géotechniques des tirants scellés suivant les dispositions des normes NF EN 1997-1 et NF EN 1537
La section 8 : ancrages de l’Eurocode 7 a fait l’objet d’un amendement, en date d’aout 2014. Cet amendement A1
modifie les notations et la démarche globale de calcul mais influe également sur l’interprétation des essais de traction.
Le Tableau 7 présente les correspondances des notations et des définitions entre les différentes normes.
Chapitre 4 - Justifications 37
Notations
Définitions recommandées*
EN 1997-1/A1 NF P94-282 Recommandée
EULS;d Pd EELU;d Valeur de calcul de l’effet des actions à l’ELU à laquelle le scellement doit résister
Valeur correspondant à l’enveloppe des efforts dans le tirant issus de calculs ELU
FULS;d - FELU;d
avec application de facteurs partiels
Fserv;d - Fserv;d Valeur de calcul pondérée de la traction de service Fserv;k. En France de facto égal à EELU;d
RSLS;m Rac;m RELU;m Valeur mesurée de la traction critique de fluage d’un scellement
(RULS;m)min (Ra;m)min (RELU;m)min Valeur minimale de RELU;m au cours de plusieurs essais pour chaque condition de sol distincte
(RSLS;m)min (Rac;m)min (RELS;m)min Valeur minimale de RELS;m au cours de plusieurs essais pour chaque condition de sol distincte
- (Ra;m)moyen - Valeur moyenne de RELU;m au cours de plusieurs essais pour chaque condition de sol distincte
- (Rac;m)moyen - Valeur moyenne de RELS;m au cours de plusieurs essais pour chaque condition de sol distincte
Facteur partiel de la résistance pour les scellements à l’ELU dans des situations
γa;ULS γa γa;ELU
de calcul permanentes ou transitoires
γa;SLS γa;c γa;ELS Facteur partiel de la résistance pour les scellements permanents ou provisoires à l’ELS
Rt;d Rt;d Rt;d Résistance de calcul à l’ELU des éléments structurels d’un tirant d’ancrage
Facteur partiel pour les effets des actions pour des ELU dans des situations de calcul
γserv - γserv
permanentes et transitoires
ξULS - ξELU Valeur égale à 1 pour l’essai par palier retenu en France
γa;acc;ULS - - Valeur non applicable pour l’essai par palier retenu en France
γa;acc;SLS - γa;réc;ELS Facteur partiel pour l’essai de réception du scellement vis-à-vis de l’ELS
- γRd γRd;STR Facteur partiel de modèle sur le type d’acier des éléments structurels du tirant scellé
* Il ne s’agit pas ici d’une traduction mot à mot (imposée par la normalisation européenne), mais d’une transcription plus « française » équivalente.
** Notion qui existe mais n’est pas formalisée par une notation.
La clause 8.5.2 (1)P de la norme NF EN 1997-1/A1 impose que la traction limite de l’ancrage soit déterminée par des
essais à la rupture.
« (1)P La résistance mesurée d’un ancrage à l’état limite ultime géotechnique telle que définie en 8.5.2(2)P doit être
déterminée au cours de plusieurs essais préalables ou de contrôle (n) effectués conformément à l’EN ISO 22477-5. »
En corollaire de cette clause (qui est un principe), dans le cas d’un prédimensionnement à l’aide d’abaques, aucun
coefficient partiel de modèle n’est proposé. Cependant, la norme NF P94-282 propose [H.1.2] dans ce cas de diviser
la valeur de calcul de la résistance à l’arrachement de l’ancrage par un coefficient dont la valeur doit être au moins
égale à 1,4. Il est donc conseillé :
• d’appliquer cette valeur minimale pour la plupart des sols et des techniques d’injection ;
• de la majorer pour les sols sensibles aux phénomènes de fluage.
Avec :
EELU;d défini dans le tableau précédent.
Avec :
γa;ELU valant 1,1.
Avec :
γa;ELS valant 1,2 pour les situations permanentes et 1,1 pour les situations provisoires.
La section 8.6 de l’amendement de l’Eurocode 7 s’intéresse aux essais sur ancrages (préalables, contrôle, réception).
Le document fixe :
• le nombre d’essais ;
• les critères de réception ;
• la charge d’épreuve minimale.
Le nombre minimal d’essais à la rupture (préalables ou de contrôle) est égal à 2 pour chaque condition de terrain et
de technologie de tirant.
Chapitre 4 - Justifications 39
1.2.4 - Justifications géotechniques des ancrages scellés selon la seule norme NF P94-282
Ces dispositions ne peuvent s’appliquer qu’à certains ancrages scellés non précontraints (cf. paragraphe 1.2.1).
Pour être conforme au format de justification des Eurocodes, la norme NF P94-282 impose de justifier la stabilité
des ancrages à l’état limite ultime ainsi qu’à l’état limite de service caractéristique. Avant la parution de la norme,
les errements de calcul de la stabilité à l’arrachement des ancrages scellés consistaient à les justifier vis-à-vis de
la valeur de calcul de l’ELS caractéristique(26), soit à partir de la charge critique de fluage, soit à partir de la résistance
ultime à l’arrachement.
Avec :
Pd : valeur de traction à l’ELU ;
Ra;k : valeur caractéristique de la résistance à l’arrachement à l’ELU ;
γa : coefficient partiel relatif à l’état limite de rupture par arrachement de l’ancrage ;
γRd : coefficient de modèle.
γRd est lié à la méthode de calcul de la résistance ultime à l’arrachement et notamment du niveau de confiance que l’on
est en droit d’attendre de la méthode mise en œuvre. Ainsi pour une méthode directe déduite d’essais d’arrachement
réalisés dans les conditions identiques, ce facteur de modèle est égal à 1. Pour une méthode semi-empirique déduite
d’essais en place (utilisation d’abaques à partir de données pressiométriques par exemple) ce facteur doit être d’au
moins 1,4.
Nous pouvons noter que le facteur partiel γa s’applique à la résistance par réaction tangentielle.
La valeur de R a;k est obtenue :
• soit par interprétation directe d’essais de traction à la rupture sur les ancrages ;
• soit par un modèle de calcul de type semi-empirique (abaques des recommandations T.A. 95 [11]).
Si la résistance caractéristique à l’arrachement de l’ancrage est déduite d’essais d’arrachement à la rupture, il convient
de déterminer la valeur caractéristique par l’application des coefficients de corrélation suivant l’équation suivante :
[Formule 12.1.8]
Les facteurs de corrélation ξ a1 et ξ a2 varient en fonction du nombre d’essais réalisés conformément au Tableau 8.
ξ pour n = 1 2 3 4 ≥5
Dans le premier cas, les essais sont réalisés dans chacune des couches géotechniques homogènes et les facteurs
de corrélation sont appliqués à la résistance à l’arrachement de chacune de ces couches, ce qui est équivalent à
la détermination d’un frottement latéral unitaire caractéristique pour chacune de ces couches.
(26) Il est d’ailleurs à noter que la notion de charge de service (ou la valeur de calcul à l’état limite de service caractéristique), au sens du T.A. 95 [11] qui peut
sembler ambiguë correspond à un état limite de service caractéristique (prise en compte de toutes les actions défavorables).
[Formule 16.4.1]
Avec :
Pd;serv : valeur de calcul de la traction appliquée à l’ancrage en condition de service ;
Rac;d : valeur de calcul de la résistance critique de fluage de l’ancrage.
La valeur de calcul de la traction est la valeur de calcul la plus défavorable en conditions de service. Il s’agit de la valeur
de calcul dimensionnante de l’ELS caractéristique.
La valeur de calcul de la résistance critique de fluage est déduite de la valeur caractéristique en divisant cette dernière
par le facteur partiel γ ac valant 1,2 pour les ancrages permanents et 1,1 pour les ancrages provisoires.
[Formule 16.4.2]
Avec :
Rac;k : valeur caractéristique de la résistance à l’arrachement de l’ancrage ;
γac : valeur du facteur partiel pour la résistance critique de fluage de l’ancrage qui vaut 1,1 pour les ancrages
provisoires et 1,2 pour les ancrages permanents.
Rac;k est la valeur caractéristique de la traction critique de fluage déduite d’essais à la rupture.
La valeur caractéristique est déduite d’un lot d’essais par l’application des facteurs de corrélation à travers la formule
suivante :
[Formule 16.4.3]
Avec :
Rac;k : valeur caractéristique de la résistance critique de fluage de l’ancrage ;
Rac;m : valeur mesurée ou calculée de la résistance critique de fluage de l’ancrage ;
ξa1 : facteur de corrélation qui dépend du nombre d’essais réalisés et est appliqué à la valeur moyenne de
Rac;m (cf. Tableau 8) ;
ξa2 : facteur de corrélation qui dépend du nombre d’essais réalisés et est appliqué à la valeur minimale de
Rac;m.
La vérification structurelle consiste à justifier à l’ELU ainsi qu’à l’ELS que le matériau constitutif du tirant est suffisamment
résistant pour l’effort de traction qui lui est appliqué.
[Formule 12.1.1]
Avec :
Pd : valeur de calcul de la charge (traction) appliquée au tirant ;
Rt;d : valeur de calcul de la résistance à la traction du tirant donc les moyens de calcul sont définis ci-après
selon sa constitution ;
γRd : facteur partiel de modèle(27).
(27) γRd est un coefficient partiel qui « ajuste » la résistance globale recherchée par rapport aux errements de calculs qui avaient précédemment cours. Ce
coefficient tient compte de l’ensemble des coefficients partiels applicables par ailleurs (γM , γA …).
Chapitre 4 - Justifications 41
γRd prend les valeurs suivantes :
• pour les tirants permanents :
- 1,0 pour les aciers de construction et de béton armé ;
- 1,05 pour les aciers de précontrainte ;
• pour les tirants provisoires :
- 1,0 pour les aciers de construction et de béton armé ;
- 0,85 pour les aciers de précontrainte.
La valeur de calcul de la résistance à la traction Rt;d est obtenue à partir de la valeur caractéristique de la limite élastique
en traction du matériau constituant le tirant. En complément, pour les aciers de construction, il convient de justifier
la résistance vis-à-vis de la résistance à la rupture de l’acier selon l’Eurocode 3.
Avec :
fu;k : valeur caractéristique de la résistance à la rupture du l’acier ;
As : section résistante de la partie filetée (section en fond de filet) ;
γM2 : facteur partiel pour la résistance à la rupture de l’acier ;
kt : coefficient dont la valeur recommandée dans la norme NF EN 1993-5 est 0,9.
Avec :
fy;k : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier ;
Ag : section brute de la partie résistante de la partie non filetée ;
γM0 : facteur partiel pour la résistance limite élastique de l’acier.
[Formule 12.1.4]
Avec :
fy;k : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier ;
As : section d’acier ;
γs : facteur partiel pour la résistance limite élastique de l’acier.
[Formule 12.1.5]
Avec :
fp;k : valeur caractéristique de la limite élastique conventionnelle à 0,1 % ;
As : section d’acier ;
γs : facteur partiel pour la résistance limite élastique de l’acier.
Généralement, la justification à l’ELS n’est exigée que pour les tirants en aciers de construction.
Cette vérification se fait en regard de la limite élastique de l’acier pour deux calculs de section limites :
• section en fond de filet pour la partie filetée ;
• section brute.
[Formule 16.3.1]
Avec :
Pd,serv : valeur de calcul de la traction appliquée au tirant en condition de service ;
Rtserv;d : valeur de calcul de la résistance à la traction du tirant :
[Formule 16.3.2]
fy;k : valeur caractéristique de la limite élastique de l’acier correspondant à la valeur Reh donnée dans la norme
produit ;
Ag : section brute de la partie non filetée en tenant compte lorsqu’il y a lieu d’une perte d’acier uniforme
due à la corrosion [4.4 NF EN 1993-5] ;
γMt,ser : facteur partiel pour la résistance limite élastique de l’acier. La valeur recommandée par la norme
NF EN 1993-5 est égal à 1,1.
Ce paragraphe concerne les tirants ancrés dans un élément d’ouvrage secondaire : contre-rideau, dans un massif poids
ou une dalle de frottement.
[Formule 12.1.9]
Avec :
Bt;d : valeur de calcul de la butée mobilisée sur la face aval du contre-rideau ;
Bm;d : valeur de calcul de la butée mobilisable par le contre-rideau sur sa face aval ;
Les valeurs des facteurs partiels à considérer sont identiques à celles considérées pour la justification de l’écran principal.
• pour les massifs poids ou les dalles de frottement, la résistance au glissement peut être estimée conformément à
la norme NF P94-261. Il convient de vérifier l’inégalité :
[Formule 12.1.10]
Avec :
Pd : valeur de calcul de la charge maximale (traction) appliquée au tirant scellé ;
Raf;d : valeur de calcul de la résistance par frottement de la plaque ;
Raf;k : valeur caractéristique de la résistance par frottement de la plaque ;
γa : valeur du facteur partiel pour la résistance par frottement de la plaque.
La norme engage à définir de manière prudente la valeur du coefficient partiel γ a avant les travaux. D’une manière
générale la valeur de 1,1 proposée par la norme NF P94-261 pour la résistance par frottement peut s’avérer pertinente.
Chapitre 4 - Justifications 43
En première approche, ce mode de rupture intervient lorsque la zone de sol mobilisée par la butée du dispositif
d’ancrage interagit avec la zone de sol mobilisée par la poussée à l’arrière de l’écran.
Dans le cas d’un ancrage constitué d’un contre-rideau ou d’une dalle de frottement, situé à faible profondeur, une
méthode simplifiée consiste à vérifier que le coin de butée mobilisé par l’ancrage n’interfère pas avec le coin de
poussée situé derrière l’écran, déterminé à partir du point de pression nulle. Ces prismes de poussée butée sont définis
pour une obliquité nulle (Figure 15).
L’application de cette méthode simplifiée conduit à des longueurs surabondantes dans le cas d’ancrages profonds.
Dans le cas général de tirants scellés, le raccordement des lignes de glissement en poussée et butée est plus complexe.
La démarche consiste à définir une ligne de rupture potentielle qui relie le corps d’ancrage à l’écran. Ainsi il convient
de fixer les extrémités ainsi que la forme de la ligne de rupture entre ces extrémités.
L’extrémité côté écran est définie par le point d’effort tranchant nul.
Pour un lit d’ancrage unique, le bloc est limité par une verticale qui passe par l’extrémité arrière du massif de sol
(ancrage). Pour des lits multiples, la limite est complexe à définir et il convient souvent d’étudier plusieurs configurations.
Pour chacune des configurations étudiées, il convient de vérifier la pertinence de la prise en compte des efforts liés
aux ancrages situés à l’extérieur du bloc. Il est notamment loisible de ne pas considérer les efforts d’ancrage qui
n’interceptent ni le bloc, ni le prisme de poussée à l’amont du bloc.
Si ce calcul manuel peut s’envisager dans les cas les plus simples (monocouche, sans eau) l’utilisation de logiciels de
stabilité en rupture quelconque (méthode des tranches) est indispensable pour la plupart des cas courants.
Les écrans ne relevant pas des écrans visés par le présent chapitre ne nécessitent pas de vérifications particulières
vis-à-vis de la problématique de stabilité verticale. Lorsque l’équilibre vertical est à justifier, cela se traduit par :
Il convient de se conformer à la norme NF P94-262 pour le choix des frottements axiaux unitaires et de la résistance
sous la base éventuelle.
Concernant les justifications ELU de la portance du terrain, il convient par ailleurs de justifier la stabilité verticale de
la paroi en tenant compte de l’interaction entre les équilibres horizontaux et verticaux, en considérant notamment
la descente de charge verticale pour choisir l’obliquité des pressions des terres. Dans ce cas, si, dans la zone en fiche
de l’écran, le point d’effort tranchant nul peut être facilement identifié, il est admis de mener un calcul simplifié et
d’estimer la résistance verticale de l’écran, sous réserve :
• de tenir compte de la composante verticale de la poussée des terres pour l’estimation de l’action verticale de calcul Vd ;
• de négliger le frottement au-dessus du point d’effort tranchant nul côté amont (zone en poussée) dans
la détermination de la résistance en compression Rc;d.
3.1.1 - Généralités
La stabilité géotechnique du fond de l’excavation autour de l’écran doit être assurée au cours des différentes phases
de construction et éventuellement de son utilisation. Elle est à vérifier uniquement dans les configurations suivantes :
• les sols sous la base de l’écran présentent des propriétés mécaniques à court terme médiocres ;
• les sols présents côté butée sont le siège d’un écoulement ascendant significatif.
Pour justifier de l’absence du phén omène de renard solide, l’inégalité suivante doit être satisfaite :
[Formule 15.3.1]
Avec :
qdstb,d : valeur de calcul de la contrainte déstabilisatrice ;
qstb,d : valeur de calcul de la contrainte stabilisatrice.
(28) Le lecteur est invité à se reporter à l’Annexe G de la norme NF P94-282 pour plus de détails.
Chapitre 4 - Justifications 45
Les coefficients partiels issus du Tableau A.4.1 et rappelés ci-dessous, doivent être utilisés pour :
• les actions déstabilisatrices (à l’amont de l’écran) :
- γ G,dstb = 1,35 pour les actions permanentes (poids des terres, surcharges permanentes) ;
- γ Q,dstb = 1,5 pour les actions variables (surcharges variables) ;
• les actions stabilisatrices : γ G,stb = 0,9.
À court terme, dans le cas où des sols présentant des propriétés mécaniques médiocres sont rencontrés sous la base
de l’écran, les contraintes déstabilisatrices et stabilisatrices caractéristiques se calculent de la façon suivante :
Avec :
σv1,k et σv2,k : respectivement les contraintes verticales totales à l’amont et à l’aval de l’écran à la base de
l’écran dans le cas général des écrans continus ou à la base de la partie continue dans le cas des écrans
discontinus ;
cu;k : valeur caractéristique de la cohésion non drainée du terrain.
À long terme, et en cas d’écoulement ascendant significatif, les contraintes déstabilisatrices et stabilisatrices
caractéristiques se calculent de la façon suivante :
Avec :
σ’v1,k et σ’v2,k : respectivement les contraintes verticales effectives à l’amont et à l’aval de l’écran à la base de
l’écran dans le cas général des écrans continus ou à la base de la partie continue dans le cas
des écrans discontinus ;
c’k : valeur caractéristique de la cohésion effective du terrain sous la base de l’écran ;
ϕ’k : valeur caractéristique de l’angle de frottement effectif du terrain sous la base de l’écran.
[Formule 15.3.4]
Les procédures de calcul de la contrainte stabilisatrice présentées ci-dessus ont été établies pour des fouilles de
largeur infinie. L’effet favorable de fouille présentant une largeur réduite peut être éventuellement considéré.
3.2.1 - Généralités
La stabilité du fond de l’excavation autour de l’écran doit être assurée au cours des différentes phases de construction
et d’utilisation. Le cas échéant, les trois modes de ruptures suivants doivent être étudiés :
• rupture par soulèvement hydraulique global (ELU UPL) ;
• rupture par soulèvement hydraulique local des particules du sol ou boulance (ELU HYD) ;
• rupture par érosion interne, pouvant déboucher sur un phénomène d’érosion régressive (ELU HYD).
Le premier mode de rupture relève d’un ELU UPL. Les deux derniers modes de rupture relèvent d’un ELU HYD et ne
peuvent se produire qu’en présence d’une vitesse d’ écoulement du terrain supérieure à un seuil d’entraînement
appelée vitesse critique. L’adoption de dispositions constructives « légères » (rabattement sous le niveau de fond de
fouille par exemple), permet de s’affranchir de ces deux derniers modes de rupture.
Pour démontrer que le soulèvement global du fond de fouille n’est pas possible, il doit être vérifié que les actions
verticales permanentes déstabilisatrices restent inférieures aux actions verticales permanentes stabilisatrices :
[Formule 13.2.1]
Avec :
Gdst,d : valeur de calcul des actions verticales permanentes déstabilisatrices ;
Qdst,d : valeur de calcul des actions verticales variables déstabilisatrices ;
Gstb,d : valeur de calcul des actions verticales permanentes stabilisatrices ;
Rd : valeur de calcul de toute résistance additionnelle au soulèvement (ancrage, etc.).
Dans ces conditions, les valeurs de calculs sont obtenues à partir des coefficients partiels de résistance fournis par
le Tableau A.3.1 :
• γ G,dst = 1,0 à appliquer sur les actions déstabilisatrices caractéristiques ;
• γ G,stb = 0,9 à appliquer sur les actions stabilisatrices caractéristiques.
Cette vérification doit être effectuée par exemple dans les configurations suivantes :
• à l’interface entre deux couches sous le fond de fouille, lorsque les deux conditions suivantes sont simultanément
réunies :
- la couche inférieure présente une nappe en charge ;
- le rapport des perméabilités entre la couche inférieure et la couche supérieure est supérieur à 10 ;
• à la base d’un fond injecté éventuel.
Lorsqu’on vérifie la stabilité d’un fond de fouille, il convient de ne pas considérer comme résistance additionnelle
la résistance due à la cohésion du terrain.
Pour démontrer que la rupture du fond de fouille par boulance du fait d’un écoulement ascendant n’est pas possible,
on doit vérifier que la force d’écoulement stabilisatrice reste inférieure au poids déjaugé du sol, éventuellement
augmenté de la résistance sur les bords de la colonne de sol.
[Formule 13.3.1]
Avec :
Sdst,d : valeur de calcul de la force d’écoulement déstabilisatrice ;
G’stb,d : valeur de calcul du poids déjaugé (actions verticales permanentes stabilisatrices).
La détermination des gradients hydrauliques doit se baser sur l’utilisation d’abaques dans les cas simples (réservés
aux modèles hydrauliques homogènes) ou sur des modélisations numériques. El le doit tenir compte :
• du gradient hydraulique non constant le long du rideau ;
• de l’anisotropie des perméabilités des matériaux rencontrés ;
• de la géométrie de l’excavation, et notamment la présence d’angles rentrants ;
• de l’hétérogénéité spatiale éventuelle et difficilement appréhendable des terrains, se traduisant par exemple
par la présence de fines couches de sol moins perméables ou au contraire de couches très perméables (dépôts
lenticulaires, etc.).
Dans ces conditions, les valeurs de calculs sont obtenues à partir des coefficients partiels de résistance fournis par
le Tableau A.4.1 :
• γ G,dst = 1,35 à appliquer sur les actions déstabilisatrices caractéristiques ;
• γ G,stb = 0,9 à appliquer sur les actions stabilisatrices caractéristiques.
Chapitre 4 - Justifications 47
3.2.4 - Érosion interne (ELU HYD)
La rupture par érosion interne se distingue selon les deux modes suivants :
• entraînement des fines, c’est-à-dire par suffusion, qui se développe dans les terrains à granulométrie étalée ;
• entraînement des grains par érosion de contact, qui se développe à l’interface entre deux couches de perméabilité
différente, par exemple à l’interface entre le terrain et une structure drainante.
Elle constitue un phénomène rare et réservé aux conditions de terrains décrites ci-dessus, qui exige du temps pour
se développer. La rupture vis-à-vis du risque d’érosion interne peut être écartée en vérifiant que les gradients
déstabilisateurs restent inférieurs à un gradient hydraulique critique.
Les valeurs du gradient critique à considérer dépendent de la méthode de détermination des gradients, qui peuvent
être calculés, soit localement, soit de façon globale ou moyenne. Il est à noter que ces valeurs intègrent déjà, dans
certains cas, la prise en compte de la sécurité.
La stabilité vis-à-vis de la boulance ne protège pas nécessairement contre l’érosion interne, qui doit être considérée
indépendamment ; la valeur du gradient critique vis-à-vis du phénomène d’érosion interne est en général notablement
inférieure à la valeur du gradient qui initie la boulance. La valeur du gradient hydraulique critique doit tenir compte
au minimum :
• de la stratification des couches de terrain ;
• de la courbe granulométrique des différentes couches et des conditions de filtre entre couches.
Des éléments concernant la prise en compte des phénomènes d’érosion interne peuvent être trouvés dans le guide
International Levee Handbook du CIRIA(29) ou dans les recommandations du Projet National ERINOH(30).
(29) [12] The International Levee Handbook. CIRIA, Ministry of Ecology, USACE, Novembre 2013, 1348 p.
(30) [13] Projet National ERINOH - volume pour l’ingénierie. À paraître.
Exemples
Ce chapitre présente 4 exemples simples de cas réalistes qui ont vocation à détailler les étapes de justification de
divers types d’écran. De cette manière, le lecteur pourra s’approprier l’application des méthodes et des modèles de
calcul présentés dans le document.
L’exemple 1 est un écran autostable définitif constitué d’un rideau de palplanches métalliques préalablement foncées
dans des terrains sableux, permettant la réalisation d’une excavation à 5 m de profondeur. La justification est réalisée
par un modèle MEL.
L’exemple 2 est un écran constitué d’une paroi moulée en béton armé avec un niveau d’appui (tirants). Une comparaison
des différents modèles de calcul MEL et MISS sont présentés pour montrer les limites et les avantages de chacun pour
cette configuration d’écrans avec un niveau d’appui.
Exemple 3 : Rideau de palplanches avec deux niveaux de butons dans un terrain sableux avec une fiche
relativement faible.
L’exemple 3 concerne la justification d’un écran provisoire en rideau de palplanches en appui sur deux niveaux de
butons. Du fait des bonnes caractéristiques des terrains sableux compacts présents sous le fond de fouille, la fiche
obtenue est relativement faible et il est nécessaire de vérifier la stabilité du fond de fouille vis-à-vis de rupture
d’origine hydraulique.
L’exemple 4 concerne la justification d’une paroi berlinoise autostable remblayée de 4 m de hauteur. Aucun critère
n’a été fixé relativement à la déformée de l’ouvrage et la justification de la fiche de l’écran est en conséquence
entièrement menée en utilisant un calcul MEL.
Chapitre 5 - Exemples 49
2 - Exemple 1 : Écran autostable
L’ouvrage projeté est un écran autostable définitif constitué d’un rideau de palplanches métalliques préalablement
foncées, permettant la réalisation d’une excavation à 5 m de profondeur. Le profil considéré est reporté sur la Figure 16.
Les inclinaisons des poussée et butée limites sont fixées respectivement à 0 et –2/3 φ’ . En utilisant les tables de
Caquot et Kérisel [4], les coefficients de poussée et de butée horizontaux respectifs suivants sont retenus :
• côté poussée, Ka = 0,333 ;
• côté butée, K p = 4,98.
Les diagrammes des contraintes de calcul sont représentés sur la Figure 17.
Le point de pression (de calcul) nulle se trouve alors à 0,72 m sous le fond de fouille (σa,d = σp,d = 51,5 kPa) ou à
la cote 5,72 m.
Le moment se calcule par double intégration des contraintes. Le point de moment (de calcul) nul se trouve à la cote
de 5,04 m (M ad = M p,d = 1,5 MN.m/ml). La fiche limite est donc de 5,04 m.
Le point où le moment est nul correspond à la longueur f’ depuis le point de pression nulle. La fiche minimale f s’obtient
alors en rajoutant à la fiche limite 20 % de la distance entre le point de pression nulle et de moment nul (c’est-à-dire
la hauteur d’encastrement). La fiche minimale f à retenir est alors égale à :
En absence de terrains de moins bonnes caractéristiques au niveau de la fiche, il n’est pas nécessaire de vérifier
l’admissibilité de la contre-butée.
Les efforts tranchants et les moments fléchissants de calcul sont obtenus respectivement par simple puis double
intégration des diagrammes de contrainte précédemment obtenus. Les diagrammes d’efforts obtenus sont représentés
sur Figure 18.
Chapitre 5 - Exemples 51
Figure 18 : Moment fléchissant et effort tranchant de calcul
L’effort tranchant maximal de calcul est égal à 128,6 kN/ml et est obtenu à 0,72 m sous le niveau du fond de fouille
(cote du point de pression nulle déterminée précédemment). L’effort tranchant négatif en pied de l’écran calculé par
un modèle MEL n’est pas représentatif de l’effort réel appliqué en ce point. Cette valeur est le résultat de l’application
de la méthode de Blum qui consiste à concentrer en un point les efforts de contre-butée.
Le moment fléchissant maximal de calcul est égal à 450,9 kN.m/ml et est obtenu à 2,76 m sous le fond de fouille
(cote du point d’effort tranchant nul).
Ces efforts de calcul ELU sont ensuite à vérifier conformément à l’Eurocode 3 partie 5. La vérification n’a pas été menée
dans le cadre du présent guide.
En l’absence d’eau d’une part, et d’autre part du fait des terrains à caractère sableux, il n’est pas nécessaire de vérifier
la stabilité du fond de fouille vis-à-vis des phénomènes de renard solide.
Le soutènement est une paroi moulée en béton armé de 0,8 m d’épaisseur avec un niveau de tirants scellés.
L’écran est une paroi en béton armé de 0,8 m d’épaisseur et soutient 4 mètres de terre. Le tirant est positionné à
2 mètres du sommet de l’écran (Figure 19).
Le niveau d’eau est situé au niveau du terrain naturel côté amont et au niveau du fond de fouille côté aval.
Le tirant d’inclinaison nulle, constitué d’acier de construction, présente une longueur totale de 20 m dont 10 m de
longueur libre. Le diamètre de forage est de 120 mm et l’armature est composée d’une barre HA de diamètre 32 mm.
Limons 1 19 25 5 5
Sable 4 20 30 0 20
Le coefficient de réaction horizontale est déterminé à partir de la formule de la méthode décrite en annexe F de
la norme NF P94-282 :
[Formule F.3.1]
Chapitre 5 - Exemples 53
Avec :
EM : module pressiométrique Ménard ;
α : coefficient rhéologique ;
E x I : produit d’inertie ;
B0 = 1 m.
Les coefficients de réactions obtenus par application de cette méthode sont présentés dans le Tableau 10.
• en poussée ;
• en butée.
Pour l’exemple présenté ici, nous proposons d’appliquer les démarches de calcul suivantes :
• un modèle de calcul à l’équilibre limite avec pondération des actions par 1,35 et des résistances par 1,4 ;
• un modèle de calcul à l’équilibre limite avec pondération des résistances par 1,4 x 1,35 = 1,89 ;
• un modèle de calcul d’interaction sol structure aux coefficients de réaction avec vérification du rapport de 1,89 de
la butée mobilisable par la butée mobilisée.
3.3 - Résultats
Les valeurs obtenues par les modèles MEL sont des valeurs de calculs tandis que les valeurs obtenues par le modèle
MISS sont des valeurs caractéristiques, qu’il convient de multiplier par 1,35 pour obtenir les valeurs de calcul à l’ELU.
Rappelons que la détermination des valeurs de calcul à partir des valeurs caractéristiques multipliées par 1,35 est
la démarche proposée par le NF P94-282 qui reste valable dans tous les cas.
Valeurs de calcul
69 89 131
EELU = Ek x 1,35 Avec Ek = EELS
La démarche de calcul prise en compte dans cet exemple est celle qui est décrite dans la norme NF P94-282.
À l’ELU, la justification de l’appui est conduite pour les états limites GEO (arrachement) et STR (résistance interne).
À l’ELS, la justification ne concerne que les aspects géotechniques. Cette justification consiste à vérifier que la charge
de service reste en deçà d’une part raisonnable de la charge critique de fluage.
Pour les tirants en acier de construction, la valeur de calcul de la résistance à la traction du tirant est la plus petite
des valeurs suivantes :
• traction déduite de la limite élastique de l’acier considéré appliquée à la section du tirant : ;
• traction déduite de la résistance à la rupture de l’acier considéré appliquée à la section en fond de filet du tirant
soit .
Dans l’exemple proposé pour une barre HA de type GEWI de diamètre 32 mm la limite élastique de l’acier est de
500 MPa soit une résistance de :
Ainsi, .
Justifications géotechniques
Pour l’exemple nous considérerons que deux essais préalables, réalisés sur 5 m de scellement ont permis d’obtenir
pour chacun de ces essais la traction de rupture et la traction critique de fluage.
Le Tableau 12 récapitule les résultats obtenus ainsi que l’interprétation qui peut en être faite suivant que l’on considère
ou pas l’ancrage comme un tirant au sens de la norme NF EN 1537. En effet si l’ancrage ne répond pas à l’ensemble
des prescriptions de la norme NF EN 1537, (reprises sous la définition de « ancrage scellé » dans la norme NF EN 1997-1)
il convient alors de le justifier conformément à la norme NF P94-282.
Chapitre 5 - Exemples 55
Traction à la rupture (NF P94-153) Traction critique de fluage
RELU;k = (RELU;m)min RELS;k = (RELS;m)min
par ml d’ancrage en kN (NF P94-153)
Par conséquent, la justification géotechnique à l’ELU consiste à vérifier que EELU < RELU avec EELU = 131 kN et :
La justification géotechnique à l’ELS consiste à vérifier que EELS < RELS avec EELS = 97 kN et
4.1.1 - Géométrie
Le soutènement considéré est un batardeau constitué d’un rideau de palplanches présentant un produit d’inertie égal
à 55820 cm4/m. La fouille est considérée relativement large (10 m).
Le calcul de justification est fait ici avec une fiche de 6 m (Figure 20).
Les sols en place sont constitués de sables fins sur une épaisseur de 16 m recouvrant des marnes.
Perméabilité
Sol γ (kN.m-3) ϕ’ (°) c’ (kPa) EM (MPa) α
k (m.s-1)
L’eau est initialement située 2 m au-dessus du niveau du terrain naturel. La perméabilité des sables, mesurée au droit
d’un essai de pompage, est jugée suffisamment faible pour réaliser un pompage en fond de fouille, sans traitement
préalable particulier. La relative homogénéité de ces matériaux conduit à retenir une perméabilité isotrope pour
les sables.
Étant donné la très faible perméabilité des terrains marneux, aucun écoulement ne sera pris en compte dans
ces formations.
Chapitre 5 - Exemples 57
4.2 - Hypothèses complémentaires
Les inclinaisons sont prises égales à 2/3 ϕ’ et –1/2 ϕ’ respectivement côté poussée et butée. Les tables de Caquot,
Kérisel et Absi sont utilisées pour la détermination des coefficients de poussée et de butée.
Les coefficients de réaction sont obtenus par la formule citée dans la norme NF P94-282 (Tableau 14) :
La durée d’ouverture de la fouille est jugée suffisante (au regard du fonctionnement de l’aquifère présent dans
les sables) pour que se mette en place un écoulement permanent.
La prise en compte de l’écoulement nécessite la saisie manuelle des pressions d’eau. Les pressions d’eau intervenant
également dans le calcul des contraintes effectives seront donc considérées préalablement.
Les formules fournies par Mandel(31) sont utilisées pour déterminer les gradients moyens à l’amont et à l’aval du
rideau (supposés constants distinctement côté amont et aval). La répartition des pressions interstitielles en amont et
en aval du rideau à chaque phase de calcul peut ensuite être déterminée.
En utilisant ces hypothèses, la perte de pression côté aval ρ et la pression inertielle Upied présentées dans le Tableau 15
suivant sont obtenues.
Phase 1 2 3
ΔH (m) 2 6 8
Une répartition linéaire de ces pressions est ensuite considérée, avec une pression interstitielle nulle au niveau du
fond de fouille.
4.2.3 - Pondérations
Le calcul est intégralement mené en mettant en œuvre un modèle MISS, par une approche aux coefficients de réaction
(MISS-k).
Les efforts de calcul à l’ELU sont obtenus en suivant une approche 2*.
Étant donné le caractère provisoire de l’écran, et la présence d’appuis, le facteur partiel appliqué sur la butée est
limité à 1,1.
(31) [14] Écoulement de l’eau sous une ligne de palplanches. Abaque pour la condition de renard. Mandel J. Revue Travaux, mars 1951, n° 197.
La fiche est vérifiée en regardant le rapport entre la butée mobilisée et la butée mobilisable pour la dernière phase
(phase la plus critique).
Dans le cas présent, ce rapport est égal à 0,618, et reste inférieur à (1,1 étant retenu côté
résistance étant donné le caractère provisoire de la fouille), égal à 0,673. La fiche de 6 m de longueur est donc justifiée.
Les effor ts caractéristiques sont présentés sur la Figure 21 (les valeurs de calcul sont obtenues en multipliant ces
dernières par 1,35.
Il convient ensuite de justifier la structure à l’aide de l’Eurocode 3. Cette vérification n’est pas effectuée dans le cadre
de ce guide.
Côté amont à la base de la fiche, la contrainte verticale effective caractéristique σ’v1,k est égale à 114 kPa. La contrainte
déstabilisatrice de calcul qdstb,d est égale à 1,35 σ’ v1,k, soit 155 kPa.
Côté aval, la contrainte verticale effective caractéristique σ’ v2,k est égale à 30,4 kPa. En considérant un coefficient
Nq égal à 49, la contrainte stabilisatrice caractéristique qstb,k est égale à 1480 kPa. La contrainte stabilisatrice de calcul
qstb,d est donc égale à 1340 kPa.
La contrainte stabilisatrice de calcul est supérieure à la contrainte déstabilisatrice de calcul. Le phénomène de renard
solide à long terme est donc écarté.
Chapitre 5 - Exemples 59
Le gradient hydraulique caractéristique(32) est égal à 0,59. Le gradient hydraulique de calcul est donc égal à 0,80, après
pondération par 1,35 du gradient hydraulique caractéristique.
Le gradient hydraulique critique de calcul est donc égal à 0,99, après pondération par 0,9.
Le gradient de calcul restant inférieur au gradient critique de calcul, le risque de renard hydraulique peut être écarté.
(32) Il est insisté sur la sous-estimation conséquente du gradient hydraulique qui serait obtenue en supposant un gradient homogène le long de l’écran, c’est-
à-dire égal à 0,375.
Aucun critère n’a été fixé relativement à la déformée de l’ouvrage et la justification de la fiche de l’écran est en
conséquence entièrement menée en utilisant un calcul MEL (l’approche MISS- k n’est pas autorisée pour la détermination
des écrans autostables).
5.1.1 - Géométrie
Le soutènement est une paroi berlinoise remblayée dont les montants principaux sont constitués de profilés HEB 360
(B = 360 mm) foncés et espacés horizontalement d’une valeur eh égal à 2 m. Une surcharge verticale uniforme égale
à 20 kPa est considérée en tête de rideau (Figure 22).
Les sols en place, constitués de sables limoneux, sont surmontés de remblais d’une épaisseur de 4 mètres. Le niveau de
nappe est situé profondément sous le niveau du terrain naturel, n’interagit pas avec l’ouvrage et n’est pas à considérer.
Chapitre 5 - Exemples 61
5.2 - Hypothèses
Les inclinaisons sont prises égales à 0 ϕ’ et –2/3 ϕ’ respectivement côté poussée et butée. Les tables de Caquot, Kérisel
et Absi [4] sont utilisées pour la détermination des coefficients de poussée et de butée (Tableau 17).
Pour la détermination des résistances sous le fond de fouille, il est nécessaire de comparer le plus défavorable des
deux modèles suivants :
• modèle « écran plan discontinu », en tenant compte du caractère discontinu de l’écran et de l’effet de diffusion ;
• modèle « pieu », consistant à déterminer la réaction frontale devant un pieu estimé sur les paramètres
pressiométriques, et notamment la pression de fluage pressiométrique p fM, en tenant compte de l’abattement à
proximité de la surface (z < 4B ).
5.3.1 - Pondérations
Tous les éléments sont présentés après application préalable des facteurs partiels suivants :
• coefficients majorateurs sur les actions :
- γ G = 1,35 sur les efforts de poussée lié au poids des terrains ;
- γ Q =1,5 sur les efforts de poussées liées aux surcharges variables ;
• coefficients pondérateurs sur la butée : γ Rb = 1,4.
Les contraintes de poussée se calculent alors de la façon suivante, en distinguant le calcul au-dessus et sous le fond
de fouille :
• au-dessus du fond de fouille :
• sous le fond de fouille, il est tenu compte du caractère ponctuel des profilés HEB, et la contrainte équivalente de
poussée est calculée de la façon suivante :
Les contraintes de butée pour le modèle « écran plan mais en tenant compte de la diffusion » sont calculées de
la façon suivante.
Pour le modèle pieu, il est tenu compte d’un abattement sur une profondeur égale à 4 B , si bien que la contrainte de
butée équivalente est déterminée de la façon suivante :
• pour z > 4B :
Les deux modèles (écran plan en tenant compte du caractère ponctuel des poteaux et de la diffusion et modèle
« pieu ») sont comparés sur la Figure 23.
La Figure 23 indique que le modèle « écran plan » est plus défavorable. Il sera donc retenu par la suite.
Les efforts horizontaux et les moments résultants sont obtenus par intégration respectivement simple et double des
diagrammes de contraintes. Du fait du caractère autostable de l’écran, cette étape permet également de déterminer
directement les efforts tranchants et moments fléchissants dans le rideau.
Chapitre 5 - Exemples 63
5.4 - Résultats et justification de l’ouvrage
La Figure 24 présente les résultats obtenus pour les efforts dans l’écran.
La justification de la fiche est menée selon une approche MEL. Les résultats précédemment obtenus sont donc réutilisés.
Avec les hypothèses précédentes la position f0 du point de pression nulle sous le fond de fouille est égale à 0,57 m.
Après intégration des répartitions des contraintes précédentes, les efforts horizontaux et les moments peuvent être
obtenus. La position f’ du point de moment nul sous le fond de fouille est égale à 5,17 m.
Les efforts maximaux de calcul à considérer pour la justification des profilés sont les suivants, en tenant compte de
l’espacement horizontal entre profilés de 2 m :
• moments fléchissant maximaux de calcul Md : 701,8 kN (moment maximal issu de RIDO égal à 350,9 kN/ml) ;
• efforts tranchant maximal Vd : 201,6 kN.
Les indices « dst » et « stb » sont propres respectivement au caractère déstabilisateur et stabilisateur de l’effet d’une
action.
Les indices « k » et « d » se rapportent respectivement à la valeur caractéristique et à la valeur de calcul soit d’une
action ou de son effet, soit d’une résistance, soit d’une propriété d’un matériau.
c’ cohésion effective
E module d’Young
f fiche de l’écran
G action permanente
H hauteur de l’écran
I inertie de l’écran
k raideur
kh coefficient de réaction
Q action variable
Vd valeur de calcul de la composante verticale des efforts transmis par l’écran au sol
Notations 65
a coefficient rhéologique d’un sol
g poids volumique
Guides techniques
[1] E urocode 7 - Application aux fondations superficielles (NF P94-261). Guide méthodologique . Cerema, Collection
Références, Décembre 2015, 116 p.
[2] E urocode 7 - Application aux fondations profondes (NF P94-262). Guide méthodologique . Cerema, Collection
Références, Décembre 2014, 143 p.
Articles
[3] K
o-OCR Relationships in Soil. MAYNE, P.W. et KULHAWY, F.H. Journal of the Geotechnical Engineering Division, ASCE,
1982, Vol 108, GT6, p 851-872.
[4] Tables de poussée et de butée des terres, KERISEL J. et ABSI E. Presses des Ponts et Chaussées, 3 e édition, 1990, 220 p.
[5] É quilibre des massifs à frottement interne Stabilité des Terres Pulvérulents et Cohérentes. CAQUOT A. Paris Gauthiers-
Villars, 1934.
[6] R
ecommandations pour le choix des paramètres de calculs des écrans de soutènement par la méthode aux modules
de réaction. Note d’information technique. BALAY J. Ministère de l’urbanisme, du logement et des transports, LCPC,
1985, 24 p.
[7] P
arois moulées dans le sol. CHADEISSON R. Proceedings of the 5th European conference on Soil Mechanics and
Foundation Engineering, Vol. 2. Dunod, Paris, 1961, pp. 563-568.
[8] M
odule de réaction, coefficient de décompression, au sujet des paramètres utilisés dans la méthode de calcul
élastoplastique. MONNET A. Revue Française de Géotechnique, 1994, n° 65, pp. 67-72.
[9] M
éthode empirique d’évaluation du coefficient de réaction du sol vis-à-vis des ouvrages de soutènement souple.
SCHMITT P. Revue Française de Géotechnique, 2e trimestre 1995, n° 71.
Bibliographie 67
[10] E rddruck, Erdwiderstand und Tragfaehigkeit des Baugrundes. KREY H. Berlin, W. Ernst u. Sohn 5th ed, 1936.
(1st edition, 1912)
[12] The International Levee Handbook. CIRIA, Ministry of Ecology, USACE, Novembre 2013, 1348 p.
[14] É coulement de l’eau sous une ligne de palplanches. Abaque pour la condition de renard. MANDEL J. Revue Travaux,
mars 1951, n° 197.
[15] P
rise en compte des niveaux d’eau selon l’Eurocode 7. Note de la Commission de Normalisation Justification des
Ouvrages Géotechniques. CNJOG, Février 2014, 5 p.
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Notes 69
Notes :
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Notes 71
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État de l’art aux écrans de soutènement (NF P94-282)
et recommandations
Ce guide méthodologique
L‘utilisation aborde la mise
des enrobés bitumineux tièdesenpermet
application de la norme
d’abaisser d’application
la température française de
de fabrication et l’Eurocode
de mise en 7
traitant par
œuvre des rapport
écrans de à soutènement, la norme àNFchaud,
un enrobé bitumineux P94-282. pourDestiné aux géotechniciens
des performances in fineetéquivalentes.
ingénieurs deSicalcul
leur
des structures, il présente les principes de justifications françaises des écrans de soutènement
mise en œuvre nécessite une attention particulière, les enrobés bitumineux tièdes présentent l’avantage découlant de
l’Eurocode
de 7. Complétédes
réduire l’exposition parpersonnels
des exemples détaillés,aux
de chantier il aémissions
pour ambition de servir
de fumées toutefficacement
en réduisantles professionnels
la consommation
de la réalisation des écrans de soutènement
énergétique et l’émission des gaz à effet de serre. et tout particulièrement les bureaux d’études et les maîtres
d’œuvre.
Ce guide présente les enrobés bitumineux tièdes et s’attache tout particulièrement à détailler les points
Ildevise à contribuer
vigilance dans
relatifs à lason domaine, ààmieux
préparation, prendre et
la fabrication en àmain la norme
la mise d’application
en œuvre françaiseen
de ce matériau decomparaison
l’Eurocode 7
sur les
des écransbitumineux
enrobés de soutènement.
à chaud.
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tièdes : les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvres, la profession et le réseau technique.
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