COUFAM15c D2 Residence
COUFAM15c D2 Residence
COUFAM15c D2 Residence
Les données chiffrées sont parfois arrondies, en général au plus près de leurs valeurs réelles.
Le résultat arrondi d’une combinaison de chiffres (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut être
légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Les sites internet http://www.insee.fr et http://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database pour les
données internationales mettent en ligne des actualisations pour les chiffres essentiels.
Les comparaisons internationales s’appuient sur les données harmonisées publiées par Eurostat,
qui peuvent différer des données nationales publiées par les instituts nationaux de statistique.
En 2012, 16 % des couples avec enfant(s) mineur(s) passés devant le juge pour mettre en
place le mode de résidence des enfants à la suite de leur séparation se sont vu accorder une
garde alternée pour les enfants, qui résideront ainsi de manière équivalente chez chacun de
leurs parents. Cette part a fortement augmenté depuis 2003. La résidence alternée est deux
fois plus fréquente en cas de divorce par consentement mutuel que dans les procédures de
divorce contentieuses ou entre parents non mariés. La résidence unique chez la mère,
décidée pour les trois quarts des enfants, reste pourtant la règle. La résidence unique chez le
père concerne 8 % des enfants, proportion qui croît nettement avec l’âge des enfants.
Dans huit séparations sur dix, les parents sont parvenus à un accord sur la résidence des
enfants, et le juge entérine en général leur choix. Qu’ils soient ou non parvenus à un accord
lors de leur divorce, au bout de deux ans, 10 % des divorcés ont changé le mode de résidence
des enfants, le plus souvent au profit d’une résidence unique.
Le juge statue aussi sur le versement d’une pension alimentaire, très lié au mode de résidence
des enfants. Une pension est moins souvent fixée en cas de résidence alternée ou de
résidence unique chez le père qu’en cas de résidence unique chez la mère.
Quand une pension a été fixée, les parents déclarent qu’elle a été payée dans huit cas sur dix
systématiquement et dans son intégralité pendant les deux ans qui ont suivi le jugement. Un
tiers seulement des parents ayant des problèmes de versement de pension ont intenté une
action en paiement.
Lorsque les parents divorcent et qu’ils ont un enfant mineur, le juge statue sur l’exercice de
l’autorité parentale, la résidence des enfants, le droit de visite et d’hébergement ou le rythme
d’alternance et la contribution à l’entretien et à l’éducation des enfants (pension alimentaire).
Les parents non mariés n’ont pas l’obligation de recourir à la justice pour organiser la vie de
leur enfant mineur après leur séparation : s’ils sollicitent l’intervention du juge, c’est souvent
faute d’avoir trouvé un accord ou pour faire homologuer leur accord. En 2012, les juges aux
affaires familiales (JAF) ont rendu 126 000 décisions sur la résidence d’enfant(s) mineur(s),
dans le cadre du divorce (67 000 décisions) ou de la séparation de parents non mariés
(59 000 décisions suite à une première demande). Près de 200 000 enfants mineurs étaient
concernés (figure 1).
1
Le nombre de séparations augmente , mais compte tenu notamment de la baisse de la
nuptialité et du développement de l’union libre, le nombre des divorces avec enfant(s)
mineur(s) baisse structurellement depuis 2006, de l’ordre de 20 % en six ans. La hausse des
divorces en 2005 est un effet conjoncturel consécutif à la loi du 26 mai 2004 relative au
divorce (procédure simplifiée du divorce par consentement mutuel qui permet d’aboutir à un
prononcé du divorce dans des délais plus brefs). En effet, cette réforme s’est traduite dans les
années qui ont suivi par un cumul de divorces sur des demandes introduites avant 2005 et des
divorces plus rapides introduits à partir de 2005 (figure 2).
Insee Références, édition 2015 - Dossier - Résidence et pension alimentaire des enfants... 41
1. Nombre de décisions des juges aux affaires familiales (JAF) en 2012 sur la résidence des enfants
mineurs de parents séparés
Effectifs Répartition en % Répartition en %
Décisions Enfants Décisions Enfants
En 2012, la moitié des divorces avec enfant(s) mineur(s) sont des divorces par consente-
ment mutuel, seule procédure de divorce dite gracieuse (correspondant à l’ancienne procé-
dure de divorce sur requête conjointe), alors que ces divorces étaient minoritaires avant 2005.
Cette évolution est aussi la conséquence de la loi du 26 mai 2004, dont l’un des objectifs était
de pacifier la procédure de divorce, et en particulier d’encourager l’accord des époux sur le
principe du divorce ainsi que sur l’ensemble de ses effets. De plus, la structure des divorces
contentieux (divorce accepté, divorce pour altération définitive du lien conjugal ou divorce
pour faute) a profondément changé, dans le sens de la pacification souhaitée par le législateur.
Parmi les divorces avec enfant(s) mineur(s), la part des divorces pour faute, procédure la plus
contentieuse, s’est effondrée, passant de 39 % en 2003 à 7 % en 2012, tandis que le divorce
accepté, procédure moins contentieuse, est passé de 15 % en 2003 à 33 % en 2012.
3. Nombre de décisions des JAF en 2012 concernant la résidence des enfants mineurs et nombre
d’enfants concernés
Le type de procédure de séparation engagée par les parents dépend avant tout de leur
degré d’accord concernant les différents aspects du divorce et, en particulier, le choix de la
résidence de leur enfant. Ainsi, engager un divorce par consentement mutuel suppose un
accord sur toutes les conséquences du divorce ; les parents qui suivent cette procédure sont
donc parvenus à un accord, en particulier sur le mode de résidence de leur enfant. C’est le cas
de 85 % des parents dans les divorces contentieux et de 73 % des parents non mariés.
Tous types de procédures confondues, 83 % des parents sont parvenus à un accord sur le
mode de résidence. Dans la quasi-totalité des cas, le juge entérine alors le choix des parents,
qui est dans 74 % des cas une résidence unique chez la mère, dans 6 % des cas une résidence
unique chez le père, dans 18 % des cas une résidence alternée. Lors de désaccord des parents,
le juge décide du mode de résidence : résidence exclusive chez la mère dans 77 % des cas,
chez le père dans 12 % des cas et en alternance dans 8 % des cas.
2. Parmi les séparations de parents non mariés avec enfant(s) mineur(s), seules celles ayant fait l’objet d’une demande
en justice sont connues du ministère de la Justice. Il s’agit donc, par nature, de séparations plutôt « contentieuses ».
Insee Références, édition 2015 - Dossier - Résidence et pension alimentaire des enfants... 43
La résidence alternée des enfants est plus fréquente dans les procédures gracieuses (30 %)
que contentieuses (13 %) ou dans les procédures entre parents non mariés (11 %). C’est égale-
ment le cas lorsque les enfants ont plus de 6 ans (21 % des décisions quand l’enfant a entre 6 et
10 ans, et 13 % quand il est plus jeune) [Carrasco et Dufour, 2015] et quand les parents
résident dans la même ville (24 % contre 14 % quand ils résident dans deux communes
différentes3).
La résidence unique chez le père est plus fréquente dans les divorces contentieux (8 %
contre 5 % dans les divorces gracieux) et les séparations de conjoints non mariés (8 %). C’est
aussi le cas quand les enfants sont grands (16 % des décisions concernant un enfant de 15 à
17 ans, contre 5 % lorsque l’enfant a moins de 6 ans) [Carrasco et Dufour 2015].
Le code civil dispose que, même en cas de séparation ou de divorce, chacun des parents
doit contribuer à l’entretien et à l’éducation des enfants, à proportion de ses ressources et des
besoins de l’enfant (article 371-2). Cette contribution à l’entretien et à l’éducation des enfants
(CEEE), ou pension alimentaire, peut être versée sous différentes formes. Dans la majorité des
cas, il s’agit du versement mensuel d’une somme d’argent, mais la pension peut également
prendre la forme d’une prise en charge directe des frais engagés pour l’enfant. Le montant de la
pension est fixé par le juge en fonction des ressources et des charges de celui qui doit la verser
(le débiteur) et des besoins de celui à qui elle est due (le créancier). Le juge et les personnes
concernées peuvent se référer à une grille indicative des montants.
On s’intéresse ici aux pensions donnant lieu à un transfert financier entre les parents.
Parmi l’ensemble des décisions prises en 2012 ayant statué au versement d’une pension
alimentaire (68 % des premières décisions), cette pension s’élève en moyenne à 170 euros par
mois et par enfant [Carrasco et Dufour, 2015].
La décision de fixer une pension alimentaire est nettement plus fréquente en cas de
résidence exclusive chez la mère (82 %) qu’en cas de résidence chez le père (31 %) ou de
résidence alternée (23 %) [Carrasco et Dufour, 2015]. En cas de résidence alternée, la contribu-
tion à l’entretien de l’enfant se fait plutôt par le règlement en nature des frais de l’enfant
[Belmokhtar, 2014]. En cas de résidence unique chez un des parents, la plus forte fréquence du
versement d’une pension vers les mères que vers les pères peut s’expliquer en partie par des
écarts de revenus importants entre conjoints : dans les couples divorcés en 2012, 33 % des
mères gagnaient moins de 1 200 euros par mois alors que 14 % des pères étaient dans cette
situation [Belmokhtar et Dufour, 2015].
En deux ans, aucune évolution sur la résidence des enfants des trois quarts
des divorcés
Dans 83 % des cas, la décision initiale du juge aux affaires familiales concernant la
résidence de l’enfant est conforme à la demande des parents.
Mais les souhaits des parents, tout comme leur situation ou celle des enfants, peuvent
évoluer dans le temps. Aussi, dès les premiers mois suivant le divorce, environ 40 % des
parents envisagent de « revenir devant le juge dans le futur pour demander un changement de
type de résidence », ce pourcentage étant le même qu’ils aient ou non été d’accord sur la
résidence des enfants.
Aucun changement 78 73 71 54 74
Un changement 22 27 29 46 26
Changement de modalités 7 20 16 18 16
Changement de résidence 15 7 13 28 10
Ensemble 100 100 100 100 100
1. Résidence fixée chez une autre personne ou fratrie séparée.
Champ : France, personnes ayant divorcé en juin 2012 et ayant encore des enfants mineurs en 2014.
Lecture : pour 78 % des divorcés, la résidence des enfants a été fixée en alternance en 2012 et n’a pas été modifiée depuis.
Source : ministère de la Justice / SDSE, enquête divorcés 2014.
Quand il y a eu une modification concernant la résidence, près de deux fois sur trois, il
s’agit uniquement d’un changement des modalités d’organisation de la résidence. Le type de
résidence des enfants a été modifié dans seulement un peu plus d’un tiers des modifications.
L’ensemble de ces modifications ne fait pas toujours l’objet d’un recours au juge : 37 % des
parents qui ont modifié le type de résidence de leur(s) enfants(s) ont saisi le juge, contre seule-
ment 6 % des parents qui n’en ont modifié que les modalités d’organisation.
En 2014, la grande majorité des divorcés (83 %) sont satisfaits de la résidence de leurs
enfants et de ses modalités d’organisation, qu’elles aient changé ou non depuis le jugement du
divorce en 2012. Ce taux de satisfaction est cependant moins élevé (75 %) quand la résidence
des enfants ou ses modalités d’organisation ont été modifiées. Les divorcés non satisfaits de la
résidence de leurs enfants en 2012 sont plus nombreux à avoir modifié la décision du juge
relative à la résidence de leurs enfants (un tiers contre un quart). Cela ne suffit cependant pas
toujours à dissiper leur mécontentement : 44 % des parents non satisfaits de la résidence de
leurs enfants en 2012 ne le sont toujours pas en 2014, qu’ils aient modifié la résidence (40 %
d’insatisfaits en 2014) ou non (46 % d’insatisfaits en 2014).
4. Ils ne sont plus concernés par la question juridique de la résidence ou des modalités du droit de visite et d’hébergement
ou de l’alternance.
Insee Références, édition 2015 - Dossier - Résidence et pension alimentaire des enfants... 45
Les changements de mode d’organisation interviennent plus rapidement que
ceux de types de résidence
Lorsque la situation en 2014 n’est plus celle décidée en 2012, neuf fois sur dix, il n’y a eu
qu’un seul changement par enfant. Le premier changement (ou unique changement) a lieu en
moyenne 10 mois après le divorce. Il se fait plus rapidement quand il s’agit de modifier
uniquement les modalités d’organisation que lorsque les parents changent le lieu de résidence
de leurs enfants (8 mois contre 13 mois). Quatre modifications sur dix du droit de visite et
d’hébergement ou du rythme de l’alternance interviennent le même mois que celui du divorce
contre seulement un changement de lieu de résidence sur dix. Plus de la moitié des change-
ments de type de résidence et un tiers des changements de droit de visite et d’hébergement ou
de rythme d’alternance ont lieu au moins un an et demi après le divorce (figure 5).
5. Répartition des changements concernant la résidence des enfants mineurs selon le délai
entre le divorce et le changement
délai entre le divorce et le changement
1
plus de 2 ans
2 ans
1 an et demi
1 an
6 mois
3 mois
Changement du type de résidence
Les parents reviennent plus souvent sur leur choix d’une résidence alternée
6. Répartition des divorcés dont les enfants ont changé de résidence entre 2012 et 2014
selon la résidence des enfants
en %
2012 2014
Alternée 35 15
Chez la mère 50 26
Chez le père 7 30
Autre1 8 28
Ensemble 100 100
1. Résidence fixée chez une autre personne ou fratrie séparée.
Champ : France, personnes ayant divorcé en juin 2012, ayant encore des enfants mineurs en 2014 et pour lesquelles la résidence des enfants a changé entre
2012 et 2014 (soit 10 % des divorcés en 2012 ayant encore des enfants mineurs en 2014).
Lecture : parmi les personnes divorcées en 2012 et pour lesquelles la résidence des enfants a changé entre 2012 et 2014, la résidence des enfants était chez le père
pour 7 % d’entre eux en 2012, contre 30 % en 2014.
Source : ministère de la Justice / SDSE, enquête Divorcés 2014.
La fréquence des changements de résidence est identique, que les parents aient divorcé
par consentement mutuel ou par une procédure contentieuse.
Alors que les parents qui divorcent sont d’accord sur la résidence des enfants huit fois sur
dix, quand un changement de type de résidence intervient par la suite, il se fait avec l’accord
des deux parents dans seulement 63 % des cas.
Comme les décisions initiales, les changements de type de résidence postérieurs au
divorce sont plus fréquemment consensuels en cas de divorce par consentement mutuel qu’en
cas de divorce contentieux (70 % contre 55 %). En revanche, il n’y a pas de différence selon le
type de résidence fixé en 2012.
La raison la plus souvent invoquée par les parents pour modifier la décision du juge
relative au type de résidence de leur enfant est une demande de l’enfant, dans 56 % des cas.
Viennent ensuite les changements (amélioration ou détérioration) dans les relations de
l’enfant avec un de ses parents (35 %), puis les difficultés d’organisation quotidienne (28 %) et
les changements de résidence (26 %). La plupart des autres raisons (arrivée d’un nouveau
conjoint, âge de l’enfant, changement dans les relations entre les parents, désir d’un des
parents de voir davantage son enfant, mauvaise volonté d’un des parents à respecter les règles
du partage de l’exercice de l’autorité parentale ou changement professionnel) sont citées par
environ 20 % des parents, les modifications de la situation financière et les problèmes de prise
en charge des déplacements étant moins souvent invoqués (12 % et 10 % des cas).
Insee Références, édition 2015 - Dossier - Résidence et pension alimentaire des enfants... 47
Huit divorcés sur dix déclarent que la pension alimentaire est payée
systématiquement et intégralement
En 2014, environ sept parents divorcés sur dix indiquent que la décision du juge en
vigueur prévoit le versement d’une pension alimentaire, le plus souvent du père à la mère
(95 % des pensions alimentaires). La très grande majorité des divorcés (82 %) déclarent que
cette pension alimentaire est actuellement versée systématiquement et dans son intégralité. Ils
sont 6 % à déclarer qu’elle est versée irrégulièrement ou partiellement, et 12 % à affirmer
qu’elle n’est que rarement ou jamais versée (figure 7).
Ces chiffres sont estimés à partir des déclarations des personnes séparées : les divorcés
devant verser une pension alimentaire sont plus nombreux à déclarer qu’elle est versée
régulièrement (92 %) que ceux devant la recevoir (72 %). De la même façon, 19 % des personnes
devant recevoir une pension alimentaire déclarent qu’elle n’est jamais versée, contre seule-
ment 5 % des divorcés devant en payer une.
87 % des divorcés par consentement mutuel pour lesquels une pension alimentaire a été
décidée disent qu’elle a été versée systématiquement pendant les deux ans qui ont suivi le
divorce, contre 77 % pour les divorces contentieux. Le non-paiement systématique de la
pension alimentaire est plus fréquent en cas de divorce contentieux (16 %) qu’en cas de
divorce par consentement mutuel (8 %). Le non-paiement irrégulier ou partiel concerne 7 %
des divorces contentieux et 5 % des divorces par consentement mutuel. Lorsque la pension
alimentaire n’est que très rarement ou jamais versée, deux fois sur trois, cette situation a
débuté dès le divorce.
Postérieurement au divorce, seuls 9 % de l’ensemble des divorcés ont saisi le juge aux
affaires familiales d’une demande concernant la pension alimentaire, qu’elle ait été décidée
initialement par le juge ou non. Les demandes portent dans un tiers des cas sur la suppression
ou la suspension de la pension alimentaire.
En cas de problème de perception de la pension alimentaire, seule une minorité de
personnes intentent une action en paiement (9 % des divorcés pour lesquels une pension
alimentaire a été décidée initialement) ou portent plainte pour abandon de famille (3 %
d’entre eux). þ
Insee Références, édition 2015 - Dossier - Résidence et pension alimentaire des enfants... 49