Pluralité Des Formes Et Des Modèles Matrimoniaux en Afrique: Un État Des Lieux
Pluralité Des Formes Et Des Modèles Matrimoniaux en Afrique: Un État Des Lieux
Pluralité Des Formes Et Des Modèles Matrimoniaux en Afrique: Un État Des Lieux
LA N É C E S S I T É D E P RO D U I R E S U R L’A F R I Q U E D E S
onnées utiles sur les tendances en matière de fécondité et
d
de mortalité et sur la répartition spatiale de la population
semble avoir relégué au second plan les recherches concer-
nant la nuptialité. Pourtant, une attention particulière à l’étude
des changements matrimoniaux permet de mieux appréhender
les mutations que connaissent les sociétés de ce vaste conti-
nent. L’étude de la nuptialité s’avère évidemment délicate, car
la définition du mariage renvoie simultanément à des concep-
tions d’ordres juridique, religieux et culturel (Antoine, 2002).
En Afrique comme ailleurs, plusieurs sociétés reconnaissent
LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
TABLEAU I.1.
Divorcée (%)
Séparée (%)
Mariée (%)
Veuve (%)
Union
PAYS ENQUÊTE
EDS 2012 35,5 46,2 15,2 0,2 0,3 2,7 50,7
Bénin EDS 2006 28,1 61,2 8,5 0,3 0,4 1,5 36,6
EDS 1996 20,5 67,7 9,4 0,5 0,4 1,5 29,9
EDS 2010 17,1 74,8 6,3 0,2 0,2 1,3 23,4
Burkina
EDS 2003 16,1 70,1 11,7 0,4 0,4 1,3 27,8
Faso
EDS 1993 6,4 91,0 — 0,8 0,9 0,9 6,4
EDS 2011 32,4 40,8 21,0 0,3 1,3 4,0 53,4
Cameroun EDS 2004 23,4 46,3 23,1 0,3 1,2 5,7 46,5
EDS 1991 18,6 58,3 18,5 0,3 1,4 3,1 37,1
EDS 2008-2009 37,9 51,5 4,3 1,0 0,9 4,2 42,2
Kenya EDS 2003 36,2 49,4 7,6 1,1 1,0 4,7 44,8
EDS 1993 35,5 54,1 3,1 0,7 2,2 4,4 38,7
EDS 2008-2009 16,0 58,9 14,1 0,2 1,1 9,6 30,1
Madagascar EDS 2003-2004 26,3 47,3 15,6 0,1 1,2 9,5 41,9
EDS 1992 31,7 45,7 10,8 0,4 10,5 0,9 42,5
EDS 2006 7,0 80,6 9,1 0,6 0,9 1,8 16,1
Mali EDS 2001 12,0 82,6 2,4 0,5 0,7 1,9 14,4
EDS 1995-1996 12,4 83,4 2,0 0,7 0,6 0,8 14,4
EDS 2003 61,7 36,4 — 0,0 1,8 0,1 61,7
Maroc EDS 1992 56,0 40,2 — 0,2 3,6 — 56,0
EDS 1987 55,3 41,1 — 0,7 3,0 — 55,3
EDS 2010-2011 37,8 59,0 1,0 0,2 1,6 0,3 38,8
Sénégal EDS 2005 32,0 60,5 4,0 0,1 1,7 1,7 36,0
EDS 1992-1993 32,1 63,4 0,2 0,8 3,4 0,1 33,3
* Les pourcentages de la colonne « jamais mariée » sont la somme des pourcentages des colonnes
« célibataire » et « union consensuelle ».
Source : ICF international (2012). Measure DHS STATcompiler [en ligne]. <http://www.statcompiler.com>.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
Dans tous les pays, à l’exception notable de Madagascar (où la part des
femmes mariées progresse), on observe une tendance à la hausse dans la pro-
portion de femmes de 20 à 24 ans célibataires ou en union consensuelle (jamais
mariées). Le Mali se distingue, avec le maintien d’une forte proportion de femmes
mariées à 20-24 ans, suggérant ainsi un âge moyen au mariage relativement bas,
ce que l’on constatera plus loin. Le Burkina Faso et surtout le Bénin ont connu
pour leur part les plus fortes hausses de proportions de femmes n’ayant jamais
connu de mariage, l’un par l’accroissement des célibataires, l’autre par l’aug-
mentation des unions consensuelles. Au Kenya, et dans une moindre mesure au
Sénégal, où les proportions de célibataires étaient déjà relativement élevées au
début des années 1990, on assiste à une légère croissance du célibat, mais à une
relative diminution des unions consensuelles. Au Cameroun, la proportion des
« jamais mariées » dépasse les 50 % en 2011. Cette forte augmentation en l’es-
pace de 20 ans a été encore plus rapide au Bénin. Enfin, avec près des deux tiers
de femmes célibataires à 20-24 ans, le Maroc présente un schéma nettement
différent des pays d’Afrique subsaharienne.
La proportion d’unions consensuelles chez les jeunes femmes de 20 à
24 ans varie suivant les pays, rendant compte ainsi du degré d’acceptabilité
sociale de cet arrangement matrimonial. Elles sont particulièrement négli-
geables au Sénégal (1 % en 2010) et particulièrement élevées au Cameroun,
au Bénin et à Madagascar. Quant à l’état de divorcée/séparée, il est particuliè-
rement rare à cet âge, sauf au Kenya (5,1 % en 2008) et surtout à Madagascar,
où il dépasse les 10 %.
La proportion de femmes qui restent divorcées/séparées demeure très faible
dans la plupart des pays, le divorce étant statistiquement masqué du fait d’un
remariage rapide après la rupture, notamment dans les pays où la polygamie est
importante. Dans tous les pays étudiés, le célibat définitif n’existe quasiment pas :
la proportion de femmes ou d’hommes encore célibataires à 50 ans demeure
très faible.
En Afrique, on sait que le mariage se caractérise par la précocité de la
première union chez les femmes. Au calcul de l’âge moyen, nous avons préféré
celui de l’âge médian, c’est-à-dire de l’âge où la moitié des personnes d’une
cohorte est déjà mariée. Dans les huit pays retenus, cet âge progresse pour les
femmes de 25 à 49 ans, mais pas avec la même ampleur partout (tableau I.2).
L’âge au premier mariage recule plus nettement en milieu urbain qu’en milieu
rural, à l’exception des villes malgaches où il semble stable (20,4 ans en 2008,
comme en 1992). L’évolution est particulièrement nette dans les villes séné-
galaises : cet âge médian est passé de 18,2 ans en 1992-1993 à 21,5 ans
en 2010-2011.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
TABLEAU I.2.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
TABLEAU I.3.
40 à 44 ans (%)
scolarisée (%)
Ensemble (%)
Secondaire
et plus (%)
Urbain (%)
Rural (%)
Non
PAYS ENQUÊTE
EDS 2012 37,1 29,2 42,6 41,1 21,7 48,0
Bénin EDS 2006 43,6 36,5 47,7 47,2 28,7 56,3
EDS 1996 49,6 45,4 51,9 52,7 29,6 63,6
EDS 2010 42,4 21,6 48,0 47,1 14,2 54,7
Burkina
EDS 2003 48,4 28,2 52,1 52,0 11,2 63,9
Faso
EDS 1993 51,2 31,0 55,4 54,7 12,8 60,2
EDS 2011 31,1 25,7 36,0 46,9 21,5 36,9
Cameroun EDS 2004 30,7 23,2 37,9 47,0 17,6 44,3
EDS 1991 38,6 32,0 42,7 50,0 18,7 47,9
EDS 2008-2009 14,9 9,4 16,6 35,1 9,1 23,2
Kenya EDS 2003 18,8 15,6 19,7 37,0 11,2 25,1
EDS 1993 19,5 13,8 20,5 33,4 11,4 29,7
EDS 2008-2009 7,7 9,9 7,4 10,8 7,9 7,6
Madagascar EDS 2003-2004 3,4 3,6 3,4 6,7 1,5 3,5
EDS 1992 6,6 8,2 6,3 7,7 6,0 5,3
EDS 2006 40,3 29,2 45,3 42,8 25,0 54,8
Mali EDS 2001 42,7 33,8 45,6 44,2 26,2 58,7
EDS 1995-1996 44,3 36,0 47,2 45,6 31,6 58,5
Maroc EDS 1987 5,5 6,1 5,1 5,5 5,6 6,1
EDS 2010-2011 34,7 27,9 39,5 39,7 20,6 52,0
Sénégal EDS 2005 39,8 32,6 44,6 44,0 28,5 60,5
EDS 1992-1993 47,9 40,7 51,3 51,0 29,9 69,0
Source : Nos calculs à partir de ICF international (2012). Measure DHS STATcompiler [en ligne]. <http://www.
statcompiler.com>.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
TABLEAU I.4.
40 à 44 ans (%)
Ensemble (%)
scolarisé (%)
Secondaire
et plus (%)
Urbain (%)
Rural (%)
Non
PAYS ENQUÊTE
EDS 2012 22,4 15,4 27,7 26,9 14,6 34,7
Bénin EDS 2006 33,8 26,8 38,1 41,2 21,0 50,3
EDS 1996 32,8 28,8 34,9 37,0 26,3 44,8
EDS 2010 25,0 9,6 30,1 29,7 6,3 45,9
Burkina
EDS 2003 29,5 11,5 33,6 32,4 7,2 57,1
Faso
EDS 1993 35,0 20,0 37,6 38,5 12,5 61,3
EDS 2011 15,6 11,8 19,3 34,7 10,4 31,4
Cameroun EDS 2004 13,0 8,7 17,7 28,3 7,0 29,6
EDS 1991 25,8 22,9 27,6 38,1 13,3 46,1
EDS 2008-2009 7,5 3,9 9,2 22,0 5,1 —
Kenya EDS 2003 9,8 7,6 10,6 29,5 6,0 —
EDS 1993 11,7 8,6 12,6 23,5 8,3 —
EDS 2008-2009 1,7 1,3 1,7 2,8 1,1 2,5
Madagascar
EDS 2003-2004 0,7 0,3 0,8 1,5 0,0 0,0
EDS 2006 27,9 22,7 30,4 30,1 19,5 35,5
Mali EDS 2001 26,8 17,7 29,8 30,0 14,6 52,1
EDS 1995-1996 27,3 23,2 28,8 30,0 20,0 50,2
EDS 2010-2011 17,2 10,1 23,6 23,2 9,8 36,4
Sénégal EDS 2005 24,4 18,5 30,0 29,5 21,4 45,8
EDS 1992-1993 37,6 30,7 41,3 42,4 15,5 53,2
Source : Nos calculs à partir de ICF international (2012). Measure DHS STATcompiler [en ligne]. <http://www.
statcompiler.com>.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
Les résultats des EDS montrent une disparité des niveaux de polygamie
et des différences d’évolution de cette forme d’union. Les rares données dispo-
nibles concernant la polygamie au Maroc révèlent que ce régime matrimonial
y est peu important. À Madagascar, une proportion, quoique faible, de femmes ou
d’hommes vivent en polygamie alors que ce régime matrimonial n’est pas officiel-
lement légal. La modicité des niveaux cache toutefois d’importantes disparités
régionales : dans la province de Toliana, 15 % des femmes déclarent être coépouses
(Andriamaro, 2013). Au Kenya, ce mode s’érode peu à peu, mais concerne encore
16,6 % des femmes en milieu rural et 9,4 % en ville (respectivement 9,2 % et 3,9 %
des hommes). Des différences importantes sont relevées en fonction du niveau
de scolarisation : un tiers des femmes non scolarisées sont en union polygame
(et cette proportion n’a guère évolué) contre 9,1 % chez les femmes ayant suivi
des études secondaires.
Dans l’ensemble, le niveau de polygamie est nettement plus élevé en milieu
rural. Dans les quatre pays d’Afrique de l’Ouest, la proportion de femmes en union
polygame diminue depuis les années 1990, cette évolution étant plus lente au
Burkina Faso et davantage encore au Mali. Les différences entre femmes instruites
et femmes non scolarisées sont plus marquées au Burkina Faso qu’au Sénégal.
On note que la majorité des femmes mariées de 40 à 44 ans sont en union poly-
game au Burkina, au Mali et au Sénégal, et que cela concerne près de la majorité
(48 %) au Bénin. Dans les quatre pays, les niveaux demeurent particulièrement
élevés à la fin de la première décennie des années 2000 : 42,4 % des femmes bur-
kinabè, 40,3 % des Maliennes, 37,1 % des Béninoises et 34,7 % des Sénégalaises
vivent en union polygame. Les différences entre milieu urbain et milieu rural
demeurent marquées au Bénin, au Burkina Faso et au Mali (tableau I.3).
Vus du côté masculin (tableau I.4), les mêmes constats peuvent être dres-
sés concernant le milieu de résidence ou le niveau d’instruction, même si, par
définition, moins d’hommes que de femmes sont concernés par la polygamie.
À la fin de la première décennie des années 2000, un homme marié sur quatre
est polygame au Burkina, un peu plus au Mali et un peu moins au Sénégal.
Au Bénin, malgré son interdiction en 2002, la polygamie perdure, avec cepen-
dant une ampleur moindre. Toutefois, aux âges plus élevés (55 à 59 ans), une
proportion très importante d’hommes est concernée : près d’un homme sur deux
au Burkina Faso et plus d’un homme sur trois au Mali, au Sénégal, au Bénin et
au Cameroun. En somme, la polygamie semble concerner tout particulièrement
les hommes plus âgés.
Les mécanismes démographiques qui rendent possible la polygamie sont
relativement bien cernés (Hertrich, 2006) : la polygamie implique un important
écart d’âge au mariage entre les hommes et les femmes et une structure par
âge marquée par une base large. Le remariage rapide et fréquent des femmes
divorcées ou veuves favorise également cette pratique.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
Certains auteurs portent un regard critique sur cette forme d’union en rele-
vant ses effets négatifs sur le statut des femmes et les injustices intrafamiliales
dont elle serait porteuse (Sawadogo, 2006). Au regard des faibles taux de poly-
gamie dans un pays musulman du Maghreb comme le Maroc et des taux élevés
de polygamie dans certains pays peu islamisés comme le Bénin, le Cameroun
ou le Togo, on peut se demander quelle est l’influence réelle de l’islam sur les
comportements polygamiques en Afrique subsaharienne (Falen, 2008). Le Coran
ne prône pas la polygamie : au contraire, il en a restreint la pratique. Par exemple,
le principe de la stricte égalité entre les épouses est une condition bien difficile
à respecter. L’islam limite aussi le nombre d’épouses à quatre, nombre rarement
atteint, la plupart des polygames étant bigames. Quelles que soient ses justifi-
cations, la polygamie possède souvent un statut légal et une reconnaissance en
tant que régime matrimonial au même titre que la monogamie. Dans plusieurs
pays (Mali, Sénégal, Togo), la législation prévoit différents régimes matrimoniaux,
le choix relevant des conjoints.
Le recul progressif de l’âge au mariage et la baisse de la fécondité devaient,
en principe, restreindre peu à peu les facteurs favorables à cette institution.
Ce n’est pourtant pas ce qui a été observé dans plusieurs pays. En fait, la plupart
des tentatives d’explication de la polygamie ont été fondées sur une perception
ruraliste des sociétés africaines, et ce, dans le cadre d’un mode de production
familial particulier : une économie de subsistance faiblement mécanisée dans
laquelle le rôle des femmes comme productrices de produits vivriers est important
(Boserup, 1970).
Cette argumentation, strictement économique, a été contestée par Goody
(1973), qui souligne que les taux de polygamie les plus élevés sont en Afrique de
l’Ouest, alors que c’est en Afrique de l’Est que les femmes sont les plus présentes
dans les travaux agricoles. Pour lui, les causes de la polygamie sont avant tout
d’ordres sexuel et reproductif, plutôt qu’économique et productif. La polygamie
permet en effet à l’homme de maximiser sa descendance (Chojnacka, 2000). La
« production » d’enfants dans le cadre de la polygamie permet d’avoir une main-
d’œuvre plus nombreuse et, compte tenu la forte mortalité infantile et juvénile,
permet aux hommes d’espérer une meilleure prise en charge par ses enfants sur-
vivants durant la vieillesse. Dans le même sens, Tabi, Doster et Cheney (2010) sug-
gèrent que le système polygamique au Ghana permet d’assurer une descendance à
une famille initialement formée d’une union inféconde. Selon ces auteurs, bien que
la plupart des femmes condamnent la polygamie, ce système permettrait d’éviter
le divorce aux femmes dites infertiles.
Pour Diop (1985), il y a plusieurs facteurs favorables à la polygamie : cette
dernière permet de s’allier à plusieurs groupes et confère un avantage socio
politique. Elle offre également un meilleur apport économique au groupe familial.
Libérée régulièrement de certaines tâches domestiques étant donné le système
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
Les textes et les études de cas rassemblés dans cet ouvrage apportent
un nouveau regard sur ces questions liées au mariage et permettent de mieux
en appréhender certains aspects. Les travaux présentés concernent six pays
d’Afrique subsaharienne (Burkina Faso, Kenya, Madagascar, Mali, Sénégal et Togo)
et trois pays du Maghreb. Les auteurs, démographes, sociologues ou anthro-
pologues, se sont focalisés sur certains changements majeurs concernant les
relations prénuptiales, les modalités d’entrée en union, le choix du conjoint, les
mariages interethniques, les rapports au sein du couple, l’activité des femmes,
le divorce, la polygamie et le remariage.
L’entrée en union est un phénomène complexe qui peut obéir à des
logiques diverses et connaître différents processus. Clotilde Binet et Bénédicte
Gastineau mettent en évidence dans la province de Fianarantsoa à Madagascar
la permanence d’un modèle traditionnel obéissant à la coutume et visant à
favoriser la reproduction. Les mères célibataires sont en position favorable
sur le marché matrimonial, contrairement à ce que l’on observe dans d’autres
régions. Nathalie Mondain, Valérie Delaunay et Thomas LeGrand analysent les
changements de comportements matrimoniaux en milieu rural serer au Sénégal,
où les migrations féminines vers les villes sont nombreuses. Le mariage plus
tardif, du fait des migrations, accroît les risques de naissance hors mariage, sans
pour autant influer sur les comportements face à la contraception. Abdoulaye
Maïga et Banza Baya montrent pour leur part une évolution dans les modali-
tés de formation des couples au Burkina Faso, le choix individuel supplantant
le contrôle familial des alliances.
En ville, de nouvelles formes d’union moins formalisées apparaissent,
surtout chez les personnes davantage scolarisées et chez celles actives dans
le secteur moderne de l’économie. S’intéressant aux capitales du Togo et du
Sénégal, Philippe Antoine et Donatien Béguy montrent que l’évolution des condi-
tions économiques et la précarité rencontrée par les jeunes générations sur les
marchés de l’emploi et du logement les conduisent à ajuster leurs comporte-
ments. À Dakar, cela se traduit par une entrée encore plus tardive en union, et ce,
en étant malgré tout accueilli chez les parents. À Lomé, cette précarité écono-
mique conduit à ce que le mariage formalisé cède le pas à des formes d’union
libre chez les jeunes. À Ouagadougou cette fois, Anne-Emmanuèle Calvès et
Bilampoa Gnoumou Thiombiano montrent que la scolarisation féminine, qui fait
l’objet de nombreux efforts de la part des institutions nationales et internatio-
nales sur le continent africain, encourage l’autonomie des femmes en ce qui a
trait au choix d’un futur conjoint. La scolarisation de jeunes Ouagalaises favorise
également l’adoption d’un modèle de couple plus égalitaire, où les écarts d’âge
entre conjoints sont significativement moins importants.
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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LE MARIAGE EN AFRIQUE INTRODUCTION
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ISBN 978-2-7605-4141-2