Adénopathies
Adénopathies
Adénopathies
: Les ADP sont fréquentes et d’étiologie très variée. Leur diagnostic positif est le plus
souvent aisé. En revanche, il est beaucoup plus difficile de préciser la nature, en particulier
histologique. Chez l’enfant ou l’adulte jeune, les adénopathies d’origine infectieuse prédominent.
Chez l’adulte après 40 ans, la hantise est celle d’une affection maligne, de pronostic souvent péjoratif.
1. Définition de l’ADP : C’est l’augmentation du volume des ganglions par augmentation du nombre
de cellules. Peut être due :
A l’afflux d’éléments d’origine sanguine : Polynucléaires et monocytes ;
A l’afflux de cellules tumorales : métastases ;
A une multiplication locale des cellules tumorales ;
A une surcharge macrophagique dans certaines dyslipidémies, stase lymphatique…
2. Rappels :
2.1. Rappel anatomique : Les vaisseaux lymphatiques suivent prioritairement les grands axes
veineux, les ganglions sont des relais (ou nœuds)
Les dents n’ont pas de drainage lymphatique, seule la muqueuse en possède.
2.1.1. Le ganglion : C’est l’organe de l’immunité. Il est constitué :
De cellules lymphoïdes regroupées en follicules dans la corticale : Lymphocytes B, lymphocytes T et
histiomonocytes, D’un réseau lymphatique ; De vaisseaux sanguins ; D’un tissu conjonctif ; D’une
paroi (capsule).
La présence d’un antigène induit la transformation des lymphocytes en Immunoblastes : T et B
Les B sont responsables de l’immunité humorale et les T seront les vecteurs de l’immunité cellulaire.
2.1.2. Drainage lymphatique : Les ganglions de la tête et du cou se répartissent en deux systèmes :
2.1.2.1. Cercle ganglionnaire péri-cervical (Cercle de Cunéo-Poirrier) : réseau horizontal situé à
l’union de la tête et du cou. Il est constitué par :
Les ganglions occipitaux superficiels et profonds : drainent la région occipitale et se jettent dans
les chaînes spinale et jugulaire interne.
Les ganglions mastoïdiens : drainent la région temporale et le pavillon de l’oreille puis rejoignent
la chaîne spinale.
Les ganglions parotidiens : drainent la parotide, l’oreille externe et moyenne, la région cutanée
de la tempe, les fosses nasales et le voile. Ils rejoignent les chaînes satellites de la veine jugulaire
externe et rétro glandulaire, accessoirement le groupe sous-mandibulaire.
Les ganglions géniens : inconstants, situés sur le trajet des vaisseaux afférents sous-mand.
Les ganglions sous-mandibulaires : drainent la face, du nez au menton, la muqueuse jugale, la
gencive vestibulaire et la base de la langue. Ils aboutissent aux ganglions sous-digastriques.
Les ganglions sous-mentaux : drainent le menton, la partie antérieure des joues, la pointe de la
langue et la partie sus-hyoïdienne du cou. Ils se jettent dans le ganglion sus-omo-hyoïdien.
Ce cercle forme avec les amygdales linguales l’anneau de WALDEYER.
2.1.2.2. Triangle lymphatique cervical (triangles de Rouvière) : réseau vertical :
La chaîne jugulaire interne : comporte les ganglions les plus importants et les plus constants :
Le ganglion sous-digastrique de Küttner : disposé antérieurement à la veine et au contact du
bord inferieur du digastrique.
Le ganglion sus-omo-hyoïdien de Poirier : au croisement de la veine avec l’omo-hyoïdien.
La chaîne spinale : accompagne la branche externe du nerf spinal et reçoit la lymphe des ganglions
occipitaux et mastoïdiens.
La chaîne cervicale transverse : Elle se situe au dessus de la clavicule. Elle réunit la chaine spinale
aux gros collecteurs. Son ganglion le plus interne est le ganglion de Troisier.
Autres chaines secondaires :
La chaine jugulaire antérieure : faite de petits ganglions qui accompagnent la veine jugulaire
antérieure et qui se drainent dans la veine jugulaire interne.
La chaine récurentielle : Ces ganglions se situent le long du nerf récurent.
Autres groupes ganglionnaires :
1. Ganglions pré-laryngés : en avant de la thyroïde
2. Ganglions rétro-laryngés : drainent les fosses nasales, le voile, le rhino-pharynx et la trompe
d’Eustache vers la jugulaire interne.
3. Ganglions pré-trachéaux : drainent la lymphe de la thyroïde et la trachée.
2.2. Rappel histologique :
2.2.1. Ganglions lymphatiques : Les ganglions lymphatiques, amas de lymphocytes groupés en
structures encapsulées et organisées, situés sur le trajet des gros vaisseaux lymphatiques.
L’aspect histologique d’un ganglion, à un moment donné, reflète la stimulation antigénique locale et
l’état immunologique de l’individu.
2.2.2. Système vasculaire lymphatique : La lymphe est formée par extravasation de liquide
extracellulaire selon des lois de pression hydrostatique. À partir des capillaires, les vaisseaux
lymphatiques afférents se drainent dans le sinus sous capsulaire des ganglions puis, par l’intermédiaire
des sinus médullaires, donnent naissance aux vaisseaux lymphatiques efférents.
2.3. Fonction des ganglions :
- Filtration non spécifique de la lymphe par activité phagocytaire des macrophages ;
- Séquestration et la production des lymphocytes B et T.
3. Méthodes d’exploration d’une adénopathie et diagnostic positif :
3.1. Exploration clinique :
3.1.1. Interrogatoire :
-Les antécédents médicaux et chirurgicaux : Radiothérapie, tuberculose, syphilis, traitement d’une
maladie de système, l’état sérologique et vaccinal…
-Mode de début : lent ou rapide, silencieux ou douloureux, récent ou ancien
-Le caractère évolutif : aigu ou chronique, avec ou sans réveils inflammatoires intermittents
-Signes fonctionnels associés locaux : douleur, otalgies, gêne pharyngée ou dysphagie, trismus.
-Existence d’éventuels signes généraux : fièvre, amaigrissement, manque ou perte d’appétit...
-Notion de contage : hygiène de vie, intoxication alcoolo-tabagique, sexualité non protégée, séjours à
l’étranger et activité professionnelle, contact avec des animaux familiers.
-L’âge est à considérer : ADP maligne à 50 ans, faut rechercher un carcinome ORL et chez les sujets
jeunes, une hémopathie maligne. Chez l’enfant, la pathologie inflammatoire ou infectieuse.
3.1.2. Examen clinique :
Examen local :
Inspection : Elle doit permettre l’appréciation de la tuméfaction et les territoires de voisinage, on
notant : le siège, le volume et l’aspect de la peau en regard : inflammation, fistule, ulcération, cicatrice.
Palpation : Elle doit préciser le caractère des ganglions : uni ou bi, nombre, siège, volume, douleur,
mono ou poly, mobilité, ferme voire dure, élastique ou molle ou fluctuante.
Examen locorégional : peau de la face, du cou et du cuir chevelu + cavité buccale
- Rechercher une porte d’entrée microbienne potentielle cutanéo-muqueuse : rougeur cutanée,
ulcération, impétigo, folliculite, trace de piqûre d’insecte ou d’aiguille, griffure de chat, érysipèle.
- Rechercher toute lésion évoquant une tumeur primitive
- À partir de 40 ans, une laryngoscopie indirecte au miroir doit être systématique : contrôle du cavum.
Examen général :
- Examen minutieux des téguments
- Palpation de toutes les aires ganglionnaires (axillaire, inguinale…)
- Palpation abdominale à la recherche d’une hépatosplénomégalie
- Radiographie thoracique (adénopathies médiastinales)
- Des signes de troubles de l’hémostase doivent être recherchés.
3.2. Exploration et diagnostic para-clinique : en fonction des orientations de l’examen clinique.
3.2.1. Examens biologiques :
-NFS et VS : dépistage d’un processus infectieux (mononucléose, hyperleucocytose bactérienne ou
neutropénie virale) ou d’une hémopathie.
- IDR à la tuberculine : tuberculose.
- Tests sérologiques : MNI test, Dye test de la toxoplasmose, VIH, test sérologique syphilitique.
3.2.2. Examen bactériologique : Ponction ganglionnaire du pu, examen direct et une mise en culture.
3.2.3. Examens histologiques : Soit ponction cytologique à l’aiguille, soit examen d’une adénectomie
3.2.4. Imagerie : à la recherche des ADP profondes et infra cliniques :
Sialographie : suspicion d’origine salivaire à la masse cervicale.
Radiographie pulmonaire : tumeur intra thoracique ou un foyer tuberculeux.
Échographie cervicale : C’est la technique de choix pour l’examen ganglionnaire de la région
cervicale surtout pour les ganglions de petite taille.
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TDM : de préférence avec injection de produit de contraste pour situer la tuméfaction par rapport
aux gros vaisseaux cervicaux et préciser l’aspect régulier ou non des parois de la tuméfaction.
IRM : Elle pourrait permettre, en cas d’ADP cervicale maligne sans foyer primitif retrouvé, de
dépister la lésion primitive.
Tomographie d’émission de positons (TEP) : repérer des tumeurs de petite taille ou des
métastases infra cliniques à un stade précoce.
Pan endoscopie : indiqué si le sujet est éthylo-tabagique, elle comprend une pharyngo-
laryngoscopie, une trachéo- bronchoscopie, une œsophagoscopie et un examen du rhinopharynx.
Elle permet de biopsier toute lésion suspecte pour confirmer la présence d’un cancer des VADS.
3.2.4. Autres examens :
Ponction sternale : Si l’on suspecte une hémopathie maligne.
L’immuno-cytochimie : La biologie moléculaire et la cytogénétique sont surtout utilisées
dans la pathologie lymphoïde et à titre pronostique.
L’angiographie carotidienne : Elle est utile devant une compression ou un envahissement
vasculaire par l’ADP.
4. Diagnostic différentiel : Ce diagnostic se pose devant toute tuméfaction cervicale unique, isolée
évoluant depuis plus d’un mois. En fonction du siège on élimine principalement :
Région sous-mentale :
- Kyste dermoïde médian : formation de consistance pâteuse
- Kyste du tractus thyréoglosse : fixe à l’os hyoïde et de ce fait, mobile à la déglutition
- Grenouillette sus-hyoïdienne ou processus tumoral de la glande salivaire sublinguale.
- Cellulite chronique.
Région sous-mandibulaire :
- La grande corne de l’os hyoïde
- Pathologie de la glande sous-mandibulaire, infectieuse ou tumorale : la tuméfaction fait partie
intégrante du plancher buccal. L’orifice de Wharton peut présenter des signes inflammatoires ou
infectieux, alors que l’ADP est généralement appendue au bord basilaire.
-Cellulite d’origine dentaire : tuméfaction inflammatoire aiguë, solidaire du rebord mandibulaire.
Région latéro-cervicale :
- Tumeur du pôle inférieur de la glande parotide.
- Parotidite : signes inflammatoires ou infectieux à l’orifice du canal de Sténon.
- Kyste congénital du premier et du deuxième arc.
- Kyste amygdaloïde : bien limité et mobile, au bord antérieur et en dedans du muscle sterno-cléido-
mastoïdien.
- Anévrisme jugulo-carotidien : présente un caractère battant et la confirmation s’obtient par
l’angiographie et le Doppler.
- Adénophlegmon en période de surinfection.
- Lymphangiome kystique.
Région parotidienne :
- Tumeurs parotidiennes
- Parotidite, Mastoïdite
Région cervicale antérieure : Devant la rareté des ADP, on peut discuter :
- Un nodule thyroïdien qui monte à la déglutition
- Un larynguocèle.
5. Diagnostic étiologique :
5.1. Adénopathies d’origine infectieuse :
5.1.1. Formes cliniques :
5.1.1.1. Adénite aiguë :
-Premier stade congestif ou séreux avec augmentation rapide du volume du ganglion, spontanément
douloureux et recouvert d’une peau chaude et érythémateuse. Evolue vers la suppuration, fistulisation
ou un adénophlegmon.
-L’étiologie est le plus souvent bactérienne banale (streptocoque ou staphylocoque)
-Au niveau de la cavité buccale, les lésions responsables peuvent être une péri coronarite de DDS inf,
une gingivo stomatite ou une parodontite.
-L’hyperleucocytose à neutrophiles et l’accélération de la VS sont habituelles.
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-L’évolution d’une adénite aiguë est favorable sous traitement adapté, mais l’adénopathie peut rester
palpable quelques semaines après la guérison.
5.1.1.2. Adénophlegmon :
-Il y a adénite et péri adénite.
-Les signes fonctionnels et généraux sont intenses. Le placard inflammatoire est induré et empâté.
L’évolution se fait vers la suppuration, la diffusion est toujours possible sur un organisme affaiblie.
5.1.1.3. Adénite subaigüe et chronique : surviennent à tout âge et dans des contextes pathologiques
variés. Les ADP apparaissent progressivement sur plusieurs semaines et peuvent persister des mois.
5.1.1.4. Adénopathie de l’enfant : l’enfant présente une hyperplasie ganglionnaire plus importante et
plus rapide, en réponse à la stimulation antigénique. Le développement du système lymphatique est
maximal entre 4 et 8 ans, puis régresse progressivement après la puberté.
5.1.2. Formes étiologiques :
5.1.2.1. Adénopathies de cause locale : évoquées devant le caractère inflammatoire et douloureux de
l’adénopathie avec foyer infectieux ou inflammatoire dans le territoire de drainage.
5.1.2.2. Adénopathies de cause générale :
5.1.2.2.1. Adénopathies d’origine bactérienne :
Tuberculose : infection par Mycobacterium tuberculosis hominis surtout et parfois bovis.
Clinique : En on distingue 3 tableaux cliniques :
ADP satellite d’un chancre d’inoculation :
-L’ADP est de siège cervical ou sous mandibulaire, elle peut être unique ou multiple, indolore, mobile
ensuite plus ou moins fixée par la péri-adénite.
-L’évolution se fait vers le ramollissement et la fistulisation avec du pus verdâtre et grumeleux.
ADP chronique isolée : la forme la plus commune
-Se manifeste après une période +/- longue de la primo-infection par une poly-adénite chronique,
indolore, ferme, de tailles inégales surtout au niveau de la région spinale et cervicale haute.
-Après une période de quiescence, ils évoluent vers le ramollissement et la fistulisation.
-Ces ADP se voient chez les sujets âgés et chez les immunodéprimés.
ADP calcifiées : témoigne dés sur une tuberculose guérie, elles sont froides.
Le diagnostic positif : repose sur :
- Recherche de la bactérie par examen direct sur des prélèvements (ponction ganglionnaire, crachats,
tubage gastrique)
- IDR +++ : test positif (papule supérieure ou égale à 6 mm à la 72 e heure) ;
- La radiographie pulmonaire ;
- L'examen histologique d'une pièce d'adénectomie précisant le stade de nécrose caséeuse ;
Traitement : antituberculeux : isoniazide, rifampicine, éthambutol et pyrazinamide.
Evidement ganglionnaire cervical conservateur (ADP qui régresse mal, ramollissement, fistule).
Syphilis : infection sexuellement transmissible due à un spirochète, Treponema pallidum.
Clinique :
Syphilis primaire : Le chancre précède de 8 jours les ADP sous-mandibulaires groupées, dont
une est plus volumineuse, dure, indolore et mobile sans péri adénite. Ces poly ADP persistent
après cicatrisation du chancre : 2 à 4 mois après traitement et 1 à 2 ans en son absence.
Syphilis secondaire : plus rare depuis la pénicillino-thérapie, réalise une micro-poly-adénopathie
généralisée avec des ganglions fermes, non inflammatoires, mobiles et indolores, disséminés dans
les aires cervicales postérieures entre l’occipital et la mastoïde.
Diagnostic positif :
- Tests sérologiques par TPHA, VDRL et FTA.
- Ponction du ganglion ou raclage du chancre pour examen direct au microscope.
Traitement : pénicillothérapie (pénicilline G), en cas d'allergie : l'érythromycine ou cycline.
Tularémie : due au germe Francisella (Pasteurella) tularensis. Transmise à l’homme par piqûre d’un
insecte vecteur, par contact cutané direct ou par ingestion de viande de lièvre contaminée.
Clinique : Après un syndrome pseudo grippal de quelques jours apparait un chancre d’inoculation et
une adénopathie volumineuse, douloureuse et très inflammatoire, suppurée, rapidement fistulisée à la
peau en l’absence de traitement.
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Diagnostic :
-Recherche du germe par ponction d'un ganglion, grattage d'une lésion cutanée, ou examen des selles ;
-Sérologie (réactions croisées avec les sérologies de la brucellose)
-IDR à la tularine (+) dès la deuxième semaine.
Traitement : Préventif : vaccination, Curatif : aminosides pendant 7jours par voie parentérale.
Maladie des griffes du chat (lymphoréticulose bénigne d'inoculation) : due à un bacille à Gram
négatif, dont certains animaux (chat, chien, lapin, furet, singe) sont porteurs sains.
La contamination se fait par griffure, morsure ou simple léchage par l’animal porteur. L’inoculation
peut être aussi muqueuse.
Clinique : Après une incubation de 15 à 30 jours, apparaît une ou plusieurs ADP cervicales, fermes,
douloureuses au début, mobiles et de taille variable.
L’évolution est le plus souvent spontanément favorable en quelques semaines à quelques mois.
Examen complémentaire : L’IDR est positive à l’antigène spécifique de Reilly.
Traitement : repose sur les cyclines.
Adénites à mycobactéries atypiques : dues à Mycobacterium scrofulaceum surtout chez l’enfant très
jeune avant 3 ans. La porte d’entrée peut être cutanée et muqueuse.
Clinique : L’adénopathie cervicale est froide, isolée, ferme et mobile, de croissance initiale rapide ;
elle évolue en 1 à 2 mois vers la suppuration et la fistulisation.
L’évolution est bénigne et localisée mais peut durer plusieurs mois avec réapparition des fistules.
Le diagnostic différentiel : tuberculose, tularémie et maladie des griffes de chat
Le diagnostic :
- IDR aux sensitines de mycobactéries atypiques est positive dès le 4ème jour.
- L’examen direct de la ponction qui ramène du pus, mise en culture sur milieu de Löwenstein- Jensen.
Traitement : traitement d’épreuve par antituberculeux.
Actinomycose : bactéries à Gram positif filamenteuses commensales de la cavité buccale.
Clinique : Elle apparaît après un trauma dentaire, une infection ou un soin dentaire. L'atteinte cervico-
faciale est la plus fréquente (50 à 60% des cas).
Les ADP sont le plus souvent sous mandibulaires, ligneuses, adhérentes, évoluant vers l’abcédation, la
fistulisation laisse sourdre un pus épais contenant des grains jaunes.
Diagnostic : l’examen direct du pus met en évidence des grains jaunes caractéristiques.
Traitement : repose sur la pénicilline par voie parentérale prolongée.
Autres adénopathies bactériennes : la pasteurellose, la brucellose, la peste, la diphtérie.
5.1.2.2.2. Adénopathies d’origine virale :
Mononucléose infectieuse MNI : C’est une infection due au virus Epstein-Barr (EBV) qui affecte
surtout les adolescents et les adultes jeunes, la contamination est salivaire.
Clinique :
- Une poly ADP diffuse à prédominance cervicale (sous mand, spinal, occipital) et aussi axillaire,
signe majeur et précoce de l’infection.
- Les ganglions ont un volume variable déformant la région cervicale, ferme et sensible.
- Une angine érythémato-pultacée ou pseudomembraneuse.
- Les signes généraux : fièvre, malaise, splénomégalie
Le diagnostic:
- Le bilan biologique qui retrouve un syndrome mononucléosique.
- La confirmation biologique est apportée par le MNI-test ou la réaction de Paul-Bunnell- Davidson.
- La guérison est spontanée mais peut demander plusieurs semaines.
Herpès : Il s’agit d’une infection par le virus Herpès simplex hominis de type1.
-Une gingivo-stomatite lors de la primo-infection avec des adénopathies cervicales hautes bilatérales,
-Une fièvre et une dysphagie en rapport avec les lésions muqueuses érosives.
-L’évolution est spontanément favorable en 10 à 15 jours.
-Lors des récurrences herpétiques, les ADP sont absentes, sauf en présence d’une surinfection.
Rubéole : affection fréquente due à un togavirus.
La poly ADP cervicale rétro auriculaire ou sous-occipitale survient une semaine avant l’éruption
cutanée et peut persister de 2 à 3 mois. Elles sont petites, mobiles et peu sensibles, associées à des
arthralgies et une fébricule. Le dg est confirmé par dosage des anticorps à 15 jours d’intervalle, NFS :
leucopénie avec plasmocytose ou mononucléose.
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Rougeole : Due à un paramyxovirus.
Les ganglions sont petits et mobiles, coexistent avec le signe de Koplik à l’ostium des canaux de
Sténon (de petites taches blanches, grosses comme une tête d'épingle sur une muqueuse rouge de la
face interne des joues, en regard des prémolaires, qui disparaissent en 3 à 4 jours laissant place à
1'exanthème).
Syndrome immunodéficitaire acquis (sida) : Les patients atteints par le VIH peuvent développer des
adénopathies sur toutes les aires ganglionnaires, y compris cervicales.
Au stade de sida avéré, les adénopathies disparaissent par déplétion lymphocytaire ; leur réapparition
doit faire suspecter un lymphome, un sarcome de Kaposi ou une infection opportuniste.
Le diagnostic :
-Tests sérologiques spécifiques anti-HIV (tests ELISA et Western blot).
-Prélèvement ganglionnaire pour étude histologique et bactériologique.
D’autres ADP d’origine virale : Cytomégalovirus, Virus Herpès zoster, Adénovirus, Virus coxsackie
et écho-virus, Maladie de Kawasaki ou l’atteinte ganglionnaire est le plus souvent unilatérale.
5.1.2.2.3. Adénopathies d’origine parasitaire :
Toxoplasmose : L’agent infectieux causal est le Toxoplasma gondii.
-Le contage se fait par contact avec des déjections de chat ou consommation de viande contaminée
insuffisamment cuite ou de crudités ou légumes souillés.
-La primo-infection se manifeste par des ADP isolées ; superficielles ; uniques ou multiples siégeant
le plus souvent au niveau cervical mais aussi au niveau de la région sous angulo-mandibulaire ; spinal
et occipital et ne suppurent jamais. Ils subsistent longtemps jusqu’à 6 à12mois parfois.
Le diagnostic : le contexte et la sérologie avec dosage des IgM présentes dès la première semaine.
Leishmaniose : encore appelée kala-azar ou fièvre doum doum. C’est une réticulo-endothéliose
parasitaire transmise par des insectes et simulies.
Clinique : Selon la zone d’endémie, les manifestations sont cutanées, muqueuses ou viscérales.
La forme chronique de leishmaniose, la plus fréquente chez l’enfant, est de localisation
essentiellement viscérale, contrairement à l’adulte, chez qui l’atteinte ganglionnaire peut être isolée et
parfois spontanément résolutive.
Diagnostic : histologique sur un prélèvement ganglionnaire
Traitement : Un traitement médical n’est instauré que dans les formes viscérales.
Trypanosomiases : Deux affections se distinguent :
- La maladie du sommeil, en Afrique, est due à une piqûre par la mouche « tsé-tsé ». Une fièvre
irrégulière et un érythème s’associent à des ADP cervicales postérieures indurées.
- La maladie de « Chagas » est due à une piqûre de punaise, souvent sur la face. Les ADP
régionales apparaissent au bout de 3 jours, puis une dissémination viscérale, dont le système
nerveux central.
5.1.2.2.4. Adénopathies d’origine mycosiques :
Histoplasmose :
-Lésion granulomateuse avec manifestations cutanéo-muqueuses et ADP abcédées froides. Par
inhalation des spores, les manifestations sont pulmonaires.
-Le Dg : par examen direct des prélèvements, mise en culture sur milieu de Sabouraud et IDR à
l’histoplasmine.
Autres formes : Echinococcose, Sporotrichose, Coccidioïdomycose.
5.2. Adénopathies d’origine inflammatoire et immuno-allergique :
5.2.1. Sarcoïdose maladie de Besnier-Boeck-Schaumann :
-Principalement la maladie est caractérisée par des ADP mediastinales et des lésions pulmonaires
réticulo-nodulaires.
-Les ADP cervicales sont sus-claviculaires, fermes, mobiles, indolores et de petite taille, ne passant
jamais au stade de suppuration.
-L’histologie est de type tuberculoïde, avec absence de toute nécrose suppurative ou caséeuse.
-Le dg est orienté par dosage sérique de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, élevé dans 90 %
des sarcoïdoses actives.
-Le diagnostic différentiel : tuberculose au stade pré-caséeux.
-Une corticothérapie est proposée, en fonction du stade de la maladie.
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5.2.2. Connectivites et maladies auto-immunes :
-Près de la moitié des cas de LED ont des adénopathies cervicales diffuses, rare dans la slérodermie.
-Un tiers des cas de polyarthrite rhumatoïde ont des adénopathies axillaires et épi trochléennes.
5.2.3. Autres adénopathies inflammatoires :
Lymphadénopathie angio-immunoblastique :
Hyperplasie ganglionnaire giganto-cellulaire ou maladie de Castelman
Histiocytose sinusale ou hyperplasie lymphoïde bénigne pseudo tumorale
Syndrome de Chediak-Higashi
5.2.4. Adénopathies réactionnelles aux médicaments : Elles apparaissent vers le 9ème jour.
-Elles précèdent l’apparition de signes cutanés (éruption morbilliforme, prurit) et s’associent à une
éosinophilie sanguine, des arthralgies, une hépatomégalie...
-Les médicaments incriminés sont les hydantoïnes, les produits iodés, la phénylbutazone, la
pénicilline, les antiparkinsoniens, la carbamazépine, les rétinoïdes.
-Les adénopathies régressent le plus souvent lors de l’arrêt du médicament incriminé.
5.3. Adénopathies d’origine tumorale :
5.3.1. Adénopathies malignes hématologiques : Les ADP satellites d’une hémopathie maligne sont
en règle fermes, élastiques, mobiles et indolores. Elles sont associées à des adénopathies d’autres
régions anatomiques et/ou une hépatomégalie et splénomégalie.
5.3.1.1. Maladie de Hodgkin Lymphome hodgkinien : adulte jeune 20 à 30 ans.
-Débute souvent par une ou plusieurs adénopathies cervicales basses et superficielles, unilatérales, +/-
fermes, indolores, sans péri-adénite et sans signe accompagnateur.
- Au stade plus avancé: Adénopathies mediastinales ou abdominales, fièvre, prurit et splénomégalie.
- Un bilan d’extension permet de classer la maladie en quatre stades (classification topographique) :
Stade I : envahissement d'un seul territoire ganglionnaire.
Stade II : 2 ou plusieurs territoires ganglionnaires d’une même coté du diaphragme.
Stade III : atteinte des territoires ganglionnaires des deux cotes du diaphragme.
Stade IV : atteinte diffuse ou disséminée d'un ou plusieurs organes extra ganglionnaires.
Le diagnostic s’appui sur :
-Négativation des tests tuberculiniques.
-Hyperleucocytose avec éosinophilie.
-Examen histologique : cellule de Sternberg, spécifique.
Le traitement des formes de plus grave pronostic nécessitent une chimio-radio-thérapie.
5.3.1.2. Lymphome non hodgkinien :
-Homme de 50 à 70 ans, avec des manifestations extra-ganglionnaires dans 20 à 40 % des cas.
-Les adénopathies sont un signe clinique précoce, plus volumineuse.
-On peut retrouver la tumeur initiale au niveau du cavum, amygdales, base de la langue, zone
correspondant à l’anneau lymphoïde de Waldeyer.
-Le bilan est identique à celui qui est effectué pour une maladie d’Hodgkin.
5.3.1.3. Les leucémies :
-La clinique est dominée par des troubles hémorragiques, des infections, une asthénie et de la fièvre.
-Les ADP sont retrouvées dans les leucémies lymphoïdes chroniques du sujet de plus de 50 ans, elle
sont volumineuses, ferme, élastique, mobile, bilatérale et symétrique au niveau cervicale
-Dans 75 % des leucémies lymphoblastiques aiguës, il existe des adénopathies diffuses, moins
symétriques, indolores, fermes et mobiles.
-Les adénopathies sont plus rares dans les leucémies myéloïdes.
-Le traitement repose sur des protocoles de chimiothérapie et de radiothérapie.
5.3.1.4. Maladie de Waldenström ou Macroglobulinémie primaire :
-Les adénopathies cervicales sont retrouvées dans 50 % des cas chez l’homme de plus de 50 ans.
-Elles sont fermes et indolores, sans signe inflammatoire, associées à une asthénie, une hépato-
splénomégalie.
-Le diagnostic est affirmé par la présence d’un pic monoclonal d’IgM, signe d’une prolifération
maligne monoclonale de lymphocytes B.
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5.3.2. Adénopathies malignes métastatiques :
5.3.2.1. Adénopathies métastatiques d’un cancer des voies aérodigestives supérieures :
-Les adénopathies malignes métastatiques cervicales sont essentiellement en rapport avec un
carcinome épidermoïde des voies VADS ou un épithélioma malpighien plus ou moins différencié.
-Le dg de métastase ganglionnaire doit être systématiquement évoqué chez un homme de plus de 50
ans, éthylo-tabagique, surtout si l’adénopathie est dure sans caractère inflammatoire.
-Le ganglion sous-digastrique est le plus fréquemment atteint.
-L’examen de la cavité buccale et du pharyngo larynx permet de retrouver l’origine.
-Le pronostic est fonction du siège de la lésion primitive, de l’histologie et du stade d’extension.
5.3.2.2. Adénopathie maligne en apparence primitive :
-Parfois, malgré les investigations, l’adénopathie reste isolée, sans lésion primitive retrouvée, on parle
alors d’adénopathie cervicale maligne d’apparence primitive, sans porte d’entrée.
-Dans ce cas, il est recommandé de faire une cervicotomie exploratrice.
5.3.2.3. Adénopathies métastatiques d’autres tumeurs :
-L’adénocarcinome donne des métastases plus volontiers sus claviculaires.
-Le mélanome malin peut donner des métastases ganglionnaires cervicales.
5.3.3. Adénopathie après irradiation : La radiothérapie cervicale, quelle qu’en soit l’indication,
modifie l’architecture ganglionnaire. Histologiquement :
- 1er stade : destruction cellulaire + nécrose et dégénérescence lymphocytaire,
- 2ème stade : repopulation rapide + réapparition des centres germinatifs + mastocytes.
- 3ème stade : déplétion secondaire et prolifération fibreuse.
Conclusion
Les ADP cervico-faciales constituent un motif de consultation assez fréquent. Bien que la plupart des
étiologies soient bénignes, il ne faut en aucun cas négliger l’éventualité d’une étiologie tumorale
maligne. Il convient de mettre en exergue le rôle de l’odontostomatologiste dans le diagnostic et la
prise en charge des ADP de la sphère cervico-faciale.