E - Carpano, L'Etat de Droit Intégré
E - Carpano, L'Etat de Droit Intégré
E - Carpano, L'Etat de Droit Intégré
Éric Carpano, Professeur de droit public, Chaire Jean Monnet, université Jean Moulin - Lyon 3
L'essentiel
Résumé
L'État de droit n'est plus défini exclusivement par le droit national. Il se présente comme un État de droit intégré qui
participe à la réalisation de l'Union de droit qui, en retour, l'européanise. L'Union européenne est donc d'abord une Union
d'États de droit tant sur le plan axiologique que fonctionnel. L'État de droit est un instrument de l'intégration. Mais l'État
de droit n'est pas simplement un État de droit dans l'Union ; il est aussi un État de droit de l'Union partiellement encadré
par le droit de l'Union européenne qui participe à sa modélisation.
Summary
The rule of law is n° longer defined exclusively by national law. It presents itself as an integrated rule of law which
contributes to the realization of an Union governed by the rule law which, in return, Europeanises it. The European Union
is therefore first and foremost a Union of States governed by the rule of law, both axiologically and functionally. The rule
of law is an instrument of EU integration. But the rule of law is also partially framed by the law of the European Union
which participates in its modelization.
L'État de droit est un standard du droit constitutionnel européen (1). Il est le produit d'une construction
réticulaire entre les niveaux nationaux et supranationaux faite d'emprunts et d'influences réciproques (2). Dans
l'Union, l'État de droit national participe tout autant à la définition d'une Union de droit que celle-ci le modélise.
L'Union se constitue, en tant qu'organisation politico-juridique, en une Union de droit, dans laquelle les États
membres comme les institutions de l'UE se soumettent à la prééminence du droit (rule of law) (3). C'est une
Union de droit multiniveau dans laquelle les États membres eux-mêmes, par l'établissement des « voies de
recours nécessaires pour assurer aux justiciables le respect de leur droit à une protection juridictionnelle
effective dans les domaines couverts par le droit de l'Union », participent à la réalisation de l'État/l'Union de droit
(4). L'Union est ainsi, aussi et avant tout, une Union d'États de droit (5). Le respect de l'État de droit est une
condition d'appartenance à l'Union qui s'impose aux États candidats à l'adhésion mais aussi aux États membres.
L'État de droit n'est plus dès lors simplement défini nationalement mais, en tant que partie de l'Union de droit, il
fait corps avec elle et certaines de leurs structures sont interdépendantes : l'État de droit est la condition d'une
Union de droit effective et l'Union de droit rétroagit sur les États de droit nationaux en les modélisant. L'État de
droit national peut ainsi se présenter sous la forme d'un État de droit intégré (6) : il est un État de droit dans
l'Union en ce qu'il constitue le socle conceptuel et structurel de l'Union de droit (I) ; il est un État de droit de
l'Union en ce que l'Union européenne l'investit d'une fonction européenne tout en contribuant, pour ce faire, à sa
redéfinition (II).
Cette constitutionnalisation signifie deux choses : d'abord que l'Union elle-même se constitue une Union de droit
sur le modèle de l'État de droit (A) ; ensuite, que l'Union est une Union d'États de droit (B).
Selon la Cour de justice, l'Union européenne est une Union de droit « dans laquelle tout acte de ses institutions
est soumis au contrôle de la conformité avec, notamment, les traités, les principes généraux du droit ainsi que
les droits fondamentaux » (7). Elle s'articule autour des exigences complémentaires de légalité et de
justiciabilité. Dans les arrêts les Verts, Segi (8) et Gestoras pro amnistia (9), Advocaten voor de Wereld
(10), Jégo-Quéré (11), Kadi (12), H c/Conseil (13), Rosneft (14), la notion d'Union de droit justifie
l'extension du contrôle juridictionnel de la légalité des actes de l'Union ; il peut aussi servir à légitimer la qualité
de « rechtsstaatlich » (fondée sur le droit) de l'Union pour justifier le maintien du système contentieux existant
comme l'illustrent les affaires UPA (15) ou Inuit Tapiriit Kanatami (16) par exemple. Mais, dans les deux cas,
il est directement rattaché au droit à un recours juridictionnel effectif et repose sur la nécessité d'un système
complet de voies de recours nationaux et européens garantissant la prééminence du droit de l'Union, nécessité
parfois contestable comme l'ont révélé les situations contentieuses dans les affaires Jégo-Quéré et UPA,
situations auxquelles le traité de Lisbonne n'a pas complètement remédié (17).
Cette dimension formelle de l'Union de droit n'en est pas moins finalisée et comporte une dimension matérielle
qui lui donne un sens. Dans son arrêt Kadi, la Cour précisait que « le contrôle, par la Cour, de la validité de tout
acte communautaire au regard des droits fondamentaux doit être considéré comme l'expression, dans une
communauté de droit, d'une garantie constitutionnelle découlant du Traité CE en tant que système juridique
autonome à laquelle un accord international ne saurait porter atteinte » (18). Si l'État/Union de droit ne se
confond pas avec la démocratie ou les droits de l'homme, il en est le complément nécessaire.
Dans son cadre pour le renforcement de l'État de droit, la Commission européenne rappelle que l'État de droit
est « le moyen d'assurer la mise en oeuvre et le respect de la démocratie et des droits de l'homme. L'[É]tat de
droit est donc un principe constitutionnel doté d'un contenu à la fois formel et matériel. Ainsi, le respect de l'[É]tat
de droit est intrinsèquement lié à celui de la démocratie et des droits fondamentaux : les seconds ne sauraient
exister sans le premier, et vice versa » (19). L'Union de droit n'est ainsi pas l'Union de n'importe quel droit : elle
est une Union qui doit protéger les droits fondamentaux et doit permettre la consolidation de la démocratie dans
l'Union pour se muer en Union de droit démocratique. Elle n'en est pas encore une. L'incomplétude de l'Union de
droit tient, d'une part, aux failles du système de l'Union lui-même, et, d'autre part, à sa nature même : c'est une
Union de droit multiniveau, qui repose sur la participation de ces États membres et qui requiert que ceux-ci
soient des États de droit pour des raisons tant axiologiques que pour garantir l'effectivité des droits que les
individus tirent du droit de l'Union. L'État de droit se présente alors comme un instrument de l'intégration
européenne.
Ce n'est qu'à partir de l'effondrement du bloc de l'Est que l'Union européenne a été pensée au travers du prisme
de l'État de droit et ce discours européen sur l'État de droit s'est accéléré ces dernières années à la faveur de la
crise identitaire et du moment illibéral/populiste que traversent plusieurs États membres de l'Union (20). La
notion d'État de droit sera intégrée dans le droit primaire de l'Union à partir du traité de Maastricht et sera reprise
et étendue dans chacun des traités ultérieurs. Parallèlement, sur la base des critères de Copenhague, l'État de
droit va constituer un des chapitres de négociation en vue de l'adhésion à l'Union (21). Le respect de l'État de
droit devient ainsi explicitement une condition d'adhésion à l'Union européenne. Toutefois, il est de l'aveu de tous
que cette dimension de l'adhésion fut très largement sous-évaluée lors de l'élargissement de 2004. Face aux
retards en matière de respect des critères de l'État de droit, un mécanisme de coopération et de vérification avait
bien été créé spécifiquement pour la Bulgarie et la Roumanie lors de leur adhésion à l'Union en 2007. La crise
de l'État de droit en Europe a conduit la Commission à revaloriser plus encore la prise en compte de ces
exigences dans les négociations d'adhésion et dans sa politique de voisinage (22).
Le respect de l'État de droit est aussi une obligation continue pour les États membres : il s'agit tant d'une
responsabilité constitutionnelle interne que d'une responsabilité vis-à-vis de l'Union et des autres États membres
(par le jeu de la confiance mutuelle (23)). C'est évidemment d'abord une question de valeur sans quoi l'Union
européenne serait privée du socle commun sur lequel elle repose et par lequel elle agrège des volontés
communes. Mais c'est aussi une question structurelle sans quoi le droit de l'Union se trouverait privé de son
effectivité. Cette obligation résulte directement du Traité lui-même et indirectement du principe de coopération
loyale qui souligne l'obligation des États membres de faciliter l'accomplissement par l'Union de sa mission et de
s'abstenir de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l'Union. Il appartient ainsi
aux États et à l'Union de garantir que certains États membres n'affectent pas la mise en oeuvre du droit de
l'Union résultant d'une remise en cause des structures et des principes de l'État de droit.
Pour garantir le respect de l'État de droit par les États membres, l'Union dispose de différents instruments. Si
l'attention s'est focalisée sur l'article 7 TUE qui permet à l'Union d'agir en cas de manquements graves en
matière d'État de droit dans un État membre, celle-ci se révèle peu efficace pour sanctionner efficacement ces
manquements. Pour pallier ces difficultés, la Commission a établi en 2014 un mécanisme de traitement des
problèmes systémiques touchant à l'État de droit dans les États membres de l'Union. Ce nouveau cadre de l'UE
pour renforcer l'État de droit crée un instrument d'alerte rapide pour mettre fin aux menaces qui pèseraient sur
l'avenir de l'État de droit dans les États membres, avant que les conditions d'activation des mécanismes prévus à
l'article 7 du TUE ne soient réunies (24). Ce dialogue a été engagé sans succès avec la Pologne dès janvier
2016 et, le 20 décembre 2017, la Commission a invoqué pour la première fois la procédure prévue à l'article 7, §
1, en présentant une proposition motivée de décision du Conseil relative à la constatation d'un risque clair de
violation grave, par la Pologne, de l'État de droit. L'échec politique des mécanismes du respect de l'État de droit
a déplacé le combat sur le terrain judiciaire, les juges nationaux (25) et la Commission invitant la Cour de
justice à sanctionner les violations des exigences de l'État de droit en particulier en Pologne. La Cour de justice
rendra plusieurs décisions majeures sanctionnant la Pologne sur l'indépendance de la Cour suprême (26), sur
la réforme des juridictions de droit commun (27) et sur l'institution d'une nouvelle chambre disciplinaire au sein
de la Cour suprême. La Cour de justice a été invitée également par les juges nationaux à prendre position sur
l'incidence de certaines défaillances généralisées en matière d'indépendance du pouvoir judiciaire pour la
confiance mutuelle sur laquelle se fondent les instruments adoptés dans l'espace de liberté, de sécurité et de justice
(28). Le respect de l'État de droit est l'affaire de tous les États membres qui, s'ils n'ont pas confiance dans le
respect des droits fondamentaux et du système judiciaire par un autre État membre, ne sauraient donner effet
aux décisions adoptées par cet État ou y renvoyer une personne (29).
C'est dans ce contexte spécifique que la Cour de justice a été amenée à définir plus précisément les contours de
modèle d'État de droit que l'Union européenne entend imposer à ses États membres.
A - Le droit au juge
L'européanisation de l'État de droit national répond à la nécessité de garantir l'effectivité du droit de l'Union par le juge
(30). Elle se traduit par l'européanisation du droit à un recours juridictionnel effectif, considéré comme le pilier
de l'État de droit (31). Cette exigence s'impose tout autant aux États membres qu'à l'Union elle-même. Elle est
la garantie que les droits issus du droit de l'Union seront effectivement protégés dans un système où la
complétude des voies de droit repose d'abord sur le juge national, juge européen de droit commun. Il en résulte
plusieurs conséquences.
En premier lieu, le principe de l'État de droit implique que les individus doivent pouvoir « contester en justice la
légalité de toute décision ou de tout autre acte national relatif à l'application à leur égard d'un acte de l'Union »
(32). À cet égard, le droit à un recours juridictionnel effectif exige que les États mettent en place des voies de
recours pour assurer le respect des dispositions du droit de l'Union (33). Dans ce cadre, en application du
principe de coopération loyale, le juge national doit, dans toute la mesure du possible, interpréter et appliquer les
règles internes de procédure gouvernant l'exercice des recours d'une manière qui permette aux requérants de
contester en justice la légalité de toute décision ou de toute autre mesure nationale relative à l'application à leur
égard d'un acte de l'Union de portée générale, en excipant de l'invalidité de ce dernier (34). Par exemple, la
Cour a pu considérer que même en l'absence de disposition nationale prévoyant un contrôle juridictionnel de la
légalité d'une décision administrative ordonnant le placement en rétention de demandeurs de protection
internationale ou de ressortissants de pays tiers dont la demande d'asile a été rejetée, le juge national doit se
déclarer compétent pour se prononcer sur la légalité d'un tel placement en rétention ; mieux, le droit de l'Union
habilite cette juridiction à libérer immédiatement les personnes concernées si elle estime que ce placement
constitue une rétention contraire au droit de l'Union (35).
Il en résulte en second lieu que la Cour de justice se reconnaît compétente pour contrôler également le bon
fonctionnement du système judiciaire national quand bien même l'organisation de la justice dans les États
membres relève de la compétence des États membres dès lors que celle-ci est susceptible d'affecter les
conditions de la mise en oeuvre du droit de l'Union (36). Pour que le droit au juge soit garanti, le justiciable doit
pouvoir accéder à un bon juge, à savoir un juge indépendant et impartial. Dans l'affaire LM, la Cour de justice
précise que cette garantie d'indépendance est une composante de l'État de droit : « L'exigence d'indépendance
des juges relève du contenu essentiel du droit fondamental à un procès équitable, lequel revêt une importance
cardinale en tant que garant de la protection de l'ensemble des droits que les justiciables tirent du droit de
l'Union et de la préservation des valeurs communes aux États membres énoncées à l'article 2 TUE, notamment,
de la valeur de l'État de droit » (37). C'est donc sur ce fondement que la Cour de justice va sanctionner la
réforme de la Cour suprême polonaise (38) et des juridictions de droit commun (39), eu égard notamment à
l'abaissement de l'âge de départ à la retraite des juges et au pouvoir discrétionnaire du pouvoir exécutif de
prolongation de l'activité des juges. Cette exigence d'indépendance des juridictions, aussi bien à l'égard des
pouvoirs législatif qu'exécutif, est l'expression du principe de la séparation des pouvoirs qui caractérise le
fonctionnement d'un État de droit (40).
D'une manière plus générale, c'est l'ensemble de la fonction juridictionnelle nationale qui a été revalorisée et
renforcée par le droit de l'Union, participant ainsi à une redéfinition des figures de l'État de droit. La Cour de
justice s'est appuyée dès l'origine sur les juridictions nationales, notamment dans le cadre du renvoi préjudiciel,
en engageant un dialogue avec elles et en valorisant leur office de juges européens de droit commun. C'est cet
office européen du juge national qui caractérise le mieux ce qu'est l'État de droit intégré. En tant qu'organe de
l'État investi d'une fonction européenne (fonction de justice), il exerce une fonction juridictionnelle européanisée,
dans le cadre d'un procès national lui-même de plus en plus européanisé, disposant le cas échéant de pouvoirs
juridictionnels européens spécifiques qui ont un effet de débordement sur l'office du juge et les garanties
accordées aux justiciables dans un État de droit. Dans ce cadre, le juge national doit disposer de la plénitude de
ses compétences (41). Cette jurisprudence conduit à une extension du contrôle juridictionnel national à l'égard
des actes législatifs, exécutifs, y compris les actes de gouvernement (42). Le juge voit ses pouvoirs
juridictionnels renforcés au nom de l'effectivité du droit de l'Union notamment en matière de protection
juridictionnelle provisoire (43). Il se voit ainsi investi de pouvoirs plus étendus lui permettant de rendre plus
effective la protection des droits des sujets du droit de l'Union.
B - Le droit au droit
Le respect de la légalité est une garantie tout à la fois contre l'arbitraire des pouvoirs publics et pour l'effectivité
de l'ordre juridique. Cette double dimension de la légalité est confirmée par la jurisprudence de la Cour de justice
qui fait de la légalité un principe constitutif de l'État de droit au point de se confondre avec lui (44).
Elle signifie d'abord que « les interventions de la puissance publique dans la sphère d'activité privée de toute
personne qu'elle soit physique ou morale, doivent avoir un fondement légal » (45). Mais la Cour en a aussi une
conception plus fonctionnelle conçue comme un instrument de l'effectivité du droit de l'Union. La Cour a rappelé
ainsi que dans un État de droit, l'action des autorités publiques bénéficie d'une présomption de légalité (46). Ce
principe de légalité implique notamment l'obligation pour tous les sujets du droit de l'Union « de reconnaître la
pleine efficacité des règlements tant que leur non-validité n'a pas été établie » (47). Cette exigence du respect
de la légalité dans un État de droit a été rappelée de manière explicite dans l'affaire de la forêt Bialowieza : « Le
fait de faire respecter par un État membre les mesures provisoires adoptées par le juge des référés, en
prévoyant l'imposition d'une astreinte en cas de non-respect de celles-ci, vise à garantir l'application effective du
droit de l'Union, laquelle est inhérente à la valeur de l'État de droit consacrée à l'article 2 TUE et sur laquelle
l'Union est fondée » (48).
Le droit de l'Union européenne contribue également à une reconfiguration de l'État de droit national par la
transformation de la légalité qu'il opère. Son impact est double. En premier lieu, le droit de l'Union a accéléré la
démonétisation de la loi, formelle et parlementaire, qui continuait de sous-tendre une certaine conception de
l'État de droit, à savoir l'État légal. Celle-ci est désormais concurrencée par et subordonnée au droit de l'Union, la
loi inconventionnelle pouvant même engager la responsabilité de l'État (49). En second lieu, le droit de l'Union
européenne a renforcé les exigences de légalité par l'élargissement de son champ et de sa modulation. À l'instar
de la Cour européenne des droits de l'homme et de certaines cours constitutionnelles, le modèle européen de
l'État de droit se construit autour des principes de sécurité juridique, de non-rétroactivité des lois pénales, de
publicité des lois, de confiance légitime ou encore de proportionnalité (50). Ils contribuent à configurer un
modèle européanisé de l'État de droit, un État de droit de l'Union. C'est donc par le prisme des principes
généraux du droit que la légalité peut se trouver substantiellement enrichie par le droit européen. On pense ici en
particulier à l'influence directe ou indirecte de certains principes généraux du droit de l'Union comme le principe
de sécurité juridique (51) ou de proportionnalité (52) qui constituent des principes régulateurs et modérateurs
du modèle européen de l'État de droit (53). Élargie et enrichie, la légalité, pierre angulaire de l'État de droit, est
ainsi redessinée par le droit de l'Union européenne.
La crise de l'État de droit en Europe dépasse la seule question des politiques illibérales de la Pologne ou de la
Hongrie. Elle affecte l'ensemble des États membres de l'Union, tant individuellement que collectivement. Tous les
États membres sont exposés aujourd'hui, à des degrés divers, aux pressions populistes et à la tentation autoritaire
(54) et, au nom de la lutte contre le terrorisme, l'immigration ou l'urgence sanitaire, multiplient les régimes
d'exception qui sont autant de coups de boutoir à l'État de droit. Cette crise les affecte aussi collectivement en
tant que membres de l'Union et relais de l'Union de droit. L'État de droit et l'Union de droit sont les deux facettes
d'une même médaille. Que l'État de droit vacille et c'est l'Union de droit elle-même qui est ébranlée, et au-delà
l'Union tout entière. L'État de droit est une valeur commune mais c'est aussi la courroie de transmission de
l'intégration européenne. En même temps qu'il fonde et structure l'Union de droit, celle-ci le consolide, le refonde
et promeut un modèle commun de l'État de droit de et dans l'Union : l'État de droit intégré.
Mots clés :
UNION EUROPEENNE * Généralités * Etat de droit * Construction européenne * Valeurs de l'Union
européenne * Union de droit * Intégration européenne * Etat intégré
(1) E. Carpano, La définition d'un standard européen de l'État de droit, RTD eur. 2019. 255 -272.
(2) E. Carpano, État de droit et droits européens. L'évolution du modèle de l'État de droit dans le cadre de
l'européanisation des systèmes juridiques, L'Harmattan, 2005.
(3) CJUE, 3 oct. 2013, aff. C-583/11 P, Inuit Tapiriit Kanatami, ECLI:EU:C:2013:625, AJDA 2014. 548, étude L.
Coutron .
(4) CJUE, 24 juin 2019, aff. C-619/18, Commission c/ Pologne, ECLI:EU:C:2019:531, AJDA 2019. 1641, chron.
H. Cassagnabère, P. Bonneville, C. Gänser et S. Markarian ; D. 2019. 1337 ; RTD eur. 2020. 303, obs. F.
Benoît-Rohmer ; ibid. 383, obs. S. Robin-Olivier .
(5) C. Vial, Un paradoxe cohérent et surmontable : le difficile respect de l'État de droit dans l'Union (des États) de
droit, in Mél. en l'honneur de F. Sudre, Lexisnexis, 2018. 823.
(6) B. Nabli, L'État intégré. Contribution à l'étude de l'État membre de l'Union européenne, Pedone, 2019.
(7) CJUE, 29 mai 2018, aff. C-426/16, LMOPA e.a., ECLI:EU:C:2018:335, AJDA 2018. 1603, chron. P.
Bonneville, E. Broussy, H. Cassagnabère et C. Gänser ; RTD eur. 2019. 395, obs. F. Benoît-Rohmer .
(8) CJCE, 27 févr. 2007, aff. C-355/04 P, Segi e.a. c/ Conseil, Rec. CJCE I-1657, RFDA 2007. 1100, note F.
Donnat ; RSC 2007. 641, chron. L. Idot ; RTD eur. 2015. 220-5, obs. I. Bosse-Platière et Alan Hervé .
(9) CJCE, 27 févr. 2007, aff. C-354/04 P, Gestoras Pro Amnistía e.a. c/ Conseil, Rec. CJCE I-1579, RFDA 2007.
1100, note F. Donnat ; RSC 2007. 641, chron. L. Idot .
(10) CJCE, gr. ch., 3 mai 2007, aff. C-303/05, Advocaten voor de Wereld, ECLI:EU:C:2007:261, AJDA 2007.
1117, chron. E. Broussy, F. Donnat et C. Lambert ; RSC 2007. 641, chron. L. Idot ; RTD eur. 2010. 159,
chron. D. Berlin .
(11) TPICE, 3 mai 2002, aff. T-177/01, Jégo-Quéré et Cie c/ Commission, ECLI:EU:T:2002:112, AJDA 2002. 867
, note F. Malvasio ; D. 2002. 2755 , note J.-L. Clergerie ; ibid. 2575, obs. M. Sousse .
(12) CJCE, 3 sept. 2008, aff. C-402/05 P et C-415/05 P, Kadi, ECLI:EU:C:2008:461, D. 2009. 1118 , note D.
Delcourt ; RFDA 2008. 1204, note P. Cassia et F. Donnat ; RSC 2009. 75, étude H. Rouidi ; ibid. 197, obs.
L. Idot ; RTD eur. 2009. 161, note J. P. Jacqué ; ibid. 2015. 301, étude D. Burriez .
(13) CJUE, 19 juill. 2016, aff. C-455/14 P, H c/ Conseil et Commission, ECLI:EU:C:2016:569, AJDA 2016. 2209,
chron. E. Broussy, H. Cassagnabère et C. Gänser .
(14) CJUE, 28 mars 2017, aff. C-72/15, Rosneft, ECLI:EU:C:2017:236, AJDA 2017. 1106, chron. E. Broussy, H.
Cassagnabère, C. Gänser et P. Bonneville ; RTD eur. 2017. 418, obs. L. Coutron ; ibid. 555, étude I. Bosse-
Platière .
(15) CJCE, 25 juill. 2002, aff. C-50/00 P, Unión de Pequeños Agricultores c/ Conseil, ECLI:EU:C:2002:462, AJDA
2002. 867 , note F. Malvasio ; ibid. 1122, chron. J.-M. Belorgey, S. Gervasoni et C. Lambert ; ibid. 2003.
377, chron. J.-M. Belorgey, S. Gervasoni et C. Lambert ; D. 2002. 2825, et les obs. , note P. Cassia ; ibid.
2003. 596, obs. M. Pechstein ; RTD eur. 2003. 23, étude R. Mehdi .
(17) L. Fromont et A. Van Wayenberge, La protection juridictionnelle effective en Europe ou l'histoire d'une
procession d'Echternach, CDE 2015. 113.
(19) Commission européenne, Nouveau cadre de l'UE pour renforcer l'État de droit, COM(2014) 158 final, p. 5.
(20) K. Rupnink, Démocrature en Europe du Centre-Est : trente ans après 1989, Pouvoirs, 2019, n° 2, p. 73.
(21) Plus particulièrement le chapitre 23 - Pouvoir judiciaire et droits fondamentaux - et le chapitre 24 - Justice,
liberté et sécurité.
(22) Poursuivre le renforcement de l'état de droit au sein de l'Union - État des lieux et prochaines étapes
envisageables, COM(2019) 163 final.
(23) CJUE, 25 juill. 2018, aff. C-216/18, LM, ECLI:EU:C:2018:586, AJ pénal 2018. 475, obs. B. Nicaud .
(25) CJUE, 19 nov. 2019, aff. jointes C-585/18, C-624/18 et C-625/18, A.K. c/ Krajowa Rada Sadownictwa,
ECLI:EU:C:2019:982, D. 2019. 2248 ; RTD eur. 2020. 307, obs. F. Benoît-Rohmer .
(27) CJUE, gr. ch., 5 nov. 2019, aff. C-192/18, Commission c/ Pologne, ECLI:EU:C:2019:924, D. 2019. 2136, et
les obs. ; RTD eur. 2020. 305, obs. F. Benoît-Rohmer ; ibid. 383, obs. S. Robin-Olivier .
(29) S. Platon, Le respect de l'État de droit dans l'Union européenne : la Cour de justice à la rescousse ?, in E.
Carpano et M.-L. Basilien Gainche (dir.), Quel État de droit dans une Europe en crise, n° spécial, RDLF 2019.
Chron. 36.
(30) J. Rideau, Le droit au juge : conquête et instrument de l'État de droit, in J. Rideau (dir.), Le droit au juge
(31) CJUE, gr. ch., 6 oct. 2015, aff. C-362/14, Schrems, ECLI:EU:C:2015:650, AJDA 2015. 2257, chron. E.
Broussy, H. Cassagnabère et C. Gänser ; D. 2016. 111 , note B. Haftel ; ibid. 88, point de vue C. Castets-
Renard ; ibid. 2025, obs. L. d'Avout et S. Bollée ; AJ pénal 2015. 601, obs. E. Daoud ; Dalloz IP/IT 2016.
26, étude C. Théard-Jallu, J.-M. Job et S. Mintz ; JAC 2015, n° 29, p. 11, obs. E. Scaramozzino ; JT 2015, n°
180, p. 14, obs. E. Scaramozzino ; RTD eur. 2015. 786, obs. M. Benlolo-Carabot ; ibid. 2017. 361, obs. F.
Benoît-Rohmer ; ibid. 365, obs. F. Benoît-Rohmer .
(32) CJUE, gr. ch., 27 févr. 2018, aff. C-64/16, Associação Sindical dos Juízes Portugueses,
ECLI:EU:C:2018:117, pt 31, RTD eur. 2019. 379, obs. F. Benoît-Rohmer ; ibid. 403, obs. F. Benoît-Rohmer ;
ibid. 459, obs. L. Coutron .
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