DROIT COMMUNAUTAIRE - Nov 2022
DROIT COMMUNAUTAIRE - Nov 2022
DROIT COMMUNAUTAIRE - Nov 2022
LE DROIT
COMMUNAUTAIRE
Semestre III : Harmattan
KESSOUGBO Koffi
Maître Assistant FDD /UL
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PLAN DU COURS
Introduction
Chapitre 1 : Les traités constitutifs des communautés
Section 1 : Le contenu des communautés
Section 2 : La révision des traités
Chapitre 2 : Les actes unilatéraux de l’autorité communautaire
Section 1 : Les règlements communautaires
Section 2 : Les directives communautaires
Section 3 : Les décisions communautaires
Chapitre 3 : Les organes exécutifs de la communauté /la commission et le
conseil
Section 1 : La commission des communautés
Section 2 : Le conseil
Chapitre 4 : Le parlement des communautés
Section 1 : La composition et le fonctionnement du parlement
Section 2 : Les compétences du parlement
Chapitre 5 : La cour de justice des communautés
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INTRODUCTION
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institutionnelle propre en vue de l’établissement progressif d’un ordre de
subordination des Etats membres et des intérêts communautaires.
Certes, les règles de l’ordre juridique communautaire ont pour objet, pour
domaine matériel des activités, des opérations, des affaires économiques (libre
circulation, libre établissement, libre concurrence, agriculture, établissement de
l’union douanière, harmonisation des politiques économiques etc.), qui se
déroulent sur le territoire des Etats membres et relevaient antérieurement de leur
souveraineté et des règles de leur droit interne établies dans le seul intérêt national.
Mais, aujourd’hui, dans la mesure même où ces affaires ont été transférées par les
traités communautaires de la compétence des Etats à celle de la communauté, elles
sont devenues l’objet d’un droit autonome mis en œuvre ou élaboré, dans l’intérêt
commun, par une Autorité distincte de l’Autorité étatique : l’Autorité
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Communautaire, sous le contrôle d’une juridiction autonome : la Cour de Justice
des Communautés.
L’ordre juridique interne des Etats est un ordre juridique complexe, il n’est pas
simplement composé des normes établies par le législateur national.
Il est également composé, dans les pays « monistes », des règles du droit
international puisque dans ces pays ces règles sont, en tant que telles, applicables
dans l’ordre interne par les juges nationaux. Mais aussi il est composé, dans tous
les pays, de normes émanant d’autres sources que le législateur :
- de normes établies, dans les limites de leur compétence, par les collectivités
territoriales et personnes de droit public décentralisées de ces pays ;
- de normes établies, dans les limites de leur compétence, par les institutions
de droit privé habilitées à élaborer des règles de droit pour les besoins de
leur fonctionnement et de leur activité ( statuts, délibérations, décisions des
sociétés, des syndicats , des associations, etc .) ;
- de normes établies par voie de conventions collectives ou de contrats
individuels ( les contrats légalement faits « font la loi » des parties).
Toutes ces normes subsidiaires sont intégrées dans le droit interne des Etats
pour constituer avec la loi, à leur place dans la hiérarchie interne des règles
juridiques, l’ordre juridique interne de l’Etat.
De même, une grande partie des normes communautaires, bien qu’elles émanent
d’une source autonome, sont, en tant que telles, intégrées dans l’ordre juridique
interne des Etats membres et y sont immédiatement applicables par les juges
nationaux.
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§ III- Intégrée dans l’ordre juridique interne des Etats membres, la règle
communautaire y prime la règle nationale contraire.
C’est en tête de la hiérarchie des règles de droit qui composent l’ordre juridique
interne des Etats membres que doit être situé la norme communautaire intégrée
dans cet ordre juridique.
Il est des domaines dans lesquels les traités communautaires eux-mêmes, donnent
concurremment compétence pour la mise en œuvre de leurs prescriptions à
l’Autorité communautaire et à l’Autorité étatique. Du fait de cette concurrence,
de délicates questions d’harmonisation de la règle communautaire et de la règle
nationale se trouvent posées.
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CHAPITRE I : LES TRAITES CONSTITUTIFS DES COMMUNAUTES
Que faut-il entendre plus précisément par les traités constitutifs de la communauté
économique Européenne, de l’UEMOA, de la CEDEAO ou de l’UA ?
À quoi s'ajoutent :
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commission de la communauté Européenne », signé à Luxembourg le 22 Avril
1970.
Cet ensemble important de textes constitue ce que l'on a coutume d'appeler le droit
communautaire originaire par opposition au droit communautaire dérivé, ce
dernier étant constitué par les règles établies, soit en application des Traités, soit,
plus rarement, par accord des États membres.
Pour la CEDEAO, les traités constitutifs sont composés du traité du 25 mai 1975
signé entre les 16 Etats membres, du traité révisé à Cotonou en juillet 1993 par
les Etats membres de la CEDEAO (désormais composée de 15 Etats membres,
après le départ de la Mauritanie) et des protocoles et de nombreux textes
additionnels, dont le Protocole A/SP1/12/01 du 21 décembre 2001 sur la
démocratie et la bonne gouvernance additionnel au protocole relatif sur le
mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la
paix et de la sécurité signé à Dakar.
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§ 2. Le contenu des traités constitutifs
- des dispositions constituant (pour une part, car une « législation » émanant de
l'autorité communautaire) le droit économique, commercial et social des
communautés : ce sont celles qui règlent l'activité opérationnelle de ladite
communauté, les modalités de fonctionnement de l'Union économique.
Le traité C.E.C.A., et dans une certaine mesure le traité Euratom, peuvent être
considérés comme des traités-lois : en effet, le Traité C.E.C.A., tout spécialement,
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détermine lui-même, pour l'essentiel, les règles selon lesquelles devra fonctionner
le Marché commun du Charbon et de l’Acier. C'est le « code » de ce Marché
Commun.
Traité-cadre ? Que faut-il entendre par cette expression ? Cela signifie que le
traité s'en tient, pour le domaine dont il s'agit, à fixer les objectifs généraux que
devra atteindre la communauté et, ces objectifs une fois fixés, à déterminer les
compétences et les pouvoirs attribués aux institutions communautaires pour les
atteindre.
- les traités conclus par des États membres avec les pays tiers.
La règle est très simple : ces traités demeurent valables dans la mesure où ils sont
compatibles avec les traités communautaires. C'est ainsi que l'article 233 du Traité
C.E.E. déclaré :
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« Les dispositions du présent traité ne font pas obstacle à l'existence et à
l'accomplissement des unions régionales entre la Belgique et le Luxembourg ainsi
qu’entre la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, dans la mesure où les
objectifs de ces unions régionales ne sont pas atteints en application du présent
traité ».
Par contre, les Conventions qui ont été conclues antérieurement aux traités
instituant les Communautés Européennes par des États membres entre eux,
cessent d'être applicables s'ils sont contraires aux dispositions des Traités
communautaires. La ratification de ces derniers traités par les États membres en
cause vaut abrogation implicite de leurs accords antérieurs contraires.
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§ 2. Les traités conclus par des États membres avec des pays tiers.
2) Accords conclus par les Etats membres avec des pays tiers
postérieurement aux traités communautaires
Pour éviter de tels errements, les traités européens ont prévu un certain nombre
de dispositions.
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obligations qui découlent pour cet État des Traités communautaires, elle fait
connaître à l'État en cause ses observations ; il ne peut dès lors signer cet accord
qu’après avoir levé les objections de la Communauté, ou avoir obtenu de la Cour
de Justice qu’elle reconnaisse sa comptabilité avec les dispositions
communautaires.
Dès lors, il fallait craindre qu’avant l’expiration de la période transitoire nos États
se hâtent de signer des accords de longue durée qu’ils proposeraient ensuite à la
Communauté. Pour éviter cette manœuvre, le Conseil a pris deux décisions, l’une
du 20 juillet 1960, l’autre du 9 octobre 1961.
§ 1. La solution de principe
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« Les amendements entreront en vigueur après avoir été ratifiés par tous les
États membres en conformité de de leurs règles constitutionnelles
respectives. »
Ces principes posés, il faut se demander si la procédure prévue par les Traités est
obligatoire ou si nos États restent en droit de réviser ces Traités selon la méthode
diplomatique traditionnelle, celle de l’acte contraire. La question doit être
envisagée sous un double aspect.
Faut-il considérer les Communautés comme des « choses » dont les États
membres peuvent à l’unanimité disposer librement et dont ils peuvent modifier le
statut selon leur plaisir ? Ou bien nos communautés sont-elles des « personnes »
de droit international dont il convient de respecter la « personnalité » en les
associant à la révision de leur statut ?
Les Etats membres ont modifié, par le traité du 27 octobre 1956, le traité
C.E.C.A., non pas selon les dispositions prévues à l’article 96 du traité, mais par
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la méthode de l'acte contraire. Il ne s’agissait pas en l’espèce, d’une modification
d’importance, et tous les Etats membres étaient d’accord.
Tout le monde était d’accord sur le fond, mais la procédure utilisée, celle de l’acte
contraire, a soulevé de très vives protestations, non seulement dans la doctrine,
mais au sein du parlement européen.
Ces critiques ont peut-être été entendues, car lorsqu’il s’est agi d'instituer un
Conseil et une Commission uniques des communautés, les procédures prévues
aux traités communautaires ont été respectées : en effet, le Traité du 8 avril 1965
a été négocié avec une participation active des autorités communautaires. Il a été
de même pour le Traité de Luxembourg du 22 avril 1970.
§ 2. Des procédures de révision simplifiées ont été prévues par les Traités
1 - Telle est la solution établie pour la C.E.C.A. dans l’article 95, § 2 de son
Traité
Cette petite révision ne peut pas toutefois porter sur les règles fondamentales qui
sont inscrites en tête du Traité (les articles 2, 3 et 4), non plus que modifier les
rapports respectifs des Institutions de la communauté. Par deux fois la Haute
Autorité a utilisé cette procédure : d’abord pour élargir le domaine d’application
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de l’article 56 du traité C.E.C.A. (Avis de la Cour n°1/60 du 4 février 1960, Rec.
Vol. VI, p. 97. Voir cet avis). Et puis la Haute Autorité a tenté d’user de cette
procédure une seconde fois lorsqu’elle a voulu modifier l’article 65 du Traité.
Mais la Cour cette fois n’a pas donné un avis favorable. (Avis de la Cour du 13
décembre 1961, n° 1/61, Rec. Vol. VII, p. 506, Voir cet avis).
2- Aux termes des trois traités, certains de leurs articles ou même de leurs
chapitres peuvent être révisés par les seuls organes de la communauté. Voyez, par
exemple, l’article 81 du Traité C.E.C.A., les articles 14 et 33 du Traité C.E.E., les
articles 76, 85, 90, 197 et 215 du traité C.E.E.A.
Mais compléter un Traité, n’est-ce pas d’une certaine manière le réviser ? Ces
dispositions appellent une observation préalable.
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En raison des textes que nous examinons, il n’en est pas de même des
communautés européennes ; elles ne peuvent prétendre posséder de plein droit
dans le silence des textes – en vertu de la théorie des pouvoirs implicites – tous
les pouvoirs indispensables à l’accomplissement de leur mission puisque les
dispositions des textes communautaires prévoient cette hypothèse et imposent
pour elle la procédure qu’ils instituent. En cas de besoin, c’est à cette procédure
et non à la théorie des pouvoirs implicites – que doit recouvrir l’Autorité
communautaire.
Ces précisions données, il convient encore de noter que le Conseil et les États
membres hésitent à faire usage des procédures instituées par l’article 235 du Traité
de Rome et par les textes analogues des deux autres Traités Communautaires.
C’est qu’en effet, maniés sans prudence, ces textes permettraient en réalité
d’étendre très largement les compétences des communautés, puisqu’ils permettent
au Conseil de s’attribuer tous les pouvoirs d’action qui lui paraissent nécessaires
pour atteindre l’un des « objets » de la communauté et que ce terme « objet »
pourrait être interprété très largement sur la base de l’article 2 du traité C.E.E. Il
s’agirait donc, dans la réalité des choses, d’une révision des traités à laquelle les
États membres ne participeraient que très indirectement, puisque la décision doit
être prise par le Conseil dans le cadre d’une procédure Communautaire, et non par
la Conférence intergouvernementale qui réunirait les représentants des États
membres.
Vous me direz que la différence entre ces deux procédures est purement formelle
et de peu d’intérêt pratique, puisque, dans les deux cas, l’unanimité est requise
pour la prise de décision. Cette opinion n’est pas exacte. En effet dans la procédure
de l’article 235 du Traité C.E.E., il s’agit d’une décision du Conseil qui est un acte
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communautaire non soumis à la ratification des États membres et insusceptible de
réserves (cf. Arrêt de la Cour des Communautés, 18 fév. 1970. Aff. 36/69, Rec.
Vol. XVI, p. 47). Par contre, lorsque la révision s’opère par la voie d’une
conférence intergouvernementale, la procédure aboutit à un accord sujet à
ratifications internationales.
On comprend dès lors les hésitations des Etats membres du Conseil à l’égard de
la procédure de l’article 235 du Traité C.E.E.
C’est, par exemple, sur la base de cet article que le Conseil a adopté, le 3 avril
1973, le règlement instituant le fonds européen de soutien monétaire, le 18 mars
1975 le fonds européen de développement régional, le 3 mars 1975 la décision
portant conclusion de la convention pour la prévention de la pollution maritime.
Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il
est directement applicable dans tout État membre.
La directive lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en
laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens.
La décision est obligatoire en tous ses éléments pour les destinataires qu’elle
désigne.
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Il nous faudra d’abord étudier les actes prévus par ces dispositions (1 à 4)
L’une des questions capitales que pose la distinction faite par les traités :
- du règlement,
- de la directive,
- de la décision,
est celle de savoir quelle est la portée juridique respective, dans le droit interne
des pays membres, de ces actes.
C’est pratiquement la question de savoir quels sont ceux d’entre eux qui
engendrent directement, dans l’ordre juridique interne des États membres, des
droits individuels au bénéfice des personnes privées, droits individuels que les
tribunaux nationaux de ces États membres sont tenus de sauvegarder et de
sanctionner.
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S’agissant des directives et des décisions adressées aux Etats membres par
l’Autorité Communautaire, on affirmait au contraire que ces actes, dont l’objet
est de prescrire aux Etats destinataires d’établir telles ou telles règles dans leur
droit national, sont insusceptibles d’engendrer par eux-mêmes, directement,
dans l’ordre juridique interne des droits individuels au bénéfice des
ressortissants des États en cause.
L’arrêt rendu par la Cour des Communautés le 6 octobre 1970 ( aff. 9/70, Rec.
Vol. XVI, p.825) paraît avoir modifié profondément cette doctrine. Il me faudra
donc, après avoir exposé les dispositions expresses de l’article 189 du Traité
C.E.E., vous présenter l’interprétation audacieuse qu’en fournit aujourd’hui la
Cour des Communautés.
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Section 1. – Les règlements communautaires
- définition du règlement ;
- classification des règlements ;
- nature juridique du règlement ;
- conditions de forme auxquelles sont soumis les règlements
communautaires.
-
« Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et
il est directement applicable dans tout État membre ».
C’est, en effet, l'acte qui, comme la loi du droit interne, fixe une règle, impose
une obligation ou accorde des droits à tous ceux qui sont actuellement situés où
se situeront dans l’avenir dans la catégorie qu’il définit abstraitement selon des
critères objectifs. On dirait, en langue vulgaire, que le règlement, sans viser qui
que ce soit individuellement, oblige « à la cantonade » tous ceux qui se livreront
aux activités ou aux opérations qu’il définit.
Le règlement est obligatoire en tous ses éléments en ce sens que dès son entrée
en vigueur la totalité de ses dispositions s’imposent aux États membres, à leurs
juridictions et à leurs ressortissants.
Précisons :
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a- Le caractère obligatoire du règlement ne saurait être modifié par des réserves
ou objections que des États membres auraient formulées lors de son
élaboration ; elles seraient insusceptibles de limiter sa portée objective.
b- Si le règlement est complet en ce sens qu’il prévoit lui-même toutes les
modalités nécessaires à son application, les autorités nationales ne peuvent
rien y ajouter et moins encore dispenser de son application au nom prétendu
de l’équité.
c- Si le règlement est incomplet ceci qu’il omet de préciser certaines des
modalités de son application, les Etats membres peuvent édicter dans leur droit
les dispositions complémentaires nécessaires (arrêt du 17 décembre 1970, aff.
30/70, Rec. 1970, p. 1197). Et même, ils le doivent en application de l’article
5 du Traité C.E.E. (arrêt du 4 avril 1974, aff. 167, Commission c/ République
française, Rec. 1974, p. 359). Mais en toute hypothèse ces mesures
complémentaires ne peuvent ni déroger au règlement, ni soumettre les droits
qu’il confère à des exigences supplémentaires.
d- Il en est ainsi, que les mesures nationales à édicter pour assurer la bonne
exécution d’un règlement communautaire relèvent, selon le droit public
interne, du pouvoir central, des autorités fédérées d’un pays membre d’un État
fédéral (Landers de la R.F.A.), d’autres entités territoriales ou bien d’autorités
que le droit national leur assimile.
e- Si certaines des dispositions du règlement leur paraissent obscures, les États
membres peuvent en fournir, elles ne peuvent le faire que dans le respect des
dispositions communautaires et sans pouvoir édicter des règles
d’interprétation ayant des effets obligatoires.
Nous distinguerons :
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1- Les règlements du Conseil
Ce sont ceux qu'il prend en application directe d'une disposition du Traité pour en
assurer l'application.
Les règlements de base sont subordonnés au traité, les règlements d’exécution aux
règlements de base, les décisions individuelles aux règlements d’exécution et aux
règlements de base en vertu desquels elles sont prises.
2. Règlements de la commission.
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Il peut donner à la commission compétence pour prendre les
complémentaire d’application.
La délégation de compétence que le conseil peut ainsi attribuer à la
commission est régie par trois règles de principe :
• Comme nous venons de le voir, le conseil doit fixer lui-même dans son
règlement de base les règles essentielles de la matière.
• Cependant la jurisprudence de la cour des communautés interprète
largement la formule de l’article 155 du traité. Elle admet que la
compétence attribuée à la commission en vertu de cet article lui permet
de définir des notions que le conseil s’est contenté de mentionner, de
déterminer des critères, voire même d’imposer des obligations aux
opérateurs (arrêts du 15 juillet 1970, aff.41/69, Rec. 1970, p. 690 ? et
du 30 octobre 1975, Aff. 23/75, Rec. 1975, p. 1279).
• La commission doit exercer elle-même la compétence que lui délègue
le conseil ; elle ne peut la subdéléguer aux Etats membres (arrêt
précédent du 30octobre 1975), conformément au principe général que
pose l’arrêt Méroni du 13 juin 1958 que nous retrouverons par la suite
c) Les règlements que la commission peut établir sur habilitation du
Conseil mais selon le système dit des « comités de gestion » ou des
« comités de réglementation ».
Lorsqu’en une matière le pouvoir réglementaire appartient au conseil, il
n’est pas tenu de s’en tenir à fixer dans son règlement les règles de base,
puis déléguer à la commission, en vertu de l’article 155 du traité C.E.E,
compétence à la commission pour l’établissement de mesure d’application,
il s’estime en droit de l’astreindre pour l’exercice de cette compétence
déléguée aux procédure qu’il juge bon.
Dans son souci de ne pas accroître le rôle de la commission, il a dès lors
imaginé le système dit du « comité de gestion » ou du « comité de
réglementation »
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Dans ce système, la commission, habilitée à établir les règlements
d’application de règlements de base du conseil doit, avant de les arrêter ou
du moins d’arrêter certaines de leurs dispositions, prendre l’avis d’un
comité composé de représentant, de la commission.
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réglementaire autonome parce que dans le premier cas le gouvernement est
lié par la loi, tandis qu’il ne l’est pas dans le second.
En droit communautaire, il n’y a pas à distinguer règlements et la lois
communautaires parce que les traités n’attribuent pas de compétence
législative au parlement européen. C’est au couple commission-conseil
qu’est donnée compétence-sur simple avis du parlement – pour établir et
spécialement sous forme de règlements, les normes nécessaires à la mise
en œuvre des traités. Les règlements dont s’agit sont de toute manière
subordonnés aux dispositions des traités. Dès lors, peu importe, semble-t-
il, qu’on les qualifie de règlement « exécutifs » au motif qu’ils sont pris
pour assurer l’exécution des règles du traité ou de règlements « législatifs »
au motif que se sont eux qui constituent, en réalité, la législation
communautaire.
Ceci dit, sur le plan communautaire, la distinction entre règlements
exécutifs et législatifs n’a d’autre signification que celle-ci : les règlements
« exécutifs » que prennent le conseil ou la commission sur habilitation du
conseil pour assurer l’exécution des règlements de base du conseil sont
subordonnés à ces règlements de base et ne peuvent les modifier.
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Le texte du règlement lui-même doit viser expressément ces consultations
préalables exigées par le traité : par exemple, consultation. Après quoi, le
règlement, sans exception comme d’ailleurs tous les autres actes
communautaires, doit être motivé endroit et en fait.
Les conséquences de cette règle sont importantes. La question se pose en
effet de savoir si la Cour des Communautés chargé du contrôle de la
légalité des actes communautaire pourra contrôler non seulement
l’existence des motifs, mais leur exactitude. Dans ce cas ne serait-elle pas
conduite à substituer son appréciation des faits et circonstance
économiques qui motivent l’acte à celle de l’autorité communautaire ?
On aboutirait ainsi au « gouvernement des juges ». La dernière condition
de forme est posée par l’article 191 du traité C.E.E. :
« Les règlements sont publiés dans le journal officiel de la communauté.
Ils entrent en vigueur à la date qu’ils fixent ou, à, défaut, le vingtième jour
suivant leur publication ».
Observation importante.
Au terme de ces explications concernant le règlement communautaire, il
importe de vous prier d’éviter une confusion.
Le règlement est toujours directement applicable dans l’ordre interne des
Etats membres en ce sens qu’il s’ingère de lui-même dans
l’ordonnancement juridique interne de ces Etats, qu’il n’a pas à y être
incorporé par un acte national et qu’il y engendre par lui-même des
obligations ou des droits pour les justiciables desdits Etats.
Il ne s’ensuit pas qu’il est toujours immédiatement applicable dans l’offre
interne des Etats membres car il se peut qu’il ne puisse y être concrètement
appliqué qu’après que des mesures complémentaires d’exécution auront
été prises par l’autorité communautaire ou l’autorité nationale.
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Section 2. Les directives communautaires
La définition de ces actes est contenue dans l’article 189 du traité C.E.E.
Nous examinerons successivement :
- définition des directives C.E.E ;
- classification de cette catégorie d’actes ;
- conditions de forme.
§ 1. La définition
Selon l’article 189 du traité C.E.E. « la directive lie tout Etat membre destinataire
quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la
compétence quant à la forme et aux moyens » (5).
Ainsi donc la directive C.E.E est l’acte par lequel l’autorité communautaire
compétente doit s’en tenir à imposer un résultat à atteindre en laissant à l’obligé
le choix des moyens.
Dans la C.E.E. une directive ne peut être adressée qu’à un ou plusieurs Etats
membres ou à tous les Etats membres ; elle ne peut pas être adressée à une ou
plusieurs personnes, privées.
Ceci dit, la directive de l’article 189 du traité C.E.E. présente les caractères ci-
après :
1° Elle n’est pas de portée générale : elle n’oblige que les destinataires qu’elle
désigne.
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Dans la C.E.E. et dans la C.E.E.A., ces destinataires ne peuvent être que tous
les Etats, l’un d’entre eux seulement.
C’est par ce premier caractère déjà que la directive se distingue du règlement qui,
lui, est de portée générale, en ce sens qu’il ne vise pas de destinataires
individualisés mais, « à la cantonade », tous ceux qui se trouvent ou se trouveront
dans la catégorie abstraite qu’il détermine selon des critères objectifs tandis que
la directive n’oblige que les destinataires qu’elle désigne.
On comprend parfaitement quelles sont les raisons qui ont conduit les autres des
traités à inventer cette forme d’acte juridique original et à en imposer l’utilisation
à l’autorité communautaire dans de nombreux domaines (libre établissement –
harmonisation des législations (art. 100), etc.).
Si en effet dans toutes les matières régies par les traités l’autorité communautaire
pouvait procéder par voie de règlements ou de décisions obligatoires dans toutes
leurs dispositions, la compétence générale des Etats se trouverait intégralement
transférée des Etats à la communauté. Les Etats ne l’auraient pas admis.
Mais cela dit, à distinguer objectif et moyens. Or, c’est ici qu’apparait la difficulté.
Selon les textes des traités, les Etats membres ont ici le choix de la forme et des
moyens.
Choix de la forme ?
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Ceci signifie que pour aboutir, dans leur droit interne, au résultat qui leur est
prescrit, ils peuvent, à leur gré ou plutôt selon les règles de leur Droit public,
procéder par voie législatives ou par instructions administratives.
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b) Tandis que l’autorité communautaire peut confier à ses services
administratifs les opérations de gestion et de contrôle nécessaire à
L'application pratique de ses règlements et décisions, ce sont
obligatoirement les administrations nationales qui gardent compétences
pour tout ce qui concerne sur leur territoire l'exécution des mesures prises
pour y assurer l’application d'une directive.
L'expérience révèle en effet qu'il n'existe souvent qu'un moyen concret d'atteindre
un résultat déterminé. En pareil cas il n'est pas possible de prescrire le résultat
sans imposer en même temps le moyen.
Exemple : La directive du Conseil du 5 novembre 1963 tend à harmoniser, sur la
base de l'article 100 du Traité C.E.E., les légalisations des États membres
concernant les agents conservateurs pouvant être employés dans les denrées
alimentaires. Or, bien entendu, l'harmonisation en question ne peut être obtenue
qu'en fixant la liste limitative des agents conservateurs dont l'emploi devra être
autorisé dans tous les États membres. C'est ce que fait la directive du 5 novembre
1963 (J.O.C.E. 1963, p. 161) complétée par celle du 26 janvier 1965 (J.O.C.E.
1965, p. 373) et par des directives complémentaires postérieures.
Plus, généralement, c'est par directives selon l'article 100 du traité C.E.E. que doit
être assurée l'harmonisation des législations nationales nécessaires au bon
fonctionnement du marché commun. Or, bien souvent ce bon fonctionnement ne
peut être assuré que si tous les États membres adoptent en la matière les mêmes
règles ; la directive doit alors leur imposer comme résultat obligatoire l'adoption
en parallèle d'une même légalisation en leur laissant seulement, à quelques
variantes près, le choix de sa forme juridique ( législative ou réglementaire).Telles
sont, par exemple, les directives du 14 avril 1967 et celle du 17 mai 1977 qui
imposent aux États membres l'adoption du même système de taxe à la valeur
ajoutée.
Tout en reconnaissant qu'objectivement des directives imposent l'adoption d'une
réglementation détaillée, force est d'admettre que cette situation est inévitable
dans les hypothèses où le résultat ne peut être atteint qu'à cette condition.
Reste néanmoins la règle de principe : la directive doit s'en tenir à imposer un
résultat mais non les moyens de l’atteindre ; elle se distingue par là encore du
règlement, mais aussi de la décision, puisque règlement et décisions peuvent
prescrire les fins et les moyens et sont « obligatoires dans toutes leurs dispositions
».
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3°. Troisième caractère spécifique de la directive.
La directive est- elle ou n'est-elle pas susceptible d'engendrer par elle- même des
droits individuels au bénéfice, dans leur ordre juridique interne, des ressortissants
des États auxquels elle est adressée ?
Jusqu'à l'arrêt susvisé rendu le 6 octobre 1970 par la Cour de Justice des
Communautés, on donnait à cette question une réponse negative.
Contrairement aux règlements, disait-on dans une interprétation littérale de
l'article 189 du Traité C.E.E., la directive adressée aux Etats membres ne « saute
» pas la frontière, l’échelon étatique : elle n'est pas applicable, comme le
règlement, dans tout Etat membre, mais par l'État ou les États destinataires. Elle
s'en tient à prescrire à ces États destinataires de modifier leur droit national pour
que tel résultat y soit obtenu. Dès lors, disait-on, elle ne modifie pas, par elle-
même, le droit national et les situations juridiques qu'il définit : c'est la nouvelle
règle qu'à la suite de la directive et pour s'y conformer, les États destinataires
introduiront dans leur règlementation (selon les formes et moyens de leur choix)
qui modifiera les situations juridiques de leur ordre interne et qui, seule, par
conséquent, engendra de nouveaux droits ou de nouvelles opportunités
obligations Pour leurs ressortissants.
On en concluait que les directives adressées aux États membres n'ont pas d'effet
juridique direct et immédiat dans l'ordre interne de ces États.
Par là, la directive se distinguait encore du règlement.
L'arrêt de la Cour de Justice des Communautés du 6 octobre 1970 est plus encore
l'arrêt qu'elle a rendu le 4 décembre 1974 dans l'affaire 41/74, Van Duyn
(Rec.1974, p.1348) ont atténué à tout le moins, la rigueur de cette réponse
Dans quelle mesure et pourquoi?
Dans l'affaire 9/70 du 6 octobre 1970, Rec.Vol. XVI, p.825, la cour de justice des
communautés européennes se trouve saisie d'une question préjudicielle
d'interprétation de la décision du Conseil n° 65/271 du 13 mai 1965, décision
adressée à tous les États membres.
Cette décision interdit aux États membres de soumettre les transports des
marchandises à des taxes spécifiques à compter du jour où ces transports auront
été soumis à la T.V.A. commune définie par deux directives du Conseil du 11
Avril 1967 et par une troisième directive du 9 décembre 1967.
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Aux termes de cette troisième directive, la T.V.A. commune devait être mise en
application dans tous les États membres, qui ne l'avaient pas encore adoptée, à la
date du 1er janvier 1972.
l'Allemagne qui avait déjà substitué la T.V.A. commune à sa taxe cumulative sur
les chiffres d'affaires avait cependant maintenu en application dans son droit
national une taxe spécifique sur les transports de marchandises.
En 1969, un transporteur qui avait dû acquitter cette taxe en demande le
remboursement sur la base de décision communautaire du 13 mai 1965, devant le
tribunal fiscal de Munich.
Ce dernier avait alors saisi la Cour de la question préjudicielle de savoir si le
transporteur de l'espèce pouvait être considéré comme tenant de la décision du
Conseil un droit individuel à la suppression de la taxe litigieuse et donc au
remboursement qu'il demandait.
Dans son arrêt du 6 octobre 1970, la cour a répondu que la décision du Conseil
adressée aux États membres ouvrait directement à leurs justiciables droit à la
suppression des taxes spécifiques qu'elle interdit.
Cette jurisprudence, la cour l'a confirmée, pour ce qui est de l'effet direct éventuel
de la directive, dans son arrêt du 4 décembre 1974, affaire 41/74, Van Duyn,
Rec.,1974, p.,1348.
Ainsi donc, selon la Cour, règlements d'une part, et d'autre part, décisions et
directives adressées aux États membres ne s'opposent plus en termes absolus pour
ce qui concerne leur effet juridique dans l'ordre interne des États membres.
Certes, toutes les dispositions des règlements sont, par nature et définition, d'effet
direct dans l'ordre interne, mais aussi le sont aussi celles des décisions et des
directives adressées aux États qui imposent à ces États une obligation
conditionnelle de ne pas faire, ou même de faire, en termes d'une précision telle
que l’obligation se trouve entièrement définie par la directive elle-même, en sorte
que les dispositions nationales complémentaires ne sont pas nécessaires pour en
déterminer le contenu.
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