Libertés de Circulation

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LIBERTÉS DE CIRCULATION

Examen : 1.30 : deux sujets au choix

Commission, communication 2018 sur le marché unique : « le marché


unique figure parmi les plus grandes réalisations du projet européen. Il a
fait de l’Europe l’un des lieux les plus attrayants du monde pour vivre et y
exercer une activité éco. Au cours des 25 dernières années, il a joué un
rôle essentiel dans l’accroissement de la prospérité et de la richesse des
citoyens de l’UE. »

CONSTRUCTION PROGRESSIVE ET ANCIENNE DU MARCHÉ UNIQUE


le marché unique s’inscrit dans une construction progressive avec des
racines profondes. L’idée d’une construction européenne répond à une
inspiration constante et ancienne ; on peut la dater de l’empire romain,
Napoléon…
- Sauf que dans tous ces exemples il s’agit d’une construction
européenne contrainte, imposée par la force, qui repose sur
l’expansion d’un état au détriment des autres.
- Ce qui est beaucoup plus récent, moderne, c’est la réalisation d’une
Europe fondée sur l’adhésion volontaire des états. Une Europe
négociée.
L’idée d’une Europe négociée, au début des années 1930, a été
concrètement envisagée avec un projet de conférence européenne, idée
d’une entité supranationale, laquelle n’aboutira jamais à cause de la 2GM.
Le véritable déclic est intervenu après la guerre : reconstruction mondiale
et européenne.

RECONSTRUCTION GÉNÉRALE AU NIVEAU MONDIAL


intervient dans trois domaines :
- militaire, avec la création de l’OTAN 1949
- Politique avec ONU 1945 : c’est dans ce cadre qu’est créée la
déclaration universelle des droits de l’homme, et pacte international
- Economique : adoption des accords 1945 créant notamment le fonds
monétaire international

CONSTRUCTION EUROPÉENNE
lancement de Churchill 1946 de la construction européenne.
- Cette construction européenne a commencé avec la construction de
la CECA avec traité de PARIS 1951 (France, Italie, Allemagne,
Belgique, Luxembourg, Hollande).
- Le traité a pris fin en 2001, après quoi : CEE avec deux traités de
ROME, 1957 dont le traité EURATOM, a subsisté.
Cette évolution se fait à travers l’élargissement des EM, et l’intégration
toujours plus forte des EM au sein de l’UE, qui aujourd’hui s’organise
autour du TUE (avec traité de LISBONNE), et le TFUE. Cette UE n’est pas
achevée dans les domaines les plus sensibles comme le droit fiscal ou
droit du travail. Pas encore de règlement européen sur l’IR. Pas encore de
code du travail européen.

RÉSULTAT D’UNE TENSION ENTRE DEUX CONCEPTIONS


L’UE est le résultat d’une tension permanente entre deux conceptions de
l’Europe :
- Europe des souverainistes : partisans d’une Europe des nations :
Europe intergouvernementale avec chaque état gardant le droit de
véto, et des institutions qui coordonnent dans des domaines limités,
éco, les actions des états.
- Europe fédérale : les états acceptent d’abandonner aux institutions
européennes supranationales, leurs compétences, en matière éco,
politique, sociale, militaire.
Aujourd’hui, il y a eu un choix d’un modèle qui cherchait à réunir l’idée
d’état nation, et les structures supranationales européennes : concept de
fédération d’état nation : principe de subsidiarité par ex : l’Europe
intervient quand les états ne sont pas en mesure d’intervenir et
inversement. Les EM ne perdent pas complètement leur souveraineté et
l’Europe n’est pas à l’arrêt. Il s’agit d’un modèle ordo libéral : économie
ordonnée par la concurrence.

PROBLÉMATIQUES DE L’UE
- Crise dans la zone euro : les pays dans la zone euro ont une dette
publique au-dessus de 3% du PIB, donc économies.
- Crise migratoire : flux qui a augmenté après la guerre de Lybie.
- Arrivée du terrorisme en Europe
- Montée du nationalisme politique

SUCCÈS DE L’UE
Malgré toutes ces critiques qui peuvent être portées, il y a un succès
incontestable : entre les états membres, il y a plus de 60 ans de paix et
aucun régime politique n’a permis d’avoir une durée aussi longue de paix.
Prix de la paix, 2012, accordé à l’Europe, justifié par le rôle stabilisateur de
l’Europe qui a permis de faire passer ce territoire de guerre à un territoire
de paix. Art 3§1 TUE : l’Union a pour but de promouvoir la paix, ses
valeurs, et le bien être de ses peuples. Art 2 TUE précise les valeurs :
respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, état de droit.
Communes aux états membres dans une société caractérisée par le
pluralisme, la tolérance, la justice, la solidarité, l’égalité hommes femmes.
L’UE vise la protection de la paix et des valeurs humanistes
fondamentales. C’est dans cette perspective que l’établissement et le
développement du marché intérieur est intervenu. Le marché intérieur est
le moteur principal de la construction européenne. L’objectif de sa mise en
place est de permettre, en faisant du commerce entre états, d’établir des
liens pour construire plus vers la paix.

RÈGLES ÉTABLISSANT LE MARCHÉ INTÉRIEUR


Que désigne-t-on par les règles qui permettent d’’établir le marché
intérieur ? art 26 § 2 TFUE : le marché intérieur comporte un espace sans
frontière intérieure, dans lequel la libre circulation des marchandises, des
personnes, des services et des capitaux, est assurée selon les dispositions
des traités.

INTRODUCTION : CONTEXTE JURIDIQUE DES LIBERTÉS DE


CIRCULATION

§1 : ORIGINALITÉ DES SOURCES DU DUE


L’originalité des sources peut être soulignée à travers leur diversité d’une
part, et la spécificité des mécanismes juridictionnels qui permettent
l’application et l’interprétation de ces sources.

A: DIVERSITÉ DES SOURCES


Quatre grandes sources du DUE :

DROIT ORIGINAIRE
TRAITÉS CONSTITUTIFS
Aujourd’hui l’UE repose sur deux traités principaux : TUE et TFUE.
Troisième traité : EURATOM, qui est de moindre importance.
- Ces deux traités constitutifs ne sont pas soumis au contrôle de
validité de la CJUE. Le juge européen n’a pas à dire si telle
disposition des traités est valable ou pas.
- ces traités sont au sommet de la hiérarchie de l’ordre juridique de
l’UE. Les autres traités ne peuvent pas les méconnaitre.
o On peut dire que c’est la charte constitutionnelle de l’UE.

CHARTE EUROPÉENNE DES DROITS FONDAMENTAUX


A côté des traités constitutifs de l’UE, il y a la charte européenne des
droits fondamentaux. C’est un texte qui a d’abord été proclamé en 2000,
et qui n’avait pas de valeur juridique contraignante à l’époque, qu’elle a
acquise avec le traité LISBONNE. Même valeur que celle des traités, figure
donc dans le « bloc de constitutionnalité », art 6 §1 TUE. Dans cette
charte, on trouve réunis des droits et libertés civils et politiques, mais
aussi éco et sociaux.
o titre 2, art 15 sur la liberté professionnelle et le droit de
travailler : reprise des droits libertés de circulation pour les
personnes.
o art 16, liberté d’entreprise (d’établissement).
- Titre 3, art 21 : principe de non discrimination, au cœur des libertés
de circulation
- Art 51 : la charte est invocable avant tout contre les textes élaborés
par les institutions européennes : si un texte européen n’est pas
conforme à une disposition de la charte, il peut être remis en cause.
Mais cette charte, on peut aussi l’invoquer à l’encontre d’un texte
national : faut un lien de rattachement entre le texte national et une
politique de l’UE,
- Art 52 : possibilité de limiter les droits prévus par la charte. Dicte les
conditions. Limite doit répondre à un IG, doit être nécessaire,
proportionnelle.
o Principe de proportionnalité systématique en matière de
libertés circulation

PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT


art 6 § 3 TUE : les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la
CESDH, et tel qu’il résulte des traditions constitutionnelles communes aux
EM, font partie du DUE en tant que principes généraux. On les classe en 3
catégories :
- Principes protégeant les droits fondamentaux, que l’on retrouve très
souvent dans la CESDH, et la jurisprudence de la CEDH
- Principes communx aux systèmes des états membres : ex :
hiérarchie des normes, et qui n’est pas exprimée dans les traités
- Principes déduits des traités et de l’ordre juridique de l’UE : art 18
TFUE : considéré comme un principe général : principe de non-
discrimination.
Il pourrait y avoir des principes qui n’ont pas été incorporés dans la charte
ou qui se dégageraient à l’avenir : CJUE 2017, CUSSENS : reconnait
comme PGDUE l’interdiction des abus de droit qui ont pour cible le DUE,
notamment pour obtenir un avantage prévu par le DUE, alors que les
conditions pour avoir cet avantage ne sont pas réunies.

TRAITÉS INTERNATIONAUX
entre l’UE et les états tiers. procédure spécifique à l’art 118 TFUE ; l’UE
peut faire des traités, négociés par un négociateur mandaté par le conseil
(représentants des EM), après recommandation de la commission. A l’issue
de la négociation, le texte doit être approuvé par le parlement. Une fois
conclus, ces accords internationaux font partie intégrante de l’ordre
juridique de l’UE, dès leur entrée en vigueur, selon art 216 § 2 TFUE. Il
s’agit donc d’une source de légalité européenne qui est inférieure au droit
primaire, mais qui s’impose aux actes de droit dérivé.

ACTES DE DROIT DÉRIVÉ


visés à l’art 288 TFUE, en dehors de la PESC (politique étrangère de
sécurité commune) et en dehors de la PSDC (politique de sécurité et de
défense commune). Quatre actes visés par cette disposition

RÈGLEMENT
- Portée générale : s’applique à tous sans destinataires précis
- Contraignant : obligatoire dans tous ses éléments
- Directement applicable dans tous les EM : dès son entrée en
vigueur, il s’intègre automatiquement dans les ordres juridiques
nationaux. Pas besoin de mesure nationale de réception.

DIRECTIVE
Type d’acte propre au système normatif de l’UE.
- A pour destinataires uniques les EM
- Impose un résultat à atteindre mais laisse aux EM le choix des
formes et des moyens à adopter pour atteindre cet objectif. Donc
elle contraint les EM quant au résultat.
- Il doit y avoir une transposition de la directive, et les EM bénéficient
d’une marge de manœuvre plus ou moins grande en fonction de la
rédaction de la directive.

MARGE DE MANŒUVRE DE LA TRANSPOSITION :


Cette marge est restreinte à trois égards :
- Les EM ont un délai limité de transposition. Si la directive n’a pas ou
a mal été transposée, les EM sont en situation de manquement et
cela peut entrainer une sanction financière. Sous certaines
conditions, même si la directive n’a pas été transposée, elle pourra
quand même être invoquée par les particuliers
- Le choix des moyens à mettre en œuvre dépend étroitement du
résultat à atteindre : parfois on a des objectifs à caractère général,
et dans ce cas les EM ont une grande marge de manœuvre. Mais
souvent les directives définissent de manière très détaillée les
objectifs. A ce moment les EM n’ont pas d’autre solution que de
reprendre le contenu de la directive, quasi textuellement afin de
pouvoir la transposer.
- Le DUE ne laisse pas une entière liberté aux EM quant aux
techniques de transposition : cet acte de transposition doit fournir
des garanties de transparence et de sécurité aux particuliers : loi,
décret par ex. mais en revanche une circulaire admin ne suffit pas
pour dire qu’on a transposé, car elle peut être très simplement
supprimée ou remplacée. La jurisprudence peut valoir acte de
transposition si elle est suffisamment constante et claire.

DÉCISION
La décision est un acte obligatoire, pour le destinataire qu’elle désigne. La
décision s’adresse toujours à une ou plusieurs personnes (état, ou
entreprise), particulières. Le sujet de droit est désigné. C’est un acte
normatif à caractère individuel. Le plus souvent, c’est pour exécuter le
droit primaire de l’UE. Quand elle s’adresse à un état, souvent c’est pour
donner un objectif, et l’état devra prendre un acte (ressemble à la
directive)

RECOMMANDATIONS ET AVIS
Ce sont des actes qui n’ont pas de caractère obligatoire. les
recommandations sont plutôt faites aux états membres, afin de donner
une opinion, une information. ont une valeur interprétative. A côté de ces
textes on en a plein d’autres : communications, résolutions, lignes
directrices, qui ne sont pas visées par l’art 288 TFUE, mais qui viennent la
plupart du temps exprimer l’état du droit positif, la manière dont la
commission comprend une disposition, ou va effectuer une analyse. La
seule question qui se pose au juge lorsqu’il est saisi pour la validité de ce
type d’acte, il s’intéresse à la substance du texte, et se demande s’il est
destiné à avoir des effets de droit. Si oui, il vérifie s’il respect les règles de
DUE.
CATÉGORIES PARTICULIÈRES
Le traité de LISBONNE a introduit trois catégories de textes particulières :

ACTES LÉGISLATIFS
Art 289 TFUE actes législatifs : actes adoptés selon la procédure législative
européenne : le conseil (états), et le parlement (peuples), interviennent
tous les deux dans l’adoption de l’acte proposée par la commission.
- Art 249 TFUE décrit la procédure législative ordinaire : les 2 doivent
adopter le texte.
- Il y a des procédures législatives spéciales, pour lesquelles l’un ou
l’autre adopte. Ex : procédure budgétaire

ACTES NON LÉGISLATIFS


Ils peuvent être un règlement, une directive, une décision. Concerne tous
les actes qui sont pris en dehors d’une procédure législative ordinaire ou
spéciale. Ca peut être prévu par un traité, ou ca peut être adopté sur le
fondement d’une norme de droit dérivé : un acte législatif prévoit
l’adoption d’actes non législatifs. Dans ce cas on est face à des actes
délégués ou des actes d’exécution.
- Art 290 TFUE actes délégués : Les actes délégués sont adoptés par
la commission (délégué à la commission pour qu’elle adopte), qui
viennent compléter l’acte législatif initial
- Art 291 TFUE actes d’exécution : actes adoptés pour mettre en place
les conditions uniformes d’exécution d’un acte juridiquement
contraignant de l’UE. Il vient préciser des dispositions antérieures.

LA HIÉRARCHIE DES NORMES EUROPÉENNES C’EST :


- Droit primaire avec traités constitutifs et charte
- Principes généraux du droit dégagés par le juge, qui ne sont pas
dans la charte
- Accords conclus par l’UE avec OI ou états tiers
- Droit dérivé au sein duquel il n’y a pas de hiérarchie entre les actes
contraignants, sauf à distinguer les actes de base et ceux adoptés
pour les compléter qui doivent être conformes aux actes de bases,
ou ceux qui viennent assurer les conditions d’exécution de ces actes
de bases.

NON ADHÉSION À LA CESDH


La CESDH n’est pas un instrument juridiquement intégré à l’ordre juridique
de l’UE car l’UE n’y a pas adhéré. Les droits reconnus dans la CESDH, en
raison de l’art 6 §3 TUE et 56 § 3 charte, constituent des PGDUE. Donc ils
sont supérieurs aux accords internationaux et aux actes de droit dérivé.
Donc l’adhésion à la CESDH ferait monter la CESDH au même niveau que
la charte et les traités primaires, et donc la difficulté serait de faire
cohabiter la CEDH et la CJUE.
B: SPÉCIFICITÉ DES MÉCANISMES JURIDICTIONNELS DE RESPECT
DU DUE
- Art 19 TUE : la CJUE comprend la cour de justice, le tribunal et des
tribunaux spécialisés. Donc la CJUE est l’ensembles des juridictions
européennes.
- Art 19 § 1 TUE : la CJUE (cour + tribunaux) est chargée d’assurer le
respect du droit dans l’interprétation et l’application des traités
- Art 47 charte : les personnes dont les droits et libertés garantis par
le DUE ont été violés, ont un droit à une protection juridictionnelle
effective devant la CJUE.
o Cette protection est un PGD inspiré de la CEDH, inscrit dans la
charte.
Donc pour garantir l’art 19 § 1 TUE dans le cadre de l’art 47 de la charte,
différents recours permettant de saisir le juge de l’UE ont été organisés.
Trois catégories de recours possibles

RECOURS GÉNÉRAUX
Trois catégories

RECOURS DE LÉGALITÉ
RECOURS EN ANNULATION
Art 263 TFUE : Recours en annulation : conteste la validité d’un acte
juridique contraignant, adopté par une institution ou un organisme de l’UE.
L’acte doit produire des effets juridiques obligatoires. Deux types de
requérants possibles :
- Requérants privilégiés : EM, commission, parlement. Pas besoin
d’intérêt à agir.
- Requérants non privilégiés : Particuliers et entreprises :
o ici il faut un intérêt né et actuel à agir
o il faut une capacité à agir
o et il faut la qualité agir :
 si on est destinataire de l’acte : on a toujours qualité à
agir.
 Si pas destinataire :
 requérant directement et individuellement
concerné.
 Depuis LISBONNE, qualité de requérant
directement concerné pour contester un acte
réglementaire (portée générale), non législatif,
sans mesure d’exécution européenne ou nationale.
Quand le recours en annulation est fondé, alors l’acte disparait
immédiatement et rétroactivement. Mais il peut n’être supprimé que pour
l’avenir.

RECOURS EN CARENCE
Art 265 TFUE : recours en carence : sanctionne l’absence d’adoption d’un
acte juridique d’une institution de l’UE. Les titulaires du recours sont les
institutions de l’UE, les EM mais aussi les particuliers, quand une
institution ne leur a pas adressé un acte auquel ils avaient droit. Le traité
oblige à inviter à agir l’institution en cause avant de faire le recours et si
dans les deux mois ça n’a pas changé, alors recours. Pour les particuliers,
en matière d’intérêt, capacité, qualité, sont les mêmes que pour le recours
en annulation, sauf qu’ici on peut faire un recours en carence pour
l’absence d’adoption d’une mesure préparatoire. L’institution qui n’a pas
adopté l’acte, est contrainte de prendre la mesure. Le jugement est
déclaratif, le juge ne peut pas se substituer à l’autorité qui n’a pas agi :
donc si elle n’agit toujours pas, le juge ne peut pas prendre la décision à
sa place.
EXCEPTION D’ILLÉGALITÉ
Art 277 TFUE : exception d’illégalité. Action qui se greffe à un recours
principal préalable devant le juge de l’UE. Elle est exercée de manière
incidente : permet d’invoquer l’illégalité d’un acte de portée générale et
qui a un lien avec l’acte qui fait l’objet du litige.
- L’inapplicabilité de l’acte de portée générale, fera que l’acte qui a un
lien, sera nul. Ex : On utilise l’illégalité du règlement pour annuler la
décision.
- Tous les requérants sont recevables à soulever une exception
- En revanche l’exception d’illégalité est possible uniquement contre
un acte qui ne pouvait pas faire l’objet d’un recours par le requérant
qui la soulève. (ex de la décision prise selon le règlement : on ne
pouvait pas contester le règlement seul d’un recours en annulation).
Un acte qui aurait pu valablement être contesté par l’auteur de
l’exception, mais qui a laissé passé le délai de recours, ne peut pas
faire l’objet d’une exception.
Le juge de l’UE ne va pas annuler l’acte général en cause (le règlement
selon l’ex), il va considérer qu’il n’est pas applicable et donc ne peut pas
fonder l’acte qui est lié. Cela n’a autorité de chose jugée qu’entre les
parties. Le règlement pourra continuer d’être.

RECOURS EN RESPONSABILITÉ EXTRACONTRACTUELLE


Recours en responsabilité extracontractuelle : art 268 et 340 TFUE : l’UE
est tenue de réparer les dommages qu’elle cause dans l’exercice illégal de
ses compétences. Toute personne physique ou morale, et tout état, peut
introduire un recours dans les 5 ans, à compter de la survenance du fait
générateur de la responsabilité (par ex l’illégalité du règlement), ou de la
date du dommage. La responsabilité extracontractuelle de l’UE est
subordonnée aux conditions habituelles : illégalité du comportement de
l’institution, réalité du dommage, lien de causalité entre le comportement
illégal et le préjudice invoqué. Il faut une violation suffisamment
caractérisée d’une règle de l’UE : méconnaissance grave et manifeste des
limites de son pouvoir d’appréciation.
- Le dommage peut être financier ou moral, actuel ou futur s’il est
certain
- lien de causalité : il faut nécessairement que la faute, ait
entièrement entrainé le dommage.

RECOURS EN MANQUEMENT
Recours ouvert contre un EM à l’initiative de la commission, art 258 TFUE,
ou à l’initiative d’un autre état membre, art 259 TFUE. En cas de violation
du droit primaire ou dérivé ou accord international. Le manquement
consiste en une abstention de la part de l’EM, mais ca peut être aussi un
comportement positif, contraire au DUE (acte manqué ou acte contraire).
Procédure en deux temps : d’abord dire qu’il faut faire, ou ne plus faire. Et
si ca n’aboutit pas, là on peut saisir la cour (compétence exclusive), de la
part de la commission ou de l’état membre. L’arrêt en manquement a un
caractère purement déclaratoire, pas de sanction. simple pouvoir
d’injonction. Obligation qui nait d’exécuter l’arrêt en constatation de
manquement. Ce n’est que lorsque l’état qui a été constaté en
manquement, s’obstine, qu’il y a une procédure de sur manquement. Et là,
amende forfaitaire et des jours/mois d’astreinte jusqu’à ce que le
manquement disparaisse. LISBONNE : art 260 § 3 : possibilité pour la cour
de prononcer à la demande de la commission, sanctions financières dès le
1er arrêt si l’état n’a pas informé la commission de la transposition d’une
directive, ou pas transposé.

RECOURS SPÉCIAUX
Trois catégories qui peuvent être retenues

RENVOIS PRÉJUDICIELS
Renvois préjudiciels, art 267 TFUE : ouvert à toute juridiction nationale et
qui permet un dialogue entre le juge européen et le juge national. Deux
types de renvois préjudiciels
- en interprétation : permet au juge national de demander
l’interprétation d’une disposition de l’UE. Cette question se
transforme en question de validité du droit national au regard du
droit européen : faut il interpréter telle disposition de DUE, de telle
sorte que le texte national soit considéré comme incompatible ou
pas ?
- en validité : on demande si la disposition du DUE est valable.
Possible uniquement pour le droit dérivé. Obligation de renvoi : la
juridiction nationale dont la décision n’est pas susceptible de recours
en droit interne, a l’obligation de saisir la CJUE d’une question
préjudicielle.
o pas d’obligation de renvoie lorsque l’interprétation donnée est
évidente, c’est-à-dire lorsqu’il y a déjà une jurisprudence en la
matière. théorie de l’acte clair.
o La jurisprudence a aussi précisé que les juridictions nationales
dont la décision peut faire l’objet d’un recours en droit interne,
a l’obligation de faire une question préjudicielle de validité à
partir du moment où elle a un doute sur la validité d’une
disposition européenne, si elle n’a pas le pouvoir de trancher
CJUE : GASTON SCHUL 2005

MESURES PROVISOIRES PAR VOIE DE RÉFÉRÉ


Mesures provisoires par voie de référé : art 278 et 279 TFUE : le référé a
pour objectif d’obtenir des mesures provisoires pour éviter un préjudice
grave et irréparable. Voie de recours qui participe au respect du droit, à
une justice juridictionnelle effective. Cette demande de mesures doit se
greffer à une mesure principale. Prise pour un temps limité, au plus de la
durée du procès. Doit être nécessaire pour prévenir un préjudice
irréversible. Trois conditions
- Urgence : préjudice imminent
- Fumus boni juris : présomption suivant laquelle le recours au
principal peut aboutir. Le juge doit apprécier le caractère
suffisamment sérieux du recours principal. Il doit voir si ca lui
semble plausible que le recours aboutisse
- Balance des intérêts : la mesure ne doit pas avoir des inconvénients
plus importants que les inconvénients qu’elle tente d’éviter.

RECOURS CONTRE UNE DÉCISION DU JUGE DE L’UNION


On vise la procédure de pourvoi à l’encontre des décisions du tribunal. Il y
a d’autres types de recours qui existent contre une décision du juge
- Procédure de réexamen : le tribunal a une compétence en matière
de question préjudicielle en interprétation pour certains domaines.
on demande à la cour un réexamen de la position du tribunal.
- Révision, tierce opposition, rectification…

RECOURS PROPRES À CERTAINS DOMAINES


RECOURS PROPRES AUX DIFFÉRENDS ENTRE ÉTATS MEMBRES
Il existe des recours propres aux différends entre états membres, qui sont
soumis à la cour de justice en vertu d’un compromis, art 273 TFUE. Ex :
Autriche c/ Allemagne 2017 : l’objectif est de proposer aux états de
s’adresser à la cour pour résoudre leur difficulté. Cela ne peut être qu’un
différend qui n’est pas de la compétence exclusive de l’UE et il faut un lien
avec le traité.

RECOURS LIÉS À LA FONCTION PUBLIQUE DE L’UE.


Art 270 TFUE : recours ouverts uniquement aux fonctionnaires, qui
supposent l’accomplissement préalable d’une procédure précontentieuse,
donc suppose un litige avec un fonctionnaire et un organe de l’UE. A
l’issue de cette procédure une décision est prise, et c’est cette décision
qui peut faire l’objet d’un recours en annulation devant le tribunal qui
récupère le contentieux de la fonction publique.

RECOURS LIÉS AU CONTRAT DE L’UE


Recours liés au contrat de droit public ou privé de l’UE. Art 272 TFUE. Ils
sont nécessairement soumis à la cour en vertu d’une clause
compromissoire, qui prévoit la compétence du juge européen. On est dans
le cas de l’inexécution d’un contrat par exemple entre la commission et un
fournisseur.

§2 : RELATION DE CONTRAINTE DU DUE AVEC DROITS NATIONAUX


Cette relation de contrainte repose sur deux notions fondamentales :
- L’effet direct
- La primauté

A: EFFET DIRECT
Effet direct : applicabilité directe : c’est l’aptitude du droit de l’UE à créer,
sans l’intervention des états membres, des droits ou des obligations, au
profit ou à la charge des particuliers, qui sont susceptibles d’être invoqués
par les particuliers ou les entreprises devant les juridictions nationales.
Création jurisprudentielle de la notion : VAN GEND EN LOOS 1963 : nouvel
ordre juridique dont les sujets sont non seulement les états membres mais
également leurs ressortissants. l’effet direct n’est pas attribué à toutes les
dispositions du DUE. La disposition concernée doit prévoir une obligation
inconditionnelle et suffisamment précise.

OBLIGATION INCONDITIONNELLE
CJUE VAN DUIHN 1974 + directive 2023 de l’autorité italienne de la
concurrence : obligation inconditionnelle : Lorsque sa mise en œuvre ne
nécessite pas l’intervention d’une mesure d’exécution, soit d’une
institution de l’UE, soit d’un état membre, qui traduirait l’existence d’un
pouvoir discrétionnaire. S’il y a une mesure d’exécution nécessaire
traduisant l’existence d’un pouvoir discrétionnaire, la disposition en cause
en réalité ne prévoit aucune prérogative juridique susceptible d’être
invoquée, réclamée par un particulier.

OBLIGATION SUFFISAMMENT PRÉCISE


L’obligation est suffisamment précise dès qu’on peut déterminer son
contenu, mais aussi qui en est le débiteur et le créancier. S’il y a une
interprétation possible sur l’un de ces points, alors l’obligation n’est pas
suffisamment claire.

INTENSITÉ DE L’EFFET DIRECT


Deux types d’effet direct :
EFFET DIRECT COMPLET
Effet direct complet : vise l’effet des normes européennes qui créent des
droits subjectifs pouvant être invoqués devant le juge national contre un
état membre (vertical) mais aussi contre un particulier (horizontal). Donc
c’est quand l’effet direct est vertical + horizontal. L’effet direct complet
est attribué à certaines dispositions des traités : celles en lien avec les
mésententes.
- WAL RAVE 1974 : les règlements, en fonction de leur nature et de
l’effet qu’ils jouent, peuvent avoir un effet direct complet
- FRANZ GRAAD 1970 : ainsi que les décisions adressées à un
particulier
- Certaines dispositions de la charte : ex art 21 sur le principe de non-
discrim : confère au particulier un droit invocable à l’encontre d’un
autre particulier ou entreprise pour une inégalité de traitement, par
ex d’un jour férié : CJUE 2019 CRESCO

EFFET DIRECT LIMITÉ


Effet direct limité : effet des normes de l’union qui ont un effet direct
vertical uniquement. On ne peut invoquer le bénéfice d’un droit que dans
un litige contre un état membre.
- VAN GEND EN LOOS 1963 : Dispositions relatives à l’union douanière
- CJUE REYNERS 1974 Dispositions de non-discrim en matière
d’établissement

CAS DES DIRECTIVES


L’éventuel effet direct des directives, n’apparait qu’à l’issue du délai de
transposition. Néanmoins, avant l’expiration du délai, les états ne doivent
pas compromettre la réalisation du résultat prescrit par la directive,
notamment en
- adoptant une réglementation nationale incompatible avec la
directive. On parle d’invocabilité de présomption, qui se fonde sur le
devoir de coopération loyale des états membres, art 4 § 3 TUE : ne
doivent pas remettre en cause l’effet utile d’une disposition ou d’un
arrêt.
- CJUE 2016 EMIL LIVET : impose aux EM de s’abstenir d’interpréter le
droit national d’une manière qui pourrait compromettre l’objectif de
la directive. obligation d’interprétation conforme par anticipation, qui
s’impose aux EM

EFFET DIRECT VERTICAL ASCENDANT


L’effet direct vertical d’une directive ne peut pas être invoqué par un état
contre ses ressortissants : il est éventuellement ascendant : un particulier
contre l’état : l’état qui n’aura pas ou mal transposé sa directive, ne peut
pas l’invoquer contre les particuliers. Donc pas d’effet vertical descendant.
CJUE 1979 RATTI

L’EFFET DIRECT HORIZONTAL


- CJUE MARSHALL 1986 : L’effet direct horizontal des directives n’a
jamais été reconnu car une directive n’impose d’obligations qu’à
l’encontre des états membres.
- 1990 FOSTER : Mais la cour a développé l’effet direct élargi : notion
d’état au sens large : directives invocables contre toutes personnes
morales de droit public faisant partie de l’état au sens large ou
contre une entreprise chargée d’une mission de SP
- MANGOLD, 2005 : en cas d’un conflit entre particuliers (en principe
pas d’effet direct horizontal), possibilité d’invoquer une directive
particulière (d’égalité de traitement en matière d’emploi et le
travail), car elle met en œuvre un principe général du DUE : le
principe de non-discrimination. Ca n’est pas vraiment la
reconnaissance de l’effet direct horizontal de la directive mais
plutôt :
o Effet combiné de la directive et du principe général de
l’interdiction discrim.
o Ce principe, lui, peut être invoqué entre particuliers
Si on reconnait un effet horizontal, la directive serait assimilée à un
règlement.

B: PRIMAUTÉ
Primauté du DUE : s’attache à un autre aspect de l’effet direct : la norme a
une valeur juridique supérieure à celle de toutes les normes nationales, y
compris constit. CJUE, 1970 INTERNATIONALE HANDELS GEZELLSCHAFT et
CJUE COSTA c/ ENEL 1964 : la primauté résulte de la nature même du DUE.
C’est une condition d’existence du DUE, condition d’application uniforme.
Si le DUE n’est pas supérieur à n’importe quelle règle nationale, cela
signifie que n’importe quel état serait en mesure d’adopter une loi
nationale contraire au DUE. La primauté des normes du DUE ont trois
conséquences principales

OBLIGATION GÉNÉRALE D’INTERPRÉTATION CONFORME


Obligation générale d’interprétation conforme : affirmée par la CJUE 1988
MURPHY : cette obligation permet notamment à un particulier, de
demander au juge d’interpréter une disposition nationale, conformément à
une norme européenne, et notamment à une directive. Soit parce que la
directive n’a pas d’effet direct, soit parce que c’’est un litige devant le juge
national, qui est entre particulier et donc il n’y a pas d’effet direct
horizontal.
- L’invocabilité d’interprétation des directive est une réponse à
l’absence d’effet direct.
Cette obligation d’interprétation conforme est rattachée à toutes les
normes, même si elles n’ont pas d’effet direct. limite :
- elle prend fin si entraine application du droit national contraire aux
principes DUE,
- application du droit national contraire à une disposition du droit
national (interprétation contra legem, peut pas interpréter le droit
national au regard d’une disposition euro de telle sorte que cette
interprétation soit contraire au droit national)
si la JP interprète le droit national et qu’il est incompatible avec le DUE :
changement de la JP possible. CJUE 2019 POPLOWSKI

RÈGLE DE SOLUTION DE CONFLIT DE NORMES


la primauté est une règle de conflit de normes entre le DUE, et normes
nationales
- CJUE SIMMENTHAL 1978. le juge national est obligé de laisser
inappliqué le droit national pour appliquer le droit de l’UE
- CJUE : RS 2022 : Une norme nationale ne peut pas retirer au juge
national le pouvoir d’apprécier la conformité d’une législation
nationale au droit de l’UE, même si la CC a déjà jugé conforme à la
constit la législation nationale.
- CJUE GLOBAL INK TRADE 2024 : Le juge national doit écarter
l’application d’une JP de sa cour suprême, si cette JP n’est pas
conforme à la réponse qui lui est faite par le juge euro à la suite
d’une question préjudicielle d’interprétation.

PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ DES ÉTATS MEMBRES


Le principe de primauté est le fondement du principe de responsabilité des
EM. Il y a un principe de resp extracontractuelle de l’UE. Et cela est prévu
dans le traité. Là, on est sur un EM qui ne respecterait pas le DUE. Un
recours en manquement est possible. Mais si des particuliers ont eu un
dommage à cause de la violation par leur état du DUE. Rien n’était prévu
dans le traité, donc depuis CJUE FRANKOVICH 1991 le juge de l’UE fonde
sur la primauté, le principe de la responsabilité d’un état membre, du fait
de la violation du DUE. Cela signifie qu’un particulier peut invoquer devant
son juge national, la violation du DUE par son propre état, pour demander
la réparation de son dommage par la faute de son état. C’est l’invocabilité
de réparation :

CONDITIONS POUR ENGAGER LA RESPONSABILITÉ D’UN ÉTAT


MEMBRE
- La norme européenne violée a pour objet d’accorder aux particuliers,
des droits, ce qui st notamment le cas d’une directive d’effet directe
pas transposée.
- La violation doit être suffisamment caractérisée. Cela va dépendre
de la marge d’appréciation laissée aux EM, de la clarté de la
précision de la règle, du caractère inexcusable ou non de la
violation, et le caractère volontaire ou non de la violation, et du rôle
éventuel qu’a pu jouer une institution dans la violation de cette
norme.
- préjudice et un lien de causalité direct entre le préjudice et la
violation.

PROCÉDURE
La procédure n’est pas prévue : c’est le principe de l’autonomie
procédurale : l’EM doit l’identifier, la choisir. Elle est limitée par deux
autres principes
- Principe d’équivalence : l’EM ne peut pas organiser une procédure
moins intéressante que celle qui existerait déjà pour la violation.
- Principe d’effectivité : quelle que soit la procédure que l’EM ait
prévue, il ne faut pas que l’effectivité du dédommagement soit
remise en cause. Il faut être certain que la réparation mise en place
permette une réparation adéquate du préjudice subi.

CHAPITRE 1 : LIBRE CIRCULATION DES MARCHANDISES


On aborde la libre circulation des marchandises, car il s’agit d’un régime
juridique dans lequel l’échange des biens ne rencontre à l’importation
comme à l’exportation, aucun obstacle juridique mis en place par les
états. Il y a une liberté, question est pourquoi on a voulu mettre en avant
cette idée de supprimer les obstacles à la circulation des marchandises. L
états ont une tendance naturelle à réglementer le passage des
marchandises aux frontières :
- il s’agit d’abord d’une source de revenus pour les états.
- Permet un contrôle de conformité aux normes de fabrications
- Permet la protection de l’économie
Ce type de barrière artificielle augmente le cout des échanges entre les
états membres, et donc peut limiter ces échanges.

SUPPRESSION DES OBSTACLES : L’UNION DOUANIÈRE


Les EM ont voulu développer l’éco entre eux car c’est un gage de paix. Ils
font le choix d’un modèle d’union douanière. Art 28 § 1 TFUE : union
douanière, qui s’étend à l’ensemble des échanges de marchandises, et qui
comporte l’interdiction entre les EM, des droits de douane à l’importation
et à l’exportation, et de toute taxe d’effet équivalent, ainsi que l’adoption
d’un tarif douanier commun dans leurs relations avec les états tiers.
L’union douanière a donc pour objet deux choses :
- Aspect interne de l’union douanière : relations commerciales entre
les EM
- Aspect externe : Les relations commerciales de l’UE avec les états
tiers
L’union douanière n’est pas simplement une zone de libre-échange. Elle va
plus loin : dans une zone de libre échange, les EM sont maitres de leur
politique douanière à l’égard des états non membres de la zone. Ici dans
l’union douanière, les EM ont abandonné leur souveraineté douanière, ce
qui signifie qu’ils n’ont plus du tout la liberté d’exercer leur droit de
douane, non seulement dans la zone de l’UE, mais aussi en dehors.

ASPECT EXTERNE :
LÉGISLATION DOUANIÈRE ET POLITIQUE COMMERCIALE COMMUNES
L’union douanière repose sur une législation douanière commune et une
politique commerciale commune.

LÉGISLATION DOUANIÈRE COMMUUNE


Depuis 1968 : Il y a un tarif douanier commun : TDC. Unifie les droits de
douane pour l’ensemble des frontières de l’UE. Donc quelque soit l’EM
concerné par un échange de marchandises avec un état tiers, le droit de
douane perçu sera le même perçu pour ce type de marchandise. Il établit
une nomenclature des marchandises susceptibles d’échanges
internationaux, puis établit la position tarifaire. Ex : la Chine peut vendre
des voitures en Europe, que ce soit en Allemagne ou en France, ce sera le
même tarif douanier.
- Le TDC est encadré par le code des douanes de l’UE et un règlement
de 1987 relatif à la nomenclature tarifaire.
- Les droits de douane perçus constituent une partie des ressources
propres de l’UE.
- Le régime douanier de droit commun peut être assoupli à l’égard de
certains états tiers, qui vont bénéficier de préférences tarifaires. Ex
Turquie ou Maroc, qui sont des partenaires privilégiés de l’UE.
POLITIQUE COMMERCIALE COMMUNE
Art 207 TFUE : la politique commerciale commune est construite autour de
trois axes

LIBÉRALISATION DES ÉCHANGES AVEC ÉTATS TIERS


Règlements 2015 : Libéralisation des échanges avec les états tiers, à
l’importation et exportation. Ces règlements reposent sur un principe de
liberté des échanges mais il y a une procédure de consultation et
d’information entre EM et UE pour que la commission puisse mettre en
œuvre des mesures de sauvegarde, qui ont pour objectif de
- protéger les opérateurs européens des importations
- Dans le cadre des exportations, c’est pour éviter les risques de
pénuries.
mesures pour des raisons de protection d’ordre public, de moralité
publique, sécurité publique, protection de la propriété industrielle ou
commerciales, raisons environnementales. Les états gardent la possibilité
de prendre des mesures de protection fondées sur un motif énuméré dans
les règlements.

PROTECTION DU TERRITOIRE DOUANIER EUROPÉEN


On libère les échanges avec les états tiers, mais on veut mettre en place
des mesures de défense commerciale, notamment
- Règlement 2016 : mettre en place des mesures contre le dumping
- règlement 2015 : mettre en place une défense contre les pratiques
commerciales illicite, soit d’un état tiers, lorsqu’il relève
abusivement de ses droits de douane
l’ensemble des mesures assurent une protection minimum et uniforme aux
marchandises européennes et aux marchandises des états tiers. Elles
permettent soit d’augmenter les droits de douane, ce qui permet
d’augmenter le prix à la consommation, soit d’empêcher les marchandises
d’entrer sur le territoire européen.

RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE


La politique européenne a été renforcée : l’UE a renforcé sa volonté d’être
plus agressive, et de ne plus être une zone où tous les détournements sont
peu sanctionnés.
- Règlement 2019 sur le filtrage des investissements directs
étrangers : reconnait la possibilité aux EM d’autoriser ou non des
investissements directs étrangers dans des secteurs sensibles
comme la santé, agriculture, médias, énergie, high tech.
- Règlement 2022 relatif aux subventions étrangères susceptibles de
fausser le marché intérieur : pour des entreprises qui interviennent
en Europe, aidées par leur état d’origine, les subventions étatiques
doivent être notifiées à la commission, à partir du moment où elle
considère que cette subvention va affecter le commerce sur le
marché intérieur. On a un début de contrôle des aides octroyées par
un état tiers.
- Règlement 2022 : IMPI : instrument relatif aux marchés publics
internationaux. Cherche à garantir aux entreprises de l’UE, un accès
équitable au marché public de pays tiers. Permet à la commission,
quand elle constate des obstacles à la présentation d’offres à des
marchés publics étrangers, de limiter l’accès des opérateurs du pays
étranger, au marché public organisé par les états membres.
PROMOTION DES POLITIQUES D’EXPORTATION
- La politique d’exportation est fondée sur le principe de liberté de
l’exportation vers des pays tiers, règlement 2015 qui met en place
un régime commun des exportations.
- L’UE a développé un cadre harmonisé pour les aides octroyées à
l’exportation ver les états membres, pour constituer un commerce
libre et équitable, et pour permettre l’investissement de sociétés qui,
sans ces aides, n’auraient pas des facilités de crédit

ADAPTATIONS À CETTE LÉGISLATION ET POLITIQUE


- Règlement 2012 vient notamment appliquer un schéma de
préférence tarifaire généralisé, pour les pays en voie de
développement. Ils ont un régime préférentiel.
- l’UE met en place des politiques commerciales à travers des accords
multilatéraux

ASPECT INTERNE
L’union douanière repose sur le principe de libre circulation des
marchandises, qui implique l’interdiction des droits de douane entre EM,
depuis 1968, et des taxes d’effet équivalent. Art 28 TFUE. Le libre échange
entre les états membres ne peut pas reposer sur cette seule interdiction
des droits de douane : question des quotas, autorisations préalables etc. la
suppression des droits de douane, qui sont des barrières tarifaires, doit
être accompagnée de la suppression des barrières non tarifaires.

SECTION 1: MARCHANDISES BÉNÉFICIANT DE LA LIBRE


CIRCULATION
Le principe de libre circulation a pour objet les échanges de marchandises
considérées comme européennes, entre les états membres.

§1 : NOTION DE MARCHANDISE
En DUE, marchandise : CJUE 1968 COMMISSION C/ Italie : tout produit
appréciable en argent, susceptible comme tel d’être l’objet de transactions
commerciales. L’élément déterminant c’est son aptitude à faire l’objet de
transactions. Cela intègre les produits industriels, agricoles, les biens
relevant du secteur culturel ou éducatif, (objets d’art), livres, œuvres
cinéma, électricité…

BIENS EXCLUS DE LA LIBRE CIRCULATION DES MARCHANDISES


BIENS HORS COMMERCE
produits hors commerce : la commercialisation est illicite en raison de leur
nature : ex héroïne. HORVATH 1985. Ce n’est pas suffisant qu’un bien soit
considéré hors commerce par la législation d’un EM pour l’exclure. C’est la
CJUE qui le décide.
- DIAMORPHINE 1995 : stupéfiants qui relèvent d’un commerce
contrôlé pour une utilisation médicale : bénéficien de la LC dans le
cadre de ce contrôle
- JOSEMANS 2010 : en raison d’une tolérance appliquée dans un EM,
ne cela permet pas de considérer que le cannabis est en totale libre
circulation, mais on peut contester une interdiction d’accès.
- Matériel de guerre : non exclus de la LC : TFUE prévoit dérogation :
EM peuvent adopter des mesures contraires à la LC pour protéger
intérêts de sécurité essentiels, COMMISSION C FINLANDE 1995 :
armes sont marchandises.

BIENS QUI NE SONT PAS DES MARCHANDISES :


Tout ce qui est appréciable en argent et qui peut faire l’objet d’une
transaction commerciale, n’est pas forcément une marchandise, laquelle
est avant tout un produit. Jaïgerskiod 1999 : droits de pêche. On peut
vendre ce droit de pêche. Mais ce n’est pas considéré comme une
marchandise, car ce n’est pas un produit. Les droits de pêche sont plutôt
liés à l’activité de pécher, on tombe alors plutôt dans le cas de la libre
circulation de services.

SERVICE + MARCHANDISE POUR UN MÊME FAIT


Il y a des situations où sont en cause à la fois un service et une
marchandise. Ex : l’acte médical du dentiste qui pose un appareil. Ou
vente par un concessionnaire d’une voiture. Dans ces deux cas il y a un
acte et une marchandise. La cour doit choisir si le produit en cause
bénéficie ou non de la libre circulation des marchandises. Pour y parvenir
elle fait application de la théorie de l’accessoire : cherche à déterminer si
le produit est un outil permettant d’effectuer le service ou non.
- Si le produit est un outil pour effectuer le service, pas de LC
marchandise.
o La situation en cause sera examinée par rapport à la LC des
services
- Si le service est un outil pour la marchandise, LC marchandise
CJUE SHINGER 2014 : La cour considère que l’importation et la diffusion
des billets et de publicité, n’était pas détachable de l’organisation de la
loterie, donc cette importation constitue l’accessoire indispensable de la
prestation de service. Donc LCS
CANAL SATELITE DIGITAL 2002 : Ici juge que les deux sont intimement liés.
Ne trouve pas lequel est l’accessoire de l’autre.
Commission contre Italie 1982 : introduit la théorie de l’accessoire.

§2 : CARACTÈRE EUROPÉEN DES MARCHANDISES


Art 28 al 2 TFUE : le principe de libre circulation des marchandises
s’applique uniquement aux produits originaires des états membres, ainsi
qu’aux produits en provenance de pays tiers qui se trouvent en libre
pratique dans les EM.

A: PRODUITS D’ORIGINE EUROPÉENNE


L’origine d’un produit, désigne le lieu où a été effectuée l’œuvre de
création de la marchandise. Les produits d’origine européenne sont les
produits pour lesquels l’œuvre de création a été réalisée dans L’UE. Cette
définition pose cependant de grosses difficultés en raison de la division du
travail : ex voiture, qui est composée de nombreuses pièces détachées, et
que ces pièces sont fabriquées et assemblées dans plusieurs états
membres voire non membres, comment déterminer l’état où la création du
produit est intervenue ? est-ce l’état où le produit a été définitivement
achevé ? l’état dans lequel le plus grand nombre de pièces a été
fabriqué ? l’état où le produit a été imaginé ? règlement 1968, puis code
des douanes de l’UE, issu du règlement 2013. Pour déterminer l’origine
d’une marchandise, distinction en fonction du nombre d’état intervenus
dans le processus de création

MARCHANDISE OBTENUE DANS UN SEUL PAYS


La marchandise est facilement originaire de ce pays. Ex : les minéraux
extraits du territoire d’un état. Blé poussé et récolté dans un pays… les
états membres, pour l’application de cette règle, sont considérés comme
constituant un seul territoire : la marchandise sera considérée comme
euro si elle est obtenue dans l’UE, dans un ou plusieurs EM. Du beurre
européen, ca peut être du lait français, avec la fabrication du beurre en
Italie.

MARCHANDISE OBTENUE DANS PLUSIEURS PAYS


L’origine correspond au pays dans lequel la marchandise a subi sa
dernière transformation substantielle, économiquement justifiée, et
effectuée dans une entreprise équipée à cet effet. Cette transformation
substantielle aboutit à la fabrication d’un produit nouveau.

NOTION DE DERNIÈRE TRANSFORMATION SUBSTANTIELLE


La notion de dernière transformation substantielle a souvent été précisée
par les juges : arrêt HEKO, 2009 : la cour juge que la transformation d’un
produit, n’est substantielle qu’à partir du moment où le produit qui résulte
de la transformation, a des propriétés et une composition propre, qu’il ne
possédait pas avant cette transformation. Il peut y avoir plusieurs
transformations substantielles avant d’arriver au produit fini. Celle qui
intéresse l’identification de l’origine, c’est la dernière. La conséquence de
cette définition, est que des opérations de tri ou d’emballage ne
constituent pas une transformation substantielle pour conférer l’origine.

QUESTION DE L’ASSEMBLAGE.
Un problème particulier est arrivé avec le développement des usines
d’assemblage
- 1979 YOSHIDA arrêt des fermetures éclair : une partie de la
fermeture dans un pays A, l’autre B. La cour estime que la dernière
partie faite dans le pays B, déterminait l’origine, parce que chaque
élément prend toute son utilité à travers l’assemblage. La JP de la
cour est fondée sur des critères d’ordre technique, qui vont prendre
en compte la diversité des processus de création de différents
produits. On détermine si l’assemblage donne des propriétés
spécifiques nouvelles au produit assemblé, en fonction de ces
processus de création.
- En cas de doute, la cour a accepté des critères subsidiaires, ex la
valeur ajoutée : THOMPSON 2007 : la cour devait déterminer si le
choix du montant de la valeur ajoutée à une opération de montage
pouvait fonder l’origine du produit. oui. c’était le montage qui était
le plus important.
o un changement de position tarifaire sur le TDC, c’est un indice
du caractère substantiel de la transformation. S’il n’y a pas eu
de changement, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas
eu de transformation.

B: MARCHANDISES MISES EN LIBRE PRATIQUE


Les marchandises mises en libre pratique dans un état membre sont
assimilées aux produits d’origine européenne pour la LCM. Cette notion de
mise en libre pratique est définie par art 29 TFUE : vise les produits
d’origine de pays tiers, qui sont importés dans un EM, et pour lesquels les
formalités d’importation ont été accomplies, et les droits de douane et
TEE, ont été perçus dans cet état membre, sans qu’aucune ristourne,
totale ou partielle ait été faite sur ces droits et taxes. L’article assimile les
marchandises des états tiers aux marchandises des EM si deux conditions
sont satisfaites
- un dédouanement effectué dans un EM et conformément aux règles
euro
- absence de remboursement par l’EM ayant réceptionné la
marchandise, payés par l’importateur.
C’est une marchandise qui au départ est étrangère, et qui a acquis sa
possibilité de circuler librement, en payant son ticket. Ainsi, elle est
assimilée aux produits euro de la LCM. DONCKERWOLCKE 1976 :
assimilation définitive. Puis arrêt LEGO 2018.

LÉ DÉDOUANEMENT
Le dédouanement de la marchandise va s’effectuer selon des formalités
qui sont édictée dans le code des douanes de l’UE.
- C’est au moment du dédouanement que l’autorité douanière
nationale qui va être compétente, doit situer la position tarifaire de
la marchandise dans le TDC, identifier l’origine de la marchandise, et
calculer la valeur douanière de la marchandise et enfin, doit vérifier
si l’importateur s’est acquitté des différentes obligations douanières.
- C’est aussi à ce moment là que l’on vérifie que la marchandise n’est
pas illicite, qu’elle ne présente pas de danger, par ex de santé ou
sécurité, et que tous les marquages et documents imposés par l’UE
sont réalisés.
C’est une fois ce processus réalisé que la marchandise est libérée, et peut
circuler dans l’UE.

SECTION 2 : L’INTERDICTION DES BARRIÈRES TARIFAIRES


La seule interdiction des droits de douane et TEE, n’est pas suffisante pour
permettre une circulation réelle entre les EM des marchandises. Il faut
supprimer toutes les entraves tarifaires possibles, mais également tous les
obstacles non tarifaires, qui peuvent être mis en place par les EM. Les
barrières nationales sont de deux sortes :
- barrières douanières Dans le traité, les entraves douanières sont
interdites en elles-mêmes. pas de possibilité de dérogation. principe
fondamental pour la LCM. Dès 1963, l’art 30 TFUE est considéré
d’effet direct, cf. VAN GEND EN LOOS 1963.
- Entraves fiscales : en revanche les entraves fiscales ne sont pas
toujours interdites en DUE. Art 110 TFUE, également d’effet direct,
uniquement si elles ont un effet discriminatoire ou protectionniste.

§1 SUPPRESSION DES DROITS DE DOUANES ET TAXES D’EFFET


ÉQUIVALENT
Un droit de douane est une charge pécuniaire, qui frappe les marchandises
au passage d’une frontière, et qui est inscrite dans un tarif douanier
prédéterminé. C’est autorisé et réglementé pour le franchissement des
frontières extérieures avec TDC. Ces droits de douane sont interdit avec
art 28 et 30 à l’importation comme à l’exportation. Le premier signe de
l’union douanière est l’interdiction de ces droits de douane, depuis 1968.
Si le droit de douane ne pose pas de problème, il n’en est pas ainsi pour
les taxes ayant un effet équivalent à un droit de douane. Ces taxes sont
aussi interdites. Elles concernent les mesures tarifaires qui sont déguisées
sous une appellation quelconque, mais aboutissent au même résultat
qu’un droit de douane, soit l’augmentation du coût de la marchandise

A: DÉFINITION DES TAXES D’EFFET ÉQUIVALENT


DÉFINITION
COMMISSION C/ Italie 1969 : TEE : charge pécuniaire, fut elle minime,
unilatéralement imposée, quelque soit son appellation et sa technique, et
frappant les marchandises nationales ou étrangères, à raison du fait
qu’elle franchisse la frontière, lorsqu’elle n’est pas un droit de douane
proprement dit, constitue une taxe d’effet équivalent, alors même qu’elle
ne serait pas perçue au profit de l’état, qu’elle n’exercerait aucun effet
discriminatoire ou protecteur, et que le produit imposé ne se trouverait
pas en concurrence, avec une production nationale.

PRÉCISIONS
- 2019 DIMOSIO : TEE s’applique uniquement aux charges
pécuniaires. Toutes les autres sont appréhendées sur (art 34 et s sur
restrictions quantitatives, MERQ).
- Le montant de la charge est totalement indifférent
- Le prélèvement en question doit résulter d’une mesure nationale
o Ne sont pas visées les redevances perçues par un état
membre, pour satisfaire aux obligations imposées par le DUE
ou conventions. BAUHUIS 1977 mais attention si ca dépasse le
montant, ca devient TEE.
o EM peut agir unilatéralement (acte unilatéral de droit public)
mais aussi par une série de conventions privées, passées par
l’état, GARONOR 1995
- Le fait générateur est le franchissement de frontière : élément
d’extranéité. Ce franchissement peut s’opérer dans le sens de
l’entrée (TEE à l’importation) ou dans le sens de la sortie (à
l’exportation). Le prélèvement peut être effectué après le
franchissement, ou avant. Le moment n’est pas le souci, c’est la
CAUSE du prélèvmt
o Les frontières concernées sont les frontières nationales, mais
aussi les frontières régionales : LANCKRI 1994
- l’objectif du prélèvement est totalement indifférent, CAPNIKI 2000
- FENS : toutes les dérogations prévues pour l’interdiction des
barrières non tarifaires, prévues à l’art 36 TFUE et par la
jurisprudence sous la notion d‘exigence impératives, ne sont jamais
applicables pour éviter la qualification et l’interdiction des TEE.
- CRT 1999 : France condamnée pour avoir mis en place un
prélèvement sur des importations, alors qu’il n’y a pas de production
française. Mais c’est indifférent qu’il n’y ait pas de production
française.

B PRÉLÈVEMENTS QUI NE SONT PAS DES TEE INTERDITES


1 : TAXES CONSTITUANT LA RÉMUNÉRATION D’UN SERVICE RENDU
ici le fait générateur du prélèvement n’est pas le franchissement de la
frontière. Dans ce cas, le prélèvement constitue la contrepartie d’un
service qui a été offert à l’importateur, ou à l’exportateur. CARBONATI
2004. Mais la théorie des services rendus est très difficile à qualifier et à
appliquer
- Avantage effectif : L’avantage procuré doit pouvoir être
objectivement constaté.
- L’avantage doit être facultatif : le service proposé, ne doit pas être
obligatoire mais au choix de l’opérateur qui en bénéficie. Ex
DONNER 1983 : caractère non facultatif, qui rendait impossible
l’application de la théorie du service rendu.
- Avantage personnel : le service rendu doit profiter spécifiquement et
uniquement à la personne qui le rémunère. sinon, la redevance est
une TEE. par exemple un intérêt général, n’est pas un avantage pour
l’opérateur, mais un avantage pour l’intérêt général, donc la théorie
du service rendu ne marche pas. MARIMEX 1972
- L’avantage doit être proportionné au prélèvement : FORD ESPAGNA
1989 : en l’espèce le dédouanement constituait un avantage effectif
et individuel, mais le prélèvement n’était pas proportionné, car il
était calculé par rapport à la valeur des marchandises concernées,
et non pas forfaitaire.

2: IMPOSITIONS INTÉRIEURES
Ne sont pas des TEE les charges pécuniaires qui sont des impositions
intérieures. En effet, la JP a toujours affirmé qu’une redevance, un
prélèvement, ne peut pas cumuler les deux qualifications. On retient soit
la qualification de TEE, soit d’imposition intérieure. Principe de non cumul,
DIMOSIO 2019
- CAPOLONGO 1973 : quand l’ensemble des mesures sont affectées
au financement d’un avantage quelconque, qui vient entièrement
compenser la charge supportée par les produits nationaux,
l’imposition apparente est requalifiée en TEE.
- En revanche, lorsque l’avantage ne vient que compenser
partiellement la charge supportée par la marchandise nationale, la
TEE n’est pas retenue mais on est face à une imposition intérieure
discriminatoire.
Il y a une TEE et non une imposition, lorsque la charge pécuniaire perçue
est supportée uniquement par les produits franchissant la frontière, alors
qu’au départ il y avait un prélèvement pour tous les produits en cause, en
revanche si cette charge pèse partiellement sur la production nationale,
parce qu’il y a une redistribution partielle, alors on est face à une
discrimination intérieure discriminatoire.

§2 INTERDICTION DES IMPOSITIONS INTÉRIEURES


DISCRIMINATOIRES
Le traité n’interdit pas aux EM d’exercer leur compétence fiscale. Ils n’ont
plus de compétence en matière douanière, mais conservent leur
compétence fiscale. Mais art 110 TFUE vient limiter cette compétence : a
pour objet d’interdire aux EM la mise en place de régimes de fiscalité qui
leur permettraient d’avantager les marchandises nationales, au détriment
notamment des marchandises importées. En fait l’art 110 garantit la
neutralité des systèmes d’imposition intérieure, concernant la concurrence
entre produits, quelque soit leur origine ou destination. Neutralité fiscale
sur la concurrence. COMMISSION C/ MALTE 2024 : rappelle ce principe.
MESURES VISÉES PAR ART 110
Mesures d’imposition visées par art 110 : charge pécuniaire qui résulte du
régime appréhendant systématiquement au même stade de
commercialisation selon les mêmes critères objectifs, des catégories de
produits, indépendamment des origines et destinations. Deux types de
mesures interdites :
- Mesures fiscales discriminatoires entre produits nationaux et
produits de tiers
- Mesures protectionnistes à l’encontre d’une production étrangère
concurrence

A: INTERDICTION DES DISCRIMINATIONS FISCALES


Art 110 al 1 TFUE : interdiction des mesures fiscales discriminatoires. Deux
conditions :
- Le produit national et le produit importé doivent être similaires
- L’impôt doit avoir un effet discriminatoire

1: NOTION DE PRODUITS SIMILAIRES


La conception de la cour mélange l’appréciation objective et l’appréciation
subjective.
- On considère les caractéristiques objectives du produit
- On prend en compte l’utilisation qui en est faite
La similitude n’est pas un critère d’identité, c’est un critère d’analogie, et
de comparabilité dans l’usage des produits. Les juges ne prennent pas en
compte les habitudes de consommation, car elles sont trop subjectives.
COMMISSION C/ Italie 1980,

2: TRAITEMENT DISCRIMINATOIRE
Le caractère discriminatoire est très largement interprété. Il correspond à
toutes les situations où le régime d’imposition traite moins bien,
directement ou non, les produits importés, par rapport aux produits
nationaux similaires.
- Ça peut être caractérisé par une différence de taux d’imposition.
COMMISSION C/ France 2002.
- En fonction des modalités de prélèvement, DOS SANTOS 2018
- l’importance de la discrimination est indifférente. Une différente
minime peut autant être considérée comme une discrimination
- La discrimination doit être en faveur de la production nationale : Les
discriminations à rebours ne sont pas concernées par l’art 110 : si un
état impose plus cher sa production nationale, c’est son souci. Pas
application de 110.

POSSIBILITÉ DE MESURES DIFFÉRENCIÉES


L’art 110 n’interdit pas de prendre des mesures d’imposition différenciées,
à partir du moment où la différenciation repose sur des critères objectifs :
ex : CJCE 1991 COMMISSION C/ GRECE : le caractère artisanal de certains
alcools, par rapport à des alcools industriels, justifiait un cout plus faible.
La conditions, c’est que cette différenciation doit aussi être faite à
l’importation : si les productions nationales en bénéficient, les importées le
doivent aussi. Sinon ca perd tout son sens.

B: INTERDICTION DE MESURES FISCALES PROTECTIONNISTES


Art 110 al 2 TFUE : il y a également deux conditions cumulatives :

1: RAPPORT DE CONCURRENCE
Il faut un rapport de concurrence entre les marchandises concernées, soit
entre l’état membre qui met les mesures fiscales, et les marchandises
importées. Commission C/ Danemark : la condition est satisfaite même en
rapport de concurrence partiel, indirect ou potentiel. Rappelé dans
commission c/ Suède, 2008. Cette notion est large, et englobe davantage
de situations que la notion de similitude, visé à l’al 1 de l’art 110, laquelle
suppose un rapport de concurrence direct. La cour recherche si les
produits, aux yeux des consommateurs, vont constituer une alternative
possible pour le présent et pour l’avenir. Son analyse est donc dite
dynamique, prospective. Elle prend en compte les possibilités d’évolution
de la consommation. Evolution initiée par l’effectivité de la LCM. Dans
commission contre suède, il y a un rapport de concurrence en l’espèce
entre les vins pas chers et la bière

2: NOTION D’EFFET PROTECTEUR


Pour déterminer un effet protecteur d’une imposition, il faut prouver que
cette imposition est au profit du produit national : est-ce que ca dirige le
consommateur vers le produit national. Le régime d’imposition doit
montrer une fiscalité différenciée. Pour commission c/ Suède : La cour dit
que la seule différence de traitement fiscale ne justifie pas un effet
protectionniste. Pour que ca le soit, il faut que l’imposition favorise les
produits nationaux, qu’elle détourne la demande des consommateurs vers
les produits nationaux. En l’espèce, l’écart ne permettait pas de constater
la notion d’effet protecteur.

C: APPLICATION GLOBALE DE L’ART 110


- l’art 110 se fait en deux temps : on applique l’al 2 uniquement après
avoir constaté que le régime n’est pas interdit sur l’al 1 parce que
les produits ne sont pas similaires. Donc après ca on regarde le
rapport de concurrence et l’effet protecteur. RODERS.
- Mais ce raisonnement se fait de moins en moins : aujourd’hui la cour
préfère faire une application globale de l’art 110. Application
indifférenciée : on ne distingue plus l’al 1 et 2. CJUE TARANTIC 1999 :
la cour mélange des conditions de l’al 1 et des conditions de l’al 2 :
elle considère que la similitude entraine un rapport de concurrence.
On cherche juste à savoir si l’impôt est neutre ou pas globalement. Et que
ce soit l’un ou l’autre des cas, ce sera l’art 110 globalement qui ne sera
pas respecté. La sanction sera la récupération des paiements.
§3 RÉCUPÉRATION DES PAIEMENTS INDÛMENT PERÇUS
Que ce soit MEE ou impôt protectionniste, peu importe, la sanction sera la
récupération des paiements indument perçus. Le traité prévoit
l’interdiction des législations qui font ce genre de prélèvement, mais le
principe de remboursement n’est pas prévu. Ce principe de
remboursement s’impose comme seule sanction efficace contre les EM qui
maintiendraient des barrières tarifaires. Ce principe de remboursement est
corollaire de l’interdiction des TEE et impôts protectionnistes, 1983, San
Giorgio : principe encré dans la JP pour les TEE et pour le remboursement
des impositions intérieures illicites. Selon le juge il convient de faire un
remboursement intégral :

REMBOURSEMENT AU JOUR DE L’INSTITUTION DU PRÉLÈVEMENT


L’obligation de remboursement apparait au jour de la mise en place du
prélèvement par l’état membre, pas au jour où le juge euro constate
l’existence du prélèvement interdit. Cela inclut les intérêts perçus au jour
où le paiement a été effectué. Mais les sommes peuvent devenir très
grandes quand ca fait très longtemps que les états perçoivent ces
prélèvements. Donc a titre exceptionnel, la cour peut limiter les effets
dans le temps, par sécurité, pour prévenir des risques éco graves. mais
pour ca il faut la bonne foi des états, soit le fait qu’ils ne savaient pas
qu’ils faisaient une TEE. c’est à l’état qui sollicite cette limitation dans le
temps, de produire des données qui établissent le risque de répercussion
éco grave.

LE MONTANT À REMBOURSER PEUT ÊTRE MODULÉ


A LA BAISSE
parce que le juge considère qu’un état membre n’a pas à rembourser un
prélèvement dans des conditions qui entraineraient un enrichissement
sans cause de l’opérateur : donc on ne veut pas rembourser plus que ce
que mérite l’infraction. 2011 CJUE DANFOSS :
- dans l’évaluation du montant à rembourser, il faut tenir compte de
l’incorporation éventuelle du prélèvement payé, dans le prix de
vente de la marchandise et donc de sa répercussion sur l’acheteur.
Le DUE offre un droit au remboursement des prélèvements illicites
effectivement supportés par l’opérateur. Il n’offre pas un droit au
remboursement des prélèvements effectivement payés
- lorsque le prélèvement est une imposition intérieure, le
remboursement ne porte pas sur le montant total de l’impôt payé :
le remboursement c’est la différence entre la charge du prélèvement
supporté par les produits importés, soit commercialisés sur le
marché de l’UE, et la charge du prélèvement supportée par les
produits nationaux, commercialisés sur le marché national.

A LA HAUSSE
il est possible depuis l’arrêt COMATEB 1997, de prendre en compte le
préjudice que l’opérateur peut avoir subi en raison de la restriction. C’est
l’état membre concerné qui détermine la procédure à suivre pour obtenir
le remboursement : autonomie procédurale, retenue depuis HANS JUST
1980. C’est une obligation des EM de mettre en place une procédure
spécifique. Le principe de remboursement est un principe européen, et ca
prime sur les droits internes. Et les états ont l’obligation d’organiser la
procédure pour obtenir ce remboursement, qui doit être effectif. Et les
règles de procédure doivent permettre le respect de la protection
juridictionnelle prévue par la charte.
PRINCIPE D’ÉQUIVALENCE ET D’EFFECTIVITÉ
Le principe de remboursement est lié à deux autres principes
- Principe d’équivalence : les modalités procédurales qui sont prévues,
ne doivent pas être moins favorables que les modalités procédurales
concernant des recours similaires de nature interne.
- Principe d’effectivité : les modalités procédurales, ne doivent pas
rendre impossible en fait, l’exercice du droit au remboursement

SECTION 3 : L’INTERDICTION DES BARRIÈRES NON TARIFAIRES


Il s’agit d’un dispositif mis en place pour supprimer les barrières non
tarifaires, et qui repose sur deux outils
- Règles générales des traités qui fondent l’action répressive de l’UE
- Stratégie d’harmonisation européenne qui fonde l’action préventive

RÈGLES GÉNÉRALES DES TRAITÉS


- L’art 34 du TFUE interdit aux EM d’adopter des mesures destinées à
restreindre quantitativement les importations de marchandises, et
les mesures ayant des effets équivalents.
- L’art 35, c’est la même chose pour les exportations des
marchandises.
- L’art 36 prévoit un régime dérogatoire aux interdictions prévues.

LA STRATÉGIE D’HARMONISATION
La stratégie d’harmonisation européenne fonde l’action préventive de l’UE.
En effet, l’harmonisation vient compléter le principe d’interdiction des
entraves non tarifaires. L’application de ce principe d’interdiction, permet
d’intervenir a posteriori contre les mesures nationales qui entraveraient la
libre circulation des marchandises. Il est donc également, mais aussi
davantage efficace, d’éviter de telles mesures nationales. L’harmonisation
des législations permet justement de supprimer les disparités législatives,
en organisant le rapprochement des législations nationales, sur le
fondement des art 114 et s du TFUE.

AU DÉPART : STRATÉGIE D’HARMONISATION TOTALE


Au départ, l’UE avait une stratégie d’harmonisation totale, en adoptant
des directives permettant aux EM de modifier leur législation, en imposant
des normes sectorielles européennes de fabrication et de
commercialisation, qui allaient se substituer aux normes nationales.

ENSUITE : PRINCIPE D’ÉQUIVALENCE ET DE RECONNAISSANCE


MUTUELLE
Puis : on s’appuie alors sur le principe d’équivalence et de reconnaissance
mutuelle, reconnu par CASSIS DE DIJON 1979. la commission va se
concentrer su l’adoption de normes techniques uniquement lorsque ces
normes correspondent à des exigences essentielles en matière de sécurité
et de santé. Les normes qui ne sont pas relatives à la sécurité et la santé
seront qualifiées de volontaires : les EM gardent une marge de manœuvre
pour les incorporer ou non dans leur législation. L’UE va imposer des
standards minimums, Un produit conforme à ces exigences essentielles,
bénéficiera de la LCM.
DISPOSITIF DE SAUVEGARDE
Aujourd’hui, il existe un dispositif de sauvegarde pour les EM, qui a deux
volets
- Clause de sauvegarde a posteriori : Art 114 : il est possible
d’autoriser un EM à maintenir, dans des domaines harmonisés, des
mesures contraires à la LCM, si elles sont justifiées par les exigences
de l’art 36 TFUE. Il s’agit d’une clause de sauvegarde a posteriori qui
permet a un EM de ne pas appliquer une directive, même au regard
des exigences essentielles de celle-ci. Toutefois cette clause de
sauvegarde joue uniquement après un contrôle renforcé et effectué
par la commission.
- Clause de sauvegarde a priori : Art 114 § 10 : prévoit que les
directives d’harmonisation peuvent dans certains cas, autoriser
directement un EM à édicter, pour des raisons citées dans l’art 36,
des mesures provisoires contraires à la LCM dans le domaine
concerné par la directive. Il s’agit d’une clause de sauvegarde a
priori intégrée dans le texte d’harmonisation.

INSTRUMENTS D’INFORMATION
En complément de l’harmonisation, l’UE a également mis en place des
instruments d’information permettant d’identifier l’apparition d’obstacles
non tarifaires à la LCM.
- la directive 2015 qui met en place un mécanisme d’information
préalable et obligatoire des projets de réglementation des normes
techniques élaborées par le droit national.
- Règlement 1999 FRAISE, qui met en place une procédure d’alerte
rapide dont l’objectif est de supprimer les entraves qui provoquent
perturbation grave à la LCM.
- Règlement 2019 prévoit l’amélioration de l’information des
opérateurs éco sur les règles techniques nationales avec mise en
place de points contacts dans chaque EM.

§1 : L’INTERDICTION DES RESTRICTIONS QUANTITATIVES ET DES


MESURES D’EFFET ÉQUIVALENT
La notion de restriction quantitative vise les normes dont l’objet est de
limiter ouvertement les importations ou exportations. Cette catégorie de
mesures a disparu. En revanche, demeurent les mesures d’effet équivalent
à des restrictions quantitatives (MEERQ, j’écrirai MERC). Ces MERC
peuvent prendre des formes multiples, la restriction n’est pas directe, mais
a un effet équivalent. CJCE 1974 DASSONVILLE : définition : toute
réglementation commerciale des EM, susceptible d’entraver directement
ou indirectement, actuellement ou potentiellement, le commerce
intracommunautaire, est à considérer comme une MERC.
A : DOMAINE ÉTENDU
1 : MESURES CONCERNÉES
- Règles imputables aux organes liés directement ou indirectement à
l’état : réglementations des pouvoirs législatif et exécutif, adoptées
par les autorités admin, la jurisprudence…
- La mesure étatique n’est pas seulement constituée des actes
contraignants, elle peut prendre la forme d’une incitation des
pouvoirs publics, et cela peut aussi être une abstention : commission
c/ France 1998, abstention du gouvernement dans la surveillance de
ses ressortissants. contraire au principe fondamental de la LCM.
- On n’est pas nécessairement devant un organisme de droit public :
si on a un dispositif législatif qui attribue à un organisme privé, un
pouvoir de fait pour réglementer l’entrée sur le marché d’un EM : in
a une MERC.
- CJCE 1997 KIFFER : une mesure émanant d’une institution UE peut
être une mercredi KOENEN 2000 : cependant, une mesure nationale
adoptée par un EM, pour se conformer à une directive
d’harmonisation de contrôle sanitaire, n’est pas une MERC au sens
de l’art 34 TFUE.

2 : EFFET RECHERCHÉ SUR LES ÉCHANGES EUROPÉENS


L’interdiction des MERC repose sur le caractère entravant de la mesure,
pour les échanges européens. Idée d’une entrave.

UN EFFET AU MOINS POTENTIEL


- Les art 34 et 35 ne concernent que les échanges entre EM sur l’UE,
donc sont exclues les restrictions qui affectent les états tiers :
INTERNATIONAL FRUIT 1971.
- Sont également exclues les situations purement internes : suppose
un élément d’extranéité. Donc en raison de cette exclusion des
situations purement internes, les législations nationales qui
mettraient en place une discrimination à rebours (défavorisent les
marchandises nationales par rapport aux marchandises importées),
ne sont pas interdites
- CJCE PISTRE 1997 : mais attention, une situation qui pourrait être
d’apparence purement interne peut avoir des répercussions sur l’UE.
Donc élément d’extranéité virtuel, qui justifie l’application de
l’article et de l’interdiction.

UN EFFET NON ALÉATOIRE


L’effet entravant visé par DESSONVILE devait être direct / indirect ou
même potentiel, mais ne peut pas être aléatoire, c’est-à-dire qu’il ne peut
pas être une question de hasard. La qualification de MERC ne sera pas
retenue et le DUE ne sera pas applicable. Il faut qu le droit applicable et la
mesure en cause aient un lien suffisant
- Arrêt KRANTZ 1990 : en l’espèce la supposée entrave qui résulterait
de la loi nationale, est beaucoup trop aléatoire pour qu’on puisse
retenir une MERC

B: QUALIFICATION COMPLEXES DES MESURES D’EFFET


ÉQUIVALENT
L’application des MERC ne repose pas sur les mêmes critères quand on
applique
- Art 34 : MERC à l’importation
- Art 35 : MERC à l’exportation
JURISPRUDENCE AUTOUR DES MERC, ART 34
- DASSONVILLE 1974 : donne la def des MERC
- CASSIS DE DIJON, 1979 : une entrave peut résulter d’une mesure
indistinctement applicable : s’applique aux marchandises nationales
et marchandises importées.
- KECK ET MITHOUARD 1993 : revirement jurisprudence : que les
règlementations relatives aux modalités de vente et produit (ex
réglementation de la vente par internet, de la vente au détail), ne
sont pas des MERC,
o sauf si elles ne sont pas appliquées à tous les opérateurs
o ou sauf si elles ont un caractère discriminatoire en droit ou en
fait.
o ajoute que les réglementations relatives aux caractéristiques
des produits demeurent des MERC.
- Commission c/ Italie 2009 : les mesures nationales qui interdisent
l’accès d’un produit à un marché national, notamment en interdisant
son usage, sont des MERC. Par ex : en France, on a le droit de
fabriquer feux d’artifice mais l’usage est interdit. Ces
réglementations ont été considérées comme des MERC
Les MERC sont donc soit des mesures qui ne respectent pas, soit les
principes de non-discrimination et de reconnaissance mutuelle des
produits fabriqués et commercialisés entre EM, soit qui ne respectent pas
l’obligation d’assurer le libre accès des produits au marché national. Cela
est repris dans 2012 ENENCA, et ANETTE 2012.

MESURES NATIONALES CONSTITUANT DES MERC AU SENS DE


L’ART 34
Au regard de l’arrêt ANETTE, trois types de mesures nationales
- Objet discriminatoire : Celles qui ont pour objet ou effet de traiter
moins favorablement les marchandises importées que celles de
l’état membre
- Effet discriminatoire : Celles relatives aux caractéristiques des
marchandises, même indistinctement applicables, et qui limitent le
flux des importations. Elles n’ont pas forcément un objet
discriminatoire mais un effet discriminatoire.
- Celles qui entravent l’accès au marché national
Quatrième catégorie qui concerne l’application de l’art 35 TFUE : pour
qu’on ait une MERC à l’exportation il faut constater une mesure
discriminatoire, selon 1979 GROENVELD.

1: MESURES DISCRIMINATOIRES À L’IMPORTATION


Mesures qui traitent désavantageusement les produits importés. Cette
catégorie vise deux types de mesures

MESURES DISCRIMINATOIRES EN DROIT :


Mesures formellement discriminatoires : par objet, en droit : ces mesures
peuvent avoir différentes formes

I: MESURES UNIQUEMENT APPLICABLES AUX PRODUITS IMPORTÉS


Mesures uniquement applicables à l’importation des marchandises, qui
gênent l’importation : formalités d’importation particulières par ex un
certificat préalable d’importation. C’est une formalité supplémentaire qui
gêne l’importation. Commission contre France 2010, recours en
manquement : concerne les AT, substances qui interviennent dans la
fabrication de denrées alimentaires
II : MESURES UNIQUEMENT AUX MARCHANDISES NATIONALES
Mesures uniquement applicables aux marchandises nationales, pour leur
conférer un avantage : buy irish campaign

III : MESURES APPLICABLES DE MANIÈRE DIFFÉRENTE AUX


PRODUITS IMPORTÉS ET NATIONAUX
Les mesures concernent à la fois les marchandises nationales et
importées, mais de manières différenciées aux produits importés et
nationaux, en défaveur des marchandises importées. Commission c/ pays
bas : régime d’autorisation préalable en l’espèce, mais conditions plus
restrictives sur les marchandises importées.

REMARQUE : KECK ET MITHOUARD ET LES MERC


En ce qui concerne les mesures relatives aux modalités de ventes, KECK
ET MITHOUARD 1993, considère que si elles sont formellement
discriminatoires, elles sont des MERC : elles s’appliquent uniquement ou
plus durement aux marchandises importées.

MESURES DISCRIMINATOIRES EN FAIT


Se présentent comme étant indistinctement applicables : s’appliquent à
toutes les marchandises, avec un régime identique. Sauf qu’en fait, elles
affectent davantage les produits importés, : sont typiquement des
mesures qui imposeraient une caractéristique d’un produit, qui colle avec
la réglementation nationale. CASSIS DE DIJON, En l’espèce : alcools, qui,
s’ils ont un degré minimum d’alcool, ont une appellation particulière. en-
dessous de ce degré minimum, pas d’appellation spéciale. Mais la cour
admet pour la première fois qu’une mesure indistinctement applicable est
susceptible de constituer une MERC : la mesure a un effet restrictif sur
l’importation : en l’espèce, les alcools avec une appellation spéciale,
étaient protégés des alcools des autres alcools qui n’avaient pas cette
appellation, parce qu’avoir cette appellation faisait vendre davantage.

REMARQUE
KHECK ET MITHOUARD : les réglementations relatives aux modalités de
vente d’un produit, sont discriminatoires de fait, si elles affectent plus la
commercialisation des marchandises importées, que la commercialisation
des produits nationaux. Donc la discrimination est aussi utilisée dans cette
JP

DIFFICULTÉS SUR LA QUALIFICATION DE DISCRIMINATION DE FAIT


Mais attention la notion de discrimination de fait est assez ambiguë : il
faut déjà une mesure nationale pour pouvoir voir une discrimination. Que
se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas de produit national qui ressemble à la
production importée ? commission c/ GRECE 1995 : loi grecque qui
réglementait le lait pour bébé : ne peut être vendu que dans les
pharmacies. Il n’y avait pas de production nationale donc la mesure ne
concernait que les produits importés. On pouvait considérer que dans
cette situation, la mesure était en fait défavorable aux laits pour bébés
importés. Mais la cour a estimé que non. mais THOMMAZO MORELLATO
2003 : le cour considère qu’il y a une discrimination de fait, alors qu’il
n’existe pas de législation nationale. Donc revirement.

2: MESURES INDISTINCTEMENT APPLICABLES RELATIVES AUX


CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT À L’IMPORTATION
Ces mesures sont susceptibles de constituer des MERC. C’est
indirectement l’apport de KECK ET MITHOUARD qui distingue
- les meures relatives aux modalités de ventes qui ne sont pas des
MERC sauf si ne s’appliquent pas à tous les opérateurs ou ont un
effet discriminatoire,
- et les mesures indistinctement applicables, relatives aux
caractéristiques du produit, qui sont des MERC, même si elles n’ont
pas d’effet discriminatoire.
Ici pour ces mesures relatives aux caractéristiques, il suffit de constater
qu’elles réduisent le flux des importations, par rapport à s’il n’y avait pas
cette mesure nationale. Ce n’est pas pareil que les mesures relatives aux
modalités de ventes, pour lesquelles il faut regarder l’effet discriminatoire.
Ici, on ne cherche pas à caractériser une quelconque discrimination. On
regarde l’effet entravant de la mesure nationale. L’effet entravant peut
être une simple exigence de composition, parce que ça a forcément un
impact pour les autres pays de tenir compte de cette exigence pour
pouvoir importer les produits dans l’état.

DISTINCTION CARACTÉRISTIQUE DU PRODUIT / MODALITÉ DE VENTE


- Les caractéristiques du produit sont le nom, le poids, l’étiquetage,
etc. il s’agit des caractéristiques physiques et chimiques du produit.
- Les modalités de vente sont tout ce qui n’est pas caractéristique du
produit.
Mais il faut rester prudent sur cette distinction et se demander toujours au
cas par cas si la mesure a un impact sur les caractéristiques du produit ou
sur les modalités de la vente.

QUESTION DE LA PUBLICITÉ
MARS, 1995, la commercialisation de barres glacées a été interdite, car
elles avaient sur leur emballage, plus de 10%, ce qui correspondait à
l’augmentation de la quantité de produit. Cette mesure est normalement
relative à la publicité, donc selon KECK et MITHOUARD, c’est plutôt
modalité de vente, donc pas une MERC sauf si discriminatoire. Mais la cour
dit qu’on est sur des caractéristiques du produit, car la publicité est
intégrée au conditionnement, à l’emballage, donc elle nécessiterait de
désemballer tout et de tout réemballer. Et donc à partir du moment où
c’est une mesure sur la caractéristique du produit, plus besoin de chercher
l’effet discriminatoire.

QUESTION DU CONDITIONNEMENT
- La cour a considéré qu’on était en face d’une mesure relative aux
modalités de vente. pour vendre en boulangerie le pain congelé
précuit, il y a une obligation de l’emballer, qui est une obligation
relative aux modalités de vente, même si c’est un conditionnement.
- Mais si la mesure a un impact sur les caractéristiques du pain ca
peut devenir une mesure relative aux caractéristiques du produit. Si
les exigences ne prennent pas en comptes les caractéristiques du
produit, c’est une mesure relative aux caractéristiques

3 : MESURES QUI ENTRAVENT L’ACCÈS AU MARCHÉ NATIONAL À


L’IMPORTATION
la cour retient l’existence d’une MERC, lorsque la mesure nationale gêne
l’accès au marché national, pour des produits légalement fabriqués et
commercialisés dans un autre EM. Ici c’est un non-respect de la
reconnaissance mutuelle. Ex en France, on fabriquait du fromage, mais
que si l’Allemagne se met à fabriquer du fromage, la France refusait
l’importation. On ne se questionne pas sur les modalités de ventes ou les
caractéristiques du produit.
- CJUE COMMISSION C/ Portugal 2008 : législation ici d’interdiction de
poser de films colorés sur les vitres de nos voitures. Il s’agit d’une
interdiction d’usage, qui fait que tous les films colorés n’arrivent pas
à être vendus, à accéder au marché.
- COMMSSION C/ Italie 2009 : ici le code de la route national,
interdisant d’utiliser une remorque avec une moto. interdiction
d’usage.
- SCOTCH Whisky association 2015 : ici ce n’est pas un problème
d’usage : ici le problème est celui d’un prix minimum selon le taux
d’alcool. La législation avait pour effet de réduire l’intérêt pour le
consommateur de se tourner vers les alcools importés, parce qu’il
était vendu plus cher de manière superficielle. Donc entrave

L’ACCÈS, OU LA NON-DISCIMINATION : QUEL CRITÈRE ?


2023 SIHEF : mesure nationale qui interdit certaines pratiques
commerciales pour certains produits. Mesure considérée comme relative
aux modalités de vente des produits. Pour la cour : discrimination en fait,
si l’interdiction « affecte davantage l’accès au marché français des
produits concernés provenant d’autres EM, que l’accès des produits
provenant de France ». donc dans ce raisonnement l’accès au marché
français n’est pas un critère de qualification de la MERC, mais un élément
qui va permettre de savoir si on a une discrimination de fait. ici le véritable
critère de qualification de la MERC c’est la discrimination de fait, qui sera
constatée si l’accès est réduit. mélange entre KECK et MITHOUARD et
COMMISSION C/ Italie.

4: PARTICULARISME DES MESURES RESTRICTIVES DES ÉCHANGES


À L’EXPORTATION
Depuis l’arrêt GROENVELD, confirmé par arrêt DENKVIT 1984, seules les
mesures qui ont un objet ou pour effet de restreindre spécifiquement les
cours d’importations, sont des MERC. Sont donc MERC à l’exportation, les
mesures qui favorisent l’échange des produits nationaux sur le marché
national, au détriment de l’échange des produits nationaux sur le marché
européen. Suppose donc une différence de traitement. Ex : instauration de
contrôles sanitaires uniquement aux produits exportés.

ENTRAVES VISÉES
Art 35 TFUE vise les entraves qui sont mises en place à a frontière ou à
proximité mais aussi les entraves à l’intérieur de l’état, quand un passage
de frontière est envisagé. Ex : Belgique C/ Espagne 2000 : la cour qualifie
de MERC à l’exportation, la législation espagnole qui interdit d’utiliser une
appellation pour du vin, dès qu’il est exporté en dehors de la région. Alors
que cette interdiction ne s’impose pas pou ce même vin lorsqu’il est
envoyé dans la région de la production. Barrière régionale et cela n’exclut
pas la qualification de MERC à l’exportation.
ENTRAVES NON VISÉES
L’art 35 TFUE ne vise pas les mesures indistinctement applicables qui ne
rendent pas plus difficiles les échanges à l’exportation par rapport aux
échanges à l’intérieur

ILLUSTRATION : CJUE SANTUREL 2008


SANTUREL, 2008 : législation belge qui interdisait qu’on impose au
consommateur d’un contrat de vente à distance, un paiement avant la fin
du délai de rétractation. La cour constate que cette législation prive les
opérateurs d’un instrument efficace contre le risque de non-paiement. Ce
risque est très important dans les ventes à distance vers d’autres EM.
Donc les vendeurs belges à distance qui vendaient dans d’autres EM
étaient d’autant plus pénalisés. Le juge européen considère que même si
cette mesure s’applique à la vente à distance en Belgique, comme à la
vente à distance à l’étranger, elle affecte davantage l’exportation par
rapport à la vente de ses produits en Belgique. Donc MERC à l’exportation,
mesure indistinctement applicable avec effet discriminatoire.

ILLUSTRATION : NEW VALMAR 2016


NEW VALMAR 2016 : le droit belge impose que les factures, y compris dans
les transactions frontalières avec un autre EM, délivrées par des
entreprises qui ont leur siège dans la région flamande, soient rédigées
dans la langue néerlandaise sous peine de nullité relevée d’office. Cette
obligation comporte des effets restrictifs sur les échanges en raison de
l’insécurité juridique qu’elle engendre, puisque c’est sous peine de nullité.
Cette mesure est indistinctement applicable aux échanges internes et
transfrontaliers, mais elle porte davantage atteinte aux échanges
transfrontaliers, dans la mesure où il est peu probable qu’un cocontractant
dans la région flamande, comprenne le néerlandais. Donc la restriction aux
échanges touche tout particulièrement les entreprises dans la région
flamande, qui souhaitent vendre en dehors, dans l’UE. Donc MERC.
Caractère discriminatoire en fait.

§2 LIMITES DU PRINCIPE D’INTERDICTION DES MESURES


RESTRICTIVES DES ÉCHANGES
La particularité pour les exportations, disparait concernant les limites au
principe d’interdiction des MERC : ca se passe de la même manière. Il
existe deux séries de limites, qui sont conçues de manière différente :
- Jurisprudence : exigences impératives : on évite la qualification de
MERC
- Traité : on qualifie effectivement la MERC mais il y a un motif
dérogatoire permettant de ne pas interdire la mesure nationale

JURISPRUDENCE
La première résulte de la jurisprudence, et vise les exigences impératives.
CASSIS DIJON : pose la théorie des exigences impératives pour justifier
MERC. Dans ce courant jurisprudentiel, on considère qu’il y a des intérêts
supérieurs, les exigences impératives, qui peuvent justifier l’édiction de
mesures entravant les échanges. Les exigences impératives permettent
de ne pas qualifier en MERC, une mesure restrictive des échanges.

TRAITÉ
Art 36 TFUE : organise une dérogation au principe d’interdiction des MERC.
C’est-à-dire qu’on est bien face à une MERC, mais on ne l’interdit pas.
permet de racheter des réglementations nationales, qui protègent un
intérêt supérieur, visé dans l’article, même si elle est contraire à l’art 34
ou 35.

MAIS APPLICATION UNIFORME :


Mais le juge utilise les exigences impératives et l’art 36 de la même
manière. Les deux permettent dans tous les cas de justifier une restriction
à la LCM.

EVOLUTION : D’ABORD JUSTIFICATION D’UNE ENTRAVE


2023, CDIL : ici la JP utilise l’art 36 et les exigences impératives pour
justifier une ENTRAVE : peut être justifiée par des raisons d’intérêt général,
énumérées à l’art 36 TFUE, ou par des exigences impératives. Donc on
identifie une exigence nationale entravante, et on se demande si elle est
justifiée par l’art 36
- Si oui, la MERC est justifiée par un intérêt général posé dans l’art 36
- Si non, on cherche une exigence impérative.

ENSUITE JUSTIFICATION D’UNE MERC


BOOKI.FI 2023 : ici, la JP utilise l’art 36 et les exigences impératives pour
justifier une MERC (donc changement ici, les exigences ont tendance à
justifier une MERC, et non plus à la disqualifier) : une réglementation ou
une pratique nationale, qui constitue une MERC, peut être justifiée par
l’une des raisons d’intérêt général posée à l’art 36, ou par des exigences
impératives.

A: MAINTIEN DES SPÉCIFICITÉS DES LIMITES JURISPRUDENTIELLES


PAR RAPPORT AUX LIMITES DE L’ART 36 TFUE

1: RAISONS SUSCEPTIBLES DE JUSTIFIER UNE MESURE


RESTRICTIVE
Les motifs qui peuvent être invoqués par un EM pour justifier sa législation
nationale, sont différents sur la théorie des exigences impératives, et sur
l’art 36 TFUE.
- Il y a un fondement commun : protection d’un intérêt général
national.

EXIGENCES IMPÉRATIVES
La liste des exigences impératives est une liste ouverte et en constante
évolution. Néanmoins ce caractère ouvert ne fait pas que tous les motifs
invoqués par les EM, sont nécessairement acceptés.

EXCLUSION DES MOTIFS ÉCONOMIQUES


Par exemple, aucun motif économique n’était susceptible de justifier une
MERC. Ex : ANETTE 2012 : une réglementation nationale qui interdit pour
des détaillants de tabac d’importer des produits de tabac : MERC. L’état ne
peut pas invoquer un éventuel avantage concurrentiel, sur un motif
économique.

MOTIFS ADMIS PAR CASSIS DE DIJON


CASSIS DE DIJON 1979 :
- L’efficacité des contrôles fiscaux (fraudes fiscales etc.)
- Protection de la santé publique : c’est aussi un motif de l’art 36 TFUE
- Protection du consommateur et loyauté des transactions :
SANTUREL, 2008 : au sujet de l’l’interdiction de paiement avant le
délai de rétractation : ici la cour admet que ca assure la protection
du consommateur, car interdire un paiement avant le délai de
rétractation, c’est permettre un effet efficace de ce délai.

MOTIFS ADMIS PAR D’AUTRES JURISPRUDENCES


CINETHEC : PROTECTION DES VALEURS CULTURELLES
CINETHEC 1985 : Protection des œuvres d’art et des valeurs culturelles :
concernant l’interdiction de sortir des films cassette avant l’écoulement
d’un délai, après leur diffusion au cinéma. La cour a admis cet objectif
d’ordre culturel. Considérait que ce délai était proportionné à cette
protection et à son efficacité.

SIHEF : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT


2023 SIHEF : protection de l’environnement

DECKER : ÉQUILIBRE DES RÉGIMES DE SÉCURITÉ SOCIALE


DECKER 1998 : Objectif social : équilibre financier des régimes de sécurité
sociale. la législation permettant d’acheter des lunettes de vue chez un
opticien établi dans un autre EM, mais uniquement après autorisation
préalable de la sécurité sociale nationale, est justifiée en DUE ? la
protection d’un équilibre financier des régimes de sécurité sociale est une
exigence impérative. Mais en l’espèce, ça ne justifiait pas cette mesure : le
fait d’acheter dans un autre EM, n’avait pas d’incidence financière

COMMISSION CONTRE FRANCE : LUTTE CONTRE LA FRAUDE


AFFAIRE DU FOIE GRAS, commission c/ France 1998 : Lutte contre la
fraude : un décret imposait une teneur minimale en foie gras dans un
produit, pour pouvoir s’appeler foie gras. Mais en l’espèce : problème de
proportionnalité de la mesure : on peut lutter contre les fraudes, sans pour
autant interdire l’appellation de foie gras pour des produits qui ne
respecteraient pas cette teneur.

COMMISSION CONTRE ITALIE : SÉCURITÉ ROUTIÈRE


Commission c/ Italie 2009 : Sécurité routière : c’est ce qui a permis à
l’Italie d’essayer de justifier l’interdiction d’usage des remorques, ce qui
avait un effet restrictif sur les importations de remorques. L’Italie
considérait que cette interdiction était proportionnelle pour sauvegarder la
sécurité routière

COMMISSION CONTRE PORTUGAL : LUTTE CONTRE CRIMINALITÉ


Commission c/ Portugal 2008 : Lutte contre la criminalité : concernait
l’interdiction d’utiliser des films colorés sur les vitres des voitures. Le
Portugal estimait, par cette interdiction, lutter contre la criminalité. La cour
accepte l’idée que la lutte contre la criminalité est une exigence
impérative. En revanche en l’espèce, considère que c’est franchement pas
efficace, ça sert à rien de faire ça pour lutter contre criminalité.

NEW VALMAR : LANGUE OFFICIELLE


NEW VELMAR 2016 : stimuler la langue officielle de la région. En l’espèce :
imposer le néerlandais aux entreprises flamandes : la cour reconnait que
ca vise à stimuler la langue officielle de la région. Mais pour la cour ce
n’est pas justifié, car disproportionné. On peut stimuler autrement qu’en
imposant une langue officielle pour la facturation des achats.

FAMILIA PRESS : PLURALISME DE LA PRESSE


FAMILIA PRESS : pluralisme de la presse : en l’espèce : interdiction des
jeux concours dans les journaux : il s’agissait d’une MERC car c’était le
contenu du produit qui était en jeu, donc mesure relative aux
caractéristiques du produit. La mesure avait pour objectif de défendre les
petits éditeurs de journaux, car ils ne peuvent pas prévoir dans leurs
journaux, des jeux concours, faute d’argent. la cour reconnait que le
pluralisme de la presse est une exigence impérative. Renvoie à la liberté
d’expression

EUGENE SMIDBERGER : DROITS FONDAMENTAUX DE LA


CESDH
EUGENE SMIDBERGER : 2003 : Protection des droits fondamentaux
garantis par la CESDH : peut venir justifier une entrave à la LCM. Premier
arrêt à le dire directement.

DYNAMIC MEDIEN : PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT


DYNAMIC MEDIEN 2008 : Protection des mineurs, des droits de l’enfant.
Ex : pour limiter les importations de films qui pourraient choquer les
enfants. La jurisprudence a élargi la protection des mineurs, à la protection
des droits de l’enfant en général. Pour justifier ce choix d’exigence
impérative, en l’espèce le juge s’appuie sur l’existence de traités
internationaux, visant la protection de l’enfance, pour considérer que cette
protection de l’enfance, en DUE, peut constituer une exigence justifiant
une entrave à la LCM, comme notamment des DVD.
- Repris et précisé par : BOOKI.FI 2023 : l’arrêt vise la protection de
l’enfant, consacré par l’art 24 § 1 charte européenne. Donc ce ne
sont pas simplement les instruments internationaux au-delà de l’UE,
mais aussi les textes européens qui peuvent être invoqués par un
EM pour limiter des importations

ARTICLE 36 TFUE
La liste des motifs de l’art 36 est limitative. Les motifs visés par l’art 36
sont les seuls motifs pouvant être utilisés. Prévoit 6 intérêts. Il n’y a pas
d’interprétation extensive de l’art 36 :
- Soit on invoque un intérêt de l’art 36 pour démontrer un intérêt
- Soit ce n’est pas dans l’art 36, donc on ne peut pas utiliser l’art 36

MORALITÉ PUBLIQUE :
Il appartient à chaque EM de déterminer les exigences de moralité
publique sur son territoire selon sa propre culture, population et échelle d
valeur.
- 1979 HENN ET DARBY : Exemple : contenu pornographique
- 1986 CONEGATE : Exemple : interdiction d’importer au royaume uni,
des poupées gonflables. L’interdiction est en l’espèce illégitime dans
la mesure où il est possible de fabriquer au RU et de vendre dans
des magasins, ces mêmes produits

ORDRE ET SÉCURITÉ PUBLICS


- Sécurité publique : Intègre le bon fonctionnement des institutions et
des services publics, également la survie de la population sur le
territoire.
o Sécurité extérieure : vise la coexistence pacifique des
populations.
- Le maintien de l’ordre public est un peu différent de la sécurité
publique : il suppose l’existence d’une menace réelle qui affecte un
intérêt fondamental de la société
o Ex : commission c/ France 1997 : manifestations des
agriculteurs français à l’égard des fraises espagnoles. Dégâts.
L’état français n’a pas agi. Son absence d’intervention a été
expliquée par sa volonté de ne pas envenimer la situation.

SANTÉ ET LA VIE DES PERSONNES


La difficulté, c’est qu’il appartient à chaque EM de déterminer le niveau de
protection. Il y a une marge d’appréciation très importante pour savoir
quelle est l’exigence de santé publique. C’est très fréquemment mis en
avant par les EM
- GIP 2001 : concerne l’interdiction totale de faire de la publicité en
faveur des boissons alcoolisées. La cour a reconnu que cette
interdiction répondait à des préoccupations de santé publique.
- Commission c/ Allemagne 2004 : question de l’approvisionnement
des médicaments dans les hôpitaux : exigences liées à la proximité
des pharmacies

PROTECTION DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX


Peut ressembler à la protection de l’environnement, qui est une exigence
impérative. Mais ici, c’est plus réduit que la protection de l’environnement
parce que ca ne vise que les animaux et végétaux. Mais d’un autre côté,
c’est aussi relativement large, parce que ça inclut la biodiversité. Et là, ça
renvoie à la protection de l’environnement.

INTERPRÉTATION EXTENSIVE : PRISE EN COMPTE DE LA


BIODIVERSITÉ
- BLUHME 1998 : le gouvernement danois empêche d’avoir des
abeilles d’une autre région, ou d’un autre EM. Il invoque la protection
de la biodiversité : selon lui, on ne trouve ces abeilles que sur cette
région, donc on évite de voir disparaitre ces abeilles en les
mélangeant avec des abeilles d’autres régions ou EM. La cour a
accepté l’argumentation en considérant que la création d’une zone
de protection spéciale, assurait effectivement la biodiversité et
répondait à l’objectif de protection de la santé et de la vie des
animaux. Dans cet arrêt, interprétation extensive de cet objectif :
parce qu’auparavant, cette protection jouait pour éviter la
propagation de maladies animale, ou pour éviter les souffrances
inutiles des animaux (maltraitance animale)
- Commission c/ HOLLANDE 2016: la biodiversité peut être utilisée
dans ce cas.
INTERPRÉTATION EXTENSIVE : MÉLANGE
ESSENT 2016 : relatif à la promotion de l’utilisation des sources d’énergie
renouvelable notamment pour produire de l’électricité.
- Associe cette promotion de l’utilisation des énergies renouvelables,
avec la protection des végétaux et des animaux.
- Et le juge va y rajouter la protection de l’environnement général, et
la santé publique.

PROTECTION DES TRÉSORS NATIONAUX


Semble très obsolète comme motif de dérogation. Il n’y a pas de
jurisprudence en dehors de commission c/ Italie 1968 : un trésor national a
une valeur artistique, historique, ou archéologique, qui est plus importante
que les biens culturels. C’st aux EM de déterminer quel bien constitue un
trésor national. On a juste :
- Directive 2014 : sur la restitution de trésors nationaux sortis
illégalement de l’EM
- Codes nationaux : En France les trésors nationaux sont définis dans
code patrimoine

PROTECTION DE LA PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE ET COMMERCIALE


Une fois que le droit de propriété industrielle et commerciale a été exercée
par le titulaire, conformément à son objet spécifique, ce droit ne peut plus
être invoqué par le titulaire pour s’opposer à des importations : cela
signifie que
- les mesures étatiques qui s’opposeraient aux importations, alors que
le droit en cause a déjà été exercé par le titulaire, conformément à
l’objet spécifique du droit
o ne pourraient pas être justifiées par l’art 36 TFUE.
- s’il n’y a pas eu épuisement du droit, la mesure qui s’oppose à
l’importation,
o pourra être justifiée par art 36 TFUE.

OBJET SPÉCIFIQUE DU BREVET


La définition de l’objet spécifique de chaque droit de propriété industrielle
et commerciale, appartient au DUE : CENTRAFARM C/ STERLING DRUG
1974 : l’objet spécifique du brevet, est d’assurer au titulaire, le droit
exclusif d’utiliser son invention en vue de la fabrication, et de la première
mise en circulation des produits industriels, soit directement, soit par
l’octroi d’une licence. Il a également le droit de s’opposer à toute
contrefaçon.
RÈGLE DE L’ÉPUISEMENT
La règle de l’épuisement du droit signifie : le titulaire d’un brevet/marque,
ne va pas pouvoir s’opposer à l’importation d’un produit, qu’il a mis pour
la première fois en circulation, tout seul, en invoquant le monopole
d’exploitation qui lui est offert par sa législation nationale.
- Une fois que ces produits couverts par un brevet ou une marque ont
été volontairement commercialisés par le titulaire du brevet ou de la
marque, ils circulent librement d’un EM à un autre
- Et le recours à l’art 36 n’est plus possible pour empêcher des
importations parallèles
Dès lors qu’il l’a mis en accès une première fois : ne peut plus invoquer de
protection
- TITUS 2012 : en l’espèce il n’y avait pas eu épuisement de son droit
par son titulaire du droit d’auteur. Ce n’est pas la volonté du titulaire
du droit d’auteur, qui a autorisé quoi que ce soit en Italie. Il n’y avait
juste pas de protection en Italie. Mais cette restriction de
l’importation des copies, est justifiée par la protection du droit
d’auteur.
2: NATURE DES MESURES SUSCEPTIBLES D’ÊTRE JUSTIFIÉES
La nature des mesures qui peuvent justifier des MERC n’est pas tout à fait
la même entre l’art 36 et les exigences impératives.

ART 36 : TOUTE MESURE NON TARIFAIRE ENTRAVANTE


art 36 permet de justifier n’importe quelle mesure non tarifaire
restreignant les échanges : quotas, MERC, restriction quantitative, qu’elle
soit formellement discriminatoire, discriminatoire en fait, indistinctement
applicable mais restrictive
- donc pour les mesures tarifaires : inapplicable

EXIGENCES IMPÉRATIVES : MESURES INDISTINCTEMENT


APPLICABLES
exigences impératives : le recours n’est au départ possible que pour
justifier les mesures indistinctement applicables aux produits nationaux et
aux produits importés

EXCLUSION DES MESURES PUREMENT (FORMELLEMENT)


DISCRIMINATOIRES
les mesures purement discriminatoires ne sont pas concernées :
- SOUVENIRS D’Irlande 1981 : la loi irlandaise exigeait que les articles
de bijouterie importés portent une indication d’origine. La cour a
condamné la législation, en soulignant que des exigences
impératives ne pouvaient pas justifier des dispositions nationales
discriminatoires entre les produits importés et nationaux.

ADMISSION DES MESURES DISCRIMINATOIRES DE FAIT


le caractère discriminatoire de fait n’exclut absolument pas le recours aux
exigences
- PUNKT 2006 : La cour précise très clairement que si une législation
relative aux modalités de vente, présentait une discrimination de
fait, il fallait vérifier que la législation était justifiée par exigence au
sens de l’arrêt cassis de Dijon.

MAIS AMBIGUÏTÉ CONCERNANT LES DISCRIMINATIONS


- DECKER 1998 : sur l’interdiction d’acheter les lunettes ailleurs : la
cour a utilisé la théorie des exigences impératives pour dire que la
mesure n’était pas justifiée. Mais elle ne s’est pas prononcée sur le
caractère discriminatoire de la mesure, alors que la doctrine, a
considéré que la mesure était discriminatoire. Donc la cour ne s’est
pas prononcée sur le fait qu’elle utilise les exigences impératives
pour les mesures discriminatoires, mais position ambigüe.
- Commission c/ Autriche 2008 : Ici, la cour est plutôt confrontée à une
discrimination avérée, mais dit : je ne peux pas considérer qu’il y a
une exigence impérative parce que vous n’avez pas prouvé que des
mesures moins restrictives non-discriminatoires auraient permis la
même chose. Donc sans appliquer les exigences aux discriminations,
elle envisage une analyse de la mesure discriminatoire par rapport
aux exigences impératives.
DONC EXIGENCES POUR MESURES FORMELLEMENT
DISCRIMINATOIRES ?
on a vu qu’un doute subsiste sur une mesure formellement
discriminatoire, au vu de la position parfois un peu implicite et ambigüe de
la cour. MAIS :
- Plutôt non car ca supprimerait quasiment tout intérêt à l’article 36 :
si les exigences impératives peuvent être invoquées pour justifier
des mesures formellement discriminatoires à quoi sert l’art 36 ? rien.
L’art 36, c’est 6 motifs. Les exigences, c’est quasiment autant de
motifs qu’on veut c’est beaucoup plus large, souple. L’art 36 doit
permettre quelque chose que ne permet pas les exigences pour
garder son intérêt :

B: SIMILITUDE DES RÉGIMES DE L’ART 36 ET LA THÉORIE DES


EXIGENCES IMPÉRATIVES
Cette similitude se manifeste à travers trois points. Pour que la mesure
soit justifiée il faut :

1: ABSENCE D’HARMONISATION EXHAUSTIVE


Le recours à une justification de la mesure étatique, que ce soit art 36 ou
exigence, suppose l’absence d’une harmonisation européenne exhaustive.
Il faut que dans le domaine où la mesure nationale intervient, il faut que
l’état ait encore compétence.
- S’il y a harmonisation, ou une directive incomplète mais que le
domaine dans lequel intervient l’EM est prise en compte par la
directive, l’EM n’a plus de compétence.
- Mais si on a une directive non exhaustive et que le domaine dans
lequel intervient n’est pas dans la partie prise en compte dans la
directive, alors l’EM ici a compétence.
- S’il n’existe aucune réglementation, l’état est libre.
CASSIS DE DIJON 1979, repris par SIHEF 2023

2: EFFICACITÉ DE LA MESURE
Pour que la mesure restrictive soit justifiée, elle doit être apte à garantir la
réalisation de l’objectif d’intérêt général invoqué. C’est le critère dit de
l’efficacité de la mesure. CANABIDIOLE 2020, BOOKI.FI 2023. Cette
aptitude doit être prouvée par l’EM qui invoque la justification. Le niveau
de protection de l’exigence invoquée est défini par l’EM et doit être intégré
dans l’évaluation de l’aptitude de la mesure à atteindre son objectif. On
demande à l’état si le niveau que l’état réclame, est atteint par la mesure.
- Dans le cas des exigences impératives, on parle de nécessité de la
mesure. Commission c/ Portugal : l’interdiction d’apposer des films
colorés sur les vitres des voitures, était selon l’état pour lutter contre
criminalité. Donc la cour demande la nécessité de la mesure. Ben
yen a pas. zut.
- Dans l’art 36, on parle d’absence de discrimination arbitraire :
CONEGATE 1986 : la mesure doit être appropriée, ne doit pas cacher
une discrimination arbitraire
La mesure nationale doit être nécessaire pour atteindre l’objectif invoqué.
3: PROPORTIONNALITÉ DE LA MESURE
La mesure restrictive doit être proportionnée à l’objectif d’intérêt général
poursuivi. Proportionnalité : la mesure ne va pas au-delà de ce qui est
nécessaire pour répondre à l’objectif. Le respect du principe de
proportionnalité implique deux choses

UN RISQUE RÉEL, JUSTEMENT ÉVALUÉ


Le risque d’atteinte à l’objectif invoqué doit être réel. Preuves scientifiques
- Risque peut être potentiel : c’est suffisant s’il est suffisamment
évalué.
- L’évaluation du risque doit être juste. Pas surévalué

IL NE DOIT PAS EXISTER DE MOYEN MOINS RESTRICTIF


Il ne doit pas exister de moyen moins restrictif : si une législation moins
contraignante peut protéger l’intérêt, alors la législation est sanctionnée.
- SENTUREL 2008, législation belge sur la vente à distance. La cour
reconnait l’attitude à garantir l’intérêt des consommateurs. Mais en
l’espèce la mesure ne protégeait rien d’autre que le paiement
prématuré, il existait moins contraignant pour protéger les
consommateurs. Donc disproportionné.
- Commission c/ Italie : interdiction d’usage des remorques. La cour
considère que cette mesure répond à un objectif de sécurité
routière. En l’espèce un danger est admis, aucun élément
n’établissait qu’une mesure moins forte que cette interdiction
d’usage permettait de répondre à l’objectif. Donc ok
CHAPITRE 2 : LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES

La libre circu des personnes et des services ont été conçus comme des
libertés exclusivement éco. L’objectif est de supprimer les restrictions à
l’exercice des activités pro des travailleurs
- 45 à 48 TFUE : libre circulation des travailleurs salariés
- 49 à 55 TFUE : libre circulation des travailleurs indépendants
souhaitant s’établir dans un autre EM
- 56 à 62 TFUE : libre circulation des services

D’ABORD UN SEUL DROIT D’EXERCER UNE ACTIVITÉ


PROFESSIONNELLE
- Historiquement seul le droit d’exercer dans un autre EM une activité
est protégé.
- Mais le droit à la mobilité n’était pas protégé. Il était conçu comme
une condition préalable à l’exercice d’une activité dans un autre EM.
La possibilité de se déplacer librement était accordé aux personnes
qui allaient travailler dans un autre EM, mais les personnes qui
n’étaient pas des travailleurs actifs n’avaient aucun droit à mobilité.
Problèmes pour les personnes en recherche d’emploi, les étudiants,
les retraités, etc. qui n’exerçaient pas d’activité éco.

AUTONOMISATION D’UN DROIT À LA MOBILITÉ DES CITOYENS


On a considéré que la libre circu des personnes était trop réduite.
Progressivement on a détaché le droit à la mobilité, du droit d’exercer
librement une activité. Le droit à la mobilité va acquérir son autonomie, et
être étendu à l’ensemble des ressortissants euro, même inactifs. Il ne
s’agit plus d’un droit à caractère uniquement éco. Le droit à la mobilité a
un caractère politique, social, lié à la citoyenneté européenne.

OBJET DE LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET DES


SERVICES
Aujourd’hui, la libre circu des personnes et services a pout objet
- D’exercer librement une activité éco
- Droit à la mobilité, préalable et nécessaire, qui est aussi un droit
autonome

SECTION 1 : DROIT À LA MOBILITÉ


ETABLISSEMENT PROGRESSIF D’UN DROIT À LA MOBILITÉ
D’ABORD LE CRITÈRE D’UNE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE
En 1957 le droit vise uniquement la circulation des travailleurs. Le droit à
la mobilité est envisagé plus tard dans du droit dérivé avec
- Directive 1968 pour les travailleurs salariés
- Directive 1973 pour les travailleurs souhaitant s’établir ou proposer
des services
- Directive 1990 : au droit de séjour généralisé
- Directive 1993 au droit de séjour des salariés et non-salariés
A partir de là, la qualité de travailleur actif n’est plus indispensable pour
pouvoir se déplacer. Mais on a toujours un rattachement avec une activité
pro. Ces directives ouvrent la voie d’un droit à mobilité pour tous

ENSUITE LE CRITÈRE DE LA CITOYENNETÉ


- Traité de MAASTRICHT puis LISBONNE : la citoyenneté de l’UE va être
le statut et le critère à partir duquel le droit à mobilité est possible.
- Aujourd’hui 20 § 2 TFUE : les citoyens jouissent des droits prévus par
le traité : séjourner et s’établir dans des EM.
- Charte : tout citoyen a le droit de circuler et séjourner librement
- 21 § 1 TFUE : libre circu sous réserve des limitations prévues par le
traité
- Directive 2004 droit des citoyens et leur famille de circuler et
séjourner librement
o A abrogé les directives précédentes. Donc seule directive
encadrant LC
o Vient concrétiser le droit à la mobilité des citoyens européens.

RESSORTISSANTS D’ÉTATS TIERS


Pour les ressortissants des pays tiers, le droit à la mobilité était en dehors
du champ d’application du DUE puisque chaque état membre établit le
régime aux tiers.
- La situation a changé avec AMSTERDAM, qui a intégré un titre visa,
asile, immigration et autres politiques liées à la circulation des
personnes : attribue compétence aux institutions européennes en
cette matière.
- puis accords SCHENGEN qui ont conduit à la suppression des
frontière à l’intérieur de l’UE puis à l’extérieur avec un code
SCHENGEN,
o remplacé par un règlement 2016.
- Avec LISBONNE, art 80 TFUE ; régime très diversifié
On cherche à faciliter le traitement équitable du traitement des étrangers.

PRINCIPE
Les ressortissants d’un état tiers régulièrement admis dans un EM peuvent
librement circuler dans les EM qui font partie dans l’espace SCHENGEN,
pour une durée de 3 mois max et sur possession d’un titre de séjour.

EXCEPTIONS
La spécificité des aménagements se fonder sur la qualité de ressortissant
des étrangers :
- les enseignants chercheurs ont un régime particulier : la période de
séjour au-delà de 3 lois est possible et ils peuvent aller d’un état
membre à un autre plus facilement
- Il peut aussi y avoir des aménagements sur la durée de séjour :
statut de résident de longue durée par ex qui donne une possibilité
de séjourner plus longtemps
La réglementation de la circulation des ressortissants étrangers, est liée à
la politique de sécurité de l’UE notamment en matière de contrôle aux
frontières, en matière de visa, d’immigration clandestine.
§1 : BÉNÉFICIAIRES DU DROIT À LA MOBILITÉ
CAS DES PERSONNES MORALES
Pour les sociétés, ce droit supposerait la possibilité de transférer cette
société d’un EM de conception vers un EM d’agrément sans perdre la
personnalité juridique acquise dans l’EM de conception. Or la société
existe en fonction des règles du droit national
- CJCE 1988 : confirmé par CJUE 2008 CARTESIO : possibilité pour une
société de se déplacer n’est pas reconnue par les dispo du traité.
l’EM de constitution peut interdire à la personne morale créée, de
transférer son siège dans un autre EM.
o l’EM de constitution est seul compétent pour déterminer la loi
qui commande le rattachement de cette société à un ordre
juridique.
- UBER SEERING 2002 : Si l’EM de création autorise le transfert du
siège
o l’EM d’accueil n’est pas en mesure d’invoquer ses propres
exigences pour interdire le transfert

PERSONNES PHYSIQUES
La possibilité de bénéficier de ce droit concerne donc surtout les
personnes physiques.
- Il faut distinguer les bénéficiaires de la LC dans le cadre de directive
2004
- Et les bénéficiaires en dehors de la directive

A : BÉNÉFICIAIRES RETENUS DANS LE CADRE DE LA DIRECTIVE


2004
Art 3 directive 2004 : deux types de bénéficiaires
- les migrants citoyens européens
- les membres de la famille susceptibles de les rejoindre :

LES MIGRANTS CITOYENS EUROPÉENS


deux conditions pour bénéficier de cette directive

CITOYENNETÉ EUROPÉENNE
être un citoyen européen  nationalité d’un EM
- MICHELLETTI : en l’espèce : double nationalité. Les EM n’ont pas de
droit de regard sur les conditions de nationalité des autres EM.
Chaque EM détermine ses conditions. Un autre EM ne peut pas
restreindre les effets de la nationalité accordée par un autre EM, en
l’espèce l’Espagne dit : si tu es Italien, tu dois avoir la nationalité
italienne + résider là-bas. Pas bon.
- ROTTEMAN 2010 : question des apatrides : pas de nationalité. Le
retrait de nationalité en cas de faute (crime/délit) n’est pas contraire
au DUE. Mais il ne faut pas que ce soit disproportionné : en l’espèce
pas de possibilité de retrouver la nationalité d’origine, le délit n’était
pas « trop grave ». donc disproportionné.
o Contrôle de proportionnalité de la perte de nationalité
o TJEBBES 2019 : Dans ce cas si c’est disproportionné, la loi
devra prévoir l’octroi de la nationalité rétroactive.
SITUATION MIGRATOIRE
PRINCIPE : FRANCHISSEMENT D’UNE FRONTIÈRE
- La directive concerne les citoyens euro en migration.
- Seul le citoyen européen qui se déplace dans un autre EM bénéficie
de la directive.
- Elle exclut les situations purement internes, sans déplacement du
citoyen européen. On ne peut pas invoquer le droit à la mobilité si
on ne franchit pas la frontière.

POSSIBILITÉ DE SITUATION MIGRATOIRE EN L’ABSENCE DE


DÉPLACEMENT
Mais ZOMBRANO 2011 : situation purement interne, mais l’élément
migratoire est constaté dès qu’il y a une différence entre la nationalité du
citoyen et l’EM où il réside : donc cas où on n’est pas obligé de se déplacer
pour bénéficier de la directive.
- Ex ZHU ET CHEN 2004 : un enfant mineur qui réside dans un EM A
mais qui a la nationalité d’un EM B. il sera considéré comme en
situation de migration.

CAS EXCEPTIONNELS
Le statut de migrant citoyen européen peut dans des cas très
exceptionnels, ne pas être suffisant : HONGRIE C/ SLOVAQUIE : l’accès au
territoire slovaque était refusé au président hongrois. La citoyenneté euro
ne s’applique pas au chef d’état, c’est du droit spécial lié aux relations
diplomatiques.

MEMBRES DE LA FAMILLE
PRINCIPE DU REGROUPEMENT FAMILIAL
art 2 § 2 directives 2004 : Principe du regroupement familial : le droit à la
mobilité bénéficie aux membres de la famille proche du citoyen européen
migrant, quelle que soit la nationalité des membres proches, donc y
compris nationalité état tiers
- notons qu’un proche européen bénéficiera de la directive tout seul
en tant que citoyen
o Le conjoint, ou le partenaire enregistré
o Descendants directs -21 ans, ou de +21 ans à leur charge
 (établir un soutien matériel essentiel pour l’enfant à
charge)
o Ascendants directs à charge
 pas le droit de rejoindre pour plus de 3 mois les citoyens
étudiants.

FAVEUR AUX AUTRES MEMBRES


Art 3 § 2 : l’EM d’accueil doit favoriser l’entrée de séjour d’une part de tout
membre de la famille non concerné, qui seraient à charge, et du
partenaire avec lequel le citoyen a une relation durable (doit être attestée,
par exemple pacs).
- Donc l’EM a une grande marge de manœuvre pour favoriser cela
mais l’obligation de favoriser est posée dans le traité.
- La notion de membre de la famille à charge : SRS 2022 : repose sur
l’existence d’une communauté de vie : la personne qui se dit
membre de la famille entretient une relation de dépendance, fondée
sur des liens stables, qui va au-delà de la cohabitation temporaire
- Garanties procédurales en cas de refus d’entrer sur le territoire.

UN DROIT ACCESSOIRE
Les membres de la famille ressortissants d’états tiers, bénéficient
uniquement du droit accessoire à ce migrant européen, qui a le droit
principal. Ces personnes ne bénéficient d’aucun droit tant que le citoyen
européen ne migre pas.
- La directive ne fonctionne pas pour eux si de base leur proche n’a
pas mgiré
- Ou alors ils n’en bénéficient pas s’ils perdent leur lien avec le
proche : par exemple le pacsé, s’ils rompent, n’en bénéficiera plus.

B: BÉNÉFICIAIRES EN DEHORS DU CADRE DE LA DIRECTIVE


La directive prévoit un droit de déplacement s’il y a migration d’un citoyen
européen. En dehors de cette situation, la directive n’est pas applicable.
La JP de la cour a cependant reconnu un droit de séjour dérivé, sur le
fondement de l’art 20 ou 21 TFUE alors qu’aucune migration du citoyen
européen ne peut être caractérisé.

ZOMBRANO : 2011 :
ZOMBRANO 2011 : deux colombiens qui fuient vers la Belgique. Deux
enfants belges. La Belgique refuse leur demande d’établissement. Cour
considère que 20 TFUE s’oppose au refus d’accorder un droit de séjour à
un ressortissant d’un état tiers, à la charge d’un enfant qui a la nationalité.
Même si on est hors cadre regroupement familial, le retour des parents en
Colombie, priverait leurs enfants ressortissants européens, de bénéficier
de leur droit en tant qu’européens. lorsque la directive ne peut pas être le
fondement d’un regroupement familial, le constat que le refus de
regroupement prive le citoyen européen de la jouissance effective de
l’essentiel de ses droits, justifie la reconnaissance d’un droit au
regroupement familial. C’est la volonté d’assurer l’effet utile de la
citoyenneté de l’UE. La question qui se pose est est-ce que le refus de
regroupement risque d’entrainer le départ du citoyen, du territoire de
l’UE ? si oui, le refus n’est pas justifié donc il faut donner un droit au
membre de la famille étranger.

KA 2018
KA 2018 : la cour synthétise plusieurs éléments à propos de la marche à
suivre par les EM pour faire une application de la JP ZOMBRANO :

RELATION DE DÉPENDANCE
Un EM doit examiner s’il existe une relation de dépendance entre le
citoyen et le ressortissant étranger, d’une nature telle qu’en cas de refus
d’octroi d’un droit de séjour dérivé, le citoyen serait obligé de quitter le
territoire de l’UE avec ce ressortissant étranger
o Existence d’une relation de dépendance entre citoyen et
membre étranger

CITOYEN MAJEUR
la relation de dépendance n’est envisageable que dans des cas
exceptionnels, où il apparait que le citoyen euro adulte ne pourrait être
séparé du membre de sa famille dont il dépend. Une dépendance
financière est insuffisante. Ca ne permet pas d’expliquer en quoi le citoyen
euro serait tenu de quitter le territoire de l’UE en cas de refus de séjour
pour le membre

CITOYEN MINEUR
l’appréciation de la dépendance doit être fondée dans la prise en compte
de l’intérêt supérieur de l’enfant, de toutes les circonstances de l’espèce :
son âge, son développement physique et émotionnel, le risque
qu’engendrerait la séparation sur son équilibre.
- l’existence d’un lien familial biologique ou juridique n’est pas
suffisant
- La nécessité d’une cohabitation n’est pas non plus à établir.
- Pour retenir une relation de dépendance, le fait que la relation soit
née après une décision d’interdiction d’entrer sur le territoire, est
indifférent.

CAS DU RETOUR DANS L’EM D’ORIGINE


la directive n’a pas lieu d’être appliquée puisqu’elle prévoit des droits
uniquement lorsque le migrant part de son pays.
- O et B 2014 : Mais le juge considère que l’effet utile du droit
mobilité, exige que si le citoyen a quitté son pays d’origine pour un
autre EM dans lequel il a développé une vie de famille, et bien les
membres bénéficient d’un droit de séjour dérivé lorsque le citoyen
de l’UE revient dans son état d’origine. octroyé dans des conditions
équivalentes à celles de la directive,
- Comment 2018 : question du retour d’un citoyen roumain dans son
pays d’origine. droit de séjour dérivé dans l’état membre aux mêmes
conditions que ca directive, en l’occurrence, lorsqu’une vie de
famille s’est développée dans un état de migration.
- Toufik Lounes 2017 : un algérien qui entre dans le Royaume Uni et y
reste illégalement. et une ressortissante espagnole qui acquiert la
nationalité britannique. Monsieur et madame se marient. La cour
considère que la situation ne relève plus de la directive car madame
n’est plus migrante. Mais estime que monsieur peut quand même
bénéficier d’un droit de séjour dérivé sur le fondement de l’art 21 § 1
TFUE Mobilité au sens très large, donc son mari doit bénéficier d’un
droit de séjour dérivé.

REMARQUE
- Quand la directive n’est pas applicable, le droit de séjour du conjoint
étranger d’un citoyen euro, n’est pas nécessairement dérivé des art
20 ou 21 TFUE. D’autres articles peuvent être visés.
o Par ex : art 56 TFUE, sur la liberté professionnelle :
CARPENTEUR 2002. En tant que prestataire de services, la LC
services est applicable, donc le juge euro considère que son
conjoint étranger peut rester vivre avec lui dans son pays
d’origine à partir duquel il effectue des prestations de services,
parce que ca donne un effet utile à la disposition sur la LC des
services.
o S et G 2014 : effet utile de l’art 45 TFUE sur la LC des
travailleurs salariés.
- Et parfois le juge utilise même des dispositions qui ne sont pas
issues du traité pour élargir cette notion de regroupement familial :
NA 2016 : article d’un règlement qui accorde à l’enfant d’un
travailleur salarié migrant européen, un droit de séjour pour
poursuivre sa scolarité dans l’EM d’accueil, même après le départ du
travailleur migrant. Pour que l’enfant bénéficie de ce droit à la
scolarité dans l’EM d’accueil, le parent ressortissant étranger qui en
aurait la garde exclusive, va bénéficier d’un droit de séjour dérivé de
celui de son enfant.
Interprétation extensive du principe du regroupement familial

§2 L’ÉTENDUE DU DROIT À LA MOBILITÉ


Elle n’est pas exprimée de la même manière dans le cadre de la directive
ou en dehors. Mais il y a une convergence :
- régime de droit commun à la LC, qui est exprimé par la directive, et
en partie repris par la JP si la directive ne s’applique pas
- un régime dérogatoire qui vient limiter la mobilité entre les EM

A: RÉGIME DE DROIT COMMUN


Le régime de droit commun repose sur la reconnaissance d’un droit au
déplacement, d’un droit de séjour, et de l’accès aux droits sociaux
rattachés au droit de séjour. C’est ce qui est le plus souvent repris par la JP
quand on est hors cadre de la directive.

1: DROIT DE DÉPLACEMENT
Droit de déplacement : droit de quitter son territoire national et d’entrer
sur le territoire de tout autre EM. Aucun visa d’entrée ou de sortie, ou
d’obligation équivalente, ne peut être exigé par l’EM d’origine ou l’EM
d’accueil. Ce droit bénéficie pleinement aux citoyens euro, mais les EM
gardent la possibilité d’exiger un visa d’entrée aux membres de la famille
qui viennent d’états tiers. Dans ce cas ils doivent accorder à ces
personnes, toutes les facilités pour obtenir les visas qui seraient
nécessaires, et la possession d’une carte de séjour dispense de l’obligation
d’avoir un visa d’entrée. Art 5 § 2 directive.

2: DROIT DE SÉJOUR

3: DROITS SOCIAUX ATTACHÉS

B: RÉGIME DÉROGATOIRE

1: DÉTERMINATION DES MOTIFS D’EXCEPTIONS

LES RAISONS DE SANTÉ PUBLIQUE

LES RAISONS D’ORDRE PUBLIC ET DE SÉCURITÉ PUBLIQUE


renvoient à des conceptions de droit national, mais le DUE limite la marge
de manœuvre des EM dans la masure ou ordre public et sécurité publique
font l’objet d’une interprétation stricte. Les raisons d’ordre public et de
sécurité publiques ne peuvent pas être invoquées pour un motif
économique, art 27 § 1 directive 2004
- L’ordre public vise la protection des intérêts fondamentaux de la
société d’accueil, autres qu’économiques
- la sécurité publique, couvre la sécurité intérieure, soit la tranquillité,
et la sécurité extérieure, soit la coexistence pacifique avec d’autres
populations.

COMPORTEMENT PERSONNEL DU RESSORTISSANT


Les mesures destinées à protéger l’ordre et la sécurité publics, adoptés
par l’état membre d’accueil, doivent être exclusivement fondées su le
comportement personnel du ressortissant européen indésirable, art 27 § 2
directive 2004. Cela signifie que des justifications d’une mesure
d’expulsion, non liées au cas individuel en cause, ou qui tiennent à des
raisons de prévention générale, ne peuvent pas être utilisées, Aladzhov,
2011. Ce type de raisonnement ne peut pas justifier une interdiction de
sortie.

UNE MENACE RÉELLE ET SUFFISAMMENT GRAVE


Le comportement individuel en cause doit constituer une menace réelle et
suffisamment grave pour l’ordre public ou la sécurité publique. Art 27 § 2
directive. La cour est assez exigeante sur cette notion de menace réelle et
suffisamment grave. CJUE 2018, K, considère que la seule décision
d’exclusion du statut de réfugié, en raison d’une suspicion de crime contre
l’humanité, ne peut pas suffire pour considérer automatiquement que sa
présence sur ce territoire, constitue une menace réelle et suffisamment
grave pour un intérêt fondamental de la société, indépendamment de
l’existence ou non d’un risque de récidive. Ce n’est pas parce qu’on a fait
quelque chose de mal avant, que ça suffit pour identifier cette menace
justifiant une atteinte à notre droit à la mobilité.

MESURE PROPORTIONNÉE
ces mesures d’expulsion tenant à la protection de l’OP et de la sécurité
publique, doivent être proportionnées au comportement en cause en
fonction d’éléments concrets. il faut
- tenir compte de la durée du séjour. Plus il a été long, plus il va être
difficile de trouver la décision d’expulsion proportionnée.
- prendre en compte l’âge du ressortissant, son état de santé (donc
une vielle dame malade qui est là depuis 20 ans, ça va être
extrêmement dur de justifier une expulsion, contrairement à une
personne jeune en bonne santé qui est là depuis un an).
- Tenir compte de sa situation familiale, l’intensité de ses liens avec
son pays d’origine, s’il a un travail, s’il a tissé des liens etc.
Le caractère systématique de l’expulsion est toujours disproportionné : on
ne peut pas conditionner l’expulsion à un acte, sans prendre en compte
tous ces éléments. Egalement le caractère absolu : l’absence d’intégration
d’éléments concrets qui pourraient varier l’appréciation, n’est pas
permise. Ce principe de proportionnalité s’applique aussi aux interdictions
de sortie du territoire, Aladzov, 2011. L’art 28 § 2 et § 3 prévoient une
protection graduelle contre les mesures d’expulsion, liée au degré
d’intégration atteint par le migrant dans l’état membre d’accueil :

POUR LES BÉNÉFICIAIRES D’UN DROIT DE SÉJOUR PERMANENT


28 § 2 directive : une décision d’expulsion ne peut pas être prise à
l’encontre d’un bénéficiaire d’un droit de séjour permanent, sauf lorsqu’il
existe des motifs graves d’ordre ou de sécurité publique. prévu pour le
citoyen de l’UE mais aussi pour les membres de la famille, même s’ils sont
étrangers. droit de séjour permanent, ce qui suppose que la personne a
séjourné légalement sur le territoire de l’état membre d’accueil, pendant
une période ininterrompue de 5 ans.

POUR LES BÉNÉFICIAIRES DU RÉGIME DE PROTECTION RENFORCÉ :


28 3 directive : régime de protection renforcé : plus on est intégré dans
l’EM, plus on a des garanties importantes de ne pas être éloigné
(expulsé) de cet EM. Donc une décision d’expulsion ne peut pas être
prise à l’encontre d’un citoyen européen, à moins que des raisons
impérieuses de sécurité publique ou d’ordre public le justifient, si la
personne est sur le territoire depuis au moins 10 ans. Pas non plus
d’expulsion si le citoyen est mineur, sauf si c’est dans son intérêt.
- Art 83 § 1 TFUE : terrorisme, traite des êtres humains, exploitation
sexuelle des femmes et des enfants, trafic de drogue, trafic d’armes,
blanchiment d’argent, corruption… constituent des raisons
impérieuses de sécurité publique permettant de justifier d’un
éloignement d’une personne qui bénéficierait d’un régime de
protection renforcé.

LE DROIT DE SÉJOUR DÉRIVÉ


La JP Zombrano permet, de donner un droit de séjour dérivé au membre
de la famille, dont est dépendant un citoyen européen non migrant. Mais
par ex des parents qui ont des activités dangereuses pour la société. Dans
quelle mesure l’état peut expulser les parents, de l’enfant citoyen non
migrant et qui est dépendant de ses parents ? la cour a considéré que la
reconnaissance du droit de séjour dérivé du membre étranger de la famille
du citoyen européen, est-elle aussi limitée par OP et SP : RENDON MARIN,
2016, rappelé par NW 2024 : justification possible d’une atteinte au droit
au maintien du regroupement familial dans un état européen.
L’appréciation de la situation doit tenir compte du droit au respect de la
vie privée et familiale, et l’obligation de prendre en considération l’intérêt
supérieur de l’enfant.

INTERPRÉTATION STRICTE
Les notions d’OP et de SP, en tant que justification d’une dérogation au
droit de séjour, doivent être entendues strictement : la notion de OP ou SP
suppose l’existence, en dehors du trouble pour l’ordre social que constitue
une infraction à la loi (un crime ou un délit ne permet pas de dire qu’il y a
une menace réelle, actuelle et suffisamment grave affectant un intérêt
fondamental de la société), que le comportement de la personne qu’on
veut expulser, constitue une telle menace : atteinte à la sécurité intérieure
ou extérieure (intervention militaire, atteinte au fonctionnement des
institutions…).
- On ne peut pas fonder un refus de droit de séjour uniquement sur les
antécédents pénaux d’un ressortissant d’un état tiers. Tout cela en
intégrant le principe de proportionnalité, l’intérêt supérieur de
l’enfant, et les droits fondamentaux.

2: GARANTIES PROCÉDURALES OFFERTES


Le but est de garantir les droits de la défense, soit les droits de celui qui
est visé par une possible mesure d’expulsion ou interdiction de sortie du
territoire, et ce cadre procédural s’applique également en vertu de l’art 15
directive, aux décisions de limiter la libre circulation adoptée sur un motif
différent de l’ordre public ou sécurité publique. Par exemple la charge
déraisonnable que constitue le séjour du migrant. ce sont les mêmes
garanties, Banger, 2018. Trois garanties :

DROIT À L’INFORMATION
Art 30 directive : le migrant doit pouvoir être informé. L’état doit notifier
au migrant sa notification d’expulsion. Les mesures de OP, ou SP, doivent
être communiquées de manière suffisamment détaillées et précises, sauf
si des mesures liées à la sûreté de l’état s’y opposent. Il doit également
connaitre le délai avant de quitter le territoire. ZZ, les EM ont l’obligation
de garantir un contrôle juridictionnel effectif, ce qui implique le respect du
principe du contradictoire et la possibilité de faire valoir utilement des
moyens de défense. Le juge de recours doit pouvoir avoir accès aux motifs
qui n’ont pas été communiqués au destinataire de la décision de refus
d’entrée. Il faut aussi qu’il y ait une vérification de la pertinence de la non-
communication de ces motifs. Si le juge valide la non-communication, le
respect d’un contrôle juridictionnel effectif implique la communication d’un
résumé

DROIT À UN RECOURS JURIDICTIONNEL / ADMINISTRATIF


Art 31 directive : le recours prévu doit permettre au destinataire de la
décision, de remettre en cause la légalité de la décision, tant sur la forme,
que sur le fond. Ce qui signifie que le recours doit permettre de contester
l’opportunité de la mesure prise, au regard des circonstances mais aussi
de permettre de vérifier sa proportionnalité (cf. Gaydarov, 2011). On
demande que le recours soit un recours de pleine juridiction : si le recours
formé est accompagné d’une demande de sursis, la décision d’expulsion
ne doit pas être exécutée tant que le sursis n’a pas été jugé. Sauf
circonstances particulières : raisons impérieuses d’OP et SP qui justifient
l’éloignement immédiat.

DURÉE LIMITÉE DES MESURES


Art 32 : les mesures de sûreté qui sont adoptées contre un migrant, ne
peuvent pas avoir une durée illimitée, comme l’expulsion à vie, comme
c’était le cas dans CJUE Calfa,
REMARQUE
Art 35 : les EM peuvent adopter les mesures qu’ils considèrent nécessaires
pour enlever un droit conféré par la directive, en cas d’abus ou de fraude.
Par ex les mariages de complaisance. Les mesures en question ne doivent
pas être automatiques, et ne doivent pas reposer sur des considérations
de prévention générale. Cela nécessite donc l’analyse du cas concret, et
elles doivent répondre aux garanties procédurales des art 30 et 31
directive.

SECTION 2 : LIBERTÉ D’EXERCER UNE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE


On a vu jusque là le droit à la mobilité, soit la liberté de partir, d’entrer et
de séjourner dans un état, qui est une liberté autonome. Ici, on va voir la
liberté professionnelle : liberté d’avoir une activité dans l’EM d’accueil. La
liberté professionnelle, se comprend comme la liberté d’une personne
d’aller exercer une profession de manière salariée ou indépendante, dans
un EM autre que son EM d’origine.
- Liberté affirmée par art 45 (salariés), 49 (non salariés) et 56
(services) TFUE.
- Egalement apparait dans règlement 2011, directive 2004

§1 LE DOMAINE DE LA LIBERTÉ PROFESSIONNELLE


Quelles activités font l’objet des libertés professionnelles ? quelles
personnes peuvent revendiquer le droit d’exercer librement une activité ?
A: LES ACTIVITÉS LIBÉRÉES
Seules les activités économiques sont visées par le traité, quel que soit
leur mode d’exercice.

1 NOTION D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE


Définition prétorienne extensive : activité industrielle commerciale,
artisanale, agricole… la cour considère comme activité éco, toute activité
réelle et effective, exercée contre une contrepartie, à l’exclusion
d’activités tellement réduites qu’elles se présentent comme purement
marginales et accessoires, Bettray, 1989. L’activité éco a d’abord été
consacrée dans le cadre du travail salarié. Remarques sur cette définition

EXCLUSION DES ACTIVITÉS DE RÉÉDUCATION ET RÉINSERTION


La cour a jugé que ne peuvent pas être considérées comme des activités
éco réelles et effectives, celles qui sont un moyen de rééducation ou de
réinsertion des personnes qui les exercent : il s’agit dans ce cas d’activités
dites sociales et non éco. On vise une activité éco pour maintenir une
capacité au travail, d’une personne, qui n’est pas en mesure de travailler
dans des conditions normales en raison de son état. Dans Bettray :
toxicomanes en l’espèce
INDIFFÉRENCE DE L’IMPORTANCE DE LA CONTREPARTIE
L’activité a un caractère éco même si la contrepartie obtenue est faible :
même si l’activité réalisée ne permet pas de subvenir entièrement aux
besoins de celui qui l’effectue, elle ne perd pas pour autant son caractère
éco, même si elle doit être complétée par une autre activité ou une aide
sociale, Levin, 1982. L’activité de stagiaire est une activité éco, donc ils
bénéficient de la liberté pro et donc peuvent aller faire leur stage dans un
autre EM.

INDIFFÉRENCE DU CARACTÈRE MORAL


Le caractère moral ou non n’entre pas en compte pour considérer que
l’activité éco en cause est dans le cadre du traité ou pas.
- Grogan 1991 : l’activité de grossesse. Peut être une activité
médicale fournie contre rémunération dans certains EM. En
l’espèce : l’Irlande interdit l’IVG mais des belges vont le faire dans
d’autres pays. Est-ce que l’Irlande pouvait les empêcher en disant
que c’est immoral ? non, la cour dit que dans la mesure où certains
EM organisent l’IVG comme une activité éco comme les autres, elle
ne peut que constater que c’est une activité éco.
- 2001, Jany, prostitution. La cour dit que l’activité de prostitution est
une activité éco, car prestation de service et contrepartie. L’élément
moral n’est pas négligé par la cour, mais la prostitution est
organisée dans certains EM, pas de remise en cause.

2: FORMES D’EXERCICE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

DÉFINITION DES CONCEPTS

I: TRAVAIL SALARIÉ

II : ÉTABLISSEMENT

III PRESTATIONS DE SERVICE

DISTINCTION DES CONCEPTS

I: DISTINCTION ENTRE PRESTATION DE SERVICE ET TRAVAIL


SALARIÉ
Difficultés à distinguer utilisation de la prestation de service et travail
salarié :
- le travail salarié nécessite d’être dépendant de quelqu’un et de
recevoir des ordres de cette personne : lien de subordination.
C’est ce qui distingue le travail salarié de la prestation de service.
II : DISTINCTION ENTRE PRESTATION DE SERVICE ET
ÉTABLISSEMENT
C’est aussi l’idée du lien de subordination, puisque l’établissement
nécessite d’être indépendant. Ca pose un problème avec le service : c’est
l’établissement de manière stable et continue dans l’économie de l’état
d’accueil qui permet de distinguer avec le service.

REMARQUE : SERVICES VS CAPITAUX


Privabank 2023 : l’autorité de surveillance du secteur bancaire oblige
Privabank à arrêter son activité avec les personnes qui n’ont pas de lien
avec la Lettonie, à partir du moment où les mouvements de dépôt
d’argent dépassent un certain seuil.
- La cour rappelle que les opérations sur comptes courants,
constituent des mouvements de capitaux, au sens de l’art 63 TFUE.
Donc LC des capitaux.
- Mais la cour rappelle que l’activité d’une banque, qui consiste à
donner des crédits, constitue aussi un service, le service bancaire,
au sens de l’art 56 TFUE.
Et dans ces conditions il faut identifier laquelle des deux libertés est la
plus affectée : capitaux ou services ? la cour considère qu’en l’espèce, la
mesure affecte directement les mouvements de capitaux mais affecte
aussi la LC des services. Donc la cour juge que la décision concerne tout
autant les services financiers de la banque, que le flux de mouvements de
capitaux. La cour considère qu’aucune des deux libertés n’est plus
importante que l’autre, elle va conduire son analyse au regard des deux
libertés : à la fois LC capitaux et LC services.

B: PERSONNES CONCERNÉES
La liberté professionnelle profite aux personnes physiques et morales,
sociétés. mais les sociétés n’existent qu’à travers la législation d’un EM
qui en détermine la constitution. C’est une fiction qui repose sur la base de
normes nationales. L’octroi du droit d’exercer une activité librement pour
une société, va donc poser des problèmes spécifiques. On va envisager les
bénéficiaires personnes physiques et morales séparément.

1: PERSONNES PHYSIQUES
Les personnes physiques qui bénéficient du droit d’exercer librement leur
profession, sont les mêmes que celles qui vont bénéficier du droit à la
mobilité :
- donc il s’agit des citoyens européens principalement, c’est-à-dire les
personnes qui ont la nationalité d’un EM.
- Mais il peut aussi s’agir des ressortissants étrangers :

RESSORTISSANTS ÉTRANGERS
Si on écarte les accords internationaux qui peuvent être passés entre l’UE
et les états tiers, les ressortissants étrangers peuvent bénéficier
également du droit d’exercer leur profession : deux hypothèses :

MEMBRE DE LA FAMILLE D’UN CITOYEN EUROPÉEN


Le ressortissant étranger est membre de la famille d’un ressortissant
euro :

CITOYEN EUROPÉEN MIGRANT, CHAMP DE LA DIRECTIVE


L’art 23 directive, attribue aux membres de la famille, même étrangers, le
droit d’accéder à une activité dans l’EM d’accueil dès lors qu’ils sont
membres de la famille d’un citoyen européen en situation de migration.

CITOYEN EUROPÉEN NON MIGRANT, HORS CHAMP DE LA DIRECTIVE


si le ressortissant euro n’a pas bougé, qu’il est dans son EM d’origine,
l’arrêt ZOMBRANO 2011, prévoit que le père étranger d’un enfant citoyen
euro, doit obtenir un permis de travail dans l’EM de l’enfant. Ici on est hors
situation de la directive.
- le citoyen euro dépend d’un membre de la famille étranger, lequel
doit pouvoir accéder à un travail pour permettre à ce citoyen euro
dépendant de pouvoir jouir des droits rattachés à sa citoyenneté
européenne.
Donc l’arrêt donne un droit à l’accès à une profession dans un EM au
membre de la famille étranger qui s’occupe d’un citoyen euro dépendant.

NON MEMBRE DE LA FAMILLE D’UN CITOYEN EUROPÉEN


Le ressortissant étranger habite de manière régulière dans un EM, et il est
salarié d’un prestataire de service européen, il se déplace dans un autre
EM dans le cadre de la réalisation d’une prestation de service. VAN DER
VEST 1994. Ils ont un droit dérivé de celui d’un citoyen européen.

CITOYENS EUROPÉENS : ÉLÉMENT D’EXTRANÉITÉ


Quand on est français, peut on réclamer l’application du DUE contre la
France ? il faut un élément migratoire. Il faut voir si la situation est
purement interne ou élément migratoire.
- Lorsque le national ne s’est jamais déplacé en dehors des frontières
de son état, ni pour sa formation ni pour exercer sa profession :
o le national ne peut pas revendiquer l’application du DUE pour
être traité comme les ressortissants européens par son état.
- Si on est français, qu’on veut partir en dehors de la France pour
travailler, et il y a des règles qui font obstacle à notre départ :
o on peut revendiquer DUE contre l’état français. élément
migratoire en cause
Mais si on est en France, qu’on travaille en France et qu’une mesure
nationale restreint notre liberté professionnelle nationale : AUBERTIN,
1995 : le DUE ne peut pas s’appliquer au bénéfice de ces nationaux.

REMARQUES
EXTRANÉITÉ LIÉE À L’EXISTENCE D’UNE LÉGISLATION INFRA
ÉTATIQUE :
On apprécie différemment la situation lorsque l’activité professionnelle de
non nationaux est potentiellement entravée :
- pour la cour, il s’agit d’une potentialité d’entrave, caractérisée
lorsque la mesure suspectée, donne à des opérateurs locaux ou
régionaux, un avantage dont ne bénéficient pas les autres
opérateurs venant d’autres régions et autres EM.
- Principe de cohérence : L’idée est qu’il serait paradoxal de
supprimer les barrières nationales mais de ne pas remettre en cause
l’existence de barrières infra nationales (régionales).
ATANASIO 2010, reprend ce raisonnement et admet une entrave à
l’échelle infra nationale rendant applicable la LC professionnelle du DUE.
Concernait la liberté d’établissement à propos d’une réglementation
nationale d’une région, qui prévoyait des distances obligatoires entre les
pompes à essence.

QUESTION PRÉJUDICIELLE
Lorsque la cour constate qu’il n’y a pas d’élément d’extranéité potentiel,
et que la situation est bien interne, ca ne veut pas dire qu’elle va refuser
de répondre à une question préjudicielle d’interprétation : en effet, même
raisonnement que GUIMONT 2000, en matière de marchandises : même si
le DUE n’est pas applicable, la réponse peut être utile pour le juge national
dans le cadre de son litige national.

LIEN DE RATTACHEMENT AU DUE À JUSTIFIER


Depuis FERNAND ULLENS DE SCHOOTEN, 2016 : la cour a précisé que le
lien de rattachement entre le droit de l’UE et la situation litigieuse doit être
justifié par la juridiction national : le juge, alors qu’il y a une situation
clairement interne, doit expliquer en quoi la réponse de la CJUE est
nécessaire pour lui, soit parce qu’il y a un élément d’extranéité potentiel,
soit parce que son droit national lui impose d’interpréter le droit national
comme le DUE. Le lien de rattachement ne peut pas être simplement
présumé. POLUS VEGAS 2019 : exclusion de la présomption.

RETOUR DU CITOYEN EUROPÉEN DANS SON ÉTAT D’ORIGINE


Hypothèse d’un citoyen qui a migré, et qui, à son retour, voit une
législation qui vient entraver son déplacement : il se trouve dans une
situation assimilable à celle des ressortissants euro des autres EM : il y a
un élément migratoire qui va permettre de constituer le lien de
rattachement au DUE : il a, grâce à la liberté de déplacement, pu partir de
son état, donc il a utilisé cette liberté, et maintenant il veut revenir. L’idée
est que si on le laisse partir mais que le retour est rendu difficile, l’effet
utile de la LC professionnelle est remis en cause. KNOORS 1979 : un
plombier belge installé aux pays Bas, mais décide de revenir en Belgique.
Et il veut créer une entreprise de plomberie en belgique. Mais la législation
belge impose une autorisation. On lui refuse en disant qu’il n’avait pas les
qualifications requises. La cour juge qu’il pouvait invoquer le DUE contre
son état.

INSUFFISANCE DE LA QUALITÉ DE RESSORTISSANT EUROPÉEN


La qualité de ressortissant européen n’est pas toujours suffisante pour
bénéficier de la LC professionnelle :
- Pas suffisante pour s’établir à titre secondaire
- Pas suffisante pour effectuer une prestation de service
Il y a des conditions spécifiques qui ont été ajoutées par le traité

LIBERTÉ D’ÉTABLISSEMENT SECONDAIRE


Art 49 TFUE impose que le ressortissant doit avoir préalablement avoir un
établissement à titre principal sur le territoire d’un EM. A partir de cette
condition, on pourra revendiquer le droit d’effectuer des prestations de
services. La nationalité dans cette hypothèse est donc insuffisante pour
l’établissement secondaire

PRESTATION DE SERVICE
Art 56 TFUE :
- il faut être établi au préalable dans un EM à titre principal : cette
condition est commise à la liberté d’établissement secondaire ou à
la prestation de service
- il faut que le service ait un caractère transfrontalier : cela signifie
trois choses :
o prestation active : le prestataire de service se rend
physiquement dans un autre EM pour effectuer son service :
médecin en France qui va en Allemagne.
o Prestation passive : Le destinataire du service se déplace dans
un autre EM que celui dans lequel il réside pour pouvoir
bénéficier du service
o Prestation à distance : La prestation de service se déplace
dans un EM vers un autre EM sans que personne ne se
déplace : cela vise souvent les programmes de diffusion de
télé
La cour reconnait une autre hypothèse encore : YPOURBOS ERGASIAS
1997 : la prestation est exécutée dans un autre EM que le lieu
d’établissement du prestataire et du destinataire, qui sont tous les deux
de la même nationalité : ex : prestation de service touristique : en France
on voir un guide touristique pour qu’on fasse un voyage en Grèce : on est
tous les deux français mais on va tous les deux en Grèce.

2: PERSONNES MORALES
- Exclusion de la LC des salariés pour les personnes morales car les
entreprises n’ont pas de travail salarié. Donc ce qu’on va voir ne
s’applique pas au travail salarié
- La liberté d’établissement n’est pas totale pour les personnes
morales : CARTESIO 2008 : l’EM de création de la personne morale
peut interdire à cette personne morale de déplacer son siège dans
un autre EM d’accueil si la personne morale souhaite rester
rattachée à son ordre juridique de constitution. Et dans ce cas le
DUE ne pourra pas être applicable.
La liberté d’établissement principale joue toutefois un rôle dans deux cas
qu’on va voir, mais en dehors, le droit d’établissement des sociétés est
utilisé principalement pour créer ou acquérir un établissement secondaire
sous forme d’agence, succursale ou filiale.

DÉPLACEMENT DU SIÈGE STATUTAIRE : EM D’ORIGINE


PAUL BUD 2017 : lorsque l’EM d’accueil accepte le déplacement du siège
statutaire sans déplacement du siège réel, dans ce cas l’EM d’origine ne
peut pas refuser
o Le maintien de l’activité sur son sol
o Reconnaitre que la personne morale est rattachée à l’EM
d’accueil
en l’espèce société polonaise qui s’était installée au Luxembourg en
déplaçant son siège statutaire. Mais l’activité continuait en Pologne, le
siège réel restait. La société a demandé sa radiation en Pologne. La
Pologne dit qu’il fallait faire une liquidation, le problème est que la société
existait toujours, au Luxembourg. La société a invoqué le DUE contre la
Pologne et le juge a considéré que l’interprétation TFUE s’opposait à la
position de la Pologne

DÉPLACEMENT DU SIÈGE STATUTAIRE : EM D’ACCUEIL


UBER SEERING 2002 : l’EM d’origine autorise le déplacement du siège réel
sans perdre le rattachement à son ordre juridique national : l’EM d’accueil
ne peut pas invoquer son droit national pour interdire ce transfert. Dans
cette affaire, c’était la loi allemande qui interdisait à une société
immatriculée aux Pays Bas, de transférer son siège réel en Allemagne en
restant société aux Pays Bas aux regard des règles des Pays Bas. En fait le
siège réel s’en va, le siège statutaire reste.

PERSONNES MORALES VISÉES PAR ART 54 TFUE


Art 54 TFUE : deux choses qui sont importantes
- La forme de la personne morale est indifférente : la formule de l’art
54 § 2 est très large, elle recouvre « tous les types de sociétés civiles
et commerciales, les sociétés d’économie mixte, et les
établissements publics, les groupes d’intérêt éco, les personnes
morales de droit public qui ont une activité commerciale ».
- Critère matériel : Il faut que l’activité de cette société poursuive un
but lucratif : non gratuité de l’activité de la société.
o Exclusion les groupements caritatifs, les groupements religieux
ou culturels.

RATTACHEMENT DE LA PERSONNE MORALE À L’UNION


Art 54 TFUE : le bénéfice de la LC est attribué aux sociétés « constituées
en conformité de la législation d’un EM, et ayant leur siège statutaire, leur
administration centrale, ou leur principal établissement, à l’intérieur de
l’UE ». deux conditions de rattachement
- La société doit être constituée conformément à la législation d’un
EM
o En revanche les formalités requises pour être constituée en
tant que société sont totalement libres : chaque EM peut
imposer ses formalités.
- il faut que la société ait soit son siège statutaire, soit son admin
centrale, soit son principal établissement, à l’intérieur de l’UE.
o Siège statutaire : indiqué dans les statuts (peut être différent
du siège réel)
o Admin centrale : siège réel : là où est effectivement dirigée la
vie de la société
o Etablissement principal : installation stable et continue dans
l’éco d’un EM.
Etre une société dans un EM ne garantit pas un lien éco fort avec l’UE :
donc ajout d’une exigeance, UBER SEERING 2002 : l’activité doit toujours
présenter au moins un lien effectif et continu avec l’EM même si elle n’a
qu’un siège statutaire. Il faut un lien éco avec l’UE. Sinon ce serait trop
facile de faire bénéficier des sociétés étrangères de la LC euro.
PRESTATIONS DE SERVICE
Comme les personnes physiques, le droit d’effectuer une prestation de
service implique un caractère transfrontalier : mais comme une société ne
peut pas se déplacer, alors ce sera caractérisé si
- Prestations passives : Le destinataire se délace
- Prestations à distance : Le service se déplace
EMPIÈTEMENT PAR LA DIRECTIVE « SERVICE » 2006
La directive service 2006, empiète aujourd’hui sur une partie de ce
domaine, pour ce qui concerne la liberté d’établissement et les services.
Elle vient organiser la LC des services et la liberté d’établissement qui ont
un objet limité par le premier article de la directive parce que certaines
situations sont exclues.
- Ainsi, la directive ne s’applique pas au droit du travail : donc toutes
les législations destinées à dissuader le droit du travail ne sont pas
concernées par cette directive.
- Elle n’affecte pas non plus le droit pénal des EM.
- ne traite pas de la libération des SIEG (services d’intérêt éco et
général), et elle ne concerne pas la privatisation des entreprises
publiques ni l’abolition des monopoles de services.
Il y a trois séries de restrictions qui viennent encore limiter le camp de la
directive : art 2 : il énumère treize activités auxquelles la directive ne
s’applique pas. ex : communication, numérique… L’art 17 de la
directive pose 5 domaines spécifiques qui sont hors champ de la directive
en matière de prestation de service, par ex : libre prestation des avocats
par ex. Mais la directive précise que s’il y a des dispositions d’un autre
acte de l’UE qui entre en conflit avec la directive, ce sont les dispositions
de l’autre acte qui priment.

§2 ÉTENDUE DE LA LIBERTÉ PROFESSIONNELLE


A : CONTENU DE LA LIBERTÉ PROFESSIONNELLE
La liberté professionnelle n’a pas été élaborée suivant la même méthode
pour le travail salariée et pour les deux autres modes d’activité que sont
l’établissement et les services

ELABORATION QUANT AU TRAVAIL SALARIÉ


construit d’abord sur l’effet direct de l’art 45 TFUE, avec arrêt VAN DUYN
1974, et règlement 1968. Le règlement a été remplacé par un règlement
2011, lequel met en œuvre les dispositions de l’art 45 TFUE. Donc la LC
des travailleurs salariés repose aujourd’hui principalement sur ce
règlement 2011.

ÉLABORATION QUANT À L’ÉTABLISSEMENT ET AUX SERVICES


établissement et services : le conseil a adopté en 1961 deux programmes
généraux mais le travail prévu n’a pas été achevé. On s’est retrouvé avec
le problème de savoir si la liberté d’établissement et LC services existaient
réellement dans les domaines où aucun acte n’avait pu être élaboré. CJCE
REYNERS et VAN BINS BERGEN 1974 : la cour a donné un effet direct aux
art 49, 56 et 57 TFUE, qui interdisent toute discrimination professionnelle à
l’encontre des migrants citoyens euro ; les principes de liberté
d’établissement et LC services sont assurés sur le fondement de ces
articles, tels qu’interprétés par la cour et complétés par directive services
2006.
Principe de non-discrimination fondée sur la nationalité : la mise en œuvre
de ce principe est la règle de l’égalité de traitement : en vertu de cette
règle, chaque état membre doit traiter les migrants européens comme ses
nationaux. Le traitement national c’est : si je demande à un travailleur
français en France d’avoir tel diplôme, je demande pour un travailleur
allemand en France, le même diplôme. Je ne peux pas lui demander autre
chose de plus. Mais on s’est rendu compte que la seule disparition des
discriminations fondées sur la nationalité, n’était pas suffisante pour
assurer la pleine effectivité de la LC professionnelle parce qu’il y a une
disparité des réglementations professionnelles d’un EM à l’autre. Être
médecin, ça peut être plus compliqué en France par rapport à l’Allemagne.
Cette disparité met en place un obstacle à la possibilité d’exercer une
activité éco que ne peut pas surmonter la règle du traitement national.
C’st à dire que même en respectant le traitement national, si chaque
réglementation est différente, il peut y avoir des problèmes qui
demeurent. Donc on s’est dit que la liberté professionnelle nécessitait de
dépasser ce principe de traitement national. C’est la cour qui a mis en
place ce déplacement.

1: RÈGLE DU TRAITEMENT NATIONAL


Pour accorder un effet utile à la liberté professionnelle et pour améliorer le
bénéfice du traitement national, la cour a adopté une notion large de
réglementation et discrimination.

NOTION ÉLARGIE DE RÉGLEMENTATION


Cela vise les règlements étatiques
- mais l’origine publique ou privée de la réglementation en cause est
indifférente : depuis WALRAVE 1974 : vise les règlementations qui
organisent de manière collective, le travail, notamment les
réglementations d’associations sportives, les conventions
collectives, et de manière générale, tous les réglementations issues
de corporation. Ce qui est déterminant pour savoir si une mesure est
concernée, c’est que la mesure en cause vise à régler de manière
collective, la LC professionnelle ;
- repris par l’affaire SUPER LIGUE 2023 : il s’agissait de mesures prises
par des associations mais qui visaient à réglementer le travail. le
DUE s’applique alors mêmes qu’il s’agit de règles qui encadrent
l’activité pro mais qui ne sont pas forcément des règles élaborées
par des autorités publiques

INTERDICTION DE TOUTES LES DISCRIMINATIONS


La notion de discrimination interdire par le traité est définie très
largement :
- son caractère direct ou indirect est indifférent
- son domaine de discrimination est très étendu
I: INDIFFÉRENCE DU CARACTÈRE DIRECT OU INDIRECT DE LA
DISCRIMINATION
Toute réglementation publique comme privée, qui défavorise + les
professionnels migrants par rapport aux nationaux de l’EM d’accueil, est
contraire au principe d’égalité de traitement. Il faut dans tous les cas
vérifier que des situations comparables ne soient pas traitées de manière
différente, et que des situations différentes ne sont pas traitées de
manière comparable;

DISCRIMINATION DIRECTE
La discrimination directe est caractérisée lorsqu’il s’agit de
réglementations qui défavorisent les migrants européens en se fondant
directement sur le critère de la nationalité :
- interdiction d’exercice des non nationaux : commission c/ France
2011 : les deux EM avaient réservé l’accès à la profession de notaire,
aux seuls nationaux. La discrimination directe ne se limite pas à la
seule interdiction d’exercer une profession quand on n’est pas
national de l’état ca peut être aussi
- condition préalable supplémentaire : obligation aux non nationaux
d’obtenir une autorisation pour exercer, ou effectuer un stage,
séjour préalable dans l’EM d’accueil.
- Dissuasion de la part de l’EM d’origine : Réglementations de l’EM
d’origine qui défavorise ouvertement le professionnel désireux
d’exercer son activité en dehors de son EM d’origine, par rapport à
ceux qui préfèrent y rester : l’EM d’origine rend difficile l’exercice
dans un autre EM plutôt que de l’exercer chez lui.

DISCRIMINATION INDIRECTE
On vise aussi les réglementations qui défavorisent indirectement les
migrants, même si le critère de discrimination n’est pas la nationalité. Ca
avantage les nationaux
- critère de la résidence : L’exemple le plus classique est constitué par
les réglementations professionnelles qui favorisent les résidents de
l’état d’accueil par rapport aux non-résidents. Commission c/ Italie
2001, obligation de résider à l’Italie pour s’inscrire à l’ordre des
dentistes, en l’espèce. L’inscription était obligatoire pour pratiquer la
profession.
- La mesure contraint les professionnels migrants européens LAND
SALZBURG : droit autrichien qui permet à une collectivité territoriale,
de fixer l’avancement de ses fonctionnaires, en intégrant les
périodes d’activité effectuées dans la collectivité. Toutes les autres
périodes d’activité ne sont prises en compte que partiellement.
Défavorisent ceux qui seraient amenés à bouger.
- Privabank 2023 : il y a une interdiction de maintenir une activité
bancaire qui n’ont pas de lien avec la Lettonie : défavorise les non-
nationaux.
II DOMAINE ÉTENDU DE LA DISCRIMINATION
- Donc on a vu qu’en vertu de règle du traitement national, toute
discrimination, directe ou indirecte, relative à l’accès ou à l’exercice
d’une activité éco, est interdite. Le travailleur est donc protégé en ce
qui concerne l’installation, la rémunération, le licenciement… tout ce
qui concerne l’accès et l’exercice de la profession, il faut que ce soit
les mêmes règles que les nationaux
- Mais la protection de l’égalité de traitement est encore plus large :
elle ne se limite pas au seul droit d’accéder et d’exercer la
profession : elle recouvre toutes les facilités normalement accordées
aux nationaux pour l’activité en cause. Donc le migrant
professionnel va bénéficier d’un ensemble de facilités qui sont
normalement accordées à ceux qui travaillent dans le domaine en
question. Ainsi le migrant professionnel bénéficie d’une égalité
fiscale, égalité devant la justice…

2: DÉPASSEMENT DU TRAITEMENT NATIONAL

DONNÉES DU PROBLÈME

ELÉMENTS DE SOLUTION

B: LIMITES DE LA LIBERTÉ PROFESSIONNELLE

1: DÉROGATIONS PRÉVUES PAR LE TRAITÉ

PROTECTION DE L’ORDRE PUBLIC ET DE LA SANTÉ PUBLIQUE

ACTIVITÉS RÉSERVÉES AUX NATIONAUX

I: INTERPRÉTATION DE L’ART 45 § 4 TFUE

INTERPRÉTATION DE L’ART 51 TFUE

2: JURISPRUDENCE SUR LES EXIGENCES IMPÉRIEUSES

NOTION D’EXIGENCES IMPÉRIEUSES

RÉGIME

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