Ddoc T 2012 0057 Mouas
Ddoc T 2012 0057 Mouas
Ddoc T 2012 0057 Mouas
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LIENS
THESE DE DOCTORAT
Présentée pour obtenir le grade de
Docteur de l'Université de Lorraine
Spécialité : Physique de la Matière Condensée
par
Mohamed MOUAS
Titre :
S. BELOUETTAR HDR, Centre Henri Tudor, Centre Henri Tudor, Luxembourg Co-encadrant
A. BEN ABDELLAH Professeur des Universités, Université d’Abdelmalek Essaadi, Maroc Examinateur
A. MAKRADI HDR, Centre Henri Tudor, Centre Henri Tudor, Luxembourg Invité
A mes chers parents,
à mes grands-parents,
à mes frères et sœurs,
à Tassa,
à tous les membres de ma famille,
à mes amies et amis,
…
« La limite idéale vers laquelle tend la nouvelle organisation du travail est celle où le travail se
bornerait à cette seule forme de l'action : l'initiative. »
[Jean Fourastié] Extrait de Le grand espoir du XXe siècle.
REMERCIEMENT
Je remercie du plus profond de mon cœur toutes les personnes qui me sont chères, en
particulier mes parents et tous les membres de ma famille pour l’aide, la confiance et le soutien
dont ils ont fait preuve tout au long de ces dernières années. Je ne remercierais jamais assez
Tassadit pour son soutien moral, pour ses encouragements et pour avoir été toujours à mes
côtés.
Que les personnes que j’aurais pu oublier dans ces remerciements me pardonnent !
Avant-propos
Avant-propos
Nos principaux résultats reportés dans cette thèse, ont été réalisés grâce à des outils de
calculs théoriques qui pour la plupart ont été développés au laboratoire actuellement de Chimie et
Physique Approche Multi-échelle des Milieux Complexes (LCP-A2MC), Institut de Chimie,
Physique et Matériaux, de l’université de Lorraine. Ces outils sont de deux sortes :
A/ Les codes de calculs des potentiels d’interactions dans les métaux et alliages liquides
• Potentiel modèle «first principles » de Shaw: Van der Lugt, J. F. Wax, J.G. Gasser,
S. Hellal
Résumé : Les propriétés physiques et thermodynamiques des métaux liquides dépendent de la structure électronique.
La structure ionique est décrite soit par la fonction de corrélation de paires dans l'espace réel ou par le facteur de
structure dans l'espace réciproque. Celui-ci est directement accessible par diffraction de neutrons ou de rayons X. Le
formalisme du pseudopotentiel nous permet de construire le potentiel effectif interionique, ce dernier est utilisé dans
la simulation par dynamique moléculaire pour étudier les propriétés statiques comme la structure atomique et les
propriétés dynamiques comme la diffusion et la viscosité. Les calculs ont été faits pour l'étain liquide, pour les
métaux nobles ainsi que pour leurs alliages constituant les soudures sans plomb.
Nous décrivons dans le premier chapitre les différentes propriétés des métaux liquides. Dans le chapitre II,
nous présentons le formalisme du pseudopotentiel et la méthode de simulation par dynamique moléculaire. Dans le
chapitre III, nous testons d’abord différents pseudopotentiels sur l’étain liquide et nous prouvons que le
pseudopotentiel de Shaw local est le seul qui décrit d’une manière correcte la structure atomique. On utilise ensuite
ce potentiel pour déterminer le coefficient de diffusion à partir de la fonction d'autocorrélation de vitesse et de sa
transformée de Fourier: la densité spectrale. La viscosité de cisaillement est enfin calculée, pour la première fois à
notre connaissance, pour l’étain liquide en utilisant la formule de Green-Kubo par intégration de la fonction
d'autocorrélation des contraintes.
Il est aussi particulièrement difficile de décrire correctement les métaux nobles avec la théorie des
pseudopotentiels. En effet leur densité d'états est influencée par leur bande d. Pour surmonter cette difficulté, nous
associons le concept de valence effective au potentiel de Shaw local. Les facteurs de structure calculés en fonction de
la température sont en très bon accord avec les valeurs expérimentales. L'adéquation du choix du pseudopotentiel est
confirmée par les résultats des coefficients de diffusion et de viscosités de cisaillement. Les propriétés des métaux
purs et des alliages (soudures sans plomb) calculées en fonction de la température sont en bon accord avec les
valeurs expérimentales, prouvant que le pseudopotentiel est transférable aux alliages. Cela confirme notre choix
initial du pseudopotentiel local de Shaw et l’introduction du concept de valence effective.
Une bonne connaissance de la diffusion et de la viscosité est très importante d’un point de vue industriel pour
comprendre les problèmes technologiques liés au mouillage des substrats par les soudures et à la formation
d’intermétalliques entre les soudures et le substrat.
Abstract: The physical and thermodynamical properties of liquid metals depend on the electronic structure. The
ionic structure is described either by the pair correlation function in real space or by the structure factor in reciprocal
space which is directly accessible by neutrons or X rays diffraction measurements. Pseudopotential formalism allows
us to construct an ionic effective potential. It is used in Molecular Dynamics simulation to study the static properties
like the atomic structure and the dynamic ones like diffusion and viscosity. These calculations have been done for
liquid tin, for noble metals and for theirs alloys forming lead-free solders.
We first describe in chapter I the different properties of liquid metals. In chapter II we present the
pseudopotential formalism and the Molecular Dynamics method. In chapter III we first test different
pseudopotentials on liquid tin and we prove that the Shaw local model potential is the only one able to describe
adequately the atomic structure. Then we used it to determine the diffusion coefficient from the velocity
autocorrelation function and from its Fourier transform: the spectral density. Finally, we calculated, for the first time
to our knowledge, the shear viscosity of liquid tin with Green-Kubo formula by integrating the stress autocorrelation
function.
It is also particularly difficult to describe correctly liquid noble metals with pseudopotentials since their
density of states is influenced by their d band. To overcome this difficulty we associate the concept of effective
valence (determined theoretically) to the Shaw local potential. The calculated structure factors as function of
temperature are in a very good agreement with the experimental ones. The adequacy of the choice of our
pseudopotential is confirmed by the results of diffusion coefficients and shear viscosities. The properties of pure
metals and alloys (lead free solders) as function of temperature are in good agreement with experimental values
proving that the Shaw local pseudopotential is transferable to alloys. This confirms our initial choice of
pseudopotential and effective valence.
Having a good knowledge of diffusion and viscosity is very important from an industrial point of view.
Indeed, we need understanding technological problems linked to the wetting of a solder on a substrate and to the
formation of intermetallics between the solder and the substrate.
Table des matières
Introduction générale. 1
PREMIERE PARTIE
Fondements théoriques des propriétés statiques et dynamiques des
liquides métalliques
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
I. Introduction. 5
II. Propriétés structurales des métaux liquides. 6
2.1. Fonction de distribution radiale g(r). 7
2.2. Facteur de structure statique S(q). 9
2.3. Cas des alliages liquides binaires. 10
2.4. Compressibilité isotherme χT et potentiel d’ordre. 12
III. Propriétés de transport atomique. 15
3.1. Mouvement brownien. 15
3.2. Propriétés individuelles des métaux liquides. 17
3. 2.1. L’autodiffusion. 17
3.2.1.1. Déplacement quadratique moyen. 18
3.2.1.2. Fonction d’autocorrélation des vitesses. 19
3.2.1.3. Densité spectrale. 21
3.2.1.4. Fonction mémoire. 23
3.2.3. Extension aux alliages binaires : l’interdiffusion. 25
3.3. Propriétés collectives des métaux liquides. 26
3.3.1. Fonction de diffusion intermédiaire. 27
Table des matières
I. Introduction. 35
II. L’énergie totale d’un métal : approximations fondamentales. 36
2.1. Approximation des bandes rigides (« frozen-core » approximation). 36
2.2. Approximation adiabatique. 37
2.3. Approximation du champ auto-congruent : hamiltonien selfconsistent. 38
III. Méthode du pseudopotentiel. 40
3.1. Principes de base et construction formelle. 40
3.2. Théorie de la réponse linéaire : écrantage diélectrique. 44
3.2.1. Généralités. 44
3.2.2. Quelques expressions de la correction du champ local. 45
3.3.2 Décomposition du pseudopotentiel dans l’espace réel et dans l’espace réciproque. 47
IV. Familles de pseudopotentiels. 49
4.1. Pseudopotentiels construits à partir d’une approche opérationnelle. 50
4.2. Pseudopotentiels modèles « first principles » de type Heine-Abarenkov. 51
4.3. Pseudopotentiels ab initio dits à norme conservée. 52
4.4. Pseudopotentiels « ultra-soft » de Vanderbilt. 52
4.5. Pseudopotentiels empiriques et semi-empiriques. 53
V. Niveaux d’énergie monoélectronique à l’ordre 2 du développement Rayleigh - 55
Schrödinger.
VI. L’énergie totale d’un métal et le potentiel effectif interionique. 56
VII. Extension du formalisme à un alliage binaire. 57
Table des matières
DEUXIEME PARTIE
Résultats des calculs des propriétés statiques et dynamiques des
liquides métalliques
Introduction. 73
Bibliographie. 105
I. Introduction. 107
Bibliographie. 140
Table des matières
I. Introduction. 143
5.1. Fonction d’autocorrélation des contraintes des alliages Sn 95,6%Cu 4,4% , 166
Sn 98,7%Cu 1,3% et Sn 96,2%Ag 3,8% .
5.2. Viscosité des alliages Sn 95,6%Cu 4,4% et Sn 98,7%Cu1,3% en fonction de la 170
température
Table des matières
Bibliographie. 175
ANNEXE.
Introduction générale
Introduction générale
Introduction générale
Introduction générale
Le processus de solidification des métaux et des alliages liquides, notamment des soudures
et brasures, gouverne les propriétés de la phase finale. Ce sont par exemple, les propriétés
mécaniques, thermiques, électriques et magnétiques ou autres. Pour cibler quelques propriétés
souhaitées, susceptibles d’avoir un impact industriel, le processus de solidification doit être
contrôlé. Ceci demande une compréhension à un niveau fondamental des propriétés physiques de
la phase liquide. Les plus importantes sont alors les propriétés structurales et les propriétés
dynamiques. La connaissance précise des premières est un préalable aux calculs des grandeurs
thermodynamiques ; l’étude théorique des secondes aide à la compréhension des phénomènes de
transport atomique : diffusion, viscosité et conductivité thermique. En fin de compte, c’est à
partir d’une description à l’échelle microscopique que l’on peut éventuellement prédire son
comportement général et ses principales caractéristiques. Dans ce contexte, la tension
superficielle ou inter-faciale, l’aptitude à l’étalement et la mouillabilité sont autant de problèmes
technologiques importants des soudures et plus particulièrement des “soudures sans plomb”. D'un
point de vue industriel, nous devons en effet comprendre comment un alliage liquide s’étale sur
un substrat solide (le plus souvent en cuivre ou en nickel) et la façon dont les atomes du substrat
migrent dans la soudure fondue. Quand une goutte de soudure est déposée sur un substrat, elle
s’étale jusqu'à ce qu’un équilibre soit atteint avec un certain angle de mouillage (propriétés
interfaciales) à moins qu’elle ne solidifie avant. En raison de la cinétique d’échange de chaleur, le
processus pourra être interrompu avant que l'équilibre ne soit atteint. La conductivité thermique,
l’échange de chaleur avec l’environnement et la viscosité sont des propriétés concernées par ce
processus industriel. Quand une goutte de soudure est déposée sur un substrat, il y a création
d’une phase intermétallique due à des phénomènes de diffusion (aussi longtemps que la soudure
est liquide) à l'interface entre le substrat et la soudure. Les propriétés mécaniques de l'interface
dépendent fortement des phénomènes de diffusion. Ces problèmes technologiques sont liés à des
propriétés fondamentales comme la viscosité et la diffusion. Comme précisé ci-dessus, une
soudure doit répondre à certains critères physico-chimiques de mouillabilité, d’aptitude à
l’étalement et d’adhérence au substrat. Mais il faut aussi prendre en compte l’aspect économique
(disponibilité et coût des matériaux) et environnemental (pollution, toxicité).
-1-
Introduction générale
Récemment, il a été montré expérimentalement [Popel et al. J. Non-Cryst. Solids 353, 3243
(2007) ; Yagodin et al. Mater Sci.: 45, 2035 (2010)] que la température maximale atteinte par un
fluide et la durée de maintien à cette température ont une influence sur la nature de l’alliage
solide obtenu par solidification. Par ailleurs, des solides très différents peuvent être obtenus selon
que les liaisons sont fortement hétérocoordonnées ou qu’elles présentent une préférence à
l’homocoordination (alliage homotectique ou à “seuil de démixtion”).
Ce travail est essentiellement consacré à des calculs théoriques relatifs à la structure ionique
et aux propriétés de transport atomique de l’étain (Sn), de métaux nobles (Cu, Ag, Au) et des
alliages à base de ces éléments (Sn95,6%Cu4,4% , Sn98,7%Cu1,3% , Sn96,2%Ag3,8%). Tous sont en phase
liquide. Notre étude théorique s’inscrit dans une thématique plus large que sont les « soudures
sans plomb » et les soudures dite « à hautes températures ». L’intérêt, pour des raisons évidentes,
pour ce type de soudures est tempéré par des défis technologiques. Ceux-ci sont actuellement pris
en charge par une communauté scientifique la plus large. Au niveau européen, le projet « COST
531 » pour les “soudures sans plomb” et le projet « COST MP0602 » pour les soudures à hautes
températures, en ont été l’illustration. L’un des problèmes technologiques posés et non le
moindre, est l’apparition de composées intermétalliques à l’interface entre la soudure (Sn, Ag,
Cu…) et le substrat (Cu, Ni, Au, Pd…).
L’objet du projet COST était d’abord technologique. Il concerne les problèmes des
soudures dans les circuits microélectroniques. Une soudure ou brasure est un alliage de deux à
cinq composants de concentrations très variées. De ce point de vue, plusieurs milliers de soudures
sont possibles et il est vain de supposer qu’elles peuvent être toutes caractérisées par des mesures
expérimentales. Une bonne soudure doit adhérer au substrat. Par conséquent il faut qu'il soit bien
« mouillé ». La soudure à l'état liquide doit avoir une faible viscosité de manière à s’étaler
rapidement sur le substrat, bien conduire l'électricité, résister aux chocs mécaniques. Elle doit
aussi être stable d'un point de vue cristallographique (pas de croissance d’aiguilles à partir de la
soudure). Ces problèmes ont été étudiés par environ quarante laboratoires de plus de vingt pays
européens. Notre laboratoire messin a contribué à ces études en adoptant deux stratégies. La
première est l’élaboration de techniques expérimentales pour des mesures de résistivité, du
pouvoir thermoélectrique. La seconde est une approche théorique utile pour l’interprétation des
-2-
Introduction générale
mesures expérimentales. Les points de départ de ces calculs théoriques sont l’emploi des
potentiels « muffin-tin » et des pseudopotentiels de type ab initio ou de type « first principles ».
Les méthodes de simulations numériques (dynamique moléculaire) s’avèrent être alors, de
puissants outils de calculs lorsqu’on passe au stade des propriétés structurales et à celui des
propriétés dynamiques des métaux liquides. Le cadre théorique que nous avons utilisé pour
l’étude du transport atomique est le formalisme de Green-Kubo. Celui-ci, exact, est une
expression du théorème dit de « fluctuation-dissipation ».
Dans nos applications aux métaux nobles, à l’étain et à trois alliages à base de ces éléments,
ceux-ci constituant une famille de “soudures sans plomb”, nous avons dans une première étape,
construit un potentiel effectif de paires qui donne une bonne représentation des interactions
interioniques. Outre l’interaction électrostatique directe entre ions, ce potentiel effectif comprend
une contribution due aux électrons de conduction. Cette dernière est, pour une très grande part,
responsable de la liaison métallique dont le traitement quantique indispensable relève des
techniques de résolution des « problèmes à N-corps ». Ceci signifie que les propriétés physiques
calculées (thermodynamiques, structurales, dynamiques, etc.) dépendent fortement de la manière
dont sont menés les calculs de la structure électronique.
Le formalisme que nous avons développé à l’université de Lorraine est celui des
pseudopotentiels modèles pour représenter l’interaction ion-électron de conduction. Il est bien
connu que le choix du modèle de pseudopotentiel et la manière de mener les calculs de la
structure électroniques (théorie des perturbations, fonction diélectrique, etc.) sont déterminants.
Un test extrêmement sensible de la qualité d’un modèle de pseudopotentiel est son aptitude à
décrire la structure ionique du liquide étudié. Les premiers modèles développés pour nos
applications sont : le pseudopotentiel optimisé de Shaw (NLOMP) dans sa version « first
principles », le modèle ab initio de Bachelet et al. (BHS) et enfin le modèle de Fiolhais et al.
Contrairement aux deux premiers, celui-ci est conçu pour l’état solide. Malheureusement, aucun
de ces modèles ne décrit correctement la structure ionique des métaux et alliages étudiés.
Nous avons en fin de compte opté pour le modèle de pseudopotentiel de Shaw (LOMP)
dans sa version « opérateur local », en ayant à l’esprit que son unique paramètre, s’il est
correctement ajusté, peut inclure de manière implicite une grande part de la structure électronique
complexe des métaux étudiés. Il s’avère que ce modèle conduit à des potentiels effectifs de paires
-3-
Introduction générale
plus réalistes. Lorsqu’ils sont utilisés dans des « expériences » de simulations numériques par
dynamique moléculaire, ils décrivent de manière raisonnable la structure ionique de chacun des
métaux et alliages étudiés. C’est avec ce modèle que nos calculs théoriques ont été étendus aux
propriétés de transport atomique, à savoir : la diffusion et la viscosité. Pour ces dernières, l’outil
d’étude est la mécanique statistique avec comme corolaire l’emploi systématique des fonctions de
corrélations temporelles déterminées par la dynamique moléculaire. Pour l’étude de la diffusion
la fonction d'autocorrélation de vitesse et sa fonction spectrale jouent un rôle important. La
viscosité de cisaillement est enfin calculée, pour la première fois à notre connaissance, pour
l’étain liquide en utilisant la formule de Green-Kubo par intégration de la fonction
d'autocorrélation des contraintes.
L’ensemble de nos résultats relatifs à la structure ionique ou aux propriétés de transport ont
été confrontés aux données expérimentales, lorsqu’elles existent. Ils ont été comparés à d’autres
calculs théoriques, ceux-ci étant relativement rares concernant les métaux et alliages étudiés. Il en
résulte que le modèle LOMP, construit pour les métaux purs, est transférable à un environnement
d’alliage. Dans un travail préliminaire reporté dans l’annexe 3, nous avons envisagé d’étudier la
transférabilité du modèle pour un environnement qui est celui de l’état solide. Les résultats sont
surprenants et les conséquences prometteuses.
-4-
PREMIERE PARTIE : Fondements théoriques des propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Première partie
Fondements théoriques des propriétés statiques
et dynamiques des liquides métalliques
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Chapitre I
Propriétés statiques et dynamiques des liquides
métalliques
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
I. Introduction
Les propriétés de la matière dense désordonnée sont intimement liées à la structure atomique
qui, à l’échelle microscopique, caractérise l’ordre à courte distance. Celui-ci est le résultat d’un
compromis entre deux tendances : l’une concerne le désordre d’origine entropique qui augmente
avec la température ; la seconde, gouvernée par les interactions interatomiques, est la tendance à
l’ordre qui devient prépondérante à basse température. De ce point de vue, on caractérise trois
états de la matière : le solide cristallin pour lequel les positions moyennes des atomes sont celles
d’un réseau périodique tridimensionnel, le liquide et le gaz pour lesquels les trajectoires des
atomes résultent de mouvements chaotiques induits par des collisions successives. L’état liquide
se distingue de l’état gazeux par une densité élevée et une fréquence beaucoup plus grande de ces
collisions. D’autres états de la matière existent mais à strictement parler, ce ne sont pas des états
thermodynamiques stables ; on peut citer entre autres : l’état amorphe, le liquide en surfusion.
La mécanique statistique appliquée à la matière dense désordonnée est essentiellement fondée
sur l’emploi des fonctions de corrélations spatiales. Celles-ci sont une description quantitative de
la structure atomique. Pour les fluides simples tels que les métaux liquides, la fonction de
distribution radiale g(r ) est une mesure très précise de l’ordre à courte distance. Sa contrepartie
dans l’espace réciproque est le facteur de structure statique S(q ) [1-5]. L’intérêt que suscite ce
dernier réside dans le fait qu’il est accessible par des expériences de diffusion de rayons X ou de
neutrons. D’un point de vue théorique, le comportement de l’une ou l’autre de ces deux grandeurs
structurales, reflète la nature des interactions interatomiques. Les propriétés thermodynamiques
d’un liquide pour lequel ces interactions sont modélisées par un potentiel de paires Veff(r),
peuvent être calculées à partir de la connaissance précise de ce dernier et de g(r ) .
Les interactions interatomiques sont également à l’origine des propriétés dynamiques de la
matière. Le cadre théorique pour les étudier est basé sur l’emploi des fonctions de corrélations
spatio-temporelles et sur des résultats importants de la physique statistique notamment le
théorème de « fluctuation-dissipation » [1]. Quelques-unes des propriétés dynamiques relatives
au transport atomique dans le formalisme de Green-Kubo [2, 6, 7, 8], sont simplement décrites
par des fonctions de corrélation temporelles. Ces propriétés concernent principalement le
processus de diffusion, la viscosité et la conductivité thermique ionique. Dans notre travail, nous
-5-
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
accordons une importance moindre à cette dernière propriété. En effet, dans le cas des métaux, la
contribution électronique à la conductivité thermique est de loin prépondérante. En outre, nous
éludons les phénomènes d’influences réciproques entre ces différents processus (effet Soret et
effet Dufour [9], etc.), Les études expérimentales les concernant sont pour le moins difficiles et
donc rares. En fin de compte, nous nous proposons simplement, dans ce chapitre, de cerner les
principaux aspects des propriétés statiques et dynamiques des métaux liquides.
La structure atomique parfaitement ordonnée des solides cristallins est décrite par les lois bien
connues de la cristallographie. Par contre, l’étude quantitative de la structure atomique de la
matière dense désordonnée a pour fondement les lois de la mécanique statistique. Le concept de
fonctions de distributions dans des sous-espaces de phases et celui de fonctions de corrélations
sont d’une extrême importance pour décrire le désordre structural. D’un point de vue théorique,
ces fonctions obéissent à des équations établies indépendamment par plusieurs auteurs au milieu
du XX° siècle. Ces équations connues sous le nom de « hiérarchie de Bogoliubov-Born-Green-
Kirkwood-Yvon (BBKGY) » [1] dérivent du théorème de Liouville. Ultérieurement, des
hypothèses supplémentaires simplificatrices apportées à ces équations ont été le point de départ
de théories statistiques pour le calcul des deux plus importantes grandeurs structurales,
suffisantes pour mesurer l’ordre à courte distance des fluides simples : la fonction de distribution
radiale g(r) dans l’espace réel et le facteur de structure S(q) dans l’espace réciproque [5].
D’autres approches théoriques existent quant à la détermination de ces deux fonctions. On peut
citer celles fondées sur l’utilisation de l’équation d’0rnstein-Zernike (OZ) associée à l’équation
de Percus-Yevick et celles regroupées sous le nom générique de : « méthodes de perturbations
thermodynamiques ». Parmi celles-ci, la méthode ORPA (Optimized Random Phase
Approximation) qui est une version plus raffinée de la RPA (Random Phase Approximation), a
reçue des développements importants par Regnaut [10] qui l’a appliquée aux métaux liquides.
Malgré tout et en dépit de leur élégance et de leur degré de sophistication, ces méthodes
s’appuient sur des hypothèses simplificatrices et d’inévitables approximations. Actuellement,
avec le développement de l’informatique, elles ont cédé le pas aux méthodes modernes de
-6-
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
simulations numériques telles que la méthode Monte Carlo et la « dynamique moléculaire » (voir
chapitre II). Pour peu que les interactions interioniques soient convenablement représentées, les
calculs des propriétés de la matière via ces méthodes sont exactes.
définie autrement en considérant le nombre d'atomes dn(r) présents dans une couche sphérique
d’épaisseur dr située à la distance r d’un atome pris comme référence :
dn(r)
g(r) = . (1.2)
4π r 2 ρ dr
Dans le cas des métaux liquides, la fonction de distribution radiale a l’allure représentée sur la
figure (1.1).
-7-
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Figure 1.1 : Facteur de structure théorique S(q) et fonction de distribution radiale g(r) du cuivre à
1150°C. Ces fonctions sont calculées en utilisant le pseudopotentiel de Shaw local LOMP et la
simulation numérique dynamique moléculaire (chapitre 2).
La fonction de distribution radiale montre que la fonction de distribution radiale g(r) est nulle
en-dessous d’un diamètre de cœur σ C . C’est la plus courte distance en dessous de laquelle deux
atomes ne peuvent pas s’interpénétrer. A des distances supérieures à σ C , la courbe présente une
suite d’oscillations amorties avec un premier pic d’amplitude maximale. La position de ce pic
correspond à la distance moyenne entre proches voisins. Les autres pics secondaires
correspondent aux couches d’atomes successives ; leurs amplitudes diminuent et tendent vers
-8-
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
l’unité. Ceci signifie que les mouvements de deux atomes séparés par plusieurs distances
interatomiques moyennes ne sont plus corrélés. La fonction de distribution radiale (RDF) définit
en moyenne, le nombre de particules dn(r) comprises dans l’intervalle r à r +dr d’une particule
de référence :
Il peut être intégré de façon à estimer le nombre moyen d’atomes proches voisins d’un autre
atome pris comme référence : c’est le nombre de coordination ou la coordinence NC :
r2
N C = ∫ n(r)dr . (1.4)
r1
Les bornes d’intégration r1 et r2 dans l’équation (1.4) sont définies de plusieurs manières par
Waseda [5]. Dans nos calculs de la coordinence, nous avons choisi celle la plus utilisée dans la
Pour un système homogène et isotrope, la fonction g(r) a une symétrie sphérique de sorte que
l’équation (1.4) devient :
∞
S(q) − 1 = ρ ∫ 4 π r 2 [g(r) − 1 ]
sin(qr)
dr . (1.6)
0
qr
D’un autre côté, la connaissance de S(q) permet d’accéder à la fonction g(r) par une
transformation de Fourier inverse :
∞
q 2 [S(q) − 1]
1 sin(qr)
g(r) − 1 = ∫
2π ρ 0 qr
dq . (1.7)
-9-
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
caractéristique d’une distance interatomique moyenne d ≈ 2π/q p ; ce pic est suivi d’oscillations
d’amplitudes décroissantes autour de la valeur unité ; une valeur de S(0) relativement petite mais
non nulle. Cette dernière valeur mesure les corrélations interatomiques pour des distances
élevées ; elle est étroitement liée à la compressibilité isotherme du liquide (voir plus loin son
expression (1.15)).
{ρ α = ρ c α ; α = 1, 2} . Pour un alliage, les interactions sont décrites par trois potentiels effectifs
correspondant aux trois paires d’atomes de natures différentes. De la même manière, la structure
atomique de l’alliage est représentée par trois fonctions de distribution radiales :
{g (r ) ; α et β = 1, 2}.
αβ Le comportement de ces fonctions de corrélation partielles est
intimement lié à la nature des interactions interatomiques. La fonction g αβ (r) a une interprétation
analogue à celle donnée pour un liquide pur. En effet, si dn α β (r) est le nombre d’atomes de type
β présents dans une couche sphérique d’épaisseur « dr » située à une distance r d’un autre atome
de type α , alors:
dn α β (r)
gα β (r) = . (1.8)
4π r 2ρβ dr
Pour un alliage binaire homogène, les fonctions de corrélations partielles ne dépendront que de la
distance « r » entre deux particules.
Historiquement, trois formalismes ont été développés pour définir les facteurs de structures
partiels associés aux fonctions de distribution radiales précédentes. Deux sont en fait
- 10 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
équivalents : celui donné par Ashcroft et Langreth (AL, 1967) [5] et celui proposée par Faber et
Ziman (FZ, 1972) [5] pour l’étude des propriétés de transport électronique des alliages
métalliques. Dans le troisième formalisme proposé par Bhatia et Thornton (1970) [5], la
signification des composantes partielles est totalement différente. Dans la représentation
d’Ashcroft-Langreth, les facteurs de structure partiels sont calculés à partir de g αβ (r ) comme
suit :
AL
S αβ [ ]
(q ) = δ αβ + (c α c β )1 2 ρ ∫ g αβ (r ) − 1 exp(− iqr ⋅ rr ) d 3 rr . (1.9)
Le facteur de structure total, grandeur accessible par l’expérience, s’obtient par la formule :
∑ ∑ (c cβ )
2 2 fαfβ
S total (q ) = (q ) ,
1 2 AL
α 2
S αβ (1.10)
α =1 β = 1 f
telle que les f α sont les amplitudes des facteurs de diffusion atomiques mesurés et rapportés dans
2 2
la littérature. On définit les moyennes pondérées : f = ∑ c α f α et f 2 = ∑ c α f α2 .
α =1 α =1
Les facteurs de structure partiels de Faber-Ziman sont définis de manière légèrement différente :
FZ
Sαβ [ ]
(q ) = 1 + ρ∫ g αβ (r ) − 1 exp(− iqr ⋅ rr ) d 3 rr . (1.11)
Le facteur de structure total de Faber-Ziman est alors calculé par l’équation suivante :
2 2 fαfβ
S total (q ) = ∑ ∑ c α c β 2
FZ
S αβ (q ) (1.12)
α =1 β =1 f
Le dernier formalisme est celui de Bhatia-Thornton. Les facteurs de structure partiels sont
généralement notés Snn (q ) , Scc (q ) et Snc (q ) . Pour les alliages binaires, leurs expressions sont des
combinaisons linéaires des facteurs de structures partiels d’Ashcroft-Langreth ou de Faber et
Ziman [5]:
Ashcroft - Langreth → Bhatia - Thornton
- 11 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
S nn (q ) = c1S11 (q ) + c 2S AL
22 (q ) + 2(c1 c 2 ) S12 (q ) ,
AL AL 12
(1.13a)
[
S cc (q ) = c1c 2 c 2 S11
AL
(q ) + c1SAL
22 (q ) − 2(c1c 2 ) S12 (q ) ,
AL 12
] (1.13b)
S cc (q ) = c c [S
1 2
AL
11 22 (q ) + (c 2 - c1 )S12 (q ) (c1c 2 ) ] .
(q ) - S AL AL 12
(1.13c)
[
S cc (q ) = c1c 2 1 + c1c 2 (S11
FZ
(q ) + S FZ
22 (q ) − 2S12 (q )) ,
FZ
] (1.14b)
S cc (q ) = c1c 2 [c (S
1
FZ
11 22 (q ) - S12 (q )) ] .
(q ) - S12FZ (q )) − c 2 (S FZ FZ
(1.14c)
Les facteurs de structure partiels traduisent respectivement les corrélations entre les
fluctuations de densité (ordre topologique) et les corrélations entre les fluctuations de
concentration (ordre chimique). Le terme croisé Snc (q ) qui décrit les corrélations entre les
fluctuations de densité et les fluctuations de concentrations renseigne sur ce qui est
communément appelé l’«effet de taille».
C’est cette dernière équation qu’il faut prendre en compte si le potentiel dépend de la densité ρ .
D’autres expressions relatives aux calculs des grandeurs thermodynamiques sont données dans la
littérature lorsque l’énergie potentielle totale est exprimée au moyen d’une somme d’interactions
de U(r). Pour un liquide pur, on peut rappeler les expressions bien connues [1] de :
- 12 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
- l’équation d’état :
∞
∂F 2 ∂E V
2π ρ 2 du(r) 3
P = − = ρk B T + ρ
∂V T ∂ρ
−
3 ∫ g(r)
0
dr
r dr . (1.17)
∞
∂E V 2π du αβ (r)
P = ρk B T + ρ
∂ρ
−
3
2
∑
α, β
ρ α ρ β ∫ g αβ (r)
dr
r 3 dr . (1.19)
0
Dans ces équations E V désigne la contribution, rapportée à un atome, à l’énergie interne qui
est indépendant de la structure : c’est le terme de volume. Enfin, le formalisme de Bhatia-
Thornton [5] permet de préciser certaines limites thermodynamiques utiles. Ainsi,
−1
N ∂ 2G
S CC (0) = , S nc (0) = −δ S CC (0) et S nn (0) = ρk B Tχ T + δ 2 S CC (0) (1.20)
k B T ∂c12 T,P, N
volumique δ = 1 ∂ Ω
et la compressibilité isotherme χ T de l’alliage.
Ω ∂ c 1 T, P, N
22 ( 0 ) − (S12 ( 0 ))
AL
S11 (0)S AL AL 2
χ Tρ k BT = , (1.21)
(0) + c 2 S AL
22 ( 0 ) − 2 ( c1 c 2 ) S12 ( 0 )
1/2
AL AL
c1S11
- 13 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
FZ
(c 1S11 ( 0 ) + c 2 )(c 2 S FZ
22 ( 0 ) + c1 ) − c1 c 2 (S 12 ( 0 ) − 1)
FZ 2
χ Tρ k BT = . (1.22)
1 + c 1c 2 (S11FZ
( 0 ) + S FZ
22 ( 0 ) − 2S12 ( 0 ))
FZ
séparation de phases. De manière générale, une tendance à une séparation de phases est constatée
si la condition S CC (0) > c1c 2 est vérifiée. Par contre, si S CC (0) ≈ c1c 2 , l’alliage est idéal ou de
transformée de Fourier de S CC (q) c1c 2 − 1 est donnée par (Bhatia et Thornton 1970) :
∞
S (q ) g (r )
− 1sin (qr )dq = CC 2 = g 11 (r ) + g 22 (r ) − 2g12 (r ) .
1 1
2 ∫ q CC
2π ρr c1c 2 0 c1c 2 (c1c 2 )
(1.23)
k BT ∞ 1 1 sin(qr) 2
3 ∫
Vord (r) ≅ − q dq . (1.24)
4π ρ 0 c1c 2 Scc (q) qr
Ce potentiel d’ordre s’exprime en termes de potentiels effectifs de paires comme suit [12] :
- 14 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Dans un fluide, les atomes subissent de fréquentes collisions au cours desquelles se produisent
des transferts d’énergie et de quantité de mouvement : leurs trajectoires chaotiques sont celles
d’un mouvement brownien. Leur dynamique est correctement décrite par l’équation de
Boltzmann lorsque la densité du fluide est relativement petite (cas d’un gaz). Concernant les
fluides denses tels que les métaux liquides, ce sont les fonctions de corrélations temporelles ou
spatiotemporelles qui offrent le cadre théorique pour étudier à l’échelle microscopique les
propriétés dynamiques.
Les mouvements chaotiques des atomes dans un métal liquide s’effectuent sous l’effet de
l’agitation thermique. Au cours de ces mouvements, les atomes entrent en collision les uns avec
les autres ainsi qu’avec les parois de l’enceinte de confinement, en exerçant une pression. Dans
un liquide, la trajectoire en zig-zag d’un atome (figure 1.2) résulte d’une combinaison d’un
mouvement vibratoire dû aux collisions aléatoires successives (à une fréquence de l’ordre de
1012-1013 Hz) avec des atomes voisins immédiats (c’est l’effet de cage) et d’un mouvement
diffusif. En un sens et de manière imagée, le mouvement d’un atome dans un liquide est analogue
à celui d’une petite particule de dimension typique de 1µm en suspension dans un liquide, ce
mouvement est appelé «mouvement brownien».
- 15 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
k BT
D = . (1.26)
mf
Dans le cadre de l’hydrodynamique, il peut être établi également des relations plus ou moins
exactes entre le coefficient de friction f et la viscosité de cisaillement η (viscosité dynamique).
Les plus montrées dans la littérature sont la relation de Stokes-Einstein et celle de Sutherland-
Einstein mieux adaptée pour les métaux liquides (voir plus loin). La relation de Nernst-Einstein
suivante définit la mobilité µ des particules :
D = k B Tµ . (1.27)
- 16 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
3.2.1. L’autodiffusion
Les idées de base sur la diffusion à l’état liquide furent émises par Fick en 1855 [14], elles ont
été généralisées par la suite aux cas des gaz et des solides. La diffusion est liée directement au
mouvement des molécules, ions ou atomes, par l’agitation thermique. Cette propriété est observée
à l’échelle macroscopique à chaque fois qu’il existe une différence de concentration non
compensée par une action extérieure telle qu’une force de gravitation, une force centrifuge ou un
champ électrique (s’il s’agit de particules chargées telles que des ions). Les liquides ont une
capacité à former une surface libre qui les distingue des gaz qui occupent tout le volume
accessible par le système. La diffusion apparaît comme un transport de matière ayant pour effet
- 17 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
de supprimer tout gradient de concentration, elle ne prend pas la même importance suivant les
différents états de la matière : dans le cas des gaz, elle est définie par le libre parcours moyen,
distance moyenne parcourue par les molécules entre deux collisions, l’ordre de grandeur du
coefficient de diffusion est de 0,5 cm2s-1 environ. Dans le cas des liquides, le libre parcours
moyen est de l’ordre de grandeur de la distance entre particules. Son coefficient de diffusion est
de 10-5 cm2s-1 environ. Dans le cas des solides, il y a très peu de diffusion. La température induit
une vibration des atomes autour d’une position d’équilibre. Dans quelques rares cas, l’énergie
cinétique permet à une particule de se déplacer. Le coefficient de diffusion des solides est de
l’ordre de 10-9 cm2s-1.
Dans la littérature, les valeurs de diffusion sont très dispersées, toute comparaison est une
tâche très complexe. Ceci est notamment dû à des phénomènes importants qui faussent les
mesures. Différents protocoles expérimentaux ont été décrits dans la littérature [15-22]. Itami et
al. [15] notent qu’une différence de 800% peut être observée entre les différentes mesures,
qu’elles soient réalisées sur terre ou en microgravité. La convection et les vibrations ont été citées
comme éléments susceptibles d’expliquer ces différences. Plus récemment, plusieurs auteurs ont
mesuré le coefficient de diffusion avec une technique à capillaire long [15, 23] ou avec une
cellule à cisaillement [19, 20] en microgravité. Avec ces techniques récentes, les résultats sont
moins dispersés. Pour éviter d’être dépendant des mesures très imprécises, plusieurs méthodes
ont été utilisées pour calculer le transport atomique des métaux liquides. La diffusion est
caractérisée par le coefficient d’autodiffusion D calculé en prenant la limite à grand temps du
déplacement quadratique moyen par la formule d’Einstein. Ce calcul est brouillé par le bruit
statistique. Il nécessite des simulations sur un intervalle de temps très long pour atteindre la
valeur asymptotique de la courbe du déplacement quadratique moyen afin de calculer la pente qui
définit le coefficient de diffusion suivant la relation d’Einstein. Le coefficient d’autodiffusion
peut aussi être calculé par la fonction d’autocorrélation des vitesses, connues sous la relation de
Green-Kubo (GK). Le coefficient de diffusion est l’intégrale de cette fonction qui diminue
rapidement avec le temps pour atteindre la valeur zéro.
- 18 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
t
avec ri (t ) − ri (0 ) = ∫ v i (s ) ds . La moyenne thermodynamique du carré du déplacement est donnée
r r r
0
où v(t ′) ⋅ v(t′′) est la fonction d’autocorrélation des vitesses (Velocity Autocorrelation Function :
r r
VAF). Cette fonction est une mesure de la corrélation des vitesses d’une même particule à des
instants différents t ′ et t′′ . Une telle situation peut être illustrée en considérant le comportement de
r (t ) − r (0 )
r r 2
la moyenne du carré du déplacement d’une particule pendant l’intervalle de
r (t ) − r (0)
r r 2 3k T
0 ≤ t ≤ t1 ⇒ ≈ B ⋅ t2 . (1.30.a)
M
Dans l’intervalle de temps considéré, la particule se comporte comme une particule libre.
r (t ) − r (t )
r r 2
t1 ≤ t ≤ t 2 ⇒ ≈ constant , (1.30.b)
r (t ) − r (t )
r r 2
t2 ≤ t ⇒ ≈ 6D ⋅ t , (1.30.c)
- 19 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
t t′
∆ 2r (t ) ≡ ∫ dt′ ∫ dτ v(τ ) ⋅ v(0 ) .
r r
(1.32)
0 t ′- τ
Le coefficient d’autodiffusion D est calculé au temps t pour chaque particule «a» par
l'intégrale sur la VAF [1, 6] Z(t) à trois dimensions. La VAF est définie comme suit :
où Z (0 ) =
3k B T
. Le coefficient d’autodiffusion est relié à la VAF par la relation d’Einstein
m
suivante :
∞
D = ∫ Z (t ) dt .
0
(1.34)
mouvement aléatoire d’une particule dans un liquide. Cette description est parfois mieux
appréhendée par sa fonction spectrale ψ(ω ) définie au paragraphe § 3.2.1.3. Sur la figure (1.3),
on présente la fonction d’autocorrelation des vitesses des atomes associée aux trois états : gaz,
liquide et solide, en distinguant les basses et les hautes températures.
L’amortissement de cette fonction signifie que les particules ne sont plus corrélées
cinétiquement après un laps de temps. Les particules ne sont pas corrélées dans le cas des gaz
[24]. Les parties négatives sont dues aux effets de rétrodiffusion des particules en raison de leur
réflexion dans une « cage ».
- 20 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Figure 1.3 : Fonction d’autocorrelation des vitesses des atomes dans les trois cas de la matière
en distinguant les basses et les hautes températures (BT et HT) [24].
Z(t ) = x (t ) x (0 ) = lim x (τ ) x (t + τ ) dτ .
1 T
T →∞ 2T ∫−T
(1.35)
Sur la figure (1.4), on présente la densité spectrale de la fonction d’autocorrélation des vitesses
des particules dans les différents états de la matière.
- 21 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Figure 1.4: Densité spectrale de la fonction d’autocorrélation des vitesses des particules
définie pour les gaz, solides et liquides [25].
Des fréquences caractéristiques de leurs mouvements dans les trois états de la matière sont mises
en évidence. La densité spectrale ψ(ω ) est la transformée de Fourier de la fonction
d’autocorrelation Z(t ) :
ψ (ω ) ≈
D
+ a 1ω1/2 + a 2 ω + a 3 ω 3/2 + ... (1.37)
π
−3/2
2 k BT η
avec : a1 = − D+
2
12 π ρ m ρ m
- 22 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
où η est la viscosité. Dans un liquide, on s’attend à ce que le mouvement des particules soit à la
fois diffusif et vibrationnel. Le caractère vibrationnel est une réminiscence de l’état solide (cage)
à basse température.
∂ Z (t)
t
= − ∫ M(t − τ)Z(τ)dτ , (1.38)
∂t 0
t2
M(t) = Ω 02 exp − 2 + βt 4 exp( − γt) , (1.39)
τ
- 23 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
où τ , β et γ sont ici des paramètres d’ajustement. La valeur M(0) = Ω 02 est calculée par la
théorie microscopique [24]. Cette fonction peut être écrite en fonction de deux termes : un terme
dû aux collisions binaires atome-atome M B (t) et un terme de couplage des modes dû à
l’influence des contraintes collectivement imposées par les atomes voisins :
La première contribution d’après Bretonnet [24] est fortement localisée dans le temps et
l’espace, elle s’amortit rapidement vers zéro. Par contre la deuxième contribution présente un
faible maximum et un temps de relaxation d’un ordre de grandeur supérieur à celui dû au
mécanisme des collisions binaires (figure 1.5).
Figure 1.5 : Fonction mémoire du rubidium surfondu. Les points correspondent aux résultats
de simulation numérique [24].
- 24 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Z αβ (t ) =
1
3
[ r
][
c α c β N u α (t ) − u β (t ) ⋅ u α (0 ) − u β (0 )
r r r
] (1.41)
chimique α . Dans cette équation, on considère les centres d’inertie de chaque espèces d’atomes,
ainsi, la vitesse à l’instant t du centre d’inertie des atomes de type α est :
N
α (t ) = (t )
r 1 α
r
u
cαN
∑
i=1
u i
α
(1.42)
• αβ (t ) = c β Z α
Z Self (t ) + c α Z Self (t )
Self
une partie « self » ou « auto» : β (1.43)
αβ (t ) sont des fonctions d’autocorrélation des vitesses relatives à chacune des espèces
Les Z Self
chimiques. Elles sont définies par (1.33) comme pour les substances pures.
• une contribution « distincte » Z dαβ (t ) qui caractérise l’interaction de atomes différents ;
de sorte que :
Z αβ (t ) = (1 − δ αβ ) Z Self
αβ (t ) + c α c β Z αβ (t )
d
(1.44)
- 25 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
D12 = D12
Self
+ c1c 2 D12
d
ou bien D12 = D12
Self
(1 + γ12 ) (1.45)
Self
avec D12 = c 2 D1Self + c1 D Self
2 et γ12 est une mesure du comportement du mélange par rapport à
une solution idéale pour laquelle γ12 = 0 . On notera enfin de compte que le coefficient
d’interdiffusion Dint s’écrit :
c1c 2
où : θ= (1.47)
S cc (0 )
Le calcul du coefficient d’interdiffusion (grandeur accessible par l’expérience) nécessite la
détermination du facteur de structure concentration-concentration de Bhatia-Thornton [5] à q = 0 ,
à savoir : Scc(0) . Cependant l’obtention par la dynamique moléculaire d’une valeur précise de
Scc (q → 0) même par extrapolation, nécessite de faire une simulation longue pour un échantillon
constitué d’un grand nombre de particules (plus de 200000 itérations avec 4000 particules).
- 26 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
N
ρ (q, t ) = ∫ exp (iq ⋅ r ) ρ ( r , t )d r = ∑ exp [i q ⋅ ri (t )] .
r r r v r r r
(1.49)
i =1
La fonction d’autocorrélation spatio-temporelle qui est associée à la densité locale, est la fonction
de Van Hove (1954) [1] :
∑ δ [ r + r (0) − r (t )]
N
G (r, t ) = ρ (r , t ) ρ (0,0) =
r 1 r 1 r r r
i j . (1.50)
N N i, j=1
La fonction de diffusion intermédiaire F (q, t ) obtenue par une transformation de Fourier spatiale
r
G ( r , t ) , s’écrit :
r
F (q, t ) = ∫ G ( r , t ) exp(iq ⋅ r )d 3 r .
r r r r r
(1.51)
Plus précisément :
∑ exp ( iq . [ rj (t ) − ri (0) ] )
r r r r r r
F (q, t ) = ρ ( − q,0) ρ (q, t ) .
1 1
= (1.52)
N ij N
Le facteur de structure statique S(q) est égal à la fonction de diffusion intermédiaire à l’instant
S(q ) = F (q,0 ) .
r
origine : (1.53)
- 27 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Nous avons utilisé ce formalisme pour étudier le comportement du facteur de structure aux petits
angles (petits q). Le calcul direct de S(q ) via (1.53) permet d’éviter les oscillations non
physiques obtenues lorsque le facteur de structure est déduit par transformée de Fourier de la
fonction de distribution radiale.
r 1 +∞ r
S(q, ω ) = F (q, t ) exp ( − iω t ) dt .
2 π ∫−∞
(1.54)
Le facteur de structure dynamique nous renseigne sur le mouvement collectif des atomes, il a
un comportement différent suivant la valeur de q. Bretonnet [23] distingue trois régions
différentes correspondant à trois valeurs de q particulières q0, q1 et q2 (figure 1.6).
Figure 1.6 : Facteur de structure dynamique S(q, ω) en fonction de ω pour trois valeurs
particulières de q [24].
- 28 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
En analysant les différents spectres, la position des pics satellites ω p nous fournit la vitesse du
son Vs : ω = ± Vs q . Les régions de faibles valeurs de q sont très sensibles aux mouvements
collectifs des atomes tandis que les régions correspondant aux grandes valeurs de q sont très
sensibles aux mouvements individuels des atomes [1, 8, 24].
Il existe deux types d’expériences de diffusion de neutrons dans les liquides. La première nous
permet de mesurer le facteur de structure statique, elle correspond à la diffusion élastique. La
deuxième correspond à la diffusion inélastique, elle nous renseigne sur le facteur de structure
dynamique S (q , ω). On choisit l’angle (ou le vecteur d’onde q) et on mesure le nombre de
particules arrivant sur un détecteur en fonction des énergies hω (autour de l’énergie du neutron
incident). Cette expérience est extrêmement difficile et longue notamment aux petites valeurs de
q où l’intensité diffusée est faible. D’autres expériences de mesure de la vitesse du son, sont
utilisées pour étudier des valeurs particulières de S (q, ω) aux faibles valeurs de q et de ω.
Le comportement du facteur de structure dynamique peut aussi être déterminé par des modèles
théoriques tels que le modèle viscoélastique. Il peut être déduit également par des expériences de
simulations numériques par la dynamique moléculaire. Celles-ci sont en principe plus exactes.
paramètre η est défini comme la viscosité de cisaillement. La force Fxz est la contrainte de
cisaillement nécessaire pour maintenir le gradient de vitesse dans un état stable [8].
- 29 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Figure 1.7 : Illustration du gradient des vitesses entre différents plans dans un fluide visqueux.
- 30 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
∑ [p ]
N
1
Π µν
= − µ
i p βi /m i + R µ f iν , (1.56a)
Ω i =1
1 N µ ν N
Π µν
= −
Ω
∑ p i p i /m i + ∑ R µij f ijν . (1.56b),
i =1 j> i
Dans cette relation, p µi est la composante µ du vecteur quantité de mouvement de la particule i
r r
i et j ; c'est-à-dire du vecteur R i − R j . La quantité notée f ijν désigne la composante ν de la force
qu’exerce l’atome j sur l’atome i. Par conséquent, le tenseur des contraintes a deux contributions,
la première représente la partie cinétique et la seconde la partie potentielle. Dans ces deux
équations, Ω est le volume total du système. Pour le passage de l'équation (1.56.a) à l'équation
r r r
(1.56.b) on exprime R ij = R i − R j et on écrit la force agissant sur l'atome i comme la somme de
r r
paires: f i = ∑ f ij . La fonction d'autocorrélation de contraintes (SACF) [6, 39-40] est définie à
j≠ i
La partie non diagonale du tenseur de contraintes contient les variables dynamiques de toutes
les particules. Ainsi, la viscosité de cisaillement, qui tient compte de ces variables, est la propriété
de transport atomique qui est en rapport avec le comportement collectif du système. Elle est
soumise à des fluctuations beaucoup plus grande que la fonction d'autocorrélation des vitesses.
Pour un milieu homogène et isotrope tel un liquide, il n’y a que cinq composantes indépendantes
( )
[41]: Π xy , Π yz , Π zx , 1 2 Π xx − Π yy et 1 2 Π yy − Π zz . ( )
- 31 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Il faut remarquer que le tenseur de contraintes est souvent appelé le tenseur de pression. Dans
le formalisme de Green-Kubo, les coefficients de transport sont calculés à partir de fonctions de
corrélations temporelles. Ainsi, la viscosité de cisaillement η d’un fluide est donnée par la
formule d’intégration suivante [6] :
∞
Ω
k B T ∫0
η= dt Π µν (t) ⋅ Π µν (0) . (1.58)
On peut noter également que l’analogue de la relation d’Einstein (1.23) pour la viscosité, est la
suivante :
[
Ω Ξ µν (t ) − Ξ µν (0)
2
]
1
η=
k BT 2t
, où Ξ µν = ∑ riµ p iν ,
Ω i
(1.59)
t →∞
Par ailleurs, on définit une viscosité en volume (bulk viscosity) qui intervient dans des cas
particuliers comme l’amortissement des pulsations de volume. Elle devient importante seulement
avec des substances pour lesquelles la compressibilité du fluide sera importante et dans le cas de
compression rapide. Cette viscosité joue un rôle important pour décrire l’absorption et la
dispersion des ondes ultrasonores [8]. D'un point de vue microscopique, la viscosité en volume
peut être calculée par l'intégration de la fonction d’autocorrélation temporelle des éléments
diagonaux du tenseur de contraintes. Elle apparaît dans la loi de Stokes qui décrit la propagation
du son dans un liquide newtonien. Dans l'ensemble microcanonique (ou NVE : nombre de
particule, volume de système, et l’énergie sont constants / conservés) la viscosité en volume [6]
est définie comme suit :
∞
dt δΠ µµ (t ) ⋅ δΠ νν (0 )
Ω
ηV = ∑ ∫
9k B T αβ 0
∞
, (1.60)
dt δΠ(t ) ⋅ δΠ(0)
Ω
k B T ∫0
=
- 32 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
phénoménologiques. Celle d’Egry [42] lie la tension superficielle γLV (tension liquide-vapeur) à
la viscosité η :
1
γ LV 15 k B T 2
= (1.61)
η 16 m
A partir de la relation de Stokes-Einstein [12, 13] appliquée à l’équation précédente, Yokohama
[43] exprime la tension superficielle en fonction du coefficient de diffusion comme suit :
1
15 ⋅ k B T k B T 2
γ LV = , (1.62)
32 π σ D m
où σ est le diamètre de la particule.
- 33 -
Chapitre I : Propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Bibliographie
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- 34 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Chapitre II
Des interactions interatomiques aux propriétés
statiques et dynamiques par simulation
numérique
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
I. Introduction
L’ensemble de ce travail repose sur deux outils de base. Le premier est théorique et permet de
calculer les interactions entre ions et entre ions et électrons. Il s’agit du formalisme du
pseudopotentiel qui permet d’obtenir un potentiel effectif fondé sur des théories quantiques. Le
deuxième outil est la simulation numérique par dynamique moléculaire.
Les liaisons chimiques résultent de la structure électronique des matériaux ; elles en
déterminent dans une large mesure les propriétés. Aux différents types de liaisons qui assurent la
cohésion des atomes ou des molécules, correspondent plusieurs classes de matériaux. On
distingue ainsi les liaisons fortes (ionique, covalente, métallique) et les liaisons faibles (liaison de
Van der Waals et liaison hydrogène). La nature de la liaison métallique, caractérisée par une très
grande mobilité des électrons de valence, explique leurs très grandes conductivités électrique et
thermique [1, 2]. Historiquement, le modèle des électrons libres [3] est un concept important pour
rendre compte qualitativement des propriétés métalliques. Dans l’élaboration d’une théorie
quantique de la structure électronique des métaux, le modèle des électrons libres est à l’origine de
modèles théoriques plus raffinés qui décrivent plus précisément les propriétés spécifiques des
métaux. Parmi ceux-ci, la méthode du pseudopotentiel est l’une des plus considérées dans la
littérature pour décrire l’interaction d’un électron de valence avec son environnement métallique.
C’est une interaction à plusieurs corps caractérisée par un écrantage diélectrique à longue portée.
Introduite à la fin des années cinquante pour la détermination de l’énergie de structure de bandes
[4], la théorie générale est discutée par Ziman [5], Austin et al. [6] et Harrison [7, 8]. Son
application aux calculs des propriétés métalliques a été facilitée grâce au concept de
pseudopotentiel modèle proposé par Heine et Abarenkov [9], et par Animalu et Heine [10] . Elle
a reçu ultérieurement de nombreux développements majeurs [11-18].
Dans ce chapitre, nous nous proposons de rappeler brièvement les fondements du formalisme
des pseudopotentiels. Ceux-ci sont classés en familles bien distinctes. Les propriétés spécifiques
des pseudopotentiels modèles représentatifs de chacune de ces familles, sont passées en revue.
Une attention particulière est portée à un modèle de pseudopotentiel local qui décrit de manière
satisfaisante la structure ionique et les propriétés de transport atomique de l’étain liquide. Ce
métal est un élément important dans les alliages de type soudure sans plomb. Les interactions
interatomiques sont représentées par un potentiel effectif de paires construit à partir de l’étude de
- 35 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
la structure électronique dont nous rappelons les étapes de calcul. Une telle construction est un
préalable pour l’étude des propriétés des métaux liquides en usant des méthodes de simulations
numériques telle que la dynamique moléculaire. Dans la dernière partie de ce chapitre, nous
rappelons seulement les principaux aspects de celle-ci et les modalités de sa mise en œuvre.
Notre application est faite aux métaux nobles et à l’étain.
Un métal est constitué de deux types de particules qui interagissent mutuellement via le
potentiel de coulomb. Ce sont les N noyaux atomiques et les N·Za électrons (Za étant le numéro
atomique). La résolution de l’hamiltonien métallique HM est rendue difficile par le nombre élevé
de variables dynamiques ( ≈ 10 23 ). Une première simplification du problème consiste à faire une
distinction nette entre les électrons de conduction complètement délocalisés (au nombre de Z v
par atome) et les électrons de cœur atomique pour lesquels les orbitales des couches internes
correspondent à des états liés. Ces derniers forment le cortège électronique des noyaux ;
l’ensemble constituant des ions (figure 2.1). L’hamiltonien H M d’un tel système s’écrit :
où Tn et Te désignent les énergies cinétiques totales, respectivement des ions et des électrons de
valence, Vnn représente l’énergie totale de répulsion coulombienne des ions. L’énergie totale de
répulsion électrons-électrons et l’énergie totale d’attraction ions-électrons, toutes deux d’origine
coulombienne, sont représentées respectivement par Vee et Ven . En mécanique quantique, ces
grandeurs sont exprimées en termes d’opérateurs d’impulsions et de positions des particules [19-
NZ V N
Zv
21]. Par exemple : Ven = ∑ ∑ Rr
i =1 j=1
r
− ri
(2.2)
j
- 36 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Ion
Nuage formé
d’électrons de
valence
Figure 2.1 : Représentation d’un métal liquide constitué d’ions immergés dans un gaz
d’électrons de conduction (valence).
- 37 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
L’hamiltonien He contient bien évidement les cordonnées spatiales des ions, mais ces dernières
sont considérées comme des paramètres et non plus comme des variables dynamiques vérifiant
les relations canoniques de la mécanique quantique. Soit E e (R ) une valeur propre de He ; celle-
ci représente l’énergie totale des électrons de conduction dans l’approximation adiabatique. Elle
dépend des coordonnées spatiales des ions représentées ici symboliquement par :
R ≡ { R j }, j ∈ [1, N ]. L’hamiltonien (classique) de l’échantillon métallique peut s’écrire :
H M = Tn + Vnn + E e (R ) . (2.3.c)
Les deux derniers termes de (2.3.c) représentent l’énergie potentielle totale effective des ions qui
sera explicitée plus loin dans ce chapitre.
Hψ =Eψ (2.4.a)
où : H =T+V . (2.4.b)
- 38 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
V0 entre un électron de valence et l’ensemble des ions et le potentiel d’interaction Vval entre le
même électron de valence et le reste des électrons de valence : c’est un potentiel de polarisation
ou d’écran. Il s’en suit :
V = V0 + Vval . (2.5)
ρv (r )
r
s’exprime comme suit en fonction de la densité des électrons de valence [25] :
ρv (r′) 3r
r
Ves = ∫∫∫ r r d r′
r − r′
(2.7)
r r r
avec : ρv (r ) = ∑ψ∗j (r )⋅ ψ j (r ) . (2.8)
j
Slater formé à partir des orbitales à un électron ψ j (rr ) . Ces dernières sont solutions de (2.4a). Le
second terme VXC , appelé potentiel d’échange et corrélation, est d’origine quantique. Il est la
VXC = VX + VC . (2.9.a)
VH = V0 + Ves . (2.9.b)
- 39 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Il existe une grande variété de méthodes de résolution de l’équation aux valeurs propres
(2.4.a). Elles diffèrent toutes dans le choix de la base dans laquelle est développée la fonction
d’onde ψ( r ) et dans la forme que prend le potentiel selfconsistent V . D’un point de vue
r
mathématique, l’emploi d’une base formée par des ondes planes est plus pratique. C’est le cas
pour la méthode du pseudopotentiel dont les aspects les plus importants sont rappelés ici.
r r r
r
1 i k ⋅ rr
Soit r k+q = e la base formée d’ondes planes. Celles-ci sont normalisées sur le
Ω
volume Ω de l’échantillon de métal comprenant N atomes. Le volume moyen par atome est
alors : Ω 0 = Ω N . Le développement de la fonction d’onde solution de l’équation (2.4a) dans
une telle base n’est pas indiqué pour la raison qu’au voisinage des noyaux atomiques (région de
cœur ionique), cette fonction d’onde présente des oscillations prononcées (Fig.2.2). Ces
oscillations sont la conséquence de l’orthogonalisation des orbitales de valence sur les états de
cœur. Considérons alors une base plus appropriée et formée de fonctions :
( r r
)
ζ r r = 1- Π r k + q .
k+q k
(2.10)
Afin de distinguer les différentes orbitales des électrons de valence solution de l’équation (2.4.a),
réécrivons cette dernière ainsi :
H ψ kr = E kr ψ kr . (2.11)
Un bon choix de la transformation (2.10) doit assurer une convergence rapide dans le
développement :
k r
r
()
ψ r = ∑ a qr k ζ r r .
k +q
(2.12)
q
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Par définition, la pseudofonction d’onde ϕ kr ( r ) associée à ψkr ( r ) est telle qu’elle admet un
r r
k r
r r r
()
ϕ r = ∑ a qr k k + q . (2.13)
q
En vertu de (2.10), la pseudofonction d’onde vérifie :
( )
ψkr = 1 - Π kr ϕkr . (2.14)
H ps ϕ kr = E kr ϕ kr . (2.15.b)
L’opérateur : (
W = V + Ekr − H Πkr , ) (2.15.c)
unique ; elle est liée au choix de l’opérateur Πkr . Comme l’indiquent les équations (2.15), le
- 41 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Ceci étant, l’interprétation du pseudopotentiel W n’est pas aussi simple que pourrait l’être
le potentiel selfconsistent V; il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il puisse être non hermitien. Une telle
construction théorique n’a d’intérêt que si elle satisfait certains critères désirés : d’une part la
pseudofonction d’onde doit être « lisse » (voir figure 2.2); c'est-à-dire que le nombre de termes
dans le développement (2.13) est réduit. La seconde qualité requise est le fait que W doit être
suffisamment petit devant l’énergie cinétique à un électron T, afin que la résolution de l’équation
aux valeurs propres (2.15b) par la méthode des perturbations soit pleinement justifiée. Ceci est
possible car le second terme du membre droit de l’équation (2.15.c) annule en partie le potentiel
selfconsistent V qui est lui assez profond au voisinage d’un cœur ionique (voir figure 2.2). Cette
propriété est appelée « théorème d’annulation »[26].
r
Figure 2.2: Allure de la pseudofonction d’onde ϕ ( r ) comparée à celle de la fonction d’onde
r
réelle ψ( r ) . Même comparaison entre le pseudopotentiel W(r) et le potentiel selfconsistent
V(r). Au-delà d’un rayon de coupure Rc, ϕ (r ) et ψ( r ) sont idéalement identiques ; Il en est de
r r
même pour W(r) et V(r).
ρ d (r ) =
r 1 ψ r 2 (rr ) − ϕ r (rr ) 2
Nr ∑ k
k .
(2.16.a)
k∈Ω F
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Dans cette équation, la sommation s’effectue sur tous les vecteurs d’onde appartenant à la sphère
de Fermi Ω F de rayon (« vecteur » d’onde de Fermi):
(
k F = 3π 2 Z v / Ω 0 )1 3 . (2.16.b)
Dans le contexte des pseudopotentiels modèles (voir plus loin), la théorie ne donne aucune
suivant un canevas analogue à celui conduisant à la « règle de somme de Friedel » [27] , Shaw et
Harrison [28] ont obtenu sa forme intégrée. Celle-ci définit la « lacune de charge » :
r r r dW(E kr ) r 3
ρ d = ρ d (r )d 3 r = − ∫ ϕ k (r ) ( r )d r .
1 ∗
∫ N k≤k ∑ dE kr
ϕ k (2.16.c)
F
r r rr r r
ρ d (q ) = ρ( r ) e iq ⋅ r d 3 r = ρ d M (q ) .
1
Ω ∫ (2.17.a)
Ωc
r
Comme il a été déjà souligné, la distribution ρ d ( r ) n’est pas connue; il en est de même de la
fonction modulation M(q ) . Plusieurs expressions de cette fonction ont été testées et proposées
r
dans la littérature [29]. Dans nos calculs nous avons utilisé la distribution dite « coquille » [29]:
ρd
ρ d (r ) = δ(R c − r ) , (2.17.b)
4π R c2
sin(qR c )
ce qui correspond à : M(q) = , (2.17.c)
qR c
où R c ≡ R c (E F ) ≡ R F est dans notre cas le « rayon » du modèle de pseudopotentiel.
- 43 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
des ions, le potentiel de polarisation ou d’écran Vval restant inchangé. Dans ce paragraphe, nous
rappelons très brièvement le lien entre les pseudopotentiels W et W0 (pour une discussion plus
approfondie, voir référence [21]). Ce lien est établi dans le cadre de la théorie de la réponse
linéaire au moyen de la fonction diélectrique ε (q ) . Dans la théorie en question, le potentiel de
valence s’obtient à partir de W selon la relation :
Vval = −χ (W ) .
)
(2.19)
)
Cette équation permet de définir l’« opérateur » linéaire χ [21]. Il en résulte :
W = ε −1(W0 )
)
(2.20)
) )
ε = 1+ χ . (2.21)
Les relations opérationnelles que l’on vient décrire ne peuvent pas être plus explicites si W et
W0 sont des opérateurs non locaux ou bien dépendent de l’énergie. Dans le passé, Animalu [30]
a développé une théorie de l’écrantage (complet) d’un opérateur « non local ». En ce qui
concerne les opérateurs locaux, on a simplement, dans l’espace réciproque :
W0 (q )
W (q ) = (2.22)
ε (q )
avec : ε (q ) = 1 + χ (q ) . (2.23)
- 44 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
χ (q ) = [1 − G XC (q )] χ H (q ) (2.24)
v c (q ) =
4π
et de la fonction de Lindhard :
q2
1 4 − η2 2+η
Ld (η ) =
q
+ Log , où η = (2.25)
2 8η 2−η 2k F
k2
où Ξ(E F ) = sc désigne la densité d’états au niveau de Fermi, k sc étant une constante d’écran.
π2
Cette densité d’état peut être exprimée [29] en fonction du vecteur d’onde de Fermi (2.16b) et de
masse de densité d’états.
(
c'est-à-dire : rs = 9π / 4kF3 ) 13
. Plusieurs expressions de GXC(q) ont été proposées dans la littérature
[1, 21], seules quelques-unes ont une base théorique plus ou moins avérée et sont utilisées dans
les calculs des propriétés métalliques. On peut citer celles respectivement de Singwi et al. (SSTL,
- 45 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
1970) [32]; de Vashista et Singwi (VS, 1972) [33] ; de Ichimaru et Utsumi (IU, 1981) [34] et
enfin celles récentes de Hellal et al. (HIG-1 et HIG-2, 2003) [35]. La plupart des autres
expressions de G XC (q ) sont de simples formules d’interpolation.
Pour nos calculs, nous avons utilisé et testé les trois premières pour étudier la structure de
l’étain liquide. Celles dénommées HIG-1 et HIG-2 sont construites à partir de calculs Monte
Carlo quantique [31] en tenant compte de certaines exigences physiques « règles de sommes ».
Elles sont néanmoins difficiles à mettre en œuvre compte tenu de leurs expressions compliquées.
La fonction d’Ichimaru-Utsumi qui est construite dans le même esprit, décrit correctement les
corrélations électroniques aux petites distances. Celle-ci est bien adaptée aux systèmes dont la
densité électronique est élevée. On sait en effet que l’influence de GXC(q) sur les propriétés
physiques, est beaucoup plus importante pour les métaux polyvalents avec rs relativement petit,
que pour métaux alcalins pour lesquels rs est nettement plus grand [21, 36]. Sa forme analytique
relativement simple est sans doute la plus utilisée dans la littérature ; c’est celle que nous avons
utilisée dans tous nos calculs après avoir testé les autres formes. Pour rappel, nous avons :
q 2
- SSTL et VS : G SSTL / VS (q) = A 1 − exp − B
(2.27.a)
k F
L’expression (2.27.a) est commune pour SSTL et VS, seules les valeurs des deux paramètres A et
B diffèrent. Les auteurs les ont tabulés pour quelques valeurs de rs dans la gamme des densités
électroniques des métaux.
q
4
q
2
q 4 3 q 2 4k 2 − q2 2k + q
- IU: GIU (q) = A + B + C + A + B + A − C F Log F (2.27.b)
kF kF k F 8 kF 4kFq 2kF − q
Les auteurs donnent les constantes A, B et C comme des fonctions analytiques de rs . La figure
- 46 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
1.2
rs = 2
0.8
Gxc (q)
0.4
VS (Vashista et al. 1972)
SSTL(Singwi et al. 1970)
IU (Ichimaru et al. 1981)
0.0
0 2 4
q / kf
Figure 2.3 : Fonctions d’échange et corrélation pour un paramètre
de densité électronique rs =2.
des ions. Il en est de même des pseudopotentiels écranté W et non écranté W0 . Pour les besoins
des calculs, on se doit d’exprimer cette dépendance. Sous certaines hypothèses (approximation
des petits cœurs, réponse linéaire, etc.) [7] , on peut admettre que les quantités en questions
peuvent être décomposées en une somme de termes individuels correspondants aux ions
métalliques. Ainsi, on peut écrire entre autre pour les pseudopotentiels écranté ou non écranté en
se souvenant toutefois qu’ils peuvent être non locaux:
N r r r r
W ( r , r ′) = ∑ w r − R , r ′ − R ,
rr
(2.28.a)
µ =1
µ µ
N r r r r
W ( r , r ′) = ∑ w r − R , r ′ − R .
rr
(2.28.b)
µ =1
0 0 µ µ
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Dans l’espace réciproque, les éléments de matrice dans la base formée d’ondes planes
normalisées sur le volume Ω de l’échantillon métallique, peuvent être factorisés comme suit :
r r r r r
k + q W k = S(q ) w q, k , ( ) (2.29.a)
r r r r r
k + q W0 k = S(q ) w 0 q, k .( ) (2.29.b)
Dans cette décomposition, le premier facteur S(q ) rend compte de la disposition spatiale des
ions : c’est le « facteur de structure » évoqué au début du chapitre. Il s’écrit :
exp(iq ⋅ rµ ) .
1 N r r
S(q ) = ∑ (2.30)
N α =1
On notera que, dans le cas d’un milieu liquide pour lequel on a la symétrie sphérique, le facteur
r
de structure ne dépend pas de la direction du vecteur d’onde de transfert q . L’autre terme de la
r r
( )
décomposition est le facteur de forme écranté w q, k , ou bien le facteur de forme « nu » ou non
( )
r r
écranté w 0 q, k . Les deux facteurs de forme ainsi définis, que l’on note parfois pour
simplifier : w qr , kr et w 0qr, kr , sont très importants dans les calculs. Ils spécifient la nature des
( )
r r r r r
w q, k = N k + q w k ( )
r r r r r
et w 0 q, k = N k + q w 0 k . (2.31)
- 48 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
effet, nous avons affaire à des transformations de Fourier multiples qui nécessitent un traitement
spécial fondé sur l’emploi des transformations de Hankel [7]. On procède de la manière suivante :
le modèle de pseudopotentiel non écranté dans l’espace réel peut être, réduit en une somme de
deux termes, à savoir sa partie locale w 0L et sa partie non locale w 0NL , de sorte que :
w 0 = w 0L + w 0NL (2.33.a)
( )
r r r r
w 0 q, k = w 0L (q ) + f(q, k) , (2.33.b)
r r
Le terme w 0L (q ) est la transformée de Fourier de w 0L , tandis que le second terme f(q, k) est
l’élément de matrice de la partie non locale w 0NL . Il en résulte que le facteur de forme
r r w L (q ) + v d (q )
( )
w q, k = 0
ε (q )
r r
+ g (q ) + f(q, k) , (2.34)
La quantité v d (q ) qui apparaît dans (2.34), uniquement pour les pseudopotentiels dépendant de
l’énergie, est l’élément de matrice du potentiel coulombien créé par la distribution de la lacune de
charge (2.16). On peut noter que, pour les modèles de pseudopotentiels décrits dans ce chapitre,
les expressions des différentes quantités dans les équations (2.33) et (2.34), sont détaillées dans
la littérature [21, 28, 29, 37, 38] .
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
conçoit alors qu’historiquement, à travers les raffinements apportés à la théorie, les choix de
l’état de référence et les différentes manières de surmonter les difficultés inhérentes à la
transférabilité, un certain nombre de pseudopotentiels ont été développés. Certains ont des
propriétés communes importantes. C’est pourquoi ils sont répertoriés en plusieurs catégories que
nous allons passer en revue dans les prochains paragraphes.
[6], et Harrison [7, 8], donnent des expressions de Π r en termes d’opérateurs de projection sur
k
les états des électrons de cœur. Dans cette construction d’une grande complexité mathématique, il
est difficile d’obtenir conjointement un pseudopotentiel relativement petit et une pseudo-fonction
d’onde suffisamment lisse. Cohen et Heine [26] ont alors proposé une méthode d’optimisation de
la transformation du pseudopotentiel. Celle-ci conduit à un pseudopotentiel encore plus
compliqué pour l’envisager dans les calculs de structure électronique. La seconde difficulté est
que ce formalisme exige la connaissance du potentiel monoélectronique V. La forme précise de
celui-ci reste problématique. Il n’y pas de formules exactes qui permet de déterminer V. Celles
qui existent ont toutes en commun des hypothèses simplificatrices. Des simplifications qui
peuvent grandement altérer la construction du pseudopotentiel [21].
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
expérimentales : W est alors appelé pseudopotentiel modèle. Cette idée importante est à l’origine
du développement et des applications variées de la méthode des pseudopotentiels. D’un point de
vue conceptuel, l’état de référence le mieux indiqué pour la construction du modèle, est celui de
l’ion isolé. Dans ce cas, les données expérimentales sont les termes spectroscopiques. Ceux-ci,
mesurés avec une extrême précision, ne sont pas tributaires de l’état thermodynamique
(température, pression) qui caractérise un échantillon métallique. Le schéma de construction
proposé à l’origine par Heine et Abarenkov est inspiré de la « méthode du défaut quantique »
[39]. Le pseudopotentiel engendré décrit avec précision les propriétés de diffusion de l’ion isolé.
La pseudofonction d’onde vérifie alors une propriété importante dite de la « dérivée
logarithmique » [7]. Dans la région de cœur ionique ( r < R C ), elle ne présente pas les oscillations
qui sont propres à la fonction d’onde réelle. Cependant, en dehors de la région de cœur ces deux
fonctions sont similaires mais avec des amplitudes différentes. Il en résulte que la pseudofonction
d’onde n’est pas normalisée. Cette méthode de construction communément appelée «scattering
approach» a reçu d’autres raffinements de la part de plusieurs auteurs notamment : Shaw [11],
Hallers et al. [40]. Parce que l’état de référence (l’ion isolé) est défini à un niveau fondamental et
donc sans ambiguïté, les pseudopotentiels modèles construits selon le canevas montré ci-dessus
sont également appelés pseudopotentiels de type « first principles ». La contrepartie est qu’ils
sont des opérateurs non locaux et dépendent de l’énergie dans une échelle absolue. Ces deux
propriétés entraînent de singulières complications dans les calculs des propriétés métalliques.
Celles-ci concernent d’une part « leur transférabilité » à un environnement métallique et d’autre
part à leur écrantage (voir équation 2.34). La transférabilité induit une modification des
paramètres du modèle. Ceux-ci sont calculés pour une énergie décalée par un terme appelé « core
shift » qu’il est difficile à évaluer [11]. Une autre conséquence de la dépendance en énergie : la
théorie des perturbations telle qu’elle est développée dans les ouvrages de mécanique quantique
est profondément modifiée avec l’apparition de nouveaux concepts tels que le « depletion hole »
déjà évoqué dans le sous paragraphe (III.1) et les masses effectives de Shaw [41].
- 51 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
rendent possible leur normalisation. Les pseudopotentiels pour lesquels les pseudofonctions
d’onde associées sont normalisées, sont dits de type « norm-conserving ». Ces modèles de
pseudopotentiels sont dits ab-initio car leurs constructions ne demandent pas la connaissance des
termes spectroscopiques. Puisque l’état de référence est l’atome isolé, les calculs menés
concernent en fait l’équation radiale qui est la restriction de l’équation de Schrödinger à un sous
r
espace associé à la valeur de moment cinétique l . Ces calculs conduisent à la détermination des
r
composantes Wrl de moment cinétique l du potentiel ionique W. Bachelet et al. ont donné W
r
cinétique l . Cette forme semi-locale associée à la valeur propre du moment cinétique l [7] est
mal adaptée pour les calculs de type Car-Parrinello [42]. Par nécessité pour ces derniers, une
forme « non locale » plus appropriée a été proposée par Kleinman et Bylander [43]. Outre le
modèle de pseudopotentiel BHS représentatif de cette famille, il existe d’autres modèles qui
diffèrent selon que l’on a une optimisation de la pseudo-fonction d’onde (RRKJ [15], Troulliers-
Martin [17]) ou du pseudopotentiel (Vanderbilt [44] ). Tous ces modèles sont non locaux mais
indépendants de l’énergie.
- 52 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
opérateur local construit pour un état de référence qui est le métal dans un état thermodynamique
donné (solide ou liquide). Les paramètres sont ajustés sur une ou plusieurs propriétés physiques
(surface de Fermi ou spectre de phonons de ce métal à l’état solide, résistivité ou facteur de
structure ionique de ce métal à l’état liquide). Deux conditions sont à la base de cette
construction. La première est que l’expression W(r) du modèle ne doit pas être complexe de
façon à ce que sa transformée de Fourier W(q) = k + q W k puisse être présentée sous forme
analytique. La seconde condition est que le modèle de pseudopotentiel W(r) soit borné aux
distances radiales plus petites que le rayon ionique ( r ≤ Rc ) . A des distances plus grandes, il
tend asymptotiquement vers la forme coulombienne Z V r . En fait, et d’un point de vue théorique,
il n’y a aucun contrôle de l’amplitude W ou de la forme de la pseudofonction d’onde (figure 2.4).
Les pseudopotentiels construits de cette manière sont dits empiriques. Leurs applications aux
calculs d’autres propriétés physiques du métal donnent des résultats remarquables lorsque les
conditions thermodynamiques restent les mêmes que celles de l’état de référence. Par contre, leur
transférabilité à un autre environnement métallique est moins bien assurée.
- 53 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Pour résoudre l’équation aux valeurs propres (2.15b), Shaw [41, 48] développe une théorie des
perturbations qui tient compte à la fois du caractère non local et de la dépendance en énergie d’un
modèle de pseudopotentiel. Cette méthode diffère quelque peu de la celle présentée
habituellement dans les ouvrages de mécanique quantique, par l’introduction de nouvelles
()
r
quantités que sont les masses effectives de Shaw m E k et m r dont les expressions sont aussi
k
données ailleurs [20, 21]. Shaw présente l’énergie calculée à l’ordre un du développement en
série des perturbations sous la forme :
(k + q)
rr2
E r =
0r
2m kr + qr m E (k + q )
r r . (2.35)
k +q
- 54 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Si l’on compare à la méthode des perturbations usuelle, on peut voir que la correction du premier
ordre à l’énergie, est absorbée à travers les masses effectives, dans le terme d’ordre zéro. Le
pseudo-vecteur d’état (normalisé) calculé à l’ordre un s’écrit :
ϕ kr r
= k + r∑
r r
k + q W E 0r k
k
r
( ) r r
k +q (2.36a)
( )
r r
q ≠ 0 m k + q E 0r − E 0r r
1
ϕ kr ϕ kr 2 E
k k + q
1 1
ϕ kr ϕ kr ≅ =
()
avec : r ∂W r r . (2.36b)
1− k k m E k
∂E
Les niveaux d’énergie monoélectronique calculés au second ordre, sont donnés par :
k 2
r +∑
r
( )
r r r r r
k W E 0r k + q k + q W E 0r k ( )
)[ ]
E kr = k k
()
m kr m E k qr ≠ 0
r
() (
r r 0
mE k mE k + q E − E
r 0r
.
k k
(2.37)
Les expressions précédentes sont simplifiées lorsque le modèle de pseudopotentiel ne dépend pas
de l’énergie.
A ce stade, nous devons revenir à l’équation (2.3c) qui donne l’énergie d’un métal dans
l’approximation adiabatique. Le terme E e (r ) qui dépend des coordonnées spatiales des ions
{ }
r
représentées ici symboliquement par R ≡ R i ; i ∈ [1 , N ] , est calculé à partir des niveaux
d’énergie monoélectronique comme suit [19-21] :
E e (r ) = ρ val (r )Vval (r )d 3 r ,
1 r r r
∑E
k∈Ω F
k −
2 ∫ (2.38)
- 55 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
suite. On notera ici que la théorie des perturbations limitées à l’ordre deux pour le calcul des
niveaux d’énergie monoélectronique des électrons de valence, conduit à un développement de
l’énergie potentielle totale des ions limité aux deux premiers termes de (2.39). La pratique des
calculs montre que les interactions interioniques dans les métaux sont correctement décrites par
un potentiel effectif de paires Veff (r ) . Les potentiels d’interactions à trois corps et plus peuvent
être négligés. Dans le formalisme des pseudopotentiels développé dans ce chapitre celui-ci
s’exprime en fonction de la distance interatomique r comme suit :
~2
V (ri , rj ) ≡ V (r ) = v 1 − ∫ FN (q )
r r Z 2 ∞ sinqr
dq (2.41.a)
(2) eff r π 0 q
ε (q ) − 1
2
Ωq 2
w 0 (q )
où F (q) =
N [
ε (q ) 1 − G
XC
]
(q ) 4π Z V
(2.41.b)
Le potentiel effectif de paires Veff (r) comprend l’interaction directe de type coulombienne entre
~
deux ions portant chacun une charge effective Z v . L’équation (2.41.b) est la caractéristique
normalisée énergie-vecteur de transfert pour le cas d’un pseudopotentiel empirique, local et
indépendant de l’énergie. Cette expression dépend du facteur de forme non écranté w 0 (q ) , de la
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
répulsif pour des distances interatomiques sensiblement inférieures à la distance moyenne entre
deux atomes. Pour des distances radiales beaucoup plus grandes, son profil est caractérisé par des
oscillations d’amplitudes décroissantes dont la longueur d’onde est λF = 2π 2kF . Ces oscillations
∞
1 − 2 F N (q ) sin (qr ) dq .
~ ~
Z αv Zβv
Vα β (r ) = ∫ αβ (2.43)
r π q
0
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
ε H (q ) − 1 Ω0 q2 Ω0 q2 α
N
Fαβ (q ) = w (q ) w β (q ) . (2.44)
ε (q ) 4π Z α
v
4π Z β 0
v
0
Dans notre étude des propriétés statiques et dynamiques des métaux purs liquides et des
alliages à base de ces métaux (de type soudure sans plomb), les interactions inter atomiques sont
modélisées par des potentiels effectifs de paires construits dans le formalisme des
pseudopotentiels. Les calculs ont été menés, pour comparaison, avec chacun des potentiels
modèles représentatifs des différentes familles montrées dans le paragraphe IV. Notre premier
choix est porté sur ceux qui sont mieux fondés d’un point de vue théorique. Le premier est le
modèle optimisé de Shaw. Celui-ci, de type « first principles », est non local et dépend de
l’énergie (NLOMP). Le second est la version semi-locale du modèle ab initio de Bachelet-
Hamann-Schlüter (BHS). Notre deuxième approche est fondée sur l’emploi de modèles plus
simples car de nature non locale et indépendants de l’énergie. L’un est le modèle semi-empirique
de Fiolhais et al. (Modèle de cœur évanescent ou CE). Deux versions de ce modèle, modèle
universel et modèle individuel, sont caractérisés par les valeurs différentes de ses deux
paramètres R M et α . Le second est le modèle phénoménologique d’Ashcroft (Empty Core
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Potential : ECP) et enfin le troisième est une version locale du modèle non local de Shaw
(LOMP). Une attention particulière, justifiée par une bonne description des propriétés physiques
de l’étain liquide, a été portée sur cette version LOMP de Shaw. Ce modèle continu à un seul
paramètre R LOMP est montré sur la figure 2.5. Il a pour expression dans l’espace réel :
Le paramètre R LOMP de ce modèle définit le rayon du cœur, il est déterminé de manière générale
par un ajustement sur certaines propriétés physiques (dans notre travail : le facteur de structure
expérimental mesuré soit par la diffraction de rayons X ou par la diffraction des neutrons).
Le facteur de forme non écranté w0(q) du modèle LOMP, a la forme particulièrement
simple suivante :
4π Z V sin(q ⋅ R OMP )
w 0 (q) = − . (2.46)
Ω 0q 2 q ⋅ R OMP
Le facteur de forme écranté correspondant s’écrit :
w 0 (q)
w(q) = (2.47)
ε (q )
Le modèle ECP d’Ashcroft (figure 2.5) présente au contraire une discontinuité comme l’indique
sa forme analytique suivante :
0 , r ≤ R ECP
w 0 (r) = . (2.48)
− ZV r , r > R ECP
4π Z V
w 0 (q) = − cos (q ⋅ R ECP ) . (2.49)
Ω 0q 2
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Pour des raisons pratiques, les expressions analytiques des autres modèles de pseudopotentiels
considérés dans notre travail, sont données dans l’annexe (2). Pour tous les métaux étudiés, nous
avons reporté sous forme de tableaux, dans cette même annexe, les valeurs numériques des
paramètres qui définissent les modèles.
- 60 -
Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Clairement, la physique des liquides n’a reçu une base théorique substantielle qu’au début des
années soixante avec le modèle de « sphères dures » qui servit précisément de « liquide de
référence ». Whertheim [53] et Lebowitz-Percus [54], en trouvant une solution mathématique
(exacte) de l’équation d’Ornstein-Zernike associée à la relation de Percus-Yevick, ont été à
l’origine de ce progrès majeur. Ce modèle caractérisé par un unique paramètre (le diamètre des
sphères) n’est pas sans poser des difficultés car n’étant pas un potentiel continu comme le montre
son expression suivante :
∞ r ≤σ
V (r ) = . (2.51)
0 r ≥σ
Un modèle plus raffiné est celui des « sphères dures avec un puit carré » (Fig. 2.6.a). Outre le
diamètre r (σ) des sphères, il est caractérisé par deux paramètres supplémentaires qui sont la
profondeur ε et la largeur du puit (γ − 1) σ . Une autre possibilité est le potentiel de « sphère dure
de Yukawa » [51] (figure 2.6.b) dont la forme est :
∞ , r* ≤ 1
V (r ) = ε *
[
- * exp - λ(r - 1)
r
] , r* ≥ 1
, (2.52)
où r * = r/σ . Le dernier modèle phénoménologique qui a une importance considérable, tant dans
les théories statistiques que dans les calculs de simulations numériques, est le potentiel de
Lennard-Jones (figure 2.6.c).
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
Figure 2.6 : potentiels de paires pour des systèmes monoatomiques : (a) de puits carré,
(b) de Yukawa et (c) Lennard-Jones.
Avec une partie attractive en r-6 associée aux forces de Van der Waals et une partie répulsive en
r-12 due aux répulsions de Pauli, ce potentiel est plus approprié pour l’étude des propriétés des
liquides de gaz rares. Sa forme analytique bien connue est :
[
V (r ) = − 4 ε (d/r)12 − (d/r)6 ] (2.53)
Les potentiels précédents, parmi les plus connus dans la littérature et largement utilisés, sont
tous de type phénoménologique et présentent un intérêt historique évident. Néanmoins, une
compréhension des interactions à l’échelle microscopique nécessite des potentiels effectifs plus
réalistes fondés sur des théories quantiques. On comprend bien que leurs applications dans
l’étude des propriétés de la matière dense sont autant de tests de validation de ces théories. Les
potentiels effectifs Veff (r ) , construits dans le formalisme des pseudopotentiels, en sont une
illustration. Dans le cas de la matière dense désordonnée, l’un des tests les plus contraignants est
le calcul des grandeurs structurales [51]. Celles-ci sont essentiellement représentées comme nous
l’avons vu au chapitre (I) par g (r ) et S(q ) . Ce dernier est accessible par l’expérience [55]. Le fait
est qu’il existe une relation biunivoque entre Veff (r ) et g (r ) [56]. Ces calculs étendus à l’étude
des propriétés dynamiques constituent des tests encore plus contraignants. Cependant, l’emploi
des méthodes de simulations numériques est nécessaire pour que les résultats de calculs soient
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
fiables. Les modèles théoriques de la physique statistique reposent quant à eux sur des hypothèses
simplificatrices.
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
potentiel dépend uniquement des distances mutuelles des particules de sorte que la force qui agit
sur la particule i de la part de son homologue j s’écrit :
r 1 dVeff (rij ) r r r v
f ij = − rij avec rij = r - r . (2.54)
rij drij i j
La force agissant sur la particule α de la part des N-1 autres particules s’écrit alors :
r N r
f i = ∑ f ij , (2.55)
j≠ i
L’accélération de la particule i est, quant à elle, évaluée de deux manières différentes. D’une part,
elle peut être obtenue par différentiation de la vitesse instantanée :
dv i (t )
r
γ i (t ) =
r
(2.57.a)
dt
et, d’autre part, à partir de la force agissant sur la particule i (la loi de Newton) :
r
f i (t )
γ i (t ) =
r
. (2.57.b)
m
Les équations du mouvement précédentes doivent être complétées en posant les conditions
initiales. A cela s’ajoutent une ou plusieurs relations qui correspondent à des contraintes
thermodynamiques qui précisent l’espace de phases (température, volume etc.).
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
formules discrètes, i.e. des combinaisons linéaires de valeurs prises par la fonction en certains
points. Considérons le domaine de variation du temps [0, τ] ; il est partagé en N D parties égales
τ
de durée (pas de temps) : ∆t = . Le réseau est, dans ce cas dit régulier et se note :
ND
{t i = I∆t / I = 0,1, 2.., N D }. Le temps DM τ , le pas de temps ∆t qui caractérise la finesse du
réseau, ainsi que le schéma aux différences fini choisi sont des éléments déterminants dans la
précision des calculs. Prenons comme exemple, la dérivée première ; on peut lui substituer l’une
ou l’autre des formules discrètes suivantes :
df (t I ) f (t I ) − f (t I −1 )
• différences régressives : → (2.58.a)
dt ∆t
df (t I ) f (t I +1 ) − f (t I )
• différences progressives : → (2.58.b)
dt ∆t
df (t I ) f (t I +1 ) − f (t I −1 )
• différences centrales : → . (2.58.c)
dt 2∆t
Etant donné qu’il existe plusieurs formules discrètes pour approcher les dérivées premières ou
secondes d’une fonction, on comprend mieux alors la diversité des schémas de discrétisation
trouvés dans la littérature. Ils donnent lieu à autant d’algorithmes dont les plus connus sont
l’algorithme «predictor-corrector » de Gear [63] et l’algorithme de Verlet [64]. Une forme plus
élaborée de cet algorithme due à Swope et al. [64], conduit au schéma suivant:
r (t + ∆ t ) = r (t ) + v(t ) ⋅ ∆ t + γ (t ) ⋅ ∆ t 2 /2
r r r r
(2.58.a)
Concrètement, si l’on connaît les positions, les vitesses et les accélérations des atomes à l’étape n,
les mêmes quantités peuvent être calculées à l’étape suivante n + 1 , en usant de l’équation (2.56)
et des équations (2.57). A chaque étape de calcul, la température de simulation est évaluée à
partir de la loi d’équipartition :
N
1
Ts =
3(N − 1)k B
∑ mv
i =1
2
i . (2.59)
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
nombre choisi entier « p » dans l’expression du temps simulé est de l’ordre de quelques unités si
l’on souhaite uniquement la mise en équilibre du système (par exemple lors de la procédure de
relaxation). Ce nombre vaut environ quelques dizaines, dans le cas de calculs des propriétés
statiques. Par contre, en ce qui concerne les propriétés dynamiques pour lesquelles il est
nécessaire d’intégrer certaines fonctions temporelles (voir plus loin dans le paragraphe suivant),
ce nombre peut atteindre plusieurs centaines.
celle-ci. D’autres grandeurs relatives à cette même particule sont également fournies : son énergie
cinétique ε i (t ) ainsi que son énergie potentielle E i (t ) . Les quantités intéressant le système dans
son ensemble peuvent alors être calculées : énergie totale et potentielle totale, pression et
température. A partir de toutes ces informations, la plupart des autres grandeurs physiques ou
thermophysiques, sont alors accessibles. Certaines le sont par de simples moyennes temporelles
(théorème ergodique) des grandeurs dynamiques ou énergétiques indiquées. D’autres, les plus
intéressantes, le sont également à partir de la construction de fonctions de corrélation entre deux
grandeurs calculées par la DM ou de fonctions d’autocorrélation quand il s’agit d’une même
grandeur. Ces fonctions sont définies dans le cadre de la mécanique statistique. Ces fonctions de
corrélation ou d’autocorrélation sont de natures différentes : elles peuvent être spatiales,
temporelles ou plus généralement spatio-temporelles. Leurs transformations de Fourier spatiales
ou temporelles (dans le second cas, on parle alors de fonctions spectrales) sont pour la plupart
accessibles par l’expérience (techniques spectroscopiques). Par intégration de ces fonctions ou
de celles-ci en association avec le potentiel d’interaction, quasiment toutes les grandeurs
physiques ou thermodynamiques intéressant le système sont en principe calculables. Dans nos
applications, nous nous sommes intéressés aux grandeurs structurales (fonction de distribution
radiale, facteur de structure statique), aux propriétés de transport atomique (diffusion et
viscosité).
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
NΓ N
Ω 1
g (r) = ∑∑ N i (r, ∆ r, Γ)
NN Γ 4 π r 2 ∆ r Γ i
(2.62)
où N i (r , ∆r, Γ) est le nombre d’atomes, dont la distance par rapport à un atome i origine est
comprise entre r et r+∆r, pour une configuration Γ parmi les N Γ configurations retenues pour
réaliser les moyennes statistiques. Le facteur de structure S(q) est lié directement à la fonction de
distribution radiale g(r) par une transformée de Fourier.
Remarque :
Les moyennes statistiques engendrent des fluctuations statistiques dans le facteur de structure,
elles peuvent être diminuées en augmentant le nombre de particules N ou bien le nombre de
configurations retenues intervenant dans la moyenne statistique. Le temps d’exécution du
programme est d’autant plus important (le temps de calcul doit néanmoins rester dans une limite
raisonnable jusqu’à l’équilibre). Le domaine de définition de la fonction de distribution radiale
est limité par la taille de la boite (de coté L) de simulation r ≤ L 2 [64].
(1 / Ω) ∑riα (εi − εi )
N r
nous permet d’obtenir le vecteur densité de courant ionique j ε . ε i est
i =1
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
∞
dt jεµ (t ) jεµ (0 ) .
Ω
2 ∫
λT = (2.63)
k BT 0
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Chapitre II : Des interactions interatomiques aux propriétés statiques et dynamiques par simulation numérique
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- 71 -
- 72 -
Deuxième partie : Résultats des calculs des propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Deuxième partie
Résultats des calculs des propriétés statiques et
dynamiques des liquides métalliques
Deuxième partie : Résultats des calculs des propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
Cette partie est consacrée à la présentation et à la discussion des résultats de calculs relatifs
aux propriétés structurales et au transport atomique, à différentes températures de l’état liquide,
de l’étain, du cuivre, de l’argent et de l’or ; ainsi que des alliages à base de ces métaux :
Sn 95.6%Cu 4.4% , Sn 98.7%Cu 1.3% et Sn 96.2%Ag 3.8% . A ces compositions, ces alliages à base
d’étain sont utilisés comme « des soudures sans plomb ». La première partie de ce chapitre est
consacrée à l’étude de l’étain pur. L’approche est la suivante. Dans une première étape, le
potentiel d’interaction interionique construit dans le formalisme des pseudopotentiels est employé
dans une « expérience de simulation » par dynamique moléculaire pour calculer le facteur de
structure ionique. La comparaison avec les données expérimentales constitue un excellent test de
validité du modèle de pseudopotentiel choisi au départ. Nos calculs montrent à l’évidence que les
modèles construits sur une base physique bien établie (NLOMP, BHS et celui de Fiolhais) ne
décrivent pas correctement les propriétés de l’étain liquide. Ceci explique, nous semble-t-il, la
rareté des calculs des propriétés de l’étain liquide menés avec ces modèles de « type first
principles » ou ab initio. L’explication est dans la complexité de la structure électronique de ce
métal avec un pseudo-gap relativement profond (voir la première partie du chapitre (III) et
également notre publication dans le Journal of Chemical Physics). Ceci étant, nous avons opté
pour le modèle local de Shaw (LOMP) en ayant à l’esprit que son unique paramètre, s’il est
ajusté convenablement, peut implicitement représenter, en grande partie, la structure électronique
complexe de l’étain.
Les résultats de calculs de la structure ionique de l’étain avec ce modèle sont concluants.
Nous avons alors employé le potentiel effectif interionique LOMP pour analyser les propriétés de
transport atomique, notre outil de calcul étant la dynamique moléculaire. L’approche théorique
fondée sur la formule de Green-Kubo est rappelée au chapitre (I). Dans ce formalisme, les
coefficients de transport sont donnés en termes d’intégrales de fonctions d’autocorrélation
temporelles de grandeurs dynamiques appropriées. Dans la pratique, les choses se présentent
difficilement. D’un point de vue calculs par dynamique moléculaire, la précision des résultats
concernant la diffusion et encore plus la viscosité, est très sensible aux conditions de simulations
(nombre de particules, nombre d’itérations). Le second aspect est la comparaison avec
l’expérience. Dans les deux cas, coefficient de diffusion et viscosité, cette comparaison est
- 73 -
Deuxième partie : Résultats des calculs des propriétés statiques et dynamiques des liquides métalliques
rendue difficile par une très grande dispersion des données expérimentales rapportées dans la
littérature.
La première partie de ce chapitre étant consacré à l’étain, nous avons suivi le même schéma de
calcul pour les métaux nobles. Les résultats les concernant sont discutés et interprétés dans la
deuxième partie de chapitre. Enfin, la troisième et dernière partie est réservée à l’interprétation
des propriétés calculées des alliages déjà mentionnés.
- 74 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
Chapitre III
Propriétés statiques et dynamiques de l’étain
liquide
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
I. Introduction
La simulation par dynamique moléculaire de l'étain liquide entre son point de fusion et
1600°C a été réalisée afin d'interpréter et de discuter à la fois la structure ionique et les propriétés
de transport atomique. Les interactions entre les ions sont décrites par un potentiel de paires en
utilisant le formalisme du pseudopotentiel et la théorie de la réponse linéaire. Le facteur de
structure calculé reflète les principales informations sur l'ordre atomique local dans les liquides, il
peut être est comparé à des mesures de diffraction de rayons X ou de neutrons. Apres avoir
vérifié que nous pouvions décrire de façon précise la structure atomique expérimentale avec notre
modèle, nous avons concentré notre attention sur l'étude des propriétés de transport atomique. Le
formalisme pour déterminer les coefficients de transport est celui de Green-Kubo (GK). Celui-ci
est fondé sur l’emploi des fonctions d'autocorrélation temporelles de grandeurs dynamiques
appropriées. De telles grandeurs sont exprimées en termes de positions des particules, de leurs
vitesses, des forces qui s’exercent sur chacune d’entre elles et d’autres grandeurs énergétiques
relatives à chaque atome. Ce sont autant de grandeurs instantanées qui sont fournies par la
dynamique moléculaire. En vertu de l’équation de Green-Kubo, l’intégration de la fonction
d'autocorrélation des vitesses (VAF) donne le coefficient d’autodiffusion. Dans le même esprit et
en considérant la fonction d’autocorrélation des contraintes (SACF), la viscosité dynamique peut
être déterminée.
Notre première application est faite sur l’étain liquide en utilisant un nombre suffisant
d’atomes (4000) enfermés dans une cellule cubique d’arête L. Les forces d'interactions atomiques
sont déduites du potentiel effectif construit grâce au formalisme des pseudopotentiels. Ce
potentiel effectif est tronqué au-delà d’un rayon de coupure RC, qui pour des raisons de
cohérence, est plus petit que la moitié de la taille L de la boîte de simulation. L’application de
l’algorithme de Verlet standard permet, avec des conditions aux limites périodiques, la résolution
des équations du mouvement discrétisées. La précision des calculs demande alors un pas de
temps ∆t relativement petit (environnement un millième du temps caractéristique DM : voir
- 75 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
l’annexe 1). Les grandeurs dynamiques et énergétiques instantanées des particules enregistrées
lors de la simulation permettent de construire les fonctions d’autocorrélation statiques,
temporelles ou spatio-temporelles. La détermination précise de celles-ci, malgré les contraintes
dues aux fluctuations statistiques, sont des grandeurs indispensables pour l’étude des propriétés
des liquides.
Les calculs des propriétés de transport atomique telles que le coefficient de diffusion et la
viscosité de cisaillement par la simulation DM, constituent un travail non trivial. La
problématique est liée à trois questions fondamentales. La première est comment un système
constitué d’un nombre fini d’atomes peut décrire un système réel (c'est à dire dans la limite
thermodynamique quand N tend vers l'infini : N Ω → ρ ). Cette question est particulièrement
cruciale pour les propriétés dynamiques. Comme il a déjà été souligné par Verlet et al. [1], ce
nombre de particules doit être suffisant pour diminuer l’amplitude des fluctuations non physiques
dans les fonctions d’autocorrélation calculées. En vérité, les calculs sont fiables uniquement pour
des temps plus petits que t M ≅ L CS , Cs étant la vitesse du son du liquide [2]. Ces fluctuations
sont la combinaison de deux causes : une d’origine purement statistique et une autre induite par
certaines occurrences qu’impliquent inévitablement les conditions aux limites périodiques.
Comme il est montré par plusieurs auteurs [3-9], au temps élevés, la VAF et la SACF ont un
comportement en t-3/2. Un tel comportement est associé à certains modes hydrodynamiques. Il
apparaît à temps plus grands que t B ≈ 10 τ V [10], où τ V est le temps moyen entre deux
- 76 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
0.4 ps. Quelques auteurs [13] ont proposé de tronquer le temps d’intégration de la SACF à la
première intersection avec l’axe des temps (où la fonction SACF tend vers zéro). Cependant, ce
concept est mal défini, à cause des fluctuations statistiques. Cette approche ignore également le
comportement en t-3/2 de la fonction d'autocorrélation aux temps élevés. Afin de palier à ces
difficultés, nous avons considéré un nombre de particules et un temps simulé relativement élevés.
En parallèle et compte tenu du comportement limite en t-3/2 nous avons opté pour un
prolongement analytique de la courbe SACF calculée. En comparant les deux approches, nous
observons que les résultats de l’intégrale de la fonction d'autocorrélation calculée par la formule
de Green-Kubo ne présentent pas d’oscillation jusqu’à une valeur de 10τ V .
Remarque : nous avons réalisé des calculs d'essais préliminaires avec 864 particules. Après
avoir vérifié l'effet du nombre de particules et du temps d'intégration sur la structure, les résultats
sont obtenus avec 4000 atomes, à 250 ° C, la taille de la cellule cubique correspond à la moyenne
expérimentale de la densité particulaire à la température T choisie. Les positions finales et les
propriétés dynamiques sont calculées lors de 50 000 pas de temps pour la diffusion, 200 000 pour
la structure et jusqu’à 1 million pour la viscosité (ce qui correspond à un temps de 7.5 ns
environ).
Il existe très peu de travaux capables de reproduire la structure atomique des métaux
polyvalents caractérisés par un nombre élevé d'électrons de valence. Pour l’étain liquide, nous
avons d’abord utilisé plusieurs types de pseudopotentiels sophistiqués : NLOMP de Shaw [15],
BHS de Bachelet et al. [16], puis le pseudopotentiel local de Fiolhais et al. [17]. Les potentiels
effectifs de paires interioniques qui correspondent sont calculés à partir des formules développées
au chapitre (II). L’écrantage est introduit grâce aux fonctions diélectriques de Vashishta-Singwi
(VS) [18] et d’Ichimaru-Utsumi (IU) [19]. Cette dernière fonction diélectrique est considérée
comme l’une des meilleures. Dans tous les cas, le potentiel effectif présente une partie fortement
répulsive à courtes distances interatomiques et une partie attractive suivie par des oscillations
dites de Friedel aux plus grandes distances. Ces oscillations dont la longueur d’onde est 2π 2k F ,
- 77 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
sont selon le cas plus ou moins fortement amorties. Aux distances intermédiaires, l’allure du
potentiel effectif dépend à la fois du modèle et de la fonction diélectrique. Dans le cas des métaux
alcalins, les oscillations de Friedel sont très amorties et de plus, le potentiel effectif est caractérisé
par un minimum négatif dont la position correspond plus ou moins à la distance moyenne entre
les premiers voisins. Les calculs des potentiels effectifs en utilisant les différents
pseudopotentiels sont obtenus pour les densités atomiques sous pression normale. La densité
particulaire en fonction de la température est reportée sur le tableau (3.1).
Tableau 3.1 : Données spécifiques relatives à l’étain liquide. T est la température de travail.
T(°C) 250 300 800 1100 1600
Densité numérique ρ (atomes /Ǻ3) [20] 0,0353 0,0352 0,0335 0,0325 0,0309
Nos calculs ont été réalisés en utilisant la formule de Lucas [19] pour exprimer la masse
volumique de l’étain liquide en fonction de la température, c’est-à-dire : 6986− 0.6488⋅ (T − 232)
3
en ( kg/m ) .
Les calculs des potentiels effectifs interioniques pour l'étain liquide à 250 ° C sont calculés en
utilisant le pseudopotentiel de Shaw non local, de Bachelet et de Fiolhais (figure 3.1). Ces trois
potentiels effectifs sont tous obtenus avec la même fonction diélectrique d'Ichimaru-Utsumi et la
valence chimique ZV = 4. La forme caractéristique des potentiels de paires calculés par le
formalisme du pseudopotentiel est connue et a été discutée par Hafner et Kahl [21]. Tous ont les
mêmes caractéristiques avec quelques différences significatives. Sur la figure (3.1), la flèche
correspond à la position du premier pic de la fonction de distribution radiale expérimentale de
3
Waseda [22]. Pour comparaison, la valeur de l'énergie cinétique moyenne par atome k B T est
2
représentée par une double flèche. Nous observons que les trois potentiels effectifs sont très
différents. Les deux potentiels effectifs calculés avec le modèle NLOMP et le modèle BHS ont la
même forme générale. Ils ont un premier minimum positif proche de 2,92 Å suivi d'un maximum
près de 3,48 Å. Le potentiel BHS présente un minimum profond de -0,068 eV à 4,648 Å,
beaucoup plus profond que l’énergie cinétique kBT (0,045 eV à 250°C). Aux distances plus
- 78 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
élevées, apparaissent les oscillations de Friedel. Le potentiel NLOMP de Shaw présente les
mêmes caractéristiques que celui de BHS. Seules les amplitudes qui sont différentes. Sur cette
même figure, on constate que le potentiel de Fiolhais ne présente pas de pré-minimum positif. De
plus, son premier minimum a une profondeur négligeable devant la valeur kBT. Les oscillations
de Friedel sont également petites comparativement à celles des deux potentiels précédents.
0,2
Etain à T=250°C avec Z=4
Potentiel effectif Veff (eV)
Fonction diélectrique
d'Ichimaru-Utsumi
Shaw non local
0,1
Bachelet et al.
Fiolhais et al.
kBT
0,0
2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Figure 3.1 : Potentiels effectifs ion-ion pour l’étain liquide à 250°C calculés avec les
pseudopotentiels de Shaw non local (NLOMP) (trait plein continu), de Bachelet et al. (trait
discontinu) et de Fiolhais et al. (trait discontinu et pointillé). La flèche indique la position de
premier pic de g(r), l’énergie kBT = 0,045 eV est représenté par une double flèche.
Les fonctions de distribution de paires sont présentées sur la figure (3.2). Les hauteurs des
premiers pics de g(r) correspondent aux potentiels effectifs de la figure (3.1). Elles sont trop
- 79 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
élevées pour que le système soit à l’état liquide. La position du premier pic de la fonction de
corrélation radiale expérimentale se situe à 3,2 Å. La position du premier pic calculé par le
potentiel de Shaw non local et par celui de Bachelet se situe à 2,8 Å. Ni la position ni la hauteur
du premier pic ne correspondent à la fonction expérimentale de Waseda [22].
6
Fonction de distribution radiale g(r)
Waseda [22]
4 Notre travail avec:
NLOMP
Bachelet et al.
Fiolhais et al.
2
0
2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Figure 3.2 : Fonctions de distribution radiale calculées par la DM pour les trois pseudopotentiels,
NLOMP, Bachelet et al. et Fiolhais et al. comparées aux mesures de Waseda [22].
La fonction de distribution radiale calculée avec le potentiel de Fiolhais est plus proche de
l’expérience, mais en est néanmoins encore sensiblement différente. Notons que les oscillations
sont en phases avec celles de la courbe expérimentale, sans avoir les mêmes amplitudes. Nous
comparons dans le tableau (3.2) les hauteurs et les positions des premiers pics des fonctions de
distribution radiales (RDF). Les amplitudes des RDF obtenues par les pseudopotentiels ab initio
BHS et premier principe NLOMP sont trop élevés et la largeur des pics est trop étroite pour être
caractéristiques d’un liquide.
- 80 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
Tableau 3.2 : Positions et les hauteurs des premiers pics de la RDF à 250 ° C calculées à partir
des pseudopotentiels de type de premier principe NLOMP, ab initio BHS et Fiolhais comparées
aux résultats expérimentaux de Waseda [22].
Les facteurs de structures correspondants sont calculés pas transformée de Fourier, ils sont
extrêmement différents des facteurs de structure expérimentaux mesurés par Waseda [22], Kaban
et al. [23] obtenus ou par diffraction de rayons X et par North et al. [24] obtenus grâce à la
diffraction de neutrons. Ces trois pseudopotentiels pourtant éprouvés, ne peuvent pas reproduire
la structure ionique complexe de l’étain liquide.
sont ajustés sur des données expérimentales appropriées, doivent implicitement inclure une
grande part de la complexité de la structure électronique de l’étain. L’alternative aux modèles ci-
dessus dont la construction repose pourtant sur une base physique solide, est l’utilisation des
modèles à un paramètre bien connus dans la littérature : modèle d’Ashcroft et version locale du
potentiel de Shaw. Le choix porté sur ces deux derniers modèles pour déterminer la structure
ionique de l’étain liquide est a posteriori justifiée par le fait que la structure est également
sensible à la forme du potentiel phénoménologique. Nous comparerons plus loin les potentiels
locaux d’Ashcroft et de Shaw et les discuterons.
Figure 3.3 : Densité d'états de l'étain liquide obtenue par mesures de photoémission. Ce
résultat est dérivé de la spectroscopie de photoémission ultraviolet (UPS) (trait épais :
DOS totale / DOS p : trait fin) [28].
Dans cette partie on considère le pseudopotentiel d’Ashcroft [30] encore appelé « empty-core
potentiel » (ECP) (voir chapitre II). Les potentiels effectifs sont calculés pour différentes valeurs
de son rayon de cœur RECP (0,53Å ; 0,78Å ; 0,85Å ; 0,95Å). Nous présentons les potentiels
effectifs sur la figure (3.4.a). Nous présentons les fonctions de distribution radiales sur la
- 82 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
figure (3.4.b). Celles-ci, calculées par la dynamique moléculaire, sont comparées aux données
expérimentales de Waseda [22].
RECP=0.53 Å
0,2 RECP=0.78 Å 6
Waseda [22]
RECP=0.85 Å
Notre travail:
RECP=0.95 Å RECP= 0.53 Å
0,1 RECP= 0.78 Å
4
kBT
RECP= 0.85 Å
RECP= 0.95 Å
0,0
2
-0,1 (a)
0
2 4 6 8 10 2 4 6 8
Distance interatomique r(Å) Distance interatomique r(Å)
Figure 3.4 : a) Potentiels effectifs calculés par le pseudopotentiel d’Ashcroft local pour les
valeurs de RECP: 0.53Å, 0.78Å, 0.85Å, 0.95Å. b) Fonctions de distribution radiales
correspondantes comparées aux mesures de Waseda [22] (carrés ouverts).
- 83 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
3
grandes amplitudes comparativement à l’énergie cinétique k B T . Celui obtenu pour
2
R ECP = 0,53Å est apparemment réaliste, mais le diamètre de cœur répulsif est trop petit.
avec R LOMP = 1,03Å et une valence effective égale à la valence chimique Z eff = Z V = 4 . Les
résultats sont présentés dans le paragraphe (IV) de la publication (§.3.1.6).
- 84 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
0,2 3
(a) (b) Ichimaru-Utsumi
Vashishta-Singwi
Ichimaru-Utsumi Waseda [22]
Vashishta-Singwi Kaban [23]
Potentiel effectif Veff (eV)
2 4 6
1
kBT
Figure 3.5 : a) Potentiel effectif de l’étain liquide à T=250°C calculé par le potentiel de Shaw
local LOMP pour RLOMP=1,03 Å avec les fonctions diélectriques d’Ichimaru-Utsumi et Vashista-
Singwi. b) Facteurs de structure correspondants (trait continu ≡ Ichimaru-Utsumi, trait discontinu
≡ Vashista-Singwi) sont comparés aux mesures de Waseda [22] (carrés ouverts), Kaban [23]
(cercles ouverts) et North et al. [24] (triangles ouverts).
Les facteurs de structure correspondant sont présentés sur la figure (3.5.b). Ils sont presque
identiques malgré la grande différence entre les potentiels effectifs. Une petite différence est
observée au niveau du premier pic. Le résultat obtenu avec la fonction diélectrique d’Ichimaru-
Utsumi est très proche des expériences de Waseda [22], Kaban et al. [23] et du North et al. [24].
La version locale (LOMP) du modèle NLOMP, avec la valeur du paramètre R OMP = 1,03 Å et
écranté avec la fonction diélectrique d’Ichimaru-Utsumi représente bien les différents facteurs de
structure expérimentaux. L’épaulement du facteur de structure n'est cependant pas parfaitement
reproduit à basses températures. Dans notre publication, nous n’avons retenu que la fonction
- 85 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
1.6
Dynamique-Moléculaire Dynamique-Moléculaire
Formule de Maxwell-Boltzman Formule de Maxwell-Boltzman
Etain avec LOMP 1.2
1.2 à 300°C Etain avec LOMP
à 300°C
Unité arbitraire
Unité arbitraire
0.8
0.8
0.4 0.4
0.0 0.0
0 200 400 600 0.0 0.1 0.2
Distribution des vitesses v(m/s) Distribution de l'énergie cinétique E (eV)
- 86 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
2,21 ⋅ Z
5
3
4π
2
3 0,916 ⋅ Z 4 3 1,8 ⋅ Z 2 4π 1 3
U g (Ω 0 ) = − +
2
3 1 1 3
Ω03 Ω0 3
Ω03
4π 2 ⋅ Z 2 ⋅ R OMP
2
. (3.1)
+ Z ⋅ (0,0313log rs − 0.11) +
3 Ω0
1 3Ω 0
par atome Ω 0 par rS = R a Z 3
et R a = 3 . L’énergie de volume est représentée en
4π
fonction du volume (trait discontinu, échelle supérieure) et du diamètre σ = 2 ⋅ R a (trait continu,
échelle inférieur) sur la figure (3.7). Le volume moyen ainsi obtenu (minimum de la courbe) est
égal à 37,25 Å3 tandis que le volume expérimental est de 28,04 Å3.
- 87 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
3
Volume expérimental Volume (Å )
20 40 60 80
Energie dépendante du volume Ug (eV) -70
Energie dépendante du volume
en fonction du :
-72 "Diamètre σ (Å)"
Volume atomique Ω0
-74
-76
-78
2.0 2.5 3.0 3.5 4.0
σ (Å) expérimental
Diamètre σ (Å)
Figure 3.7 : Energie de volume calculée en fonction du volume atomique (courbe bleu
discontinue) et en fonction de diamètre de sphère dure σ (Å ) (courbe rouge continue). Les
flèches en trait discontinu et en trait continu présentent respectivement le volume et le
diamètre de sphère dure expérimental.
Le concept du taux de remplissage signifie que les sphères dures « n'occupent qu'une partie du
volume total ». En utilisant la table de Waseda (3.1) [22], le taux de remplissage de l'étain liquide
est de 0,43 à 250°C, l’énergie de volume dépendant est calculé en fonction du « diamètre de
sphère dure équivalent » (Figure 3.7), (trait continu). Le minimum est obtenu à 3,12 Å. Suivant la
même méthode, le volume expérimental donnera un diamètre de sphère dure de 2,84 Å. Il
3
apparaît clairement que k B T ( 0,067 eV ) est négligeable devant le minimum de l'énergie
2
(77,45 eV). Ces techniques sont utilisées pour l’étude de la dépendance de la position du premier
pic de la fonction de distribution radiale avec les différentes énergies du système plus
précisément le potentiel effectif interionique (voir la publication de l’étain, paragraphe IV.A).
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
- 89 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
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Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
IX. Conclusion
Nous avons vérifié que les modèles de pseudopotentiels « first principles » ou ab initio
conduisent à une représentation non réaliste des propriétés structurales de l’étain liquide. En se
référant à la densité d’état (DOS) expérimentale qui montre un profond pseudogap, nous avons
donné un argument plausible qui explique cet échec à savoir que le formalisme du
pseudopotentiel ab initio et first principle ne prennent pas en compte une densité d’états qui ne
soit proche de celle des électrons libres ou presque libres. Il est toutefois possible de modéliser
l’étain liquide avec un potentiel effectif de paires. De ce fait, la nécessité d’inclure des
interactions à trois corps n’est pas justifiée. Une bonne modélisation est obtenue avec le modèle
de Shaw à un paramètre LOMP. Celui-ci reproduit correctement le facteur de structure complexe
de l’étain liquide et ce à toutes températures. Nos calculs de dynamique moléculaire avec le
- 104 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain liquide
potentiel effectif issu de ce modèle utilisent un grand nombre d'atomes (4000) et un grand
nombre d'itérations (jusqu'à 396 000). Dans les mêmes conditions, ces calculs ont été étendus aux
propriétés de transport atomique. La détermination précise de certaines fonctions
d’autocorrélation nous ont permis d’obtenir les coefficients de transport grâce à la relation de
Greeen-Kubo. Les valeurs respectives du coefficient d’autodiffusion et de la viscosité dynamique
sont conformes aux données expérimentales compte tenu d’une trop grande dispersion de ces
dernières.
Bibliographie
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- 105 -
Chapitre III : Propriétés statiques et dynamiques de l’étain
liquide
- 106 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Chapitre IV
Propriétés statiques et dynamiques des
métaux nobles liquides
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
I. Introduction
Les premiers calculs sur les propriétés de transport électronique de métaux nobles par
Dreirach et al. [1] par diffusion des électrons par un potentiel de muffin-tin dans le
formalisme de la matrice t ont été effectués en postulant que ceux-ci pouvaient être décrit par
un modèle d’électrons libres avec une bande « s » et un seul électron de conduction. La bande
des états d reléguée en fond de bande était censée ne pas avoir d’influence sur ces propriétés.
Par la suite, Esposito et al. [2] ont décrit de manière plus physique le comportement des
métaux nobles en intégrant les électrons d dans la bande de conduction. La valeur de l’énergie
de Fermi Ef par rapport au fond de la bande s p d était plus importante que celle obtenue par
Dreirach. Esposito et al. [2] ont introduit le concept de valence effective. Ce même concept a
été utilisé par Moriarty [3] et par Dagens [4] dans le cadre de la théorie des pseudopotentiels.
Nous avons d’abord mis en évidence le fait que le pseudopotentiel de Shaw local ne pouvait
pas reproduire la structure des métaux noble liquides quelle que soit la valeur de Rc,
contrairement au cas de l’étain. Il était dans ces conditions normal de vouloir prendre en
compte la présence d’une bande d pour les métaux en introduisant le concept de valence
effective comme découlant de l’hybridation des bandes. Nous avons par conséquent utilisé
les valeurs numériques des « valences effectives » calculées par Dagens [4] et par Moriarty
[3] pour ajuster le paramètre Rc afin de reproduire la structure. Grâce à ce concept, nous avons
été en mesure de décrire la structure atomique des métaux nobles. Nous avons ensuite, comme
dans le cas de l’étain, calculé le coefficient d’autodiffusion et la viscosité de cisaillement en
fonction de la température. Nos résultats sont en bon accord avec les résultats expérimentaux
et confirment notre approche.
Dans ce paragraphe, nous avons utilisé la même méthodologie que celle utilisée pour
l’étain liquide pour étudier les propriétés de transport atomique de métaux liquides purs
cuivre, argent, or et de leurs alliages avec l’étain pour former les nouvelles soudures sans
plomb. Nous calculons le coefficient d'autodiffusion et la viscosité de cisaillement qui sont
deux propriétés importantes à la fois d'un point de vue scientifique et de leurs applications
industrielles dans plusieurs domaines des sciences des matériaux [5-10]. Grâce au concept de
pseudopotentiel [11], nous sommes en mesure de calculer l'énergie électronique totale, de
- 107 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
d Solide
d Liquide
s Liquide
4
0
-8 -4 0
Energie E (eV)
Figure 4.1 : Exemple de la densité d’états électronique (DOS) du cuivre solide (courbe
continue) et liquide (d en discontinue et s en pointillé) [16-18].
Ceci a été discuté par plusieurs auteurs [3, 4, 19, 20]. Moriarty [3] indique qu’il y a
hybridation avec une perte de 0,5 électron / atome pour les états d qui passent dans la bande s.
- 108 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Dagens [4] exprime l'énergie totale des métaux en fonction de l'énergie de structure de bande
d qui est définie en fonction d’une valence effective Zeff. Wills et Harisson [19] ont inclus
l'effet de l'hybridation entre les états s et d. Ils ont calculé la valence effective au moyen de
l'occupation relative de la bande s et de la bande d. Ils estiment la valence Zs de la bande s à
1,5 pour les métaux de transition et les métaux nobles, à l'exception de l'or pour lequel les
paramètres utilisés dans un calcul nécessitent une valence plus grande (Zs =2). Regnaut et al.
[20] en utilisant la théorie des pseudopotentiels généralisés et l’approximation de la phase
aléatoire optimisée (ORPA) ont constaté que l'hybridation s-d et le chevauchement des
interactions réduisent les attractions à courte portée. Ils ont calculé un facteur de structure en
quasi accord avec l’expérience pour le cuivre liquide, en utilisant l'approche des
pseudopotentiels généralisés [21, 22] et ont comparé leurs résultats aux mesures d’Eder
obtenues par diffraction de neutrons [23] et de Waseda par de diffraction des rayons X [15].
Pasquarello et al. [24] en utilisant d’une part le pseudopotentiel ab initio ultrasoft de
Vanderbilt et d’autre part la dynamique moléculaire ont étudié la structure du cuivre liquide.
Ils ont construit la configuration électronique en prenant pour le cuivre 3d9,5 4s1 4p0,5. Le
nombre d’électrons s p est de 1,5. Ils ont obtenu de très bons résultats par rapport au facteur
de structure expérimental de Waseda [15]. Récemment, Vora [25] a utilisé pour le cuivre et
l'argent une valence Zs = 1,5. Pour l’or, il a utilisé une valence Zs = 2, avec le potentiel ECP
d'Ashcroft [26]. Il a utilisé ses mêmes valences pour étudier la résistivité électrique, le
pouvoir thermoélectrique absolu et la conductivité thermique en utilisant le modèle de sphères
dures pour la structure. De la même manière, Russier et al. [27] montrent également que Zs est
différente de la valeur de la valence chimique de l'atome libre. Pour le cuivre et l'argent Zs
vaut 1,5. Cette valeur est due à deux contributions dans la densité d'états DOS à partir de
laquelle l'énergie de Fermi peut être définie [27-29]. Les valeurs de Zeff utilisées dans ce
travail sont reportées plus loin sur le tableau (4.2.3). Nous avons choisi la meilleure fonction
diélectrique d’Ichimaru-Utsumi [30] pour tenir compte de l’échange et de la corrélation. La
simulation numérique par dynamique moléculaire est utilisée en conjonction avec le potentiel
effectif calculé par le pseudopotentiel LOMP afin de décrire la structure ionique des métaux
nobles liquides. Après avoir prouvé que le pseudopotentiel LOMP décrit très bien la structure
atomique; nous l'avons utilisé pour calculer la fonction d'autocorrélation des vitesses et la
densité spectrale pour différentes valences effectives. Nous avons ensuite déduit la diffusion
et la viscosité de cisaillement pour le cuivre, l’argent et l’or liquide. Une discussion de la
dépendance en température est faite. Les résultats obtenus en utilisant le concept de valence
effective sont comparés avec les différentes données expérimentales et théoriques.
- 109 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Nos calculs sont réalisés en utilisant la densité de Lucas [31] représentée par l’équation:
Tableau 4.1 : Paramètres pour le calcul de la densité du cuivre, de l’argent et de l’or liquide :
- 110 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
0.2
Cuivre à T= 1150°C
Z=1.00; RLOMP = 1.22 Å
Z=1.56; RLOMP = 1.11 Å
0.004
0.1
0.002
0.000
4 6
kBT
0.0
2 4 6 8
Distance interatomic r(Å)
Figure 4.2 : Potentiels effectifs du cuivre liquide obtenus par le pseudopotentiel de LOMP
et la fonction diélectrique d’Ichimaru-Utsumi avec différentes valences effectives : Z = 1,
Z = 1,56 et Z = 2,08.
Nous représentons sur la figure (4.3.a) les fonctions de distribution radiale obtenues à
1150°C pour les trois valences effectives citées ci-dessus. La boite de simulation utilisée
comprenait 4000 particules. On remarque qu’avec Z=1, le pseudopotentiel LOMP permet de
reproduire les positions des pics de g(r), mais pas les amplitudes des oscillations qui sont très
faibles par rapport à la fonction de distribution radiale tabulée par Waseda [15]. En
augmentant la valence (Z=1,56), la position et les amplitudes se rapprochent de l’expérience.
Avec Z=2,08, notre calcul est en excellent accord avec les différentes expériences. Les
facteurs de structure correspondants sont présentés sur les figures (4.3.b). On remarque que le
potentiel effectif obtenu avec la valeur de Z=2,08 reproduit très bien les mesures de
diffraction de rayon X de Waseda [15], les mesures de diffraction de neutron de Eder et al.
[23], ainsi que les calculs d’Alemany et al. [32].
- 111 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
3
(a) Waseda [15] (b) Waseda [15]
Z = 1.00 ; ROMP = 1.22 Å
3 Eder et al. [23]
1
2 3 4
1 1
- 112 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Dans le cadre de cette étude, nous avons utilisé le pseudopotentiel d’Ashcroft (ECP) avec
la même fonction diélectrique et une valence effective Z=2,08 (rappelons qu’avec ce
pseudopotentiel, on n’a pas pu reproduire la structure de l’étain liquide quelque soit le rayon
de cœur RECP et quelque soit la valence Z). Avec une valeur RECP= 0,63Å, on obtient un très
bon résultat du facteur de structure S(q) que nous comparons avec notre résultat de calcul
obtenu avec le pseudopotentiel LOMP et aux différentes mesures de Waseda [15], de Eder et
al. [23] et aux calculs de Almany et al. [32] (Figure 4.4). Néanmoins avec le pseudopotentiel
ECP nous n’avons pas pu reproduire la structure de l’étain liquide, nous continuons notre
travail uniquement avec le pseudopotentiel LOMP de façon à pouvoir effectuer des calculs
sur les alliages.
Waseda [15]
3 Eder et al. [23]
Alemany et al.[32]
RECP= 0.63Å
RLOMP=1.01Å
Facteur de structure S(q)
2
2
Zeff=2.08
Cuivre à T= 1150°C
avec 4000 atomes
0
0 2 4 6 8 10
-1
Vecteur d'onde q(Å )
Figure 4.4 : Facteurs de structure calculés avec la valence effective de Z=2,08 en utilisant le
pseudopotentiel d’Ashcroft ECP (rayon de cœur RECP=0,63Å) et le pseudopotentiel LOMP
(rayon de cœur RLOMP=1,01Å). Nos résultats sont comparés aux mesures de Waseda [15],
Eder et al. [23] et aux calculs d’Alemany et al. [32].
- 113 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
De la même manière et avec la même méthode, les structures de l’argent et de l’or liquides
sont calculées avec le potentiel LOMP. Les valences utilisées et les rayons de cœur RLOMP
correspondants pour les métaux nobles sont reportés plus loin sur le tableau (4.3). On
remarque qu’avec les valences chimiques et quelque soit le rayon de cœur RLOMP, il est
impossible de reproduire les amplitudes des pics des facteurs de structure des différentes
mesures de Waseda [15], Kaban [33], Kleinhempel [34] et les calculs d’Alemany et al. [32].
En utilisant les valences calculées par Moriarty (Z=1,46 et 1,58), on améliore la structure
atomique des métaux nobles comme le montrent les figures (4.5.a) et (4.5.b). Avec les
valences fournies par Dagens [4] (Z=2.04 et Z=2.20 respectivement), on reproduit ainsi très
bien les différentes structures de l’argent et de l’or qui sont proches des mesures de Waseda
[15] et Kaban [33] pour l’argent et de Waseda [15], ainsi que les calculs d’Alemany et al. [32]
pour l’or (figures (4.5.c) et (4.5.d)).
- 114 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
3 3
(a) Waseda [15] (a) Waseda [15]
Z = 1.00 ; ROMP = 1.42 Å Kaban et al. [33]
1 1
Figure 4.5 : a) Fonctions de distribution radiales obtenue par le pseudopotentiel LOMP avec les différentes valences
effectives pour l’argent liquide. Les fonctions de distribution radiales sont comparées aux mesures de Waseda [15].
c) Facteurs de structure correspondants comparés aux mesures de Waseda [15] et de Kaban et al.[33].
- 115 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
3 3
(b) Waseda [15] (b) Waseda [15]
Z=1.00 ; ROMP= 1.42 Å Alemany et al.[32]
1 1
Or à 1000°C Or à 1150°C
avec 4000 atomes avec 4000 atomes
0 0
2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å) Vecteur d'onde q(Å
-1
)
Figure 4.5 : b) Fonctions de distribution radiales obtenue par le pseudopotentiel LOMP avec les différentes valences
effectives pour l’or liquide. Les fonctions de distribution radiales sont comparées aux mesures de Waseda [15].
d) Facteurs de structure correspondants comparés aux mesures de Waseda [15] et aux calculs d’Alemany et al. [32].
- 116 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
- 117 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
8 8
(a) Cuivre avec Z= 2.08 (b) Cuivre avec Z = 2.08
1600 °C (+4.5)
1600 °C (+4.5)
4 4
1500 °C (+3.0)
1500 °C (+3.0)
1150 °C 1150 °C
0 0
2 4 6 8 0 2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å) Vecteur d'onde q (Å-1)
Figure 4.6 : a) Fonctions de distribution radiale obtenues par le pseudopotentiel LOMP à différentes températures pour le cuivre
liquide. Les résultats sont comparés aux mesures de Waseda [15]. b) Facteurs de structure correspondants comparés aux mesures de
Waseda [15], Eder et al. [23] et aux calculs d’Alemany et al. [32].
- 118 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
8 8
(a) Argent avec Z= 2.04 (b) Argent avec Z = 2.04
4 4
1300 °C (+3.0) 1300 °C (+3.0)
1000 °C 1000 °C
0 0
2 4 6 8
0 2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Vecteur d'onde q (Å-1)
Figure 4.6 : c) Fonction de distribution radiale obtenue par le pseudopotentiel LOMP à différentes températures pour l’argent
liquide. Les résultats sont comparés aux mesures de Waseda [15]. d) Facteurs de structure correspondants comparés aux
mesures de Waseda [15] et Kaban et al. [33].
- 119 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
8 8
(e) Or avec Z= 2.20 (b) Or avec Z = 2.20
1700 °C (+4.5)
1700 °C (+4.5)
4 4
1500 °C (+3.0)
1500 °C (+3.0)
1300 °C (+1.5)
2 1300 °C (+1.5) 2
1150 °C
1150 °C
0 0
2 4 6 8 0 2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Vecteur d'onde q (Å-1)
Figure 4.6 : e) Fonction de distribution radiale obtenue par le pseudopotentiel LOMP à différentes températures pour l’or
liquide. Les résultats sont comparés aux mesures de Waseda [15]. f) Facteurs de structure correspondants comparés aux
mesures de Waseda [15] et aux calculs d’Alemany et al. [32].
- 120 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Tableau 4.2 : Différentes propriétés des métaux nobles en fonction de la température T(°C) :
Densité ρ0 = (atomes / Ǻ3 ), valeur asymptotique du facteur de structure S(0) et compressibilité
isotherme χT (10-11 m2/N).
- 121 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Tableau 4.3 : Dans ce tableau on donne les valences effectives obtenues par Moriarty [3] et
par Dagens [4], les rayons de cœur RLOMP et les nombre de premiers voisins pour le cuivre,
l’argent et l’or liquide pour différentes température T(°C).
- 122 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Les résultats de la fonction de distribution de vitesses VAF pour le cuivre, l’argent et l’or
liquide sont présentés en fonction de la température. Ce calcul a été effectué avec 864
particules. Les VAF sont présentées sur les figures (4.7.a, c et e), elles présentent des
minimums proches de 0,1 ps pour le cuivre, de 0,15 ps pour l’argent et de 0,2ps pour l’or. Les
densités spectrales correspondantes sont présentées sur les figures (4.7.b, d et f). Elles sont
caractérisées par deux pics à basses températures (dans le cas du cuivre : à ω1 = 12 ps-1 et à
ω2 = 22 ps-1) qui disparaissent progressivement et qui tendent vers un palier à hautes
températures. Aux basses températures, prés de la température de fusion, les densités
spectrales sont caractérisées par une fonction oscillante qui s’annule puis devient décroissante
à haute température. Ceci est cohérent avec les résultats trouvés pour l’étain liquide.
- 123 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
1.0 1.0
(b) T=1150°C
-1
T=1300°C
T=1300°C
T=1500°C
2
T=1500°C T=1600°C
-8
T=1600°C
VAF normalisée ZN(t)
0.5
0.0
0.5
-0.2
Figure 4.7 : a) Fonctions d’autocorrélation des vitesses pour le cuivre liquide à différentes températures.
b) Densités spectrales correspondantes.
- 124 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
1.0 1.0
T=1000°C (d)
-1
T=1150°C avec Z=2.04
2
T=1300°C T=1000°C
-8
T=1400°C T=1150°C
VAF normalisée ZN(t)
0.2 T=1300°C
T=1400°C
0.5
0.0
0.5
-0.2
0.2 0.4
0.0 T=1000°C
Figure 4.7 : c) Fonctions d’autocorrélation des vitesses pour l’argent liquide à différentes températures.
d) Densités spectrales correspondantes.
- 125 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
1.0 1.0
(e) T=1150°C (f)
2
T=1500°C avec Z=2.20
-8
T=1700°C T=1150°C
0.2
VAF normalisée ZN(t)
T=1300°C
0.5 T=1500°C
0.0
T=1700°C
0.5
-0.2
0.2 0.4
0.0
T=1150°C
VAF normalisée de l'or
avec Z = 2.20 et 864 atomes
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.0
0 20 40
Temps t (ps)
Fréquence ω (ps )
-1
Figure 4.7 : e) Fonctions d’autocorrélation des vitesses pour l’or liquide à différentes températures.
f) Densités spectrales correspondantes.
- 126 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Les fonctions d’autocorrélation des vitesses sont toutes caractérisées par des oscillations
amorties. Elles présentent toutes un premier minimum très profond qui caractérise le
phénomène de rétrodiffusion d’un atome. A l’instant t, l’atome suit un mouvement
quelconque, il est gêné par ses plus proches voisins qui le cernent et forment ainsi une cage.
Ce phénomène correspond à un régime vibrationnel, appelé « effet de cage » dans la
littérature. Cet effet apparaît clairement tout près de l’état solide, il disparait progressivement
à très hautes températures où la fonction VAF approche celle d’un gaz.
Dans le cas de l’argent liquide, les coefficients d’autodiffusion calculés avec la valence
effective de Dagens (Z=2.04) en fonction de la température sont en bon accord avec les
expériences de Beer et al. [43], de Yang et al. [47], les données de Shimoji et al. [48], les
calculs d’Alemany et al. [42]. Nos valeurs des coefficients d’autodiffusion avec la valence
effective de Moriarty (Z=1,46) sont proches des calculs de Hoyt et al. [49], d’Akhter et al.
[50] et de Beer et al. [43] à hautes températures. Nos résultats avec Z=1 sont très différents,
- 127 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
ils sont décalés à des valeurs beaucoup plus élevées par rapport aux différents calculs
théoriques et aux différentes mesures.
- 128 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
10
5
Coefficient d'autodiffusion
du cuivre avec 864 atomes
1200 1400 1600
Température T ( °C )
- 129 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
10
Tf
5
Coefficient d'autodiffusion
de l'argent avec 864 atomes
0
1000 1200 1400 1600
Température T ( °C )
- 130 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
20
Z = 1.00 ; RLOMP= 1.42 Å
(c)
Coefficient d'autodiffusion D (10 m / s)
Z = 1.58 ; RLOMP= 1.27 Å
Z = 2.20 ; RLOMP= 1.14 Å
2
8
Tf
4
Coefficient d'autodiffusion
de l'or avec 864 atomes
900 1200 1500 1800
Température T ( °C )
- 131 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
Les calculs de viscosité les plus précis utilisent la formule de Green-Kubo. Ils nécessitent
un grand nombre de particules et un très long temps de simulation. Comme pour l’étude
précédente pour l’étain liquide, on travaille avec 4000 particules et 1 million d’itérations pour
avoir de très bons résultats. Dans les cas des métaux nobles liquides, la fonction
d’autocorrélation de contraintes SACF et l’intégrale de la viscosité en fonction de la
température sont présentées sur les figures (4.9.a et b) pour le cuivre, (4.9.c et d) pour
l’argent, (4.9.e et f) pour l’or.
- 132 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
1 .5
20
1 .0
2
0 .5
10
0 .0
Intégrale de SACF de cuivre liquide
avec Z = 2.08, 4000 atomes
0 .0 0 .5 1 .0 1 .5 2.0
0 1000000 itérations
0
0 1 2 3 4 5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
Temps t (ps) Time t (ps)
Figure 4.9 : a) Fonctions d’autocorrélation des contraintes à différentes températures calculées par le pseudopotentiel LOMP et les
valences effectives de Dagens. b) Intégrales des fonctions d’autocorrélation de contraintes correspondantes pour le cuivre. La
valeur asymptotique est égale la viscosité.
- 133 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
20 5
SACF de l'argent liquide avec Z=2.04 T=1000°C
1000000 iterations
(d)
T = 1000°C T=1150°C
T = 1150°C 4 T=1300°C
3
10 2
(c)
1 2
5
0
1 Intégrale de SACF de l'argent
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
0 avec Z = 2.04, 4000 atomes
1000000 itérations
0
0 1 2 3 4 5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
Figure 4.9 : c) Fonctions d’autocorrélation des contraintes à différentes températures calculées par le pseudopotentiel LOMP
et les valences effectives de Dagens. d) Intégrales des fonctions d’autocorrélation de contraintes correspondantes pour
l’argent. La valeur asymptotique est égale la viscosité.
- 134 -
Chapitre IV : Propriétés statiques et dynamiques de métaux nobles liquides
6
T=1150°C (f)
SACF de l'or liquide avec Z = 2.20
T=1300°C
1000000 itérations
T=1500°C
T = 1150°C
20 T=1700°C
T = 1300°C
T = 1700°C
2
(e)
10 1
2
0
Intégrale de SACF de l'or liquide
0 1 2 3
Z = 2.20 , 4000 atomes
0 1000000 itérations
0
0 1 2 3 0 1 2
Temps t (ps) Temps t (ps)
Figure 4.9 : e) Fonctions d’autocorrélation des contraintes en fonctions de la température calculées par le pseudopotentiel LOMP
et les valences effectives de Dagens. f) Intégrales des fonctions d’autocorrélation de contraintes correspondantes. La valeur
asymptotique est égale la viscosité.
- 135 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
La viscosité de l’argent liquide est présentée sur la figure (4.10.b), nos calculs avec la valence
effective de Dagens (Z=2,04) sont excellents par rapport aux mesures de Kehr et al.[53], de
Gorshcov et al.[58] et aux calculs de Morioka et al. [59], d’Echendu et al. [60] et de Yokoyama et
al. [61]. Les mesures de Lucas et al. [56] et de Morioka et al. [59] sont plus élevées que nos
calculs et les autres données expérimentales et théoriques. Nos valeurs calculées avec la valence
effective de Moriarty (Z=1,46) sont inférieures de 10%. Avec Z=1, nos valeurs sont trois à quatre
fois plus petites que celles calculées avec la valence effective de Dagens et les données
expérimentales que l’on peut qualifié de fiables.
Sur la figure (4.10.c), on présente la viscosité de cisaillement de l’or liquide calculée par le
formalisme de Green-Kubo. Une fois de plus, nos valeurs avec la valence de Dagens (Z=2,20)
sont très proches des données de Yokoyama et al. [61] et de Srivastava et al. [62]. Les valeurs
calculées de Bhuiyan et al. [37] sont proches des nôtres à basses températures, mais s’en écartent
à haute températures. Nos valeurs avec Z=1,58 sont inférieures de 20% à hautes températures et
de 15% à basses températures. Celles calculées avec Z=1 sont trois fois inférieures aux données
expérimentales.
- 136 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
(a)
Cuivre liquide
1
- 137 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
(b)
1 Argent liquide
- 138 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
10
Notre travail : Z=1.00, RLOMP=1.42
Z=1.58, RLOMP=1.27
Z=2.04, RLOMP=1.14
Viscosité de cisaillement η (mPa·s)
2 (c)
l'or liquide
- 139 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
VIII. Conclusion
Il résulte de cette étude que la structure atomique, l’autodiffusion et la viscosité de
cisaillement des métaux nobles en fonction de la température sont presque parfaitement
représentées par le potentiel local de Shaw « LOMP » à condition d’y associer le concept de
valence effective. Les valences effectives calculées par Dagens sont en excellent accord avec
toutes les expériences. Avec les valences effectives de Moriarty, les résultats de coefficients de
diffusion sont légèrement surestimés, les résultats de viscosité légèrement sous-estimés.
L’utilisation d’une valence 1 pour les métaux nobles ne permet en aucun cas d’obtenir de bons
résultats. Il est remarquable de constater que nos résultats sont en accord avec l’expérience pour
les trois métaux nobles, pour les trois propriétés et à toutes températures.
Bibliographie
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- 140 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
- 141 -
Chapitre IV: Propriétés statiques et dynamiques des métaux nobles liquides
- 142 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Chapitre V
Propriétés statiques et dynamiques des
alliages constituants des soudures sans plomb
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
I. Introduction
L'étude des propriétés des métaux liquides a une grande importance dans le domaine
scientifique et industriel, notamment en microélectronique [1-7]. Le remplacement de la soudure
traditionnelle étain-plomb par des soudures sans plomb est une question importante dans
l'industrie électronique. Les alliages de soudures sans plomb les plus appropriés sont à base
d’étain et contiennent du cuivre ou / et de l’argent…etc. Le choix d’une soudure sans plomb
nécessite une étude complète des diverses propriétés physiques. Plusieurs problématiques
concernant le point de fusion, la solidification, la dissolution et les interactions interfaciales
devront être prises en considération dans les procédés de soudage. Les alliages Sn-Cu et Sn-Ag
sont étudiés dans ce chapitre. Ils sont choisis en raison de leurs bonnes propriétés mécaniques [8].
Les propriétés de chaque alliage dépendent fortement de leur structure. Celle-ci nous aide à
calculer, comprendre et interpréter les autres propriétés dynamiques comme la diffusion et la
viscosité. L’aptitude à l’étalement d’une soudure sur un substrat dépend entre autre de la
viscosité, de la densité, de la tension superficielle et interfaciale.
D’un point de vue théorique, les calculs des propriétés statiques et dynamiques des métaux
liquides purs en utilisant le formalisme des pseudopotentiels, donnent de très bons résultats
pourvu que le modèle de départ soit bien choisi. Nous allons examiner dans ce chapitre la
transférabilité aux alliages liquides des pseudopotentiels que nous avons déjà développés pour les
corps purs. Pour tester et prouver que le pseudopotentiel LOMP décrit d’une manière adéquate
les propriétés d’un alliage, nous allons étudier sa structure atomique puis calculer les différents
coefficients de diffusion ainsi que la viscosité de cisaillement. Les alliages binaires étudiés sont à
base d’étain liquide et constituent des soudures sans plomb. Nous utilisons la simulation par
dynamique moléculaire pour calculer les facteurs de structure partiels. Ceux-ci combinés entre
eux (chapitre I) permettent de calculer le facteur de structure total qui est une quantité mesurable
expérimentalement.
Notre approche consiste à utiliser le pseudopotentiel LOMP avec les mêmes paramètres que
pour les métaux purs. Nous avons utilisé la fonction diélectrique d’Ichimaru-Utsumi [9] pour
l’écrantage du modèle. Concernant l’étain liquide nous utilisons la même valence chimique
(ZV = 4) et pour les métaux nobles nous avons utilisé le concept de valence effective [10-18].
Nous avons montré dans le paragraphe précèdent que les meilleurs valences effectives sont celles
- 143 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
données par Dagens et al. [11] (Zeff (Cu) = 2,08 et Zeff (Ag) = 2,04). Le calcul de la structure
atomique (fonctions de distribution radiale et facteurs de structure partiels) a été réalisé par
dynamique moléculaire (MD) sur un système NVT de 4000 particules. Le facteur de structure
total de l’alliage est comparé aux analogues expérimentaux. Comme pour les métaux purs, nous
calculons par dynamique moléculaire les fonctions partielles d’autocorrélation des vitesses
(VAF) et les fonctions d’autocorrélation de contraintes. Grâce à celles-ci, nous accédons, au
moyen de la relation de Green-Kubo, aux coefficients de transport, à savoir les coefficients de
diffusion partiels et à la viscosité. Nos résultats sont présentés en fonction de la température et en
fonction de la concentration.
La solidification des métaux et des alliages liquides gouverne les propriétés mécaniques,
thermiques, électriques, magnétiques, etc... qui sont corrélées avec la phase de chaque système
[19-20]. Le diagramme de phase (Figure 5.1) permet de voir et de prévoir les changements
structurels lors de la solidification. Plusieurs études sur l’alliage Sn-Cu ont montré qu’il est
constitué d’agrégats intermétalliques noyés dans une matrice d’étain [21] (figure 5.1). L’étude de
la structure, la détermination des coefficients de diffusion et de la viscosité de cisaillement nous
permettent de comprendre le comportement et de suivre le déplacement des atomes en fonction
du temps dans l’alliage. Il est intéressant de mettre au point une méthodologie pour caractériser
ces différentes propriétés. En effet, les études expérimentales en fonction de la concentration et
en fonction de la température sont très difficiles à réaliser et nécessitent beaucoup de temps. Le
dépôt de soudure (constituée essentiellement d’étain) sur un substrat en cuivre va poser le
problème de la diffusion du cuivre à l’interface soudure/substrat et conduire à des agrégats
intermétalliques. La prédiction d’un tel comportement et de sa cinétique présente évidemment un
intérêt industriel. Par exemple, dans le processus du packaging en électronique, la viscosité est
considérée comme l’une des propriétés essentielles des matériaux. Elle affecte le remplissage et
la soudabilité d’un substrat. Pour ces raisons, la structure et les propriétés dynamiques de l’alliage
Sn95,6%Cu4,4%, et de l’eutectique Sn98,7%Cu1,3% (en pourcentage atomique) ont été étudiées en
fonction de la température.
- 144 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
- 145 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
0.004
VCu-Cu
VCu-Sn
Potentiels effectifs partiels Vα β (eV)
VSn-Sn
VORD( × 100)
0.002
Sn95.6%Cu4.4%
0.000
T=376°C
2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Figure 5.2 : Potentiels effectifs et potentiel d’ordre de l’alliage Sn95,6-Cu4,4 liquide à 376 °C sous
pression normale calculés en utilisant le pseudopotentiel LOMP.
- 146 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
bien que les potentiels effectifs partiels aient leur minimum à des abscisses très voisines. En
outre, l’intensité du pic principal de g Cu - Sn (r) est légèrement plus grande que dans le cas de
3
Fonctions de distribution radiales partielles gα β (r)
Sn95.6%Cu4.4%
Cu-Cu
Cu-Sn
2 Sn-Sn
T=376°C
0
0 2 4 6 8 10
Distance interatomic r(Å)
- 147 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
N 121 z
η12 = η 21 = 1 − avec z 1 = N 111 + N 121 , z 2 = N 22
1
+ N 21
1
et z = c1z 1 + c 2 z 2
c 2 z 1z 2
Un paramètre d’ordre local positif indique une préférence à l’hétérocoordination. Donnons les
exemples des alliages Pb44-Bi56 avec η12 = η21=0,0324 et Sn74Pb26 avec η12 = η21=0,035.
Le tableau (5.1) donne les paramètres structurels rij et N 1 de l’alliage liquide Sn95,6%Cu4,4% à
ij
376 °C. Les rij sont les distances interatomiques les plus probables. N 1 sont les nombres de
ij
coordination des premiers voisins.
Tableau 5.1 : Paramètres structurels rij et N ij1 de l’alliage liquide Sn95.6%Cu4.4% à 376 °C.
Coordination r (Å )
ij N1
ij
Cu-Cu 2,79 0,27
Cu-Sn 2,95 6,63
Sn-Cu 2,95 0,30
Sn-Sn 3,11 7,60
La valeur calculée de η12 = η21=0,1173 est positive et montre ainsi que l’alliage Sn95,6%Cu4,4% a
est hétérocoordonné.
Les facteurs de structures sont calculés par transformée de Fourier des trois fonctions de
distribution partielles. Nous présentons tout d’abord sur la figure (5.4.a) les facteurs de structure
partiels de Faber-Ziman et sur la figure (5.4.b) les facteurs de structure partiels de Bhatia-
Thornton obtenus à partir du modèle LOMP avec la fonction diélectrique d’IU et le concept de
valences effectives pour le cuivre liquide. Les facteurs de structures Bhatia-Thornton montrent
clairement une fois de plus que l’alliage étudié est hétérocoordonné car la fonction Scc(q) / (c1⋅c2)
est inférieur à l’unité pour q tendant vers zéro.
- 148 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
(a) (b)
Sn95,6%Cu4,4% Sn95,6%Cu4,4%
BT-SNN(q)
FZ (Cu - Cu) 2
2 FZ (Cu - Sn) BT-SNC(q)
FZ (Sn - Sn) BT- SCC(q)/c1c2
1
1
T=376°C
T=376°C 0
0
2 4 6 8 10 2 4 6 8 10
-1 -1
Vecteur d'onde q(A° ) Vecteur d'onde q(Å )
Figure 5.4: a) Facteurs de structure partiels de Faber-Ziman calculés par DM avec 4000
atomes à partir du pseudopotentiel LOMP. b) Facteurs de structure partiels de Bhatia-
Thornton. Au-dessous de q<0,5 Å, les oscillations dues à la transformée de Fourier sont non
physiques.
A partir des facteurs de structures partiels décrits précédemment, nous calculons le facteur de
structure total à différentes températures. Il est comparé (figure 5.5) aux expériences de
diffraction des rayons X de Kleinhempel et al. [24]. Le premier pic du facteur de structure est en
moins bon accord que pour l’étain pur avec le seul résultat expérimental que nous connaissons,
par contre les oscillations et l’amortissement sont parfaitement représentés. La qualité de
transférabilité du modèle de pseudopotentiel LOMP des métaux purs aux alliages, est donc
vérifiée.
Dans la suite de cette section, on utilise la même méthode pour étudier la structure des
autres alliages. Dans ce qui suit on ne présentera que les résultats du facteur de structure total en
fonction de la température, puis les résultats de l’interdiffusion et de la viscosité de cisaillement.
- 149 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
5
Kleinhempel [24]
Facteur de structure total (Faber-Ziman) Notre travail
4
T=1000C(+3)
3
T=800C(+2)
2
T=500C(+1)
1
T=376C
Sn95.6%Cu4.4%
0
0 2 4 6 8
-1
Vecteur d'onde q(Å )
Figure 5.5: Facteur de structure total de l’alliage liquide Sn95,6%Cu4,4% à différentes températures.
Les cercles ouverts représentent les expériences de Kleinhempel et al. [24].
- 150 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
0.004
Sn98.7%Cu1.3%
Potentiels effectifs partiels Vα β (eV)
VCu -Cu
VCu -Sn
VSn -Sn
0.002
VORD( ×100)
0.000
T=227°C
2 4 6 8 10
Distance interatomique r (Å)
Figure 5.6 : Potentiels effectifs partiels et potentiel d’ordre de l’alliage Sn98,7%Cu1,3% liquide à
227 °C et sous pression normale calculée à partir du pseudopotentiel local de Shaw LOMP avec
la fonction diélectrique d’Ichimaru-Utsumi.
- 151 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
fluctuations sur g Cu - Cu (r) sont dues au petit pourcentage du nombre d’atomes du cuivre dans
l’alliage. Pour les mêmes raisons que celles données auparavant pour l’alliage Sn95,6%Cu4,4%, la
figure (5.7) montre que l’alliage est hétérocoordonné.
Fonctions de distribution radiales partielles gα β (r)
3 Sn98.7%Cu1.3%
Cu-Cu
Cu-Sn
2 Sn-Sn
T=227°C
0
0 2 4 6 8 10
Distance interatomic r(Å)
Figure 5.7 : Fonctions de distribution radiales partielles de l’alliage Sn98,7% Cu1,3% liquide à
227 °C calculées à partir du pseudopotentiel local de Shaw LOMP avec la fonction diélectrique
d’Ichimaru-Utsumi.
- 152 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Les distances interatomiques les plus probables rij et les nombres de coordination des premiers
voisins N 1 de l’alliage liquide Sn98,7Cu1,3 à 227 °C sont données dans le tableau (5.2) suivant :
ij
Tableau 5.2 : Paramètres structurels rij et N ij1 de l’alliage liquide Sn98,7%Cu1,3% à 227 °C.
Coordination r (Å )
ij N1
ij
Cu-Cu 2,83 0,09
Cu-Sn 2,97 10,18
Sn-Cu 2,97 0,13
Sn-Sn 3,12 11,88
La valeur calculée de n12 = n21 = 0,1394 (voir définition dans sous paragraphe 2.1.3.) montre que
l’alliage Sn98,7%Cu1,3% a une tendance à l’hétérocoordination.
On remarque que nos calculs de DM en fonction de la température sont en très bon accord avec
les facteurs de structures de Mudryi et al. [27] obtenus par diffraction des rayons X à l’exception
de la hauteur du premier pic à hautes températures.
- 153 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
6
Sn98.7%Cu1.3%
Facteur de structure total (Faber-Ziman)
4
T=427°C (+3)
2 T=327°C (+1.5)
1
T=227°C
0
0 2 4 6 8
-1
Vecteur d'onde q(Å )
- 154 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
- 155 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
d’étain est le plus profond (-0,0012 eV à r = 4,66Å ). Le potentiel croisé se situe entre les deux
0.004
Sn96.2%Ag3.8%
Potentiels effectifs partiels Vα β (eV)
VAg -Ag
VAg -Sn
VSn -Sn
0.002
VORD( ×100)
0.000
T=227°C
2 4 6 8 10
Distance interatomique r (Å)
Figure 5.10 : Potentiels effectifs et potentiel d’ordre de l’alliage Sn96,2%Ag3,8% liquide à 227 °C et
sous pression normale calculée par DM à partir du pseudopotentiel local de Shaw LOMP et avec
la fonction diélectrique d’Ichimaru-Utsumi.
- 156 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
des trois potentiels effectifs partiels de l’alliage calculés par le pseudopotentiel LOMP, sont
présentées sur figure (5.11). La hauteur du premier pic de g Ag - Sn (r) étant supérieur à la moyenne
des hauteurs de gAg- Ag(r) et g Sn - Sn (r) , ceci nous indique une forte tendance à
l’hétérocoordination.
Fonctions de distribution radiales partielles gα β (r)
3 Sn96.2%Ag3.8%
Ag-Ag
Ag-Sn
2 Sn-Sn
T=227°C
0
0 2 4 6 8 10
Distance interatomic r(Å)
- 157 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Les paramètres structurels que sont les distances interatomiques les plus probables rij et les
Tableau 5.3 : Paramètres structurels rij et N ij1 de l’alliage liquide Sn96,2%Ag3,8% à 227 °C.
Coordination r (Å )
ij N1
ij
Ag-Ag 2,99 0,29
Ag-Sn 3,04 10,44
Sn-Ag 3,04 0,41
Sn-Sn 3,12 11,49
La valeur calculée de n12 = n21 = 0,0848 montre que l’alliage Sn96,2%Ag3,8% a également une
tendance à l’hétérocoordination.
- 158 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
6
Sn96.2%Ag3.8%
Facteur de structure total (Faber-Ziman) Mudryi et al. [27]
5 Notre travail
4
T=427°C (+3)
2 T=327°C (+1.5)
1
T=227°C
0
0 2 4 6 8
-1
Vecteur d'onde q(Å )
Nos calculs par DM en fonction de la température sont en excellent accord avec les facteurs de
structure de Mudryi et al. [27] mesurés par diffraction de rayons X.
- 159 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
d’autocorrélation VAFαβ (t ) correspond à l’interdiffusion entre les deux espèces de particules. Par
Self
commodité, on les note ici : VAFCu (t ) , VAFSnSelf (t ) et VAFCu−Sn (t ) . Nos fonctions calculées par
dynamique moléculaire (4000 particules) pour des températures différentes, sont présentées sur
les figures (5.13.a, b et c). Les coefficients de diffusion correspondant aux différentes
températures sont rapportés dans le tableau (5.4). Ils sont également présentés sur la figure
(5.13.d).
Nos calculs montrent que les coefficients de diffusions partiels sont tels que : D Cu −Sn est
calculé selon l’équation (1.46) est également rapporté dans le tableau (5.4). Plus généralement,
certains auteurs ont proposé des équations approchées pour calculer le coefficient d’interdiffusion
en termes de coefficients d’autodiffusion D Self
Cu et D Self
Sn et des concentrations d’un alliage
quelconque. Dans le cas d’un mélange idéal, le système sera caractérisé par un coefficient de
diffusion ( D int Self Self
id = c 2 D Cu + c1 D Sn ).
- 160 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
1.0 1.0
Sn 95.6%Cu 4.4% (b)
Sn95.6%Cu4.4% (a)
T = 376°C T = 376°C
T = 500°C T = 500°C
T = 800°C
N
T = 1000°C
0.2
0.5 0.2
T = 1000°C
0.5
0.0 0.0
-0.2 -0.2
T = 376°C D Sn
Self
2
T = 500°C
VAF normalisée ZN (t)
-9
9 int
T = 800°C D DM
T = 1000°C
0.5 0.1
0.0
6
-0.1
sont très élevées par rapport aux valeurs des différents coefficients de diffusion D Self
Cu , D Cu −Sn et
D Self
Sn , ce qui n’est pas le cas pour l’alliage Sn 95,6% Cu 4,4% . Le coefficient caractérisant un
corrélation entre les atomes, c’est ce qui est déjà été constaté précédemment pour l’alliage
Sn 95,6% Cu 4,4% .
- 162 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
1.0
(a) 1.0
Sn98.7%Cu1.3% Sn98.7%Cu1.3% (b)
T = 227°C
T = 227°C
T = 327°C
T = 327°C
VAF normalisée ZN (t)
T = 427°C
T = 427°C
-0.2 -0.2
Self
VAFCu VAFSnCu-Sn
Interaction - Cu
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
1.0
(c) 6 Cu - Cu
Sn98.7%Cu1.3%
Sn - Cu
T = 227°C Sn - Sn
Coefficient de diffusion D(10 m /s)
T = 327°C int
VAF normalisée ZN (t)
DDM
2
5
T = 427°C
-9
0.5 0.1
0.0
4
-0.1
Les résultats des fonctions d’autocorrélation de vitesses obtenus par dynamique moléculaire en
utilisant le pseudopotentiel de Shaw local LOMP sont représentés sur les figures
(5.15.a, b et c) . Les coefficients de diffusion correspondants sont présentés sous forme
graphique sur la figure (5.15.d) et rapportés également dans le tableau (5.6).
Dans le cas de cet alliage, on note que D Ag −Sn est plus proche de D Self
Sn . Les différents
coefficient d’interdiffusion sont calculés et sont reportés sur le tableau (5.6) pour être comparés
aux mesures de Bruson [32] concernant la diffusion d’argent à l’état de trace dans l’étain pur. On
remarque que le coefficient d’hétérodiffusion dépend fortement de la température si on compare à
nos résultats d’interdiffusion.
Tableau 5.6 : Coefficients d’autodiffusion et d’interdiffusion dans l’alliage Sn 96,2% Ag 3,8% sont
exprimés en (10-9 m/ps) en fonction de la température T(°C).
- 164 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
1.0 1.0
Sn96.2%Ag 3.8% (a) Sn96.2%Ag 3.8% (b)
T = 227°C T = 227°C
T = 327°C T = 327°C
VAF normalisée ZN (t)
T = 427°C
Self VAF Ag - Sn
VAF Ag
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
1.0 5 Self
Sn96.2%Ag 3.8% (c) D Ag
D Ag - Sn
Coefficient de diffusion D(10 m /s)
T = 227°C D Sn
Self
2
T = 327°C
VAF normalisée ZN (t)
int
-9
T = 427°C 4 D DM
0.1
Bruson [32]
0.5
0.0
-0.1 3
0.0 (d)
VAF Sn
Self Sn96.2%Ag 3.8%
2
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 200 300 400
Temps t (ps)
Temperature T(°C)
- 165 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
V. Etude de la viscosité
5.1. Fonction d’autocorrélation des contraintes des alliages : Sn 95,6%Cu 4,4% , Sn 98,7%Cu 1,3%
et Sn 96,2%Ag 3,8%
Nous avons calculé la viscosité de cisaillement de l’alliage Sn 95,6%Cu 4,4% et des deux
eutectiques Sn 98,7%Cu 1,3% et Sn 96,2%Ag 3,8% en fonction de la température. Nous avons utilisé
une boîte de simulation de 4000 atomes qui évoluent pendant 1 million d’itérations.
Comme pour les métaux purs, nous traçons les fonctions d’autocorrelation de contraintes
(Stress Autocorrélation Function : SACF) sur les figures (5.16.a, b et c) et leurs intégrales sur les
figures (5.16.b, d et f) pour les alliages Sn 95,6%Cu 4,4% , Sn 98,7%Cu 1,3% et Sn 96,2%Ag 3,8%
respectivement.
- 166 -
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
10
Sn95.6%Cu4.4% (a) (b)
Sn95.6%Cu4.4%
1.5
T = 376°C
8
T = 500°C
6
1.0
0.1
4
0.0
0.5
2
T = 376°C
-0.1 T = 500°C
0 1 2
T = 800°C
0
T = 1000°C
0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
Figure 5.16 : a) Fonction d’autocorrélation de contraintes (SACF) pour l’alliage Sn 95,6% Cu 4,4% à différentes températures.
b) Intégrales de SACF correspondantes.
167
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
10 2.0
Sn98.7%Cu1.3% (c) T = 227°C
T = 327°C
8 T=227°C T = 427°C
6
0.2
1.0
4 0.1
Sn98.7%Cu1.3%
0.0
2 0.5
-0.1
0.5 1.0 1.5 2.0
0 (d)
0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
Figure 5.16 : c) Fonction d’autocorrélation des contraintes (SACF) pour l’alliage Sn 98,7% Cu 1,3% à différentes températures.
d) Intégrales de SACF correspondantes.
168
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
10 2.0
Sn96.2%Ag 3.8% (e) (f)
Sn96.2%Ag 3.8%
T=227°C
8
T=327°C
1.5
6
SACF (G Pa)
0.2
1.0
4 0.1
0.0
2 0.5 T = 227°C
1 2 3 T = 327°C
T = 427°C
0
0.0
0 1 2 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0
Temps t (ps) Temps t (ps)
Figure 5.16 : e) Fonction d’autocorrélation des contraintes (SACF) de l’alliage Sn 96,2%Ag 3,8% à différentes températures.
f) Intégrales de SACF correspondantes.
169
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
5.2. Viscosité des alliages Sn 95,6%Cu 4,4% et Sn 98,7%Cu 1,3% en fonction de la température
Les résultats de viscosité de ces alliages à différentes températures sont calculés par le
pseudopotentiel LOMP et par la dynamique moléculaire, en utilisant le formalisme de Green-
Kubo. Les valeurs de la viscosité sont déduites de l’intégrale de la fonction d’autocorrelation de
contraintes. Les fonctions d’autocorrelation des contraintes (SACF) et leurs intégrales sont
représentées jusqu’à 2 ps. Au-delà de cette limite temporelle les calculs deviennent inexacts car
les fluctuations augmentent avec le temps. Les fluctuations sont des erreurs dues aux effets liés
aux conditions aux limites périodiques. Toutefois, nous devons constater que l'imprécision
statistique est beaucoup plus faible à des temps plus petits quand on utilise un temps de calcul
élevée. Les fortes fluctuations se reflètent sur la viscosité en fonction du temps, les résultats sont
entièrement faux à des temps d'intégration élevés. Nous concluons qu'il n'est pas possible
d'obtenir de meilleurs résultats de viscosité à des valeurs de temps très élevés, mais nous
amortissons les fluctuations statistiques et les résultats deviennent excellents dans l'intervalle
réduisant le temps 0 → 2 ps. On remarque qu’aux températures élevées l’intégrale de la SACF
converge très rapidement vers des valeurs constantes. Apres environ 2 ps, l’intégrale de SACF
reste constante et permet de définir la viscosité de cisaillement.
Nous représentons sur la figure (5.17) la viscosité de cisaillement de l’étain pur, de
l’alliage Sn 95,6% Cu 4,4% et de l’eutectique Sn 98,7% Cu 1,3% en comparant aux mesures de
Plevachuk et al. [8] et de Mhiaoui [33]. Les données de Kehr et al. [34] sont plus basses et plus
éloignées des autres à hautes températures.
Nos résultats de viscosité en utilisant la formule de Green-Kubo sont en très bons accord avec
les mesures de Plevachuk et al. [8] et de Mhiaoui [33] dans la gamme des températures étudiées.
Notre viscosité calculée diminue avec de la température. On remarque une faible augmentation
de celle-ci avec la concentration, ceci apparait clairement à haute températures. À 500°C, la
viscosité est de 1,04 mPa.s dans le cas de l’étain liquide et de 1,18 mPa.s pour l’alliage
Sn 95,6% Cu 4,4% . On remarque que nos calculs effectués pour l’alliage Sn 98,7% Cu 1,3% sont très
proches des mesures de Mhiaoui [33], tandis que les mesures de Plevachuk et al. [8] sont un tout
petit peu plus élevées.
170
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
2.0
Sn 98.7%Cu 1.3% [8]
Sn100% [8]
Viscosité de cisaillement η (mPa.s)
Sn 98.7%Cu1.3% [33]
Sn 96%Cu4% [33]
1.6 Sn 100% [34]
Notre travail:
Sn 95.6%Cu4.4%
Sn 98.7%Cu1.3%
1.2 Sn 100%
0.8
Figure 5.17 : Viscosité de cisaillement des systèmes : Sn , Sn 95,6% Cu 4,4% , Sn 98,7% Cu 1,3% en
fonction de la température. Nos résultats sont comparés aux différentes mesures de Plevachuk et
al. [8], de Mhiaoui [33] et de Kehr et al. [34].
171
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Sur les deux inserts de la figure (3.3.19), on représente par comparaison, la viscosité de
cisaillement du cuivre et de l’étain purs liquides en fonction de la température. Ces résultats ont
été déjà discutés dans les chapitres (III) et (IV). Dans les deux cas, les résultats de Tan et al. [35]
sont très élevés par rapport à nos calculs et aux différentes autres mesures. Dans le cas de
l’alliage étudié Sn - Cu , les valeurs de viscosité de Tan et al. sont aussi plus élevées que nos
calculs. Nous pensons que nos résultats de viscosité de cisaillement de l’alliage peuvent être pris
en considération et doutons des valeurs de Tan compte tenu de leurs résultats pour les métaux
purs, notablement plus élevés que les mesures des autres expérimentateurs.
172
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Sn - Cu à T= 800°C
6
Notre travail
Tan et al. [35]
5 Notre travail
Z = 1.00
Z = 1.56
5 Z = 2.00
Tan et al. [54]
Viscosité η (m Pa.s)
4 3
Han et al. (EMD) [35]
Han et al. (RNEMD) [35]
Cuivre liquide
2
1200 1400 1600
2.4 notre travail MD (GK)
This
MD (work
GK with analytic
0 20 40 60 80 100
Sn ( at %)
Figure 5.18 : Viscosité de cisaillement de l’alliage Sn - Cu à 800 °C en fonction de la
concentration. Nos résultats sont comparés aux différentes mesures de Tan et al.[35]
173
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
Nos résultats des calculs de la viscosité de cisaillement pour l’eutectique Sn 96,2%Ag 3,8% en
fonction de la température sont présentés sur la figure (5.19).
Sn96.2%Ag3.8% [8]
Notre travail:
Viscosité de cisaillement η (mPa.s)
2.0 Sn96.2%Ag3.8%
1.6
1.2
On remarque que nos valeurs de viscosité de cisaillement de l’alliage Sn 96,2%Ag 3,8% sont
inférieures aux mesures de Plevachuk et al. [8] et s’en rapprochent à des températures plus
élevées.
174
Chapitre V : Propriétés statiques et dynamiques d’alliages constituants des soudures sans plomb
VI. Conclusion
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176
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 177 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 178 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 179 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 180 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 181 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
ERRATUM
1) In figure 6-b the calculated interdiffusion coefficient values in Sn95.6%Cu4.4% are presented with a
scale: D (10-5cm2/s). The correct interdiffusion values should be presented with a scale:
D (10-4cm2/s). The corrected figure is given below.
0 .7
(b ) T h is w o rk
D (10 cm / s)
0 .6
2
-4
0 .5
2) In the conclusion, please replace “The interdiffusion coefficient in Sn95.4%Cu4.4% alloy is in good
agreement with experimental measurement” by “The total calculated structure factors in the
Sn95.6 % Cu4.4 % alloy are in good agreement with experimental measurements”.
Z eff Z eff
3) In the formula describing w0 (r ) replace − r < RC by − r > RC .
r r
4) In numbers in the text and in the scales of all figures, please replace commas (,) by decimal dots (.)
5) At the end of the main text, please replace Sn95,4%Cu4,4% by Sn95,6%Cu4,4% .
- 182 -
Publication : Diffusion coefficient of copper, tin and copper tin alloy
- 183 -
Conclusion générale
Conclusion générale
Conclusion générale
Conclusion générale
Les travaux de cette thèse ont été consacrés aux calculs par simulation numérique par
dynamique moléculaire de propriétés statiques (structure atomique, compressibilité isotherme)
et dynamiques (diffusion, viscosité) de métaux liquides et d’alliage choisis comme étant des
soudures sans plomb. Plusieurs milliers de soudures peuvent exister suivant leurs
compositions ou leurs concentrations. Il est impossible de toutes les étudier
expérimentalement. Cette contribution nous a d’abord permis de développer un outil de haute
précision, basé sur la théorie des pseudopotentiels, pour calculer la structure atomique des
métaux liquides. Puis, nous avons calculé deux propriétés fondamentales ayant un grand
intérêt industriel : les divers coefficients de diffusion et la viscosité de cisaillement (ou
dynamique) grâce à la fiabilité du pseudopotentiel de Shaw local utilisé et à la méthode de
simulation la plus précise qui soit (méthode de Green-Kubo).
Nos premiers calculs ont été faits pour caractériser l’étain liquide qui est l’élément de
base des soudures sans plomb. Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour reproduire
la structure atomique de cet élément. En effet, tous les modèles de pseudopotentiels
sophistiqués utilisés dans le passé ont été testés et mis en défaut : le modèle non local
dépendant de l’énergie de Shaw de la classe des pseudopotentiels « first principles », celui de
Bachelet et al. (BHS) non-local et indépendant de l’énergie et celui de Fiolhais. Aucun de ces
potentiels n’a pu expliquer la structure de l’étain liquide, qu’ils soient de type « ab-initio » ou
« premiers principes ». Nous nous sommes orientés vers l’utilisation de potentiels empiriques
comme celui d’Ashcroft. Celui-ci, quelque soit le paramètre de cœur, utilisé présente de fortes
oscillations non physiques. Cela est probablement dû à la discontinuité de ce pseudopotentiel
au niveau du rayon de cœur. Le choix du pseudopotentiel local de Shaw qui est dérivé de la
version ancienne du modèle de Shaw non local dépendant de l’énergie nous a permis de
reproduire la structure de l’étain liquide. Le calcul de l’énergie totale et la représentation de
l’énergie cinétique nous ont aidés à comprendre et à constater que la partie dure du potentiel
effectif joue un très grand rôle dans la description de la structure atomique des métaux
liquides.
Pour obtenir une bonne précision du facteur de structure aux petits angles, on est amené
à augmenter « les nombres de particules et d’itérations ». La transformée de Fourier est plus
précise et les oscillations liées à la coupure de la fonction de distribution radiale sont réduites.
Néanmoins, il est quasiment impossible d’obtenir la limite à q=0 par la transformée de
- 183 -
Conclusion générale
- 184 -
Conclusion générale
circuits électroniques. Notre travail pourrait être étendu par la suite à l’étude d’alliages à plus
de deux composants comme les ternaires, quaternaires qui constituent la majorité des
soudures sans plomb.
- 185 -
Conclusion générale
- 186 -
Annexe
Annexe
Annexe 1 : Constantes physiques et système d’unités utilisés
Annexe 1
ћ =1 (constante de Planck)
q e2
e = 1 (charge de l’électron) (On notera que : e 2 = )
4π ε 0
me =1 (masse de l’électron au repos)
Les mesures des grandeurs physiques s’expriment alors en fonction des unités
fondamentales précédentes. Ainsi :
- 187 -
Annexe 1 : Constantes physiques et système d’unités utilisés
h/ 2
- longueur : = a 0 = 1 (rayon de Bohr)
me e2
h/ 3
- temps : = τ =1
me e4
me e4
- énergie : = 2 (définit le Hartree)
h/ 2
L’unité atomique d’énergie appelée le Hartree vaut 27.21138505 eV. Elle est deux fois
plus grande que l’énergie d’ionisation de l’atome d’hydrogène. Celle-ci définit le Rydberg.
L’unité de distance dans le système d’unités atomiques vaut : 0.52917721 Å. L’unité de temps
est : 2.41888432 10-17s.
- 188 -
Annexe 1 : Constantes physiques et système d’unités utilisés
Figure A.1.1: Pseudopotentiel de l’étain liquide à 250°C calculé par le modèle local de
Shaw : définitions des unités réduites.
- 189 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Annexe 2
Pseudopotentiels utilisés
Dans cette annexe, nous donnons tout d’abord une classification des opérateurs
quantiques tels que les pseudopotentiels, en considération des caractéristiques de leurs
éléments de matrices (Hellal [21]). Hormis les modèles de pseudopotentiels d’Ashcroft et de
Shaw local déjà discutés au chapitre 2, dans cette annexe, nous présentons également les
expressions des autres modèles de pseudopotentiels que nous avons utilisés dans nos calculs.
Remarque : la plupart des références sont celles du chapitre (II) ; on garde alors la même
numérotation. Les autres références sont indiquées à la fin de cette annexe, sans numérotation
car moins nombreuses.
l’élément de matrice (2.1) admet, en fonction des harmoniques sphériques Yl, m (θ, ϕ) , un
développement du type :
rr
W ( r , r ′) = ∑ Υ ∗l ,m (θ, ϕ ) Wl (r, r ′) Υ l ,m (θ ′, ϕ ′) . (2.5)
l ,m
Le potentiel a une forme semi locale, c’est-à-dire locale pour la dépendance radiale et non
locale pour la dépendance angulaire, si la composante Wl (r, r ′) a pour forme :
- 190 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Le potentiel est dit totalement séparable lorsque la dépendance radiale suivant r et r’ est
disjointe ; c’est-à-dire :
autre base de représentation à savoir celle formée des ondes sphériques libres. Ces dernières
s’expriment en termes d’harmoniques sphériques Yl,m(θ, ϕ) et de fonctions de Bessel
r
jl (kr ) Yl*,m (θ , ϕ ) .
2
r k, l, m = k (2.9)
π
On introduit en outre, l’opérateur de projection dans le sous espace des états de valeur propre
r m =l
l de moment cinétique L : Pl = ∑ l, m l, m . (2.10)
m=−l
∞
avec la propriété de projecteur Pl2 = Pl et la relation de fermeture : ∑ Pl = 1 (2.11)
l=0
W= ∑ Wl Pl . (2.12)
l
r
Soit maintenant, la projection du vecteur d’onde plane k (normalisé sur le volume Ω ) :
r r
Pl k = k , l . (2.13)
- 191 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Dans les ouvrages de mécanique quantique, on montre par ailleurs que le vecteur d’onde,
quand il est projeté, s’écrit :
m=l
r (2 π )3/2 il *
k ,l =
Ω
∑ k
Yl, m (θ k , ϕ k ) k,l , m , (i 2 = −1) (2.14)
m = −l
r ∞ r
c’est-à-dire : k = ∑ k, l . (2.15)
l=0
soit :
(4π )2 m 1 =+ l m 2 = + l
∑ ∑ ∑ Y (Ω ) Y (Ω )
r r ∞
∗
k1 W k 2 = l , m1 k1 l,m2 k2 k 1 , l, m1 Wl k 2 , l, m 2 . (2.17)
Ωk 1 k 2 l =0 m 1 = − l m 2 = − l
Connaissant les propriétés des ondes sphériques libres (Cohen et. al, 1973), le dernier facteur
du second membre se laisse calculer comme suit :
∞
= k 1 k 2 ∫ jl (k 1 r ) jl (k 2 r ) Wl (r ) r 2 dr × δ m1 ,m 2 .
2
k 1 , l, m1 Wl k 2 , l, m 2 (2.18)
π 0
Pl (cos α ) =
4π l
∗
( )
∑ Ylm Ω kr 1 × Ylm Ω kr 2 ,
2l + 1 m = − l
( ) (2.19)
où α est l’angle que font les directions respectives Ω kr et Ω kr des vecteurs d’ondes
1 2
r r
k1 et k 2 . Pl (x ) est le polynôme de Legendre de degré l . On arrive au résultat final :
r r 4π ∞
k1 W k 2 = ∑ (2l + 1) Pl (cosα ) Wl (k 1 , k 2 ) ,
Ω l=0
(2.20.a)
∞
où l’on a posé : Wl (k 1 , k 2 ) = ∫ jl (k 1 r ) jl (k 2 r ) Wl (r ) r 2 dr . (2.20.b)
0
- 192 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Dans cette expression, θ(r) désigne la distribution de Heaviside et ZV, la valence chimique.
Le nombre quantique l est relatif au moment cinétique orbital. Sa valeur la plus élevée est
l 0 (pour la plupart des éléments du tableau périodique, l 0 ≤ 3 ). Le modèle de
reproduits, les paramètres calculés A l (E n,l , m ) vérifient avec une bonne précision la relation
∂A (E)
de linéarité : A l (E) = A l (0) + E l . (2.23)
∂E E = 0
Pour une utilisation du modèle pour un environnement métallique, les paramètres sont évalués
à l’énergie E décalée de la quantité ∆ appelée « core shift » [Cowley]. La condition
d’optimisation (2.22) étant conservée, les paramètres sont transformés comme suit :
A l (E) → A l (E - ∆ ) . (2.24)
Pour les applications aux métaux, la relation suivante est utilisée.
∂A l (E)
A l (E) = A l (E f ) + (E - E f ) . (2.25)
∂E E = 0
Dans cette relation de linéarité, les paramètres sont évalués pour un environnement métallique
mais pour simplifier l’écriture, on a conservé la même notation que pour ceux relatifs à l’ion
isolé. Deux difficultés majeures caractérisent les modèles de ce type : l’estimation du « core
shift » d’une part et le calcul de l’énergie de Fermi sur une échelle absolue d’autre part. Toute
une abondante littérature est consacrée à cette problématique [1, 11, 20, 21, 36, 39] . Pour
résumer, il existe deux approches. La première utilise les données expérimentales de l’énergie
- 193 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
d’ionisation E i de l’ion libre et de l’énergie de cohésion E coh du métal [Ese and Reissland].
Cependant, ces données ne sont pas disponibles à toutes les densités électroniques. Elles ne le
sont pas également pour le cas des alliages et à toutes les concentrations. Pour éluder ces
difficultés, une autre approche a été proposée par Hallers et al. [39] et développée par Hellal
[21] ainsi que Harchaoui et al. [36] Elle est basée sur un calcul autocohérent qui donne une
estimation (au premier ordre) du « core shift » et de l’énergie de Fermi.
Termes spectroscopiques A0(0) dA0 /dE A1(0) dA1 /dE A2(0) dA2 /dE
Etain 1,8323 -0,5669 2,0423 -0,2457 1,7794 -0,1505
Cuivre 0,4459 -0,6645
- 194 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Vcore ( r ) = -
Zv 2 core
∑ Ci erf
r i=1 (( α )
core 1 2
i
)
r .
(2.26.b)
3
∆Vlion ( r ) = ∑ A i ( l ) + r 2 Ai+3 ( l ) e
-αi ( l ) r 2 . (2.26.c)
i=1
Sa partie locale est Vcore(r) dont la forme analytique est montrée dans l’article d’origine.
Sa partie semi locale est représentée par les composantes ∆Vlion (r) . Celles sont
paramètres A i sont calculés à partir des constantes Cicore [37, 21]. Ce modèle de potentiel
est censé être transférable pour un environnement métallique. Pour la plupart des
éléments du tableau périodique (de l’hydrogène au plutonium), ces auteurs ont reporté
dans l’article les paramètres du modèle BHS. Nous les reproduisons ici pour l’étain et le
cuivre dans les deux tableaux suivants.
Tableau A.2.2 : Paramètres α i (en unités atomiques) du potentiel de BHS (1982) [10].
ATOME l α1 α2 α3
Cœur 1,97 0,78 -
Etain 0 1,48 1,93 2,82
1 1,28 1,59 1,94
2 1,06 1,32 1,49
Cœur 7,59 3,02 -
Cuivre 0 1,75 2,32 3,09
1 1,25 7,80 10,93
2 2,53 25,70 27,47
ATOME l c1 c2 c3 c4 c5 c6
Cœur 5,0086 -4,0086 - - - -
Etain 0 -6,7306 0,4760 0,1040 0,2141 -0,0298 -0,0166
1 -5,5160 -0,5027 -0,0915 0,1143 0,0767 0,0122
2 -5,6362 -0,0969 -0,2082 -0,0945 -0,0746 0,0179
- 195 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
W(r) = −
ZV
RM
1
(
X 1 − (1 + βX )e
− αX
)
− Ae − X .
(2.27)
Dans ce modèle (figure A.2.3) l’ajustement de ces paramètres est libre, une condition
analytique détermine les paramètres A et β [47]:
α 3 − 2α 1 2
β = , A = α − αβ . (2.28)
4( α − 1)
2
2
Où X = r/R M et R M est le rayon de cœur. Nous avons utilisé les paramètres individuels
donnés dans la référence [47]. Les valeurs de ces paramètres α et R M sont ajustées par
- 196 -
Annexe 2 : Pseudopotentiels utilisés
Fiolhais et al. sur la condition d'équilibre afin de reproduire les caractéristiques dominantes de
la densité électronique à l'état solide.
Tableau A.2.4 : Valeurs calculées (en unités atomiques) de α et R M dans les cas universel et
individuel pour l’étain [47].
universel 3.376
α individuel 3.056
universel 0.443
RM individuel 0.388
Remarques : les paramètres définis dans cette annexe sont donnés en unités atomiques (u.a).
Bibliographie
1. E.R. Cowley, Can. J. Phys., 54, 2348 (1976).
2. J. Hallers, T. Marien and W. Van der Lugt, Physica., 78, 259 (1974).
3. O. Ese and J.A. Reissland, J. Phys., F3, 2066 (1973).
- 197 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
Annexe 3
Notre travail sur les métaux liquides peut être étendu à l’étude des alliages solides et de
leurs transformations de phase. Pour ceci, nous avons mis au point une méthodologie basée
sur l’utilisation du pseudopotentiel de Shaw LOMP et la simulation de dynamique
moléculaire. Cette méthode nous a permis de calculer les propriétés statiques et dynamiques
des métaux purs liquides Sn, Cu, Ag, Au et de leurs alliages d’une manière très satisfaisante.
Notre nouvelle démarche consiste à étudier la structure du cuivre solide, on utilise 4000
particules qui évoluent pendant 30000 itérations. On utilise la densité de Lucas [1] pour le
liquide et la densité de Cahil et al. [2] pour le solide. Les calculs ont été faits de 0°C à
2000°C. Les calculs du potentiel effectif en fonction de la température sont obtenus avec la
fonction diélectrique d'Ichimaru-Utsumi et avec la valence effective de Dagens (Z=2.08) [3]
et sont présentés sur la figure (A.3.1). La différence entre les valeurs des densités entre l’état
solide et l’état liquide apparaît clairement dans le profil du potentiel effectif (entre 1000°C et
1150°C). Les fonctions de distribution radiale correspondantes sont présentées sur la figure
(A.3.2).
- 198 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
0.001
-273°C
(a) 0°C
Solide
250°C
Potentiel effectif Veff (eV)
500°C
750°C
1000°C
Liquide 1150°C
1500°C
2000°C
0.000
5 10
Distance interatomique r(Å)
- 199 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
12
-273°C
200 0°C
Fonction de distribution radiale g(r)
250°C
10 500°C
100 750°C
1000°C
8 1150°C
0 1500°C
4 8
2000°C
6
(b)
4
0
2 4 6 8 10
Distance interatomique r(Å)
Figure A.3.2 : Fonction de distribution radiale à l’état solide et liquide pour différentes
températures, l’insert montre les amplitudes maximales à -273°C pour 4000 particules.
- 200 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
On remarque que l’état solide est caractérisé par deux sortes de pics, les uns correspondent
aux pics de l’état liquide, les autres sont intermédiaires et n’existent pas à l’état liquide. A la
température absolue quasiment nulle, l’état solide est caractérisé par des pics très intenses et
la valeur nulle entre les pics. La hauteur des pics diminue progressivement avec la
température et les pics s’éloignent. Nous avons représenté dans l’insert de la figure (A.3.3) les
fonctions de distribution radiales à l’état liquide (1150°C) et solide (100°C). Il est surprenant
qu’il n’y ait pas davantage de différences entre ces deux états. L’élargissement du pic provient
des vibrations dans le solide. Jusqu’à présent, ce phénomène a été totalement négligé. A l’état
solide, il apparaît sur la figure (A.3.3) que la fonction de distribution radiale est oscillante à la
limite de la boîte de simulation tandis qu’à l’état liquide elle tend asymptotiquement vers 1.
Les facteurs de structure correspondants aux températures 1000°C et 1150°C sont calculés
d’une part par transformée de Fourier et d’autre part comme limite à t=0 de la fonction de
diffusion intermédiaire (figure A.3.4). Pour éviter les oscillations induites par la transformée
de Fourier, on a augmenté le nombre de particule jusqu’à 13500. Il apparait que S(q)-1 qui est
la transformée de Fourier de g(r)-1 est représentée avec précision pour l’état liquide. Pour
l’état solide, il subsiste de nombreuses oscillations liées au non convergence vers l’unité de la
fonction de distribution radiale. Les résultats par F(q, t) ne sont pas meilleurs aux faibles
valeurs de q.
- 201 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
4
1000°C (4000 atomes)
1000°C (13500 atomes)
Fonction de distribution radiale g(r)
2 1
0
2 4
0
0 10 20 30
Distance interatomique r(Å)
- 202 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
8
Cas liquide à 1000°C
FQT
FT
Cas liquide à 1150°C
6 FQT
Facteur de structure S(q)
FT
0
0 2 4 6 8 10
-1
Vecteur d'onde q(Å )
Figure A.3.4 : Facteurs de structure obtenus avec 13500 atomes aux mêmes températures
avec la Transformée de Fourier (FT) et avec la fonction de diffusion intermédiaire (FQT).
A l’état liquide les résultats par les deux méthodes sont superposés.
- 203 -
Annexe 3 : Une étude préliminaire de la structure des métaux solides
Il est en général admis que le formalisme de Ziman ne s’applique qu’aux liquides et aux
amorphes. Il n’y a pas à notre connaissance d’applications aux solides cristallins. Les
potentiels d’interaction sont pourtant très voisins, que l’on ait affaire à un liquide ou à un
solide. Ils dépendent quelque peu du volume atomique et de la superposition des queues de
potentiel des atomes voisins, par conséquent de leur position ou de leur structure. La structure
atomique par contre est assez différente dans le solide cristallin qui dépend de sa maille
élémentaire. Le modèle pur est celui du monocristal à 0K. La matière métallique usuelle ne
répond pas à cette description. Les métaux sont polycristallins et les atomes vibrent dans
toutes les directions de l’espace. Nous avons, dans le cadre de cette thèse, calculé la structure
atomique de métaux liquides à partir de la théorie du pseudopotentiel et de la simulation
numérique par dynamique moléculaire. Nous avons eu la curiosité d’effectuer le calcul de la
fonction de corrélation de paires dans le cas du solide et avons constaté qu’à haute
température celle-ci est très voisine de celle d’un liquide. De toute évidence les déplacements
dus aux vibrations dans les solides sont sous estimées dans la littérature. La théorie de Ziman
n’a aucune raison de ne pas s’appliquer. De manière qualitative ceci explique pourquoi à
haute température la différence de résistivité, par exemple entre le fer solide et liquide, n’est
que de quelques pour cents.
Bibliographie
1. L. D. Lucas, « Techniques de l’Ingénieur, Traité des Matériaux Métalliques », Formulaire M65,
France.
2. J. A. Cahill and A. D. Kirshenbaum, J. Phys. Chem., 66, 1080 (1962).
3. L. Dagens, J. Phys. F: Met. Phys. 7, 1167 (1977).
- 204 -