Tel 0001075
Tel 0001075
Tel 0001075
TITRE
Étude Expérimentale et Théorique des mécanismes
d’adsorption/désorption de
l’Antimoine sur une surface de Silicium (111)
THÈSE DE DOCTORAT
en vue d’obtenir le grade de
Hazar GUESMI
le 11 juillet 2005
JURY
Mme. Marie-José CASANOVE (présidente)
Mme. Sylvie ROUSSET (examinatrice)
M. Stéphane ANDRIEU (rapporteur)
M. Bernard LEGRAND (rapporteur)
M. Pierre MÜLLER
M. Guy TRÉGLIA
2
3
Avant-propos et remerciements
INTRODUCTION _________________________________________________________ 11
IV-B. Apparition d’un état transitoire à fort flux : origine physique _______________ 49
VII-A.1. Les méthodes sur réseau rigide (champ moyen, Monte Carlo) ____________________ 85
VII-A.2. Les méthodes de relaxation (dynamique moléculaire) ____________________________ 86
INTRODUCTION
Nous avons pu au cours de ces quelques années de thèse respecter ce plan de travail♣
et ainsi améliorer nos connaissances sur les mécanismes d’adsorption/désorption du système
Sb/Si(111). Cependant, plutôt que de présenter dans ce mémoire une synthèse ré-ordonnée de
nos résultats, nous avons préféré suivre un chemin linéaire conforme à notre démarche avec
nos errements et questionnements. Nous verrons ainsi comment certaines contradictions entre
résultats expérimentaux ont pu être partiellement levées par notre approche théorique. Nous
essaierons dans une courte conclusion de proposer, à l’aune de nos résultats, un scénario
possible décrivant les mécanismes d’adsorption/désorption sans cacher aucune des difficultés
ainsi rencontrées. Enfin nous donnerons quelques perspectives.
♣
Si ce n’est peut être pour l’étude STM qui faute de temps n’est pas aussi aboutie que ce que nous l’espérions en commençant ce travail.
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 13
L’équilibre entre deux phases infinies A et B se traduit par l’égalité de leur potentiels
chimiques µA et µB. Ces derniers représentent à température (T) et pression (P) constantes, les
dérivés de l’enthalpie libre (G) par rapport au nombre de particules (n) dans le système,
µ= (∂G / ∂n) T , P [7].
Dans le cas simple d’un système faisant intervenir la même espèce chimique, on écrit :
µ (T, P) = µ (T, P)
(1)
A B
Les deux phases restent en équilibre quand P et T changent de façon infinitésimale, soit :
⇒ V A dP − S A dT = V B dP − S B dT . (4)
avec VA et VB les volumes molaires et SA et SB les entropies molaires des deux phases en
équilibre. L’équation (4) donne alors, l’équation dite de Clapeyron.
dP ∆S ∆H
= = , (5)
dT ∆V T∆V
d ln P ∆H
= , (6)
dT RT 2
P ∆H sub 1 1 .
= exp − − (7)
P0 R T T0
∆H f T
P ≈ P0 + ( ) ln( ), (8)
∆V f T0
Solide
Liquide
T0 Température
Deux phases sont en équilibre le long d’une ligne et les trois phases sont en équilibre au point
O, appelé point triple.
Lorsqu’on se déplace le long de la ligne sur le diagramme de phases (figure I.1), les
phases délimitées par cette ligne sont en équilibre. Si on s’écarte de l’une de ces lignes, l’une
ou l’autre des phases devient la plus stable. Cela veut dire qu’une phase croît au détriment de
l’autre jusqu’à la disparition totale de la phase la moins stable.
Soit le point X sur la figure I.1 correspondant à la position d’un cristal en équilibre
avec sa vapeur dans les conditions de pression (P0) et de température (T0). La variation du
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 15
Enfin pour de petites déviations par rapport à l’équilibre cette égalité prend la forme :
P
∂µ v P
∂µ c P P
∆µ ≅ ∫ dP − ∫ dP = ∫ (Vv − Vc ) dP ≅ ∫ vv dP , (11)
P0
∂P P0
∂P P0 P0
∆µ = kT ln P , (12)
P0
en phase vapeur, soit ils se collent sur la surface. Une fois collés, les atomes peuvent
s’adsorber, diffuser sur la surface, désorber ou s’incorporer et devenir définitivement liés au
cristal.
Du phénomène d’adsorption et de désorption découle la notion du temps de séjour (τ)
de l’atome entre le moment où il arrive et se colle sur la surface et le moment où il la quitte.
C’est pendant cet intervalle de temps que l’atome peut diffuser et a une chance de
s’incorporer. τ dépend de la température, de la sursaturation et de la nature des interactions.
I-A.2.a. L’adsorption
Soit la situation où un atome incident est piégé par le potentiel de la surface (il est
alors appelé adatome). Selon le type d’interaction, il existe deux cas d’adsorption. Quand
l’interaction adatome/adsorbant est une simple attraction de Van der Waals (il n’existe pas de
transfert électronique) on parle de physisorption. Lorsque l’attraction s’accompagne d’un
transfert électronique elle provoque une liaison forte entre l’adatome et l’adsorbant, on parle
alors de chimisorption.
I-A.2.b. La diffusion
La diffusion des atomes sur la surface traduit leur tendance à se mouvoir d’un site de
surface à l’autre. Un des moteurs du déplacement selon une direction donnée est la différence
de potentiel chimique de l’atome lorsqu’il occupe différents sites du réseau atomique.
I-A.2.c. L’incorporation
Lorsque l’atome est chimisorbé sur la surface son incorporation peut se faire de deux
façons : soit l’atome se lie à une structure déjà existante sur la surface (marches, îlots..), soit il
contribue à la germination d’une nouvelle structure (îlots..).
Depuis les travaux de Bauer [8], les modes de croissance d’un cristal A (adsorbat) sur
un cristal B (substrat) ont été classés de façon effective en trois modes suivant la valeur du
coefficient de mouillage Φ. Ce coefficient traduit la variation de l’énergie libre du système
quand la surface de B entre en contact avec l’adsorbat A. A l’équilibre il est donné par
l’équation de Dupré :
Φ = γ A + γ AB − γ B = 2γ A − β , (13)
où β est l’énergie d’adhésion par unité d’aire du matériau A sur le matériau B, γAB est
l’énergie libre d’interface A-B et γA et γB sont respectivement les énergies libres de surface de
A et de B.
Si le coefficient Φ est négatif, la couche A mouille le substrat B induisant une croissance de
type bidimensionnelle (2D) dite mode de croissance Frank-Van der Merwe (FM). Si par
contre Φ est positif, la création de l’interface A/B coûte de l’énergie et la croissance est de
type tridimensionnelle (3D) appelée mode de croissance Volmer-Weber (VW). Le troisième
mode appelé mode de croissance Stranski-Krastanov (SK) correspond à une croissance 2D
suivie d’une croissance 3D [9].
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 17
S’il existe une probabilité non nulle pour qu’une particule de la vapeur soit piégée
dans un puits de potentiel de la surface (adsorption), il existe de la même manière une
probabilité non nulle pour que cette particule franchisse la barrière d’énergie de désorption et
reparte dans la vapeur. On parle alors de processus d’adsorption/désorption. Ce processus est
caractéristique de la nature chimique des espèces mises en jeu et dépend beaucoup de l’état de
la surface.
Ns
J évap = . (14)
τ évap
Dans le cas d’une cinétique d’ordre 1, le flux désorbé est proportionnel au nombre
d’atomes de surface (par unité de surface).
N
J des = ads , (15)
τ des
où τ des est le temps caractéristique de désorption.
La cinétique de désorption θ(t) est alors décrite par une exponentielle décroissante dont
l’allure est similaire à la décharge d’un condensateur. Nous aurons l’occasion de revenir sur
ce point dans le chapitre IV.
Le processus de désorption ne se fait pas toujours sous forme atomique. Les atomes
adsorbés sur la surface peuvent se combiner et se désorber sous forme de molécules "n-
mères". Soit à l’équilibre thermodynamique, une concentration CA de molécules An. Le flux
de molécules désorbées peut s’écrire :
où Q(T) est une variable dépendante de plusieurs paramètres (le mode de vibration de la
molécule désorbée, son énergie d’adsorption et l’énergie de liaison entre atomes la
constituant).
I-B.3. Isothermes
Tracer les isothermes d’adsorption d’un système donné est un moyen permettant de
caractériser toutes les propriétés thermodynamiques de la couche 2D sur la surface.
Considérons maintenant l’équilibre entre une couche d’épaisseur atomique déposée sur un
substrat inerte et une vapeur (gaz parfait) en écrivant l’égalité des potentiels chimiques entre
les deux phases. Nous sommes ainsi conduits à déterminer la fonction de partition et le
potentiel chimique de la phase adsorbée. Dans un modèle énergétique simple en interactions
de paires la méthode de champ moyen (Bragg Williams) distingue deux cas selon que les
atomes de la couche adsorbée interagissent entre eux ou pas.
La fonction de partition d’un atome A (parmi N atomes de la phase 2D) adsorbé sur un
substrat B (ayant Ns sites de la surface) s’écrit :
φ AB
f = f ad exp(− ) (17)
kT
2πmkTa 2
avec fad =qz qxy où qz = kT et q xy = .
hν z h2
Dans l’approximation des hautes températures, qz est la fonction de partition de vibration d’un
cristal d’Einstein tridimensionnel (A) suivant la seule direction z (νz est la fréquence de
vibration). φAB, valeur négative, est l’énergie d’interaction entre l’atome A et le substrat B. qxy
est la fonction de partition décrivant le mouvement libre de l’atome de masse m dans une
boîte bidimensionnelle d’aire a2.
L’équation (16) devient alors :
2πmk 2T 2 φ AB
f= a 2 exp(− ). (18)
h νz
3
kT
Par la suite nous poserons θ = N Ns le taux de recouvrement de la surface (Ns sites) par N
atomes adsorbés.
La fonction de partition de ces N atomes adsorbés (tous les sites de la surface sont supposés
équivalents) s’écrit alors sous la forme générale :
N
couche Ns ! φ AB
f = f ad exp(− ) , (19)
N !( N s − N )! kT
où (Ns-N) représente le nombre de sites d’adsorption non occupés. (Notons que nous
utiliserons l’approximation de Stirling pour les grand nombres : ln N!≈ N ln N − N ).
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 20
∂ ln f couche
Le potentiel chimique d’une particule adsorbée à la surface µ surf = − kT T devient
∂N
alors :
θ 1 φ
µ surf = kT ln exp( AB ) . (20)
1 − θ f ad kT
Rappelons que le potentiel chimique de la vapeur (considérée comme gaz parfait) s’écrit
V 2πmkT 3/ 2
µ gaz = − kT ln ( ) , (21)
N h2
φ
P = P0 θ exp( AB ) , (22)
1−θ kT
νz
avec P0 = 2
(2πmkT )1 / 2 .
a
Cette expression est connue sous le nom d’isotherme de Langmuir [11]. Une isotherme
d’adsorption θ = f(P) est simplement obtenue en relevant la variation du taux de recouvrement
de la surface en fonction de la pression. Pour obtenir un réseau d’isothermes il suffit alors de
changer la température de la surface. Sur la figure I.4, on montre un exemple d’une série de
courbes de type Langmuir.
1 ,0
T 1
0 ,8 T 2
T 3
0 ,6 T 4
Figure I.4 : Isothermes de
theta
0 ,0
0 1 2 3 4
Nous considérons maintenant que l’interaction entre atomes adsorbés est non
négligeable. Dans un modèle de champ moyen, où tous les sites de la surface sont équivalents,
l’énergie de chaque particule adsorbée est une énergie d’interaction moyenne dépendant du
nombre moyen de premiers voisins. On écrit :
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 21
φAA est l’énergie d’interaction latérale entre deux atomes de l’adsorbat et zθ est le nombre
moyen de proches voisins dépendant du taux de recouvrement de la surface. Dans ce cas
l’expression de l’isotherme devient du type Fowler Guggenheim :
φ + zθφ AA
P = P0 θ exp( AB ). (24)
1−θ kT
A très faible taux de recouvrement (le long de O Φ 1A ), les interactions latérales dans la
phase diluée sont négligeables et toutes les isothermes sont tangentes aux isothermes de
Langmuir♣. A partir d’une certaine pression le recouvrement θ varie brutalement et décrit une
boucle de Van der Waals. Cette boucle caractérise une instabilité et n’a pas de signification
physique, le système subit plutôt une transition verticale (apparition d’un palier vertical
Φ 1A Φ 2A ) attestant une condensation bidimensionnelle d’une phase 2D sur la surface. La phase
ainsi condensée ( Φ 2A ) coexiste en équilibre avec la phase diluée ( Φ 1A ). Enfin au voisinage de
la monocouche (au delà de Φ 2A ) la phase bidimensionnelle se complète.
Lorsque la température du substrat augmente, la transition verticale ( Φ 1A Φ 2A ) se déplace vers
les pressions élevées et son amplitude diminue et s’annule pour T=Tc. En d’autres termes, si
on calcule la dérivée dθ dP de l’isotherme en θ =1 2 , celle-ci devient infinie pour une
température critique Tc = zφ AA 4k . Lorsque la température du substrat est supérieure à cette
température critique, les isothermes ne présentent plus de transition verticale brutale et la
concentration de surface augmente de manière continue avec la pression : on dit alors que la
couche bidimensionnelle est dans un état supercritique.
Dans des conditions d’équilibre local, le flux émis par une surface a les mêmes
caractéristiques que le flux de particules incidentes venant frapper la surface. Il ne faut
cependant pas confondre le flux désorbé et le flux émis par la surface. Ce dernier peut en effet
être constitué d’une fraction désorbée et d’une fraction réfléchie.
♣
Ce qui n'est pas apparent sur les figures en raison des échelles de pression très différentes
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 22
De façon générale, un flux (J) adsorbé ou désorbé par une surface portée à une
température Ts peut être écrit sous la forme :
4
∂J
J =∫ dϕdθi dϑdε (25)
∂ϕ∂θi ∂ϑ∂ε
où ϕ est l’angle azimutal, θi l’angle que fait le flux avec la normale à la surface, ε l’énergie
interne (potentielle) des particules et ϑ la vitesse des particules dans le flux émis. Selon la
théorie cinétique des gaz, le flux incident obéit aux lois suivantes :
ϑ
2
−m
∂J . (Loi de Maxwell) (26)
∝ϑ e
3
2 kTs
∂ϑ
∂J ∝ cos(θ i ) . (Loi de Knudsen) (27)
∂θ i
−ε
∂J ∝e kTs . (Loi de Boltzmann) (28)
∂ε
Il pourrait paraître naturel de penser que le flux adsorbé et le flux désorbé obéissent aux
mêmes lois. Il n’en est rien pour au moins deux raisons.
D’une part les particules incidentes n’ont aucune raison (a priori) d’être à la même
température que les particules désorbées, d’autre part le flux émis par la surface peut être
formé à la fois de particules réfléchies et de particules désorbées dont les caractéristiques sont
très différentes.
Γ = (T-Ti)/(Ts-Ti), (29)
De façon générale, le flux émis par une surface peut être composé de deux parties :
• Une fraction réfléchie (1-α(θi)), où α est le coefficient de collage (voir chapitre III)
éventuellement fonction de l’angle d’incidence (θi) : ce flux réfléchi correspond à des
particules qui subissent un choc élastique avec la surface et retournent immédiatement
dans la phase vapeur. On notera ce flux
• Une fraction désorbée correspondant aux particules qui ont été capturées dans un puits
de potentiel de la surface et qui s’adsorbent selon une loi angulaire à priori inconnue
notée D(θi). On a de ce fait
Si on considère maintenant que l’équilibre local entre le flux adsorbé et le flux émis existe,
(Jémis = Jdésorbé + Jréfléchi ), on obtient alors :
♣
Le nom "antimoine" dérive vraisemblablement de l’arabe al-uthmud, qui signifie "brillant". Le symbole Sb trouve son origine dans son
nom latin stibium.
CHAPITRE I : Adsorption/désorption : Concepts généraux 24
Sur la surface de Si(111) l’antimoine croît couche par couche [4, 15, 16]. Dans le cas
d’un alliage Sb-Si, le diagramme de phases (figure I.6) montre que ces deux éléments sont
très peu miscibles.
Dans le tableau I.1 sont reportées quelques caractéristiques des éléments Si et Sb.
Si Sb
Structure Cubique diamant rhomboédrique
Rayon atomique (Å) 1.17 1.45
Masse volumique (g/cm3) 2.329 6.68
Température de fusion (°C) 1410 631
Energie de cohésion -4.2 -2.7
(eV/atome)
Energie de surface (erg/cm2) 1240 535
(0.9eV/atome) (0.4eV/atome)
Nombre de sites de surface 7.84.1014
(111) (atome/cm2)
Tableau I.1 : Grandeurs physiques relative à Si et à Sb
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 25
II-INSTRUMENTATION ET MESURES
-L’enceinte principale, reliée à une pompe ionique de 200 l/s, contient l’échantillon.
Selon le type d’analyse, un ou plusieurs appareillages peuvent être connectés sur différentes
brides (sorties 1, 2 et 3). Dans la configuration utilisée pour les expériences de
thermodésorption, un Spectromètre de Masse (SM) (voir II-A.2.1) est positionné sur la sortie
1 et un hublot transparent ferme la sortie 2. Dans la configuration dédiée à l’analyse
structurale de la surface (voir paragraphe II-A.2.2) on remplace le SM par un canon à
électrons et on installe sur la sortie 2 un écran fluorescent permettant de visualiser le cliché de
diffraction de l’échantillon. Dans les deux configurations, la sortie 3 équipée d’un hublot est
utilisée pour mesurer la température de l’échantillon à l’aide d’un pyromètre optique.
-L’enceinte secondaire, connectée à une pompe ionique de 25 l/s, contient la cellule
d’évaporation devant laquelle peut être positionné un cristal de quartz permettant la
calibration du flux émis par la cellule (voir paragraphe II-C).
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 26
L’évaporateur installé dans l’enceinte secondaire est une cellule à effusion de type
Knudsen. Cette cellule (figure II.2) est constituée d’un creuset en molybdène surmonté d’un
couvercle. Elle est chauffée par l’intermédiaire d’un filament de tungstène enroulé autour du
creuset. Trois écrans thermiques (réflecteurs) concentriques permettent d’éviter les
déperditions de chaleur. Le réservoir peut contenir environ 10 g de pastilles d’antimoine pur à
99.999 %. Un orifice de 1 mm de diamètre permet d’obtenir un flux de Sb dirigé vers
l’échantillon.
Notons qu’afin d’éviter l’obturation accidentelle du trou (orifice) par lequel est émis le flux
d’antimoine, un filament traversé par un courant (3.5A, 10V) est positionné autour de l’orifice
évitant une éventuelle condensation indésirable.
microbalance à quartz munie de son résonateur (le cristal de quartz) permet, en la positionnant
en face de l’évaporateur, de mesurer l’épaisseur du dépôt par unité de surface et de temps et
donc d’accéder à la valeur du flux émis par la cellule.
II-A.2. Techniques expérimentales
La spectrométrie de masse est une méthode précise de mesure des masses atomiques et
moléculaires par séparation des atomes ou des molécules ionisés contenus dans un faisceau
[18].
Dans la chambre d’ionisation, des électrons sont produits par simple chauffage d’un
filament de tungstène (figure II.3). Les électrons sont accélérés par une différence de potentiel
afin d’acquérir une énergie suffisante pour ioniser les atomes de la vapeur vus par le SM. Les
ions formés sont extraits de la chambre d’ionisation grâce à une électrode d’extraction. Avant
d’entrer dans le filtre, le flux d’ions est focalisé à l’aide de deux diaphragmes.
Le filtre de masse, composé de quatre électrodes (barres cylindriques parallèles) auxquelles
est appliquée une combinaison de tension continue (U) et alternative (V cosωt) permet alors
de sélectionner les masses des différents ions qui les traversent. Des spectres de masse sont
enregistrés en faisant varier U et V tout en gardant constante la fréquence ν =ω/2π. Quand le
rapport U/V est constant, seuls les ions d’un même rapport m/e sont collectés et envoyés vers
un photomultiplicateur suivi d’un convertisseur courant-tension. Le signal en tension est alors
enregistré sur table traçante en fonction du temps.
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 28
Figure II.4 : Principe d’une mesure RHEED d’après I. Hernandez-Calderon [19]. Sur les figures de gauche et
de droite sont respectivement présentées les vues de dessus et de côté de l’intersection de la sphère d’EWALD
avec le réseau réciproque.
Les figures de diffraction observées sur l’écran fluorescent (figure II.4) représentent
l’intersection du réseau réciproque de la surface et de la sphère d’Ewald de rayon k, où k est
le module du vecteur d’onde des électrons du faisceau incident (k=2π/λ). Compte tenu d’une
part de la faible dispersion de l’énergie des électrons (épaisseur non nulle de la sphère
d’Ewald) et d’autre part de la taille finie des domaines de diffraction (réseau réciproque
constitué de bâtonnets), l’intersection de la sphère d’Ewald et du réseau réciproque
bidimensionnel donne un cliché de diffraction formé de tiges parallèles. La distance entre
deux tiges est inversement proportionnelle au paramètre de maille de surface dans la direction
perpendiculaire au faisceau incident. Notons que pour obtenir le réseau réciproque complet, il
est nécessaire d’enregistrer plusieurs clichés obtenus dans différents azimuts.
La diffraction des électrons lents, en anglais Low Energy Electron Diffraction (LEED)
est aussi une technique d’analyse structurale de surface dans laquelle, contrairement au
RHEED, le faisceau incident est normal à la surface et l’énergie des électrons est faible
(quelques dizaines voir une centaine eV). Comme la technique du RHEED mais pour des
raisons différentes (ici liées à l’énergie des électrons), les électrons du LEED ne sondent que
quelques monocouches de la surface. Un des avantages majeurs du LEED est d’obtenir
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 29
directement une image complète du réseau réciproque : il n’est donc pas nécessaire de
changer d’azimut. Le LEED installé dans le bâti STM permet de vérifier la qualité structurale
de surface.
Les deux modules constituant le bâti STM sont une chambre de préparation et une
chambre d’analyse.
-La chambre de préparation (préparation de l’échantillon) est constituée d’un porte-
échantillon, d’un évaporateur et d’un four à chauffage par courant direct ou par rayonnement.
Le porte-échantillon est conçu pour être à la fois facilement transférable et bien adapté aux
deux modes de chauffage. Dans cette chambre a été installée une cellule d’évaporation
d’antimoine qui reproduit les mêmes conditions de dépôt que dans l’expérience de
thermodésorption.
-La chambre d’analyse comporte, elle, une zone de nettoyage de pointe, un LEED et
une zone d’analyse. Dans la zone d’analyse se trouve la tête STM positionnée
perpendiculairement au support porte-échantillon et composée d’une fine pointe métallique
dont le déplacement est contrôlé par un système piézoélectrique lui permettant de balayer
l’espace dans les trois directions. Le LEED permet la caractérisation de la structure de
l’échantillon après la préparation et avant l’analyse.
Le transfert de l’échantillon d’une chambre à l’autre se fait par l’intermédiaire de
plusieurs cannes de transfert.
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 30
Figure II.5.a : Structure cubique diamant de Si : Figure II.5.b : Surface Si(111) : paramètre de réseau
a= 5.43 Å a=3.84 Å
Avant d’introduire l’antimoine dans la cellule d’évaporation, celle-ci est nettoyée ex-
situ de la même façon que l’échantillon de silicium, puis elle est dégazée dans le vide pendant
quelques heures dans une petite enceinte UV dévolue à cette tâche. Après dégazage, la cellule
est sortie de l’enceinte, remplie de pastilles d’antimoine et installée dans l’enceinte secondaire
de notre bâti expérimental.
II-C. Etalonnages
700
650
Figure II.6 : Courbes de calibration :
600
T (°C ) pyromètre en mode bichromatique,
550 en mode monochromatique et
500 thermocouple
450
400
350
2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0
Puissan ce d e chauffage (U A)
CHAPITRE II : Instrumentation et mesures 32
L’étalonnage du flux avant toute nouvelle expérience est une étape déterminante qui
demande un soin particulier. En effet une mesure fiable et précise de la quantité déposée sur la
surface implique non seulement l’obtention d’un flux incident stable au cours du temps mais
de plus, l’assurance d’un bon alignement de l’ensemble source-obturateur-échantillon de
façon à obtenir un dépôt homogène centré sur l’échantillon. Afin de limiter l’amplitude des
fluctuations initiales du flux, la température de la cellule est initialement augmentée par
paliers jusqu'à une température suffisamment supérieure à la température de sublimation de
l’antimoine. Notons que par la méthode de torsion-effusion, Niwa et Yoshiyama [23] ont
mesuré la pression et la masse moléculaire de la vapeur à partir de l’antimoine solide et ont
montré que celui-ci s’évapore à T=530°C et se compose de 100% de tétramères Sb4 dans la
limite des erreurs expérimentales.
Afin de vérifier que le flux arrivant sur la surface de l’échantillon est parfaitement
centré, on effectue un dépôt de quelques minutes (dépôt épais) sur le substrat maintenu à
température ambiante (pas de désorption). Le dépôt épais ainsi obtenu est visible à l’œil nu,
on peut alors, modifier les positions relatives de l’évaporateur et du substrat de silicium, si le
dépôt n’est pas centré.
Une fois le flux stabilisé, sa mesure est obtenu à l’aide d’un cristal de quartz. Celui-ci
délivre un signal tension en fonction du temps dont la pente est proportionnelle à la vitesse de
dépôt (e). Le flux réel déposé sur la surface du silicium est alors donné par la relation
ρ 1
J (t ) = e atomes/s/cm2 (1)
m 6.25
et 6.25 est le facteur géométrique correctif dû au rapport du carré des distances source-quartz
et source-cristal.
Rappelons que le signal détecté par le Spectromètre de Masse est le résultat des
molécules ou atomes ionisés, filtrés selon leur masse puis convertis en un signal électrique.
12
Vmesuré Tsubstrat
K= . (3)
J mesuré R
CHAPITRE III : Étude expérimentale préalable des mécanismes d’adsorption et de 35
désorption de Sb/Si(111)
3 ,0 3 ,2 3 ,4
1 / ( √ Τ S * 1 0 -2 ) (k -1 /2 )
Soit une quantité d’atomes envoyés sur la surface, deux processus peuvent alors se
produire : une proportion du flux est réfléchie et une proportion est collée sur la surface puis
adsorbée. On définit alors le coefficient de collage α comme le rapport du flux adsorbé sur le
flux incident.
Typiquement, l’allure du signal enregistré (figure III.2) comporte trois parties [24] :
Jémis = Ji = Jéq
t0 t1 t2 t3
Dès l’ouverture de l’obturateur à t= t0, l’échantillon est soumis à un flux de particules. Une
fraction (1-α0) des atomes incidents est réfléchie entraînant une augmentation brutale du
signal de 0 à I(t0)= K (1-α0) Ji. Rappelons que K est la constante d’étalonnage du SM. Après
une période transitoire, le signal atteint à t= t1 une valeur constante Ieq correspondant à
l’équilibre entre le flux incident Ji et le flux émis Jémis. On note (Ieq= K Ji= K Jémis ).
Quand on coupe le faisceau incident (un certain recouvrement d’équilibre θéq étant atteint), on
enregistre à t= t2 une chute brutale du signal jusqu’à I(t2)=K (1-α1) Jeq correspondant à une
fraction réfléchie (1-α1). Ensuite le signal continue à s’atténuer progressivement pour
redevenir nul lorsque tous les atomes déjà adsorbés sont désorbés (t= t3).
Le graphe I(t) permet donc de déterminer d’une part les coefficients de collage α0 et
α1, correspondant respectivement à un recouvrement initial nul et au recouvrement final, et
d’autre part les quantités d’atomes adsorbés θads et désorbés θdes correspondant respectivement
aux deux aires hachurées à gauche et à droite sur la figure. Plus précisément nous avons
donc :
α0 = 1-I(t0)/Ieq (2)
α1 = 1-I(t2)/Ieq (3)
t1
θads = ∫ ( J − J )dt (4)
eq i
t0
t3
θdes = ∫J
t2
émis
dt (5)
Dans le cas du système Sb/Si(111) nous verrons que le signal SM dépend fortement de
la température. Plus précisément, nous définirons trois domaines de température dans lesquels
les courbes cinétiques I(t) sont totalement différentes. La description détaillée de ces courbes
est intégrée dans le chapitre de l’étude cinétique de l’adsorption/désorption. Nous nous
contenterons ici de présenter sur la figure III.3 l’évolution du coefficient de collage α(θ) de
Sb/Si(111) à une température Ts = 400 °C [5]. Le procédé expérimental est détaillé dans
l’appendice A.
CHAPITRE III : Étude expérimentale préalable des mécanismes d’adsorption et de 37
désorption de Sb/Si(111)
1 ,0
0 ,8
0 ,6
Figure III.3 : Variation du
α
0 ,0
0,0 0,2 0 ,4 0,6 0 ,8 1,0 1 ,2
R ecou vrem en t
Pour de faibles et moyens recouvrements (θ < 0.7 MC♠), on remarque que le coefficient de
collage a pour valeur 1 et ne varie quasiment pas avec le recouvrement. Pour de forts
recouvrements (θ > 0.7 MC), α décroît rapidement jusqu’à s’annuler à la saturation de la
monocouche (1MC). Signalons qu’un même comportement a été rapporté par Barnett et al [6]
dans le cas de l’adsorption de Sb4/Si(100).
Notons que l’énergie de liaison de Sb4 sur une couche de Sb1 chimisorbés est beaucoup plus
petite que l’énergie de liaison de Sb1 sur la surface de Si [4], c’est pourquoi la saturation de la
couche n’excède pas 1MC, sauf dans la limite de très forts flux.
♠
Monocouche (MC) : un atome d’antimoine pour un atome de silicium.
CHAPITRE III : Étude expérimentale préalable des mécanismes d’adsorption et de 38
désorption de Sb/Si(111)
de la quantité des espèces détectées. On remarque ainsi que tous les tétramères Sb4 entrant
dans la chambre d’ionisation sont uniquement dissociés en monomères Sb1 et dimères Sb2. Le
rapport Sb1/Sb2 est égal à 1.5 ± 10% et est alors caractéristique du flux de tétramères Sb4. La
valeur de ce rapport implique qu’une molécule Sb4 se dissocie en moyenne dans la chambre
d’ionisation du SM en 3,44 atomes sous forme de monomère et de 0,56 dimère (voir
appendice B).
100
80
Qua ntité (UA)
60
Figure III.4 : histogramme
représentant les différentes espèces
40
détectées par le SM
20
0
Sb Sb2 Sb3 Sb4
Notons que ce rapport, propre aux paramètres expérimentaux du SM utilisé (tels que la
tension d’ionisation, la tension d’extraction….), dépend légèrement du flux incident
(fluctuation de 10% pour des flux de l’ordre de 4,78.1011- 1,53.1013 atomes/s/cm2). Ceci peut
facilement s’expliquer par l’influence de « l’inertie du SM » dans les conditions de quasi
saturation de la chambre d’ionisation. Ajoutons par ailleur, que les espèces Sb3 n’ont jamais
été détectées.
♠
La masse molaire du monomère Sb1 est égale à 121g. Le centre de masse est 121.76 et la plage de détection imposée au SM comprend les
isotopes allant de 121 (isotope naturel à 57.36%) à 123 (isotope naturel à 42.64%)
CHAPITRE III : Étude expérimentale préalable des mécanismes d’adsorption et de 39
désorption de Sb/Si(111)
110 110
Sb1 (UA) & Sb2 (7.5xUA) Sb1 (UA) & Sb2 (7.5xUA)
100 100
90 90
80 11 2 80
Sb1(4.78.10 at/cm /s) 12 2
70
11 2
70 Sb1(5.80.10 at/cm /s)
60
Sb2(4.78.10 at/cm /s) 12 2
60 Sb2(5.80.10 at/cm /s)
50 50
40 40
30 30
20 20
10 10
0 0
400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950
Figure III.5.a : courbes d’intensité des espèces Sb1 et Figure III.5.b : courbes d’intensité des espèces Sb1 et Sb2
Sb2 en fonction de la température pour un flux 4,78.1011 en fonction de la température pour un flux 5,8.1012
atomes/s/cm2 atomes/s/cm2
On remarque que le signal enregistré pour les dimères Sb2 est maximum à basse température
(T<600°C) et minimum à haute température alors que celui des espèces Sb1 présente un
comportement inverse.
Sur la figure III. 6 nous représentons de façon différente ces résultats en traçant sur le
même graphique le rapport Sb1/Sb2 en fonction de la température Ts de l’échantillon. Nous
reportons également la valeur Sb1/Sb2 = 1,5 ± 10% caractéristique d’un flux ne contenant que
des molécules Sb4.
100
Sb 1/Sb2(4,78.10 11at/cm /s)
Sb 1/Sb2réel
12 2
Sb 1/Sb2(5,8.10 at/cm /s)
80
60
Sb 1 /Sb 2 Figure III.6 : rapport Sb1/Sb2
40 mesuré en fonction de la
température de l’échantillon
20
350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950
Température °C
Sur les deux courbes le rapport Sb1/Sb2 croît fortement à partir d’une certaine valeur de
température du substrat. Les deux courbes, qui augmentent à partir d’une température T =
600°C, montrent que la proportion de Sb2 détectée augmente avec le flux. A basse
température et indépendamment du recouvrement, ce rapport est de Sb1/Sb2 = 1,5 ± 10%
caractéristique de la seule présence de tétramères Sb4.
De tous ces résultats, on peut déduire que pour un gamme de flux incident entre 4,78.1011
atomes/s/cm2 et 5.8.1012 atomes/s/cm2 (utilisée par la suite) :
• A basse température (T<600°C), seuls les tétramères Sb4 sont désorbés et/ ou réfléchis
par la surface. Ceci est confirmé par le fait que la couche de monomères Sb1 ne peut
désorber qu’à partir de T= 600 °C.
CHAPITRE III : Étude expérimentale préalable des mécanismes d’adsorption et de 40
désorption de Sb/Si(111)
• Pour les hautes températures (T> 800 °C) seules les espèces Sb1 désorbent de la
surface de Si (111). Notons toutefois que pour de très forts flux une légère proportion
d’espèces Sb4 peut être détectée.
• Enfin dans une gamme de température intermédiaire (600 °C<T<800 °C), les deux
espèces coexistent.
Notons qu’il a été observé que pour une surface vicinale de Si, le rapport Sb1/Sb2 augmente
avec la densité de marches. Ce rapport bien inférieur à 1.5 atteste de la présence de dimères
Sb2 en bord de marche [5]
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 41
Dans cette partie nous allons analyser les processus d’adsorption et de désorption de
l’antimoine sur la surface de Si(111). A cette fin nous décrirons, au cours d’une expérience
d’adsorption/désorption, l’allure des courbes I(t) enregistrées par le SM. Nous tenterons alors,
à l’aide de l’allure des courbes, de proposer un scénario plausible décrivant les mécanismes
d’adsorption/désorption. Enfin nous terminerons par une approche plus quantitative consistant
en une description phénoménologique analytique des courbes cinétiques.
Avant d’entrer dans les détails de cette étude rappelons quelques acquis expérimentaux
issus du chapitre précédent :
• La quantité totale d’antimoine émise par la surface est la somme des espèces Sb1 et
Sb2 enregistrées respectivement sur les canaux 1 et 2 du SM.
• La détection de tétramères Sb4 se traduit par un rapport Sb1/Sb2 = 1.5 ±10%.
• Dans le cas d’une surface de silicium parfaitement plane (pas de marches), tous les
dimères Sb2 détectés par le SM proviennent d’une dissociation des tétramères Sb4 dans
la chambre d’ionisation alors que les monomères Sb1 proviennent à la fois de la
dissociation et des monomères Sb1 désorbés.
Nous avons ainsi mis en évidence trois gammes de températures (T<600 °C, T> 800°C
et 600°C< T< 800°C) caractérisées par des courbes cinétiques I(t) d’allures différentes. Les
figures IV.1, 2 et 3 montrent respectivement les résultats obtenus pour les températures 550
°C, 810 °C et 720 °C représentatives de chaque domaine.
Dans les domaines des hautes et moyennes températures, nous séparerons le cas des courbes
obtenues dans des conditions de fort flux. Celles-ci présentent une signature particulière et
seront longuement développées dans un deuxième temps.
IV-A.1.a. Description des courbes I(t) obtenues à basse température (T< 600°C)
Deux caractéristiques essentielles sont observées sur les courbes obtenues à basse
température :
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 42
• L’allure du signal est identique pour les espèces Sb1 et Sb2. Malgré le fait que leurs
intensités respectives varient en fonction du flux, le rapport Sb1/Sb2 = 1.5 ±10% reste
constant, indiquant que dans ce domaine de température seule l’espèce Sb4 est émise
par la surface.
• Lors de l’ouverture de l’obturateur (figure IV. 1), apparaît un temps de latence de
quelques secondes, où aucune émission n’est détectée, puis l’intensité du signal
augmente décrivant une forme en "S" jusqu’à ce qu’un état stationnaire soit atteint.
Lorsqu’on referme l’obturateur, le signal chute de façon abrupte et on retrouve quasi-
instantanément le bruit de fond de départ.
IV-A.1.b. Description des courbes I(t) obtenues à haute température (T> 800°C)
Sur la figure IV.2 sont présentés les deux signaux enregistrés pour Sb1 et Sb2. On
remarque que le rapport Sb2/Sb1 est quasiment nul. Cela indique que, dans cette gamme de
température, seuls des monomères Sb1 sont désorbés par la surface.
L’allure de la courbe adsorption/désorption de l’espèce Sb1 rappelle celle de la
charge/décharge d’un condensateur. Dès l’ouverture du diaphragme le signal augmente de
façon continue. Une fois l’équilibre atteint, on ferme l’obturateur et la désorption se fait
progressivement (cinétique d’ordre 1) jusqu’au bruit de fond de départ.
Sur la surface propre de Si, arrive un flux composé de tétramères Sb4 (ouverture de
l’obturateur). Une fois physisorbés sur la surface chaude, ces tétramères se dissocient avant de
se chimisorber sous forme de monomères dans les sites vacants de la surface. A T < 600 °C
les espèces Sb1 ne peuvent pas désorber♥. Les tétramères arrivant sur des sites déjà occupés
sont simplement réfléchis par la surface. Ainsi des Sb4 ne peuvent être détectés par le SM
qu’une fois que la surface est partiellement recouverte de Sb1 (retard au démarrage). Plus les
sites de la surface sont occupés, plus les tétramères sont réfléchis (croissance du signal).
Quand l’état stationnaire est établi, c’est-à-dire qu’il y a égalité entre le flux incident et le flux
réfléchi, le système est à l’équilibre. Lorsqu’on ferme la cellule, les Sb4 ne peuvent plus être
réfléchis (plus de flux incident), les monomères ne peuvent pas être désorbés (température
faible) et donc le signal du SM devient brutalement nul. Cette description suppose donc que le
coefficient de collage des molécules Sb4 sur la surface est une fonction du nombre de sites
occupés par des monomères Sb1. Pour une surface complètement recouverte (θ=1), tous les
Sb4 sont réfléchis et le coefficient de collage α est égal à zéro (la chute brutale 1-α1(θeq)=1 sur
la Figure III.2).
♥
A 600°C, le temps de désorption de l’Antimoine sur le Silicium est de l’ordre de plusieurs milliers de secondes [4, 21].
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 44
Le scénario envisagé dans ce domaine de température est complexe car il réunit les
caractéristiques des basses et des hautes températures. On y retrouve la physisorption et la
dissociation partielles des Sb4, la chimisorption et la désorption des Sb1 et la réflexion des Sb4
non physisorbés.
Pour expliquer les caractéristiques de ce régime nous avons testé deux modèles dont
un proposé par Barnett et al. pour décrire les mécanismes d’adsorption/désorption de
Sb/Si(100) [6]. Différents dans le principe, les deux modèles se basent sur le fait qu’à basse
température une couche de monomères Sb1 est adsorbée sur la surface de façon irréversible
(pas de désorption de monomères) et que la probabilité de désorption et/ou de réflexion des
précurseurs Sb4 augmente avec le recouvrement en Sb1.
Dans ce modèle les auteurs supposent que les molécules Sb4 qui arrivent sur la surface
sont des précurseurs physisorbés dont la probabilité de dissociation et de chimisorption ne
dépend que de la probabilité de trouver quatre sites vacants sur la surface. Dans un modèle de
champ moyen, cette probabilité est proportionnelle à (1-θ)4 où θ = nSb1 est le recouvrement.
Ns
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 45
nSb1 étant le nombre d’atome Sb1 adsorbés et Ns est le nombre de sites de surface Si(111). Les
équations cinétiques décrivant l’évolution des espèces Sb1 et Sb4 à la surface s’écrivent donc :
dn Sb1
= 4 J (1 − θ ) + 4n Sb4 K m (1 − θ ) ,
4 4
(1)
dt
dn Sb4
dt
[ 4
]
= J 1 − (1 − θ ) − n Sb4 K m (1 − θ ) − n Sb4 K 4 ,
4
(2)
migré à la surface avec une probabilité Km et se sont dissociés avec une probabilité (1 − θ ) .
4
[
Dans l’équation (2) décrivant le bilan des espèces Sb4 sur la surface, J 1−(1−θ ) est le
4
]
nombre de tétramères non réfléchis et donc physisorbés, nSb4 K m(1−θ ) est le nombre de
4
tétramères dissociés en Sb1 (avec une probabilité en (1−θ ) ) et le dernier terme nSb4 K 4
4
Dans ce modèle, on considère que toute molécule entrant en contact avec la surface
chaude est soit dissociée soit réfléchie. La probabilité de dissociation des tétramères Sb4
dépend seulement du coefficient de collage α(θ). Sachant que dans cette gamme de
température il n’y a pas de désorption de monomères Sb1, les seules espèces présentes sur la
surface sont des monomères Sb1 chimisorbés :
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 46
(1 − θ ) n
α (θ ) = , (7)
(1 − θ ) n + P
La présence d’une seule espèce Sb1 rend la modélisation du régime haute température
simple. La cinétique d’adsorption/désorption peut être décrite par une seule équation
différentielle :
dnSb1 = 4J − K1nSb1 , (10)
dt
4 J − K1t
n Sb1 = e . à la désorption (12)
K1
4J
I ads (t ) = C te ( )(1 − e − K1t ) , (13)
K1
4 J − K1t
I dés (t ) = C te ( )e . (14)
K1
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 48
L’ajustement des courbes cinétiques avec les expressions analytiques précédentes (13 et 14)
(figure IV.5) nous permet de déterminer les paramètres physiques caractéristiques du mode
d’adsorption.
ISM
t(s)
1 − E ads
K1 = = ν z exp( ) (15)
τ kT
4,0
3,5
3,0
2,5
lnτ (s)
2,0
1,5
Figure IV.6 : Diagramme d’Arrhenius
lnτ=f(1/T) pour 780°C <T< 880°C.
1,0
0,5
0,0
8,6 8,8 9,0 9,2 9,4 9,6
10-4 /T(K)
Notons que pour de très forts flux apparaît une phase transitoire sur laquelle nous reviendrons
au paragraphe suivant.
Dans ce domaine de température, les choses sont plus complexes. On peut considérer
dans un premier temps que de façon analogue à la description des modèles à basse
température, la probabilité de chimisorption des atomes Sb1 dépend de la probabilité de
physisorption puis de dissociation des tétramères Sb4. Cependant dans le domaine de
températures considéré (T > 600 °C) les adatomes Sb1 peuvent se désorber. De ce fait, il est
possible de décrire partiellement la cinétique I(t) en introduisant simplement un terme
supplémentaire décrivant la désorption de Sb1 dans les équations cinétiques utilisées à basse
température.
Il faut noter par ailleurs que cette description des courbes cinétiques n’est valable que
pour des faibles flux. En effet pour des forts flux, l’allure des courbes cinétiques pour les
régimes de moyennes et de hautes températures présente, en plus des caractéristiques propres
à chaque domaine, une signature particulière. Plus précisément, à un recouvrement supérieur à
la moitié de la monocouche, les courbes I(t) enregistrées à T >700 °C présentent un état quasi-
stationnaire avant l’état d’équilibre. Cet état transitoire présent dans les deux signaux
enregistrés Sb1 et Sb2 (si Sb2 détecté) existe à l’adsorption comme à la désorption (figure IV.
7).
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 50
a) b)
Figure IV.7 : Apparition de l’état quasi-stationnaire (flèches rouges). a) Signal Sb1 enregistré à T=750°C et J=
9.5.1011 atomes/s/cm2. b) Signal Sb1 enregistré à T=820 °C ; J= 1.9*1012 atomes/s/cm2.
L’observation d’un état quasi-stationnaire avant qu’un vrai état d’équilibre ne soit
atteint a suscité beaucoup d’interrogations sur les causes et les conditions de son apparition.
Notons par ailleurs qu’un tel état transitoire n’est pas observé lors de l’adsorption de
l’antimoine sur Si (100) et Si (110) [6, 25, 26]. Il n’a pas non plus été signalé par les autres
auteurs travaillant sur le système Sb/Si(111) [3,4].
Dans un premier temps nous avons suspecté l’existence d’une éventuelle source de
contamination ou la présence de défauts sur la surface qui auraient comme conséquence la
modification de la cinétique du système. Après plusieurs vérifications concernant les
conditions de vide, les étalonnages et la propreté des échantillons utilisés, le phénomène
s’avère reproductible pour les températures T>700 °C sous des conditions de fort flux utilisé.
L’étape suivante a été de vérifier une éventuelle liaison entre la formation de plusieurs
paliers (pseudo-palier et palier d’équilibre) et l’apparition de cristallites sur la surface. L’état
transitoire serait alors en réalité le vrai état d’équilibre 2D, et ce qu’on appelle état
stationnaire ne serait que la formation d’îlots tridimensionnels sur la surface. Pour cela, il
existe une procédure expérimentale permettant de s’assurer de l’état d’équilibre du système.
Lorsqu’on suppose qu’une situation d’équilibre est atteinte, on coupe durant quelques
secondes le chauffage de l’échantillon. Le signal délivré par le spectromètre de masse chute et
donc le nombre de particules désorbées de la surface de silicium diminue. On rétablit ensuite
instantanément le chauffage de l’échantillon : l’échantillon est alors à la température Ts. Le
signal délivré par le SM croît : le nombre de particules désorbées par la surface augmente puis
le signal se stabilise. Trois cas peuvent se produire :
• le signal se stabilise rapidement à une valeur d’équilibre correspondante à celle
obtenue avant l’arrêt brutal du chauffage de l’échantillon (Fig IV.8.a.). Ce cas indique
que l’équilibre du système est atteint.
• Les niveaux du signal avant et après impulsion thermique diffèrent (Fig IV.8.b). Dans
ce cas l’équilibre n’était pas encore atteint.
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 51
a) b)
c)
Figure IV. 8 : test sur l’état du système. a) L’équilibre thermodynamique est atteint. b) L’équilibre
thermodynamique n’est pas encore atteint. c) Croissance de cristallites sur la surface d’après [27].
Le résultat de ces tests montre que l’état stationnaire correspond bien à l’état d’équilibre du
système et que l’état quasi-stationnaire n’est réellement qu’un état transitoire.
Enfin la dernière étape a été d’identifier le recouvrement critique à partir duquel le pseudo-
palier se manifeste. Le résultat est qu’à partir d’un recouvrement supérieur à la demi
monocouche (selon la température du substrat), commence à apparaître une légère
déformation sur la courbe de l’adsorption et de la désorption qui devient un état quasi-
stationnaire nettement visible pour un recouvrement θc≥0.7 monocouche.
Un scénario possible serait donc qu’au delà d’une certaine densité critique θc les
adatomes de la phase diluée de surface se condensent et forment une phase 2D dense. Nous
avons, dans un premier temps, fait un modèle ne faisant intervenir qu’une seule espèce Sb1
susceptible de se condenser au-delà d’une certaine densité critique. La surface est supposée
recouverte par une phase diluée et des îlots denses.
Le processus d’adsorption et de désorption de la phase condensée se fait par les
lisières vers ou à partir de la phase diluée. Les équations ainsi obtenues sont :
dn Sb1 N
= 4 J 1 − − K 12 nSb1 N + K 21 N − K 1 nSb1 . (16)
dt Ns
dN = K12nSb1 N −K21 N −K2 N . (17)
dt
dn1 4 JN
= − K 1P n1 . (18)
dt Ns
où nSb1 est la quantité d’adatomes Sb1 présents sur la surface Si(111) nue, et n1 celle sur les
îlots de la phase 2D ; N et Ns sont respectivement le nombre d’atomes dans les îlots et le
nombre de sites Si sur la surface de sorte que (N/Ns) est le recouvrement de la surface par les
îlots 2D exprimé en fraction de monocouche. Ainsi, nous avons séparé le flux d’adatomes en
deux espèces : les adatomes situés sur la couche de Si ( J[1-N/Ns] ) et les adatomes situés sur
les îlots 2D soit (J.N/Ns ). K12 présente la probabilité de pompage du gaz 2D vers la lisière des
îlots (le nombre de sites de lisière étant proportionnel à N ), K21 la probabilité de pompage
de la lisière des îlots vers le gaz 2D et enfin, K1 et K2 les probabilités de désorption des
adatomes et des atomes situés respectivement sur la surface et en lisière.
Notons cependant qu’un bon ajustement des courbes expérimentales n’a pu être obtenu qu’en
ajoutant une troisième espèce d’adatomes situés en deuxième couche (n1), et qui par définition
n’ont pas un contact direct avec la surface. Ces adatomes n1, qui n’excèdent pas le dixième de
la monocouche, se désorbent avec un coefficient de désorption K1p différent de K1.
Les équations différentielles couplées (16,17 et 18) sont résolues pour une densité
d’adsorption θ ≥ θc. L’intensité du signal enregistrée par le SM s’écrit
I = C te ( K 1 n Sb1 + K 1 p n1 + K 2 N ) . (19)
Sur la figure IV.9 sont reportés les ajustements ainsi obtenus pour une température de 750°C.
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 53
ISM
t(s)
Ces résultats permettent de retrouver les paliers (état quasi stationnaire) à l’adsorption et à la
désorption. Notons que les paliers ne sont pas au même niveau conformément à l’expérience.
Pour θ < θc les équations différentielles doivent être résolues d’une part, en annulant tous les
termes en N et √N (plus de phase 2D) ce qui permettrait de décrire le mode
d’adsorption/désorption des régimes hautes températures, et d’autre part, en intégrant le
processus d’équilibre entre les espèces Sb1 et Sb4 pour rendre compte de la forme des
cinétiques dans le régime des températures intermédiaires.
Soulignons tout de même que si le mécanisme de condensation 2D ainsi imaginé
permet de retrouver les courbes cinétiques, d’autres processus pourraient peut-être permettre
d’aboutir au même résultat expérimental. On pourrait en particulier imaginer qu’une simple
adsorption en deuxième couche donne le même résultat. Les quelques essais de simulation
effectués dans ce sens ne nous ont cependant pas permis de restituer le palier correspondant à
l’état transitoire. Leur présence semble toutefois nécessaire pour simuler complètement les
courbes d’adsorption/désorption ( K1p ≠0 dans l’équation (18)).
Notons par ailleurs, qu’il nous faut distinguer le recouvrement critique θc auquel
apparaît la signature cinétique de l’état transitoire, du recouvrement d’équilibre θc eq pour
lequel la phase existe à l’équilibre. Compte tenu du nombre de paramètres ajustables nous
n’avons pas envisagé l’étude systématique de l’évolution avec la température des multiples
paramètres issus de la simulation. Nous pouvons cependant remarquer qu’il est possible
d’obtenir certaines conditions expérimentales pour lesquelles les deux paliers (état quasi-
stationnaire révélateur de la formation de la phase 2D et de l’état d’équilibre) coïncident, c’est
à dire pour lesquelles θc=θc eq. On trouve ainsi que la valeur minimale de θc est de
0.6±0.1MC.
CHAPITRE IV : Étude cinétique de l’adsorption et de la désorption 54
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 55
5√3x5√3
al. EELS :
√3x√3
7x7 5x5 d(2x1) 1x1
2002 [16] désorption de la
monocouche
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
structurée 1x1
recouvrement
C. Y. Park et al [15] sont les premiers à avoir observé par LEED les domaines
d’existence des structures Sb/Si en fonction du recouvrement de Sb et de la température du
substrat. La procédure utilisée est la suivante : après le dépôt de quelques monocouches (MC)
de Sb sur la surface propre de Si(111), le substrat est chauffé et les différentes structures
générées par la désorption sont enregistrées et forment le diagramme T=f(θ) illustré dans la
figure V.1.
S. Andrieu [30] est allé plus loin, en distinguant les structures apparaissant pendant
l’adsorption puis pendant la désorption. Il montre que les surstructures générées pendant
l’adsorption sont différentes de celles observées pendant la désorption (du moins en ce qui
concerne la température et le recouvrement lors de leur apparition). Les deux diagrammes de
phases proposés (figures V.2) montrent que pendant l’adsorption la structure 5 3 x5 3 est
observée pour une température de substrat supérieure à 725 °C dans un petit domaine autour
de θ= 0.7MC alors que pendant la désorption celle ci est observée pour 0.5<θ<0.8 et
600°C<T<800°C. Les structures 3x 3 et 2x1 présentent aussi la même caractéristique.
Figure V.2 : Diagramme de phase pendant l’adsorption et la désorption de Sb sur Si(111) [30].
Dans le cadre de cette étude nous avons décidé de nous intéresser essentiellement aux
structures de Sb sur Si(111) dans des conditions d’équilibre thermodynamique. On pourrait
définir un diagramme d’équilibre (θ, T) comme l’intersection des diagrammes d’adsorption et
de désorption proposés par S. Andrieu. A ce stade de travail nous avons cependant tenté une
autre approche en identifiant d’abord les différentes phases à l’équilibre, en calculant ensuite
leurs sursaturations respectives pour finir enfin par la caractérisation de l’arrangement
atomique associé à chacune d’elles. A cette fin nous avons utilisé deux techniques.
La première technique est celle de la diffraction des électrons de haute énergie
(RHEED). Nous avons installé dans le bâti de thermodésorption un canon RHEED (voir
chapitre II). Celui-ci envoie sur la surface de Si, exposée ou non au flux d’antimoine, un
faisceau d’électrons monochromatique sous une incidence rasante de 1°. Les intensités
diffractées par la surface sont "collectées" sur un écran fluorescent. Cette technique nous
permet d’observer, en présence d’un flux de Sb donné, les différentes transitions structurales
et d’identifier la structure d’équilibre à température fixée. Les expériences précédentes de
Spectrométrie de Masse nous servent comme référence pour prévoir à flux et température
donnés le temps nécessaire pour établir l’équilibre du système. La netteté du cliché RHEED et
sa constance en cours de dépôt sont aussi des signatures de l’équilibre.
La deuxième technique est la microscopie par effet tunnel (STM). Elle nous permet
d’observer le réarrangement atomique des structures identifiées en équilibre. L’observation de
la formation des surstructures en temps réel est une tâche rendue difficile par les problèmes de
contamination de la pointe par l’antimoine (Sb est un agent très polluant à cause de sa très
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 58
forte pression de vapeur). De ce fait, nous avons procédé différemment, à savoir nous avons
commencé par déposer sur la surface chaude une quantité connue de Sb (dans des conditions
d’équilibre) sans la pointe STM, puis nous avons figé les structures de surface (en baissant de
façon brutale la température de l’échantillon). Nous avons ensuite vérifié par LEED que la
structure de surface obtenue correspondait bien à celle observée par RHEED dans les mêmes
conditions d’équilibre, et enfin nous avons imagé la surface.
Dans ce qui suit nous commençons par l’analyse de la structure de la surface propre de
Si(111). En ce qui concerne le Sb déposé sur la surface Si, n’ayant pas accès directement aux
valeurs du recouvrement, les différentes structures à l’équilibre (en cours de dépôt) sont
présentées sous forme d’un diagramme ∆µ. Chaque structure d’équilibre est ensuite analysée
en détail. Dans chaque cas nous présentons les clichés RHEED obtenus dans deux azimuts
différents selon que les électrons incidents sont selon les directions [21̅1] (azimut 0°) ou [10̅1]
(azimut 30°). Notons que le substrat Si utilisé est formé de larges terrasses de l’ordre de 100
nm.
a) b)
Figure V.3 : a) Cliché RHEED de la reconstruction (7x7) de Si(111) obtenu selon l’azimut 0°. b) : Cliché RHEED
de la reconstruction (7x7) de Si(111) obtenu selon l’azimut 30°.
Selon les deux azimuts et en jouant sur l’incidence, on peut voir nettement les taches entières
(10, 00 et 10) de la 7x7, les six taches fractionnaires ainsi que les six zones de Laüe. Lorsque
les électrons sont envoyés selon la direction [21̅1] (azimut 0°), c’est la diagonale de la 7x7 qui
est sondée. Lorsqu’on fait une rotation de 30° (électrons selon la direction [10̅1]), on sonde le
côté de la 7x7. On vérifie sur nos clichés que la distance [̅10, 10] dans l’azimut 30° est √3 fois
plus grande que la distance [̅10, 10] dans l’azimut 0°.
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 59
a) b)
Figure V.5 : a) Le modèle de Dimer-Adatom-Stacking-fault de la 7x7 [36]. b) Mesure des amplitudes atomiques
selon la direction [11̅2] : les pics correspondent aux positions des adatomes et des rest-atomes.
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 60
a) b)
Figure V.6 : a) Surface Si(111) : structure de la 7x7 en polarité négative (-1.9V). b) Structure de la 7x7 en
polarité positive (1.9V).
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 61
R. J. Hamers et al. [37] ont expliqué ces observations en comparant leurs résultats en
spectroscopie tunnel (courbes It(V) : mesure locale de l’intensité du courant tunnel en
fonction de la tension) avec des résultats en photoémission UPS et IPS (Ultraviolet/Inverse
Photoemission Spectroscopy) [38].
a) b)
Figure V.9 : Cliché de la (√3x√3) R30° obtenu après environ 2 min de dépôt. T= 650 °C et J= 1.81.1011
atomes/s/cm2. a) selon l’azimut 0°. b) selon l’azimut 30°.
Il arrive souvent que les structures à l’équilibre consistent en une coexistence de la 2x1
et de la √3x√3, les clichés RHEED montrent une structure √3x√3 selon l’azimut 0° et une
structure 2x1 selon l’azimut 30°. La périodicité de la 2x1 se traduit par des taches entières
(10, 00 et 0̅1) et des fractionnaires ±1/2.
Réarrangement atomique
Figure V.11 : Image STM (V= -2.9V) de la surface pour un recouvrement voisin de la monocouche. Les flèches
en jaune montrent les structures 2x1. La figure in set montre la structure √3x√3.
Figure V.13.a : La structure √3x√3 de la monocouche Figure V.13.b : La reconstruction 2x2 est constitué
complète est constituée de trimères Sb. Chaque atome de de trois domaines de 2x1. Sur la Figure une seule
Sb possède deux liaisons avec deux Sb et une liaison avec configuration 2x1 est représentée, on obtient les
un atome Si du plan (111). Cette reconstruction deux autres par rotation de 120°. Dans cette
correspond ainsi à un ensemble de pseudo-molécules Sb3 reconstruction de chaîne en zigzag chaque atome de
centrées sur des sites T4 de la surface Si(111). La distance Sb possède trois liaisons : deux avec Sb et une avec
Sb-Sb est égale à 3.1 ± 0.2Å [21]. Si. [21].
Soit l’échantillon de Si maintenu à une température de 810 °C, au bout d’une dizaine
de secondes de dépôt (9.26.1011 atomes/s/cm2), et après les disparitions successives de la 7x7
et de la 1x1d, la structure de type 5√3x5√3 devient nettement visible. Cette structure est
observée dans les deux azimuts (figure V.14) : selon l’azimut 0°, les taches entières plus
quatre fractionnaires sont accompagnées de quinze zones de Laüe (seules douze sont visibles
dans le cliché présenté) et selon l’azimut 30°, les taches entières plus quatorze fractionnaires
sont accompagnées de cinq zones de Laüe. Après la fermeture de l’obturateur, la structure
5√3x5√3 s’atténue petit à petit. Au bout de 10 mn elle disparaît au profit de la 1x1d puis se
reconstruit en 7x7.
a) b)
Figure V.14 : Cliché obtenu après 1.30 mn de dépôt sur un substrat maintenu à T= 810 °C. a) reconstruction
(5√3x5√3) selon l’azimut 0°. b) reconstruction (5√3x5√3) selon l’azimut 30°.
On présente dans la figure V.15 les reconstructions de la surface de silicium (111) en cours de
croissance selon l’azimut 0° et l’azimut 30°.
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 66
[ ]
Quand on envoie les électrons selon la direction 211 (azimut 0°), on sonde le côté de la
(5√3x5√3) (nœuds étoilés) qui présente une distance cinq fois plus grande que la diagonale de
[ ]
la (1x1). Alors que si on envoie les électrons selon la direction 101 (azimut 30°), on sonde
une distance √3 fois plus grande que celle du côté de la (5√3x5√3).
Réarrangement atomique
Nos essais d’observation par STM de la surface dans les mêmes conditions de
température et flux n’ont pas été fructueux. La désorption instantanée des atomes de Sb dans
ce domaine de température (dépôt à T ≅ 800 °C) conduit à des surfaces très mal structurées.
Les seules images de la 5√3x5√3 qu’on a pu obtenir présentent donc des structures hors
équilibre avec un recouvrement de la surface inférieur à celui d’équilibre.
a) b)
4.3nm
Figure V. 16 : Surface Sb/Si(111) imagée (V= -2.9V) (a) après quelques minutes de dépôt de Sb à T=650°C. b)
après un dépôt de Sb d’une dizaine de minutes à T=750°C .
dizaine de minutes. Les hexagones de la structure 5√3x5√3 sont mal définis, ce qui est
probablement dû à la désorption de Sb.
La structure 5√3x5√3 est une structure très complexe. Le premier modèle a été
proposé en 1997 par K. H. Park et al. [42]. La structure de base est une "5x5 DAS" et la
cellule unité est formée de six régions triangulaires dont trois moitiés fautées (FH) et trois non
fautées (UH) (figure V. 17). Les trois (FH) ne comportent pas d’adatomes et les atomes de Sb
remplacent les "rest-atomes" de Si. Parmi les trois (UH) deux comportent chacune trois
adatomes (TAUH) et une a un seul adatome (SAUH). L’arrangement périodique de ces sous-
unités forme la structure 5√3x5√3.
(c)
Figure V.17 : (a,b) Le réarrangement atomique de la 5√3x5√3 vus par STM [44]. c) Modèle proposé par Park et
al. [42]. Les lignes en pointilles rouges indiquent la maille 5√3x5√3.
La 7x7 diffuse
Dès les premières secondes de dépôt et quelle que soit la température de l’échantillon
(T<830°C), la structure 7x7 de la surface propre devient diffuse. L’identification de
l’arrangement atomique de cette surstructure a été effectuée sur un échantillon maintenu à une
température de 480°C où on a réalisé un dépôt de 1/5MC (figure V.18).
CHAPITRE V : Caractérisation structurale et atomique 68
Figure V.18 : Deux portions de la surface imagée après un dépôt de 1/5MC à 480°C. V=-2.88V
Sur cette figure on remarque qu’à faible recouvrement la structure 7x7 du substrat reste
visible bien que couverte de quelques îlots. Les taches brillantes supposées être des adatomes
de Sb ne forment pas de structure ordonnée. Elles se trouvent essentiellement autour des
"corner-holes" et sur la position des adatomes de la partie fautée de la structure DAS 7x7. Sur
la figure V.19 on a superposé à cette image la structure de la 7x7.
donc plus la surface se recouvre d’îlots de Si. La conversion de la 7x7 en une 7x7 diffuse
implique qu’un atome de Sb remplace un adatome de Si jusqu’à ce que tous les douze
adatomes des cellules unités 7x7 soient remplacés. La 7x7 diffuse doit donc être observée
jusqu’à un recouvrement de 0.245MC (12 adatomes/49 atomes de Si(111)). Les îlots étant
formés de bicouches de Si doivent donc couvrir 12% de la surface.
Pour identifier la nature chimique des îlots observés sur la surface, nous avons utilisé
l’effet de désorption de Sb. En fait, on a chauffé la surface à une température supérieure à la
température de désorption de Sb (T>600°C) et inférieure à la température de désorption de Si
(T<1100°C). La surface ainsi imagée comportait les mêmes îlots indiquant qu’ils sont
composés d’atomes de Si. La hauteur des îlots mesure à peu près 0.25 nm, ce qui correspond à
la hauteur d’une bicouche Si.
La 1x1 diffuse
V-C. Conclusion
• Enfin notons pour terminer, que n’ayant eu accès au STM que pendant un mois, les
résultats restent partiels. D’autres expériences de STM doivent donc être effectuées si
possible dans des conditions d’équilibre thermodynamique. A l’issue de ces
expériences, des études complémentaires par STS afin de résoudre complètement les
problèmes posés par ce système devront être envisagées.
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 71
VI-ETUDE THERMODYNAMIQUE
Après l’étude cinétique et structurale nous nous intéressons maintenant à l’étude des
propriétés thermodynamiques du système Sb/Si(111). À cette fin nous établirons les
isothermes d’adsorption/désorption puis les interpréterons à partir d’une théorie de champ
moyen.
♦
Ceci lève une polémique ancienne relevée par S. Andrieu [3]. La stœchiométrie à saturation est bien de θ=1MC, soit un atome de Sb pour
un atome de Si, et non pas 0.7MC comme le prétendaient certains auteurs [4, 28] travaillant dans des conditions thermodynamiques mal
définies.
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 72
a) b)
1 1
coverage
coverage
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
-8 -8
Pressure (10 Torr) Pressure (10 Torr)
Figure VI. 1 : Isothermes d’adsorption : a) points expérimentaux, b) ajustement des points expérimentaux avec
le modèle de Bragg-Williams
La forme monotone continue des isothermes peut être caractéristique d’une adsorption
localisée sans interactions latérales (isothermes de Langmuir). De façon quantitative on peut
ajuster les points expérimentaux par un modèle de champ moyen de type Bragg-Williams. Ce
modèle, introduit dans le chapitre I, suppose que l’énergie φ (appelée par la suite énergie
d’adsorption) de chaque particule A d’antimoine adsorbée sur un site B de la surface de
silicium (tous les sites de la surface sont équivalents) s’écrit comme la somme de l’énergie
d’interaction verticale avec le substrat φAB et de l’énergie d’interaction latérale φAA dépendant
du nombre moyen de ses premiers voisins (ici Z = 6 compte tenu de la symétrie de la surface
Si(111)).
φ = φAB + zθφAA . (Chapitre I. équation 23) (1)
φ + zθφ AA
P = P0 θ exp( AB ) (2)
1−θ kT
Les points expérimentaux s’ajustent avec le modèle proposé (figure VI.1.b) pour des valeurs
de φAB = -2.95 eV ± 0.03 eV et de φAA = -0.02 eV ± 0.006 eV.
La valeur ainsi obtenue de φ est en complet accord avec la valeur obtenue en ajustant
les courbes cinétiques obtenues à haute température (-2.85 ± 0.1 eV). La valeur de φAA très
faible montre qu’il n’y a quasiment pas d’interactions latérales entre les adatomes de Sb. φ se
trouve donc quasi-indépendante du recouvrement, ce qui est la caractéristique principale des
isothermes de Langmuir.
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 73
∆H 2 D
P2 D = K 2 D exp(− ), (3)
kT
∆S2D
avec K 2D = exp( ).
k
K2D traduit le terme entropique de la sublimation de la phase 2D (∆S2D) et ∆H2D est son
enthalpie.
Pour chaque isotherme nous relevons P2D mesuré à θ = ½. Sur la figure VI.2 nous
traçons ln P2D en fonction de 1/T.
-8 ,0 ln P
-8 ,2
y= A + B x
-8 ,4
ln (P(pascal))
-8 ,6
-8 ,8
Figure VI. 2 : Graphe lnP2D=f(1/T).
-9 ,0 Points expérimentaux (points noirs)
-9 ,2
ajustement (trait rouge).
-9 ,4
-9 ,6
0 ,0 0 0 9 0 0 ,0 0 0 9 1 0 ,0 0 0 9 2 0 ,0 0 0 9 3 0 ,0 0 0 9 4 0 ,0 0 0 9 5
-1
1/T (K )
Nous obtenons une droite d’Arrhenius dont l’ordonnée à l’origine ln P2D=ln K2D donne la
valeur du terme entropique
a2 = 2.28.10-19 m2 ≅ π(r0(Sb))2
Notons que dans ce modèle la variation de ν avec T reste inférieure à 10% dans la gamme de
température considérée.
A partir du graphe on peut relever aussi la valeur de l’enthalpie de sublimation
Les résultats ainsi obtenus sont en complet accord avec certains résultats concernant le
comportement thermodynamique de l’antimoine sur la surface Si(111). En se basant sur des
expériences de thermodésorption par spectroscopie, Metzger et Allen [4] ont en effet montré
que la désorption de Sb est quasi-indépendante du recouvrement entre 0 et 1MC. S. Andrieu
en 1990 [45] rapporte également que l’adsorption de Sb sur Si(111) est de type Langmuir.
Néanmoins, l’allure des isothermes caractérisée par l’absence (ou presque) de toute
interaction latérale est en complète contradiction avec notre interprétation des courbes
cinétiques. Rappelons en effet que notre interprétation de l’observation d’un état quasi
stationnaire sur les courbes cinétiques d’adsorption et de désorption s’appuie sur l’existence
d’une condensation bidimensionnelle de surface. L’apparition d’une telle phase dense ne peut
avoir lieu que s’il existe une interaction attractive significative entre les atomes de Sb et se
traduit normalement par un saut (transition de premier ordre) sur les isothermes d’adsorption
(voir chapitre I). Ce phénomène n’est cependant pas visible sur le réseau d’isothermes
enregistré ! Trois hypothèses sont possibles pour expliquer cette contradiction. Soit les barres
d’erreur, importantes, relevées sur les isothermes "cachent" une petite marche, soit la
transition de phase est partiellement masquée par un mécanismes d’adsorption/désorption
particulier et à imaginer, soit enfin l’interprétation de nos courbes cinétiques n’est pas bonne.
Les deux premières raisons nous ont encouragés à regarder d’un peu plus près nos isothermes.
En particulier il est aisé de voir (malgré les barres d’erreur) que les isothermes calculés à
partir de l’ajustement précédent s’écartent des points expérimentaux pour des fortes valeurs
de θ. Plus exactement, alors que pour les faibles recouvrements, le modèle de champ moyen
reproduit bien les points expérimentaux, pour de fortes valeurs de θ le meilleur ajustement
passe par l’extrémité inférieure des barres d’erreur. Ainsi malgré le fait que le meilleur
ajustement passe par toutes les barres d’erreur on peut suspecter un comportement différent à
bas et haut θ.
Cette différence de comportement peut être mise en évidence plus clairement en dérivant les
valeurs de l’énergie d’adsorption φ à partir de l’expression 2 et en traçant à partir des valeurs
de φ de chaque point expérimental θ=f(P) le diagramme φ=f(θ).
φ = kT (ln P − ln θ ) . (3)
P0 1−θ
A fort recouvrement la figure VI.3.a. met en évidence un écart entre les points ainsi obtenus et
la variation de type quasi-Langmuir♦ de l’énergie d’adsorption φ = φAB + zθφAA avec φAB = -
2.95 eV et φAA = -0.02 eV.
♦
Stricto sensu l’existence d’un terme zθφAA ne permet pas de considérer l’isotherme comme une isotherme de Langmuir. Cependant,
compte tenu de la faible valeur zθφAA (variant entre 0 et 0.1eV pour θ variant entre 0 et 1MC) nous qualifierons cette isotherme de quasi-
Langmuir.
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 75
-2.9 -2.9
-3.0 -3.0
∆Ε (eV)
∆Ε (eV)
-3.1 -3.1
-3.2 -3.2
-3.3 -3.3
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0
Coverage Coverage
Figure VI.3.a : Variation de l’énergie d’adsorption Figure VI.3.b : Variation de l’énergie d’adsorption
avec le recouvrement (points noir) comparée avec la avec le recouvrement (points noir) décrites par deux
valeur issue de l’ajustement de l’ensemble des données régimes (traits pleins rouges).
expérimentales avec le modèle de Bragg-Williams
(trait pointillé).
Sur cette figure, et indépendamment des barres d’erreurs, on remarque que si l’énergie
d’adsorption augmente (en valeur absolue) avec le recouvrement, sa variation peut être mieux
décrite en distinguant deux régimes d’adsorption (figure VI.3.b). Un premier régime (i), à bas
recouvrement θ ≤ 0.7MC pour lequel l’énergie d’adsorption est une constante indépendante
du recouvrement et un deuxième régime (ii) pour 0.7≤ θ ≤1MC, où l’énergie d’adsorption
augmente en valeur absolue avec le recouvrement [46].
Rappelons maintenant que pour les systèmes caractérisés par une condensation
bidimensionnelle sur la surface d’une phase 2D, la dérivée dθ/dP de l’isotherme devient
infinie pour la température critique Tc = Tccm ( Tccm = -ZφAA’’/4k en champ moyen), au delà de
laquelle le gaz se comporte comme un fluide supercritique.
Connaissant la valeur de l’interaction φAA’’, on déduit Tccm =1177 °C. Pour obtenir la
température critique exacte, il faut corriger Tccm par un facteur correctif Tccm = α Tc qui pour
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 76
le réseau hexagonal vaut α =5/3 [47]. La température critique du système Sb/Si(111) est égale
à : Tc ≅ 600°C.
Ainsi d’un point de vue thermodynamique nos isothermes sont dans le domaine
supercritique où le recouvrement de la surface augmente de manière continue avec la pression
malgré la formation possible d’une phase condensée sur la surface. Nous reviendrons sur ce
point dans la conclusion générale.
On trace maintenant l’isotherme théorique pour T= 800°C obtenue à partir des valeurs
de l’ajustement précédent (les deux régimes (i) et (ii)). On superpose cette isotherme♦ à
l’isotherme expérimentale obtenue à T=800°C. Sur le graphe de la figure VI.4 on peut voir
que l’isotherme théorique obtenue par ajustement avec les deux régimes (i) et (ii) décrit mieux
l’expérience que celle obtenue par un seul régime (quasi-Langmuir). Ceci veut
vraisemblablement dire que l’énergie d’adsorption de la phase diluée (θ≤ 0.7MC) est
différente de celle de la phase dense (θ≥ 0.7MC).
0 .8
Recouvrement
0 .6
Figure VI.4 : isotherme issue du modèle
de Bragg Williams (trait en pointillé
0 .4 bleu), isotherme calculé à partir des deux
régimes (i) et (ii) (trait plein rouge) et
0 .2 M o d è le a v e c d e u x ré g im e s isotherme expérimentale à 800°C (points
M o d è le q u a i-L a n g m u ir noirs)
E x p e rie n c e à 8 0 0 °C
2 4 6 8
K *P /P 0 (10 -14 )
Nous avons au chapitre V étudié les structures d’équilibre du système. Nous avons
notamment donné un diagramme de phase unidimensionnel (figure V. 8) où les structures
d’équilibre sont données en fonction de la sous-saturation ∆µ = kT ln P . Il est maintenant
P∞
tentant, via nos connaissances expérimentales des isothermes et donc de la relation θ (P), de
transformer ce diagramme 1D en un vrai diagramme de phase θ (T). Cependant compte tenu
d’une part de l’inadéquation partielle du modèle de champ moyen utilisé (présence évidente
de deux régimes) et d’autre part des barres d’erreurs assez élevées (notamment sur la valeur
de K2D) il est quasiment impossible de retrouver un diagramme θ (T) cohérent (Plus
précisément, on peut à peu près trouver ce que l’on veut). Ainsi, l’idée du diagramme de
phase a été abandonnée mais une analyse plus généralieste, faisant apparaître le lien entre les
cinétiques d’adsorption/désorption et l’apparition des différentes structures, sera proposée
dans la conclusion générale de la partie expérimentale.
♦
Compte tenu de la surestimation de la température critique calculée par le modèle théorique, les isothermes sont recalculées en introduisant
un facteur correctif, soit T / T cm = T / T =1.23. Notons que pour la même raison la pression (axe des abscisses) à été décalée d’un
c ( 800 ° C ) c
facteur (α −1 )φ .
K = exp( AB
)
kT
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 77
♦
Pour calculer la valeur de l’énergie d’adsorption M. Ladevèze et al [2] ont utilisé la valeur de la fréquence de vibration relevée par S.
Andrieu [3].
♦♦
La méthode de vidage fractionné ne fait pas appel au paramètre dépendant de la fréquence de vibration
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 78
a) b)
Figure VI.5 : Spectres de thermodésorption par spectrométrie de masse obtenus en désorbant 0.7MC (a) et
1MC (b) d’antimoine déposées à température ambiante sur la surface plane de Si(111). Les petits spectres (x10)
correspondent à la désorption de Sb2. les deux spectres sont enregistrés dans les mêmes conditions
expérimentales [5].
A faible recouvrement (θ≤ 0.7MC) le spectre de thermodésorption est formé d’un pic γ centré
autour de 775 °C. A fort recouvrement (θ=1MC) le pic se dédouble en deux composantes γ’ et
γ’’. Notons que le dédoublement commence à apparaître sur le pic γ puis devient nettement
visible pour θ=1MC.
Nous reportons sur la figure VI.6 l’évolution du pic γ en fonction du recouvrement ainsi que
sa transformation en deux pics γ’ et γ’’ à partir de θ=0.7MC. Notons que les spectres
représentés ont été obtenus sur une surface vicinale, mais les résultats sont qualitativement les
mêmes pour une surface nominale.
Il apparaît ainsi clairement que deux régimes de désorption coexistent dès que le
recouvrement est supérieur à un recouvrement critique θc=0.7MC. Les énergies d’adsorption
CHAPITRE VI : Étude thermodynamique 79
correspondant aux pics γ’ et γ’’ ont été mesurées par la méthode du vidage fractionné et sont
reportées dans le tableau VI.2.
Tableau VI.2 : Valeurs de l’énergie d’adsorption φ pour les pics γ’ et γ’’ extraites du spectre de
thermodésorption à θ = 1MC [5]
Il est tentant de relier l’apparition d’un nouveau régime de désorption au changement de pente
observé sur la figure VI.3.b. Quelques réserves viennent cependant limiter la portée de ce
résultat :
♣
Notons cependant que pour des forts flux quelques tétramères Sb4 semblent se désorber et/ou être réfléchis.
Conclusions générales sur la partie expérimentale 82
Par ailleurs nous avons pu faire un lien entre les cinétiques d’adsorption/désorption et
l’apparition/disparition des différentes structures. Les résultats sont synthétisés dans le
récapitulatif suivant :
Nous avons essayé d’étudier par STM l’arrangement atomique de chacune des phases.
Malheureusement, faute de temps, cette étude partielle et très incomplète mérite d’être reprise.
Nous pensons notamment à des études par STM sous flux.
Conclusions générales sur la partie expérimentale 83
Un élément commun à tous nos résultats ressort clairement. Autour de θ=0.7MC existe :
9 Une signature cinétique spécifique à la formation d’une phase dense (palier quasi-
stationnaire)
9 La structure cristallographique 5√3x5√3.
9 Une interaction attractive entre les atomes de Sb.
9 Le dédoublement du pic de thermodésorption γ en γ’ et γ’’ [5].
i) Les barres d’erreur expérimentales obtenues sur les isothermes sont bien plus
importantes que celles que nous avons relevées pour d’autres systèmes étudiés avec le
même appareillage. Quelle est l’origine de cette incertitude ? Est-elle liée à la présence
possible d’espèces Sb4 réfléchies à haute température et à fort flux comme le laisse
suggérer la figure III.6 et la présence des pics γ’ et γ’’ sur les spectres de
thermodésorption ? Ces barres d’erreur sont-elles susceptibles de masquer
l’observation de la transition 2D sur les isothermes ou sommes-nous plutôt en
présence d’un mécanisme particulier permettant à la fois une condensation 2D et une
isotherme de Langmuir ?
En tout état de cause, en ce qui concerne les barres d’erreur, une réponse pourrait peut-être
être apportée par une étude des isothermes d’adsorption/désorption dans des conditions
expérimentales permettant de distinguer les différentes espèces ( n-mères) impliquées dans le
mécanisme. Mais fondamentalement, l’origine de telles incertitudes reste pour nous
mystérieuse.
Conclusions générales sur la partie expérimentale 84
Une réponse à cette question peut éventuellement être obtenue par une étude atomistique et
électronique des mécanismes d’adsorption/désorption. C’est l’objet de la partie théorique qui
suit.
CHAPITRE VII : Étude théorique 85
VII-ETUDE THEORIQUE
VII-A.1. Les méthodes sur réseau rigide (champ moyen, Monte Carlo)
généralisée dans le chapitre I), dans laquelle l’occupation du site dépend uniquement de la
probabilité (concentration, recouvrement) de l’espèce concernée, sans se préoccuper de son
environnement. On peut ainsi rendre compte de l’ordre à longue distance mais on néglige tout
ordre local, l’interaction d’un atome avec les autres étant remplacée par ce qu’on appelle un
champ moyen, le plus souvent déterminé de façon autocohérente ou par minimisation de
l’énergie libre du système. Si l’on veut prendre en compte ces effets d’environnement local
(microstructure) sur la cinétique et la thermodynamique du système, on peut faire appel à des
approximations de champ moyen à plusieurs sites (CVM), voire à des simulations "exactes"
de type Monte Carlo.
Ces dernières décrivent l’évolution du système de manière stochastique dans un
espace échantillonné constitué de tous les états possibles. Plus précisément, rappelons que
pour un système dynamique à température constante tout observable physique, outre ceux
moyennés dans le temps, peut s’écrire comme une moyenne d’ensemble sur toutes les valeurs
possibles des coordonnées (ri, i=1, 2,..,N).
<M > = ∫ dr1 ...∫ drN M(r1 .....rN ) exp( − β E pot (r1 ....,rN )) / Z , (1)
Nous venons de voir que toutes les simulations, décrites brièvement ici, requièrent la
connaissance de l’énergie du système. La définition d’un potentiel interatomique réaliste est
donc l’ingrédient nécessaire à toute simulation numérique. Il existe en théorie plusieurs
modèles qui traitent de manière plus ou moins approchée l’énergie potentielle entre atomes,
depuis les méthodes complètement empiriques (par exemple de type Lennard-Jones), où
l’énergie potentielle d’un système est calculée comme la somme sur toutes les paires des
interactions entre atomes définie en fonction de la distance qui les séparent, en passant par des
potentiels empiriques à N corps, puis à des descriptions plus précises mais paramétrées de la
structure électronique (en Liaisons Fortes par exemple), jusqu’à sa description par des
méthodes ab-initio qui ne requièrent aucun paramètre empirique.
L’étude théorique du processus de l’adsorption de l’antimoine sur une surface (111) du
silicium nécessite de choisir l’un ou l’autre de ces niveaux d’approximation. Il convient
toutefois de remarquer que les méthodes semi-empiriques (paires, N corps) ont généralement
été développées d’une façon spécifique pour un seul type de liaison chimique (gaz rare,
ionique, covalent, métallique) et qu’il existe peu de façon de dériver une forme analytique de
potentiel dans les cas mixtes du type métal/semi-conducteur ou métal/isolant. La solution
adoptée est alors de faire appel aux méthodes ab initio, soit pour répondre directement aux
questions quand il s’agit de comparer les stabilités relatives de systèmes pas trop complexes,
soit en les utilisant comme référence pour en dériver des potentiels analytiques quand l’objet
de l’étude met en jeu des simulations plus compliquées (cinétiques, grandes mailles). C’est le
choix adopté ici, après quelques tentatives semi-empiriques que nous allons rappeler tout
d’abord car, cohérentes ou pas avec le système étudié, elles ont largement contribué à
résoudre certaines énigmes.
Figure VII.1 : densité d’états ni(E) de Si volume (en pointillé) et Si surface (111) (en plein) en Liaisons Fortes
[51].
Une fois la densité locale déterminée, on peut calculer l’énergie au site i, qui se décompose en
deux termes : un terme de bande attractif et un terme répulsif.
Le terme de bande Eib est issu de l’élargissement du niveau atomique en une bande continue
d’états. Il s’obtient en sommant toutes les énergies jusqu’au niveau de Fermi EF (intégration
sur la densité d’états) :
EF
Eib =∑ ∫(E −ε λ0 )niλ (E,δε iλ )dE − Niλ (EF )δε iλ , (6)
λ ∞
EF
Niλ (EF )= ∫ niλ (E,δε iλ )dE . (7)
−∞
Le terme répulsif Eri quant à lui est mal traité par le formalisme des Liaisons Fortes. Il est
remplacé par une contribution empirique de type Born-Mayer qui s’écrit comme une somme
d’interactions de paires entre atomes i et j distants de rij :
rij
Eri = ∑ A exp − p r − 1 . (8)
j , rij 0
1
rij 2
E i = − ∑ ξ exp − 2q − 1 .
b 2
(9)
j ,rij r0
C’est un tel potentiel qu’a utilisé Marielle Ladevèze [51] pour analyser l’influence de
l’état de surface (nominale, puis vicinale) sur l’adsorption de Sb/Si(111) en relaxant le
système par simulation numérique en dynamique moléculaire. Les quatre paramètres (ξ, A, p,
q) caractérisant les interactions Sb-Sb et Si-Si étaient ajustés sur les valeurs expérimentales de
l’énergie de cohésion, du paramètre du réseau, du module de compressibilité ainsi que sur
l’équation d’état "universelle" entre potentiel et distance [53]. Les paramètres mixtes Sb-Si
étaient choisis comme la moyenne des paramètres des éléments purs.
M. Ladevèze a ainsi étudié les modes d’adsorption des molécules de Sb, Sb2, Sb3, Sb4
sur les deux types de surface. Son résultat essentiel est que l’adsorption de molécules Sb2 sur
la surface désorientée doit conduire à l’existence simultanée de monomères (molécules
dissociées spontanément) sur la terrasse (surface nominale), et de dimères non dissociés
debout contre les marches. En ce qui concerne l’adsorption d’un monomère isolé sur une
terrasse, le site de symétrie ternaire est préféré au site apical, comme dans une adsorption de
type "métal/métal". Au niveau de la marche (surface vicinale), les molécules non dissociées et
adsorbées verticalement présentent une légère élongation.
Malheureusement, en dépit du bon accord avec les expériences concernant les deux
types de mode d’adsorption (dissociative sur les terrasses, moléculaire en bord de marche),
certains résultats comme la stabilité du site ternaire pour l’atome isolé pourrait être des
artefacts dus à l’utilisation d’une approximation (SMA) qui, si elle est bien justifiée pour les
métaux, l’est sensiblement moins pour les covalents, dans la mesure où elle ne prend en
compte que les distances entre proches voisins et pas les effets orientationnels. Cela apparaît
clairement sur les densités d’états schématisées ci-dessous (figure VII.2), où l’on voit que
CHAPITRE VII : Étude théorique 90
l’approximation rectangulaire est mal adaptée à une densité présentant un gap ! Pour en
rendre compte, il faudrait aller au moins jusqu’au 4ième moment [54] mais au détriment du
caractère analytique du potentiel. Ainsi le SMA privilégie les structures compactes, ce qui est
correct pour les métaux de transition (exemple cfc : 12 atomes voisins), mais pas les
structures plus ouvertes de type diamant. Ceci rend délicat l’usage de ce potentiel au-delà
d’une étude préliminaire comme celle que nous venons de citer qu’il faut considérer comme
essentiellement qualitative.
Figure VII.2 : Présentation schématique de la densité détats pour le cas des métaux de transition et les semi
conducteurs. Non compatibilité de la méthode SMA dans le cas des semi-conducteurs.
HΩ = EΩ, (10)
r r
( ) r r
avec Ω ≡ φ R1,...., RM ψ (r1,....,rN )
H est l’opérateur hamiltonien et Ω représente la fonction d’onde totale du système, qui dans
l’approximation de Born-Oppenheimer est le produit de la fonction d’onde ψ des électrons de
position r avec celle φ des noyaux de position R. La fonction d’onde électronique, et par
conséquent l’hamiltonien électronique, met en jeu, outre les énergies cinétiques et les charges
électroniques, des interactions mutuelles d’électrons qui représentent un problème à N corps
délicat a résoudre.
Le concept fondamental de la DFT est que l’énergie d’un système électronique est une
fonctionnelle unique de sa densité de charge n(r ) . La valeur minimale de cette énergie est
obtenue pour la densité n0 (r ) de l'état fondamental [58]. Ainsi pour N électrons évoluant dans
le potentiel v(r ) dû aux noyaux, il existe une fonctionnelle F [n(r )], indépendante de v(r ) ,
telle que l'énergie E 0 de l'état fondamental est donnée par :
CHAPITRE VII : Étude théorique 92
{
E 0 = min ∫ v(r )n(r )dr + F [n(r )] }, (11)
avec
1 n(r )n(r ')
F [n ] = E cin [n] + drdr '+ E xc [n] . (12)
2 ∫∫ r − r '
0
0
E cin : énergie cinétique pour un gaz d'électrons de densité [n(r)] sans interaction.
E xc [n ] : terme d'échange et de corrélation.
Le calcul des variations de E [n] conduit à :
δE cin
0
[n] + v(r ) + n(r ') dr '+ δE xc [n] − µ = 0 , (13)
∫ δndr
δn
∫ r − r' δn
où µ est le potentiel chimique associé à la contrainte sur le nombre d'électrons ∫ n(r )dr = N .
Par analogie avec le cas du problème "à un électron", ce principe variationnel se ramène à
résoudre N équations de Schrödinger effectives "à un électron" (ou équation de Kohn-Sham
[59])
1 2
− ∇ + veff (r )ψ i (r ) = µ iψ i (r ) , (14)
2
décrivant son mouvement dans le potentiel effectif : veff (r ) = v(r ) + v H + v xc (r ) , où v(r ) est le
potentiel d’interaction électron-noyau et les deux autres termes sont les potentiels
n(r ')
d’interaction électron-électron (Hartree : v H = ∫ dr ' ) ; et d’échange-corrélation :
r − r'
δE xc[n ]
v xc (r ) = .
δn
En pratique, ces équations couplées autocohérentes sont résolues par itération. On part d'une
fonction n(r ) d'essai, on en déduit veff (r ) , puis on résout l'équation de Schrödinger, ce qui
donne les nouveaux ψ i (r ) et une nouvelle densité n(r ) = ∑ ψ i (r ) . Il reste toutefois à
2
expliciter E xc [n ], ce qu’on ne sait pas faire de façon exacte, de sorte qu’on a recours à des
approximations.
Cette approximation locale (LDA) peut entraîner un certain nombre d’artefacts dans les
systèmes où la densité de charge varie vite. Il est possible de les corriger partiellement par des
fonctionnelles dites "Approximation du Gradient Généralisé" (GGA), qui introduisent des
termes qui dépendent du gradient de la charge n(r) dans l’énergie d’échange-corrélation ou
dans le potentiel correspondant. Ces corrections améliorent sensiblement les valeurs calculées
de l’énergie totale, de celle de l’atome et des différences d’énergie structurale.
I
I
II
Figure VII.3 : Présentation schématique du partage de la cellule unité en sphères atomiques (I) et région
interstitielle (II).
A l’intérieur des sphères atomiques (I) (r<Rt), on utilise une combinaison linéaire de
produits de fonctions radiales et d’harmoniques sphériques.
1
φk = e ikn .r , (17)
n
ω
où kn =k+Kn ; Kn sont les vecteurs du réseau réciproque et k est le vecteur d’onde à l’intérieur
de la zone de Brillouin. Chaque onde plane de la région interstitielle est ainsi "augmentée" par
une fonction quasi-atomique dans chaque sphère.
CHAPITRE VII : Étude théorique 94
Les solutions des équations de Kohn-Sham sont développées dans cette base combinée, dont
la convergence est contrôlée par un paramètre de coupure, Rmt.Kmax, où Rmt est le plus petit
rayon de sphère de la cellule unité et Kmax la valeur maximale de vecteur d’onde du
développement. On prend en général : 6 < Rmt.Kmax < 9.
Pour nos calculs, on utilise la version Wien 97, du code Full-Potentiel LAPW
développé par P. Balha et al. [60].
Figure VII.4 : Organigramme du programme FP.LAPW utilisé dans le code Wien 97 [60].
ci-dessous : Une fois la structure atomique de l’élément étudié définie, on exécute de manière
successive les ‘C-SHELL’ suivants :
NN : liste les distances entre proches voisins jusqu’à un certain ordre spécifié à partir
du rayon de coupure Rmt qu’on propose (Rmt =2 u.a). Cette procédure aide à la
détermination du rayon des sphères atomiques qui ne doivent pas être jointives.
LSTART : génère la densité d’atomes libres et détermine comment les différentes
orbitales sont traitées dans le calcul de structure de bande.
SYMMETRY : génère à partir de la structure donnée les opérations de symétrie du
groupe d’espace, détermine le groupe ponctuel pour les sites atomiques individuels,
génère l’expansion du réseau harmonique contrôlé par le rayon de coupure Rmt.Kmax
(en général entre 6 et 9) et détermine la matrice locale de rotation.
KGEN : génère le nombre de points K qui divise la zone de Brillouin
DSTART : génère une densité initiale à partir de toutes les densités atomiques déjà
générées par LSTART.
C’est ainsi qu’un cycle auto-cohérent est initié et se répète jusqu'à la convergence (densité
quasiment constante d’une itération à l’autre). Ce cycle est constitué des différentes étapes
suivantes.
Comme étape préliminaire, pour optimiser les conditions de calculs citées ci-dessus, et
l’adaptation du code Wien à traiter un atome lourd comme Sb, nous avons commencé par
étudier le silicium et l’antimoine massifs. Toutefois, avant d’aborder ces étapes il n’est pas
inutile de rappeler la structure cristallographique de ces deux éléments.
Le silicium s’hybride en sp3 ce qui le conduit à adopter une structure diamant, typique
de la liaison covalente. Dans cette structure, chaque atome a quatre liaisons très
directionnelles avec 4 premiers voisins à 2.35 Å, 12 seconds voisins à 3.84 Å, 12 troisièmes à
4.50 Å et 6 quatrièmes à 5.43 Å (distance caractéristique du paramètre du réseau) [51].
L’antimoine, atome lourd du groupe V, a une structure très complexe. Il cristallise
dans le système rhomboédrique formé de parallélépipèdes dont les arrêtes mesurent 2.92 Å,
3.37 Å, 6.20 Å, et forment un angle de 87° [61]. D’après BRAGG, les atomes d’antimoine
sont arrangés comme ceux du diamant, mais cette structure est étirée le long d’un axe ternaire.
Ce réseau peut aussi être analysé comme un réseau cubique simple de paramètre 2.96 Å [51],
ayant subi une distorsion de Peierls, conduisant à la formation de 3 distances courtes et 3
longues en proches voisins. Ici, nous considèrerons pour simplifier que ce réseau cubique
simple n’est pas distordu, chaque atome de Sb à 6 atomes premiers voisins à 2.96 Å, 12
atomes seconds voisins à 4.19 Å, 8 atomes troisièmes voisins à 5.13 Å et 6 atomes quatrièmes
voisins à 5.92 Å. Nous verrons dans ce qui suit que le choix de cette structure n’a guère
CHAPITRE VII : Étude théorique 96
d’importance dans la mesure où notre étude sur l’adsorption ne requiert que l’énergie de
l’atome isolé de Sb.
Rappelons que dans le principe de la FP-LAPW chaque onde plane est augmentée par
la fonction quasi atomique de chaque sphère. C’est dans cette base de fonctions d’onde qu’on
cherche les solutions des équations de Kohn-Sham (ou Schrödinger), dont la convergence est
contrôlée par le paramètres de coupure : Kmax qui contrôle le nombre d’ondes planes utilisées
dans le calcul. On peut ensuite remonter aux densités d’états par intégration dans la zone de
Brillouin, ce que l’on fait ici de façon discrète par une somme sur un certain nombre de points
K. Il est donc crucial de bien déterminer :
• Le rayon de coupure Kmax, qui doit être assez grand pour que le développement
converge mais pas trop pour ne pas alourdir les calculs.
• Le nombre de points K, qui lui aussi doit être assez grand pour bien rendre compte de
l’évolution de la densité d’état mais pas trop afin d’éviter au programme de faire des
opérations inutiles.
a) b)
Ebulk (Sb) - E at.rel (Sb)
4
R.k =6
8 max
2
EcohSi (eV/atome)
0
4
R.k =7
max
2 R.k max = 8 -2
coh
0
-4
R.k max = 9
-2
-6
log(K)
Figure VII.5 : La sensibilité de l’énergie aux différentes valeurs des paramètres RmtKmax et K. a) Dans un ordre
croissant : la stabilité de l’énergie de cohésion de Sb (calculée à partir de l’énergie de l’atome isolé traité par Wien)
pour K=100 et RmtKmax =6, 7, 8 et 9. b) La stabilité de l’énergie totale de Si pour RmtKmax =7 et K= 1, 10, 100,
1000 et 2000.
doit être prise comme la valeur asymptotique quand les atomes sont infiniment éloignés. C’est
ce que nous ferons par la suite pour définir l’énergie de cohésion.
En ce qui concerne le dilemme entre une valeur suffisamment élevée du paramètre
RmtKmax mais pas trop pour ne pas alourdir les temps de calcul, notre choix s’est porté sur la
valeur RmtKmax=7. Le choix du nombre de points K qui divise la zone de Brillouin est
beaucoup plus clair, nous prendrons K=100. Tous les calculs qui suivent seront effectués à
partir de ce choix de paramètres.
Le calcul des densités d’états (LDOS) de volume, dans une structure cfc avec deux
atomes par maille pour Si et en cubique simple pour Sb, nous a permis de retrouver les
caractéristiques de chaque élément : Si semi-conducteur, Sb métallique (figure VII.6). Sur la
même figure (en bas) nous présentons le remplissage respectif des bandes de valence en
prenant comme origine le niveau de Fermi (Si : 3s23p2, Sb : 4d105s25p3). Une fraction
d’environ 10% pour Si et plus de 25% pour Sb part dans les régions interstitielles.
La faible valeur de la largeur du gap (0.5 eV au lieu de 1.17 eV pour Si) est un des
artefacts usuels en DFT puisqu’elle est développée pour étudier l’état fondamental alors que
la mesure expérimentale du gap fait appel à des spectroscopies d’états excités. Notons qu’il
est possible de traiter mieux ces excitations [62] mais ce ne sera pas nécessaire ici.
a)
b)
Figure :VII.6: Densités d’états de volume et remplissage des électrons pour Si (a) et Sb (b). Les échelles
d’énergie (E-EF) sont en Rhy.
CHAPITRE VII : Étude théorique 98
Les propriétés de l’état fondamental d’un système sont déterminées par la variation de
son énergie totale avec le paramètre de maille (a) comme détaillé dans la figure VII.7 pour Si
et Sb. Le paramètre d’équilibre d0 est celui qui correspond au minimum d’énergie. Pour a très
grand (tend vers l’infini), on tend vers l’énergie de l’atome isolé, de sorte que l’énergie de
cohésion (Ecoh) est obtenue en retranchant cette énergie à celle correspondant au minimum.
1
E volume (a ) - E atome libre
0
Ecoh(Sb)
-1
Ecoh(Si)
-2
-3
-4
Sb
-5
Si
-6
2 3 4 5 6 7 8 a (Å)
Figure VII.7 : Energie de cohésion de Sb et Si.
Sur le tableau VII.1 nous présentons les résultats pour les deux éléments Si et Sb.
Si la comparaison des valeurs des paramètres d’équilibre d0 avec l’expérience est très
satisfaisante, celle des énergies de cohésion est moins probante. On trouve ainsi, pour Si une
sur évaluation de l’énergie de cohésion d’à peu près 20%, ce qui est tout à fait standard en
LDA (connue pour surestimer l’énergie de cohésion d’environ 30% et de sous-estimer le
paramètre de réseau d’environ 3% [52]) et qui pourrait être corrigé en GGA.
Malheureusement, cette augmentation est de 84% pour Sb, ce qui nous empêchera de faire des
règles de trois dans ce qui suit pour comparer les énergies d’adsorption à l’expérience.
La forte valeur de l’énergie de cohésion de Sb nous a fait interroger sur la pertinence
du choix de la structure cristallographique simplifiée (cs), d’autant qu’une étude de la
distribution électronique met en évidence une grande perte d’électrons dans les interstices.
Dans le but d’analyser l’effet du choix de la structure sur la distribution spatiale des électrons,
nous avons testé celui-ci en fonction de la compacité. A cette fin l’antimoine a été calculé
dans d’autres structures plus et moins ouvertes. Le tableau VII.2 montre les énergies de
cohésion et les paramètres d’équilibre d0 qui correspondent à la stabilité de Sb dans les
structures diamant, cubique simple (cs) et cubique à faces centrées (cfc). Pour chaque
structure est représentée également la population électronique au niveau de Fermi, à
l’intérieur des sphères et dans les interstices. On vérifie que cette distribution dépend peu de
CHAPITRE VII : Étude théorique 99
la structure et que, si la structure compacte cfc est aussi stable que la cs, elle l’est pour un
paramètre de maille peu compatible avec la réalité.
surface
vide
Cellule
3 bicouches Si élémentaire
(slab)
La première étape consiste à déterminer d’une part le plus petit nombre de couches de
Si permettant de retrouver des paramètres de volume au centre, et d’autre part l’épaisseur
minimale de la région vide pour que les films n’interagissent pas entre eux. Le tableau VII.3
illustre les différentes valeurs de l’énergie de la couche mince construite selon plusieurs
modèles (voir légende).
Nous constatons ainsi que quelle que soit l’épaisseur de la couche mince (trois ou six
bicouches de Si), une épaisseur de quatre bicouches de vide est suffisante. Sur ce tableau
figure aussi l’effet négligeable de l’extension latérale de la couche mince pour une même
épaisseur de la couche de vide (E Si 434 =4x E Si 134), qui sera utile dans le cas de surstructures
de surface à grande maille. On estime alors (effet de taille (temps de calcul) et de symétrie
inclus) que pour une dimension de vide équivalente à quatre bicouches de Si, il n’existe plus
d’interaction entre les surfaces et leurs images. Ainsi pour nos calculs nous choisirons
respectivement la couche mince Si134 et Si434 (un atome par maille et deux atomes par maille)
comme référence de la surface unité 1x1 et de la surface 2x2.
Figure VII.9.a : LDOS de Si en volume dans la Figure VII.9.b : LDOS de Si en volume dans la
structure diamant (en rouge) et LDOS de Si en volume structure diamant (en rouge) et LDOS du premier plan
dans la couche mince (en vert). Si de la couche mince (en vert).
De la même façon on superpose dans la figure VII.9.b les LDOS du plan de la surface de la
couche mince et du volume. On retrouve l’effet remarquable de la coupure de liaison, déjà
mis en évidence par le calcul en liaisons fortes (figure VII.1) avec l’apparition d’un état de
surface au plein milieu du gap du volume, signature de la liaison pendante.
L’énergie de la surface γ d’un solide est l’énergie nécessaire pour cliver le cristal selon
une direction donnée. Connaissant l’énergie du silicium volumique et l’énergie du film mince
Si(111), cette énergie s’écrit :
CHAPITRE VII : Étude théorique 101
où N est le nombre d’atome de Si dans le film mince et le facteur 1/2 est dû à la création de
deux surfaces. La valeur de l’énergie de la surface Si(111) calculée ici est illustrée dans le
tableau VII.4 où elle est comparée à la valeur expérimentale ainsi qu’à la valeur trouvée en
utilisant le potentiel de Tersoff-Dodson. Comme pour l’énergie de cohésion, la LDA
surestime systématiquement l’énergie de surface.
Méthode Calculé par Wien (ici) Expérimentale [57] Dodson + relaxation [55]
γ (ev/at) 1.12 0.99 (77°K) 0.67
Tableau VII.4 : Valeurs de l’énergie de surface calculée par Wien 97 comparées à d’autres valeurs de la
littérature ainsi qu’aux données expérimentales.
VII-C.2.d. Sb plan
Afin de pouvoir par la suite séparer dans le calcul de l’énergie d’adsorption les
contributions dues au fait de fabriquer une couche 2D hexagonale de Sb à partir de la vapeur,
puis de la déposer sur le substrat de Si, nous avons calculé l’énergie totale d’une couche libre
de Sb dans un réseau hexagonal. La relaxation de la couche de Sb (ayant le même nombre de
voisins (6) que dans le volume), conduit à une énergie "de cohésion" moins élevée qu’en
volume (E=-4.17eV/atome), pour une distance d’équilibre équivalente (a=3.08Å au lieu de
2.96Å). La dilatation au paramètre de Si (111) (3.84 Å) déstabilisera donc profondément la
couche (E=-2.81eV/atome).
Une fois testée l’adaptation du Code Wien à rendre compte de façon satisfaisante des
propriétés essentielles (énergie de cohésion, de surface, paramètre de réseau) des deux
éléments purs Si et Sb, il restait à vérifier son aptitude à rendre compte de la
thermodynamique de l’alliage Sb-Si, à savoir l’existence d’une lacune de miscibilité dans le
diagramme de phases (cf. chapitre 1). En d’autres termes, il fallait d’abord vérifier
qualitativement la tendance du système à préférer la séparation de phases plutôt que la
formation de phases ordonnées, puis de façon plus quantitative calculer l’ordre de grandeur
des énergies d’alliage mises en jeu.
Dans un premier temps, nous avons donc considéré une phase hypothétique
parfaitement ordonnée à l’équiconcentration (Sb0.5Si0.5), construite sur le réseau diamant de Si
(puisque dans le système Sb/Si, c’est le substrat de Si qui impose son réseau). Notons que la
structure diamant est non frustrée à l’équiconcentration et permet donc de construire un
composé dans lequel toutes les paires de premiers voisins sont mixtes. L’énergie d’alliage
ordonné du système s’écrit alors :
où les énergies de cohésion des éléments purs Sb et Si sont calculées dans leurs structures
"d’origine" (cs pour Sb et diamant pour Si).
CHAPITRE VII : Étude théorique 102
Les résultats donnés dans le tableau ci-dessous (tableau VII.5) mettent bien en évidence la
tendance à la démixtion du système puisque ∆Eal.ord> 0. Par ailleurs, le paramètre d’équilibre
d0 adopté par l’alliage (2.57 Å) suit à peu près une loi de Végard : d0 (Si0.5-Sb0.5)= 0.5.
(d0(Si)+0.5 d0(Sb)).
D’un point de vue plus quantitatif on sait que, si les énergies de cohésion ne peuvent
pas s’écrire sous forme d’interactions de paires, la partie de cette énergie qui dans un alliage
dépend de la configuration chimique (énergies d’ordre, de démixtion, de mélange, de
solution) se ramène (sur un seul et même réseau) à un modèle d’Ising [63] mettant en jeu
l’unique paramètre :
où VSbSb, VSiSi, et VSbSi sont les interactions entre les diverses espèces chimiques restreintes
aux premiers voisins dans les éléments purs et dans l’alliage. Ainsi, dans notre cas :
Il est donc tentant de déduire de nos calculs l’interaction de paire d’alliage pour le
système Sb-Si. Malheureusement, ce modèle d’Ising n’est justifié que si on compare des
énergies calculées sur le même réseau cristallographique. Nous avons donc refait le calcul de
∆Eal.ord en considérant que Sb dans son état initial adopte une structure diamant (Ecoh=-4.62
eV/at, d0=2.97). On trouve alors une valeur deux fois plus faible que l’énergie de l’alliage
ordonné, mais toujours de même signe (∆Eal.ord =0.11 eV/at). Ce qui conduit à V=-0.055
eV/at.
Il reste à comparer cette valeur à celle tirée du diagramme de phases expérimental. En
l’absence de données exploitables♣ dans ce système, nous ne pouvons pas aller plus loin dans
notre analyse.
♣
La seule donnée (fonction de V) qu’ont peut dériver du diagramme de phase Sb-Si est la valeur de la limite de solubilité cs =10-3 pour T=
1300°C [16], mais il est difficile d’en tirer une valeur de V pour un diagramme de phase incohérent tel que celui de Sb-Si (effet de taille et de
structure).
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 103
VIII-A.1. Protocole
Dans ce chapitre, nous allons comparer les différents modes d’adsorption d’atomes
d’antimoine sur une surface Si(111), à divers recouvrements, pour tenter de déterminer quel
est le plus stable. Il nous faut donc un critère pour comparer les stabilités respectives de ces
divers modes. Nous avons choisi la minimisation de l’énergie d’adsorption, calculée comme
la différence d’énergie entre un état initial où les atomes d’antimoine sont dans leur vapeur et
les atomes de Si cristallisés dans un substrat semi-infini terminé par une surface (111) et un
état final relaxé où ce substrat est recouvert par les adatomes de Sb :
entre deux Si de la surface est trop défavorable pour entrer en compétition avec les autres
sites.
Sb (H3) Sb (T4)
Sb (Top)
Figure VIII.1 : Présentation schématique des différents sites d’adsorption sur la surface Si (111).
Ces trois sites inéquivalents ont des coordinences très différentes (voir tableau VIII.1), de
sorte que la comparaison de leurs caractéristiques d’adsorption nous permettra d’analyser
l’influence du nombre de liaisons Sb-Si sur le processus d’adsorption.
Dans ce qui suit nous présentons les résultats de l’adsorption de 1, 3/4, 1/2, et 1/4 de la
monocouches d’atomes de Sb déposés à chaque fois sur un des trois sites Top, T4 et H3.
Notons que seule la distance verticale entre l’atome de Sb et le plan de la surface est relaxée,
la valeur de l’énergie d’adsorption correspondant à celle du minimum. Il convient toutefois de
noter que puisque les géométries d’adsorption ne sont pas équivalentes, la distance verticale
entre Sb et la surface ne varie pas proportionnellement à celle de la liaison Sb-Si. En fait, plus
le nombre de coordination de Sb augmente, plus l’adatome s’approche de la surface mais plus
la liaison Sb-Si est longue.
La figure VIII.2 illustre la variation de l’énergie d’adsorption en fonction de la
distance entre Sb et ses premiers voisins Si. Nous présentons sur les tableaux VIII.2, 3, 4et 5
un récapitulatif des différentes valeurs de l’énergies d’adsorption de Sb ainsi que les distances
entre ses proches voisins pour les différents recouvrements étudiés.
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 105
θ = 1MC θ = 3/4MC
θ = 1/2MC θ = 1/4MC
Figure VIII.2 : Evolution de l’énergie d’adsorption en fonction de la distance Sb-Si premiers voisins dans les
trois sites d’adsorption (top, T4 et H3) pour les différents recouvrements (1MC, 3/4MC, 1/2MC et 1/4MC).
Les résultats pour le recouvrement d’une monocouche indiquent que le site apical est
de loin le plus stable. Bien que l’énergie d’adsorption correspondante (–5.62 eV/atome) soit
trop élevée par rapport à la valeur expérimentale (–2.85 ±0.1eV/atome), artefact de la LDA
déjà évoqué précédemment, ce résultat est sans ambiguïté et correspond au fait que
l’antimoine vient saturer la liaison pendante du Si (comme l’aurait fait un atome de Si) avec
une distance très proche de la somme des deux rayons atomiques (rSb+ rSi). La valeur de cette
distance concorde bien avec celle rapportée par J. C. Woicik et al. [64] mesurée par la
méthode des rayons X (2.53Å).
La préférence de Sb à minimiser son nombre de voisins Si en choisissant le site apical
semble persister pour le recouvrement 0.75MC, mais l’écart énergétique avec les sites
ternaires diminue, signalant sa déstabilisation progressive en faveur des sites H3 et T4. Une
tendance très prononcée apparaît aussi dans l’évolution de la longueur des liaisons Sb-Si des
atomes adsorbés sur les sites ternaires. Ainsi, par rapport aux résultats sur la monocouche,
l’énergie des sites H3 et T4 augmente en valeur absolue d’à peu près 0.15eV/atome pendant
que la longueur des liaisons Sb-Si premiers voisins diminue d’environ 0.1Å.
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 106
Site Ead (eV/atome) Distance 1ers voisins (Å) Distance 2émes voisins Distance 3émes voisins (Å) Distance 4émes voisins (Å)
(Å)
-5.62 2.51 (1.Si) 3.84 (6.Sb) 3.97 (3.Si) 4.58 (6.Si)
‘Top’
-4.83 2.98 (3.Si) 3.56 (3.Si) 3.84 (6.Sb) 4.86 (3.Si)
‘H3’
Site Ead (eV/atome) Distance 1ers voisins (Å) Distance 2émes voisins Distance 3émes voisins (Å) Distance 4émes voisins (Å)
(Å)
-5.25 2.52 (1.Si) 3.84 (4.Sb) 3.98 (3.Si) 4.59 (6.Si)
‘Top’
-4.98 2.89 (3.Si) 3.44 (3.Si) 3.84 (4.Sb) 4.80 (3.Si)
‘H3’
Site Ead (eV/atome) Distance 1ers voisins (Å) Distance 2émes voisins Distance 3émes voisins (Å) Distance 4émes voisins (Å)
(Å)
-4.79 2.49 (1.Si) 3.84 (2.Sb) 3.95 (3.Si) 4.5 (6.Si)
‘Top’
Site Ead (eV/atome) Distance 1ers voisins (Å) Distance 2émes voisins Distance 3émes voisins (Å) Distance 4émes voisins (Å)
(Å)
-4.17 2.44 (1.Si) 3.91 (3.Si) 4.55 (6.Si) 5.48 (3.Si)
‘Top’
-5.77 2.78 (3.Si) 3.35 (3.Si) 4.76 (3.Si) 5.10 (3.Si)
‘H3’
Tableau VIII.5 : Sb/Si(111) 0.25MC : Energies d’adsorption, distances, nombre et nature de proches voisins
Sb-Si pour chaque site d’adsorption
énergie d’adsorption de -5.77 eV/atome pour le site en cfc (H3) et -4.17 eV/atome pour le site
en Top. Les liaisons Sb-Si sur le site H3 continuent aussi à s’écourter pour donner dans le cas
de Sb isolé trois liaisons avec Si premiers voisins à 2.78Å et trois autres avec Si seconds
voisins à 3.35 Å. La préférence, ici, du site H3 peut être interprétée différemment suivant
qu’on la considère comme la meilleure façon de maximiser le nombre de voisins de Sb et
d’adopter le caractère métallique ou de retrouver un nombre de voisins proche de celui dans
son propre volume (6 voisins (modèle théorique) ou 3 voisins à 2.91 Å et 3 autres à 3.35 Å
(expérience)). Toutefois, il faut garder à l’esprit que la position réelle de l’atome de Sb dans
son volume (Sb formant le sommet de deux pyramides) n’a rien à voir avec sa position
adsorbé sur la surface Si(111).
a) b)
20 20
15 15
DOS
DOS
10 10
5 5
0 0
-0,5 0,0 0,5 -0,5 0,0 0,5
E-Ef E-Ef
c)
20
15
DOS
10
0
-0,5 0,0 0,5
E-Ef
Figure VIII.3 : LDOS de la monocouche de Sb (trait noir) et de la surface de Si (111) (trait en couleurs) pour
un recouvrement d’une monocouche : a) site en Top ; b) site en (T4) ; c) site en (H3).
pendantes. Il s’en suit une réapparition du gap du volume, qui implique une redistribution des
états électroniques vers des états plus liants. Ainsi, Sb passive totalement la surface Si(111).
On peut remarquer que cette passivation supprime aussi l’effet de surface ressenti dans les
plans profonds de la couche (trop) mince. Les densités d’états des sites H3 et T4 indiquent
plutôt un caractère métallique vu l’absence du gap et le fait du simple élargissement de l’état
de surface.
En ce qui concerne l’évolution de la structure électronique en fonction du
recouvrement, l’interprétation des LDOS n’est pas évidente. Plus précisément, pour apporter
une explication via la densité d’états à la tendance du système à préférer le site H3 quand le
recouvrement diminue, il faut comparer les différentes LDOS de surface pour θ=3/4, 1/2 et
1/4 MC, ce qui veut dire dans chaque cas la densité moyenne de tous les atomes Si
(inéquivalents) de la surface. On observe que, plus le recouvrement diminue, plus le nombre
de liaisons pendantes augmente sur la surface (sites Si vacants) ce qui induit une grande
perturbation sur les densités au voisinage du niveau de Fermi.
a) b)
20
20
15
15
DOS
10
DOS
10
5
5
0
-0,5 0,0 0,5 0
-0,5 0,0 0,5
E-Ef E-Ef
c)
20
15
DOS
10
0
-0,5 0,0 0,5
E-Ef
Figure VIII.4 : LDOS de la surface propre (trait noir) comparé à LDOS moyenne de la surface après le dépôt
de Sb isolé (trait en couleurs) : a) site en Top ; b) site en (T4) ; c) site en (H3).
Sur la figure VIII.4 nous présentons la LDOS de la surface avant (trait noir) et après
(trait en couleur) l’adsorption d’un atome isolé sur chacun des trois sites. Une interprétation
rigoureuse de ces états devrait se faire en augmentant dans nos calculs le nombre de points K
afin d’éviter les nombreux pics observés dans la bande de valence. Toutefois, étant donnée la
taille de la supercellule (26 atomes), un tel investissement coûterait un très gros temps de
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 109
calcul pour un effet dont l’interprétation ne serait pas forcément possible. Nous n’avons pas
analysé ici les LDOS de Sb qui ne présentent pas d’évolution très claire de leurs structures
avec la nature du site.
Bien que les LDOS de Sb ne nous donnent pas d’information particulière, on note une
signature du type de site sur les niveaux électroniques plus profonds, qui pourraient être
analysés expérimentalement par la technique de photoémission de niveaux de cœur. Ainsi, on
peut comparer sur la figure VIII.5, aux deux recouvrements extrêmes (θ=1/4, et θ=1), les
positions des niveaux de cœur 4d de Sb pour les trois sites d’adsorption considérés avec celle
de Sb en volume. On remarque que pour l’atome de Sb isolé sur la surface (figure VIII.5.a) le
niveau de cœur de Sb adsorbé en site H3 coïncide exactement avec celui de l’atome de Sb du
volume. Si le spectre de l’atome adsorbé en site T4 indique un léger décalage vers les hautes
énergies (ε=0.01eV), celui de l’atome Sb adsorbé en Top est considérablement déplacé
(ε=0.08eV). La coïncidence des états de cœur des sites ternaires avec celui du volume est
cohérente avec le fait que l’antimoine isolé maximise son nombre de voisins Si pour tendre
vers sa coordinence du volume. En ce qui concerne le recouvrement d’une monocouche, le
déplacement des spectres (figure VIII.5.b) est moins significatif. Les états de cœur des
différentes géométries d’adsorption sont tous autour de l’état de cœur du volume.
L’information à retenir de cette analyse en vue d’expériences futures est donc la possibilité
d’infirmer l’existence d’un mode d’adsorption apical aux faibles recouvrements par
spectroscopie de niveaux de cœur, et de vérifier ainsi les prévisions de nos calculs théoriques.
a) b)
Figure VIII.5 : LDOS du niveau de cœur pour l’atome Sb volumique (violet) Sb en site H3 (bleu), Sb en site T4
(vert) et Sb en Top (rouge). a) θ=0.25MC et b) θ=1MC.
Une dernière donnée issue de nos calculs concerne la redistribution de charge induite
par l’adsorption, qui peut être expérimentalement observable et surtout servir de base à tout
modèle semi-empirique prenant le relais des calculs ab initio. Rappelons que toute
approximation doit traiter de façon auto-cohérente la charge, et que la conservation de celle-ci
aux sites de défauts dans les métaux n’a aucune raison d’être généralisable aux semi-
conducteurs. Nous présentons dans le tableau VIII.6 le nombre d’électrons au niveau de
Fermi à l’intérieur des sphères atomique et dans les interstices pour le silicium et l’antimoine
dans différentes configurations.
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 110
Sb volume Si volume
Surface 1x1 θ=1MC (Sb en Top) Surface 2x2 θ=0.25MC (Sb en H3)
Sphères Rt interstices Sphères Rt interstices Sphères Rt interstices Sphères Rt interstices
Si1 : 3.445 ⇒fraction Si1 : 3.020 ⇒fraction Si1 : 3.445 ⇒fraction Si1 : 3.147 ⇒fraction
Si2 : 3.560 de Si2 : 3.554 de Si2 : 3.554 de Si2 : 3.474 de
Si3 : 3.574 11.78% Si3 : 3.568 38.80% Si3 : 3.568 11.92% Si3 : 3.563 48.76%
Si4 : 3.580 Si4 : 3.578 Si4 : 3.571 Si4 : 3.578
Sb : 11.771 Sb : 11.371
Tableau VIII.6 : Remplissage au niveau de Fermi dans les sphères Rt et les interstices pour Sb et Si de la
surface mince avant et après le dépôt de Sb : SiX est équivalent au Si du plan X. Dans le cas de la surface 2x2 est
présenté le remplissage moyen de tous les Si du plan X (X=4 équivaut au Si du centre de la couche mince). Les
fractions représentent le pourcentage des électrons dans la région interstitielle calculé par rapport au nombre total
d’électrons dans Si et Sb. Les caractères gras réfèrent aux atomes subissant un transfert de charge important.
La figure VIII.6 récapitule les résultats des tableaux VIII-2/5 pour illustrer la variation
de l’énergie d’adsorption en fonction du recouvrement.
-4,0
Top
H3
T4
-4,4
Eads (eV/atome)
-4,8
-5,2
-5,6
-4,0
Top
-2.9
H3
T4
Eads (eV/atome)
-4,4
-3.0
Eads (eV/atome)
-4,8
-3.1
-5,2
-3.2
(i) (ii)
-5,6
(j) (jj)
-3.3
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Recouvrement Recouvrement
Figure VIII.7.a : Evolution de l’énergie d’adsorption la Figure VIII.7.b : Evolution de l’énergie d’adsorption en
plus stable en fonction du recouvrement (trait plein rouge). fonction du recouvrement calculé à partir des isothermes
Le régime (j) correspond à la stabilité du site H3 et le expérimentales.
régime (jj) correspond à la stabilité du site en Top.
de la couche mince Si (111) pourvue de N atomes de Si et les atomes de Sb dans leur phase
vapeur :
Les atomes Si substitués sont supposés se retrouver dans des crans, donc à leur énergie de
volume. Pour désigner les sites de la surface pouvant accueillir l’atome Sb substitué à l’atome
Si de surface, on se permettra par analogie avec les notations en adsorption de continuer de
parler de site "Top" pour la substitution de réseau (Sb prend la place de Si substitué voir
figure VIII.8) et de site "H3" pour la substitution de réseau inversé (Sb se met sur le grand
creux et inverse la structure hexagonale du substrat). Nous ne considérerons pas ici le site
"T4", qui correspond à la substitution en faute d’empilement (Sb se met au-dessus de Si du
second plan) et qui est particulièrement défavorable. Comme pour le cas de l’adsorption nous
relaxons la distance verticale qui sépare l’atome de Sb de la surface Si pour chacun des sites
de substitution.
Sb/Si(111): substitution
Les résultats de la substitution totale et partielle illustrés par les courbes de la figure
VIII.9. montrent que la substitution totale du plan Si et l’incorporation en site de réseau et en
réseau inversé stabilisent le système autant que l’adsorption, avec des valeurs d’énergie de
substitution respectives de -5.87 eV/atome et –5.79 eV/atome. En ce qui concerne la
substitution partielle, le scénario d’un atome de Sb substituant un atome de Si de la surface et
se logeant en réseau inversé (H3) est très improbable. Cependant son incorporation à la place
du Si substitué (substitution partielle (Top)) donne une énergie à peine moins stable que la
substitution totale en site de réseau.
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 114
Esubst (eV/atome)
-3
-4
-5
Figure VIII.9 : Substitution de Si par Sb : Energie de substitution totale (symbole plein) et partielle (symbole
vide) en fonction de la distance par rapport au premier plan Si de la surface Si(111). Les symboles en rouge
représentent la substitution en site de réseau et les symboles en bleu représentent la substitution en réseau
inversé.
Dans les trois cas les plus stables de la substitution (soit la substitution complète et partielle
en site de réseau soit la substitution totale en site de réseau inversé), on remarque que la
tendance de l’antimoine à maximiser son nombre de voisins contrôle fortement sa stabilité
(tableau VIII.7).
Il est tentant maintenant de tracer, comme pour les énergies d’adsorption (Fig. VIII.6),
les courbes représentant l’évolution de l’énergie de substitution en fonction de la
concentration d’atomes incorporés. C’est illustré sur la figure VIII.10. La comparaison de ces
deux figures appelle un certain nombre de commentaires :
- Le site Top est favorable sur toute la gamme de concentration. Contrairement au cas
de l’adsorption, on n’observe pas de changement de site préférentiel avec la
concentration, même si on n’en est pas loin pour la couche complète.
- Les énergies d’incorporation sont très similaires à celles de l’adsorption. Il faut
rappeler cependant que les références énergétiques ne sont pas équivalentes dans les deux
cas, ce qui nous empêche de faire une comparaison trop quantitative. Nos résultats
suggèrent seulement une compétition possible entre les deux mécanismes. Le fait
CHAPITRE VIII : Sb/Si(111) : calculs ab-inito 115
- Contrairement au cas de l’adsorption, les deux pentes ont ici le même signe, ce qui
reflète une tendance à la démixtion dans le plan de surface (interactions effectives de
nature attractive entre atomes Sb). L’incorporation peut donc se produire sans changement
de tendance chimique entre volume et surface.
-4,5
Eads (eV/atome)
-5,0
-5,5
-6,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
C
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
APPENDICE A
A. Coefficient de collage
Afin de calculer la variation du coefficient de collage avec le recouvrement Müller et al. [5]
ont procédé de la manière suivante :
L’échantillon de Si est maintenu à une température constante de 400 °C et est exposé à un
flux préalablement étalonné. La première étape consiste à envoyer une quantité d’antimoine
connue de façon à obtenir une surface de Si initialement recouverte (θi ). Rappelons qu’à cette
température rien ne désorbe. L’étape suivante consiste à enregistrer la cinétique de
l’adsorption sur ce substrat déjà recouvert. On ouvre le diaphragme à t=t0, une fraction (1-α0)
est alors réfléchie (surface partiellement recouverte pour θi> 0MC), puis le signal augmente
progressivement jusqu’à atteindre l’équilibre à t=t1.
L’expérience est ainsi refaite pour plusieurs recouvrements initiaux. Les différentes valeurs de
α0 sont mesurées comme illustré dans la figure schématique suivant.
i) ii) iii)
Figure A.1 : représentation schématique pour différentes valeurs de α0 mesurées. i) θi ≅ 0 MC. ii) θi ≅ 0.8 MC. iii) θi ≅ 1 MC. le trait rouge
représente l’ouverture du diaphragme.
Appendice A 120
Appendice B 121
APPENDICE B
B. Caractéristique du détecteur
Les tétramères Sb4 entrants dans le SM subissent plusieurs chocs avec les électrons
accélérés de la chambre d’ionisation. Ils sont ionisés et aussi dissociés quand l’énergie des
électrons est assez forte.
Pour mesurer les différentes espèces détectées par le SM on se met sur un des canaux
configurés de la façon suivante :
Le canal 1 de sensibilité K1 correspond à la détection de monomères Sb1 de masse molaire
121g. Le centre de masse est 121.76 et la plage de détection comprend les isotopes allant de
121 (isotope naturel en 57.36%) à 123 (isotope naturel à 42.64%).
Le canal 2 de sensibilité K2 correspond à la détection de dimères Sb2 de masse molaire 242g.
Et ainsi de suite pour les molécules Sb3 et Sb4.
Dans le cas de l’énergie d’ionisation utilisée (100 eV), les tétramères Sb4 sont uniquement
dissociés en Sb1 et Sb2 avec un rapport Sb1/Sb2=1.5 ± 10%.
Soit le signal des monomères I1 et le signal de dimères I2 détectés respectivement sur le canal
1 et le canal 2. Le signal total de tétramères Sb4 en résultant est :
I = I1+I2 , (1)
Avec χ=K1/K2 et τ=nSb1/nSb2. On peut de même écrire l’équation (1) sous la forme
I = K1[nSb1+1/χ.nSb2]. (3)
I doit être une constante à l’équilibre. On doit donc en traçant la quantité [nSb1+1/χ.nSb2]
trouver une variable χ telle que cette quantité soit une constante.
La figure présentée ci dessous illustre ce résultat. Dans cette figure les signaux ISb1 et ISb2
sont enregistrés pour une valeur de flux incident de 3.24 atomes/s/cm2.
1,1
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4 ISb1
ISb2
valeur de χ = 4.10.
0,3
I=(ISb1+4,1*ISb2)
0,2
0,1
0,0
Le coefficient χ ne variant quasiment pas avec le flux est calculé à partir de la différence des
signaux ISb1 et ISb2 mesurés dans les températures limites de 900°C et 400°C.
900°C − I 400°C
ISb
χ= 1 Sb1
≈ 4.10 .
ISb
400°C
2
On calcule alors la somme des deux signaux comme indiqué dans l’expression (3) et on a une
valeur constante de I à peu prés égale à 1.033 ± 0.034.
En utilisant la relation (2) avec la valeur χ obtenue, on trouve τ=nSb1/nSb2=6.15. On en déduit
alors, que quand une molécule d’antimoine est émise de la surface de silicium, on a après
dissociation dans la chambre d’ionisation du SM une moyenne de 3.44 atomes sous forme de
monomère et 0.56 atomes sous forme de dimère.
Appendice C 123
APPENDICE C
Nous avons essayé d’ajuster les courbes des cinétiques d’adsorption avec le modèle de
Barnett [6] en fonction des deux paramètres K m et K 4 dans un intervalle de température
compris entre 500°C et 600°C. Les résultats obtenus sont présentés ci dessous :
Figure C.1 : courbe de variation du coefficient Km en fonction de la Figure C.2 : courbe de variation du coefficient K4 en fonction de la
température (la barre d’erreur est de ±0.005). température (la barre d’erreur est de ±0.001).
On présente dans ce qui suit un modèle inspiré de celui proposé par P. Kisliuk [26]
pour calculer le coefficient de collage α(θ).
Soit un système où toutes les molécules de gaz incidentes sont physisorbées et
accommodées sur la surface. Si le coefficient de collage est différent de l’unité, il existe alors
une probabilité 1-α(θ) pour que ces molécules puissent se chimisorber et désorber.
Modèle :
Les molécules Xi incidentes sont considérées comme des précurseurs physisorbés formant
un réservoir pour la chimisorption. La molécule Xi est considérée assez petits pour qu’un seul
atome parmi les i atomes la constituant soit en contact avec un site de surface. Ainsi la
chimisorption ne peut avoir lieu que si (et seulement si) il existe autour de ce site (i-1) sites
proches voisins vacants.
Appendice C 124
Hypothèses de base :
• La probabilité de migration et de désorption de la molécule physisorbée ne
dépend que de l’état d’occupation (pour la chimisorption) du site sur lequel la
molécule est adsorbée.
• Quand la molécule est physisorbée sur un site vacant, sa probabilité de
chimisorption est proportionnelle au nombre de sites proches voisins vides.
• La distribution des sites occupés est aléatoire.
Soit θ la fraction des sites occupés de surface. La probabilité pour qu’un site sur lequel la
molécule est physisorbée soit vide est (1-θ), pour que les n sites autour soient vacants est (1-
θ)n, pour que tous les sites soient vacants sauf un est nθ(1-θ)n-1, etc…
Soit Pa la probabilité pour qu’une molécule soit chimisorbée dans un site avant de désorber ou
migrer vers un autre site. Cette probabilité devient (n-1/n)Pa quand un site proche voisin est
plein et (n-2/n) Pa quand deux sites proches voisins sont pleins, etc..
n (n−1) n(n−1) 2
Pa1 = Pa (1−θ) (1−θ) + nθ (1−θ) + n−2 θ +...+ 1 n! θ (1−θ)
n −1 n− 2
θ ( 1− )
n −1
n n 2 n (n−1)!
i) ii) iii)
Présentation schématique des trois cas d’adsorption : les points noirs désignent les atomes cherchant un site vacant, les carré rouges
désignent les n sites vacants de la surface.
Pa1 = Pa (1−θ) (1−θ) +8θ (1−θ) +......+θ (1−θ) = Pa (1−θ) (1−θ) +θ = Pa (1−θ) .
8
3 9 8 8 4 4
ii) Soit le tétramère Sb4 se physisorbe sur la surface par le côté (dimère). La
probabilité de chimisorption dépendrait alors que de l’existence de deux sites
premiers voisins libres parmi les 8 sites possibles (figure ii).
Appendice C 125
3 7
7 3.
Pa1 = Pa (1−θ) (1−θ) +7θ (1−θ) +......+7θ (1−θ) = Pa (1−θ) (1−θ) +θ −θ = Pa (1−θ)
2 8 7 6
iii) Enfin le tétramère Sb4 se physisorbe sur la surface par "la tête" (un seul atome)
et se chimisorbe que s’il existe trois sites vides parmi les 6 premiers voisins
(figure iii).
6 5 3 3 2 5
5 4
Pa1 = Pa (1−θ) (1−θ) +5θ (1−θ) +......+10θ (1−θ) = Pa (1−θ) (1−θ) +θ − θ − 5θ (1−θ)
1 .
2
[
= Pa (1−θ) 1+ 4θ − 5θ ≅ Pa (1−θ)
5 4
] 2.5± 0.1
.
Sachant que ces différentes configurations existent ensemble, on écrit d’une façon générale la
probabilité de chimisorption de la molécule Sb4 :
Pa1 = Pa (1−θ)
n
avec 2.5 ≤ n ≤4.
Pa1 = Pa (1−θ)
n
.
Pb1 = (1−θ) Pb + θPb'' .
Pa2 = Pc1Pa1 .
Pb2 = Pc1 Pb1 .
Pc2 = Pc21 etc.…, pour Pa3 et Pa4.
La probabilité de collage est alors la somme des probabilités d’être chimisorbé sur le premier,
le second, le troisième, etc.., site visité.
Pa (1−θ ) n Pa (1 − θ ) n
α (θ ) = Pa1 + Pa 2 + .... = Pa (1 −θ ) [1 + Pc1 + P + ...] =
n 2
c1 = .
1− Pc1 Pa (1 −θ ) n + Pb1
(1 −θ ) n
α (θ ) = , avec P = Pb1/Pa.
(1−θ ) n + P
Appendice C 126
Le tableau ci dessous illustre les différentes valeurs des paramètres n et P obtenues par
ajustement avec le modèle proposé pour plusieurs courbes cinétiques à basse température
APPENDICE D
REFERENCES
[1] M. Ladevèze, Thèse de Doctorat à l’Université d’Aix Marseille II, spécialité : Science des
Matériaux (1996).
[2] M. Ladevèze, G. Tréglia, P. Müller et F. A. D’Avitaya, Surf. Sci. 395 (1998) 317.
[5] P. Müller, A. Ranguis, M. Ladevèze, F. Arnaud d’Avitaya et G. Tréglia, Surf. Sci. 417
(1998) 107.
[6] S. A. Barnett, H. F. Winters et J. E. Greene, Surf. Sci. 165 (1986) 303.
[7] I.V. Markov, Crystal Growth for Beginners, World Scientific Publishing Co. Pte. Ltd.
(Singapore, 1995).
[8] E. Bauer, Z. Krist. 110 (1958) 372.
[11] I. Langmuir J. Am. Chem. Soc. 38 (1916) 2221 & Phys Rev. 8 (1916) 149.
[12] S. Andrieu et P. Müller, Les surfaces solides : concepts et méthodes, coll. Savoirs
Actuels, EDP. Sciences/CNRS éditions (2005).
[13] G. Gerth et U. Abelmann, Cryst. Rest. Tech. 24 (1989) 35.
[15] C. Y. Park, T. Abukawa, T. Kinoshita, Y. Enta, S. Kono, Jpn. J. Appl. Phys. 27 (1988),
147.
[16] V. K. Paliwal, A. G. Vedeshawr, et S. M. Shivaprasad, Phys. Rev. B. 66 (2002) 245404.
[20] A. V. Latyshev, A. L. Aseev, A. B. Krasilinkov et S. I. Stenin, Surf. Sci. 227 (1990) 24.
[23] K. Niwa et M. Yoshiyama, J. Fac. Sci. Hokkaido Imp. Univ. Ser. III 3 (1940) 75.
[27] G. Zerwetz Thèse de Doctorat à l’Université d’Aix Marseille III, spécialité : Science des
Matériaux (1994).
[28] R. Kern et G. Le Lay, Journal de Physique, Colloque C4, supplément au n° 10, Tome 38
(1977) 155.
[29] M. Tabe et K. Kajiyama, Jpn. J. Appl. Phys. 22 (1983) 423.
[33] S. M. Shivaprasad, V. K. Paliwal et A. Chaudhuri, Appl. Surf. Sci. 237 (2004) 93.
[35] K. Takayanagi, Y. Tanishiro, S. Takahashi et M. Takahashi, Surf. Sci. 164 (1985) 367.
[36] G. Binnig, H. Rohrer, C. Gerber et E. Weibel, Phys. Rev. Lett. 50 (1983) 120.
[37] R.J. Hamers, R.M. Tromp et J.E. Demuth, Phys. Rev. Lett. 56 (1986) 1972.
[40] E. Kaxiras, K. C. Pandey, Y. Bar-Yam et J. d. Joanno poulos, Phys. Rev. Lett. 56 (1986)
2819.
[41] T. Abukawa, C. Y. Park, et S. Kono, Surf. Sci. 201 (1988) L513.
[44] A. A. Saranin, A. V. Zotov, V. G. Lifshits, O. Kubo, et al., Surf. Sci. 447 (2000) 15.
[54] J-P. Gaspard, A. Pellegatti, F. Marinelli et C. Bichara. Philos. Mag. B. 77 (1998) 727.
[55] D. Becquet, Rapport de stage de DEA, Université d’Aix Marseille II, spécialité : Science
des Matériaux (2001).
[56] J. Tersoff, Phys. Rev. B. 56 (1985) 632.
[57] D. Sander et H. Ibach, Landolt-Bornstein New Serie, Phys. of covered solid surf., V. III/
42 (2000).
[58] P. Hohenberg et W. Kohn, Phys. Rev.136 (1964) B864.
[62] S. Albrecht, L. Reining, R. D. Sole et G. Onida, Pys. Rev. lett. 80 (1998) 4510.
[63] F. Ducastelle, Order and Phase Stability in Alloys, North Holland (1991).