Alimentation Des Volailles

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 18

CELLULE D'INFORMATION

. be
A G R I C U LT U R E

l’alimentation
des volailles
UNE INITIATIVE DU COLLÈGE DES PRODUCTEURS
AVEC LE SOUTIEN DE LA WALLONIE
[email protected] - www.celagri.be
PREAMBULE
Réfléchir à/mettre en œuvre une alimentation équilibrée de ses volailles et à ses composants
constitue l’assurance d’une bonne santé pour ses animaux, d’une croissance optimale de ceux-
ci, d’une maîtrise efficace du coût alimentaire (celui-ci représente près de 70 % du coût de
production *) et de la qualité finale des produits (viande ou œuf).
Un éleveur peut faire plusieurs choix :
• fabriquer l’aliment à la ferme,
• acheter un aliment complet auprès de professionnels de l’alimentation,
• acheter un complément auprès de professionnels de l’alimentation à mélanger à ses
propres matières premières. Cette démarche est une pratique courante chez nous
en élevage de poulets standards. Le froment cultivé à la ferme est mélangé à un
complément spécifiquement et nutritionnellement adapté.
Avant de faire un choix, il est conseillé de bien appréhender les différents enjeux de
l’alimentation des volailles. Cette publication se propose d’expliquer de manière simple pourquoi
la conduite alimentaire en production avicole doit être bien réfléchie et combien elle est
complexe.

*« L’aliment représente de 55% à 70% du coût de production d’une volaille. Une alimentation appropriée
peut être dès lors considérée comme nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel générique de
croissance ou de production d’œufs et est importante pour la santé et le bien-être des animaux. Des
carences en protéines ou en énergie ainsi qu’en vitamines ou minéraux réduisent la productivité et les
mécanismes de défense contre les agents pathogènes ou les facteurs environnementaux défavorables. »
(Source : Production de canards/Savoir faire/Edition Quae)

Ces carences peuvent également réduire le bon fonctionnement physiologique de l’animal.

2 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


Table des matières
01. Introduction 4

02. Un mot sur l’anatomie du tube digestif et la physiologie digestive des volailles 5

03.Les apports nutritifs essentiels 6

04. La question des protéines et du soja 10

05. Les spécificités de l’alimentation des volailles biologiques  13

06. La conduite et la formulation alimentaire 14

07. L’étiquetage des aliments composés pour animaux 15

08. La traçabilité des aliments composés 16

09. Que retenir de cette thématique ? 17

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 3


Introduction 01
Pour faire simple, on peut comparer les besoins alimentaires des volailles à l’image des matériaux
nécessaires à la construction d’une maison :

01. La fondation et la charpente en constituent le squelette édifié à partir de la matière minérale.

02. Les blocs sont fabriqués à partir de la matière protéique.

03. Le ciment est apporté par les glucides (source= céréales) et les lipides (source = graines
d’oléagineuses et huiles végétales) qui se traduisent par un apport d’énergie métabolisable (EM).

Les vitamines et minéraux sont également importants. Ce sont des micronutriments qui doivent être
fournis par l’alimentation, car l’animal ne sait pas les synthétiser lui-même.

4 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


Un mot sur l’anatomie du tube 02
digestif et la physiologie
digestive des volailles
La physiologie digestive et l’anatomie permettent » est effectuée pour vérifier si le poussin a bien
de mieux comprendre les enjeux de l’alimentation consommé. Contrairement aux mammifères, on
des volailles. Pourquoi nourrir au plus vite les observe un reflux au départ du duodénum avec
poussins, le besoin de fournir de petits cailloux échanges dans les deux sens entre intestin grêle
(gritt), l’importance des acides aminés, de l’eau, des et proventricule, voire le jabot. Le jabot est un
minéraux et des vitamines. renflement de l’œsophage. Il stocke les aliments
qui s’y ramollissent. L’estomac qui se positionne
après le jabot est constitué de deux parties :
Le tube digestif est très court. un estomac biochimique (production
Les volailles ont une faible d’enzymes et de HCl), le proventicule,
capacité de digérer la cellulose et l’estomac mécanique, le gésier
(fibres) et autres hydrates (d’où l’importance des petits cailloux
de carbone complexes par ou écailles d’huîtres broyées
rapport aux ruminants. Le tube dans l’alimentation). Une autre
digestif est plus léger et plus caractéristique des volailles est son
court par rapport aux espèces gros intestin qui est très court. Son
monogastriques. Conséquence rôle repose sur la réabsorption de
: la nourriture y circule plus vite l’eau.
et doit donc être « vite » assimilée et
très « digestible ».
• Le plumage constitue un isolant thermique
L’appareil digestif des volailles se distingue de
et une barrière physique aux agressions
celui des mammifères, notamment par son
extérieures. Il est un bon indicateur de la santé.
développement précoce. A l’éclosion, il représente
Une des raisons du picage entre animaux peut
25% du poids corporel, contre 5% à 8 semaines.
être issu d’un manque d’acides aminés soufrés
Il est caractérisé par une activité motrice
(les acides aminés seront développés au point
importante (4-5 contractions/minute). Il est dès
3.)
lors important de veiller à ce que les poussins,
dès leur arrivée dans l’élevage, consomment • L’ossification du squelette est en
rapidement de l’aliment. La palpation du « jabot développement durant les 1ères semaines

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 5


Les apports nutritifs 03
essentiels
Pour appréhender les équilibres alimentaires, connaître précisément les besoins des volailles constitue
une base indispensable. Ces besoins s’établissent en fonction des espèces et des phases d’élevage
(démarrage, croissance, finition). Ils sont définis scientifiquement et maîtrisés par les nutritionnistes. Le
choix des matières premières et autres produits tels que les premix sont ensuite fixés.

> L’ENERGIE
Nécessaire pour l’entretien, la croissance ou la production d’œufs. Elle est mesurée en unité de
chaleur ou calories. L’énergie métabolisable est utilisée pour équilibrer les rations alimentaires : elle
représente la part de l’énergie brute de l’aliment qui n’est pas éliminé dans les fientes, l’urine ou dans les
gaz exhalés et qui est utilisée pour la croissance ou la production d’œufs et l’entretien.
L’énergie est principalement apportée par l’amidon des céréales, telles que le maïs, le blé, le triticale, …

Les céréales constituent la fraction la plus importante dans les aliments des volailles, dont elles peuvent re-
présenter jusqu’à 75 voire 80 %. Riches en amidon, elles représentent une source d’énergie intéressante. Leur
teneur en protéine est relativement faible (8 à 12 %) et ne permet pas de couvrir les besoins des animaux.

> LES PROTEINES


Nécessaires pour la formation des muscles, des plumes, des œufs et la régénération des cellules
et toutes les réactions chimiques nécessitant des enzymes. Elles sont composées principalement
d’acides aminés dont les proportions sont spécifiques à chaque protéine. Elles sont aussi toujours
composées de carbone, d’hydrogène et d’azote, de soufre et phosphore pour certaines.

6 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


Importance des acides aminés

• Contrairement aux glucides et aux lipides, ils ne peuvent être stockés par l’organisme. Tous les acides aminés
en excès sont éliminés.

• On parle d’acides aminés essentiels en nutrition des volailles car celles-ci ne sont pas capables de synthétiser
l’ensemble des acides aminés. A ce niveau, on distingue trois groupes :

1. Les acides aminés essentiels qui ne peuvent être synthétisés par le métabolisme de l’animal et pro-
viennent donc uniquement de l’alimentation.
2. Les acides aminés semi-essentiels, qui peuvent être synthétisés par l’animal à partir d’acides aminés
essentiels.
3. Les acides aminés non essentiels, qui sont facilement synthétisés par l’animal.

• Chez les volailles, les principaux acides aminés limitants sont par ordre d’importance décroissante : la mé-
thionine, la lysine, la thréonine et le tryptophane.

• La valeur nutritionnelle d’une protéine dépend donc de la composition de la matière première en acides
aminés (notion de protéine idéale), mais également des éventuels traitements thermiques subis.

Les acides aminés essentiels les plus limitants sont la méthionine, la lysine, la thréonine et le tryptophane
qui ne peuvent être synthétisés par le métabolisme de l’animal et doivent donc absolument être fournis par
l’alimentation, toute carence s’avérant néfaste à la bonne santé des animaux.

Quels que soient le stade physiologique, le stade de croissance ou l’âge, un profil d’acides aminés optimal doit
être respecté afin de soutenir une croissance optimale. Ce profil s’appelle ratio idéal ou protéine idéale.

La notion d’acide aminé digestible intervient dans la formulation des rations alimentaires. Elle est importante
à appréhender, afin d’optimiser l’apport d’acide aminés et éviter le rejet dans l’environnement. De manière
générale, connaître la digestibilité des nutriments d’un aliment permet de mieux appréhender son
efficacité nutritionnelle conditionnant performances et bien-être animal.

Pour les jeunes animaux, une attention particulière doit être apportée aux carences en lysine. Quelle que soit
la souche de volailles et le contexte de l’élevage, des équilibres nutritionnels précis doivent être respectés en
phase de démarrage (0-28 jours). De ce fait, l’alimentation du poussin, via un aliment nutritionnellement conçu
par des professionnels est pratiquement incontournable.

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 7


> LES HYDRATES DE CARBONE
Composants majeurs des aliments et principales sources d’énergie. A associer surtout
aux polysaccharides, dont les plus courants sont entre autres l’amidon et la cellulose ;
l’amidon étant le constituant principale des graines et des racines de céréales. Il est très
digestible. Les parois des végétaux sont le plus souvent essentiellement constituées de
cellulose, constituant indigestible, mais intéressant en petites quantités de fibres car elles
régulent le transit intestinal et assurent une consistance adaptée du bolus intestinal.

> LES GRAISSES


Source énergétique. Comme les hydrates de carbone, elles contiennent du carbone,
de l’oxygène et de l’hydrogène. Leur capacité énergétique est presque deux fois plus
élevée que celle des hydrates de carbone. Certaines comprennent des vitamines
liposolubles. Certains acides gras insaturés sont aussi indispensables pour remplir
des fonctions essentielles dont les acides linoléique et linolénique qui ne peuvent
être synthétisés par les oiseaux et sont à apporter par l’aliment. En cas de carence :
retard de croissance, diminution du poids de l’œuf et de l’éclosabilité, modification de la
composition et de la qualité finale des produits (viande ou œuf).

> LES MINERAUX


Éléments naturels et essentiels à la constitution du squelette, certains entrent
également dans la composition d’hormones et d’enzymes et ont aussi d’autres fonctions
(régulation de la pression osmotique, activateurs enzymatiques). Les macro-minéraux
sont : calcium, phosphore, magnésium, sodium, potassium, chlore et soufre. Les oligo-
éléments minéraux les plus importants sont le fer (anémie et dépigmentation des
plumes), le cuivre et le manganèse (faiblesse des pattes et diminution de l’éclosabilité
des œufs), le zinc (problèmes de croissance, d’immunité, de résistance aux maladies
et de taux de ponte chez reproductrices).

Une attention particulière doit être prise en matière de disponibilité du phosphore et à


son estimation. Il est en effet bien présent dans les céréales (le blé notamment) mais en
faible disponibilité. L’ajout d’enzymes, telles que les phytases, améliore sa disponibilité,
tout comme la fermentation de l’aliment ou la germination des graines. Toutefois, un
complément est indispensable pour éviter les carences surtout au niveau des
jeunes animaux (sous forme de phosphate minéral).

Le carbonate de calcium est la principale source de calcium dans les aliments.

8 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


> LES VITAMINES
Besoins en faibles quantités mais des carences provoquent rapidement des problèmes
de santé qui peuvent être graves (problèmes de croissance, affaiblissement général,
rachitisme, dystrophie musculaire, problème de locomotion, …).
Les oligo-éléments et vitamines sont indispensables au bon état général et au bien-
être des volailles, à leur métabolisme et leurs performances. Ils sont apportés par des
premix (prémélanges naturels et nutritionnellement adaptés aux besoins spécifiques de
minéraux et vitamines des animaux) qui assurent à eux-seuls les besoins.
Un point particulier sur la vitamines B2, son importance pour la santé des volailles afin
d’éviter les problèmes de locomotion, son mode de fabrication (pour la vitamine de
synthèse) et sa question en production biologique est développé dans la publication
Celagri : https://www.celagri.be/y-a-t-il-des-ogm-dans-lalimentation-des-volailles-bio/

> LES SUBSTANCES ANTINURITIONNELLES


Selon les matières premières, des substances naturellement présentes peuvent affecter
les performances, la santé des animaux voire la qualité de leurs productions (voir par
exemple des antinutritionnels x dans y qui diminuent la digestibilité alimentaire ou la
sinapine dans le colza qui confère un goût de poisson à la viande). On doit donc les
limiter. Des traitements (comme la traitement thermique) permettent de les éliminer.

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 9


La question des
protéines et du soja
04
Plus haut dans cette publication, l’importance de l’équilibre en protéines et acides aminés digestibles
et essentiels a été soulignée. Or, le soja constitue la matière première aujourd’hui la plus adaptée en
termes d’équilibre qualité/prix, mais il pose des questions en termes de durabilité.

Le soja constitue une des sources – si pas la source- la plus intéressante en protéines avec un spectre
(quantités et proportions) et en acides aminés indispensables répondant parfaitement aux besoins
des monogastriques et de la volaille (moins pour la méthionine). Cependant, il est peu produit en
Europe en raison d’un accord commercial négocié au sein du GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade), l’ancêtre de l’OMC, dans les années 60. Cet accord a en effet eu comme résultat de réserver
la production de protéines (protéagineux) au continent américain et celle de l’amidon (céréales), à
l’Europe. Depuis le début des années 2000, l’Europe est dépendante de ses importations de protéines,
de l’ordre de 70% (30Mt annuelles pour l’UE à 27). L’interdiction des farines animales en 2001, suite à
la crise de la vache folle, est venue accroître cette dépendance. Les grands leaders du soja au niveau
mondiale sont le Brésil, les USA et l’Argentine.

COMMENT DEVENIR MOINS DÉPENDANT DU SOJA POUR PLUS DE DURABILITÉ ?


PLUSIEURS VOIES SONT POSSIBLES ET ÉTUDIÉES :

• Les protéines transformées animales (PTA) ruminants et d’insectes dans l’alimentation des
et les farines d’insectes : ces composantes volailles et des porcs. L’objectif est de réduire
d’origine du régime alimentaire des volailles la dépendance de l’UE à l’importation des
(insectes et vers de terre) sont autorisées dans protéines des pays tiers.
l’alimentation des poissons, respectivement
• Le développement de la culture de soja dans
depuis 2013 et 2017. Dans le cadre de la
nos régions : un petit pas est pris. En Belgique,
nouvelle stratégie « de la ferme à la table », la
des travaux et essais sont en cours depuis une
Commission européenne prévoit d’adopter un
dizaine d’années, pilotés essentiellement par
règlement délégué au troisième trimestre 2021
l’ILVO en Flandres (Instituut voor landbouw,
autorisant l’utilisation de protéines de non-

10 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


visserij en voedingonderzoek). La sélection des hectares de soja. En volailles, l’utilisation des
variétés adaptées à notre climat est essentielle feuilles (parèp) en ensilage (dispersion dans
pour parvenir à développer significativement la litière) est la voie préconisée (alimentation
la culture. Il semble toutefois que ce soja sera de type cafeteria avec un complémentaire
davantage réservé à l’alimentation humaine, riche en énergie). Sous forme ensilée, en
compte tenu du meilleur prix obtenu. poulet de chair à croissance lente, elle peut
être consommée au stade de la croissance
• La valorisation plus importante d’autres
avec un taux d’incorporation de 10 à 20% de
protéagineux cultivés chez nous, mais
la matière sèche ingérée et de 30% en finition.
incorporés dans de faibles proportions dans
En pondeuse, elle peut être incorporée sur
les rations. Les raisons :
base d’un taux de 15% à 20%. Cette voie
1. Pour le pois : carence en certains acides de la valorisation des feuilles de luzerne
aminés (méthionine, cystine, tryptophane),
est davantage retenue pour la production
2. Pour la féverole : si elle est plus riche en biologique.
protéines et moins énergétique que le pois, * MAT/MS=matière azotée totale rapportée à la
elle est, comme tous les protéagineux, matière sèche du produit
carencée en certains acides aminés
(méthionine, cystine et tryptophane).
Champ de luzerne
Attention aussi à la teneur en tanins de
la féverole colorée, relativement élevée.
L’utilisation de la féverole blanche, sans
tanins, est davantage conseillée mais elle
est peu productive et de ce fait, peu cultivée.
Selon les variétés de féverole, la présence de
facteurs antinutritionnels (vicine, convicine)
néfastes à la santé et productivité des
volailles est remarquée. • Quant à l’apport nutritionnel du parcours
3. Pour le lupin : il est riche en protéines, pour les volailles ayant accès au plein air
mais son usage est le plus limité parmi les (terme « fermier »/règlement 543/2008
trois protéagineux cités, vu sa faiblesse en et élevage biologique) ou à l’extérieur
lysine, pour rappel acide aminé essentiel (mention du « sortant à l’extérieur »/
pour les volailles. règlement 543/2008), celui-ci est aléatoire
• Le concentré protéique de luzerne : sa selon les conditions du parcours en lui-même :
qualité protéique est comparable au soja, mais type d’essences végétales implantées et degré
le procédé d’obtention est très gourmand d’aménagement au moyen de haies, d’arbustes
en énergie et présente un rendement et d’arbres pour encourager l’exploration du
relativement faible. parcours par les animaux. Les volailles peuvent
consommer jusqu’à 10% de leur ration en
• Des perspectives intéressantes pourraient
matière sèche. L’INRAE (Institut national de
s’ouvrir avec la valorisation d’une fraction
recherche pour l’agriculture, l’alimentation et
riche des feuilles de luzerne (partie aérienne
l’environnement), la Chambre d’agriculture
de la plante riche en protéines ou parèp).
d’Angers et l’ITAB (Institut de l’agriculture et
Chez les monogastriques et les volailles,
de l’alimentation biologiques) ont démontré
les tiges sont en effet trop riches en fibres.
que les parcours enrichis ont un intérêt et
Les feuilles de luzerne sont par contre
peuvent constituer une ressource alimentaire
intéressantes car à la fois pauvres en fibres,
non négligeable, notamment en protéines. On
nettement plus riches en protéines, avec
note également une répercussion positive sur
une teneur de l’ordre de 25 à 30% de MAT/
l’indice de consommation (taux de conversion
MS*, ainsi qu’en lysine et méthionine (les
alimentaire), sans compter l’enrichissement sur
teneurs en lysine et méthionine sur MAT sont
la biodiversité faunistique qui en découle. Les
respectivement comparables et supérieures
chercheurs ont par ailleurs démontré qu’un
au soja). Un hectare de luzerne équivaut à 2

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 11


aliment moins riche en protéines assure une 13ème journées de la recherche avicole et
meilleure sortie des volailles sur le parcours des palmipèdes à foie gras, à Tours. L’étude
extérieur ; celui-ci permettant de couvrir les a montré qu’il est possible, par blutage,
besoins en protéines à partir d’une limitation d’enrichir avec un rendement d’environ 10
toutefois modérée du taux de protéines dans %, des tourteaux de colza ou tournesol à un
l’aliment composé des volailles. niveau proche de 45%.
*séparation par tamisage les fractions riches
Tourteau - soja en fibres ou en protéines selon leur taille et leur
densité. Source : VOCALIM - Mieux valoriser
des matières premières métropolitaines dans
l’alimentation des poulets de chair pour améliorer
l’autonomie protéique française (Innovations
Agronomiques 82 (2021))

• D’autres sources de protéines sont également


apportées et utilisées dans les aliments
composés pour volailles, comme le gluten
de maïs (coproduit des amidonneries) et les
• Au niveau des apports en protéines via les protéines de pommes de terre. Quant à
graines, ce sont les tourteaux (coproduit de l’ortie, elle est caractérisée par une variabilité
l’extraction de l’huile de certains végétaux importante de la teneur en protéines et une
couramment cultivés en Europe : colza, teneur élevée en fibres. Elle est également
tournesol), non valorisables en alimentation peu cultivée. On lui accorde cependant un
humaine, qui sont essentiellement utilisés effet positif sur l’état général en lien avec les
en alimentation animale. On distingue les principes actifs qu’elle contient.
tourteaux expeller issus d’une extraction
• Les principaux acides aminés (lysine,
sous pression, soit sans solvant chimique
méthionine, thréonine, thryptophane)
(l’extraction de l’huile se faisant donc
sont produits par l’industrie et disponibles
par pressage). La plupart des tourteaux
sous forme de poudre ou liquide. Ils sont
conventionnels sont obtenus par des solvants
caractérisés par une digestibilité de 100%, bien
chimiques et sont moins riches en huile.
supérieure à celle des acides aminés issus des
Les tourteaux expeller les plus courants
matières premières (50 à 90% de digestibilité).
sont les tourteaux de soja, de colza et
Cela confère à l’utilisation de ces acides aminés
de tournesol. Pour ce dernier, le fait de
de synthèse un intérêt environnemental
décortiquer les graines avant pressage réduit
reconnu, en réduisant les rejets d’azote dans
la teneur en cellulose et confère une teneur
l’environnement à partir d’un besoin plus
en protéines comparables à celle du colza.
faible de protéines (par exemple, en poulets,
On parle de tourteau HIPPRO (« high protein
la réduction de 10 % des protéines dans
»). Le blutage est également un procédé qui
l’alimentation diminue de 19% le rejet d’azote
diminue la teneur en fibres qui sont encore
dans les litières). Un autre avantage est de
en quantités trop élevées dans les tourteaux
diminuer notre dépendance à l’importation
de colza (36-38% de protéines/matière sèche)
de soja des pays tiers. D’autres avantages
et de tournesol de type HIPPRO (38-39%)
sont identifiés par la valorisation de formules
déshuilés classiques pour être utilisables
alimentaires à taux protéiques réduits :
dans l’alimentation des volailles. Le blutage
* est une technique de meunerie qui sépare 1. amélioration de l’état sanitaire des
les fractions riches en fibres ou protéines. volailles avec une influence positive sur la
qualité de la litière et l’ambiance dans les
Cette technique a été étudiée en France par
poulaillers,
plusieurs partenaires (Terres Inolia, Terres UniviO
lead, Enilia Ensmic ; Quinsac Alain, Dauguet Sylvie, 2. augmentation des performances
Peyronnet Corinne, Krouti Mohammed, Gendron zootechniques, de bien-être et santé
Audrey, Carré Patrick, Brionnet François). Elle a animal(e),
fait l’objet d’une publication à l’occasion des 3. diminution du coût alimentaire.

12 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


Les spécificités de l’alimentation 05
des volailles biologiques
L’alimentation est-elle différente en aviculture biologique en termes de besoins des animaux. Quelles
sont les principales règles à suivre ?

L’alimentation des volailles biologiques est régie actuellement par le règlement européen de base sur
l’agriculture biologique, le 834/2007 et ses règlements d’application et d’exécution (respectivement
889/2008 et 2021/181). Dès 2022, un nouveau règlement de base sera d’application, le 848/2018 avec
ses actes délégués et d’exécution (2020/1794 (acte délégué), 2020/464, 2020/279 (actes d’exécution)).

Les volailles biologiques répondent aux mêmes besoins nutritionnels que les volailles élevées dans les
autres modèles de production (standard, cahiers des charges de qualité, Label Rouge, fermier élevé
en plein air, …). Par contre, au-delà de la première règle de base qui consiste à valoriser des céréales
et autres productions végétales elles-mêmes directement issues de l’agriculture biologique, des
règles supplémentaires sont définies en Bio, telles que :

o l’interdiction des acides aminés de synthèse,

o l’interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou additifs issus des OGM et
autres produits dérivés.

D’autres engagements sont précisés au niveau des règles européennes :

o Pour rappel, l’ensemble des matières premières doivent être produites selon les règles
biologiques. Toutefois, un maximum de 5% de matières premières non biologiques sont
autorisées (sur base d’une liste positive et prédéfinie) jusque fin 2025 au stade de jeunes
animaux, afin de parer aux problèmes encore rencontrés aujourd’hui au niveau du manque
en disponibilités de certaines matières premières Bio d’autant celles plus riches en acides
aminés. Ce problème est encore plus marqué pour la phase relative au jeune animal. Les
matières premières autorisées en non Bio sont, si et seulement si elle n’existe pas en bio : les
concentrés protéiques, le gluten de maïs, les protéines de pommes de terre, les graines de soja
toastées ou extrudées, les tourteaux d’oléagineux sans solvants chimiques.

o L’obligation de démontrer que 30% des matières premières sont produites dans
l’exploitation ou dans la région. En Wallonie, le terme « région » a été défini comme la
superficie ne dépassant pas plus de 300 km de rayon du centre de la région.

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 13


La conduite et la formulation
alimentaire
06
Est-il nécessaire de prévoir des aliments différents selon les types et âges de volailles ? Pourquoi parle-
t-on de farines ? Rationne-t-on les animaux ? Pourquoi ces silos à côté des poulaillers ? …

Après avoir passé en revue les besoins nutritionnels des animaux et les différentes sources
possibles de matières premières, la question de la conduite alimentaire se pose. Elle se compose
de trois parties et se détermine en fonction des objectifs de production (poids et âge d’abattage en
volailles de chair et intensité de la ponte en œufs) :

• Le programme alimentaire : se décompose en plusieurs phases directement corrélées


aux stades et besoins alimentaires physiologiques de l’animal, avec des aliments différents
(poulet : démarrage, croissance, finition) ; des présentations différentes d’aliments : farines,
miettes, granulés. Le terme de farines (mélanges de différentes graines, tourteaux et
prémix d’oligoéléments et vitamines) est souvent mal perçu du consommateur – par
analogie erronée aux farines animales et au scandale de la vache folle – alors qu’il
s’agit simplement d’aliments composés qui sont broyés sous forme de farine.

• Le système de distribution : manuel ou automatique (en filières plus longues). Afin de


faciliter la distribution d’aliments, des silos sont installés à côté des poulaillers.

• Le mode de distribution : à volonté ou par repas. En volailles de chair, l’aliment est


distribué à volonté en veillant à ce que les animaux vident bien leur assiette afin d’éviter le
tri alimentaire (le tri est un comportement naturel des volailles) et le gaspillage.

L’efficacité alimentaire se traduit essentiellement par l’évaluation de l’indice de consommation


(IC). En volailles de chair, il s’agit de la quantité d’aliment nécessaire pour assurer le gain d’1 Kg de
poids vif ; en ponte, de la quantité d’aliment pour produire 1 kg d’œufs (ou bien 1 œuf). Ces indices
constituent de bons indicateurs d’une alimentation équilibrée au niveau de tous les nutriments
nécessaires à la santé et au bon développement des volailles. Les volailles sont considérées
comme ayant un faible impact environnemental du fait des faibles indices de consommation
pour cette espèce animale.

Les professionnels de la nutrition ont une haute connaissance et expérience de la


formulation des rations. Ils prennent en compte l’ensemble des éléments nécessaires à
l’équilibre alimentaire soit, pour rappel, nécessaires à bonne santé des animaux, à une
croissance optimale, à une maîtrise efficace du coût alimentaire et à la qualité finale de leur
production (viande ou œuf).

14 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


L’étiquetage des aliments 07
composés pour animaux
Comment puis-je savoir ce que l’on donne à mes animaux ? Les équilibres nutritionnels sont-ils
respectés ? De quelles garanties dispose-t-on?

L’étiquetage doit répondre aux conditions légales *. L’’obligation de lister les matières premières dans
un ordre décroissant de poids y est définie. Les rubriques « additifs » et « constituants analytiques »
doivent également apparaître. Les additifs comprennent notamment les vitamines, oligoéléments et
acides aminés. Les constituants analytiques comprennent les protéines brutes, la cellulose brute, la
matière grasse brute, les cendres brutes, le calcium, le sodium, le phosphore, la lysine et la méthionine.

* établies par le règlement (CE) n°767/2009 (dont l’article 17)

Par ailleurs, en cas d’utilisation de matières premières issues d’OGM, elles doivent être indiquées
telles quelles sur l’étiquetage. Un système de traçabilité générale des compositions et origines des
matières premières est obligatoire et est spécifiquement mis en œuvre pour les matières premières
éventuellement issues d’OGM.

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 15


La traçabilité des aliments 08
composés
Au-delà de l’étiquetage des aliments composés, leur traçabilité est exigée. La fabrication des aliments
pour animaux est strictement légiférée et contrôlée. Un guide d’autocontrôle a été validé par l’AFSCA et
est suivi par tous les fabricants d’aliments agréés.

Le fabricant d’aliments est soumis à la mise en œuvre d’un système de traçabilité de tous les lots
d’aliments produits, en conservant par ailleurs les échantillons qui sont scellés et prélevés sur chacun
des lots.

Un guide d’autocontrôle validé par l’AFSCA reprend l’ensemble des règles de production des aliments
pour les animaux. Il est géré par la plate-forme professionnelle OVOCOM et est régulièrement mis à jour.
Il reprend également les dispositions particulières pour les aliments médicamenteux obligatoirement
utilisables uniquement en cas de prescriptions curatives. Ces prescriptions sont principalement
basées sur les dispositions de l’Arrêté royal du 21/12/2006 – Préparation, mise sur le marché et
utilisation des aliments médicamenteux.

Les fabricants d’aliments sont soumis à ce guide d’autocontrôle, intitulé « Standard Feed Chain Alliance ».
Il est certifié par un organisme de certification indépendant.

Les fabricants d’aliments sont aussi éventuellement engagés dans d’autres certifications : certification
biologique, attestation d’aliments composés contrôlés OGM < 0,9%, cahiers de charges pour certaines
volailles sous labels spécifiques, … ; le tout toujours contrôlé par un organismes de certification
indépendant.

Traçabilité

Il doit être possible de tracer des aliments pour animaux à toutes les étapes de la production, de la
transformation et de la distribution. Les exploitants du secteur de l’alimentation animale doivent par
conséquent être en mesure d’identifier toute personne leur ayant fournis :

• des aliments pour animaux,

• un animal producteur de denrées alimentaires, ou

• toute substance destinée à être incorporée ou susceptible de l’être dans des aliments
pour animaux.

Les aliments pour animaux qui sont mis sur le marché au sein de l’UE ou susceptibles de l’être doivent
être étiquetés ou identifiés de façon à faciliter leur traçabilité.

16 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES


Que retenir de cette 09
thématique?

LES QUESTIONS :

• Doit-on dépendre des aliments du commerce pour élever les volailles et peut-on
avoir confiance à ces produits ?

• Des efforts sont-ils engagés pour plus de durabilité au niveau de l’apport en


protéines ?

L’alimentation des volailles ne s’improvise pas, que ce soit pour des petits élevages destinés
à l’autoconsommation, des élevages de plus petite taille orientés vers les circuits courts
ou les exploitations livrant en filière longue avec de plus grandes capacités d’élevage. Il
est nécessaire d’appréhender les équilibres alimentaires selon le type de volailles
et les différentes phases d’élevage. Cette attention particulière garantit la santé et le
bien-être des animaux et permet de dégager une rentabilité dans les élevages qui est
indispensable pour assurer le revenu de l’éleveur (l’alimentation représente près de 70% du
coût de production). Ceci explique le recours majoritaire à l’expertise de spécialistes de la
nutrition et aux fabricants d’aliments pour animaux. L’alimentation fabriquée à la ferme est
également possible, mais une attention particulière au jeune âge des animaux entraîne de
manière générale le recours de l’alimentation auprès de professionnels de l’alimentation.

La question de l’apport des protéines est prégnante, en raison de la dépendance actuelle


au soja importé du continent américain. Comment redéployer plus d’autonomie à l’échelle
européenne ? Développer la culture de soja, cultiver à plus grande échelle les autres
protéagineux identifiés, comme la féverole, le pois, le lupin, la luzerne, …, attendre le retour
des protéines transformées animales (PTA) et l’autorisation des farines d’insectes … ? La
solution est certainement plurielle. La Recherche et les différents acteurs des filières y
travaillent.

Enfin, la question de la traçabilité et du contrôle préoccupe les éleveurs, mais les


consommateurs également. A ce sujet, la législation est claire et protège les éleveurs et les
consommateurs, en exigeant un besoin de transparence et de traçabilité des produits.

# CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES 17


source

• Science et technologie de l’œuf/Production et Qualité/ • Livret Volailles 2017/BioWallonie : « Elevage de volailles


volume I/ Fr. Nau, C. Guérin-Dubiard, Fl. Baron, J-L Thapon/ biologiques : réglementation »
Editions TEC§DOC, Lavoisier
• Géopolitique des protéines | Cairn.info)
• Maladies des volailles/ Didier Vilatte/Editions France
Agricole) • Etiquetage des matières premières pour aliments des
animaux et des aliments composés | SPF Santé publique
• Production de canards/H.Pingel, G.Guy, E.Baéza/Editions (belgium.be))
Quae)
• EUR-Lex - sa0019 - EN - EUR-Lex (europa.eu)
• Cahier technique Alimentation des volailles en agriculture
biologique/juin 2015/ITAB, Réseau de l’initiative biologique • https://s3.wp.wsu.edu/uploads/sites/346/2014/11/Protein-
en Bretagne, Chambre d’Agriculture Pays de la Loire, INRA, and-amino-acid-for-poultry-final.pdf
ITAVI) • RMT Elevage et Environnement, 2019, guide des bonnes
• Programme MASSAÏ, Eric Juncker, Trust’Ing-Alf’Ing pratiques environnementales d’élevage. Fiche v3 :
utilisation des acides aminés de synthèse. 3 pages : http://
• 13ème JRA 2019 ; Brachet Mathilde, Bordeaux Célia, www.rmtelevagesenvironnement.org/docs/fiches/gbpee/
Roinsard Antoine, Germain Karine volaille/v-fiche-3.pdf
• AGRA : www.agra.fr • Photos : APPO : Les Oléagineux et Protéagineux | APPO.be
(ulg.ac.be)

18 # CELAGRI - ALIMENTATION DES VOLAILLES

Vous aimerez peut-être aussi