Alimentation Des Volailles
Alimentation Des Volailles
Alimentation Des Volailles
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A G R I C U LT U R E
l’alimentation
des volailles
UNE INITIATIVE DU COLLÈGE DES PRODUCTEURS
AVEC LE SOUTIEN DE LA WALLONIE
[email protected] - www.celagri.be
PREAMBULE
Réfléchir à/mettre en œuvre une alimentation équilibrée de ses volailles et à ses composants
constitue l’assurance d’une bonne santé pour ses animaux, d’une croissance optimale de ceux-
ci, d’une maîtrise efficace du coût alimentaire (celui-ci représente près de 70 % du coût de
production *) et de la qualité finale des produits (viande ou œuf).
Un éleveur peut faire plusieurs choix :
• fabriquer l’aliment à la ferme,
• acheter un aliment complet auprès de professionnels de l’alimentation,
• acheter un complément auprès de professionnels de l’alimentation à mélanger à ses
propres matières premières. Cette démarche est une pratique courante chez nous
en élevage de poulets standards. Le froment cultivé à la ferme est mélangé à un
complément spécifiquement et nutritionnellement adapté.
Avant de faire un choix, il est conseillé de bien appréhender les différents enjeux de
l’alimentation des volailles. Cette publication se propose d’expliquer de manière simple pourquoi
la conduite alimentaire en production avicole doit être bien réfléchie et combien elle est
complexe.
*« L’aliment représente de 55% à 70% du coût de production d’une volaille. Une alimentation appropriée
peut être dès lors considérée comme nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel générique de
croissance ou de production d’œufs et est importante pour la santé et le bien-être des animaux. Des
carences en protéines ou en énergie ainsi qu’en vitamines ou minéraux réduisent la productivité et les
mécanismes de défense contre les agents pathogènes ou les facteurs environnementaux défavorables. »
(Source : Production de canards/Savoir faire/Edition Quae)
02. Un mot sur l’anatomie du tube digestif et la physiologie digestive des volailles 5
03. Le ciment est apporté par les glucides (source= céréales) et les lipides (source = graines
d’oléagineuses et huiles végétales) qui se traduisent par un apport d’énergie métabolisable (EM).
Les vitamines et minéraux sont également importants. Ce sont des micronutriments qui doivent être
fournis par l’alimentation, car l’animal ne sait pas les synthétiser lui-même.
> L’ENERGIE
Nécessaire pour l’entretien, la croissance ou la production d’œufs. Elle est mesurée en unité de
chaleur ou calories. L’énergie métabolisable est utilisée pour équilibrer les rations alimentaires : elle
représente la part de l’énergie brute de l’aliment qui n’est pas éliminé dans les fientes, l’urine ou dans les
gaz exhalés et qui est utilisée pour la croissance ou la production d’œufs et l’entretien.
L’énergie est principalement apportée par l’amidon des céréales, telles que le maïs, le blé, le triticale, …
Les céréales constituent la fraction la plus importante dans les aliments des volailles, dont elles peuvent re-
présenter jusqu’à 75 voire 80 %. Riches en amidon, elles représentent une source d’énergie intéressante. Leur
teneur en protéine est relativement faible (8 à 12 %) et ne permet pas de couvrir les besoins des animaux.
• Contrairement aux glucides et aux lipides, ils ne peuvent être stockés par l’organisme. Tous les acides aminés
en excès sont éliminés.
• On parle d’acides aminés essentiels en nutrition des volailles car celles-ci ne sont pas capables de synthétiser
l’ensemble des acides aminés. A ce niveau, on distingue trois groupes :
1. Les acides aminés essentiels qui ne peuvent être synthétisés par le métabolisme de l’animal et pro-
viennent donc uniquement de l’alimentation.
2. Les acides aminés semi-essentiels, qui peuvent être synthétisés par l’animal à partir d’acides aminés
essentiels.
3. Les acides aminés non essentiels, qui sont facilement synthétisés par l’animal.
• Chez les volailles, les principaux acides aminés limitants sont par ordre d’importance décroissante : la mé-
thionine, la lysine, la thréonine et le tryptophane.
• La valeur nutritionnelle d’une protéine dépend donc de la composition de la matière première en acides
aminés (notion de protéine idéale), mais également des éventuels traitements thermiques subis.
Les acides aminés essentiels les plus limitants sont la méthionine, la lysine, la thréonine et le tryptophane
qui ne peuvent être synthétisés par le métabolisme de l’animal et doivent donc absolument être fournis par
l’alimentation, toute carence s’avérant néfaste à la bonne santé des animaux.
Quels que soient le stade physiologique, le stade de croissance ou l’âge, un profil d’acides aminés optimal doit
être respecté afin de soutenir une croissance optimale. Ce profil s’appelle ratio idéal ou protéine idéale.
La notion d’acide aminé digestible intervient dans la formulation des rations alimentaires. Elle est importante
à appréhender, afin d’optimiser l’apport d’acide aminés et éviter le rejet dans l’environnement. De manière
générale, connaître la digestibilité des nutriments d’un aliment permet de mieux appréhender son
efficacité nutritionnelle conditionnant performances et bien-être animal.
Pour les jeunes animaux, une attention particulière doit être apportée aux carences en lysine. Quelle que soit
la souche de volailles et le contexte de l’élevage, des équilibres nutritionnels précis doivent être respectés en
phase de démarrage (0-28 jours). De ce fait, l’alimentation du poussin, via un aliment nutritionnellement conçu
par des professionnels est pratiquement incontournable.
Le soja constitue une des sources – si pas la source- la plus intéressante en protéines avec un spectre
(quantités et proportions) et en acides aminés indispensables répondant parfaitement aux besoins
des monogastriques et de la volaille (moins pour la méthionine). Cependant, il est peu produit en
Europe en raison d’un accord commercial négocié au sein du GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade), l’ancêtre de l’OMC, dans les années 60. Cet accord a en effet eu comme résultat de réserver
la production de protéines (protéagineux) au continent américain et celle de l’amidon (céréales), à
l’Europe. Depuis le début des années 2000, l’Europe est dépendante de ses importations de protéines,
de l’ordre de 70% (30Mt annuelles pour l’UE à 27). L’interdiction des farines animales en 2001, suite à
la crise de la vache folle, est venue accroître cette dépendance. Les grands leaders du soja au niveau
mondiale sont le Brésil, les USA et l’Argentine.
• Les protéines transformées animales (PTA) ruminants et d’insectes dans l’alimentation des
et les farines d’insectes : ces composantes volailles et des porcs. L’objectif est de réduire
d’origine du régime alimentaire des volailles la dépendance de l’UE à l’importation des
(insectes et vers de terre) sont autorisées dans protéines des pays tiers.
l’alimentation des poissons, respectivement
• Le développement de la culture de soja dans
depuis 2013 et 2017. Dans le cadre de la
nos régions : un petit pas est pris. En Belgique,
nouvelle stratégie « de la ferme à la table », la
des travaux et essais sont en cours depuis une
Commission européenne prévoit d’adopter un
dizaine d’années, pilotés essentiellement par
règlement délégué au troisième trimestre 2021
l’ILVO en Flandres (Instituut voor landbouw,
autorisant l’utilisation de protéines de non-
L’alimentation des volailles biologiques est régie actuellement par le règlement européen de base sur
l’agriculture biologique, le 834/2007 et ses règlements d’application et d’exécution (respectivement
889/2008 et 2021/181). Dès 2022, un nouveau règlement de base sera d’application, le 848/2018 avec
ses actes délégués et d’exécution (2020/1794 (acte délégué), 2020/464, 2020/279 (actes d’exécution)).
Les volailles biologiques répondent aux mêmes besoins nutritionnels que les volailles élevées dans les
autres modèles de production (standard, cahiers des charges de qualité, Label Rouge, fermier élevé
en plein air, …). Par contre, au-delà de la première règle de base qui consiste à valoriser des céréales
et autres productions végétales elles-mêmes directement issues de l’agriculture biologique, des
règles supplémentaires sont définies en Bio, telles que :
o l’interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou additifs issus des OGM et
autres produits dérivés.
o Pour rappel, l’ensemble des matières premières doivent être produites selon les règles
biologiques. Toutefois, un maximum de 5% de matières premières non biologiques sont
autorisées (sur base d’une liste positive et prédéfinie) jusque fin 2025 au stade de jeunes
animaux, afin de parer aux problèmes encore rencontrés aujourd’hui au niveau du manque
en disponibilités de certaines matières premières Bio d’autant celles plus riches en acides
aminés. Ce problème est encore plus marqué pour la phase relative au jeune animal. Les
matières premières autorisées en non Bio sont, si et seulement si elle n’existe pas en bio : les
concentrés protéiques, le gluten de maïs, les protéines de pommes de terre, les graines de soja
toastées ou extrudées, les tourteaux d’oléagineux sans solvants chimiques.
o L’obligation de démontrer que 30% des matières premières sont produites dans
l’exploitation ou dans la région. En Wallonie, le terme « région » a été défini comme la
superficie ne dépassant pas plus de 300 km de rayon du centre de la région.
Après avoir passé en revue les besoins nutritionnels des animaux et les différentes sources
possibles de matières premières, la question de la conduite alimentaire se pose. Elle se compose
de trois parties et se détermine en fonction des objectifs de production (poids et âge d’abattage en
volailles de chair et intensité de la ponte en œufs) :
L’étiquetage doit répondre aux conditions légales *. L’’obligation de lister les matières premières dans
un ordre décroissant de poids y est définie. Les rubriques « additifs » et « constituants analytiques »
doivent également apparaître. Les additifs comprennent notamment les vitamines, oligoéléments et
acides aminés. Les constituants analytiques comprennent les protéines brutes, la cellulose brute, la
matière grasse brute, les cendres brutes, le calcium, le sodium, le phosphore, la lysine et la méthionine.
Par ailleurs, en cas d’utilisation de matières premières issues d’OGM, elles doivent être indiquées
telles quelles sur l’étiquetage. Un système de traçabilité générale des compositions et origines des
matières premières est obligatoire et est spécifiquement mis en œuvre pour les matières premières
éventuellement issues d’OGM.
Le fabricant d’aliments est soumis à la mise en œuvre d’un système de traçabilité de tous les lots
d’aliments produits, en conservant par ailleurs les échantillons qui sont scellés et prélevés sur chacun
des lots.
Un guide d’autocontrôle validé par l’AFSCA reprend l’ensemble des règles de production des aliments
pour les animaux. Il est géré par la plate-forme professionnelle OVOCOM et est régulièrement mis à jour.
Il reprend également les dispositions particulières pour les aliments médicamenteux obligatoirement
utilisables uniquement en cas de prescriptions curatives. Ces prescriptions sont principalement
basées sur les dispositions de l’Arrêté royal du 21/12/2006 – Préparation, mise sur le marché et
utilisation des aliments médicamenteux.
Les fabricants d’aliments sont soumis à ce guide d’autocontrôle, intitulé « Standard Feed Chain Alliance ».
Il est certifié par un organisme de certification indépendant.
Les fabricants d’aliments sont aussi éventuellement engagés dans d’autres certifications : certification
biologique, attestation d’aliments composés contrôlés OGM < 0,9%, cahiers de charges pour certaines
volailles sous labels spécifiques, … ; le tout toujours contrôlé par un organismes de certification
indépendant.
Traçabilité
Il doit être possible de tracer des aliments pour animaux à toutes les étapes de la production, de la
transformation et de la distribution. Les exploitants du secteur de l’alimentation animale doivent par
conséquent être en mesure d’identifier toute personne leur ayant fournis :
• toute substance destinée à être incorporée ou susceptible de l’être dans des aliments
pour animaux.
Les aliments pour animaux qui sont mis sur le marché au sein de l’UE ou susceptibles de l’être doivent
être étiquetés ou identifiés de façon à faciliter leur traçabilité.
LES QUESTIONS :
• Doit-on dépendre des aliments du commerce pour élever les volailles et peut-on
avoir confiance à ces produits ?
L’alimentation des volailles ne s’improvise pas, que ce soit pour des petits élevages destinés
à l’autoconsommation, des élevages de plus petite taille orientés vers les circuits courts
ou les exploitations livrant en filière longue avec de plus grandes capacités d’élevage. Il
est nécessaire d’appréhender les équilibres alimentaires selon le type de volailles
et les différentes phases d’élevage. Cette attention particulière garantit la santé et le
bien-être des animaux et permet de dégager une rentabilité dans les élevages qui est
indispensable pour assurer le revenu de l’éleveur (l’alimentation représente près de 70% du
coût de production). Ceci explique le recours majoritaire à l’expertise de spécialistes de la
nutrition et aux fabricants d’aliments pour animaux. L’alimentation fabriquée à la ferme est
également possible, mais une attention particulière au jeune âge des animaux entraîne de
manière générale le recours de l’alimentation auprès de professionnels de l’alimentation.