FR-L1-ILing Distinction Grammaire Et Linguistique

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Université d’Alger 2

Faculté des Langues Etrangères

Département de français/ Section 2021-2022

Documents pédagogiques
Module Initiation à la linguistique

Titre du document :

I. Introduction à la linguistique
1. Distinction entre grammaire et linguistique

Niveau : 1ère année licence LMD Groupe : (tous les groupes)

Semestre 1

Enseignant : Pr. Asselah-Rahal Safia


1. La distinction : grammaire/linguistique

Réf : - 100 fiches pour comprendre la linguistique, fiche n°1 (1999 :8)
-Patrick Guelpa, Introduction à l’analyse linguistique

 La grammaire traditionnelle :

On dit qu’elle a une attitude normative ou prescriptive dans la mesure où elle


part (base) de la notion de registres de langue hiérarchisés. Ce qui consiste à choisir un
registre (le Bon usage) en fonction de critères non linguistiques mais socio-culturels ;
à le charger du prestige de la classe qui l’utilise et à l’imposer au détriment de tous les
autres. Il convient de rappeler, en effet, que l’on peut opérer un classement des
registres de langue.

- Le registre familier (celui de la vie courante)


- Le registre très familier voire vulgaire (grossièretés…)
- Le registre soigné ou soutenu (cours, discours…)
- Le registre très soutenu ou recherché (concerne surtout la langue littéraire). Il
s’agit en fait du bon usage.

Il est à faire remarquer que cette grammaire largement influencée par la langue
écrite, la tradition littéraire des ‶bons auteurs″ et les préjugés sociaux tels que ‶c’est la
bonne société, celle qui jouit de l’autorité et de la culture, celle qui détient le modèle
linguistique. ″, celle-ci va édicter des règles prescriptives comme « dites ceci, ne dites
pas cela, écrivez ceci, n’écrivez pas cela ». Pour les grammairiens, il faut, par
conséquent, se conformer au bel usage linguistique de la bonne société. En outre, ils
considèrent que c’est la langue écrite qui est plus importante que la langue parlée.
Mais, c’est une forme particulière de la langue écrite : la langue littéraire, qu’ils
qualifient de plus pure et plus correcte.

 La linguistique :

Dans la mesure où la première tâche du linguiste consiste à décrire la manière


dont les hommes parlent (et écrivent) leur langue, et non à leur prescrire la manière

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dont il faudrait la parler (et l’écrire), on dit que la linguistique est, en premier lieu,
descriptive et explicative plutôt que normative.

Autrement dit, l’attitude descriptive recommandée par les linguistes consiste à


observer les faits linguistiques, objectivement et sans préjugés quant à ‶la qualité″ des
échantillons observés. Ce qui revient à dire que l’on accorde une légitime priorité à
l’oral mais sans négliger les formes écrites.

En réalité, comme le souligne Ferdinand de Saussure : « la matière de la


linguistique est constituée d’abord par toutes les manifestations du langage humain,
qu’il s’agisse des peuples sauvages ou des nations civilisées, des époques archaïques,
classiques, en tenant compte, dans chaque période, non seulement du langage correct
et « du beau langage » mais de toutes les formes d’expressions » (CLG, Ch2, 1§)

Cette citation montre clairement que l’observation doit porter sur tous les faits
linguistiques, d’une part et que d’autre part, le linguiste s’intéresse à toutes les langues
sur un pied d’égalité (il n’y a pas une langue supérieure et une langue inférieure, une
langue de prestige et une langue de moindre prestige…). En somme, la linguistique ne
procède pas, comme la grammaire normative, à une restriction fondée sur des
hiérarchies d’usage (langue familière, langue soutenue…)

A ce propos, Saussure dans l’introduction au CLG (2 ème §) juge sévèrement la


grammaire traditionnelle lorsqu’il dit que c’est « une discipline normative fort
éloignée de la pure observation et dont le point de vue est forcément étroit. »

On peut dire que la linguistique se défend d’une attitude prescriptive dès lors
que c’est une science explicative qui étudie le fonctionnement réel du langage.

Le linguiste se propose, alors, d’expliquer certaines fautes, entre autres, par le


phénomène d’analogie.

- Qu’est-ce que l’analogie ?

C’est le fait de calquer, de construire une forme que l’on ne connait pas sur une
forme que l’on connait.

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Exemple 1: les verbes « boire » et « croire » au présent :

[il bwa] (il boit) [il kʁwa] (il croit)

[Il bwav] (Ils boivent) [il kʁwav]* (ils croivent*)

Ce locuteur a calqué le verbe « croire » (3ème personne du pluriel) sur le verbe


« boire » (3ème personne du pluriel).

Exemple 2 : Les verbes « entendre » et « prendre »

Présent : [il ɑ̃tɑ̃] (il entend) [il pʁɑ̃] (il prend)

Passé composé : [il a ɑ̃tɑ̃dy] (il a entendu) [il a pʁɑ̃dy]*(il a prendu*)

Ce sont deux verbes qui appartiennent au même groupe (3ème groupe): présent et passé
composé. Le locuteur a calqué le verbe prendre au passé composé sur le verbe
entendre. C’est pourquoi, il produit : [il a pʁɑ̃dy]*

Ainsi, si on ne peut pas dire que la linguistique est l’héritière de la grammaire, il


n’en demeure pas moins que le lien entre les deux disciplines est très étroit.
Grammaire et linguistique, chacune en leur temps, ont un rapport direct avec la (les)
langue(s). Il suffit pour illustrer ces propos, d’observer la fiche n°1 tirée à partir de
« 100 fiches pour comprendre la linguistique » (1999 :8), elle détaille les deux notions
« grammaire » « linguistique » qui ne peuvent pas être synonymes puisque renvoyant à
deux démarches différentes :

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