Cours-Socilinguistique-Khattala 2024 S5
Cours-Socilinguistique-Khattala 2024 S5
Cours-Socilinguistique-Khattala 2024 S5
Semestre 5
Module : « Sociolinguistique »
2023/2024
Objectif du cours :
L’étudiant doit être ne mesure de comprendre et d’analyser :
• Le rapport langue/société : approche linguistique
• Le rapport langue/société : approche sociolinguistique
Contenu du cours :
• La sociolinguistique : définitions et genèse
• La place de la sociolinguistique parmi les sciences du langage
• Le champ d’étude et les tâches de la sociolinguistique
• Définition de concepts clés de la sociolinguistique
• Analyse de la situation sociolinguistique du Maroc
• Exemple de méthodologie de recherche en sociolinguistique : modèle de
Fishman
Introduction
• Comment déterminer le statut d’une langue, d’un parler dans un pays donné ?
Pour étudier les problématiques liées à ces questions, une nouvelle discipline a
vu le jour au début des années 1960. La sociolinguistique qui « a émergé de la
critique salutaire d’une certaine linguistique structurale enfermée dans une
interprétation doctrinaire du Cours de linguistique générale de Ferdinand de
Saussure » (Boyer, 2001, p.7),
3
1 Définitions de la sociolinguistique
Il ajoute que (1976, p.37) « pendant des années, je me suis refusé à parler de la
sociolinguistique, car ce terme implique qu’il pourrait exister une théorie ou
une pratique linguistique fructueuse qui ne serait pas sociale »
5
2 La genèse de la sociolinguistique
Pour lui, Saussure pose le caractère social de la langue et passe à autre chose, à
une linguistique formelle, « la langue en elle-même et pour elle-même ». Sans
pour autant que cette affirmation ait d’implications méthodologiques sur l’étude
du langage alors que la langue est à la fois « un fait social » et « un système où
tout se tient ».
Ce sociolinguiste, qui a publié les actes de cette conférence, explique dans son
introduction que l'une des tâches majeures de la sociolinguistique est de montrer
que la variation ou la diversité n’est pas libre, mais qu’elle est corrélée avec les
différences sociales systématiques (William Bright (éd.), 1966, p.11).
7
3 La place de la sociolinguistique dans les sciences du langage
La distance entre ces deux disciplines est assez grande dans la mesure où elles
n’ont pas le même objet d’étude ni les mêmes approches : Chomsky fait
correspondre le rapport langue / parole à compétence / performance, dont la
langue est la compétence individuelle intériorisée par le sujet parlé qui est un
locuteur / auditeur idéal appartenant à une communauté linguistique
parfaitement homogène.
Cette dernière (la sociolinguistique) est née pour étudier la ou les performances
des locuteurs. Les sociolinguistes estiment que la langue n’est pas seulement
porteuse d’un contenu mais elle est le contenu.
Le postulat d’étude établi par la sociologie du langage porte sur les fonctions
sociales des différentes variétés d’une langue. Ces variétés peuvent être
reconnues dans certains cas et certaines communautés comme des langues.
Fishman parle dans ce cas pour qualifier cette approche de sociologie du
langage en tant que "sociolinguistique interactionnelle". Il précise que cette
discipline se concentre sur l'étude des relations interpersonnelles et des
changements de comportement des acteurs en fonction des différences sociales.
En conclusion, la sociologie du langage est l’étude des faits de langue comme
indice de clivages sociaux. Elle privilégie la composante non linguistique.
Ralph Fasold explique dans ces deux livres : The Sociolinguistics of society
(1984) et The Sociolinguistics of Language (1990) que:
En plus, ces deux disciplines peuvent avoir pour objectif de délimiter les
frontières régionales et, par conséquent, les frontières linguistiques qui sont
appelées « isoglosses » (la ligne droite séparant deux aires dialectales). Ces
isoglosses permettent de cartographier les variations linguistiques et de
déterminer les caractéristiques linguistiques spécifiques à chaque région.
9
4 Les tâches de la sociolinguistique
« Aussi comprend-on que Halliday ait pu définir au XIe congrès des linguistes (1972)
15 secteurs dans la sociolinguistique :
1- Macrosociologie du langage et démographie linguistique ;
2- Diglossie, multilinguisme, multidialectalisme ;
3- Planification, développement et standardisation linguistiques ;
4- Phénomènes de pidginisation et de créolisation ;
5- Dialectologie sociale et description des variétés non standard;
6- sociolinguistique et éducation ;
7- éthnographie de la parole ;
8- Registres et répertoires verbaux, passage d'un code à l'autre;
9- Facteurs sociaux du changement phonologique et grammatical;
10- Langage, socialisation et transmission culturelle ;
11- Approches sociolinguistiques du développement linguistique de l'enfant ;
12- Théories fonctionnelles du système linguistique ;
13- relativité linguistique;
14- linguistique ethnométhodologique ;
15- théorie du texte. »
Il s’agit d’étudier comment la variation dans la structure linguistique est liée aux
structures sociales au sein d’une communauté donnée. Ce qui a pour
conséquence immédiate de reconnaitre la diversité linguistique liée aux
différents usages linguistiques dans sa relation avec les interactions complexes
entre le langage et la société.
Ces trois points de vue doivent être considérés dans leur relation dialectique.
Une situation linguistique est nécessairement changeante sous la pression des
phénomènes extra-linguistiques, à savoir politique, idéologique, socio –
économique…
11
5 Concepts clés de la sociolinguistique
Les études de Labov ont conduit selon Christien BAYLON à disjoindre le lien
entre système et homogénéité, et à définir la communauté linguistique « non
plus comme l’ensemble des locuteurs qui parlent de la même manière, mais
comme l’ensemble de ceux qui, malgré la diversité de leurs pratiques, partagent
les mêmes normes et les mêmes jugements » (Baylon, p. 37)
12
- Les membre de cette communauté doivent être liés socialement les uns aux
autres.
Toutefois, La portée de cette définition peut être critiquée pour la simple raison
qu’en pratique, il est difficile de trouver des cas où toutes ces conditions sont
simultanément réunies.
Synthèse
Le principe de base étant qu’« il n’est pas de langue que ses locuteurs ne
manient sous des formes diversifiées », les sociolinguistes « saisissent cette
différenciation en parlant de variétés pour désigner différentes façons de parler,
de variation pour les phénomènes diversifiés en synchronie, et de changement
pour la dynamique en diachronie » (Gadet, 2003, p. 7).
A partir des différentes définitions que nous venons d’exposer, nous pouvons
déduire que le terme « variété » désigne toujours néanmoins un sous–système
linguistique, un code particulier d’un code général, en dépit des considérations
sur lesquelles il repose (considérations strictement géographiques,
considérations à prépondérance idéologique, considérations purement
stylistiques).
5.3 « Norme »
5.3.1 Définitions
Généralement, la norme est considérée comme une « forme de langue basée sur
des critères subjectifs, esthétiques et sociaux ».
14
De plus, « Une norme linguistique est un trait unificateur d’une société : tout le
monde la connaît et sa connaissance permet de distinguer les autochtones des
étrangers » (Baylon, 2008, p.93)
Nous pouvons en déduire donc que ce qui caractérise la norme par rapport aux
autres langues ou variétés en usage dans une communauté linguistique est le fait
qu’elle constitue pour les membres de cette communauté la référence dotée au
niveau de la forme par de règles strictes qui régissent son fonctionnement
internes.
Sur le plan socioculturel et esthétique, cette norme est reconnue d’être l’idéal et
l’emporte ainsi sur les autres variétés linguistiques qui coexistent avec elle au
sein de la même communauté linguistique.
Selon le modèle proposé par Marie-Louise Moreau (1997), il existe cinq types
de normes qui sont distingués en fonction de la pratique perçue par le locuteur
ou autrui, en termes de prescription, de contrôle et de conformité linguistique.
Ces normes jouent un rôle dans la capacité des locuteurs à produire des attitudes
langagières et des jugements évaluatifs dans des contextes spécifiques. Les cinq
types de normes sont les suivants :
15
- Les normes prescriptives proposent un ensemble de normes objectives
comme modèle à suivre, soulignant le "bon usage" de la langue.
a- Arbitraire
Socialement parlant, la « norme » est choisie parmi tous les usages de la langue
qui sont connus corrects. D’après le sociologue Pierre Bourdieu, on s’efforce
toujours de se tenir à distance du commun des locuteurs en adoptant une façon
de parler conforme à celle de la classe sociale qui détient le pouvoir
économique, social et culturelle, c’est- à – dire le respect du « bon usage »
fonctionne comme un marqueur de distinction au sens où l’entend.
b- Stable
Puisque la norme est recommandée par une instance gouvernementale, à
l’exemple de l’Académie française en France, elle est à l’abri de tout
changement, et assure, par conséquent, l’intercompréhension entre les
interlocuteurs.
5.4 « Dialecte »
16
discriminant par rapport à une autre aire géographique (ville, département, île,
oasis, nord, sud…).
Pour toutes les situations qu’il peut caractériser (région, société, ethnie, région,
politique…), le terme de dialecte est toujours chargé idéologiquement.
Exemples :
Synthèse
17
hiérarchisation entre elles sont le résultat de considérations sociales et
d'idéologies sous-jacentes.
5.5.1 Normalisation
18
Une fois codifiée, une langue se trouve matériellement associée à toute
institution sociale, juridique, politique, culturelle et en devient le véhicule le
plus souvent utilisé. Normalisation et pouvoir sont étroitement et intimement
liés : la normalisation dépend objectivement de la nature du pouvoir, de ses
options en matière de politique linguistique. Ces options peuvent être
développées comme suit :
Normalisation / standardisation
D’autre part, il est impératif de faire distinction entre la normalisation et la
standardisation puisque la "normalisation" est définit comme étant le processus
par lequel, au sein d'un espace dialectal, une variété régionale, sociale ou autre
émerge comme un modèle prestigieux auquel les autres pratiques linguistiques
ont tendance à se conformer. En revanche, la "standardisation" serait le
processus méthodique d'imposition d'une variété stabilisée et "grammatisée"
(généralement une variété écrite et formellement décrite) sur un territoire
spécifique, unifié par le biais d'institutions, notamment culturelles et
linguistiques.
5.5.2 Autonomie
19
l'assimilation, l'absorption et la domination, cherche à affirmer sa spécificité et
son autonomie.
5.5.3 Historicité
Afin de s'affirmer et de gagner l'acceptation, une langue doit non seulement être
normalisée et autonome, mais aussi bénéficier d'une justification historique.
Parmi toutes les langues en concurrence au sein d'une communauté linguistique,
celle qui est objectivement prédisposée et candidate à la normalisation est
souvent la langue liée à la tradition nationale historique, plutôt que celle
associée à l'arrivée au pouvoir d'une classe ou d'une alliance de classes.
5.5.4 Vitalité
Une langue est considérée comme vitale quand elle est spontanément employée
par des groupes de locuteurs pour une ou plusieurs fonctions fondamentales.
20
historiquement légitime. Au contraire, si les usagers d’une langue ou d’une
variété sont en nombre restreint, si leur position sociale est surcroît faible, leur
langue ou leur variété ne peut être considérée comme vitale, même si elle l’est
effectivement dans les limites du groupe linguistique qu’ils constituent.
21
5.6Pidjins / Pidjinisation
Un pidgin est donc une forme simplifiée de langue qui se développe comme
moyen de communication entre des groupes de personnes ayant des langues
maternelles différentes. Il émerge généralement dans des situations de contact
linguistique intense, telles que le commerce ou la colonisation. Les pidgins ont
souvent une grammaire simplifiée, un vocabulaire limité et peuvent être utilisés
comme langage de communication entre des groupes linguistiques variés. Un
exemple classique est le "pidgin anglais" qui s'est développé dans le commerce
maritime entre des populations aux langues différentes.
Ils émergent souvent pour répondre à des besoins communicatifs dans des
contextes particuliers (liés à des raisons économiques ou de travail ) où des
personnes de différentes langues se trouvent dans l’obligation de communiquer
ce qui donne naissance à un code simplifié pour assurer les échanges
linguistiques entres ces regroupes ayant des langues maternelles différentes.
22
D’autre part, les membres des groupes sociaux issus des classes défavorisées et
dominés sont souvent confrontés à des barrières linguistiques qui les empêchent
d’accéder à la langue du groupe dominant ce qui favorise l’émergence des
pidgins comme langue simplifiée qui assure la communication entre ces deux
classes sociales différentes.
5.7Créole / Créolisation
23
5.8Multilinguisme /plurilinguisme
« Le mot (ainsi que) décrit le fait qu’une personne ou une communauté soit
multilingue (ou plurilingue), c’est-à-dire qu’elle soit capable de s’exprimer dans
plusieurs langues. […] Comme le montre cette définition, il existe un
multilinguisme individuel et un multilinguisme collectif. Ce dernier peut être
institutionnalisé pour devenir un multilinguisme étatique ». (Olga Anokhina,
p.5).
5.9Bilinguisme et diglossie
5.9.1 Bilinguisme
24
Les nombreuses typologies qui ont été proposées jusqu’à présent pour classer les
différents cas de plurilinguisme ne reposent pas toujours sur des critères
strictement scientifiques. Les chercheurs modifient souvent le terme «
bilinguisme » par une épithète qui renvoie en réalité au point de vue adopté par
les chercheurs. On rencontre ainsi des dénominations telles que « bilinguisme
régional », « bilinguisme culturel », « bilinguisme horizontal » (vs « bilinguisme
vertical »), « bilinguisme symétrique » (vs « bilinguisme asymétrique »).
Deux cas se présentent: l’enfant qui a appris à parler dans deux langues en même
temps (simultanément) dès sa naissance on parle alors de bilingue précoce. Le
bilinguisme précoce est soit simultanée par opposition ou bilinguisme précoce
consécutif c’est-à-dire le cas où l’enfant a acquis deux langues mais de façon
consécutive (suite par exemple à un déménagement dans un pays où une autre
langue domine). s’oppose au bilinguisme tardif où la seconde langue est
apprise après un certain âge (6 ans et plus).
25
Si chacune des deux langues se réfère à une situation culturelle différente, il sera
question de bilinguisme coordonné (deux langues qui renvoient à un univers
culturel distinct, c’est-à-dire deux univers culturels). = (bilinguisme étanche).
Conclusion
Le bilinguisme c’est pratiquer deux langues. Par exemple, une personne qui
parle aussi bien le français que l’anglais dans sa vie quotidienne.
26
Le plurilinguisme regroupe les individus qui communiquent dans des langues
différentes pour différentes activités.
5.10 La diglossie
27
c. L’héritage littéraire : la production littéraire est le plus souvent rédigée en
variété haute. Cette dernière est généralement le support d’une littérature
ancienne et abondante.
d. L’acquisition : Ferguson observe, dans les quatre situations étudiées, que les
enfants acquièrent naturellement la variété basse dans des situations informelles,
notamment au sein de la famille. Cependant, la variété haute n’est apprise que
dans un contexte scolaire à partir de la première année de scolarisation.
La définition de la diglossie reposait pour Ferguson sur les deux critères déjà
cités (apparentement génétique et complémentarité fonctionnelle). Fishman
n’ont retient que le second critère: Il s’agit uniquement de langue haute « HIGH
» et de variété (langue) basse « LOW ». Il considère la diglossie comme un fait
social de nature purement sociolinguistique. Fishman précise que nous avons
quatre possibilités:
28
b. Bilinguisme sans diglossie : ce serait le cas dans les situations de migration
(comme aux Etats- Unis). Les migrants vivent un état de transition : ils doivent
s’intégrer dans la communauté d’accueil avec la langue d’accueil même s’ils
conservent la connaissance et une certaine pratique de la langue d’origine.
Conclusion
29
La description des modalités des contacts linguistiques entre les langues et les
variétés en compétition constitue une voie d’accès au marché linguistique
marocain.
30
6 Situation sociolinguistique au Maroc
Cette situation de multilinguisme a « des effets divers dans des domaines aussi
importants que l’éducation, la formation, l’administration, la culture et
l’économie » et suppose comme enjeu majeur « la gestion rationnelle,
fonctionnelle et équitable de la pluralité des langues ».(Boukous, 2012).
▪ Les variétés dialectales arabes dont une koinè est en émergence, «la darija»
qui sert à la communication à l’échelle du pays […].
▪ L’espagnol qui est peu utilisé et dont des traces subsistent dans le nord et
dans les provinces du sud du pays.
▪ L’anglais n’a pas une grande présence dans le paysage linguistique mais il
commence à être utilisé dans les entreprises multinationales et dans certaines
écoles privées.
31
« La langue arabe » sans adjectif renvoie, de fait, selon Leila Messaoudi, au
niveau codifié appelé communément « arabe classique » et qu’elle désigne par
« arabe standard »
sage au Maroc ainsi qu’à l’apprentissage et la maîtrise des langues les plus
utilisées dans le monde. Ainsi se révèle une nouvelle orientation du Maroc vers
le plurilinguisme.
32
- l’AC (et l’AS): Codifiée, prestigieuse, exclusivement apprise (jamais
acquise) et limitée aux contacts et aux usages (domaines) les plus formels, l’AC
a toutes les caractéristiques d’une variété supérieure ou « HIGH », d’une langue
Cependant, certains auteurs dont, entre autres (Fishman, Calvet et Boukous) ont
dépassé le seul critère de la parenté génétique en étendant la situation
diglossique à toutes les situations de contact de langues où deux langues, et non
pas deux variétés d’une langue, remplissent des fonctions complémentaires.
Quant à l’arabe standard et le français, les deux langues ayant partagé plusieurs
domaines de la vie des marocains, notamment le domaine éducatif, ont contribué
au développement d’un bilinguisme plus ou moins équilibré chez les locuteurs
marocains.
33
amazighophones. Par conséquent, les deux langues vivent naturellement en
situation de diglossie.
Les positions respectives de l’AC et de l’A sont telles qu’il n’y a pratiquement
pas de contact entre les deux codes. Se situant par leurs statuts respectifs aux
deux externes de la hiérarchie et exerçant des fonctions liées pour l’une (AC) au
plus haut degré de formalité et pour l’autre (A) aux usages les plus communs, ils
constituent pour les locuteurs deux pôles non seulement tout à fait distincts, mais
complètement étrangers l’un à l’autre.
L’AC n’en fait appris par les enfants amazighophones de base (les unilingues
(monolingues) ou déjà bilingues à leur scolarisation) dans des conditions assez /
très similaires à celles ou est apprise la langue française, c’est – à - dire comme
une langue seconde (sur les bancs de l’école) et non pas comme une seconde
langue (en milieu naturel, en immersion).
Une chose est certaine : le Maroc a maintenu depuis l’indépendance une option
pratique en faveur du bilinguisme, et la décision prise ces dernières années en
matière d’arabisation ont eu au niveau des compétences et de la formation
scolaire, des conséquences telles qu’elles autorisent une révision totale.
34
7 Proposition méthodologique pour une analyse sociolinguistique :
Fishman
Fishman a mis l’accent sur l’existence d’une diversité linguistique aux Etas-Unis
due aux vagues d’immigrations successives qu’avaient connues le pays. Il a
dressé en 1966 un tableau de la situation linguistique américaine qui comporte
plusieurs langues :
- Les langues des immigrés arrivés en Amérique entre 1880 et 1920 comme
l’italien
35
C- Le troisième niveau concerne les réseaux de relations entre individus qui
peuvent être soit fermés (une seule variété ou une seule langue est admise) ou
ouverts (plusieurs variétés linguistiques coexistent).
D- En dernier lieu on retrouve les types d’interactions qui peuvent être soit
personnels soit transactionnels si les relations entre les interlocuteurs ne sont pas
entièrement ritualisées du point de vue social.
7.1L’acte de parole
Pour Fishman, il faut partir de l’acte de parole, qui est, selon lui, la base de toute
analyse sociolinguistique. Cet acte est défini comme l’unité de base (ou l’unité
minimale) du discours qui peut avoir des dimensions variées, celles d’un énoncé
simple (« il fait beau aujourd’hui ») ou de plusieurs énoncés constituant un
fragment de discours. Les actes de parole (les énoncés ou les dits) et les
événements qu’ils constituent forment la base et le bien de la saisie de la
variation linguistique.
Cette analyse doit reposer, comme explique le même auteur, sur des
enregistrements et des observations directement personnels, et, en dernière
instance, soumettre leurs réactions, leurs commentaires et réflexions pour
vérifier les résultats obtenus.
36
pas faire. La linguistique descriptive n’étudie pas la langue en contexte, mais la
langue abstraite, hors contexte.
- La VL dépend ainsi des positions sociales des locuteurs / auditeurs. Elle est
fonction de ce que Fishman appelle les « relations de rôles » (RR).
Les RR sont déterminées par les droits et les devoirs réciproques entre les
membres d’un même système sociolinguistique et socioculturel (ensemble de
normes et de valeurs qui engendre des comportements codifiés, y compris le
comportement linguistique). La RR impose au locuteur de choisir parmi toutes
les variétés disponibles de son répertoire verbal, la variété opportune, et la
variété choisie permet inversement de préciser la RR entre locuteurs / auditeurs
(variété –RR) À une RR donnée peut correspondre le silence (qui peut être dû à
la peur, à la crainte…). Toute RR est fondée sur l’ensemble des droits et
obligations, qui fonde la RR entre locuteur et auditeur, et qui est issu d’un
système socioculturel.
Le passage d’une variété (A) à une variété (B) peut concerner plusieurs RR à la
fois.
D’autre part, entre deux protagonistes donnés, plusieurs RR sont possibles, alors
qu’entre deux autres n’est possible qu’une seule RR déterminée. C’est donc là
37
un argument sûr en faveur de la RÉGULARITÉ et de la SYSTÉMATICITÉ de
la VL au sein d’une CL.
Cette seconde situation où la RR est unique peut être illustrée par la relation du
roi à des sujets : c’est une RR unique et déterminée de façon stricte. C’est une
RR exclusivement TRANSACTIONNELLE parce qu’elle est régie par des lois
protocolaires strictes.
Dans toute CL, les actes de parole et les événements qui les accompagnent sont
répartis sur les RR personnelles et transactionnelles définies dans le cadre
socioculturel de la CL en question.
La relation dialectique entre niveau linguistique et niveau social est ainsi posée :
tout comportement linguistique de tout locuteur est aussi un comportement
social.
La langue est investie dans un acte de parole, qui est déterminé par un type de
contact transactionnel et / ou personnel qui, lui, est déterminé par une RR.
Tels sont les premiers éléments du schéma théorique de Fishman (acte de parole
et RR trans. ou / et pers.) et telle est leur articulation.
38
Fishman, pour compléter ce schéma théorique, introduit un autre concept, celui
de la situation sociale (SS). Une SS, selon Fishman, est comportée de :
La RR est le rapport socialisé qui domine et prépare les questions : Qui parle à
qui ? Quand ? Où ?
Si la RR est décisive pour l’analyse d’un acte de parole (qui parle à qui ?), si elle
définit les autres termes (temps et espace), elle se trouve elle-même définie,
précisée par eux. C’est ce qui explique les interférences entre concepts.
EXEMPLES
• SSO : un prof et un étudiant en salle de cours à une heure prévue par l’emploi
du temps.
39
Les SSO sont les plus courantes, les SSINO sont exceptionnelles.
Comme nous l’avons déjà signalé dans une brève remarque, SS et RR risquent
d’interférer et de créer une certaine confusion.
Parmi les éléments qui comportent la SS, le temps et l’espace ont sûrement un
rôle important quant à l’analyse de l’acte de parole, quant à son degré
d’adéquation au réel social, mais ils sont non seulement variables, mais surtout
gouvernés et dominés par les comportements des locuteurs / auditeurs
directement issus des RR. C’est donc la RR, élément premier et constant, qui
constitue l’élément central.
EXEMPLE DE FISHMAN :
40
→ Professeur(s) ; Doyen → étudiant(s)
Seul le domaine religieux, dans ce qu’il a de formel, utilise une seule langue
(l’AC).
41
Bibliographie
42
Table des matières
Introduction ..................................................................................................................................... 3
Synthèse : ......................................................................................................................................... 5
Synthèse ......................................................................................................................................... 17
43
5.10.3 La diglossie pour Fishman ........................................................................................... 28
Bibliographie .................................................................................................................................. 42
44