Chimie Des Solutions
Chimie Des Solutions
Chimie Des Solutions
L
es auteurs proposent une approche rigoureuse et progressive de la chimie des solutions, en
prenant soin de justifier chaque étape et de fournir les outils de résolution approchée et exacte.
La chimie des solutions est une discipline fondamentale dans l’apprentissage de la chimie.
Elle constitue généralement une première approche aux problématiques d’équilibres chimiques
et leurs applications intéressent toute sorte de domaines, depuis la chimie analytique jusqu’à
la géochimie en passant par l’industrie chimique, la biologie, etc. Cet ouvrage s’adresse aux
Chimie
des solutions
étudiants du supérieur, aux enseignants et aux chercheurs désireux d’acquérir de solides bases
dans ce domaine.
ISBN : 978-2-8073-2305-6
Physique
aslanGul C., Mécanique quantique 1. Fondements et premières applications. 3e éd.
aslanGul C., Mécanique quantique 2. Développements et applications à basse énergie.
4e éd.
aslanGul C., Mécanique quantique 3. Corrigés détaillés et commentés des exercices et
problèmes. 2e éd.
beCherrawy t., Optique géométrique
biÉMont É., Spectroscopie atomique. Instrumentation et structures atomiques
biÉMont É., Spectroscopie moléculaire. Structures moléculaires et analyse spectrale
ChaMPeau r.-J., CarPentier r., lorGerÉ i., Ondes lumineuses. Propagation, optique
de Fourier, cohérence
Mayet F., Physique nucléaire appliquée
rieutorD M., Une introduction à la dynamique des fluides
taillet r., Optique physique. Propagation de la lumière. 2e éd.
watsKy a., Thermodynamique macroscopique
Marc Blétry et Marc Presset
Dépôt légal :
Bibliothèque Nationale, Paris : février 2019 ISBN : 978-2-8073-2305-6
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2019/13647/026
Préambule
Ce livre, comme tous les livres, a une histoire et des objectifs. L’histoire commence quand
l’un des deux auteurs (Marc) a reçu la charge de créer un module de chimie des solutions
pour la deuxième année de licence de chimie. Cet exercice a provoqué la rédaction de ce
qui devait constituer un simple polycopié mais dont la taille a rapidement dépassé ce qui
était concevable pour un « poly ». Par ailleurs, les questions des étudiants telles que « quel
livre peut-on trouver pour travailler le cours ? » 1 ont amené une conclusion : il n’existait
pas d’ouvrage qui prenait exactement la même approche que nous, malgré le très grand
nombre de sources disponibles (souvent excellentes par ailleurs). Une frustration s’en est
suivie qui a conduit à l’idée d’écrire nous-mêmes le livre que nous aurions voulu pouvoir
recommander à nos étudiants.
Ce qui nous conduit aux objectifs. Ce livre veut relever le défi délicat de prendre la
question de la chimie des solutions depuis une initiation de base jusqu’à des aspects
modernes rarement trouvés dans les livres de cours, en proposant exemples et exercices
pour assimiler au mieux toutes ces notions.
La première partie présente les concepts élémentaires (rappels/résumé de thermody-
namique, premier chapitre) et les méthodes de résolution ainsi que certaines généralités
sur les solutions (deuxième chapitre).
Puis la deuxième partie introduit tous les types d’équilibres qui constituent le cœur
de la discipline : questions de solubilité et de précipitation (chapitre 3), équilibres acido-
basiques (chapitre 4), complexation (chapitre 5), oxydo-réduction (chapitre 6) et inter-
actions de tous ces équilibres entre eux (chapitre 7). L’angle adopté est de présenter de
manière aussi systématique que possible les concepts clefs et les méthodes de calcul qui
peuvent être mises en œuvre (résolution exacte, approchée, méthode des réactions pré-
pondérantes) pour permettre l’assimilation de chacune d’entre elles. Nous avons fait le
choix d’introduire l’outil du calcul numérique via un logiciel libre : Scilab. Des exemples
de résolution sous Scilab sont donnés tout au long de cette partie pour permettre au
lecteur l’apprentissage de ces techniques, qui seront approfondies plus loin.
La troisième partie concerne la question des dosages, là encore dans une démarche aussi
systématique que possible, en commençant par des considérations générales (chapitre 8)
puis en abordant la modélisation des titrages (chapitre 9), les dosages conductimétriques
et spectrophotométriques (chapitre 10) et l’exploitation des résultats (chapitre 11).
1. Nous ne nous répandrons pas en hypothèses sur la nécessité d’un livre pour compléter les cours
que nous donnons par ailleurs, il existe plusieurs réponses possibles, vexantes pour l’enseignant, critique
ou laudative pour l’étudiant... à chacun de se faire son idée !
v
Préambule
Enfin, la quatrième partie propose une première approche d’aspects plus avancés. On
commence par une initiation aux techniques de modélisation numérique des équilibres
en solution idéale en utilisant toujours Scilab (chapitre 12) puis on examine la question
des solutions non idéales, en incluant quelques modèles très récents mais d’usage rai-
sonnablement simple. Le chapitre 13 est l’occasion d’étudier la question de la résolution
numérique des équilibres dans le cadre des solutions non idéales et le dernier chapitre
aborde la question de la chimie des solutions non aqueuses.
En annexe on trouvera, outre un index et des références bibliographiques, un ensemble
de données utiles au chimiste (tableaux de constantes, principalement), une très brève
présentation de Scilab, y compris des éléments de programmation, et les corrigés et
réponses à certains exercices, qui peuvent être complétés par un document supplémentaire
disponible sur internet.
Cet ouvrage pourra constituer un compagnon dans les licences et masters scientifiques
qui s’intéressent de près ou de loin à la chimie, ainsi que pour les étudiants en classe
préparatoire des séries scientifiques ou préparant les concours d’enseignement (CAPES,
agrégation), leurs enseignants, ou encore pour les chercheurs, professionnels voire les
curieux désireux de s’initier à la chimie des solutions.
Et il n’est pas à exclure – on peut même l’espérer – que le lecteur entre dans plusieurs
de ces catégories. Notamment celle des curieux. Car en quoi la chimie des solutions peut-
elle être vue comme intéressante ? Suivant la tournure d’esprit de chacun, on pourra y
trouver l’occasion de jeux formels plus ou moins compliqués, ou bien celle d’apprendre
des considérations fondamentales pour la mise en œuvre d’appareillages et de techniques
rencontrés dans les laboratoires, ou encore la découverte d’une discipline qui touche
à des questions aussi diverses que la géochimie, le vivant, la chimie industrielle, les
questions d’endommagement des matériaux par corrosion, le domaine médical et tant
et plus encore de questions variées. Enfin, la chimie des solutions est une discipline à
part entière, qui pose encore nombre de questions de tous ordres, expérimentales comme
théoriques, fondamentales comme appliquées, et qui ne sauraient être abordées sans une
solide initiation. C’est ce que nous espérons vous offrir ici...
Pour finir, nous voudrions remercier tous nos collègues et étudiants qui nous ont permis
d’en arriver à la rédaction de cet ouvrage, et tout particulièrement le Pr Ivan Guillot
qui a lancé Marc (celui du début) sur la trajectoire aboutissant ici et fourni la matière
de quelques exercices, ainsi que nos proches, qui ont supporté le temps passé à l’écriture,
aux corrections, aux relectures, et autres calculs interminables...
vi
Table des matières
Préambule v
I Aspects fondamentaux 1
1 Rappels de thermochimie 3
1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Premier principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Deuxième principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Enthalpie libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Équilibre et évolution d’un système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6 Retour sur ce qui vient d’être dit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
II Équilibres 43
3 Équilibres de solubilisation 45
3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2 Aspect thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3 Calculs de solubilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.4 Gaz et solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
4 Équilibres acide-base 55
4.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2 Aspect thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3 Espèces fortes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.4 Espèces faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.5 Mélanges d’acides et de bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.6 Solutions tampon et pseudo tampons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
vii
Table des matières
Annexes 401
Bibliographie 461
Index 465
x
I
Aspects fondamentaux
Cette première partie veut tout d’abord poser les bases thermodyna-
miques des équilibres chimiques. Il ne s’agit pas, en l’occurrence, de
proposer un traitement complet de la thermodynamique chimique mais
d’en rappeler les éléments nécessaires à la compréhension des équilibres
chimiques, principalement par la loi d’action de masse et les relations
qui permettent de combiner différents équilibres chimiques entre eux.
Dans un deuxième chapitre, des généralités sur les réactions chimiques
et les solutions sont introduites : nous examinons notamment ce que
sont les réactions totales et les réactions équilibrées, ainsi que le sens de
déplacement d’un équilibre, nous discutons la loi de dilution d’Ostwald,
etc. Puis nous abordons les techniques fondamentales de calcul des
équilibres qui seront utilisées dans tous les chapitres suivants. Ces ou-
tils étant appelés à être ultérieurement appliqués à l’envi, nous n’avons
pas jugé nécessaire de proposer d’exercice à ce stade : ils ne manque-
ront pas dans ce qui suivra, pour votre plus grand régal, sûrement.
1
1
Rappels de thermochimie
Pour rappeler au lecteur trop pressé ce qui a été dit dans l’introduction à cette partie, le
présent ouvrage étant avant tout tourné vers le calcul des équilibres en solution aqueuse,
cette section se contentera des rappels élémentaires de thermochimie nécessaires à la
compréhension des équilibres et de leurs combinaisons.
Le lecteur vraiment pressé pourra même se contenter de lire la section 1.6 qui contient
les éléments essentiels à avoir en tête pour la suite. Mais pourquoi se priver d’une petite
tranche de thermodynamique quand elle vous est offerte ?
1.1 Définitions
1. Ils se trouvent que les sodas dits « sans sucre » contiennent eux des édulcorants, soit des sucres
que le corps humains n’assimile pas, mais qui peuvent nuire à la santé. De façon générale, les sodas, au
même titre qu’une autre catégorie de boisson, devraient être consommés avec modération. Rien ne vaut
l’eau. Et encore, il faut savoir laquelle... mais nous en rediscuterons plus loin.
3
Chapitre 1 Rappels de thermochimie
Les variables d’état intensives, elles, ne dépendent pas de la taille du système. Par
exemple, la température : 1 L d’eau à 20 °C ajouté à 1 L d’eau à 20 °C produira 2 L à
20 °C. Parmi les grandeurs intensives les plus rencontrées en chimie, on compte :
– la température, T , dont les unités peuvent être le Kelvin (K) ou les degrés Celsius
(°C), avec 0 K = -273,15 °C.
– la concentration :
• concentration molaire, notée ci ou [i] pour une espèce i, vaut ci = ni /V ,
avec ni le nombre de moles d’espèce i contenu dans un volume V de solution.
Son unité est généralement mol/L ;
• concentration massique m/V , avec m la masse d’espèce i et V le volume
de solution, dont l’unité est généralement g/L ;
• concentration molale, notée mi pour une espèce i (attention au risque de
confusion avec la masse d’une espèce i !), vaut mi = ni /M avec ni le nombre de
mol d’espèce i et M la masse deP solvant. Son unité est généralement mol/kg ;
• fraction molaire, xi = ni /( j nj ), où le nombre de moles d’une espèce i
est divisé par le nombre de mole total de toutes les espèces, solvant et soluté
inclus ; cette grandeur est sans unité.
– la pression (rapport d’une force sur la surface sur laquelle elle s’exerce) dont l’unité
SI est le pascal, noté Pa (1P a = 1N/m2 ), mais on utilisera aussi souvent le bar
(1 bar = 105 Pa).
On peut noter que les variables intensives, comme les concentrations ou la pression, par
exemple, peuvent être le rapport de variables extensives.
Le passage d’une unité à l’autre peut nécessiter de connaître la densité d, sans unité,
de la solution. Elle s’écrit :
P
ns Ms + solutés nj Mj 1
d=
V ρeau
avec ns le nombre de mole de solvant, Ms la masse molaire du solvant, nj le nombre
de mol de soluté j et Mj sa masse molaire, V , le volume de solution et ρeau , la masse
volumique de l’eau.
Remarque
4
1.1 Définitions
1.1.4 Transformation
Une transformation est le passage d’un état initial à un état final, ce qui s’ac-
compagne d’une évolution d’une ou de plusieurs variables d’état. On distingue certaines
transformations spéciales : isochores (à volume constant), isobares (à pression constante),
isothermes (à température constante), adiabatique (à chaleur constante).
M + 2L ML2
où les différentes espèces sont précédées de leur coefficient stœchiométrique 2 (ici, 2
dans le cas de l’espèce L et 1, qui est systématiquement omis) dans le cas des espèces M
et ML2 ). Les coefficients stœchiométriques représentent la proportion dans laquelle les
réactifs doivent se combiner pour aboutir à une proportion correspondante de produits.
On peut aussi noter toute réaction chimique de manière condensée :
X
νi Ai = 0
i
où les νi sont les coefficients stœchiométriques algébriques (négatifs pour les réactifs
et positifs pour les produits), des espèces chimiques Ai .
Le degré d’avancement 3 , ξ, s’écrit :
ni (t) − ni (t = 0) dni
ξ= ou dξ =
νi νi
où ni (t) est le nombre de moles de l’espèce considérée à l’instant t, ni (t = 0) est le nombre
de moles de la même espèce à l’instant initial et νi , son coefficient stœchiométrique
algébrique. Ainsi, à l’instant initial ξ = 0. Puis, pour une réaction « allant vers la droite »,
ξ(t > 0) > 0 et pour une réaction « allant vers la gauche », ξ(t > 0) < 0.
Lorsque l’on verse du sucre dans un verre d’eau, une fois que tout le sucre est dissous
(réaction de dissolution), le système ne se trouve pas encore à l’équilibre : il faut
encore que la concentration en sucre (ou plus exactement son potentiel chimique)
prenne la même valeur dans tout le verre pour que l’état d’équilibre soit atteint.
Naturellement, cet état sera atteint par diffusion du sucre mais face à la lenteur
de ce mécanisme, le buveur de café va accélérer la mise en équilibre de sa tasse en
agitant la solution et en faisant ainsi appelle au phénomène de convection. Pensez-y
quand vous sucrez vos boissons...
1.1.7 Énergie
Lors de transformations chimiques, l’énergie – qui est une grandeur extensive – peut
prendre plusieurs formes : énergie mécanique, énergie thermique, énergie de changement
d’état, énergie électrique, ... Par convention, on prendra comme référence le système
6
1.1 Définitions
Associée à un changement d’état Lors de la transition de phase d’un corps pur, l’énergie
amenée au système ou émise par le système n’est pas associée à une variation de tem-
pérature mais à un changement d’ordre au niveau microscopique. La variation d’énergie
est en fait lié au gel ou au dégel de degrés de liberté atomiques ou moléculaires. De ce
fait, les changements d’état sont associés à une chaleur latente, notée L en J/mol ou
J/g, et la variation d’énergie associée à une telle transition est donnée par :
Q = mL ou Q = nL
7
Chapitre 1 Rappels de thermochimie
1.2.3 Enthalpie
L’enthalpie, notée H, est définie par :
H = U + PV
H est une fonction d’état puisqu’elle est la somme d’une fonction d’état (U ) et d’un pro-
duit de variables d’état (P V ). Elle représente l’énergie totale d’un système thermodyna-
mique, à savoir son énergie interne plus le travail à exercer contre la pression extérieure
pour que le système conserve son volume. Faisant intervenir l’énergie interne, l’enthalpie
ne peut pas être mesurée absolument et seules ses variations pourront être connues. Une
échelle relative peut être connue, en en fixant arbitrairement le zéro. Il vient :
dH = dU + d(P V ) = −P dV + dQ + P dV + V dP = dQ + V dP
8
1.2 Premier principe
1.2.4.a Définition
Considérons une réaction chimique totale (c’est-à-dire que les réactifs A et B sont tota-
lement consommés pour se transformer en produit C) dans un système fermé qui s’écrit :
A+B→C (1.1)
En règle générale, les réactions chimiques ne se font pas à chaleur constante mais sont ac-
compagnées d’un dégagement ou d’une absorption de chaleur appelée chaleur de réaction
Qr . En condition isobare on aura :
∂H
Qr = ∆r H = (1.2)
∂ξ T,P
et en condition isochore :
Qr = ∆r U (1.3)
Pour une réaction qui n’implique pas de phase gazeuse, ∆r H ≈ ∆r U .
Une réaction qui dégage de la chaleur (Qr < 0) est appelée exothermique, une
réaction qui absorbe de la chaleur (Qr > 0) est appelée endothermique. L’inversion
de sens d’une réaction provoquera donc un changement de signe de Qr . Cette règle sera
importante pour la manipulation et la combinaison des réactions chimiques.
Considérons deux réactions, l’une en une étape, et l’autre en deux étapes. La première
réaction s’écrit :
A→C (1.4)
et sa variation d’enthalpie vaut ∆r H1 .
La deuxième réaction est en deux étapes et s’écrit :
A→B→C (1.5)
et deux enthalpies de réaction associées, respectivement : ∆r H2a et ∆r H2b . L’enthalpie
étant une fonction d’état, on a nécessairement :
∆r H1 = ∆r H2a + ∆r H2b
Les enthalpies de réaction sont additives, ce qui constitue la loi de Hess. En outre,
l’enthalpie étant une grandeur extensive, en considérant une troisième réaction d’enthal-
pie ∆r H3 :
2A → 2C (1.6)
on doit avoir ∆r H3 = 2∆r H1 .
Ces règles permettront le calcul d’enthalpies de réaction pour des réactions difficile ou
impossible à déterminer directement. On définit notamment certaines enthalpies particu-
9
Chapitre 1 Rappels de thermochimie
1.3.2 Entropie
Inventé par Clausius, le mot entropie vient du mot grec τ ρoπη signifiant transforma-
tion. L’entropie est une fonction d’état extensive qui mesure la quantité totale d’énergie
thermique qui ne peut pas être utilisée pour un travail mécanique. Une autre façon de
la présenter est de la voir comme une mesure de l’ordre – ou plutôt du désordre – dans
un système. L’objet de cet ouvrage n’est pas la thermodynamique et nous n’irons pas
plus loin dans l’examen de la nature profonde de l’entropie, qui est discutée abondam-
ment dans nombre d’ouvrages de thermodynamique ou de physique statistique pour tout
lecteur curieux d’en savoir plus 4 ...
Au cours d’une transformation, la variation d’entropie s’écrit comme la somme d’un
terme d’échange et d’un terme de création d’entropie, suivant :
∆S = Séchange + Scréée
L’unité de l’entropie est J/mol/K.
10
1.4 Enthalpie libre
1.4.1 Définition
Nous disposons à présent des deux ingrédients pour prévoir la spontanéité des réactions
chimiques : l’enthalpie et l’entropie. Ce qui sera favorable à la spontanéité d’une réaction,
d’un point de vue enthalpique, est une diminution de l’énergie du système (tout à fait
comme une bille descend une pente en minimisant son énergie potentielle). Il est donc fa-
vorable d’avoir ∆r H 0 < 0. À l’inverse, d’un point de vue entropique, ce qui est favorable
est une augmentation du désordre, c’est-à-dire qu’il sera favorable d’avoir ∆r S 0 > 0.
Gibbs 5 , dans les années 1870 [Gibbs, 1873, Gibbs, 1878], a proposé de créer une fonc-
tion d’état, l’enthalpie libre, notée G, qui combine ces deux grandeurs :
G = H − TS
Toutefois, si G est une fonction d’état, elle souffre de la même impossibilité de mesure
absolue que H et seule sa variation sera accessible, si bien que G devra être définie par
rapport à un état de référence. Ainsi, pour une réaction isotherme :
∆r G = ∆r H − T ∆ r S
Grossièrement, appliquée à une réaction, cette fonction revient à comparer la part
enthalpique et la part entropique. Selon ce que nous avons dit ci-dessus à propos de ∆H
et ∆S, on devine qu’une réaction sera spontanément possible si ∆r G < 0.
G est une grandeur extensive et se combinera de façon similaire à H et S dans le cas
des réactions chimiques.
11
MARC BLÉTRY • MARC PRESSET
MARC BLÉTRY • MARC PRESSET
Chimie des solutions
L
es auteurs proposent une approche rigoureuse et progressive de la chimie des solutions, en
prenant soin de justifier chaque étape et de fournir les outils de résolution approchée et exacte.
La chimie des solutions est une discipline fondamentale dans l’apprentissage de la chimie.
Elle constitue généralement une première approche aux problématiques d’équilibres chimiques
et leurs applications intéressent toute sorte de domaines, depuis la chimie analytique jusqu’à
la géochimie en passant par l’industrie chimique, la biologie, etc. Cet ouvrage s’adresse aux
Chimie
des solutions
étudiants du supérieur, aux enseignants et aux chercheurs désireux d’acquérir de solides bases
dans ce domaine.
ISBN : 978-2-8073-2305-6