Chimie Organique
Chimie Organique
Chimie Organique
CHRISTIAN BELLEC
Chimie organique
R
édigé à l’attention des étudiants en deuxième et troisième année de Licence de chimie
et des candidats au CAPES de physique-chimie, cet ouvrage couvre l’ensemble du pro-
gramme de chimie organique.
Chimie
Constitué d’un cours complet et d’exercices intégralement corrigés, chaque chapitre aborde
2
une fonction particulière, formant un corpus indispensable à l’étudiant pour réussir son année. e
édition
Cette nouvelle édition accroît sensiblement le nombre d’exercices proposés – particulièrement
ceux de niveau L3 – et intègre également des questions de chimie organique issues de sujets du
organique
Sommaire
Chimie organique
1. Généralités 7. Dérivés halogénés : R-X
2. Effets électroniques 8. Alcool : R-O-H
3. Stéréochimie 9. Amines
4. Alcènes et époxydes – Alcynes 10. Aldéhydes – Cétones et dérivés
5. Benzène et composés aromatiques – Arènes 11. Acides carboxyliques et dérivés
6. Diènes conjugués Épreuves corrigées du CAPES externe
de physique-chimie
HIMIE
Christian Bellec est docteur ès sciences. LICENCE 2 & 3 C
E-CHIMIE
CAPES PHYSIQU
LES PLUS Universitaire, enseignant-chercheur en chimie,
ses travaux se sont partagés entre le domaine
p Notions de base et fondamentaux de la synthèse organique et celui de l’électro-
p Plus de 100 exercices d’application chimie. Il est l’auteur de nombreux manuels de
intégralement corrigés et classés référence en chimie.
par niveaux
p Questions de chimie organique
issues de sujets récents posés au
CAPES de physique-chimie • Cours complet
• Exercices et sujets de concours
• Tous les corrigés détaillés
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ISBN : 978-2-8073-1317-0
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Chimie
organique
Physique
Aslangul C., Mécanique quantique. 1. Fondements et premières applications. 2e éd.
Aslangul C., Mécanique quantique. 2. Développements et applications à basse énergie. 3e éd.
Aslangul C., Mécanique quantique. 3. Corrigés détaillés et commentés des exercices et problèmes. 2e éd.
Basdevant J.-L., Introduction à la physique quantique. 2e éd.
Basdevant J.-L., La physique quantique et ses applications
Basdevant J.-L., 12 leçons de mécanique quantique
Basdevant J.-L., Les principes variationnels en physique. 3e éd.
Bécherrawy T., Optique géométrique
Biemont É., Spectroscopie atomique. Instrumentation et structures atomiques
Biemont É., Spectroscopie moléculaire. Structures moléculaires et analyse spectrale
Cérruti C., Physique. Les fondamentaux en Licence 1
Champeau R.-J., Carpentier R., Lorgeré I., Ondes lumineuses. Propagation, optique de Fourier, cohérence
Fruchart M., Lidon P., Thibierge E., Champion M., Le Diffon A., Physique expérimentale. Optique, mécanique
des fluides, ondes et thermodynamique
Galtier S., Magnétohydrodynamique. Des plasmas de laboratoire à l’astrophysique
Godet-Lartigaud J.-L., Introduction à la thermodynamique
Krivine H., Treiner J., Exercices et problèmes de physique statistique
Langlois D., Introduction à la relativité. Principes fondamentaux et conséquences physiques
Langlois D., Relativité générale. Concepts élémentaires et applications astrophysiques
Mayet F., Physique nucléaire appliquée. 2e éd.
Rax J.-M., Électromagnétisme. Milieux, structures, énergie
Rieutord M., Une introduction à la dynamique des fluides
Sator N., Pavloff N., Physique statistique
Taillet R., Optique physique. Propagation de la lumière. 2e éd.
Watzky A., Thermodynamique macroscopique
Chimie
organique
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Dépôt légal :
Bibliothèque royale de Belgique : 2017/13647/101
Bibliothèque nationale, Paris : juin 2017
ISBN : 978-2-8073-1317-0
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Chapitre 1. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1. Notions de fonction chimique et de groupe fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2. Nécessité de quelques rappels de chimie physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3. Les différents modèles atomiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4. Les quatre nombres quantiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
5. Formes des orbitales atomiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
6. La méthode V.S.E.P.R ou méthode de Gillespie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
7. La théorie de l’hybridation des orbitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
7-1. Hybridation sp3 du carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
7-2. Hybridation sp2 du carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
7-3. Hybridation sp du carbone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Chapitre 3. Stéréochimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1. Notion d’isomères et d’isomérie : généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2. Les différentes représentations conventionnelles des molécules. . . . . . . . . . . . . . . 41
2-1. La représentation de CRAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2-2. La représentation de NEWMAN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2-3. La représentation de FISCHER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3. Notion de chiralité – Pouvoir rotatoire – Énantiomères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4. Les règles de priorité de Cahn-Ingold-Prélog (C.I.P). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5. Notion de configuration absolue d’un carbone asymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
5-1. Descripteur R, S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
5-2. Représentation de Fischer et configurations absolues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 375
sûr, chaque université ayant son autonomie, on observera sans doute, ici ou là, une certaine
variabilité par rapport à ce classement. Les exercices sont repérés par deux chiffres ; par exem-
ple 8-5 désigne l’exercice no 5 du chapitre 8.
Je voudrais renouveler à Alain Luguet, qui m’a fait à nouveau pleinement confiance lorsque
je lui ai soumis ce projet, ainsi qu’à Aurélie Farfarana, mes sincères remerciements. Merci
également à Muriel et Sophie, de la société SCM, qui ont fourni un gros travail de remise en
forme à l’occasion de cette seconde édition.
chauffage
Ac acétyle – COCH3
Ar phényle mono ou polysubstitué (tout groupement aromatique)
Bn benzyle – CH2C6H5
cat. catalyseur
CCM chromatographie sur couche mince
DHP dihydropyranne
DIBAL hydrure de diisobutylaluminium
DMF N,N-diméthylformamide
Dans l’infinité des substances chimiques naturelles ou synthétisées chaque jour par l’homme,
on peut repérer des analogies récurrentes concernant leurs propriétés physiques et chimiques.
Celles-ci sont dues à la présence de certains atomes ou groupes d’atomes particuliers, qui sont
responsables de ces propriétés spécifiques : ce sont des fonctions chimiques propres à la
molécule.
Les molécules ont donc été classées en grandes fonctions, définies par la présence d’atomes
ou de groupes d’atomes liés à leurs propriétés. Ceux-ci sont appelés groupes ou groupements
fonctionnels de la molécule en question.
Ainsi, le but de ce cours est de définir et d’étudier les grandes caractéristiques et les princi-
pales propriétés des fonctions chimiques simples les plus courantes rencontrées dans le domaine
de la Chimie Organique qui sont aussi celles de la chimie du vivant, c’est-à-dire de la Biochi-
mie. Ces principales fonctions sont recensées dans le tableau de la page suivante qui regroupe
leur nom, leur formule générale et leur appellation dans la nomenclature officielle utilisée
internationalement.
Les composés de la chimie organique possèdent essentiellement quatre types d’atomes :
carbone, hydrogène, oxygène et azote (C, H, O et N). Mais à ces éléments les plus importants
car les plus courants, viennent se joindre souvent des métalloïdes comme les halogènes – élé-
ments de la 7e colonne du tableau périodique simplifié – Cl, Br, I, du soufre S, du phosphore P,
plus rarement de l’arsenic As et enfin des métaux alcalins : Na, Li, alcalino-terreux Mg ou de
transition : Zn, Cd, Pb, Sn ou encore du silicium.
Mais avant d’aborder, sous forme de monographies, l’étude de chaque fonction chimique
particulière, il est nécessaire, voire impératif, afin de bien comprendre la structure et la réactivité
de la plupart des composés organiques, de connaître et de maîtriser un certain nombre de notions
de base sur la structure atomique, la nature et le mode de formation des liaisons chimiques
s’établissant entre atomes de nature identique ou différente.
R H alcane ...ane
alcène ...ène
R O H alcool ...ol
R C H aldéhyde ...al
O
R C NH R' amide
R C Cl chlorure d'acyle
(d'acide)
O
O O
Tableau des principales fonctions de la chimie organique
Certains concepts comme celui d’électronégativité d’un atome, de polarisation d’une liaison
ou du caractère ionique d’une liaison covalente, sont incontournables si l’on veut comprendre
la notion d’espèce électrophile et nucléophile et appréhender de façon rationnelle et logique la
réactivité d’une fonction chimique particulière. Ces notions ainsi que le sens de déplacement
des électrons lors de la formation d’une liaison, seront rappelés dans le Chapitre 2 traitant des
« Effets électroniques ».
Il nous a paru nécessaire également de rappeler ici très sommairement les grandes lignes
des théories atomiques qui historiquement ont aboutit à la version la plus moderne : celle de la
théorie quantique, conduisant à la notion d’orbitale atomique. Ainsi a-t-on expliqué la forma-
tion des liaisons par recouvrement ou fusion de ces domaines de probabilité de présence de
chaque électron engagé dans la liaison pour former des orbitales moléculaires, zone de proba-
bilité maximale de présence du doublet de liaison.
Après avoir rappelé la nature et la forme de ces orbitales, nous évoquerons comment leur
traitement mathématique permet, grâce à la méthode de l’hybridation, de rendre compte des
trois grands types de géométrie possibles pour l’atome de carbone : tétraédrique, triangulaire
(angles de 120°) – donc plane – et linéaire, correspondant respectivement aux hybridations sp3,
sp2 et sp.
Nous reviendrons aussi, de manière succincte, sur la méthode de Gillespie ou théorie
V.S.E.P.R qui permet de façon simple et rapide de prévoir, par un simple décompte des doublets
liants et non-liants entourant un atome, la géométrie de l’édifice polyatomique d’une molécule
ou d’un ion donné(e).
La théorie la plus récente concernant le modèle atomique, initiée entre autres par Albert
Einstein et Louis de Broglie, associe à toute particule matérielle (et donc à l’électron) de masse
m, animée d’une vitesse v, une onde de longueur d’onde :
λ= h
mv
dans laquelle h est une constante nommée constante de Planck.
Cette particule matérielle possède une énergie E telle que : E = mc2 (relation d’Einstein)
dans laquelle c est la vitesse de la lumière.
Les fondements de cette théorie associent à toute particule matérielle, donc à l’électron,
une fonction d’onde ψ : ψ(x,y,z). Cette fonction n’a pas de signification physique concrète.
Seul son carré ψ2(x,y,z).dv représente la densité de probabilité dP de trouver la particule
dans un volume dv de l’espace, autour d’un point donné, à un instant donné.
Cette nouvelle théorie physique qui a révolutionné toute la science du début du 20e siècle,
la mécanique quantique, est basée sur la résolution d’une équation complexe, l’équation de
Schrödinger, équation que l’on ne sait résoudre exactement que dans le cas de l’atome d’hydro-
gène, atome le plus simple de la classification périodique.
Pour tous les autres atomes, on ne sait trouver que des solutions approchées.
Cette équation se traduit sous forme de l’expression mathématique suivante :
(
ħ δ 2 ψ δ2 ψ δ2 ψ
+ +
2m δx2 δy2 δz2 )
+ V(x, y, z) = Eψ
dans laquelle V est l’énergie potentielle de la particule et m sa masse. E est son énergie
totale et la constante ħ est égale à h/2π.
Cette mécanique quantique se différencie fondamentalement de la mécanique classique
(Newtonienne) qui, bien qu’ayant fait ses preuves depuis près de trois siècles à notre « échelle
humaine », ne se révélait manifestement plus adaptée à l’échelle de l’infiniment petit qu’est le
règne atomique.
La différence majeure est que le déterminisme n’est plus absolu en ce sens que l’on ne peut
connaître de façon précise à la fois vitesse et position exacte d’une particule.
Quand on connaît bien son énergie (par exemple sa quantité de mouvement mv) on en est
réduit à ne pouvoir calculer que des probabilités de présence de cette particule en chaque point
de l’espace. Ce principe est connu sous le nom de principe d’incertitude d’Heisenberg.
Autre point capital, les grandeurs physiques associées à la particule et tout particulièrement
son énergie ne peuvent s’échanger que par quantités bien définies nommées quanta (d’où le
nom de mécanique quantique…) ceci attesté par de nombreuses expériences de spectroscopie.
L’énergie de l’atome ne peut donc varier que de manière discontinue (on dit parfois aussi « dis-
crète »).
Lors de la résolution de l’équation de Schrödinger, apparaissent trois paramètres qui sont des
nombres entiers nommés : n, l et m, et qui ne peuvent prendre que certaines valeurs, contrainte
nécessaire si l’on veut que les solutions de l’équation aient une signification physique concrète
(probabilité = 1 de trouver la particule dans tout l’espace, par exemple).
– n peut prendre toute valeur entière positive.
– l peut prendre toute valeur entre 0 et n – 1, pour chaque valeur de n.
– m peut prendre, pour chaque valeur de n, toute valeur comprise entre – l et + l soit 2 l + 1
valeurs.
Ceci peut être illustré par le tableau page suivante :
n 1 2 3
l 0 0 1 0 1 2
m 0 0 -1 0 1 0 -1 0 1 -2 -1 0 1 2
O.A. 1s 2s 2p 3s 3p 3d
Nous ne rentrerons pas ici dans les détails des considérations sur la variation de la fonction
d’onde ψ en fonction de la distance de l’électron par rapport au noyau ou sur l’allure des courbes
d’isodensité. Notre but est simplement de rappeler les représentations conventionnelles des
différents « types » d’orbitales, s, p…
– Les orbitales s sont des sphères (de rayon augmentant avec la valeur de n).
– Les orbitales p sont des lobes allongés en « forme de 8 », de symétrie axiale et pour chacune
d’entre elles, regroupées dans une même sous-couche, (n et l identiques) orientée selon l’une
des trois directions d’un trièdre trirectangle. On les nomme respectivement px, py et pz en
fonction de leur orientation.
Le schéma page suivante les représente, telles que les logiciels de dessin conçus spécifique-
ment pour la chimie et ses diverses illustrations les proposent.
orbitale 1s
orbitale 2s
z z z
y y y
x x x
orbitale 2px orbitale 2py orbitale 2pz
Si les schémas ou diagrammes de Lewis sont très utiles car ils permettent le décompte des
électrons de valence, liants et non liants d’une molécule donnée et ainsi d’appréhender comment
les divers atomes sont liés entre eux, ils n’apportent en revanche aucune information sur la
géométrie spatiale de cette molécule. Cela est pourtant souvent très utile, par exemple en chimie
organique, pour connaître l’encombrement stérique de tout ou partie d’une molécule mise en
œuvre dans un processus réactionnel…
Pour combler ce manque et remédier à cette insuffisance, la méthode de R.J. Gillespie ou
méthode V.S.E.P.R (répulsion des paires électroniques de la couche de valence), élaborée vers
1954 est un outil pratique d’emploi et qui donne des résultats globalement satisfaisants.
Son principe fondateur exploite le fait que bien qu’une molécule adopte la géométrie qui
rend son énergie totale minimum, Gillespie a constaté que la seule minimisation de l’énergie
des électrons des orbitales liantes et non-liantes (doublets libres) permet une description assez
fidèle à la réalité d’un très grand nombre de molécules courantes.
Le formalisme habituellement utilisé est de noté A l’atome central de l’édifice et X les
atomes voisins liés à celui-ci. Les paires électroniques libres (ou non-liantes) entourant l’atome
central A sont notées E (pour électrons…) et la molécule peut donc être représentée par une
écriture du type :
A Xm En
dans laquelle m est le nombre de doublets de liaison et n celui de doublets non liants.
Ainsi l’arrangement des (m+n) paires électroniques (liantes ou libres) détermine leur géo-
métrie. La géométrie la plus stable adoptée par la molécule étant celle pour laquelle les répul-
sions entre toutes ces paires électroniques sont minimales, puisque ce sont des charges
électriques de même signe.
L’atome central A est alors supposé au centre d’une sphère et les atomes X susceptibles de
se déplacer à la surface de celle-ci, les (m+n) paires électroniques adoptent la position qui
minimise leurs répulsions c’est-à-dire qui les éloigne au maximum les unes des autres. Les
différentes géométries possibles, pour des valeurs de (m+n) comprises ente 2 et 6 sont rassem-
blées ci-dessous :
X X
X A X A A
X
X X X
X
X X
X X
X A X A X
X X
X X
AX5 AX6
bipyramidale octaédrique
Dans un 1er temps on ne tient pas compte de la multiplicité éventuelle de la liaison : une
liaison double ou triple est comptée comme une dans le nombre de liaisons m avec l’atome
central. On affinera ensuite le propos en considérant que dans le cas de 2 ou 3 doublets, les
répulsions sont plus fortes, ce qui amène à des ajustements angulaires par rapport au cas « idéal »
avec de possibles resserrements ou écartements de certains angles entre atomes.
Il faut ensuite bien faire la distinction entre la géométrie globale de l’édifice (doublets liants
et non-liants) – linéaire, trigonale, tétraédrique, bipyramidale ou octaédrique – dépendant de la
valeur de la somme m+n, et la géométrie de la molécule elle-même, qui prend en compte uni-
quement les liaisons A–X, c’est-à-dire l’arrangement spatial des seuls doublets liants.
Ainsi les arrangements AX4, AX3E, AX2E2… sont tous globalement tétraédriques, puisque
m+n = 4 mais une molécule telle que H2S (H–S–H) constituée de trois atomes est manifestement
plane et angulaire (forme « en V ») tandis que l’ammoniac NH3 est pyramidale et que le méthane
CH4 est un véritable tétraèdre régulier.
Les cours de chimie organique faisant systématiquement référence à cette notion, nous la
présenterons ici succinctement. On parle en effet de carbone « hybridé sp3 » dans le méthane
CH4 ou « hybridé sp2 » dans l’éthylène C2H4. De quoi s’agit-il ?
H
H H
H C H C C
H H
H
Il faut savoir que cette théorie n’est en aucun cas une méthode prédictive de la géométrie
d’une molécule, donc de l’orientation dans l’espace des orbitales moléculaires de liaison les
unes par rapport aux autres. En fait, connaissant (par diverses mesures expérimentales) les
longueurs des liaisons et surtout les angles entre les différentes liaisons d’une molécule donnée
(les anges de valence), on reconstruit a posteriori un modèle théorique qui permet de s’appro-
cher au plus près de cette structure réelle connue.
Cela se fait par un « réarrangement » des orbitales de natures distinctes de l’atome en
question qui se traduit, au plan mathématique, par des combinaisons linéaires des fonctions
d’onde des orbitales atomiques concernées. Ainsi, par ce traitement, à partir de n orbitales
atomiques de formes et d’énergies différentes, on rebâtit n nouvelles orbitales atomiques dites
orbitales hybrides, (car possédant un caractère intermédiaire entre les précédentes) de forme
et d’énergie identiques.
Nous traiterons, pour illustrer de façon concrète ce propos, les trois cas d’hybridation pos-
sibles de l’atome de carbone (tout en sachant que la méthode peut s’appliquer à n’importe quel
atome…).
et remarquons au passage que cet état fondamental ne permet en rien d’expliquer la tétravalence
du carbone qui est la constante de toute la chimie du vivant !... puisqu’il ne possède que deux
électrons célibataires.
Pour expliquer la formation de tous les édifices où le carbone est lié à 4 atomes voisins par
des liaisons covalentes simples (donc 4 doublets de liaison dans lesquels le carbone a apporté à
chaque fois 1e–) la théorie prévoit, à partir d’une orbitale 2s et des trois orbitales 2p (d’où le
symbolisme sp3) de construire 4 nouvelles orbitales hybrides appelées sp3 contenant chacune
1e – et qui pointent du centre d’un tétraèdre régulier vers les 4 sommets. Chaque orbitale hybride
a la forme suivante :
forme d'une orbitale
hybride sp3
et les 4 orbitales hybrides sp3 de l’atome de carbone de la molécule de méthane peuvent être
schématisées comme ci-dessous :
H
Arrangement orbitalaire dans la molécule de méthane CH4
On retrouve ainsi la description d’une structure de type AX4 du modèle de Gillespie (cf. § 6).
Remarque : les orbitales hybrides peuvent avoir la fonction d’orbitales liantes, comme ici, mais
aussi d’orbitales non-liantes et être occupées dans ce cas par des doublets libres. Ainsi, les structures
de types AX3E et AX2E2 du modèle V.S.E.P.R (où m+n est aussi égal à 4) – correspondant par
exemple aux structures respectives de l’ammoniac NH3 et de l’eau H2O ci-dessous – seront décrites
de façon similaire, par une hybridation sp3 de l’atome d’azote ou d’oxygène :
N O
H H H
H H
NH3 H2O
mais où une ou deux de ces orbitales hybrides est (sont) occupée(s) par les électrons du (des)
doublet(s) non-liant(s), les autres par les doublets de liaison des liaisons N–H ou O–H.
La géométrie de la molécule proprement dite, qui ne prend en compte que les liaisons cova-
lentes, diffère de l’arrangement tétraédrique : l’ammoniac est pyramidale et l’eau plane et
coudée (forme « en V ») – cf. fin du § 6 –.
orbitale 2pz
Le dessin ci-dessus illustre donc le modèle d’un état d’hybridation sp2 d’un atome de car-
bone. Ce schéma va nous permettre de comprendre la formation des deux liaisons carbone–car-
bone dans l’éthylène C2H4 (et plus généralement toutes les liaisons doubles C=C) et surtout
pourquoi ces deux liaisons ne sont pas de nature identique.
Envisageons le rapprochement de deux atomes de carbone C1 et C2 tous deux hybridés sp2,
jusqu’à une distance telle qu’il commence à y avoir recouvrement des orbitales atomiques donc
formation de liaison(s). Ceci peut être illustré par le schéma suivant :
C1 C2
recouvrement latéral
des 2 orbitales 2pz
H H
liaison π
C C
H
H
liaison σ
σ
On constate assez facilement que 2 orbitales sp2 vont se recouvrir (et donc fusionner) selon
leur axe de symétrie (horizontal) pour former la 1re liaison. Cette liaison est appelée liaison σ
comme toute liaison résultant d’un recouvrement axial d’orbitales.
Mais simultanément, vont se rapprocher et s’interpénétrer les 2 orbitales 2pz non affectées
par l’hybridation. Elles fusionnent selon une direction perpendiculaire à leur propre axe de
symétrie. On parle alors de recouvrement latéral d’orbitales, caractérisé par une liaison nom-
mée liaison π.
Un recouvrement axial est toujours plus intense, plus important, qu’un recouvrement
latéral (donc il conduit à une liaison plus solide) ce qui doit se traduire en terme énergétique.
C’est ce qui est effectivement constaté expérimentalement lors des mesures des énergies
moyennes d’une liaison simple σC–C qui est de – 347 kJ mol–1 alors que celle d’une liaison π est
de – 268 kJ mol–1.
Remarque : ceci permet d’expliquer logiquement tout un pan de la chimie des alcènes, pour
lesquels on observe des réactions d’addition dans lesquelles il y a rupture de la liaison π (la +
fragile) tout en conservant la liaison σ C–C la plus solide (cf. chapitre 4 § 1 et 2).
orbitale 2pz
orbitale 2py
orbitales hybrides sp
R
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