Seriesentieres

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Chapitre 3

Séries entières

On souhaite étudier les fonctions de la forme


+∞

x �→ an xn
n=0

Ce sont des sommes de séries de fonctions, on étudiera le problème de convergence, on observera leur
régularité et on verra qu’un grand nombre de fonctions usuelles peuvent s’écrire ainsi.
1 Convergence des séries entières
1.1 Série entière

Définition
On appelle série entière définie par la suite de coefficients (an ) ∈ CN , la série des fonctions

un : z ∈ C �→ an z n
� �
Par abus, cette série de fonctions un est notée an z n .

L’ensemble D des z ∈ C pour lesquels la série numérique an z n converge est appelé do-
maine de convergence de la série entière et la fonction S : D → C définie par
+∞

S(z) = an z n
n=0

est appelée somme de cette série entière.

� +∞

Exemple La série entière an z n converge en z = 0 et an 0n = a0 .
n=0
En effet 00 = 1 et 0n = 0 pour n ∈ N� .


Exemple La série entière z n converge pour tout z ∈ C tel que |z| < 1 et on a
+∞
� 1
zn =
n=0
1−z

1
1. CONVERGENCE DES SÉRIES ENTIÈRES

� 1
Exemple La série entière z n converge pour tout z ∈ C et par définition
n!
+∞
� 1 n
z = ez
n=0
n!


Exemple Si à partir d’un certain rang an = 0 alors la série entière an z n converge sur C et sa
somme est une fonction polynôme.


Déterminons la forme du domaine de convergence d’une série entière an z n .

1.2 Rayon de convergence

Lemme
Soit z0 ∈ C tel que la suite (an z0n )n∈N soit bornée. �
Pour tout z ∈ C tel que |z| < |z0 |, la série numérique an z n est absolument convergente.
dém. :
Il existe M ∈ R+ tel que |an z0n | � M pour tout n ∈ N.
Pour |z| < |z0 |, on peut écrire
� �n
n �z�
n
|an z | = |az0n × (z/z0 ) | � M �� ��
z0
� n

Or |z/z0 | < 1 donc |z/z0 | est absolument convergente et par comparaison an z n l’est aussi.

Définition

On appelle rayon de convergence de la série entière an z n , le nombre

R = sup {r � 0/(an rn ) est borne} ∈ R+ ∪ {+∞}


déf


Exemple Rayon de convergence de zn.
{r � 0/(r ) est borne} = [0, 1] donc R = 1.
n

� 1
Exemple Rayon de convergence de zn.
n!
{r � 0/(rn /n!) est borne} = R+ donc R = +∞.


Exemple Rayon de convergence n!z n .
{r � 0/(an r ) est borne} = {0} donc R = 0.
n

2
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

1.3 Convergence simple

Théorème

Soit an z n une série entière de rayon de convergence R et z ∈ C.

Si |z| < R alors la série a z n est absolument convergente.
�n
Si |z| > R alors la série an z n diverge grossièrement (plus précisément la suite (an z n )
n’est même pas bornée).

dém. :
Notons A = {r � 0/(an rn ) est borne} et R = sup A.
Si |z| < R alors |z| ne majore pas A et donc�il existe r > 0 tel que |z| < r et tel que la suite (an rn ) soit
bornée. En vertu du lemme d’Abel, la série an z n est absolument convergente.
n
Si |z| > R alors |z| ∈
/ A et donc (an z ) n’est pas bornée.

Corollaire
Soit D le domaine de convergence d’une série entière de rayon de convergence R.
Si R = 0 alors D = {0}.
Si R = +∞ alors D = C.
Si R ∈ ]0, +∞[ alors D(0, R) ⊂ D ⊂ D(0, R) en notant � D(0, R) = {z ∈ C/ |z| < R}
Sur le cercle de centre 0 et de rayon R, les natures de an z n peuvent être diverses.

Définition
Le disque
D(0, R) = {z ∈ C/ |z| < R}
est appelé disque ouvert de convergence de la série entière.

Remarque Sur ce disque, la série entière converge assurément. Elle peut aussi converger en certains
points du cercle limite.

3
1. CONVERGENCE DES SÉRIES ENTIÈRES

1.4 Convergence normale

Théorème
Une série entière de rayon de convergence R > 0 converge normalement, et donc uniformé-
ment, sur tout disque fermé de centre 0 et de rayon r < R.
dém.� :
Soit an z n une série entière de rayon de convergence R > 0.
Cette série entière est par définition la série des fonctions un : z �→ an z n
Soit D = D(0, r) = {z ∈ C/ |z| � r} avec r < R.
Pour tout z ∈ D, |un (z)| � |an | rn . � �
Or il y a convergence absolue de la série an rn donc un converge normalement sur D.

Corollaire
La somme d’une série entière de rayon de convergence R > 0 est continue sur son disque
ouvert de convergence.
dém. :
Par convergence uniforme sur tout compact d’une série de fonctions continues.

Exemple La fonction z �→ ez est continue sur C.

Attention : Il peut ne pas y avoir convergence normale de la série entière sur le disque ouvert de
convergence.


Exemple Considérons la série entière zn.
Son rayon de convergence est R = 1.
Cependant sup |z n | = 1 et il n’y a donc pas convergence normale sur D(0, 1) = {z ∈ C/ |z| < 1}.
|z|<1

1.5 Calcul du rayon de convergence


Idée :On sait�
|z| < R ⇒ an z n converge

|z| > R ⇒ an z n diverge.
Par�contraposition :
Si an z n converge alors |z| � R.

Si an z n diverge alors R � |z|.
1.5.1 Exploitation de la règle de d’Alembert

Rappel
�:
Soit un une série numérique à termes non nuls à partir d’un certain rang.
On suppose � �
� un+1 �
� � +
� un � → � ∈ R ∪ {+∞}

4
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES


Si � < 1 alors un est absolument convergente.

Si � > 1 alors un est grossièrement divergente.

En exploitant ce critère, on peut étudier la convergence de an z n et préciser le rayon de conver-
gence R.
Exemple Rayon de convergence de
� n(n+1)
(−1) 2 (n − 1)2n z n

Soit z ∈ C. n(n+1)
Posons un (z) = (−1) 2 (n − 1)2n z n .
Pour z �= 0 et n � 2, on a un �= 0.
� � � �
� un+1 (z) � n+1 � n+1 �
� �= n 2 �z �
� un (z) � n − 1 2n � z n � → 2 |z|

Si |z| < 1/2 alors un (z) est absolument convergente.

Si |z| > 1/2 alors un (z) diverge grossièrement.
On en déduit R = 1/2.

Exemple Rayon de convergence de


� 1 n
z
(2n)!
1 n
Posons un (z) = z pour z ∈ C� .
(2n)!
� �
� un+1 (z) � 1
� �
� un (z) � = (2n + 2)(2n + 1) |z| → 0

Pour tout z ∈ C� , un (z) est absolument convergente (et aussi pour z = 0 ) donc R = +∞.

Exemple Rayon de convergence de


� n−1
zn
n2 + 1
n+1 n
un (z) = 2 z avec z �= 0.
� n� + 1
� un+1 (z) � 1/(n + 1)
� �
� un (z) � ∼ 1/n
|z| → |z|.
On en déduit R = 1.


Remarque Plus généralement, soit F ∈ C(X)\ {0}, le rayon de convergence de F (n)z n vaut 1 car
pour z �= 0 � �
�F (n + 1)z n+1 � �� F (n + 1) ��
= �� � |z| → |z|
|F (n)z n | F (n) �

5
1. CONVERGENCE DES SÉRIES ENTIÈRES

en effet
a p np + · · · a p np
F (n) = ∼ = λnp−q
bq n q + · · · bq n q
donc
F (n + 1) λ(n + 1)p−q
∼ →1
F (n) λnp−q

1.5.2 Cas des séries lacunaires



Remarque La série de fonctions an z 2n peut se comprendre comme une série entière. En effet
� �
an z 2n = bn z n

avec
b2p = ap et b2p+1 = 0
Le rayon de convergence d’une telle série peut souvent se déterminer par la démarche précédente.

Exemple Rayon de convergence de


� (−1)n
z 2n+1
n+1
Soit z �= 0.
� (−1)n � (−1)n 2n+1
z 2n+1 = un (z) avec un (z) = z �= 0.
n+1 n+1
� �
� un+1 (z) � n + 1 2 2
� �
� un (z) � = n + 2 |z| → |z|

� (−1)n
Si |z| < 1 alors z 2n+1 est absolument convergente.
n+1
� (−1)n
Si |z| > 1 alors z 2n+1 est grossièrement divergente.
n+1
On en déduit R = 1

Exemple Rayon de convergence de � �


� 2n
z 3n
n
� �
2n (2n)! 3n
Posons un (z) = z 3n = z pour z ∈ C� .
n (n!)2
� � � �
� un+1 (z) � (2n + 2)(2n + 1) � z 3(n+1) �
� �= � � = 2 2n + 1 |z|3 → 4 |z|3
� un (z) � (n + 1) 2 � z 3n � n+1

On en déduit R = 3 1/4.

6
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

Remarque La démarche exploitant le critère de d’Alembert possède deux inconvénients majeurs :


- elle ne possède pas de réciproque ;
- il se peut que le rapport |un+1 /un | n’ait pas de limite. . .
Pour déterminer un rayon de convergence, on� procède alors généralement par double inégalité comme
on le verra par exemple pour la série entière sin(n)z n

1.5.3 Par comparaison


� �
Soit Ra et Rb les rayons de convergence de deux séries entières an z n et bn z n .
Théorème
Si an = O(bn ) alors Ra � Rb .
dém. : � �
Soit z ∈ C tel que |z| < Rb . La série bn z n est absolument convergente et par comparaison an z n

l’est aussi. Puisque an z n converge pour tout |z| < Rb , on a nécessairement Rb � Ra .

Corollaire
1) Si |an | � |bn | alors Ra � Rb
2) Si an = o(bn ) alors Ra � Rb .
3) Si an ∼ bn alors Ra = Rb .
� �
Exemple Les séries entières an z n |an | z n ont même rayon de convergence.


Exemple Rayon R de convergence de sin(n)z n .

On a |an | � 1, or z n est de rayon de convergence 1, donc R � 1.

De plus (an ) ne tend pas vers 0 donc an z n diverge pour z = 1 et donc R � 1.
On peut conclure R = 1.


Remarque Plus généralement, si (an ) est bornée et ne tend pas vers 0 alors an z n a un rayon de
convergence égal à 1.


1.5.4 Rayon de nan z n

Théorème
� �
Les séries entières an z n et nan z n ont même rayon de convergence.
dém. :
Notons R et R� les deux rayons de convergence de ces séries entières.
Puisque an = o(nan ), on a déjà R � R� .
Inversement, soit z ∈ C tel que |z| < R. Introduisons ρ tel que |z| < ρ < R, on a
n
nan z n = n (z/ρ) an ρn = o(an ρn )

7
1. CONVERGENCE DES SÉRIES ENTIÈRES

� �
Or il y a convergence absolue de an ρn , donc nan z n converge absolument.
Ainsi R� � R puis il y a égalité.

� �
Exemple Montrons que pour tout α ∈ R, an z n et nα an z n ont même rayon de convergence.
� �
Par récurrence, on obtient aisément l’égalité des rayons de convergence de an z n et nk a n z n
pour k ∈ Z.
En considérant k = �α�, on a nk |an | � nα |an | � nk+1 |an | ce qui permet de conclure.

1.6 Somme et produit de séries entières


1.6.1 Somme

Définition
� � �
On appelle somme des séries entières an z n et bn z n la série entière (an + bn )z n .

Théorème
� �
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières an z n et bn z n alors le

rayon de convergence R de la série entière somme (an + bn )z n vérifie

R � min(Ra , Rb )

De plus, pour |z| < min(Ra , Rb ),


+∞
� +∞
� +∞

(an + bn )z n = an z n + bn z n
n=0 n=0 n=0

dém. :
On remarque an z n + bn z n = (an + bn )z n .
Soit z ∈ C tel que |z| <�min(Ra , R� b ).
n
Les séries numériques an z et bn z n convergent absolument donc par somme la série numérique

(an + bn )z n converge aussi et de plus

+∞
� +∞
� +∞

(an + bn )z n = an z n + bn z n
n=0 n=0 n=0


Puisque (an + bn )z n converge pour tout |z| < min(Ra , Rb ), on a

min(Ra , Rb ) � R


Remarque Il est possible que R > min(Ra , Rb ), par exemple quand bn = −an .

8
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

Proposition
Si Ra �= Rb alors R = min(Ra , Rb ).
dém. :
Quitte à échanger supposons Ra < Rb .
On sait déjà que R � � Ra . � �
Pour Ra < |z| < Rb , an z n diverge alors que bn z n converge donc (an + bn )z n diverge.
On en déduit R = Ra = min(Ra , Rb ).


Exemple Soit an z n une série entière de rayon de convergence R.
� �
Considérons a2p z 2p et a2p+1 z 2p+1 de rayons de convergence R� et R�� .
Montrons
R = min(R� , R�� )
Remarquons
� �
a2p z 2p = bn z n avec b2p = a2p et b2p+1 = 0
� �
a2p+1 z 2p+1 = cn z n avec c2p = 0 et c2p+1 = a2p+1
� �
D’une part an = bn + cn pour tout n ∈ N donc an z n est la somme des séries entières a2p z 2p et

a2p+1 z 2p+1 puis R � min(R� , R�� ).
D’autre part, |bn | , |cn | � |an | donc R� , R�� � R puis min(R� , R�� ) � R.
Finalement R = min(R� , R�� ).

1.6.2 Produit

Définition
� � �
On appelle produit des séries entières an z n et bn z n la série entière cn z n avec
n

cn = ak bn−k .
k=0

Théorème
� �
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières an z n et bn z n alors le

rayon de convergence R de la série entière produit cn z n vérifie

R � min(Ra , Rb )

De plus, pour |z| < min(Ra , Rb ), on a


+∞
� +∞ � � +∞ �
� � �
n n n
cn z = an z bn z
n=0 n=0 n=0

dém. :
On remarque
n

cn z n = (ak z k )(bn−k z n−k )
k=0

9
2. SÉRIE ENTIÈRE D’UNE VARIABLE RÉELLE

� � �
Ainsi la série numérique cn z n est le produit de Cauchy des séries numériques an z n et bn z n .
� �
Pour z ∈ C tel que |z| < min(Ra , Rb ), an z n et bn z n sont absolument convergentes donc par

produit de Cauchy cn z n est absolument convergente et de plus

+∞
� +∞ � � +∞ �
� � �
n n n
cn z = an z bn z
n=0 n=0 n=0

Puisque cn z n converge pour tout |z| < min(Ra , Rb ), on a min(Ra , Rb ) � R.


Exemple Soit an z n une série entière de rayon de convergence R � 1.
� �n
Etudions la série entière Sn z n avec Sn = ak .
k=0
n
� � � �
Pour tout n ∈ N, Sn = ak × 1 donc Sn z n est le produit des séries entières an z n et zn.
� k=0
Par suite Sn z n est de rayon de convergence � min(R, 1) = 1 et pour tout z ∈ C tel que |z| < 1,

+∞
� +∞
1 �
Sn z n = an z n
n=0
1 − z n=0

2 Série entière d’une variable réelle


+∞

Désormais, nous étudions z �→ an z n pour z ∈ R, on préfère alors noter la variable x (ou t ).
=0
2.1 Particularisation

Soit an xn une série entière de rayon de convergence R > 0.

Pour tout x ∈ ]−R, R[, an xn converge absolument.

Pour tout |x| > R : an xn diverge grossièrement.
Pour x = R ou x = −R : ça dépend.
Définition

L’intervalle ]−R, R[ est appelé intervalle ouvert de convergence de la série an xn .

Définition
L’ensemble I des x pour lesquels la série numérique converge vérifie

]−R, R[ ⊂ I ⊂ [−R, R]

on l’appelle intervalle de convergence de la série entière étudiée.

Théorème

La série entière an xn converge normalement sur tout segment inclus dans ]−R, R[.

10
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

dém.�
:
Car an z n converge normalement sur tout disque fermé inclus dans le disque ouvert D(0, R).

Corollaire
+∞

La fonction S : x �→ an xn est continue sur ]−R, R[.
n=0

Exemple Etudions
+∞
� (−1)n−1 n
S : x �→ x
n=1
2n + 1
S est une série entière de rayon de convergence R = 1.
S est donc assurément définie et continue sur ]−1, 1[.
Etude en x = −1
� (−1)n−1 � −1
(−1)n = diverge.
2n + 1 2n + 1
S n’est pas définie en −1.
Etude en x = 1
� (−1)n−1 � (−1)n−1
1n = est une série alternée convergente en vertu du critère spécial.
2n + 1 2n + 1
S est définie en 1.
Continuité en 1
(−1)n−1 n
Considérons un : [0, 1] → R définie par un (x) = x avec n � 1.
2n + 1
Les
� fonctions un sont continues.
un (x) converge par le critère spécial.

1 1
|Rn (x)| � |un+1 (x)| � xn+1 � →0
2n + 1 2n + 1
Il y a convergence uniforme sur [0, 1] donc S est continue sur [0, 1].

2.2 Intégration

Définition
� � an
On appelle série entière primitive de an xn la série entière xn+1 .
n+1

Proposition
� � an
an xn et xn+1 ont même rayon de convergence.
n+1
dém. : � an
Le rayon de convergence de xn+1 est le même que celui de
n+1
� an n+1 �
(n + 1) × x = an xn+1
n+1

qui est aussi celui de an xn .

11
2. SÉRIE ENTIÈRE D’UNE VARIABLE RÉELLE

Théorème

Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors

+∞
� an n+1
x �→ x
n=0
n +1

est sur ]−R, R[ la primitive s’annulant en 0 de


+∞

x �→ an xn
n=0

dém. :
+∞

Sur ]−R, R[, la primitive s’annulant en 0 de la fonction continue x �→ an xn est
n=0
� +∞
x�
x �→ an tn dt
0 n=0

Pour tout x ∈ ]−R, R[, la série entière converge uniformément sur le segment d’extrémités 0 et x. On
peut donc intégrer terme à terme et affirmer
� x� +∞ +∞ � x
� +∞
� an n+1
an tn dt = an tn dt = x
0 n=0 n=0 0 n=0
n+1


Exemple On sait que pour x ∈ ]−1, 1[
+∞
� 1
xn =
n=0
1−x
Par intégration de série entière, on obtient
+∞ n+1
� � x
x dt
∀x ∈ ]−1, 1[ , = = − ln(1 − x)
n=0
n+1 0 1−t

On peut retenir la formule


+∞ n
� x
∀x ∈ ]−1, 1[ , − ln(1 − x) =
n=1
n

2.3 Dérivation
Définition

On appelle série entière dérivée d’une série entière an xn la série entière
� �
nan xn−1 = (n + 1)an+1 xn
n�1

12
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

Proposition
� �
an xn et nan xn−1 ont même rayon de convergence.
n�1

dém.
� : � �
an xn a le rayon de convergence de nan xn qui est aussi celui de nan xn−1
n�1

Proposition

Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors sa somme S : x �→
+∞

an xn
n=0
est de classe C 1 sur ]−R, R[ et
+∞
� +∞

∀x ∈ ]−R, R[ , S � (x) = nan xn−1 = (n + 1)an+1 xn
n=1 n=0

dém. :
Introduisons un : x �→ an xn . � �
Les fonctions un sont de classe C 1 , un converge simplement sur ]−R, R[ et u�n converge norma-
lement sur tout segment inclus dans ]−R, R[ car la série entière dérivée a pour rayon de convergence R.

Théorème

Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors sa somme S : x �→
+∞

an xn est de classe C ∞ sur ]−R, R[ et ses dérivées successives s’obtiennent en dérivant
n=0
terme à terme :
+∞

∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−R, R[ , S (p) (x) = n(n − 1) . . . (n − p + 1)an xn−p
n=p

ou encore
+∞

∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−R, R[ , S (p) (x) = (n + p)(n + p − 1) . . . (n + 1)an+p xn
n=0

Attention : En ±R, on ne peut rien dire à partir de la seule connaissance du rayon de convergence.

13
2. SÉRIE ENTIÈRE D’UNE VARIABLE RÉELLE

2.4 Expression des coefficients d’une série entière

Théorème

Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme S alors

S (n) (0)
∀n ∈ N, an =
n!

dém. :
S est de classe C ∞ sur ]−R, R[ et
+∞

(p)
S (x) = (n + p)(n + p − 1) . . . (n + 1)an+p xn
n=0

En particularisant en x = 0, on obtient S (p) (0) = p!ap .



Corollaire
� �
Soit an xn et bn xn sont deux séries entières de rayons de convergence Ra , Rb > 0.
S’il existe un voisinage de 0 sur lequel
+∞
� +∞

an xn = bn x n
n=0 n=0

alors
∀n ∈ N, an = bn

dém. :
+∞
� +∞

Notons Sa : x �→ an xn et Sb : x �→ bn x n .
n=0 n=0
Par hypothèse, il existe r > 0 tel que

∀x ∈ ]−r, r[ , Sa (x) = Sb (x)

On a alors
(p)
∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−r, r[ , Sa(p) (x) = Sb (x)
donc
(p) (p)
Sa (0) S (0)
ap = = b = bp
p! p!



Exemple Soit an xn une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme

+∞

S : x ∈ ]−R, R[ �→ an xn
n=0

14
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

Montrons
S est paire si, et seulement si, ∀p ∈ N, a2p+1 = 0
( ⇐ ) Supposons ∀p ∈ N, a2p+1 = 0.
+∞
� +∞

S(x) = an xn = a2p x2p donc S est une fonction paire définie sur ]−R, R[ ou [−R, R].
n=0 p=0
( ⇒ ) Supposons S paire.
+∞
� +∞

Pour tout x ∈ ]−R, R[, S(x) = S(−x) donc an xn = (−1)n an xn .
n=0 n=0
Par identification des coefficients de séries entières de rayons de convergence > 0, on a pour tout n ∈ N,
an = (−1)n an et donc
∀p ∈ N, a2p+1 = 0
De même, on montre :
S est impaire si, et seulement si, ∀p ∈ N, a2p = 0

3 Développements en série entière


I désigne un intervalle de R qui est voisinage de 0.
Soit
r∈R +�
∪ {+∞} tel que ]−r, r[ ⊂ I.
3.1 Fonctions développables en série entière

Définition
On
� dit que f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ s’il existe une série entière
an xn telle que

� +∞

∀x ∈ ]−r, r[ , an xn converge et f (x) = a n xn
n=0

Remarque Cette série entière est nécessairement de rayon de convergence R � r

1
Exemple Considérons f : x �→ définie sur ]−∞, 1[
1−x
f est développable en série entière sur ]−1, 1[ car on sait
+∞

1
= xn
1 − x n=0

et donc f (x) apparaît sur ]−1, 1[ comme égale à la somme d’une série entière convergente.

1
Exemple Considérons f : x �→ définie sur R.
1 + x2
15
3. DÉVELOPPEMENTS EN SÉRIE ENTIÈRE

f est développable en série entière sur ]−1, 1[ car


+∞
� +∞

1 1
= = un = (−1)n x2n
1 + x2 u=−x2 1 − u |u|<1 n=0 n=0

et donc f (x) apparaît sur ]−1, 1[ comme égale à la somme d’une série entière convergente.

Exemple x �→ ex est développable en série entière sur R avec


+∞

x 1 n
e = x
n=0
n!

Définition
On dit que f : I → C est développable en série entière en 0 s’il existe r > 0 telle que f est
développable en série entière sur ]−r, r[.

1 1
Exemple Les fonctions x �→ , , ex sont développables en série entière en 0.
1 − x 1 + x2

3.2 Série de Taylor

Définition
On appelle série de Taylor (en 0) d’une fonction f : I → C de classe C ∞ la série entière
� f (n) (0)
xn
n!

Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ avec
+∞

∀x ∈ ]−r, r[ , f (x) = an xn
n=0


alors f est de classe C sur ]−r, r[ et

f (n) (0)
∀n ∈ N, an =
n!
Autrement dit, il n’y a qu’une seule série entière qui puisse correspondre à f , à savoir sa série
de Taylor.
+∞ (n)
� f (0) n
f (x) = x
n=0
n!

16
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

dém. : �
Il existe une série entière an xn de rayon de convergence R � r tel que sur ]−r, r[
+∞

f (x) = an xn
n=0

+∞

Considérons alors la fonction S : x �→ an xn .
n=0
La fonction S est définie et de classe C ∞ sur ]−R, R[ donc sur ]−r, r[
Puisque f et S coïncident sur ]−r, r[, f est de classe C ∞ sur ]−r, r[.
De plus, pour tout n ∈ N,
S (n) (0) f (n) (0)
an = =
n! n!
donc la série entière introduite n’est autre que la série de Taylor de f .

Remarque Une fonction qui n’est pas de classe C ∞ sur ]−r, r[ ne peut y être développable en série
entière.

Remarque Si f est de classe C ∞ , on peut étudier si f est développable en série entière en vérifiant si
n
� f (k) (0)
xk −−−−−→ f (x)
k! n→+∞
k=0

On peut pour cela exploiter l’inégalité de Taylor-Lagrange ou l’égalité de Taylor avec reste intégral.

Exemple Soit f : [−1, 1] → C de classe C ∞ et vérifiant


� �
� (n) �
�f � � M K n n!

+
avec M ∈ R et K > 0. Montrons que f est développable en série entière en 0.
Pour tout x ∈ [−1, 1],
� � � � � � � �
� n
� f (k) (0) k �� �f (n+1) �∞ �� n+1 �� �f (n+1) �∞ �xn+1 �
� n+1
�f (x) − x �� x � � M K n+1 |x|
� k! � (n + 1)! (n + 1)!
k=0
n+1
Pour |x| < r = min(1, 1/|K|) on a (K |x|) → 0 et donc
n
� f (k) (0) k
x → f (x)
k!
k=0

� f (n) (0)
Ainsi la série xn converge et
n!
+∞ (n)
� f (0) n
f (x) = x
n=0
n!

La fonction f s’écrit sur ]−r, r[ comme égale à la somme d’une série entière convergente, elle est donc
développable en série entière sur ]−r, r[.

17
3. DÉVELOPPEMENTS EN SÉRIE ENTIÈRE

Attention : Il existe des fonctions de classe C ∞ qui ne sont pas développables en série entière !

3.3 Opérations sur les fonctions développables en série entière

Théorème
Si f, g : I → C sont développables en série entière sur ]−r, r[ alors pour tout λ ∈ C, λf , f + g
et f g sont développables en série entière sur ]−r, r[.
dém. : � �
Il existe des séries entières an xn et bn xn de rayons de convergence Ra , Rb � r telles que
sur ]−r, r[,
+∞
� +∞

f (x) = an xn et g(x) = bn x n
n=0 n=0

Pour tout x ∈ ]−r, r[, on a


+∞
� +∞

(λf )(x) = λf (x) = λ an xn = λan xn
n=0 n=0

La fonction λf est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en série
entière.
Pour tout x ∈ ]−r, r[, on a
+∞
� +∞
� +∞

(f + g)(x) = f (x) + g(x) = an xn + bn x n = (an + bn )xn
n=0 n=0 n=0

La fonction f + g est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en
série entière.
Enfin, par produit de Cauchy de séries absolument convergentes
� +∞ � � +∞ � +∞ � n �
� � � �
n n
(f g)(x) = f (x)g(x) = an x bn x = ak bn−k xn
n=0 n=0 n=0 k=0

La fonction f g est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en série
entière.

+∞
� +∞

1 n (−1)n n
Exemple Pour tout x ∈ R, ex = x et e−x = x donc les fonctions ch et sh sont
n=0
n! n=0
n!
développables en série entière sur R avec
+∞
� +∞

1 1
chx = x2n et shx = x2n+1
n=0
(2n)! n=0
(2n + 1)!

Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ alors f¯, Re(f ) et Im(f ) l’est aussi.

18
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

dém. :
+∞
� +∞
� +∞

n n
Si f (x) = an x sur ]−r, r[ alors f (x) = an x , Re(f (x)) = Re(an )xn , Im(f (x)) =
n=0 n=0 n=0
+∞

Im(an )xn .
n=0
Les fonction s f¯, Re(f ) et Im(f ) sont donc développables en série entière sur ]−r, r[ car sommes de
séries entières convergentes sur cet intervalle.

Exemple Pour tout x ∈ R,


+∞ n
� i n
eix = x
n=0
n!

donc les fonctions cos et sin sont développables en série entière sur R avec

+∞
� +∞

(−1)n 2n (−1)n 2n+1
cos x = x et sin x = x
n=0
(2n)! n=0
(2n + 1)!

Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ alors ses dérivées successives le sont
aussi.
dém. :
+∞

Si f (x) = an xn sur ]−r, r[ alors par dérivation de la somme d’une série entière
n=0

+∞

f � (x) = (n + 1)an+1 xn
n=0

et donc f � est développable en série entière sur ]−r, r[. Il en est de même de f �� , . . . , f (n) , . . ..

Exemple On sait
+∞

1
∀x ∈ ]−1, 1[ , = xn
1 − x n=0

Par dérivation d’un développement en série entière

� � +∞

1 d 1
∀x ∈ ]−1, 1[ , = = (n + 1)xn
(1 − x)2 dx 1−x n=0

19
3. DÉVELOPPEMENTS EN SÉRIE ENTIÈRE

Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ avec
+∞

f (x) = an xn
n=0

alors les primitives F de f le sont aussi avec


+∞
� an n+1
F (x) = F (0) + x
n=0
n +1

dém. :
+∞
� +∞

an n+1
On sait que x �→ x est la primitive s’annulant en 0 de x �→ an xn donc F ne diffère de
n=0
n + 1 n=0
cette fonction sur ]−r, r[ que de la valeur F (0).

Exemple x �→ ln(1 + x) est définie sur ]−1, +∞[ et

d 1
(ln(1 + x)) =
dx 1+x
Or
+∞

1
= (−1)n xn sur ]−1, 1[
1 + x n=0

Par intégration d’un développement en série entière, on a


+∞
� +∞
(−1)n n+1 � (−1)n−1 n
ln(1 + x) = ln(1) + x = x sur ]−1, 1[
n=0
n+1 n=1
n

Par une étude de série de fonctions, on peut établir la définition et la continuité du second membre en
x = 1. Cela permet de prolonger l’identité en x = 1.

Exemple x �→ arctan x est définie sur R et


+∞

d 1
(arctan x) = = (−1)n x2n sur ]−1, 1[
dx 1 + x2 n=0

Par intégration d’un développement en série entière, on obtient


+∞
� (−1)n 2n+1
arctan x = x sur ]−1, 1[
n=0
2n + 1

Comme ci-dessus, on peut prolonger cette identité à x = 1 et x = −1.

20
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

3.4 Développement du binôme (1 + x)α

Théorème
Pour tout α ∈ R, la fonction x �→ (1 + x)α est développable en série entière sur ]−1, 1[ et
+∞
� α(α − 1) . . . (α − n + 1) n
(1 + x)α = x
n=0
n!

dém. :
Posons
α(α − 1) . . . (α − n + 1)
an =
n!

et étudions la série entière an xn
On a
α(α − 1) α−n
a0 = 1, a1 = α, a2 = , . . . , an+1 = an
2 n+1

Déterminons le rayon de convergence R de la série entière an xn .
Cas α ∈ N
Pour n > α, an = 0 et donc R = +∞ (polynôme)
Cas α ∈ /N
Pour tout n ∈ N, an �= 0
� n
Pour� x ∈�R , considérons un = an x
� un+1 � |α − n|
et �� �= |x| → |x| donc R = 1.
un � n+1
Dans les deux cas, la fonction
+∞

S : x �→ an xn
n=0

est définie et de classe C ∞ sur ]−1, 1[ et


+∞
� +∞

S � (x) = nan xn−1 = (n + 1)an+1 xn
n=1 n=0

donc
+∞
� +∞

S � (x) = (n + 1)an+1 xn = (α − n)an xn
n=0 n=0

puis
+∞
� +∞


S (x) = α n
an x − x nan xn−1 = αS(x) − xS � (x)
n=0 n=1

La fonction S est donc solution sur ]−1, 1[ de l’équation différentielle

(1 + x)� + αy = 0

de solution générale y(x) = λ(1 + x)α .


Il existe donc λ ∈ R tel que pour tout x ∈ ]−1, 1[

S(x) = λ(1 + x)α

21
3. DÉVELOPPEMENTS EN SÉRIE ENTIÈRE

Or λ = S(0) = a0 = 1 donc
S(x) = (1 + x)α


Exemple Cas α ∈ N
Si α = p ∈ N � �
+∞
� p

p p(p − 1) . . . (p − k + 1) k p
(1 + x) = x = xk
k! k
k=0 k=0

On retrouve la formule du binôme.

Exemple Cas α ∈ Z\N.


On écrit α = −(p + 1) avec p ∈ N
+∞ +∞
� �
1 � � n+p
n (p + 1)(p + 2) . . . (p + n) n
= (−1) x = (−1)n xn
(1 + x)p+1 n=0
n! n=0
n

Exemple Cas α = −1/2.


+∞

1 (2n)!
√ = (−1)n n 2 xn
1 + x n=0 (2 n!)

3.5 Calcul de développements en série entière


3.5.1 Cas des fonctions rationnelles

1
Exemple Soit a ∈ C� . La fonction x �→ est développable en série entière sur ]−r, r[ avec
x−a
r = |a|.
En effet, pour |x| < |a|,
+∞

1 1 1 −1 n
=− = x
x−a a 1 − x/a n=0 an+1

1
Exemple Soit a ∈ C� . La fonction x �→ est développable en série entière sur ]−r, r[ avec
(x − a)2
r = |a|.
En effet, en dérivant le développement précédent
+∞

1 n+1 n
2
= x
(x − a) n=0
an+2

Remarque Plus généralement, et par dérivations successives, on peut former le développement de


1/(x − a)p .

22
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

Exemple Formons le développement en série entière en 0 de


1
f : x �→
(x − 1)2 (x + 2)
La partie entière de f est nulle, 1 est pôle double et −2 est pôle simple. La décomposition en éléments
simples de f est alors de la forme
1 a b c
f (x) = = + +
(x − 1)2 (x + 2) x + 2 x − 1 (x − 1)2
avec � � � �� ��
1 � 1 1 � 1 1 � 1
a= � = ,c= � = et b = � =−
2 �
(x − 1) x=−2 9 �
(x + 2) x=1 3 (x + 2) � 9
x=1
Sur ]−1, 1[,
+∞ �
� �
1 1 1 1 1 1 (−1)n 3n + 4
f (x) = x + + = + xn
18 1 + 2 9 1 − x 3 (1 − x)2 n=0
18.2 n 9

Exemple Formons le développement en série entière en 0 de


1
f : x �→
x2 +x+1
Pour x ∈ ]−1, 1[,
+∞
� +∞

1−x 3n
f (x) = = (1 − x)x = an xn
1 − x3 n=0 n=0
avec a3n = 1, a3n+1 = −1 et a3n+2 = 0.

3.5.2 Calcul par dérivation puis intégration

Exemple Formons le développement en série entière en 0 de

f : x �→ ln(1 + x + x2 )

On a
+∞

1 + 2x (1 + 2x)(1 − x) 1 + x − 2x2
f � (x) = = = = (1 + x − 2x2
) x3n
1 + x + x2 1 − x3 1 − x3 n=0

pour |x| < 1.


Ainsi
+∞
� +∞

f � (x) = x3n + x3n+1 − 2x3n+2 = an xn
n=0 n=0
avec a3n = 1, a3n+1 = 1 et a3n+2 = −2.
Par intégration d’un développement en série entière
+∞
� +∞
an n+1 � an n+1
f (x) = f (0) + x = x
n=0
n+1 n=0
n+1

23
3. DÉVELOPPEMENTS EN SÉRIE ENTIÈRE

Exemple Formons le développement en série entière en 0 de la fonction arcsin.


+∞

1 α(α − 1) . . . (α − n + 1)
(arcsin x)� = √ = (−x2 )n
1−x 2
n=0
n!

pour x ∈ ]−1, 1[ et α = 1/2.


� 1� � 3� � �
α(α − 1) . . . (α − n + 1) − 2 − 2 · · · − 2n−1 (2n)!
= 2
= (−1)n n 2
n! n! (2 n!)
+∞
� (2n)! 2n
donc (arcsin x)� = n n!)2
x puis par intégration d’un développement en série entière
n=0
(2

+∞
� (2n)! x2n+1
arcsin x =
n=0
(2n n!)2 2n + 1

On peut aussi former le développement en série entière de la fonction arccos via


arccos x = π/2 − arcsin x.

3.5.3 Calcul en exploitant une équation différentielle

Exemple Formons le développement en série entière en 0 de

arcsin x
f : x �→ √
1 − x2

Les fonctions x �→ 1/ 1 − x2 et x �→ arcsin x sont développables en série entière sur ]−1, 1[ donc f
l’est aussi par produit. On pourrait calculer ce développement en procédant à un produit, mais
l’expression finale ne serait pas très explicite. On va plutôt calculer ce développement en exploitant une
équation différentielle vérifiée par f . La fonction f est dérivable sur ]−1, 1[ et

1 x arcsin x
f � (x) = 2
+
1−x (1 − x2 )3/2

Ainsi, f vérifie l’équation différentielle

(1 − x2 )y � − xy = 1

La fonction f étant impaire, son développement en série entière sur ]−1, 1[ peut s’écrire
+∞

f (x) = an x2n+1
n=0

Par dérivation de série entière sur ]−1, 1[, on peut écrire


+∞

f � (x) = (2n + 1)an x2n
n=0

24
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

La relation (1 − x2 )f � (x) − xf (x) = 1 donne alors


+∞

a0 + ((2n + 3)an+1 − (2n + 2)an ) x2n+2 = 1
n=1

Par unicité des coefficients d’un développement en série entière


2n + 2
a0 = 1 et ∀n � 1, an+1 = an
2n + 3
Ainsi
2n 2n − 2 2 (2n n!)2
an+1 = · · · a0 =
2n + 1 2n − 1 3 (2n + 1)!
Finalement
+∞
� (2n n!)2 2n+1
f (x) = x
n=0
(2n + 1)!

4 Applications
4.1 Régularité d’un prolongement continu
ex − 1
Exemple Soit f : R� → R définie par f (x) = . Prolongeons f en 0.
x
Quand x → 0, ex = 1 + x + o(x) donc

x + o(x)
f (x) = →1
x
On peut prolonger f par continuité en 1 en posant f (0) = 1.
Montrer que la fonction f ainsi prolongée est de classe C ∞ sur R.
Pour tout x ∈ R,
+∞
� 1 n
ex − 1 = x
n=1
n!
Pour tout x ∈ R� ,
+∞ +∞
ex − 1 � 1 n−1 � 1
= x = xn
x n=1
n! n=0
(n + 1)!
puis pour tout x ∈ R,
+∞
� 1
f (x) = xn
n=0
(n + 1)!
Ainsi f est développable en série entière sur R et c’est donc une fonction de classe C ∞ .
De plus
1
∀n ∈ N, f (n) (0) =
n+1
car par série de Taylor
f (n) (0) 1
=
n! (n + 1)!

25
4. APPLICATIONS

Exemple De même, on obtient que la fonction sinus cardinal est de classe C ∞ sur R.

sin x
Remarque On en déduit que la fonction x �→ se prolonge en une fonction de classe C ∞ car
ex − 1
sin x sin x x
=
ex − 1 x ex − 1
x sin x
est produit des deux fonctions x �→ et x �→ qui se prolongent en des fonctions de
ex −1 x
classe C ∞ .

4.2 Calcul de sommes


+∞
� (−1)n x2n+1
Exemple Calcul de .
n=0
(n + 1)!
On a immédiatement R = +∞.
Pour x ∈ R, par décalage d’indice
+∞
� +∞

(−1)n x2n+1 (−1)n−1 2n−1
S(x) = = x
n=0
(n + 1)! n=1
n!

donc
+∞
� +∞

(−1)n−1 2n (−1)n � 2 �n
xS(x) = x =1− x
n=1
n! n=0
n!

Finalement
2
1 − e−x
S(x) = pour x �= 0 et S(0) = 0
x

+∞
� 1
Exemple Calcul de xn .
n=0
(2n)!
On a immédiatement R = +∞.
Si x � 0 alors
+∞
� +∞

1 1 √ 2n √
xn = x = ch x
n=0
(2n)! n=0
(2n)!

Si x � 0 alors
+∞
� +∞
� +∞
1 n (−1)n n � (−1)n � 2n �
x = |x| = |x| = cos |x|
n=0
(2n)! n=0
(2n)! n=0
(2n)!

26
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

+∞
� (−1)n n
Exemple Calcul de x .
n=2
n2 − 1
On a immédiatement R = 1.
Puisque la série converge en x = 1 et x = −1, l’intervalle de convergence est [−1, 1]
Par décomposition en éléments simples
� �
1 1 1 1
= −
n2 − 1 2 n−1 n+1

Pour x ∈ ]−1, 1[,


+∞
� +∞

(−1)n xn (−1)n−1 n+1
= x = x ln(1 + x)
n=2
n−1 n=1
n

Pour x ∈ ]−1, 1[ et x �= 0,
+∞
� +∞ � �
(−1)n xn 1 � (−1)n−1 n 1 1 2
= x = ln(1 + x) − x + x
n=2
n+1 x n=3 n x 2

Ainsi, pour x ∈ ]−1, 1[ et x �= 0,


+∞
� � �
(−1)n n 1 1 1 1
2−1
x = x− ln(1 + x) + − x
n=2
n 2 x 2 4

Pour x = 0, la somme est nulle (car le coefficient constant est nul)


Etude en x = ±1
(−1)n n 1
Posons un (x) = 2 x . Les fonctions un : [−1, 1] → R sont continues et �un �∞ = 2 est
−1
n � n −1
sommable. La série un converge normalement sur [−1, 1] et sa somme y est continue.

1 3
S(1) = lim− S(x) = et S(−1) = lim S(x) =
x→1 4 x→(−1)+ 4

+∞
� x2n+1
Exemple Calcul de .
n=0
2n + 1
On a immédiatement R = 1.
Pour x ∈ ]−1, 1[, on peut écrire
+∞ n
� +∞ 2n

x x
S(x) = −
n=1
n n=1
2n

avec convergence des séries écrites. On a alors

1 1 1+x
S(x) = − ln(1 − x) + ln(1 − x2 ) = ln
2 2 1−x

On aurait aussi pu calculer directement S � (x).

27
4. APPLICATIONS

4.3 Intégration terme à terme


4.3.1 Intégration sur I = [a, b] ⊂ ]−R, R[
Une série entière converge normalement sur tout [a, b] inclus dans ]−R, R[, cela permet d’intégrer terme
à terme.
� π +∞
� (−1)n π 2n+1
Exemple Montrons sinc(t) dt =
0 n=0
(2n + 1)! 2n + 1
La fonction sinus cardinale est développable en série entière
+∞
� (−1)n 2n
sinc(t) = t
n=0
(2n + 1)!

avec un rayon de convergence R = +∞. Cette série entière converge donc normalement sur tout
segment inclus dans R et donc en particulier sur [0, π].
Puisque les fonctions sommées sont continues et que la série de fonctions converge uniformément
� +∞
π� +∞ � π

(−1)n 2n (−1)n 2n
t dt = t dt
0 n=0
(2n + 1)! n=0 0
(2n + 1)!

ce qui donne la formule proposée.

4.3.2 Intégration sur I = [0, R[


��
On peut intégrer terme à terme sous réserver de vérifier la convergence de |un |.
I
� 1
ln(1 + t)
Exemple Calcul de I = dt.
0 t
Sur ]0, 1[,
+∞ +∞
ln(1 + t) � (−1)n−1 n−1 � (−1)n−1 n−1
f (t) = = t = t
t n=1
n n=1
n
(et la relation vaut aussi 1 et peut valoir en 0 par prolongement par continuité)
Posons un : ]0, 1[ → R définie par
(−1)n−1 n−1
un (t) = t
n
� +∞

La série de fonctions un converge simplement et sa somme un = f est continue par morceaux.
n=1
Chaque un est continue par morceaux et intégrable sur ]0, 1[.
��
Enfin, la série |un | converge car
� � 1 n−1
t 1
|un | = dt =
]0,1[ 0 n n2

Par théorème, f est intégrable sur ]0, 1[ et


� +∞ �
� 1 +∞
� (−1)n
I= f= un (t) dt =
]0,1[ n=1 0 n=1
n2

28
CHAPITRE 3. SÉRIES ENTIÈRES

+∞
� 1 π2
Sachant = , on peut achever le calcul de I,
n=1
n2 6

+∞ +∞
�+∞ +∞
� +∞
� 1 � 1 � 1 � 1 � 1
I= 2
− = + −2
p=0
(2p + 1) p=1
(2p)2 p=0
(2p + 1) 2
p=1
(2p)2 p=1
(2p) 2

et donc
+∞
� +∞ +∞
1 1� 1 1� 1 π2
I= 2
− 2
= 2
=
n=1
n 2 p=1 p 2 n=1 n 12

4.4 Musculation : fonction C ∞ non développable en série entière.


Soit f : R� → R définie par
2
f (x) = e−1/x
f est de classe C ∞ sur ]−∞, 0[ et ]0, +∞[.
Quand x → 0, f (x) → 0.
On prolonge f par continuité en 0 en posant f (0) = 0.

Montrons par récurrence sur n ∈ N


� �
1 2
∀n ∈ N, ∀x �= 0, f (n)
(x) = Pn e−1/x avec Pn ∈ R [X]
x

Cas n = 0 : P0 (X) = 1 convient.


Cas n = 1 : P1 (X) = 2X 3 convient.
Supposons la propriété vérifiée au rang n � 0
� � � � � � � � ��
d 1 2 1 1 2 1 2
f (n+1) (x) = Pn e−1/x = − 2 Pn� + 3 Pn e−1/x
dx x x x x x

Le polynôme Pn+1 (X) = X 2 Pn� (X) + 2X 3 Pn (X) convient.


Récurrence établie.
Quand x → 0+ (ou 0− ) (avec x �= 0 )
� �
1 2 2
(n)
f (x) = Pn e−1/x = Pn (X)e−X → 0
x X=1/x

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4. APPLICATIONS

On peut alors conclure que f est de classe C ∞ avec

∀n ∈ N, f (n) (0) = 0

Finalement, f est de classe C ∞ sur R et sa série de Taylor est nulle.


On en déduit que f n’est pas développable en série entière car, si par l’absurde, f l’est sur ]−r, r[ alors
+∞
� f (n) (0)
∀x ∈ ]−r, r[ , f (x) = an xn = 0 car an = =0
n=0
n!

C’est absurde, puisque f n’est pas nulle sur un voisinage de 0.

4.5 Musculation : fonction absolument monotone


Soit r ∈ R+� ∪ {+∞} et f : ]−r, r[ → R de classe C ∞ telle que f (n) � 0 pour tout n ∈ N.
Montrer que f est développable en série entière sur ]−r, r[.
Soit x ∈ ]−r, r[. On peut écrire
n
� f (k) (0)
f (x) = xk + Rn (x)
k!
k=0

avec � x
(x − t)n (n+1)
Rn (x) = f (t) dt
0 n!
Par le changement de variable t = xu, on peut écrire
� 1
(1 − u)n (n+1)
Rn (x) = xn+1 f (xu) du
0 n!

Choisissons y tel que |x| < y < r. Puisque f (n+1) est croissante, on a

∀u ∈ [0, 1] , f (n+1) (xu) � f (n+1) (yu)

et donc � 1
n+1 (1 − u)n (n+1) n+1
|Rn (x)| � |x| f (yu) du � |x/y| Rn (y)
0 n!
De plus Rn (y) � f (y) car les termes de la somme partielle de Taylor en y sont tous positifs et donc
n+1
|Rn (x)| � |x/y| f (y) −−−−−→ 0
n→+∞

Finalement, f est aussi égale à la somme de sa série de Taylor sur ]−r, r[.

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