Le Ciblage de Linflation Au Maroc Regard
Le Ciblage de Linflation Au Maroc Regard
Le Ciblage de Linflation Au Maroc Regard
Lhoussein BAOUZIL1
Introduction
Nous proposons dans ce papier de restreindre notre analyse aux seules conditions,
d’ordre purement monétaire, concernant directement la Banque centrale. Il s’agit
des conditions ou de ce que les spécialistes du ciblage de l’inflation appellent les
pré-requis qui ont trait à l’indépendance, à la transparence et à la crédibilité de la
Banque centrale. Ces trois critères fondamentaux sur lesquels repose le régime du
ciblage d’inflation imposent aux autorités monétaires la mise en œuvre des
réformes juridiques profondes avant l’adoption effective de ce régime. En visant
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Lhoussein BAOUZIL est doctorant chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (Maroc).
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cet objectif, le Maroc s’est engagé, durant les dernières années, dans un processus
de réformes intéressant les domaines de la gestion du taux de change, de la
fiscalité, du code de l’investissement ; et plus récemment une réforme du statut
de la Banque centrale a été aussi initiée.
Dans ce qui suit, nous proposons d’examiner ce texte par rapport aux exigences
du régime de ciblage de l’inflation ; régime que Bank Al-Maghrib envisage
d’adopter très prochainement. Il s’agit en fait de vérifier le degré d’indépendance
que le législateur a confié à la Banque pour exercer sa mission de stabilité des prix
sans être influencée par le gouvernement ou par toute autre institution. En vue de
bien éclairer le degré d’indépendance de l’institution d’émission marocaine, il est
judicieux d’analyser la composition du conseil de la Banque : son organe de
décision. Dans ce cadre, on propose de reprendre les dispositions de l’article 26
de cette loi qui stipulent que le conseil de la Banque est composé de :
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Nous constatons d’ores et déjà que cet article n’a pas été soumis à des
modifications profondes, il a été intégralement repris malgré le fait qu’il a été
tellement critiqué dans la loi de 2006! Il s’agit d’un article qui garantit la mainmise
du gouvernement sur la Banque centrale marocaine. En effet, le pouvoir de
nomination des 03 membres que propose le Wali de la Banque a été confié au chef
du gouvernement ce qui place ce dernier dans une position qui lui permettrait
d’influer sur les choix à lui soumettre pour validation. Le législateur aurait dû
prévoir la nomination de ces 03 membres au niveau du conseil des ministres que
préside le chef de l’Etat et ce afin de réduire la pression que pourrait exercer le
gouvernement sur le Wali de la Banque centrale.
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de son conseil dont la nomination revient, comme nous l’avons déjà signalé, au
chef du gouvernement.
2- La démarche boiteuse
Malgré l’élargissement des missions de la BAM que permet cette nouvelle loi, la
démarche adoptée pour réformer ses statuts demeure très prudente montrant
l’absence d’une véritable volonté des partis politiques actuellement aux
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commandes du gouvernement pour produire une loi plus résolue susceptible
d’apporter un saut en matière du renforcement de l’indépendance de cette
institution. On pourrait suggérer que l’hétérogénéité de la coalition
gouvernementale serait à l’origine de cette prudence empêchant par-là même la
formulation de propositions juridiques audacieuses relatives au degré
d’indépendance à accorder à la Banque centrale.