Corrigé TP6 Cinétique Saponification
Corrigé TP6 Cinétique Saponification
Corrigé TP6 Cinétique Saponification
La méthode la plus utilisée pour déterminer l’ordre d’une réaction est la méthode intégrale.
La loi cinétique proposée pour l’hydrolyse basique des esters est de la forme :
𝒗 = 𝒌(𝑻)[𝒆𝒔𝒕𝒆𝒓]𝜶 [𝑯𝑶− ]𝜷
Premier point d’attention : la dépendance de la « constante » de vitesse avec la température oblige à opérer à température fixée
afin de traiter k(T) comme une constante, et ainsi diminuer le nombre de variables à prendre en compte.
-1-
En pratique, le réacteur est immergé dans un grand volume d’eau afin de limiter les variations de sa température : plus
le volume d’eau est important, plus le transfert thermique entraînant une variation de sa température devra être
important… ce qui devrait prendre plus de temps.
Second point d’attention : lorsque la loi de vitesse imaginée s’écrit au moyen de plusieurs concentrations, il convient de réaliser
un mélange des réactifs qui permette de simplifier l’écriture de la loi de vitesse. Deux méthodes expérimentales sont possibles :
• Dégénérescence de l’ordre : consiste à introduire en grand excès l’un des réactifs afin de considérer sa concentration
comme constante au cours de la transformation. En pratique, sa concentration dans le mélange doit être au minimum
10 fois supérieure à celle des autres réactifs intervenant dans la loi de vitesse),
• Travail dans les proportions stœchiométriques : consiste à introduire les réactifs dans les attendues par l’équation de la
réaction. Ainsi, celles-ci restent, quel que soit l’avancement de la réaction, dans les proportions stœchiométriques.
Dans l’activité proposée, l’ester et l’ion hydroxyde sont introduits en même concentration afin de travailler dans les
proportions stœchiométriques. Les conditions de travail retenues permettent de simplifier l’écriture de la loi de vitesse :
𝒗 = 𝒌[𝑯𝑶− ]𝜶+𝜷
Intégration 𝐶(𝑡) 𝑡
𝑑[𝐻𝑂 − ]
∫ − = ∫ 𝑘 ∙ 𝑑𝑡
[𝐻𝑂 − ]2
𝐶0 0
1 1
− =𝑘∙𝑡
𝐶(𝑡) 𝐶0
La validation de la loi cinétique passe par une construction graphique. Si l’évolution temporelle de l’hydrolyse basique de l’ester
1
peut être modélisée par une réaction d’ordre global 2, alors le tracé de = 𝑓(𝑡) doit être une droite de :
𝐶(𝑡)
• Coefficient directeur positif dont la valeur est celle de la constante de vitesse k à la température de l’expérience,
1
• Ordonnée à l’origine positive .
𝐶0
Afin de valider la loi cinétique, il est nécessaire de construire un tableau des valeurs de [𝐻𝑂− ] à différents instants 𝑡.
La mesure de [𝐻𝑂− ] par une méthode chimique obligerait à opérer périodiquement des prélèvements du milieu réactionnel, à
stopper l’évolution du système par trempe, puis à déterminer la concentration par titrage. La méthode s’avère lourde si l’on
souhaite obtenir au moins une dizaine de valeurs de concentrations.
Il est préférable d’opter pour une méthode physique consistant en la détermination d’une grandeur physique (absorbance,
conductivité, pH, pression, etc.) dont la valeur renseigne, directement ou indirectement, sur la concentration recherchée.
-2-
Sur le plan de la composition ionique du système, l’hydrolyse basique de l’ester revient à consommer un ion hydroxyde HO- et à
créer un ion acétate. La conductivité de la solution varie donc à mesure que la transformation avance. La conductimétrie s’avère
ici une méthode intéressante.
Dans le cas d’un suivi de l’évolution du système chimique par une méthode physique,
il convient d’exprimer la grandeur physique en fonction de l’avancement de la réaction
au moyen des lois modèles disponibles :
• Kollrausch pour la conductivité,
• Beer-Lambert pour l’absorbance,
• Relation d’état des gaz parfaits pour la pression totale.
Conductivité à un instant quelconque 𝜎(𝑡) = 𝜆𝑁𝑎+ ∙ [𝑁𝑎+ ] + 𝜆𝑎𝑐é𝑡𝑎𝑡𝑒 ∙ [𝑎𝑐é𝑡𝑎𝑡𝑒] + 𝜆𝐻𝑂− ∙ [𝐻𝑂 − ]
Les valeurs des conductivités ioniques 𝜆𝑖 n’étant pas connues dans les conditions de
réalisation de l’expérience, il faut trouver un moyen de les déterminer.
A cet effet, il est utile d’exprimer la grandeur physique aux limites temporelles de
l’évolution du système (instant initial et au bout d’un temps infini en faisant
l’hypothèse d’une transformation totale).
Ce conseil s’applique aux suivis par spectrophotométrie et par mesure de pression.
𝜎0 = (𝜆𝑁𝑎+ + 𝜆𝐻𝑂− ) ∙ 𝐶0
𝜎0
𝜆𝑁𝑎+ + 𝜆𝐻𝑂− =
𝐶0
𝜎∞ 𝜎0 − 𝜎∞
𝜎(𝑡) = ∙ 𝐶0 + ∙ 𝐶(𝑡)
𝐶0 𝐶0
𝜎(𝑡) − 𝜎∞
𝐶(𝑡) = 𝐶0 ∙
𝜎0 − 𝜎∞
1 1 𝜎0 − 𝜎∞
= ∙
𝐶(𝑡) 𝐶0 𝜎(𝑡) − 𝜎∞
La mesure périodique de la conductivité 𝜎(𝑡) permet de connaître la concentration en ions hydroxyde [𝐻𝑂 − ] à chaque instant, à
condition de disposer de valeurs pour les conductivités aux limites, 𝜎0 et 𝜎∞ .
-3-
Mesure des conductivités aux limites
Conductivité initiale :
C’est une détermination impossible ! L’instant initial correspond à la mise en contact des réactifs. Or, l’homogénéisation
du milieu après mélange des deux solutions n’est pas instantanée… Au moment du mélange, le capteur du conductimètre
trempe donc nécessairement dans une zone plus riche en une solution que l’autre.
Conductivité au bout d’un temps infini dans l’hypothèse d’une transformation totale :
Cette détermination est facile, mais l’hypothèse de transformation totale peut être non vérifiée. L’hydrolyse basique des
esters est réputée lente mais quasi-totale. En laissant le mélange des réactifs évoluer pendant plusieurs jours, on peut
espérer obtenir une valeur approchée de 𝜎∞ .
Validation :
• Le coefficient directeur et l’ordonnée à l’origine sont positifs comme cela était attendu.
• Les résidus ne font pas apparaître une répartition aléatoire des points expérimentaux de part et d’autre de la droite de
régression : ils sont d’abord touts en-dessous, puis tous au-dessus, puis tous en-dessous : il est donc raisonnable de ne
pas conclure à une adaptation parfaite du modèle pour rendre compte des résultats expérimentaux.
-4-
Pourquoi le coefficient de corrélation n’est-il pas un argument robuste pour la
validation d’un modèle affine ?
Le coefficient de corrélation est un indicateur de l’éloignement des points
expérimentaux à la droite de régression obtenue par la méthode des moindres carrés.
A ce titre, le coefficient ne permet pas de dire que des points expérimentaux peuvent
être considérés comme alignés.
En effet, deux répartitions très différentes peuvent conduire à des coefficients de
corrélation identiques :
Il est donc important, avant de réaliser une régression linéaire sur la calculatrice, de
s’assurer visuellement du caractère raisonnablement affine de la distribution.
Regressi fournit un critère de validation plus robuste : les résidus, c’est-à-dire les écarts
en ordonnée entre un point expérimental et la droite de régression. En complément
d’une pré-validation visuelle,
• si le signe des résidus est aléatoire, alors le modèle affine peut être validé,
• s’il existe des tendances dans les signes des résidus, alors le modèle ne peut
être raisonnablement accepté.
En admettant que le modèle d’une cinétique d’ordre 2 soit accepté, alors le coefficient directeur de la droite est
assimilable à la constante de vitesse à la température de l’expérience, soit 𝑘 = 0,0594 𝐿 ∙ 𝑚𝑜𝑙 −1 ∙ 𝑠 −1 .
En reproduisant l’expérience à une autre température, et grâce à la loi d’Arrhénius, il est possible d’obtenir une
évaluation de l’énergie d’activation.
𝐸 𝐸
− 𝑎 − 𝑎
𝑘(𝑇1 ) = 𝐴 ∙ 𝑒 𝑅𝑇1 𝑘(𝑇2 ) = 𝐴 ∙ 𝑒 𝑅𝑇2
𝑘(𝑇 )
𝑘(𝑇2 ) 𝐸𝑎 1 1 ln ( 2 )
𝑘(𝑇1 )
ln ( )= ∙( − ) ⇒ 𝐸𝑎 = 𝑅 ∙
𝑘(𝑇1 ) 𝑅 𝑇1 𝑇2 1 1
( − )
𝑇1 𝑇2
-5-