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Innovations managériales
Ne prenez pas le risque de ne pas le faire !
par Eustache Ebondo Wa Mandzila et Daniel Zéghal
T
out le monde s’accorde pour affirmer que les entreprises
évoluent dans un environnement de plus en plus incertain, de
plus en plus mouvant. En effet, la mondialisation, avec son
corollaire, la complexification des activités et des réglementations,
a rendu floues les frontières entre l’entreprise et ses sous-traitants.
Les fusions-acquisitions-cessions ont accentué cette impression
d’instabilité quasi générale. Les anciens modèles organisation-
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Daniel ZÉGHAL
Professeur titulaire, École de gestion, Université
d’Ottawa, Directeur exécutif, CGA, centre de 1. Le management des risques de l’entreprise est la traduction faite en France
par le cabinet PriceWatrerhouseCoopers et Landewell & Associés de l’« Enterprise
recherche en comptabilité, Université d’Ottawa Risk Management- Integrated Framework » (ERM) plus connu sous le COSO II
(Canada) Report qui est le prolongement de l’« Internal Control-Integrated Framework »
plus connu sous le nom de COSO I Report, publié en aux Etats-Unis en 1992 par
le Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission (COSO).
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1. A
pproche théorique et pratique garde contre toute tentative d’élimination des risques. Selon lui,
du management des risques. « essayer d’éliminer les risques, tenter même de les diminuer…
peut aboutir au plus grand de tous les risques : la rigidité ». Il
Les entreprises ont toujours été exposées à des risques. Il est définit les décisions managériales comme des décisions de prise
important, avant de situer ces risques dans leur nature et dans de risques et suggère même qu’une stratégie pour l’innovation
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une perspective historique, de dégager une définition du manage- soit basée sur une acceptation claire des risques d’échec. Il s’agit
ment des risques. d’une prise de conscience selon laquelle les risques sont inhérents
à toute entreprise. C’est ce qui justifie également la souscription
des polices d’assurance par les entreprises visant à les couvrir
1.1. Définition du management contre des pertes qui pouvaient être causées par des incendies,
des risques de l’entreprise vols, inondations, tremblements de terre notamment. De même,
des contrats d’assurance étaient souscrits pour se protéger contre
Le Management des risques est synonyme de management des la perte d’un associé ou d’un dirigeant important. Certains risques
risques des Affaires, du management holiste des risques ou du liés à l’investissement ou à un prêt étaient transférés à d‘autres
management stratégique des risques (Simons 2000)1. parties. Sur le plan budgétaire, l’approche traditionnelle reconnaît
Selon le Committee of Sponsoring organizations of the Treadway l’incertitude qui entoure toute prévision de coûts et de revenus et
Commission (COSO II report, 2004) prolongement du COSO a préconisé, à ce titre, la rationalisation des choix budgétaires.
Report I (1992), « The enterprise Risk Management- Integrated Dans le cas d’un projet d’investissement, pour tenir compte du
Framework » traduit en français par : « Le management des risques facteur temps et donc du niveau de risque pesant sur les flux de
de l’entreprise » (IFACI et PriceWaterhouse Coopers Landwell, 2005, trésorerie, il est souvent fait appel à un taux d’actualisation des
p. 5) est défini comme étant « un processus mis en œuvre par le revenus futurs. Une autre technique consiste à faire appel à une
conseil d’administration, la direction générale, le management analyse de la sensibilité afin d’aboutir à une échelle de valeurs
et l’ensemble des collaborateurs de l’organisation. Il est pris en variant d’optimiste à pessimiste. Les probabilités et la simulation
compte dans l’élaboration de la stratégie ainsi que dans toutes de Monte-Carlo ont aussi été utilisées comme méthodes d’ana-
les activités de l’organisation. Il est conçu pour identifier les lyse de risques dans les décisions d’investissement de capital.
évènements potentiels susceptibles d’affecter l’organisation et Depuis de nombreuses années, des méthodes de production,
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entreprises ne peuvent plus appréhender le management des risques permet de distinguer « le niveau de risque global qu’une
risques sous le seul prisme national. Aujourd’hui une société qui entreprise accepte de prendre pour répondre à son objectif de
ne parvient pas à manager efficacement les risques et qui éprouve création de valeur ». Cette appétence1 pour le risque est également
des difficultés financières va ébranler la confiance accordée par prise en compte dans la définition de la stratégie dans la mesure où
les investisseurs nationaux et internationaux. La conjugaison de les résultats de la stratégie doivent être en ligne avec l’appétence
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tous ces facteurs invite à une approche systémique, intégrée et de l’organisation pour le risque. Le dispositif de management des
structurée du management des risques de l’entreprise. risques de l’entreprise aide ainsi la direction à déterminer une
stratégie correspondant à l’appétence de l’organisation pour le
risque. Un lien est alors établi entre la croissance, le risque et
1.3. Le management des risques le résultat et permet à une entité d’identifier, d’évaluer le risque
de l’entreprise : les enjeux et d’en établir des niveaux acceptables compatibles avec les
objectifs fixés par l’entreprise. Cela suppose que le management
L’objectif principal du Management des risques de l’entreprise des risques passe non seulement par une phase d’identification
est d’accroître la confiance et de contribuer à créer de la valeur mais aussi d’évaluation des risques. Les risques peuvent être
pour les actionnaires. Tout l’édifice repose fondamentalement classés en plusieurs catégories. On peut distinguer les risques
sur ce principe. Mais, satisfaire les actionnaires passe d’abord stratégiques, opérationnels, informationnels et réglementaires.
par une meilleure utilisation des ressources de l’entreprise. Le K. Lajili et D. Zéghal (2005) distinguent quant à eux plusieurs
management des risques de l’entreprise aide également à la catégories de risques que nous reproduisons dans le tableau 1.
prise de décision en identifiant les zones porteuses des risques Si les risques sont identifiés, Il convient de les qualifier selon
majeurs et en suggérant des plans d’actions pour y remédier. Il deux critères : la probabilité de survenance et l’impact en cas
est attendu aussi du management des risques de l’entreprise de survenance. L’impact pourra être apprécié selon plusieurs
qu’il contribue à instaurer la confiance auprès des investisseurs paramètres : impact financier, humain, impact sur l’image de
grâce à la mise à plat des processus métier de l’entreprise afin l’entreprise. Généralement, il est souvent fait appel à la cotation
d’identifier les éventuels dysfonctionnements ou les activités selon une échelle de type : faible/moyen/élevé. La combinaison
sensibles au regard des objectifs clés de l’entreprise. du critère 1 (probabilité d’occurrence) et du critère 2 (impact)
Une véritable politique de management des risques offre à l’entre- permet d’attribuer au risque considéré une cotation globale. Ainsi
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et une bonne compréhension de l’impact du risque en cas de Le COSO II Report est actuellement relayé par des pressions
survenance. Après l’identification et l’évaluation des risques, la externes, notamment les investisseurs institutionnels. Ceux-ci,
direction peut alors adopter une stratégie appropriée parmi les notamment les fonds de pension incitent les gouvernements
cinq stratégies de gestion de risques suivantes : l’évitement, la d’entreprises à adopter une approche intégrée du management
prévention, la réduction de l’impact, le partage et l’acceptation des risques. En Grande-Bretagne, par exemple, la London Stock
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du risque. Le choix d’une stratégie nécessite de chiffrer le rapport Exchange recommande vivement cette stratégie. En Australie et
coût/bénéfice de chacune des stratégies possibles. Ainsi une en Nouvelle-Zélande, un ensemble de standards communs au
entreprise qui aura pour objectif de se développer à l’interna- management des risques est mis en place. Pour le moment, il n’y
tional, ne pourra pas mettre en œuvre une stratégie d’évitement a aucune obligation. En Allemagne, des dispositions législatives
du risque d’échange. Par ailleurs, le management des risques, ont été votées en 1998. Aux Pays-Bas, un rapport a été également
grâce à la qualité des informations qu’il produit, oriente mieux publié. Ces lois et rapport militent en faveur de l’adoption d’un
les besoins en capitaux et leur meilleure allocation. Toutes ces management intégré des risques. De même, aux Etats-Unis, la
raisons militent en faveur de l’adoption d’un management intégré Securities and Exchange Commission, l’AICPA (rapport Jenkin) et
des risques de l’entreprise. le rapport du COSO font du management de risques une priorité
pour les entreprises. On peut, toutefois, regretter le caractère
non obligatoire de l’application de ces rapports. Au Canada, le
2. P
our une adoption CICA a publié un guide à destination des directeurs dans lequel
du management intégré il est précisé, avec force, que le contrôle fait partie du processus
de gouvernance, et, à ce titre, nécessite que les risques soient
des risques de l’entreprise convenablement gérés. Le guide parle aussi du fait que « les
risques contrôlables existent au travers de l’organisation, de par
Selon une enquête réalisée par Tillingast-Towers Perrin (2002, sa vocation, sa stratégie, son personnel et ses autres ressources,
p. 4), 5 à 10 % des entreprises d’Amérique du Nord utilisaient communication et pratiques opérationnelles générales. » Dans
une approche intégrée du management des risques. La même ce contexte, le contrôle inclut non seulement le problème des
enquête indiquait que les postes de Risk Managers étaient en valeurs éthiques mais également l’identification et la réduction
augmentation constante. Une autre enquête réalisée par le même des risques. Si le management a tendance à parler du risque
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saire devant exister entre l’activité et la fixation des objectifs de
l’organisation. Ces objectifs devront être définis en tenant compte
de l’appétence pour le risque de l‘organisation. Les processus
constituent le deuxième niveau de l’ossature du management des Figure 2. Processus de management des risques d’entreprise (problème du scéma
risques d’entreprise. Il s’agit des processus d’estimation, de forma- à revoir)
lisation et d’exploitation des risques qui doivent nécessairement
être décrits. Le troisième niveau de l’ossature du management Ces processus constituent une partie de l’ossature pour une
des risques d’entreprise concerne les actions, c’est-à-dire, les approche rigoureuse d’estimation et de reporting des risques
activités de contrôle, le système de surveillance, d’information susceptibles de compromettre la réalisation des objectifs de
et de communication. Si ces trois niveaux sont établis, la mise l’organisation. Cette approche présente des opportunités qui
en place d’un programme de management des risques se trouve permettent d’exploiter des éventuels avantages concurrentiels.
facilitée. L’ossature d’un management des risques d’entreprise Si les processus permettent d’identifier les risques, il convient
est schématisée dans la figure 1. alors de les évaluer.
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virage technologique) ou internes (l’infrastructure : réparations différents facteurs de risques qui ont été identifiés dans les
inattendues, problèmes ; le personnel : accidents de travail, grèves ; analyses précédentes.
les processus : problèmes de qualité, technologie). La formalisation des risques comporte quatre étapes. Il s’agit de :
Cette phase constitue le premier pas vers l’identification et l’éva- – modéliser les différentes sources de risques ;
luation des risques. Les facteurs de risques sont des évènements – les lier à des mesures financières ;
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ou des variables pouvant aggraver un risque. Perdre des parts de – développer un portfolio des stratégies pour remédier à ces
marchés est un risque. Mais ne pas y être préparé est un facteur risques ; et
de risque. Une revue des stratégies de l’organisation, des plans – optimiser les investissements avec ce portfolio des stratégies.
de financement et des opérations donnera des indices quant La première étape nécessite différentes approches qui seront
aux facteurs de risques qui peuvent être associés. Une approche fonction de la nature des facteurs de risques. Pour certains,
top-down (allant des supérieurs hiérarchiques aux subordonnés) une action banale peut être tentée. Pour les risques assurés ou
est utile dans ce contexte. Une analyse qualitative utilisant des des risques qui peuvent être facilement réduire sur les marchés
données passées et récentes peut être aussi utile pour identifier financiers, ils peuvent être modélisés en utilisant des méthodes
ces facteurs qui pourraient affecter la réalisation des objectifs statistiques basées sur des données historiques. Pour des
fixés par l’entreprise. Le rapport sur les opinions des cadres risques d’entreprise dans son ensemble, une évaluation proba-
est fréquemment utilisé à cette étape au même titre que des biliste basée sur les avis des cadres et d’experts peuvent être
analyses prévisionnelles. élaborées. Finalement, cette partie de l’analyse, encore basée
La deuxième étape de l’évaluation des risques privilégie les sur les avis d’experts doit déterminer et modéliser les relations
facteurs de risques. Cette étape suppose le regroupement et entre les sources de risques.
le détail de l’information relative à chaque facteur de risque. Le La deuxième étape dans la formalisation des risques consiste à
processus doit prévoir la probabilité, la fréquence, la prédictibilité lier les facteurs de risques à des indicateurs financiers comme le
et les effets potentiels sur les indicateurs clés de performance de cash flow. La distribution probabiliste de la deuxième étape est
ces facteurs. Un jugement subjectif combiné à un modèle mathé- ajoutée au modèle financier pour qu’une mesure de la volatilité
matique comme l’actualisation est utile pour rechercher l’impact et de la rentabilité financière soit obtenue. Cela permet aussi
potentiel du risque sur la stratégie de l’entreprise, sa croissance, l’analyse de l’impact de la gestion à travers une série de scénarii
sa réputation, ses ressources humaines ou ses systèmes. hypothétiques.
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tension les sources de risques. La connaissance ou l’identifica- employés agissant au niveau individuel ou comme membre d’un
tion des risques constitue en soi, pour l’entreprise, un avantage groupe de travail. Ce qui est important, c’est que la communication
comparatif. En effet, le risque peut représenter une menace pour soit capable de transmettre un résumé clair de la philosophie
la compétitivité de la firme. Ensuite, une entreprise peut être de gestion des risques pour l’entreprise et pour chaque membre
capable de manager les risques mieux que les concurrents. A de l’organisation dans le cadre du programme de management
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tous les niveaux, l’exploitation des risques entraine une réponse. des risques. Cela peut être accompli avec l’utilisation de divers
Il n’y a pas une mais plusieurs réponses aux risques comme médias. L’entreprise peut choisir d’utiliser des manuels, des notes
l’illustre la figure 4. de service, des vidéos, conférences ou des présentations. Tout
cela doit faire partie de la communication interne mais aussi de
la communication externe à double sens entre l’entreprise, ses
clients, ses fournisseurs et l’ensemble des acteurs pouvant avoir
un rôle à jouer dans l’atteinte des objectifs de l’organisation.
Etablir un programme de gestion des risques est une chose ;
s’assurer qu’il fonctionne en est une autre. C’est le devoir (rôle)
Figure 4. Les possibles réponses au risque du monotoring. Il doit y avoir des procédures en place dans
l’organisation pour évaluer de façon continue la présence et le
La stratégie d’évitement consiste pour le management de stopper fonctionnement de tous les composants du management de
ou de réduire l’activité qui favorise le risque. Par exemple, l’entre- risques d’entreprise. Le monotoring peut être réalisé soit avec
prise refusera d’entrer sur un marché ou de fermer une usine. l’emploi d’activités récurrentes soit à travers l’utilisation d’éva-
Une autre stratégie peut être adoptée consistant à se partager luations périodiques de différentes activités. Ces deux approches
le risque. peuvent, bien entendu, être judicieusement combinées. Aucun
Le partage du risque : Il y a plusieurs façons de partager le risque nombre d’activités de monotoring n’est précisé pour assurer
relatif au management. L’assurance, la mutualisation sont des le fonctionnement du programme du management des risques
exemples d’une telle approche. Par ailleurs, la probabilité ou d’entreprise. Néanmoins, le rapport du COSO suggère une série
l’impact du risque peut être ou transférer. d’activités qui suppose :
L’acceptation du risque : le management a le choix d’accepter la – que les variances entre résultats réels et budgétés soient vérifiés
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dans une division particulière. L’évaluation va essayer de déter- il convient de se munir de la documentation disponible afin de
miner comment le système fonctionne. Le processus, à la fois au contrôler la fiabilité du nouveau système. Les modifications sur
niveau de la structure et du fonctionnement peut être déterminé le système de sécurité peuvent être appréciées en s’assurant de
par l’utilisation de moyens comme les check-lists ou des flow l’existence des procédures d’accès mises en place. L’assurance
charts. Les écarts entre ce qui devrait arriver et ce qui est arrivé, quant à l’exhaustivité, l’autorisation et la validité des informa-
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en réalité, doivent être identifiés. Les résultats de ces évaluations tions lors de la saisie et du traitement est l’objectif du contrôle
sont remontés par les moyens normaux de l’entreprise. du système d’information. Quelques contrôles utilisables par
Il peut exister une confusion entre le contrôle et le monotoring. l’entreprise concernent notamment l’utilisation des techniques
Pour le COSO, le contrôle des activités du management des risques de comparaison et le rapprochement des données nouvelles
d’entreprise sont les politiques et les procédures qui aident à avec des données informatiques, le contrôle de vraisemblance,
assurer que les procédures visant à contrecarrer les risques sont les tests de logique sont autant de contrôles qui peuvent être
appliquées. Par contre, le monotoring concerne le processus entier utilisés pour vérifier les données informatiques. D’autres contrôles,
du management des risques d’entreprise et son fonctionnement. plus spécifiques, devront être mis en place, en rapport avec les
Ainsi, le contrôle des activités liées au management des risques stratégies, les objectifs et les secteurs d’activité de l’entreprise.
d’entreprise ne traite que de la partie relative à la réaction au Les contrôles doivent refléter et correspondre à l’environnement
risque du processus. C’est la fonction de ce contrôle particulier dans lequel l’entreprise évolue. Variées ou hautement pointues, les
de l’activité que de déterminer si les objectifs par le processus diverses activités peuvent nécessiter des contrôles plus élaborés
« réponse au risque » ont été bien réalisés. Le contrôle devient que ceux qui pourraient correspondre à des activités plus générales
alors une partie intégrante du processus lorsque l’organisation et moins complexes. Les risques auxquels l’organisation pourrait
tente d’atteindre cet objectif. Il existe une très grande variété être exposée vont aussi définir la nature et la complexité du contrôle
de contrôles pouvant être utilisés pour vérifier la conformité des à mettre en place ou requis. Davantage d’informations au sujet du
plans d’action établis et maintenir l’organisation dans le sens contrôle de l’information et des comptes peuvent être obtenues
des objectifs préalablement définis. Les principales activités de par de nombreux tests. Le management des risques doit s’inscrire
contrôle peuvent comprendre : dans le cadre plus global de la gouvernance de l’entreprise.
– le contrôle qui s’exerce sur la revue des rapports de performance
des managers à divers niveaux de l’organisation. Le contrôle
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gouvernance est justement de se prémunir contre les risques de la gouvernance d’entreprise même si les principaux rapports
internes et externes, opérationnels et stratégiques susceptibles sur la gouvernance d’entreprise en France ne contiennent pas de
de compromettre l’atteinte des objectifs fixés par l’organisation. recommandations en matière de contrôle des risques. Néanmoins,
Des appels à un renforcement de la gouvernance d’entreprise et les lois sur la sécurité financière en France et la Sarbanes-Oxley
de la gestion des risques ont été lancés. La loi Sarbanes-Oxley aux act aux Etats-Unis, prévoient la création de comités d’audit pour
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USA et la loi sur la sécurité financière en France constituent des porter la responsabilité des risques purement comptables. La
éléments de réponse à ces appels répétés et s’intègrent dans le création de comités spécialisés : d’audit, de rémunérations et de
dispositif d’une bonne gouvernance d’entreprise. Dans le même nomination est une réponse aux exigences liées à la gouvernance
cadre, E. Ebondo Wa Mandzila (2006) considère l’audit et le contrôle d’entreprise pour faire face aux risques comptables et financiers,
interne comme deux mécanismes de gouvernance de l’entreprise, aux risques de sur-rémunérations et à ceux que fait courir la
sensés réduire les risques auxquels l’entreprise est exposée. Déjà, nomination d’un dirigeant incompétent.
la commission Treadway, dans son premier rapport : Internal Control- En effet, il est attendu des conseils d’administration une bonne
Integrated Framework (COSO I Report, 1992, 1994) « dépassait compréhension et une gestion efficace des risques pour rassurer
les définitions traditionnelles du contrôle interne qui le réduisaient toutes les parties prenantes.
à des procédures administratives de protection du patrimoine et
de fiabilisation des informations financières et de gestion » pour
présenter une architecture radicalement nouvelle du contrôle 3.2. Management des risques
interne permettant d’atteindre les trois objectifs (optimisations et gouvernance d’entreprise :
et efficacité des opérations, qualité des informations financières,
conformité à la réglementation). Le management des risques de une approche intégrée des risques
l’entreprise, s’approprie les trois objectifs et les cinq composantes et de l’entreprise.
du contrôle interne (environnement de contrôle, évaluation des
risques, activités de contrôle, information et communication, Il ne fait nul doute que nous sommes entrés dans l’ère du risque.
pilotage) qu’il complète respectivement par un quatrième objectif Ce contexte a une influence sur notre vision de penser le risque.
(la stratégie) et trois autres éléments du dispositif de management
des risques (fixation des objectifs, identification des événements
3.2.1. Management des risques et gouvernance
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26 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 237-238 – Stratégie
l’approche financière et partenariale. L’approche financière risque son capital matériel et financier par opposition au capital
privilégie la relation entre les actionnaires et le dirigeant dans le humain. Cependant, les managers et les actionnaires en ont
cadre d’une relation d’agence. Dans cette aventure personnelle, toujours accepté les avantages et les inconvénients et ont tenté
les actionnaires prennent le risque d’engager leur capital. Ils en de gérer et de réussir ces paris risqués. Leur approche du risque
attendent un retour sur investissement. Le rôle du système de était peu organisée et trop souvent inefficace. Les temps ont
gouvernance d’entreprise consistera donc à se focaliser sur la changé et les faits ont montré que la vieille approche des silos
rentabilité de l’investissement financier. Dans ce cas de figure, hiérarchiques (fabrication, études, ventes, marketing, adminis-
les actionnaires transfèrent leurs risques moyennant rémunération tration…) en management des risques n’était plus suffisante.
aux agents (dirigeants). Il incombe à ces derniers, de mettre les Ainsi, une nouvelle approche du management des risques a été
principaux acteurs financiers à l’abri des risques financiers, infor- développée. Elle s’appelle le Management des risques d’entreprise
mationnels, de détournement, de sur-rémunération, de dévaluation qui prône une approche intégrée et rigoureuse des risques en
des actifs, de marché, de perte en capital, de faillite et de grève évaluant et en localisant les risques dans toutes les zones qui
notamment. Mais face à la complexification de l’environnement pourraient avoir un impact sur la stratégie de l’organisation et
des entreprises et l’irruption de plusieurs acteurs dans la sphère ses différents objectifs. Bien qu’il y ait de nombreux avantages
de l‘entreprise, l’entreprise doit faire face à une diversité des à retirer du Management des risques d’entreprise, le principal
risques qui dépassent le strict cadre financier. D’où la nécessité avantage demeure sa capacité à éviter de grosses pertes. Si le
de recourir à une autre approche partenariale de l’entreprise. risque peut être pris en compte et bien géré, des pertes lourdes
Dans ce modèle, l’entreprise ne se résume plus seulement à la peuvent être évitées. Les concepts du management des risques
satisfaction des intérêts des actionnaires. La valeur créée par d’entreprise sont définis par l’environnement de l’organisation.
l’entreprise est aussi le fait des apporteurs du capital humain, Cette philosophie du management des risques est la clé de voûte
organisationnel, commercial. Cette vision élargie des acteurs autour de laquelle toute l’architecture d’un programme de manage-
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