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2014/8 N° 74 | pages 71 à 95
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.074.0071
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2014-8-page-71.htm
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Résumé
L’objet de l’article est de s’intéresser aux effets positifs du télétravail
sur la conciliation vie personnelle et vie professionnelle ainsi qu’à ses
effets négatifs sur le brouillage des frontières.
La recherche a porté sur deux entreprises nommées Telecom et
Administration. Cinquante-quatre entretiens auprès de télétravailleurs,
de cadres et membres de la direction ont été réalisés. Deux types
d’organisation du télétravail sont étudiés : d’une part, le télécentre et
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Abstract
The purpose of this article is to consider on the one hand, the
positive effects of teleworking on the personal and the professional
life balance and on the other hand, the negative effects and
especially, the blurring of boundaries between work and private life.
1 Marc DUMAS : Maître de conférences Habilité à Diriger des Recherches en Sciences de Gestion
à l’Institut de Management de Bretagne Sud de l’Université de Bretagne Sud (laboratoire IREA EA 4251).
Ses travaux portent sur la qualité de vie au travail, la relation travail hors travail et l’implication des per-
sonnes. Il est l’auteur de plusieurs articles sur le thème de l’articulation vie personnelle et vie professionnelle
dans des revues classées, ainsi que de nombreux chapitres d’ouvrages. Il a également publié deux ouvrages :
Vie personnelle et vie professionnelle : Vers un nouvel équilibre dans l ’entreprise ? aux Editions EMS en 2008
et Risques et souffrance au travail. Nouveaux risques, nouveaux remèdes (avec D. Alis, G. Poilpot-Rocaboy),
aux éditions Dunod, en 2009 - [email protected]
2 Caroline RU ILLER : Maître de conférences en Sciences de Gestion à l ’Institut de Ges-
tion de Rennes / IAE de Rennes, Université de Rennes 1 (laboratoire CREM, CNRS, UMR 6211).
Ses travaux portent sur les comportements et les rôles organisationnels, la qualité de vie au travail
et son organisation. Elle est l ’auteur de plusieurs articles sur ces thèmes dans des revues classées -
[email protected]
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Le télétravail est rentré dans le code du travail avec la loi du 29 février 2012. Selon l’ar-
ticle 46 de la loi de simplification du droit du 22 mars 20124, « le télétravail est une forme
d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans
les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière
et volontaire en utilisant les TIC dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à
celui-ci ». La loi précise des droits nouveaux aux salariés télétravailleurs (l’employeur
fournit, installe et entretient les équipements). En pratique, le télétravail prend deux formes
principales se différenciant par le lieu d’exercice du travail : travailler à son domicile ou
d’un bureau satellite ou télécentre. Cette distanciation de l’équipe d’appartenance et du
manager, qui perd son pouvoir de contrôle direct, est compensée par l’usage d’outils de
communication, permettant aux télétravailleurs d’accéder aux systèmes d’informations
comme au bureau.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
à domicile dont deux tiers hors du cadre réglementaire et 7,9 % en télécentre. Le Centre
d’Analyse Stratégique (Frenhenbach et Dufort, 2009) estime que le télétravail a un fort
potentiel de développement qui pourrait concerner jusqu’à 50 % de la population active
en 2015. Toutefois le télétravail en France est encore très peu formalisé et se fait suivant
des pratiques discrétionnaires. L’enjeu serait de sortir de cette zone grise, informelle.
5 - 2011 - « Etat des lieux des pratiques de négociation sur le télétravail dans les entreprises en
France », Document de l’ORSE (Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des entreprises) - 2011 -
(téléchargeable sur http ://www.orse.org/). 2011 - « Travailler, se sociabiliser et collaborer « à distance »
- Rapport rédigé par Telecom ParisTech qui a assuré la direction scientif ique de l’étude - Résultats pré-
liminaires de l’étude WITE 2.0 qualitative réalisée par entretiens semi-directifs - 2011 - (téléchargeable
sur http ://www.telecentres.fr/wp-content/uploads/2011/10/Rapport-etude-qualitative-WITE20-oct-2011.
pdf ) 2012 – Greenworking - 2012 – « Les conditions de réussite du télétravail » - Yves Lasfargue et Sylvie
Fauconnier - 2012 - Ce rapport présente les résultats de l’enquête OBERGO 2011/2012 sur les conditions
de vie au travail et hors travail des télétravailleuses et télétravailleurs.
6 « Nouvelles organisations, les temps changent », Travail et Changement, Anact, n° 335, janvier-fé-
vrier 2011, p. 3.
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L’analyse proposée dans l’article, porte sur la gestion des frontières entre la vie person-
nelle et la vie professionnelle avec une focale « paradoxale » : si le télétravail peut réduire
un conflit « vie professionnelle / vie familiale », il peut faire déborder le travail au-delà
de la frontière que le salarié souhaite édifier entre son travail et sa vie hors du milieu
ordinaire de travail. L’identification de leviers actionnables pour prévenir le brouillage
des frontières et créer les conditions du bien-être, mérite d’être réfléchie. Notre intérêt
réside ici dans l’étude du temps de travail formel et la présentation et la discussion des
résultats qualitatifs issus de deux études de cas approfondies – une administration ter-
ritoriale et une grande entreprise des télécoms – sont présentés.
1. Le cadre conceptuel
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
ménagères et plus le rythme des incursions personnelles au travail augmente pour chacun
des partenaires : « Tour à tour, on s’envoie des mails pour dire ce que l’on a fait, ce qu’il
reste à faire ou pour rappeler à l’ordre » (Le Douarin, 2007, p. 122). Dans le prolongement
de ces incursions et des pratiques ordinaires, l’usage des TIC à des fins personnelles au
bureau s’est développé.
Il faut noter que les incursions du travail dans la vie personnelle sont plus nombreuses
que celles de la vie personnelle au travail (de Coninck, 2006). « Depuis les travaux de
Weick, il est reconnu qu’il existe bien une dissymétrie des intrusions, la vie privée étant
davantage bouleversée par ce brouillage des frontières » (Klein et Ratier, 2012, p. 183).
Par ailleurs l’usage des TIC est différent selon les personnes, notamment le genre et le
niveau de formation. Comme l’indique le Douarin (2007, p. 105), « les salariés issus des
Télécoms ou de l’informatique érigent les technologies comme des outils devant faciliter
leur existence, tant au travail qu’au domicile. Vitrine de leurs savoir-faire, les TIC sont des
outils avec lesquelles ils excellent pour articuler les différentes sphères sociales ».
Les TIC peuvent offrir « de nouvelles possibilités d’émancipation aux personnes désireuses
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L’équilibre travail-famille peut être facilité quand les personnes ont suffisamment de
temps pour remplir des activités dans les contextes professionnels et familiaux ou bé-
néficient d’une flexibilité du temps et du lieu de travail. Le modèle de Karasek (1979)
peut en être une illustration : quand le contrôle sur une exigence du travail augmente,
le conflit entre le travail et la famille diminue et l’équilibre devient négatif.
Brey (1999) montre ainsi que le télétravail accroît l’autonomie des personnes. En effet,
la capacité à contrôler le temps de travail est essentielle dans la gestion de multiples exi-
gences / rôles, tandis que l’opportunité de travailler au domicile permet aux personnes
d’exercer ces prescriptions familiales avec un meilleur état d’esprit (Hill, Hawkins, Ferris
et Weitzman, 2001). Golden, Veiga et Simsek (2006) ont par ailleurs montré que l’auto-
nomie dans l’emploi et la flexibilité des horaires de travail ont un effet modérateur du
télétravail sur le conflit travail-famille.
Les avantages du télétravail pour l’équilibre entre les vies personnelle et professionnelle
ont été mis en évidence par une méta-analyse, recensant 46 études de la littérature
couvrant 12 883 employés (Gajendran et Harrison, 2007). Un des facteurs explicatifs
majeurs résiderait dans la flexibilité temporelle (Tremblay, Chevrier et Di Loreto, 2006)
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Proposition 1 : Le télétravail a un effet globalement positif sur l’équilibre vie per-
sonnelle et vie professionnelle.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
que les salariés doivent avoir une gestion des frontières formelles, à partir de principes
pour organiser et séparer les exigences du travail et les attentes spécifiques provenant
du domaine familial.
Le risque peut venir de la famille qui peut solliciter le télétravailleur durant ces heures
de travail à domicile. Ainsi Mustafa (2012) constate que les télétravailleurs à domicile
peuvent vivre un sentiment de déséquilibre en tentant de gérer les exigences de leur
travail à côté des attentes de leur famille. Des répondants signalent que du fait de leur
présence au domicile, leur famille a de très fortes attentes à leur égard et les trois quarts
des répondants se plaignent que des membres de la famille ne perçoivent pas leur travail
comme un véritable travail.
Selon Tremblay, Chevrier et Di Loreto (2006, p. 4), « les membres de l’entourage ne com-
prennent pas toujours les limites du télétravailleur et se permettent de formuler des demandes
de disponibilités qu’ils ne formuleraient pas si la personne ne travaillait pas à la maison ».
A l’inverse « pour l’entourage, les parents, les amis, le fait de voir le télétravailleur travail-
ler quelques heures le week-end peut les inciter à dire que celui-ci est toujours en train de
travailler ». Ainsi, le télétravail peut être source de conflits familiaux (Haddon et Lewis,
1994 confirmant les résultats de Christensen, 1987). Cependant, Tremblay (2001) ou
encore Felstead et Jewson (2000) ne font état que de problèmes mineurs d’adaptation
au début de l’installation à la maison. Les télétravailleurs établiraient des règles de fonc-
tionnement avec les membres de leur famille et cela ne créerait pas de frictions au sein
de la famille (Tremblay, Chevrier et Di Loreto, 2006). Une étude récente de Bourhis et
Mekkaoui (2010) modère ces derniers résultats signalant que le télétravail est davantage
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1.3. Les leviers d’actions pour réduire les risques pour les salariés du
brouillage des frontières spatio-temporelles
Klein et Ratier (2012) avancent trois axes de réflexion pouvant guider les leviers d’ac-
tion visant à réduire les risques pour les salariés du brouillage des frontières spatio-
temporelles, qui sont applicables à la situation de télétravail : les TIC et la clarification
des règles du jeu de la part des directions des ressources humaines ; l’autorégulation
en phase d’apprentissage des nouveaux usages du temps et de l’espace liés aux TIC ;
l’organisation des activités télétravaillées pour mieux organiser son temps de travail.
En situation de télétravail les TIC « équipent » pleinement les activités de travail qui ne
s’opèrent plus seulement sur un mode individuel mais également collaboratif accompagné
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A l’inverse, comme le mentionnent Klein et Ratier (2012, p. 190), « si l’une des conditions
de réussite du travail à distance tient à la capacité d’autonomie du salarié, l’équipement
en mobilité suscite également la crainte d’un contrôle accru ».
Outre les outils, les règles et les modalités d’organisation du télétravail ont un rôle majeur
dans le succès du télétravail. Le risque d’isolement social des travailleurs paraît partiel-
lement contourné par la préférence accordée à des formules de télétravail alternant,
principalement entre le domicile et l’entreprise (Schampheleire et Martinez, 2006). Il
est souvent relevé que plus le télétravail se fait de manière continue, régulière, plus il
peut avoir des effets négatifs sur le sentiment d’appartenance du salarié au collectif
mais aussi sur les marques de reconnaissance du collectif envers ce travailleur (Klein
et Ratier, 2012, p. 193).
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
Il est recommandé aux télétravailleurs à domicile de se fixer des normes, des repères,
des règles de début et de fin journée. En l’absence de régulation formelle, c’est souvent
l’entourage qui impose des limites de temps (Metzger et Cléach, 2004). La famille a alors
un rôle de garde-fou contre le surtravail et plus largement pour définir des frontières
entre travail et hors travail.
La grande majorité des télétravailleurs à domicile interrogés par l’Obergo déclarent qu’ils
disposent de meilleures marges de liberté dans la gestion de leur temps, notamment pour
organiser leur journée de travail (capacités d’autonomie et d’organisation). Le télétravail
prend souvent place dans des structures pratiquant le management par objectifs et donc
laissant une grande autonomie aux salariés (Klein et Ratier, 2012, p. 195).
Proposition 3 : Les risques de brouillage peuvent être diminués par des outils
et modalités d’organisation (de management) du télétravail spécifiques (leviers
d’actions).
2. Méthodologie
Le terrain de la recherche est ainsi composé de deux grandes organisations : une ad-
ministration territoriale et une entreprise du secteur des télécoms. Deux organisations
caractérisées par des différences notables sur de très nombreux points, mais qui ont
comme points communs d’être des innovateurs en matière de télétravail.
Chez Telecom, 30 entretiens (16 femmes et 14 hommes) ont été conduits sur la période
de janvier à juillet 2013, soit 6 télémanagers et 24 télétravailleurs dont 3 en télécentre
(responsables de département pour les télémanagers et essentiellement conseillers client
ou soutien au grand public pour les télétravailleurs) ont été interrogés.
Après un cours récit de vie professionnelle, trois thèmes principaux ont été abordés
non directivement ou semi-directivement : (1) la situation de télétravail objectif et sa
représentation par le salarié (organisation, règles), (2) les motivations de passage au
télétravail et l’articulation perçue entre vie professionnelle et vie « hors travail » et (3)
les difficultés et risques perçus et les TIC utilisés.
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N°74 - Décembre 2014
Les entretiens d’une durée variable 40 à 130 minutes ont été entièrement retranscrits et
ont fait l’objet d’une analyse de contenu manuelle par thématique, structurée en fonction
des trois thèmes du guide.
Dans cette collectivité territoriale de 4 000 agents, le télétravail répond à des objectifs
environnementaux et humains. Il a démarré à titre expérimental en octobre 2009 avec
27 agents. L’expérimentation a été étendue à 9 directions volontaires en septembre
2010. La généralisation aux autres directions s’est faite à partir de janvier 2012. Le
télétravail constitue une modalité de l’organisation du temps de travail pour les agents
administratifs (1 700 personnes). Parmi les 20 télétravailleurs interviewés d’Adminis-
tration, 17 pratiquent le télétravail à leur domicile et 3 sont en télécentre (dont un dans
un télécentre partenaire).
Le télétravail au sein de Telecom fait l’objet d’un accord groupe et s’inscrit dans les actions
en faveur de l’égalité entre hommes/femmes, de l’accès et du maintien dans l’emploi des
travailleurs handicapés et de la parentalité. Nous avons étudié 3 formes de télétravail chez
Telecom. La première, le télétravail à domicile (5 entretiens). Les formes de télétravail à
domicile sont variées, allant d’une demi-journée à deux jours. Nous avons pu tacitement
comprendre que le télétravail à domicile n’est pas culturellement ancré dans les représen-
tations de l’organisation du travail. La seconde, le télétravail en équipe distante (équipe
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Notons que les entretiens avec des cadres nous ont révélé l’importance du télétravail
informel que nous n’évoquerons pas.
3. Résultats
Les résultats sont structurés autour des propositions de recherche qui se dégagent de la
revue de littérature et hiérarchisés en fonction de leur significativité suite à l’analyse de
contenu. Nous reprendrons en résultats des verbatim qui nous semblent les plus illustratifs.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
Peu d’agents ont exprimé des difficultés d’ordre familial ou de contraintes personnelles
pour motiver leur candidature au télétravail. Si elles existent, elles sont également asso-
ciées à un temps de trajet long. Une femme divorcée avec deux adolescents cumule charge
familiale et un temps de trajet de 40 km aller en voiture. Une autre cumule un trajet aller
de 60 km, un bébé qu’elle élève seule (conjoint en déplacement) et une préconisation
médicale de télétravailler pour raison de santé.
Les contraintes professionnelles relatées par les personnes (autant les cadres que les
télétravailleurs eux-mêmes) sont : l’environnement de travail, la relation managériale ou
les difficultés dans le service. L’espace de travail est souvent critiqué. Il ne permettrait
pas par exemple de se concentrer. En télétravail, les personnes reconnaissent travailler
plus au calme, plus confortablement, ce qui rejaillit sur la qualité de vie personnelle.
Pour au moins trois télétravailleurs, le télétravail permet une prise de distance vis-à-vis
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En résumé, l’attrait du télétravail est davantage déterminé par des difficultés vécues au
travail que par des difficultés d’ordre familial.
Les raisons de santé sont également un facteur expliquant les motivations à changer
d’organisation de travail. « Le télétravail à C., parce que j’habite C., s’est fait en avril 2011,
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N°74 - Décembre 2014
suite à des évènements personnels. 2010, j’ai été en arrêt de travail toute l’année, quasiment,
j’ai fait une grosse dépression ».
Le télécentre se particularise par une meilleure qualité de vie au travail en termes d’agen-
cement de l’espace de travail et par ailleurs, la dynamique de groupe restreint apparaît
être un facteur d’attractivité.
Quatre des cinq télétravailleurs à domicile travaillent dans un open space et disent travailler
« plus au calme », alors qu’il est difficile de réfléchir en open space, de se concentrer. Le
télétravail répond à un besoin de s’isoler pour mener un travail de fond. Les principaux
motifs au télétravail à domicile sont l’économie de temps et financière à réduire les tra-
jets domicile-travail. Ceux qui télétravaillent une demi-journée apprécient de cumuler
la demi-journée non travaillée pour s’occuper des enfants (« temps convenu » à 90 %) et
le télétravail la même journée. Ils disent tous que le télétravail apporte un grand confort
de vie.
Une assistante a été jugée apte au travail sous condition de télétravailler (trajet domi-
cile-travail 60 km). C’était une condition pour travailler, de plus elle lui permet de suivre
ses séances de kinésithérapie. Pour un autre agent le télétravail lui permet de se rendre
à des rendez-vous médicaux : « Cela m’évitait de prendre une demi-journée de RTT ».
Le télétravail est apprécié pour sa souplesse associée à une économie de temps et aux
horaires variables. Il permet une meilleure gestion du temps.
Le télécentre permet d’une part, d’alléger le temps de transport et d’autre part, il dé-
termine un investissement dans le travail sans impression de sacrifice : « J’embauche
plus tôt le matin […]. Officieusement, je fais plus ici que j’en fais à N. ». Le télécentre peut
garantir dans cette perspective, le maintien dans l’emploi. C’est particulièrement le cas
d’un salarié suite à une dépression, qui en l’absence de cette organisation alternative,
n’aurait pu continuer à pratiquer son activité professionnelle sur site traditionnel du fait
des 150 km quotidiens de transport.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
Les télétravailleurs disent unanimement que le télétravail ne s’improvise pas, qu’il faut
s’organiser et préparer sa journée de télétravail, pour qu’elle soit une journée comme
une autre.
Les horaires sont globalement identiques et sur ce point les agents se sont fixés des
règles. Ainsi cette cadre, explique qu’elle a adopté « un principe : en étant sur B je ne pars
pas plus tard. J’en profite pour prendre les RDV médecin coiffeur banque faire mes courses,
des choses personnelles. Je termine à 17h. Je ne vais pas travailler plus tard au prétexte que
je n’ai pas la route à faire ».
Pour une autre personne, l’arrivée de sa fille du collège marque la fin de sa journée de
travail.
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L’intérêt du télécentre réside dans la réduction des risques de débordement du travail sur
la vie « hors travail » en « bornant » les horaires entre 8h et 18h. Toutefois, cela n’empêche
pas les techniciens de réaliser du travail à domicile (tâches de maintenance) et ce, ponc-
tuellement. Les salariés du télécentre seraient donc plus enclins à faire des compromis
d’horaires en cas de pics d’activité, ce qu’ils accepteraient moins sur le lieu de travail.
« Quand je suis à N., je respecte plus les horaires pour ne pas rester dans les bouchons ».
A domicile, les personnes évoquent très précisément et en toute transparence leur orga-
nisation personnelle qui semble bien définie avec un respect des horaires et une parfaite
séparation des frontières imposée par des contraintes d’ordre familiale (chercher les
enfants à l’école ou à la garderie). Seule une personne sans enfant qui télétravaille le
vendredi après-midi à son domicile dit « ne pas avoir d’horaires pour finir ».
Avec le télétravail à domicile, le lieu de travail reste un lieu privé et familial. Plusieurs
personnes évoquent la présence de membres de la famille au déjeuner et des interrup-
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Autre risque évoqué par un directeur, le travail sans fin et donc une vigilance renforcée
de l’institution sur la santé des travailleurs, comme le prévoit le code du travail. Ce
risque est également évoqué par un chef de service en faisant référence à un agent de
son service : « Il disait, qu’il s’est vu certains jours avec un mal de tête le soir car il n’avait
pas décroché, « le fait d’être en télétravail je n’ai pas su m’arrêter » ».
Un chef de service estime que le sentiment de culpabilité peut déclencher des émotions
négatives néfastes pour la santé du télétravailleur. Ce sentiment semble présent au début
puis s’atténue par la suite, avec le renforcement de la relation de confiance avec le manager.
Par ailleurs certains télétravailleurs à domicile évoquent l’isolement. Ainsi cette assistante
sociale qui organise sa semaine entre télétravail à domicile et rendez-vous à l’extérieur
et deux jours au bureau, reconnaît un manque relationnel.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
En télécentre, il n’y a aucun risque de brouillage des frontières pour les techniciens, lui
conférant un avantage certain. Néanmoins, les risques d’isolement voir d’invisibilité aux
yeux de la hiérarchie seraient importants voire même un frein à l’avancement de carrière.
A domicile, les personnes séparent la vie privée et la vie professionnelle durant le temps
de télétravail. Toutes évoquent un bureau isolé. La mise à disposition de TIC identiques
à ceux du bureau, recrée un espace de travail de bureau habituel.
Le temps télétravaillé est de deux jours maximum pour ne pas isoler du collectif de tra-
vail. Plus précisément la règle fixée par l’institution est de ne pas dépasser 50 % de son
temps de travail. Chaque direction a prévu un nombre de jours, en général sur un rythme
hebdomadaire au départ. Le chef de service décide de la durée en fonction des contraintes
de service. La décision d’un jour par semaine au lieu de deux peut également se faire au
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La règle de réversibilité et de flexibilité (« pas de droit », « être présent aux réunions », « on
peut lever le télétravail en période de budget, en période d’absence ») conduit souvent les
télétravailleurs à revenir au bureau (périodes de congés scolaires, réunions…). Certains
agents ont cherché à négocier un décalage ou report des jours de télétravail « non réalisés »,
qui a été refusé par leur chef de service.
Ces règles ont été adoptées au niveau du service dans un cadre collectif. Une des principales
règles est de définir les périodes non télétravaillées. Ainsi un chef de service rencontré
ne permet pas « de cumuler télétravail et congés, ni RTT », qui « pose problème lorsque
l’agent part avec les dossiers ». Ces règles sont variables selon les services. Notons que le
télétravail n’a pas fait l’objet d’un accord collectif.
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N°74 - Décembre 2014
Les deux cas sont très différents dans l’usage des TIC. Le manque de maturité dans l’usage
des TIC favorise un certain nombre de risques de nature diverse (informationnelle, in-
trusion vie personnelle…).
Une des conditions matérielles pour télétravailler est de posséder une box avec une
connexion haut débit. Outre la formation de deux heures à l’outil informatique dispen-
sée aux futurs télétravailleurs et l’assistance pour aider les télétravailleurs confrontés à
des problèmes de réseaux ou d’outils particuliers, Administration met à disposition des
télétravailleurs l’équipement nécessaire à la réalisation de son travail à son domicile en
fournissant un ordinateur portable.
Le téléphone est l’outil qui pose le plus de problème en termes de relation travail et hors
travail. Les appels sur la ligne personnelle sont mal ressentis par les télétravailleurs.
Les critiques sur le téléphone concernent : le n° apparent, la ligne bloquée et le fait de
tomber sur le répondeur familial.
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Pour recevoir les appels qui leurs sont adressés en toute transparence, il est demandé
aux télétravailleurs de procéder au transfert des appels la veille ou le matin. Si la veille
était recommandé, car il est de la responsabilité du télétravailleur de le faire, le cas le
plus fréquent est celui du transfert fait le matin par un collègue et qui est retiré le soir
après qu’un message de rappel ait été adressé par le télétravailleur.
Le filtrage d’appels par un collègue ou une assistante peut être pratiqué comme au bureau.
Les personnes qui sont sur des dossiers et ne souhaitent pas être dérangées « peuvent
demander à quelqu’un de prendre les appels, même en télétravail ».
L’activité de l’entreprise caractérise par nature une maturité d’usage des TIC. Ainsi, tous
les salariés rencontrés disposent d’un téléphone fixe et d’un téléphone mobile personnel,
d’une messagerie mail, utilisent quotidiennement un outil de messagerie instantanée
« Communicator » avec usage approprié de la vidéo instantanée et usent fréquemment
des conférences multi-pont.
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Le télétravail : les risques d’un outil de gestion des frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
A domicile les outils sont identiques. Tous évoquent la grande performance des moyens
de communication et l’habitude à utiliser ces outils, qui fait que « être chez soi ou au
bureau, c’est pareil ».
4. Discussion
La présente recherche fait état de deux organisations adoptant dans des logiques diffé-
renciées le télétravail, comme nouvelle organisation spatio-temporelle. Elle se concrétise
par le nombre important de télétravailleurs à domicile chez Administration.
Dans les deux cas étudiés, le télétravail a été utilisé comme un levier de motivation et
a incontestablement permis aux personnes de vivre mieux : économie financière, de temps
et de transport. Alors que le télétravail est souvent présenté comme un moyen de mieux
articuler vie personnelle et vie professionnelle, il nous semble qu’il a permis de s’éloigner
de conditions de travail parfois difficiles, particulièrement dans le cas Administration
(dérangements des collègues) et l’espace de travail (très grands plateaux et open space)
chez Telecom. Dans le cas du télécentre chez Telecom, c’est la double-identification à
deux équipes de travail ainsi que le rapport au temps travaillé qui constituent la réelle
plus-value de la situation de télétravail. Egalement, le télétravail à domicile a permis
aux salariés parents de mieux gérer, contrôler leur temps et de dégager du temps pour
être avec leurs enfants.
Nos résultats convergent en partie avec ceux de Tremblay (2001). Dans une recherche
réalisée au Canada, elle trouve que « les deux tiers des répondants font du travail à do-
micile en raison des exigences de leur travail, alors qu’un pourcentage réduit le font pour
des motifs de conciliation ». « Les autres motifs de travail à domicile recoupent des énoncés
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Le télétravail dans les deux cas étudiés est une organisation perçue comme « ergonomique »
pour des personnes en difficultés (famille monoparentale ou conjoint souvent absent,
parent divorcé, suivi médical etc.) en apportant une souplesse dans l’organisation des
déplacements nécessaires et en redéfinissant les frontières entre le travail et le « hors
travail ». Un manager nous a confié qu’un salarié de son site, dont l’épouse était malade,
télétravaillait à son domicile.
Au-delà de l’analyse des tâches à réaliser, le manager doit s’assurer que l’agent dispose
des compétences requises et des conditions de travail pour travailler à domicile (il n’y
a pas de visite ou d’installation de matériel au domicile du salarié chez Administration).
Il convient de mettre l’agent face aux difficultés susceptibles d’engendrer une intrusion
du travail dans la vie privée et à l’empiètement de la famille sur le travail du fait de la
présence de la famille aux horaires de travail pouvant induire des interruptions qui per-
turbent le travail. Il est probable que la flexibilité offerte par le télétravail réduise l’impact
de tensions ou d’un stress mais puisse aussi en introduire de nouveaux : difficulté à se
concentrer, à ne pas s’éparpiller, sentiment de devoir envers la maison ou la famille…
En conséquence, il est important que le télétravailleur à domicile définisse des règles au
sein de sa famille (horaires de travail, appels passés durant le travail). Plusieurs salariés
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personnelle et vie professionnelle ?
d’Administration ont expliqué que l’arrivée des enfants de l’école ou les horaires d’activité
bornait la journée de travail. Nos résultats sont cohérents avec ceux de Metzger et Cléach
(2004, p. 443), « pour résister, il faut avoir appris à se fixer des objectifs, mais également
à s’imposer des bornes. Savoir « quand arrêter le travail » devient une compétence à part
entière ». Des conjoints n’ont peut-être pas nécessairement envie d’être confrontés, chez
eux à l’intrusion de la sphère professionnelle (Mezger et Créach, 2004), surtout qu’ils
peuvent être éloignés du milieu professionnel (cas des conjoints retraités). Ils peuvent
par ailleurs contribuer à la limitation de cette confusion en rappelant les devoirs familiaux
(goûter des enfants, devoirs, bains…). Comme l’indique Mezger et Créach (2004, p. 448),
« le contrôle social dévolu à l’entreprise est transféré vers l’environnement familial, acti-
vité pour laquelle les intéressés ne sont ni légitimes, ni reconnus et encore moins rémuné-
rés […]. Finalement une part importante des télétravailleurs parvient avec l’appui de leurs
proches, à développer des stratégies d’endiguement leur permettant de limiter la confusion
des genres entre sphères privée et publique ». Ce décentrage du contrôle social contribue
à importer au sein de la sphère familiale un risque jusqu’ici supporté par l’entreprise,
ajoutant une responsabilité / une compétence d’auto-organisation au télétravailleur.
Dans le cas du télécentre, bien que managé à distance, le salarié supporte seul ce risque
d’auto-contrôle social suggérant que la détection des personnes « en capacités » d’exercer
le télétravail est importante.
Les règles devraient idéalement garantir le respect du salarié hors temps de travail par
une politique d’organisation socialement responsable envers les télétravailleurs. A titre
évaluatif, l’entreprise pourrait en premier lieu s’assurer que le télétravail correspond aux
personnes par la mise en place d’un auto-diagnostic. Il conviendrait ainsi de s’assurer
que les salariés maîtrisent leur temps (le télétravail ne remplace pas un temps partiel).
Inversement, si le télétravail autorise une certaine souplesse du temps pour permettre
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une adaptation personnelle, aucune improvisation n’est possible. Une bonne gestion
des temps impose du temps de travail fixé, conseillé par l’entreprise pour borner les
journées de travail dans la perspective d’éviter le débordement et la surcharge de tra-
vail. L’entreprise pourrait règlementer ou interdire l’accès et surtout l’envoi de mails
en dehors des horaires habituels de travail, le télétravail étant un levier de gestion des
temps et des usages des TIC.
Le télétravail est un levier important pour faire évoluer la culture d’entreprise. Une culture
d’entreprise « Work-Life » favorisant l’expression de pratiques d’égalité professionnelle, de
prise en compte de la parentalité est en effet un levier fort d’implication (Ollier-Malaterre,
2010). Il convient alors de construire une politique d’organisation évitant la dissymétrie
des intrusions selon de Coninck, (2006), reprenant les travaux de Weick. Les organisa-
tions doivent prendre conscience que si le télétravail est vecteur de productivité et de
performance sur le court-terme, les risques associés sur le long terme sont l’irrégularité
du rythme ou la surcharge de travail, qui peuvent influencer positivement le manque de
récupération, les troubles du sommeil et la fatigue (Van Hoof, Geurts, Kompier, Taris,
2006). Le déni organisationnel et l’absence de soutien aux problématiques personnelles
ou parentales dans l’organisation du travail et de son temps, est un risque majeur partagé
par l’employeur et par le salarié.
L’évaluation est un levier d’actions qui peut être menée par un suivi d’indicateurs de
performance organisationnelle (taux d’absentéisme des télétravailleurs, mesure des
risques psychosociaux, questionnaire de satisfaction, entretiens professionnels spécia-
lisés etc.), ainsi que par un suivi des télétravailleurs à l’aide d’entretiens (les évolutions
professionnelles, changement de service, mobilité ; télétravailleurs cadres et dirigeants…
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Ces règles d’organisation sont à la fois cruciales et complexes. Elles devraient être basée
sur les singularités de chaque entreprise (histoire, culture, normes, métiers etc.). On peut
s’interroger s’il est pertinent de définir des règles générales d’organisation (« Empêcher
l’accès aux e-mails professionnels entre 21h et 7h ») si l’on admet d’une part l’existence
d’une dichotomie « individus intégrateurs » / « individus séparateurs » et d’autre part
un usage des TIC différent selon les personnes, notamment du fait du genre et du niveau
de formation (Douarin, 2007) ?
Le télétravail est un levier pour améliorer le travail : « travailler mieux, ni moins, ni plus ».
L’intérêt du télétravail est de travailler autrement qu’au bureau : concentration, tâches
de rédaction et donc de mieux organiser son temps de travail.
Le manager socialement « responsable » ne devrait pas appeler les salariés hors du temps
de travail, le week-end etc. Nos résultats montrent que la confiance du manager doit être
acquise rapidement, sinon les appels répétés pour contrôler le salarié seront mal vécus.
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Les managers peuvent également agir sur la déculpabilisation en apprenant aux collabo-
rateurs à se distancier et se séparer des objectifs performatifs hors des heures de travail
(Jarvenpaa et Lang, 2005). Le risque de la culpabilisation est pour le salarié d’allonger
ses heures de travail sous le prétexte du télétravail (Middleton, 2007).
Conclusion
Face à une nouveauté ou une innovation, les avantages et les inconvénients sont souvent
mis en question. Si les avantages sont supérieurs aux inconvénients, soit on minimise ces
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Le télétravail a été analysé à travers ses effets sur les frontières que le salarié désire
construire entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. En premier lieu, les personnes
segmentent en se fixant des règles établies dans le cadre familial ou liées à une activité
personnelle. Les horaires de travail sont fortement déterminés par l’organisation person-
nelle et familiale et non plus organisationnelle. En second lieu, les intrusions sont vécues
comme des violations de la frontière particularisées par les outils de communication. A
titre d’exemple, le brouillage des frontières ou l’intégration des sphères se caractérise par
l’utilisation d’outils informatiques personnels à des fins professionnelles ou encore l’usage
de l’ordinateur par les informaticiens exerçant une activité de maintenance réalisables
de chez eux. Le télétravail a ainsi permis l’accès (permanent) – par l’outil – à la sphère
professionnelle, flexibilisant le salarié et donc l’organisation du travail avec le risque de
le rendre corvéable si le rythme, les règles et le management de proximité ne sont pas
clairs. En conséquence, si les télétravailleurs à domicile de Telecom sont à la maison
comme au bureau, les outils collaboratifs sont peu utilisés chez Administration. En l’ab-
sence d’outils de communication adaptés aux usages, chaque personne va développer
un usage très personnel des outils professionnels et personnels dont elle dispose, ce qui
pose un problème de sécurité des données mais également un problème d’équilibre vie
personnelle et professionnelle.
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